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Travail de Fin d’étude- Diplôme d’Etat Infirmier L’Intégration des Etudiants Infirmiers sur leur lieu de stage "L'homme a besoin de se sentir intégré dans un groupe pour avoir le sentiment d'exister". Jean Boissonnat, économiste et journaliste français PEUCHANT Vincent Promotion : 2008-2011 Malva IFSI Bicêtre

L‘Intégration des Etudiants Infirmiers sur leur lieu de stage · transmettre des connaissances. En faisant quelques recherches sur la notion d‘encadrement, une notion revient

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Travail de Fin d’étude- Diplôme d’Etat Infirmier

L’Intégration des Etudiants Infirmiers sur leur

lieu de stage

"L'homme a besoin de se sentir intégré dans un groupe pour avoir le sentiment

d'exister".

Jean Boissonnat, économiste et journaliste français

PEUCHANT Vincent

Promotion : 2008-2011 – Malva

IFSI Bicêtre

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NOTE AUX LECTEURS

« Il s’agit d’un travail personnel effectué dans le cadre d’une scolarité à l’IFSI du Kremlin

Bicêtre et il ne peut faire l’objet d’une publication en tout ou partie sans l’accord de son auteur et

de l’IFSI. »

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REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier Marc JOUANY, formateur à l’IFSI du Kremlin Bicêtre pour le soutien et

la gentillesse sans faille dont il a su faire preuve, en trouvant les mots pour m’orienter dans mes

recherches.

Je remercie aussi chaleureusement François-Xavier qui m’a beaucoup épaulé et supporté tout

au long de ce travail et durant ces 3 années.

Remerciements particuliers à CLB qui, de ses remarques constructives, a contribué à la qualité

de ce travail.

Une pensée toute particulière à AJ qui était déjà passée par là et a su me donner les bons

conseils, sans oublier Nat bien entendu.

Je ne serai pas original, mais je tiens à remercier mes parents mon frère et ma sœur qui ont cru

en moi.

Enfin merci à mes collègues et amis de la promotion pour la motivation mutuelle apportée :

Prout-Prout, Justine, Leïla, Imad et Gwen.

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SOMMAIRE

INTRODUCTION ............................................................................................................................................... 5

PROBLEMATIQUE ............................................................................................................................................. 6

SITUATION D’APPEL ............................................................................................................................................ 6

CHEMINEMENT ................................................................................................................................................. 6

QUESTION DE DEPART......................................................................................................................................... 7

CADRE DE REFERENCE ...................................................................................................................................... 8

I LA PROFESSIONNALISATION AU SERVICE DE LA CONSTRUCTION D’UNE IDENTITE PROFESSIONNELLE ........................................ 8

A Les concepts clés ................................................................................................................................. 8

1 La construction d’une identité professionnelle ................................................................................................ 8

2 Professionnalisation ....................................................................................................................................... 9

B La notion de groupe ...........................................................................................................................11

II L’INTEGRATION DES ETUDIANTS INFIRMIERS LORS DE MOMENTS INFORMELS ..................................................................13

A L’intégration : une norme de qualité dans le milieu infirmier ...............................................................13

B Les rites dans le milieu infirmier sont les clés d’une intégration … .......................................................15

1 Les rites … .................................................................................................................................................... 15

2 …dans le milieu infirmier. ............................................................................................................................. 15

METHODE DE RECUEIL DE DONNEES ...............................................................................................................17

JUSTIFICATION DU CHOIX DE L’OUTIL ......................................................................................................................17

POPULATION CHOISIE ........................................................................................................................................17

LIEUX CHOISIS ..................................................................................................................................................17

PRESENTATION DE L’OUTIL ..................................................................................................................................17

LIMITES DE L’OUTIL/DIFFICULTES RENCONTREES........................................................................................................18

ANALYSE ET INTERPRETATION DES DONNEES .................................................................................................19

CONCLUSION GENERALE .................................................................................................................................27

BIBLIOGRAPHIE ...............................................................................................................................................28

ANNEXES.........................................................................................................................................................30

ANNEXE I : ARTICLE 4311-1 DU CODE DE SANTE PUBLIQUE FIXANT LES REGLES LIEES A L’EXERCICE DE LA PROFESSION INFIRMIERE.30

ANNEXE II : ASPECTS GENERAUX DE L’EXERCICE PROFESSIONNEL ..................................................................................31

ANNEXE III : RETRANSCRIPTION DES ENTRETIENS ......................................................................................................32

ANNEXE IV : GRILLE DE LECTURE DES ENTRETIENS ....................................................................................................67

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INTRODUCTION

A vingt ans, je suis entré en Institut de Formation en Soins Infirmiers (IFSI). Certes, les études

en psychologie que j’avais effectuées avant, m’ont permis d’avoir du recul sur la complexité des

situations humaines, mais j’étais loin d’imaginer les relations, parfois privilégiées, qui pouvaient

exister avec un collègue ou un patient. C’est sûrement la combinaison entre mon passé d’étudiant

en psychologie, et les observations que j’ai pu faire en stage sur les relations interhumaines, qui

m’a poussé à choisir le thème de l’intégration. Comprendre l’autre, tenter de le décrypter m’a

toujours intéressé. Comment peut-on intégrer un parent dans les soins de son enfant ? Comment,

un étudiant qui vient pour quatre ou cinq semaines de stage, peut-il réussir à faire sa place dans

une équipe déjà formée ?

L’occasion m’était alors donnée, par le biais du Travail de Fin d’Etude (TFE), d’explorer

encore un peu plus, ce qui se passe entre des individus. Comprendre le fonctionnement d’un

groupe auquel je devrais demain m’intégrer cette fois-ci en tant que professionnel et non plus en

tant qu’étudiant. Comment peut-on s’intégrer et se faire intégrer convenablement ? Que représente

cette intégration et surtout qu’est-ce qui s’y joue ? La connaissance de ce que comprend une

intégration dans un groupe, ses enjeux et ses moyens me parait être un atout à une qualité de

travail optimale : pour être épanoui et motivé dans son travail, il est ainsi primordial de se sentir

intégré. Cela ne peut que faire apprécier d’avantage son métier et chacune des tâches qui y

incombe.

Pour ce travail, je m’inspire d’une situation de stage où l’intégration m’est apparue difficile.

Sur ce constat, j’effectue une première série de recherches bibliographiques afin d’alimenter mon

questionnement et voir quel axe je privilégie. C’est ainsi que j’établis ma question de départ.

Ensuite, c’est un second travail de recherche que j’entreprends pour éclaircir d’avantage cette

question et voir comment les différentes notions s’imbriquent les unes avec les autres. Une fois

cela effectué, je poste une hypothèse de recherche, afin d’aller vérifier sur le terrain, à l’aide d’un

outil, ce qui se passe dans la réalité. La dernière partie consiste ainsi en l’analyse de ces résultats :

ils me permettront de valider ou non mon hypothèse de recherche.

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PROBLEMATIQUE

Durant mes trois années de formation, j’ai été le témoin, et parfois l’acteur principal, de

nombreuses situations d’intégration d’étudiants et en premier lieu des miennes. Toutes portent le

même nom « intégrer et encadrer l’étudiant », mais aucune ne se déroule de la même manière.

Cela m’a donc interpellé, et m’a poussé à travailler un peu plus la question : qu’est-ce qui fait que

ces mêmes situations se déroulent toutes d’une manière différente ?

SITUATION D’APPEL

Etudiant en deuxième année, j’effectue mon premier stage avec trois autres collègues, dans une

structure qui accueillait des étudiants pour la première fois. En effet, ce service est le résultat de la

migration d’une ancienne équipe qui déménageait, mélangée à de nouveaux personnels.

L’accueil du premier jour se déroule avec mon infirmière encadrante, autour d’un café où nous

échangeons sur mes objectifs de stage. Je lui explique que je n’ai pas choisi ce stage mais que l’on

me l’a imposé. Les premiers jours se déroulent normalement, et je me plie volontiers au rite du

service qui consiste à prendre un café tous ensemble lors des moments de creux. En effet, il est à

indiquer que le service où je me trouvais avait une activité très fluctuante et irrégulière dans une

même journée. La moindre diminution d’activé est une occasion à saisir pour l’équipe afin de se

retrouver et se détendre, car l’imprévisibilité est le crédo de ce service.

Au milieu de la deuxième semaine, sans raison apparente, je ne suis plus convié à ce moment

de détente. Les deux dernières semaines du stage continueront ainsi. Elles poursuivent ma

formation tant sur le plan technique, que sur le plan théorique mais néanmoins, l’exclusion à ces

moments est ressentie.

CHEMINEMENT

En analysant ma situation, je me suis demandé quelle était la place de l’étudiant dans les

moments « détentes » de la vie du service. Est-ce que l’encadrement signifie aussi de l’intégrer et

de le faire participer à ces moments comme les petits déjeuners, pauses cafés, et repas ? Etait-ce

pour les infirmiers, et plus largement une équipe, un moment d’échange trop intime pour qu’un

étudiant puisse y être convié ?

Finalement, que se passe-t-il pendant les moments de détente au travail ? Qu’est-ce qu’une

pause ? A-t-elle une productivité quelconque comme l’affirme le Figaro dans son article ayant

pour titre : « La pause-café… plus productive qu'on ne croit 1» ? Il affirme en effet que la pause

est « un outil intéressant pour renforcer la cohésion au sein d'une équipe et même le meilleur

1 LITZLER Jean-Bernard, La pause-café, plus productive qu'on ne croit, Le Figaro, 15/10/2009.

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moyen d'apaiser les tensions. ».Comment un étudiant qui sera demain un professionnel, peut il se

construire, s’il est exclu des « bons moments » qui réunissent l’équipe ?

L’encadrement d’étudiants infirmiers a pour objectif de les préparer à leur futur métier, de leur

transmettre des connaissances. En faisant quelques recherches sur la notion d’encadrement, une

notion revient régulièrement : c’est la notion de professionnalisation. Le principe de

professionnalisation renvoie aux processus mis en jeu afin de former des individus à un métier.

Cela consiste également à rendre l’infirmier le plus épanoui possible dans son travail, condition

indispensable à une performance optimale.

La question se pose donc de savoir si l’étudiant fait ou non partie d’une équipe ? Quelle est sa

place en son sein ? Et plus largement qu’est-ce qu’une équipe ou un groupe au sens sociologique?

Quelles sont les liens qui relient les différents protagonistes ? Quels sont les enjeux ? Comment

fonctionne un groupe ? Quels sont les éléments de réussite pour une intégration dans une équipe?

L’équipe doit-elle intégrer l’étudiant ? Et l’étudiant quant à lui, que doit-il faire pour être intégré ?

Joue-t-il un rôle dans sa propre intégration ? Si oui, quels sont les moyens qu’il peut mettre en

œuvre ? Tant de questions que je me suis posées.

Peut-on également parler de socialisation professionnelle lors de ces moments ? Ces moments

nous aident-ils à intégrer les différentes normes et valeurs de la profession d’infirmier ? Comment

s’opère alors la professionnalisation lorsque l’on sait que les moments conviviaux sont des

moments qui peuvent être productifs? Comment peut-on se construire en tant que futur infirmier

si durant certains moments, l’étudiant ne doit plus en faire partie ?

QUESTION DE DEPART

Toutes ces réflexions m’ont conduit à formaliser la question de départ suivante :

Comment l’infirmier encadrant peut-il favoriser l’intégration d’un étudiant infirmier sur

son lieu de stage ?

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CADRE DE REFERENCE

I LA PROFESSIONNALISATION AU SERVICE DE LA CONSTRUCTION D’UNE

IDENTITE PROFESSIONNELLE

De plus en plus, nous entendons parler de professionnalisation. Cet intérêt croissant a

notamment connu son apogée en France en 2006 avec la mise en place, à titre expérimental, du

Contrat de Transmission Professionnelle. Il devait faciliter et sécuriser les parcours des

professionnels dont le licenciement économique était envisagé. Depuis, ce terme n’a cessé d’être

utilisé, d’autant plus avec l’exigence actuelle du marché du travail et la conjoncture économique

plutôt maussade. Ainsi, se professionnaliser permettrait de se développer une identité. Nous

définirons et rapprocherons ces deux notions dans la première partie et verrons comment

l’alternance par les stages participe à ce processus. Le stage implique de devoir s’immerger dans

un monde nouveau où l’étudiant côtoie un groupe différent du sien. Nous définirons ainsi le

concept de groupe et verrons dans quelle position se trouve l’étudiant.

A Les concepts clés

1 La construction d’une identité professionnelle

La vie est une succession d’étapes à franchir nous aidant à nous construire petit à petit. Devenir

parents, changer de profession, partir en retraite entrainent des réaménagements identitaires. Notre

identité est façonnée par notre sentiment d’appartenance à des groupes : « Je suis français », « Je

suis infirmier ». Souvent, lorsque l’on rencontre de nouvelles personnes, on décline son identité

et, très vite, la question du travail arrive : « Et que faites-vous dans la vie ? ». L’identité

professionnelle a donc une part importante dans notre identité.

D’après un article de M. Buteau2, la construction d’une identité professionnelle « […] est le

sentiment d’appartenir à un groupe de professionnels, de concevoir sa vie future comme ancrée

dans un contexte de travail, devenir un acteur social productif. ». La construction d’une identité

professionnelle relève donc de trois critères :

Le sentiment d’appartenir à un groupe, ici le groupe des infirmiers psychiatriques (partie I-B).

Pouvoir se projeter à long terme dans ce nouvel emploi et ce nouveau rôle. Il faut que

l’individu puisse se sentir bien et capable de s’épanouir (partie II).

Ces deux critères établissent ainsi l’identité que l’on se donne : « l’identité pour soi » 3.

2 BUTEAU Magali, La construction identitaire professionnelle de l’infirmier de secteur psychiatrique,

www.cadredesante.com, 22 novembre 2008, 4 pages. 3 DUBAR Claude, La socialisation, la construction des identités sociales et professionnelles. Paris, Armand

Collin, Collection : U Sociologie, 2002, 260 pages.

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Etre un acteur accomplissant son rôle d’infirmier psychiatrique. Cela consiste à remplir la

fonction pour laquelle il se trouve à cet endroit. Ainsi, il bénéficie d’un statut social et est

reconnu comme tel. C’est ainsi l’identité que nous donne l’autre, « l’identité pour autrui »3

Cet article, à destination du milieu psychiatrique, peut s’étendre aux infirmiers d’une façon

générale, ces fonctions étant transposables dans n’importe quel service hospitalier.

Pour l’étudiant en soin infirmier, sa construction se fait sur les trois ans de formation mais se

développera encore lors de sa prise de poste. C. Dubar ajoute ainsi que « Devenir médecin,

infirmier ou juriste, se joue avant, pendant et/ou après le diplôme ». Nous le voyons bien en

service car, chaque jour, nous apprenons de nouvelles choses qui ne font que renforcer notre

identité professionnelle. Cependant, cette construction identitaire professionnelle ne peut se faire

que par l’intermédiaire d’un processus: la professionnalisation.

2 Professionnalisation

La professionnalisation est définie par R. Wittorski4, maître de conférences, comme « la

transmission de savoirs et de compétences (considérées comme nécessaires pour exercer la

profession) et de la construction d'une identité de professionnel ». Ainsi, la professionnalisation a

deux niveaux : la transmission d’un savoir faire, d’un savoir être mais aussi le développement

d’une identité professionnelle.

Cette définition est à rapprocher de la définition de G. Boutin et L. Camaraire5 sur

l’encadrement. Ils le définissent en effet comme « un processus par lequel une personne […]

accompagne, soutient et dirige, au besoin, une autre personne en voie de formation et

d’apprentissage d’un métier ou d’une profession. ». On retrouve bien les notions de transmission

et d’identité professionnelle. G. Le Boterf6 nous donne quelques pistes pour démontrer que

l’encadrement potentialise la professionnalisation:

Faire acquérir une maîtrise autonome des gestes ou des pratiques professionnelles à son

étudiant en montrant, répétant, encourageant et en expliquant ses buts et objectifs.

Mettre en évidence les « savoirs y faire », c'est-à-dire les trucs et astuces du métier, et

s’entraîner à les acquérir et les consolider.

Développer des capacités de transférabilité, savoir s’adapter aux différentes situations.

4 WITTORSKI Richard (sous la direction), Formation, travail et professionnalisation, Paris, Editions

l'Harmattan, Collection: Action et Savoir, 2005, 206 pages. 5 BOUTIN Gérald CAMARAIRE Louise, Accueillir et encadrer un stagiaire : Guide pratique à l'usage de

l'enseignant-formateur, Editions Nouvelles, Collection Education, Montréal, 2001, 110 pages. 6 Le BOTERF Guy, Professionnaliser, Paris, 5ème édition, Editions Eyrolles, Collection Ressources Humaines,

octobre 2006, 142 pages.

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Développer la capacité de réflexivité de l’apprenant en le questionnant et en le confrontant à

diverses façons d’agir.

Développer la capacité à coopérer en l’intégrant dans une équipe, par exemple.

Développer une culture de l’organisation et du métier en faisant participer l’apprenant aux

moments-clés du travail collectif.

Aider à établir des liens entre les apprentissages effectués en situation de travail et ceux

effectués en formation.

L’encadrement fait partie des rôles de l’infirmier7 vis-à-vis de l’étudiant et notamment au cours

des stages qui représentent 41% du temps de sa formation, en alternance avec la formation

théorique en IFSI.

G. Le Boterf rapproche justement l’alternance du processus de professionnalisation. En effet,

« la maitrise des activités professionnelles s’acquiert par le contact quotidien avec des

professionnels chevronnés. L’école professionnelle et le centre de formation ne suffisent pas pour

apprendre un métier […] il n’y a rien de plus professionnalisant que d’être entouré de bons

professionnels. Un entourage stable, composé de talents variés et ayant su tirer les leçons de

multiples expériences, constitue un atout inestimable pour progresser. »8. Le stage est ainsi

« l’autre lieu de formation » favorisant la « naissance de compétences chez le futur

professionnel 9». Les travaux pratiques qui peuvent être proposés en IFSI ont en effet leurs

limites. Ils permettent certes, l’acquisition de savoirs théoriques, méthodologiques et relationnels,

mais c’est le stage qui permet de les mettre en pratique et de les développer. Ce dernier permet

également d’acquérir la somme des savoirs qu’est le savoir-être : la capacité à s’adapter à une

multitude de situations, toutes plus variées les unes que les autres.

Pour Le Boterf, une autre caractéristique de la professionnalisation est le fait que l’« on ne

peut professionnaliser personne. Seules les personnes peuvent se professionnaliser […] si elles

s’engagent dans des projets d’acquisition et de développement des compétences »8 En outre, il

affirme que la participation de l’intéressé dans le processus d’apprentissage, est indispensable

pour l’acquisition des compétences. En effet, on verrait mal quelqu’un de peu ou pas engagé,

réussir à adopter un savoir-être ou même un savoir-faire, sans un minimum de travail, de

motivation et d’implication. Pour détecter si l’individu est entré ou non dans ce processus de

professionnalisation il cite certaines caractéristiques:

7 Article 4311-1 du code de Santé Publique sur les règles liées à l’exercice de la profession infirmière. (Annexe

I) 8 Le BOTERF Guy., Professionnaliser, Paris, 5ème édition, Editions Eyrolles, Collection Ressources Humaines,

octobre 2006, 142 pages. 9 DURAND Charlaine, La démarche qualité de la formation en IFSI...sans les stages ?, Ingénierie de la

formation, www.cadredesante.com, 8 avril 2005, 7 pages.

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S’informer sur les référentiels de métiers ou de compétences (formations par exemple)

Participer à l’élaboration de son parcours et aux décisions concernant ce dernier.

S’engager dans des démarches d’auto-formation et de recherche d’information.

S’adresser à ses tuteurs et à ses formateurs pour qu’ils l’aident à réaliser son parcours.

Tirer des leçons de ses mises en situation de travail.

Effectuer des démarches d’auto-évaluation sur ses pratiques professionnelles.

Mettre à jour son livret de professionnalisation et le faire circuler entre les acteurs.

Participer à des collectifs sur le partage de pratiques avec d’autres apprenants.

Ce processus a cependant ses limites telles les nombreux départs en retraite, les changements

fréquents dans l’organisation du travail et les mobilités professionnelles accélérées. En effet, selon

l’auteur nous sommes confrontés à une « fragilisation croissante des collectifs de travail qui

constituaient une écologie favorable au processus de professionnalisation »8. La profession

infirmière n’est pas en reste face à ces limites. Le papy-boom ainsi que les restructurations des

cartes hospitalières d’après la loi Hôpital Santé Patient Territoire (HSPT), marquent un tournant

dans le processus de professionnalisation. Les professionnels risquent ainsi d’avoir moins de

temps à consacrer à l’encadrement des étudiants infirmiers.

La professionnalisation est donc le résultat d’un investissement personnel, mais également de

moyens mis à disposition pour pouvoir acquérir des compétences. Cette acquisition de

compétences réalisée notamment par les stages permet également la construction et le

développement d’une identité professionnelle. Cependant, cette construction n’est possible que

grâce aux individus qui nous forment : les infirmiers. Ce sont eux les garants du développement

de nos compétences, et de notre entrée dans un processus de professionnalisation. Ils nous

permettent ainsi de construire notre identité professionnelle. Mais, au final, existe-t-il vraiment un

écart entre infirmier et étudiant ? Qu’est-ce qui sépare ces deux groupes d’individus et qu’est-ce

qui les définit ?

B La notion de groupe

Les hommes s’associent et vivent en groupe. Cette réalité est indiscutable. L’intérêt pour la

notion de groupe naît dans les années 1950. On cherche à étudier la « dynamique de groupe », au

profit des entreprises, par le courant des ressources humaines. Depuis, elle est étudiée sous toutes

les coutures : politique, religion, production industrielle, etc.

Fischer G.-N., définit le groupe comme « un ensemble social identifiable et structuré,

caractérisé par un nombre restreint d’individus et à l’intérieur duquel ceux-ci établissent des

liens réciproques, jouent des rôles selon des normes de conduite et des valeurs communes dans la

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poursuite de leurs objectifs.10 ». Cette définition reprend donc plusieurs dimensions : la dimension

quantitative du groupe, les interactions qui le régissent et le but commun qui a conduit à sa

formation. Tajfel11 précise, à la définition de groupe, qu’il ne peut exister que si les membres de

celui-ci en ont une « conscience partagée». Cela veut donc dire que les individus du groupe ont la

connaissance d’y appartenir et qu’ils partagent une façon commune de penser et/ou de

fonctionner.

Il existe de nombreux types de groupe : primaires, secondaires, restreints, formels, informels.

Cependant pour plus de cohérence, nous avons décidé de ne différentier que deux types de

groupe : le groupe d’appartenance et le groupe de référence.

Tout d’abord, le groupe d’appartenance que R Mucchielli12, psycho-sociologue et

psychopédagogue français, définit comme « le groupe dans lequel l’individu a des relations

directes, de face à face avec les autres membres. C’est donc le groupe […] dont il fait partie

effectivement et physiquement à tel moment de sa vie ». Ce groupe représente le lieu où l’individu

trouve actuellement une identité. Ce groupe est sécurisant pour l’individu, et lui sert de point de

comparaison avec l’extérieur. C’est ici qu’il y puise ses valeurs, ses normes, ses habitudes et

constitue le fondement de son identité. Dans notre cas, les étudiants infirmiers ont pour groupe

d’appartenance le groupe des étudiants.

Ensuite, pour définir le groupe de référence nous allons nous appuyer sur les travaux de

Shérif13. Ce fondateur de la psychologie sociale le caractérise comme un groupe auquel

« l’individu [...] aspire à se rattacher psychologiquement; ou, en d’autres termes, celui auquel il

[...] désire s’identifier.». Le groupe de référence est généralement utilisé comme une source de

normes de conduites et de jugements. L’individu souhaite ressembler à ce groupe de référence. Le

groupe de référence peut ainsi devenir, une fois intégré, un groupe d’appartenance. Dans le cas

des étudiants infirmiers, ils aspirent à faire partie du groupe des infirmiers représentant dès lors

leur groupe de référence qu’ils intègreront une fois diplômés. Le groupe de référence a ainsi deux

fonctions principales :

Une fonction normative : Ce groupe leur sert à adopter une ligne de conduite qui leur permettra

de potentiellement l’intégrer par la suite.

10FISCHER Gustave-Nicolas, Les domaines de la psychologie sociale: Le champ du social, Paris Dunod,

Collection Psycho Sup, 1990, 231pages. 11 AUTIN Frédérique, La théorie de l’identité sociale de Tajfel et Turner, Préjugés & Stéréotypes, 2004, 7

pages. 12 CHARRON C., Fonctionnement de groupe et d’équipe au travail, septembre 2008, 6 pages. 13 CERCLE Alain et SOMAT Alain, Psychologie Sociale : cours et exercices, 2ème édition, Dunod, Collection

Psycho Sup, Paris, 2005, 306 pages.

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Une fonction évaluative : ils s’en servent comme référence pour évaluer leur groupe

d’appartenance et ainsi juger les valeurs qu’ils partagent et qui les différencient de leur groupe

de référence.

L’individu, au cours de son existence, est ainsi amené à passer d’un groupe à un autre, avec

plus ou moins de régularité. Dans notre situation, c’est le processus de professionnalisation qui

permettra de faire passer le groupe « infirmier » de référence à groupe d’appartenance.

La professionnalisation est donc un processus complexe qui prend du temps. Il permet, entre

autre, de développer des compétences qui nous permettent de nous construire une identité

professionnelle qui nous est propre. Ce processus et cette construction se font pour les étudiants

infirmiers durant leurs trois années de formation et notamment par l’intermédiaire des stages.

Cette formation par l’alternance tente, en tout cas, de remplir cet objectif. Mais cette construction

ne s’arrête pas à l’obtention du diplôme, elle se poursuit tout au long de la carrière

professionnelle : elle n’est, en effet, possible que grâce aux groupes qui nous entourent et qui nous

permettent de développer les compétences nécessaires.

Cependant, l’arrivée de l’étudiant en stage est une rencontre du « nouveau » avec les membres

d’une équipe déjà formée. Cette rencontre n’est pas toujours évidente et passe par un processus

d’intégration.

II L’INTEGRATION DES ETUDIANTS INFIRMIERS LORS DE MOMENTS INFORMELS

En France, l’intégration est un sujet majeur sur lequel de nombreux théoriciens, mais

également politiciens se penchent. La question est tellement délicate que nous disposons d’un

ministère de l’intégration. Mais que signifie réellement l’intégration ? A quoi fait référence le fait

de dire que nous sommes bien intégrés dans un pays, un groupe ? Nous définirons ainsi dans la

première partie le terme « intégration » et le placerons dans le contexte du stage infirmier. Dans

notre situation d’appel, il nous a semblé que les moments informels pouvaient favoriser cette

intégration. Nous définirons donc cette notion et tenterons de comprendre ce qu’ils représentent

dans la vie de l’équipe.

A L’intégration : une norme de qualité dans le milieu infirmier

L’intégration est un vaste sujet qui à été abordé dès le XIXème siècle mais qui reste

d’actualité. M Grawitz14, professeur de Sciences Politiques, se propose de définir le terme

d’intégration « par l’ensemble des interactions entre les membres [d’un groupe], provoquant un

sentiment d’identification au groupe et à ses valeurs. ». Intégrer un individu correspond donc à un

ensemble d’échanges dans le groupe dont résulte le partage de normes, et de valeurs.

14 GRAWITZ Madeleine, Lexique des sciences sociales, 7ème édition, Dalloz, Collections Lexiques 1999, 424

pages

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Ainsi pour considérer un individu comme « intégré dans une équipe », celui-ci doit être en

accord avec la culture de cette équipe. Il doit donc en partager les normes et les valeurs, et avoir

ce même désir d’atteindre des objectifs fixés.

H. Brizon15 décrit cependant les difficultés que peuvent poser l’intégration d’un nouveau dans

une équipe. Cette nouvelle arrivée a des enjeux comme le maintien de la qualité des soins, le

maintien d’un état « d’équilibre » entre les différents acteurs dans une équipe déjà constituée.

Mais cela peut également permettre l’arrivée de nouvelles compétences, « d’avoir un regard

différent » sur le fonctionnement du service.

Cet auteur, détaille plusieurs « objectifs » permettant d’optimiser l’intégration d’un nouveau

soignant dans une équipe :

« Anticiper et contrôler les dysfonctionnements générés par cette arrivée ». En effet, toute

arrivée non anticipée d’un nouvel individu dans un groupe structuré, peut remettre en cause

son bon fonctionnement.

« Diminuer le plus possible la charge de travail (mentale et physique) de l’équipe » pour

« l’accueil du nouveau soignant ». Afin que la prise de contact se fasse dans de bonnes

conditions et sans stress, il préconise ainsi une grande disponibilité de l’équipe pour accueillir

ce nouvel arrivant dans de bonnes conditions.

« Réaliser le bilan des compétences de l’arrivant, de ses forces, de ses faiblesses et de ses

besoins de formation. » Réussir à dresser le portrait professionnel du nouvel arrivant permet

donc de mieux cibler ses besoins et d’optimiser son fonctionnement dans l’équipe.

Cela s’applique bien entendu à l’arrivée d’étudiants dans un service. Si les rôles de chacun sont

clairement définis, l’intégration de l’étudiant, sera facilitée.

L’intégration dans le milieu infirmier étant un enjeu important pour une prise de poste, le

Ministère de la Santé16 a ainsi décidé d’ériger « l'accueil et l'intégration de nouvelles collègues »

comme une norme de qualité. Outre la désignation d’un infirmier « référent », il préconise la

prévision d’une organisation de service permettant de potentialiser l’intégration du nouveau

soignant. Il insiste sur le livret d’accueil mais aussi sur l’accomplissement par l’infirmier de sa

fonction d’ « accueil [de] sa nouvelle collègue et [de] facilite[r] son intégration auprès de

l'ensemble de l'équipe soignante et dans l'établissement ».

Dans d’autres secteurs, la notion de compagnonnage est très utilisée pour à la fois

professionnaliser et intégrer de futurs professionnels.

15 BRIZON Hervé, L’intégration de nouveaux soignants : Guide- Suivi- Evaluation, Masson, Collection

Encadrer à l’hôpital, Paris, 2002 ,112 pages. 16 Multi-Rédacteurs, Guide du service de soins infirmiers, août 2009, 39 pages. (Voir Annexe II)

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B Les rites dans le milieu infirmier sont les clés d’une intégration …

Le milieu infirmier, comme toute organisation est doté de règles, de normes, de valeurs et de

croyances et est très attachés à ses coutumes. Pour entrer dans ce groupe il y a donc des étapes,

des moments informels qui sont incontournables. Ces moments constituent les rites.

1 Les rites …

De nombreux auteurs ont travaillé sur la notion de « rite » : qu’ils soient tribaux ou de

bizutages, ils s’apparentent souvent à des coutumes. A. Van Gennep17, ethnologue français du

XIXème siècle, définit les rites de passage comme étant des moments qui « accompagnent chaque

changement de l'état, de position sociale et d’âge. ». Ainsi trois séquences ressortent :

La « séparation », c’est le moment où l’individu se sépare de son groupe d’appartenance :

quitter, par exemple, son statut d’étudiant en obtenant son diplôme. Un des rites est ici la soirée

de fin d’étude où le groupe d’étudiants célèbre entre autre l’obtention du diplôme.

La « marge », c’est un moment de latence pour l’individu. Il se situe alors dans un entre-deux.

Il a quitté son groupe d’appartenance, mais n’a pas encore intégré son nouveau groupe. Au

niveau infirmier, ce rite correspond par exemple à la période d’intégration lors de la prise d’un

premier poste.

L’«agrégation », c’est la période où l’individu est réinséré dans un nouveau groupe, une

nouvelle communauté. Il s’agit ici du moment où le jeune diplômé a fini son intégration dans

son premier poste. Il peut alors intégrer définitivement le groupe des infirmiers.

Les rites ont des fonctions notamment de régulation sociale. En effet, ils « participent au

maintien de l’identité collective ou individuelle ». Les rites permettent au « non initié », s’il arrive

à les décoder, de savoir comment il lui est possible d’entrer en relation avec autrui. « Ils

construisent les conditions de la communication […] ils donnent les consignes sur les conduites à

tenir en toutes circonstances ».

L’étudiant infirmier doit ainsi, lorsqu’il entre dans le monde infirmier via les stages, identifier

ces codes et ces manières de faire.

2 …dans le milieu infirmier.

L’hôpital possède de nombreux rites. Parmi les rites les plus fréquents rencontrés par les

étudiants infirmiers, on retrouve l’utilisation par les professionnels d’un « langage spécialisé » 18.

En effet, l’utilisation d’un langage spécifique permet d’identifier « les initiés […] dont la maitrise

17 VAN GENNEP Arnold, Les rites de passage 1909, Editions A. et J. Picard, 1992, 288 pages 18 BERNARD Olivier, Un Petit traité d’ethnologie hospitalière ou comment identifier les rites tribaux dans les

services, Les dossiers de l’obstétrique, n° 334 par édition de janvier 2005, pages 24-26.

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prouve l’appartenance ». L’étudiant, s’il souhaite intégrer le groupe infirmier, doit s’affranchir du

langage, des sigles et des termes spécifiques des infirmiers. Il se doit, durant ses trois années de

formation, d’intégrer ce langage afin d’en faire le sien. Il pourra ainsi prouver son appartenance

au groupe.

Un autre rite important est « la nudité au sexe opposé » lors d’une toilette. Selon A. Vega19,

anthropologue, l’étudiant doit s’en affranchir et pouvoir passer au-delà. Il doit ainsi développer ce

qui est appelé la capacité de « prendre de la distance », et ne pas juger ce corps, parfois vieilli,

abimé par la maladie. Aujourd’hui, ce rite est par ailleurs discriminant car la toilette doit être

validée dans le référentiel de formation des étudiants infirmiers de 2009 pour le « passage » en

deuxième année. Là aussi, le soin de la toilette marque le passage d’un état inférieur, à un état

supérieur.

A. Vega indique enfin que, pour maintenir « l’identité collective », il y a des lieux privilégiés.

En effet, la salle de détente, par exemple, permet « à l’ensemble du personnel de se recentrer sur

des préoccupations profanes, privées, les éloignant de l’univers de la pathologie ». Ce lieu leur

permet de parler ainsi librement, sans tatous, sans hiérarchie. Cependant, ce lieu peut également

être un lieu d’échange professionnel. En effet, Jean Peneff, sociologue français décrit « l’office »20

comme « une salle de réunion informelle pour les agents qui récapitulent les tâches déjà

effectuées ».

Que ce soit parler de sa vie privée ou énoncer le travail déjà effectué, cela ne reste pas moins

une forme de régulation sociale. Toujours selon Peneff, « la présence aux séances de bavardages,

de grignotage, de fumage est en fait obligatoire, sous peine de passer pour une personne « trop

indépendante », voire « égoïste » au sein de l’équipe ». Ainsi, participer aux actions qui se

déroulent durant ces moments informels, permet de marquer son appartenance au groupe.

Le rite sert aux individus de point de repère et la quasi-totalité des services est ritualisée, a ses

habitudes. Cela constitue un tel point de repère que « l’arrivée de nouveaux soignants, ou les

simples rumeurs de changements susceptibles de bouleverser les petites habitudes de soins

peuvent vite susciter d’énormes résistances.» comme l’indique A. Vega. En outre, ces rites sont

une forme de professionnalisation : on intègre et assimile ainsi la culture infirmière en la faisant

sienne. Cela amène ainsi notre hypothèse départ

Intégrer les étudiants infirmiers en stage lors des moments informels favorise la

construction d’une identité professionnelle

19 VEGA Anne, Comment devient-on infirmière? Cahiers de Sociologie Economique et Culturelle n°20 1998

p37-61 20 PENEFF Jean, L’hôpital en urgence, Métailié, Collections Leçons de choses, Paris, 1992, 257 pages

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METHODE DE RECUEIL DE DONNEES

JUSTIFICATION DU CHOIX DE L’OUTIL

Afin de voir ce qui se passe sur le terrain et le confronter à la théorie, j’ai réalisé un outil

d’enquête : l’entretien. Il me parait être le plus adapté à mon hypothèse de recherche et me permet

ainsi d’avoir la possibilité de poser des questions ouvertes, semi-directives sur lesquelles il est

possible de rebondir et ce afin d’en faire une analyse plus fine.

L’observation aurait aussi pu être choisie mais elle aurait nécessité d’arriver le même jour

qu’un étudiant et de suivre son intégration au sein de l’équipe tout au long du stage. Cette

opération aurait dû être répétée sept fois ce qui est difficilement réalisable dans le délai imparti.

POPULATION CHOISIE

La population sélectionnée est constituée d’infirmiers exerçants en milieu hospitalier et

remplissant la fonction d’encadrement d’étudiants infirmiers au quotidien. J’attends de ces

professionnels qu’ils m’apportent leur vision de l’encadrement, de ses enjeux, de ses limites.

J’attends également de connaître la stratégie mise en place pour intégrer un étudiant dans l’équipe,

ainsi que la place qu’ils leur accordent au sein de l’équipe. Enfin, de leur point de vue,

l’encadrement au vu du processus de la professionnalisation, favorise-t-il la construction d’une

identité professionnelle? Considèrent-ils que les moments et lieux informels permettent à un

étudiant de se construire et d’en apprendre davantage sur le métier qu’il exercera demain ?

LIEUX CHOISIS

Pour mes entretiens, la spécialité du service n’est pas un paramètre discriminant.

PRESENTATION DE L’OUTIL

Question 1 : Pouvez vous me parlez de vous en vous présentant ?

Cette question vise à faire connaissance avec mon interlocuteur : connaître son expérience

professionnelle d’infirmier ainsi que son expérience dans la fonction d’encadrement d’étudiants.

Question 2 : Qu’est-ce que pour vous encadrer un étudiant infirmier ?

L’intérêt de la question est d’avoir la définition que donne l’interrogé à la notion d’encadrement.

Quelle vision en a-t-il ? Comment procède-t-il et quel intérêt lui porte t’il (contrainte ou bien

quelque chose de valorisant et gratifiant)? J’aborde ainsi les apports de l’encadrement à l’encadré

et à l’encadrant. L’objectif est également de voir si l’intégration des étudiants est une notion citée

spontanément et donc si les interrogés ont conscience de cette composante.

Question 3 : Qu’est-ce que pour vous l’intégration d’un étudiant sur son lieu de stage ?

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J’attends ici de mon interlocuteur qu’il me donne sa propre définition de l’intégration, la vision

qu’il en a avec ses propres mots. Je souhaite aussi voir si l’intégration d’un étudiant apporte

quelque chose à l’étudiant ou à l’équipe. La manière de procéder et la place accordée pour

favoriser l’intégration sont également des éléments qui seront relevés. Je serai enfin vigilent sur le

fait que les moments et lieux informels sont spontanément cités comme privilégiant l’intégration.

Question 4 : Existe-t-il des lieux et des moments privilégiés à l’intégration ?

Cette question a pour but de déterminer les endroits stratégiques qui permettent d’intégrer

l’étudiant. Si non cités par l’interviewé, j’évoquerai la salle de détente et le moment du repas pour

savoir s’ils sont utilisés dans la pratique pour intégrer l’étudiant à l’équipe. L’objectif est aussi de

savoir ce qui se passe durant ces moments : peut-on y apprendre quelque chose ? Je veillerai

cependant à ne pas aborder le thème de la construction d’une identité professionnelle mais je serai

attentif si l’interrogé cite une des caractéristiques de la professionnalisation.

Question 5 :Qu’évoque pour vous la professionnalisation ?

Cette question vise à faire définir cette notion par l’interrogé et à lui demander le rôle qu’il

joue dans ce processus. Je cherche à savoir comment, selon lui, le processus de

professionnalisation ainsi que la construction d’identité professionnelle se font. Je rapprocherai

ainsi ces deux notions à la salle de détente pour tenter d’apporter un élément de réponse à mon

hypothèse : l’intégration aux moments informels peut-elle favoriser une construction identitaire ?

LIMITES DE L’OUTIL/DIFFICULTES RENCONTREES

Comme tout outil, le mien n’est pas parfait, d’autant plus que c’était la première fois que je

m’attelais à l’exercice de l’entretien. Se sentir à l’aise avec ces questions n’est pas évident même

si l’on s’entraine avec un ami et que le thème nous tient à cœur. Lors du passage des entretiens, il

ne fallait rien négliger et savoir saisir chaque moment opportun pour rebondir ou bien pour

changer de sujet en fonction d’une petite phrase que l’interviewé aurait pu dire. Je me suis ainsi

rendu compte lors de la retranscription que certaines de mes relances n’étaient pas toujours

appropriées et auraient pu, peut-être, me permettre d’explorer davantage certaines idées.

Une autre limite est qu’après avoir effectué quelques entretiens, on s’attend à avoir des

réponses. On peut donc avoir tendance à pousser l’interlocuteur vers les réponses que d’autres

interviewés ont données. De plus, mon statut d’étudiant fait que je ne suis pas neutre pour les

personnes interviewées. Cela se ressent dans les entretiens lorsque par exemple l’interrogé

m’inclus dans le groupe des étudiants avec des phrases comme « lorsque l’on vous encadre ».

Enfin, la dernière partie concernant la professionnalisation a été une des plus grosses

difficultés rencontrées. En effet, les interviewés avaient souvent du mal à saisir le sens de ces

termes, et il a fallu parfois les guider dans la réponse afin de pouvoir poursuivre l’entretien ce qui

a pu orienter leurs réponses.

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ANALYSE ET INTERPRETATION DES DONNEES

Après avoir réalisé six entretiens auprès d’infirmières de services et d’hôpitaux différents, j’ai

entrepris leur analyse. Afin de préserver l’anonymat des personnes interrogées, un prénom fictif

leur a été attribué.

Je propose dans un premier temps de résumer l’entretien. Cela permettra ainsi de dégager les

idées principales. Puis nous analyserons, de façon transversale, les entretiens aux regards des

questions qui ont été posées pour les confronter au cadre conceptuel et tenter d’apporter un

élément de réponse à mon hypothèse de recherche.

Tout d’abord Lucie21 est infirmière depuis huit ans. Elle considère que l’encadrement qu’elle

effectue au quotidien fait partie de son travail infirmier. Néanmoins, elle trouve que la sensation

de plaisir lié à l’encadrement diminue avec le temps. Pour elle, l’objectif d’un encadrement est la

transmission de connaissances : cela lui permet de se maintenir dans l’évolution de ses pratiques

et de continuer de les remettre en question. Il était difficile pour elle de dissocier les notions

d’intégration et d’encadrement. Néanmoins, le moment du repas pourrait, selon elle, être un

moment privilégié à l’intégration. C’est en effet un moment où l’on parle des situations du service

et la participation de l’étudiant à ces moments fait partie intégrante de son intégration : l’étudiant

y apprend des choses. Cependant, il a été très difficile de recadrer Lucie tout au long de l’entretien

car à chaque fois que j’essayais de basculer sur une nouvelle notion (intégration,

professionnalisation) elle revenait sur la notion d’encadrement.

Le second entretien concerne Marie22, infirmière depuis trente-six ans et bientôt à la retraite.

Pour elle, les moments d’encadrement ne sont pas déplaisants et font partie de la profession. Ils

contribuent aussi à la tenir informée des dernières pratiques. Le principal enjeu pour l’étudiant est

de lui montrer le métier d’infirmier d’une part, et de vérifier ses motivations d’autre part. Ce

dernier point est très important pour elle car elle l’aborde de nombreuses fois au cours de

l’entretien. Concernant l’intégration, l’étudiant fait pour elle partie de l’équipe comme un membre

à part entière et notamment lors des moments de pauses. Ainsi, l’étudiant se sentira plus à l’aise

dans son stage, et l’équipe aura confiance en lui. C’est également un moment de régulation pour

dire ce qui ne va pas. Tout ceci contribue à développer chez l’étudiant son identité de futur

infirmier, en corrélation étroite avec l’IFSI. Marie a également évoqué un aspect intéressant sur

l’évolution de l’intégration des étudiants au sein des équipes. Diplômée depuis 1975, elle note

21 Voir Annexe III, entretien 1 22 Voir Annexe III, entretien 2

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qu’il y a eu une disparition, au fil des années, de la « barrière » qui séparait l’étudiant de l’équipe,

évolution qu’elle juge favorable pour le développement de l’étudiant.

Marie a répondu assez brièvement aux questions ce qui, avec le recul, est assez dommage étant

donné la richesse de ses propos.

Vient ensuite l’entretien d’Hélène23. Cette infirmière de cinq ans de métier encadre

quotidiennement des étudiants. C’est la seule de toutes les infirmières interrogées qui a eu une

formation sur l’encadrement, concernant entre autre le nouveau référentiel. Encadrer consiste à

fournir à l’étudiant les bases du métier d’infirmier et notamment l’aspect technique en lui

détaillant les étapes d’un soin : c’est une transmission de connaissances. Mais cette transmission

est à double sens car la présence d’étudiants dans son service lui permet non seulement de se

mettre à jour mais aussi de remettre en question ses propres pratiques. Elle évoque cependant une

limite à cet encadrement qui est le manque de temps. Même si Hélène a rencontré des difficultés à

définir l’intégration, cela revient à mettre à l’aise l’étudiant et à créer avec lui une relation de

confiance ainsi qu’avec l’équipe. Cette intégration se fait par une présentation du service et de ses

membres, mais également par le biais de sa participation aux moments de pauses. Elle cite

également le poste de soins, les vestiaires, comme pouvant être des lieux propices à l’échange en

tête à tête avec l’étudiant. Pour Hélène, se trouver dans le processus de professionnalisation c’est

être en constante recherche de nouvelles informations, de développer ses compétences. Les

moments de pause en font partie car ce sont des moments qui favorisent le questionnement de

l’étudiant infirmier puisqu’il peut y poser librement des questions et se renseigner. Sa construction

professionnelle ne s’arrête pas après l’obtention du diplôme mais continue encore bien après.

Hélène parlait beaucoup et se perdait parfois dans ses réponses, oubliant souvent l’intitulé de la

question.

Le quatrième entretien s’est déroulé avec Claire24, une infirmière de quatre ans d’expérience.

Elle vit son rôle d’encadrante auprès d’étudiants comme faisant partie de son métier d’infirmière

et l’accepte plutôt bien à partir du moment où l’étudiant qu’elle a en face d’elle est motivé.

Néanmoins, au fur et à mesure de l’entretien, on sent que l’encadrement est une contrainte.

Encadrer consiste pour elle à transmettre les savoirs basiques du métier à l’étudiant et de le laisser

gérer, proportionnellement à son niveau d’étude, un groupe de patients de façon autonome tout en

le surveillant. De son côté, cela lui permet de se maintenir à niveau. L’intégration n’est pas selon

elle un objectif à part entière du stage et elle ne se sent pas réellement concernée par cette notion.

C’est à l’étudiant de s’intégrer à l’équipe, et non pas l’équipe qui doit l’intégrer. Son intégration

peut être favorisée par sa participation aux pauses où il pourra se rendre compte de ce qu’est une

23 Voir Annexe III, entretien 3 24 Voir Annexe III, entretien 4

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pause dans une équipe. Cela lui permettra aussi de développer sa confiance en lui tant pour les

soins que pour oser poser des questions. En revanche du côté de sa professionnalisation, selon

Claire, la participation à ces moments ne joue aucun rôle et ne lui apporte rien au niveau

professionnel. Néanmoins hors ces moments de pauses, elle a un rôle, tout comme l’IFSI, à jouer

dans ce processus auprès de l’étudiant.

Lise25, quant à elle, considère que l’encadrement est quelque chose de naturel. Diplômée

depuis deux ans, encadrer c’est s’investir dans d’autres choses que les soins à proprement parler.

Vis-à-vis de l’étudiant, c’est lui expliquer le soin et présenter l’aspect relationnel du métier. Ce

dernier point est sûrement lié au contexte du service où elle exerce. La motivation de l’étudiant est

cependant pour elle une variante à la qualité de son encadrement. Concernant l’intégration, elle a

plus de difficulté à l’expliquer et la résume à la présentation du service d’une façon générale. Cela

permet à l’étudiant d’être plus à l’aise et de développer sa motivation pour le stage. Cela facilite

également les échanges de l’étudiant avec l’équipe et développe une confiance mutuelle.

Concernant les moments de l’intégration, ce qui ressort le plus dans le discours de Lise, c’est le

tête-à-tête avec l’étudiant comme, par exemple, lors d’un soin. La présence d’un collègue est

cependant un frein à son intégration car elle différencie bien le fait d’être infirmier à celui d’être

étudiant : l’étudiant doit conserver une certaine distance avec l’équipe et elle ira naturellement

plus vers ses collègues que vers l’étudiant. Les moments de pause ne sont du coup pas forcément

des moments idéaux même s’ils permettent à l’étudiant de se mettre à jour dans la connaissance

de ses patients et donc par extension de trouver sa place. Pour elle, la professionnalisation se

résume à apprendre à être professionnel et se poursuit après l’obtention du diplôme. Cette dernière

permet ainsi d’avoir sa propre définition du métier d’infirmier mais Lise n’est pas convaincue de

la place des moments de pauses dans ce processus.

Enfin Tania26, qui est aussi une jeune infirmière diplômée depuis deux ans, pense que

l’encadrement consiste à apprendre à l’étudiant le métier tant au niveau des techniques que du

relationnel et de l’organisation. Elle trouve qu’avec le nouveau référentiel sa place d’encadrante

est encore plus grande, même si le temps est une limite à son rôle. Une autre tâche lui incombe :

c’est aider l’étudiant à trouver sa place. Si le dialogue est facilité, l’étudiant se sent plus à l’aise,

plus en confiance et fournit ainsi des soins de meilleure qualité. Elle peut aussi le laisser plus

autonome ce qui lui permet de gagner du temps pour pouvoir faire autre chose. Le petit-déjeuner

est également un moment d’intégration, mais l’étudiant ne peut y participer que s’il a fait ses

preuves : elle peut attendre une semaine avant de le convier à ce moment. Lorsqu’il peut y

participer, cela devient un moment où l’étudiant peut échanger sur ses patients avec les infirmiers

25 Voir Annexe III, entretien 5 26 Voir Annexe III, entretien 6

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du service. Cela l’aide à forger son caractère d’étudiant et, par extension, à se construire et

devenir un professionnel qui connaît son métier notamment en côtoyant les médecins et ses futurs

collègues. Ce processus s’inscrit dans la durée et ne s’arrête pas à l’obtention du diplôme.

Après avoir résumé chacun des entretiens, je propose désormais de voir ce qui les différentie,

les unit mais également de les rapprocher du cadre de référence. Pour cela, j’ai créé un tableau de

synthèse regroupant les réponses par thèmes au regard des questions posées (Annexe IV)

La première partie de l’entretien consiste à connaître l’histoire de l’interviewé. J’ai ainsi

rencontré des infirmières plutôt jeunes : en effet, cinq sur six avait moins de dix ans d’expérience

(Marie ayant trente-six ans de métier). Je n’ai cependant pu dégager aucune caractéristique propre

à chacun de ces deux groupes. Toutes en tout cas sont confrontées à l’encadrement et toutes, sauf

Lise, considèrent que cela leur est imposé car faisant partie du travail d’un infirmier. Comme nous

l’avons vu dans le cadre conceptuel, le Chapitre Ier, concernant les Règles liées à l'exercice de la

profession du code de Santé Publique l’article 4311-1, stipule que l’encadrement et la formation

des étudiants fait partie de la profession. Ce n’est pas pour autant une contrainte car elles y

prennent du plaisir mais Claire, tout comme Marie au cours de son entretien, relativise cette

notion de plaisir avec la motivation de l’étudiant.

Quatre personnes (Lucie, Marie, Hélène et Claire) en retirent quelque chose. Les notions de se

« maintenir à niveau », « se remettre en question », ont ainsi été soulignées. Ces infirmières se

situent donc encore dans le processus de professionnalisation car une de ses caractéristiques est en

effet de se tenir informé des pratiques. L’arrivée d’un étudiant, dont la formation est en cours, leur

permet ainsi d’avoir « des nouvelles fraîches » pour se maintenir à niveau.

Je suis ensuite rentré au cœur du sujet. L’objectif était de percevoir ce que comprenaient les

infirmières du mot « encadrement ». Nous avons vu dans le cadre conceptuel, qu’il y avait trois

actions principales : accompagner, soutenir et diriger.

Aucune d’entre elles n’a souligné explicitement la notion de direction dans leur définition de

l’encadrement, mais elles l’ont plus axée sur la transmission de savoirs. Ces savoirs ne se limitent

pas aux aspects techniques mais aussi à l’ensemble du métier d’infirmier comme indiqué par

Marie, Hélène et Tania. Elles marquent donc leur désir de faire entrer l’étudiant qu’elles ont en

charge dans un processus de professionnalisation. R. Wittorski définissait en effet la

professionnalisation comme « la transmission de savoirs et de compétences (considérés comme

nécessaires pour exercer la profession) ». Lucie, même si elle n’a pas cité explicitement « lui

apprendre le métier d’infirmier » a donné des caractéristiques qui s’en rapprochent telles « laisser

des patients en charge de A à Z».

La notion de direction est cependant apparue lorsque les infirmières m’ont expliqué la façon

dont elles procédaient pour encadrer l’étudiant. En effet, toutes commencent par évaluer les

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compétences de l’étudiant nouvellement arrivé avant de le laisser plus ou moins autonome. Claire,

tout comme Tania, est ainsi plus frileuse de laisser à l’étudiant une parfaite autonomie. Elles

exécuteront leur droit de surveillance et de vérification de façon systématique. L’encadrement se a

ainsi sa place tout au long du stage.

On voit donc que l’encadrement, via les actions misent en œuvre par les infirmières, inscrit

l’étudiant dans le processus de professionnalisation. Son objectif est pour la majorité d’entre elle

de rapprocher l’étudiant du groupe des infirmiers, leur groupe de référence.

Il est important de noter que Lucie a déjà abordé le thème de l’intégration dans la notion

d’encadrement, thème qui sera développé dans un troisième temps. En effet, pour elle,

l’encadrement consiste également à mettre à l’aise et en confiance l’étudiant. Cette notion sera

ainsi reprise par les cinq autres infirmières en abordant spécifiquement les apports pour l’étudiant

de son intégration au sein de l’équipe. Cette intégration apporte également à l’équipe quelque

chose car cela permet de développer une « relation de confiance » entre l’élève et l’équipe (Marie,

Hélène et Lise). L’étudiant peut ainsi acquérir plus facilement une certaine autonomie (Tania :

« On peut lui déléguer des choses […] si t’as pas confiance en l’élève, ça ne marche pas ») dans

ses soins et par extension, potentialiser les apprentissages sur son lieu de stage. De plus, s’il était

mis à l’écart, il « oserait moins », et serait donc moins en « confiance », plus hésitant à poser des

questions et donc moins à même de façonner sa construction identitaire de futur professionnel.

La notion d’appartenance n’est en revanche pas la même pour toutes. En effet, alors que Marie

et Hélène considèrent que l’étudiant fait partie de l’équipe, Tania considère que c’est à ce dernier

de trouver sa place. De plus, on remarque que le niveau de l’étudiant joue dans son intégration.

Plus il se situera vers la fin de son cursus, et plus ce sentiment d’appartenir à l’équipe comme

« membre à part entière », sera forte. Lucie l’illustrera ainsi avec le stage préprofessionnel comme

étant une longue période de stage qui permet à l’étudiant d’avoir une place privilégiée au sein de

l’équipe. Hélène dit même qu’il y a une « complicité » qui peut naître entre l’infirmière et

l’étudiant. Elle nuance cependant son propos par le fait que l’étudiant ne doit pas être confondu

avec les membres de l’équipe. Cela rejoint également les propos de Lise pour qui, une certaine

distance doit être conservée avec les étudiants.

On peut rapprocher cela des notions de groupe d’appartenance et de groupe de référence. La

limite est parfois difficile à percevoir, ce qui explique les divergences d’opinions entre les

infirmières, surtout vers la fin du cursus où le passage du groupe de référence au groupe

d’appartenance est proche.

Pour optimiser l’intégration de l’étudiant au sein de l’équipe, presque toutes citent trois

paramètres importants : la présentation du lieu, de son fonctionnement et des membres de

l’équipe. Ces deux derniers paramètres se rapprochent de la définition de M. Grawitz sur

l’intégration. En effet, « l’ensemble des interactions entre les membres » correspond à connaître le

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fonctionnement de ces interactions ainsi que connaître chacun des membres de l’équipe. C’est le

pré-requis pour que le « sentiment d’identification au groupe » se fasse de manière plus ou moins

importante.

Il est intéressant de voir, dans la perspective de l’hypothèse, que seules Marie et Hélène ont

spontanément cité les moments de pause (café, repas) comme faisant partie du processus qu’elles

mettent en place pour faciliter l’intégration de l’étudiant. Trois autres infirmières (Lucie, Claire et

Tania), ont, lorsqu’a été posé la question de savoir s’il existait des moments privilégiés pour

favoriser l’intégration des étudiants, également cité les moments de pause. Plusieurs apports y ont

ainsi été distingués : un moment de médiation pour Marie (faire le point sur ce qui va et sur ce qui

ne va pas), illustrer la journée type d’un infirmier pour Claire.

Dans cette troisième partie de l’entretien, l’objectif était également que les interviewés citent

des lieux privilégiés pouvant favoriser l’intégration de l’étudiant. Trois infirmières (Lucie, Claire

et Lise) n’ont pas spontanément trouvé ces lieux. Cependant, en leur proposant la salle de détente,

elles étaient toutes plutôt d’accord avec le fait que ce lieu privilégiait l’intégration. Toutes ont en

tout cas pour habitude d’y convier leurs étudiants, sous réserve, pour Lise, qu’il en fasse la

demande, ce qui réclame donc l’implication de l’étudiant et son désir de vouloir participer à ces

moments. Tania considère de plus que l’accès à ces moments n’est pas automatique : l’étudiant

doit d’abord faire ses preuves pour y être convié. On retrouve ici la notion de rite de passage

définie par Van Gennep et notamment l’étape de « l’agrégation » : l’individu est réinséré dans un

nouveau groupe.

Il est important de voir que la majorité des infirmières interrogées (toutes sauf Claire), ont

ressenti cette question comme le fait de savoir s’il y avait des endroits où l’élève pouvait

librement parler en tête à tête avec l’infirmière pour lui poser des questions et ainsi interagir avec

elle. La présence d’une collègue peut être vue comme un parasite à cet échange (Lise) et marque,

une fois de plus, la séparation entre le groupe de référence et le groupe d’appartenance. Il parait

également important à Lucie que l’étudiant soit présent en salle de pause car c’est non seulement

un lieu où l’on parle de choses personnelles, mais surtout de situations du service. Ainsi, si

l’étudiant n’était pas présent, il lui manquerait une part d’information et il pourrait alors se sentir

mis à l’écart. On se rapproche ici encore du concept de rite. J. Peneff caractérise en effet

« l’office » comme « une salle de réunion informelle pour les agents qui récapitulent les tâches

déjà effectuées ». Je reviendrai plus tard lors de l’entretien sur le thème de la salle de détente en

relation avec le concept de professionnalisation.

Deux notions importantes se dégagent donc durant les moments et lieux privilégiés : la

communication, qui y est favorisée, et le concept de rite.

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Le dernier thème abordé au cours de ces entretiens est la question de la professionnalisation et

de la construction d’une identité professionnelle. Cette première notion n’est, de prime abord, pas

forcément connue des interviewées (Lucie, Hélène et Claire) mais la décortication du mot, et

notamment le soulignement du mot « professionnel », les oriente sur le fait « d’être » et de

« devenir professionnel ». De plus, elles en dégagent les caractéristiques suivantes que nous

avions déjà abordées dans la partie théorique :

Apprentissage sur la durée (Lucie, Hélène, Lise et Tania). Il est intéressant de rapprocher cela

du fait que leur année de diplôme est assez récente. Cela sous entend donc que ces infirmières

se considèrent toujours dans le processus de professionnalisation.

Nécessité de se réactualiser et de se renseigner (Hélène et Tania). Cela est en effet un critère du

processus de professionnalisation tel que développé par G Le Boterf (« S’engager dans des

démarches d’auto-formation et de recherche d’information »). Comme nous l’avons vu ci-

dessus, les moments informels favorisent ces échanges sur les pratiques professionnelles et

sont l’occasion pour l’étudiant de questionner l’infirmier en vue d’améliorer son apprentissage.

Connaître le métier d’infirmier et ses caractéristiques (Lucie, Marie, Hélène et Tania).

Précédemment, nous avons vu que certaines infirmières considéraient que les moments

informels faisaient également partie de la vie d’une infirmière. C’est également une

caractéristique qu’a identifiée G. Le Boterf : « Développer une culture de l’organisation et du

métier en faisant participer l’apprenant aux moments clé du travail collectifs. »

La notion de travail en équipe et du développement de l’aspect relationnel de la profession

(Claire et Lise). Nous pouvons rapprocher cet élément du fait que l’étudiant soit « à l’aise », ce

qui résulte d’une intégration réussie. C’est encore une des caractéristiques clés de la

professionnalisation selon Le Boterf : « Développer la capacité [de l’étudiant] à coopérer en

l’intégrant dans une équipe par exemple »

Toutes ces infirmières sont conscientes de la place qu’elles ont à jouer dans ce processus de

professionnalisation (Marie et Claire nuancent quand même ce propos par le fait que l’IFSI à

également son rôle à jouer dans cette construction par les apports théoriques). Elles jugent que le

concept d’identité professionnelle est très proche de la notion de professionnalisation et en

présente les mêmes caractéristiques. Cependant, Lise trouve que cette notion est plus personnelle

puisqu’elle fait référence à « sa propre » définition de la profession d’infirmière. Comme nous

l’avions vu dans le cadre de référence, la professionnalisation est en effet le processus qui permet

d’acquérir une identité professionnelle.

J’ai enfin voulu voir si elles considéraient que les lieux et les moments privilégiés (et

notamment la salle de détente et les pauses) avaient leurs places dans le processus de

professionnalisation. J’ai déjà pu déduire de leurs réponses précédentes que ces moments jouaient

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un rôle dans ce processus, cependant, mon objectif était également de voir si elles en étaient

conscientes. Toutes (sauf Claire au début puis qui a changé d’avis) m’ont ainsi confirmé que ces

moments en faisaient partie. Elles se rendent en effet compte :

Que l’on n’y parle pas uniquement de la vie privée (Lucie, Claire Lise et Tania) mais aussi de

la vie du service et de ses patients. L’étudiant y apprend donc des choses essentielles pour le

bon déroulement du stage car il est responsable de ses patients (Lucie). Les moments informels

apportent donc de la connaissance.

Que ce sont des moments d’échange qui favorisent le questionnement de l’étudiant (Hélène et

Tania). Cela confirme la notion de communication que nous avions déjà vue précédemment.

Cette notion à toute sa place dans le processus de professionnalisation et permet de détecter si

l’individu est dans ce processus comme le signale G. Le Boterf : « S’adresser à ses tuteurs et à

ses formateurs pour qu’ils l’aident à réaliser son parcours ».

Que la motivation est testée durant ces moments (Marie). C’est une caractéristique

indispensable pour entrer dans le processus de professionnalisation car, « seules les personnes

peuvent se professionnaliser […] si elles s’engagent dans des projets d’acquisition et de

développement des compétences » (G. Le Boterf).

Que ces moments favorisent son intégration dans l’équipe (Lucie et Hélène) et donc son travail

en son sein. L’apprentissage de l’étudiant en sera ainsi potentialisé.

On voit donc bien que, pour les différentes infirmières que j’ai interviewées, on peut faire un

lien fort entre les moments informels et le processus de professionnalisation et donc la

construction identitaire. Ce n’est bien entendu pas l’intégration à ces moments qui va à elle seule

réaliser cette construction mais elle va potentialiser les apprentissages de l’étudiant au cours de

son stage et le rapprocher de son futur métier. Il est important de noter que le panel ne se limite

qu’à six infirmières et il serait intéressant de pouvoir questionner d’autres infirmières afin de

conforter davantage l’hypothèse de recherche.

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CONCLUSION GENERALE

La professionnalisation correspond donc à un processus permettant d’acquérir un savoir-être

contribuant ainsi à la construction et au développement de son identité professionnelle. Le stage

est un des moyens qui permet d’entrer dans ce processus par le biais notamment de l’encadrement

apporté par des professionnels déjà en fonction.

Cependant, la rencontre entre un étudiant et une équipe, pouvoir « se fondre dans la masse »

comme le dit Hélène, n’est pas chose évidente. Il faut réussir à s’approprier les normes et valeurs

du groupe des infirmiers qui grâce au processus de professionnalisation passera du groupe de

référence au groupe d’appartenance. Ces normes et valeurs passent également par les moments

informels qui rythment la vie d’un service et sont dans une journée une coutume, un rite. Outre sa

fonction de restauration ou de détente, les infirmières que j’ai interrogées m’ont confié que ces

moments peuvent s’avérer être un véritable atout pour l’étudiant ayant eu le droit d’y accéder. On

y parle de sa vie privée mais pas seulement car le suivi des patients et de leurs problèmes y est

aussi abordé ce qui leur confère une dimension professionnalisante supplémentaire. Chacun

pourra ainsi y exposer son avis, sa façon de voir le problème, ce qui forgera les compétences de

l’étudiant. Cela devient ainsi un autre lieu dans sa formation.

L’intégration des étudiants lors des moments informels a donc une part dans le processus de

professionnalisation et par voie de conséquence dans la construction de leur identité

professionnelle. Il incombe, dès lors, aux infirmières, et à moi demain, de le mettre en pratique

dans leur démarche d’encadrement des étudiants et une communication en ce sens serait peut-être

nécessaire. Cela pourrait passer par le biais de formations à l’encadrement dont les infirmières

sont demandeuses. La question est cependant de savoir comment mettre en place ces formations

dans un contexte où le temps est un paramètre qui fait défaut et où les restrictions de budget sont

permanentes. Le débat est ouvert…

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BIBLIOGRAPHIE

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PENEFF, Jean, L’hôpital en urgence, Métailié, Collections Leçons de choses, Paris, 1992, 257

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WITTORSKI, Richard, Formation, travail et professionnalisation, Paris, Editions l'Harmattan,

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- ARTICLES

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LITZLER, Jean-Bernard, La pause-café, plus productive qu'on ne croit, Le Figaro, 15/10/2009 :

http://www.lefigaro.fr/entreprise/2009/10/15/05011-20091015ARTFIG00643-la-pause-cafe8230-

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Multi-Rédacteurs, Guide du service de soins infirmiers, août 2009, 39 pages, consulté en octobre

2010 : www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/Guide_du_service_de_soins_infirmiers.pdf

TEXTES LEGISLATIFS ET REGLEMENTAIRES :

Article 4311-1 du code de Santé Publique fixant les règles liées à l’exercice de la profession

infirmière, modifié par la loi n°2011-525 du 17 mai 2011 - article 89.

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ANNEXES

ANNEXE I : ARTICLE 4311-1 DU CODE DE SANTE PUBLIQUE FIXANT LES REGLES

LIEES A L’EXERCICE DE LA PROFESSION INFIRMIERE.

Est considérée comme exerçant la profession d'infirmière ou d'infirmier toute personne qui

donne habituellement des soins infirmiers sur prescription ou conseil médical, ou en application

du rôle propre qui lui est dévolu.

L'infirmière ou l'infirmier participe à différentes actions, notamment en matière de

prévention, d'éducation de la santé et de formation ou d'encadrement.

L'infirmière ou l'infirmier peut effectuer certaines vaccinations, sans prescription médicale,

dont la liste, les modalités et les conditions de réalisation sont fixées par décret en Conseil d'Etat,

pris après avis du Haut conseil de la santé publique.

L'infirmière ou l'infirmier est autorisé à renouveler les prescriptions, datant de moins d'un an,

de médicaments contraceptifs oraux, sauf s'ils figurent sur une liste fixée par arrêté du ministre

chargé de la santé, sur proposition de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de

santé, pour une durée maximale de six mois, non renouvelable. Cette disposition est également

applicable aux infirmières et infirmiers exerçant dans les établissements mentionnés au deuxième

alinéa du I de l'article L. 5134-1 et dans les services mentionnés au premier alinéa de l'article

L. 2112-1 et à l'article L. 2311-4.

Un arrêté des ministres chargés de la santé et de la sécurité sociale fixe la liste des dispositifs

médicaux que les infirmiers, lorsqu'ils agissent sur prescription médicale, peuvent prescrire à leurs

patients sauf en cas d'indication contraire du médecin et sous réserve, pour les dispositifs

médicaux pour lesquels l'arrêté le précise, d'une information du médecin traitant désigné par leur

patient.

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ANNEXE II : ASPECTS GENERAUX DE L’EXERCICE PROFESSIONNEL

Extrait du Guide du service de soins infirmiers, août 2009, 39 pages :

www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/Guide_du_service_de_soins_infirmiers.pdf

Norme 4 - L'accueil et l'intégration de nouvelles collègues

L’infirmière, en concertation avec le cadre infirmier du service, participe à l'accueil et l'intégration

de toute nouvelle collègue

Caractéristiques de ressources / structure

Une infirmière est identifiée comme "référente" pour une période déterminée dans le but de

faciliter l'intégration de cette nouvelle collègue

L'organisation du service prévoit l'accueil d'une nouvelle collègue par l'infirmière référente

Un livret d’accueil du personnel est disponible dans l'établissement

Une documentation sur les missions et spécificités du service de soins est disponible

Une période d'intégration est prévue pour tout nouveau professionnel et un programme est

établi

Une évaluation individuelle des compétences, à l'issue de cette période est programmée

Des compléments de formation sont programmés si nécessaire.

Caractéristiques de processus

L'infirmière :

accueille sa nouvelle collègue et facilite son intégration auprès de l'ensemble de l'équipe

soignante et dans l'établissement

l'informe sur le profil de la population accueillie, des pathologies traitées, le projet de service,

l'organisation des soins, la topographie du service

l'informe sur les risques professionnels auxquels elle peut être exposée et les conduites à tenir

pour les prévenir

porte à sa connaissance les protocoles de soins

l'informe sur le fonctionnement des différents appareils médicaux et hôteliers.

Caractéristiques de résultats

La nouvelle collègue dispose de toutes les informations nécessaires à son adaptation au service. A

l'issue de sa période d'intégration, cette infirmière est capable de travailler de façon autonome

dans le service.

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ANNEXE III : RETRANSCRIPTION DES ENTRETIENS

Entretien 1 : Lucie

Pouvez vous me parlez de vous en vous présentant ?

Moi je suis infirmière. Je suis diplômée depuis 2003. Ça fait 3 ans que je travaille dans le service

de ** Ils sont un peu plus orientés sur ** et j’ai travaillé 4 ans en réanimation médicale. [29 ans]

Et donc dans ton exercice quotidien tu es amenée à encadrer des étudiants ?

Oui

C’est pour toi un choix ou c’est plutôt quelque chose qui t’es imposé ?

Disons que ça fait partie de notre travail. C’est englobé dans le travail d’infirmière. Après il y a la

notion de plaisir qui s’atténue avec les années parce qu’on a de moins en moins de disponibilité

pour vous encadrez correctement. Avant je prenais beaucoup plus de plaisir que maintenant, parce

qu’avant je pouvais prendre beaucoup plus mon temps et beaucoup plus expliquer les choses alors

que maintenant, prendre le temps d’expliquer, ça me prend beaucoup plus de temps qu’avant. Je

trouve en tout cas.

Et avant de devenir infirmière tu avais fait autre chose ?

Non non. Je suis sortie du lycée et école d’infirmière directement à 18 ans en fait.

Ok. Est-ce que tu as eu des formations sur l’encadrement, ou des choses comme ça ?

Non jamais. Je n’ai jamais participé à des formations. Même pour les nouvelles recrues avec le

portfolio je n’ai eu aucune formation

Et sur quoi tu te bases pour encadrer un étudiant vu que tu n’as pas eu d’apports ?

Je me base sur ce que j’ai eu moi comme enseignement à l’école déjà, sur mon expérience

personnelle avec, enfin personnelle professionnelle avec les années aussi. Et par rapport à ce

qu’on attendait de nous quand moi j’étais étudiante et ce qu’attendaient les professeurs par rapport

au système de notation, enfin voilà ce qu’on attend de vous au niveau des MSP. Maintenant il y a

plus mais à l’époque au niveau des MSP et au niveau du DE en fait. On partait dans cet objectif-

là, se mettre dans les mêmes conditions ce qui a un peu changé maintenant et maintenant je sais

plus trop… C’est un peu le flou

Et tu serais demandeuse, t’es pas obligée de me répondre « oui » pour me faire plaisir, d’avoir

une formation sur ça ?

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Honnêtement oui. Maintenant le problème c’est de pouvoir aller à cette formation et ça c’est pas

toujours facile parce qu’il faut se détacher complètement du service et en même temps faut qu’on

nous propose aussi. Mais si c’était proposé oui parce que là je suis quand même en grosse

difficulté avec le système de fonctionnement, avec le portfolio. C’est la mer et l’océan pour moi.

Je n’ai pas de bateau et de barque, de bouée. C’est compliqué. [Rires]

[Rires] Et donc en fait qu’est-ce que pour toi encadrer un étudiant ?

Déjà encadrer pour moi c’est transmettre les connaissances, transmettre le savoir, la priorité c’est

d’apprendre les choses au plus juste et au plus parfait de l’idéal dans lequel on devrait travailler.

Donc effectivement faut quand même bien centrer les choses au niveau technique et après

effectivement il y a tout ce qui est observation de l’étudiant en fonction de son caractère. Nous des

fois on se remet en question et on essaye de faire se remettre en question les étudiants aussi

parfois en fonction du caractère de chacun. Et faire attention aussi à eux dans le sens où la façon

dont eux ils se sentent s’ils sont à l’aise, s’ils ont des choses à nous « reprocher », concevoir le fait

que eux ne soient pas toujours à l’aise ou ne sachent pas forcément comment nous aborder. Après

il y a s’adapter au caractère de chacun et c’est à nous aussi de tendre un peu aussi la main pour

mettre les étudiants en confiance. Ou quand ils partent dans une mauvaise voie ou qu’ils n’ont pas

forcément un comportement très adapté, savoir leur dire tout de suite et pas attendre le dernier

moment « ton stage il est nul mais je t’ai rien dit avant ». Tu ne pouvais pas corriger les erreurs

qu’il y avait.

D’accord et donc cet encadrement maintenant pour toi, tu m’as expliqué ce que ça apportait à

l’étudiant, mais à toi qu’est-ce que ça t’apporte ?

Bah à moi ça me permet de me maintenir finalement dans l’évolution du métier, enfin dans

l’évolution des pratiques aussi parce que c’est qu’aussi des fois il y a des choses qui changent et

nous on n'est pas forcément mises au courant officiellement mais par le biais des étudiants ou des

professeurs aussi qui viennent ça nous permet aussi de suivre un peu les choses et ça nous permet

aussi de ne pas perdre la théorie de base par exemple sur les soins techniques. Comme

effectivement avec le quotidien on a tendance à zapper des choses et pas forcément les faire dans

les règles de l’art ça te permet d’entretenir des trucs : « C’est vrai que là il faut te laver les

mains » ; « faut prendre un plateau, un chariot » et c’est vrai que parfois devant les étudiants on a

plus tendance à prendre un chariot pour faire bien parce que si je leur dit « ah oui faut prendre un

chariot » et que moi je le fais jamais c’est pas trop crédible. Donc c’est bien ça permet de

continuer à faire les choses correctement alors qu’on a tendance à zapper certaines choses.

Et quelle place tu accordes à cet encadrement dans ton quotidien, comment tu procèdes…

[Hésitations]… Bah moi la place que j’y accorde… dans quel sens en fait ?

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En fait est-ce que tu es plus sur quelque chose où tu vas le regarder tout au long du stage ou alors

chacun fait son travail de son côté ?

Moi j’aurai plus tendance à être très regardante au début quand je ne connais pas les gens voir ce

qu’ils savent. Finalement faire un bilan sur ce qu’ils savent et voir finalement après ce vers quoi

on se dirige « ça tu sais faire ça c’est bon tu maitrise, maintenant ça tu peux le faire tout seul, je

sais que tu le fais tout seul je n’ai pas besoin de vérifier je sais que tu ne vas pas te louper ». Et

donc du coup finalement les choses qui ne sont pas encore au point on va un peu plus se

concentrer dessus pour progresser et finalement il y aura aussi un regard tout au long du stage.

Est-ce que les choses que je t’ai montrées au début tu les maitrises à la fin du stage ? Ou : Est-ce

que ce n’est pas assimilé et là il y a un problème qui vient d’ailleurs ? Est-ce que c’est moi qui ne

maitrise pas au niveau de la communication ou est-ce que c’est l’étudiant qui a des difficultés à

comprendre aussi les choses. Faut adapter au fur et à mesure du stage de toute façon. Après

l’essentiel pour moi c’est d’avoir réussi à progresser. Ce n’est pas de tout savoir en arrivant

l’essentiel c’est d’avoir réussi à progresser durant le stage

Et tu parlais tout à l’heure de mettre en confiance, et en fait vis-à-vis de l’intégration qu’est-ce

que pour toi intégrer un étudiant sur son lieu de stage ?

[Hésitations]… Déjà c’est… ça consiste à lui présenter les lieux, déjà c’est important s’il se repère

dans les lieux, savoir où sont rangées les choses, et bien, forcément il est moins mal à l’aise

d’aller demander les choses, il est plus autonome. Et être autonome ça aide quand même à être

intégré et être à l’aise. Présenter chaque personne de l’équipe. De la femme de ménage au

médecin. On travaille beaucoup tous ensemble ici. Déjà c’est… présenter après le fonctionnement

du service parce qu’effectivement ça ne fonctionne pas forcément pareil partout. Quand on arrive,

si on ne sait pas on ne peut pas deviner. Donc c’est déjà trois choses assez importantes.

Et donc ça c’est pour l’étudiant et en fait à l’équipe qu’est-ce que ça lui apporte d’intégrer

l’étudiant à l’équipe ?

Dans l’équipe, ça c’est une bonne question…

Si ça apporte quelque chose d’ailleurs.

Certainement parce que toute expérience dans la vie apporte des choses. Mais je n’ai jamais

réfléchi à la question. Je ne saurais pas te répondre. Ça va peut-être être répétitif, mais je pense

que ça permet à chaque partie de se remettre en question en général et puis je ne sais pas trop quoi

dire…

On va donc changer de question. Quels moyens tu donnes aux étudiants pour pouvoir les intégrer,

les inclure au sein de l’équipe ?

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Déjà la présentation des lieux, du personnel, les explications. Moi je sais que je suis claire dès le

début. En général je préviens tout de suite, s’il y a un truc qui ne va pas je vais le dire au fur et à

mesure. Ça ne va pas forcément être un reproche ou quelque chose de méchant mais je vais dire

dès le début du tac au tac les choses : « ça, ça ne va pas je te le dis et tu règles le problème ». Par

contre si je te le dis quinze fois là ça va être un reproche et peut-être dit méchamment. J’essaye de

dire les choses de la façon la plus objective possible et que eux ne le prennent pas mal et ne se

renferment pas sur eux-mêmes. Il y a des gens qui le prennent mal. Faire des bilans de mi-stage,

c’est pas mal non plus. Ça permet de voir eux où ils en sont, ce qu’ils ont envie de voir, est-ce

qu’il y a des choses sur lesquelles on n’a pas assez travaillé, sur lesquelles ils veulent progresser

un peu plus.

Et en termes de durée maintenant. Combien de temps tu consacres pour promouvoir cette

intégration ?

L’intégration de départ ?

En général

C’est un peu tous les jours de toute façon. Bon c’est vrai parfois en fin de stage quand on connait

bien les étudiants et que ça se passe bien, effectivement il y a moins de choses à investir et à faire.

Après il y a des situations où les étudiants étaient vraiment en difficulté et là jusqu’au bout du

stage j’ai essayé de m’accrocher à insister sur les trucs et il y a des gens parfois ils ne s’en sortent

pas. Ils ont beau faire tous les efforts qu’ils veulent ils n’y arrivent pas. C’est pas leur vocation et

je pense qu’il faut savoir leur dire jusqu’à la fin que tu as constaté qu’ils ont fait tout ce qu’ils ont

pu mais qu’ils n’y arrivent pas. Donc c’est tous les jours mais ça dépend de l’adaptation de

l’étudiant: certains y arrivent bien, d’autres ont plus de difficultés.

Vis-à-vis de cette intégration, est-ce que selon toi il existe des lieux privilégiés ?

Des lieux en quelque sorte non. Mais c’est le contexte du lieu qui va être privilégié. C'est-à-dire

qu’il ne faut pas qu’il y ait quarante personnes qui discutent ou rigolent à coté ce n’est pas

possible on ne peut pas se concentrer. Il ne faut pas qu’il y ait forcément d’autres étudiants

présents parce que ça les met mal à l’aise et ça ne permet pas de pouvoir discuter librement et dire

vraiment ce que l’on a à se dire. Pas de collègue non plus parce que ça ne permet pas de dire ce

que l’on veut dire et ça peut mettre mal à l’aise. En même temps moi ce que j’ai à dire à une

personne j’estime que ça ne regarde qu’elle et que ça ne regarde pas forcément les autres. Donc

oui le lieu va plutôt être dans le sens du contexte. Moi personnellement je ne dis jamais les choses

devant le patient. J’attends qu’on soit sorti parce que ça peut mettre les gens mal à l’aise et ça

décrédibilise devant le patient aussi, voire lui fait peur.

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Est-ce que tu penses par exemple que la salle de détente pour intégrer les étudiants au sein de

l’équipe ça pourrait être un de ces lieux ?

Oui bien sûr parce que c’est aussi un moment de détente et finalement on parle de tout et rien. Des

fois on parle aussi de situations du service entre nous. Mais oui c’est important parce que nous, la

salle de détente c’est un lieu de vie assez commun, pour la femme de ménage et les médecins

aussi. Oui effectivement si nous on l’intègre pas à s’installer autour de la table avec nous, ce n’est

pas évident de s’intégrer. On est mis à part. Oui c’est important.

Et tu le fais dans ta pratique ?

Oui oui. Tout à fait. On a toujours déjeuné avec les étudiants, quand ils sont en train de faire un

truc on leur dit « quand tu as fini tu viens ». Ils se mettent autour de la table avec nous. Si je vois

qu’ils ont un peu du mal à manger un truc je leur dit « aller mangez ». On les intègre beaucoup.

Moi je l’ai toujours fait en tout cas. J’ai toujours dit : « là, c’est l’heure : tu vas manger. Tu prends

une heure, c’est l’heure de ta pause. »

Et ce dernier axe, qu’est-ce qu’évoque pour toi la professionnalisation ?

C'est-à-dire ?

En fait je voudrais savoir ce que tu entends par le mot professionnalisation.

Par rapport aux étudiants ?

Oui en stage

C’est un terme que l’on emploie beaucoup maintenant ? Je ne sais pas trop ce qu’il veut dire. Ça

ne me parle pas spécialement… Ce n’est pas évident d’avoir un avis là-dessus... Pour moi la

professionnalisation elle se fait tout au long des années à partir du moment où tu rentres dans

l’école d’infirmière il faut te mettre dans le bain du milieu infirmier. Ça se fait tout au long.

Quand tu dis professionnalisation tu entends le choix d’une spécialité particulière ?

Non non. C’est le métier en général.

Ça s’apprend avec les années. Il y a un déclic qui se fait de toute façon au fur et à mesure de tes

acquis.

Tu penses que toi tu as une place à jouer dans ce processus ?

Oui tout à fait parce que finalement faut pouvoir laisser la possibilité à l’étudiant de se mettre à la

place « de ». Surtout les étudiants de troisième année. Moi j’ai toujours tendance même à un

première année de laisser des patients en charge de A à Z avec un nombre graduel en fonction du

niveau de chacun. C’est prendre le patient dans sa globalité. C’est se mettre dans ce cursus de

professionnalisation.

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Et maintenant si je te demandais de mettre en lien professionnalisation et construction d’une

identité professionnelle ?

Oui ça se sent encore plus en troisième année où on passe la barre de « je suis étudiant je vais

devenir infirmier » à « j’ai eu mon diplôme » et effectivement les quelques premiers jours où tu es

infirmier tu te dis « ah ça y est je suis plus étudiant ». Ce n’est pas évident. Surtout les derniers

stages et en plus maintenant avec le stage prépro c’est vrai qu’on vous laisse comme si vous étiez

en place, on vous laisse travailler. On vous suit, on vérifie ce qui se passe derrière, on a le contrôle

et l’œil sur tout mais on se met quand même en retrait pour essayer de vous laisser faire les choses

comme si vous étiez tout seul et dans ce sens là c’est pas mal pour vous. Ça vous fait une moins

grosse coupure quand vous avez votre diplôme que du jour au lendemain vous vous retrouvez tout

seul. Chose que moi, alors je ne sais pas si les gens qui ont eu le diplôme en même temps que moi

l’ont vécu pareil, mais moi en troisième année je n’ai jamais vraiment eu la salle en charge toute

seule avec une autonomie comme maintenant on fait avec vous. Je pense que ça a un peu changé

maintenant et c’est mieux effectivement pour toi.

Donc l’autonomie tu la mettrais en fait, c’est-ce moyen qui permettrait donc la construction de

l’identité professionnelle et t’en verrais d’autres ?

Bah il y a déjà tout ce qu’on a dit avant. Ça regroupe tout.

Selon toi est-ce que le fait que l’étudiant, on reprend un peu tout ce qu’on a vu tout à l’heure, il

participe à ces moments informels : déjeuner, petit-déjeuner, est-ce que ça permet la construction

de cette identité professionnelle ? Est-ce que ça rentre dans ce processus ?

Oui tout à fait.

Et comment ?

Je vais me répéter, mais ça fait partie d’une intégration dans l’équipe, il y a pas de raison que

parce que tu es étudiant, tu n’as pas le droit te t’asseoir à la même table que nous, de manger avec

nous. Il n’y a pas la table des enfants et la table des adultes. Donc oui. Et puis il y a aussi le

caractère de chacun, des gens, les discussions se mêlent, mais c’est vrai que les étudiants qui sont

en fin de cursus, qui sont en stage prépro avec nous pendant deux mois ils font un peu partie de

l’équipe et des fois on a des discussions personnelles. Effectivement là tu es quand même bien

dans le bain.

Tout à l’heure tu disais que dans la salle de pause, il y a des médecins, des femmes de ménages, et

vous parlez des choses du service, est-ce que le fait que l’étudiant soit là, est-ce que ça l’aide à

entrer dans ce processus et se construire comme vous parlez également des patients ?

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Oui tout à fait. On se pose et on parle des patients, ça lui permet du coup de suivre ce qui se passe.

Il est dans le feu de l’action, il est quand même responsable aussi, on leur laisse pas mal

d’autonomie dans la gestion de leurs patients, même si on est toujours présent et que l’on surveille

toujours ce qu’ils font. Mais oui

Et toi, maintenant dans ton vécu d’étudiant, est-ce que tu avais l’habitude d’être intégrée dans ces

moments ?

Oui quand même, j’ai toujours été intégrée. Il y avait toujours des endroits où il n’y a pas des

unions professionnelles comme nous avec les médecins et les femmes de ménage Mais dans 90 à

95 % du temps, l’infirmière m’emmenait toujours avec elle, que ce soit pour aller manger ou

autre.

Ça t’a aidé à te construire toi aussi ?

Oui, ça c’est sûr, ça te permet d’être à l’aise dans les lieux, d’avoir confiance en toi, et du coup

d’avoir confiance pour prendre des initiatives. Donc oui bien sûr.

Est-ce que tu souhaites rajouter quelque chose pour finir l’entretien ?

Non

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Entretien 2 : Marie

Est-ce que vous pourriez pour commencer me parler un peu de vous ?

Je suis diplômée depuis 75 et toujours en ***.

Est-ce que dans votre exercice quotidien vous êtes amenée à encadrer des étudiants infirmiers ?

Oui.

Donc vous l’avez toujours fait ?

Oui toujours.

Et c’est quelque chose qui vous est imposé, ou c’est un choix ?

Ça fait partie de notre profession l’encadrement et ce n’est pas déplaisant.

Donc vous l’accepter avec plaisir ?

Oui bien sûr.

Avant d’être infirmière vous aviez fait autre chose ?

Non je sortais du lycée. A l’époque le Bac n’était pas obligatoire il y avait juste le niveau de

demandé.

Et est-ce que vis-à-vis de l’encadrement vous avez eu des formations ?

Non aucune formation sur l’encadrement.

Et même vis-à-vis du nouveau référentiel ?

Non mais ça par contre j’étais absente pendant presque un an et du coup je suis passée à l’as.

Et vous seriez demandeuse ?

Pas vraiment parce que je suis vraiment en toute fin de carrière, il ne me reste plus que quelques

mois. La première élève que j’ai eue dernièrement m’a expliqué très bien comment fonctionnait le

portfolio.

Maintenant j’aurais voulu savoir ce qu’était pour vous encadrer un étudiant.

Bah déjà lui montrer ce que c’est le métier d’infirmier. A savoir les motivations, c’est important

de savoir pourquoi on fait ce métier. Et puis lui montrer les mauvais cotés et puis après finalement

c’est en fonction des connaissances. Mais avant tout les premières années ce sont les motivations.

Ça veut dire quoi pour vous les motivations ? Les motivations de l’étudiant ?

Oui voilà pourquoi il veut faire ce métier.

Pour vous ça fait donc partie de l’encadrement ?

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Oui. Pour savoir si c’est un choix bien réfléchi ou si ce n’est pas plutôt une porte de sortie prise

comme ça au hasard en disant j’ai échoué à l’ENA, je vais faire l’école d’infirmière c’est peut être

moins dur. Ça ce n’est pas la bonne motivation.

Et le fait d’encadrer des étudiants pour vous qu’est-ce que ça vous apporte ?

Plein de choses parce que c’est un échange entre les étudiants et nous parce que vous avez des

nouvelles fraîches à nous donner. Un échange de pratiques pour se tenir au courant des dernières

choses. Ça permet au professionnel de donner ses connaissances aussi.

Et vis-à-vis de l’encadrement, quelle place vous lui accorder au quotidien ?

La place elle est grande. C’est toute la journée.

Comment vous procédez-vous pour l’encadrement des étudiants ?

Vous pourriez étayer un peu ?

Est-ce que c’est plutôt il fait son travail, et moi je fais le mien de mon côté ?

Non on travaille ensemble. D’abord au tout début en fonction si c’est un premier, deuxième ou

troisième année on va évaluer les connaissances et le savoir-faire en pratique. Voir faire l’étudiant

pour savoir après si on peut le lâcher un peu. Et donc même un troisième année il va d’abord

falloir qu’on sache exactement où il en est dans ses connaissances. Pas question de le laisser

comme ça dans la nature.

Qu’est-ce que pour vous l’intégration d’un étudiant sur son lieu de stage ?

L’intégration c’est en fin d’étude ça ?

Non non comment vous l’intégrer au quotidien ?

C’est l’inclure dans l’équipe. Il fait partie de l’équipe.

Et comment vous le faites ?

Participer à tout. Toutes les réunions des médecins, des staffs, qu’on a au sein des unités. A tout

même la pause café, la pause repas si l’élève souhaite on va la faire ensemble.

Pour vous ce moment c’est un moment privilégié ?

Oui c’est sympa.

Et donc qu’est-ce qui se passe dans cette pause café ?

Des choses qu’on ne se dit pas forcément dans la journée car on est au taquet. Alors la pause

détente ça permet à l’élève de dire ce qui va, ce qui ne va pas. Et puis on se corrige mutuellement.

Donc un moment un peu de médiation ?

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Oui. Voilà un moment pour faire des échanges.

Donc je vais juste revenir un peu sur l’intégration. Intégrer un élève en fait, qu’est-ce que ça lui

apporte ? Et après qu’est-ce que ça apporte à l’équipe si ça lui apporte quelque chose ?

Pour l’élève ça peut le mettre à l’aise de se sentir partie prenante dans l’équipe déjà en place. Et

puis pour nous ça apporte étant donné qu’on travaillera quand même ensemble. Une certaine

relation de confiance.

Quels moyens vous donnez à l’étudiant que vous encadrez pour pouvoir l’intégrer ?

Ça je ne saurais pas répondre.

Est-ce que comme vous le disiez tout à l’heure les pauses cafés en font partie, participer au staff ?

Voilà ça en fait partie.

Donc je vois que vous fumez, est-ce que quand vous fumez vous invitez un étudiant qui fume ?

Là où c’est autorisé oui. Ça ne me dérange pas. Mais je ne l’invite pas forcément.

Est-ce que vous rapprocheriez ce moment aux pauses café ?

Oui. Il se passe un peu la même chose. Tous les moments sont bons pour échanger les bonnes

pratiques.

On pourrait dire que ces moments sont des instants privilégiés pour l’intégration ?

Oui

Enfin si je vous parle de la professionnalisation, qu’est-ce que cela évoque pour vous ?

Bah être professionnel. Etre rigoureux, sérieux. On ne prend pas ça à la rigolade.

Et si je vous parle professionnalisation et construction d’une identité professionnelle ? Comment

vous les rapprochez ?

C’est un peu la même chose. On ne peut se construire que si l’on est professionnel, on devient

crédible à ce moment là. S’il n’y a pas tout ça on n’est pas crédible, auprès de ses collègues, du

patient et des médecins.

Par quels moyens ces deux notions se font-elles ?

Les moyens sont au cours des évaluations. En fin de semaine on essaie au maximum de faire un

petit bilan mais ce n’est pas évident car on manque un peu de temps pour faire ce qu’on devrait

faire de façon systématique. Voir où en sont les étudiants et pouvoir corriger après. Voilà il faut

évaluer aussi les connaissances théoriques.

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Donc si l’on revient sur les pauses détentes, est-ce que selon vous c’est quelque chose qui

participe à une construction d’une identité ?

Oui. Parce que c’est là où l’on va parler de sa motivation, de ce que l’étudiant envisage après.

Comment il voit sa future profession.

Et est-ce que ça vous arrive pendant ces moments d’échanger sur un patient ?

Oui.

Est-ce que vous quand vous étiez étudiante vous participiez aussi à ces moments ?

C’était un peu différent quand même. Il y avait quand même une barrière entre infirmier et

étudiant qui existe beaucoup moins aujourd’hui.

Est-ce que vous vous êtes basée sur votre vécu pour pouvoir à la fois encadrer et savoir intégrer

un étudiant ou vous vous êtes dit qu’il ne faut pas que je fasse comme ça ?

Exactement oui.

Vous souhaitez rajouter quelque-chose pour clore cet entretien ?

Non

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Entretien 3 : Hélène

J’aurais souhaité pour commencer que tu me parles un peu de toi de façon générale.

Moi je suis infirmière depuis mai 2006 donc ça va faire cinq ans. Je suis devenue infirmière tout

de suite après mon bac. Et après j’ai fait une prépa pendant trois mois, assez condensée, et j’ai eu

mon diplôme. Ensuite, j’ai travaillé pendant un an au ***. C'est-à-dire que ***, et puis après je

me suis posée durant trois ans et demi et là je suis là depuis début novembre. Ça fait donc six

mois

Dans ton exercice quotidien, tu es donc amenée à encadrer des étudiants infirmiers ?

Oui je suis amenée à encadrer des étudiants infirmiers que je vois partiellement. Là on ne tourne

que sur deux salles donc j’ai tendance à les voir régulièrement. Mais c’est vrai que pour elles, ce

n’est pas facile, elles voient des têtes différentes. Mais là à l’heure actuelle, on les voit plus

régulièrement, n’ayant aujourd’hui plus que deux salles.

Et pour toi, encadrer ça représente quoi ?

C’est quelque chose qui nous est imposé. Après pour ma part, c’est bien car du coup, on se remet

à jour, à la page. Moi c’est vrai que ça fait pas si longtemps que ça que je suis diplômée. Cinq ans

ça ne fait pas si longtemps, mais en même temps, beaucoup de choses changent en cinq ans. Des

fois, elles nous apprennent des choses nouvelles, sur les antiseptiques, sur plein de choses.

Maintenant il y a le nouveau programme qui est plus pensé sur un point de vue universitaire, moi

je viens de l’ancien programme, donc du coup, moi j’ai fait trois jours de formation. Ils ne m’ont

pas suffit, parce que moi je vois, j’ai oublié des petits trucs au jour d’aujourd’hui. Mais j’ai encore

les prospectus que l’on m’a donnés le jour de la formation. C’est donc à moi de regarder de temps

en temps, si j’en ai besoin. Mais ils nous imposent quelque chose en plus, et en plus, c’est à nous

d’être les personnes qui vont dire, plus tard tu vas devenir infirmier. Parce que maintenant, tous

les T.P. sont annulés donc c’est ça On nous donne plus de responsabilité. Déjà qu’à l’heure

actuelle, moi je vois qu’en cinq ans, j’ai vu beaucoup de changements, aussi bien dans l’hôpital

que pour le matériel. Aujourd’hui, je pense qu’être étudiante infirmière, c’est assez difficile. Il

faut vraiment le vouloir pour faire ces études et avoir la volonté. Moi je trouve que le nouveau

programme c’est assez …compliqué pour ceux qui y sont.

Et la formation que tu as reçue était une demande de ta part ou… ?

…Oui une demande de ma part. Ils ne me l’ont pas imposée.

…Il y avait donc une certaine motivation de ta part…

Oui parce que je me demandais comment ça allait se passer pour les nouveaux infirmiers. Et

savoir comment les encadrer. Après si tu ne connais pas le nouveau programme, tu es vraiment

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embêtée. Déjà que pour elles c’est difficile, et celles qui retapent et qui étaient dans l’ancien

programme pour arriver dans le nouveau, c’est difficile pour elles. Mais voilà, ils nous imposent

quelque chose, qui est arrivé comme un cheveu qui tombe dans la soupe, on doit se fondre dans la

masse pour faire ce qui nous est imposé. Après moi, ça ne me dérange pas d’encadrer des

étudiants, au contraire, c’est nos futurs collègues, c’est très important.

Est-ce que maintenant, tu pourrais me dire ce qu’est « encadrer » un étudiant infirmier ?

C’est lui donner les bases du rôle infirmier. C'est-à-dire, lui dire ce que c’est que d’être infirmière,

voir les étapes dans une journée. Voir comment on travaille, voir comment approcher le patient,

par rapport à son niveau d’étude bien sûr. S’il est en première année, il va plus aller dans le rôle

propre de l’infirmier, donc plus aller dans les nursings et tout ça. Et après lui montrer les

différentes étapes d’un soin. Déjà lui va nous donner ses objectifs de stage. Nous dire ce qu’il n’a

pas fait dans ses anciens stages. Et après par rapport aux soins, on va lui dire comment nous on

fait. C’est une remise en question aussi. Parce qu‘un soin, tous les jours on doit le faire…Eux ils

ont une fiche théorique où ils doivent faire d’une certaine façon. Après nous on fait aussi d’une

certaine façon, mais on doit se fier aussi, comment à l’école ils font. Mais en même temps, il faut

que l’on fasse d’une certaine façon, d’une certaine logique, tout en étant dans un cadre aseptique

et tout ça. Donc voilà maintenant, il faut qu’il voit des soins qu’il n’a pas faits, les lui apprendre et

voilà, c’est aussi après à lui de nous poser des questions, de s’intéresser aussi au personnel

médical, aux dossiers.

Pour toi, « encadrer », qu’est-ce que ça t’apporte ?

Moi ça m’apprend le fait que je vois aussi comment ils font par rapport à certains soins que moi

j’avais l’habitude de faire et de voir les différences. Par exemple en retirant une aiguille de

Hubert, des choses qui diffèrent, qui ont changé depuis que je suis sortie de l’école.

Dans ta vie de tous les jours, quelle place accordes-tu aux étudiants ? Comment tu t’y prends

pour les encadrer ?

Aujourd’hui c’est très difficile d’encadrer les étudiants. Il faut tout de même beaucoup de temps,

et des fois… Les étudiants sont amenés à se débrouiller seuls. Parce que voilà, quand il y a des

soins importants, des traitements importants pour le cœur et tout ça, c’est à toi d’y aller à sa place,

de l’accompagner et tout ça. Tu ne vas pas engager ton diplôme, et il va y passer. Mais il est

amené à se débrouiller seul, parce que des fois, on n’a pas l’occasion de parler. Moi j’ai des fois

pas l’occasion de parler posément, de prendre le temps, parce que telle ou telle personne vient

t’interrompre parce que X ou Y vient te dire ton patient il va là, ton patient machin. Bon après, on

va dire que moi j’ai appris dans le feu de l’action quand on m’a boosté un peu. Mais il y a certains

étudiants, ça dépend du caractère de chacun, qui ont besoin d’être encadrés, qui ont besoin de…

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voilà. Et du coup, ces personnes-là elles passent outre le fait qu’on puisse bien les encadrer et tout

ça, parce qu’elles ont besoin de plus d’attention et des fois on est amené à être désagréables. Moi

je sais, que je ne suis pas désagréable, parce que je suis passée par là, je veux dire que je suis

passée par là où des infirmières étaient désagréables avec moi, mais ça m’a permis de me booster

et tout ça. Mais, quand on est dans le stress, je trouve que des fois, il y a certaine situations, où on

est amenée à pas rejeter l’étudiant, mais à dire, « écoute là je n’ai pas le temps, je suis désolée,

mais voilà quoi ». Même si on ne dit pas désolée tout de suite, mais on peut avoir un certain

conflit, enfin de ne pas être aussi attentionnée vis-à-vis de cette étudiante. Et des fois, tu te dis

après, « j’aurais du plus l’écouter ». Ça peut arriver. Ça n’arrive pas souvent, heureusement, mais

ça peut arriver. Et tu peux t’en vouloir. Mais après, quand il y a un trou, tu peux discuter un peu

avec la personne. Mais moi je trouve que l’on a de moins en moins, le temps. Après ça dépend des

jours. Si tu as une personne un peu plus dynamique et tout ça, tu sais qu’elle en veut et bien tu as

plus la volonté de lui apprendre les choses. Mais moi ça ne m’embête pas d’encadrer, c’est le

programme plus qui m’embête, dans le sens où ils ont un cursus universitaire, et que aujourd’hui

tout est sous notre responsabilité en quelque sorte. C’est nous qui disons « ok », lui il est apte à

aller sur le marché du travail d’infirmier et d’être infirmier. Après, ce n’est pas être négative, je ne

suis peut-être pas encore dans le nouveau programme, mais c’est vrai que ce n’est pas facile d’être

étudiante infirmière de nos jours. Il faut beaucoup en vouloir.

Maintenant, qu’est-ce que pour toi l’intégration d’un étudiant sur son lieu de stage ?

C’est un peu ce que j’ai dit non ?

Tout à l’heure, on parlait plus de l’axe « encadrement », et maintenant, « intégrer » un étudiant,

qu’est-ce que ça évoque ?

C’est lui montrer dès qu’il arrive les locaux, comment ça va se passer. Parce que chaque service à

son fonctionnement. Présenter l’équipe, les médecins. Dire « voilà c’est un étudiant infirmier »,

pour qu’il ne le confonde pas avec un infirmier. Et après qu’il se sente à l’aise dans le lieu où il

est. C’est important. Mais je pense que c’est le rôle du cadre de la présenter à l’équipe. Mais c’est

s’occuper de l’étudiant. Il nous suit et il essaye d’apprendre avec nous le déroulement d’une demi-

journée de travail, et essayer de s’intégrer à l’équipe, essayer de prendre les pauses en même

temps, de voilà, de se familiariser avec l’équipe, se fondre dans la masse comme s’il allait être

infirmier demain, enfin bien sûr, par rapport à son niveau. On ne va pas lui demander des choses,

de gérer une urgence. Mais ce n’est pas facile, là ça va on a deux salles, mais quand il y a

plusieurs salles, il tourne avec plusieurs, des intérimaires et tout ça. Et là ça pose problème, parce

que parfois il dit « t’es là demain ?» « Ah non je ne suis pas là. » « C’est qui ? ». « Bah c’est un

autre intérimaire ». Quand ce n’est pas quelqu’un du service, et que c’est une spécialité comme

***, des fois ce n’est pas facile pour lui. Surtout pour faire la note finale quand tu l’as vu que trois

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quatre fois. Tu vas pour le noter, c’est un peu difficile. C’est vrai que maintenant, la notation dans

le nouveau programme, c’est ce qui permet de penser pour lui. De passer les étapes de la 1ère à la

3ème année. C’est vrai que ça fait peur. Mais bon à voir, parce que ça été mis en vigueur il y a pas

longtemps. J’attends de voir de comment ça va se passer. Mais j’ai eu des échos comme quoi il y

a eu pas mal d’échecs en 1ère année (quarante personnes). Il ne faut pas être négatif mais j’attends

de voir.

Et donc si j’ai bien compris, pour l’étudiant, de l’intégrer, ça lui apporte des choses, mais à

l’équipe, est-ce que ça lui apporte aussi des choses, d’intégrer un étudiant? Si ça apporte quelque

chose d’ailleurs ?

On peut dire que les étudiants ils nous apportent beaucoup dans le service surtout quand ça se

passe très bien et que l’étudiant est content de son stage et qu’il se fond dans la masse, qu’il prend

des initiatives. Faire des soins, on ne va pas le laisser tout seul il faut toujours l’encadrer mais

quand il a l’habitude de faire un soin et que tu sais qu’il vérifie les prescriptions, qu’il sait faire

attention. Ça se passe très bien. Il va nous expliquer des trucs. Moi je fais comme ça. Moi on m’a

appris ça à l’école. Ici on est plus dans la pratique donc en cas de nécessité il faut faire comme ça.

Tant que t’as ta logique il n’y a pas de soucis. Après tu lui apprends ce que toi tu sais faire car

nous toutes en tant qu’infirmière on a toutes notre manière de faire par rapport à un soin. Donc

tant qu’il y a de la logique et que les règles d’asepsie sont respectées il n’y a pas de soucis. Ça

nous apprend beaucoup parce que des fois ils font le tour avec nous. Ils prennent les constantes.

Quand tu tournes avec une étudiante et que ça se passe bien il y a une espèce de complicité qui

s’installe et elle te dit ce qui ne va pas, comment elle aurait fait et réciproquement. Quand on a

plus le temps c’est génial. L’encadrement t’as pas le choix même si ça te plait pas. Même si

t’aimes pas t’es obligée de le faire. Pour ma part moi j’ai été étudiante donc je suis très patiente.

Aujourd’hui il y a de plus en plus d’étudiants, on a chacun notre caractère, ils sont de plus en plus

exigeants sur certaines choses et c’est à toi de le prendre à part et de lui expliquer « attention tu

t’égares ». Après je ne suis pas une infirmière de 25 ans d’expérience mais même après 25 ans il

faut savoir se remettre en question. Je trouve qu’on devrait donner le choix tout de même

d’encadrer des étudiants car il y a des cas où ça risque de mal se passer.

Et donc tout à l’heure tu parlais des moments où il pouvait venir se poser dans une salle pour

rediscuter des choses, est-ce que pour toi il y a des endroits privilégiés pour favoriser

l’intégration des étudiants ? Des lieux géographiques ?

Des fois l’après-midi, dans le poste de soin, quand on se pose devant l’ordinateur ça peut arriver

qu’on discute, en train de préparer le pilulier, on discute. Ça dépend, parfois pendant la pause dans

la salle de détente. Donc soit la salle de détente ou la salle de soins, en tout cas l’après-midi. Le

matin c’est plus compliqué car ça bouge beaucoup plus. Là c’est plus compliqué. Si t’as vraiment

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un truc à lui dire dans les vestiaires ou alors dans un petit local, par exemple où on range les pèse-

personnes mais c’est vrai qu’on n’a pas de truc spécial pour prendre les élèves à part. Une petite

salle en plus ce serait bien.

Et donc le dernier axe, qu’est-ce qu’évoque pour toi la professionnalisation ?

La professionnalisation ?

Avec tes mots.

C’est pour moi [Hésitations]. Il y a le mot profession. C’est notre carrière en tant qu’infirmier et la

place qu’elle tient au sein de l’hôpital. Pour moi c’est ça. C’est le rôle de l’infirmier dans tous ses

critères au sein de l’hôpital.

Est-ce que tu penses que professionnalisation et encadrement ça va ensemble ?

[Blanc]

Est-ce que tu penses que toi tu as un rôle à jouer en tant qu’encadrante ?

Oui. De toute façon aujourd’hui c’est ce qu’ils nous demandent, c’est d’avoir un rôle beaucoup

plus important qu’avant. Là par rapport aux validations des acquis oui, vu la définition. Mais

professionnalisation c’est pour moi un personnel compétent et qui sait bien, qui essaye de faire au

maximum de sa profession d’infirmier pour son déroulement de carrière. Après comme c’est un

métier qui évolue, il essaye de se mettre à niveau, avec toutes les formations et s’intéresser aux

choses tout au long de sa carrière pour être un bon professionnel de santé. On a des vies entre les

mains donc on n’a pas le choix il faut être professionnel. Se renseigner pour être dans ce

cheminement professionnel et d’être un bon professionnel. C’est difficile à expliquer.

Et si je le rapproche avec un autre mot, par exemple professionnalisation et construction d’une

identité professionnelle ? Quel lien tu établirais entre les deux ?

Moi je vois par exemple en cinq ans, c’est acquérir des compétences pratiques, dans la théorie tu

as des bases. Acquérir une certaine assurance tout au long de ta carrière qui fera que tu seras un

bon futur professionnel. On évolue tout du long par rapport à son caractère. On finit par être un

professionnel avec des compétences et une base théorique et surtout pratique et savoir faire

plusieurs soins qu’on avait pas vu forcément auparavant en tant que stagiaire et on finit par

acquérir un savoir qui fait qu’ils vont se sentir de plus en plus à l’aise dans les soins et on finit par

être quelqu’un de compétent. Car il y a plusieurs niveaux de compétences, plusieurs actes que tu

as acquis tout au long de ta carrière. Car même si tu sors de tes trois ans d’étude t’as pas tout

acquis : uniquement ce qu’on a voulu t’inculquer. Ce sont des bases. Tu es prêt pour que l’on

t’ouvre les portes du milieu professionnel. Aujourd’hui il va falloir que tu gardes ce diplôme. Et

pour le garder il va falloir que tu te renseignes tout le long de ta carrière s’il y a par exemple des

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formations, et essayer de voir avec tes collègues quand tu es nouvelle diplômée comment on pose

bien une sonde urinaire chez un homme et on t’inculque tous ces trucs-là et après avec la volonté

tu arrives à être quelqu’un avec beaucoup plus d’assurance. Tu acquières ton identité de

professionnel infirmier. Après pour chacun ça prendra des chemins différents mais au final on

sera tous des gens avec des compétences. Aujourd’hui en tant qu’infirmier on nous demande

d’être infirmier, secrétaire, de prévoir les brancardages. C’est ce qui fait que tu deviens hyper

réactif…

En résumé on pourrait dire que la professionnalisation c’est acquérir des compétences qui te

permettent d’avoir une assurance et ainsi de te construire une identité professionnelle.

Oui tout à fait.

Et ensuite selon toi, est-ce que la participation de l’étudiant à des moments informels (déjeuner,

pause-cigarette) sont des moments privilégiés dans la construction de son identité

professionnelle ?

Oui parce que quand tu es professionnel de santé il faut essayer de bien s’intégrer avec ton équipe.

Donc c’est justement dans ces moments-là où tu peux discuter d’autre chose que du monde

médical. On rigole sur certaines choses ce qui permet de se détendre et de pouvoir repartir après

dans son travail. Tu as besoin de t’évader aussi et de connaître tes collègues sans parler dans les

détails de ta vie. Oui et justement l’étudiant quand il est là il essaye de nous poser des questions

qu’il n’ose pas forcément poser dans la chambre d’un patient. Il va être détendu, pour ma part je

ne fume pas, mais autour d’une clope avec des collègues il va plus dire des choses qu’il n’aurait

pas dites forcément…

[Interruption par une autre infirmière]

Et durant ces moments, pour résumer, ça crée un climat de confiance, c’est aussi un moment de

régulation, d’échange…

…Oui on peut dire ce qui ne va pas. Et puis justement avec les autres collègues, comme les aides

soignantes, ils peuvent dire aussi ce qui ne va pas aller. On peut dire aussi ce qui a été bien sûr! Et

puis quand il n’est pas bien il peut nous expliquer ce qui ne va pas. Ça contribue aussi au bon

déroulement du stage. Mais après il faut savoir communiquer surtout si l’étudiant n’est pas

communicatif dans son caractère, il faut essayer d’aller creuser. Il y a peut-être un malaise, il n’a

peut-être pas choisi son stage et peut être qu’il en a une image un peu négative. Ça m’est déjà

arrivé et ces moments-là permettent de recentrer. Et de toute façon en tant que futur professionnel

il sera amené à partager des moments comme ceux-là avec ses collègues.

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Et dernière question, est-ce que le fait pour toi d’avoir participé à ces moments durant ta

formation, est-ce que ça t’a permis de te construire en tant que future et maintenant infirmière ?

Oui. Par exemple quand je suis sortie du diplôme je n’étais pas forcément sûre de moi, et un peu

timide. Justement c’est un métier où t’es obligée de communiquer et pendant ces moments-là où

tu es avec tes collègues t’es obligée de te lâcher un peu pour que tes collègues essaient de te

comprendre aussi parce que sinon, ça peut créer un froid. C’est important pour le bon déroulement

des soins et notamment dans l’entente avec l’aide soignante. Tu es là aussi pour le travail donc il

faut essayer d’instaurer un bon climat. On a des patients entre les mains. Donc quand tu travailles

en binôme il faut essayer de bien s’entendre. Ça permet aussi en pause de se raconter des

exemples. La communication dans ce métier est importante, avec les médecins aussi. J’en ai

besoin pour le déroulement de mes soins. Ainsi les choses sont bien faites et ça me rassure.

Tu veux rajouter quelque chose ?

Non.

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Entretien 4 : Claire

Pour commencer, pourrais-tu me parler de toi en te présentant ?

Je suis diplômée de décembre 2007. J’ai travaillé deux ans et demi en **. Et je suis ici depuis un

an.

Et avant d’entrer en école infirmière, tu avais fait autre chose où…

Non j’ai enchainé après le bac.

Maintenant au niveau de l’encadrement, tu es amenée en encadrer des étudiants ?

Oui et surtout ici.

Pour toi, qu’est-ce que ça représente ?

Au début ça fait partie de ton rôle. C’est donc quelque chose qui t’est imposé. Quand c’est dans ta

salle, tu n’as pas trop le choix que de les encadrer. Après moi personnellement ça ne me dérange

pas trop. Mais après, il faut que l’étudiant soit motivé…s’il vient juste pour dire, je viens ici pour

valider mes trucs mais je m’en fous, du coup toi tu t’investis moins. Après c’est en fonction de

l’étudiant, et ça ne me dérange pas trop.

Et pour toi, ça t’apporte quoi ?

Ça permet de te renouveler. Parce qu’en trois ans et demi il y a des choses qui changent, donc ça

t’apprend les nouveaux trucs qu’il y a.

Pour l’encadrement, tu te bases sur quoi ?

Je ne sais pas trop. Au début, tu te dis, quand tu es étudiante, untelle elle a réagit comme ça. Je ne

le ferais pas comme ça. Avec les étudiantes il y a du coup peut-être des choses que je fais et que

finalement que l’étudiante…ce n’est pas forcément qu’elle n’apprécie pas mais…comme j’ai

l’habitude de travailler seule…donc des fois oui. Moi sinon je me base sur ce que j’ai vécu. Si tu

as eu une infirmière qui t’a encadrée d’une telle façon et que ça ne t’a pas plu pour telle raison

alors oui, tu essayes du coup de ne pas le reproduire.

Vis-à-vis de l’encadrement, tu as eu des formations ?

Non, même pour le nouveau programme.

Et tu serais intéressée d’en avoir ?

Oui surtout pour le nouveau programme. C’est quand même un gros changement. On doit remplir

le portfolio. Alors si tu le remplis en cochant des trucs bêtement, ça n’a pas d’intérêt. Alors si si,

pour voir un peu.

Pour toi, qu’est-ce qu’encadrer un étudiant infirmier ?

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[Blanc]

Qu’est-ce que ça comprend ?

Oh là là, la question.

Quand tu accueilles un étudiant, ton objectif c’est quoi ?

Déjà ça dépend de son année d’étude. En fonction qu’il soit en première année, c’est qu’elle est

faite, si c’est son premier stage, première année, c’est qu’elle sache au moins les trucs basiques.

Le dextro et les normes. Le dextro c’est le truc basique que tu vas voir partout. Les anticoagulants.

A quoi ça sert et tout ça. Après c’est sûr qu’en troisième année, si c’est son dernier stage, il faut

que je vois si elle est capable de gérer sa salle, ou du moins une partie et qu’elle est capable de

gérer ses patients, du début à la fin et de prioriser ces trucs. Après ça dépend, de l’année d’étude.

Après oui c’est sûr qu’il faut le prendre dans sa globalité. Il n’y a pas que les soins techniques à

apprendre. Voilà tu sais faire ton antibio, c’est bien, mais il y a tout ce qui va avec. Il faut savoir

gérer autre chose que la technique.

Tu disais tout à l’heure qu’encadrer, ça te permet de te remettre à niveau, est-ce que ça t’apporte

autre chose l’encadrement ?

Oui te remettre à niveau et … non je ne sais pas. Je ne sais pas si ça m’apporte vraiment… Je ne

sais pas trop. Non vraiment que ça. Pas spécialement. Ou du moins je ne le vois pas tout de suite.

L’encadrement, tu le considères comment ?

Ça dépend des étudiants. Il y a des étudiants, tu as l’impression de perdre ton temps. Tu as

l’impression que tu vas lui dire la même chose le lundi, la même chose le vendredi, et qu’il n’aura

rien compris, et que de toute façon il s’en fout. Alors là oui, j’aurais vraiment l’impression de

perdre mon temps, et honnêtement, je ne m’attarderais pas plus que ça. Au début, tu fais des

efforts, mais si lui n’en fait pas… Moi je ne vais pas ! Mais s’il est investi, toi tu t’investis plus.

Mais voilà ça dépend vraiment des étudiants. S’il est investi, oui moi ça ne me dérange pas qu’il

me présente ses démarches !

Comment procèdes-tu pour encadrer ?

J’observe, mais tout le long. Surtout qu’il y a des fois où tu vas prendre une salle, et parfois,

l’étudiant connaît mieux les patients que toi. Mais … [Hésitations]… Je vais voir comment il

travaille. S’il est là depuis deux semaines et que moi je le prends là pour la première fois, je vais

voir comment il a procédé. S’il a pris ses patients en charge, et voilà, je vais poursuivre… Mais

c’est vrai que moi je n’ai pas tendance à laisser faire tout seul. J’aime bien regarder ce qu’il fait,

ou alors repasser après. Parce que s’il y a un problème, c’est de ta faute.

Qu’est-ce que pour toi, l’intégration d’un étudiant infirmier sur son lieu de stage ?

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L’intégration ?

Quelle définition tu pourrais en donner ? Qu’est-ce que ça t’évoque ?

Je ne sais pas vraiment s’il y a intégration… Si le premier jour, peut-être lui présenter le service,

lui montrer les trucs de base. Mais l’intégration je ne sais pas…

L’intégrer dans l’équipe, qu’est-ce que ça t’évoque ?

Si voilà, quand il arrive, lui présenter tout le monde. Il ne faut tout de même pas qu’on le mette à

l’écart. S’il y a des soins, qu’on l’appelle. Qu’il puisse aussi travailler avec tous les membres de

l’équipe, les aides soignant et tout ça. Après, je pense qu’il y a une part de l’étudiant : qu’il fasse

sa place, qu’il prenne sur lui et qu’il prenne des initiatives aussi. Quand tu arrives dans un

nouveau service, tu as ton intégration pour te montrer ton boulot et tout ça. C’est donc à toi de

t’intégrer et de faire ta place au sein de l’équipe. Donc je pense qu’il y a une part… Mais je pense

aussi que c’est à nous de ne pas le mettre de côté. Et pas faire genre, c’est qu’un étudiant. Il faut

l’intégrer, mais après je pense qu’il y une part pour l’étudiant.

Donc intégrer un étudiant, ça lui permet de prendre ses marques, mais à l’équipe? Enfin si ça lui

apporte quelque chose ?

De pas le laisser à l’écart. Je ne suis pas sûre qu’à l’équipe ça lui apporte quelque chose de ne pas

l’intégrer mais en même temps je ne me vois pas le laisser tout seul dans son coin et faire comme

s’il n’existait pas. Après ça ne va pas forcément m’apporter satisfaction, mais ça me ferait mal au

cœur de le voir de côté.

Et quels moyens tu donnes à un étudiant quand il arrive pour essayer de le faire s’intégrer ?

[Blanc]

Je reformule ?

Non quels moyens je lui donne pour qu’il se sente intégrer ? Je ne me suis jamais trop poser la

question.

C’est plus des choses que tu fais mais auxquelles tu n’as pas trop réfléchi ?

Quand ils sont au premier jour... J’ai rarement accueilli un étudiant le premier jour… Ce que je

disais tout à l’heure. Tu présentes un peu le service, tu montres des trucs, tu expliques un peu les

pathologies des patients, ce pourquoi ils sont là. Après quand tu as les autres membres de l’équipe

tu les présentes. Après je ne me suis pas trop posé la question. Il y a peut-être des choses dont je

ne me rends pas trop compte mais le principal ça doit être ça.

Est-ce que pour toi dans un service il existe des lieux privilégiés pour pouvoir intégrer un

étudiant ?

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Des lieux privilégiés ? Non je ne crois pas.

C’est une question ouverte…

Oui je sais mais je ne vois pas trop.

Est-ce que par exemple une salle de détente ça lui permet de pouvoir participer et donc s’intégrer

pendant le déjeuner ou d’autres repas ?

Ah moi par contre je ne suis pas pour que quand c’est le midi de leur dire d’aller à l’école

déjeuner. De toute façon il doit quand même connaître le travail d’infirmier ou d’aide soignant et

il faut qu’il sache ce qu’est une pause. C’est jusqu’au bout. Si pendant ta pause t’es appelée parce

qu’il y a une urgence il faut qu’il soit là et qu’il voit comment ça marche. Et puis après pour le

coup je crois que sinon c’est le mettre à l’écart de lui dire tu t’en vas et tu reviens dans une heure.

Moi je pense que c’est bien qu’il reste avec nous et justement c’est plus détente. C’est mieux pour

lui.

Tu dirais finalement que l’intégrer ici ça lui permet d’être détendu ?

Je pense qu’il y a moins le stress que quand tu es en soin dans une chambre. T’as moins le

sentiment d’être observée dans tout ce que tu fais que quand t’es en train de faire un truc même

dans le poste de soins. Là tu ne te prends pas trop la tête.

Si je résume, l’intégrer ça lui permet d’avoir un climat de confiance ?

Je pense oui. Et même pour après je pense qu’il aura plus confiance et que si je suis amenée à

l’encadrer plusieurs jours et que je vois qu’il est plus détendu au fil des jours je pense que même

pour ses soins ça se ressentira. Moi-même quand je suis stressée mes soins je les fais pas aussi

bien. Mais après c’est comme tout tu as des étudiants avec qui ça passe d’autres avec qui ça passe

pas. Elle sera stressée parce que je serai là. Globalement je pense que si on l’intègre et qu’elle est

plus détendue je pense que pour ses soins ça se ressentira. Elle aura moins peur de poser des

questions.

On arrive sur le dernier axe, qu’est-ce qu’évoque pour toi la professionnalisation…

C’est quoi ces questions…. Par rapport à l’étudiant ? Première ou deuxième année il faut lui

montrer mais je ne sais pas si ça sert à quelque chose. Ça sert surtout aux troisième année. Je

pense qu’il faut qu’ils sachent travailler avec les autres. Quand ils seront dans le milieu tout seul

faudra qu’ils sachent le faire : travailler avec les médecins, les aides soignantes et pas tout seul. Et

après c’est aussi prendre des initiatives, savoir s’organiser. Dans notre milieu c’est à peu près tout.

Après les urgences tu les gères en fonction de plein de critères. Je pense que c’est ça. C’est

devenir professionnel

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Et donc maintenant si je te parle de construction d’une identité professionnelle, comment tu

lierais les deux mots ? Est-ce que ce sont des mots qui vont ensemble ?

Je ne sais pas. Une identité professionnelle ? Alors là je ne sais pas trop.

Et dans ce processus de professionnalisation, est-ce que tu penses que tu as ton rôle à jouer ou

que ça se passe plus à l’école ?

Je pense que c’est les deux. Après si, on a notre rôle. On est vraiment sur le terrain. A l’école ils

t’apprennent la théorie, on sait très bien que la théorie tu l’apprends à l’école et après dans la

pratique, il y a des trucs que tu ne fais plus. Mais si, je pense que la théorie et l’école c’est très

bien, mais je pense que la pratique, c’est important de voir comment ça se passe vraiment. Des

fois, il y a des trucs qu’ils nous apprennent à l’école, c’est un monde merveilleux, mais des fois,

soit tu n’as pas le temps, soit tu n’as pas le matériel. Du coup, si, si, on a notre rôle pour leur

montrer comment ça se passe vraiment.

Du coup, toi, quand tu lui montres comment ça se passe, est-ce que ça lui permet de se construire,

une identité de futur infirmier ?

Oui je pense que mes remarques vont peut-être l’aider dans son cursus. Mais après, nous on va

montrer là dans tel service, ça se passe comme ça, mais il va aller dans un autre service, ça ne va

peut être pas se passer comme ça aussi. Ça dépend donc. Ça va peut-être l’aider, mais il y a des

trucs qu’il va zapper quand il va aller travailler dans un autre service, car ça ne sera pas la même

organisation.

On va revenir sur les salles de pauses, est-ce que selon toi le fait que, justement, l’étudiant

participe à ces moments informels, ça l’aide à se construire une identité, à devenir infirmier ?

Est-ce qu’il y apprend des choses ?

Honnêtement, non je ne pense pas. Je n’en sais rien. Après l’après-midi je ne sais pas trop. Le

matin j’ai l’impression qu’on parle de tout sauf du boulot. Tu sais tu parles de ta vie. Je ne suis

pas sûre qu’au niveau professionnel, ça lui apporte quelque chose.

Tu parlais tout à l’heure, que quand il vient, ça permet de créer une relation de confiance, donc

quand il a plus confiance en toi, il pose plus de questions…

…Non je ne suis pas sûre que ce soit parce qu’il a pu venir. C’est que tu es moins dans le côté

travail et tout ça. S’ils sont là à coté, ils racontent leur vie et leurs anecdotes, mais ce n’est pas

parce que je suis infirmière, je pense que c’est partout pareil. Ça aide quand même parce que dans

le poste de soins, tu es plus détendue, et tu peux parler d’autre chose. C’est pour ça que je disais

ça. Mais après est-ce que ça va l’aider pour l’identité professionnelle ? Je ne crois pas.

Et vous parlez exclusivement du privé dans la salle de détente ?

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Non ça dépend.

Par exemple, il n’y a des anecdotes sur les patients ?

Oui

Et donc est-ce que ça ne lui permettrait pas de se construire car ce que tu lui as raconté, il l’aura

retenu?

Après je pense, qu’il y a une différence entre le matin et l’après-midi. L’après-midi, ça parle vie

du service, boulot. Le matin, ce n’est pas du tout ça. Mais si, si ça parle de ça, ça peut lui faire

poser des questions. Ça va peut-être le remettre en question. Mais globalement, ça dépend de

l’ambiance de l’équipe. Mais moi je sais que dans mon ancien service, c’était vraiment privé,

quand on était dans la salle de pause. Mais si c’est que le privé, je ne suis pas sûre que ça lui

apporte grand-chose. Si ça dévie sur des anecdotes des patients ou des étudiants, oui ça peut lui

apporter quelque chose.

Quand tu étais étudiante, ta participation à ces moments t’ont ils-aidée pour devenir infirmière ?

Non je ne crois pas. Ça m’a aidé à plus m’entendre avec l’équipe infirmière. A être moins

stressée. Mais en tant qu’infirmière, je ne crois pas.

Tu souhaite rajouter quelque chose ?

Non c’est bon.

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Entretien 5 : Lise

Est-ce que pour commencer, tu pourrais me parler de toi en te présentant ?

Je travaille depuis un an et demi dans un service de **. Qu’est-ce qu’il faut que je dise d’autre ?

Dans ton quotidien tu es amenée à encadrer des étudiants ?

Oui

Et pour toi, c’est quelque chose qui t’es imposé ?

Non je fais ça naturellement. Et non ce n’est pas imposé. J’y suis passée il n’y a pas très

longtemps.

Et donc tu as fais tes études directement après le bac ?

Oui tout à fait

Et as-tu suivi des formations pour encadrer les étudiants ?

Non

Même pour le nouveau référentiel ?

Non, on a rien eu du tout. En tout cas pour apprendre à encadrer non. A part ce qu’on a vécu nous

en stage.

Et donc c’est quelque chose qui t’intéresse l’encadrement ? Si on te proposait d’avoir une

formation sur l’encadrement tu serais intéressée ?

Oui ça pourrait être sympa. Ça pourrait nous apprendre à mieux le gérer.

Quand tu encadres les étudiants, tu utilises plus ton vécu d’ancienne étudiante ?

Oui voilà c’est ça.

Et pour toi, qu’est-ce que ça signifie encadrer un étudiant infirmier ?

[Hésitations]. Alors encadrer c’est leur expliquer les soins que l’on fait. Déjà qu’elles nous suivent

sur tous les soins qu’on a à faire. Elles voient un peu comment ça se passe. Après leur laisser faire

des choses tout en étant là pour les aiguiller. Et puis éventuellement quand on voit que c’est bon,

les laisser gérer des bébés du début à la fin. Mais si elles ont un problème, elles viennent nous

voir.

C’est plus la transmission de techniques de soin ?

Oui technique mais aussi relationnel avec tout ce qui est relationnel avec les parents. Ça par

contre c’est super important parce qu’on est en **, parce qu’elles n’ont pas forcément l’habitude

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de prendre en charge les parents. Les enfants c’est une chose, parce qu’ils n’expriment pas ce

qu’ils ressentent. C’est facile de s’occuper des bébés, mais les parents c’est une autre affaire.

Encadrer des étudiants, de ton côté, qu’est-ce que ça t’apporte ? Si ça t’apporte quelque chose.

[Hésitations]. Ça permet aussi parfois de s’investir dans autre chose que toujours les parents, les

bébés. C’est intéressant de [Hésitations]…de transmettre ce que l’on sait même si ça ne fait pas

hyper longtemps que l’on travaille. C’est intéressant de les aider à aller dans… surtout celles qui

veulent travailler en **, qui font leur mémoire sur ça aussi. Tu as l’impression de leur transmettre

ce que tu sais, ce que tu connais.

Donc pour toi c’est valorisant de transmettre des choses ? Pour résumer ?

Oui voilà c’est ça.

Et est-ce que ça te permet aussi d’échanger sur les pratiques ?

Oui moi parfois je leur dis, « je fais ça comme ça » mais eux ils me disent « nous on a vu comme

ça ». Tant que les règles d’hygiène sont en place, moi je suis d’accord. Je ne leur impose pas ma

manière de faire. De toute façon on a toutes une manière de faire différente. Donc après, elles

sélectionnent la manière de faire qu’elles veulent.

Quelle place tu accordes à l’encadrement de tes étudiants ?

C'est-à-dire ?

Comment procèdes-tu pour encadrer les étudiants. Il arrive le premier jour et après…

Alors moi quand j’accueille un étudiant, je lui présente le service. Après, il faut quand même que

les étudiants soient actifs, qu’ils ne restent pas sur une chaise. Je ne vais pas tout le temps aller les

chercher. Il faut tout de même qu’ils soient un peu motivés. Même s’ils ne sont pas dans le service

dans lequel ils voulaient être, qu’ils montrent tout de même un peu de motivation. Sinon ce n’est

pas intéressant pour nous d’être avec un étudiant qui s’en fout.

Qu’est-ce que maintenant pour toi l’intégration d’un étudiant infirmier sur son lieu de stage ?

C’est compliqué… [Hésitations].

Déjà est-ce que tu intègres un étudiant ?

Oui ça c’est clair.

Et tu le fais comment ?

[Blanc]

Déjà quand tu lui présentes les locaux, est-ce que c’est pour toi déjà une forme d’intégration ?

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Oui je lui présente les locaux, je lui présente les patients. Je présente l’équipe, même si on n’est

pas beaucoup. On le fait le premier jour. Et après, généralement, pendant la journée elle suit une

personne en particulier, comme ça elle ne se perd pas. Et puis voilà.

Intégrer un étudiant, qu’est-ce que ça lui apporte à lui ? Et à l’équipe ensuite ?

Je pense que ça lui apporte un confort. Parce que si tu n’es pas intégrée dans une équipe, ça ne va

pas être hyper agréable. C’est un confort…On avait des étudiants qui n’avaient pas du tout envie

d’aller en ** et eux déjà d’être intégrés, ça les a motivés. Ils avaient peur, car ce n’est pas du tout

des patients comme des adultes. Déjà d’être intégrés et de voir qu’on les met à l’aise,

généralement ça se passe bien.

Tu dirais donc que ça créé de la confiance ?

Oui et du coup ils ne vont pas hésiter à venir nous voir s’ils ont un souci, venir poser des

questions. Dans l’équipe on est assez axé là-dessus.

Et pour l’équipe ? Ça lui apporte quelque chose ou ça ne va que dans un sens ?

Ça apporte aussi de la confiance car si l’étudiant a confiance en nous et fait des soins corrects,

l’équipe aura confiance en lui.

Quels moyens tu donnes à l’étudiant pour pouvoir s’intégrer à l’équipe ?

[Blanc]

C’est un temps que tu dégages pour qu’il puisse s’intégrer ?

Ça dépend un peu… Des fois des étudiants arrivent après un rush et du coup on leur dit « suis-

moi ». Après si on a du temps pour bien leur montrer le service, leur expliquer comment ça

marche on le fait. Ça se fait sur tout le stage.

Est-ce que tu penses qu’il y a des lieux privilégiés qui sont propices à l’intégration de l’étudiant

au sein de l’équipe ?

Non je ne pense pas. Ou alors en soin avec un enfant, c’est un moment qui permet un échange

avec l’étudiant parce que quand on est dans le bureau on discute peut-être plus avec notre collègue

que l’étudiant. Alors que quand on est en soin on va discuter et présenter le soin à l’étudiant. Je

pense que c’est un moment privilégié.

Et par exemple, est-ce que ton service est doté d’une salle de détente ?

Oui

Et est-ce que tu penses que ces lieux-là la peuvent être des lieux qui permettent à l’étudiant de

s’intégrer à l’équipe ?

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Ouai ça peut. Nous les étudiants si on va se poser en général ils viennent avec nous. Il n’y a pas de

problème.

Et donc tout à l’heure tu me parlais de la relation de confiance, est-ce que le fait qu’il soit

accepter ça peut jouer dans son intégration ?

Oui ça peut jouer sur la facilité d’être intégré à l’équipe. Maintenant il ne faut pas que ça devienne

non plus, on en a eu, des étudiants trop intégrés qui se sentent trop sûrs d’eux. Il faut mettre des

limites.

Pour toi qu’est-ce que la professionnalisation ?

La professionnalisation ?

D’après toi qu’est-ce que ça t’évoques ?

Apprendre à être professionnel… A devenir professionnel auprès des patients.

Et est-ce que toi tu penses que tu as ton rôle à jouer pour qu’il apprenne à devenir un

professionnel ?

Oui je pense avec l’expérience qu’on a. Mais même après en tant que jeune diplômée on a encore

des choses à apprendre. Ça c’est un truc, même moi avec des collègues qui ont dix ans

d’expérience j’en apprends encore. C’est hyper important d’être professionnelle auprès des

parents et des enfants.

Et donc quand on dit, que c’est être à fond professionnel, qu’est-ce que ça sous-entend ?

Apprendre à rester à sa place avec les patients, ne pas être trop intrusif. A laisser des moments à la

famille, d’être un peu en retrait quand il le faut. Prendre une certaine distance.

A développer des savoirs ?

Oui, à accompagner, à garder une distance avec les familles. Leur apprendre plein de choses au

niveau des soins. Ils ont tout à apprendre.

Donc, dans le mot professionnalisation que tu définis comme étant « devenir professionnel »

comment tu le rapprocherais du mot « construction d’une identité professionnelle » ?

Oh là… Identité infirmière c’est quoi ? Avoir sa propre identité de son métier ? Avoir son propre

avis sur ce qu’est le métier d’infirmière, sur ce qu’on fait….

Comment tu lierais ces deux mots ?

Les comparer ou les lier ?

Comme tu le souhaites.

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C’est quoi les deux mots ?

Construction d’une identité professionnelle et professionnalisation.

Apprendre à devenir professionnel c’est ce qu’on essaie de leur inculquer. Se construire une

identité, c’est faire ce qu’on veut. Tout ce qui est technique de soins on a tous une identité

professionnelle différente. Et après professionnalisation, ça va avec, c’est le moyen d’y arriver.

Et tu penses que ces deux choses se font comment ?

Sur le long terme. Les années de formation et les débuts aussi en tant qu’infirmière.

Et tu disais que tu étais plus partisante pour intégrer les étudiants aux moments informels,

moments de pauses… Est-ce que tu penses que le fait de les inviter à participer à ces moments ça

leur permet de se construire une identité ?

[Blanc]

Et que quand tu es en salle de pause, vous parlez de quoi ?

De tout et rien, de la journée… De notre week-end.

Donc aussi bien des moments privés que de ta journée de boulot ?

Oui on parle beaucoup des enfants, des parents, de ce qu’on peut faire pour eux. Là dans ces cas

là, ça peut lui apporter quelque chose. Si elle arrive au milieu de l’hospitalisation de l’enfant c’est

intéressant de savoir ce qui s’est passé avant. Après si on parle de notre vie privée je ne vois pas

l’intérêt. Si on parle des bébés et des parents, ça peut apporter quelque chose au niveau du stage.

Donc ces moments de pause sont des moments pour vous de régulation. Vous échangez sur les

parents. Et le fait que l’étudiant entende ça aussi ça lui permet d’avoir un regard…

… différent oui et nouveau. Ou alors de voir quelque chose d’autre. Lui après va nous apporter ce

qu’il a vu, entendu, ce qu’il pense.

Est-ce que tu dirais que dans ces moments, il y a moins de pression et du coup les échanges se

font plus facilement notamment avec l’élève ?

Oui c’est possible. Ça peut être un lieu d’échange.

Et donc est-ce que ces moments-là participent à la construction de son identité professionnelle ?

Oui du coup je pense que ça l’aide à se trouver en tant que professionnel. Après je pense que ça ne

se fait pas tout de suite mais petit à petit. Tu trouves ce que tu veux faire, comment tu veux le

faire. Après si c’est OK et qu’il gère il fait sa vie.

Et maintenant, je te demande de te remémorer tes moments d’étudiante, est-ce que tu étais

habituellement invitée à participer à ces moments ?

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Ça dépend… Ça dépend vraiment des stages…

Et les moments où tu y étais, est-ce que ça t’a aidée à devenir un peu plus infirmière ?

Oui tu trouves toujours à te construire dans ces moments là, plus que si tu es à part et que tu es

complètement paumée et que tu ne sais pas quoi faire. C’est donc important d’être suivi par un

professionnel au niveau de la construction de ton identité.

As-tu des choses à rajouter ?

Non je crois que j’ai fait le tour.

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Entretien 6 : Tania

Est-ce que tout d’abord, tu pourrais me parler de toi en te présentant ?

Je suis infirmière diplômée depuis décembre 2009, j’ai fais ça directement après le bac et je

travaille dans un service de **.

Est-ce que tu es amenée dans ton quotidien à encadrer des étudiants infirmiers ?

Oui très régulièrement, à la fois des étudiants de l’ancien programme et du nouveau.

Et pour les encadrer, as-tu bénéficié d’une formation sur l’encadrement ?

A l’école, j’ai eu quelques cours. Mais non. Néanmoins, on a eu un cours sur le nouveau

programme mais rien de plus. Il a duré une heure pour nous expliquer comment il fonctionnait. Et

depuis rien de plus.

Est-ce que si on te proposait une formation, tu serais intéressée ?

Oui parce que vu le dernier élève que j’ai eu, je suis pour.

Pour encadrer les étudiants, sur quoi te bases-tu ?

Je me base sur mes expériences de stages. Au début, je les suis dans tout ce qu’ils font, et j’évalue

ce qu’ils sont capables de faire. Et après, fonction de ce qu’ils savent ou ne savent pas, je les laisse

faire.

Pourrais-tu me dire maintenant ce qu’est « encadrer un étudiant infirmier » ?

C’est lui apprendre le métier, l’hygiène, la relation avec les patients, la relation avec les médecins,

qui n’est pas toujours évidente. Lui apprendre les bases que l’on n’apprend pas forcément, comme

les techniques de soins. Connaître l’organisation du métier d’infirmier.

Pour toi « encadrer », qu’est-ce que ça représente ?

C’est important, d’autant plus avec le nouveau programme. Puisque apparemment, on a une

grande part pour leur apprendre le métier, qu’ils voient des soins, car ils n’ont pas de MSP. Donc

c’est à nous de juger. Pour moi c’est hyper important d’encadrer et d’être près des nouvelles

promotions.

Donc tu dirais que tu as un rôle plus important aujourd’hui ?

Oui

Et donc pour toi l’encadrement c’est plutôt quelque chose de valorisant ou une perte de temps ?

Comment tu vois ça en fait ?

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Non ce n’est pas une perte de temps car je me dis que l’élève qui est là c’est celui qui va me

soigner, et qui va soigner mes parents. Donc il a intérêt d’être bon. Non ce n’est pas une perte de

temps, mais ce n’est pas toujours facile, vu qu’on n’a pas toujours le temps dans une journée

d’encadrer.

Comment procèdes-tu avec les étudiants ?

Je les accueille. Chose qu’on m’a dite, il faut apparemment qu’ils apportent leur portfolio pour

qu’on les juge justement avec ce qu’ils ont fait avant et ce que l’on peut maintenant leur

apprendre. Moi je leur laisse souvent deux trois journées d’observation, où là ils ne font quasi-

rien, ils sont avec nous mais ils nous observent, et après, c’est moi qui les observe quand ils vont

faire les soins. Et je vais avec eux pour les pansements, les sondes, les toilettes. Et ensuite,

fonction de ce qu’ils savent faire, je les laisse autonomes ou pas, mais tout en surveillant.

Qu’est-ce que pour toi l’intégration d’un étudiant sur son lieu de stage ?

L’intégration ?

Quelle définition tu pourrais en donner ? Qu’est-ce que ça évoque ?

C’est hyper important qu’il s’intègre bien à l’équipe. Ce qui n’est pas toujours évident pour

l’élève d’avoir sa place dans l’équipe.

Et comment tu procèdes alors justement ?

Aucune idée. Comment je procède ? Je ne sais pas. En étant gentille avec lui. En essayant de lui

apprendre surtout déjà. Et on voit aussi si l’élève est réceptif ou pas. Après moi j’essaye au

maximum d’être la plus cool, tout en lui apprenant les petits trucs. Et dès que j’ai quelque chose à

dire, je n’hésite pas à le dire.

Et donc ça c’est plus de l’encadrement ou de l’intégration ?

Et bien oui, je ne sais pas.

A l’étudiant infirmier, qu’est-ce que ça lui apporte s’il se sent intégré ?

S’il se sent intégré, il doit se sentir mieux dans son stage, plus à l’aise avec les patients. Quand on

vient et qu’on se dit, voilà je ne suis pas à ma place dans l’équipe, on réagit face au patient, on

n’ose pas faire, dire des choses. Intégrer ça lui permet d’être en confiance, et comme il est en

confiance, il peut potentiellement être meilleur dans ses activités de soins. Si tu es bien intégrée,

tu ne peux qu’être à l’aise dans ton stage.

Donc ça joue aussi sur la performance ?

Oui je pense.

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Et à l’équipe qu’est-ce que ça lui apporte d’intégrer un étudiant ?

Au départ c’est dur car quand on a un étudiant, ça veut dire qu’on prend plus de temps avec lui.

Ce qui n’est pas toujours facile. Mais après, je trouve que c’est un plus pour nous. Surtout, les

élèves sont en général bien appréciés des patients car ils prennent leur temps, le temps de parler,

chose que nous on n’a pas le temps de faire. Au début c’est quand même beaucoup d’attention, il

faut qu’on soit à côté parce que c’est important pour la sécurité du patient. Après je sais que

quand il est à l’aise et autonome c’est plus facile. On peut lui déléguer des choses et nous en

profiter pour faire autre chose. De toute façon, si tu n’as pas confiance en l’élève ça ne marche

pas.

Et est-ce que pour toi dans ton service, il existe des lieux privilégiés pour faciliter l’intégration

d’un étudiants infirmier sur son lieu de stage ?

Des lieux pour intégrer ? Non je ne vois pas.

Donc quand tu disais au début le climat de confiance ? Comment tu l’instaures ? Comment il

pourrait être plus en confiance ?

Je n’en sais rien ! Au petit-déj peut être.

Dans ton service vous avez l’habitude de prendre le petit-déj ou les repas ?

En fait dans le service on n’a pas de lieu où l’on va manger, prendre le petit-déj. Voilà c’est

chacun à 9h tapante, chacun va chercher son café. Quand je vois un étudiant qui est sur ses

dossiers je vais lui dire de prendre son café.

Et vous le prenez où le café ?

A côté du poste de soin. Une petite cage où l’on est debout mais on n’a pas vraiment de lieu. Si je

vois l’élève sur son dossier qui bosse déjà comme un fou je l’appelle. Après c’est pareil, je vais lui

dire ça au bout d’une semaine quand je sais qu’il sait faire des choses, qu’il peut prendre son

temps. Mais il faut qu’il prouve qu’il est motivé pour pouvoir être intégré.

Et vous le prenez avec lui ou il est tout seul ?

Nous on se met tous ensemble dans le poste de soins. Tout le monde est réuni pour discuter. On

parle avec le stagiaire aussi quand on fait des lits. On s’intéresse à sa vie.

Donc le moment où tu fais le lit peut être un lieu aussi d’échanges où vous faites ce climat de

confiance dont tu me parlais tout à l’heure ?

Oui mais il n’y a pas de lieux définis.

Et le fait de venir prendre le café…

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Ça l’intègre. Si on le laisse de côté, moi en tant qu’élève il y a deux ans, je n’aimais pas qu’on me

laisse de côté quand ils prenaient leur café donc je sais qu’au moins je leur propose. Après c’est à

eux de voir s’ils veulent.

Et maintenant qu’évoque pour toi la professionnalisation ?

De l’élève ?

Oui

Son professionnalisme. S’il est motivé. S’il a toutes les capacités pour être infirmier. Des fois on a

des élèves qui sont en première année et on sait qui il n’y aura pas de soucis quand ils seront en

troisième année. Même s’ils ne savent pas tout faire, ils sont motivés pour faire, on sait qu’il n’y

aura pas de soucis pour eux car ils cherchent à apprendre. Ils posent des questions.

En fait tu donnes plus des critères pour être professionnel. Mais le fait d’entrer dans cette

professionnalisation, qu’est-ce que le mot signifie pour toi ?

C’est devenir professionnel, devenir infirmier, connaître son métier.

Et est-ce que tu penses que tu as un rôle à jouer dans son devenir de professionnel ?

Oui énormément. Avec l’ancien programme, on en avait beaucoup car c’est quand tu es en stage

que tu apprends toutes les techniques. Ce n’est pas à l’école. Idem pour la relation avec le patient.

Mais d’autant plus avec le nouveau programme où là tu dois vraiment tout leur apprendre. Il faut

absolument être sur eux. Si un première année passe en chirurgie il n’y passera plus avant la fin de

sa troisième année ou s’il veut se diriger là-dedans à la fin de son diplôme. C’est donc très

important car il y aura deux années qui s’écouleront entre les deux.

Donc tu penses que tu as plus de poids qu’avant ?

Apparemment il faut qu’on en ait plus en tout cas.

Et si je te parle maintenant de la construction d’une identité professionnelle comment tu le

rapproches de la professionnalisation ?

Très bonne question…

Comment on se construit pour devenir infirmier ?

Pour moi ça prend du temps car même en sortant du diplôme on n’est pas infirmier. C’est à force

d’expériences dans le métier, à force d’être au contact avec les patients, des médecins de tes

collègues que tu construis ton métier.

Donc en fait la professionnalisation c’est ce qui lui permettrait de se construire une identité ?

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Oui les trois ans sont utiles. C’est là où l’on doit apprendre tout le métier. La formation le permet.

Mais quand tu es stagiaire tu es stagiaire. Quand tu as le diplôme tu es infirmière mais tu ne sautes

pas du statut stagiaire à infirmière d’un coup. Il faut des années d’expérience pour connaître bien

son métier.

Et selon toi, la participation des étudiants aux temps informels, penses-tu que ça lui permet de se

construire ?

Oui tu te construis au fil des années dans ton métier.

Et donc je suppose que pendant les temps de café vous racontez spécifiquement vos week-ends ou

alors vous racontez aussi autre chose ?

On parle des vacances… mais aussi des patients. Souvent les élèves parlent des patients qu’ils ont

en charge, de la vie des patients pour que l’on s’informe tous ensemble. Donc c’est un moment de

régulation ce temps de pause aussi. Au moment du repas aussi mais par contre il n’y a pas

d’élèves. Les élèves ne sont pas avec nous.

Et donc le fait que l’étudiant comme vous l’intégrez à ces moments-là mais que parallèlement

vous parlez des patients, est-ce que ça lui permet d’apprendre des choses et donc de rentrer dans

le processus de professionnalisation ?

Oui ça lui permet d’avoir un nouveau regard, de savoir ce que nous on pense. Mais souvent aussi

dans ces moments-là, comme l’élève a souvent plus de temps pour parler avec les gens, c’est très

fréquent que l’élève sache plus de choses que nous. Idem pour la femme de chambre sur la vie

personnelle du patient. Et ça c’est notre regroupement. Cela permet que tout le monde le sache.

Et toi maintenant dans ton souvenir de stagiaire, tu avais l’habitude d’être intégrée dans ces

moments de pause ?

Oui généralement bien intégrée. Il y a eu deux trois fois où je n’ai pas été aussi bien intégrée mais

sinon quasiment tout le temps.

Et donc ça te permettait de te construire. Tu apprenais des choses pendant ces moments ?

Oui tu connais la relation entre équipe qui est importante. Tu vas au boulot pour soigner des gens

mais tu as aussi une relation d’équipe qui est importante. Moi j’y vais pour ça aussi. Si t’aimes pas

les gens avec lesquels tu travailles c’est quand même important. Ça forge aussi ton caractère

d’élève je pense.

Tu souhaites rajouter quelque chose ?

Non.

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ANNEXE IV : GRILLE DE LECTURE DES ENTRETIENS

Présentation des interviewés et introduction à l’encadrement

Entretiens Année de

Diplôme

Pratique de

l’encadrement

Autre

Expérience

avant d’être

infirmière

Formation sur

l’encadrement

Motivation par rapport à

l’encadrement

Encadrement sur base

de…

LUCIE 2003 OUI NON Non mais intéressée

surtout pour le nouveau

référentiel

Fait partie du travail infirmier

mais diminution de plaisir

avec le temps (de moins en

moins de temps pour le faire)

Enseignement en IFSI et

expérience

professionnelle et

personnelle lorsqu’elle

était étudiante.

MARIE 1975 OUI NON Non et pas d’intérêt car

en fin de carrière

Fait partie de la profession

mais pas déplaisant

Sur son vécu

HÉLÈNE 2006 OUI NON Oui pendant 3 jours sur

le nouveau référentiel car

intéressée

Imposé par le travail mais

c’est bien

Sur son vécu en essayant

d’être agréable.

CLAIRE 2007 OUI NON Non mais intéressée

surtout pour le nouveau

référentiel

Fait partie du rôle d’infirmier

(imposé). « Ne me dérange

pas trop mais il faut que

l’élève soit motivé »

Au fur et à mesure, durant

l’entretien, on sent que c’est

une contrainte.

Sur son vécu d’étudiante

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LISE 2009 OUI NON Non mais intéressée pour

mieux gérer l’étudiant

C’est naturel et ne le sent pas

comme imposé.

Sur son vécu d’étudiante

TANIA 2009 OUI NON Oui en tant qu’étudiante

et intéressée aux vues

des premières

expériences

Fait partie du travail Sur ses expériences de

stage

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L’encadrement des étudiants

Qu’est-ce qu’encadrer ? Comment encadrer ? La place de

l’encadrement

Les apports

pour l’étudiant

Les apports pour

l’infirmier et l’équipe

LUCIE Transmettre des

connaissances à l’étudiant.

Observation de l’étudiant

pour vérifier ce qu’il fait

Mettre à l’aise et en

confiance l’étudiant.

Savoir dire ce qui ne va pas à

l’étudiant tout de suite.

Très regardante au début puis bilan

sur les compétences pour savoir ce

sur quoi se concentrer.

Faire des bilans de mi-stages

[Hésitations] Des

connaissances

et des

techniques

L’essentiel

n’est pas de

tout savoir en

arrivant mais, le

faire progresser

Permet de se remettre en

question

De se maintenir au

courant de l’évolution

des pratiques.

De continuer à faire les

choses correctement.

MARIE Montrer à l’ESI ce qu’est le

métier infirmier.

Vérifier sa motivation vis-à-

vis du métier d’IDE

En travaillant ensemble

Evaluer ses connaissances et le

savoir pratique.

Si OK, le laisser un peu plus

autonome.

Grande, toute la

journée.

Pleins de choses

Echange avec les

étudiants pour se tenir au

courant des dernières

pratiques.

HÉLÈNE Donner les bases du rôle d’un

infirmier.

Montrer les étapes d’un soin.

Lui apprendre ce que l’on sait

faire.

Discussions avec l’étudiant

notamment sur ces objectifs.

L’observer pendant les soins et

toujours le surveiller.

[Gouvernance / surveillance]

Parfois difficile car

manque de temps.

Permet de se mettre à

jour.

Se mettre à jour dans les

techniques de soins.

Permet de se remettre en

question.

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CLAIRE [Blanc]

Lui transmettre les savoirs

« basiques » et l’objectif dans

lequel c’est fait.

En fonction de l’expérience,

apprendre à gérer ses patients,

sa salle du début à la fin et de

prioriser ses actions : lui

donner de l’autonomie.

L’observer pour voir comment il

travaille mais pas tendance à le

laisser faire seul.

Vérification de ce que fait

l’étudiant.

Pour certains

étudiants, c’est une

perte de temps et

donc peu de temps

consacré.

Inversement si

l’étudiant est

motivé.

Permet de se remettre à

niveau

Pas d’autre apport à

priori

LISE Lui expliquer les soins

Lui présenter le relationnel à

adapter avec les patients et

leur famille

Le faire nous suivre pour observer

les soins.

Ensuite, le laisser faire tout en

l’aiguillant

Se fait surtout au

début. Plus

l’étudiant sera

motivé et plus le

temps qu’il lui sera

accordé sera

important.

Un nouvel investissement

TANIA Lui apprendre le métier au

niveau des techniques et du

relationnel.

Lui montrer l’organisation du

métier

Les accueillir

Observation durant 2-3 jours

Evaluation des capacités de l’ESI

puis leur laisser une certaine

autonomie tout en les surveillant.

Importante car rôle

à jouer dans

l’évaluation, surtout

avec le nouveau

référentiel.

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L’intégration des étudiants

Définition de

l’intégration

Manière d’intégrer l’étudiant La place de

l’intégration

Apport pour

l’étudiant

Apport pour

l’infirmier et équipe

LUCIE [Hésitations et

basculement sur la

manière de procéder]

[Elle ne distingue pas

cette notion de

l’encadrement]

Présentation des lieux

Présentation de chacun des membres de

l’équipe

Présentation du fonctionnement du service

[Retour sur la manière dont elle encadre]

Un peu tous les jours

Moins importante en

fin de stage.

Dépend de

l’adaptation de

l’étudiant

Le rendre autonome

pour être à l’aise

Pas de réponses

MARIE Inclure l’étudiant

dans l’équipe car il

en fait partie.

Le faire participer à tout. Même à la pause-café

et la pause-repas.

A la pause-cigarette éventuellement.

Le mettre à l’aise

Le faire se sentir

partie prenante de

l’équipe.

Apporte une

relation de

confiance avec

l’élève.

HÉLÈNE Présentation des locaux

Présentation des membres de l’équipe tout en

soulignant qu’il est étudiant pour pas que les

gens ne le confonde. Mais le faire se fondre

dans la masse.

Présentation du fonctionnement du service (le

faire nous suivre une demi-journée)

Le faire participer aux pauses

Le mettre à l’aise

Le laisser prendre

des initiatives

Déchargement de la

masse de travail

Relation de

confiance,

complicité.

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CLAIRE Ne fait pas vraiment

partie des objectifs du

stage

Eviter de mettre à

l’écart l’étudiant dans

une perspective de

travail (et non

humaine).

[Ne se sent pas trop concernée]

Présenter le service et les bases.

L’étudiant a aussi un rôle à jouer notamment

dans la prise d’initiative.

Ne pas le laisser à

l’écart.

Pas d’apport

particulier

LISE Notion compliquée Présentation des locaux, des patients et de

l’équipe.

Surtout le premier

jour

Un certain confort

permettant de les

mettre à l’aise et de

les motiver.

Facilité des échanges

avec l’équipe.

La confiance envers

l’étudiant.

TANIA Faire que l’ESI

trouve sa place dans

l’équipe

Se mettre au niveau des ESI (en étant

« gentille, cool »)

Ne pas hésiter à dire les choses qui ne vont pas.

L’ESI doit prouver qu’il est motivé pour être

intégré.

Contrainte de temps. Se sentir plus à l’aise

avec les patients.

Se sentir en

confiance et réaliser

de meilleurs soins.

Gain de temps

Meilleur vécu par

les patients de leur

hospitalisation (ont

plus le temps de

discuter que les

IDE).

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Lieux et moments privilégiés à l’intégration de l’étudiant

Existence de lieux privilégiés ? La salle de détente est-elle

un lieu privilégié ? (si non

citée spontanément)

Invitation des étudiants

dans la salle de

détente ??(si non citée

spontanément)

Quels sont les

moments

privilégiés ?

Apport de ces moments

privilégiés

LUCIE Non mais [elle rebascule sur

l’encadrement] il faut que se soit

un lieu isolé sans autres

étudiants, collègues et patients

pour lui dire les choses.

Oui car on parle de tout et

de rien, des situations du

service.

Si l’étudiant n’y est pas

invité, il est mis à part,

donc c’est important.

Oui. Elle leur dit de

venir.

Le déjeuner

MARIE [Sous-entendu] La salle de

déjeuner

[Citées

spontanément dans

le processus

d’intégration]

La pause-café et la

pause-repas

Dire ce qui va et ce qui

ne va pas et se corriger

(moments de

médiation).

HÉLÈNE Le poste de soins

Salle de détente

Vestiaire

Petit local [Mais ici, elle

rebascule sur l’encadrement]

[Citée

spontanément dans

le processus

d’intégration]

La pause

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CLAIRE Non Plutôt : « c’est mieux pour

lui ».

Oui La pause, le

déjeuner.

Fait partie d’une

journée d’un infirmier

et donc est important

qu’il sache ce qu’est

une pause.

Mettre l’étudiant en

confiance pour ses

soins en évitant qu’il se

sente observé.

Lui permettra de poser

plus facilement des

questions.

LISE Non Oui, ça peut… Oui, mais la demande

doit plutôt venir de

l’étudiant et une

certaine distance doit

être conservée.

Lors d’un soin car

pas de collègue

pour « accaparer

l’échange »

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TANIA Non, il n’y a pas de réelle salle

de pause.

Oui, mais doit avoir fait

ses preuves

Le petit-déjeuner.

Préparation des

chambres, des

échanges peuvent

se faire.

Pas le déjeuner où

les ESI doivent

sortir du service

Mettre en confiance.

Apporter de la

motivation.

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La professionnalisation et construction d’une identité professionnelle

Définition de la

professionnalisation

Rôle à jouer de

l’infirmier

Caractéristique de

l’identité

professionnelle

Lien entre les

deux notions

Rôle des lieux et moments

privilégiés dans ce

processus

Vécu personnel de

l’interviewé

LUCIE [Demande de

précisions].

Ne sait pas trop ce que

cela veut dire, mais

s’apprend tout au long

des années pour se

mettre dans le bain

infirmier, au fur et à

mesure des acquis.

Oui, il a son rôle à

jouer, car il faut

laisser la

possibilité à

l’étudiant de se

mettre à la place

« de », en lui

laisser prendre le

patient dans sa

globalité.

Laisser l’étudiant

faire comme si il

était seul.

S’intégrer dans

l’équipe

Responsabilité vis-

à-vis des patients.

Oui car fait partie de

l’intégration dans

l’équipe.

Permet de suivre ce qui se

passe dans le service, car

on y parle aussi des

patients et l’étudiant en

est responsable.

Dans les stages plus

longs, ils ont même des

discussions personnelles.

Jamais eu la salle en

charge et donc

d’autonomie en tant

qu’étudiante.

Intégrer dans les

moments informels

lui a permis d’avoir

confiance en elle pour

prendre des

initiatives.

MARIE Etre professionnel,

rigoureux et sérieux.

Oui par des

évaluations et

bilans.

L’IFSI a aussi son

rôle dans les

apports théoriques.

On ne peut se

construire que si on

est professionnel :

on devient crédible.

Notions très

proches

Oui, car échange sur sa

motivation, et la vue qu’il

a sur sa future profession.

Pas de participation

car barrière entre

l’ESI et IDE

lorsqu’elle était

étudiante.

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HÉLÈNE [Hésitations]

Carrière en tant qu’IDE

et son rôle

[Après explications du

mot]

Devenir un personnel

compétent, savoir se

mettre à niveau, se

renseigner (sur des

formations éventuelles)

Oui, surtout avec

le nouveau

référentiel

Acquérir une

certaine assurance

et des

compétences.

L’identité

professionnelle

va plus loin car

continue après

l’obtention du

diplôme

Oui car permet de

s’intégrer avec l’équipe,

connaître ses collègues.

Favorise le

questionnement de l’élève

pour se renseigner.

Permet de réorienter

l’ESI.

Ses lieux lui ont

permis de se sentir à

l’aise vis-à-vis de ses

collègues en tant que

jeune infirmière.

CLAIRE [Dubitative vis-à-vis du

thème]

Savoir travailler en

équipe

Prendre des initiatives

Savoir s’organiser

Devenir professionnel

Rôle partagé entre

l’IFSI et l’IDE.

A un rôle pour

montrer comment

ça se passe

vraiment.

Aider l’étudiant au

cours de ce cursus.

[Encore plus

dubitative]

Aucun rôle car n’apporte

rien au niveau

professionnel.

[Après lui avoir exposé

que l’on ne parle pas

forcément que du privé

dans la salle de pause]

Peut lui apporter quelque

chose.

L’intégration lors des

moments informels,

ne l’a pas aidé si ce

n’est à être moins

stressée [ça lui a

donc finalement

apporté quelque

chose]

Page 78: L‘Intégration des Etudiants Infirmiers sur leur lieu de stage · transmettre des connaissances. En faisant quelques recherches sur la notion d‘encadrement, une notion revient

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LISE Apprendre à être

professionnel (soins +

patients)

Avoir un bon

relationnel avec les

patients.

Continue après

l’obtention du diplôme.

Oui, dans la

transmission

d’expérience.

Avoir sa propre

définition de la

profession

infirmière.

L’identité

professionnelle

est personnelle

et la

professionnalis

ation est le

moyen de

l’obtenir.

Pas d’idée

[Relance sur ce qui se

passe dans la salle de

pause (point sur certains

patients)]

Permet de mettre l’ESI à

jour sur les dossiers et

donc de trouver sa place.

Pas toujours intégrée

à ses moments, mais

quand elle l’était, elle

se sentait plus à

l’aise.

TANIA Devenir professionnel

et connaître son métier.

Etre motivée et avoir

les capacités d’être

IDE.

Chercher à apprendre

en posant des

questions.

Processus qui s’inscrit

dans la durée, même

après l’obtention du

diplôme.

Oui, très important

(surtout avec le

nouveau

programme) car on

lui apprend les

techniques et les

relations à avoir

avec les patients.

Se construit au

contact des

patients, des

médecins et des

collègues.

La construction

de l’identité

professionnelle

ne se fait pas

qu’avec le

diplôme.

Quand tu viens

de l’avoir, tu es

encore un peu

stagiaire.

Oui, car les ESI peuvent

échanger sur les patients

Moment de régulation.

Apport du regard des IDE

sur les patients.

Forge le caractère de

l’ESI.

Si elle n’est pas

intégrée, elle n’est

pas motivée.

Mais quand elle était

intégrée, elle a pu

connaître la relation

entre les équipes.