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DR CULTURE & PATRIMOINE SUPPLÉMENT DU PETIT BULLETIN - ÉTÉ 2015 P 02_03 / LES ACQUISITIONS : quand les musées achètent des pianos ou des minéraux P04_07 / LES SITES DE LA RÉGION : une sélection d’incontournables P08 / LES EXPOSITIONS : quatre à voir ou à revoir

Le petit bulletin - Grenoble - 981 - Supplément Patrimoine

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CULTURE & PATRIMOINE

SUPPLÉMENT DU PETIT BULLETIN - ÉTÉ 2015

P 02_03 / LES ACQUISITIONS :quand les musées achètent des pianosou des minéraux

P04_07 / LES SITES DE LA RÉGION :une sélection d’incontournables

P08 / LES EXPOSITIONS : quatre à voirou à revoir

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Pourquoi les musées départementauxacquièrent-ils des œuvres ?Valérie-Aube Pellier : La fonction des musées est deconserver certains objets, d'avoir des connaissancessur ces objets, matériels ou immatériels d'ailleurs, etde les valoriser, c'est-à-dire de les faire connaître aupublic. Dans le cadre de ces trois missions, on a doncbesoin pour chaque musée de collecter des objets quiracontent l'histoire dont on a la charge, comme leMusée dauphinois avec des pièces plutôt du quotidien.

Comment se fait le choix d'une pièce ?L'œuvre doit être représentative, presque rare ou endanger de disparition. On va essayer aussi de ne pasavoir de multiples et de rationaliser les réserves, saufsi les pièces sont particulièrement rares et qu'on saitque ce sont les deux seules. Le choix se fait doncvraiment par rapport au propos du musée, savoir si lapièce n'est pas conservée ailleurs, si on n'en aura pasun autre exemplaire.

Au niveau administratif, quelle procédure estsuivie pour une acquisition ?Au département de l'Isère, on a une envelopped'acquisition qui est votée au budget par les élus àchaque début d'année. Avec cette enveloppe, au coursde l'année, parce qu'on va être sollicités par des

Les dessous d'une acquisitionLA VIE D'UN MUSÉE SE PARTAGE ENTRE EXPOSITIONS TEMPORAIRES ET COLLECTION PER-MANENTE. MAIS COMMENT CHOISIT-ON DE FAIRE RENTRER UNE NOUVELLE PIÈCE DANSCETTE DERNIÈRE ? QUELLE PROCÉDURE EST SUIVIE ? À L'OCCASION DE LA RÉCENTEACQUISITION DU PIANO D'HECTOR BERLIOZ PAR LE MUSÉE DE LA CÔTE-SAINT-ANDRÉ,NOUS AVONS INTERROGÉ VALÉRIE-AUBE PELLIER, DIRECTRICE ADJOINTE DE LA CULTUREET DU PATRIMOINE POUR LE DÉPARTEMENT DE L'ISÈRE. CHARLINE CORUBOLO

propriétaires privés, par des revendeurs, ou parcequ'on surveille aussi les ventes publiques, on va repérerun objet pour un musée ou pour une archive départe-mentale. Mais souvent ce sont les institutions quirepèrent une potentielle acquisition. Chaque mois setient une commission d'acquisition où sont réunis tousles conservateurs des musées et des archives et ondébat ensemble de l'intérêt ou pas de la pièce, de lafaire rentrer dans collection. Si l'avis est favorable, ladirection de la culture et du patrimoine acquiert l'œuvrepour l'établissement demandeur.

Donc, pour le piano d'Hector Berlioz récem-ment acquis par le musée du même nom à laCôte-Saint-André, c'est la direction de laculture et du patrimoine de l'Isère qui a achetél'instrument ?Oui. L'enveloppe d'acquisition est partagée au niveaude la direction. Il s'agit véritablement d'un moyendonné à la direction de la culture et du patrimoinepour l'ensemble des établissements, c'est une enve-loppe commune. Cependant, il faut faire une distinc-tion : une acquisition est parfois faite à titre onéreux,c'est-à-dire qu'on achète à quelqu'un, ou il peut s'agird'un don, sachant qu'on examine la pièce dans tousles cas. On ne peut pas tout récupérer, sinon les réservesseraient saturées.

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LES ACQUISITIONS DES MUSÉES PATRIMONIAUX

L'histoire commence en novembre 1847 alorsqu'Hector Berlioz se trouve à Londres. Sa maîtresse lacantatrice Marie Recio achète un piano Érard sous lenom de Madame Berlioz. Les coquins se marientquelques années plus tard et, au décès de la vocaliste,puis de sa mère, Berlioz hérite du piano. Avant de finirlui aussi six pieds sous terre, le compositeur prit soinde léguer l'objet à son ami et mécène ÉdouardAlexandre. On est alors en mars 1869. Puis le pianose volatilise, jusqu'au fameux été 2014 durant lequelune vente sur le site internet Le Bon Coin affole le net.Une Normande souhaite se débarrasser d'un piano,dont Emmaüs ne veut pas, pour la somme de 800euros. Mais pas folle la guêpe tout de même, ellemène une enquête et découvre qu'il s'agit du pianod'Hector Berlioz grâce au numéro de série 19972inscrit sur les touches. Elle fait alors grimper le prix,consciente de la forte valeur patrimoniale de l'instru-ment, et contacte le musée Hector Berlioz à la Côte-Saint-André pour lui faire une offre. C'est alors qu'unbras de fer s'engage et qu'un comité d'experts estréuni pour valider les dires de la dame.

Enquête au siècle d'HectorBerliozL'ÉTÉ 2014, UNE DÉCOUVERTE EXTRAORDINAIRE EST FAITE SUR LA TOILE : EN NORMANDIESOMMEILLE LE PIANO DU COMPOSITEUR FRANÇAIS HECTOR BERLIOZ. DÉSORMAISINSTALLÉ DANS LE MUSÉE DU MÊME NOM À LA CÔTE-SAINT-ANDRÉ, LA RÉAPPARITIONDE L'INSTRUMENT EST DIGNE D'UNE ENQUÊTE POLICIÈRE. RETOUR SUR UNE ACQUISITIONÀ REBONDISSEMENTS. CCO

TOUT EST BIEN QUI FINIT BERLIOZChantal Spillemaecker, conservatrice au musée HectorBerlioz, consulte archives, correspondances et registresdu fabricant pour attester de l'appartenance de cepiano au compositeur français. Mieux qu'une lumièrenoire, ces éléments deviennent des indices solides.À ce dossier déjà bien ficelé s'ajoute un portraitd'Hector Berlioz devant l'instrument réalisé parMelchior Blanchard en 1865. La preuve est faite, laconservatrice n'a plus qu'à plaider sa cause devantune commission d'acquisition. Un accord est passé à55 000 euros comprenant la restauration de l'objet etson déplacement jusqu'au musée. Aujourd'hui installédans le grand salon devant le fameux tableau, lepiano n'est pas seulement un instrument qui peutrestituer la pureté et l'intensité du son d'alors, c'estaussi le symbole de la vie musicale du XIXe siècle, unemblème de l'âge d'or de la manufacture Érard danstoute l'Europe et un témoin d'innovations techniquesqui ont influencé la manière de composer la musiquede tout un siècle. Oui, rien que ça, et c'est un dossierclassé à découvrir au musée Hector Berlioz.

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LES ACQUISITIONS

Pourquoi une exposition sur « vingt-cinq ansd'enrichissement des collections du Muséum» ?Pascal Decorps : L'idée était de montrer auxGrenoblois la qualité de leur patrimoine. On a quelquesmerveilles dans les réserves, des trésors du patrimoinenaturel. Nous souhaitions rendre au public ce qui avaitété acquis sous forme d'achats ou de dons par leMuséum depuis 25 ans, que ce soit des animaux, desroches ou des plantes. Voir du beau mais aussi duscientifique, le tout rassemblé en un seul lieu.Joëlle Chiche : Le but était aussi de pouvoir expliquerl'intérêt des missions des musées et des muséums enparticulier : pourquoi on acquiert ? À quoi ça sert ?On ne se contente pas de récupérer des pièces pour lesrécupérer, on conserve du témoignage. Nous sommestenus, entre autres, d'assurer la conservation dupatrimoine en conservant des pièces d'importancehistorique, scientifique. On a un rôle pédagogique.

D'où viennent tous ces trésors ?PD : Ce sont souvent les parcs zoologiques ou lesréserves naturelles comme le Vercors ou les Écrins aveclesquelles nous sommes en relation régulière qui nousappellent, quand un animal meurt par exemple.JC : Mais ça dépend de la collection. La partiebotanique provient essentiellement de dons alorsqu'en minéralogie, il s'agit plus d'achats.PD : Dans tous les cas, que ce soit un don ou un achat,les personnes viennent nous voir pour nous proposerles pièces. C'est très rare que l'on fasse la démarchenous-mêmes, sauf quand il y a des ventes aux enchères,comme pour la dent de narval par exemple [une défensede presque 2 mètres située sur la tête du cétacé. Elle aété acquise pour environ 15 000 euros ce qui en fait lapièce la plus chère de l'exposition – NDLR].

Pourquoi ces personnes donnent-elles alorsqu'elles pourraient gagner de l'argent ?PD : On leur a posé la question. La plupart souhaitentavant tout que la collection qu'ils ont montée ne soitpas dispersée ; d'autres veulent aider à constituer descollections de référence pour des passionnés.Généralement, ces personnes ne font pas cela pours'enrichir, c'est un travail de passion.

La faune et la flore alpine ont toujours ététrès importantes au sein du Muséum deGrenoble. Comment se fait l'équilibre avecles pièces étrangères ?JC : Encore une fois, ça dépend des collections. On a un

axe régional très développé au niveau de la botaniqueà travers nos herbiers dauphinois qui servent deréférences internationales. Pareil pour la collectionminéralogique, sauf qu'on y trouve aussi des rochesdu monde entier – les deux axes sont développés.PD : Ce qu'on fait aujourd'hui reste dans l'espritqui a entouré la création du muséum. Dès le début,les collectes locales se sont mélangées auxpièces exotiques ramenées par des riches négociants,des marchands ou des voyageurs. Il y a toujourscette dualité entre la partie régionale et la partieexotique.

Et comment se passe ce processusd'acquisition ?JC : Pour commencer, les chargés de collectionexaminent la collection ou la pièce en question pourvoir si elle est en bon état et si elle présente un intérêtscientifique, patrimoniale ou pédagogique. Tout lemonde est plus ou moins spécialisé dans un domainedifférent. Une fois ces éléments en main, nousrédigeons un rapport qui sera examiné par la directrice.C'est elle qui prend la décision in fine. Par contre, sinous souhaitons protéger une acquisition sur le longterme, il faut la faire rentrer dans la collection « Musée deFrance ». On dépose alors un dossier à la commissionrégionale d'acquisition qui est indépendante dumuséum. Cette commission donne donc un avis qui estcomplété par la décision du conseil municipal deGrenoble [le musée est municipal – NDLR].PD : Le prix est aussi un critère, on part avec unbudget spécifique. On n'est pas là pour dilapiderl'argent du contribuable.

Dans quel cas refusez-vous une pièce ?PD : Pour vous donner un exemple, on nous apportesouvent des écureuils ou d'autres espèces comme desmoineaux ou des pigeons car ces animaux peuventêtre amenés à mourir dans les villes. Évidemment, onne peut pas accepter toutes ces contributions. Commepour les cristaux, certains sont parfois magnifiquesmais ils n'entrent pas dans l'esprit d'une collection« Musée de France ». Nous recherchons des piècesexceptionnelles au niveau scientifique, esthétique ouhistorique. On n'est pas sur le côté affectif que lecollectionneur pourrait avoir chez lui.JC : Les ensembles très cohérents nous intéressentaussi beaucoup, comme la collection de 1000 boîtes depapillons que nous avons reçue l'année dernière qui,en plus, a un réel intérêt scientifique.

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« On conserve du témoignage »L'EXPOSITION "TROISIÈME VIE" LÈVE LE VOILE SUR LE FONCTIONNEMENT DU MUSÉUM DEGRENOBLE EN REVENANT SUR VINGT ANS D'ACQUISITIONS DE MINÉRAUX, D'ANIMAUXNATURALISÉS ET DE PLANTES. RENCONTRE AVEC JOËLLE CHICHE ET PASCAL DECORPS,LES DEUX COMMISSAIRES DE L'EXPOSITION. PROPOS RECUEILLIS PAR NATHAN CHAUDET

L'EXPO

« C'est comme un musée mais sans tableau. » Voila ce qu'on peut lire sur un panneau de l'Orangerie quiregroupe des témoignages d'enfants tentant d'expliquer ce qu'est un muséum. C'est bien sûr plus compliquéque ça et l'exposition est là pour répondre à cette question. Elle revient donc sur 25 ans d'acquisitions àtravers une centaine de pièces triées par collections allant du tigre naturalisé (car on ne dit plus empaillé) aufossile vieux de plusieurs millions d'années jusqu'à des pièces d'ethnologie. Accessible à tous, elle est destinéeautant aux enfants pour qui des animations sont prévues cet été qu'aux adultes curieux.> Troisième Vie : quand les acquisitions s'exposent, jusqu'au dimanche 15 novembre auMuséum de Grenoble

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LES SITES DE LA RÉGION

Inventaire avant extension— SÉLECTION — AVANT QUE LA RÉGION N'EN COMPTE DOUZE, ZOOM SUR LES LIEUX LESPLUS EMBLÉMATIQUES DE CHACUN DES HUIT DÉPARTEMENTS DE RHÔNE-ALPES, QU’ILSSOIENT INSCRITS OU CLASSÉS AUX MONUMENTS HISTORIQUES. À VOIR ET À REVOIR.VALENTINE MARTIN ET NADJA POBEL

Et l’Unesco ? Kézako ?— LABEL — Il y a les labels nationaux (voir ci-contre), ceux des associations(type Plus beaux villages de France), et il y a le Graal : celui de l'Unesco.L'organisation établit une liste de sites reconnus comme appartenant rien moins qu’au«Patrimoine mondial de l'Humanité ». Parmi nos propositions rhônalpines, deux y sontinscrites : la Caverne du Pont d'Arc et le site historique de Lyon. Ce sont d'ailleurs les seuls“landmarks“ de la région répertoriés, avec les sites naturels palafittiques préhistoriques desAlpes (des vestiges sur pilotis). L’œuvre architecturale de Le Corbusier est en attente d'un

avis (réponse en juin 2016) de la part du collège d'experts chargé de reconnaître aux candidats une «valeur uni-verselle exceptionnelle». Pour ce faire, ils doivent répondre à au moins un des critères définis, «offrir un exempleéminent d'un type de construction ou d'ensemble architectural ou technologique ou de paysage illustrant une oudes périodes significative(s) de l'histoire humaine » ou «témoigner d'un échange d'influences considérable pen-dant une période donnée ou dans une aire culturelle déterminée ». 1007 sites sont classés de par le monde. NP

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LES SITES DE LA RÉGION

Inscrit ou classé ?— LABEL — Que signifient ces termes dont vous abreuvent les guides touris-tiques depuis la loi du 21 décembre 1913 ? Il s'agit d'une classification établie par leMinistère de la culture et du patrimoine sur suggestion des Directions régionales desaffaires culturelles (Drac), via la Commission régionale du patrimoine et des sites (CRPS).Les bâtiments peuvent d'abord être inscrits et, dans un second temps, classés, l'avis de la Drac étant soumis au Préfet, qui le suit ou non et le transmet au Ministère qui décide de l’inscription ou du classement du bâtiment visé. Dans le cas d'une

inscription, le bâtiment a une valeur locale ou départementale, dans celui d'un classement, il a une valeur nationale. C’est le plus haut niveau de protection patrimoniale en France : les subventions sont plus importantesque pour une inscription et toute intervention est soumise au regard d'un architecte des Bâtiments de France.Au niveau régional, 521 sites sont inscrits, 196 classés. NP

Domaine de Vizille(CLASS�)C'est dans un petit coin d'Isère, à quelques kilomètresde Grenoble, que se cache le domaine de Vizille, où setint rien moins, en 1788, que la réunion des étatsgénéraux du Dauphiné qui engendra la Révolutionfrançaise. Composé d'un château datant du Xe siècleet d'un parc de dix hectares à la fois raffiné et champ-être, le domaine abrite aussi logiquement, depuis1984, un musée de la Révolution française qui possède une importante collection d'objets d'artdatant de cette époque. Entre deux fêtes costumées(du 17 au 20 juillet, voir page suivante), le château vousdévoilera son fastueux passé : après avoir appartenu àdes ducs, il fut également une résidence présidentielle. VM

Basilique de Fourvière(CLASS� + UNESCO)Elle est tellement incorporée à notre quotidien quenous n'y faisons plus attention. Pourtant, la Basiliquede Fourvière est le monument le plus visité de larégion Rhône-Alpes. Chaque année, plus de deuxmillions de badauds s’y pressent. Consacrée à Marieet à l'Immaculée Conception, la basilique est uniqueen son genre, avec ses chapelles, ses vitraux et sestrois coupoles, trônant majestueusement sur le hautde la Colline qui prie. Elle a connu ses dernièresannées des travaux de rénovation sans précédent, rendant notamment à ses voûtes intérieures son plafond et ses mosaïques d’un bleu éblouissant.Cerise sur le gâteau, son point de vue imprenable metle Mont-Blanc à portée de mains. VM

Château des ducs deSavoie (CLASS�)Installé à Chambéry, le Château des ducs de Savoie estun véritable livre d'histoire écrit dans la pierre.Pendant plus de neuf siècles, des générations de princes s'y sont succédé, chacune laissant sonempreinte. Ainsi, si la bâtisse principale date du XIe

siècle, elle est en réalité un véritable patchworkmélangeant des styles architecturaux très différents,comme on peut le constater dans la Sainte Chapelle.Avec ses vitraux du XVe, sa façade baroque du XVIIe

et son décor en trompe-l’œil du XIXe, cette dernièretémoigne à elle seule de la richesse des siècles passés,dont profitent depuis l'Académie, la Préfecture et leConseil Général de Savoie. VM

Château de Menthon(INSCRIT)Le mot Menthon, d'origine celtique, signifie "maisonsur le rocher". Ce n'est donc pas un hasard si le château du même nom, installé au cœur d'un parc deSavoie, a d'abord été, au Moyen-Âge, une énorme toursurplombant la vallée. Construit il y a plus de milleans, le château a toujours appartenu à la famille deMenthon et il est aujourd'hui encore habité. Il est toutde même possible de visiter cet impressionnant édifice, composé de 105 pièces et dont les rénovationsromantiques en firent rêver plus d'un. À commencerpar un certain Walt Disney qui s'en inspira pour créerle château de la Belle au bois dormant ! VM

Édifice de Brou(CLASS�)Sacré "Monument préféré des français" en 2014 parl’émission télé du même nom, le Monastère royal deBrou est furieusement tendance. Situé à Bourg-en-Bresse, à même pas une heure de Lyon, ce chef-d’œuvre gothique du XVIe siècle qui attire les foulesest en fait un mausolée princier accueillant trois tom-beaux. Car le monastère est né d'une belle histoired'amour : il fut mis en chantier par Marguerited'Autriche, inconsolable après la mort de son mari le duc de Savoie. Incroyablement bien conservé, il renferme aujourd'hui un important musée de scul-pture flamande du XVIe. Sa succession de trois (!) cloîtres prolonge le plaisir de la découverte. VM

La Caverne du Pont-d'Arc(CLASS�?+ UNESCO)Depuis le 25 avril, la reconstitution de la grotte Chauvetinvite à découvrir un exceptionnel trésor ancestral :mille dessins rupestres, dont 425 animaux – notam-ment des bêtes assez rares comme le mammouth oul'ours des cavernes. Tout a été pensé pour que le visiteuroublie qu'il se trouve dans une fabrication du XXIe

siècle : l'humidité, la température (fonction de celle dudehors pour éviter tout choc thermique), les odeurs...D'une superficie de 3000 m² et abritant des expos explicitant les techniques de dessin et conditions de viedes hommes préhistoriques, la Caverne du Pont-d'Arc a tout de la grande, vaste de 8500 m², vieille de 36 000ans (deux fois plus ancienne que Lascaux) et située àquelques encablures d'ici. NP

Palais du facteur Cheval(CLASS�)C'est lors de l'une de ses tournées que FerdinandCheval, facteur en milieu rural, bute sur une pierre à laforme étrange. Il lui vient alors une idée farfelue : passionné par les images d'architecture qu'il voit tousles jours sur les journaux illustrés qu'il livre, il va selancer dans la construction d'un palais idéal qu'il mettra trente-trois ans à achever. Implanté au beau milieu d'un jardin verdoyant, le palais est composé de fontaines, de petites grottes, de sculpturesd'animaux exotiques et de figures mythologiques qui font de lui un emblème de l'art naïf, quelque part entre le Xanadu de Citizen Kane et un temple birman. NP

Site Le Corbusier de Firminy-Vert (CLASS�)Un stade, une maison de la culture, une église et uneunité d’habitation ; que demande le peuple ? C’est pourles prolétaires que Le Corbusier, dans les années 60, aimaginé cet ensemble. Le célébrissime architecte, trèscontesté idéologiquement depuis quelques mois(Vichyste ? Ou pas), y a laissé des sites fonctionnels, enbéton certes, mais pensés pour le confort de chacun, àl'image de cet immeuble, décalque de la Cité radieusemarseillaise, dont le toit dispose d'une cour et d'uneécole (occupée par l’Université de Saint-Étienne). Nesurtout pas rater la visite d’un appartement-témoin,construit comme tous les autres en duplex. NP

1 /AIN 5 /ISØRE

2 /ARDØCHE 6 /RHïNE

3 /DRïME 7 /SAVOIE

4 /LOIRE 8 /HAUTE-SAVOIE

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LES SITES DE LA RÉGION (suite)

Que fait votre association PatrimoineRhônalpin, basée à Lyon ?Eddie Gilles-di Pierno : Nos sommes une fédérationrégionale des acteurs du patrimoine. Cela inclut lesassociations, les institutionnels qui gèrent le patrimoine(collectivité, mairie, départements…), les artisans, lesbibliothécaires, les architectes… Notre rôle est de lesmettre en réseau sur ce territoire très vaste.

Comment définiriez-vous le patrimoine ?Comment un bâtiment devient à un momentobjet de patrimoine ?Aujourd'hui, la notion de patrimoine a fortement évo-lué. Et d'ailleurs, pour la majeure partie des gens, lepatrimoine est financier ou immobilier, c'est ce qu'onpossède. Idem sur Google. Autrefois, le patrimoineétait le grand patrimoine bâti, les églises, les châ-teaux… C'était public ou religieux. Depuis l'après-guerre, ça s'est élargi au patrimoine rural, industriel,aux savoirs, traditions, au patrimoine oral, aux languesrégionales... Ce qui fait qu'aujourd'hui, tout fait patri-moine. Pour nous, le patrimoine commence à partir dumoment où un groupe de personnes a le sentimentqu'un objet fait partie de son histoire.

Cette notion de patrimoine a-t-elle été impulséepar l'État, notamment en Rhône-Alpes ?Non. D'ailleurs, l'État a longtempsdédaigné notre région en termesde protection. On avait très peu debâtiments inscrits ou classés aupatrimoine historique. Les textesque l'on a du ministère de la culture,jusqu'aux années 1980, disaientqu'en Rhône-Alpes, rien ne méritaitl'intérêt aux yeux des Parisiens.Aujourd'hui encore, 60% du finan-cement de l'État consacrés à larestauration des monuments vontà Paris, tout le reste est dispersé sur la France entière !C'est très centralisé. Mais à partir des années 1980, onva décentraliser le travail d'inscription grâce à la créa-tion des Drac [Directions régionales des affaires cultu-relles – NDRL]. Ce sont elles qui instruisent ce qui mériteou pas l'intérêt. Dès lors, l'augmentation des classe-ments dans notre région a été très nette. Avant çastagnait, sauf un pic dans les années 1930 quicorrespond au classement de presque toutes les maisonsde Pérouges sous l'impulsion d'Édouard Herriot.

La situation a évolué dans les années 1980…Dans les années 1980, ce qui est reconnu est le patri-moine ancien, le bâti des XIIIe, XIVe siècle puis le patri-moine industriel. On a d'abord protégé l'antique, lesvestiges gallo-romains dès les années 1900. Ensuite, lepatrimoine des centres-villes anciens (vieux Lyon, vieuxBourg, vieux Chambéry) a été protégé car il était enmauvais état. Mais ces prises de conscience ont étélongues : le patrimoine était vécu comme un handicap.Aujourd'hui, on se demande comment il a pu êtreenvisagé de détruire le Vieux Lyon ! Mais il faut bien seremettre dans l'époque. Au milieu du XXe siècle, ce

quartier était insalubre, ça sentait mauvais, il n'y avaitpas le tout-à-l'égout, pas de WC, c'était sombre, recou-vert de suie. Il fallait avoir la capacité de voir sous lacrasse la beauté des pierres.

Et aujourd'hui ?On a encore deux départements très peu protégés : laSavoie et la Haute-Savoie. Ce sont les maires des com-munes qui s'y opposent pour pouvoir garder la mainmisesur le foncier de leur territoire car le prix du mètre carréest tellement élevé que les municipalités n'ont pasenvie d'être ennuyées par un monument historique etle périmètre de sécurité attenant – 500 m tout autour.

Comment l'État intervient-il aujourd'hui surle patrimoine ?Il se désengage de plus en plus. Il veut se débarrasserdes monuments historiques qui sont sa propriété etil essaye de les donner aux collectivités locales.À certains endroits, des communes ne peuvent pasfaire face à la gestion de ces monuments. Par exemple,à Grenoble, il y a le seul exemple d'un bâtimentconstruit par Vauban, une poudrière, à côté de la citéadministrative. Il tombe en ruine.

Comment analysez-vous cette situation ?Il semblerait que l'État garde seulement les grandes

cathédrales. Mais la restaurationdu patrimoine, même si ça coûtecher, ça participe à l'économie !Chaque année, la France accueille80 millions de touristes. Ils neviennent pas pour les Françaismais pour la beauté de nospaysages et de notre patrimoine.C'est reconnu dans le mondeentier. En Rhône-Alpes, le monu-ment le plus visité est la basiliquede Fourvière à Lyon avec plus d'un

million de visiteurs par an, ce qui est beaucoup pourune ville de 200 000 habitants. L'abbaye de Brou àBourg-en-Bresse a récemment boosté son nombre devisiteurs en étant élu monument préféré des Françaisdans une émission de télé. Notre région, c'est6 millions de Rhônalpins, donc de touristes potentiels.Ce qui est compliqué est de vanter le patrimoineproche. Souvent les gens voyagent à l'autre boutdu monde sans savoir ce qu'il y a à 50 mètres de chezeux.

Le patrimoine rhônalpin a-t-il des spécificitéspar rapport au patrimoine d’autres régions ?Le patrimoine le plus emblématique de notre régionest le patrimoine naturel – nous hébergeons quandmême le Mont-Blanc, le diamant de l'Europe – et ladiversité du paysage. Que ce soient les Gorges del'Archèche, la Drôme provençale, l'Isère, cela fait labeauté de nos paysages. Même si nous n'avons pas degrands châteaux – nous n'avons jamais été un siègeroyal ou féodal – et de grandes cathédrales. Notrepatrimoine n'est pas identitaire comme en Bretagne ouen Alsace car, justement, c'est grand et diversifié.

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« Aujourd'hui,tout fait patrimoine »APRÈS AVOIR DÉCOUVERT LES SITES INCONTOURNABLES DE RHÔNE-ALPES, RENCONTREAVEC EDDIE GILLES-DI PIERNO, PRÉSIDENT DE L'ASSOCIATION PATRIMOINE RHÔNALPIN,QUI SCRUTE AVEC NOUS LE PATRIMOINE RÉGIONAL ET LE RÔLE DES DÉCIDEURS QUANT ÀSA SURVIE. PROPOS RECUEILLIS PAR NADJA POBEL

« Souvent les gensvoyagent à l’autrebout du monde

sans savoir ce qu’ily a à 50 mètres de

chez eux »

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La Grande Chartreuse, fondée par St Bruno en 1084 est une destination incontournable. Au cœur du parc naturel de Chartreuse, vous apprécierez les lieux de vie des moines Chartreux et la sérénité du site. Seul le Musée de la Grande Chartreuse, à la Correrie, se visite. Le Musée vous aide à percer le mystère de l’Ordre des Chartreux, leurs 900 ans d’histoire et leur spiritualité, au travers de nombreux

Ouvert tous les jours

www.musee-grande-chartreuse.fr

Audioguides en 8 languesFR + version enfants, GB, DE, SP, IT, PL, NL, RU

Muséede laGRANDE

CHARTREUSELa Correrie

38380 St Pierre de Chartreuse04 76 88 60 45

L

leur spiritualité

Ouvert tous les jours

www.musee-grande-chartreuse.fr

FR + version enfants, GB, DE, SP, IT, PL, NL, RU

LES ÉVÉNEMENTS PATRIMONIAUX

La marche de l'empereurPROGRAMME CHARGÉ CET ÉTÉ SUR LA « ROUTE NAPOLÉON » EN HOMMAGE AU « PETITCAPORAL » À L'OCCASION DU BICENTENAIRE DE SON RETOUR AUX AFFAIRES. ON REMONTELE FIL DE L'HISTOIRE, ET ON FAIT LE POINT SUR LES FESTIVITÉS PRÉVUES. NATHAN CHAUDET

Il y a 200 ans, ce brave (ou méchant, ça dépend dequel côté de la bourgeoisie on est né comme diraitRenaud) Napoléon faisait son comeback aprèspresque un an d'exil sur l'île d'Elbe. Débarqué près deCannes, il remonta alors jusqu'à Paris en empruntantun chemin que l'on connaît désormais sous le nom de« Route Napoléon ». Accompagné de son armée defidèles de plus en plus importants, il passa par Vizille,Corps, Laffrey ou La Mure ; des villes qui ont décidé demarquer le coup pour ce bicentenaire.

À VIZILLECette année à Vizille, les huitièmes Fêtes révolution-naires, prévues du vendredi 17 au lundi 20 juillet, sontplacées sous le signe du bicentenaire du passage deNapoléon à Vizille le 7 mars 1815. Le domaine duchâteau accueillera le spectacle « cinéscènique »Bonaparte et la Révolution, avec des projections sur

les murs du château, de la pyrotechnie, des comédiensen habits d'époque… Du grand spectacle en plein air,tous les soirs à 22h. Plusieurs autres animations sontaussi prévues pendant les quatre jours de festivités.Au menu, du théâtre avec Jean-Vincent Brisa (LaRévolution française un rêve chanté, pièce qui seraaussi jouée avant et après les Fêtes – les 5, 12, et 26juillet), des troupes musicales (avec, par exemple, lestambours napoléoniens de La vieille garde de 1806)ainsi que d'autres activités qui nous transporteront200 ans auparavant : ateliers de création de robes etbijoux d'époque ou présentation des métiers defondeur et de sellier harnacheur. Des grands banquetssur la place du château et des reconstitutions serontégalement organisés.

À LAFFREYUne œuvre a été installée sur la prairie de la rencontre

où Napoléon s'est trouvé confronté aux troupes du roiLouis XVIII venues l'arrêter. Des troupes qu'il a réussià rallier à sa cause avant de monter sur Paris. Visiblejusqu'au 15 septembre, cette œuvre met en scène larencontre avec des drapeaux (royalistes et bonapartistes)accompagnés de panneaux présentant les personnagesclés de l'époque, leur rôle et leurs ressentis. Sur cettemême prairie trône depuis 1929 une statue en bronzede l'empereur à cheval haute de 4 mètres réalisée en1867 par Emmanuel Frémiet. Bien qu'elle ait retrouvésa place après un bref passage au Musée de laRévolution française de Vizille, elle reste au centre del'exposition temporaire Rencontre avec Napoléon : unEmpereur à cheval pour la postérité du même muséequi présente deux bas-reliefs fraîchement rénovésréalisés par François Gilbert en 1867.

À LA MUREAu musée Matheysin, l'exposition L'histoire enbriques Lego déjà présentée à Waterloo et en régionparisienne se tiendra du 14 août au 18 octobre. Elle secompose d'œuvres d'art construites en Lego commedes répliques du Dôme des Invalides, d'un fauteuilEmpire ou encore du tableau de Napoléon traversantles Alpes. Toujours à La Mure, un repas napoléonienest prévu le 15 août.

À GRENOBLEL'office du tourisme de Grenoble organise quand à luides visites guidées de la ville à l'époque napoléonienneles 7 juillet, 7 août, 7 septembre et 7 octobre. La villeaccueillera également l'arrivé du rallye équestre le 25août. Il partira de Corps deux jours plus tôt et suivra laroute Napoléon.

Trois autres fêteshistoriques autourde GrenobleÀ MONTBONNOTLe vendredi 24 juillet, Montbonnot se mettra à l’heuremédiévale avec une fête gratuite organisée de 17h àminuit dans le parc du château de Miribel. Auprogramme : des saltimbanques, ménestrels et musi-ciens pour un concert suivi d’un grand bal avec unmaître à danser ; des combattants à pied et des initia-tions à la chevalerie ; des saynètes de la vie couranteau Moyen-Âge ; la présentation de vieux métier pardes artisans et des marchands (dont un forgeron àl’œuvre avec sa grosse forge à soufflet) ; des jeux pourles enfants… La soirée se terminera avec Le Roi desKobolds, spectacle de la compagnie Arcanum spécia-lement créé pour l’événement.> Rens : www.montbonnot.fr

À SAINT-ANTOINE-DE-L’ABBAYESamedi 8 et dimanche 9 août, la Fête médiévale deSaint-Antoine-de-l’Abbaye sera placée sous le thème"Au nom de la rose" – sachant que le musée du coina en ce moment une exposition baptisée Jardins descloîtres, Jardins des princes... Quand le parfum portaitremède. Avec diverses animations en plein cœur dubourg médiéval : troubadours et marchands seront dela partie, aux côtés des manants et autres roturiers. Etaprès un défilé aux flambeaux, un « final tonitruantembarquera le public dans une folle musique et desjeux de lumières et de feux : Quand la rose danse avecle feu, création originale par 2 compagnies, Fireman &Karnavires, spécialement pour le thème de cetteannée ».> Rens : saint-antoine.flavors.me

À SAINT-GEOIRE-EN-VALDAINELa huitième édition de la Médiévale de Saint-Geoire-en-Valdaine est prévue cette année les samedi 29 etdimanche 30 août. Les organisateurs promettent quechaque visiteur sera transporté « au cœur d’un tempsoù la jonglerie, la présentation d’animaux sauvages,la justesse des troubadours, les tournois de chevalerieet les animations festives étaient légion ».> Rens : www.medievale-stgeoire-en-valdaine.com

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Napoléon Ier, 1867, bronze d’EmmanuelFrémiet (1824-1910)

Page 8: Le petit bulletin - Grenoble - 981 - Supplément Patrimoine

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Une décennie d’acquisitions

Musée de Grenoble7 mai – 31 août 2015www.museedegrenoble.fr

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P08 /// CULTURE ET PATRIMOINE LE PETIT BULLETIN ÉTÉ 2015

LES EXPOS PATRIMONIALES

À voir ou revoir cet étéIL FAIT CHAUD, CERTES. NOUS AVONS TROUVÉ LA PARADE POUR FAIRE DIMINUER VOTRETHERMOSTAT INTÉRIEUR ET AUGMENTER VOS CONNAISSANCES. UN PETIT TOUR AU MUSÉE ,ÇA VOUS DIT ? CHARLINE CORUBOLO ET NATHAN CHAUDET

ROSE PALACELa Révolution française n'est pas que question d'his-toire ; il est aussi question d'art contemporain. L'artisteViviane Rabaud investit ainsi tout l'été le parc duDomaine de Vizille pour y amener sa touche pop etflashy avec Rose Palace. Il ne s'agit pourtant pas icid'un palace mais bien d'une prison. La prison la plusemblématique d'une époque forcément riche en sym-bolique : la Bastille. C'est la troisième œuvre présentéedans le Domaine qui organise tous les deux ans uneexposition éphémère composée d'une seule pièce.Cette Bastille flottante faite de scoubidous roses trico-tés apporte une touche de modernité qui contraste

totalement avec le paysage environnant et le sujet.Pour l'artiste, l'idée était de « construire des pontsentre les époques » pour aboutir à un mélange « entrerévolution et fiction ». 10 kilomètres de fil et quelque60 heures de travail ont été nécessaires pour montercette réplique à l'échelle 1/12. De nombreux calculs– et l'aide d'un ingénieur – ont également été néces-saires pour faire flotter cet édifice au ras de l'eau sansqu'il ne tangue ni coule. Alors on n'oublie pas sonappareil photo. NC> Jusqu'au lundi 21 septembre, sur le grandcanal du domaine de Vizille

L'ISÈRE EN HISTOIRE, PRÉHISTOIRE 20E SIÈCLELe patrimoine n'est pas que question de vieilles pierres ; il est aussi question de vieilles pierres rénovées. Aprèstrois années de travaux, le Musée de l'Ancien Évêché de Grenoble dévoile ainsi les dernières salles de son par-cours permanent consacré au XIXe et XXe siècle dans un tout nouvel apparat. L'accent est mis sur la partie L'Isèreen histoire et la grande innovation qui accompagne la visite est la mise à disposition de tablette offrant au publicplusieurs entrées (écrites ou sonores) sur chaque objet exposé. Un choix moderne qui permet de ne pas surchargerles murs d'explications – désormais tout tient dans la main. D'autres changements se trouvent aussi en fin deparcours avec notamment la diffusion du film L'Isère au 20e siècle, une chronique cinématographique réalisé parl'artiste grenoblois Denis Vedelago. Sur quatre écrans successifs se déploient en 100 minutes 100 ans de l'histoi-re du département. Enfin, la dernière salle offre une nouvelle présentation de la Bible de Notre-Dame deCasalibus selon un dispositif numérique qui projette le manuscrit et fait défiler les pages. Alors on n'oublie passes lunettes. CCO> Exposition permanente, à l'Ancien Musée Évêché

PREMIÈRES COULEURS, LA PHOTOGRAPHIEAUTOCHROMELa culture n'est pas que question de connaissances ; ilest aussi question d'images, parfois colorées. AuMusée dauphinois s'affichent ainsi les premièresphotographies couleurs des frères Lumière grâce auprocédé qu'ils ont inventé : l'autochrome. L'expositionPremières couleurs, la photographie autochromedévoile donc le fonctionnement de ce nouvel appareilapparu en juin 1907. Vidéo, documents et objets lèventle voile noir sur cette avancée majeure. Et après avoirtraversé le couloir d'argent, la visite se prolonge avec

des photographes amateurs alpinistes, bourgeois ouencore artistes qui utilisaient alors l'appareil pour saisirle réel en couleurs. Des autochromes originaux présententdes rues de Grenoble, dont l'évolution en seulementun siècle est spectaculaire, ou des vues des montagnesalentours. Une véritable balade au cœur du paysageisérois dans la fraîcheur d'un musée. La déambulationse termine avec l'auto-maton où vous pourrez réaliserun seflie qui sera ensuite converti en autochrome numé-rique. Alors on n'oublie pas son smartphone. CCO> Jusqu'au lundi 21 septembre, au Muséedauphinois

POILUS DE L'ISÈRELe patrimoine n'est pas que question de vieilles pierres ; il est aussi question d'hommes, parfois poilus. Au Muséede la Résistance, à l'occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale, sont ainsi célébrées douze personnalitésqui ont marqué le département par leur courage et leur engagement dans ce conflit. Aujourd'hui, toutes ont disparu ;on les découvre dans l'exposition Poilus de l'Isère à travers des photographies, des écrits et autres documents ori-ginaux qui racontent ces hommes et ces femmes dans leur combat pour la France. À l'extérieur, un authentiquecamion Berliet, qui servait de transport aux soldats, s'impose à notre regard dans toute sa grandeur. Une expo-sition petite mais importante pour le devoir de mémoire et complétée par une installation numérique 1915 –Fragments d'histoire qui invite le visiteur à explorer une œuvre de manière historique au Musée de la Résistance, et defaçon artistique au Musée de Grenoble. Alors on n'oublie pas sa crème solaire pour la balade entre les deux lieux. CCO> Jusqu'au lundi 12 octobre, au Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère

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