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47me Année No 10 30 Octobre 1928 DE LA 50eiéf-é· d · èdueaf'Îon L'ECOLE PRIMAIRE paraît 14 fois pendant le cours scolaire ....; if) .= \>4 --------------------------------------------------- fr Abonnement annuel: Fr. 4.50 Les abonnements se règlent par chèque postal Ile :>0 Si()n, ou ù ce défaut contre remboursement. 'fout ce qui concerne la publication doit être adressé directement à M. LOUIS DELALOYE, Secrétaire au Dé- partement de l'Instruction publique à Sion. -_ . __ ._ --------------------- Les annonces sont reçues exclusivement pal' PUBLICITAS, Société Anonyme Suisse de Publicité, Sion nue de Lausanne 4 - Téléphone 2.3G = if) = 1 o <l)

L'Ecole primaire, 30 octobre 1928

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Page 1: L'Ecole primaire, 30 octobre 1928

LIBRAIRIE PAVOT Lausanne - Genève - Neuchâtel - Vevey - Montreux - Berne

Viennent de paraitre!

de M.ANDEL

Culture Potagère par

WALTER KIENLI

1 vo]mTIP in-8° cRrtonné-, illustré- . . . . . . . fl'. 5. -JllSqu'ù CP jour, nons n'avions à notrE' disposition ({up d('s trRités

étl'nngPl's: ]e> mnntwl Klpnli pst mieux adnpt{' à nos circollstnllC'l'S et ]waucollp plus pratique.

DftllS nos écoles d'agriculture et ménagères rurnles, ce mam.wl t's·t appE'lé à rendre d!:' pl'éciE'uX sl'rvices. Il traitp cl'abord, cl'une fa(~on clnirp et précise les principnux travaux et opérations exécuirs <\11 -ll11rllpment. et. formant la base (lu jardinage. La seconde ]lar1.ir pass(' Pll rt'vuP la culture clps légumes les pIns usités, les mocles de multi ­plication, les variétés l'ustiqup's convenant à notre climat, ainsi (IUP Ips parasites et les mal:u1Îes. Quelques schéma.s et gravures comp](~­tL'nt. IH-'\lL'pusemell( l'exp0f:·é tout pn facilitant la compréhension dt-' cPl'tains procécl6s culturaux.

CP manurl simplifip ])paucoup la tâche du corps enseignant ch- nos <,('0Ir8 d'ag1'iculture (.t. (1011l1P Ù tous ceux qui s'intéressent à la culture légumière rt. la. prat iqllPnl, lrs dirpctions dont ils ont besoin.

(D'a.près la préface)

NOS ARBRES F'R UITIERS

par G. LAVANCHY et PH. AUBERT

Un volume in-8° cartonné, illustré ......... fI'. 4.50 La première partie cle l'ouvrage traite de la. multiplication et de

la. forma.tion dps arbres fruitiers, de la création et de la. plantation du verger et du jardin fruitier, des travaux à exécuter au cours de do l'année, de la fumure, de la cueillette, fIe la manil1uh1tion et de la conservation des fruits.

Dans la deuxième partie, les espèces fruitières sont étudiées. par groupes, fruits à pépins, fruits à noyaux, petits fruits, poirier, pommier, cognassier, pêcher, abricotier, prunier, cerisier, noyer, groseille, cassif:" framboisier, ronce américaine sont ains-i successivement passées en revue. Une liste des variétés recommandables pour notre pays suit la description de chaque espèce fruitière et donne les renseignements suffisants aux intéressés.

Deux spécialistes. ('prouvés, :MM. C. Dusserre, et le Dr H. Faes, ont bien voulu collaborf'l' à cet. ouvrage. Nous leur devons un cha.pitre détaillé traitant cle la fumure des arbres fruitiers et un calendriel" très pl'n1 ique rappelant les époques de J'annéE' où les traitements antipnra­sltaires sont à conseiller.

47me Année

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No 10 30 Octobre 1928

CRQAl~1 DE LA

50eiéf-é· valai~af)"e d · èdueaf'Îon

L'ECOLE PRIMAIRE paraît 14 fois pendant le cours scolaire

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--------------------------------------------------- ~ fr Abonnement annuel: Fr. 4.50

Les abonnements se règlent par chèque postal Ile :>0 Si()n, ou ù ce défaut contre remboursement.

'fout ce qui concerne la publication doit être adressé directement à M. LOUIS DELALOYE, Secrétaire au Dé­

partement de l'Instruction publique à Sion. -_. __ ._---------------------

Les annonces sont reçues exclusivement pal' PUBLICITAS, Société Anonyme Suisse de Publicité, Sion

nue de Lausanne 4 - Téléphone 2.3G

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47me Année No 10 30 Octobre 1928

Organe de la Société \falaisanne d'éducation

SOMMAIRE. - Partie officielle. - La journée rtédagogique à l'expo­sition de Sierre. - . Chronique d e l'Union. - NOS PAGES. - En glanant. - Histoire. - Hygiène. - Opinions. - Bibliographie. -L'automne.

Assemblée des Instituteurs du district de Martigny

Les Instituteurs et Institutrices du district de Martigny, fai­sant partie de l'U. P. E. V. sont convoqués en nssemblée ordinuirr, le jeudi, 7 novembre, à 14 heures, chez l'Ami Haphaël, avec ordre du jour statutaire et propositions individuelles .

Invitation cordiale à tout le peTsonnel enseignant.

Le Comité de district.

Important

Recueil de dictées

L'année dernière, le Dépôt scolaire a regretté de n 'avo ir pu exécuter plusieurs comn'landes de Recueils de Dictées.

Désiretix de faciliter la tâche du Personnel' enseignant, le Département de l'Instruction publique a tenu à cOlnbler cette lacune et vous offre aujourd'hui:

a) Recueil de Dictées, pour le cours llloyen, 240 pages-.

b) Recueil de Dictées pour le cours supérieur, 300 pages, par Ch. Vignier et E. Savary.

Le Inanuel peut être cédé à fI'. 3.50. (prix de librairie: fI'. 4.50 et 5.-) si un nOlllbre suffisant de COllllnandes parvenait tout de suite au Départeillent. Chaque volume peut être vendu séparé­ment. Chaque dictée est précédée d'une préparation détaillée, conçue suivant un ordre logique 'auquel nous attachons une

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grande importance; les Inaîtres auront un intérêt à s'en inspirer. L~ dictée est suivie d'une série d'exercices, conjugaison, vocabu­laIre, grammaire, élocution, rédaction, etc.

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"'--_. -'" ~",,,~vMaiïuel d;Arith métiq ue='~- ' ,-.-~ ~;~:~;:~::=

à l'usage des cours préparatoire et élémentaire.

La quatrième édition de ce manuel qui a rendu de si précieux services est épuisée. La cinquième édition vient de sortir de presse. Aucune modification n'a été apportée dans l'ordonnance du travail. Afin d'obliger les élèves à trouver par le raisonnement les opérations à effectuer aux problèmes, les titres de quelques chapitres ont été supprimés. Un certain nombre de calculs sur le système métrique ont été ajoutés à ceux existant dans l'ancienne édition. Les données des Nos suivants ont été modifiées , le maître trouvera ci-après les réponses correspondantes:

No 118 4400 No 385 67 No 126 1187 No 395 24,45 No 144 - 5666,30 No 411 125,86 No 206 80 fI'. No 469 100,10 No 212 261 fI'. No 489 69 jours No 215 17.100 fr. No 498 0.75 No 221 351 No 536 1.50 No 229 756 No 554 16.780 No 230 180 No 555 4140 mètres No 240 165,20 No 556 23 mètres 40 No 340 6 No 557 0.30 No 359 15 kg. 49 No 558 = 263.20 No 360 13 douz. No 559 84 No 367 3 fI'. 60 No 560 60 fI'. No 368 1 fI'. 05 No 561 285 No 369 8 1/ 2 No 562 6.25 No 370 0,522 No 563 15.20 No 371 0,865 No 564 40 - 2 kg. 812 No 374 61 1/2 No 565 305 No 377 0,60 No 566 200 jours No 384 = 36,30 No 567 1 fr. 20

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Cahiers d'école

. S~r le préavis de la Commission Cantonale dé l'Enseignement prImaIre, le Département de l'Instruction Publique, dans le but

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d'uniformiser les cahiers d'école, invite le Personnel enseignant à exiger que les cahiers d'école soient confectionnés · avec du pa­pier de force 7 kg. et demi la raIne, et renfermant 40 pag.es .

Les nUInéros ci-après sont recommandés: Nos 9-10-11-15-17-20-22-36 et 37. Pour les calcuJis, il est recommandé le cahier No 15 (genre commercial) ; toutefois la partie réservée aux opérations sera en outre interlignée.

Manuels scolaires

Catéchisme et bible.

Par décision de l'Ordinaire du Diocèse de Sion, le catéchisme pour la Suisse romande est introduit dans nos écoles.

La Bible Alain est appelée à remplacer l'édition Bourquard. Chacun souscrira avec plaisir à l'introduction de ces deux manuels. Déjà la presse valaisanne leur a réservé l'accueil le plus chaleu­reux. Ecrits dans un style sÎlnple, agréablement illustrés, ils plai­ront aux élèves et faciliteront grandement la tâche du P. E.

Pour le cours scolaire 1928/29, le~ Inanuels en usage jusqu'ici pourront être tolérés dans les classes et divisions où un nouvel achat n'est pas indiqué.

Séries de Calcul.

Le Personnel enseignant peut se procurer au Dépôt scolaire, les Séries de Calcul (oral et écrit) qui ont été données en 1928, aux Examens d'émancipation et de Sortie des Cours compléInentaires. La série cOlnprend 32 Nos et renferme les notes 4, 3, 2,et 1.

Prix de vente pour les séries calcul oral et écrit (les 2 séries , Fr. 1.-).

La journée pédagogique à l'Exposition de Sierre

A Foccasion de la dernière exposition valaisanne, M. le Chef du Département de l'Instruction publique a pris l'initiative d'orga­niser à Sierre une «journée du personnel enseignant» ou une jour­née pédagogique. C'était là une idée des plus heureuses. Et nous ne doutons point qu'aux yeux de son organisateur, cette journée n'ait eu un but à la fois patriotique et professionnel.

D'abord patriotique) en intéressant les éducqteur.s de la .ieu -

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nesse valaisanne aux progrès accomplis dans les différents do­lnaines de notre activité cantonale. N'est-il, en effet, pas naturel que ceux qui ont n1ission de cultiver le patriotisme dans le cœur des enfants en soient eux-mêmes bien imprégnés et qu'ils ne négligent aucune occasion de l'entretenir et de l'aviver. Aussi, a ".ons-nous la quasi _ certitude que tous les membres du corps en­selgnant ont accompli ce pélerinage patriotique et que ceux-là seuls s'en sont abstenu qui en ont été empêchés par une nécessité ab­solue. Nous cOInprendrions difficilement qu'un éducateur qui y serait resté indifférent füt vraiment qualifié pour apprendre aux enfants à lnieux connaître leur pays et à leur en inspirer l'amour.

Ensuite professionnel, en fournissant aux maîtres et aux maî­tresses u~ ~oyen intuitif excellent de lnieux connaître leur pays, donc de 1 élImer davantage, en leur pennettant de fraterniser quel­qu~s moments ensemble, de constater qu'ils ne sont pas des isolés, malS un groupement puissant qu'on ne peut ignorer et dont il faudra, tàt ou tard , examiner les justes revendications.

Les journaux du pays ont déjà donné le con1pte rendu de oette réunion. Si nous en reparlons aujourd'hui, c'est que nous est~mons que ce compte-rendu doit figurer dans l' «Ecole primaire » qUI est notre revue de famille où l'on insère tout ce qui intéresse l'instruction ou le corps enseignant de notre canton.

Un certain nombre d'instituteurs et d'institutrices en con­servent soigneuselnent les Nos, plusieurs même les font relier afin de les mieux garder.

Ces volumes constituent alors pour eux une mine de rensei-­gnelnents utiles à consulter de temps en temps; ils forment de plus un souvenir qu'on feuillette avec plaisir dans les moments lib~'es, mêr?e lorsqu'.on a quitté la carrière de l'enseignement et qu on a prIS sa retraite. On y trouve des pages qui font revivre le passé, ce passé si cher aux vieillards.

En ce qui nous concerne, nous parcourons volontiers de ten1ps en temps quelques numéros, fussent-ils très anciens, de ~otre revue péda?ag~que. Nous y rencontrons des noms qui mé­l'lt~nt notre admIratIon reconnaissante, des articles marqués au ?OI,n du bon sens et d'une saine pédagogie; nous assistons aux e~renemeI?ts heureux ou malheureux qui ont jalonné la voie de lInsh~uctIon. dans not~'e canton; nous somlnes témoins des joutes oratOIres qUI se sont lIvrées dans les assemblées pédagogiques, etc.

. Da~1s vingt, trente, cinquante ans, d'autres reÜront avec plai­su' aUSSI le récit des luttes que soutient actuellement le corps ensei­gnant pour le progrès de l'école et l'amélioration de ses conditions matérielles. II y aura de~ nom~ dont on bénira la mémoire des

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àévouements qui exciteront la reconnaissance et en Inspireront d 'autres. Est-ce que tout cela n'est pas d 'un excellent esprit de famille?

Et maintenant, paSSQl1S au compte-rendu de la journée pé­dagogique. Nous ne pouvons mieux faire que de donner in extenso celui qti'a publié la «Patrie Va]aisanne » du 22 septembre, il nous a paru le meilleur et le plus complet.

De toutes les parties du canton, instituteurs et institutrices af· fluèrent jeudi à Sierre. Nos établissements d'jpstruction ~e'condaire

étaient également représentés par les Recteurs des trois C'ollèges et­quelques groupes d 'étudiants ..

. Après la visite de l'Exposition, les membres du corps ens,eignant. se réunirent tous dans le local des éclaireurs pour entendre la lecture d'une conférence de M. Louis Coquoz, instituteur retraité, de Salvan, sur l'historique de l'enseignement en Valais. Ce travail d e longu e haleine, auquel M .Coqùoz travaille depuis dix ans, mérite l'attention de tous ceux qui, chez nous, s'intéressnt au problème de notre histoire de l'enseignement: aussi formons-nous des v~ux chaleureux pOUl' que nombreux soient les Valaisans qui, par leur souscription pérmet­tront à M. Coquoz de confier à un imprimeur la liasse de ses manus­crits. La. publication d 'une telle étude apportera sans- aucun doute une contribution précieuse à notre histoire valaisanne.

NI. le Préfet Thomas, président de la Société valaisanne d 'éducation reC'ommanda instamment aux auditeurs la dite souscription en remer­ciant M .Coquoz de ses patientes et minutieuses recherches historiques.

La cantine était presque pleine à midi et demie. Un banquet fut s.ervi au cours duquel les accents d 'une excellente fanfare réjouirent délicatement nos oreilles. Puis ce fut diverses productions, très ap­plaudies, de la Chorale des instituteurs, dirigé par un maître com­pétent. Et enfin, le Chœur du Collège de Brigue, docile au" injonctions habiles de M. le professeur Julen, exécuta également quelques beaux morceaux.

La série des discours commença, annonC'és par NI. Bonvin, Prés.i ­dent de Sierre. M. Thomas prit en premier la parole. n parla notam­ment de la situation matérielle du corps enseignant valaisan, qu'il f r:\.ut améliorer et déclara qu'en ce moment; la question du sursala~re -fa­milial occupe l'attention de M. le Chef du Département de l'Ins~~':uc­

tion publique. Il rendit hommage à l'esprit de dévouemeI?-t et au pa­triotisme des instituteurs et institutrices de notre canton.

Puis-, ce fut le tour de M. l'abbé Tscherrig, révérend Curé -de Naters, de prendre la parole. En un langage vibrant, il montra l'im­portance de nos établissements d'instruction secondaire où sont formés

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les chefs de notre pays et dit quel fut le développe.ment considérable de nos C'ollèges depuis trente ans. Ce développement conbnue, puisque ces deux dernières années enregistrent encore la fondation d'une Ecol,e industrielle à Sierre et l'établissement, à St-Maurice, d'une Ecole com­merciale (1928). Après avoir rappelé l'attachement de nos maisons d 'é­ducation aux principes du fédéralisme et flétri les dissolvantes idées antimilitaristes, M. Tscherrig eut quelques belles· pal~oles pour dire la souveraine nécessité de l'enseignement de la philosophie dans nos collèges.

M. Clément Bérard, instituteur à Sierre, monte ensuite à la tribune et, au nom du corps enseignant, parle du rôle de ' l'instituteur dans la commune. Il poursuit en demandant que soit améliorée la situation du pers,onnel enseignant et en déclarant, dans un beau mouvement oratoire, que régents et régentes, quelque soit leur situation, demeure­ront toujours fidèles à leur devoir. Ils resteront patriotes notamment et c'est en exprimant aux autorités présentes l'hommage de la plus grande C'onfiance que M. Bérard termine au milieu des applaudis­sements.

Voici M. Walpen, Chef du Département de l'Instruction publique. qui apparaît sur la s('ène. Il rés,ume en trois mots les sentiments de tous ceux qui en Valais se vouent à l'éducation et à l'instruction de la jeunesse: religion, dévouement, science. C'est là une belle devise qui n'est point perdue de vue et c'est pourquoi M. vValpen adresse ses remerciements au clergé valaisan et au personnel enseignai1t. Puis, il ronstate avec joie que l'Exposition du Département de l 'Instruction publique a obtenu le succès le plus certain, et parle des efforts fa.its par le gouvernement valaisan, depuis 1900 surtout, pour . le dévelop­pement de l'instruction primaire dans le canton. En terminant il pro · met de faire tout son possible pour donner s.atisfaction aux revendi­cations absolument justifiées des- membres du corps enseignant au point de vue matériel.

La cantrine se vide. Encore un petit tour dans les stands et voici que le cortège arrive précédé par la fanfare «Cécilia» de Chermignon. Les groupes d'étudiants et d'enfants se dis,loquent. Ils se répandent dans les pavillons. H.

L'Exposition de Sierre a depuis longtemps fermé ses porte~ . Elle appartient maintenant au passé en tant qu'événem'ent, nU~ls par ses enseignements, elle fait partie du présent et de l'avenu'. Elle a été sans ,conteste un succès et un sujet de fierté pour notre canton. Mais attention, ne nous endormons pas sur nos lauriers , n'imitons pas certains chefs d'armée qui ont connu la défaite dé­finitive parce qu'ils n'avaient pas su profiter de leur premiers succès.

De même que les industriels , les artisans qui vont continuer

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leur travail avec le stimulant que leur a procuré l'Exposition, nous autres, éducateurs de la jeunesse, nous ~llons continuer, nous aussi notre tâche en nous efforçant de viser toujours plus haut. «Tou· jours plus de lumière » s'écriait un écrivain aI1emarid, au moment 'de nlourir, telle doit être notre devise, c'est-à-dire toujours plus de conscience profssionnelle, d'instruction et de dévouement!

Chronique de l'Union

Vers l'offensive

L'heure de la réouverture des classes est arnvee et le rappel à l'œuvre de tO,llS les maître d'école a sonné. Les jeunes se sont présentés dans leur classe le cœur débordant d'enthousiasme. Mais la plupart de nos collègues ne se sont remis qu'avec J(eine à leur tâche éducative. D'autres songent aux difficultés Inhé­rentes à notre profession et vivent peut-être quelques heuTes de découragement.

Nous nous empressons donc de leur proposer ici l"espoir d'une amélioration dans 11n avenir rapproché. L'état d'esprit, en ce qui regarde l'école, nous paraît en évolution et la modification de la loi scolaire nous s·emble proche. Mais il importe que les mem­bres du corps enseignant soient les instigateurs de cette réforme. Qui donc sont plus conscients des besoins de l1école que ceux qui , chaque jour, président à sa destinée et la conduisent à son plein épanouissement. Les échan'ges d'opinion doivent donc s'~tablir partout au sein des assemblées diverses du personnel enseIgnant et chacun travaillera avec ardeur au triomphe des résolutions votées . La· réforme de l'enseignement ne peut porter sur des ques ­tions secondaires; elle doit être radicale et efficace, en harmonie avec l'état social actuel et les progrès scientifiques de notre civi ­lisation moderne.

Nous soulevons aujourd'hui une question importante et ql~i doit entrer dans la discussion de la réforme sur la loi sur l'enseI ­gnement. Il s'agit du paielnent du personnel enseignant. Nos trai ­tements devraient être entièrement à la charge de l'Etat. Il y a là une question de justice devant laquelle on ne peut de bonne foi se dérober, dans un pays si démocra~iqu~ et si imprégné de ,I.'es­prit d'égalité. L'artide 13 de la ConstItutIon cantonale rend 1111s­truction obligatoire dans toutes les communes du canton . Or, l'Etat est une corporation, et comme membres de cette COl'pora­tion, nous sommes les uns à l'égard des autres à égalité de droits

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et d'obligations. Or, de fait , la vérité est tout autre. L 'érection et l'entretien des bâtiments scolaires, le payement du personnel en­seignant constituent pour res citoyens des différentes communes des impositions diverses et injustes.

La plupart de nos municipalité embrassent de grandes super- ) ficies. Et la nature du sol ainsi que sa configuration accidentée ont fait naître de nombreuses agglomérations, la plupart d'impor­tance moyenne. Mais ces villages et hameaux en raison de leur éloignement ont exigé l'ouverture de nombreuses classes. L 'entre­tien de celles-ci et le paie'ment du personnel enseignant grèvent fortement lB budget municipal et font ascender le taux d'impôt à une hauteur qui accable nos pauvres montagnards. L'Etat se doit donc, dans le mesure du possible, de rétablir l'harmonie en prenant à sa charge le traitement du personnel enseignant - qu'il envisage ensuite des moyens à prendre pour se récupérer de ce surcroît de dépenses, nous n 'avons pas à étudier ici cette ques ­tion - Le paiement de notre traitement par l'Etat serait en outre tin gage de sécurité pour les bénéficiaires des primes d'âge et des indemnités de déplacement. Bon nombre de conseillers munici ­paux s'opposent à la nomination dans leur commune d 'institu­teurs âgés à cause des primes qui les accompagnent. D'autre part, cette disposition nouvelŒe dans la loi serait la clef de réformes heureuses et nous verrions alors l'école populaire prendre un essor réjouissant dans la voie du progrès et de l'éducation. morale de ·notre peuple valaisan.

M ...

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~ Nos Pages lG)~ COURRIER DES INSTITUTRICES

SOMMAIRE: La fi'entrée. - Les joies. - Si vous' enseignez bien . - Les Roseaux,

La Rentrée

Les vacances ont fui, rapides - tels des pétales de fleurs em­portés au fil de l'eau - et nous voici au seuil d'une nouvelle année scolaire!

Il nous semble qu'hier seulement nous prenions congé du village hospitalier, de la chère ~glise émergeant d'une colline de verdure, de la salle d'école qui - vide de ses oisillons - nous paraissait si triste! Et cependant, que de mois se sont écoulés! Dieu, que le telups passe vit, ou plutôt comme vite . .. nous pas­sons!

Maintenant, c'est le Retour , la Rentrée! C'est le contact repris avec notre petite école, c'est toute une œuvre pédagogique en perspective! On y revient toujours avec bonheur, par devoir et par amour de sa tâche d'abord et aussi - avouons-le - par l'attrait du changement, le besoin du contraste qui sont innés au cœur de l'homme.

Puis, avoiT pour champ d'activité un essaim de jeunes intel­Joigences, de petites âmes vibrantes, n' ya-t-il pas là de quoi sti­muler notre zèle pour la sainte cause, de ' quoi remplir notre âme d 'enthousiasme et nous réconcilier d'avance avec les difficultés inhér,entes à notre chaI.:ge !

Si les ombres donnent du relief à un tableau, et bien, les ennuis qui nous atteindront au cours de cette année scolaire seront les ombres nécessaires pour donner à notre tâche son relief de mérite et de grandeur.

A toutes donc, bon courage!

24 octobre 1928. Chl'ysClle.

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Les Joies ~

Il faut savoir, après les ]OleS, Reprendre la vie et son COUl'S, Le train siInple de tous les jours, Et le coll'iel', et la courroie . .. Ne pas s'épandre en vains regrets, M ais faire son devoir après Comme avant le baiser des joies.

Ce sont des surprises, les ioies, On les c0111pte cm long du chemin 1 Dans le tissu dll sort humain Elles 111ettent des fleurs de soie: Mais le fonds solide et bourru, C'est le travail, l'effol't accru Pal' le rayonnement des joies 1

Pour nous aider, Dieu fif les joies; D'un geste rare en étoila Notre horizon. " C'est pour cela Qu'il veut, lorsqu'il nous les envoie, Que nous sachions, contents de peu, Leur dire bravement adieu Lorsqu'il nous faut quitter nos .ioies.

Ne pleurons pas nos vieilles joies: Nous éteindrions pal' nos pleurs Le rayon versé dans nos cœurs! Rions cm destin qui rudoie Entre deux caresses! Rions . .. Et, les yeux levés, travaillons, Dans l'espoir des futures )oies !

Marguerite Duportal.

Si vous enseignez bien ...

Si vous enseignez bien, les l'ègles fondamentales seront pour vous et pour vos élèves des pl'incipes vitaux, et vous irez jusqu'au cœur de ces principes, et toutes les conséquence8. en découleront naturellement, et les applications seront palpitantes de véri.té. Vou~ mettrez toujours l 'exception sous les pieds du principe fondamental, car elle sort des règles naturelles, sinon des règles. du vrai, el1e est un monstre. Laissez-

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la donc de côté jusqu'à 'ce que le grand principe soit devenu tout à fait lumineux à force d'applications directes.

Ramenez les règles fondamentales au plus petit nombre possible. Pl'enons, par exemple, une de ces règles de la grammaire française qui sont l'épouvantail de l'enfance. Assurez-vous. si ce terrible participe conjugué avec avoir, est précédé de son cümplément direct, oui ou non. La recherche peut être laborieuse, mais elle est' intéressante, et tout aboutit là. Vos élèves seront ravies de pouvoir supprimer une dizaine de règles spéciales.

Si vous voulez réussir à bien ens,eigner, faites en sorte que l'ordre matériel règne dans votre classe. Ne souffrez pas les absences, sinon pour des motifs sérieux, des cas de force maj eure; ne souffrez pas le babil, ne souffrez pas le bruit, ne s.ouffrez pas les distractions volontaires, ne souffrez pas qu'on arrive trop ' tard, et n'en donnez pas le fatal exemple. Quand la maîtresse arrive la dernière, les élèves légères, comme elles le sont presque toutes à cet âge, ont déjà babillé, il n'y a plus le recueHlement voulu, il n'y a plus ce sentiment de haute importance qu'on devrait attacher à la leçon. Gardez-vous de passer, pendant cette leçon, un temps. considérables à plaisanter ou à jaser sUr des matières étrangères; ' vous seriez la première cause de la ruine de l'esprit s,udieux, et frivole vous-même, vous n'auriez rien de sérieux à espérer de la part de vos élèves.

En général, parlez pour la moyenne de votre classe, et bien souvent descendez encore de quelques degrés PQur relever le courage des élèves les plus faibles. Si vous prenez votre essor avec les deux ou trois aiglons, vous découragerez la, majorité, et vous aurez trop peu de fleurs à votre couronne. C'est dans la moyenne surtout que vous devez être comprise, que vous devez vous assurer s.i vous l'êtes ..

Ne manifestez pas au milieu de vos leçons des préférences, même involontaires. C'est cependant chose toute naturelle, et voilà pourquoi je veux vous mettre sur vos gardes. L'avez-vous remarqué? Nos r e­gards, nos paroles, tout se dirige vers la partie la plus intelligente de notre auditoire. Il y a, là une sorte d'aimant, une attI'act~on presque îrrési1stible. Nous avons tort, néamoins, car les .autres élèves deviennent jalouses, ou impassibles et indifférentes à tout progrès.

Distribuez l'éloge ou le blâme avec la . plus .entière impartialité, et que toutes les consciences se disent: C'est juste.

N'humiliez que bien rarement les plus faibles du troupeau, à moins qu'elles ne soient parresseuses, car vous ne feriez que les dé­concerter et troubler leur cerveau à tel point que, de longtemps, elles ne verraient plus rien dans leurs livres et ne comprendraient plus rien à vos leçons·. Une humiliation ne fera pas grand mal à vos petits phénix, pourvu que le trait soit lancé si adroitement, si sûre-

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ment, qu 'il .ne fasse qu 'aiguillonner l'amour-propre, éxciter au travail, allumer un nouveau zèle.

(M. B., dans l'Enseignement primaii'e du Canada.)

Les Roseaux

La prmne verte et lisse descend, camine une soie, déployée · sur la' pente. Pour toi, si petite, elle est grande comme un monde. Moi .le la trouve étroite entre les bornes d'arbres et de haies, mais elle est charmante quand mêIll'e, avec sa nuance d'eau profonde et la fraîcheur de ses graminées. Elle est charmante surtout là­bas, au bord de la rivière aux roches bleues, lorsqu'elle s'ourle d'une haute fI:ange de grands roseaux tout frémissants ...

Oh ! ces ras aux nombreux, pressés l'un contre l'autre comme pour étager leur faiblesse ·nonchalante ; ces roseaux murmurants et légers dont les feuilles aiguës vibrent au moindre souffle d'air!. .. C'est la mystérieuse forêt où tu circules, émerveillée, découvrant toute une faune de scarabées et de sauterelles . C'est tour à tour, suivant la fantaisie de tes jeux, le bois où sept petits enfants s'é­garèrent au crépuscule, et la futaie au fond de laquelle s'élève le palais d'une belle endormie. Tu gazouilles COlnme l'oiseau, qui lui aussi chérit ce lieu ombragé et ne s'effarouche pas de ton babil auquel le sien ressemble ... Glisse-toi, souple et petite, entre les ro­seaux verts dont le grêle feuillage est si pâle ...

Pourquoi ont-ils des airs penchés et des frissons mélancoli­ques? Se souviennent-ils d'avoir été, entre les mains liées du divin .Messie, le sceptre ironique d'une tragique royauté? ... Se souviennent-ils d 'avoir hissé jusqu'à des lèvres expirantes l'éponge imbibée de fiel et de vinaigre que les hommes leur donnaient comme si elles n 'eussent pas encore assez goüté d'amertume et 'd 'aigreur? D'avoir été les dociles instruments de la méchanceté des créatures les roseaux gardent ' cette attitude humiliée, cette promptitude ù ployer sous le vent comme l'esclave sous le fouet du maître, et la plainte triste et sifflante qui jaillit d'eux au souffle de l'air ...

La bise se lève: écoute, écoute au fond de la prairie la note aiguë, plaintive et prolongée qui s'étire jusqu'à ce que l'onde aé­rienne soit passée. Il y a là-bas une voix qui pleure, et puis s'arrête, à bout d 'haleine, ou désespérant peut-être de dire un intraduisible chagrin ... Et c'est au cœur des verts roseaux que la voix est em­prisonnée ...

!

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Les jeunes pâtres qui mènent le long des l)ra~ries leurs vaches fauves leurs chèvres brunes et les boucs aux fronts lourds, les pâtres 'aux loisirs nombreux, savent libérer la voix captive.

Us savent couper les roseaux, en creuser le bois tendre et le percer avec mille soins délicats. Puis, le soir, attentifs et fennant les yeux pour mieux se recueillir, ils donnent leur souffle vivant aux roseaux qui jusqu'alors n'avaient connu que celui des brises. La voix s'évade, vibre, s'exalte et module enfin à son gré tout ce qu'eUe n'avait jamais su dire. Pour l'écouter, les oiseaux se taisent, les chèvres turbulentes tournent vers le berger leur yeux aux prunelles obliques. La rivière n'a plus que des remous paresseux et des ondes ralenties. Toute la prairie enivrée écoute le chant mystérieux et doux ... L'unique phrase se répète comme se répètent ici-bas les saisons et les vies, et l'harmonie symbolique évoque les perpétuels recommencements.

Puis, tandis que le crépuscule rougit le bord du ciel 10inÛün, à l'heure où s'approfondit la cavité bleue des étables chaudes, les bergers ramènent leurs troupeaux le long des chemins. La

,chanson s'éparpille au-delà des prairies, laissant sur les routes paisibles un long sillage harmonieux. Le vent stupéfait se de­mande: « Est-ce bien. là le plaintif soupü: des roseaux? ... Je ne le reconnais plus!...» Et le ciel plein de sérénité songe que ces chants sont peut-être un appel jeté vers les étoiles.

Mais les pâtres ne pensent pas à tout ce que leur souffle éveille; leurs pieds nus effacent dans la poussière la trace marte­lée des bestiaux, et une hâte précipite le rythme .et les pas ...

Tu les écoutes rentrer tous l'es soirs, les petits ber'gers aux t'Iütes rustiques, 'égrenant le long du chemin la voix des sauvages roseaux. Tu t'endors quelquefois au berceinent de leurs cadences; peut-être crois-tu entendre la Belle enfin réveillée et les petits' enfants retrouvés chanter dans tes rêves! ...

Vois-tu, pour délivrer les chansons qui étaient enfermées dans les tiges vertes se balançant au fond des prés, il a fallu que le couteau de l'homme tranche ces tiges, arrache leur feuillage, et les mutile et les blesse. Souviens-toi plus tard de la fIüte har­monieuse des pâtres, lorsque sous le cruel couteau de la vie, ton âme apprendra à chanter ...

M. Banère-Affre.

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q :v ~~~=E=N~C==L=A=N=A=N=T~:~~

..-'(3 L'hirondelle 6'-

Quanel les-froids sont venus, la prLldente hirondelle Quitte nos dllrs climats pOUl' des pays plus doux, Mais l'oiseall du relour, en s'éloignant de nOLlS, Pense cm toit de son hôte, et lui l'este fielèle.

Le niel abandonné hante son souvenir, Et quand elle s'en va, la bonne voyageuse En empol'te avec elle llne ilnage joyeuse Que son âme d'oiseau saura bien retenir.

Adieu donc, et partez, frileuses hirondelles, Mais revenez chez nOLlS pour les feuilles nouvelles, Et vous l'etroUvel'ez, COllune tous les printemps,

Avec vos anciens nids accrochés aux solives, Le bon}our familier et les regards contents, Qui rendent chaque fois les amitiés plus vives .

Henl'i Chantavoine,

~ L'aumône du chêne (~

Cumine un vieillard ClllX brGls tordus pal' les années, Un grand chêne agonise, cm détour du chemin, Et, doucement, avec un geste presqLle hUlnain II couvre le vallon ele ses feuilles fanées.

Il en .tette, il en .tette, en silence, lungtemps ... On dirait des sous d'or que lance Lln roi superbe Et, quand il gèlera, les fleurs et les bl'ins el' herbe S'en feront des manteaux pOLlr leurs clos grelottants.

Il en .tette avec joie, il en .tette sans nombre . . . Et, quand tout est couvert, il m eurt, en réservant Quelques feuilles, au bOLlt d' un rameau survivant Pow ... les nicls cles oiseaux qLli chantaient cl son oinbre .

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Heureux qui peut moul'ir, homme, chêne ou roseau, En pensant que, pal' lui, la saison sera douce Au dos d'un mendiant ou bien d'un brin de mOLlsse, Et qLl'il sera béni d'Lln gueux ou d'un oiseau!

Jean Ramau .

-../0 Les peupliers tisseurs de brumes CS'--

Les l'oses du couchant s'effeuillent dans le soir . .. Pareils aux blonds fuseaux des lointaines veillées, Sous l' haleine des vents qui les fait se 111Ouvoir Croisant et décroisant leurs aiguilles l'ouillées, Là-haut, (les peupliers, PW'111i le .tour qui fuit, Dévidant du brouillard les sombres quenouillées , Ont l'ail' de tricoter le manteau de la nuit.

Piel'l'e Jalabert,

~ L'homme des champs et la terre t(Çt' ·

Entre l' homme et la terre il est une hannonie; Et tous ces paysans que, le soir, nOllS voyons Chelniner pal' la plaine à travers les sillons, Et dont l'all1}re cm sol semble marcher Llnie,

Bouviers cambrant à l'ail' leur poitrine brunie, Pâtres en limousine, ou pauvres en haillons, Ont, dans la bl'ume où luit l'or des derniers l'ayons, Une sérénité d'une grâce infinie.

Tandis qu'à lew's chansons ils vont rythmant leurs pas, Du côté de la nuit leur grande ombre là-bas S'allonge; et sous la blouse et le chapeau de paille,

Evoquant .te ne sais quel souvenir des dieux, L'immensité des champs est cl peine à leur taille; Leur voix sonore emplit l'immensité des cieux.

Achill e P aysant.

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B La feuille ~

De ta tige détachée, PaLlvre feLlille desséchée, Où vas-tLl? - Je n'en sais rien L'orage a brisé le chêne

De son inconstante haleine, Le zéphir OLl l'aqLlilon DepLlis ce ,;our Ine promène D'e la forêt à la plaine,

Qui seLlI était mon sOLltien. De la 1110ntagne CLLZ vallon.

Histoire.

Je vais où le vent me mène, Sans ll1e plaindre ou m'effrayer; Où va la feuille de l'ose, Et la feuille de lauriel'.

A Verdun

Al'nault. '

Une lumière grise, métallique, frôle les côtes de Meuse et glisse vers la ville. Elle accroche à contre~jour les pans de murs des casernes Marceau et Chevert qui, de chaque côté de la route montante, dre':3.sent leurs ruines séches et désolées, et semblent gai'der l'entrée de ee champ de mort que fut le champ de bataille de Vaux-Douaumont.

A , l'est de la "Meuse qu'elles dominent de 150 à 200 mètres, les côtes de Meuse allongent leurs croupes molles, alanguies. La ligne de faîte qui va du nord au sud est barrée tous le:3. deux ou trois kilo­mètres par une côte transversale, qui coiffant la crête d'un accent circonflêxe, file vers l'est et l'ouest, entre les ravins profonds. Chacun de ces carrefours de collines porte un fort: ici, Souville, là-bas Douau­mont, et tous deux à la même altitude; et. en contrebas, sur les contre­forts qui dominent la plaine, Vaux et, plu~, au sud, Tavannes.

Entre ces quatre piliers de la défense de Verdun, s'élale le champ clos où périrent un demi-millon d'hommes. Ailleurs, la nature a jeté un manteau de verdure sur le sol gorgé de sang. Ici, la terre reste dans sa nudité tragique. Tout a été tué, homme& et choses. Pas un tronc d'arbre, pas une racine. Rien que la terre battue, meurtrie, cabossée par le& obus, striée par les tnll1chées, déchirée par les ronces des bar­belés et les pointes acérées des chevaux de frises, impuissante à nour­rir autre chose qu'une herbe jaune et dure. Il y avait ici des village's, des fermes cossues. Tout a disparu. Pas même une tache blanche ou quelques moellons là où furent les, maisons, les églises de Fleury,

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Vaux, Douaumont. Les trous d'obus ont tout envahi, tout absorbé, rongé, broyé, tout sauf les forts.

Dans cette mer de boue séchée, il y a comme des épaves farouches, montrant leurs carcasses décharnées et leurs membres bri:3·és. A Ta­vannes que ne protégeait pas une chape de béton, l'artillerie a abattu de grands pans de murs et crevé la superstructure épaisse. Vaux a mieux résisté. Sous sa carapace de béton, on dirait une sablière aban­donnée, d 'où émergent, tordue:3', lamentables, les tringles d'aciers de l'armature et les calottes des tourelles d'artillerie et des postes d ob­servation. La superstructure, boursouflée comme une tumeur honteuse montre ses plaies, les gros entonnoirs des 420 allemands et des 4,00 français dont l'un, trouant deux mètres de terre et quatre de béton, défonçant les voûtes de maçonnerie s 'en fut enterrer, dans une case­mate profonde, toute une compagnie allemande.

L'intérieur, bien qu 'il ait moins souffert, porte encore les traces d une lutte acharnée. C'est là, sous ees voûtes silencieuses, da.ns ce petit réduit boisé, que le commandant Raynal a, pendant cinci .iours atroces du 2 au 7 .iuin 1916), animé la rés.istance de ses hommes qui se défendent pied à pied contre les grenades, contre les .iets enflammés, balançant leurs grenades rondes qui explosent dans un air lourd, opaque, sa,turé de gaz empoisonnés et de fumée qui prend à la gorge, au milieu des morts, des b~essé:3. qui gémissent et qui crient la soif. Plus une goutte d'eau; pas une bouffée d 'air pur. Devant la moindre ouverture, les Allemands installés dans la superstructure font des­cendre des paniers d'explosifs à fusée redardée. Une telle rafale :3,'abat sur le fort que le dernier pigeon qui en sort arrive blessé à Verdun. Le fort ne communique plus que par signaux optiques. Le 7, au petit .iour, il signa.ie encore: «A toute extrémité; ne quittez lias» C'est le der­nier appel du mourant ... qui s'accroche à la vie, désespérément ...

Du fort de Vaux, on remonte sur la crête à celui de Souville, fac e à Douaumont, qui bombe sa maS:3·e inerte à trois kilomètres plus au nord. Entre deux, la crête s 'infléchit doucement. A gauche et à droite, s'amorcent les ravins qui tous furent des ravins de la mort. .

Ici, c'est une terre d'épouvante. Une angoisse vous étreint et l'on parle bas. Le son de la voix fait mal et le bruit des pas importune. Quels spectre& vont-ils réveiller dans ce charnier?

C'est ici que l'assaut fut le plus rude, et la plus affreuse la pas­sion des hommes; ici que' fut brisé l'élan allemand. Dans ces fossés de Souville, un millier de soldats feldgrau tombèrent un jour, écuml~

jetée en ' avant par les vagues, d 'assaut brisées. Ces casques rouillés sont-ils à eux et ces ossements qu 'on voit encore?

En face de ce fort informe et désolé, abandonné, tragique, en faee du glacis raviné qui monte vers ' Douaumont, là où furent le village de Fleury, la. 'ferme de Thiaumont, sur tout ce sol sacré, pourquoi

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pense-t-on moins à l'héroïsme qu'à la souffrance, et à la grande mort anonyme, moins à la fièvre de la bataille, à la beauté du sacrifice qu'aux râles des mourants. aux gémissements des blessés, aux sou­bresauts de la chair meurtri e, déchiquetée ? Cette t erre affaissés sous le poids de son histoire, accablée d 'horreur, je n e sais rien qui boule­verse autant la conscience humaine.

Où donc est-elle, la guerre «fraiche et joyeuse»? «Quand tout fut t erminé, a écrit Winston Churchill , la torture et le cannibalisme étaient les deux s,euls expédients que les Etats civilisés, scientifiques et chré­tiens n 'aient pas employés».

J'ai traversé le champ tragique, glis-sant parfois dans un trou d 'obus, suivant un boyau à moitié comblé. En face, l 'ossuaire de Dou­aumont dresse sa tour élancée. Puis, j'ai remonté le ravin de la Ca il­lette jusqu'au fort de Douaumont, «pilier angulaire» soi-dïsant pris d 'as,saut le 25 février 191G, et tout bonnement abandonné par ses dé­fenseurs à la suite d 'un malentendu. La légende déjà, s'y est installée. Le guide raconte comment des soldats allemands, habillés en Zouaves, s'y glissèrent au grand ahurissement de la garnison française . Ri en de plus inexact.

Du haut, de cet observatoire, tout le champ de bataille apparaît, comme s.ur un plan. Au nord, par delà les collines tuméfiées, les ju­m elles d 'Ornes arrondissent leur double bosse d 'où partit l 'offensive allemande, le 21 févri er. A g-auche, la croupe ronde de Froideterre desce-nd mollement vers ' la Meuse. Tout a u nord, par delà les crêtes et les ravins nus, pi'lonnés, l e bois des Dames., tombeau de Driant ct de ses chas.seurs.

Comme à Vaux, la couverture de béton a résisté presque partout, malgré un bombardem ent de 400 qui a creusé des cratères. Un seul obus a percé jusqu'aux casemates mais la tourelle de 150 est encore là intacte, à peine mouchetée par une vingtaine de projectiles qui ont creusé de rides circulaires l'acier de sa coupole.

Là-bas., c'est l 'ossuaire provisoire de Douaumont. Une femme pri e, au bout du couloir bordé de bières de sapin. D'autres attendent, des Allemandes qui jettent un regard éperdu sur cette désolation.

Et void, sous la croix de son monument, la tranchée' des baïon­nettes. Trente ou quarante, elles sortent de terre, longues, effilées, rouges de rouille; la pourriture a rongé le fût des fusils. Les, bour­rasques d 'artillerie en ont courbé les canons qui émergeaient de la tranchée tragique et par dessous cette terre inhumaine, on songe aux pauvres corps qui sont là, aux mains crispées sur la crosse, pour maintenir l'arme haute, par delà de la mort...

Aujourd 'hui, plus de douze ans après, des femmes sanglotent près des baïonnettes tordues.

On m'avait dit: «A quoi bon. Il n'y a plus rien à voir à Verdun». Voilà. O. Td.

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Hygiène et médecine Le sommeil ..

La qu estion du sommeil a toujour s préoccupé les m édecins. et en­core plus les m alades. Un bon sori1meil est, le plus souvent, l'indice d une bonne santé.

Celui-là qui se tourne et se r etourne dans son lit sans pouvoir trouver le r epos, a lors m êm e qu 'il n e souffre pa~, physiquem ent, se croit aussi m alheureux que l'autr e que la doul eur ti ent éveillé ou que l'asthmatique qui étouffe dans son fauteuil.

Une bonne nuilt, d 'ordinaire, enfante une bonne journée. Il y a, toutefois, des exceptions. C'est ainsi que l'on voit des n évropathes qui semblent bien dormir et qui , cepend ant, se r éveillent fa tigu és et m a l en tI~ ain.

Dormir, a dit un gr and médecin, c'est se désintér es.ser. Il fa ut, pour que se produise le sommeil , qu e tout disparaiss-e de la conscience de l'individu, à commencer par les préoccupations d 'aff aires ou de ménage, les souvenirs proches ou lointains que l'on est trop tenté d'évoquer pendant les h eures d 'insoûmnie.

Il faut a ussi que les excita tions d 'ordre physique soient absentes ou n e soient plus aperçues par le suj et. P armi' ces excitations, il faut r anger , avant tout, le bruit et la lumièr e.

Les bruits inaccoutumés, ceux-là qui n e nous sapt pas familiers, seuls, gên ent séri eusem ent le sommeil; m a is on s 'haJ~itu e très bien au tic-tac d 'une' horloge et à la sonneri e dès h eures d 'un clocher pro,· ch e de la m aison.

Tout de même, le grand silence de la. campagne est propice entre tous, au profond sommeil, de m êm e que la complète obs-curiité.

Nous fermons les yeux pour dormir. Ce n 'est pas assez. Le r epos sera bien plus parfait si toute lumi èr e est bannie de la chambre à coucher.

Ainsi donc, chez les bien portants comme chez les m alades, avant toutes choses" il faut m ettre en pra tique la maxime : dormir, c'est se désintér esser.

Il n e s 'agit pas, en se m ettant au lit, de ruminer les ennuis quo­tidiens qui sont, d 'ailleurs, le lot de tous les humains.

Dans la m esure du possible, absence de bruit et de lumière.

Nous allons examiner, m ainten ant, succintem ent, les coas des ma ­lades tourmentés. par lïnsomni e habituelle.

J adi s, on avait divisé ceux-ci en deux catégori es: les congestifs et l es an émiés. Tout deven ait simple. Aux congestifs on conseillait de 'dormir la tête h aute, donc beaucoup d 'oreillers, le haut du corps bien

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dégagé et à peine couvert. Aux anémiques, l'on disait: tête basse, pas. d'oreiller ou à peine.

Formule par trop simpliste. Un essai peut toujours être fait. S'il ne réussit pas, n 'insistez pas.

Tout de même, chez les· anémiés et. les névropathes, le coucher en position horizontale donne souvent de bons résultats. Mais, chez ceux-ci, ce qui est vraiment c'uratif, c'est le coucher tôt.

Le fatigué, le perpétuel fatigué, le nerveux, le déprimé, doit se résoudre à se coucher au moins une heure plus tôt qu'H n 'est accou­tumé. Il ne doit pas espérer pour cela s'endormir tout de suite, mais la position couchée lui fera grand bien et, peu à peu, 11 glissera en sommeil sans difficulté.

Ceci es,t capital. Mais, d'autres moyens secondaires ont une valeur indéniable. Uil bain tiède avant le repos du soir, d 'une durée de' 15 à 20 minutes, ne fera jamais de mal, souvent il réussira à déterminer le sommeil.

Chez un' constipé, un lavement produira le même effet, tandis qu' une boisson chaude (infusion de tilleul, de préférence) agira parfai­tement chez le dyseptique. Ailleurs, un verre' de bière donnera d'excel­Lents résultats s'il est pris un peu avant le cüucher.

A côté des névropathes et des déprimés, si nombreux aujourd'hui, dont nous venons de nous occuper, il y a toute une catégorie de gens qui dorment mal et chez lesquels le traitement de l'insomnie sera bien différent. Ce sont les hypertendus., les artérioscléreux, les congestifs chez lesquels il faut absolument restreindre l'alimentation, surtout le soir.

Les uns et les autres, d'ailleurs, doivent avant tout prendre conseil de leur médeci'l1, afin de faire disparaître ou attélluer la cause mêm qui a engendré l'insomnie. C'est le médecin aussi qui jugera de l'op­portunité d'une médication palliative destinée à déterminer momen­ta nément un s·ommeil artificiel. Les produits hypnotiques son légion actuellement, et il en est d'excellents. Mais, encore une fois, ce sont là des palliatifs et il faut arriver à pouvoir s'en passer; sinon il n'y a rien de fait.

On a beaucoup éCTit sur la durée du sommeil nécessaire à l'hom­me. Jadis, l'école de Salerne l'avait fixé à sept heures. Les socialistes. ont cru trancher la question en divisant la journée en trois parts de huit heures.

Tout cela est arbitraire, conventionnel et ne tient pas debout.

Il est des gens qui, après cinq à six heures, se lèvent parfaitement dispos·. Il el1 est d'autres à qui il faut de neuf à dix heures de sommeil pour se bien porter, et ce sont là, padois, de grands travailleurs. Sou-

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vent nous avons observé que, dans certaines familles, le besoin de dormir beaucoup s 'étendait à plusieurs générations.

Nous n'Ftvons rien dit jusqu'ici des enfants·. Pour eux, pour les nerveux surtout, le coucher tôt est une nécessité inéluctable. Malheu­reusement, trop de parents, aujourd'hui, abandonnent les usages tra­ditionnels si prudents et si salutaires du coucher après le dernier repas. Ce devrait être la règle jusqu'à l'âge de 12 à 13 ans.

Que de pauvres mioches sont gorgés d 'huile de morue, de fer ou de quinquina sans résultat et qui seraient guéri de leur anémie ou de leur nervosité si on leur administrait quelques heures de sommeil en plus.

Observez que le sommeH est une fonction vitale de premier ordre; il est nécess.aire à l'homme comme l'air, l'aliment, la boisson, l'exercice.

Durant le sommeil, nous vivons «en veilleuse». Les divers appareils de l'organisme sont au repos. Cœur, respiration, système nerveux ré­parent leurs forces. Et l'on ne saurait attacher trop d'importance à c~ que cette fonction là s'accomplisse comme il faut.

Un mot de la s,ieste, appelée aussi la méridienne. On a beaucoup médit de la sieste et c'est bien à tort à notre sens.

Une personne bien portante peut parfaitement s 'en passel' et on aurait tort de la lui recommander.

Mais il est bien des gens à qui elle est nécessaire : les paysans s'y adonnent tous, au moins. pendant les mois de rude labeur. La sieste fera souvent du bien à des surmenés à des déprimés ou anémiés.

Mais le sommei en position assise Elst tout à fait à condamner. Si l'on veut tirer de la sieste tous les avantages qu'elle peut donner et éviter bien des. désagréments, il faut se coucher sur une chaise longue ou sur son lit.

Bibliographie

Le passé du Val d'Anniviera

C'est le titre de trois beaux vol mues de 400 pages, format grand in 80

, dont le premier vient de sortir de presse ..

Le «Passé du Val d'Anniviers » de ]1,11. l'Clbbé Dl' El'ClSmC Zuf­fCl'cy, à Sicl'l'c, est un ouvrage que tous les instituteurs liront avec intérêt. Il a été écrit dans le cadre de l'histoire vaEaisanne, d'après les archives des communes et tous les renseigneluents accessibles. C'est un incomparable document sur la façon dont se sont formées ll,OS institution.s locales.

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Chaque membre du corps enseignant voudra posséder l'œuvre de M. Ire Dr Zufferey. Elle lui facilitera grandement la compréhen­sion pl\ls approfondie de l'Histoire suisse et valaisanne et lui sera d'un réel secours dans l'ensei'gnement.

En vente chez l'auteur, à Sierre. (Compte de chèques II c 885)

Opinions

L'armée et l'école

Aux pacifistes. outranciers de notre pays, l'étranger se charge, à l'occasion, de rappeler le bon sens ~t la réalité, éC"rivait récemment M. G. Rigassi clans la «Gazette de Lausanne». C'est le sénateur socia­liste belge de Brouckère qui déclare: «L'armée suisse de milices, im­propre à l'agression, est le système de s,écurité idéal que .i e propose à mon pays. Quand toutes les nations l'auront adopté, le problème du désarmement sera bien près d'être résolu». C'est le professeur Borel qui, textes en mains, démontre que les Vandervelde, les Jaurès, Jouhaux, Paul-BonC'ourt, Renaudel et autres, chefs socialistes belges et français étaient ou sont' tous partisans d'une défense nationale «à la, manière suisse».

Mais tout cela, les instituteurs patriotes, qui forment la grande majorité du corps enseignant, le savent aussi bien que nous. Ils s,avent qu'en fait de limitation des armements, on a été en Suisse aussi loin qu'on pouvait aller sans compromettre notre défense nationale. Ils savent aussi que le désarmement unilatéral de la Suis.se irait à l'ena contre du but proclamé par les faux pacifistes, car la suppression ou le simple affaiblissement de notre armée pourrait compromettre la paix européenne en faisant disparaître ou en sabotant l'instrument de paix qu'est notre armée.

Enfin, il y a l'intérêt de l'école qui se trouve en jeu. Les régents antimilitaris,tes qui se mettent en <.'ontl'adiction flagrante avec l'esprit civique de la population, causent un tort grave à l'école obligatoire qu'ils doïvent servir, parce qu'ils ébranlent la confiance que les parents patriotes sont en droit d'avoir dans les éducateurs de leurs enfants. Ainsi que le rappelait en 1920 le ministre belge Jules Destrée, soC'Ïaliste lui aussi: «L:in~tituteur qui, même en dehors de l'école, hurterait violemment les sentiments des pères de famille, compromet­trait son prestige et affaiblirait le respect que les parents doivent conserver à l'éducateur de leurs enfants».

Les régents antipatriotes sentent-ils, toute la responsabilité qu 'ils assument en introduisant à l'école ce ferment de discorde et de que r

l'elles qu'est l'antimilitarisme?

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Pédagogie et christianisme

Dans le livre de Charles Baudoin et Lestchinsky, «La discipline intérieure» le chapitre consacré au christianisme se termine par ces mots I, qui servent de conclusion:

«Il n'est pas paradoxal de soutenir, pour conclure, qu'une des originalités les plus fécondes de l'attitude C'hrétienne, c'est d'avoir montré les limites du pouvoir de la raison et de la volonté dans la maîtrise de nous-mêmes, et la nécessité de recourir à d 'autres forces. Il reste lois.ible ensuite de regarder celles-ci comme étant supérieures à l 'ordre naturel ou de voir simplement' en 'elles une forme plus riche de la 11ature».

Il est loisible! Sans doute', comme il est loisible de rester dans le christianismE' ou de le quitter! Nombreux sont ceux qui usent de cette liberté. Seulement. ne voir dans la grâce, qui est l'âme du chris­tanisme, qu'une forme de notre nature et dans le pers,onne du Christ qu'une forme plus riche de l 'humanité, et dépouiller ainsi si le' chrjs­tianisme de tous ses éléments surnaturels et divins, c'est, manifeste­ment, anéantir le christianisme et lui opposer une religion nouvelle qui n'a de commun aveC' lui que le nom. C'est cette religion de l'hu~ manité, tiss.ée de toutes pièces dans les loges maçonniques et dans les clubs de jacobins, qui fut célébrée avec tant de ferveur et de mys­ticisme au congrès international de pédagogie nouvelle à Locarno. l'année dernière. Singulier christianisme, dans lequel - on nous le dit sans rire - les athées eux-·mêmes peuvent prier à l 'aise. Christia­nisme sans Dieu! Christianisme sans prêtres, sans temples, sans au­tels, sans dogme et sans mystères!

Nous n 'accepterons donc que sous bénéfice d'inventaire le christia­nisme que nous propose la pédagogie de l'éducation nouvelle. Le christianisme, le vrai christianisme, s'accorde mal avec le naturalis­me à la J ean-J acques, avec le rationalisme raffiné de Renan et avec l'humanitarisme creux des Loges. Le vrai christianisme ne propose pas comme modèle aux éducateurs modernes le plus ordurier malthu­sien de France; il ne voit pas en Jaurès «le plus authentique disciple du Christ»; il n'érige pas en système d'éducation la dangereuse pro­miscuité des sexes; il n 'élève pas le corps au-dessus de' l'éducation intellectuelle et morale; il n'enchaîne pas la vie de l'homme dans l'étroite et désespérante prison des sens et de la matière: il ne confond pas la liberté avec la licence; il voit clans l'autorité la condition né­cessaire et le fondemnt de l'éducation; le christianisme enfin ne fait nulle alliance avec les saboteurs du patriotis,me et les pires ennemis de la, Patrie.

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L'automne Quelle m.agie que celle de l 'Automne, quand Fhomme, ce fré­

nétique destructeur, lui laisse encore des bo is et de l'espace pour s'y déployer. Quelle grâce des brumes transparentes, écharpes la­mées d'argent qui ralnpent, se suspendent, s'enroulent, s'envolent, absorbant, pour s'en parer, les 'rayons qui les frangent d'azur et de safran . Quelle poésie ont les lointains estompés, irréel's, baign és de vapeurs et de rêve; quelle féérie de couleurs sur les feuillages qui s'éparpillent comme les pétales de quelq:ue énorme marguerite: les jaunes éclatants, toute la gamme des cuivres et des ors, .iusqu' au rouge qui saigne le long des vignes vierges. Quel art des nuan­ces, quelle dégraàation des teintes! Quel apaisement! Les bruits sont feutrés, ouatés; on dirait qu'ils hésitent à se manifester de peur de rompre l'enchantement.

C'est que cet enchantement est lia d~rnière floraison de l'année. La nature avant de mourir se pare des plus beaux atours .. Cer­tains visages rayonnent ainsi à l'instant où ils vont se faner pour toujours; mais ce rayonnement nous fait lnal parce qu'il précède l'agonie.

L'Automne aussi est une fin, voilà pourquoi, malgré sa séduc­tion, il nous déçoit et nous attriste. Nous savons bien que la sève, fatalement, à nouveau, fermentera; qu'elle se glissera dans les brindilles, fera éclater les écorces, s'épanouira: bourgeons, feuilles et fleurs, sur les branches des arbres, les buissons et les plantes; que dans les vergers, les campagnes, les jardins, les oiseaux chan­teront et que le printemps reviendra, l'adorable, le rassurant prin­temps, le selneur d 'illusions; mais serons-nous encore là ? Ver­rons-nous le bleu de son ciel et le rose de ses roses?

Malgré nous, l'autonlne fait songer à la fuite des jours, à notre jeunesse qui s'éloigne. Un tournant encore, nous n'aperce­vrons d'elle que son geste d'adieu et son ombre qui diminue. Rien ne subsistera-t-il? Et, parce que le printemps et la jeunesse s'en sont allés, faut-il vraiment désespérer? Non, certes! Autour du feu clair qui pétille, le foyer resseTré nous garde, nous berce comme 'un nid; les étinceNes qui jaillissent évoquent encore les belles journées que la büche, lentement réduite en cendre, a vécues, alors qu'elle était branche. Chaque heure nous apporte ses dons; à nous de les découvrir afin de ne les point délaisser. Chaque saison de la vie a son channe ; à nous d'orienter vers lui notre âme pour qu'elle s'en imprègne et s'en délecte. Dans les cendres des souve­nirs, que d'étincelles aussi qui ne demandent qu'à briBer et à réchauffer de leurs rondes bondissantes ce qu'on appelle la vieil­lesse. Le bonheur est en nous; projetons-le sur la vie et le prin­temps, l'été, l'autOlnne ou l'hiver passeront, diversement, mais délicieusement colorés par son magique reflet.

Jean RENOUARD.