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L'Ecole primaire, 31 décembre 1928

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47rue ~nnée No li 31 Déceembre 1928

Organe de la Société ~alaisanne d'éducation

SUM iVIAIRR - Bonne Année ! - Conférence régionale. - La cons­cience professionnelle. - Chronique de l'Union. - Le cinéma à l'école. - Le Scoutisme. - NOS PAGES. - Sou de Géronù.e. - . Nécroloo·ie. - Causerie sociale.

ba 'Ré~acfjon cie J'ÉeObE P'RIMJi/RE présente à la grande Fan1ille pédagogique ses vœuf{ les n7eiJleurs pour J'année 1929

2-~ Bonne Année! ~ Une de plus et une de moins! Une qui est allée rejoindre les

,oingt, les trente, les quarante ou cinquante autres qui forment déjà le chapelet de notre existence. 0 0 Comme ils passent, n'est-il pas vrai? les petits grains des années! Ils glissent, glissent conlme ces rosaires polis , usés , que l'on voit égrener par de pieuses mains.

Comparer une existence à un chapelet? NIais oui, pourquoi pas! C01ume lui, elle commence et se termine par une croix, ces croix, petites ou grandes qui sont le lot de toute vie hum.aine. Puis, voici le «gros grain » du Baptême, suivi de trois autres: la «petite enfance» et d'un quatrième plus Inarquant , la Confirmation sans doute. ,

Cette fois , on abandonne la courte voie d 'accès pour entrer dans le grand cercle ... Il y a COllllne ça cinq dizaines à passer, entrecoupées de brêves étapes: les Pater. Le premier arrêt coïnci­dera peut-être avec la première Communion; la seconde, filon Dien, pourra marquer quelque hyménée 0 •• 11 serait vraiment trop

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dur de franchir seul le long chemin qu'on espère parcourir. A deux on en supporte mieux les .ioies et les peines.

Voici la trentaine, et avec elle, les chers enfants venus au foyer recon1mencer l'éternel cycle. Bientôt quarante coups vont frapper sur la cloche de ]a vie. Ah ! c'est la bonne moifié d'enfuie à tout jamais. On regarde autour de soi: que de vides dé.ià dans le groupe de ceux qui sont partis en même temps que nous!

Mais, on n 'a pas le loisir de s'arrêter; les grains de ]a cin­quième dizaine tombent un à un dans la nuit du t.emps. «Notre Père qui êtes aux Cieux ... » C'est la cinquantaine, le demi-siècle, le «sommet» à'où il faut descendre bon gré mal gré vers la morne plaine de la vieillesse et des infirmités, s 'acheminer petit à peti 1 ou ù grands pas! vers l'inéluctable tOInbeau! A cinquante ans , on peut recommencer le chapelet, mais il ell est · bien peu qui arrivent à refaire le tour de la pieuse couronne.

Ainsi va la vie! Se récrier, maugréer ne servent de rien. Il faut la prendre telle qu'elle est, et tâcher , au soir , en égrenant les derniers grains de la dernière dizaine, de pouvoir se rendre ce témoignage que nous n'avons pas trop mal employé les .iours qu'il a plu à Dieu de nous accorder.

Une année de ·plus ou de moins , c 'est peu de chose. ce qui compte, c'est l'emploi qlle nous en aurons fait. Que celle qui com­mence nous soit propice, qu'elle nous maintienne ou nous replace sur le chemin du devoir et surtout, qu'elle nous trouve prêts quand il plaira au }\I{aître de nous rappeler à Lui!

Alf. D.

Conférence régionale

Les institulelll's du district de Martigny sont informés que la Conférence annuelle pour 1929 aura lieu à Martigny-Combe, le 30 .ianvier prochain: Ouverture de la séance: 8 h. 45 , à la maison de commune, avec l'ordre du .iour suivant:

1. Questions administratives.

2. Lecture des travaux des instituteurs sur le su.iet m.is ù l'étude par la Commisison cantonale de l'enseignemen~ primaire: Quelles sont les causes de la faiblesse constatée dans la composition française et quels sont les moyens à employer pour parer à cet état de choses?

:3. Discussion et résolutions à prendre.

4. Propositions individuelles.

A 12 heures , Dîner.

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NOTES

1: Aucune absence à la conférence ne sera admise, sauf cas de force majeure.

2. Tous les maîtres traiteront le sujet imposé.

3. Les membres de la chorale devront apporter leur livre de chant.

L}inspecteLlr du district' de MCll'tignu " P. THOMAS.

La conscience prof~ssionnelle

Contrairement à l'affirm.ation du philosophe de Genève, l'hom­lne ne naît pas bon , et, dès sa naissance, il es.t encl~n. au n1a1. La pratique de la vertu re~~em~le ~ ~ll~e asc~nslOn .. ~)enIble s ·~u des c.hemins rocailleux, bordes de preCIpIces ou la VIgIlance dOl,t tou-jours être tenue en évei l.

Dans cette lutte contre les tendances Inauvaises, nous avons besoin, de temps en temps, de quelque encouragement.

Aussi pensons-nous faire œuv:'e ,de charité. en, essayant d en­courager ceux de nos collègues qUI n ont pas lalsse le feu ap?sto­lique se refroidir en eux, à pe~'sévé~'er dans les excel.lentes dISpo­sitions dont ils sont anÎlnés, et de shnnder, .au cont~'all'e~ ~el~x, ql~e la fatigue du chemin ou les déboires du nl~he~' auraIent.faIt flechlr dans le fidèle accomplissement de leur deVOIr profeSSIOnnel.

L 'été dernier , en nous reposant, un soir , d'uné course. en ha ule montagne, nous lisions dans un journal valaisan u~ ar.t,Icle sur l'exposition de Sierre. Une. réflexion nous frappa, parhcuhere· lnent: «Qu'il fait bon , y disaIt-on, dans un pays ou chacun est fier de son travail! ».

Pensée profonde qui nous a suggéré le présent article.

Etre fier de son travail, pensions-noLls, qu'est-ce sinon y ~voir réussi, y avoir mis toute sa c?I1s~ieI1ce pl'?fes.sioI1nelle} ~rUl e~t 1 amour et le respect de sa profeSSIOn et qUI fmt que nous chel­chons à lui faire honneur et. à y exceller.

Pour réussir dans sa profession, il importe avant tout de J aimer, et les n1.otifs de cet an10ur ne Inanquent pas.

D'abord , le mot' profession a une origine toute chréti:nne : il désigne l 'acte par lequel quelqu 'u.n se c.onsacre au servI~e d~ Dieu dans la vie religieuse, acte touJours lIbrement consenh, qm implique une adhésion de cœur et d'esprit à une doctrine, à des

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principes e t a ussi à des pratiques ex lérieures. C'es t en réalilé le sacrifice d'e tout son êtr e à une cause. Si ce tte c; use a p;nlr ohjet Dieu , c 'est la vie r e1i'gieuse proprement dite, si elle in téresse le prochain en vue de la gloire de Dieu , c'est J'a pos lolat chré tien .

Sous cet aspect, la profession d evi ent pour l e vra i c hrÉ.li en une chose sacrée; elle ne constilue plus à ses yeux ie moyen de gagner plus ou moins honorahlement sa vj e mais le moyen de répondre a u hut de son existence: l 'acquisition de mérites surn a­turels et l'acheminement vers la perfection su ivant le commande­ment de notre divin Sauveur: «Amassez-vous des trésors que ni la rouill e ni les voleurs ne peuven t vous déroh er» e l e nco re: « Soyez p a rfai ls com m e votre Père céleste es t parfait ».

Auss i la délicalesse de la consc ience professionnelle est-ell e généralement en rapport direct avec l'espril de foi ou l 'esprit chré tien . La foi seule en eff et engendre l es grands dévou emenls les sa ' l'ifi ces héroïques qui l'ont frissonner la sens ual ité.

Plus donc nou s serons chrétiens, plus nOli S aimerons notre proCession et plus aussi nous cherch er()ns ù lui rai re honn eur. No us nous acquitterons alors conscie ncieusemenl de tou s les c1e­,oi~'s y qui sont inhé rents' nOlis n 'y distingu erons plus des occu­p at10ns princip({les e t des occupations accessoires . Toutes revêti­ront la m êm e imporlan ce, cnr un e chose, si infim e qu'eHe para isse', n es t .l aInais petile qu and ell e se fait pour la gloire de Dieu; le bul reste le m Êm e, quelle que so it j'importance relative que nous m 'ons l'hahitude d 'a Ua ch er ù nos actes.

Outre les molifs qu'inspire la fOl , il en existe enco re d·autres. propres, eux ::ll1ssi li nOlis inspirer l'am our de notre profession e t ù nous stimuler clans l'accomp iissement inlégral de notre lâch e.

Certaines proj'ess ion~ (lnt un caractère de nobl esse e l un e in! luence sociale qlle U E' possèdent pas les autres.

C'est le cas , pal' c .·,-ompl e, de l'apostolat chrétien , sou s qu el­que forrn e qu'il s'e .. erce : prédication , en seignement , presse, e tc. Cet apostolat devient alors un véritahle sacerdoce et entraln e des r esponsahili tés r edoutahl es.

Cullh'er des intelligen ces, des Clk' urs et des volontés, en un mot , form er d es âmes , quell e snhlime tâche ! Q~ lI\Te divine, selon le mol de P laton!

\ l' Exp()silion de Sierre il nous a é té donn é de voir des U.'lI\TeS rée llem ent merveilleuses d art et d 'élégance . Mais ces ohje ts r estaienl lù , devant nous , inertes sans vi e sans' âme. Leur muet langage ne pouvait que témoigner de l'hahileté des artistes qui les avaient faconnés. Et à notre .admiration se m êlait cette r é fl exion: Nous a'~ltres , éducateurs chrétiens , ouvri ers aposto!i-

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q ues. no us dépassons de h eauco up malgré nolre jnlperfec t i() l1 . . ces .arListes de l'industrie hum aine, car nous n e sommes pas des ou \Tiers sur hois, verre ou métal , nous formons des intellj gences, des cn'urs, des volontés, nou s SOl1llues des oun;i ers s ur âmes. âmes que nous sculpt()ns , c iselons pour les rendre semblahl es le pIns possihle a u lllocl(,le idé::d , a u modèle divin . Ces âmes qu e nous auron s f"ornll' es, se ront c~\pal>les d 'actes de vertu h érolCfu es , parfois.

Quel l11 0tiL p:Jr cOJlséquenl, d"est im er nolre mission d 'éduca­lt'urs chrél iens et de nOll S en acquitter a 'ec Loul le zèle dés irahle ! P ui s ce tte profess ion 110U S l'avons c1wisie bénévolement. Or, Cflllln c1 nou s choisissons n ous pouvons assurémenl nous tr()mper mais nOLl S preno ns ce qui convi ent Je mieux ce qui pm'aH le plus COl1l'OL'IllC Ù nos gOlHs e l ù nos ca paci tés.

N6g1ige r donc llotre l ra \'ail professl()nnel, en éprouver du clpg()ùl , c 'es t a \'ouer que nous nous sommes lourd em ent m é pri s sur nolre choix , ce qui n e prou\'e pas en f"ay eur de notre intelli­gence ou que nous agissons d ' un e manière illdgiqu e, di son s plutM cOllpal)l e .

E nfjn l' éq uité nous impose aussi j'ohligati()n c1'aimer notre profession , d 'e n remplir les devoirs au plus près de notre con s­cien cp.

E n acceptant la direction d'une chlsse ou d 'une école, nous n o us so mmes lié ' implicitemenl p8r un yrai contral. Nou s avon s pris r en gagement de donner l'i nstruction e t J' éd uca tion aux en ­fant s qu 'on nous a confi é; en reto ur, nou s r ecevons une rétribution qui , sa ns êtr e hien considérahl e, est n éanmoins r echerch ée avide ­ment.

Or songeons-nous parl'ois que cel argent qui sert à nou .') r<"lrihu er a été pénihl em e lit gagné, qu il a l'ail verser hien des gùuttes d e sueur e t que les impôts ont qu elquefois été payés a vec les écnnnmjes réa li sées s ur les choses n écessa ires à la vie ?

Ce serait donc de notre part une injus ti ce, un vol ,. une sode d e profanation du travail d 'autrui si nous n ég ligions nos devoirs cl ·é(lucateurs.

Qu elques-uns oh.i ecle ront pelit -Nre que la médiocrit~ du -traitemen t légitime bien certains accomodements av.ec les ex igen · ces du de\'oir professionnel. Mais que devient alors la promesse o u l'engagement parfois t'ormel fait à l'occasion d 'une demande d e pluce de donner satisfaction dans la mesure du possihle ?

. Un entrepreneur qui s'est en1gagé à exécuter un travail à tell es ~ ()n<.1iLions ~T est tenu lOfS même qu il n'y trouye pas son avantage.

Et puis , dans un e qu estion d 'éducation , donc d 'apostolat ,

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c?llvient-il d avoir constamment en main une balance de preCl­SIOn pour ne d'onner que ce qu'exige rigoureusenlent la .iustice ? N'est-il pas à craindre qu'en voulant rester exclusivement clans les. limi,tes de 1:1 .iustice stricte, on ne reste souvent en deçà?

Nous inv.itons nos collègues à réfléchir de temps en temps à la sublimité de notre mission et aux ITIotifs de nous dé"ouer , corps et âme.

Dans le. discours qu il prononçait à l'Exposition de Sierre, M. I~ ConseIller fédéral Musy disait que ce qui assure la pros­périté à une commune, c'est un bon curé, un bon vrésident et un bon instituteur. n avait parfaitement raison , et nous sommes mê~11e porté à croire qne le rôle de l'instituteur n'est pas - le mOIn?re. C'est lui , en effet, qui tient en main la formation physi­q,ue, ~nt~llect~elle et ~norale , donc religieuse aussi, de la .ieunesse, c est-a-due de l'avenu de la localité. S il l'emplit consciencieuse­ment ses de, oirs, il prépare cle bons curés et de hons présidents.

C'est bien aussi ce que laissait entendre NI. le Conseiller d 'Etat vValpen, quand ,dans son discours du 20 septembre dernier a~ personnel enseignant, il affinnait que la population sera dans vmgt, .trente ans, ce que l 'aura faite l 'école d'au.iourd'hui. En ac­complIssant scrupuleusement notre devoir, (professionn:el, nous assurerons notre bonheur temporel et éternel et nons ferons aussi celui des autres,

Et ce sera le meilleur chemin pour arriver à l'amélioration de n.oLre cond'ilion matérielle, car nous gagnerons ainsi la sym­pathIe et la reconnaissance des autorités et cle la population qui sauront se montrer justes à leur tour.

En terminant, nous laissons à nos ch ers col1ègues, au début de la nouvelle année scolaire, l 'exelnple de ce héros grec qui , partant pour la conquête d 'un nouyel univers, ne s'était résen (­que l'espérance. Que dans la conquête des âmes, les éducateurs ne se r~servent, eux aussi, que l'espérance de la satisfaction du devon' accompli et les récompenses de 1 au-delù .

Chronique de l'Union

De la réforme de la loi scolaire

, ,~ou.s n 'abordons pas notre su.iet, aujourd'hui, sans un brin d h~sItahon. On nous accusera à nouveau de prêcher à d'es con­vertis . Nos lecteurs ne sont-ils pas nos collègues? Et alors! .. .

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à quoi bon! Cependant sous son apparence de logique, celte ohjection est fragile. La question à l 'étude peut êtr·e envisagée sons des faces multiples. Un esprit occupé peut ne pas les embras­ser toutes de prime abord et de par sa seule faculté de raisonne­ment. Tandis que la lecture d'un article traitant de la matière lui d évoilera plus rapidement une part de vérité et contribuer~l il ra vi, el' en lui la foi. qui renverse les montagnes. Voilà bien le hu t que nous cherchons.

Notre pays évolue avec rapidité, au double point de vue éconolTlÎCJue et moral. Il évolue au point de vue économique à cause des découvertes sensa t ionnelles de la science. Que j'on se rapporte par la pensée à quelque trente ans en arrière . A cette élJoque, quelle simplicité de vie dans nos vallées, quel isolement encore entre nos villages de la plaine et de la monta'gne. L'élevage du hétail , la culture de la \ igne, l'industrie hôtelière fonnaient ;\ peu près les seules ressources principales de notre canton. C'était le temps des lampes à pétrole des couchers hâtifs , des réveils matinaux. Le campagnard arrachait au sol seul son pain et celui de sa famille. Les vêtements en gros drap du pays meublaient sa garde-robe hiver comme été. Les pains de seigle, la viande séchée garnissaient son grenier, les l'romages et les « tommes » les râteliers des caves. Et dans le village chantait l'enclume du forgeron; le cordonnier battait le cuii' pour la confection de chaussures neu­ves ; le charron sans relâche , polissait les rayons des roues , tour­nait ses moyeux. Le tisserand lui-mêm.e exerçait avec fruit un art qui , le premier, devait pa) er le tribut au progrès. Et nos routes alpestres, nos sentiers de la montagne se peuplaient de charretiers de H)ituriers , cle mul etiers occupés au transporl des voyageurs e t de leurs bagages.

A ce régime, la tradition se perpétuait. Et nos populalions. grâce à un labeur excessif et il une économ.ie vigilante et impitoya-11le, se créaient une atmosphère à'e modeste ai.sance.

Mais peu il peu , un vent d'évolution s'élève du lar·ge et son sou l'fie arri ve de la ville jusque dans nos villages les plus reculés. L'évolution écononiique continuant son œuvre avec plus d 'inten­sité, atteint nos campagnes . Les in, entions nouvelles de la science clans le domaine de l'électricité, de la chimie, de la mécanique, jettent dans le m·onde des perturbations profondes. Les premières fabriques se créent dans la plaine du Rhône, appelant ainsi chez nous une nouvelle classe de travailelurs soulevant d'e nouveaux prohlèmes. Des voies d'accès, des cheni.ins de fer, sortent de leur lsolement les populations des villages de la montagne. L'éclairage électrique supplante en peu de temps les faibles lampe~ à pétrole. Le réseau téléphonique s'étend jusqu'au fond de nos vallées . L'automohilisme enfin, prend un développement rapide qui ne

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fait que s'accentuer aujourd 'hui encore. Alors, Jes produits cie la vilIe se déversent d'ans nos agglomérations rurales. Le complet de coton remplace peu ù peu Je gros drap du pays, le tissu de la fabrique, la toile grossière de chanvre. Le catalogue illustré est le pourvoyeur d 'articles à bon ll1_arché, mais point fabriqués p(Hlr les durs labeurs de la montagne,

Ainsi, les métiers périclitent, puis végètent. Nos épiceries de village se tapissent de marchandises ~xO'tiques et industrielles. créant des besoins et des désirs nouveaux. Puis survint la guerre mondiale, les mobilisations, les années de prospérité factice d'a­près guerre. Les goüts du plaisir et du hien-être s'affirment. Les relations avec ]a ville se multiplient.

Et bientôt ]e luarasme s'appesantit sur le monde. Il trouve nos campagnards désarm_és contre lui. Les progrès de ]a science ne Jeur ont révélé pour l'heure que des .iouissal1ices et commodité~ nouvelles et non' point des moyens pour s 'enrichir.

L 'équilibre est rompu. Les recettes , rares , modestes , suivent loin derrière les dépenses et, clopinant, ne peuvent les atteindre. Au bout de l'an , c'est le solde passif , les emprunts, les d'ettes et peut-être la misère. Et pour sortir de cette impasse, l'on se rend lù-bas , à l'usine, grossir les ran1gs des salariés. Pendant que là ­haut ceux qui restent, continuent, malgré tout , à exploiter la terre, en s'inspirant tou.iours des méthodes d 'il y a un siècle. AJor. ' que partout ailleurs, cians les canlons voisins, les progrès du ma­chinisme, les in, entions modernes, les méthodes rationnelles de culture, de fabrication, de vente sont appliqués à pousser le rende­ment d'e la terre il son maXimUlTI d intensité. Il faut réagir, dira ­t-on et lutter contre cette concurrence étrangère. Or, nous osons affirmer qu'à cette heure, la lutte est impossible. L 'obstacle est dans le producteur lui-même. Sa formation est incomplète, insuf­fisante , inopérante en raison des difficultés à surmonter. Ses années d 'étude à l'école primaire ne l'ont point initié aux méthodes de l'écononlÏe moderne. La comptabilité agricole est méconnue. On travaiJle dans l'obscurité, au hasard. Un laheur acharné seul chas ­se parfois la misère. Les méthùdes de sélection des produits restent lettres mortes. Elles sont incomprises. L 'on ne se résoud point ?l rompre avec des procédés de fabrication surannés. Les produits, règle générale, sonl mal présentés, mal, endus. L'on a pas appris ù les livrer ù temps. Et pourtant, le tra, ail de propagande ne reste point inerte. L 'Ecole de Châteauneuf accomplit des efforts ma­gnifiques. Les brochures, journaux, volumes se déversent partou t dans nos villages, mais le paysan, dont la formation française est insuffisante, se rebute à la lecture de textes toujours trop scientifiques pour son entendement. D'autre part, c 'est en vain qu' on chercherait ù l'embrigader dans une association corporatiYE"

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dont. il ne voit pas l'avantage immédiat. li ne saisit qne bien impar­faitement les grandes questions sociales. La plupart lui sont cO\llplètement étrangères. Il lui arrive cre les cnmbattre, de s 'op­poser à leur introdllctiion, alors qu'il serait le premieT à en bénéfi ­cier. Insuffisamment instruit, ses helles qualités de bon sens et de prudence sont parfois mises en défaut. Il y a des notions qui ne s 'n.cquièrent que par une étude approfondie et raisonnée.

Voil~l ùonc Je mal , mais où est le remède ?' Notre pensée sans autre songe à 1 Ecole primaire. Il faut la réformer. Elle n 'a point suivi l'évolution actuelle et s'avère au.iourd 'hui nettement insuf­fisante pour la formation de l'individu. Les exigences de l 'heure demandent la connaissance approfondie de la science agricole e t commerciale. Elles poussent à la culture intense du jugement et du raisonnement. Mais comment en une période de six mois opérer tan t de men eilles dans l'esprit de l'enta nt. C'est lancer un défi à la raison et demander l 'impossible au maître d 'école. C'est aussi et surtout l'obliger à effleurer tout superfic.iellement ::tu rique de le rendre impuissan.t ù graver profondément et sÎlrement les notions premières cians l'esprit de ses .ieunes disciples.

Notre peuple valaisan , le comprend'ra et ne reculera pas de ­n'lnt de nouveaux sacrifices pour le développement de l'Ecole clans le canton. La prospérité générale et l'avenir du Pays en dépendent.

M .. ,

A propos de traitement

J 'ai lu avec intérêt l'article que nolre collègue M. C. Bérard a publié dans le dernier nUluéro d'e 1 « Ecole Primaire » au su.iet des traitemen ts qui sont servis aux instituteurs valaisans et con­fédérés. Tout en rendant hommage ù la modération et ù l'oh.iecti , \'ité de notre actif président de l ' Union , .le ne puis m' empêcher de faire remarquer que le minimum de 1200 francs qu'il indique pour les écoles du Valais , ne correspond pas tout il fait à la réalité.

En effet, M. Bérard sait comme n:lOi que tout membre débu ­tant du corps enseignant perçoit non pas 200 fràncs par mois , mais 225 au minimum, par le fait c\'e l'introduction de la prime de renchérissement. Ces 25 francs supplémentaires sont v~rsés par l'Etat et beaucoup de communes y ajoutent une somme ~qui­ya]ente ou à peu près, ce qui porté le minimum à 250 franc:; par

. lTlOis, environ, sans parler de l'indemnité de déplacement qui est de trente francs mensuellement.

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D'autre part , à partir du 1er janvier 1929, nOLIS seron~ mi s_ au bénéfice d'allocations familiales qui cOlnporteront un stthSld(~ de cinq francs par n10is pour chaque enfant en dessous de seize ans . C'est une innovation des plus heureuses et lfui fait honnet! r aux sentiments chrétiens des magistr a ts qui, donnant SUilC :la vœu de quelques-uns de nos collègues, l'ont réalisée. Le Valais sera, sauf erreur, l'un d'es premiers cantons à appliquer CL> l ' l'in ­cipe des allocations familiales au P. E. primaire.

On sait égalen1ent que depuis Je Nouvel Au, ceux de no~ collègues qui tomberont malades, percevront la totalHé de leur traitement pendant leur Inaladie, .iusqu·à concurrence de trois Inensualités. Jusqu'à présent, ils n 'en touchaient en tout cl pour tout qu'une seule.

Tout cela n'est pas encore le Pactole, sans doule, mais ~e sont des points acquis dont nous devons tenir compte. Ils d&no ­tent que nos autorités ont en général une claire compréhenSL' !ll des nécessités de l'heure et qu elles veulent arriver progressÎvcm.e llt ù une amélioration équitable de nos conditions d'existcllCè.

C est le lieu, semble-t-il, de rendre un hommage parlicllii er à M. le Conseiller d'Etat "Va]pen ,pour la constante sollieilnde qu'il a montrée dans ce domaine. On l'a vu prendre les initiativ2s les plus heureuses et accueillir avec bienveillance les propositi.,'lns ou suggestions de nature à servir les intérêts de notre corporation. Nous pouvons lui faire confiance pour l'avenir.

L'Honorable Chef du Département de l'Instruction Publique a; au surplus, à ses côtés, un de nos anciens collègues de l'ensei gnement, M. Louis Delaloye, qui connaît, lui aussi, nos hesolns et nos aspirations les plus légitimes. Nous pouvons être Cl-~dai ns que nous avons en lui un véritable et sincère ami.

A mon humble avis, il ne convient pas de brusquer les cl.WSf's.

N'oublions pas que nous somines dans un pays à res.'ources tinan· cières lünitées, à la montagne principalement, où l'on nou..; re­garde con1me des privilégiés. A vouloir trop à la fois, nous risquons de ne rien obtenir, car, en dernière analyse, c est le corps électoral qui a le dernier mot.

Je ne voudrais pas que, ni M. Bérard,. ni n1es autres collègue,; , de l'.enseignement interprêtassent ces lignes comme un désaveu de

la can1pagne menée par la Société valaisanne d 'Education et par l'U. P. E., en faveur de l'amélioration de nos traitements scolaires. Loin de là. Malgré les contributions supplémentaires, dont j'ai fait état plus haut, nous restons parmi les éducateurs les plus n1al rétribués de la Suisse et cela ne peut durer sans dommage pour la cause elle-n1ême de l'instruction populaire. J'ai siInple­ment voulu compléter l'article de notre président et exprimer

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Illon opinion personnelle sur ]a question finan cièr e qui nous · préoccupe à bon droit. Un membre de l'Union.

Le Cinéma à l'Ecole

Au moment où le Dérartement de l'Instruction publique de notl' e ('.8111,on se propose de, doter nos écoles de séances cinématographiques nppropriées, il est indiqué de .i eter un coup d'œil sur la puissa nc e et l'efficacité du point de vue (\(lucatii' de «l'image animée».

L ·e nfan1. renc'ontre ' l e cinéma à r école SOUE!· deux aspects bien clistincls: Tantôt c'est le cinéma qui vivifie la leçon de sciences naturelles, de géogral hie ou cl'histoire, qui illustre la parole du maître. Bref, c'est le cinéma éducatif et instructif. Tantôt - ce cas est le plus fr équent - c'est le cinéma qui distrait l 'esprit de l'écolier en lui montrant quelques pro.iections romiques ou quelques drame8· fil· m(:' . C'est le ciném8 récréatif. Peut-on l appeler cinéma éducatif et récréatif?

Telles sont les deux: formes sous lesquelles le cmemn se préselltL' à r att.ention et à la cUl'Îos ité des élèves. On ne IJeut négbger ni J'un e ni J'autr Cjuancl on parle de la valeur éducatiye de la proj ect ion ê-lnim ée.

Avant d 'envisager ces deux as·pect.s du cinéma, il faut ~ l' ('UI1 -

vaincre une fois de plus de la puissance acquise par cel art nOHY 8Hl1 , qu'on nomme l 'Rrt muel, le septième art.

L Cinéma entre claus 'SEl trentième année. C'est l'àge (les pn;,s ions profondes. Deux faits sont à retenir.

Le premier: L'industrie cinématographique a pris un LI -'v,'lop­

p e111ent inima.ginable. En 1920, le trust mondial du film dispose de 3 milliards de 1rancs. La denrée cinématographique, arrive H' l troL­sième rang dans le C'ommerc ' mondial, aussitôt 8près le blé d le charbo n. En 1928, l'industrie 6nématographique occupe le cl eLlxj(~ lIl ­

rang.

m' le globe terrestre se trouve actuellement 00.000 sall es de ~ ll Je­

ma. En 1918, on compte en Fr8nce, 1140 sall es, en 1920, on en compt~

2714, en 1928, 4·200 auxquelles il faut a.iouter 1500 patronages et le s postes de Pathé-R'ural cgfon est en·tr8 in d'établir clans, la plupart des villages.

Les recettes annuelles cles cinémas américains s'élèvent à 750.000.000 de dollars. Elles sont GO fois supérieures à celles des salles de théâtre~·.

Le capita.l inv esti clans l'industrie américaine seule, s 'élève à 1,5 mil­liRrd de clollars. Le cinéma américain occupe 350.000 personnes.

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Le seeon 1: Le c in éma est clevenLl la D8 s:-;·ion moncliale. Tout dou ­cement et r apidem en t ft la fois , il révolutionne le monde. En que l­rlues années, il a submergé la civilisaUon. Le sans-filisme nïnt él' €sstJ qu'un perS011 nel restreint.

Le sport qui passionne tant cl'éldep tes n'nccapare pas les foul e~'

comme le cinéma, D'élilleurs dans cel'téùns pays en Grèce par exemplè, l e cinémathoRI'él):'he cons ti tu e dans la plupart les v i ;les le seul s pec,· tacle, Salonique compte pour ses 250,000 h abita nt s, cinq théàtl' dp ])l'o.iection; \thèn es p Of-:,sède 15 sall es pOU l' 100 ,OO~ àmes.

Qua.nd un fait. s'esL ainsi généralisé, univ er salisé , il est absolum ent inutile de f eindl'e de l'i gnorer ou de ni er l e soleil en plein mirli , il j'aut s'en r endre compt e,

Ce n' e~t pas ic'i la p la ce ci e ]' dil'e le illé-faits clu Clllema. CeUe machine si puissante qui pourrait ètr e pOUl' l'humanité un insLrum nt (l' éduca.tion si pl'écieux est clp\ enue, au:\: main::;. cle ceux qui en t ra fi ­(IUent, un ag'ent ci e clémonllisation d'autant plus dange'feux, qu'il agit pLus puissammellt S Ul' l'imagination, La l'esponsa.bilité du cinéma clan::::> la r ecrudescence de la criminalité, clans la ba i.sse cle la morale publ i­que, eL lans l" exa~r·én1.1 ion m alacliv e le la sensibilité que les m é­deci ns n e ~'Û nt pas seuls à déplorer, est. énorme. On a établi contn" le cin éma un réquisitoire sévèr e qui se trouv e de plus en plus justifi é.

\ussi en parlant ci e cinéma r écr éatif colaire, n envi sageon s-no us que les séances qu'on clonn ' cle temps à autre clans les écüles , i'\ul n e peut nie1' que clurant l es vaca.nce~, et qu'après leurs études les élèv es fréquentent le cinéma. Il convient d ès lol's d e façonner leur goüt ,. de faire voir les quaUtés du ))on film, les médiocrités de quelqu es productions, les dangers cle certains bandes tendancieuses Agir autre ­m ent, ce serait se comporter comme ces maîtres qui savent de source certaine que l e ur~, élèves d evront traverser à.la nage un grand fl euv e à leu!' entrée dans la vie, et qui durant la p ériod e de formation de ces élèves les éloign erai ent systémat.iquement des plus petits ruis­seaux, des plus minces fil ets d 'eau.

Le cinéma est une source précieuse de diversions, Loin de nous la pensée de mesurer le cinéma au théàtre, Ce que nous voulons clire, c'est que le cinéma fait éviter ces pertes de temps qu 'occasionnent la rréparation des pi èces, et supprime chez les acteurs l'énerv ement tlui précède et qui suit ces exhibitions théatrales,

Il faut donc offrir aux élèves du film à spectacle, Quelle sera la fréquence de ces représentations? On comprend aisément la difficulté de réE;·oudre ce problème, la réponse variant avec les circonstances de temps, de lieux et de personnes, Il y à Hi. une question de tact qui comporte une note importante de modénltion, de prudence et d 'adap­tian,

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L choix de~ films, \ oilà un autre problèm délicat. Les films sont t endancieu~ à des t itres divers, Il y a tou t d'abord les films amér i­c·a ins r éalisés pal' un trust cl' édit.ion juif. Il est entendu que tous les films tOUl'nés en Am ériqu e n'en sont pas là. Les films juifs ont pour bu t le glorifi er Israël et l es fil s de f..1[oïse, Il y a l es films lYol­ch éviques qui commencent à inonder la planète. Il y a aussi les 1ilms socia listes, Il y a les films immoraux eL areligieux, moins nombreux cependant que certa ins ont voulu rrétendre. Est-il besoi.n de dire que ces films tendancieux n e doivent jamais paraître SU I' l' éc ran de nos sall es de classes !

R estera-t-il a lors assez de films pour a limen tel' nos programmes " \ ssurém ent. Mais il faut les connaître et savoir où les chercher, Il

n 'entre évidemment, pas dans le cadre de cette chronique d 'énumér er le titre des productions qui peuvent convenü' à nos enfants et cl e faü' e de la publicité pour rune ou pour l'autre r éaUsation de l'écra.n. Toutefois ceux qui connaissent l e m agnHiqu e film «Cœurs h éroïqu es», n?us en vou dra ient de ne pas dire la h aute moralité et l'intér ' t puissant d e cette bande qui exalte l a bonne ' action quotidienne, : Toilà, certes, une œ uvre qui est de n ature à r écréer et à éduquer 1::1 Jeunesse. Il est à souhaiter que les maisons d 'édition qui n e sont pas ~·ans connaître le succès toujours croissant de ce gelll'e de film , en êlugmentent r apidem e'nt l e nombre.

11 effort pour la diffusion des films à th èse cl evr a it ètre tertLé, Des procluctions comme «Le Paradis Vendu», «La Terre qui m eul't» qui prêchent l'amour du sol natal , comme «L'agoni e de J érusalern », qui condamne le bolchevIsme, comme «Le Film du poilu », et «\ erc1'.1l1 visions d 'histoire» qui incarnent les horreurs de l a tourmente commp «L~ g uerre- san s armes» , «Gabriell e Petit» e1« Lél li \)l'e 13~ l g i C[ue » , qUI exaltent le dévouement et le ratriotisme, comme «Comment îai tué mon enfan1.», qui déplore les suite~· malheul'eus s run e vocation contrariée, et comme tant d'autres, font plus de l1i en à l'[\me de no trp jeunesse que certains autres films à tendances r eli gieu ses n et tem ent marquées , tels «Le Roi des Rois» ,»Lourcles» Christus», etc,

Les films à thè~"e instruisent et persuad ent. Les films re l ~gi e u:\:

impressionnent. L es premi ers parI ent au cœur et à l' esprit ils édu­quent le specta teur; l es seconds s'acl ressent à la p·en sihilité,

Il va sans dire qu 'il e. t possible d e 1'f'8 ]h '·Pl ' c1 2 G film s ,\ thèse cl ont le thème seI'a it emprunté aux suhlimités ci e rit)1".i'0 ]'(.] Ï!.!'l on, Plus CJu e tous él utl'eS, ces films aunlÏentune pUiSS'lllC' è (;'duc ~ltivp é llOJ m e. Leur r éa.lisation est difficile, et jUSqll:1 cc' ,iour, à l)art pOlll' quelque8' bandes, ce sommet de la technique cinématographique n'a pas été atteint.Ben Hur~ s 'il n'était entaché d 'autres erreurs, appar­tiendrait à cette catégorie. Mais encore l'action très mouvementée des courses de chars et de la bataill e navale qui constituent les cimes rIe la supel'}::'Toc1uction de la M. G, M" emballe l'imagination, distrait

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l'attention et l'esprit se retrouve vide des réflexions qui lui aurait suggérée& le film à thèse.

Ce n'est d'ailleurs pas seulement pour la jeunesse des écoles que la difiusion de ces films est souhaitable. C'est aussi pour le grand public de la ville et de la campagne.

Ces films à dis8,ertation, comme on les appelle en Allemagne, plaisent aux écoliers et aux personnes âgées autrement que les acro­baties d'un Harold Lloyd et d'un Douglas ·Fairbanks, ou que les drô­leries, variées et parfois agrémentées d 'esprit, d'ùn Charlie Chaplin.

Nous rangeons aU8si avec les films à idée, les grands films documentaires, tels que «Chang», «Nanollk», «L'expédition d'Amund­sen RU pôle», «Musée océanographique de Mànaco», «La croisière noire» . Aujourd'hui nous saisissons l'occasion pour signaler à l'at­tention de nos lecteurs, trois r'roclurtions de valeur.

La première: «La vie des Termites,» (Star Film).

Les termites, ou, si vous préférez, les fourmis blanches, vivent en colonies dans les régions chaudes du globe. Leur habitation, les termitières, atteignent des prol"ortions telles «que si on les appliquait à la taille moyenne (l'un homme, le moindre de nos «nids» à nous, aurait la hauteur de la tour Eifel» . Ces montic'ules de tene abritent des millions d'insectes. Ils se classnt en divers,es catégories: il y a les ouvriers, les soldats, les mâles et une femelle unique, la reine, qui est chargée de pondre jusqu'à 80.000 œuis par jour. Entre une simple fourmilière et une termitière, il y a une différence (l'architec­ture aU8,si grande qu'entre une chaumière et une cat.hédrR le.

Sïl est intéressant de suivre la vie sociale de tous ces orthoptè­res, il est non moins curieux d 'observer la ponte extraordinaire de la reine de toutes ces bestioles. On s'en fera une idée lorsqu'on saur8 qu'elle a un abdomen deux mille fois plus, gros que ]e reste de SOlt

corselet et qu'elle pèse autant que 30.000 des ouvriers qui sont uni­quement chargés de satisfaire son insatiable 8ppétit.

La deuxième: «?vIilak» (alliance cinématographique eu]'opéenne),

La presse a dit bien des bêtises au suj et des régions extrême~ Nord du globe. Un journal écrivait récemment que, si le grand déser~ de glaee n'est pas un paradis terrestre, la vie y est tout de même possible, car la température moyenne ne baisse pa8, à moins 17° !

A beau mentir, qui vient de loin! Le témoignage de l'objectif est là pour rétablir la vérité et le cinéma affirme par là sa puissance et sa suprématie. Il enregistre fidèlement ce qu'il voit et nous 1 transmet avec une exactitude brutale. «Milak», chass,eur du Groenland permettra à tous de se faire une opinion juste de ce que sont ces

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~U08 a.IOU, 'BI. ta eUn1:q 'BI 1}.0 'e.rAJA tl1ecI eu U~BUl111t ,a.q~q "Q-o suO~,§?1 a peu pres mconnues. Le scénario de ce film est remarquable, la photographie splendide.

La troisième: «La 1="assion de Jeanne d'Arc» (Alliance cinémato­graphique européenne) . L'œuvre de Car Dreyer constitue une «chro­nique filmée, un document historique auquel la reproduction animée a insufflé un potentiel dramatique extraordinairement émouvant, une «tranche de vie» d'un pathétique bouleversant et infiniment simple. Il y . a évidemment autant de Jeanne d'Arc qu'il y a d'ima­ginations et de sensibilités. Il y a une Jeanne' mystique, hiératique fleur de vitrail, vierge équestre couverte d'armures, brandissant un grand étendard et conduisant son roi au sacre, - c'est la Jeanne des cliquetis de bronze, des fumées d'encens" de's ardeurs guerrières et des magnificences religieuses. Il y a aussi une Jeanne toute simple, pauvre fille des champs, naïve et visionnaire, qui se' croit elle aussi investie d'une miss,ion par St-Michel, qui est toute' désemp~rée devant, ses juges et qui invoque sa mère, son Roi et son Dieu. C'est celle-là qu'a choisie le réalisateur Car Dreyer.

Il faut voir ce grand documentaire, ce travail aussi orio'inal et. caraC'téri~tique que la pièce de théâtre sur le même sujet de ~ernarcl Shaw. Car c'est un fait: ce que le public préfère, c'est le grancl documentaire instructif et · artis.tique et le film à thèse.

Ces trois films seront passés avantageusement à la· iéunesse de nos écoles. Mais, la production de films aussi artistiquem:ent réalisés, et aussi bien adaptés à nos exigences, est une rareté. Pourquoi, dès lors, les éducateurs ne se 8,oucient-ils pas de comroser des scénarios de films pour leurs élèves .. Certes, ce travail exige certaines aptitudes et quelques connaissances du métier. Celles-ci s'ac'quièrent rapidement. Il s'agirait, d'ailleurs, surtout d'un travail en collaboration avec ]e~,

spécialistes familiers de l'ordonnance et de la découpure du film.

Il serait chimérique - et pour le présent du moins de pré-tendre réaliser toute une filmathèque exclusivement ordonnée aux besoins des écoliers. Aucune maison d'édition ne voudrait ass,umer une pareille tâche. Ce qu'il faut, c'e'st multiplier, dans la mesuer du })ossible, les œuvres susceptibles d'allumer la curiosité des éducateurs,.

(à. suivre)

Le Scoutisme

Dans son «8couting, for Boys», Sir Baden-P()well déclare que 1'af­faiblisse'ment des énergies ,les «détraquements» cérébra ux ,moraux et physiques qui résultent trop fréqueD1ment de la vie moderne, le3, pro-

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grès de l'égoïsme, de l'tllTivisme, de l'amoralité , l'insuffisante prépa­ration à la vie donnée à la jeunesse ... et combien d'a utres dangers, mi­nent sournoisement la vitalité des sociétés!

Le vra.i remèd e à toutes ces vieilleries et à toutes Ce'::::' tristesses, . c'est de créer une «race nouvelle» , dont les types a uront pour règle d'être ardents et gais et d 'avoir l'esprit alerte, - d 'être généreux, loyaux et «chics», - d 'être forts e1 sains, afin de pouvoir tra.vailler, agir à plein Tendeme'nt et de se mettre avec tous leurs moyens au service des belles entrepris.es et des belles eauses,

Et. C'omme ]a masse des hommes faits a pparaît comme peu suscep-1ible de réagir contre les tares contemporaines, ce sont des .i eunes qu'il faut former.

Le scoutisme se résume, en somm " en ce~, termes: « aventures,­nÜ'eprises joyeuses? - chevalerie»,

01', qu'est-ce qu'il félut aux jeunes?

Ils ont besoin de gaieté, et hélas! tous se liguent pour attl'ister leur jeunesse parents Limorés, profes·seurs rébarbatifs leur ingurgitant d e force de trop savants programmes.

Ils Îont tous des rèv es d 'action, d'aventures et de robinsonneri es . , N'étant pas encore pervertis par les, besoins' et les compromissions

de la vie , ils ont le sens inné de ce qui est «chic»; ils vibrent instinctive­m ent poUl' ce qui sort de la médioclnité; ils sentent profondément les retites injustices; jls ont tous au fond de leur cœur quelque «héros»,

Ils sont cloués d 'una imagination ardente, toujours en éveil, tou­.iours prêts à inventer des jeux nouv eà ux, des «trucs» pour se distra"Ll'8 en COlnmun '"

Le scoutisme vien t leur donner un moyen pratique de réaliser tflUi es ces aspirations,

La Loi des Eclaireurs, qui oblige le SC'OllL à ètre loyal, à fair e cha .. que jour une bonne action , vient tenir en halaine l'enfant au . point d e vue moral.

D'innombrabl es moyens d'action et d 'émulation s,ont mis en œuvre: conquêtes de' brevets de spécialités ,réalisations d 'exploits sensation­nels, concours et matchs" tout eontribue à transformer la vie de l'Eclair'eur en un magnifiique film , dont lui et ses camarades s.ont les acteurs pas,sionnés.

Si le scoutisme s'est mal développé chez nous, c'est qu'on n 'a voulu y voir qu un amusement puéril, un sport, une annexe de la préparat.ion militaires ... , alors qu 'il est surtout une œuvre groupant les jeunes en vue d 'entreprises joyeuses, spirituelles et chevaleresques" confor­mes aux aspirations de leur jeuness·e. Il est sans contredit une des meilleures œuvres postscolaires.

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Sans doute, des, difficultés pratiques vi ennent entraver l'exécution ,du «film»: les longs campements, les voyages lointains, les grandes avent.ures sont rares ... mais, heureusement, les BOy,scouts sont à l'âge où l'imagination grandit les choses et fait paraître un voyage de troi..: .iours, à 50 kilomètres du foyer familial, aussi mirifique qu 'un périple autour du monde,

Serait-ce donc que le scoutisme n e ,-'erait qu'une splendide distrac­tion , et rien de plus?

Ce serait vraiment le mal juger.

POUL' les «,aînés» le programme scout devi ent plus seneux: au jeu succède le «travail scout» , l'acctuisition de div erses techniques, spé­cia lisation s,elon les régions .. ,; et le «goùt de l 'aventure» se trans­forme aisément en «esprit d 'entreprise», alors que de l'«esprit. de che­valerie» naissent le sens de Devoir, le Civisme, et le besoin d 'être un entraîn eur pour l es autres.

Oui , tout eet ensemble le pra t.iques joyeuses et originales et de bonnes ]'èg]e3' qui constitue le sC'outisme a bien, à notre avis, une vé­ritable importance que doivent mieux compreridl'e les parents, les éducateurs, les m embres d e l'enseignement, les bons citoyens et même les hommes (l'Eta.t, soueieux de l'avenir de leurs enfant.s et le la Race,

Tout d'abord le scoutism e est un gros génél'ateur cl'enthousia!"·m e et d e gaieLé. Pal' C'e seul fait , il est particulièrement pl'écieux pOUl' les jeunes, qui r essentent dès leur jeune âge les effets de ce que je ne sais plus quel écrivain a appelé la. «tristesse contemporaine»: l'enthousia '­me le jeu spirituel , et la gaieté ,_,ont nécessaires à l'épanouissement de l'organism e et (les possibilit és cl'rébl'ales du jeune garçon et rIe l'a(lo­lescent.

Puis, 11 entretient parmi les nouvelles génél'ations l'esprit cl'entI' e­prise, de réalisation; il développe ,en effet, en même t.emps que la con­fianc e en soi-mème, les connaissance!"· pratiques, ll?anuelles, scienti­fiqu es des jeunes gens, recherche des diplàmes de capacité, entreprises nécessaires ft la réalisation du programme de plein air des scouts, etC'. ,etc.), Il form e donc des .i eun e'~ , hommes accoutumés à l'action hardi e,

Exerçant constamment .resprit d 'observation, la curiosit.é. la «dé­brouillardise» manuelle et intellectuelle des jeunes, il apparaît comme 'étant. un moy en indirect, mais très efficace, de préparer les élites pro­fes8,ionnelles: il me sembl e qu 'un scout bien entraîné doit se trouver porté de lui-même vers le travail bien fait , mené à bout habilement, vivement et, originalement. Et ce qui est vrai du travail manuel, m e paraît aussi exact pour le travail cérébral. De nombreux exemples peuvent être fournis pa.r tous les «scout-maste,Ts» (chefs d 'Eclaireurs) , - exemples établissant que le scoutisme augmente de 50 p. 1000 les possibilités de chaque enfant.

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Enfin on n e saurait méconnaître plus longtemps la valeur éduca­tive du 3,coutisme.

Faire de l éducation, c'est transmettre aux jeunes la Tradition, le bagage moral, les connaissances de la Race, et former leurs qualités viriles afin qu'ils soient prêts à la fois à conserver le dépôt qu 'on leur confie et à aller de l 'avant.

On fait beaucoup d'enseignement, les méthodes d'instruction tech­nique sont parfois. très perfectionnées, mais, dans tous les pa~Ts

l'éducation se fait bien mal! Bien rares sont ceux qui s 'attachent à développer chez les adolescents 'et chez les jeunes hommes les, qualités viriles, le caractère, la personnalité, qui, seuls, iont d'eux non 'de sim­ples unités, mais des forces.

Le scoutisme est pour l'é lucateur un instrument remarquable.

Par la liberté qu'on lçLÏsse aux Boy-scouts pour l'org'anisation et la réalisation de leurs entreprises, pour la gestion et le fonctionnement le leur patrouille, pour le règlement des «affaires disciplinaires·», clans leurs Cours d'Honneur, on peut les habituer au «self-contro!», à ce contrôle soi-même, si rare chez les jeunes ... et chez les vieux. Les Rè­gles du mouvement, l'obligation de respecter l'uniforme qu 'on porte, de ne l'ien faire qui puisse porter atteinte au renom de l'organisation à laquelle tout Eclaireur est vraiment fier d 'appartenir, donnent aussi très fortement à l'a dolescent le sentiment cle sa dignité personnelle. Le mouvement scout, en rénovant en quelque sorte l'esprit de cheva­lerie, préserve ses membres des causes de régression morale qui menacent les civilisations contemporaines (arrivisme, égoïsme féroce et matérialisme, etc.)

r,ous ajouterons que le scoutisme est propre à entretenir dans l 'esprit des jeunes un s,inC'ère amour de la Religion . Quand on coudoie d'un peu près les choses de la nature, on ne peut guère devenir ou rester un «athée» complet : tàt ou tard, le grand Problème se pose à l'esprit, et, qu'ori soit un «simple» ou un génial savant jonglant avec les rayons x et les longueurs d 'oncles, la solution s'impose . .. On ne peut que se réjouir de ce que le ~coutisme apparaisse ainsi com­me un des facteurs qui préserveront les sociétés contemporaines de théories utopiques. nuisibles au progrès de l'humanité. Un bon scout est un bon chrétien.

Le scoutisme, enfin, développe le culte de la Cité, c'est-à-dire le ]:"atriotisme, le désir de se rendre utile à la collectivité à laquelle on appartient, le culte du Bien public. Et, en effet, il impose de 'bonnes disciplines, il donne le sens de la solidarité nécessaire à la prospérité chi groupement, petit ou grand, auquel on se rattache; dès son jeune â,ge, le Boy-scout est entraîné à l'idée de l'aide au prochain (bonnes. actions et sauvetages) il collabore, en cas d'urgence, à des services publics, il s'entraîne pour être prêt à se dresser r,om' défendre la

.

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,Cité en cas de nécessité: car, si le mouvement scout n 'a pas pour olJ,i et de former des 8.o1dats , il forge les corps et les cœurs et prépal'e ainsi le futur citoyen dont dépendra, d ema.in, le sort de la Patrie.

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SOiVIM URE. - Bonne Année! - Autrefois et Aujourd 'hui - Du nid

~h:H'mant. - Adieu. - Pensée.

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Bonne Année!

L '.an 1928 n est plus. Son dernier adieu vient de s 'égrener en plamtes sourdes dans le silence de la nuit. Chaque année qui s 'en "a laisse en notre vie l 'empreinte de son sillage et, au moment de la voir disparaître ~t jamais , une certaine mélancolie \ ous en­vahit - larme de regret et cl adieu ù celle qu 'on ne re\ erra plus. -Semons sur sa tomhe la fleur du souyenir !

Et l11~tintenant . .. sourions à l'an nouveau qui ,s 'avance \ oilé de m ystère et fl euri d 'espéran ce . Que nous rÉ'serve-t-il? Re" er s ou sllccès détresse ou allégresse? Dieu seul le sai L.

Amies lectrices, .le souhaite que cette année nouvelle soi t pour chacune de vous bonne et heureuse. Que Dieu bénisse et récom­pense YOs généreux efforts et réalise au mieux \:os désirs les plus chers. Chl'ysClle.

Autrefois ... et aujourd'hui

~ n spectable channant et qui reposai t l'âme autrefois" c'était une f:::ll111Ile groupée autour d 'un père, et l'enveloppant de son amour C011111le d'une atmosphère chaude, comm_e d 'une auréole. C'étaH une véritable joie pour les vieux parents d'avoir à leur table d'e nombreux convives pris dans leur famille, le plus vieux , bien souve~lt , dépassait la soixantaine, et le plus jeune n'avait pas six mOlS ! -

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La famill e modern e a peut-ê tre quelqu e ch ose de plu s gra­cieux à l'œil , de plus élégan t qu e la f:1mill e antique , m ais il faul sa \'oir all er au fond des ch oses .

Nos p èr es éta ient certainemen t plu s seVl'res e t, pou r lâch (' J' le grand mot , gâff/i cnt m oins leurs enfants .

Ces admira hl es p a rents Il e sa 'rifi aient .i amais l' â m e ù la santé. e t la peur d ' un rhum e n e les in dui sait p as en ces concession s sans nombre en ces dangereuses capitulations eL câlin eri es qui sont Je caractèr e d e l' édu cati o n mod ern e.

Il s avaient un e foi plu s vive en l'au tre vie et ils eussent pré­rén~ voir mou l'il' leurs enfants très a im és cep enc1 an t, plu tt>t qll e de les voir «tourner à gauch e ».

All ez dire au x p(:' res et aux m ères m odern es de défendre aux enfants de p arl er à LabI e et de les fa ire déloger au desse rt comm e on fa isa it autrefo~ s !

On les dressait à l' ohéissan ce, et .i e dois avou er , en rou gissant. qu on n 'é tait pas sans leur donner qu elquefois de ver tes cor ­rec tions, Le martineL n 'é ta it P <-l S toujours p our les p etiLs ch a ls.

Oh ! je vois d 'ici l'indigna tion des beaux m essieurs qui écri ­vent de gros livres pour montrer qu 'il faut toujours prendre 1 en ­fant pal' l e sentiment. Cela , c es t de ]a lhéorie 1 le pratiqu e bi en souvent , c'é tait le fou e t!

Les enfants a vai ent ,bien un p eu p eur de leurs parents, 111ais il s n e les a im aient pas m oins.

Des hommes 111 ùrs treml laien l encore deva nt le r eproche de leurs m ères, et cependant, il s a vaient pour ces terribles JJ1m11rl11S

un amour d 'un e tendresse que le n ôtre n e surpasse pas.

On fai sait des h omm es, autrefois .

Au.iourd 'hui , la t' amin e n 'existant presqu e plu s, il es t difficil e qu 'e]] e form e des hommes .

H élas 1 oui , la ramill e s'en va 1 Et pourquoi ?

Parce que la fa mill e Inoderne n 'a plus de foyer et que ses m embres s' en sont cr éé de facti ces . On '0 ù son cercle, à son café; on court aux soirées n1angeantes, aux soirées chantantes . Chacun va de son côté où la jouissance J'entraîne, et le foy er es t pres ­que toujours vide.

Et cependant , c es t là que l'homme retrempe ses forces . ouhlie les déceptions et les amertumes de l'existence.

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Là seu lemen t sont les ' Taies .J OIes, les tend resses profon des el serei n es . P lus ta rd, dans vingt a ns, quan d bé bé sera un homme, il se souviendra encore de celle dem eure l) aisible et respectée où so us les r e'garà's de son p èr e et de sn. mère. il a a ppri s à pri er D iell , cl r especte r ses pa rents et à se p répa rer un ave nir.

E t il se pl a ira, s' il a du cœ ur , à revenir à ce fo yer héni qui le r a .i eunira.

Le cardinal Pie venait tie perdre sa m ère : « Cher ami , di sait­il en pleurant à Mgr de Ségur , ta n t qu 'on s'enlelict appeler nlOn enfant on r este .i eune. On ne d'eyi enL yi eux qu e le .iour où l'on a perdu sa mè re. » P, .J.

Du nid charmant ...

« . . , Du n id charman t caché sou s la feu ill :'e . .. »

Ten dr e rom ance de jadis Vou s me ber ciez à la veiil ée,

Quan d le som meil passait sur m e 1.', cl is a lourdis. , , Bi entôt il me ployait su r l e cœu!' de ma mèr e;

Et, la vo ix fr edonnait plus: « Ce ,()id , ce Joux m ystèr e . . . E nfHnts, n 'y tou ch ez pas . . . »

(\ ieill e ch an son, )

Nous vi, ons des soirs plus beaux 'que les plus b eaux poèm es; l 'été vihre a utour de nous, épanouissant les roses . On n e peut pas décrire le ciel a vec des mots lerrestres dès qu 'il a ses étoiles .

- Le .iour, c'es t un sa tin d'o nt a ucun hleu n a ppro 'h e; mais qui dira ses c répuscules et ses nuits? ...

Pour les savourer ensemble, nous fran chissons chaque soir le seuil tiède de la porte ; dans l'ombre naÏssante on devine les volubili s r efermés . Ils étaient d"un bleu profond ce matin : l' a r ­deur du sol eil les a fait mauves .. .

Les sièges bas se groupent entre des 111llfliers de velours e t de gros géraniums rouges qui semblent artificiels ; ù la hauteur de mes genoux , il y a deux petites tê tes pensi, es . Elles n 'ont qu 'un léger Iuouvem ent à faire pour appu yer leur front à m a robe. Elles le font souvent.

On ne parle point, ou guère. A quoi bon parler , d 'ailleurs, quand les âmes se comprennent ? .. , C'est alors que, rassurés par le silence tranquille , les oisillons de certain nid se n1ettent à pépier doucem ent dans la nuit tombante.

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Nous connaissons bien le père et la mère: pendant tout le dernier hi, er, ils , enaient manger les miettes que nous déposions pour eux sur l'appui de 1:::t fenêtre. Ils sont minuscules , vêtus de gris, vifs comme des étincelles, et portent au bord des ailes un luince ourlet noir e t bleu. Ces parents Inodèles , depuis le prin­temps , soignent déjà leur troisième nichée. Les aînés de leurs enfants s'en sont allés habiter aux. jardins maures, mais le petit couple couleur de cendre est resté fidèles à nos volubilis.

C est par là , dan s le réseau inex.tri cable des souples lianes fl euries qu'ils ont patien~ment construit leur demeure de brindil­les et de duvets. Je ne connais pas la place exacte: je ne veux. pas la connaître. Mais cette douce présence est le charme de lTlOn jardin. L 'aim erais-je autant s'il n 'avait que des fleurs ? ...

Non, sans doute.

Un nid! ... Comme il évoque irrésistiblement l es plus pures tendresses terrestres! ... Ne bercé-je pas, moi aussi, heureuse , une couvée qui s 'endort les yeu x clos et l'a ile r epliée, dans le soir "' toilé? ... N'ai-je pas sous m es doigts ces mèches de soie ti ède qui contre ma robe, .se reposent d 'avoir tant flotté au vent des jeux ? ... J e p ense à 1:::t vieille ch anson que mon enfance aimait: Ô «nid charmant cach é sous la feuill ée » !. .. Je pense aussi , h élas!. .. aux petits oiseaux qui sont allés vi, r e aux jardins maures e t qui n e se souviennent plus à'e nos volubilis! ...

'" La nuit traîne hors du jardin d 'obscures formes impré­cises. Les dan'ger s rôdent ayec le vent. C'est l'heure où les hêtes nocturnes guettent les proies jnnocentes; et les tentations dé­chaînées assiègent les faibles ânles.

Des ombres venan l je ne sais d 'où, glissent sur la p1:::t ce déserte. Les chiens inquiets ahoien t au seuil des tentes qui abritenl le sommeil de nos voisins. Mais les fantfîmes nocturnes s'arrêtent à la petite barrière de bois qui enferme les voluhili s satinés, les géranilllus, les mufliers roses , et, sous les retombées des feuillages , le nid des humains auprès du nid des oiseaux.

J e serre plus fort contre moi les chères têtes somnolentes . Hélas! un jour, ell es imiteront les couvées prjntanières qui sont allées vi, r,e sous les olhiers du .iardin luaure, et c'en sera fait des beaux soirs h eureux 1 ...

Cen sera fait du nid charmant où je berçais, à la veillée , deux petits fronts câlins contre ma robe; du nid , autour duquel rôdaient lTIille inquiétantes choses qui n 'osaient pas trop s'ap­-procher 1 ...

". 0 luon Dieu r egardez ce qui r espire e t r enose sous les ailes de l oiseau dont le chant vous loue, sous les mains de la

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femn"le donl la VOlX' ous prie. Voyez notre amour, et notre fai ­blesse et notre désir de calme et de paix! ... Lorsque les dangers de la ' nuit · traînent leurs luenaces autour d'es couvées, e~tende~ nos fragiles cœurs battre d'épouvante sous ~~os robes grIses: et )ermettez qu'à ces nids , qu 'à ces doux mysteres, l~ lual~eui n e louche pas . . . Marie Ba1'l'ere-Aftre .

~ fldieu ~

Adieu! je suis la vieil'le année. Qui s'en va, son rôle accompll , Subir la triste destinée De ceux qui tOlnbent dans l' oubli .

Je pars et nul ne n1e regrette, Nul ne voudrait n1e retenir, C'est cl peine si l'on me .tette t , hwnble cwmône d'un souvenir .

Pourtant lorsqu'à pareille époque Douze mois plus tôt .t'apparus, Quel beau .tour cette date évoque, QU e'1 aimable occueil .le reçus.

J' étais alors la bien.venue , Et chaqun adressait ses vœux A la Jeune Année inconnue . Qui promettait d es .tours heureux.

Mais j'ai trompé plus d' une attente, Déçu plus d' un rêve secret, Et ie vois à l'heure présente Qu~ .t'ai perdu tout mon attrait.

Avec hâte l' on se détourne De ce vieil cm qui va finir , Et c'est vers l'cm nouveau qll' on tOLlrne Son espérance et son désir.

Je lui fais place et .te souhaite Qu'il réalise poUl' le mieux Tous vos espoirs - mais, .ie m'Cll'1'ête : Minuit sonne et .te pors . .. Adieu!

M. JuiNal'd

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B Pensée m Cest un art douloureux que de savoir vieillir, De cachel', souriant, les regrets de jeunes.se Sous un pâle soleil qui n'a plus de promesse ; De faire éi)anouir sous la n eige et le gel, Le pâle éclat d'hiver des roses de l ''oël , Et de laisser l~ cœur ensoleiller encore Comme un beau crépuscul e où brille un 13 u cl'aurore ~

Produit de la souscription "LE SOU DE GÉRONDE"

du 1er novembre au 15 décembre 1928

Monthey, Ecole des garçons , fr. 25.- . Col1ombey-Ie-Granc1, Ecole , 1'1'. 4.50. Bellwald, Schu le fr. 5.- . Illiez, G. II fI'. 5:60. 01'­sières III fr. 5.- . Orsières Ville II , filles fr. 10.- . Sahran Maré­cottes , M. fr. 4 70 . Vionnaz , fr. 12.50. Thermen-Brig, Knaben, fr. ~U)5. Stelnhaus , 1'1'. 2 .50. Martigny-Bourg III , Filles fr. 3.- . Chip­pis , Filles, fr. 20.- . St-Niklaus, Knaben l , fI'. 10.50 .. - Isérables, Fi.lles III fr. 2,10. - Gondo, Ecole fr. 9,60. - Nendaz, Beuson, fI'. 3.­Orsières Commaire 1'1'. 5.- . Lic1des , Dranse M. 1'1'. 8.- . VOl1'T~', G et Mixte, f1'. 8 .- . Münster , f1'. 40.- . Monthey , Eco·le de Mlle Garny , fr. ().- . Chippis Garçons fr. 20.50. - Salyan , Granges G, fr. 11.70. - Sal"an Granges F . fr. 2.35. - Conthey, Premploz G. fr. J.- . Saillon ,filles 1'1'. :3.- . Unterbaech, ScInde, 1'1'. 20.90.- . Saas Grunc1 , Filles , Fr. 4.- . SL-Gingolph , fines , fr. 14.- . St-Gin­golph , Garçons , 1'1'. 8.- . Col1omhey Muraz , E coles , 1'1'. G.20. - . Vionnaz, Garçons fr. ().-. Orsières, Issert, 1'1'. f1,90. - Salvan , mixte, supérieure, 1'1'. 12.- . Trient les .leurs, fr. f1. - . Ried Bri·gue , Gar­çons, JI'. 2.:i5. - Saillo11 , Garçons, fr. 5.- . Martigny-Bourg 1 et II , enf. fr. 12.- . Trient Ecole, rr. 27.40.- . Venthône, Filles, fr. 5.- . Chermignon ,Filles , l'r. 10.- . St-Jean Mayoux, Mixte, fI'. 10.50. Lens , Filles TIl 1'1'. 4.- . St-Niklaus, Knahen , h. 2. - . FuJly Bran­son Filles , fr. 2.- . St-Maurice Epinassey , Garçons, fI'. 5.20. Saas Grund Knahen , l'J'. :3.50.- . Gdichen, Schulen , fI'. 2f1.- . Miège, Filles , fI' . 5.- . Stalclen , Filles h. 7.- . Champéry, Garçons, 1'1'. 20.- . Steg, Garç.ons, fr. 4.- . Martigny-Bourg, Filles , fr. 17.- . Vouvry , Filles , fI'. 23,70. - Vérossaz, Garoçns, fI'. 3.-. Agette;:.;. Garçons 0,45. - Martigny-Bourg, Garçons, 4,50. - Birgisch, Filles, fr. 1.90.- . Finhaut, Garçons, fI'. 4.- Evolène Ville, fr. 17.­Leukerbad, Filles, fI'. 16.-. Sembrancher Gard:e, h. 2,20 - Ober­gesteln, Ecoles, fr . . (t30 . . Chalais , Filles, Fr. 12.- . Reckingen , Schule, fr. 7,70. - Orsières, Soulalex, fI'. 8.-. Thermen Brigue,

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Filles , fr. 10.- Geschinen, Schule, fI'. 1.50. - Bovernier, Ecole enfantine, fr. 3,40. Bovernier , Filles, fr. 3 ,75 . - Fully, Eglise, en­fan tine , fr. 8.50 .

. NÉCROLOGIE '

t Mlle Joséphine GALLAY, institutrice

Au déclin de novembre, une fou le de parents , amis et con­naissances accompagnait à sa dernière demeure terrestre la dé­pouille mortelle d'une jeune institutrice, Mlle Joséphine ' Ga]]ay, ùe lVIassongex. Mlle Gallay a supporté a yec une pa tience toute t:hrétienne la lualad'ie qui la força , il y a deux ans, de quitter ' l 'enseignement. Ses élèves de Saxon, St-Martin et Fully auront un souvenir pour _ leur chère maîtresse prématurément enleyée il l'affection de sa famille et de ceux et celles qui la connurent.

Causerie sociale'

La Conscience professionnelle

LE BON OUVRIER.

Vous, ous' rappelez sans doute celle poésie où .Jean Aicard met en scène un brave forgeron.

Dès le matin on entend le mal't ea u battl'e l' enclum e. Le torse HU ,

])l'R,vant le feu et la fatigue , le bon ouvl'ier travaille en chantant. Et pou tant la tâche est rude, mais il ('onnaÎL l'utilité, la beauté de son Irvavail. Cette barre qu'il m81'tèle avec- tant de soin sera sans doute la charpente d 'une maison, le soutien cl\m pont. Tout a coup, il s 'arrête de chanter: »Ah ! malheur! s'écri e-t-il 1 mon travail est perdu; il y a une paille clans ma barre! » Il n'hésite pas; patiemment, il l·ecommence. Et la barre de fel', un jour, sel't à. la t:harpente cl'un heau pont, hardiment lancé SUl' la rivière. Et voilà qu 'un régiment pa.sse ! six cents homme3·. Le pont. fléchit. Un imitant, lïdée d 'un e InOl't alfreuse , inévitahle, traverse l' esprit des solclats. Mais non , ]a

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})outre d e' fel' solide, consciencieusem ent forgée, a t!'emblé, mais ell e n'a pas cédé.

Il p eut chanter, le brave ouvrier! L e témoignage de sa cons­cience le r end heureux et fier ; ces hommes doivent la vie à son travail.

Oubli des obligotions professionnelles. - C'est a, ec intérê t certainement, que vous avez écouté l'histoire du bon , ouvrier. Vous qui n 'a imez point ù recommeIlcer votre ouvrage, vous auriez -volontiers conseillé au forgeron de ne point s'arrêter pour le petit défaut qu 'il remarquait dans son travail. Quelques-uns, peut-être, lui auraient dit: «A quoi hon , puisque ca ne paraîtra pas? on n 'y verra rien et on ,oUs paiera tout aussi cher. .. » Mais songez aux conséquences de ce manqu e de conscience dans le travail. Supposez que ce brave forgeron n 'etH pas consciencieuse­ment recommencé sa besogne pour un p etit défaut, insignifiant en apparence: tous ces soldats étaient précipités dans la rivière . Combien cre familles en deuil! Evidemment, en négligeant de recommencer, il n 'eût pas prévu ni voulu ce malheur; mais enfin , c'est par sa négligen ce que ce malheur serait arrivé; il en eût été responsable, parce qU1I eü t manqu é de conscience profession­nelle.

LA CONSCIENCE PROFESSIONNELLE.

Grâce à ces premières réflexions , vous devinez déià le sens de ces deux mots , que peut-être vous n 'avez pas vu souvent as ­sociés ensemble et qui vous surprennent un peu. VO U"i savez très bien, en effet, ce qu'est la conscience: cette voix intérieure, l'écho de la voix du bon Dieu , qui vous pousse au devoir , vous encou­rage, vous félicite, vous fait des reproches au ssi. Mais la conscience professionnelle ? Eh bien! c'est la même; ce n 'es t pas une cons­cience No 2 ; c'est notre conscience, forcément uniqu e en nou:) , comme notre intelligence, notre cœur, notre âme, mais qu e nous appelons «professionnelle », quand elle nous apprend à remplir avec application, avec honnêteté, avec fidélité, les devoirs spécül.ll:\ -que nous imposent notre profession.

C'est à cause de ce rôle particulier qu 'on l'cq,'pelle ici «pl'ofess ioll ­'nelle». C'est l'e11e qu'il e3,t question qu and on parle d 'un comme)'(~ (l n t consciencieux, d 'un ouvrier consciencieux, d'un patron co nscien cil: ux, ,d'un écolier consci en cieu x.

Elle ~e.s t inclispcnsoble. - Pour qu ' un e montre bien f aite et ·en bon état donne l'heure exactement , il suffit ,de la monter: ,c'est une machine. Pour qu 'un cheval tra vaille hi en il suffit qu 'on l'ait bien dressé, qu'on le nourrisse suffisamment, qu 'on ti enne

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bien les rên es et qu 'on lui donne un coup de fou et an bon moment: c'est un. animal. Mais l'homme n est pas une machine, il n 'est pas un sllnple animal, e t nous avons YU auparavant que la o'rande h0l!t~ et la grande in.iust~ce de l'esclavage, c'est que l 'esclav~ y est traIte conime une machme et un animal. L'homme est un ê tre inte~Iig~nt et libre, et c'est pourquoi chacun , ki-bas, dans ln professlOn qu'il a choisie, est ohligé par Dieu d 'en accepter libre­ll:ent et d'e~l accomplir,librement ~outes les obligations: sa cons­CIen ce est la pour le lm rappeler. Rien n e p eut la remplacer.

Sans cloute, les gendarm es, la prison, les am endes, ou bien les l' écompenses, les cadeaux, les dérol'ations peuvent aider à bien faire' mais si l a conscience profess·ionnelle est absente, ou se tait, rien c1~ tout cela ne sera suffisant. Et alors qu'arl'ivera-t-il? Les mauvais ~xer:nples se multiplieront. On verra partout dans toutes les pro­feSSIons, des gens qui, comme on dit, «Se défileront, se débrouilleront» en ne pensant qu'à eu x; on flânera, on mentira, on trich era, on volera en se disant: «Pas vu, pas pris» et finalement tout le monde en souffrira; la société tout entière marchera mal; elle sera malade et risquera d 'en souffrir. Et ce n'est pas la prison ni les gendarmes qui suffiront à la o·u érir. Mais si, a u con traire, ch aqu e travailleur, cruelle que soit sa situation, quel que soit son grade, a la conscience de sa responsabilité envers l es autres hommes, s'ef:(ol;ce en conscience de l'emplir de son mieux ses devoirs professi onnes, alo l's la ~;Gc i été tout enti ère sera h eureuse et r,rospère.

LES ENSEIGNEMENTS

DE LA CONSCIENCE PROFESSIONNELLE

Vous voyez par conséquent conlbien il est important pOUl

chacun. de nous que sa conscience, sur ce chapitre des obligations professIOnnelles, c'est-à-dire sa conscience professionnelle, soit fortement éclairée, reste vigilante et sache parler clair et ferme, Or, précisément, quand il s'agit d'obligations professionnelles , on rencontre assez souvent des consciences qui sont insuffisamment éclairées et attentives sur 'les deux. points suivants , en particulier: l'honnêteté, la fierté et le goût 'du bon tl'ovail . Nous allons passer en revue quelques exelnples.

Honnêteté professionnelle.

On se contente trop souvent d 'appelei· vol uniquement l'acte de prendre à un. autre une somme à"argent ou un ob.iet quelcon­que. Or, on peut être l11alhon.n ête - et très grayement - et donc voler, de bien d'autres manières.

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Des f{/ç'ons (['être mdlhonnête, - Manquenl d'honnêlelç , ertains j'abriccmts qui se permettent d'emplover des Inatières plus

ou 1110ins défectueuses, a yari ées et écoulent leurs produi ts sous une é tiquett e garanbssant la honne qualiLé et (lU prix de la bonn e lm Il' c han clis (!,

Pm" exempl e, le menuisier llui fnbriquen'\ i t cLes meubles en ] oi s ])Ianc et, après une savante prl'pèwatioll, les venc1rai t comme fa it s FIl no~'el' et a u prix du noyer; l e bijoutier qui venclrHit de faus~es l)(-'] 'l es pOUl' de , él'it ab les ; 1" mal'Ch811c1 qui li v r er a it HU client ulle pi èce d e soie lepui s lougt "mps en magasi Ll , l rète à se COU ] el' ,Hl

moindre effor t pOUl' un hs u cie lonn CJUè11itl', etc,

Qunnll lu fn]sification porte SUI' des pl'ocluits alimentail'es ou pharmaceutiques, 18 malhonnèteté est plus gr8ve encore' et peut deve­nir criminelle, car ell e peut c rée r un cl<'lllge l' l." ubli c' pour l es sant é:-;,

\insi l es laiti e rs, qui ne s co ntent ent pus lle «])al1ti seT» l ur lait Hvec de l'eau clnil' t' ou cr eu soustn-t1I'e une ]),utie cle la crème, mai IR r emplace nt })(lI' cl s pl'OlluiLs clivel's, tels que l'amidon o u de la fécule; l es boulangers qui mèlellt clu tal 8 des fcnines Hvariées pOUl' ls blanchir, etc ,

11 manqu e d'honnêteté profEssionnelle le commerçant qui. pour gagner trop , ou trop vit e, n e se contente pas d ' un jllste h éné­fice mais , profiLanl d e lïgnor~lI1ce ou du h esoin pressanl de ses clients augmente démesurément le 11rix de ,"ente de sa m ::lr ­chandise,

Va encore conLre l'honnêle l(' professionnell e, l'ouvrier qui , en huit h e ures , ne l'mlrnit que le travail d e sept; qui , sans aucune précaution dép ense trop de la matière à ~ravailler : hois , fer, fil , elc , gâche les mat:hines ; - le ' foncti onnaire qui se moque des intérêts de l'Etat c 'est-tl-dire de tous, ou favorise in.iustement leI Oll tel; Je domestique qui n 'a aucun souci des intérêts de son maître; - Je médecin qui vi sÏle négligemment ses malades' -l'ep({trr)]1 qui ne paie pas à son ou \Tier un salaire proportionné à son tra\ ail; une achetellse qui , pouvant pa~ er , retarde le plu.' possible le paiement de la facture de sa couturière, etc, e tc, ' l'on p()urrait continuer longtemps celte liste cl exemples, '

La fierté et le goût clu hon fJ'av({i!,

On veut dire par là : J'amour du métier , le igoüt, la fierté du «bien foire », Voilà un point sur lequel la t:onst:Ïence de heau­coup de travailleurs ù notre époque, oU\Tiers comme patrons , aurait pas mal à apprendre,

Autrefois, CllzjOII r(/' hui, - Autrefois, dans les vieux métiers, maîtres et ' compagnons tenaient à hOllneur ùe faire (lu «hel ou -

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n'age ,> ; ils ne ménageaient ni le Lemps ni la peine; ils voulaient b~en ,l'air d'ahord: la corporalion s llr\'eillail leur travail ; aujour­d hm , on \' e ut gag ner cl ahord, - Autrefois chacun se piquait cl'être co nscie ncieux et droit; aujourd'hui, on a souc i avant tout le gngner plll s que les alltres, - Aulrefo is , c1 es mains hahilt's

faisajen t lentement , avec am ou r. de helles choses, et .'olides , Jo~ ales clurables; à présent, on Lra\'a ill e ù la va-vjte, ù la grosse ou a l! quin tal ' c'est cle la camelote ça ne \'au t rien ça s 'us~ "He, c'est l'nil ù la d iahle , mais ça «tape l'œiL> et c'est I~on marché, C()mment l'o ll\Tier prendrait-il goüt ù ce Il'n\"cdl ?

ans cloute, ce hRngem Dl' Cc st. cl l'l, en bonne ])al'tie , 8. l' emploi d p 1::1 machine CI utrefoi s incoll llue' hl m::lchine l'ègne mèlinte1l8 n t en ,.'ollven\Ïn e et r lègue SOU\ ent le tl'ëwHillelll' nu clel'l)jpr l'Hng, l e rendant son domestique en quplque sor te, lui, l'ollvriel' lihre Je fier artisan l';:nlirefois, F8ul-il clOIlG en ch'plo r 'l' l"usage? ::\Oll , ca l' Pè1l' 8 ill eul 's Ile miHCJll un pl'ogTè' cOlls icl ér::l].]e, l~ràcé à ell e, à notre époque

il est possible (l e metll'e au sen dce (] p tous, à la pol'i6e Cie .. petiLe~

hOUl' es, ce qui a ulrefo is é't8it clu luxe ou que mème les plus ri ches ne pouvai 'nt se procurel', \ oyages en chemin cl e f r ou e n h8teaux à v<lp ~ llr, érlni "::I ge é lect l'iCju e, m8 bin s agTicoles, scie ri es mécaniques, mRchllJes à caucll'e, pLc" in onnues il y a cent ans, parlent. 11aut en faveur cie 1::1 n18chine, D 'un autre cô té l es étoffes diverses l e lino'e le sucre, 1<,, ' consen Tes, ce ]Jilpipl' celte '1>]um e, ceLte épi ngle' que VO~lS avez en(I' e l f's m8ins, mille objets (rU 1 u S8ge s i CO UI'cll1( au.ioul'(l'hui, gTélce à 1::1 morlicit6 (l e l em' prix, lout ce lèl, c'est l'œuvre cle lèl machine,

Toulefois il faut regreLLer qu e cette fie 't é du travail où 1',Oll\Tie r (\ mis c1u sien ~lit Lant dïmillué dans heauc()up de profes­S10ns el qu 'o ll con s tate au contraire, chez tanl de tray~ ill eurs , Je dégoLlt ()u au moins 1ïnc1ifférence ù ce qu 'ils font.

Le août dll «bien faire », tV[ais ce goül du hOIl travail esl-il incon c iliahle avec l'emploi cie la machine ? Non certes el celui Cfui, a ram~~ur et tient ù l'honneur d e sa propre profes~i()!l peut tmqours , s JI le \'eut , meUre de son âme dans son travail et êlre antre chose que le servant de sa machine, S'il cherche à compren­dre ù se lwrfectionner tou.iours , il renversera le rf>le que lui-même, souvent par son indifférencé s est laissé imposer: la machine sera pour lui - ce Cfu elle doit être - son auxili((ire précieüse, Mais, pour cela .ieune il lui faudra fair e un apprentissage sérieux; ouv~'ier, formé , il s'appliquera ù augmenter Lou.iour~ sa valeur prolesslOnneIle, Sa conscience lui dit qu'il est tenu d 'être capahle de remplir le mieux possible S -..l fonction O\l son emploi,

l ' • Cest lù un point sur lequel , trop souvent on n'a pas assez (te, scrupul~s, On accepte parfois une situation p()ur laquelle O!l salt pourtant que l'on n 'a pas les connaissances qu 'e lle exi~e, Si

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encore on se préoccupait , une fois dans la place, de les acquédr . Mais non , on semble croire qu e le seul f ait d 'occuper un pos te suffit ù donner la compétence qu il r equiert .

Ains i en core, cer tains r tudi a n Ls qui se prépar en t à devenir m é­d ecin, ou avocat ,ou ingéni eur se sou cien t d 'appr endre seulem en t le strict n écessaire pour arri ver à passer lelU' exa m en , san s se dire qu 'il? compromettent pal' là un jour, IR sa n té ou la fortune de ceu x qui s'adresseront à eu x. Ou bien en core tel au tr e qui est, comme on dit, «HIs de son père», - c'est-à-dire qui h éri ter a d 'une grosse 1-',]'0-

pr iét é, d 'un e u sin e - n e se prépar e point sérieu sem en t à son l'ole de directeur.

Tout cela es t manque de conscience professiollnell e . Qui con­que la possède, bien , form ée, et l' écoute, vi se toujours à devenir plus compétent, plus habil e dans sa profession, à donner à tons l'exemple du travail probe, sérieux , loyal , à fair e la r gem ent, cou ­rageusement , son devoir p rofessionnel. Un e si loyale activité, d 'ailleurs, p orte en ell e sa r écon1.pense imn1.édiate ,dan s la joie, le contentem en t dont elle emplit l' â m e : le travail es t tran sfiguré' il n 'est plus le lourd boul et d'e for çat que l'on doit t raîner m algré soi , mais il es t l' épanouissem ent d'e n os plu s b ell es fa cultés .

LECTURE

L'AI G ILLEun

Le t r a in omnibus a l'ri ve. L,'a iguiUeur est à son poste, la m ain su r ' l e lev ier de fer . Il salt qu 'ici le tr ain d oit se gar er, pour la isser la voie libre à un t r a in express qui va arriver dan s quelqu es minutes. Il sait que, s1l n e m an œuvrait pas l 'a iguille l 'express irait se bri ser effroya­blemen t sur l'omnibus; aussi , les yeux fix és sur la locom otive qui a pproch e, il att end . Un e voix l' appell e : «P a pa, P apa ! )) C'est son petit P aul: l' enfan t a quatre ans; il accourait joyeu x ver s ~on l:',èr e ; puis" effrayé raI' le fracas du tr a in qui arriv e SUl' lui en fa isant t r embler le sol, il s 'est ar rèté en tr e les r ails, cri an t : «Papa ! )) La locomotov e 8I',proch e : eUe n 'est plus qu'à quelques m ètr es de l' enfant.

Que fair e ~ Il y a en core 3 second es: le pèr e peut sauv er l' enfa nt; m ais a lors il fau t lâch er le levier , m anquer à la m an œuvre, la isser lep, deux trains s"écr aser en ensevelissa n t sous leurs débri s des blessés-

et des morts.

Il n 'h ésita pas ; et, tou t p à le, il r esta à son levi er , criant d 'une' voix déséspér ée : « Couch e-toi à plat ventre et n e bouge pas ! ))

L 'enfan t se cou ch a et di sparut sous la locomotive.

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Comme il semble long à l 'aiguill eur le défil é d e ces 'wagons qui lui cachai en t le corps de l' enfant. le dernier viragon a p8ssé, le p èl'e R un e su eur fr oide au fr ont ; il ose à p ein e r egard er, .. que vR-t-il voir à l a place où Q,'est C'ouch é l 'enfa n t ?·

L'enfan t est viv8 n t ; le petH. corps, coll é con tr e terre, n '8 m êm e p8S é1"é efil euré.

- P aul! m on petit P aul , tu n 'Rs pas de mRl ~

- Non , P a pa , n 'aj e }:"8S p eur!

Et I.e p èr e pleurA R ch8udes lnrmes, en embrassant l' enfAnt. Qu pl­cru es mmutes plus tard, l' express passe à. toute vapeur, emporta nt les voyageurs qui n 'ont ri en vu et. n e se clou tent guèr e qu 'il s doiven t leur ~'R lu t 8U (l évOlH'm ent h ér ol'(rue (l e ce p8uvr e ' h omnlP ,

Résum é,

JO ,On oubli e ou l'on ia nor e trop souvent nll e les ohll ~a tions profe: sJOnnell es sont CI e véritables 0111i gatlons de consc:ience, On n e Salt ~lu s .con~m E' aut refoi s c.e qll e sont 1 ° l'honnêteté profession ­nelle; 2 la fzert e, le qoz1t d11 bon tl'avail.

,?O M((nqll~~1t d' honnêteté:_ les f :J hri cants qui emploi ent des mahe,r.~s premIer es ~ é fec.tu eus E' s et vend E'n t leurs produits sous un e .etlquette ga ra nhssant lellr honn e qualité; les ouvriers aui g·~s n.l11 ent leur temns, gâch ent Ja m ati ère p remlPre, tr:Jvai1lent avec n eR.lI.gence ; .le , patron qui n e. n aïe. p as un iu s te sa laire ; le clo ­J~1E's hcru~ am n ~ au cun e SOllCI (l es mtÇ;rêts de son m aîtr e: l' ac:h e­teuse al~l r eta,rde sa.ns assez de r aison le paipment. (l'11n E' fadurp; le .fOl:~tlOm;al~·e qUI SP mOCnl P e1p-; in tl; r{?>t s (le l'E ta l: j p médec in qm "VI SIte negh gemm ent ses mal ades, etc ., ek .

:3 ° Au lieu d'avoir la f ierté, le août dl.z bon trrwrtil , on ne n)it trop. souvent, dan s ;on t. r a vail cfu 'un e n écessité n énihle: on lU>

ch elche p as ~ aCCl'Ol t re sa lJoleur J)J'ofessionnelle. Autrefoi s . nhlS de.hons ~uvners qu 'à présent a imai(:> llt 1p (hel ouvr;loD \ , T , 'l lT1 ~""_ chme, q UI r;l~d t ant (l e ser vice , a [li el{' ;1 p prdre ce gollt -Fl . Dn ll ,' la mesur~ ou Il le p~ut , l'ouvrier doit se servir de la m achin e e t ne pa s se l ~]sser asservIr pa r ell e .

4° Une 1,0) ale activ.ité, un labeur consc iencieux portent dé jù ~~ eux u~1e r ecompense Immédiate: le t. ravail es t trans fÏ'guré ; il e'st l ep~noUl~sement dan s lm intime contentement ,de nos plus h el­les f acu1tes.

Page 18: L'Ecole primaire, 31 décembre 1928

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