Le Voyage Sur Mars Rêve Ou Réalité par Fanny Berche

8/18/2019 Le Voyage Sur Mars Rêve Ou Réalité par Fanny Berche

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LE VOY GE

SUR M RS

CAHIER SPECIAL. MARS 2016France métropolitaine 5 €. DOM avion 7 €. BEL 6,50 €. CH 7 €. IRL 10,70 € ITA 5,50 €. LUX 5 €. USA 7$Couverture © NASA

FRANCE

Rêve ou Réalité ?


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Le 30 octobre 1938, les martiens ont envahis la Terre. Ou plutôt, c’est ce qu’on crut des

milliers d’américains en écoutant La guerres des mondes à la radio, prenant l’adaptation duroman de H. G. Wells par Orson Welles pour un bulletin d’informations. Cela semble nous

semble grotesque aujourd’hui, mais il faut savoir qu’une invasion martienne était

« plausible » en 1938. En effet, G. Schiaparelli a découvert en 1877 ce qu’il croyait être un

réseau de canaux à la surface de Mars, et il en avait conclu à la présence d’êtres vivants

capables de creuser ces canaux. Même après la réfutation de cette théorie, l’idée que Mars

pouvait être habitée est restée dans les esprits jusqu’en 1970 : ce sujet est récurent dans les

oeuvres de l’époque. Et puis de nouvelles découvertes sont faites, les images prises par les

télescopes se précisent, et l’humanité finit par se rendre à l’évidence : il n’y a pas de

civilisation sur la surface désertique de la planète rouge. Si cette nouvelle connaissance deMars et des capacités d’explorations offertes par la technologie a brisé le mythe du

bonhomme vert dans sa soucoupe volante, elle est aussi à l’origine d’un nouveau fantasme,

celui de partir fouler le sol de la planète rouge.

« Ladies and gentlemen, I have agrave announcement to make.

Incredible as it may seem, both

the observations of science and

the evidence of our eyes lead to

the inescapable assumption that

those strange beings who landed

in the Jersey farmlands tonight

are the vanguard of an invading

army from the planet Mars.”

[ORSON WELLES]

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l v i m

C o r r ê a

EDITO 3


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N°. 170 • MARS 2016

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Dans le film Seul sur Mars de Ridley Scott, c’est à cause d’une tempête de sable que Mark Watney (MattDamon), blessé, ne parvient pas à décoller avec ses collègues et amis et se retrouve condamné survivre

seul sur la planète rouge.

06 La Planète RougePartez à la découverte de Mars.

16 L’Odyssée vers MarsPourquoi ne sommes-nous toujours pas partis ?

12 Curiosity, Wall-e sur MarsPortrait d’un explorateur de la NASA.

21 Le plus long sejour dans l’espaceL’histoire de Valeri Polyakov.

SOMMAIRE 5


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Ce panorama pris par Curiosity nous dévoile lasurface de Mars, qui ressemble étrangement auxpaysages désertiques de la Death Valley.

6 NATIONAL GEOGRAPHIC • MARS 2016


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Nous surnommons la Terre « la planète bleue » carelle est recouverte à 70% d’eau. Mars, quant à

elle, est surnommé « la planète rouge ». Point sur

les conditions de vies extrêmes et les difficultés àsurmonter pour vivre sur Mars.

LA PLANETE ROUGE 7

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A S A

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a planète Mars, c’est un mélange entrele désert rocailleux d’Atacama etl’Himalaya. On peut y découvrir despaysages infinis de désert de sable etde pierre, se réveiller sous un ciel rose

en trouvant Mars encore endormie,sous un léger brouillard poussiéreux.

LMARS est également célèbre pour sestempêtes de poussière qui sont visibles àl’aide de nos télescopes. Les montagnespeuvent culminer à 21000 mètresd’altitude, et les falaises des canyonspeuvent atteindre 10 000 mètres de long.Dans certaines régions, on peut apercevoirles deux lunes de Mars, Phobos et Déimos.Une journée sur Mars correspondquasiment à une journée terrienne, on yretrouve les mêmes cycles de saisons, maisune année martienne correspond à un peumoins de 2 ans sur Terre. La gravité y estmoins forte : autrement dit, nous pourrions

sauter plus haut avec la même impulsion.

DANS LA REALITE, même si Mars est laplanète qui partage le plus de pointscommuns avec la Terre, la vie y seraitdifficile pour un être humain (et impossiblesans aide technologique). L’air est composéà 95,3% de CO2, alors qu’il y en a moinsd’un pourcent sur Terre : il est donc toutsimplement irrespirable. La température

moyenne est de -63°C, et peut aller de -133°C l’hiver à -3°C l’été : Mars est donc undésert aride et sec, mais froid. De plus, sur

une journée, on observe des variationsd’une centaine de degrés (il faut doncconcevoir des équipements capables derésister à de telles variations).L’atmosphère martienne protège

également très peu des rayons cosmiques,laissant la planète sous une forteexposition aux radiations (rayons quiproviennent de différents astres, et commeles UV, une surexposition peut êtredangereuse). Curiosity a connu des niveauxde rayonnement supérieurs à la limitedonnée aux astronautes de la NASA. Cettedernière utilisera les données récoltées par

le rover pour préparer les futures missionssur Mars et pour développer des moyensde se protéger des radiations.

DEPUIS 2004, grâce aux deux rovers de laNASA Spirit et Opportunity, nous savonsqu’il y avait autrefois de grandes quantitésd’eau sur Mars (océans, lacs et rivières).Des marques de ces étendus d’eau sontencore visibles à la surface de la planète.

Nous savons aussi qu’il reste de l’eau sousforme de glace au niveau des pôles. Et


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Dans le film Seul sur Mars, c’est à

cause d’une tempête de sable queMark Watney se retrouve bloqué surMars. Si les grosses tempêtesmartiennes sont effectivementcapables de brasser suffisamment depoussière pour qu’elles soientvisibles avec nos télescopes, la NASAexplique que cette scène n’auraitpas pu arriver dans la réalité. Eneffet, les vents ne sont pas aussi

forts que lors d’une tempête surTerre, une antenne n’aurait pas puêtre soulevée avec autant de forceet provoquer la destruction d’uncampement. En revanche, un desautres problèmes posés par lestempêtes de poussière est abordéavec justesse : la poussière esttellement dense qu’elle masque lesoleil, ce qui rend inutilisables lespanneaux solaires qui servent au

chargement des équipements. Deplus, elle se dépose sur tous lesappareils, pouvant entraver leurfonctionnement. Ce problème a étérencontré une fois lors de latempête de 2007 par les rovers quisont passés en mode survie pendantplusieurs semaines, et les ingénieursaméricains y cherchent une solution.

Une vueordinaire deMars, prise àl’aide d’un

télescope surTerre.

Une vue deMars pendant

une desgrandes

tempête depoussière

Les tempêtes de poussière

La réalité rencontre la fiction

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LA PLANETE ROUGE 9

voilà que le 28 septembre 2015, la Nasaannonce qu’il y a encore aujourd’hui del’eau à l’état liquide à la surface de laplanète Rouge !

DANS LES ANNEES 1880, les télescopes ontrévélés d’étranges marques à la surface deMars, et une grande quantité de personnesont cru qu’il s’agissait de canaux creuséspar des extraterrestres. Beaucoup se sontdemandés à quoi ceux-ci pouvaientressembler, et surtout si la planète Terredevait craindre une invasion. En réalité, desobservations ultérieures avec de meilleurstélescopes ont montré qu’il ne s’agissaitque d’une illusion.

SELON LA NASA, les sillons visibles sur lesparois de certains cratères martiens sontapparus à cause de la présence d’eauliquide. Il ne faut cependant pas s’imaginerqu’il s’agit là de petits ruisseaux : les tracesse forment pendant les saisons chaudes sur

des cratères proches de l’équateur de laplanète : l’eau de l’atmosphère humidifieles parois des cratères en se déposant ausommet du cratère et en coulant ensuitesur ses flan. On n’observe pas de ruisseaucar l’eau est immédiatement absorbée parle sol de Mars, qui change légèrement decouleur. En évaporant l’eau contenue dansles sels minéraux en surface, et en lacondensant, on pourrait donc obtenir del’eau liquide.

TROUVER DE L’EAU LIQUIDE sur Mars étantune priorité pour la Nasa, l’eau est une desconditions nécessaires pour qu’uneplanète soit vivable. Une mission habitée abesoin d’eau liquide pour son équipage, enavoir à disposition sur Mars pourrait doncrésoudre certains problèmes liés au

voyage. De plus, cela relance lessuppositions concernant la présence de vieactuelle sur la planète Rouge. ►



Curiosity,

Wall-e

sur Mars

Curiosity est le plus gros des 4rovers actuellement sur Mars,parmi lesquels deux seulementsont encore en activité. Sa missionest de prouver que Mars aautrefois rempli les conditionspour abriter la vie dont lesprincipaux ingrédients sont l’eau,l’énergie et le carbone, et dedéterminer où une future missiondevrait chercher la vie. Lesprédécesseurs de Curiosity ontpermis de prouver qu’il y avait il ya plusieurs milliards d’année del’eau liquide sur Mars. Il cherchedonc les deux autres composantsindispensables, et fore pour cefaire le sol de la planète en

analysant la poudre obtenue. A ce jour, il a trouvé dans le cratèreGale d’anciennes traces d’une eausuffisamment peu acide pour êtrebuvable, des traces de souffre quiest une source d’énergie pour lesmicrobes, et du carbone. Tout cecine permet pas d’affirmer qu’il y aeu de la vie sur Mars, maisseulement qu’il y a eu une époque

où la planète était habitable. Resteà trouver un site propice pour unemission future…

Il aura fallu plus de 10 ans aux scientifiques, ingénieurs et géologues pour mettre au pointCuriosity : il devait être capable de réaliser le travail d’un géologue, mais sans instinct niexpérience du terrain. Il faut aussi réaliser que tout est plus difficile sur Mars : latempérature peut varier de 100°C dans une journée, et cela ne doit en aucun cas perturberle travail du robot. Il doit pouvoir analyser chaque échantillon uniquement à l’aide de son

petit laboratoire embarqué, et le forage qu’il effectue avec un foret de 30 kg doit êtreextrêmement précis et délicat : il cherche des particules fragiles. Curiosity est devenu lebijou d’une poignée de scientifiques, qui se rongent les sangs à chaque forage de peur qu’ilne s’abîme et qui travaillent émerveillés à travers les caméras du petit robot, seul sur Mars.

C u r i o s i t y ©

N A S A / J P L - C a l t e c h / M S S S

Sur ars depuis le


11/32LA PLANETE ROUGE 11Curiosity © NASA/JPL-Caltech/MSSS

La plupart des images que nous recevons de Curiositysont en réalité des images composites qui mélangentplusieurs clichés pris par ses quatres caméras, ce qui

explique le contour étrange.



Mars One est un projet lancé par un

ingénieur néerlandais, et qui a pour

objectif de fonder une colonie humaine

durable sur Mars aux environs de

l’année 2026. Comment ? En installant

un habitat permanent sur place et en y

envoyant régulièrement des astro-

nautes. Les organisateurs envisagent de

diffuser les images du voyage et de la

vie sur Mars sur le même modèle que

les émissions de télé-réalité. Ce projet

n’est absolument pas soutenu par la

NASA, qui le déclare infaisable à cette

date aux vues de l’état des technologies

actuelles. Mais plus de 200 000

candidats ont postulé pour faire partie

du premier voyage (ils ne sont plus que

100 candidats actuellement en lice).

Malgré son manque de crédibilité

auprès des grandes agences spatiales, le

projet est pour l’instant maintenu.

Affaire à suivre.

MAIS ne nous emballons pas. Leschercheurs ont trouvé, grâce à Curiosity,des traces de carbone et détecté duméthane actif dans l’atmosphère. Le

carbone est un des composants de lamatière organique, mais au vue dessimples analyses effectuées par le rover, ilest impossible de savoir si ce carbone aappartenu ou non à un organisme vivantou bien on peut trouver du carbone et nepas être en présence de matière organique.Le méthane, est souvent considéré commeun indicateur de vie, mais il peut êtreproduit par des organismes vivants ou pardes réactions chimiques entre les roches etl’eau, par exemple. Les découvertesactuelles permettent seulement de direqu’il y a eu une époque où Mars pouvaitaccueillir la vie, et qu’elle peut peut-êtrel’accueillir encore s’il y a bel et bien del’eau liquide sur Mars. Certainsscientifiques et certains organismesdoutent de la validité des arguments

avancés par la Nasa : ça ne serait pas lapremière fois que la Nasa annonce unrésultat spectaculaire et que celui-ci estdémenti par la suite.

EN ATTENDANT, si cette théorie se révèlevraie, et que l’eau est bien absorbée par lesol de la planète, est-il possible qu’il y aitde l’eau liquide dans les sous-sols de laplanète ? C’est une hypothèse envisagée

par certains scientifiques et chercheurs,qu’il s’agit maintenant de vérifier.

Justement, où en sont lesscientifiques de la NASA ? Quellessont les missions en cours ou àvenir qui permettront de poursuivrel’exploration de la planète Rouge ?

LES ROVERS Curiosity et Opportunity sedéplacent toujours et continuent decollecter des informations sur lesterritoires qu’ils traversent (Curiosity


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renvoie régulièrement des panoramas ainsique des selfies). Les rovers ont d’ailleursconstitué un tournant dans le programmed’exploration de Mars développé par laNASA, avant leur arrivée, toutes les

données étaient collectées par des sondes.

EN 2018, la NASA prévoit d’envoyer deuxrovers sur le même site, et dont leslaboratoires embarqués serontcomplémentaires. Ils auront pour but d’unepart d’étudier les caractéristiques du solmartien, qu’elles soient physiques ougéologiques ainsi que la glace présente auxpôles et l’eau trouvée dans les minéraux.D’autre part, les technologies embarquéesdevraient leur permettre de réaliser plusd’expériences que Curiosity et lesingénieurs espèrent que cela permettra dedéterminer si le carbone trouvé provientou non d’une matière organique. Cesrovers étudieront également le terrain pourune future mission (qui n’est à ce stadeencore qu’un projet) nommée MSR (Mars

Sample Return). Il s’agit en effet de laprochaine étape que souhaite développerla NASA grâce au développement denouvelles technologies, qui consisterait àrapatrier des échantillons ramassés par desrovers (ou robots équivalents) pour pouvoirles analyser dans des laboratoires sur Terre,

ce qui pourrait permettre d’obtenir desrésultats plus concluants qu’avec leslaboratoires embarqués des rovers.

LA NASA prévoit une autre mission pour

l’année 2020, qui comprend l’envoi d’unnouveau rover et d’un petit hélicoptère. Cedernier aura pour but de faciliter lesdéplacements du rover en étudiant leterrain et en lui communicant le meilleuritinéraire possible. Cela pourrait permettrede tripler les distances parcourues par unrover (une centaine de mètres par jour), etdonc d’accroître considérablement lesterrains explorés et la recherche de terrainsfavorables pour les missions futures.

Et la première mission habitée,pour quand est-elle prévue ?

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a r s O n e


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L’ODYSSEEVERS MARSOu les prouesses

techniques et hum-

aines à développer

pour voir un jour l’homme fouler le sol

de la planète rouge. © N

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La Nasa cherche de nouveaux moyens

de propulsion pour réduire la durée duvoyage vers Mars, comme avec levaisseau Copernicus qui utiliserait lapropulsion thermique nucléaire.

L’ODYSSEE VERS MARS 17


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propulser à sa vitesse de croisière dansl’espace. Puis, à l’approche de Mars, levaisseau doit ralentir pour atteindre lavitesse de rotation de la planète rouge

pour rester en orbite. Il est ainsi possiblede rejoindre la planète. Les astronautespeuvent ensuite réaliser leur mission, puisremontent en orbite avec le vaisseau,utilisent les vitesses de rotations de Marspour se propulser et rentrent sur Terre.

SI CE SCENARIO SEMBLE SIMPLE ENTHEORIE, il y a notamment un problème àsurmonter : le décollage. Nous possédonssur Terre les installations nécessaires àl’envoi de charges lourdes en orbite : ils’agit de lanceur comme Ariane V. Nous nedisposons cependant pas de tellestechnologies sur Mars. Il est toutbonnement impossible pour le vaisseau dese poser sur la planète, il ne pourra pasrepartir. Pour se donner une idée, la fuséeAriane V consomme environ 700 tonnes de

carburants pour envoyer un satellite enorbite autour de la Terre : en plus desinstallations, il faut également emporter

une grande quantité de carburant. Lasolution proposée par la NASA estd’envoyer plusieurs mois à l’avance unautre vaisseau sur Mars, qui ne sert qu’à

faire remonter l’équipage dans le vaisseauen orbite. Pourquoi plusieurs mois enavance ? Pour pouvoir produire ducarburant à partir du CO2 de l’air martien,cela permet au vaisseau d’êtrerelativement léger lors de son voyage aller.Et seul un petit module descendra sur Marset non l’intégralité du vaisseau, qui seraittrop lourd à remonter.

LE CARBURANT N’EST PAS LA SEULE CHOSEà faire parvenir sur Mars : il faut de l’eau,de la nourriture, de l’oxygène, etc. Le plussimple est évidemment d’exploiter lesressources de Mars. S’il y a bel et bien del’eau sur Mars, c’est seulement en petitesquantité, cela ne peut pas constituer unesolution viable à long terme : il faudraamener de l’eau. Pour ce qui est de la

nourriture, il est toujours possible d’encultiver. La NASA n’envisage en revanchepas de réaliser une grande serre pour ►

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Le vaisseau Hermes dans Seul sur Mars tourne sur lui-même pour

créer une gravité artificielle.

L ’ODYSSEE VERS MARS 19


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Le cosmonaute Valeri Polyakov a passé 437 jours d’affilés dans la station spatiale MIR, de

janvier 1994 à mars 1995. Il s’était porté volontaire pour cette mission, dont le but était de

prouver que le corps humain pouvait supporter un voyage spatial long comme celui

pouvant emmener un homme sur Mars. L’expérience fut globalement concluante : les

examens ont révélé une altération claire de l'humeur et des performances du cosmonaute

durant les trois premières semaines, puis durant les deux semaines suivant son retour.

Mais en dehors de ces périodes d'acclimatation, un retour à la normale a été constaté, ce

qui a permis de conclure que l'être humain pouvait supporter émotionnellement une aussilongue période dans des conditions extrêmes, tout en assurant sa mission. Le jour de son

retour, la première chose qu’il a déclaré fut « Nous pouvons voler vers Mars ».

LE PLUS LONG SEJOUR

DANS L’ESPACE




L'habitat où séjourne Watney (Matt

Damon) dans Seul sur Mars est gonflé

sous haute pression, comme dans les

scénarios imaginés par la NASA. Les

techniques utilisées par le botaniste-

astronaute pour produire sa propre

nourriture sont également tout à fait

réalisables avec le matériel dont il

dispose. Il lui faudrait cependant de la

terre autre que celle provenant du sol

martien, qui est chargé en composés

oxydants, ce qui empêche les plantes de

pousser correctement.

cultiver des légumes, mais plutôt d’avoirquelques petites cultures en appoint.Pourquoi ? Parce que le sol martien estriche en perchlorates, des composés

chimiques très oxydants qui ont effetstérilisant sur toute forme de vie. End’autres termes, il est quasimentimpossible d’y faire pousser des plantes. Ilfaudra donc amener de la nourriture, et dela terre pour réaliser de petites culturesd’appoint. Il faut aussi emmener de quoicréer un habitat sur Mars : l’idée la plusprobable est d’utiliser une structuregonflable qui permet d'avoir un volumehabitable important, sans prendre trop deplace lors du voyage. La NASA continue sesrecherches pour trouver de meilleuressolutions permettant d’alléger les deuxvaisseaux utilisés lors de la mission, maisl’on sait d’ores et déjà que le vaisseaudevra être autonome, de manière àéconomiser les ressources en recyclant aumaximum.

QU’EN EST-IL DE LA DUREE DU VOYAGE ?Selon la Nasa, une telle mission pourraitprendre plus de quatre ans avec lestechnologies actuelles de propulsion. Maismême en comptant 6 mois à l’aller, 6 moisau retour, cela ne fait toujours pas 4 ans. Ilfaut prendre en compte le fait qu’une foisle vaisseau en chemin vers Mars, lesplanètes continuent de bouger. Le temps

que les astronautes arrivent, ilsdisposeront de 30 jours sur Mars avant dedevoir repartir, pour profiter d’une distancecorrecte entre les deux planètes. Passé cedélai, ils devront attendre un an et demi deplus sur Mars avant de pouvoir repartir. Lamission peut donc s’avérer très longue.

AVEC LES TECHNOLOGIES ACTUELLES DE

PROPULSION, la quantité de carburant àemporter serait telle que le lancement à luiseul pourrait revenir à 12 milliards de


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dollars. Il faut se rendre compte des

conséquences sur la santé mentale desastronautes, dont la majorité du temps sedéroule dans un espace confiné flottantdans l’espace. Une des priorités de la NASAest donc de raccourcir au maximum ladurée du voyage. Pour cela, elle travaillesur la conception de nouveaux modes depropulsion. Elle a d’ailleurs récemmentchoisi de financer le développement duprojet VASIMR, acronyme anglais pourdésigner une fusée à propulsion magnéto-

plasmique à impulsion spécifique variable.Derrière cette succession de termesbarbares se cache en réalité un mode depropulsion spatiale qui permettraitd'atteindre Mars en seulement 39 jours. Enparallèle, des chercheurs de l’université deWashington travaillent pour la NASA sur unsystème de propulsion à fusion nucléairepour réduire la durée de l'expédition aupoint de ne pas dépasser 30 à 90 jours.Recherches à suivre…

A QUOI DOIVENT S’ATTENDRE LES

ASTRONAUTES ? Quels sont les difficultés

physiques et mentales qu’ils devrontsurmonter pour partir ? Durant un volspatial, il n’y a plus de gravité, et notrecorps n’est pas habitué à ne pas supporterson propre poids, et à ne pas savoir où sesitue le haut du bas. Les problèmesengendrés par une absence de gravité sontune fragilisation des os, une atrophiemusculaire, disfonctionnement del’appareil cardio-vasculaire, diminution dunombre de globules rouges,

affaiblissement du système immunitaire,etc. Ces problèmes sont bien connus de laNASA, ils ne sont pas spécifiques au voyagesur Mars. La solution la plus simple estd’installer une gravité artificielle et desappareils de sport dans le vaisseau. Ilfaudra également minimiser l’expositionaux radiations des astronautes (que ce soitlors de sorties du vaisseau ou sur Mars) :des combinaisons sont en cours dedéveloppement ainsi que des propositionsd’habitats.

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LES ASTRONAUTES SONT PRÉPARÉS AUXDIFFICULTÉS PHYSIQUES qu’ils vontrencontrer. Il faut savoir qu’il estabsolument impossible pour le vaisseau de

faire demi-tour en cours de mission, quoiqu’il se passe à bord. L'isolement dans unmilieu clos a ensuite des effets graves au-delà de 30 jours, comme l'ont montré demultiples études; avec entre autres unebaisse des capacités intellectuelles, uneaugmentation de l’hostilité, l’apparition deréaction hostiles et un repli sur soi. Il fautaussi savoir que les communications avecle Terre sont compliquées : il faut attendre

entre 3 et 20 minutes pour avoir la réponseà un message envoyé, ce qui rend difficilela possibilité d’avoir un soutienpsychologique continu depuis la Terre. Lasélection des membres d'équipage seraparticulièrement rude. Les astronautesseront d'abord triés sur leur état de santéet leur résistance physique, mais la santépsychique sera aussi un critère de sélection

particulièrement important.

ACTUELLEMENT, LA NASA ETUDIE LESEFFETS DU VOYAGE sur le corps humain(aussi bien physiques que mentales). Unastronaute et un cosmonaute sont depuispresque un an dans l’ISS (InternationalSpace Station) pour étudier les effets d’unséjour prolongé dans l’espace. Il se trouveque l’astronaute possède un frère, sur

lequel la NASA effectuera des testsmédicaux, cela permettra de comparer lesdeux états de santé.

Il aura fallu 11 missions Apollo et des

années de recherche avant de voir le

premier homme sur la Lune. Il faudra

également des années et des dizaines

d’essais avant de pouvoir aller sur Mars, etla NASA a déjà annoncé les premières

grandes étapes du programme…



25/32L’ODYSSEE VERS MARS 25


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SUITE À LA DÉCOUVERTE DE L’EAU SURMARS, la NASA a rendu public un rapportdans lequel elle détaille les étapes de sonprojet de voyage habité vers la planèterouge. Trois grandes étapes ressortent.

LA PREMIÈRE consiste à étudier lecomportement humain durant desmissions dans l’espace de longue durée.Cette étape a commencé en 2000 etdevrait finir en 2024.

LA DEUXIÈME étape consiste à rendreopérationnelle la capsule Orion, quipermettra de lancer des missions habitées

dans l’espace. Orion utilisera le SpaceLaunch System pour décoller et se placeren orbite autour de la Lune, ce systèmeencore à l’étude est décrit par la NASAcomme la fusée la plus puissante jamaisréalisée. Le bouclier thermique, lesordinateurs de bords et les parachutesd’Orion ont été testés lors de son vol endécembre 2015. Le rôle d’Orion serad’emmener les astronautes en orbiteautour de la Lune pour y rejoindre levaisseau qui les emmènera par la suitedans l’espace. La NASA prévoit d’utiliserOrion en 2021 pour envoyer 4 astronautessur un astéroïde géo-croiseur (passant prèsde la Terre).

LA DERNIÈRE étape consiste à utilisertoutes les technologies développées pour

envoyer des astronautes sur Mars dans lesannées 2030. Cela veut donc dire résoudre


DU RÊVE A LA

REALITE

Ce cliché a été pris par Curiosity : il s’agit

d’un coucher de soleil sur Mars. Ils ne

sont en effet pas oranges, mais bleus.

Ceci est du aux particules de poussières

en suspension dans l’atmosphère de laplanète rouge, qui sont plus fines que

sur Terre. Contrairement aux poussières

terriennes, elles ne dévient pas la

lumière solaire ayant des longueurs

d’ondes correspondant au bleu, et

devient les autres rayons. Les couchers

de soleil sont donc toujours bleus.


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GROTZINGER, John. « Mars, terrain d’étude ». National Geographic, juillet 2013, n°166, p.54-63.

LEMONICK, Michael D. . « A la recherche de la vie extraterrestre ». National Geographic, août 2014, n°179, p.70-89.

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Site de MARS EXPLORATION de la NASA, http://mars.nasa.gov/ [30/10/2015]

Site http://www.nasa.gov/content/nasas-journey-to-mars de la NASA [28/02/2016]

Site http://www.nirgal.net/homme2.html[28/02/2016]

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http://www.sciencesetavenir.fr/espace/planetes/20150929.OBS6740/7-choses-a-savoir-sur-la-presence-d-eau-sur-mars.html

[08/01/2016]

MORIN, Hervé. « La vie sur Mars, l’obsession payante de la NASA ». Le Monde.fr. Publication : 29/09/2015.http://www.lemonde.fr/cosmos/article/2015/09/29/la-vie-sur-mars-l-obsession-payante-de-la-nasa_4776980_1650695.html

[08/01/2016]

Blog Rêve d’Espace – Onglet exploration de Mars – « MSL Curiosity : 3 ans sur Mars ! » Publication : 10/08/2015 http://reves-d-

espace.com/2015/08/10/msl-curiosity-3-ans-sur-mars/[08/01/2016]

Edité par D.D.F. « Voici ce qu'il se passe vraiment lors d'une tempête de poussière sur Mars ». My TF1 News. Publication : 22/09/2015.

http://lci.tf1.fr/science/nouvelles-technologies/voici-ce-qu-il-se-passe-vraiment-lors-d-une-tempete-de-poussiere-8660553.html

[08/01/2016]

ALBERGANTI, Michel. « De la Terre à Mars en 90 jours... grâce à la fusion nucléaire? ». Slate.fr . Publication 09/04/2013,

http://www.slate.fr/life/70591/voyage-terre-mars-90-jours-fusion-nucleaire [26/02/2016]

COT, Bruno. « Petit guide touristique à l'usage du voyageur vers Mars ». L’Express.fr. Publication : 20/10/2015,http://www.lexpress.fr/actualite/sciences/petit-guide-touristique-a-l-usage-du-voyageur-vers-mars_1727564.html [25/02/2016]

ZEITOUN, Charline. « Peut-on vraiment rester ‘Seul sur Mars’ ? ». CNRS le journal . Publication : 19/10/2015,

https://lejournal.cnrs.fr/articles/peut-vraiment-rester-seul-sur-mars [23/02/2016]

MADRIGAL, Alexis. «March 22, 1995: Longest Human Space Adventure Ends ». Wired . Publication : 03/22/10,

http://www.wired.com/2010/03/0322cosmonaut-space-record/ [25/02/2016]

Rédaction Le HuffPost. « Voyage vers Mars: boucler la distance en seulement 39 jours? La Nasa finance un projet révolutionnaire ». Le

HuffPost . Publication : 06/04/2015, http://www.huffingtonpost.fr/2015/04/06/voyage-mars-distance-39-jours-nasa-vasimr-ad-

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Le Voyage Sur Mars Rêve Ou Réalité par Fanny Berche