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Pr Olivier Brossard, IEP Toulouse et LEREPS-Univer 1 Partie II Les grandes œuvres d’analyse économique: auteurs, insertion dans l’histoire, postérité

Partie II

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Partie II. Les grandes œuvres d’analyse économique: auteurs, insertion dans l’histoire, postérité. Trame générale de la partie II. Pour chaque section on étudiera: Les auteurs principaux Les idées centrales et les innovations La postérité éventuelle de l’analyse - PowerPoint PPT Presentation

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Partie II

Les grandes œuvres d’analyse économique: auteurs, insertion dans l’histoire, postérité

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Trame générale de la partie II

Pour chaque section on étudiera: Les auteurs principaux Les idées centrales et les innovations La postérité éventuelle de l’analyse Eventuellement: insertion dans l’histoire

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II.1. L’émergence de l’économie politique Evolution du label et de la nature des analyses:

De l’économie domestique à l’économie politique du 17ème (puis vers fin 19ème «science économique»)

Rôle des conseillers du Prince:République et Lois de Platon, Politique et Ethique à

Nicomaque d’Aristote, ou encore Six livres de la république de Jean Bodin (1579).

Avant le XVIIIe siècle donc, pas de traités consacrés majoritairement à l’analyse économique (à la notable exception de Boisguilbert, 1695, Le détail de la France.).

Faits historiques déclenchant: la constitution d’Etats souverains autonomes et laïques et le développement de l’économie marchande:Nécessité de passer du normatif au positif pour avoir un

savoir économique opératoire

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II.1.1. La pensée économique dans l’antiquité Schumpeter, HAE: traces de doctrines

économiques dans les théocraties assyriennes et babyloniennes (-2000 av JC), dans l’Egypte ancienne et la Chine de Confucius (-500 av JC): -- pas de portée analytique

Deux auteurs principaux: Platon (427-347 av. JC) in La République et Les Lois et Aristote (384-322 av JC) in la Politique et l’Ethique à Nicomaque.

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Platon, La République

Division du travail et productivité– Renvoi au système des castes de la République

– Idée d’avantages comparatifs individuels (différences innées d’aptitudes)

– # de Smith : pas d ’idée d ’un lien entre spécialisation et efficacité

Monnaie– Monnaie signe ou symbole plutôt qu’objet aux propriétés

particulières: conception CARTALISTE

– Contre l’utilisation de l’or et l’argent dans les échanges

Propriété privée: Platon est plutôt contre

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Aristote, Politique et Ethique à Nicomaque Propriété privée: Aristote y est favorable Analyse économique des besoins

(typologie) et de leur satisfaction Discussion des effets de la division du

travail 1ères théorisations avancées de la

VALEUR et de la MONNAIE

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La VALEUR chez Aristote

Distinction valeur d’usage et valeur d’échange Pas de théorie positive de la formation des prix

relatifs (des rapports d’échange) ni absolus (prix en unités de compte)– Cette question n’est traitée que d’un point de vue

normatif (typologie des justices: d’échange, distributive, réparative)

Le premier à distinguer prix de monopole (pour le condamner) et prix concurrentiel

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La MONNAIE chez Aristote Précurseur de la conception métalliste

– S’oppose à la conception dite «cartaliste» que l’on étudiera infra et dont Platon fut un des premiers partisans.

– Pour être moyen d’échange, le bien choisi comme monnaie doit avoir des propriétés physiques particulières

Une théorie de l’origine de la monnaie– Troc directtroc indirectélection de la

monnaie– Choix d’une marchandise divisible,

maniable, de valeur relativement stable

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La MONNAIE chez Aristote (Suite) Un énoncé de 3 sur 4 des fonctions qui

seront plus tard attribuées à la monnaie: – Intermédiaire des échanges– Étalon de valeur (Unité de compte)– Réserve de valeur

– (La quatrième fonction : étalon des paiements différés)

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Postérités de Platon et d’Aristote Division du travail et aptitudes innées chez Platon:

on retrouve cette idée dans la conception marginaliste du salaire

Un héritage important en matière de théorie monétaire:– Conception métalliste (Aristote) dominante jusqu’à fin

19ème – Débats métallistes contre cartalistes se retrouvent encore

aujourd’hui en théorie monétaire Un héritage plus faible sur tous les autres grands

thèmes (valeur, prix, marchés, répartition, accumulation, etc.)

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Postérités de Platon et Aristote: Le débat monétaire de l’antiquité à aujourd’hui: un rapide aperçu Un triple problème:

– Pourquoi exiger un paiement en monnaie plutôt que des reconnaissances de dette? Comment avoir confiance dans une monnaie particulière?

– Pourquoi détenir de la monnaie (fiduciaire) alors qu’elle n’a aucune utilité intrinsèque?

– Pourquoi la garder alors qu’elle perd continuellement de la valeur?

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Les solutions proposées:

Métallistes: la monnaie est un bien particulier, désiré pour lui-même (a une utilité) tout en étant plus pratique dans l’échange (coûts de transaction plus faibles)

Cartalistes: la monnaie est un symbole dont l’acceptation résulte d’une pure convention. Elle n’est détenue qu ’en vue des achats qu’elle permet.

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Postérité du débat métallisme contre cartalisme (suite)

Un avatar contemporain de ce débat: la théorie de la PROSPECTION MONETAIRE (« modèles de search »: Iwai, Kiyotaki, Wright)

But : expliquer la fonction intermédiaire des échanges : pourquoi et comment passe-t-on du troc indirect à l ’échange monétaire?

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Théorie de la prospection monétaire:

Principe : on modélise les rencontres des co-échangistes (plus de marché central avec un commissaire priseur à la Walras)

Résultat: les agents adoptent un «signe» monétaire comme moyen d’échange en vertu d’un EFFET BOOTSTRAP: la monnaie est acceptée…parce qu’elle est acceptée

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Enjeux de ce débat monétaire Des conceptions différentes sur les règles

d’émission monétaire et la politique monétaire Le problème théorique dit de « l’intégration de

la monnaie » : comment intégrer la monnaie à la théorie de l’équilibre général walrassien?

Neutralité de la monnaie (théories de la «monnaie voile») contre centralité de la monnaie

On revient dessus en PARTIE III

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II.1.2. La pensée économique médiévale Une pensée théologique, philosophique et juridique

influencée par: – L’exégèse– Platon et Aristote et leurs traducteurs Avicenne et

Averroès– Les écrits juridiques et les théories du droit naturel

Pensée économique dite « scolastique »:– Dispute scolastique (Abélard, 12ème siècle)

Pour Schumpeter c’est malgré tout une pensée économique qui a un intérêt analytique

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Principaux auteurs

Albert le Grand (Allemand, 1206-1280): – Commentaire des sentences de Pierre Lombard,

Somme théologique, Commentaires de l’Ethique à Nicomaque

Thomas d’Aquin (Italie: 1228-1274):– Elève d’Albert le Grand– Commentaire des sentences de Pierre Lombard– Somme théologique– Canonisé en 1323

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Les thèses scolastiques principales

La théorie du juste prix:– Prémisses de la notion de prix de marché?– Condamnation morale des corporations et

associations de marchands (critique implicite du monopole)

– Référence aux besoins et à l’utilité pour expliquer le prix « juste »: préfigure utilitarisme et marginalisme ?

Usure, intérêt et monnaie

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Héritage de la théorie du juste prix? A. Lapidus: l’opposition aux monopoles

provient plus d’un jugement moral que d’une connaissance des bienfaits de la concurrence sur le surplus du consommateur

Les scolastiques ne peuvent être vus en précurseurs des approches utilitaristes ou marginalistes car ils sont ANTI-INDIVIDUALISTES

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Juste prix et théorie thomiste de la justice (Somme théologique, question 77) Justice distributive : A chacun selon son

mérite dans la communauté– Echelle des mérites : capacité à réaliser les

plans divins

– Lié à une conception particulière de la propriété privée: l’homme entretient les choses de la terre pour le service de Dieu. Propriété privée responsabilise par rapport à ce dessein

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Justice commutative: équivalence dans l ’échange– Le rapport d’échange des biens doit être tel que

ce qui est échangé est considéré comme équivalent par les deux parties.

– Aucun des co-échangistes n’a le sentiment d’être spolié

– La mesure de cette équivalence n’est pas donnée par les propriétés intrinsèques des biens, mais par la façon dont ils peuvent satisfaire aux besoins des échangistes.

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Une citation de Thomas d’Aquin résume ceci :“ Les choses différentes sont impossibles à mesurer par les

propriétés mêmes de la chose, mais elles sont mesurées par une comparaison de la possibilité de satisfaire au besoin humain qu’elles contiennent ” (in Decem Libros Ethicorum, V, 9)

De Roover: les prémisses d’une théorie subjective de la valeur-utilité

Lapidus: pas du tout car les “ besoins ” qui sont évoqués par les scolastiques sont des normes sociales plutôt que des préférences subjectives

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Conséquences : le prix doit être fixé de manière à réaliser simultanément ces deux formes de justice

Une surdétermination du prix? Non: Lapidus: les mérites (justice

distributive) et les besoins (justice commutative) sont définis par le même ordre social structuré par la nécessité de réaliser les plans divins.

Les besoins ne sont pas définis par les subjectivités individuelles mais par la place attribuée à chacun dans cet ordre

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Usure, intérêt et monnaie

L’usure est condamnée dans toutes les théologies de l’antiquité chrétienne et du Moyen Age. Selon Lapidus, c’est seulement une forme extrême du partage usurier qui était condamnée, celle où le taux d’usure est tel que c’est le prêteur qui s’approprie tout le surplus de l’échange.

La tradition ouverte par St Thomas ira plus loin dans la condamnation :

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La condamnation thomiste du prêt à intérêt: Monnaie = moyen d’échange. La fin de

l’échange = acquisition de biens. Or il ne faut pas confondre moyens et fins. Prêt à intérêt : monnaie prise comme fin

(Somme théologique, question 78). Or « les moyens sont finis et les fins sont infinies » Donc transformer la monnaie en fin c’est en générer un désir infini. Or pour Thomas d’Aquin la monnaie est stérile et ne saurait être désirée pour elle-même.

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Condamnation thomiste du prêt à intérêt (suite) “ L’intérêt ne peut donc pas être un revenu

payé par le débiteur à son créancier en compensation d’une renonciation à la détention de monnaie ” (A. Lapidus).

On ne doit pas prêter pour s ’enrichir L ’intérêt ne doit donc rémunérer que le

‘ coût d ’opportunité ’: une ouverture donnant lieu à des « contournements » de cet interdit

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Conséquences et contournements de la condamnation du prêt à intérêt Une des causes de la faiblesse des échanges au Moyen

Age Les financiers du Moyen Age ont créé des formes de

contrats de prêt acceptables au regard des interdits religieux. Exemple: le damnum emergens spécifiait une indemnité pour compenser le dommage résultant immédiatement de l’insuffisance des encaisses

Thomas d’Aquin : “ le prêteur peut, sans aucun péché, stipuler une indemnité à verser pour le préjudice qu’il subit en se privant de ce qu’il doit posséder : ce n’est pas vendre l’usage de l’argent mais recevoir un dédommagement ” (Somme théologique, question 78).

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II.1.3. Les « mercantilistes » Terme “ mercantilisme ” du à Adam Smith (Richesse des

nations). Ensemble d’essais centrés sur les questions de commerce

international et de balance commerciale, entre le XVIème et le XVIIIème siècle.

Contexte économique : des économies pré-industrielles dominées par le commerce colonial et agricole (traite des esclaves, commerce des “ épices ” avec les “ indes ”, controverses sur les exportations et importations de céréales).

Puissance économique des Pays-Bas : État le plus riche alors qu’il n’est pas le plus grand, ni le plus peuplé, ni encore le plus puissant militairement.

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Auteurs mercantilistes principaux

Pour l’Angleterre, Thomas Mun est considéré comme le plus représentatif.

Colbert en France. On peut aussi rattacher au mercantilisme

des auteurs comme Law, Locke, et Cantillon, à des degrés plus ou moins importants cependant.

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Thomas Mun : 1571-1641

Homme d’affaire membre du conseil de la Compagnie des Indes Orientales.

Ouvrage considéré comme représentatif de sa doctrine : England’s Treasure by Forraign Trade : Or The Ballance of Our Forraign Trade is the Rule of Our Treasure, écrit vers 1630 et édité en 1664 par son fils.

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Jean-Baptiste Colbert : 1619-1683. Pas un théoricien du mercantilisme, mais l’un des

premiers à l’appliquer, influencé notamment par les écrits de Montchrétien et Laffemas

Favorisa, sous l’autorité et avec l’accord de Louis XIV, la production de produits manufacturés (création des manufactures d’État aux Gobelins ou à Beauvais)

Dirigisme direct : protectionnisme vis-à-vis des produits manufacturés étrangers (droits de douane) ; politique de blocage des prix dans l’agriculture pour maintenir de bas salaires favorisant l’exportation.

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John Locke : 1632-1704 Commissaire Royal au Commerce et aux Colonies Une des premières formulations (après Bodin) de

la TQM : Some Consequences of the Lowering of Interest and Raising the Value of Money, 1691 et Further Considerations Concerning Raising the Value of Money, 1696

«Dépenser moins que nos marchandises nous rapporteront est le moyen sûr et unique dont dispose une nation pour s’enrichir.» (1696)

Sera partisan de la critique du mercantilisme dite du “ dilemme mercantiliste ”

Considère que la monnaie thésaurisée est stérile

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Les thèses principales Les métaux précieux et la thésaurisation sont

décrits comme l’essence de la richesse Le commerce extérieur doit produire des entrées de

métaux précieux L’industrie manufacturière à forte valeur ajoutée

doit être encouragée par l’importation de matières premières bon marché et le maintien de salaires bas

Ces bas salaires peuvent être obtenus grâce à la croissance démographique et au blocage des prix agricoles

On doit taxer fortement les importations de produits manufacturés

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Postérité et critiques Critique fameuse d’A. Smith :mercantilistes

confondent richesse et capital. Or la monnaie thésaurisée est stérile si elle ne finance pas des projets d’accumulation. Ce n’est pas la thésaurisation qui en soit donne accès à plus de “ richesses ” (bien et services).

Confusion stock/flux : les excédents commerciaux accroissent certes le stock monétaire d’un pays, mais c’est le flux des biens et services produits et consommés au cours d’une période donnée qui compte (aujourd’hui, on dirait le PIB). Or, si la masse monétaire et le revenu national sont bien liés, ils ne sont en aucun cas la même chose.

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Postérité et critiques (Suite) “ Dilemme mercantiliste ” et réfutation de

Cantillon et Hume : recherche d’une balance excédentaire a un effet inflationniste. Dès lors, la hausse de prix intérieurs risque de conduire à une hausse des importations et à une dégradation de la balance commerciale. Donc, une politique recherchant une balance commerciale excédentaire ne peut être que vouée à l’échec.

Locke et Mun étaient conscients que l’accumulation d’espèces pouvait finir par générer de l’inflation. Mais ils pensaient que dans le court terme ce n ’était pas un problème

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Postérités et critiques (suite) Eloge tout aussi fameuse de Keynes (Théorie

générale, 1936, “ Notes sur le mercantilisme ”): ils auraient été les premiers à voir qu’un accroissement de la masse monétaire, obtenu en l’occurrence par des excédents commerciaux, permettait de baisser les taux d’intérêt et donc de stimuler l’investissement.

 : idée d’une influence de M sur T plutôt que sur P : Ph. Steiner, pp. 118-119 : “ [Mun] met plus l’accent sur la relation liant l’accroissement de la quantité de monnaie et l’accroissement des transactions plutôt que sur celle renvoyant à une hausse des prix ”.

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II.1.4. Quelques autres auteurs marquants avant Smith NB : la distinction avec les auteurs que nous

avons qualifiés de « mercantilistes » n’est pas évidente, de même que le regroupement sous la dénomination de “ mercantilistes ” n’était pas évident non plus.

Beaucoup d’auteurs se focalisent sur la question de l ’influence de la monnaie sur l’activité. Ce sont en fait les débuts de la TQM et de ces différentes versions

(TQM : MV=PT) :

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« Mercantilistes » mettent plutôt l’accent sur le lien de M vers T, la monnaie étant considérée comme le “ lubrifiant ” des échanges.

Un bon représentant de ce point de vue: John Law, surnommé le “ mercantiliste du papier-monnaie ”. Money and Trade Reconsidered, with a

Proposal for Supplying the Nation with Money (1705) : “ Une augmentation de la monnaie donnera du travail à ceux qui sont actuellement oisifs ” :

M agirait sur T car hypothèse d’offre élastique. Pour Law, la dépression économique est due à une offre insuffisante de monnaie qui génère des taux d’intérêt trop élevés.

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John Law (Suite) Noter cependant que Law s’affirme aussi comme

un libéral en se montrant hostile à l’intervention de l’Etat.

Il est surtout connu pour s’être maintes fois prononcé en faveur d’une monnaie papier gagée sur autre chose que des espèces métalliques (terres, propriétés, capital productif) et pour avoir tenté de mettre ceci en pratique en France:

“ La faillite du ‘système de J. Law ” : entre 1715 et 1720, il créa en France une sorte de banque centrale avant l’heure, la Banque Générale qui devint ensuite la Banque Royale, chargée d’émettre des billets pour le paiement des dépenses royales.

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John Law (suite) Fonda aussi la Compagnie du Mississippi.

– Il obtint le monopole du commerce avec la Louisiane, à condition de prendre en charge une partie de la dette de l’État des détenteurs de dette publique acceptèrent d’échanger leurs

titres contre des actions de cette compagnie).

La Banque Générale émet des billets en grande quantité (masse monétaire 2) => hausse des prix des actions de la Cie du Mississippi => facilite l ’absorption de la dette publique.

Au début, le prix des actions monte, la pénurie de monnaie est résolue et l’État peut correctement financer ses dépenses.

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Law (suite) Le doublement de la masse monétaire généra

de l’inflation d’où il résultat une érosion de la valeur des billets de la Banque Royale.

Les détenteurs cherchèrent alors à les convertir en espèces (métalliques) => contraction de la masse monétaire => chute du prix des actions.

=> panique bousière => vente en masse des actions de la Compagnie du Mississippi=>faillite

En décembre 1720, le “ système ” s’était effondré et Law dut quitter la France.

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Law (fin) Un génie précurseur?

– Avait compris que la monnaie n ’avait pas nécessairement besoin d ’être convertible

Une compréhension erronée de la possible dématérialisation de la monnaie: – Pour être crédible, une monnaie fiduciaire ne doit

pas être instrumentalisée au profit de quelques intérêts particuliers

– La monnaie est acceptée lorsqu ’elle est perçue comme un droit de tirage social

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Des précurseurs du monétarisme Locke: commence à mettre l’accent sur le

lien de M à P. Hume (1711-1776. On Money, 1752)

affirmera que M n’a pas d’influence sur V et T et qu’il n’influence donc que P.

Hume : “ A mon avis, c’est seulement pendant cet intervalle entre le moment de l’acquisition de la monnaie et celui de la hausse des prix, que la croissance du stock d’or et d’argent est favorable à l’industrie ”.

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Des précurseurs du monétarisme (suite) Cantillon, Essai sur la Nature du Commerce

(Écrit:1720; publié:1755): idées nouvelles sur TQM :

- une augmentation de V est identique à une augmentation de M.

- l’impact de M sur P dépend de la façon dont la monnaie est utilisée : impact sur la structure des prix relatifs, tous les prix n’étant pas affectés de la même manière; impact sur les augmentations de salaires (précurseur de la boucle prix-salaires).

Cantillon défendait aussi des thèse mercantilistes : “ le pouvoir et la richesse relatifs des états consiste, toutes choses égales par ailleurs, dans la plus ou moins grande abondance de la monnaie qui y circule ”.