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SOCIALISTES N°64 SEPTEMBRE 2013 MENSUEL DU PARTI SOCIALISTE VAUDOIS JAB 1000 Lausanne 1 SOMMAIRE POINT VD p. 2 Actualités du Grand Conseil POINT D’ORGUE p. 3-5 Les 6 propositions d’initiative du PSS POINT CH p. 6 Sortie du nucléaire p. 7 Actualité suisse POINT D’EXCLAMATION p. 8 Debout, les damnés de la terre Rarement, notre journal aura aussi bien porté son nom. Points forts aujourd’hui est consacré aux six projets d’initiatives populaires soumis aux membres de notre parti. Les membres du PSV pourront débattre de ces initiatives lors du congrès du 3 octobre et vous pouvez également donner votre avis sur les initiatives à l’adresse : pssuisse.ch/sondage. Les résultats de la consultation, à travers internet mais également par nos assemblés et congrès, seront présentés au Congrès 2014 du PS Suisse, qui déterminera quel(s) texte(s) sera ou seront officiellement lancé(s). La démarche – évaluer une initiative populaire par consultation sur internet – a eu de quoi étonner, voire irriter. Comment, le parti socialiste n’est pas fichu de fixer ses priorités ? Il choisit la méthode self-service pour défendre ses idées ? Et comment choisir, entre des thèmes de si grande importance ? Je vous invite, camarades, à participer activement au choix de notre engagement commun. L’exer- cice précédent a fait ses preuves. L’initiative socialiste cleantech choisie par les membres de notre parti, discutée et lancée lors de notre Congrès, a rencontré un immense succès. Sur les stands, dans le débat politique électoral, dans les opinions. A tel point que le Conseil Fédéral a rejoint nos objectifs et qu’elle a été retirée. Nous avons donc six initiatives sur lesquels nous prononcer : conciliation entre vie familiale et vie privée ; introduction d’une taxe sur les transactions finan- cières ; égalité salariale ; imposition des entreprises ; transparence dans le financement des partis politiques ; droit de la nationalité. Cruel dilemme, direz-vous. Comment privilégier l’introduction d’une taxe sur les transactions financières à une politique familiale pour tous ? Et la transparence dans le financement des partis serait-elle plus importante pour notre démocratie que celle de la fiscalité des entreprises ? Choix difficile. Mais indispensable. Qui impliquera notre parti, nos sec- tions, notre identité. Qui montrera l’importance que nous accordons aux plus faibles. Qui portera notre intransigeante volonté de nous engager pour la justice sociale. N’oublions pas enfin que les projets non retenus pourront faire l’objet d’interventions parlementaires et être ainsi débattus, et espérons-le, acceptés. Impliquons-nous donc dans les choix fondamentaux de notre parti. Il en en va de notre mobilisa- tion, de notre avenir, et de celles et ceux que nous représentons. EDITORIAL UN CLIC POUR L’AVENIR Géraldine Savary vice-présidente du PSS, conseillère aux Etats ©PS Suisse

Points forts 64 septembre 2013

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Points forts 64 septembre 2013

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SOCIALISTESN°64 septembre 2013

meNsuel du parti socialiste vaudois

JAB

1000

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e 1

SOMMAIREpoint VDp. 2 Actualités du Grand Conseil

point D’orGuep. 3-5 Les 6 propositions d’initiative du pSS

point CHp. 6 Sortie du nucléairep. 7 Actualité suisse

point D’exCLAmAtionp. 8 Debout, les damnés de la terre

Rarement, notre journal aura aussi bien porté son nom. Points forts aujourd’hui est consacré aux six projets d’initiatives populaires soumis aux membres de notre parti. Les membres du PSV pourront débattre de ces initiatives lors du congrès du 3 octobre et vous pouvez également donner votre avis sur les initiatives à l’adresse : pssuisse.ch/sondage. Les résultats de la consultation, à travers internet mais également par nos assemblés et congrès, seront présentés au Congrès 2014 du PS Suisse, qui déterminera quel(s) texte(s) sera ou seront officiellement lancé(s). La démarche – évaluer une initiative populaire par consultation sur internet – a eu de quoi étonner, voire irriter. Comment, le parti socialiste n’est pas fichu de fixer ses priorités ? Il choisit la méthode self-service pour défendre ses idées ? Et comment choisir, entre des thèmes de si grande importance ? Je vous invite, camarades, à participer activement au choix de notre engagement commun. L’exer-cice précédent a fait ses preuves. L’initiative socialiste cleantech choisie par les membres de notre parti, discutée et lancée lors de notre Congrès, a rencontré un immense succès. Sur les stands, dans le débat politique électoral, dans les opinions. A tel point que le Conseil Fédéral a rejoint nos objectifs et qu’elle a été retirée. Nous avons donc six initiatives sur lesquels nous prononcer : conciliation entre vie familiale et vie privée ; introduction d’une taxe sur les transactions finan-cières ; égalité salariale ; imposition des entreprises ; transparence dans le financement des partis politiques ; droit de la nationalité. Cruel dilemme, direz-vous. Comment privilégier l’introduction d’une taxe sur les transactions financières à une politique familiale pour tous ? Et la transparence dans le financement des partis serait-elle plus importante pour notre démocratie que celle de la fiscalité des entreprises ? Choix difficile. Mais indispensable. Qui impliquera notre parti, nos sec-tions, notre identité. Qui montrera l’importance que nous accordons aux plus faibles. Qui portera notre intransigeante volonté de nous engager pour la justice sociale. N’oublions pas enfin que les projets non retenus pourront faire l’objet d’interventions parlementaires et être ainsi débattus, et espérons-le, acceptés. Impliquons-nous donc dans les choix fondamentaux de notre parti. Il en en va de notre mobilisa-tion, de notre avenir, et de celles et ceux que nous représentons.

EDITORIAL

uN clic pour l’aveNirGéraldine Savaryvice-présidente du PSS, conseillère aux Etats

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2 – poiNts forts socialistesN°64 – septembre 2013

Dans le cadre de la journée de la femme, le groupe socia-liste au Grand Conseil a déposé plusieurs interventions montrant que l’égalité n’était de loin pas acquise partout.

Ainsi par exemple, le Canton de Vaud ne brille pas en matière de représentation des femmes dans les conseils d’administration des en-treprises dans lesquelles l’Etat détient des participations.

J’ai déposé une interpellation sur ce sujet car j’ai la conviction que si le choix des membres d’un conseil d’administration doit être fait en toute indépendance, une meilleure représentation des femmes permet de briser ce que l’on appelle «le plafond de verre». Plusieurs études montrent en outre que les entreprises qui ont pris des mesures pour favoriser l’accès des femmes à des postes de direction ont toutes ob-servé une augmentation de leurs performances financières.

Le Conseil d’Etat a répondu à cette interpellation en indiquant par-tager mon avis sur le besoin de représentation des femmes dans les entreprises et a fait part de sa volonté de faire en sorte que ce besoin se concrétise. Pourtant derrière le chiffre fièrement annoncé d’une pro-portion de 26% de femmes sur les 397 membres désignés par l’Etat dans les organes de haute direction, la réalité est moins rose : en ef-fet, si les femmes sont bien représentées dans les domaines féminins de la santé, du social et de la culture, elles sont quasi absentes des conseils d’administration de l’économie, des transports, des banques, des caisses de retraites ou de l’énergie. C’est donc tout un pan de l’économie qui échappe à une représentation équilibrée des forces de la société.

Le gouvernement a un devoir d’exemplarité et doit mettre en œuvre concrètement la mesure de son programme de législature qui s’intitule « Favoriser le bon équilibre du marché du travail et lutter contre ses distorsions (…), promouvoir l’égalité des genres ». Les entreprises, et avec elles l’ensemble de la société, ne peuvent qu’en être gagnantes.

Quelque 2’000 bureaux de poste fermés depuis 2008 et le processus est loin d’avoir pris fin. Le géant jaune avait annoncé que quarante-huit bureaux vaudois étaient visés, mais d’autres sont venus s’ajouter à cette liste. La poste Suisse SA justifie les fermetures par une baisse du chiffre d’affaires.

La région de Lavaux-Oron a très largement payé son tribut : à la liste de Carrouge, Les Cullayes, Châtillens, Oron-le-Châtel, Servion, Palé-zieux-Village, Montpreveyres sont venus s’ajouter Paudex et Palé-zieux-Gare. La résistance de la population de Paudex s’est faite de manière très énergique et une pétition a récolté plus de 2’000 signa-tures grâce à quelques conseillers communaux, alors que le village en question ne compte que 1’400 âmes. La population de Paudex est décidée à défendre son bureau avec détermination. Elle a appris par un feuillet d’information que le bureau de poste de Palézieux-Gare allait fermer dès novembre 2013, la Gare CFF reprenant une partie du service postal.

LA fErmEturE dES burEAux dE PoStE nE SE juStifiErAit PAS PAr un chiffrE d’AffAirES inSuffiSAnt

La méthode est simple : on diminue les horaires d’ouverture, on n’en-tretient plus les locaux, et il ne reste plus qu’à attendre un peu pour motiver la fermeture du bureau en question pour chiffre d’affaires insuffisant et vétusté des locaux et à transférer quelques uns des ser-vices à une agence postale (boulangerie, blanchisserie, pharmacie ou guichet de gare, etc.) ou à un service à domicile dans des localités très isolées.

Selon un article paru dans Le Matin Dimanche du 25 août 2013, La Poste aurait gonflé les déficits de certains services afin de pouvoir fer-mer des bureaux de poste. Le parti socialiste vaudois a donc interpellé le Conseil d’Etat, afin qu’il nous renseigne sur sa connaissance du sujet et les mesures qu’il envisage de prendre pour garantir le service public à l’ensemble de la population vaudoise. Une démarche simi-laire est entreprise par le conseiller national J. C. Schwaab auprès du Conseil fédéral.

pOInT VDActuALitéS du grAnd conSEiL

ValérieSchwaardeputéeLausanne

où soNt les femmes ?

marcorandéputéServion

bieNtôt plus de bureaux de poste ?

LES étudES montrEnt unE AméLiorAtion dES PErformAncES dES EntrEPriSES qui fAvoriSEnt L’AccèS dES fEmmES Aux PoStES dE dirEction

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poiNts forts socialistes – 3 N°64 – septembre 2013

Famille traditionnelle, famille recomposée, famille mono-parentale, famille arc-en-ciel… Les configurations fami-liales se sont diversifiées au fil des années ; les ressources financières dégagées du travail ont, elles-aussi, changé, avec dans de trop nombreux cas une précarité liée soit à la monoparentalité, soit au phénomène des « working poor ».

Pourtant, la famille, dans toute sa diversité, est un pilier indispensable de la société. La politique familiale doit donc promouvoir une juste répartition des ressources financières, mais aussi des soutiens sociaux, de santé et culturels, afin de favoriser un développement équilibré des enfants et de leurs proches.

Avec ce projet d’initiative, qui propose de modifier l’article 116 de la Constitution fédérale, le parti socialiste crée la base constitutionnelle pour une politique familiale globale.

Le parti socialiste a toujours été à la pointe du combat pour renforcer et soutenir le bien-être et la sécurité des familles. Enfants d’abord, mais aussi femmes et hommes dans leur rôle parental, couples âgés, jeunes en formation, jeunes couples, tous ces groupes de personnes font partie des familles aux multiples visages. Après les luttes pour les allocations familiales, le congé maternité, les prestations complémen-taires, les crèches et garderies, il est grand temps d’avoir une action qui coordonne et qui renforce au niveau fédéral toutes les briques déjà mises en place, grâce à une politique familiale globale et cohérente.

Il est impératif, en ce 21e siècle, de mettre enfin en œuvre dans notre pays une politique familiale qui soit adaptée à la réalité diversifiée des familles contemporaines et à l’évolution de leurs besoins. Ce projet d’initiative a aussi pour objectif de favoriser concrètement la concilia-tion entre famille et activité rémunérée ou formation. Si les conditions socio-économiques de la famille ne sont pas assurées, celle-ci est fra-gilisée. Et c’est l’ensemble de la société qui vacille.

Depuis plus de 15 ans, la question de l’égalité salariale pour les femmes fait débat. A compétence et travail égal, les femmes gagnent en moyenne CHF 1800.- de moins par mois, dont CHF 677.- relèvent de discriminations pures. Au total, ceci permet à certains employeurs de faire des économies de près de 8 milliards par an sur le dos des femmes.

Face à cette injustice, tout a été tenté : interventions parlementaires en grand nombre tant au plan fédéral que cantonal, « Dialogue pour l’égalité », études scientifiques, rapports et statistiques annuels, mobi-lisations diverses tous les 7 et 8 mars ainsi que tous les 14 juin, etc. Rien n’y fait.

Par le biais de contrôles stricts en matière de salaires, il serait au-jourd’hui possible de mettre un terme à cette discrimination. La solution la plus efficace serait d’étendre la surveillance tripartite du marché du travail (commissions tripartites de la Confédération et des cantons) à la lutte contre la discrimination salariale en fonction du sexe. Dans les faits, la surveillance générale du marché du travail correspond à garantir dans chaque région de la Suisse l’application du principe d’un même salaire pour un travail identique effectué au même endroit. Si la loi sur l’égalité prévoit des dispositions pour per-mettre aux personnes discriminées en fonction de leur sexe de faire valoir leurs droits, on admet que plus de quinze ans après son entrée en vigueur, le dispositif n’est pas optimal.

Le « Dialogue sur l’égalité des salaires » est quant à lui relativement décevant. Il convient dès lors de renforcer la garantie de son applica-tion et de prendre des mesures pour que l’égalité salariale devienne une réalité. Pour atteindre cet objectif, le projet d’initiative demande cette extension de la surveillance tripartie du marché du travail à la lutte contre la discrimination salariale en fonction du sexe. Les ins-pecteurs du marché du travail qui ont accès aux comptabilités sala-riales, et dont les compétences sont reconnues en matière de dumping, pourront ainsi également œuvrer en vue de garantir l’égalité salariale entre femmes et hommes. Des outils mis en place par le Bureau fédé-ral de l’égalité entre femmes et hommes (Logib, Topbox, etc.) sont désormais à disposition de ces inspecteurs.

pOInT D’ORguELES 6 ProPoSitionS d’ initiAtivE du PSS

pour uNe politiquefamiliale globale

CeslaAmarelleconseillère nationaleYverdon-les-bains

JosianeAubertconseillère nationaleLe Sentier

uNe iNitiative pour l’égalité salariale

note de la rédaction: nous avons demandé à certain-e-s de nos élu-e-s de présenter les initiatives, au-delà de leur opinion personnelle.

Pour unE PoLitiquE fAmiLiALE En PhASE AvEc LES réALitéS du xxiE SiècLE

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4 – poiNts forts socialistesN°64 – septembre 2013 pOInT D’ORguE

LES 6 ProPoSitionS d’ initiAtivE du PSS

Adamarraconseillère nationaleLausanne

la taxe sur les traNsactioNs fiNaNcières

L’idée d’une taxe sur les transactions financières ne date pas d’aujourd’hui. en 1936, Keynes en parlait déjà.

Plus proche de nous, en 1972, un lauréat du prix nobel d’économie, James Tobin, reprenait l’idée d’une taxe sur les transactions financières qui toucherait les devises. Mais, plus récemment encore, en 2011, c’est la commission européenne qui proposait un système commun en Europe sur les transactions financières qui ne toucheraient plus uniquement les devises, mais tout produit financier (actions, obligations, produits déri-vés). Sa motivation est multiple : les Etats Membres estiment que le sec-teur financier doit contribuer de manière équitable et substantielle aux finances publiques. De surcroît, le secteur financier devrait rembourser au moins pour partie les aides financières qu’il a reçues des contribuables européens.

Les Etats Membres réfléchissent ou mettent sur pied différentes formes de taxation du marché financier. Le Conseil de l’Europe y voit là un risque de fragmenter le marché. Il souhaite donc harmoniser le système. A l’heure actuelle 11 Etats membres sont prêts à mettre en place ce sys-tème ; dont la Belgique, la France, l’Autriche, l’Allemagne, le Portugal, l’Espagne. Le bénéfice d’une telle taxe est évaluée à 35 milliards d’euros. En Suisse, on assiste à un courant contraire de la part de la droite. Elle veut supprimer les quelques rares formes de taxation sur des opérations financières que l’on nomme le droit de timbre. Privant la Confédération de quelque 3 milliards. Cette initiative permettrait non seulement de renverser le mouvement, mais de taxer des milliards de francs échan-gés chaque jour par des transactions informatiques qui ont pour but de profiter d’infinitésimales différences de cours. De telles transactions ne profitent certainement pas à l’économie réelle, et ne sont pas taxées par la TVA. L’initiative prévoit que le 17% du bénéfice soit redistribué aux cantons.

Une telle taxe aurait comme effet de décourager les spéculateurs en tout genre, limiter les comportements indésirables sur les marchés; faire en sorte que les établissements financiers contribuent de manière équitable et substantielle à la couverture du coût de la récente crise qu’ils ont contribué à créer et participent aux finances publiques.

pour la faire simple : en matière d’imposition des entre-prises, la Suisse pratique un double langage qui n’est plus toléré à l’étranger.

En gros, nous faisons d’énormes rabais fiscaux aux entreprises qui ga-gnent leur argent à l’étranger, pour les attirer ici. Cela rapporte un peu d’argent à la Suisse, mais en fait beaucoup perdre à nos pays voisins, qui en auraient pourtant bien besoin. C’est une machine à détruire de la substance fiscale, injuste et antisolidaire. Aujourd’hui, la pression inter-nationale, exercée à juste titre, est intenable, comme en matière de secret bancaire, et la Suisse devra changer de politique.

Les bourgeois ont ici un agenda très clair : ils veulent profiter de cette pression internationale pour aligner sur le bas la fiscalité des entreprises, en privant les cantons et les communes d’environ 5 milliards de recettes. La population payera le prix soit sous la forme de coupes dans le service public, soit sous la forme d’une augmentation d’autres impôts (TVA, impôt fédéral direct). Leur stratégie n’est pas nouvelle : monter les can-tons les uns contre les autres en faisant du chantage arguant le départ des sociétés multinationales.

La solution juste consiste évidement à taxer toutes les entreprises sur un pied d’égalité, car il y a, en Suisse, suffisamment de substrat fiscal pour parvenir à maintenir un taux raisonnable d’imposition tout en préser-vant les recettes. Le PS doit non seulement développer des propositions de fond pour résoudre nos problèmes fiscaux avec l’Union Européenne, mais doit également avoir une stratégie pour imposer une solution juste et raisonnable.

En lançant une initiative populaire, nous préparons le terrain à une solu-tion sensée. Si nous ne le faisons pas, les bourgeois pourront mettre en œuvre leur n-ième plan de baisse d’impôt sans aucun obstacle. Lancer l’initiative permet de faire pression et, si la solution choisie au Parlement est dramatique pour les finances publiques et l’équité, de corriger le tir en gagnant la votation populaire.

rogernordmannconseiller nationalLausanne

pour uNe impositioN équitable des eNtreprises

LA SoLution juStE conSiStE évidEmmEnt à tAxEr toutES LES EntrEPriSES Sur un PiEd d’égALité

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poiNts forts socialistes – 5 N°64 – septembre 2013pOInTD’ORguE

LES 6 ProPoSitionS d’ initiAtivE du PSS

Dans 2 ans à peine, la campagne des élections fédérales 2015 battra son plein et nous aurons à nouveau droit à des centaines d’annonces de presse, des milliers d’affiches, des centaines de milliers de tracts.

Et à nouveau le pouvoir de l’argent de certains partis s’étalera et rendra quasi invisible les campagnes des formations plus modestes. Avec toujours les mêmes questions : qui paie ces campagnes ? Et avec quelles attentes de retours d’ascenseur ? L’industrie pharmaceutique, les grandes banques, les cigarettiers ou les caisses maladie financent-elles les campagnes de candidat-e-s ou de partis ? Les citoyennes et citoyens ont le droit de le savoir.

Que des associations ou entreprises s’impliquent en politique relève du processus démocratique normal. Quand elles sont directement touchées par des objets, elles doivent pouvoir les soutenir ou les combattre. Il est toutefois indispensable qu’elles le fassent en jouant cartes sur table. L’opinion publique doit pouvoir savoir quels inté-rêts se cachent derrière certaines prises de position. Le versement de montants importants peut engendrer une relation de dépendance, la population a le droit de le savoir.

Deux tiers de la population suisse souhaite plus de transparence dans le financement des partis politiques. Pour autant, les Chambres fédé-rales n’en ont pas moins rejeté des dernières années plusieurs inter-ventions parlementaires en la matière. De même, au Grand Conseil vaudois, après avoir fait semblant de se rallier à un contreprojet mo-deste, la droite a torpillé la motion PS sur le financement des partis.

L’objectif de cette initiative n’est pas d’interdire le versement de dons, mais bien que ceux-ci s’effectuent en toute transparence. Cela ne pourra que renforcer la démocratie. Ce sont avant tout les contri-butions importantes qui devront être rendues publiques : quand le vo-lume du versement est susceptible d’introduire une relation de dépen-dance à l’égard du donateur, il doit être rendu public. Il est donc plus que temps que la population puisse en décider elle-même. Elle a le droit de savoir qui finance les campagnes en vue de votations ou d’élections, afin de rétablir la confiance.

Sur les 1,8 millions d’étrangers que compte la Suisse, on es-time qu’environ le quart est né en Suisse. Ce qu’on appelle les 2ème et 3ème générations. près de 450’000 personnes.

Pourtant celles-ci, étant nées sur sol helvétique, ayant suivi leur sco-larité et travaillant dans notre pays, sont toujours considérées comme étrangères. 10 ans après la dernière votation populaire sur le sujet des naturalisations, il s’agit ici de reprendre la discussion sur un thème qui, à l’heure d’écrire ce texte, est malmené par les Chambres. En effet, la loi sur la nationalité est en cours de révision et elle est en train d’être durcie. Il s’agit de sortir d’une position défensive pour passer à l’offensive.

Le modèle proposé est un mix entre ce qu’une majorité du Parlement de l’époque avait déjà proposé et le modèle suédois. L’initiative pro-pose donc de rendre automatique la naturalisation de la 3ème généra-tion, de faciliter celle de la 2ème génération et que tout enfant mineur qui passe au moins 5 ans sur le sol helvétique se voit attribué le pas-seport suisse (modèle suédois).

La logique qui sous-tend ces propositions est juste et simple : valori-ser l’enfant et l’enfance passée en Suisse. Reconnaître qu’un enfant qui est né en Suisse, bien qu’ayant des attaches culturelles ou des souvenirs ailleurs qu’en Suisse a également en lui ou en elle-même la culture et les valeurs suisses. Que ce ne sont pas des moitiés de citoyens, mais que, ayant suivi la scolarité dans notre pays, ils ne peuvent que faire partie de notre communauté. C’est à cela que s’at-tache cette initiative.

Il faudra qu’on nous explique pourquoi un enfant « made in Switzer-land » devrait être traité de manière différente qu’un autre. Parce que ses parents ou grands-parents ont immigrés ? Mais eux ne sont pas responsables de l’histoire de leurs parents. Cette initiative touche au cœur même de notre engagement : la solidarité et l’égalité.

fiNaNcemeNt des partis: rétablir la coNfiaNce

Stéphanemontangerovice-président du PSvLausanne

Adamarraconseillère nationaleLausanne

chaque eNfaNt qui a graNdi chez Nous est uN eNfaNt suisse !

vALoriSEr L’EnfAnt Et L’EnfAncE PASSéE En SuiSSE

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6 – poiNts forts socialistesN°64 – septembre 2013 pOInT Ch

SortiE du nucLéAirE

mercredi 4 septembre 2013, le Conseil fédéral a présenté son projet de loi sur l’energie.

« Buisness as usual », aurait-on pu croire en observant le déroulement de la journée: la conférence de presse de Doris Leuthard était en effet précédée d’une conférence d’Eveline Widmer-Schlumpf présentant la nomination du Secrétaire d’Etat Jacques de Wattville et suivie d’une intervention de Simonetta Sommaruga annonçant un contingent de réfugié-e-s syrien-ne-s. Et le tout accompagné de 19 communiqués de presse sur des points plus divers.

Dans cette masse de communications mêlant allégrement l’accessoire à l’essentiel, c’est à la quarantième page du paquet de modifications législatives sur l’énergie que se cache la phrase fondamentale. Le Conseil fédéral propose en effet d’inscrire à l’article 12 de la Loi sur l’énergie nucléaire l’alinéa suivant:« 4 L’octroi d’autorisations générales pour la construction de centrales nucléaires est interdit ».La concision de cet alinéa contraste avec les longues luttes que ce combat a nécessité. Pour y parvenir, il a fallu subir deux catastrophes nucléaires majeures, organiser d’innombrables manifestations, à commencer par celles de Kaiseraugst en 1975, et mener des luttes locales acharnées, comme celle de la région d’Ollon contre un dépôt de déchets radioactifs. Mais la mobilisation a fini par payer.

Fondamentalement, c’est l’histoire d’un tissu de mensonges qui se détricote progressivement, la chute d’une maille entraînant celle de la suivante. En 2011, la survenance d’un accident dans un pays «high-tech» a tué l’argument selon lequel un accident n’était possible qu’à cause de l’incurie soviétique. Alors que l’on parlait d’un risque d’ac-cident de 1/100’000, il est devenu clair que le risque était d’au moins 1/100: sur les 500 réacteurs en service commercial, déjà cinq ont fini leur vie par une fusion du coeur (1 à Three-miles-island, 1 à Tcherno-byl et 3 à Fukushima). Pour la première fois, la question de la sécurité des centrales suisses a été examinée de manière critique. Les rééqui-pements imposés pour la sécurité ont mis sur la table la question de la rentabilité du nucléaire. Peu à peu, il est devenu possible de poser la question des coûts de démantèlement et de gestions des déchets, comme le PSS l’a fait le 5 avril 2013 (voir : http://www.sp-ps.ch/fre/Medias/Conferences-de-presse/2013/Conference-de-presse-la-

bulle-financiere-des-centrales-nucleaires-et-ses-consequences-pour-les-contribuables). Finalement, en août 2013, le Conseil fédéral a tiré la sonnette d’alarme, en proposant d’augmenter substantiellement les versements des exploitants de centrales aux fonds de démantèlement et de gestion des déchets. L’incapacité du Japon à gérer les suites de la catastrophe permet aujourd’hui de poser en Suisse la question de l’impact d’un accident sur l’approvisionnement en eau, puisque l’éloignement de la mer rendrait particulièrement complexe la gestion d’une centrale avariée.

Reste que l’aboutissement n’est que provisoire. Les deux prochaines étapes sont désormais agendées: faire voter le paquet au parlement, y compris le soutien au renouvelable et à l’efficacité énergétique, puis contrer le référendum annoncé. En revanche, l’arrêt rapide des trois vieilles centrales nucléaires n’est pas encore acquis, ni d’ailleurs la date d’arrêt des deux autres grosses centrales. Le chemin s’annonce donc encore long et ardu, d’autant qu’après l’arrêt du dernier réacteur, la déconstruction des centrales et la gestion des déchets nous occuperont pendant de nombreuses géné-rations. La lutte continue donc.

sortie du Nucléaire: l’aboutissemeNt provisoire de 40 aNs de luttes

« 4 L’octroi d’AutoriSAtionS générALES Pour LA conStruction dE cEntrALES nucLérAirES ESt intErdit »

rogernordmannconseiller nationalLausanne

Mai 2013. Une ferme recouverte de panneaux solaires. En arrière-plan: le site de la centrale nucléaire de Lucens, accidentée en 1969

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poiNts forts socialistes – 7 N°64 – septembre 2013

Samedi 7 septembre, plus de 3’000 membres du parti so-cialiste de toute la Suisse se sont rendu-e-s à Berne pour fêter ensemble les valeurs fondamentaux du parti : justice, liberté, solidarité, démocratie, égalité, collectivité, déve-loppement durable et internationalisme. Hier, aujourd’hui et demain.

La journée a été caractérisée par le lâcher de 125 bal-lons rouges dans le ciel suisse, ainsi que par des concerts, la tom-bola, les gâteaux et plusieurs acti-vités pour enfants

et adultes. Alain Berset et Simonetta Sommaruga ont même joué du pia-no, en créant une des nombreuses surprises du jubilé. La représentation vaudoise était présente en force et tout le monde s’est réjoui de pouvoir faire la connaissance de camarades des quatre coins de la Suisse. Parce que la solidarité se construit aussi et avant tout chez soi.

Les discours n’ont pas manqué dans cette journée de fête et de ren-contre. Helmut Hubacher et Ruth Dreifuss nous ont exhortés à ne pas oublier nos valeurs fondatrices, ainsi que toutes les personnes qui nous ont précédés, et Hanna Bay nous a invités à affronter ensemble les défis du futur, forts et fortes de nos convictions. Christian Levrat a souligné l’importance du rôle du PS dans la construction d’une Suisse solidaire.

Mais c’est surtout l’histoire d’Erich que nous aimerions rappeler ici. L’histoire d’un héros du socialisme, selon les propres mots du président. Un camarade membre du parti depuis 70 ans, qui, à cause de l’âge, n’a pas pu se rendre à Berne. Âge qui ne lui empêche pourtant pas de se battre « pour les petits », hier comme aujourd’hui et comme demain, malgré le coût de son engagement au fil du temps. Nous sommes tous et toutes des Erich, qui se battent selon leurs moyens pour une société plus juste, solidaire et libre. Pour un monde pour tou-te-s, sans privilèges.

Samedi 31 août, onze personnes, accompagnées de leurs amis et proches, se sont données rendez-vous aux pieds du Bishorn avec un objectif clair : gravir ensemble les quelques 4’000 mètres qui les séparaient du sommet.

Objectif clair, mais que plus d’un dirait difficile. C’était justement cela le vrai objectif de leur prouesse : rappeler que 4’000 francs de salaire minimum pour toute personne qui travaille à 100% c’est possible. Selon l’Office Fédéral de la Statistique, 600’000 personnes résidantes de manière permanente en Suisse était touchée par la pauvreté en 2010. Comment cela est-ce possible ? Toujours en utilisant les informations de cet organe officiel et quelques considérations de sens commun, on peut essayer d’approximer les dépenses mensuelles d’une famille avec un enfant : 1’026 francs pour un appartement de deux pièces, + 863 d’as-surance maladie + 1’000 de nourriture (environs 10 francs par jour par personne) + 169 francs minimum pour les transports publics (une voiture coûte bien trop cher !) = 3’058 francs.

3’085 francs… sans compter l’électricité, le chauffage, les vêtements, les dépenses scolaires, les autres charges sociales, la carie du petit ou de la petite, un café au bar du coin, une sortie au cinéma… et il ne faut même pas rêver d’une petite épargne pour les dépenses inattendues! La question est : que doivent ressentir ces 400’000 personnes qui besognent au moins 8 heures par jours, au moins 5 jours sur 7, et qui ne parviennent pas à subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs proches parce que leur effort vaut moins de 4’000 francs par mois ?

Aux Etats-Unis, des millions de personnes sont obligées d’avoir deux emplois (jour et nuit) pour survivre dans la première économie mon-diale. Est-ce que c’est cela que nous désirons pour notre pays ? Ce sera probablement au peuple de trancher sur cette question. D’ici là, il est essentiel de ne pas baisser les bras, parce que 4’000 francs par mois est un objectif clair, qui n’est possible qu’en luttant ensemble !

pOInT ChActuALité SuiSSE

125 aNs et pas uNe ride

4’000 c’est possible eNsemble !

ChiaraStorarisecrétaire générale adjointe PSvLausanne

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Page 8: Points forts 64 septembre 2013

pOInT D’ExCLAMATIOn poiNts forts socialistes – 8 N°64 – septembre 2013

Responsable de parution : chiara Storari Adresse de rédaction : chauderon 5, 1003 Lausanne Contact : 021 312 97 57 [email protected] maquette : Atelier gétaz Abonnement : 25 francs

couP dE Point

Pour ses 125 ans, le PS Suisse, a voulu une fête proche de la population. Seul bémol : l’image du

jubilé retenue par les médias est celle des 2 conseillers fédéraux PS en tenues de soirées dignes de Cannes jouant sur un magnifique piano à queue. Sur fond de banderoles : pour tous, sans privilège. C’est ce que l’on appelle une fausse note.

En mars, Oswald Grübel décrivait l’initiative 1:12 comme destructrice parce qu’elle limite la liberté dont

ont besoin les entreprises. Grübel, il parle un peu en expert : on se rappelle des « libertés » prises par l’UBS lors du scandale du Libor.

Lors du 1er débat du Grand Conseil sur la loi sur l’énergie, un amendement visait à limiter les

climatiseurs. Certains députés de droite l’ont combattu énergiquement, s’échauffant contre les palaces 5 étoiles des pays du sud ou contre les guirlandes de Noël. De telles réactions à chaud donnent probablement des sueurs froides à leurs électeurs.

Fidèle à la tradition d’offrir un cadeau aux invités de la réception du nouveau Président du Grand

Conseil, le radical Laurent Wehrli, syndic de Montreux, n’a pas eu froid aux yeux : faisant fi de certaines affaires communales passées ayant amené un renversement de majorité, il a offert à tous les convives une « petite enveloppe »… Mais rassurons-nous : le contenu ne permet pas de s’offrir le moindre bateau de pêche !

IMpREssUM

debout, les damNés de la terre

Début septembre, les CFF ont annoncé qu’ils étudiaient un nouveau projet : des wagons sans places assises, pour y caser plus de monde. On ne peut s’empêcher de penser aux boîtes de sardines, mais au moins elles étaient couchées, elles… Leur situation et la nôtre ne seront donc pas comparables, qu’on se rassure.Bien sûr, on aime s’époumoner sur l’Interna-tionale, en chantant : « Debout, les damnés de la teeerrrre, debout, debout, deboooout », ce-pendant, il faut souligner une différence ma-jeure avec la position « debout » des wagons : il ne s’agira pas de se lever, mais plutôt de ne pas s’asseoir. C’est tout de suite moins inté-ressant, avouons-le, puisque cela n’aura rien d’un comportement actif animé par l’espoir d’un monde plus juste.Vous me direz : quelle mauvaise langue, alors que c’est un projet qui vise à offrir des prix plus bas pour les usagers ! Mais il est nor-mal de critiquer une proposition pareille : en politique, on court après les sièges, alors pas question d’en supprimer.Reconnaissons tout de même le génie d’An-dreas Meyer, patron des CFF (payé plus d’un million de francs pour l’année 2012. À ce

tarif-là c’est quand même la moindre des choses d’avoir de bonnes idées !) : le projet des CFF est tout à fait le genre de proposi-tion qui encouragera les adeptes de la voiture à prendre le train et qui créera, par la même occasion, une société plus écologique, où s’épanouiront nos arrières petits-enfants. Explications : Voyager debout, en luttant pour ne pas tomber au sol à chaque arrêt, comporte un petit côté exotique très sympa qui ne manquera pas d’attirer les foules en mal de sensations fortes. Il n’y aurait plus qu’à créer une 4ème classe « extérieure », dans laquelle les pendulaires en costume-cravate devraient s’accrocher aux encadrures des portes, ou même grimper sur le toit. On se sentirait dans la peau d’un aventurier, voyageant dans des contrées lointaines. Les trajets quotidiens en train se transformeraient en épopées palpitantes - ce qui élimine du même coup les déplacements en avion, si polluants, pour rejoindre des lieux nous per-mettant de vivre des expériences différentes et nouvelles. Face à une telle concurrence, les voitures et leur atmosphère doucereuse et aseptisée succomberaient à coup sûr.Vive les wagons à bétail ! Vive le train !

CharlotteGabrielassistante au secrétariat du PSvgland

La p’tite est l’histoire d’une vie marquée par la schizophrénie, mais également par la volonté de s’insérer dans la société comme individu actif, qui travaille. Volonté brisée par un mar-ché qui suit uniquement la logique capitaliste et qui n’a aucun intérêt à tenir compte des individus qui ne répondent pas aux critères

de compétitivité et de production. Fritz Tüller nous parle de la mise à l’écart subie par les personnes présentant des troubles psychiques, malgré leur volonté de s’intégrer. Par un hom-mage poignant à sa sœur, Maryse, il rend éga-lement hommage aux « artisans et artisanes » de sa réconciliation avec elle-même et il nous

démontre, avec tact et justesse, qu’une autre voie que la logique de l’argent et de l’exclu-sion est possible.

Fritz Tüller, 2013, La P’tite.Disponible au Journal de Sainte-Croix (tél. 024 454 11 26). Prix : 15fr.

troiS PEtitS PointS Chiara Storari, Lausanne