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Février 2014 - n° 39 - lebonbon.fr N uit

Le Bonbon Nuit 39

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Jeff Mills, Ebony Bones, Danton Eeprom, Camille Vannier, Stephane Million, Breton, Fat & Furious Burger, Sonotown, Old Fashioned, La Mverte

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Février 2014 - n° 39 - lebonbon.fr

Nuit

présente

VenDreDI 7 mars aU DIVan DU mOnDesUr InVItatIOn : [email protected]

1 — Nuit

édito

Février 2014

Rédacteur en chef — Michaël Pécot-Kleiner [email protected] | Directeur artistique — Tom Gordonovitch [email protected]

Directeur de la publication — Jacques de la Chaise | Photo couverture — Ebony Bones par Nicola Delorme

Secrétaires de rédaction — Louis Haeffner & Justine Knapp | Régie publicitaire — [email protected]

06 33 54 65 95 Contactez-nous — [email protected] | Siret — 510 580 301 00032 | Siège social — 12, rue

Lamartine Paris 9e

Y’a pas à dire, c’est quand même vachement balaise le parachutisme. Ouais, c’est un sport super technique, faut de l’expérience, tu peux pas faire ça n’importe comment, n’importe où avec n’importe qui. Et puis attention, pour parachuter, faut avoir l’estomac bien accroché, une bonne dose de sang froid et surtout, ne pas avoir peur du vide. C’est pour toutes ces raisons que j’admire les gens qui pratiquent ce sport à haut risque, parce que moi, perso, faudrait me payer pour que je saute d’un avion en plein vol avec un bout de toile sur le dos. Sérieusement, je pensais qu’il y avait plein de types comme moi, mais en fait, je me suis bien fourré le doigt dans l’œil.Pour preuve, la dernière fois, je débarque dans une soirée, une bonne grosse soirée quoi, et tout le monde commence à me parler de parachute. Les mecs ont quand même des drôles de gueules, genre mâchoire tordue, j’les voyais pas aussi athlètes, mais non, ils insistent en me disant qu’il n’y a rien de mieux que le parachute. Je les regarde, épaté, et je me dis qu’on peut être quand même très fier du peuple de la nuit. C’est à ce moment-là qu’un type me pro-pose d’essayer, je lui réponds que c’est gentil mais que c’est pas pour moi, parce que j’ai un sacré vertige. Il se marre, me tend une bière, je la bois cul-sec, et puis après, je ne me rappelle plus de rien. Black out total. Enfin si, je me suis réveillé en train de baiser une pantoufle. Autour de moi, plus personne, les gens ont sûrement dû se casser à l’aérodrome pour faire quelques sauts…Finalement, je me retire de la pantoufle, et je me dis que d’avoir autant parlé de sport, ça m’a bien donné envie de me remettre au ski. Mais seulement dans de la bonne poudreuse.

MPKRédacteur en chef

© J

acob

Khr

ist

3 — Nuit

sommaire

Le Bonbon Nuit

musique

à la une

musique

cinéma

gonzo

illustration

littérature

musique

tumblr

nightivisme

métier de l’ombre

cocktail

snapshots

playlist

agenda

p. 7

p. 11

p. 15

p. 18

p. 21

p. 24

p. 27

p. 31

p. 35

p. 38

p. 41

p. 42

p. 44

p. 47

p. 48

Jeff Mills

Ebony Bones

Danton Eeprom

Y’a quoi au ciné ?

Les nuits iraniennes

Camille Vannier

Stéphane Million

Breton

Fat & Furious Burger

Sonotown

Ni vu, ni connu

Old Fashioned

Divan du Monde

La Mverte

Paris La Nuit

5 — Nuit

agenda

Les événements à ne pas manquer

Légendes vivantes

La Machine du Moulin Rouge invitera pour cette soi-

rée deux légendes de la scène no wave new-yorkaise

du début des années 1980 : Glenn Branca et Thurs-

ton Moore (du groupe mythique Sonic Youth). Du bon

son dirty pour finir son week-end et réviser ses clas-

siques. What else ?

Dimanche 9 février, à partir de 19h.

La Machine du Moulin Rouge.

Underground résistance

L’excellent et très underground graph’zine Freakwave

fêtera dignement la sortie de son cinquième numéro

à Point F. Concerts, performances et lectures seront

au programme de cette soirée qui s’annonce des

plus fêlées. Vous pourrez également rencontrer les

cerveaux malades qui ont participé à l’aventure.

Mardi 18 février, à partir de 19h.

Le Point Éphémère.

DR

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R/

Thom

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mit

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DR

Mieux que de la vodka

Plus de 80 peintures réalisées montrent l’œuvre de

Serge Poliakoff, peintre russe qui s’est imposé dans

les débats d’après-guerre autour de l’abstraction.

Les couleurs concentrées, tout comme l’agence-

ment savant des formes qui s’équilibrent dans une

tension énergique contenue, jouent un rôle capital

dans l’ensemble de son œuvre.

Jusqu’au 23 février au Musée d’Art Moderne.

On clubbera avec Roman Flügel

Quand vous le regarderez jouant gentiment avec ses

platines et sa mixette, ne vous y trompez pas : ce

placide garçon à lunettes est en fait (musicalement

parlant) une équipe de rugby à lui tout seul. À ses

côtés, un complice de longue date, également habi-

tué du label Playhouse et du club Robert Johnson

dont Roman est un peu l’âme, le subtil Losoul.

Samedi 15 février, à partir de minuit au Zig-Zag.

6 — Nuit

7 — Nuit

musique

T/ MPK & Hillel Schlegel P/ Flavien Prioreau

Que faire face à Jeff Mills sinon lui parler de techno,

cette musique qui a transformé irrémédiablement

nos vies et dont il est l’un des pionniers ? À l’occasion

de la sortie du film Man From Tomorrow qu’il a écrit

en collaboration avec Jacqueline Caux, nous avons

eu l’immense privilège de questionner le maître sur

sa vision de la musique. Sans verser dans l’excès de

louanges, c’est un peu le genre de rencontres que

l’on n’oublie jamais.

Tu as récemment déclaré : « La techno est une

arme qui n’a pas encore fait ses plus gros dégâts. »

Pourtant, en devenant une industrie normalisée et

en étant aujourd’hui utilisée pour des pubs ou des

jingles, cette musique n’a-t-elle pas énormément

perdu de sa charge subversive ?

Sur ce plan, oui, la techno a perdu un peu de sa force, mais on ne l’a jamais vraiment empêchée de devenir ce qu’elle est désormais. En réalité, nous - ses producteurs - avons toujours eu pas mal de contrôle sur cette industrie et avons toujours su ce que nous faisions, il me semble. On a façonné la techno de manière réfléchie. Et justement, son exploitation commerciale, je crois pouvoir affirmer qu’on s’en fiche, car ce qui compte pour nous, c’est le message que transmet cette musique. Lorsqu’elle se vide de sens en se voyant utilisée à tort où à travers, cela ne nous concerne pas. L’in-dustrie de la techno est plurielle depuis le début - il y a plusieurs « musiques techno » différentes.

Nous, nous nous concentrons sur ce qui perdure, à savoir son message, justement. Là est le leg de la techno - le reste passera sans laisser de traces.

Peux-tu nous dévoiler le mystère  de la techno  ?

Cette musique confine parfois au mystique… Sa

force provient-elle simplement de son côté répé-

titif ?

En réalité, la techno a été conçue par et pour cette efficacité ! Dès le début, nous souhaitions avant tout mettre l’auditeur « en condition », et en quelque sorte le rendre accro à la techno. Musi-calement, répéter toujours les mêmes choses de manière hypnotique, c’est aussi fait pour créer un réflexe pavlovien : au bout d’un moment, lorsqu’on se plonge dans la techno, on finit par y réagir phy-siquement et instinctivement. Cette question de l’efficacité de la techno est primordiale : en effet, il m’est arrivé qu’en concert, l’alchimie ne fonc-tionne pas - les gens ne rentraient pas dedans. C’est en nous demandant comment arriver à générer un état de transe dans le public qu’on a contribué à forger une esthétique minimaliste et répétitive à la puissance unique.

D’après toi, pourquoi Detroit a été un des berceaux

de la techno ? Est-ce lié à l’histoire de cette ville

d’usines et d’industries, à son « inconscient machi-

nique » ?

Je pense que c’est plutôt parce que historique-

jeff mills

8 — Nuit

ment, Détroit est un centre de divertissement à l’importance culturelle capitale aux USA. Vers la fin du XIXème siècle, Détroit et Chicago sont devenues des ruches où les derniers pionniers de la ruée vers l’or venaient dépenser leur argent, vivre, s’amuser et vibrer. Ainsi, Détroit fut un point de chute incroyablement vivant pour toute une partie de notre population. C’est l’une des villes américaines à la tradition musicale la plus riche et significative. Détroit est une ville de musiciens et d’ouvriers où la spiritualité tient une grande place, mais en plus, c’est une ville frontalière ouverte aux influences : il suffit d’y traverser un fleuve pour se retrouver au Canada - ce que j’ai d’ailleurs souvent fait pour chercher des disques. Concrètement, son ancrage musical fort permet aussi un échange intergénérationnel exceptionnel : à 90 ans, ma mère écoute encore du James Brown, qu’elle per-çoit de la même manière que nous. Détroit réunit des conditions uniques au monde pour créer un langage universel comme la techno.

Tu as toujours été fasciné par le futur, la science-

fiction, les voyages dans le temps… Tenterais-tu

d’esquiver le présent ?

J’essaie beaucoup de me projeter, oui… mais ce qui me frappe surtout, c’est à quel point aujourd’hui, nous sommes en retard par rapport à notre propre technologie et nos propres capacités. Avec ses connaissances et ses moyens, à l’heure actuelle, l’humanité devrait être beaucoup plus avancée qu’elle ne l’est. Mais personne n’aime le change-ment : nous sommes retenus par notre mémoire, notre passéisme intrinsèque, notre volonté de tou-jours nous raccrocher à ce que nous connaissons. Peut-être que le seul moment où nos possibilités correspondaient à nos aspirations réelles, c’était au XIXème siècle. Ca se voit dans l’architecture, dans les arts, dans la manière dont les gens envi-sageaient le futur. Juste avant la Première Guerre mondiale, les gens étaient en mal de changement ; la technologie était disponible et ils avaient hâte

Jeff Mills

“dès le début,

nous souhai-

tions avant tout

mettre l’auditeur

« en con-dition »,

et en quelque sorte le rendre

accro à la techno.”

9 — Nuit

de l’employer. Aujourd’hui, nous exploitons peu - et mal - nos possibilités. Mais nous allons bien devoir évoluer à un moment donné, et si ce n’est par les machines ou par les ordinateurs… ce sera par un autre moyen.

Justement, tu penses que dans 100 ans, la techno

du futur ressemblera à quoi ?

Je pense que la question est plutôt : que sera la musique en général ? Elle perdra probablement jusqu’au nom de « musique ». On assiste déjà à la disparition des catégories musicales, donc le reste peut suivre. Et concrètement, à quoi sert la musique ? À ressentir des émotions, voire à t’ac-compagner émotionnellement pendant que tu fais autre chose, par exemple. Peut-être que dans 100 ans, la musique ne sera ainsi plus que cela - un pur vecteur d’émotions. Ce qui va remplacer la musique pourrait bien être la possibilité de ressen-tir ce que ressent une autre personne, d’établir un pont sensoriel. Je pense que nous sommes à l’aube d’un grand nombre de bouleversements, et ce qui risque de définir les formes futures de la musique, c’est le degré de proximité que nous désirons avoir avec notre prochain. Car, et si finalement, on s’en fiche de savoir comment il se sent et qu’en fait, on ne s’intéresse qu’à nos propres émotions, alors dans ce cas, en lieu et place d’une recherche de communion avec la foule, la musique va peut-être devenir une expérience intensément personnelle, la recherche d’un sentiment unique que nous seuls pourrons éprouver.

Quant à toi, Jacqueline (Jacqueline Caux était pré-

sente lors de l’interview, ndlr) tu viens de co-réali-

ser le film Man From Tomorrow centré sur Jeff Mills.

Pourquoi avoir choisi de te concentrer sur le travail

de Jeff en particulier ?

Pour moi, le « Wizard » est à part dans le milieu de la musique parce qu’il est un véritable passeur ! Jeff a créé le label Underground Resistance, et même s’il est vite passé à autre chose, à mon sens, cet

épisode est primordial dans l’histoire de la techno. Jeff a ouvert un immense champ de possibles : il a travaillé avec des orchestres symphoniques, des danseurs, des galeries… ou encore des personnes comme Claire Denis. Lorsque j’ai rencontré Jeff, nous avons d’abord passé énormément de temps à discuter de ses inspirations, à faire de la maïeu-tique. Et après ces discussions, avec ce film, je voulais retranscrire le sentiment unique que fait naître l’écoute de la musique de Jeff. Ce film n’est pas juste « sur la techno », il est sur les rêves et les voyages intérieurs que nous font éprouver la musique de Jeff.

Et alors Jeff, si on se branchait sur ton cerveau pen-

dant que tu crées, on verrait quoi ?

Ca dépend de beaucoup de facteurs, mais… sur-tout de l’espace, je pense. Des choses que j’ai lues, des souvenirs, des conversations… Et lorsque je travaille sur un projet vraiment expérimental, je me demande souvent comment bidouiller les machines pour les pousser dans leurs derniers retranchements, pour réussir à les rendre « dis-fonctionnelles ». Je cherche à les faire « tousser », pour ainsi dire, je cherche l’achoppement, le déca-lage soudain qui fait naître quelque chose d’iné-dit. Et ça, c’est addictif. La cabine de Dj est le meilleur endroit au monde : il permet un contrôle total, tout en s’échappant dans un ailleurs pendant que le son submerge ton esprit.

Man From Tomorrow, un film réalisé par

Jacqueline Caux sur des musiques de Jeff Mills.

Jeff Mills

10 — Nuit

11 — Nuit

T/ Hillel Schlegel P/ DR

C’est un sacré poncif que de dire d’un album qu’il

est « inclassable » ; pourtant, on vous met au défi

de coller une étiquette à la musique d’Ebony Bones.

Certains s’en sortent en disant d’elle qu’elle est une

« Rihanna punk » ou une « M.I.A. sous acides »...

mais à la différence de ces deux chanteuses, Ebony

est surtout une femme-orchestre qui fignole elle-

même chaque détail de ses productions. Avec son

dernier opus Behold, A Pale Horse, elle livre ainsi

une relecture singulière de l’apocalypse contem-

poraine - et déplore au passage «  qu’aujourd’hui,

on livre une guerre contre l’Art bien plus réelle que

celle contre le terrorisme ».

Tu as toujours réalisé ta musique intégralement

toute seule : tu es ta propre productrice, ce qui

est plutôt rare dans le monde des chanteuses. Alors

techniquement parlant, comment t’y prends-tu

pour composer ?

J’ai grandi dans un environnement très musical : mon père tenait un magasin de disques et j’ai passé mon enfance à farfouiller dans des bacs de vinyles. Mes premières idoles étaient donc des produc-teurs - Nile Rodgers, Brian Eno… Pourtant, je ne me suis jamais dit « je veux être productrice », c’est venu par hasard. Concrètement, j’ai com-mencé sur une version crackée de Logic Pro, puis j’ai amené ma première démo chez un ami d’amis qui possédait une sorte de studio improvisé chez lui. Là, j’ai branché un tas d’instruments - claviers,

guitare, etc. - et j’ai commencé à enregistrer à pro-prement parler. Ainsi, aujourd’hui encore, je tra-vaille toujours avec un seul bon ingé’ son.

Enfant, tu as entre autres appris le piano et le vio-

lon. Tu as une véritable formation classique derrière

toi ?

Pas du tout, j’ai appris tout ça en amatrice. C’est pour ça que ma musique exprime avant tout mon côté punk. J’ai énormément travaillé avec le bat-teur Rat Scabies (batteur historique des Damned, ndlr), et c’est lui qui m’a appris que le « do it your-self » est possible. Je ne sais d’ailleurs pas travailler autrement…

Tu t’es d’abord fait connaître en tant qu’actrice de

la série télé Family Affairs. Comment se fait-il que la

musique soit venue plus tard dans ta carrière alors

que tout semblait te prédestiner vers elle ?

Pour moi, faire de la musique était d’abord une échappatoire. Je n’avais pas particulièrement l’impression d’avoir quelque chose à apporter à la musique en général. Et puis si j’ai été projetée dans le monde de la télé dès l’âge de 12 ans, c’est parce que j’ai été découverte par Mark Rylance (célèbre metteur en scène anglais, ndlr), qui fut la première personne à croire en moi et à m’ou-vrir des possibilités professionnelles. Étant jeune, je ne me posais du coup pas vraiment la question de faire quelque chose d’autre. J’adorais des trucs

ebonybones

à la une

12 — Nuit

très punk comme les Slits, les Raincoats, ESG, Bad Brains ou encore Fela Kuti, mais à aucun moment, je ne me suis dit que j’étais en mesure de faire pareil. Jusqu’au moment où je suis tombée sur les X-Ray Spex, et là je me suis dit « c’est génial, c’est trop cool, je veux faire comme la chanteuse ! » Et quand je me suis lancée, j’étais étonnée de voir à quel point les femmes sont rares dans le milieu des producteurs.

Serait-ce par autocensure qu’elles ne pensent pas à

passer elles-mêmes derrière les tables de mixage ?

Peut-être. Cette industrie manque vraiment de femmes, et pourtant il y a tellement de chanteuses et de musiciennes talentueuses qui pourraient exercer ce métier ! Il suffit que 5% de la popula-tion sorte des sentiers battus pour que les men-talités évoluent dans toute la société. Je veux me libérer de ce carcan qu’on s’impose à nous-mêmes. Des femmes productrices existent - Missy Elliott, Kate Bush, Linda Perry - mais elles ne sont pas célébrées de la même manière que le sont leurs homologues masculins. Les femmes ne prennent pas conscience que ce métier est à leur portée. Dans ma modeste mesure, j’essaye donc d’inspirer les autres.

Et quand tu composes de la musique, tu commences

par quoi ?

Les percussions. Le rythme est à la base de tout - et puis j’ai appris que les vibrations musicales ont le pouvoir de modifier l’état de conscience… Je commence avec les percussions parce que je pense qu’elles constituent un langage primordial et tribal. Le rythme est compris de tous, il fait battre notre cœur. Je crois qu’avant même que les hommes se parlent, ils communiquaient en uti-lisant des percussions. Le rythme est un langage universel !

Dans une précédente interview, tu disais regretter

que notre génération soit si narcissique - tu parles

de la « generation me ». Et toi, tu dirais que tu es

toi-même un peu narcissique ?

Il y a différents types de narcissisme. En soi, être narcissique n’est pas forcément une mau-vaise chose, ça dépend de ce qu’on en fait : je crois que si l’on ne recherche que la satisfaction de l’ego, sans partage, sans collaboration et sans équilibre, on finit par être déconnecté de la vraie vie. Il n’y a rien de mal à être confiant dans la vie, mais tout est dans le partage ! Par exemple, je m’adresse clairement à cette « generation me » par les illustrations de mon dernier album. Dans les « artworks », on y voit une espèce de femme-Messie entourée d’hommes à moitié nus. Je me suis inspirée du travail du « peintre de l’apoca-lypse », John Martin, pour pointer du doigt l’illu-sion moderne consistant à considérer les célébrités comme les nouveaux aristocrates. Tout le monde cherche à atteindre le statut de célébrité : si ton but est simplement d’être connu pour être connu, alors il faudrait peut-être aller consulter. On peut utiliser son narcissisme pour améliorer les choses, mais la célébrité n’est pas un but en soi. D’ailleurs, si on regarde attentivement les illustrations de l’album, on y retrouve des serpents rampant sous des piliers en train de s’écrouler…

Ebony Bones

En concert à la Maroquinerie le 23 février.

facebook.com/iamebonybones

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15 — Nuit

musique

T/ MPK P/ Fabien Breuil

On ne dira pas de Danton qu’il est excentrique,

qu’il se la joue dandy ou qu’il vit un exil volontaire à

Londres. De tous ces clichés à la con, on s’en tape

vraiment. On dira par contre que son dernier album,

If Looks Could Kill, est une pure merveille de subti-

lité électronique, et que son adaptation en live pro-

met des bons cassages de dancefloor. Night club-

bers de tous les pays, vous êtes prévenus, protégez

vos cerveaux : Danton Eeprom signe ce mois-ci son

grand retour.

J’ai cru comprendre que lorsque tu travaillais sur un

album, tu avais besoin d’avoir un morceau-étalon,

qui donne la couleur, la résonance du reste. Quel est

le morceau qui a joué ce rôle ?

La vérité, c’est que je ne m’en rappelle pas très bien, mais j’ai choisi de dire que c’était Biscotto & Chimpanzé ; si j’ai choisi de le dire, c’est que je pense que c’est celui-là en fait. Quand je fais un album, je ne pars effectivement pas sur un plan de bataille. En gros, je fais des morceaux, et après, une fois qu’ils sont finis, je regarde ce que je peux en faire. Sur ce coup, ça a donc été Biscotto & Chimpanzé, parce qu’il avait ce côté un peu fou-traque, un peu disco, un peu lazy. Tout ce que je cherchais en fait. Comme d’hab’, le reste n’a pas du tout ressemblé à ce point de départ.

Tu peux nous raconter ta rencontre avec Emma Dar-

ling (la nana qui chante sur Hex Tape, ndlr) ?

Je l’ai rencontrée dans un karaoké, et le lende-main, j’ai demandé son numéro de téléphone à un pote. À la base, ce n’est pas une chanteuse pro, c’est une gamine éthiopienne avec du glitter par-tout. La déesse du fushia, c’est elle. Je l’ai invitée à boire un café, je lui ai proposé de bosser avec moi. Elle était un peu gênée parce qu’elle m’a dit qu’elle ne chantait que sous la douche. Ce que j’ai aimé chez elle, c’est sa rugosité, justement, elle ne chan-tait pas comme les chanteuses de studio. Résultat, il y avait de l’amateurisme et de la naïveté, et on a fini par bosser 2 ans ensemble. Après, je lui ai fait entrevoir qu’on pouvait faire plus, comme des concerts, etc., mais clairement, c’était la limite à ne pas atteindre, elle ne voulait pas aller plus loin. J’ai respecté son choix.

On apprend souvent beaucoup d’une œuvre par

rapport à son contexte. Quel a été le contexte de

création de If Looks Could Kill ?

Après le premier album, j’ai beaucoup tourné, j’ai fait le tour des clubs, aux U.S.A, en Asie, etc. Sur la route, j’ai rencontré beaucoup de gens qui étaient des idoles pour moi. Je me disais « ouah, je suis en train de dîner avec machin, c’est génial ». Et invariablement, chaque fois que je discutais avec des gens comme ça, je me rendais compte que la seule chose dont ils parlaient, c’était des problèmes à la con, genre ils se plaignaient qu’ils étaient en classe éco, qu’ils ne dormaient pas dans

dantoneeprom

16 — Nuit

une suite… Là, je me suis dit : « Ils sont où les modèles, là ? » Les mecs, ils ne parlaient que de leurs soucis de diva, j’étais déçu à chaque fois. Je me suis juré de ne jamais être cette personne-là. Ce qu’il fallait, c’est que j’arrête tout ça, et que je prenne le temps de vivre des vrais trucs, pour pouvoir parler des vraies expériences. J’avais envie de faire autre chose, comme de la photo, c’est ce que j’ai fait tout le temps où j’ai pas joué. Je ne suis plus sorti, je me suis fait oublier, je me suis ressourcé, j’ai écrit. Se faire oublier, c’est toujours un peu dangereux, parce que tu peux aussi défini-tivement tomber dans les oubliettes, mais c’était un risque à prendre. Faut aller à l’encontre de cette peur. Une fois que je n’étais plus du tout dans le colimateur, dans l’indifférence d’être in ou out, là je me suis dit que je pouvais remettre le pied à l’étrier pour créer de la musique.

L’album est d’une grande variété, fusionne pas mal

les styles musicaux tout en gardant une certaine

cohérence. Est-ce Londres qui t’a permis cela ? Je ne me suis jamais caché derrière la caution lon-donienne pour pouvoir faire ça. Après, Londres m’a permis de faire ça avec plus de fluidité. Là-bas, ça n’hésite pas à brasser, à clasher les styles, avec plus ou moins de bonheur, y’a à prendre et à laisser, hein. Honnêtement, Londres ça m’a sur-tout permis de me sortir les doigts du cul et de ne pas tomber dans la complaisance. C’est une ville qui va tellement vite que si tu t’arrêtes, tu te fais tellement piétiner, tu ne peux plus payer ton loyer, il faut toujours donner. Quand je ne faisais pas de musique, je faisais de la photo, et c’était vachement intense aussi. Londres permet de ne pas s’endormir sur ses lauriers, et de rester éveillé. Et surtout, il y a moins de commérages qu’à Paris.

Tu es resté fidèle au côté très dancefloor suintant

que l’on connaît chez toi avec au moins 3 titres

(Femdom, Occidental Damage, et Hungry For

More). C’est ce dernier qui m’a le plus interpellé.

Danton Eeprom

“londresça m’a

surtout permis de me sortir

les doigts du cul et de ne pas tomber

dans la com-

plaisance.”

17 — Nuit

Une longue mise en route, et ensuite, bang, un

cartonnage en bonne et due forme. Et puis cette

voix, toujours cette voix que l’on écoute déjà dans

Grindhouse. J’appelle ça une voix de backroom…

c’est vachement particulier. Comment tu fais pour

trafiquer cette voix ? Qu’est-ce qu’elle apporte à la

texture d’un morceau, qu’est-ce qu’elle signifie ?

Aaah, ça c’est ma voix de Barry White à 4 heures du mat’. Comment je la fais, je ne vais pas te le dire sinon tout le monde va la pomper. Bon, en même temps, je ne l’ai pas inventée, c’est une voix qui vient tout droit de Détroit. C’est ma voix de Barry White de 4 heures du mat’, un peu pervers, un peu hargneux, et qui va me permettre de dire des choses que Danton ne dirait pas. Barry White de 4 heures du mat’, il s’en fout, il arrive et il dit « montre-moi ta chatte ». J’ai remarqué que même les gens très propres sur eux adorent se faire attra-per par cette voix. Évidemment, elle sera présente pour mon live. Et oui, j’ai toujours cet amour du dancefloor avec les LED rouges, la sueur qui suinte sur les murs, les gouttes qui tombent du plafond. J’espère qu’au purgatoire, il y aura des soirées comme ça, des soirées où tu bouffes la transpiration des autres.

Quel est le morceau qui t’a donné le plus de fil à

retordre, celui qui t’a fait pété un câble ?

Never Ask, Never Tell. Autant sur des morceaux tu peux mettre le masque du joker un peu rigolo, autant sur celui-là, j’étais plutôt introspectif. J’étais plus sur un plan personnel. D’ailleurs, à chaque fois que je devais retravailler sur ce mor-ceau, j’avais une espèce d’angoisse.

On connaît ta passion pour la photographie et le

cinéma. Au niveau extra-musical, quelles sont les

œuvres, dans ces domaines, qui t’ont servi de réfé-

rents ou de ligne de mire pour cet album ?

Il y a un portrait de Lars Von Trier qui est dans une rivière et qui a de l’eau jusqu’à la poitrine. Il a un visage stoïque, il est habillé très classe. Pour

moi, ça veut dire couler avec style (rires). Je pense que couler, c’est quelque chose de noble. L’impor-tant, c’est de le faire avec la manière (rires).

Dans une de tes interviews, tu laissais planer l’éven-

tualité de refaire une collab’ avec Radioslave et

Dubfire. C’est toujours d’actualité ?

Ça va dépendre plutôt d’eux, moi je suis ok. Salut les gars !!!

On ne te parlera pas ici de Chuck Paulanhiuk. En

matière de littérature, quel est l’écrivain français

le plus chiant et le plus soporifique, celui que tu

conseilles à nos lecteurs qui ont du mal à s’endor-

mir ?

Simon Liberati, Anthologie des apparitions. C’est imparable. Mieux qu’un Lexomil.

Ton remède contre la gueule de bois ?

J’ai un truc, ouais. C’est le hammam. Et après, tu te fais un burger avec une tranche de jambon dessus.

Danton Eeprom

Danton Eeprom — If Looks Could Kill In Fine

Disponible le 3 février.

soundcloud.com/danton-eeprom

18 — Nuit

cinéma

T/ Pierig Leray P/ DR

American Bluff de David O.Russell

Voir Bradley Cooper avec des bigoudis est le seul vrai intérêt de ce bluff américain désuet, une mise en scène voix off/ralenti d’un vieux Scorsese rabougri et mal digéré. Le tout face caméra d’un O. Russell qui tente désespérément d’élever la mièvrerie perfide de ses propos. Mais qu’est-ce que vient foutre Christian Bale dans ce bour-bier ricain inodore et fatigué ? Faute de goût, ou scénar’ lu à l’envers.

Les 3 frères, le retour de Bourdon, Campan, Légitimus

Le premier volet est un film culte, aux dialogues résonnant encore au dîner dominical. Mais comme tout film culte, la succession est trop lourde. Bourdon est bien trop gros pour être crédible, Légi-timus n’a jamais été drôle et Campan se retrouve forcé à faire le zouave devant une caméra aussi lente et grossière que la tentative démagogique de mettre dans ce retour un semblant d’idée sociétale.

Only Lovers Left Alive de Jim Jarmusch

Quand Jarmusch fait de l’esthétisme gothique sa photographie sombre et sanguine, la beauté du convenu se sublime pour ne lais-ser transparaître qu’une âme seule et profondément déprimée. Celle d’un metteur en scène à côté de son temps, ignorant le monde comme il existe pour le décrire comme il le ressent, un non-sens glacial, noir mais amoureux.

The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson

Dieu sait que je porte en adoration ce bon vieux Wes, génie maniaque, sur-tiqué et merveilleux conteur d’histoire. Moonrise Kingdoom était un avertissement, il fallait évoluer. Que nenni, il n’en a fait qu’à sa tête. C’est beau, élégant, mais vide. Rééditant à chaque prise de vue les énièmes astuces de ses (bien meilleurs) précédents films, il lasse et irrite. Le casting (toujours identique), la bande-son (identique) sont des jolis bonbons édulcorés mais qui finissent par coller aux dents.

Mais aussi :

Un beau dimanche de N. Garcia (0/5), puisque je vous dis que Louise Bourgoin est une mauvaise actrice, La Belle et la

Bête de C. Gans (0/5) regarder le Cocteau au coin du feu vous évitera la nausée au fond du siège, Pompéi de PWS. Anderson (1/5) le Gladiator des pauvres, Supercondriaque de D.Boon

(0/5), Boon + Merad + boule-vard = bôferie honteuse

y’a quoi au ciné ?

1 mois, 4 films, 4 avis.

Le problème ? On ne les a pas

vus. Critiques abusives et tota-

lement infondées des meilleurs/

pires films du mois à venir.

19 — Nuit

20 — Nuit

21 — Nuit

gonzo

C’est l’histoire d’un mec dans un train qui se prend

une caisse avec une petite vieille au wagon-bar. Pour

l’instant rien d’anormal. Jusqu’au moment où cette

petite vieille te prend par la main pour t’emmener

dans sa cabine. Tu imagines déjà l’histoire glauque

se profiler…

Cette bonne vieille femme, un peu éméchée, canette de bière à la main, déambule non sans dif-ficulté dans les couloirs du train pour me présenter sa famille. Dans une cabine exiguë, elle me pré-sente ses deux filles et son fils. N’imagine pas non plus un bon vieux gang bang malsain. Il s’agit juste d’une beuverie improvisée dans un train entre Istanbul et Téhéran. Nous sommes encore sur le territoire d’Atatürk et les Iraniens présents dans ce train profitent de la liberté de parole et surtout de boire avant de se soumettre à nouveau aux lois et mœurs islamiques. D’autres Iraniens nous rejoi-gnent et la température monte très vite, les verres et les cigarettes se succèdent. Du coup, on décide de délocaliser la soirée dans le wagon-bar. Je me dis que c’est quand même con d’avoir fait autant de kilomètres pour tenter de me mettre au vert, et de finir dans une sorte d’after salace et spumeux. Avec mes nouveaux acolytes d’Iraniens alcoo-liques. J’apprends entre deux verres que l’ayatollah Khomeiny est un con ! Tu me diras, ce n’est pas un scoop, mais l’entendre de la bouche pâteuse et fumeuse d’Iraniens, ça vaut le détour.

Malgré l’ivresse, je tente d’en savoir plus sur les conditions de vie dans l’un des pays les plus fer-més du monde. Je me dirige vers une femme qui bien évidemment ne porte pas le voile mais un verre de vin à sa bouche pour mieux comprendre ce pays. En quelques minutes, elle me donne les bases : « Quand tu n’es pas chez toi, fais profil bas, porte le voile et ne critique pas le régime, lorsque tu rentres dans la sphère privée, fais ce qu’il te plaît. »On m’informe aussi que si tu veux de l’alcool en Iran, tu peux contacter des dealers ou le fabriquer toi-même. « C’est ultra simple, il te suffit d’acheter des bières sans alcool, de la levure et d ’attendre une vingtaine de jours, le temps de la fermentation », pour déguster une bonne bière comme chez nous. La plupart utilisent leurs salles de bain comme distilleries. On peut aussi se faire soi-même du vin ou une sorte de vodka. Comme quoi tous les goûts sont aussi dans la nature dans cette République des mollahs.

Après trois jours de train sans douche et cette formation avancée dans la biture persane, j’arrive finalement en gare de Téhéran, il est 1h du matin et je suis prêt à vivre la vie de Bernard de la Vil-lardière.

Le midi même, j’ai rendez-vous avec un contact d’un contact d’un contact d’une amie, Shirin, qui me propose de déjeuner pour faire connaissance.

T/ P / Spécial K

les nuitsiraniennes

22 — Nuit

Elle me cerne rapidement et m’invite à une soirée dans le quartier nord de Téhéran, mais avant me propose un apéro dans ses bureaux. En Iran, il est impossible de trouver des bars ou des boîtes de nuit. Tout le monde se débrouille tant bien que mal pour se retourner le cerveau. En province, en banlieue comme dans les quartiers huppés, les lendemains y sont aussi difficiles. Finalement, la gueule de bois monopolise tout le monde, c’est universel !

Rendez-vous pris dans les bureaux de Shirin. Assis sur son canapé, elle m’explique qu’à la base de la révolution islamique en 1979, c’étaient les étudiants et les intellectuels qui étaient dans la rue pour manifester contre le Shah. Mais qu’au fur et à mesure, les islamistes ont pris le dessus avec l’ayatollah Khomeiny. Tout en continuant de m’expliquer que la majorité des Iraniens ne sont pas pratiquants et qu’ils font semblant pour être tranquilles, Shirin sort une boîte cachant un gros sachet d’herbe. On fume quelques pétards avant de se diriger vers le frigo pour sortir une sorte de bouteille de vodka. Dans la rue, je commence à ressentir les effets, ceux où tu bades et commences à devenir paranoïaque. Je suis en plein milieu d’une ville que je ne connais pas avec une bouteille d’alcool qui peut m’amener tout droit à la décou-verte des prisons iraniennes et de leur lot de coups de fouet. Avec ma goutte de sueur, on saute dans un taxi pour débarquer dans l’une des teufs de la capitale. Dans le taxi, Shirin m’explique qu’ils sont nombreux à consommer de l’alcool et que depuis quelques mois les jeunes se prennent en photo avec des tranches de jambon dans une main et une bouteille d’alcool dans l’autre et postent tout ça sur Facebook. Certains sont dénoncés et finissent embarqués par la police des mœurs afin qu’on leur remette les pendules à l’heure.

Le taxi nous dépose devant une immense villa d’un quartier riche de Téhéran. Piscine dans le

patio, œuvres d’art dans toutes les pièces, je me dis que je suis bien chatteux sur le coup. Shrin me présente à tout ce beau monde, les premiers stupé-fiants sont de sortie, et les verres se vident. Omid a 65 ans, après plusieurs années à Los Angeles, il est revenu en Iran car « depuis que le nain (cf : Mahmoud Ahmadinejad) n’est plus au pouvoir il est à nouveau possible de faire du business ». Omid profite de ces soirées pour vivre pleinement son homosexualité, voir dans son cas, sa polygamie. La soirée s’électrise, Blue Monday des New Order gicle des enceintes, il m’entraîne avec ses deux copains sur la piste de danse pour me présenter Negin, une jeune Iranienne portant le strict mini-mum. Défoncé, j’ai du mal à assimiler que je suis en Iran.

Negin me le rappelle lorsqu’elle remet son voile face à une mosquée, alors que nous quittons la soirée.

La Maison des Artistes de Téhéran est un centre

culturel où les expositions se succèdent. Un

restaurant végétarien permet de rencontrer la

jeunesse cultivée et arty de Téhéran.

-> Park-e Honar, Baroroushan Street, Iranshahr

Avenue (derrière l’ancienne ambassade des U.S.A)

Moshen Gallery

Galerie d’art contemporain qui accueille

régulièrement des performances musicales et des

DJ set.

-> 42, East Mina Boulevard, Téhéran

Le Gandom Café se situe à quelques pas du théâtre

national. Un café animé, enfumé et convivial où se

retrouve l’ensemble des acteurs de la vie culturelle

et artistique de Téhéran.

-> Valiasr Crossing (Pashan Alley.), Téhéran

Les nuits Iraniennes

23 — Nuit

Cam

ille

Van

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anni

er.co

m

26 — Nuit

27 — Nuit

littérature

T/ Manon Troppo P/ BBN4ever

Paris, ville des belles lettres, des romanciers et des

auteurs noctambules, est aussi une jungle pour celui

qui, par passion plus que par appât du gain, décide

de monter sa maison d’édition. Stéphane Million y

est parvenu et tient bon la barre depuis 5 ans.

Raconte-moi ton parcours.

En 98, étudiant en Histoire et pion dans un lycée en Seine-et-Marne, j’ai commencé un journal sur le web : mes journées de pion, mes lectures. Sans trop me poser de questions et sans savoir que c’était lu, les auteurs que je lisais me suivaient : Yann Moix, Houellebecq, Dantec, Clinquart, Tonc Cuong, Jeanada. À ce moment-là, je ne connaissais rien à l’édition, mais ils me confiaient par mail leurs histoires d’auteurs. Ça a duré 3 ans. Mais raconter le comportement des profs et celui de l’administration m’a amené à être convoqué au rectorat de Créteil puis viré. Il n’y a rien de plus arrogant qu’un prof.

Ensuite ?

J’arrête le journal et les gens me soutiennent. Valérie Tonc Cuong m’a dit : « T’as plein d’idées, tu anticipes les choses, passe me voir. » Son mari co-dirigeait l’agence de pub BETC, j’ai envoyé un courrier et j’ai bossé en tant que rédacteur. Je me suis fait des copains dans la partie digitale. Je leur ai expliqué que je commençais à collecter des nou-velles et que j’aurais bien aimé les mettre en ligne.

J’avais des textes de Yann Moix, de Jérôme Attal, de Régis Clinquart, de Foenkinos. Et ils m’ont fait un site. Fallait que je trouve un nom.

Alors pourquoi l’avoir appelé «  Bordel  », nom de

dieu ?

Parce qu’en tant que lupanar, c’est là où se réunis-saient deux écrivains que j’aime beaucoup : Drieu La Rochelle et Aragon. Ils n’arrivaient jamais vraiment à bander et quand l’un y arrivait il allait le dire à l’autre et le temps qu’il le lui dise, ben… il ne bandait plus. Ça me faisait marrer. Beigbe-der avait adoré le nom ; à l’époque, il est viré de Canal, va bosser chez Flammarion et me propose d’y faire ma revue. Et quand il est parti, j’ai préféré faire les choses de mon côté.

Il faut beaucoup d’argent ?

J’ai eu de la chance : ma grand-mère a toujours fait des petits boulots, elle avait mis de côté 10 000 euros et me les a donnés. C’est pas énorme mais avec ça, je tiens depuis plus de 5 ans en étant parti de rien.

Donc c’est possible…

Oui, si tu construis ta vie autour de ça. Je ne fais que ça. Pas d’enfants, pas de vie de couple.

Et c’est dur ?

Tu es tout le temps occupé : un suivi de texte, des

stephane million

28 — Nuit

bouquins à envoyer pour les salons, la relation avec les distributeurs… Par rapport aux gens qui pren-nent le premier RER pour aller bosser, c’est pas compliqué, mais c’est un ensemble. Et t’y penses tout le temps.

Et pour trouver des auteurs, tu fais comment ?

Via mon journal, à la base, et puis ça s’enchaîne.

Chez toi, c’est comme une petite famille, non ?

Oui. Et je découvre à peu près 5 nouveaux auteurs par an. Alors que concrètement, un premier roman, ça ne se vend pas. Parfois, certains partent. Denis Parent, par exemple, il vient de faire son 3ème livre chez Laffont. J’ai donné son manuscrit à l’éditrice. Après 2 livres chez moi, il fallait qu’il soit encore mieux défendu et qu’il bénéficie d’une force de frappe chez les libraires.

C’était de l’altruisme ?

Non, de l’amitié. Et l’intérêt d’un livre, c’est qu’il soit lu. C’est comme un joueur de foot : quand il est bien formé, il part pour aller au PSG. Moi je

suis Auxerre. Je suis le Guy Roux de l’édition mais avec un peu moins de ventre. Comme ça, il béné-ficie de meilleurs distributeurs. On peut se cacher derrière des discours pompeux, mais ce qui fait le livre c’est le distributeur.

Et comment tu trouves un distributeur ?

C’est lui qui te trouve. Le critère principal, c’est l’argent. Quand tu pars avec 10 000 euros, ton choix est limité. Si t’as 200 000 au départ, le dis-tributeur, tu l’as tout de suite.

Donc dans l’édition c’est comme partout ailleurs ?!

Oui ! Et le fils d’un éditeur, même s’il y connaît pas grand-chose, il devient éditeur. Et certains peuvent passer leur vie à vendre des mauvais bou-quins aux gens parce qu’ils ont un nom, un réseau ou parce qu’ils ont fait la même école que tous les chroniqueurs du Nouvel Obs.

Et les Prix ? Ça fait vendre ?

À part le Goncourt, non.

Il n’y aurait que dix auteurs qui vivent de leur œuvre

en France ?

Tu prends le classement du Figaro des dix meilleurs ventes de l’année, et voilà. Et la plupart gagnent plus grâce aux adaptations. Un écrivain à Paris, quand il passe du 50m2 au 150m2, c’est parce qu’il a vendu son roman au cinéma.

Tes auteurs font quoi à côté ?

Journaliste, serveuse dans un bar à soupes, paro-lier, metteur en scène…

S’ils bossent la journée, il écrivent la nuit ?

La plupart, oui. Et comme beaucoup, c’est là qu’ils sont le plus créatifs.

Pourquoi ?

Parce que la nuit est disponible. Et la nuit, TU es disponible.

Stéphane Million

“ je suis le guy

roux de l’édition, mais avec

un peu moins de ventre.”

29 — Nuit

Et tu dirais qu’un de tes auteurs est plus Parisien que

les autres ?

Y’a pas photo : Jérôme Attal. Il aime Paris.

Et toi ?

Je trouve la ville sale. Il faut qu’on arrête de faire les cons, le monde entier vient ici, mais de moins en moins. Et puis les touristes sont harcelés. Je fais des conférences en Chine tous les ans sur l’édition française, et on me demande pourquoi les Français n’aiment pas les Chinois…

Mais Paris reste un bon décor littéraire ?

Chaque quartier a une âme, une histoire. On est la ville du roman, on a le culte du romancier. On sacralise la culture, on considère que ça élève l’âme.

Si chaque quartier a une âme, lequel choisirais-tu ?

Montparnasse. Avec ses bordels des 20’s, ses peintres, ses musiciens, ses écrivains, ses mar-ginaux. Je ne l’aime pas trop aujourd’hui, mais ce quartier ça veut dire Hemingway, Miller, jusqu’aux trucs un peu chiants comme Duras et Sagan. Mais un quartier aujourd’hui, ça serait un quartier calme. Ou un cimetière.

Ah ben, le 15° alors ?

(rires). J’aime bien Montmartre. Maintenant j’ha-bite à Ternes, mais c’est pas de ma faute.

Et, comme Paris, la nuit est-elle un bon décor lit-

téraire ?

Paris a toujours été une ville de nuit pour les écrivains qui font avancer la littérature. Ceux qui sont à l’avant-garde, à l’écoute du monde, ils sont éveillés… la nuit. D’ailleurs, ils sont souvent simplement insomniaques. Et puis, Paris est plus jolie la nuit. Quand tu traverses le pont des Arts, malgré ces horribles cadenas, les bâtiments sont illuminés, visibles, magnifiés. Après, du point de vue de l’écriture, moi j’aime bien les écrivains qui bougent, qui marchent.

Les péripatéticiens ?

Voilà. L’écriture, c’est une pensée qui marche. Cioran était un grand coureur, par exemple. Et effectivement, quand tu traverses Paris la nuit en marchant, en rentrant, tu écris. T’es moins bous-culé, t’as pas de petits culs à mater, juste la ville. Et quand tu es bloqué sur une idée, tu te promènes et de retour, tu as ta solution.

Et « Paris, la nuit », ça te fait penser à un roman ?

Une déambulation d’Alain Leroy, dans Feu follet de Drieu La Rochelle ; un noctambule, héroïno-mane qui erre de bar en soirée. Roman avec cocaïne, d’Agueev. Et, évidemment, Ouvert la nuit de Paul Morand sur les mondanités du Paris des 50’s.

Pour finir, un message aux Parisiens ?

Pour en partir ?

Heu…

J’ai pas vraiment de message, je suis pas Miss France, je vais pas dire « je suis contre les détritus et les déjections canines ! ». Donc, je dirais que les meilleures pizza sont au Mama Shelter devant la Flèche d’Or, mais je sais pas si c’est un message, ça.

Pourquoi pas. Et qu’ils écrivent davantage ?

Ah non surtout pas.

Ah ben le voilà, ton message !

Ouais et il faut que je me dépêche, je vais rater la Nouvelle Star !

Stéphane Million

stephanemillionediteur.com

30 — Nuit

31 — Nuit

musique

La clique de Roman Rappak repasse à l’attaque,

forte d’une ambition redoublée et d’une maturité

à revendre. Un second album aux compositions

élaborées et aux arrangements surprenants, aux

accents furieux et désenchantés, entre new-wave

et électro-rock synthétique.

Vous vous êtes enfermés 7 mois à Berlin pour enre-

gistrer War Room Stories…

Dans ce bâtiment allemand, l’acoustique est dif-férente d’une salle à l’autre, certaines chansons sonnent mieux dans certaines pièces que dans d’autres ; on a fait beaucoup d’expériences sonores en jouant sur les particularités de chacune. Sur Brothers, j’ai enregistré les voix à 15 mètres du micro, alors qu’il pleuvait dehors, et l’idée était de capter toutes ces fautes, ces accidents, ces irrégu-larités, parce que c’est tellement facile aujourd’hui d’enregistrer dans des endroits sans aspérités, c’est même ce que les gens recherchent souvent, puisqu’on peut recréer après coup les effets vou-lus. Je ne veux pas tomber dans le discours qui dit « ah, à l’époque, il y avait tellement plus d’âme et de caractère dans les enregistrements », car à l’époque ils ont juste fait avec les outils qu’ils avaient. Et nous, les outils que nous avons, ce sont les laptops, le digital, la HD. Si tu as entre tes mains un outil qui n’existait pas il y a 10 ans, alors c’est important de l’utiliser, de le célébrer en exploitant ses limites. Et il faut le faire maintenant.

C’est toujours vexant pour un musicien d’être com-

paré à d’autres, mais on a beaucoup cité à votre

propos d’autres groupes, notamment Foals, dont

vous avez fait la 1re partie en France en 2013. Vois-tu

d’autres influences auxquelles personne n’a pensé à

vous rattacher ? Pour ma part, certaines des atmos-

phères de votre nouvel album m’ont fait penser à

Pulp, ce qui n’est pas peu dire.

J’aime des groupes comme Don Caballero, Battles, Dirty Three, qui ont aussi influencé Foals, je pense. C’est une question difficile, et je n’ai presque pas le droit de commenter, car chacun compare notre musique avec celle qu’il connaît, je ne peux pas dire que les gens ont tort ou raison. Mais la comparaison avec Pulp est un compliment énorme. À ce propos, il faut voir le documentaire de Jarvis Cocker Journeys Into The Outside où il rend hommage à des artistes hors-circuit qui pro-duisent une œuvre plus spontanée, moins soumise aux influences, et en ce sens plus proche de mou-vements comme le Surréalisme, où il n’est plus question de bullshit entre l’idée de l’artiste et l’in-terprétation qu’on en fait, où il est inadéquat de passer l’œuvre par le prisme de l’histoire de l’art, ou de la comparer à la production du moment…

Justement, le nom de ton groupe vient d’André

Breton, et tu viens d’évoquer le Surréalisme, et une

certaine spontanéité artistique. Est-ce là l’idée

principale de ta musique, cet élan indépendant qui

bretonT/ Paul Owen Briaud P/ Robin

32 — Nuit

consiste à exprimer quelque chose d’irréfléchi,

d’inattendu ?

L’idée de créer quelque chose à partir de son sub-conscient est intéressante, mais si ce n’est que pour cracher quelque chose de paresseux et d’informe, sans effort, ça ne m’intéresse pas. D’autant qu’on se frotte à un format codifié ; on fait 11 chan-sons de 4 minutes environ, c’est quelque chose d’on ne peut plus archaïque. Alors à l’intérieur de ce cadre, on essaie d’exprimer quelque chose de nouveau, d’user de collages sonores, d’utiliser les contraintes comme un outil pour briser certaines conventions, conceptualiser l’exercice sans pour autant que ce soit du John Cage. Un gosse de 15 ans pourra bloquer sur un morceau, apprécier sa forme même sans en déceler toutes les subtilités, en même temps qu’il y a des complexités qu’un musicien aguerri pourra intellectualiser. Et le pre-mier trouvera de quoi nourrir son éducation musi-cale, tandis que le second se surprendra peut-être à simplement accrocher au refrain.

Tu parlais d’isolement pendant l’enregistrement  ;

est-ce que la vie d’artiste est dans son ensemble un

engagement pour un mode de vie alternatif, noc-

turne, marginal ?

Oui, c’est un sacerdoce. C’est à la fois un privi-lège, car on n’a pas à obéir aux règles de la société, mais c’est aussi une malédiction, parce qu’on ne sait pas ce que c’est que d’avoir une interaction normale avec le monde. On peut choisir de ne fréquenter que les autres artistes, mais ils sont toujours déconnectés de la réalité ! La nuit, son intensité, m’a toujours amené à des niveaux de créativité inégalés, sans doute aussi pour la simple raison que le reste du monde dort. L’idée de se cacher pour produire quelque chose d’artistique va de pair avec l’isolement, le détachement que l’on trouve dans la nuit. C’est une chose très noble que de se lever tous les jours pour travailler, c’est là la pulsation vitale qui anime la société, mais c’est dans son contre-pouls qu’on puise souvent l’élan créatif.

Paris est encore la ville la plus excitante de France

pour un groupe en tournée ?

Paris est très différente selon qu’on la visite pour un concert ou comme un touriste lambda. On a eu de longues conversations avec le groupe sur ce qui fait une grande ville ; on peut vivre des moments magiques dans une petite bourgade allemande comme on peut jouer à New York et passer une soirée pourrie. C’est difficile de donner des carac-téristiques à un lieu, puisque ça résulte avant tout de milliers d’histoires qui se fondent en une seule, pour un résultat différent à chaque fois.

Ok, c’est une réponse intelligente.

Diplomate, en tout cas !

Breton – War Room Stories Believe

En concert le 6 mars à la Cigalle

Breton

“la nuit m’a toujours

amené à des

niveaux de créativité inégalés.”

33 — Nuit

34 — Nuit

35 — Nuit

fatandfuriousburger.com

36 — Nuit

métiers de l’ombre

T/ Paul Owen Briaud P/ Charles Sabourin www.monomanies.com

Flashman quand la ville dort. Reporter frais émoulu

quand il n’y a plus âme qui vive, casqué, ganté, et

tout de noir vêtu, il reste sur le qui-vive pour tra-

quer le scoop qui tue. Si l’actualité l’exige, le café

du soir moulu, il sort manger son pain noir pour que

sa carrière évolue. Son taf est souvent bâtard, ses

horaires sont mal foutus, mais chacun paie tôt ou

tard pour la vie qu’il a voulu.

Jeune journaliste, c’est comme pompier volon-taire, on t’appelle à la rescousse à n’importe quelle heure de la nuit, mais en fait de gros camion rouge, tu files sur les lieux du sinistre sur ton scoo-ter pourri, et tu peux courir encore quelques kilo-mètres pour qu’on te rembourse l’essence. « À part quelques stages, je n’avais jamais tâté le terrain, et à peine diplômé, on m’a fait faire le taf dont personne ne veut : flasheur de nuit », comprendre perma-nence nocturne dans les rédactions désertes, prêt à accourir à la moindre breaking news.

« J’enchaîne les CDD, ça peut être pépère à Paris ou planqué dans un hôtel à 500 km de chez moi. Je ne sais jamais de quoi demain sera fait. » Des veillées interminables où on attend le branle-bas de com-bat pour ramener à tombeau ouvert des images ou des interviews qu’on monte dans la foulée. Puis on rentre pioncer, tout le jour durant. « Parfois, je m’endors au guidon en rentrant de reportage. »

Les anciens lui font miroiter le coup de bol. « Je connais un gars qui était d’astreinte la nuit vers Tou-louse pour une chaîne de télé régionale. » Il ne se pas-sait rien, et boum, l’affaire Merah éclate. « Il avait gagné le gros lot. » Mais même dans ce genre de circonstances exceptionnelles, il reste quasiment impossible de tirer son épingle du jeu. « Les flics délimitent un périmètre de sécurité, nous attribuent deux ou trois spots, et on se retrouve parqués à filmer des cordons de police au lieu de l’événement lui-même. »

Il est rare, cependant, d’avoir affaire à des sujets aussi lourds. Alors pour pimenter l’exercice, par-fois, on s’amuse un peu. « Je me donne un défi à chaque fois que je pars bosser à la radio. Vu qu’en ce moment c’est moi qui rédige et qui lis les flashs info de la nuit et du petit matin sur une grande station, je demande à mes amis de me donner des mots que je m’efforce ensuite de placer à l ’antenne. C’est mar-rant. Plus ou moins discret. Évidemment, si tu me demandes de caler “sodomie”… »

Et cette nuit ? « Je sors de chez un pote qui organise un ciné-club. Ce soir, on a regardé Permanent Vaca-tion. Je dois placer “vacances permanentes”, ça va être coton. » Coup de bol : cette nuit, une usine a fermé. Il a ainsi pu déclarer en douce à l’antenne qu’une centaine d’ouvriers allaient bientôt pouvoir prendre des vacances permanentes. Ouf, mission accomplie… À quelque chose, malheur est bon.

ni vu,ni connu

37 — Nuit

38 — Nuit

SNTWN Opening Weather Festival à la Machine du Moulin Rouge

39 — Nuit

nightivisme

Polymorphe, le collectif Sonotown a su en quelques

années diversifier ses activités nocturnes et post-

nocturnes. Ses deux fondateurs Julien et Marc jon-

glent ainsi habilement entre leur boîte de prod’, leur

agence de com’, la direction artistique d’un club et

l’organisation d’afters baptisée 75021. On vous ras-

sure, diversité ne rime pas avec perte de qualité. La

preuve.

Comment êtes-vous passés d’un média à la direc-

tion artistique (en association avec Sinny & Ooko) de

la Machine du Moulin Rouge ?

Julien : Nous organisions en parallèle de la rédac-tion du webzine des soirées estampillées SNTWN dans des lieux atypiques. Nos plateaux n’étaient pas franchement les bienvenus dans les clubs pari-siens. C’était la grande époque de la minimale quand nous proposions des sonorités techno plus dures. Un jour on s’est retrouvés à la Machine parce qu’on s’était faits planter par une salle. On s’est très bien entendus avec l’équipe qu’on a fina-lement intégrée un an plus tard.Marc : Avec Yoann des Souk Machine, on s’oc-cupe également des 75021 qui sont le pendant « indé » du collectif. Nos premières soirées Sono-town avaient lieu au 6B. En arrivant à la Machine, on s’est mis à faire jouer des Omar S, des Blawan. On misait essentiellement sur des producteurs anglais, canadiens ou américains tout en regret-tant de négliger la scène nationale. On a donc eu

l’idée de prendre le contre-pied de Sonotown et de faire du français dans un lieu original.

Qui sont aujourd’hui vos concurrents ?

J : Tout dépend sur quel plan on se place. Concernant nos soirées à la Machine, la concurrence c’est évi-demment le Rex ou le Showcase. Mais par rapport à Sonotown, je pense que nous sommes les plus gros promoteurs actuellement sur notre segment.M : Concernant 75021 on peut dire qu’on est vraiment concurrents de la Concrete. On ne ferait jamais d’événements en même temps qu’eux. J : Pour ce qui est des collectifs, le plus proche serait peut être BP (Berlinons Paris). Mais on trouve ça un peu ridicule de vouloir recréer un Berlin à Paris. On n’est pas dans le fantasme de mettre un Berghain à la place de Notre-Dame. Berlin, ça reste une référence comme Londres ou New York. Nous, on serait plus dans l’optique de faire vivre Paris à travers une scène et des lieux, même si on s’inspire d’autres capitales.

Avec qui rêveriez-vous de bosser ?

J : On a pas mal d’idées de projets. On aimerait notamment monter des partenariats avec des pro-moteurs d’autres villes pour essayer de faire des trucs ailleurs en Europe. Mais ce sont des projets assez longs à mettre en place. L’idée restant de dif-fuser la scène française et tous ses artistes cloîtrés entre Rennes, Lyon, Bordeaux et Paris au mieux.

sonotownT/ Loraine Dion P/ Jacob Khrist

40 — Nuit

Quels sont les enjeux de la nouvelle scène actuel-

lement ?

J : Ce serait d’arriver à fédérer suffisamment de monde autour de projets cohérents pour qu’ils soient visibles à l’étranger et qu’on puisse iden-tifier des artistes d’ici. L’idée est de faire com-prendre que notre scène ne se borne pas à Justice ou Daft Punk. Il faut tenter d’intégrer la musique électronique française à un tissu européen et sortir de ce particularisme french touch pourri.

Les volontés affirmées des autres collectifs sont

de s’affranchir des contraintes imposées par les

grosses institutions comme le Rex ou autres Social

club. Votre activité de DA à la Machine n’est-elle pas

en ce sens dissonante ? 

J : Je pense que si demain on donne les clefs de la Machine à n’importe lequel de ces collectifs, ils iront en courant. Quand on arrive a réunir des plateaux de 4/5 noms à la Machine avec des lives jamais vus, on est juste fiers.

Comment avez-vous vécu le passage de l’under-

ground à des circuits traditionnels ?

J : On n’a pas vraiment subi un changement radi-cal, il s’agissait plus d’une suite logique. On a plu-tôt gagné en liberté. Maintenant qu’on s’occupe de la Machine, on est pris au sérieux et respectés. Même artistiquement, depuis qu’on dispose d’un vrai budget, on a davantage les moyens de se faire plaisir.

En vous associant à la DA de la Machine, vous n’avez

pas peur de retomber dans les travers de la nuit

parisienne ?

J : Non car avec 75021 on a la double casquette. Personne ne peut nous accuser de ne faire que du club, parce qu’on fait aussi du Warehouse à Saint-Denis à 10 balles la place et 4 balles le demi.M : Après, je sais que Julien, c’était pas trop sa tasse de thé le circuit club mais moi, j’en ai beau-coup fréquentés et j’aime toujours ça.

Sonotown

“il faut tenter

d’intégrer la musique

élec-tronique

française à un tissu européen et sortir

de ce parti-cularisme

french touch

pourri.”

41 — Nuit

Sonotown

Anne Hidalgo qui propose un maire adjoint de la

nuit, NKM qui soumet l’idée d’un métro jusqu’à 2h…

Que pensez-vous de la gestion politique des pro-

blèmes de la nuit ?

J : Les métros c’est une moindre mesure selon nous. Le maire de la nuit c’est une connerie, per-sonne ne sait qui c’est (Leon R. ndlr) ! J’ai lu rapi-dement une interview de lui dans laquelle il faisait allusion aux fêtards. Ça décrédibilise d’emblée son discours. La nuit ne se résume pas à la fête, c’est aussi et surtout un autre pan de la vie culturelle.M : Le problème, c’est qu’on a donné raison à l’immobilier et aux voisins. On a tenté de palier à ça en faisant des quartiers festifs comme Ober-kampf. Résultat, c’est devenu en peu de temps la rue de la soif où tout le monde se fout sur la gueule à 2 h du mat’.J : Il faudrait entamer un vrai discours avec les pouvoirs publics sur la gestion du bruit, du voi-sinage. Un début de solution pourrait aussi passer par l’ouverture de lieux culturels subventionnés pour qu’on puisse produire des événements sans encombres.

Vous considérez-vous comme des activistes de la

nuit ? J : En tout cas on est engagés et on donne de notre personne ! On est activistes de la musique c’est sûr, de la nuit… c’est un peu dérisoire comme combat. Alors oui ça nous touche, mais ce n’est pas le cœur de notre activité. Avec 75021, on essaie de prôner le Grand Paris. On est militants dans le sens où on fait gaffe à notre offre, à l’accueil des gens, aux prix qu’on propose et à avoir une sécu et des barmans sympas.

Comment envisagez-vous l’embourgeoisement du

public techno ?

J : Je pense qu’au 6B la population est assez mixte. On n’a pas le public du Showcase par exemple. Après, effectivement, c’est une musique qui touche un certain public, on en a conscience. Mais

quand t’as un artiste qui cachetonne à 5000 euros le live, t’es obligé de pratiquer des prix d’entrée comme ceux de la Machine pour rentabiliser ta soirée.M : Oui, ce type de soirées attire un public qui a les moyens. Il y a aussi un engouement lié à une mode. Ce genre d’événements parle plus à des jeunes avec un peu d’argent qui ont Facebook et qui sont lookés. Mais je doute qu’on puisse atti-rer un ouvrier en lui proposant un live de Zadig, même en allant le chercher.

Du coup, que faites-vous en termes de médiation ?

M : On n’est pas encore arrivés à ce type de démarches. C’est un peu compliqué d’aller frapper à la porte d’une institution et de lui dire « salut, on fait un événement de 7h à minuit avec de la techno ». On souffre un peu de ça aussi. Le discours est vite décrédibilisé par le type de musique qu’on pro-pose. On est convaincus qu’il est important de diffuser cette musique et on a envie de s’inscrire dans cette démarche en faisant découvrir des trucs un peu plus musicaux et complexes que les merdes qu’on balance à la radio.J : Après, si démocratiser ça veut dire faire la techno parade, non merci. C’est facile de vouloir faire bouger les choses avec des appuis politiques dans tous les sens. Les mecs de technopole refu-sent que les petits viennent faire entendre leurs voix. Ils pompent toutes les subventions sans aider la cause. Avec les thunes ils font quoi, des gros chars avec des champignons et de la hardtek ?

SNTWN Présente HEMLOCK w/ UNTOLD (Live),

MOUNT KIMBIE (DJ Set), JOE, RANDOMER

Le 22 février à la Machine du Moulin Rouge

www.sntwn.fr

42 — Nuit

cocktail

Sacré coup de pot que ce soit dans les plus vieux

qu’on fasse les meilleures soupes. Et votre serviteur

s’y connaît, aussi bien en vieux pots qu’en meilleures

soupes. C’est pourquoi ce mois-ci, c’est le légen-

daire cercueil de la prohibition qui est à l’honneur,

le breuvage qui a rendu ses lettres de noblesse au

Kentucky, bien au-delà du succès du Colonel San-

ders au nord de Paris, j’ai nommé le Old Fashioned.

Eh oui, encore une boisson de redneck, mais on ne se refait pas. Cercueil de la prohibition, men-tionnais-je plus tôt avant de vous gratifier de ma première blague de mauvais goût de l’an-née. Tout simplement parce que durant cette période, les lieux de distillation des alcools frela-tés changeaient régulièrement. En conséquence, l’irrégularité et surtout l’abjection manifeste de la plupart des gnôles proposées poussaient les barmen à « arranger » leurs boissons avec les agrumes, épices et autres ingrédients au gré de leur approvisionnement. Mais si ce fourre-tout convient naturellement de par son concept à la génération d’Al Capone, son origine remonte à un petit peu plus loin, dans le « Good ol’ Ken-tucky » d’In Constant Sorrow. La légende attribue ce mélange à James E. Pepper – dont on sait qu’il n’était pas sergent mais colonel – qui appartient à une longue lignée de producteurs de whiskys « rye » et bourbon. Enfin plus exactement au barman Martin Cuneo du Pendennis Club de

Louisville à la demande de Pepper dans la deu-xième moitié du XIXème. Il est de mon devoir de vous avertir, si vous effleurez l’idée de préparer le Old Fashioned avec autre chose qu’un whisky « rye » (dominante de seigle), un bourbon améri-cain ou un rhum des Caraïbes, vous encourez une humiliation digne du final de Carrie au milieu de votre rade. Par exemple, si vous le demandez avec du scotch, n’importe quel barman digne de ce nom vous le servira avec du gaffer au fond du verre. Et ce n’est pas moi qui le dis, j’ai des amis barmen de clubs huppés qui ont déjà dans les caves de leur établissement quelques corps sans vie de types qui se sont risqués à leurs deman-der ce genre d’aberrations. Résumons donc la préparation de ce cocktail dans la forme sous laquelle on le connaît plus généralement de nos jours : versez dans un verre eau, sucre, bitter (le trio séculaire des cocktails) et les zestes d’orange que vous pouvez exprimer à l’aide d’un pilon. Ajoutez les glaçons ainsi que l’alcool et remuez avec une cuiller à mélange. Enfin, déposez une ou deux cerises au marasquin. Ma touche favo-rite consiste à remplacer le sucre par du sirop d’érable, pas parce que c’est meilleur mais parce que c’est plus pertinent quand on en renverse sur sa chemise à carreaux. Le mois prochain, je vous expliquerai comment siphonner l’essence de tracteur pour en faire du whisky.

old fashioned

T/ Vincent Kreyder P/ Gaëlle Lepetit

43 — Nuit

44 — Nuit44 — Nuit

45 — Nuit45 — Nuit

Bonbon Party - 03/01/14 - Divan du monde Photos : Margaux Bezault

46 — Nuit

Pharmacies de garde

84, av. des Champs-Élysées - 8e

≥ 01 45 62 02 41

6, place de Clichy - 9e

≥ 01 48 74 65 18

6, place Félix-Éboué - 12e

≥ 01 43 43 19 03

Livraison médicaments 24/24

≥ 01 42 42 42 50

Urgences

SOS dépression

≥ 08 92 70 12 38

Urgences psychiatrie

Se déplace sur région parisienne

≥ 01 40 47 04 47

Drogue, alcool, tabac info service

≥ 08 00 23 13 13 / 01 70 23 13 13

Livraison sextoys

Commande en ligne

www.sweet-delivery.fr

≥ 7/7 — jusqu'à 6h

Livraison alcool + food

Nemo 01 47 03 33 84

≥ 7/7 — jusqu'à 6h

Faim de Nuit 01 43 44 04 88

≥ 7/7 — jusqu'à 7h

Allô Hector 01 43 07 70 70

≥ 7/7 — jusqu'à 6h

Apéritissimo 01 48 74 34 66

≥ 7/7 — jusqu'à 4h

Allô Glaçons

01 46 75 05 05 ≥ 7/7 — 24/24

Épiceries

L'Épicerie de nuit

35, rue Claude-Bernard - 5e

≥ vendredi et samedi jusqu'à 3h30

Épicerie Shell

6, boulevard Raspail - 7e

≥ 7/7 — 24/24

Minimarket fruits et légumes

11, boulevard de Clichy - 9e

≥ 7/7 — jusqu'à 7h

Alimentation 8 à Huit

151, rue de la Convention - 15e

≥ 7/7 — 24/24

Supérette 77

77, boulevard Barbès - 18e

≥ mardi au dimanche jusqu'à 5h

Resto

L’Endroit, 67, place du Docteur-

Félix-Lobligeois 17e 01 42 29 50 00

≥ tlj de 11h à 1h, jeudi, vendredi,

samedi de 10h à 5h

Tabac

Tabac du Châtelet

4, rue Saint-Denis - 1er

≥ 7/7 — jusqu'à 3h

Tabac Saint-Paul

127, rue Saint-Antoine - 4e

≥ 7/7 — jusqu'à minuit

Le Pigalle

22, boulevard de Clichy - 18e

≥ vendredi et samedi jusqu'à 5h

Poste de nuit

52, rue du Louvre - 1er M° Louvre-

Rivoli / Étienne-Marcel

Boulangeries

Snac Time

97, boulevard Saint-Germain - 6e

≥ 7/7 — 24/24

Boulangerie-pâtisserie

99, avenue de Clichy - 17e

≥ 7/7 — 24/24

Chez Tina

1, rue Lepic - 18e

≥j jusqu'à 4h30 / v≥s jusqu'à 7h

Boulangerie Salem

20, boulevard de Clichy - 18e

≥ 7/7 — 24/24

Fleuristes

Chez Violette, au Pot de fer fleuri

78, rue Monge - 5e

≥ 01 45 35 17 42

Relais Fleury

114, rue Caulaincourt - 18e

≥ 01 46 06 63 97

Carwash

Paris Autolavage 7/7 — 24/24

Porte de Clichy - 17e

Shopping

Virgin Megastore

52, av. des Champs-Élysées - 8e

≥ jusqu'à minuit

Librairie Boulinier

20, boulevard Saint-Michel - 6e

≥ jusqu'à 00h, m≥j jusqu'à 23h

Kiosques à journaux 24/24

38, av. des Champs-Élysées - 8e

16, boulevard de la Madeleine - 8e

2, boulevard Montmartre - 9e

Place de Clichy - 18e

Internet 24/24

53, rue de la Harpe - 5e

≥ 01 44 07 38 89

20, rue du Fb Saint-Antoine - 12e

≥ 01 43 40 03 00

Envoyez-nous vos bons plans

ouverts la nuit : [email protected]

Ouvert toute la nuit !

trousse de secours

47 — Nuit

la playlist du mois

Fraîchement signé sur le label

Her Majesty’s Ship, La Mverte

navigue avec aisance entre

synth-wave érogène et italo disco

en clair-obscur. Sur son premier

EP Though The Circles (sorti ce

mois-ci), il accomplit un voyage

initiatique au parfum dantesque

accompagné de ses proches Yan

Wagner et Acid Washed.

soundcloud.com/la-mverte

hmsrecords.tumblr.com

lamverte

P/ Marie Athénaïs

Chacha Guitry - Totems & tabous (Serendip / White)

Un petit bijou de synth-pop à la française, récemment excavé par Serendip. La rumeur d’une version officielle se répand comme une trainée de poudre ces derniers temps.

Cabaret Voltaire - Crackdown (Virgin)

Un de mes morceaux préférés du groupe de Sheffield. Groove, tex-tures, construction, atmosphère - tout y est !

Saâda Bonaire - You Could Be More As You Are (EMI Electrola)

Incroyable morceau, entre disco, new wave et influences orientales. Heureusement ré-édité en 2013, ce morceau était presque passé ina-perçu à l’époque. Tant pis pour eux, tant mieux pour nous.

Vam Cyborg - Actos de Maldad (Damitor)

Petite perle de synth-pop espagnole. La ligne de basse est mortelle, et le morceau tout pareil.

Yello - You Gotta Say Yes To Another Excess (Vertigo)

Un des nombreux cartons de Yello, énorme morceau et classique personnel.

Paul Nova - Trees Without Leaves (Vinyl on demand)

Un beau morceau de synth-pop / minimal avec des couplets, des refrains et des textures bizarres, parfois sous hélium.

Tubeway Army - Me! I Disconnect From You (Beggars Banquet)

Gary Numan et son groupe pour un morceau que j’adore, sur un album (Replicas) incontournable.

S.R. Krebs - She Like (Her Majesty’s Ship)

Le premier single de Sarah sur la maison mère. Un petit tube cold pop dont on ne se lasse pas.

Brenda Ray - D’Ya Hear Me! (EM Records)

Entre post-punk, new wave et dub, un disque définitivement « left-field » mais qui s’écoute comme un petit bonbon sonore.

X-Ray Pop - La machine à rêver (MB5)

Un morceau culte de ce groupe français qui l’est tout autant. Un peu plus de deux minutes de curiosité naïve et pop, imparable.

48 — Nuit

agenda

La sélection de ParisLaNuit.fr

Vendredi 07/02 23H Le Wanderlust Gratuit / 10 €

après minuit

> La Klepto : Arnaud Rebotini • Nicol • Marion • Azf

& Parfait

Samedi 08/02 23H30 Le Zig Zag 15 €

> A Night With… Kerri Chandler • Voyeur & Stephan

Samedi 08/02 23H55 Le Rex Club 12 €

> Closer : My Favorite Robot & Chloe

Vendredi 07/02 20H Le Bataclan 23 €

> Fauve

Mercredi 05/02 23H Le Social Club 13 €

> Walking Machine : Kaytranada • 123mrk • Art Of

Shades • Hamilton • Erös

Dimanche 09/02 23H55 Le Rex Club 16 €

> Klockworks : Ben Klock • Etapp Kyle • Behzad &

Amarou

Jeudi 13/02 19H30 Le Trabendo 20 €

> Fireworks! Festival: Tunng & Barbarossa

Jeudi 13/02 23H30 Le Rex Club 10 €

> Les Disques De La Mort : Daniel Avery B2b Ivan

Smagghe • Margot Live

Vendredi 14/02 19H30 Le Nouveau Casino 17 €

> Fireworks ! Festival: Crystal Antlers & Guest

Vendredi 14/02 23H30 Le Zig Zag 15 €

> Form : Dusty Kid Live • Julian Jeweil Live • Noob •

Soliman

Vendredi 14/02 23H30 Le Rex Club 12 €

> Mini Rendez Vous: Matador • Hobo • Kristofo

Samedi 15/02 23H Le Social 13 €

> Zone : Dopplereffekt • Djedjotronic • The Hacker

Dimanche 16/02 19H30 Machine du Moulin Rouge 20 €

> Dead Prez

Lundi 17/02 19H30 Le Nouveau Casino 16 €

> Fireworks ! Festival : Isaac Delusion & Ages And

Ages

Lundi 17/02 22h La Machine du Moulin Rouge 15 €

> Modeselektor and friends

Mardi 18/02 19H30 Le Trianon 33 €

> Moderat

Vendredi 21/02 19H30 Le Trabendo 19 €

> Fireworks ! Festival: Yuck • Childhood •Thumpers •

Speedy Ortiz

Dimanche 23/02 19H30 Le Trabendo 18 €

> Fireworks ! Festival: Of Montreal & Calvin Love

Mardi 25/02 20H Bercy 55 €

> Drake

Vendredi 28/02 23H30 Le Zig Zag 15 €

> Magie Noire : Motor City Drum Ensemble

Samedi 01/03 19H30 Le Bataclan 30 €

> Danny Brown

Samedi 01/03 23H La Machine du Moulin Rouge 15 €

> Embrace : Shlohmo • Kastle • Henri Krinkle •

Crayon

Dimanche 02/03 20H Le Point Ephémère 18 €

> Belleruche & Guest

Vendredi 07/03 23H Le Divan du Monde Gratuit

> Mars Attacks party : Surprise all night long et

déguisement de rigueur

Envoyer votre prog à : [email protected]