Upload
le-bonbon-nuit
View
248
Download
8
Embed Size (px)
DESCRIPTION
Quentin Dupieux, Ivan Smagghe, Dillon, D.A.F , The Fesse, Camille Cottin, Ouvert la Nuit, After au salon de l’agriculture, Fille 2.0 Joie, Claire Gross, Piña Colada , Divan du Monde, Max Cooper, ParisLaNuit.fr
Citation preview
Mars 2014 - n° 40 - lebonbon.fr
Nuit
le divan du monde
pedro summer
ricardo villabolosdaniel laverie
paul kalkbranleur
cassuce
laurent grenierdavid ketaguy mojito
vendredi 4 avril 2014f o r o n e n i g h t o n l y
10€ sur digitick / 15€ sur place
l e b o n b o n p r é s e n t e
1 — Nuit
édito
Février 2014
Rédacteur en chef — Michaël Pécot-Kleiner [email protected] | Directeur artistique — Tom Gordonovitch [email protected]
Directeur de la publication — Jacques de la Chaise | Photo couverture — Ivan Smagghe par Nicola Delorme
Secrétaires de rédaction — Louis Haeffner & Justine Knapp | Régie publicitaire — [email protected]
06 33 54 65 95 Contactez-nous — [email protected] | Siret — 510 580 301 00032 | Siège social — 12, rue
Lamartine Paris 9e - Merci à Louison et à toute l’équipe du Bonbon pour son aide pour l’after au Salon
Ce matin c’était plutôt cool, un écureuil m’a réveillé en me léchant le museau. Cette nuit, mes amis les sangliers n’ont pas fait trop de bruit, j’ai presque dormi à poings fermés dans ma petite cabane dans les bois de Vincennes. Depuis quelques temps déjà, mon alimenta-tion est bio et équilibrée, en effet, je ne mange plus que des baies et des racines. Mais comment j’en suis venu là déjà ? Ah oui, je me suis fait foutre dehors par ma femme. Mec, c’est bien beau de se mettre toujours à l’ouest, de faire le gars de la nuit, celui qui sort tout le temps, qui gratte des verres partout, qui fait des afters de déglingo, qui parle à n’en plus finir… Ouais, ça sonne bien sur le papier, c’est rock’n’roll, mais tu sais quoi, le retour de bâton, que dis-je, de batte de base-ball en béton armé, est nettement moins drôle.Le revers de la médaille mec, le revers de la médaille. À force de rentrer à point d’heure, de cocastiner (pertinence du néo-logime, hein), ben la corde, elle a pété. Elle m’a dit de prendre mes affaires et d’aller voir ailleurs. Pour te dire la vérité, là, je fais moins le mariolle, j’commence à en avoir plein le cul de mon trip « Nature et Découverte ». Plein le cul de ma cabane pourrie, des sangliers, des baies et des racines, j’me gèle les miches et j’ai tellement la dalle que je pourrais me farcir ce maudit écureuil en brochette.
Promis chérie, sur l’écran trouble de mes nuits foireuses, j’te ferai plus mon cinéma.
Putain d’écureuil.
MPKRédacteur en chef
© J
acob
Khr
ist
3 — Nuit
sommaire
Le Bonbon Nuit
cinéma
à la une
musique
cinéma
musique
tumblr
les nuits de
radio
gonzo
métier de l’ombre
illustration
cocktail
snapshots
playlist
agenda
p. 7
p. 11
p. 15
p. 18
p. 21
p. 24
p. 27
p. 31
p. 35
p. 38
p. 41
p. 42
p. 44
p. 47
p. 48
Quentin Dupieux
Ivan Smagghe
Dillon
Y’a quoi au ciné ?
D.A.F
The Fesse
Camille Cottin
Ouvert la Nuit
After au salon de l’agriculture
Fille 2.0 Joie
Claire Gross
Piña Colada
Divan du Monde
Max Cooper
ParisLaNuit.fr
5 — Nuit
agenda
Les événements à ne pas manquer
On ira clubber ici
Dj depuis 1992, D’julz est reconnu et respecté. Pilier
de la musique techno, ambassadeur du Rex Club, il
est très suivi par les amateurs de musique électro-
nique français. Cette année est un peu spéciale pour
lui puisqu’il fête les 4 ans de son label Bass Culture
Records.
Samedi 15 mars au Badaboum
2 bis, rue des Taillandiers 75011
Savages en concert
De Louis-Ferdinand Céline à Black Sabbath en pas-
sant par John Cassavetes, ce tout nouveau quatuor
féminin originaire de Londres est composé de quatre
filles (dont Jehnny Beth de John & Jehn) qui mélan-
gent leurs influences pour produire un post-punk
noir et viscéral.
Vendredi 21 mars à La Gaîté Lyrique
3 bis, rue Papin 75003
DR
/ D
R/
Thom
as S
mit
h /
DR
Robert Mapplethorpe
Au-delà de la puissance érotique qui fait la célé-
brité de l’œuvre de Mapplethorpe, l’exposition pré-
sente la dimension classique du travail de l’artiste et
sa recherche de la perfection esthétique, à travers
plus de 200 images qui couvrent toute sa carrière du
début des années 1970 à sa mort précoce en 1989.
À partir du 26 mars au Grand Palais
3, avenue du Général-Eisenhower 75008
On remettra une couche à la Suol Label Night
Suol, c’est le label créé par Fritz Kalkbrenner en
2009 et qui n’a, depuis, cessé de surprendre les
dancefloors par son mélange de musicalité délicate
et de sexyness joyeuse. Au programme de cette soi-
rée deep et organique : Daniel Bortz, Till Von Sein,
Chopstick & Johnjon.
Samedi 22 mars au Zig-Zag
32, rue Marbeuf 75008
6 — Nuit
7 — Nuit
cinéma
T/ MPK P/ Photomaton
Tiens, prends-en une bonne taf’, c’est du Wrong
Cops de Quentin Dupieux, ça te fera du bien, ça
te changera de la camelote française bourrée de
soft névrose qu’on te refourgue d’habitude. Ça te
plaît ? Ouais ? Tu voudrais savoir si derrière ce côté
« film-à-la-con-et-what-the-fuckesque » il y a une
ironie supra-intello qui se cache quelque part ? Si
Dupieux se branle plus le cerveau qu’il ne le laisse
entendre ? Si son discours foutraque de la méthode
camoufle une éthique de l’apprentissage ? Reprends
une bouffée et lis cette interview.
Je suis sûr qu’en interview, plein de gens te posent
des questions qui te cassent les couilles. Genre,
alors ce film, c’est le film de la maturité ?
Ben non, pour moi, c’est l’inverse en fait, parce que le film de la maturité, il est déjà fait et il sor-tira prochainement, il s’appelle Realité et Alain Chabat y tient le rôle principal. C’est la première fois que je travaille autant, le film est calme, il est intelligent, profond. Les journalistes me diront que c’est le film de la maturité, mais je les emmerde parce que dire ça, ça me fait penser à la fin de ma carrière. Wrong Cops, c’est l’inverse, j’ai essayé de me rapprocher de mon enfance, de prendre des décisions sans réfléchir, de faire de la pure création sans le mental, sans essayer de paraître. Pour moi, Wrong Cops, c’est quasiment l’un de mes meilleurs tournages. C’est un moment inouï, j’assume com-
plètement d’avoir écrit un script en trois semaines, j’assume le côté série B vite fait, et ça donne ce truc, un objet assez pur. Brut.
Dans un des trailers VOST de ton film, le personnage
joué par Marylin Manson prononce la phrase : « Ok,
so this is not a movie. » Difficile de ne pas y voir une
référence directe à ton premier film, Nonfilm, jus-
tement, non ?
Je dirais que c’est plutôt une référence globale à tout mon travail au cinéma puisque je ne fais pas sérieusement ce que l’on appelle des films. Après, ça devient des films parce qu’on les regarde dans des salles. Wrong Cops est mon cinquième film, et que ce soit dans la construction ou la mise en scène, c’est mon film le plus amateur. Je fais de moins en moins du cinéma en fait, j’ai l’impres-sion de m’éloigner de ça. Moi, c’est ça qui m’ex-cite, j’ai envie de dévier sur des espèces de bretelles un peu malsaines, des zones inconnues…
Pourquoi décides-tu d’appliquer ce non-protocole
de travail, qui en est pourtant un ?
C’est parce que je suis un autodidacte. J’ai tou-jours tout appris tout seul, en faisant, et en faisant mal. Tous mes débuts sont catastrophiques, j’ai fait des courts métrages à 15 ans, ils étaient super nuls. Lentement, t’apprends des trucs, tu tournes autour du pot. Je pense que j’ai gardé ce mode de pensée.
quentindupieux
“j’assume complètement d’avoir écrit un script en trois semaines”
8 — Nuit
Finalement tu as une démarche punk, do it your-
self… Non pas punk, le punk, ça me déprime. Je vais prendre l’exemple de la musique pour que tu com-prennes ma démarche. Ce que j’ai appris en 15 ans, ce que j’ai compris du fonctionnement de la musique, les harmoniques, toutes ces conneries-là, j’aurais pu l’apprendre en un quart d’heure avec un bon prof. Tout seul, ça m’a pris 15 ans, mais du coup, quand tu l’apprends toi-même, d’une cer-taine façon, tu le fabriques. Ce n’est pas un savoir que l’on t’a transmis, c’est un truc que tu as com-pris, et donc qui t’appartient. Pour moi, ce genre de logique, ça permet de faire des trucs plus perso et moins standards. C’est pareil pour le cinéma, en fait. À chaque plan, je comprends des nouvelles choses.
Depuis Steak, il est jouissif de voir à quel point tu
donnes des rôles à contre-emploi à tes person-
nages… Ça a été un kif pour toi de péter l’image de
Marylin Manson, de le transformer en kid attardé à
casquette ?
Non pas vraiment. Entre nous, Marilyn Man-son est plus proche dans le film de ce qu’il est réellement. Son personnage de scène, c’est une composition, et moi le mec que j’ai rencontré, il ressemblait au mec que j’ai filmé. Et puis je ne connais pas bien sa carrière, moi j’ai rencontré un bonhomme.
Le film met en scène des flics totalement transgres-
sifs. De quoi sont-ils la traduction symbolique ?
Écoute, pour moi, c’est même pas des flics, c’est-à-dire que cet uniforme est une sorte de gadget. Honnêtement, j’aurais pu faire le film avec des docteurs, il n’y a aucun symbole dans mon esprit. Ce n’est même pas un film de flics : si tu regardes bien, tu ne les vois jamais en train de travailler. C’est pas des flics, c’est des mecs avec des cos-tumes de flic, et ça aurait pu être avec des doc-teurs, des pompiers… Je ne fais que m’amuser, et
Quentin Dupieux
“je pense qu’il y a plein de gens qui
prennent mes
blagues musicales et cinéma-
togra-phiques
pour des trucs super
intellos.”
9 — Nuit
je me rends compte que tout le monde voit ce qu’il veut bien voir.
Y’a pas un côté psychanalytique chez toi ?
Je m’en fous complètement, je veux me marrer, je reste très basique. J’ai envie de faire un film d’un seul coup parce que j’ai une idée qui me donne envie de filmer. Exemple très con : Rubber, la pul-sion, ce n’est pas « ouais, je vais faire un film fantas-tique », c’est plutôt que j’ai cette image de pneu qui roule et qui suit une gonzesse, et je me dis « c’est génial, c’est hyper cinématographique » et j’essaye de composer une histoire autour de ça.
La première scène s’ouvre sur un flic dealer qui vend
de la weed dans des corps de rats morts. Les idées
les plus absurdes sont souvent les plus difficiles à
trouver… Comment t’est venue celle-là ?
Encore une fois, ça vient tout seul. Les meilleurs idées, c’est ça. Quand tu cherches trop, quand tu frappes trop à la porte, quand tu cherches la bonne idée, elle n’est pas là, parce que ce n’est pas la bonne partie de ton cerveau qui est sollicitée. C’est Lynch qui disait ça, les idées, c’est comme des poissons que tu captures un peu au hasard et au bon moment. Quand je réfléchis à un script, il ne se passe rien.
Tout le monde parle de toi avec respect et défé-
rence. Dans le petit monde de la hype, c’est toujours
suspect… Est-ce que tu vends de la drogue dans les
corps des Dj morts ?
T’es sûr que je suis respecté à ce point-là ? (rires) Ce qui est marrant, c’est que je suis respecté, mais par en dessous. Les mecs ne vont jamais me citer, je suis une espèce d’influence discrète. Je crois que je ne suis pas compris… Je pense qu’il y a plein de gens qui prennent mes blagues musicales et ciné-matographiques pour des trucs super intellos…
Tu ne joues pas un peu de ça parfois ?
Il y a quelque chose en effet derrière tout ça, mais
je ne suis juste pas assez con pour me prendre au sérieux dans mes deux activités. Tout ça, c’est qu’un bac à sable. Là, on est en train de faire une interview hyper sérieuse, je te donne le fond de ma pensée, mais c’est beaucoup trop sérieux par rapport à ce que je suis réellement. Ça reste des films à la con et de la musique torchée. Et on se rappellera de moi pour ça.
Le film se clôture sur un discours qui illustre le fait
que l’enfer est sur Terre, pas ailleurs. T’as l’air d’être
relativement misanthrope et désespéré quant à la
marche du monde, non ? Je ne suis pas fan de la réalité, ça c’est certain. Moi, j’ai ma réalité avec ma femme et les gens que j’aime, mais quand je m’intéresse 5 minutes à ce qui se passe dans le monde, comment tout ça est géré, et comment se comportent les gens, je trouve ça abject. La télé je trouve ça abject, les gens qui sont dans la télé je trouve ça abject, le monde du show-biz c’est immonde, tout est immonde si tu regardes bien. Moi, je ne juge personne, je ne fais que recracher mes angoisses. Wrong Cops, c’est complètement ça, je trouve les gens atroces.
Dernière question, pourquoi n’y a-t-il aucune scène
de nuit dans Wrong Cops ?
J’en sais rien. C’est une vraie question ça. J’en sais rien, j’ai fait le film comme ça, c’est tout, j’y ai pas pensé en fait.
Wrong Cops
En salle le 19 mars
Quentin Dupieux
10 — Nuit
11 — Nuit
T/ Hillel Schlegel P/ Marco Dos Santos
Ivan Smagghe avait vingt ans en 1991. Autant dire que
le revival 90’s actuel qu’on se tape à longueur de clubs
le laisse pour le moins froid : « Les années 90, je les
ai déjà vécues une fois, pas besoin de me les retaper
en version mal ficelée. » Voilà pourquoi depuis tant
d’années, il fait ce que bon lui semble, indépendam-
ment des modes ou des tendances du moment. Coup
de bol : ce qui lui plaît nous plaît aussi. S’étant fixé
pour règle de ne pas parler de projets futurs avant
aboutissement, Ivan n’évoquera pas ici son dernier
(mystérieux) projet en date, le label Les Disques de
la Mort, ni le disque de C.A.R. qu’il s’apprête à mixer
et qu’il vient de signer sur sa nouvelle structure, mais
il nous parle tout simplement de ce qu’il aime. Et un
tantinet de ce qu’il n’aime pas…
Comme Tim Paris qu’on a interviewé il y a deux mois
et avec qui tu as un projet musical, tu vis à Londres.
Pourquoi t’être installé là-bas en particulier ?
Tim Paris et moi, on est arrivés à un ou deux mois d’écart à Londres. C’était il y a huit ans – et oui, on finit un album ensemble, It’s A Fine Line, qui sera terminé pour l’été a priori. Pourquoi Londres ? J’y avais beaucoup d’amis, j’y allais déjà souvent, et puis j’en avais un peu marre d’être à Paris… Mais ce n’était pas « je vais à Londres parce que c’est là que tout se passe », non, ça s’est fait assez naturellement, ce n’était pas par un besoin de fuir la nuit pari-sienne par exemple, ou que sais-je encore.
À la base, tu étais à Sciences-Po, destiné à devenir
chercheur. Comment es-tu passé d’un avenir plu-
tôt « sur les rails » à une vie de vendeur chez Rough
Trade, puis de Dj ? Par rébellion ? Rejet du milieu ?
Non, aucun rejet là-dedans. Je devais être prof, je faisais de la recherche en Histoire et en Socio, mais à l’époque, je ne me disais pas du tout « je veux être Dj ». Si je me suis retrouvé à bosser chez Rough Trade, c’est parce que de toute façon, je passais ma vie à acheter des disques. C’était donc un peu naturel d’aller y bosser. Le Djing, c’est venu autour de 92-93, quand un pote à moi, Fred Agostini, m’a demandé de jouer. Ce n’était pas une envie de carrière précise chez moi. Au début, je jouais plutôt pop, disco ou balearic… Je n’avais nullement pour ambition d’être Laurent Gar-nier ! Je ne retire pas une gratification spécifique à être dans la position de Dj, si ce n’est que ça me permet de passer des disques. Si j’ai bifurqué au niveau professionnel, c’est peut-être aussi parce que je n’aimais pas tellement la façon dont on fai-sait de la recherche ici, mais ça ne m’empêche pas de continuer à lire des bouquins. Je ne sais plus qui a dit (Breton ? Cocteau ?) que « la meilleure pro-fession que tu puisses exercer, ce n’est pas ton premier métier, c’est ton deuxième ». Je m’intéresse aux bou-quins, aux films, mais je suis dans la musique… mais elle n’est certainement pas toute ma vie. Je ne supporterais pas cette idée.
ivan smagghe
à la une
“ces débats vinyle vs mp3, clef usb ou cd… je m’en fous !”
12 — Nuit
Ça n’a jamais été ton ambition, de faire de la musique
sur scène ?
C’est compliqué, l’histoire de l’ambition. Je le répète souvent, je pense que fondamentalement, il y a deux types de Dj’s : ceux qui le sont plus pour la musique (en gros pour acheter et jouer des disques), et ceux qui le sont pour la nuit, la fête, la relation avec les gens. C’est évidemment réduc-teur et les deux angles peuvent se croiser, mais je pense que ce distinguo est important. Je crois faire plutôt partie de la famille « musique », aujourd’hui en tout cas. Donc si je pouvais vivre sans passer mon temps sur scène et juste jouer pour trois potes chez moi des disques qui ne font pas forcément danser les gens, ça me suffirait. Je n’éprouve pas particulièrement de besoin d’être dans une boîte, la nuit.
Beaucoup de Dj’s recherchent pourtant la sensation
de contrôle qu’on a sur cette foule, et jouent avec
cet aspect.
Moi, ça, j’y crois pas trop. Le « contrôle » que tu as est quand même très relatif, on compose… Quand tu es Dj, tu ne joues jamais vraiment a 100% le set que tu veux, enfin pas moi en tout cas (heureuse-ment pour le dancefloor). Ce truc de « contrôle », il y a des gens que ça excite peut-être, encore une fois, pas moi. Il faut savoir que je ne viens pas du tout d’une culture club ou dance : j’ai 42 ans, ado, je n’écoutais pas de hip-hop ni de funk, ma culture musique « black », je l’ai faite plus tard. Si je suis arrivé dans la dance music, c’est plutôt via tout ce qui est new-wave, industriel, et les efforts pseudo-disco de Cabaret Voltaire à New Order etc. C’est pour ça que l’aspect club et tout ce qui va avec ne me parle pas plus que ça. Les premiers disques d’électro que j’ai achetés, je ne les achetais pas pour les jouer, et même pas en ayant conscience que c’était de la musique de club. Pour moi, acheter un My Bloody Valentine ou un disque de TRAX de Chicago, c’était la même chose. Avant le début des 90’s, j’allais voir des concerts, pas en discothèque.
Ivan Smagghe
“il y a deux types de
dj’s : ceux qui le sont
plus pour la musique
(en gros pour
acheter et jouer des
disques), et ceux qui le sont pour la nuit, la
fête, la relation avec les
gens.”
13 — Nuit
Tu dis venir de la famille « musique ». Tu es donc
musicien à la base ?
Non, pas du tout, ce que je veux dire, c’est que je « viens » vraiment des disques. Je n’ai jamais fait de solfège ni quoi que ce soit, mon truc depuis tout petit, c’est la musique des autres.
Tu produis pourtant. En autodidacte complet, alors ?
Oui, enfin pour faire la musique qu’on fait, on n’a pas vraiment besoin de faire du solfège ou d’ap-prendre un instrument, même si ça peut aider. Si tu me mets devant un clavier, bon, j’ai des bases, j’arrive globalement à percevoir quel accord marche avec quel autre etc… Avec la dance music, il y a un aspect de fonctionnalité qui prend le pas par rapport aux autres genres : faire danser les gens. De ce point de vue-là, faire de la dance, c’est peut-être plus proche de la valse que du rock, précisé-ment parce qu’on y retrouve une fonction. Après, on n’est pas obligé de faire danser les gens avec toujours le même truc, les limites du terme sont extensibles. Si je dis que je fais de la « musique électronique », c’est parce que c’est à peu près le seul terme générique neutre qui convienne, par défaut. Je ne suis pas obsédé par le fait de créer des titres dansants. Sinon, on verse dans l’exer-cice de style : pousser l’axe de la fonctionnalité à fond. Ça peut être intéressant, et peut-être que je le ferai à un moment donné, ceci dit, mais pour l’instant, ce qui m’intéresse, c’est plutôt repousser la fonctionnalité. Voir jusqu’où tu peux aller et que ce soit quand même considéré comme de la dance music, ou provoquer chez les gens le « mais c’est indansable ! ».
Tu pourrais définir ce que tu recherches à travers ta
musique ? Et comment tu produis ?
Je sais surtout ce que je ne recherche pas. Je ne me pose pas la question de savoir si je vais jouer dans un set le track que je suis en train de produire, encore moins qui d’autre va le jouer… Quand on parle de production, certaines choses m’irritent :
j’utilise du hardware, certes, les instruments qui permettent de produire, mais je ne supporte pas tout ce qui est ce faux débat « analogue-machin vs digital-truc ». Ce n’est pas pour rien qu’il y a anal dans « analogue ». Ce qui m’intéresse, c’est de faire un truc un peu original et qui me correspond, ce n’est pas comment. Pas besoin de passer sa vie à détailler son matos comme certains le font : ça, c’est comme faire du tuning sur sa bagnole et fri-mer sur un parking. En ce qui concerne le mix, c’est pareil d’ailleurs. Ces débats vinyle vs mp3, clef USB ou CD… je m’en fous ! Moi, entre un mec qui joue de la merde en vinyle et un mec qui joue de la bonne musique via une clé, je prends le mec qui joue de la bonne musique. Depuis un an ou deux, il y a une espèce de snobisme viny-lanalogodulaire qui s’est installé de manière un peu faf. Il faut arrêter de croire que posséder un synthé analogue, ou tout autre machine, va te faire faire de la meilleure musique. Au final, on en revient toujours à la même chose : il y a la bonne et la mauvaise musique. Moi, j’essaie de faire la musique que j’aime, un point c’est tout. Le reste ne m’intéresse pas.
facebook.com/ivansmagghe
afewthingsfromivansmagghe.blogspot.com
www.lesdisquesdelamort.org
Ivan Smagghe
14 — Nuit
15 — Nuit
musique
Après le parfait This Silence Kills en 2011, la prodige
berlinoise vient d’accoucher dans la douleur de son
nouvel album sur le label d’Ellen Allien, parfois plus
sombre mais tout aussi beau. Douze productions
majestueuses, lyriques, romantiques, apaisantes
mais animées d’une rage en sourdine. Une voix tan-
tôt brisée, tantôt claire comme le jour, comme sor-
tie trop vite de l’enfance et voulant y retourner pour
ne pas avoir à braver l’inconnu. Un disque à écouter
à 4h30 du matin, car le silence après du Dillon, c’est
encore du Dillon. Un silence qui en Dillon.
Comment décrirais-tu The Unknown ?
Je dirais que c’est un disque introverti, musicale-ment, je trouve que la musique illustre les paroles, elle décrit ce dont je parle. Et il est plein d’espoir.
Tu parles de poèmes au sujet de tes chansons. La lit-
térature t’influence ?
Je ne lis pas du tout. Du tout. J’écris seulement. Pour The Unknown, je n’ai eu aucune influence, ce qui explique peut-être pourquoi j’ai eu tant de mal à l’écrire. Pour This Silence Kills, tout était source d’inspiration, je sortais, je voyais quelque chose se passer, et je pouvais écrire dessus. Je rentrais, je voyais une brosse à dents, je pouvais écrire une chanson dessus. Et quand This Silence Kills fut fini, je me suis dit : « Tu vas partir en tournée, faire une pause, puis tu recommenceras à écrire. » La tour-
née a fini par être beaucoup plus longue que prévu, puis je suis rentrée à Berlin, et j’ai pensé « bon, peut-être encore un mois, tu vas te reposer, souffler, puis tu écriras », avant de réaliser que je ne pouvais plus écrire. Plus du tout. J’ai recommencé à sortir, pour trouver l’inspiration, j’ai voyagé dans d’autres villes, d’autres pays, et à chaque fois je rentrais à la maison et il ne se passait rien. Je ne pouvais plus écrire, rien ne m’inspirait. Alors pour ce disque, la seule chose qu’il me restait à faire était de me tourner vers moi-même, et c’est quelque chose que je n’avais pas envie de faire. Avoir une conver-sation avec moi-même, c’est quelque chose que je ne voulais pas affronter. J’ai dû admettre que les chansons étaient en moi depuis très longtemps.
Une fois face à toi-même, tout a pu sortir naturel-
lement ?
Non, ça a été une torture. Ce n’est pas comme si j’avais franchi une frontière au-delà de laquelle tout était facile. Du premier jour au dernier, il s’est passé six mois, ce qui peut sembler court, mais durant ces six mois je ne pouvais pas dormir. Je me réveillais chaque jour à 4h30 du matin, pour écrire. Certains jours, rien ne sortait, j’étais juste là à attendre. C’était comme si je n’avais jamais chanté, jamais écrit, jamais joué. Je me sentais minuscule.
dillonT/ Paul Owen Briaud P/ Siggi Eggertsson & Jacob Khrist
“qui je suis m’aide à faire ma musique, mais je ne crois pas que la musique m’aide à être qui je suis.”
16 — Nuit
Tu es timide, comment appréhendes-tu la scène ?
C’est le seul moment où je peux avoir une expé-rience physique avec ceux qui m’écoutent, et ça, ça n’a rien d’anxiogène. Je suis timide, mais ce n’est pas comme si je n’avais que 5 minutes pour m’ex-primer. Même si je peux être mal à l’aise au début, il y a un moment où je me détends, où le public se détend avec moi, et où s’installe un dialogue. Et cela est tout sauf angoissant. Pendant les premières chansons, je prends le temps de regarder autour de moi, de me faire à l’endroit, et aux gens, parfois je cherche du regard des gens que je connais, pour me calmer. Il m’est arrivé aussi de voir quelqu’un que je ne m’attendais pas à voir et de m’exclamer « qu’est-ce que tu fais là ? » au milieu de la chanson avant de réaliser ce que je venais de dire.
Ton public est très large, non ? Quel est le point
commun entre tous ?
Oui, je me faisais cette réflexion aujourd’hui. Des jeunes adolescents comme des gens de 65 ans, hommes ou femmes, garçons et filles. Ça m’a frappée parce que je ne voyais pas ma musique parler à qui que ce soit sinon moi-même. Je ne
sais pas ce que nous avons en commun, mais il y a quelque chose qui fait qu’on a tous pris le temps de venir au même endroit, qu’on soit en été ou en hiver, qu’il pleuve ou que le soleil brille, on a tous estimé qu’il était important d’être ensemble une heure ou deux…
La musique est une thérapie pour toi ?
Oui, mais pas dans un sens pathétique. Je suis d’accord avec ça, mais pas dans le sens où je souffre tant que la musique me permet de gérer mes pro-blèmes. Qui je suis m’aide à faire ma musique, mais je ne crois pas que la musique m’aide à être qui je suis.
Dans quelle direction souhaites-tu aller, musicale-
ment, et textuellement, dans le futur ? Du premier
au deuxième album tu as opéré un virage vers l’abs-
traction, vers des paroles de plus en plus poétiques.
Il a fallu beaucoup de temps et d’énergie avant que je trouve cette… je ne sais pas si c’est de la force, de la maturité… ce langage. Je ne sais pas ce que c’est mais je suis très reconnaissante d’avoir finalement trouvé cette façon d’écrire, même si ça c’est fait au prix de beaucoup de frustrations puisque je cher-chais partout où il ne fallait pas. J’aime l’idée de pouvoir aller vers des choses si personnelles tout en laissant une ouverture… comme ces histoires où il manque des mots et où on peut remplir les blancs avec les mots que l’on veut. Ma musique n’a pas de genre, ne se situe ni dans le temps ni dans l’espace. Musicalement, pour ce disque, avec l’aide de Thies Mynther and Tamer Fahri Özgönenc, j’ai pu rendre plus évident le fait que c’est de la musique électronique que je fais. Mais on verra bien ce qu’il en sera pour les suivants, peut-être qu’il y aura un revirement, je n’en ai aucune idée. Je ne peux qu’obéir à ce qui s’impose à moi. Je n’ai vraiment aucune influence sur ça.
The Unknown (BPitch Control)
Disponible le 1er avril
Dillon
“la seule chose qu’il me restait
à faire était de me
tourner vers moi-
même.”
17 — Nuit
18 — Nuit
cinéma
T/ Pierig Leray P/ DR
N’importe qui de R. Frydman – Sortie le 5 mars –
Quand la beauferie sudiste dépasse la stupidité tête dans la cuvette, Rémi Gaillard ose nous infliger l’errance et la dépravation intellectuelle au cinéma. Montpellier et les défenseurs de l’accent chantonnant devraient interdire la diffusion d’un tel massacre. Malheureusement, la débilité consanguine du web vient peu à peu dégueulasser nos sombres salles, pas encore (totalement) foutues.
Wrong Cops de Q. Dupieux – Sortie le 19 mars –
Plaisir malsain et malveillant, idiotie moderne, objet non identifié over-contemporain qui ose associer Marylin Manson, Eric Judor, le grassouillet génial de Eastbound & Down Steve Little dans une zone de non droit, jungle abusive et électrique, élevé au martinet par l’esthétisme d’une Amérique sodomisée jusqu’à la plus obscure des violences.
Monuments Men de G. Clooney – Sortie le 12 mars –
La bien-pensance du grand-papa aux cheveux gris commence à lasser. Tu me fous un contexte historique (39-45), un bon manichéisme bien tassé (nazis vs amerlocks), une histoire vraie (si, je vous jure !) et une quête noble oscarisable (LA culture), tu remues, avales et recraches aussi sec. Et oui, le moisi vert militaire qui flotte dans ton ragoût mi-congelé mi-cuit, ça finit souvent mal.
Real de K. Kurosawa – Sortie le 26 mars –
Admirable metteur en scène dans Tokyo Sonata, Kurosawa abandonne le quotidien du réel pour mieux briser les frontières de l’irréel. Ce n’est pas tant la douceur subtile d’un amour post-mortem qui touche, mais bien son versant fantastique, archéologue de l’âme et du subconscient qui émeut. Brillante démonstration d’élégance cinématographique.
Mais aussi :
La naissance d’un empire de
N.Murro le 5 mars, qui dit pas de Snyder, dit copycat lamen-table (0/5), Fiston de P. Bour-
diaux le 12 mars, Kev Adams aurait suffi, rajouter Dubosc c’est même plus drôle (0/5), Her de S. Jonze le 19 mars, ça lui va vraiment pas la mous-tache à Joaquin Phoenix (1/5) et Gerontophilia de B. LaBruce le 26 mars, car la gérontophilie est une pathologie dégueu-lasse, orpheline et trop souvent oubliée. Par devoir d’informa-tion (3/5).
y’a quoi au ciné ?
1 mois, 4 films, 4 avis.
Le problème ? On ne les a pas
vus. Critiques abusives et tota-
lement infondées des meilleurs/
pires films du mois à venir.
19 — Nuit
20 — Nuit
21 — Nuit
musique
T/ Violaine Schütz P/ Anton Corbijn
Ce duo allemand culte des années 80 est un pion-
nier de la musique EBM et cold-wave. D’après John
Peel, c’est même eux qui ont inventé la techno. Ce
groupe, aussi radical (musicalement) que concep-
tuel (verbalement), a imprimé les oreilles et les
rétines à travers une poignée d’albums puissants et
nihilistes et d’une dangereuse imagerie homo-éro-
tique/SM. Issus de la Neue Deutsche Welle (la nou-
velle vague allemande), les toujours alertes (presque
la soixantaine) Gabi Delgado-Lopez, fils d’émigrés
espagnols, au chant, et Robert Görl, pianiste clas-
sique reconverti dans la batterie, à l’électronique, se
sont racontés avant leur concert en janvier dernier à
la Gaîté Lyrique ( qui avait ce soir-là renoncé à la joie).
Que signifie votre nom ?
Robert : Deutsch-Amerikanische Freundschaft (ami-tié germano-américaine) ? C’est de l’ironie bien sûr.
Quand vous êtes-vous rencontrés ?
Robert : Dans un bar (le Ratinger Hof ) à Düs-seldorf, à l’automne 1978. Le lendemain, on fon-dait le groupe. Avant on avait joué dans d’autres formations, Gabi dans des groupes punk et moi, j’avais appris la musique classique et le piano.
Quel a été le déclic pour faire ce groupe ?
Gabi : Le punk. D’un coup, il n’était plus néces-
saire de savoir jouer d’un instrument ou d’avoir de l’argent pour acheter du matériel. On pouvait improviser. Plus jeune, je m’étais dit que je voulais faire de l’art, mais je ne savais pas si je choisirais l’écriture, la peinture ou autre chose. Quand l’atti-tude punk est arrivée, j’ai su qu’il fallait que j’opte pour la musique. Avec la révolution punk, une vraie opposition s’est créée contre le bourgeois, les élites : on crée ses propres vêtements, son label, ses règles, on n’avait plus besoin de personne. Tu n’as pas appris la musique ? Ce n’est pas grave, joue ! Fais-le toi même, tu t’en fous de ce que les autres disent. C’était l’énergie la plus novatrice et moderne qu’on ait pu vivre. C’était tellement frais qu’on s’est dit : pourquoi faire du vieux rock’n’roll ? C’était si neuf qu’on devait innover nous-mêmes. Et pour cela, on ne voulait pas des instruments de nos grands-parents. On a acheté des synthés, qui n’étaient pas chers du tout à l’époque.
Au départ, vous étiez deux, puis il y a eu d’autres
membres dans le groupe, puis vous êtes redeve-
nus un duo quand votre troisième disque est sorti
(Alles ist gut en 1981) ? Vous aviez trouvé la bonne
formule ?
R : Oui, à deux, il y a moins de compromis à faire. Et on n’aime pas les compromis. À plusieurs, il y en avait toujours un pour dire qu’il fallait ajouter ceci ou cela, qu’il fallait que ce soit plus noise, ce
d.a.f
“rien n’est interdit, rien n’est sacré, rien de mauvais, il faut tout essayer.”
22 — Nuit
qui est un handicap. À deux, on est plus radical et minimal, c’est plus brut et pur. D.A.F, c’est nous deux qui entrons en studio sans savoir ce qu’on va faire, sans avoir répété avant, et puis qui essayons des boucles, comme deux artistes en rési-dence. C’est un work in progress. C’est très direct, un échange créatif, une alchimie. Pour trouver un nouveau style, il ne faut pas s’embarrasser de compromis, il faut rester près d’une idée pure et minimale.
Quelles étaient vos influences quand vous avez
débuté D.A.F ?
G : J’écoutais beaucoup de disco à l’école, du funk, de la soul, James Brown mais aussi T-Rex et le glam rock. J’étais influencé par le dadaïsme, le constructivisme, le surréalisme, Max Ernst, Tris-tan Tzara.
Qu’écoutez-vous aujourd’hui ?
G : Beaucoup de flamenco, car c’est très chaud, ou de la musique mainstream qui passe dans les supermarchés car elle contraste beaucoup avec notre musique. On aime aussi le silence, éteindre MTV et se concentrer sur autre chose, car il y a de la musique partout aujourd’hui.
Les paroles de votre tube, Der Mussolini (« Dance
the Mussolini, move your behind, clap your hands,
and now the Adolf Hitler, and now the Jesus Christ »)
sorti en 1981, ont scandalisé les gens à l’époque et la
police venait à vos concerts pour rétablir le calme.
Votre musique porte-t-elle un message politique ?
G : Non, nous nous intéressons aux mots eux-mêmes : sont-ils sexy ou pas, sonnent-ils bien ? C’est comme de la poésie, on associe les phrases entre elles en les vidant de leur sens. On trouvait que le nom Mussolini sonnait bien isolé de sa signification, en dehors d’une idéologie, c’est du dadaïsme.
Vous vous érigez tout de même contre une
certaine forme de conservatisme et de moralisme ?
À travers vos morceaux, vous semblez à la fois
anarchistes, anti-impérialistes, anti-américains,
anti-consuméristes… Et votre utilisation du sexe à
outrance dans vos paroles va assez loin dans l’anti-
puritanisme, comme dans le très cru Drück dich in
mich (« Pénètre-moi »).
G : Si message il y a c’est : rien n’est interdit, rien n’est sacré, rien de mauvais, il faut tout essayer.
De nombreux artistes (Wagner, Rebotini, Disco-
deïne) s’inspirent aujourd’hui de votre musique et
reviennent à l’EBM/cold-wave, comment l’expli-
quez-vous ?
R : On a inventé beaucoup de choses sur nos premiers albums, on a montré comment utili-ser l’électronique d’une certaine façon. On a du coup beaucoup de respect de la part de la house et d’autres styles musicaux qui nous considèrent comme leurs grands-pères.
Travaillez-vous sur un nouvel album ?
G : Oui, il sortira en 2015, tenez-vous prêts. Punk un jour…
D.A.F
Discographie
Ein produkt der Deutsch Amerikanischen Freundschaft (1979)
Die Kleinen und die Bösen (1980)
Alles ist gut (1981)
Gold und Liebe (1981)
Für Immer (1982)
Live in Berlin 1980 (1983)
1st Step to Heaven (1986)
Hitz-Blitz (Compilation 1986–1987) (1989)
Best of D.A.F. (1988)
Fünfzehn neue D.A.F-Lieder (2003)
—
Remerciements à François Girodineau
23 — Nuit
24 — Nuit
25 — Nuit
© the-fesse.tumblr.com
26 — Nuit
27 — Nuit
les nuits de
T/ MPK P/ Canal+
Sur Canal+, on l’a vue relouter les gentils babos
à donf de bio, foutre le bordel dans des cours de
yoga, passer pour une débile aux yeux de galeristes
snobs, saccager le salon du mariage… Pour toutes
ces raisons, il est presque légitime de ressentir
une certaine sympathie pour ce personnage de la
connasse jouée par Camille Cottin. Elle aurait pu
trasher nos questions ; très professionnellement,
elle nous a parlé de ses nuits. Merci d’avoir joué le
jeu, Camille.
Camille, quel est pour toi le film qui incarne le mieux
la nuit ? Pourquoi ?
Les Gazelles, film de Mona Achache, écrit et interprété par Camille Chamoux et qui sortira ce mois-ci. C’est une fable moderne sur la jungle du célibat pour une trentenaire qui voit sa vie bascu-ler quand elle se sépare de l’homme avec lequel elle a passé 15 ans. Au cœur des nuits parisiennes, elle tente de se reconstruire, c’est un film extrême-ment poignant qui apporte un regard aiguisé sur la solitude affective en milieu urbain… Ton morceau de musique le plus nocturne ? The XX. Leur premier album est fou, et j’adore l’écouter la nuit, en rentrant de soirée, en m’en-dormant. Y’a quelque chose d’envoûtant et d’oni-rique dans leurs mélodies.
Tu peux nous parler de l’épisode de la connasse en
boîte de nuit ?
Eloïse Lang et Noémie Saglio, les auteurs de la série, choisissent les thèmes des épisodes en fonc-tion du mode de vie du personnage. La boîte de nuit était donc incontournable. Du coup, j’ai été ravie de pouvoir m’en prendre aux physios, qui se prennent pour la brigade de la fête et qui déci-dent si tu es assez glamour ou non pour passer une bonne soirée avec tes amis. Et qui en plus vont te le dire sur un ton particulièrement désobligeant, c’est parfaitement ridicule… C’est antinomique avec le concept même de la détente et de la légè-reté.
Comment as-tu découvert la nuit ? Tu te rappelles
de tes premières sorties ?
En Espagne, à l’adolescence, par le biais d’une amie espagnole, Ana. Les Espagnols adorent sor-tir, c’ est presque culturel ! Les nuits espagnoles commencent à 23h avec des tapas dans le quartier du Carmen, le vieille ville de Valencia, puis par la tournée des bars entre 1h et 3h, à coups de chupi-tos, où tout le monde se retrouve, et finalement le « cloub », le club, prononciation espagnole, jusqu’ à l’aube. Ma copine voulait toujours partir avant le lever du soleil, donc à six heures et demi, fal-lait être sur son scoot… Et le dimanche, toutes les générations confondues se retrouvent au resto de
camille cottin
“j’ai été ravie de pouvoir m’en prendre aux physios, qui se prennent pour la brigade de la fête”
28 — Nuit
la plage pour manger une paëlla. Non, vraiment, ils savent vivre ces Espagnols ! Enfin, pas le gou-vernement en ce qui concerne l’IVG, mais pour les fêtes, oui… Qui sont tes partenaires de débauche ?
J’ai une bande d’amis, on est une vingtaine, et on se connaît depuis une dizaine d’années. Quand on passe une soirée tous ensemble, on se vanne beau-coup, on reste légers, on se marre, et c’est joyeux. Mon mec aussi adore sortir. On aimerait que tu nous racontes en détail la der-
nière fois que tu es rentrée à 4 pattes chez toi.
C’était où, quand, comment ?
J’aurais adoré vous raconter, mais le problème, c’est que je ne me souviens de rien… Alala, mau-dit black out ! Qui est ton meilleur ami barman ?
Mon beau-frère Felix, qui est manager chez Joe Allen. Les afters, plutôt petit comité en appart’ ou bac-
chanales dans un club ?
Petit comité en appart’… Fut un temps où on allait en after, c’est fini ça maintenant… L’instant pub : ton adresse préférée pour sortir à
Paris la nuit.
Le bar Fantômas dans le 10e. L’équipe est hyper sympa, l’endroit est spacieux, la déco très mar-rante, et la musique top. C’est un peu mon coup de cœur de cette année. Es-tu insomniaque ? Si oui, tu as une solution contre
ce mal du siècle ?
J’ai des périodes où je vais avoir du mal à m’en-dormir. J’achète des trucs naturels en pharmacie, genre dormicalm. Franchement ça marche pas mal… La relaxation aussi, genre se concentrer sur chaque partie du corps, bon, vachement moins
rapide et efficace qu’un stillnox, mais plus naturel. Ton lit est-il ton deuxième bureau ?
Non malheureusement, c’est tellement bien de bosser dans son lit. Mais non, j’ai un boulot qui m’oblige à être debout et à m’agiter dans tous les sens… Parmi les métiers de nuit, quel est celui qui t’intri-
gue le plus ? Pourquoi ?
Tous les gens qui bossent la nuit m’intriguent. Par exemple, la dernière fois je parlais avec une journaliste qui fait de la radio et se lève tous les jours à 3h du matin, du coup j’étais curieuse de savoir comment elle rythmait sa vie et comment elle arrivait à voir son enfant et son mari. C’est ça qui m’intrigue dans les métiers de nuit, ce rythme totalement decalé par rapport aux proches. Je dirais même que ça m’inquiète. S’il y a une salle, un club ou un bar où tu ne foutras
plus jamais les pieds, c’est lequel ?
Le Rex… Beurk… Le cocktail que tu ne boiras plus jamais ?
Les cocktails détox vert dégueu à base de choux. Ta technique contre la gueule de bois ?
Boire 8 à 10 litres d’eau : extrêmement efficace. Sinon, penser à prendre une aspirine en allant se coucher, mais en général, si on a la gueule de bois le lendemain, c’est qu’on était bien bourré, et que donc c’est vraiment la dernière chose à laquelle on aurait pu penser…
Camille Cottin
La Connasse
Tlj au Grand Journal (19h05-20h25) sur Canal +
29 — Nuit
30 — Nuit
31 — Nuit
radio
22 heures. La nuit tombe, en direct. Chaque
semaine, du lundi au jeudi, l’émission Ouvert la nuit
fait de la permanence radiophonique depuis les stu-
dios de France Inter. Nous avons rencontré Aurélie
Sefz et Baptiste Etchegaray, les responsables de
cette petite « épicerie nocturne ».
Dans leurs rayons, des décibels manufacturés sous le label « indépendance » s’empilent sur la bande FM. À perte de vue, des étalages rassemblent quotidiennement des réalisateurs, des auteurs, des musiciens, des conteurs, des plasticiens, des danseurs, des photographes ou encore des stylistes dont la créativité surprend toujours l’entende-ment. Ouvert la nuit n’est pas une simple émission diffusée sur une radio désormais cinquantenaire. C’est une nouvelle manière d’entrebailler les portes de la perception underground, avec de la musique live et d’étranges rencontres.
Comment décrypteriez-vous l’ADN d’Ouvert la
nuit ?
Aurélie Sfez : L’idée dans cette émission est de promouvoir la création contemporaine, sous toutes ses formes. Baptiste gravite à l’antenne avec des artistes qui ne viennent pas de l’univers musical, comme la BD, la danse, le cinéma, l’art plastique, la performance, la littérature. De mon côté, chaque semaine je fais découvrir un groupe
ou des musiciens issus de tous les genres musi-caux. Nous voulons des artistes qui se sentent très libres par rapport à leur label ou leur maison de production et qui arrivent aussi à se détourner de l’économie de la promotion. C’est l’idée qui prime finalement, plus que la manière de le faire. Baptiste Etchegaray : Nous devons avoir du flaire. Avec Ouvert la nuit nous voulons faire résonner le son de notre époque. Les artistes qui viennent dans l’émission doivent finalement ressembler aux auditeurs qui nous écoutent. Qu’ils soient jeunes ou plus âgés, cette émission a le devoir de leur faire prendre conscience qu’ils ont tous, en eux, une part de créativité. Ils doivent se dire à la fin de l’émission : « J’aurais pu le faire. »
Quelles sont, justement, les rencontres « étranges »
que vous avez pu faire depuis la rentrée ?
B. : Certainement Sébastien Betbeder, qui a réa-lisé 2 automnes, 3 hivers avec notamment Vincent Macaigne. Il était passionnant. Il a un réel amour de ce qu’il fait. Et il est justement dans une écono-mie réduite. Ce qui l’oblige à être inventif.A. : Beaucoup d’artistes qui passent les portes de notre studio ne viennent pas du sérail. Ils se sont faits tout seuls et c’est ce qui nous intéresse, fina-lement. Dernièrement nous avons eu la chance de recevoir Thurston Moore, le guitariste de Sonic Youth et Anne-James Chaton, qui fait de la poé-
ouvert la nuit
T/ Julien Bouisset P/ Jacob Khrist
“nous sommes un peu comme dans un salon de poche”
32 — Nuit
sie sonore. C’était un paradoxe musical totale-ment exquis à entendre. On peut se permettre des choses « différentes », à cette heure-ci, sur France Inter. Car la nuit rend libre.
La nuit est donc un bon décor radiophonique ?
B. : À 22h, il fait nuit, en été comme en hiver. La radio est complétement vide. Il n’y a plus personne dans les étages. Nous sommes un peu comme dans un salon de poche. Et on oublie vite que nous sommes à France Inter, loin de l’excitation mati-nière. Nous sommes alors, inconsciemment, plus « ouverts » à la discussion, en toute intimité avec nos invités. A. : La nuit permet une liberté de ton. Elle est propice à la poésie, notamment quand j’écris la biographie de celles et ceux que je vais interviewer au cours de l’émission. Ensuite, quand vient l’heure du live, au cours de l’émission, les musi-ciens ont des contraintes supplémentaires. Ils sont obligés de faire des sessions acoustiques, propo-sent quelque chose de différent. L’auditeur assiste à quelque chose de très particulier.
À cette heure tardive, que font d’après vous vos
auditeurs ?
B : Je les imagine dans leur bain en train de nous écouter et de se détendre. Ou bien en train de regarder le paysage défiler, au volant de leur voi-ture. A : Pour moi, ils sont dans leur cuisine d’apparte-ment, en train de faire un bon petit plat. J’ai alors envie de leur chuchoter des douceurs à l’oreille.
Paris ne se meurt donc pas une fois que le soleil tire
ses derniers rayons ?
B. : Dans tous les cas ce n’est pas ce que l’on per-çoit de notre côté. Un jeudi sur deux, le réalisateur d’Ouvert la nuit, Antoine Dabrowski, alias Pom Pom Boy, propose des reportages en immersion dans le milieu de la nuit. Et il en ressort toujours quelque chose de très joyeux et de diversifié. C’est
une ville dynamique, artistique et culturelle. Tous les étrangers le disent. A. : D’ailleurs je suis très contente d’entendre des artistes qu’ils ont comme projet de venir habiter à Paris. Comme Thurston Moore qui compte quit-ter New York pour la Ville Lumière. Il trouve qu’il s’y passe plein de choses intéressantes.
Que faites-vous, à la fin de l’émission, vers 23h ? B. : Après l’émission, en semaine, je rentre chez moi. Et je mets un temps fou à m’endormir. Je ne suis pas couché avant 2h du matin. La pression redescend, et on se refait l’émission dans la tête. A. : On prolonge souvent la discussion, hors antenne, avec nos invités. Sinon, le jeudi soir, c’est mon soir de fête. Vu que l’on ne travaille pas le vendredi, j’en profite pour me reposer. Et c’est un très bon soir pour sortir.
Vous n’y échapperez pas. Donnez-moi vos endroits
secrets, ouverts sur la nuit.
B. : Sans hésiter : Le Rosa bonheur aux buttes Chaumont. J’adore, justement parce que c’est dans un parc, en-dehors de la ville. Et qu’une fois la nuit tombée, le décor devient étrange. A. : Pour ma part, je suis une grande adepte du Bar Ourcq. J’aime également beaucoup la Maison de la Poésie. Pour les concerts, je dirais la Gaîté Lyrique et la Machine du Moulin Rouge. À une époque, j’aimais bien aller au Zorba pour les afters. Mais cela a trop changé, alors je n’y mets plus les pieds.
Ouvert la nuit
Ouvert la nuit
Du lundi au jeudi à 22h sur France Inter
33 — Nuit
34 — Nuit
35 — Nuit
gonzo
Réveil en panique sur la ligne 12 : une vieille folle aux dents écartées me touche la jambe en me zozotant : « Allez mon grand on y est ! À nous les sif-flards, les bœufs et la farine ! » Je m’étais lancé, sans m’en souvenir, dans un after au salon de l’agricul-ture avec une sexa complètement tarée. Je me sens un peu comme John McClane dans sa camion-nette au début de Die Hard 3, toujours au mauvais endroit au mauvais moment, avec un mal de crâne de bâtard. Si vous ne voyez pas de quoi je parle, c’est que vos parents étaient des boloss qui vous imposaient des sorties culturelles de merde au lieu de vous laisser pourrir devant la télé en mangeant des Miel Pops. Sans lait.
Le bestiaire
Ça y est ça me revient, je sortais d’une chouette soirée à l’IMDMA, l’Institut Mégadélire Du Monde Arabe, c’était ze place to s’entasser avec tous les moutons de la fête ce vendredi-là. Croyez moi, à la fin, y avait de beaux méchouis. J’allais tranquillement rentrer chez moi quand, décalqué sur un fauteuil de métro, je rencontre Nadine, cette vieille prof de fac schizophrène de province en goguette à Paris avec son ami imaginaire. Elle avait une place en plus pour aller au salon de l’agriculture. Sur le coup, ça me faisait marrer. Je lui ai proposé de faire un after là-bas, ça aurait peut-être pu lui rappeler les années 69, quand elle
se faisait prendre en lotus par tous ses potes en écoutant Michel Polnareff. En arrivant, j’ai vite déchanté. Tous les gens sont moches. Pendant quelques minutes, j’avais l’impression de prendre un ticket pour un parc d’attraction sur le thème de l’émission Strip-tease, vous savez le Confessions intimes des bobos, qui pensent qu’une absence de voix off nous donne une légitimité pour nous foutre de la gueule de la France du niveau -4. Bref, c’était un peu Disneyland, sauf que Mickey avait plutôt la tronche de Ribéry. Sans déconner, j’aime bien rentrer d’un after avec une greluche pour malaxer un jambonneau dans un collant effilé, au plumard, en écoutant Echoes de Pink Floyd. Là, j’ai pas trouvé une seule zouz à ramener à la zonz, je n’étais pourtant pas difficile. Quand j’ai vu que toute peine était perdue, je décide de chercher un verre avec Nadine. Je tombe sur Gérard, un agri-culteur, certainement le fils de son frère. Il n’avait ni kéta, ni para, ni alcool, mais me dit qu’il a des bons plans bœufs dans le bâtiment 7.
Les tresses de queue, qu’est-ce que c’est ?
Au passage, je traverse le bâtiment des chevals. Je croise des magnifiques tresses sur les queues des canassons. J’en profite pour réaliser une petite interview d’un maître tresseur. Le résultat est un subtil mélange entre Bernard de la Villardière et Jean-Yves Lafesse, avec un soupçon de stupéfiants.
T/ Raphaël Breuil P / MPK
after au salon de
l’agriculture samedi 22 février 2014 - porte de versailles
9h37 du matin de la nuit
36 — Nuit
Pourquoi tresser des queues ?
Le tressage de queues a deux objectifs : nous tressons tout d’abord les queues pour éviter qu’elles ne se coin-cent dans les charrues. Enfin, comme vous pouvez le constater, la tresse de queue, c’est beau !
Combien de temps ça prend de fignoler une bonne
tresse de queue ?
Pour une belle tresse de queue comme celle-ci, comp-tez 20 minutes. Les queues sont détressées chaque soir pour garder le crin soyeux. C’est beaucoup de travail, vous savez, mais le résultat en vaut la peine. Dans ma vie j’ai dû tresser plus d’une centaine de queues et j’éprouve toujours le même plaisir !
Le passage du petit porcinet
Mouvement de foule. Grosse montée. Flash de photographes. Bousculations. Ou bouscule-ments ? Perte de repères vocabulairiques. Pris dans une marée humaine. Le monde se presse pour voir une bête. Nadine s’éloigne. Impression d’être dans le Titanic. Je n’aperçois que le haut de
la tête de l’animal. On dirait un petit porcinet.Certainement le gagnant du concours de halouf. Envie irrépressible de toucher la bête. Je m’avance. Bataille avec des journalistes pas sympas de BFM tévé. Je les défonce. C’est qui le patron ? Je suis Le Bonbon ! Je tombe nez à nez avec Benoît Hamon et sa tête de curé de campagne. Je m’en fous je continue. Je touche le corps du vertébré. En réa-lité, c’est un crâne chauve. Le service de sécurité se rue sur moi. MAYDAY ! Ce n’était pas un por-cinet. C’était le président.
Rage against the machine agricole
Alors qu’une nouvelle bouzeuse sous-éduquée avec qui je discute me sort un énième discours sur l’éducation de sa vache qui concourt pour Miss Bovin, je la gifle et m’insurge contre tant d’eugé-nisme. Soudain, en apercevant une petite brebis toute tristoune qu’on appellera Salakis (question d’anonymat), j’ai une vision subitex. Et si les chèvres dominaient le monde ? Est-ce que nous serions à leur place ? Dans des box de 3 mètres carrés avec en face de nous une horde de cochons mal éduqués nous prenant en photo et en vidéo pour nous montrer dans un journal de 20h pré-senté par Claire Cheval. Comme une envie de libérer toutes ces vaches folles. En gros, ce qu’on essaie de te montrer, c’est que les beaux taureaux, on les éduque pour faire des concours et les petites vaches toutes péraves finissent dans ton domac. Je vous signale qu’un homme avec une petite mous-tache est sur la liste noire d’Arte et d’History channel depuis plus de 20 ans parce qu’il a voulu faire de la société un salon de l’agriculture géant. Je me réconforte au Macdo, je mange les parents de la pauvre vache que j’ai vue tout à l’heure et m’endors sur la banquette comme un clochard. Il est 16h, je n’ai pas dormi depuis plus de 72 heures, c’est l’expérience la plus bad trip que j’ai jamais vécue.
After au salon de l’agriculture
“ni kéta, ni para, ni
alcool, mais il me dit qu’il a des bons
plans bœufs dans
le bât. 7.”
37 — Nuit
38 — Nuit
métiers de l’ombre
T/ Paul Owen Briaud P/ Charles Sabourin www.monomanies.com
Bac +4, pas de mac, pas de taxes, palpe au black.
Belle de nuit, fac le jour, jeune fille en fleur déjà
fanée, elle s’effeuille en toute saison puis fait ses
devoirs à la maison. Loue son corps sans long dis-
cours, Marie-couche-toi-là entre deux cours, elle
troque vertu contre billets de 100 et ne sait plus
se débrouiller sans. Symbole éculé d’une jeunesse
érudite qui doit sucer des bites pour ne pas se faire
acculer : portrait d’une auto-entrepreneuse.
Elle trouve ses clients sur les sites d’annonces gratuites, couvertures éhontées d’une prostitu-tion tolérée. Plus sûr, plus discret, moins fatiguant pour les guiboles. « Si internet n’existait pas, je ne ferais sans doute pas ça. Comment faisaient les filles comme moi, avant ? » Entre les cours et les devoirs, pas de place pour un travail à mi-temps. D’autres y arrivent, mais peut-être leur situation n’est-elle pas tout à fait la même…
« Je sous-loue à un prix exorbitant en centre-ville pour être près de ma fac, sans aide, ni bourse, mon père est mort en laissant des dettes, j’aide ma mère et ma sœur restées en Bretagne, et j’essaie de leur rendre visite une fois par mois. Tout ça a un prix. » Assez sollicitée pour pouvoir choisir sa clientèle, et jusqu’ici, se faisant une idée juste de son interlo-cuteur en quelques mots et photos par mail, elle n’a jamais eu de problème. Au cas où, elle prétend
à la première rencontre que son mec l’attend en bas… D’ailleurs, si elle avait un mec, elle conti-nuerait ? « On verra. Je m’interdis toute relation pour ne pas avoir à me poser la question, je ne pourrais pas renoncer à la vie que je mène pour l’instant, sauf si je me faisais entretenir. Mais je ne suis pas ce genre de fille, je me débrouille seule. »
Solitaire, un peu torturée, elle étudie les Arts plas-tiques. « Je regrette de ne pas faire psycho, pour com-prendre ce qui me pousse à choisir ce chemin. » Elle gagne pourtant assez pour faire une analyse. « Je ne suis pas sûre que ce soit cohérent d’utiliser de l’ar-gent sale pour purifier son âme. Peut-être aussi que je m’impose de porter cette croix, qu’il y a du masochisme ou de la détestation de soi dans ce que je fais. »
Il n’est pas rare qu’elle prenne un pied un peu cou-pable. « Si tu veux supporter cette vie, t’es obligée d’y rechercher un aspect agréable, même si un peu pervers. » Et de ne pas s’apitoyer. « Quand tu veux réussir et vivre décemment, si tu viens d’où je viens, tu dois sou-vent braver des interdits. Mes parents gagnaient en deux jours ce que je gagne en deux heures. Une fois que t’as compris ça, quelle différence ? J’ai fait un choix, je ne sais pas si c’est le choix de la facilité, c’est le mien. » Peut-être pas le plus vertueux, mais comme on dit, mieux vaut être un seigneur en enfer qu’un servi-teur au paradis… Question de priorités.
fille 2.0 joie“si internet n’existait pas,
je ne ferais sans doute pas ça.”
39 — Nuit
Claire Gross - clairewwym.tumblr.com
42 — Nuit
cocktail
Nous, les noctambules, sommes une espèce sin-
gulière en un certain nombre de points. Parmi eux,
nous pouvons nous targuer d’une propension assez
digne à garder nos commentaires météorologiques
souvent aussi moroses qu’incompétents pour nous,
et ce contrairement au coiffeur de province ou à
l’hôtesse d’accueil professionnelle.
Malgré cela, en êtres sensibles que nous sommes, il peut arriver que le soleil nous manque et que la nostalgie de ce souvenir trop lointain des dernières vacances à moins de 100 000 bornes de l’Équateur nous assaille. Heureusement, nous jouissons aussi d’une grande faculté d’adaptation. En conséquence, voici mon conseil anti-spleen hivernal : la Piña Colada. Rien de plus simple pour réchauffer votre âme déjà peinée d’avoir à tolérer dans son périmètre la présence de gens qui emploient l’expression « au jour d’aujourd’hui ». Il vous suffit de passer au mixer 2 cl de rhum ambré, 4 cl de rhum blanc, 4 cl de lait ou crème de coco et surtout 12 cl de jus d’ana-nas, that’s it. « Surtout », car c’est à ce fruit dont l’aspect n’est pas sans évoquer une représentation fantasmée des plus improbables délires sexuels de Pinochet, que la Piña Colada (littéralement « ana-nas pressé ») doit son nom. Il aurait fallu trois mois à Don Ramon Marrero, aka Monchito, barman de l’Hilton Hotel de San Juan, pour mettre au point cette boisson censée représenter « les saveurs de Porto Rico ». Trois mois de sueur, de larmes, de rires
et de vomi en cet an de grâce 1954. Une aventure humaine, gustative, éthylique et patriotique dont le héros fut grassement récompensé près de 35 ans plus tard, au 3 000 000 000e verre vendu par… un écran TV couleur. J’ose à peine imaginer la fiesta en la casa que Monchito a dû se payer en appre-nant la nouvelle. La boisson fut quant à elle pro-clamée boisson officielle de l’État en ce même jour de 1978 ! Toutes les variations sont possibles avec ce cocktail finalement tout jeunot. Vous pouvez tremper vos moustaches chauvines dans une Piña au Cognac, par exemple. Ou encore la Colada, qui se compose de 9 cl de jus d’ananas, 3 cl de liqueur de coco, 3 cl de liqueur de whisky et 3 cl de crème fraîche. Et pourquoi pas la Piña Margherita, avec son dash de triple sec, 3 cl de Tequila, 5 cl de jus d’ananas et du sirop de sucre de canne ? Personnel-lement, je déteste l’ananas mais ma qualité d’expert me force à reconnaître que la simplicité enfantine de sa préparation en fait un excellent cocktail de fin de soirée ! Si l’authenticité vous taquine le neu-rone à perfectionnisme, il va de soi que la boisson se déguste avec un ananas vidé de sa chair en guise de récipient, affalé sous un palmier face à l’océan caribéen. Si vous n’en avez pas la possibilité, tâchez au moins de fournir cet effort d’imagination la pro-chaine fois qu’accoudé(e) au comptoir d’un club parisien, vous entendrez « non mais à m’mandonné, au jour d’aujourd’hui… »
piña colada
T/ Vincent Kreyder P/ Gaëlle Lepetit
toutes les variations sont possibles avec ce cocktail finalement tout jeunot
43 — Nuit
44 — Nuit44 — Nuit
45 — Nuit45 — Nuit
Bonbon Party - 07/02/14
L’ab
us d
’alc
ool e
st d
ange
reux
pou
r la
san
té. À
con
som
mer
ave
c m
odé
rati
on
46 — Nuit
Pharmacies de garde
84, av. des Champs-Élysées - 8e
≥ 01 45 62 02 41
6, place de Clichy - 9e
≥ 01 48 74 65 18
6, place Félix-Éboué - 12e
≥ 01 43 43 19 03
Livraison médicaments 24/24
≥ 01 42 42 42 50
Urgences
SOS dépression
≥ 08 92 70 12 38
Urgences psychiatrie
Se déplace sur région parisienne
≥ 01 40 47 04 47
Drogue, alcool, tabac info service
≥ 08 00 23 13 13 / 01 70 23 13 13
Livraison sextoys
Commande en ligne
www.sweet-delivery.fr
≥ 7/7 — jusqu'à 6h
Livraison alcool + food
Nemo 01 47 03 33 84
≥ 7/7 — jusqu'à 6h
Faim de Nuit 01 43 44 04 88
≥ 7/7 — jusqu'à 7h
Allô Hector 01 43 07 70 70
≥ 7/7 — jusqu'à 6h
Apéritissimo 01 48 74 34 66
≥ 7/7 — jusqu'à 4h
Allô Glaçons
01 46 75 05 05 ≥ 7/7 — 24/24
Épiceries
L'Épicerie de nuit
35, rue Claude-Bernard - 5e
≥ vendredi et samedi jusqu'à 3h30
Épicerie Shell
6, boulevard Raspail - 7e
≥ 7/7 — 24/24
Minimarket fruits et légumes
11, boulevard de Clichy - 9e
≥ 7/7 — jusqu'à 7h
Alimentation 8 à Huit
151, rue de la Convention - 15e
≥ 7/7 — 24/24
Supérette 77
77, boulevard Barbès - 18e
≥ mardi au dimanche jusqu'à 5h
Resto
L’Endroit, 67, place du Docteur-
Félix-Lobligeois 17e 01 42 29 50 00
≥ tlj de 11h à 1h, jeudi, vendredi,
samedi de 10h à 5h
Tabac
Tabac du Châtelet
4, rue Saint-Denis - 1er
≥ 7/7 — jusqu'à 3h
Tabac Saint-Paul
127, rue Saint-Antoine - 4e
≥ 7/7 — jusqu'à minuit
Le Pigalle
22, boulevard de Clichy - 18e
≥ vendredi et samedi jusqu'à 5h
Poste de nuit
52, rue du Louvre - 1er M° Louvre-
Rivoli / Étienne-Marcel
Boulangeries
Snac Time
97, boulevard Saint-Germain - 6e
≥ 7/7 — 24/24
Boulangerie-pâtisserie
99, avenue de Clichy - 17e
≥ 7/7 — 24/24
Chez Tina
1, rue Lepic - 18e
≥j jusqu'à 4h30 / v≥s jusqu'à 7h
Boulangerie Salem
20, boulevard de Clichy - 18e
≥ 7/7 — 24/24
Fleuristes
Chez Violette, au Pot de fer fleuri
78, rue Monge - 5e
≥ 01 45 35 17 42
Relais Fleury
114, rue Caulaincourt - 18e
≥ 01 46 06 63 97
Carwash
Paris Autolavage 7/7 — 24/24
Porte de Clichy - 17e
Shopping
Virgin Megastore
52, av. des Champs-Élysées - 8e
≥ jusqu'à minuit
Librairie Boulinier
20, boulevard Saint-Michel - 6e
≥ jusqu'à 00h, m≥j jusqu'à 23h
Kiosques à journaux 24/24
38, av. des Champs-Élysées - 8e
16, boulevard de la Madeleine - 8e
2, boulevard Montmartre - 9e
Place de Clichy - 18e
Internet 24/24
53, rue de la Harpe - 5e
≥ 01 44 07 38 89
20, rue du Fb Saint-Antoine - 12e
≥ 01 43 40 03 00
Envoyez-nous vos bons plans
ouverts la nuit : [email protected]
Ouvert toute la nuit !
trousse de secours
47 — Nuit
la playlist du mois
Considéré comme l’un des
producteurs tech-house les
plus en vue de sa génération,
le Londonien Max Cooper nous
gratifiera de son nouvel album
Human (sur le label Fields) le 10
mars. Vous pourrez également
transpirer sur sa musique le 4
avril au Zig-Zag. Il nous livre ce
mois-ci une playlist à écouter
bien fort une fois la nuit tombée.
Oh yeah.
maxcooper
P/ DR
Tim Hecker - Chimeras
Pour la première heure ou plus de mon set, j’ai joué mes morceaux préférés ambiance/drone/arythmé, c’était agréable. C’était un dimanche à 18h, donc un bon moment pour traîner avec ses potes, se détendre et écouter.
Mark Fell - Multistability 2A
J’ai pu incruster quelques morceaux que je n’avais pas réussi à caler avant, comme celui-ci, et les gens ont adoré, étonnamment.
Objekt – Agnes Demise / Helios – Mountain of Ice
J’ai créé ce bootleg récemment pour mon mix FACT. C’est une combinaison de méchanceté et de beauté, quelque chose que j’aime beaucoup.
Hiatus – Third – Max Cooper remix
C’est probablement l’un de mes remixes préférés, mais vu son tempo lent, il s’adapte mal avec les sets de club. En revanche, cette fois-ci, il s’est parfaitement adapté et a marché du tonnerre.
Blanck Mass – White Math
J’ai joué avec des morceaux aux bpm très lents ; et celui-ci est l’un de mes préférés. Un bon pote me l’a conseillé. Il y a quelque chose dans cette répétition qui semble éternel, une nouvelle vie qui débarque de nulle part.
Rob Clouth - Deep Field
Rob est sûrement le meilleur producteur que je connaisse, et ce mor-ceau, particulièrement énorme, représente bien sa personnalité à la fois belle et détraquée. C’est toujours un plaisir de le jouer.
Nils Frahm - Says
Ce concert était l’occasion de jouer Says de Nils dans un set pour la première fois, et sans surprise, c’était plutôt énorme. Il maîtrise le flow naturellement, sûrement parce que ses morceaux sont des impros live, et que celui-ci est l’enregistrement d’un live.
Alex Under - El Danubio Universal
Je l’ai ressorti de ma trousse de secours pour ce show, et depuis je le joue tout le temps. C’était une expérience et la redécouverte d’un classique.
48 — Nuit
agenda
La sélection de ParisLaNuit.fr
Mercredi 05/03 20H La Maroquinerie 20 €
> Little Dragon
Jeudi 06/03 18H30 La Cigale 30 €
> Breton & Samba De La Muerte
Jeudi 06/03 23H30 Le Rex 6,70 €
> Happy Birthday Ovum : 20 Years W/ Josh Wink
Vendredi 07/03 23H30 Le Djoon 17 €
> So Miles Party : Just Blaze & Eric Lau
Samedi 08/03 19H Casino de Paris 40,70 €
> Bonobo
Jeudi 13/03 19h La Cigale 35 €
> Robert Glasper & Raheem Devaughn
Vendredi 14/03 23h Le Badaboum 10 €
> Paris La Nuit invite Le Sucre
Samedi 15/03 23H Le Yoyo 19,90 €
> Free Your Funk : Pedro Winter vs Cut Killer
Dimanche 16/03 17H Machine du Moulin Rouge 16 €
> Sunday Roast #2 W/ Derrick Carter
Lundi 17/03 19H30 Le Trianon 28 €
> CHVRCHES
Mercredi 19/03 19H La Gaîté Lyrique 20 €
> Blood Red Shoes
Jeudi 20/03 20H L’Olympia 33 €
> Disclosure (Aftershow au Showcase)
Jeudi 20/03 23H30 Le Badaboum 10 €
> Club : Berlinons Paris
Vendredi 21/03 23h30 Machine du Moulin Rouge 17€
> Voodoo Artists Booking présente Tale Of Us
Samedi 22/03 23H30 Le Showcase 12 €
> Vitalic • Dominic Eulberg • Electric Rescue
Samedi 22/03 23H30 Le Zig Zag 16,80 €
> Suol Label Night
Dimanche 23/03 20H Olympia 33 €
> Darkside
Mercredi 26/03 21H New Morning 24 €
> Ebo Taylor
Samedi 29/03 23H La Bellevilloise 19,80 €
> Free Your Funk X Stones Throw W/ Dam-Funk &
Peanut Butter Wolf
Mercredi 02/04 19H Le Trianon 49,50 €
> Blackstar (Yasiin Bey / Mos Def - Talib Kweli)
Mercredi 02/04 19H30 Le Bataclan 29,70 €
> Azealia Banks
Mercredi 05/03 20H La Maroquinerie 20 €
> Little Dragon
Jeudi 06/03 18H30 La Cigale 30 €
> Breton & Samba De La Muerte
Jeudi 06/03 23H30 Le Rex 6,70 €
> Happy Birthday Ovum : 20 Years W/ Josh Wink
Vendredi 07/03 23H30 Le Djoon 17 €
> So Miles Party : Just Blaze & Eric Lau
Samedi 08/03 19H Casino de Paris 40,70 €
> Bonobo
Vendredi 14/03 23h Le Badaboum 10 €
> Paris La Nuit invite Le Sucre
Envoyer votre prog à : [email protected]
Jeudi 20 marsla tireuse
18 rue laplace, 75005 paris
de 19h à minuit
Jacques daniel (live)inscrivez-vous sur
L ’ A B U S D ’ A L C O O L E S T D A N G E R E U X P O U R L A S A N T E . A C O N S O M M E R A V E C M O D E R A T I O N
Jeudi 20 marsla tireuse
18 rue laplace, 75005 paris
de 19h à minuit
Jacques daniel (live)inscrivez-vous sur