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Diagnostic agraire du district de Nagan Raya, province d’Aceh, Indonésie. Etude réalisée par Julie Becu, Ingénieur des Techniques Agricoles. Mai - Novembre 2006 1

Rapport Diagnostic Agraire Final

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This report is a description of the agricultural situation (at social, technical, economical and environmental levels of Nagan Raya District (Aceh, Indonesia)

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Diagnostic agraire

du district de Nagan Raya, province d’Aceh,

Indonésie.

Etude réalisée par Julie Becu, Ingénieur des Techniques Agricoles.

Mai - Novembre 2006

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RESUME La province d’Aceh, récemment affectée par la vague du tsunami de décembre 2004, sort aussi d’une crise politique qui a opposé durant plus de 30 ans, le groupe indépendantiste acehnis (GAM) à l’armée indonésienne (TNI). La réalisation de ce diagnostic agraire permet de comprendre, 1 an après la fin du conflit, la situation agricole dans le district de Nagan Raya (côte ouest de Sumatra). Cette étude consiste en une compréhension multidisciplinaire de la situation, c‘est-à-dire sous l’angle technique, social, économique et environnemental.

Tout d’abord, une lecture du paysage a permis de situer différentes zones (entités géographiques homogènes selon un certain nombre de critères) : une bande côtière, les rivières et leurs berges fertiles (cacao), une plaine rizicole et une zone de collines sur lesquelles dominent des cultures pérennes (hévéa et palmier à huile).

L’histoire agraire a permis l’identification de 4 périodes clés dans la construction du paysage et des dynamiques agricoles : l’occupation hollandaise, la stabilisation du parcellaire, la révolution verte et les dernières crises politiques (conflit armé) et économiques (krach asiatique) depuis les années 1990.

Enfin, nous avons établi une typologie de 12 systèmes de production modélisant l’ensemble des agriculteurs installés sur le territoire. Tout au long de cette analyse, une attention particulière est apportée aux impacts du conflit sur la situation agraire du district. Des recommandations sont finalement apportées dans la perspective d’un diagnostic initial plus approfondi sur les besoins agricoles en zone conflit.

ABSTRACT Aceh, which has been recently affected by a tsunami, is now recovering from a 30 years-long conflict which has countered the separatist movement (GAM) with the Indonesian army. This agrarian diagnosis enables us to understand, one year after the end of the conflict, the situation of agriculture in the district of Nagan Raya (west coast of Sumatra). This study consists of a multidisciplinary understanding of the agriculture: technical, social, economic and environmental aspects are analysed. First of all, a landscape analysis enabled the localisation of different areas (homogeneous geographic entity): coastal strip, fertile river banks (cocoa), rice plain and hills with plantations (hevea, oil palm). The agrarian history enabled the identification of 4 main periods concerning the evolution of the landscape and the agricultural dynamics: the Dutch occupation, stabilization of the land occupation, green revolution and the last politic and economical crisis (conflict and Asian crash) since the 90’. Finally, we have established a typology of 12 farming systems representative of the farmer’s diversity in this territory. Along this analysis, we have turned our attention on which impacts the conflict had on agriculture. Recommendations are finally made in regards to a possible assessment on agricultural needs in post-conflict area.

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REMERCIEMENTS Je remercie particulièrement Gaylord pour m’avoir permis de vivre cette expérience professionnelle et humaine au sein de son équipe. Son approche pédagogique et sa rigueur dans le travail m’ont permis de réaliser cette étude avec beaucoup d’intérêt et de plaisir. Je pense aussi à Mr. Fred, homologue stagiaire. Grace à lui, j’ai pu découvrir l’univers du SIG et de Mapinfo. Merci aussi pour les dimanches au pingpong ! Merci à tous les membres de l’Agro tim tim tim, particulièrement Pak Arifin qui m’a accompagné lors de mes nombreuses journées de terrain. Je pense aussi à l’ensemble des équipes de la mission SOLIDARITES Meulaboh qui m’ont accueillie et auprès de qui j’ai découvert une nouvelle facette de l’Indonésie. Je tiens aussi à remercier tous mes collègues de collocation avec qui j’ai partagé beaucoup de souvenirs. Je pense aux œufs mimosas de Caro ; à « SMS » par Seb dans le minibus ; à Nico en sarong ; à Francesca et sa valise ; au répertoire musical de Nelly ; aux rires de Marie et aux heures passées dans le hamac de François. Enfin et surtout, je n’oublie pas l’ensemble des agriculteurs qui ont su prendre de leur temps pour discuter de longues heures avec moi. C’est auprès d’eux que j’aurai le plus appris durant ces 6 mois et c’est à eux que je penserai en admirant les rizières de ce beau pays.

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SOMMAIRE INTRODUCTION......................................................................................7

1. Présentation de la zone d’étude......................................................8 1.1. Données générales sur le pays ................................................................ 8 1.2. De la dictature indonésienne à l’émergence de la crise d’Aceh................ 9 1.3. Données générales sur la province d’Aceh ............................................ 10

1.3.1. Présentation de la province d’Aceh ................................................. 10 1.3.2. Contexte agricole de la province d’Aceh.......................................... 11 1.3.3. Données climatiques sur la province d’Aceh ................................... 12

1.4. La zone d’étude du diagnostic agraire .................................................... 13

2. La lecture de paysage...................................................................15 2.1. Les grandes unités du paysage identifiées............................................. 15

2.1.1. Les entités géographiques............................................................... 15 2.1.2. Le zonage........................................................................................ 16

2.2. Du milieu physique a la mise en valeur de l’espace ............................... 17 2.2.1. Les alluvions des berges fluviales (zone 2) ..................................... 18 2.2.2. Les sols de la plaine rizicole (zone 3).............................................. 19 2.2.3. Les sols podzolitiques des collines (zone 4).................................... 19 2.2.4. Les tourbes des forêts marécageuses (zone 1 et 4)........................ 19

3. L’histoire agraire............................................................................21

3.1. La fin de l’occupation hollandaise (1900 – 1945).................................... 21 3.1.1. Une province reculée....................................................................... 21 3.1.2. Les fronts pionniers agricoles .......................................................... 21 3.1.3. Les plantations coloniales................................................................ 22

3.2. Stabilisation du parcellaire (1945-1980) ................................................. 23 3.2.1. Les mouvements de populations ..................................................... 23 3.2.2. Formation et stabilisation des terroirs.............................................. 24

3.3. La révolution verte (1980-1990).............................................................. 25 3.3.1. Une première révolution rizicole ...................................................... 25 3.3.2. La transmigration............................................................................. 26 3.3.3. La rénovation des voies de communication principales................... 27 3.3.4. Diversification des cultures de rentes .............................................. 27

3.4. Dernières crises et dernières évolutions (1990-2000’)............................ 30 3.4.1. Politique indonésienne de réduction de la pauvreté ........................ 30 3.4.2. La crise asiatique............................................................................. 30 3.4.3. La crise politique acehnis ................................................................ 31 3.4.4. Le tsunami ....................................................................................... 31

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4. Analyse des systèmes de production............................................34 4.1. Le fonctionnement des systèmes de production..................................... 35

4.1.1. Généralités sur les systèmes de cultures de notre zone d’étude..... 35 4.1.2. Le système de culture du riz irrigué : SC 1...................................... 36 4.1.3. Les systèmes de culture maraichers : SC 2, 3, 4 et 5 ..................... 41 4.1.4. Les systèmes de culture des plantations : SC 6, 7 et 8 ................... 48 4.1.5. Analyse et comparaison des systèmes de culture........................... 56 4.1.6. Les systèmes d’élevage .................................................................. 60

4.2. La gestion du foncier sur notre zone d’étude.......................................... 65 4.2.1. Le mode de tenure des terres.......................................................... 65 4.2.2. Mode de transmission des terres..................................................... 67

4.3. Typologie des systèmes de production (SP) .......................................... 69 4.3.1. Les critères de différenciation des SP et des agriculteurs ............... 69 4.3.2. Analyse des 12 SP de la typologie .................................................. 71 4.3.3. Conclusion sur l’analyse des systèmes de production .................... 89

5. Analyses et perspectives en zone post-conflit ..............................90

5.1. Evaluation de l’impact du conflit sur les SP identifiés ............................. 90 5.2. Aide déjà apportée en zone post-conflit.................................................. 93 5.3. Recommandations.................................................................................. 93

CONCLUSION .......................................................................................95 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ..................................................96 GLOSSAIRE...........................................................................................98 ANNEXES ............................................................................................100

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INTRODUCTION La mission Indonésie de SOLIDARITES s’est ouverte le 6 janvier 2005. Elle intervient aujourd’hui dans trois régions :

- la province d’Aceh, sur les zones affectées par le tsunami de décembre 2004, par le tremblement de terre de mars 2005 et par le conflit entre le mouvement rebelle GAM et le gouvernement indonésien qui s’est officiellement terminé en août 2005 ;

- l’île de Nias sur les zones affectées par le tremblement de terre de mars 2005 ;

- Jogjakarta sur la zone affectée par le tremblement de terre de mai 2006.

Sur Aceh, la mission se compose de trois départements opérationnels : - Drainage / Agriculture ; - Watsan et promotion de l’hygiène ; - Construction d’écoles.

Cette étude s’inscrit dans le cadre du programme de « Réhabilitation des surfaces cultivables pour les populations touchées par le tsunami dans les districts de Nagan Raya, Aceh Barat et Aceh Jaya » de la mission de SOLIDARITES-Indonésie. L’urgence humanitaire étant passée depuis plusieurs mois, la réalisation d’un diagnostic agraire est un moyen pertinent pour permettre à SOLIDARITES et d’autres acteurs, d’intervenir de façon plus posée sur le domaine agricole. En ce sens, ce diagnostic a pour objectif d’analyser et de faire partager une connaissance multidisciplinaire d’une situation agricole du district de Nagan Raya, suite au tsunami et aussi suite aux années de conflit.

Dans un contexte aussi complexe, nous avons travaillé sur la problématique suivante : Quels sont les effets du conflit sur les systèmes de production aujourd’hui ? Quelle est la situation des systèmes de production des familles récemment revenues dans leurs villages ? Quels sont les secteurs et les types d’agriculteurs, qui ont le plus souffert durant cette période ?

Pour répondre a cela, l’étude a été réalisée en deux temps. Dans un premier temps, le diagnostic a permis la compréhension d’une situation agraire « stable », pour dire « non affectée par le conflit ». La zone d’étude se situe alors en partie sur une bande côtière affectée par le tsunami et en partie sur des villages à l’intérieur des terres. Pour cela, nous avons suivi ces 3 étapes :

1. Une lecture et analyse du paysage de la zone d’étude ; 2. Une étude et analyse de l’histoire agraire ; 3. La caractérisation et l’analyse systémique des systèmes de production.

Dans un deuxième temps, nous avons ciblé une zone périphérique constituée de villages affectés par le conflit acehnis. Il s’agit alors d’analyser en quoi ces années « d’instabilité » ont pu perturber les systèmes de production préalablement étudiés. Le rapport présente les résultats respectifs de chacune des étapes décrites précédemment.

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1. Présentation de la zone d’étude

1.1. Données générales sur le pays

Carte d’identité de l’Indonésie Nom de l’État : République Indonésienne Superficie : Plus de 13.600 îles (dont environ 1.000 habitées) s’étendent le long d’un arc

de plus de 5.000 Km des deux côtés de l’équateur avec une superficie totale de plus de 1,9 millions de kilomètres carrés

Découpage du territoire : Chaque île est divisée en provinces, autonomes depuis le processus de décentralisation initié cette dernière décennie, elles-mêmes composées de districts. Ces territoires sont respectivement dirigés par le Gouverneur et le Bupati. Il existe en tout 27 provinces (dont 3 régions avec un statut particulier : Jakarta, Jogjakarta et Aceh).

Habitants : environ 228,5 millions (mi-2001) Population de moins de 15 ans : 30,26% Accroissement de la population : 1,6% par an Espérance de vie : 68,3 ans Taux d’analphabétisme : environ 16% (hommes : 10,4%, femmes : 22%) Langues : langue nationale : Bahasa Indonesia (malais modifié). En outre, il y a environ

200 autres langues et plus de 170 dialectes Régime : République présidentielle Chambre législative : Parlement : 500 députés (y compris 38 représentants de l’armée) Parlement supérieur du peuple : 700 députés (y compris 500 députés du

parlement) détermine les directives de la politique et choisit le président et le vice-président pour cinq ans.

Capitale : Jakarta Religions : Sunnites 88%, protestants 5%, catholiques 3%, hindous 2% (surtout à Bali),

bouddhistes 1%, confucianistes (surtout chinois) et des religions animistes

(The World Factbook, Munzinger, 2001)

Province d’Aceh

(site Internet de plongée oceanes.com, 2005)

Aceh dans l’archipel indonésien

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1.2. De la dictature indonésienne à l’émergence de la crise d’Aceh Après 300 ans de colonialisme hollandais, l’histoire récente de ce pays est marquée par trente années du régime de « l'ordre nouveau1 » initié par Soeharto, « général autoritaire ». 1997, année noire pour l’Indonésie, restera dans l’histoire comme celle où le pays a commencé à sombrer, avec à la barre, le général Soeharto. Ce dernier gouverna en concentrant tous les pouvoirs et entraîna une situation fortement conflictuelle et beaucoup de violences. La corruption se propagea dans tous les secteurs de la vie publique et elle concerne toujours aujourd’hui d’énormes sommes d’argent. Le krach financier de 1997-1998 provoque un effondrement brutal de la monnaie, une inflation vertigineuse, un décuplement de la pauvreté et du chômage, et une réduction de l'accès aux services de santé pour les familles. Selon les estimations de la Banque Mondiale, le pourcentage de pauvres a plus que doublé de 1996 à 1999, passant de 11 % de la population à quelques 27 %. Aujourd’hui, 17% de la population est sous le seuil de pauvreté (selon le seuil de la Banque Mondiale qui est de 1 $ /jour/personne). A la crise financière, succèdent des manifestations sans précédent. Mai 1998, les étudiants descendent dans la rue, le pays est en ébullition. Soeharto annonce finalement sa démission. Mais les cicatrices sont trop profondes pour que les revendications indépendantistes contenues par les forces militaires durant l’ère Soeharto n’émergent avec encore plus de violence. Après l’indépendance réussie du Timor Oriental (2002), deux conflits violents s’intensifient : l’un dans la province d’Aceh, à l’extrême ouest du pays, et l’autre en Irian Jaya (extrême est). Aceh est un site d’abondantes ressources naturelles comme le pétrole mais la majeure partie du produit de ces ressources bénéficiait directement à la capitale qui centralisait toutes les productions du pays. Des revendications économiques (partage équitable des produits de la région) se sont alors combinées à des aspirations autonomistes, voire indépendantistes, d’où l’essor de rébellions armées et la création du GAM (mouvement indépendantiste acehnis). Celui-ci a perduré trente ans jusqu’à ce que survienne le tsunami. Le 26 décembre 2006, Aceh est touché par la catastrophe naturelle la plus destructrice de ce siècle. Le tsunami fait 220 000 morts sur la province seule. Les villages de la côte accusent une perte humaine énorme (jusqu’à 70% de la population dans les zones les plus touchées comme à Calang), une destruction totale des maisons et autres infrastructures ainsi qu’une perte des moyens de production agricole et de pêche.

1 Lorsque Soeharto accéda à la présidence, il voulut que son régime offre l’apparence d’une démocratie, d’un « ordre nouveau », il organisa donc des élections en 1971. Suite à sa prise de pouvoir, 30 années ravagent le pays ; corruption et népotisme en sont les maîtres mots.

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1.3. Données générales sur la province d’Aceh 1.3.1. Présentation de la province d’Aceh La province d’Aceh se trouve à l’extrême nord de Sumatra. Elle compte 4, 2 millions d’habitants pour 57 366 km2 de surface. Sa capitale est Banda Aceh. La province compte 17 districts. La province d’Aceh a obtenu le statut « d’autonomie spéciale » en 2002. Ceci lui donne le droit d’appliquer des lois spécifiques liées à la culture acehnis et à la religion (shariah islamique) et oblige le transfère à l’administration locale de l’essentiel des revenus apportés par le gaz, le bois et le pétrole. Aujourd’hui, la province d’Aceh est considérée comme l’une des plus riches au vue de ses ressources naturelles. Par exemple, le pétrole et le gaz représentent plus de 40 % du PNB de la province alors que l’agriculture représente 30% du PNB.

(Army map service de l’armée américaine)

Carte administrative de la province d’Aceh

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1.3.2. Contexte agricole de la province d’Aceh La riziculture La culture de base, comme dans le reste de l’Indonésie, est le riz. En effet, la surface cultivée totale à Aceh serait de plus de 440 000 ha dont 84 % destinés à la riziculture. Ceci représente environ 3 % de la production nationale de riz. Le ministère de l’agriculture de la province parle d’environ 1 544 747 tonnes de riz en 2004, ce qui permet de nourrir toute la province, voire d’en vendre à Medan ou Java. On distingue principalement 2 types de riziculture à Aceh:

- la riziculture pluviale qui permet une récolte par an au rythme des saisons des pluies (cycle cultural long) ;

- la riziculture irriguée qui permet 2 récoltes par an (cycle cultural court), une en saison des pluies et une en saison de moindre pluie.

Le ministère de l’agriculture comptabilise une surface en terres agricoles irriguées assez importante sur toute la province (39 296 ha). Cependant la plus grande partie des infrastructures de périmètre irrigué se situe sur la côte Est de la province. Deux facteurs principaux expliquent ce déséquilibre géographique :

1. la proportion plus faible de terres cultivables sur la cote ouest ne justifie peut-être pas d’investissements trop importants de la part du gouvernement ;

2. la topographie particulière qui fait que, sur plusieurs périmètres, le niveau des terres est en dessous du niveau de la mer et donc bouleverse le système de circulation des eaux (drainage/irrigation).

Une autre spécificité de la province d’Aceh est la gestion de la riziculture par des leaders « traditionnels » appelés kejrun (cf. annexe I). Les autres cultures vivrières D’autres cultures vivrières telles l’arachide, le maïs, le soja ou le manioc sont aussi pratiquées mais à l’échelle familiale seulement (surfaces ne dépassant pas 1 ha).

Comme précédemment, la culture des légumes fait l’objet de quelques spécificités acehnis. En effet, il existe un certain nombre de croyances ancestrales qui peuvent régir plus ou moins rigoureusement les pratiques agricoles dans les villages. Ces croyances ne sont pas toujours respectées aujourd’hui mais peuvent tout de même influencer certains. Elles se basent essentiellement sur l’observation du ciel : la lune et les étoiles. Ainsi, il est très fortement conseillé de planter les légumes dont les fruits sont dans le sol (arachide, manioc) entre le 15 et le 30 du mois (lune en croissant) et de planter les autres légumes du 1er au 15 du mois (pleine lune). Les plantations Aceh est aussi une importante productrice de caoutchouc. La culture de l’hévéa est très répandue depuis l’occupation hollandaise. Depuis moins de 20 ans, les cultures de rente tendent à se diversifier avec l’introduction du cacao et du palmier à huile.

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La pêche Il s’agit d’une activité très importante : le poisson et les œufs de poule sont les sources de protéines les moins coûteuses pour les agriculteurs. En rivière, la pêche est continuelle alors qu’en mer on distingue 2 saisons :

- la saison de « l’Est » (musim timur) dure d’aout à février. Lors de ces 6 mois la mer est moins agitée et, d’après les pêcheurs, le niveau de la mer est moins haut. « La pêche est plus facile à pratiquer, les poissons plus nombreux et aussi plus proches de la côte » ;

- la saison de « l’Ouest » (musim barat) dure de mars à aout. Lors de ces 6 mois, le niveau de la mer monte, les vagues sont plus importantes. Il existe même des risques d’inondation pour les parcelles de la côte. La pêche est ralentie.

Il existe dans les communautés acehnis, un leader, appelé pangliman laut, chargé de la pêche en mer sur les villages côtiers. Il officialise le début de la saison de pêche et défini les dates les plus appropriées en se basant sur les étoiles, les vents, etc. Comme le kejrun pour le riz, le pangliman laut se réfère aux croyances des anciens qui enseignent leurs savoirs à la nouvelle génération.

1.3.3. Données climatiques sur la province d’Aceh Sur notre zone d’étude, les températures sont relativement stables. Elles varient entre 25 et 30 °C. Quant aux moyennes des précipitations, elles sont présentées sur le diagramme suivant (en ordonnée, les moyennes quotidiennes en mm). Les précipitations annuelles varient entre 2000 et 3000 mm.

0

5

10

15

v r s r i l ût t t v

Précipitations (mm/jour)

Janv Fév Mars Avril Mai Juin Juillet Aout Sept Oct Nov Déc

1ère saison rizicole 2ème saison

rizicole

Précipitations (mm/jour)

(http://www.fao.org/tsunami/environment/idn/mlb/index.html)

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1.4. La zone d’étude du diagnostic agraire Nous nous situons donc dans la province d’Aceh, au sein du district de Nagan Raya (sous-découpage territorial sur la côte ouest de la Province de Aceh). Ce district est l’une des zones sur laquelle SOLIDARITES a conduit des programmes agricoles suite au tsunami (distributions d’intrants et drainage des zones agricoles).

(HIC Sumatra, 2005)

District de Nagan Raya dans la province d’Aceh Comme nous l’avons vu dans l’introduction, le diagnostic agraire se déroule en plusieurs étapes qui sont l’étude du paysage, de l’histoire agraire et des systèmes de production. Une dernière analyse s’oriente sur la problématique du conflit. Dans cette logique, nous avons adapté notre méthodologie au cours de l’étude et nous avons ciblé la zone étudiée au fil des étapes :

• Les 2 premières phases (paysage et histoire) sont réalisées sur la moitié sud du district ce qui représente un espace de 30 km de long et 20 km de large. Ceci permet de couvrir un échantillon complet de paysages et problématiques : espaces côtiers affectés par le tsunami, villages affectés par le conflit, périmètre irrigué relativement prospère (plaine de Jeuram), etc.

• La troisième phase (systèmes de production) concerne une zone plus réduite. Celle-ci suit un gradient de la rivière aux collines le long duquel l’importance de la culture du riz et du cacao décroît et celle des plantations s’accroît.

• La quatrième phase se situe sur les villages en périphérie de la zone d’étude des SP. Ceci permet de superposer les conclusions tirées de cette partie à une situation connue et approfondie au préalable (c’est-à-dire durant les 3 premières parties).

Le district de Nagan Raya

Zone centrale du conflit

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Zones d’études au cours des 4 étapes du diagnostic

SEUNAGAN

Langkak

Jeuram

Babah Lueng

Lamie

Beutung

Kuala Tadu

SEUNAGAN TIMUR

BEUTUNG

KUALA

DARUL MAKMUR

Localisation de : 3. l’analyse des systèmes de production 4. en périphérie : l’agriculture suite au conflit

Localisation de : 1. la lecture de paysage 2. l’analyse de l’histoire agraire

Route Rivière

Limite de sous-district

SOUS-DISTRICT Ville

SEUNAGAN

LangkakGradient

rivières-collines

Jeuram

Babah Lueng

Lamie

Beutung

Kuala Tadu

SEUNAGAN TIMUR

BEUTUNG

KUALA

DARUL MAKMUR

Zone de conflit étudiée

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2. La lecture de paysage

L'observation du paysage permet d'identifier les caractéristiques physiques du milieu et les principales contraintes que ce milieu impose aux agriculteurs. Le résultat de cette étape est modélisé sous la forme d’un zonage du territoire. Il s’agit de délimiter plusieurs zones, entités géographiques qui sont homogènes selon un certain nombre de critères (géographique, végétation, habitations, réseau hydrographique).

Cette modélisation du territoire permet de comprendre comment aujourd’hui, les agriculteurs mettent en valeur ces différentes entités. Les agriculteurs s’adaptent aux contraintes que leur impose le milieu et mettent en œuvre différentes stratégies. On distingue déjà ici une différenciation entre plusieurs types d’agriculteurs selon les milieux auxquels ils sont confrontés.

2.1. Les grandes unités du paysage identifiées Cette première étape a été réalisée en binôme avec l’étudiant de SOLIDARITES-Meulaboh responsable de la réalisation d’un SIG sur le « programme drainage ». 2.1.1. Les entités géographiques Notre zone d’étude est structurée par 2 rivières principales (Krueng tripa et Seunagan) qui prennent leurs sources dans la chaîne de montagnes du centre de l’île (Beutung) pour ensuite se jeter dans l’océan. Entre les vallées de ces 2 rivières se situe une zone au relief plus accidenté que nous appellerons ici la zone de « collines » (pas plus de 700 m d’altitude). La vallée principale (Krueng Seunagan) est une large plaine cultivée en riz. Nous situons ici les 4 principales entités géographiques de la zone d’étude :

1. la côte 2. les rivières et leurs berges 3. la plaine rizicole de Jeuram 4. les collines

Les 4 entités géographiques reconnues

Krueng Seunagan

Krueng Tripa

1 2

3 (Fréderic Ham et Julie Becu, 2006)

4

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2.1.2. Le zonage A partir de ce premier constat, découle un zonage beaucoup plus précis et ne se basant pas que sur des critères géographiques. Pour la zone 1, un « sous-zonage » a été jugé nécessaire pour rendre compte de la complexité de la réalité de terrain.

Résultat 1 du diagnostic : le premier zonage

Rivière Route Zone 4 Zone 2 Zone 3

Zone 11 Zone 12

La bande côtière (1) Elle se distingue clairement des autres zones : relief plat avec une très faible pente vers la mer, densité de population importante, occupation des sols presque totale (en cultures vivrières et de rente). La côte est un pôle attracteur (accès aux ressources maritimes et ancienne voie commerciale) et offre aujourd’hui une diversité de champs d’actions pour les agriculteurs. La zone 1-2 subit aussi l’influence de la rivière qui vient en ce point se jeter dans la mer. Le paysage est plus arboré sur les berges fertiles de la rivière alors que les habitations se concentrent en périphérie de la route. Les berges des rivières (2) La rivière est l’élément structurant de ce paysage et fait de cette zone un autre pôle d’attraction qui se distingue clairement du territoire étudié. Les berges sont particulièrement arborées, offrant ainsi un ombrage important tout le long de la rivière. On distingue aussi des zones plus ouvertes (ancien lit de rivière, cultures vivrières basses). L’homme a entièrement façonné ce paysage : aménagement des berges pour la pêche et la collecte du sable, entretien de pistes débouchant sur la rivière, mise en culture des terres (plantations de cacao, palmier à huile, rizière, maraichage), construction d’habitations. La plaine rizicole (3) Les agriculteurs de cette zone ont accès à un relief particulièrement plat. On distingue de petites unîtes de terres plus hautes au milieu de cette plaine. Celles-ci sont arborées avec parfois, quelques habitations. Il semble que ce paysage est, une fois de plus, totalement façonné par l’activité humaine.

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Les collines (4) C’est la seule zone au relief accidenté de notre zone d’étude. L’occupation des sols y est totalement différente : couverture arborée permanente (forêt ou plantations) avec quelques petits périmètres habités. Le tableau suivant présente l’ensemble des critères qui ont été établis pour déterminer ce premier zonage issu de l’analyse des paysages.

Critères géographiques Critères structuraux Critères agronomiques

Zones Relief Prox. littoral

Prox. rivières

Affectée par le

tsunami Voie de com-munication

Type de villages Plantation Cultures

vivrières

1 Plat, pente douce

vers la mer, cordon dunaire

Oui Non Zones inondées

/nombreuses friches

Route asphaltée longeant la côte

Villages reconstruis le

long de la route

Cocotiers Palmiers à

huile

Rizières Maraîchage,

maïs

11 - - - - - - - -

12 - - Oui Cacaos et

palmiers à huile affectés

- - Cocotiers, palmiers à

huile et cacao -

2 Pentes douces vers les rivières Non Oui Non

Routes et pistes longeant les

rivières

Villages le long des routes et rivières

Cocotiers, palmiers à

huile et cacao

Rizières Maraîchage

3 Plat : terres basses avec des entités de

terres hautes Non Non Non Pistes sillonnant la

plaine

Villages sur les entités de terres hautes

Cocotiers, palmiers à

huile (capitaliste)

Rizières Peu de

maraichage

4 Relief marqué (collines) Non Oui Non Route et pistes

Villages peu nombreux,

relativement petits

Palmiers, hévéas et un peu de cacao

Maraîchage localisé

Chacune de ces zones se caractérise aussi par des particularités physiques propres qui imposent un certain nombre de contraintes aux agriculteurs. Il s’agit maintenant de comprendre comment une exploitation agricole intègre cet aspect pour mettre en valeur au mieux les terroirs auxquels elle a accès. 2.2. Du milieu physique à la mise en valeur de l’espace

Contrairement au reste de l’Indonésie, Sumatra appartient à un ensemble géologique non-volcanique. Les sols fertiles se limitent souvent aux alluvions des berges des grands fleuves. En effet, la pluviométrie y est supérieure à 2000 mm/an, ce qui provoque d’intenses phénomènes de lessivages des sols. L’agroforesterie permet de maintenir un couvert (cultures vivrières) sous une culture pérenne et donc limite l’érosion du sol comme nous le verrons par la suite.

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Ici, nous nous référerons souvent au vocabulaire employé par les agriculteurs. Ces derniers distinguent différents types de sols selon leur couleur (jaune, rouge, noir) et leur texture (sableux, argileux, tourbeux).

2.2.1. Les alluvions des berges fluviales (zone 2)

La plupart des fleuves charrie des matériaux acides, ce qui ne facilite pas la mise en valeur de ces sols. Cependant, sur notre zone d’étude, il s’agit très certainement des sols les plus fertiles ou les moins défavorables.

Le contrôle des inondations reste le problème principal. En cas de fortes pluies en amont, les berges ne peuvent contenir les crues et se retrouvent inondées sur de petites périodes. La mise en valeur de ce type de milieu suppose donc des infrastructures de drainage considérables.

On distingue ici 3 types de sol correspondant à 3 mises en valeur différentes :

- Les berges sableuses sont souvent plantées en cacao. Cette composition du sol permet un bon drainage naturel (important pour le cacao). Les agriculteurs parlent de « sols frais ».

- Les berges argilo-sableuses : On distingue un gradient du bord de la rivière vers l’extérieur qui va du sableux à l’argileux. En effet, les sols alluviaux des berges de rivières sont aussi plantés en maraichage ou en riz. Les agriculteurs parlent de sols kuning-hitam (jaune-noir).

- Les méandres morts : Les rivières d’Aceh sont très dynamiques. Elles prennent leurs sources dans la chaîne de montagne centrale et débouchent sur les plaines côtières pour finalement se jeter dans la mer en formant généralement un petit delta. Un fort contraste morphologique existe donc entre l’amont et l’aval du bassin versant de ces rivières. L’eau est évacuée rapidement des montagnes puis arrive sur une zone de faible pente. Sur ces plaines, le cours de la rivière forme des méandres qui s’accentuent rapidement et se rompent après quelques dizaines d’années seulement. Ces méandres morts sont alors composés de sols alluviaux relativement riches. Ils constituent un type de sol particulier valorisé par le maraichage et la riziculture.

Bras morts cultivés en riz

(Coopération norvégienne, juin 2005)

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2.2.2. Les sols de la plaine rizicole (zone 3)

La plaine rizicole est souvent qualifiée de tanah liat, c'est-à-dire des sols argileux avec très peu de sable. Le sol y est plus foncé (tanah hitam) ou jaune (kuning).

La plaine rizicole a été défrichée il y a 80 ans et a dès lors, toujours été cultivée en riz. Depuis une quinzaine d’années, la riziculture s’y est intensifiée (système d’irrigation élaboré, 2 récoltes par an, mécanisation) et l’utilisation d’engrais est indispensable. Les agriculteurs précisent souvent qu’avant cette révolution rizicole, la terre était toujours très fertile et les rendements constants alors qu’aujourd’hui, l’engrais est l’une des principales limites. Les sols se sont appauvris et l’intensification de la riziculture a accéléré ce processus (utilisation de variétés nécessitant un apport d’engrais chimique).

Bordant les surfaces rizicoles, se trouvent des zones plus hautes (tanah tingi/darat) où il est possible de planter de l’hévéa.

2.2.3. Les sols podzolitiques des collines (zone 4)

Il s’agit de sols typiques des régions tropicales humides : sols ferralitiques très fortement appauvris en silice et constamment lessivés. Ces sols constituent souvent des écosystèmes fragiles qui recyclent sans cesse un stock très limité d’éléments vitaux dans la fine couche supérieure du sol où se concentrent les racines. Sur de tels sols, il est très important d’entretenir la fertilité par des apports d’engrais.

La présence d’un couvert végétal permanent sur ces sols est un autre moyen de les préserver. Ainsi, les agriculteurs valorisent ces zones par des plantations d’hévéas et de palmiers à huile qui nécessitent des sols profonds. Certains petits planteurs mettent en place des systèmes agroforestiers lorsque les arbres sont encore petits (ensoleillement minimum nécessaire sous les arbres pour le maraichage).

De même, on retrouve sur presque tous les champs quelques cocotiers, pinangs, bananiers et autres arbres fruitiers. La parcelle est constituée de plusieurs étages de végétation participant chacun à limiter les effets érosifs de la pluie sur le sol.

Les agriculteurs qualifient ces sols d’argileux, jaunes ou rouges (kuning ou merah). Il arrive que ces terres rouges soient appelées « tanah trans », en référence aux villages transmigrants qui on été placés sur les collines.

Il s’agit de sols drainants donc adaptés aux plantations. Seules les plantations installées dans les bas fonds risquent de s’inonder et nécessitent donc un aménagement de drains.

2.2.4. Les tourbes des forêts marécageuses (zone 1 et 4)

Les agriculteurs parlent souvent des anciennes cultures de riz pluvial que l’on pratiquait dans des sols marécageux, fraîchement défrichés. Il s’agit de tourbes issues de l’accumulation de débris végétaux dans de petites dépressions se trouvant généralement dans les parties intérieures et stagnantes des plaines côtières et les bas fonds des collines. Leur épaisseur varie de quelques centimètres à plusieurs mètres. Leur mise en culture sera plus facile si elles sont peu épaisses.

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Zone 2 Zone 3 Zone 4

Récapitulatif des sols rencontrés sur la zone d’étude

Sols alluviaux sablo-argileux Jaune

Sols argileux Jaune-noir

Sols podzolitiques ou tourbeux Jaune/rouge

Forêt Habitation

Riz Cacaos Légumes Palmiers à huile

Hévéas

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3. L’histoire agraire

L’étude de l’historie agraire a pour but de comprendre comment et pourquoi les paysans ont été conduits à transformer leurs processus de production agricole pour en arriver aujourd’hui à la situation décrite dans la partie 4. Ce chapitre se compose donc de 4 parties correspondants aux périodes que nous avons définies pour analyser l’histoire du système agraire : (1) l’occupation hollandaise jusqu’en 1945 ; (2) la stabilisation du parcellaire de 1945 à 1980 ; (3) la révolution verte qui dure une décennie ; et (4) les dernières crises (politique, économique) et évolutions (mécanisation) jusqu’aux années 2000. Tout au long de cette partie, nous mettrons en valeur les changements qui se sont opérés concernant la mise en valeur des différentes unités de paysage et la nature des systèmes de production. Au cours de ces évolutions, différents types d’agriculteurs se sont progressivement distingués. C’est ce que nous allons tenter d’identifier dans la partie 4.3.1 et que nous approfondirons lors de l’analyse de la typologie des systèmes de production (4.3.2).

3.1. La fin de l’occupation hollandaise (1900 – 1945) 3.1.1. Une province reculée

Avant les années 40, Aceh comme le reste de Sumatra, est une province peu peuplée, relativement reculée par rapport au reste de l’Indonésie.

Sur notre zone d’étude, seuls quelques gros bourgs existent déjà (Lamie, Jeuram, Kuala Tuha) ; le territoire étant encore principalement recouvert de forêt. Les bourgs sont des lieux d’échanges, d’achat de matières premières (sel, sucre, huile) et de produits manufacturés (savon, tissu). Certaines personnes mettent parfois plus d’une journée pour se rendre au bourg le plus proche. Ce sont aussi autour de ces « pôles » commerciaux que se regroupent et vivent les colons.

3.1.2. Les fronts pionniers agricoles

A cette période, encore très peu de zones sont ouvertes. Les pionniers défrichent la forêt plus ou moins marécageuse afin de mettre en valeur les terres émergées. Ceux-ci mettent donc en place une agriculture basée sur la riziculture pluviale itinérante sur brûlis. De longues jachères (5 à 10 ans) puis le brûlis permettent d’entretenir la fertilité tout en éliminant efficacement les adventices. Ce type de système de culture permet d’optimiser le rendement du travail dans un contexte de faible densité de la population et d’accès facile à la terre.

Le réseau irrigué de la plaine est déjà en place grâce au Sultanat d’Aceh qui organise l’ouverture d’un canal principal apportant l’eau des montagnes de Beutung.

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On distingue 2 types de fronts pionniers:

Année 1 Année 2 Année 3

Chaque année, les familles défrichent un nouveau terrain encore plus éloigné à la recherche d’autres terroirs plus fertiles.

Les familles préfèrent défricher des terrains mitoyens afin d’avoir un parcellaire groupé, facile à gérer.

3.1.3. Les plantations coloniales

En 1900, cela fait 250 ans que l’Indonésie est colonisée par les hollandais. Sumatra représente alors un vaste territoire très intéressant pour les colons qui y introduisent l’hévéa comme culture de grande plantation. Celle-ci s’étend au rythme des fronts pionniers. Ces plantations d’hévéas restent essentiellement aux mains des colons et des riches propriétaires terriens (sultanat d’Aceh, riches commerçants).

C’est l’opportunité pour de grandes entreprises étrangères de s’installer dans la région. C’est le cas de la SFC, société franco-belge, qui installe une grande plantation industrielle d’hévéa. Afin de palier au manque de main-d’œuvre locale de qualité, les colons ainsi que la SFC font venir des agriculteurs de Java. Ceux-ci sont installés dans des lotissements au milieu des plantations. Une nouvelle ethnie intègre ainsi Aceh pour la première fois.

Les colons ont aussi imposé la culture du café et du poivre dans quelques villages de Nagan Raya. Ces cultures étaient entièrement destinées à l’export où les produits étaient alors transformés.

L’occupation du district de Nagan Raya est assez récente (moins d’une centaine d’années). Seuls quelques fronts pionniers associés à la présence des colons commencent à ouvrir le territoire.

Aujourd’hui en zone 4, certaines exploitations récemment installées (SP 10) possèdent toujours de grandes surfaces cultivables (plus de 8 ha), domaines hérités de la récente colonisation des collines. Alors que sur la plaine rizicole ou la pression foncière a rapidement augmentée, les exploitations font rarement plus de 1 ha.

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3.2. Stabilisation du parcellaire (1945-1980) Durant cette période, le foncier exploité par les agriculteurs continue de s’étendre et de nombreux mouvements de population ont lieu. Peu à peu, le parcellaire se stabilise sur les territoires occupés. 3.2.1. Les mouvements de populations

Dans les années 50-60, les premiers ouvriers javanais de la SOCFINDO (ex-SFC convertie au palmier à huile) se retrouvent progressivement à la retraite. Lorsqu’ils étaient encore ouvriers, nombre d’entre eux ont pu acquérir des terres dans des villages voisins à la plantation, ce qui leur permettait d’avoir une activité agricole annexe. En effet, il était fréquent que les chefs des villages alentours distribuent gratuitement des terres aux nouveaux arrivants. Cela permettait d’accélérer la progression des fronts pionniers, les terres étant alors encore en forêt. A la retraite, les anciens de la SOCFINDO construisent des maisons sur ces terres et s’y s’installent définitivement. Ils bénéficient de plus d’une retraite avantageuse de la SOCFINDO.

(Julie Becu, 2006)

Panneau de la SOCFINDO (« Entreprise SOCFINDO Indonésie, plantation de Seunagan,

district de Nagan Raya »)

Durant cette même période, d’autres plantations industrielles plus modestes ainsi que des entreprises d’exploitation du bois, s’installent dans la région. Ceci crée de nouvelles dynamiques dans des zones plus reculées qui n’étaient, jusqu’alors, ni habitées ni exploitées pour l’agriculture. Ces dynamiques sont : la création de nouvelles routes ou pistes, l’ouverture de zones forestières pouvant être converties en terres agricoles, l’emploi d’une main-d’œuvre locale durant quelques années. Des habitants de Nagan Raya et des districts voisins viennent alors s’installer dans ces nouveaux territoires offrant de nombreux avantages : ils n’appartiennent à personne, le sol est fertile (ancien couvert forestier), quelques pistes rendent la zone accessible et permettent le déplacement vers des villages commerçants. Cette dynamique s’observe le long des principales routes actuelles du district. Dans le même temps, les villages existants se figent pour acquérir leurs délimitations définitives. En effet, des vagues de distributions des terres encore vierges ont été initiées par les chefs de villages. Cette politique du village permet d’accueillir de nouveaux habitants en leur proposant gratuitement des terres agricoles et ainsi de dynamiser le village (plus de force de travail, plus de productions, plus d’échanges commerciaux entre habitants et entre villages).

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3.2.2. Formation et stabilisation des terroirs Après le départ des colons et la fin du Sultanat d’Aceh, les plantations d’hévéas passent progressivement aux mains des acehnis, parfois des chinois qui possédaient de grandes plantations.

A ce stade, on distingue un premier zonage du district en terroirs agricoles distincts.

Sur les collines (zone 4), le riz pluvial est progressivement remplacé par des plantations d’hévéas plus intéressantes en termes de productivité du travail. La 1ère année, le riz est associé à des petits plants d’hévéas ; la 2ème et 3ème année, on associe maraichage et hévéas ; puis l’hévéa est en monoculture. Ainsi, les collines sont dominées par l’hévéaculture et les rizières se retrouvent limitées aux bas-fonds. On y pratique le non-labour ou le labour au buffle. Sur la plaine (zone 3), la présence du canal d’irrigation permet la formation d’une vaste plaine rizicole qui s’étend des montagnes de Beutung à la bande côtière. Le périmètre irrigué aurait été construit dans les années 70 à partir des structures basiques ancestrales. Le maître d’œuvre était l’entreprise « Erkwa International ». Des plantations d’hévéas de plus de 30 ans sont parfois remplacées par des rizières. La riziculture y devient plus intensive, les jachères sont plus courtes (riz à 6 mois suivi de 6 mois de jachère). Les labours se font principalement avec les buffles. Les riziculteurs qui n’ont pas de buffles peuvent en louer durant la période de labour (sewa). C’est à partir de cette période que se généralisent les techniques de mawah : emprunt d’un buffle durant plusieurs années de suite et partage de la progéniture lorsque la bufflesse retourne à son propriétaire initial. Sur cette plaine rizicole, on observe aussi la formation d’unités de terres hautes au centre des terres basses rizicoles. Ces zones sont formées au fil des années par les agriculteurs pour y planter des arbres, y faire du maraichage ou même construire des habitations. N’ayant accès qu’à des terres basses, la surélévation de ces terres (accumulation de terre, bouses de buffles) a permis aux riziculteurs de créer un nouveau terroir et ainsi d’accéder à d’autres types de ressources. Aujourd’hui, ces terres hautes sont soit des petits jardins (arbres fruitiers, palmiers, cocotiers, etc.) appartenant à 2 ou 3 agriculteurs, soit des quartiers où vivent plusieurs familles. Sur la côte (zone 1), la riziculture peut se pratiquer sur une bande côtière proche de la plage ou plus retirée vers les terres (500 m de la mer). Il s’agit de riz pluvial très souvent cultivé en zone marécageuse (semis en poquet ou repiquage non manuel). De nombreux petits producteurs motivés par les prix intéressants du caoutchouc mettent en place de petites plantations d’hévéas sur cette bande côtière. L’Indonésie est alors un grand producteur mondial de caoutchouc.

Nous voyons apparaitre un gradient allant de la zone 3 (SP basés sur la riziculture irriguée de la plaine) à la zone 4 (SP basés sur les plantations en zone de collines). Cette période est finalement un épisode clé car il met en place les fondations du zonage tel que nous l’avons défini précédemment et de la typologie des systèmes de production telle que nous la présenterons par la suite.

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3.3. La révolution verte (1980-1990) Durant ces 10 années, l’intervention gouvernementale a été très importante et a contribué à de nombreuses évolutions dans les systèmes de production agricole vers des schémas plus intensifs. 3.3.1. Une première révolution rizicole Cette révolution agricole est initiée par le Président Soeharto qui souhaite moderniser l’agriculture afin que l’Indonésie atteigne l’autosuffisance alimentaire, notamment quant à la production de riz. Dans cette politique nationale, Nagan Raya, comme d’autres districts, deviendrait un «grenier à riz » (gudang paddy) qui permettrait de subvenir aux besoins du pays et même d’exporter à l’étranger. Les objectifs gouvernementaux sont doubles :

- l’extension des zones de riziculture par des réseaux irrigués plus étendus ; - l’intensification de la riziculture grâce à la révolution verte.

Ainsi, à partir de cette période, le réseau d’irrigation du district est amélioré : nettoyage et agrandissement des canaux principaux et secondaires par des excavatrices. Certaines portions du réseau sont bétonnées. Ce travail s’étendra jusque dans les années 2000.

(Julie Becu, 2006)

Canal d’irrigation bétonné et porte, Suak Bilie

Dans le cadre de la décentralisation du gouvernement, le service de vulgarisation du ministère de l’agriculture a pour mission de diffuser des techniques agricoles par l’intermédiaire de chercheurs-vulgarisateurs (penyuluh pertanian lapangan) travaillant au plus près de la population. Ceux-ci introduisent les premières variétés de riz à cycle court (3 mois) et à haut rendement, l’utilisation d’engrais chimiques, d’herbicides et de pesticides. Cependant, ce programme gouvernemental connait un échec global dans le pays du fait d’un manque de coopération entre vulgarisateurs et agriculteurs et un manque d’adaptation des chercheurs aux différents terroirs. L’Indonésie est un vaste pays et

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il n’est pas possible d’appliquer les mêmes systèmes de culture partout. Ceux-ci doivent être étudiés de façon à correspondre aux besoins des agriculteurs et aux potentialités des divers terroirs. Souvent, de nouveaux intrants sont présentés aux agriculteurs et sont toujours utilisés aujourd’hui, mais aucun suivi n’a été opéré. En parallèle, une nouvelle approche est expérimentée avec des expériences spontanées de collaboration d’étudiants en Agriculture (de l’institut de Bogor) à l’innovation et l’animation en milieu rural. Elle repose sur le dialogue avec les paysans et sur cinq axes: le contrôle hydrique, les méthodes culturales, les variétés sélectionnées, les engrais chimiques et les pesticides. La révolution rizicole est entamée. L’Indonésie devient rapidement l’un des producteurs mondiaux les plus importants de riz. Le périmètre irrigué de Nagan Raya fait plus de 12 000 ha, les agriculteurs réalisent 2 cycles par an avec un rendement moyen de 4 tonnes/ha. 3.3.2. La transmigration Le programme de « transmigrasi » gouvernemental a été initié dans les années 50. La transmigration consiste à déplacer des populations depuis les îles surpeuplées (Java et Bali) vers les îles peu peuplées (Sumatra et Kalimantan), ceci afin d’équilibrer l’accès aux terres agricoles et plus particulièrement aux surfaces rizicoles. A long terme, ce programme permet l’augmentation de la production de riz du pays. Sur notre zone d’étude, les premiers villages de transmigrants sont créés dans les années 80. Il en existe à peu près une dizaine dans tout le district de Nagan Raya. La venue de ces javanais permet l’exploitation de zones reculées. Deux nouvelles espèces d’arbres (pete et djenkol) sont introduites par les transmigrants. Si dans d’autres zones de Sumatra, la transmigration a été un vecteur important de diffusion des techniques ancestrales de rizicultures javanaises, il ne semble pas que cela ait été le cas sur notre zone d’étude. Ceci s’explique en partie du fait que les javanais issus de la transmigration à Aceh ont toujours été confrontés au nationalisme acehnis qui n’acceptait pas la venue de javanais. D’autant que ces derniers ont été soutenus par le gouvernement : attribution d’un ha de rizière, un ha de plantation, une parcelle pour l’habitation et distributions mensuelles de produits manufacturés. Les villages javanais se développent vite, les transmigrants sont travailleurs et s’adaptent rapidement à ce nouvel environnement. Une certaine jalousie s’instaure alors envers les javanais, amertume qui culminera lors du conflit armé entre indépendantistes et militaires. Rizière

attribuée (1 ha)

Terrain attribué pour maison et jardin (1/4 ha)

Route

Produits manufacturés

Intrants agricoles

Biens attribués à une famille transmigrante

Plantation attribuée (1 ha)

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3.3.3. La rénovation des voies de communication principales Dans ce même objectif de mettre à profit des zones reculées, les trois routes principales (route côtière, route longeant le canal d’irrigation et route traversant les collines) sont asphaltées. Ceci facilite l’accès à certaines zones et donc encourage les agriculteurs à s’installer dans des zones plus éloignées comme la zone 4. Les agriculteurs arrivent des districts voisins. La pression foncière commençant à s’intensifier dans certaines zones (zone 1 et 3), certains de ces exploitants décident de tenter leurs chances sur ces nouveaux territoires. Ceux-ci seront souvent amenés à mettre en place de nouveaux systèmes de cultures adaptés à la zone 4 telles les plantations d’hévéas. Les routes sont aussi des axes stratégiques facilitant le transport par camion des récoltes de cacao, hévéa et palmier à huile. Cette nouvelle perspective et les prix de vente intéressants de ces produits encouragent les nouveaux arrivants à mettre en place des plantations familiales. Au même moment, le cacao est introduit pour la première fois à Nagan Raya, des hévéas clonés sont distribués et des plantations industrielles de palmier à huile s’installent. 3.3.4. Diversification des cultures de rentes Introduction du cacao Dans les années 70, le cours mondial du cacao est très porteur et l’Indonésie décide de devenir un grand exportateur. C’est dans ce cadre que des plants de cacao sont distribués à des groupes d’agriculteurs de villages côtiers et le long de la rivière (zone 1 et 2). Contrairement aux plantations d’hévéas puis de palmiers à huile qui s’installent sur des fronts pionniers, les cacaoraies se mettent en place sur d’anciens champs et sur les berges de rivières. L’introduction du cacao à Nagan Raya provoque quelques bouleversements dans les systèmes de production. En effet, le cacao représente une source de revenu intéressante pour les agriculteurs n’ayant jamais planté de culture de rente : prix intéressant à l’époque, nécessité de peu d’investissements en termes de coût et de travail (comparativement au travail dans une plantation d’hévéas). Ainsi, les agriculteurs sur la côte (zone 1) ont tendance à remplacer leurs anciennes plantations d’hévéas par des plantations de cacao. En zone 2, le cacao se répand très vite grâce à des plants que produisent les agriculteurs eux-mêmes avec des cabosses achetées auprès des bénéficiaires des distributions gouvernementales. Les plants obtenus sont souvent de moins bonne qualité car se sont des croisements entre hybrides présélectionnés. Mais les producteurs sont obligés de procéder ainsi car les plants originaux sont trop chers et ne s’achètent pas à proximité des villages. Ainsi, ce mécanisme profite aux producteurs les plus aisés qui ont les moyens d’acheter des plants alors que les petites plantations sont lésées. Dans le même temps, des distributions massives de rambutans (arbre fruitier semblable au litchi) se font dans les districts voisins. Seuls quelques villages de notre zone d’étude en bénéficieront directement.

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Introduction des hévéas clonés Au début du siècle, la totalité des plantations d’hévéas établies provenait de graines non sélectionnées. Mais la production est trop variable ce qui conduit la recherche à entreprendre la création de clones de greffe. Le gouvernement décide ainsi d’introduire des hévéas clonés auprès d’agriculteurs installés sur les collines. Leur durée de vie est limitée à 35-40 ans mais leur production est supérieure à celle des hévéas non-clonés. Ces plantations finissent par remplacer la presque totalité des rizières qui subsistaient dans la zone de collines. Le gouvernement met en place un programme de distribution basé sur des crédits auprès de groupements agricoles (programme PRPTE). Les membres du groupe ne sont que des agriculteurs qui possèdent du terrain. Le gouvernement leur distribue des plants clonés ainsi que des fertilisants les premières années. La plantation ne leur appartient réellement qu’à partir du moment où ils ont fini de rembourser mensuellement le capital qui leur a été avancé. Introduction du palmier à huile Les anciennes plantations industrielles d’hévéas se convertissent presque entièrement en plantations de palmiers à huile (la première à se convertir était la SOCFINDO dans les années 50). Le produit du palmier à huile est nettement plus rémunérateur à condition qu’il y ait un apport régulier en engrais. Quelques années après, de nombreux petits planteurs des collines tentent leur chance en plantant des petites surfaces de palmiers à huile qui remplacent parfois des plantations d’hévéas. La diffusion du palmier à huile se fait par l’intermédiaire des grandes plantations qui autorisent les agriculteurs à récupérer de petits plants/rejets qui poussent au pied des arbres adultes. En parallèle à cette transmission informelle du palmier à huile, les grandes industries développent le système noyau/plasma (Proyek Intik Rakyat : Projet pour le peuple). Ce modèle, originaire d'Asie (Indonésie, Malaisie), permet d'associer la population rurale locale au développement d'une plantation. Le palmier à huile exige une transformation industrielle importante après la récolte et donc nécessite la présence d’une usine.

plantation industrielle

usine

plantations familiales

PLASMA NOYAU

Dans ce modèle, le noyau de la plantation est l’usine associée à une plantation de type industriel, les deux appartenant à une société (ou coopérative). Les planteurs familiaux constituent le plasma autour du noyau. Des relations contractuelles lient la société aux planteurs pour l'achat des produits et pour l'encadrement, la fourniture d'intrants et le crédit. Les planteurs familiaux de la SOCFINDO par exemple (200 ha concernés), vendent leurs récoltes à l’usine qui récupère 40 % du produit jusqu’à temps que la totalité de la valeur de la plantation

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soit remboursée. La parcelle appartient alors exclusivement à l’agriculteur qui est libre de la vendre s’il le souhaite. Avant cela, l’industrie a pris en charge l’apport d’engrais (2 fois par an) et les frais pour la mise en place de la plantation. Ce type d'organisation industrielle bénéficie aux deux parties, car d'un côté, l'industriel peut augmenter sa capacité d'usinage et son chiffre d'affaires sans investissement supplémentaire dans les plantations. De l'autre côté, les planteurs profitent d'un débouché sûr à des prix garantis (ou calculés selon une formule convenue), tout en préservant leur indépendance. La SOCFINDO a continué de faciliter l’écoulement des produits des petits planteurs, jusque dans les années 2000, en mettant en place un système de collecteurs salariés par l’industrie. Depuis les années de conflit, l’industrie se retire progressivement de ces zones qui ont été plus lourdement affectées par le GAM. Dans les années 85, apparaissent des planteurs patronaux : 20-30 ha de palmiers à huile et famille salariée responsable de l’entretien de la parcelle. Ils deviennent à leur tour des vecteurs de diffusion auprès d’agriculteurs plus modestes. La diffusion s’effectue aussi sur la côte. Les petits paysans se retrouvent tout de même confrontés à un manque d’apport en engrais qui demande trop d’investissement.

Cette période ne modifie pas en tant que tel le paysage agraire, celui-ci étant déjà bien établi depuis que le parcellaire s’est stabilisé. Cependant, la révolution verte initiée par le gouvernement accentue les différences entre les agriculteurs.

1. Bilan sur l’évolution des systèmes de production Sur la plaine, la riziculture sur 6 mois et l’hévéaculture laissent place à la

riziculture sur 3 mois avec utilisation d’engrais. L’hévéaculture diminue. Sur la côte, la riziculture se diversifie (3 mois) et l’hévéa laisse place aux cacaos. Sur les collines, l’hévéa et la riziculture sont remplacés par des plantations de

palmiers à huile, d’hévéas (clonés ou non). Les plantations industrielles d’hévéas se reconvertissent progressivement en palmiers à huile.

2. Bilan sur l’évolution des types d’agriculteurs Les exploitations qui possédaient des terrains libres peuvent se diversifier en

devenant bénéficiaires des distributions gouvernementales d’hévéas, de cacaos ou en profitant de la multiplication des palmeraies industrielles.

Les riziculteurs de la plaine se spécialisent et intensifient leur système de culture. D’autres producteurs ne profitent d’aucune de ces dynamiques. Ils n’ont pas

assez de terres pour se diversifier et subissent au contraire l’augmentation de la pression foncière sur la plaine rizicole. Leurs exploitations font quelques dizièmes d’hectare. Certains étaient sans-terres et le resteront.

En parallèle s’installent de nouveaux agriculteurs arrivant de Java. Avec les transmigrants, ce sont de nouvelles techniques qui sont introduites mais très vite, le conflit s’accentuera avec pour première cible, les javanais récemment installés à Aceh.

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3.4. Dernières crises et dernières évolutions (1990-2000’) Au début des années 90, les programmes d’extension agricole publics se poursuivent avec notamment la mécanisation de la riziculture. Des motoculteurs sont distribués aux groupements agricoles. Cette aide est souvent limitée à la plaine rizicole. Encore aujourd’hui, quelques villages situés dans les collines utilisent les buffles pour le labour des rizières. Ceci constitue une vraie révolution pour les agriculteurs qui consacrent dès lors beaucoup moins de temps au labour. Cependant, encore une fois, des faiblesses dans les méthodes de travail des vulgarisateurs du service du ministère de l’agriculture nuisent aux agriculteurs : les motoculteurs (1 à 2 pour un village) sont confiés aux chefs de village qui monopolisent la machine au détriment des autres agriculteurs. Il arrive souvent que les motoculteurs disparaissent ou soient vendus avant d’arriver aux mains des riziculteurs. Dans le même temps, l’utilisation d’engrais, d’herbicides et de pesticides se généralise, faisant se développer le marché des intrants agricoles. Les agriculteurs les plus aisés investissent dans un motoculteur et le louent à des paysans qui n’ont pas les moyens de s’en procurer. 3.4.1. Politique indonésienne de réduction de la pauvreté Dans les années 90, le gouvernement se lance dans le développement local : distributions de vaches à des petits groupements agricoles et mise en place d’un programme de développement des villages classés parmi les plus défavorisés (Program Inpres Desa Tertinggal – « Programme présidentiel pour les villages délaissés »). Ce dernier programme consiste à réaliser un prêt de 20 à 60 millions de Rps à un village, représenté par un « concile de villageois », qui gère alors cette somme comme il l’entend. Un retour doit être fait mensuellement à des facilitateurs gouvernementaux sur l’utilisation de cet argent (réparation de route, construction de salle communautaire, etc.). 3.4.2. La crise asiatique De 97 à 99, la crise asiatique fait des ravages et déstabilise complètement l’économie du pays. La roupie fluctue continuellement aux aléas des difficultés politiques (régime autoritaire et corrompu, aide internationale frileuse). Des catastrophes écologiques viennent s’additionner à la crise : el Niño engendre une grande sécheresse qui provoque d’innombrables incendies de forêts et des famines. Les indonésiens parlent alors de la KRISMON (crise monétaire). Les cours mondiaux du cacao et du caoutchouc chutent. En plus, les petits planteurs de cacao se retrouvent confrontés à une mauvaise qualité des cacaoyers qu’ils ont obtenus par multiplication des plants hybrides du gouvernement (sensibilité accrue aux maladies). Les prix des aliments importés ainsi que du riz augmentent considérablement (durant quelques mois, le prix du riz atteint 230 % de sa valeur en 96). Malgré cela, l’agriculture est peut être l’un des secteurs qui a été le moins touché par la crise car il n’était pas endetté avant la crise. De plus, les agriculteurs consommant en partie leurs propres productions, ils ne sont de fait, pas touchés par la krismon.

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Lorsque la crise se calme, fin 1998, l’agriculture est l’un des secteurs qui créent le plus d’emploi. Les sans-terres sont cependant lourdement affectés par la crise car ils sont directement confrontés à l’inflation des prix des aliments. Ils perdent durant ces 3 années une grande partie de leurs ressources. En 99, les exportations repartent rapidement mais sont limitées par les pays voisins encore affaiblis et n’ont pas les moyens d’importer et de transformer les matières premières produites en Indonésie. Ainsi, les agriculteurs n’ont subit les conséquences de la crise que sur une courte période et principalement sur le prix des produits alimentaires de bases et pas tant sur l’écoulement des produits d’exportation.

3.4.3. La crise politique acehnis Depuis 30 ans, Aceh subit les séquelles d’un conflit qui confronte l’armée indonésienne et les rebelles indépendantistes du GAM, mouvement pour la libéralisation d’Aceh (cf. annexe II). Le conflit n’a concerné notre zone d’étude qu’à partir des années 98/99 à la chute de Soeharto et a pris fin lors de l’accord de paix signé en août 2005. A Nagan Raya, le GAM a perpétré des razzias auprès des villageois, des vols et fusillades, et a exercé des pressions sur les agriculteurs (demande d’argent, « taxes »). Dans les zones les plus sensibles, les villageois ont quitté leurs villages durant quelques années (notamment à Seunagan et Seunagan Timur). Ce phénomène a concerné en particulier les transmigrants javanais qui ont été chassés de leurs habitations suite à des incendies perpétrés dans leurs maisons. Ainsi, dans ces zones délaissées durant les quelques années de conflit, la nature a souvent repris ses droits sur les aménagements agricoles (canaux de drainage et d’irrigation en mauvais état), les champs et plantations (en friche, voire « en forêt »). Les agriculteurs qui reviennent aujourd’hui font face à un manque de moyens pour reprendre leurs activités et remettre en état leurs moyens de production. Le conflit a donc réellement affecté l’agriculture en certaines zones bien précises. Aujourd’hui ces zones sont en cours de réhabilitation. D’autres zones sont toujours désertées, notamment les villages transmigrants. 3.4.4. Le tsunami Le tsunami du 26 décembre 2004 a causé de nombreux dégâts aux acehnis et notamment sur la côte de Nagan Raya, district où nous réalisons notre étude. Tous les secteurs économiques ont été touchés. La pisciculture et la pêche en mer, qui représentaient 6,5 % du PNB de la province avant le tsunami et employaient 100 000 personnes ont été sévèrement touchés. Immédiatement après le tsunami, le commerce s’est mis en suspens, l’axe routier côtier étant totalement détruit. Aujourd’hui, les filières agricoles se restructurent progressivement. Mais le tsunami a eu des conséquences à long terme beaucoup plus graves :

- la perte définitive des moyens de production des exploitations agricoles ; - l’anéantissement des canaux de drainage côtiers indispensables à la

riziculture ce qui rend les terres incultivables.

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Page 32: Rapport Diagnostic Agraire Final

Suite au tsunami, Aceh a été le centre d’une aventure humanitaire sans pareil dans l’histoire des ONG. La plupart des besoins de base ont été rapidement apportés aux victimes. Cependant, encore aujourd'hui, des zones ont été plus ou moins bien couvertes par l’aide humanitaire. Certaines actions qui semblent évidentes aujourd’hui, comme le drainage des terres agricoles, n’ont toujours pas été étendues à l’ensemble des districts affectés par la vague. En 2006, seules quelques ONG, comme SOLIDARITES, poursuivent une action dans ce sens.

(Frédéric Ham, 2006)

Excavatrice de SOLIDARITES creusant un drain, Arongan Lambalek

Ces 15 dernières années ont donc été difficiles pour la province d’Aceh (crise économique, politique et catastrophe naturelle). Aujourd’hui, les crises politique et humanitaire sont passées. Le gouvernement qui avait ralenti, voire interrompu, les distributions de plants durant le conflit (cacao, palmiers à huile), reprend aujourd’hui avec pour objectif de conserver l’Indonésie dans le rang des plus gros producteurs mondiaux. Ainsi, il y a 50 ans, les systèmes de production constituaient principalement une agriculture de subsistance. Aujourd’hui, les agriculteurs de notre zone d’étude sont partagés entre cultures de rente et cultures vivrières avec des spécialisations plus ou moins importantes selon les types. C’est ce que nous allons analyser dans la partie suivante.

Les cartes ci-dessous permettent de faire un bilan visuel de l’histoire agraire de notre zone d’étude des années 1900 à aujourd’hui. Notons que nous avons représenté le district de Nagan Raya en entier par souci de simplicité mais la zone dont nous avons réellement approfondi l’histoire est la partie spécifiée en p 14. Les annexes III et IV présentent des transects évolutifs ainsi que des frises chronologiques permettant de resituer les problématiques traitées dans cette partie.

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Page 33: Rapport Diagnostic Agraire Final

Histoire agraire de notre zone d’étude, des années 1900 à aujourd’hui

Forêt et riziculture pluviale itinérante sur brûlis Plantation de cacao Front pionner rizicole avancé/ riziculture pluvial Plantations de palmier à huile Plantation coloniale d’hévéa Riziculture irriguée intensive Plantation d’hévéa Riziculture irriguée en cours d’intensification Rivière Route Route asphaltée

1945 - 1980 1900 -1945

Mer Mer

Zone affectée à différentes échelles par le conflit Zone affectée par le tsunami

1990-2006 1980-1990

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Page 34: Rapport Diagnostic Agraire Final

4. Analyse des systèmes de production

Ici nous nous plaçons à l’échelle de l’exploitation agricole en tant qu’unité de production. Au sein de l’unité de production, l’agriculteur pratique un système de production bien précis.

Système de production C’est la combinaison des productions et des facteurs de production (capital foncier, travail et capital d’exploitation) dans l’exploitation agricole.

(d’après le Memento de l’agronome 2006)

L’étude des systèmes de production s’intéresse donc au fonctionnement de l’exploitation agricole, vue sous l’angle d’une combinaison organisée, plus ou moins cohérente, de divers sous-systèmes productifs : systèmes de cultures et systèmes d’élevage. Comme nous l’avons dit précédemment (p 14), l’étude des systèmes de production se fait sur une zone plus restreinte que celle étudiée durant les étapes précédentes. Grace aux entretiens effectués pour l’histoire agraire et les SP, nous avons pu affiner le premier zonage proposé suite à la lecture de paysage. Le résultat est présenté ci-contre. Les zones 2, 3 et 4 correspondent à celle du premier zonage. La zone 5 est une zone de transition entre la plaine rizicole (zone 3) et les collines (zone 4). Elle se distingue car les agriculteurs ne sont pas que vivriers mais possèdent aussi des plantations d’hévéas. On distingue aussi quelques unités de terres hautes déjà identifiées dans la lecture du paysage. Ce sont des zones plus hautes au centre des terres basses de la plaine rizicole. On y trouve jardins, arbres (cocotiers, pinangs, arbres fruitiers) et habitations.

\

Rivière de Langkak

Rivière de Kuala Tadu

Résultat 2 du diagnostic : le deuxième zonage

Gradient rivière-colline

Simpang 4 Alue Bata

Rivière Route Piste

Zone 4 Zone 2 Zone 3

Zone 5 Unités de

terre haute

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Page 35: Rapport Diagnostic Agraire Final

4.1. Le fonctionnement des systèmes de production 4.1.1. Généralités sur les systèmes de cultures de notre zone d’étude

Système de culture Il se définit au niveau de la parcelle ou d’un groupe de parcelles traitées de manière homogène. Il est caractérisé par : - la nature des cultures et leur ordre de succession ; - les itinéraires techniques appliqués aux différentes cultures ; - les produits et sous-produits ainsi que leurs rendements.

(d’après le Memento de l’agronome 2006)

Le diagramme suivant présente le calendrier de toutes les cultures que nous avons étudiées ici. Notons que pour les plantations qui sont des cultures pérennes, les données reportées correspondent aux saisons où les arbres produisent.

Janv Fév Mars Avr Mai Juin Juil Aout Sept Oct Nov Déc

PLUIE + PLUIE- PLUIE + PLUIE - PLUIE +++

RIZ IRRIGUE 1ère saison rizicole 2ème saison rizicole

MARAICHAGE

Pastèque Piment Autres Pas de saison (cycles d'environs 3 mois)

PLANTATION

Hévéa Cacao

Palmier à huile Production moyenne

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Page 36: Rapport Diagnostic Agraire Final

4.1.2. Le système de culture du riz irrigué : SC 1 Sur notre zone d’étude, les riziculteurs ne plantent que du riz en système irrigué. Les agriculteurs ont donc la possibilité de planter du riz en dehors de la saison des pluies ce qui permet 2 récoltes par an avec l’utilisation de riz à cycle court (3 mois au lieu de 6 à 9 mois en zone non-irriguée). La gestion du périmètre irrigué est décrite en annexe I.

PluieIrrigationSaisons rizicoles

Rendements moyens (T/ha) 2 à 4 tonnes 3 à 5

Irrigation nécessaire Irrigation contrôléeRepi-quage RécoltePrep

sol

Janv Fév Mars Avril Mai Juin Juillet Aout Sept Oct Nov Déc

PLUIE + PLUIE - PLUIE + PLUIE +++PLUIE -

Comme nous le verrons dans la description des SP, il existe 2 variantes du SC1 selon l’intensivité du système mis en place (SP 4 moins intensif que SP3)

1. Les différentes variétés de riz

Les riziculteurs en zone irriguée sèment une variété améliorée de riz. Ce sont des variétés à cycles courts (3 à 4 mois), avec une forte productivité (2 à 4 T/ha) et qui résistent à de nombreux pesticides et herbicides. Ces variétés sont les IR46, IR64, IR66. Elles se distinguent par rapport à leurs exigences en fertilisants principalement. On distingue aussi d’autres variétés comme Ciherang (130 jours), Rasililing (120 jours). Le cycle végétatif d’un riz 100 jours est présenté ci-contre : 0 10 30 60 70 100

Floraison/ fécondation

Tallage Initiation paniculaire /épiaison

Semis/levé Maturation des grains

(Julie Becu, 2006)

Femmes travaillant dans une pépinière de riz, Ulai Jalan

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Page 37: Rapport Diagnostic Agraire Final

2. L’itinéraire technique

Préparation du sol et de la pépinière Cette étape est importante et dure plus d’un mois. Durant cette période, le sol est en permanence inondé.

- inondation de la parcelle quelques jours avant le premier labour afin de faciliter le passage du motoculteur ;

- premier passage du motoculteur pour labourer la parcelle (bajak) ; - repos de 15-20 jours du sol ; - deuxième passage du motoculteur (l’outil associé au motoculteur est appelé

glebet) pour casser les mottes de terres retournées ;

- au même moment, les pépinières sont ensemencées à la volée et peuvent être recouvertes de feuilles afin de protéger des oiseaux ;

- repos de 15 à 30 jours du sol ; - troisième passage du motoculteur

pour la mise en boue de la parcelle à l’aide d’une herse (garut/sisir). Ceci permet de mettre à niveau le sol prêt à être repiqué. 2 Hj.

(Julie Becu, 2006) Operateur de motoculteur, Ujong Blong Repiquage des plants de riz Lors de cette étape, le niveau d’eau est légèrement diminué afin de faciliter l’implantation des plants nouvellement repiqués. L’eau est en circulation permanente. Lorsque les plants de la pépinière ont 25 jours (environ 15 cm de haut), ils sont déterrés, mis en bottes en attendant d’être repiqués en rizière. Ce travail minutieux prend un temps considérable. Il est très courant que les agriculteurs réalisent ce travail en groupe (gotong royong). Chaque jour, tous les membres du groupe vont travailler sur la parcelle d’un seul agriculteur et changent de parcelle le jour d’après. Ceci permet le repiquage de chaque parcelle rapidement. L’irrigation Du tallage à la maturation, l’eau inonde la parcelle de quelques centimètres et circule en permanence. Parfois l’agriculteur assèche sa parcelle quelques jours pour permettre aux rejets de prendre ou pour faciliter la collecte d’escargots. La fertilisation Les agriculteurs utilisent habituellement un mélange de 3 engrais qui permettent un apport complet en NPK. Ils peuvent réaliser 1 à 2 apports selon leurs moyens et les besoins du sol : 10 jours après le repiquage et 1 mois après. Pour un hectare, les quantités apportées sont les suivantes :

- engrais azoté (« urea ») : 150-200 kg - engrais phosphate (« TSP/SP 36 ») : 100-150 kg - engrais potassique (« KCL ») : 50-75 kg

Les agriculteurs utilisent souvent un engrais foliaire (pulvérisé) durant le premier mois (tallage et pousse des rejets). Selon les moyens de l’agriculteur, il décidera de

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Page 38: Rapport Diagnostic Agraire Final

ne l’appliquer que si les feuilles sont jaunes (manque de fumure azotée). Une deuxième application peut-être envisagée lors de la floraison. Les marques utilisées sont souvent le MitraFlora ainsi que la Seprin. Le désherbage

- 15 jours à 1 mois après le repiquage, il est fréquent d’utiliser un herbicide (DMA). Si nécessaire, ceci peut être complété par un désherbage manuel ;

- Les familles les plus pauvres peuvent envisager un sarclage totalement manuel réalisé préférablement avant la deuxième fertilisation. Cette opération prend alors un temps très important (environs 30 Hj contre 3 avec herbicide). L’agriculteur utilise un outil appelé gosrok.

(Julie Becu, 2006) Pulvérisation de désherbant, Suak Bilie

Le gardiennage de la rizière contre les oiseaux Il a lieu seulement le dernier mois (floraison et maturation). Il n’est pas systématique et peut être réalisé par les femmes et enfants ou tout simplement en posant des épouvantails. Le fait de regrouper les périodes de repiquage de tous les agriculteurs permet entre autre d’éviter que du riz arrive a maturation sur des parcelles isolées, car il serait alors sujet a une pression trop importante des oiseaux. La récolte, le battage et le séchage Un mois avant la récolte, la rizière commence à être asséchée afin de faciliter la récolte. Elle a lieu 90 jours après le repiquage et se compose de plusieurs étapes :

- la récolte proprement dite doit se faire en un jour. Le travail étant considérable, les riziculteurs la réalise souvent en groupe : les hommes moissonnent à la faucille et les femmes font les bottes de riz ;

- le battage du riz ne se fait plus en groupe mais individuellement à l’aide d’une batteuse (prontok) souvent louée à un autre villageois ;

- le séchage des grains de paddy dure 2 à 3 jours. ( (Julie Becu, 2006)

Paddy à sécher, Suak Bilie

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Page 39: Rapport Diagnostic Agraire Final

L’usinage Après la récolte, le riziculteur vend environ la moitie de sa récolte au moulin à riz du village. L’autre partie est stockée dans une grange à riz familiale et sera usinée au fur et à mesure selon les besoins alimentaires de la famille. Au cours de l’usinage du riz, les grains de paddy débarrassés de leurs glumes sont polis, blanchis. La poudre de son résultante est un aliment pour les canards. 3. L’association de légumes en bordure de champ

Certains agriculteurs possèdent quelques plants de manioc, haricot ou maïs le long de leurs parcelles. Ceci leur permet de marquer physiquement la limite entre leur parcelle et celle du voisin tout en permettant de mieux fixer les billons séparant les parcelles et sur lesquelles les riziculteurs circulent.

Riz ManiocHaricotMaïs

4. Calendrier et temps de travail

Le calendrier de travail ci-contre permet de voir quels sont les pics de travail pour la riziculture (Hj pour une surface de 1ha).

20Hj 2 Hj 2 Hj 15-20 Hj

MaiMarsJanvier Février Avril

6 Hj10 Hj 8-30 Hj 15 Hj

Les pics de travail concernent donc les périodes de repiquage et récolte. En effet le travail ne peut être étalé dans le temps. Le repiquage ou la récolte d’une parcelle d’un seul agriculteur se fait au maximum sur 2 jours. Le travail d’entretien de la parcelle (sarclage, canaux d’irrigation, pesticide) est aussi considérable mais peut s’étaler sur une durée plus longue.

prép sol semis/transplant

engrais

sarclage/pesticide/entretien canaux

gardiennage récolte

battage/séchage

Sur ce tableau nous voyons que ce sont les femmes qui réalisent une grande partie du travail. Elles se mobilisent essentiellement lors du repiquage, des travaux de désherbage s’il est manuel et pour le gardiennage. Notons aussi que les enfants participent au gardiennage après la fin des classes.

Temps de travail en Hj pour une surface de 1 ha Opérations

culturales ♂ surtout

♀ surtout ♂ / ♀

Préparation du sol 10 Pépinière-repiquage 20 Entretien canaux 3 Fertilisation 4 Désherbage 3-25 Pesticides 2 Gardiennage 15 Récolte 15-20Battage 4Séchage 2

Sous-totaux 18 40 - 62 19-24 Total 77-104

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5. Rendements et principaux coûts intermédiaires

Les rendements sont de 3 à 5 tonnes de paddy en système irrigué. Ils sont moindres lors de la première saison rizicole en début d’année. Les agriculteurs vendent en général la moitié au moulin au prix de 400-450 000 Rps les 180 kg (mesure locale appelée kuncha). On peut donc estimer que la vente de la moitié de sa récolte rapporte entre 3,5 et 6 millions de Rps selon les rendements et les prix du marché. L’autre moitié destinée à l’autoconsommation et aux semences est usinée par quantité de 180 kg aussi. 1 kuncha de paddy usiné produit en général 110 kg de riz. L’agriculteur conserve 90 kg de riz pour lui et paye en nature le propriétaire du moulin 20 kg de riz. Les principaux coûts intermédiaires pour une surface de 1 ha sont :

- La location d’un motoculteur allant de 600 000 Rps à 1 millions de Rps2 ; - L’achat d’engrais pouvant aller de 500 000 à 1 millions de Rps ; - L’achat d’herbicides et de pesticides situe aux alentours de 500 000 Rps.

A ces principaux frais se rajoutent la location d’une batteuse, les frais de main-d’œuvre, les frais d’usinage du riz. Si l’agriculteur est en fermage, les frais de « location » d’une parcelle de 1ha peuvent varier entre 1,5 et 3,5 millions de Rps selon la localisation du champ (cf. partie 4.2.). Les métayers auront eux à partager le produit de la récolte avec le propriétaire. Il est difficile ici de calculer une valeur ajoutée du fait du manque de précision de l’analyse. Nous pouvons cependant remarquer que si la récolte se passe mal, le capital obtenu par la vente de la moitié de la récolte peut être rapidement rattrapé par la hauteur des couts intermédiaires.

Essai de calcul de la valeur brute ajoutée (4T/ 1ha) : Produit brut (PB) 2T de paddy vendu au moulin : (2000 / 180 kg) * 425 000 Rps = 4 722 222 Rps 1T de riz autoconsommé3 : 1000 kg * 1300 Rps = 1 300 000 Rps Consommations intermédiaires (CI) Frais d’usinage de 2T de paddy : 222 kg * 1300 Rps = 288 600 Rps Location du motoculteur : 800 000 Rps Achat de l’engrais : 750 000 Rps Achat d’herbicides : 500 000 Rps

VAB = PB- CI = 3 683 622 Rps/ha (368 euros)

Le paiement de nombreux frais de location et même d’engrais peuvent d’ailleurs se faire après la récolte. Ceci permet à l’agriculteur une plus grande marge de manœuvre malgré les risques de réaliser une mauvaise récolte, notamment en cas de problème d’irrigation ou de ravages par des insectes ou cochons.

2 Notons qu’un motoculteur d’occasion peut s’acheter à 5 millions de Rps et un motoculteur neuf coüte environ 10 millions de Rps. 3 2 tonnes de paddy sont usines pour l’autoconosommation donnent 1222 kg de riz (1000 pour l’agriculteur et 222 kg pour payer le proprietaire du moulin)

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Page 41: Rapport Diagnostic Agraire Final

4.1.3. Les systèmes de culture maraichers : SC 2, 3, 4 et 5 Notre zone d’étude présente une assez grande diversité de légumes cultivés. Comme le montre le tableau suivant, les agriculteurs distinguent différentes catégories de « légumes ».

Palawija Autres légumes Fruits et épices

Arachide Maïs Soja Haricot Mungo Manioc

Haricot Piment Concombre (2 variétés) Aubergine (2 variétés) Tomate (2 variétés) Courges (labu, gambas) Epinards de 3 types (sawi, bayam, kangkum)

Gingembre Pastèque

Il s’agit plus d’une classification « traditionnelle » que de catégories rigoureusement distinctes avec des caractéristiques bien spécifiques par type. Ainsi, il est fréquent que la définition des palawija varie selon la personne. 1. Calendrier cultural

Sur notre zone d’étude, il semble que l’un des facteurs les plus influents sur la stratégie des agriculteurs soit le prix du marché. La fluctuation des prix des légumes au cours de l’année est relativement importante. Ainsi, il est fréquent que les agriculteurs ne suivent pas de calendrier cultural précis mais gèrent leurs SC au fur et à mesure selon la fluctuation des prix et les besoins du moment. Comme le montre le tableau suivant, il n’existe pas pour le maraichage de véritable calendrier cultural suivant les différentes saisons.

Janv Fév Mars Avril Mai Juin Juillet Aout Sept Oct Nov Déc

PLUIE PLUIE+ PLUIE - PLUIE + PLUIE - PLUIE +++ Pastèque Piment Haricot mungo Arachide Soja

Pas de saisons (cycles d'environs 3 mois)

Haricot vert Aubergine Concombre Courge Epinards Maïs

Pas de saisons (cycles de moins de 3 mois) prép solsemis récolte

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Page 42: Rapport Diagnostic Agraire Final

La pastèque et le piment se distinguent des autres variétés en 2 points :

- l’échelonnement de la récolte sur plusieurs mois (plus de 2 mois de récolte continue) ;

- l’augmentation de la demande sur le marché au moment du Ramadan et du mois de la Mecque.

Il semble en effet que ces 2 évènements religieux aient une grande influence sur les SC comportant la culture de piments et pastèques. Les autres légumes ont des cycles culturaux de moins de 3 mois et ne suivent pas de calendrier précis. Il n’existe pas non plus pour ces légumes de « pics » de la consommation. En parallèle à ces légumes, les agriculteurs plantent aussi du manioc et de l’aubergine qui, une fois plantés, se récoltent sur plus d’un an. Ces légumes ne s’inscrivent donc pas non plus dans un calendrier cultural précis. Nous pouvons cependant dégager quelques analyses permettant de comprendre les stratégies des agriculteurs. (Julie Becu, 2006)

Agricultrice, Padang Panjang 2. Analyse des SC maraichers

a. Choix de la grandeur des surfaces cultivées

En général, l’arachide (associé au maïs ou non) et la pastèque sont cultivées sur de grandes surfaces (1/2 à 1 ha). Le concombre et le piment le sont aussi mais pas systématiquement. Les autres légumes aux cycles culturaux plus courts, sont cultivés sur des petites surfaces (quelques centaines de m²). L’agriculteur partage alors son champ en plusieurs parcelles de légumes distincts. Plusieurs facteurs expliquent ce choix :

• La longueur des cycles culturaux des palawijas (arachide, soja, haricot mungo), de la pastèque et du piment sont supérieurs à ceux des autres légumes : cycles culturaux respectivement supérieurs et inférieurs à 3 mois. De plus, le piment, le haricot et le concombre se récoltent de façon échelonnée sur plusieurs semaines ce qui rallongent le cycle. Ainsi, l’agriculteur qui décide de cultiver une espèce à cycle assez long doit obligatoirement réserver cette parcelle durant plusieurs mois. Dans ce cas l’agriculteur peut préférer cultiver une grande surface afin que la récolte soit considérable et puissent compenser la longue période d’attente.

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Page 43: Rapport Diagnostic Agraire Final

• L’arachide est très appréciée des cochons, une clôture est presque obligatoire sous peine de perdre une grande partie de la récolte. Il n’est pas rentable de clôturer la parcelle d’arachide si il ne s’agit que d’une petite surface. b. Investissements possibles en temps de travail et en argent

Le piment et la pastèque nécessitent une grande quantité d’engrais (fumier de chèvre notamment) ainsi qu’une présence quasi permanente de l’agriculteur. Son temps de travail est monopolisé durant tout le cycle cultural.

c. Production pour l’autoconsommation ou la vente - Les agriculteurs se spécialisant dans la vente d’oléagineuses (arachide, soja, haricot mungo) consacreront donc une surface importante à cette culture. Dans ce cas, il est fréquent qu’une petite surface de quelques mètres carrés soit cultivée en légumes pour l’autoconsommation (haricot, manioc, aubergine, légumes type épinard). Ceci se retrouve dans le SC 2. - Si le producteur préfère vendre des légumes au marché, il est fréquent qu’il cultive un échantillon de plusieurs variétés sur de plus petites surfaces. Un champ sera divisé en quelques petites parcelles de légumes différents. Les cycles culturaux étant courts (1 à 2 mois), il est possible pour l’agriculteur d’enchainer une succession de plusieurs légumes plus ou moins variés. Il s’agit du SC 5. 3. Les 4 SC maraichers définis sur notre zone d’étude

SC2 : haricot mungo/soja/arachide (HM/S/A) SC3 : SC2 intégrant des cycles de légumes à cycles longs (pastèque, piment) SC4 : SC1 (riz) intégrant des cycles maraichers (arachide, piment, pastèque) SC5 : jardin-potager

arachide haricot mungo

soja

SC2 arachide haricot mungo

soja pastèque

piment

SC3

riz riz

riz

Les itinéraires techniques des légumes concernés par ces systèmes de culture maraichers sont présentés en annexe VI.

piment

SC4

arachide

SC5 legA legB legC friche

legD friche legA legE

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Page 44: Rapport Diagnostic Agraire Final

SC 2 : haricot mungo/arachide/soja

Il s’agit ici d’une rotation haricot mungo, arachide et soja. Ce SC est relativement répandu et principalement destiné à la vente. Il se met en place sur des surfaces considérables (rarement moins de ½ ha). Ces 3 oléagineuses ont des cycles courts (2 à 3 mois) ce qui permet une rotation sur un an avec 3 récoltes par an comme le montre le calendrier de travail suivant. Janv Fév Mars Avril Mai Juin Juillet Aout Sept Oct Nov Déc

PLUIE PLUIE+ PLUIE - PLUIE + PLUIE - PLUIE +++ HM Soja Arachide

Maïs Pour chaque culture, nous avons distingué 2 cas selon l’importance de la préparation du sol. Ainsi, ce SC permet d’alterner régulièrement différentes culture ce qui restreint le risque de dégâts causés par les pestes. De plus, l’exploitation des ressources du sol est différente selon les cultures ce qui permet d’équilibrer et limiter l’utilisation d’engrais. Notons que l’arachide (légumineuses) permet un recyclage important de la fertilité grâce aux résidus de récolte riches en azote. Il existe quelques variantes pour les différents SC selon que le travail du sol est complet (labour au motoculteur) ou partiel (désherbage à l’herbicide). Cela dépend en général des moyens financiers de l’agriculteur : un agriculteur ayant moins de moyen préférera limiter les couts sur la préparation du sol en n’effectuant qu’un désherbage au Round Up. Le temps de travail (pour 1 ha)

prép sol semis

engrais sarclage récolte

Haricot Mungo Arachide (+ maïs) Soja Temps de travail par

opération culturale (Hj) ♂

surtout ♀

surtout ♂ / ♀ ♂ surtout ♀ surtout ♂ / ♀ ♂

surtout ♀

surtout ♂ / ♀

Préparation de la terre 1 1 1 Semis 14 14 (+ 1) 14Sarclage 40-50 40-50 40-50 Fertilisation et pesticide 2 2 2Arrosage 7 7 7 Gardiennage 3 3 3Récolte et séchage 6 35 (+ 10) 20

Sous totaux : 73 à 83 113 à 123 87 à 97 Total : 273 à 303

arachide haricot mungo

soja

SC2

Temps indiqués pour l’arachide (+ maïs)

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Page 45: Rapport Diagnostic Agraire Final

SC 3 : SC 2 + pastèque et/ou piment

arachide haricot mungo

soja pastèque

piment

SC3

Il s’agit d’une variante du SC 2 dans le sens où l’agriculteur diversifie sa production en intercalant dans les cycles culturaux du SC2 un cycle cultural d’un autre légume (pastèque, haricot et piment principalement) entre 2 cycles culturaux d’oléagineuses. Cette alternance ne se fait pas selon un calendrier cultural précis. L’agriculteur peut choisir par exemple de produire des pastèques pour la période du Ramadan. Les temps de travail (pour 1/8 ha)

Piment Haricot Temps de travail par

opération culturale (Hj) ♂

surtout ♀

surtout ♂ / ♀ ♂ surtout

♀ surtout ♂ / ♀

Préparation de la terre 12 5 Transplant/semis 35 2 Sarclage 6 Fertilisation et pesticide 15 3 1 Récolte et séchage 100 20

Sous totaux : 165 34 (Julie Becu, 2006)

ak BilieChamp d’arachide associé à du maïs, Su

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Page 46: Rapport Diagnostic Agraire Final

SC 4 : SC 1 + cycles légumes

riz riz

riz arachide

SC4

piment

Il s’agit d’une variante du SC1 dans le sens où l’agriculteur diversifie sa production

s

ette alternance ne se fait pas selon un calendrier cultural précis mais dépend en

en intercalant un cycle cultural maraicher (arachide, piment, pastèque) entre 2 cyclerizicoles. Cgénéral de facteurs extérieurs que l’agriculteur ne contrôle pas forcément. Citons les 3 principaux cas où l’on peut retrouver cette situation :

- Entre 2 cycles culturaux de riz, il arrive que l’agriculteur cultive des légumes à

-

cycles courts (moins de 3 mois). Il s’agit principalement de maïs ou de l’arachide (cf. itinéraires techniques SC2). Si l’irrigation est défaillante durant quelques mois et empêche les riziculteurs

- saison sèche qui dure trop longtemps

de suivre une saison rizicole, la parcelle peut être valorisée en y cultivant quelques cycles culturaux de légumes moins demandeurs en eau que le riz (haricot, piment, soja, arachide, courge, etc.). Ceci a été le cas suite au tremblement de terre du tsunami, lors de réparations du canal d’irrigation primaire, en saison sèche. Dans la même idée, une peut

- ichage encourager le riziculteur à cultiver des légumes durant quelques mois. Certains agriculteurs décident aussi de transformer leur rizière en marasur une longue période même si l’irrigation est suffisante. C’est le cas d’agriculteurs qui possèdent une grande surface en riz et peuvent se permettre d’en consacrer une partie pour des légumes (diversification). Les légumes permettant une meilleure productivité de la terre que le riz, certains agriculteurs tentent le maraichage durant un temps en espérant augmenter leur revenu. Ils auront alors à acheter le riz pour la consommation familiale.

e SC est intéressant car selon la culture qui est mise en place, le renouvellement

e de légumes se fait

Cde la fertilité du sol est assure (notamment grâce a l’arachide). Cela demande cependant un travail supplémentaire. La cultursur des terres hautes ce qui suppose que la rizière soit préalablement drainée et labourée. Si la parcelle est ensuite reconvertie en rizière, une mise en boue sera nécessaire.

46

Page 47: Rapport Diagnostic Agraire Final

SC 5 : jardin-potager

SC5 legD friche legA legE

legA legB legC friche

Il s’agit d’un jardin-potager où l’agriculteur cultive plus

des jachères

payers en bordure de

a suivant permet de visualiser à un instant t ce SC.

e SC sert à l’autoconsommation mais aussi à la vente. Les femmes peuvent être

n peut retrouver aussi ce SC sur de très petites parcelles autour de la maison.

ieurs variétés de légumes sur de petites surfaces (moins de ¼ ha). Il s’agit en général de légumes à cycles de moins de 3 mois associés à quelques plants de manioc et d’aubergine. Ainsi, une rotation assez courte se met en place sur la parcelle avec plus ou moins longues (quelques semaines à plusieurs mois). L’agriculteur plante aussi quelques plants de bananiers ou paparcelle. Le schém

aubergines haricots

Cles principales gérantes de ce type de parcelle. En effet, il ne s’agit jamais de gros travaux mais d’un entretien régulier des différentes cultures : arrosage, apport de petites quantités d’engrais, labour à la pelle et désherbage manuel. C’est aussi la femme qui vend les produits au marché quotidiennement ou sur le bord de la route. O

concom

bre

courges

manioc

papayer

bananier

jachère

47

Page 48: Rapport Diagnostic Agraire Final

4.1.4. Les systèmes de culture des plantations : SC 6, 7 et 8

ous n’étudierons ici que les plantations familiales, c'est-à-dire au sein desquelles

cultures

Nest mobilisée une main-d’œuvre essentiellement familiale. Sur notre zone d’étude, nous considérerons 3 types de plantations : hévéa, palmier à huile et cacao. Comme nous le verrons par la suite, l’association de cultures vivrières aux pérennes les premières années est assez fréquente. Elle permet une meilleure productivité de la terre et une gestion plus efficace de la force de travail (l’entretien de la parcelle étant assuré par les travaux quotidiens sur les cultures vivrières).

SC 6 : HEVEA

Il existe principalement 2 types de plantation d’hévéa en Indonésie :

e couverture ou

-

. Les différents types de plantations rencontrés

- la monoculture stricte. Les premières années, une plante dune culture intercalaire peuvent être associées. C’est le cas principalement des plantations industrielles que nous n’étudierons pas ici. les systèmes agro-forestiers. Ils peuvent être extensifs ou intensifs (clones).

1

Les plantations d’hévéas extensives. Celles-ci datent en général des années 50-

de clones multipliés

s

60 lorsque le gouvernement ne distribuait pas encore de plants d’hévéas clonés. Les plants étaient en général produits par les producteurs eux-mêmes. On observe ce type de plantation sur la côte ou en bordure de la plaine rizicole. Les plantations d’hévéas clonés à haut rendement. Il s’agit par greffage en pépinière. Leur durée de vie est limitée à 35-40 ans et leur hauteur ne dépasse pas 20 m. A Aceh, ces plantations datent des distributions gouvernementales des années 70/80. Elles ont eu lieu principalement dans les villages des collines (zone 4). Seuls les producteurs très aisés peuvent aujourd’hui se permettre d’acheter eux-mêmes ces plants (achetés à Medan, 6000 Rps/plant).

ous n’établirons pas 2 SC différents selon qu’il s’agisse de plantations d’hévéaNclonés ou non car l’itinéraire technique de ces 2 modèles est très semblable.

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Page 49: Rapport Diagnostic Agraire Final

2. L’itinéraire technique

Préparation de la parcelle i ont 25/30 ans d’âge ont souvent été plantées sur d’anciennes

rêt. Ceci

eux-mêmes ont des pépinières et transplantent à

années, les hévéas soient associés à du maraichage (palawija,

pas systématique mais peut se faire jusqu’à tant que la parcelle soit en

être assez fréquent (défrichage 3 à 4 fois par an) alors qu’il peut

b. Plantation en cours de production (à partir de 5-7 ans)

Le drainage du sol tations d’hévéas n’est pas systématique car elle n’est pas nécessaire

re. Or en saison des pluies, les parcelles subissent un fort lessivage. Mais les

lle se fait simplement à la main deux à trois fois par an. Il est plus

a. Phase d’installation de la plantation (1 à 5-7 ans)

- Les plantations d’hévéa quparcelles de riz pluvial. L’agriculteur doit alors drainer sa parcelle puis transplanter.

- Les nouveaux planteurs établissent leurs plantations sur des parcelles en fosuppose un gros travail de défrichage par abatis-brulis.

Préparation des plants et implantation Les personnes qui produisent leurs plants1 an. L’espacement est de 4 à 5 m entre 2 arbres, soient environ 450 arbres par hectare.

Eventuelles associations Il arrive que les premières bananier, manioc). Ceci permet de tirer un profit de la parcelle en attendant que les hévéas soient productifs et d’entretenir le sol pour qu’elle ne revienne pas en friche.

Fertilisation Celle-ci n’est production. Tous les 6 mois, une fertilisation NPK est apportée (environs 150 kg /ha).

Entretien de la parcelle Au début, l’entretien doit être moins régulier après quelques années : désherbage à la machette sur la ligne de plantation afin de faciliter les saignées.

Le drainage des plansur certains types de sol en zone 4 possédant une très forte capacité drainante. Cependant, les plantations qui se trouvent dans des bas-fonds sont longées par des drains secondaires et quadrillées par des petits drains tertiaires afin d’éviter des inondations en saison des pluies (baisse de la production).

Fertilisation Elle est très raagriculteurs n’ont pas les moyens et placent la priorité sur les cultures vivrières. Une fertilisation régulière était possible lorsque le gouvernement soutenait les petits planteurs (années 70/80). Notons cependant qu’une plantation d’hévéas recycle elle-même des éléments nutritifs lors de la chute annuelle de feuilles. Entretien de la parcelle Le défrichage de la parceaisé de réaliser ces travaux en saison sèche.

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Page 50: Rapport Diagnostic Agraire Final

Saignée et récolte (saisons)

• Saignée La sa iste à pratiquer une encoche dans l’écorce formant une spirale orientée de

l’intersaison. Selon les

toujours le

Ceci t simplement à récolter le latex qui coule le long de l’ouverture et se dépose

. Le cycle de production

ignée conshaut en bas et de la gauche vers la droite. Le couteau utilisé porte le nom de gouge (pisau deres). Celle-ci s’effectue tous les jours (tôt le matin principalement).

Durant 3 mois (avril-juillet) la production diminue très fortement ; c’estpriorités et sources de revenus des agriculteurs, certains vont faire le choix d’arrêter la saignée pour ne pas perdre en productivité du travail. Ceci permet de stimuler la production de latex quand les saignées reprennent. D’autres vont continuer à saigner régulièrement, même si la production est moindre, car ils n’ont pas d’autres sources de revenus.

De façon générale, la saignée exige un personnel très qualifié ce qui n’est pas cas parmi les producteurs. Si une encoche trop profonde est entretenue durant plusieurs semaines, la productivité de l’arbre peut être affectée.

• Récolte consiste tou

dans un récipient (en général une noix de coco) grâce à une petite gouttière (une feuille d’hévéa séchée). Afin que le latex ne sèche pas complètement avant d’arriver à l’usine, la récolte est conservée dans un milieu humide. La vente se fait une fois en fin de mois.

3

Janv Fév Mars Avril Mai Juin Juillet Aout Sept Oct Nov Déc

PLUIE PLUIE + UI PL E- PLUIE + PLUIE - PLUIE +++

Cycle morphologique Production moyenne Défoli liation ation-refo Floraison Forte production

Rendements moyens

(par mois)

SNon cloné : 30 kg/ mois

ueNon cloné : 10 kg/ mois

Saignée uf pluie) Non cloné : 110 kg/ mois

aignées quotidiennes

Cloné : 75 kg/ mois

Saignées très ponct lles

Cloné : 25 kg/mois

s quotidiennes (sa

Cloné : 200 kg/ mois

Les orrespo de 1ha en p ans).

On

quantités produites c ndent à une plantation leine production (8-10

peut évaluer la production annuelle moyenne d’une plantation d’hévéas non clonés à 600kg/ha et d’hévéas clonés à 1,2 T/ha.

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Page 51: Rapport Diagnostic Agraire Final

SC 7 : PALMIERS A HUILE

Comme nous le verrons dans la définition des SP, les planteurs de palmier à huile (PaH) se situent essentiellement en zone 4, sur les collines. Cette zone a été généralement peuplée il y a peu de temps et était anciennement en forêt. Les plantations de PaH ont souvent succédé aux plantations d’hévéa ou directement sur de nouveaux fronts pionniers. Il existe aussi quelques plantations sur la côte et les berges de rivières. En effet, la constitution des sols de ces zones convient parfaitement au PaH qui n’est pas très exigeant. Néanmoins, le fait qu’il s’agisse en général de sols meubles et drainant est un plus. C’est notamment cette caractéristique que recherche les nombreuses plantations industrielles s’installant sur les collines ferralitiques. Les plantations en bas de pentes et en bas-fonds devront impérativement être drainées.

1. Les différents types de plantations rencontrés

Les plantations familiales. Celles-ci dépassent rarement 1ha/famille. Les plantations patronales. Celles-ci sont de l’ordre de 15-20 ha. Les plantations industrielles/capitalistes. Elles sont très nombreuses sur tout le district. On dénombre 1 plantation gouvernementale et 8 plantations privées (dont la SOCFINDO, société indo-belge aujourd’hui) qui font chacune plus de 100 ha. Dans les palmeraies industrielles, les arbres sont sélectionnés pour leurs forts rendements et leur croissance rapide. Les arbustes sont plantés sur des sols défrichés et protégés par des plantes de couverture. Nous n’étudierons de façon détaillée que les plantations familiales. La gestion des plantations patronales sera abordée dans l’analyse des SP.

2. L’itinéraire technique

Notons que l’itinéraire technique peut varier qu’il s’agisse de plantations sur la côte ou sur les collines. En effet, en zone 4, les ouvriers de plantations industrielles possèdent souvent de petites parcelles familiales et se servent du savoir-faire acquis dans leur travail et le transfert par la même occasion aux autres planteurs. En zone 1 et 2, les planteurs n’ont souvent pas eu accès aux connaissances plus techniques des ouvriers de plantations industrielles des collines.

a. Phase d’installation de la plantation (1 à 3-4 ans) Préparation de la parcelle et transplant Les palmeraies familiales sont installées sur d’anciennes rizières ou plantations d’hévéa. Selon le précédent, la parcelle doit être soit drainée soit défrichée par abatis-brulis.

Des plants âgés de 3 à 4 mois sont transplantés avec un espacement de 8m par 9m (soit environ 130 arbres/ha). Notons que la première année, les agriculteurs doivent souvent construire une clôture afin de protéger les jeunes plants des cochons.

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Page 52: Rapport Diagnostic Agraire Final

Entretien de la parcelle Les agriculteurs nettoient manuellement les ronds autour des arbres. Certains agriculteurs emploient un herbicide (Round Up, Polaris, Ally) ou retourne la terre à la pelle. Les interlignes sont simplement nettoyées à la faucille. Ce type d’entretien se fait 2 fois par an, lors des moindres pluies.

Fertilisation Celle-ci n’est pas systématique et dépend du revenu de l’agriculteur. En général, la fertilisation est régulière tant qu’il y a une aide gouvernementale ou de plantations (PIR) et devient beaucoup plus sporadique lorsque les agriculteurs ne sont plus soutenus. Il est habituel de fertiliser 1 à 2 fois par an en NPK les premières années puis, de ne plus fertiliser quand la plantation est productive (sauf plantations patronales et industrielles).

b. Plantation en cours de production (à partir de 3-4 ans)

Entretien de la parcelle et fertilisation L’entretien se fait selon le même procédé que les premières années. La fertilisation comme nous l’avons dit précédemment, est rare lorsque les paysans ne reçoivent pas d’aide. Les producteurs les plus aisés (exploitation patronale) apportent une fertilisation NPK 2 à 3 fois par an. Cependant, l’insuffisance d’encadrement par le gouvernement et les industries, couplé à l’absence de crédits pour les petits planteurs entraîne des fertilisations faibles en plantations familiales. D’où des productions souvent réduites pour les petits producteurs.

Nettoyage des couronnes et élagage (minunas) C’est une opération importante mais difficile à comptabiliser en temps de travail car elle est souvent réalisée au fur et à mesure, tout le long de l’année.

Récoltes Il s’agit de récolter les régimes mûrs de chaque arbre à l’aide d’une faucille combiné à un système d’allonge (pisau dodos). Les régimes sont ensuite rassemblés le long des pistes où ils seront directement récupérés par un collecteur (agen). Les récoltes se font toutes les 2-3 semaines. Certaines plantations industrielles travaillent avec des collecteurs venant spécifiquement acheter les récoltes des paysans installés dans la zone d’attraction de l’industrie.

3. Le cycle de production

3m diamètre

Rond

Janv Fév Mars Avril Mai Juin Juillet Aout Sept Oct Nov Déc

PLUIE PLUIE + PLUIE- PLUIE + PLUIE - PLUIE +++

Cycle morphologique Forte production Production moyenne Floraison

Faible production

Rendements moyens (kg/mois) 1200 600 300

Les quantités produites correspondent à une plantation de 1 ha en pleine production (plus de 5 ans).

On peut évaluer la production annuelle moyenne d’une plantation de palmiers à huile à 7,5 T de régimes par ha soit environ 1500 kg d’huile pour 1ha (environ 20 % d’extraction d’huile).

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Page 53: Rapport Diagnostic Agraire Final

SC 8 et 9 : CACAO

Sur notre zone d’étude, on distingue principalement deux SC nettement distincts. Le cacao de « jardin » (SC8) planté sur le terrain autour de la maison et associé à d’autres grands arbres communs comme le cocotier, le pinang ou des arbres fruitiers (bananier, rambutan). Selon les exploitations, on dénombre entre 3 et 20 cacaoyers plantés autour de la maison. Les plantations de cacao (SC9) en tant que telles qui s’étendent sur des surfaces de ½ à 1 ha. Ici, on peut considérer 3 variantes de ce SC selon la zone où l’on se trouve :

- En zone 2, on retrouve principalement une association cacao-banane-cocotier-pinang. Les plantations se trouvent le long de la rivière et souvent sur l’emplacement d’anciennes parcelles de maraichage. Elles datent de moins d’une quinzaine d’années et ne proviennent pas des distributions gouvernementales. Les planteurs créent eux-mêmes leurs pépinières.

- En zone 4, sur les berges de rivières, on trouve aussi d’autres types d’associations telles cacao-hévéa ou cacao-pete. Ceci permet à des producteurs dont la plantation d’hévéa est en décroissance de générer un revenu supplémentaire. Ces plantations sont récentes (moins de 5 ans) et sont souvent installées sur d’anciennes zones maraichères qui ont été abandonnées pour diverses raisons : pression des ravageurs (dont cochons), difficultés à gérer la crue de la rivière. De plus, durant les années GAM, il était dangereux de se rendre sur ces zones jugées trop éloignées.

Ici nous étudierons plus précisément les plantations de cacao (SC9) et nous ferons un point sur la manière dont un producteur gère le « cacao de jardin » (SC8).

SC 8 : le cacao de jardin Ce qui distingue ce SC d’une plantation de cacao (SC9) c’est l’absence d’entretien de la parcelle. En effet, les alentours de la maison sont déjà entretenus par la maîtresse de maison et les cacaos font donc partis de son champ d’activités quotidiennes. La fertilisation n’est jamais pratiquée. Seuls les produits phytosanitaires sont toujours appliqués sous peine pour l’agriculteur de voir sa production anéantie. Les opérations de récolte et post-récolte se font de façon plus spontanée et quotidienne par la maîtresse de maison. En parallèle a l’entretien du cacao, ce SC inclue aussi la gestion des autres essences d’arbres présentes dans le jardin de l’exploitant (bananiers, pinangs, cocotiers, autres arbres fruitiers).

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Page 54: Rapport Diagnostic Agraire Final

SC 9 : les plantations de cacao 1. L’itinéraire technique

a. Phase d’installation de la plantation (1 à 2 à 3 ans)

Le réglage de l’ombrage Le cacao est presque systématiquement associé à d’autres plantations pérennes plus hautes pour permettre un ombrage nécessaire aux jeunes plantations. L’agriculteur anticipe et plante certains arbres quelques années avant les cacaoyers.

Préparation de la parcelle : Après du maraichage, la parcelle est simplement désherbée avec un herbicide. Aucun labour n’est nécessaire. Pépinière et plantation Si l’agriculteur n’a pas bénéficié d’aide, les plants sont préparés à partir de fèves récupérées auprès d’autres producteurs. Les fèves de cacao sont semées dans des sachets de polyéthylène perforés durant 3 à 6 mois. Seuls les agriculteurs les plus riches peuvent se permettre d’acheter à Medan des plants produits à partir de semences sélectionnées (hybrides). Les distances de plantation sont en général de 3 à 5 m. Du fait de la présence d’autres essences d’arbres sur la parcelle, la densité de cacao varie de 300 à 800 plants par ha.

Eventuelles associations : Il arrive que les premières années, les cacaos soient associés à du maraichage (palawija, haricot, maïs).

(Julie Becu, 2006) Jeune plantation de cacaos, Ujong Sukonei

Entretien de la parcelle : Les jeunes parcelles de cacao sont bien entretenues (herbicides les 2 premières années). En effet, l’ombrage n’est pas encore optimal et les mauvaises herbes poussent rapidement. Fertilisation Elle est très rare car les cacaoyers qui se trouvent sur les berges de rivières bénéficient d’une fertilisation naturelle : crue annuelle entre novembre et décembre inondant les berges durant une journée (jusqu’à 500 mètres du lit de la rivière). Les berges des rivières étant aussi un lieu de parcage du bétail (buffle, vache et chèvre), cette crue a l’avantage de répandre le fumier des étables sur les parcelles.

Cacao

Maïs

Bananier

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Page 55: Rapport Diagnostic Agraire Final

b. Plantation en cours de production (à partir de 3 ans) Entretien de la parcelle Durant toute la phase de production, un défrichage à la machette est pratiqué tous les 3 à 5 mois. Le Round Up est parfois utilisé sur les interlignes afin d’accélérer le travail dans les zones où la végétation spontanée est encore importante.

L’égourmandage Cette opération consiste à éliminer les gourmands pour favoriser la formation de la couronne à la hauteur souhaitée (problème d’ombrage). Cette taille se fait au fur et à mesure, on ne distingue pas de période spécifique.

La récolte Elle se fait à l’aide de machettes. La cabosse doit être récoltée au bon moment. Plusieurs passages très réguliers dans la parcelle sont donc nécessaires (2 à 3 fois par semaine).

Les opérations post-récolte - Le décabossage : Celui-ci est réalisé à la maison, par les femmes, à l’aide de « gourdins » pour briser les cabosses et en extraire les fèves. - La fermentation des fèves : Elle dure en général 2 jours et se fait dans des goni (panier de bambou). - Le séchage : Il dure 3 à 4 jours en exposant les fèves au soleil.

(Julie Becu, 2006)

Cabosse et fèves de cacao mises à sécher, Ujong Sukonei

2. Le cycle de production

Janv Fév Mars Avril Mai Juin Juillet Aout Sept Oct Nov Déc

PLUIE PLUIE + PLUIE- PLUIE + PLUIE - PLUIE +++

Cycle morphologique Production moyenne Floraison/fructification Production importante

Rendements moyens (kg/mois)

Collecte 1 fois/semaine 50 kg de fèves Pas de collecte Collecte 2 fois/semaine

100 kg de fèves

Les quantités produites correspondent à une plantation de 1 ha en pleine production (plus de 3 ans).

On peut évaluer la production annuelle moyenne d’une plantation de cacao à 600 kg de fèves par ha.

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Page 56: Rapport Diagnostic Agraire Final

4.1.5. Analyse et comparaison des systèmes de culture L’analyse économique des SC décrits précédemment va nous permettre de les comparer et de comparer leur efficacité. Nous ne nous attacherons ici qu’aux plantations et au riz irrigué, systèmes pour lesquelles nous avons récolté suffisamment de données. Pour cela, nous allons dans un premier temps évaluer les valeurs ajoutées brutes des systèmes de culture des plantations. Puis le calcul des temps de travaux de ces cultures va nous permettre de nuancer nos résultats en comparant leurs productivités du travail. 1. Les Valeurs Ajoutées Brutes (pour 1 ha en cours de production) Nous faisons dans un premier temps un point sur les produits obtenus pour ensuite estimer les principaux couts intermédiaires par culture et comparer ainsi la valeur ajoutée de chacune de ces plantations.

Hévéa Palmier à huile

Clone Non clone

Petit producteur

Gros producteur

Cacao (SC9)

Produit

Rendement (kg/an) 1200 600 7500 12000 600 récolte "propre" 75004 480 Prix/kg

(Rps) récolte "sale" 4500 450 7000

- 10 000 Produit/an

(millions de Rps) 5,4-9 2,7-4,5 3,4-3,6 5,4-5,7 4,2-6

Estimation des consommations intermédiaires

Engrais (Rps) 0 0 0 1 600 000 0 Herbicide/pesticide (Rps) 0 0 0 0 600 000

Estimation de la VAB (millions de Rps) 5,4-9 2,7-4,5 3,4-3,6 3,8-4,1 3,6-5,4

De façon générale, notons que les plantations peuvent rapporter au grand maximum 9 millions de Rps/an soient 750 000 Rps/mois (respectivement 900 €/an et 75 €/mois). Ceci équivaut à un salaire moyen d’ouvrier. La plupart des planteurs se situent plus aux alentours de 4 millions de Rps/an soient 330 000 Rps/ mois, ce qui est finalement peu.

• L’hévéa Les plantations d’hévéas sont intéressantes car elles nécessitent très peu de consommations intermédiaires (nous les avons ignorées ici). Avant que les arbres entrent en production, de l’engrais est parfois ajouté (150 kg de NPK tous les 6 mois soient 600 000 Rps/an). Notons que lorsque le gouvernement a distribué des hévéas clonés, de l’engrais a aussi été fourni gratuitement les premières années. 4 Il est très rare que l’agriculteur produise du latex « propre ». La presque totalité des planteurs d’hévéas vendent du latex « sale » où se retrouvent des copeaux de bois, des feuilles qui necessiteront un travail supplementaire de nettoyage lors de la transformation.

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Page 57: Rapport Diagnostic Agraire Final

Enfin, les sans-terres qui travaillent sur des plantations déjà en production ne mettent jamais d’engrais. Les plantations d’hévéas clonés ont la meilleure productivité de la terre (VAB pour 1 ha), après le cacao. Ainsi, les producteurs qui ont bénéficié des distributions gouvernementales ont largement été avantagés par rapport aux autres planteurs.

• Le cacao Comparativement, une plantation de cacao permet un produit non négligeable. Cependant le cacao est la plantation la plus chère en termes d’entretien de la parcelle (apport d’engrais presque nul). L’utilisation d’herbicides et pesticides est très variable selon l’état « sanitaire » de la plantation. Notons de plus que l’emploie d’une main d’œuvre à la tache est possible lors de la grande récolte. On peut estimer ces frais à 200 000 Rps/an (non comptabilisés ici).

• Le palmier a huile La fertilisation d’une parcelle de palmier à huile va beaucoup influencer sur les rendements obtenus. L’apport régulier d’engrais dépend clairement du revenu de l’agriculteur et de l’aide qu’il a éventuellement reçu gratuitement (de plantations industrielles ou du gouvernement). Nous pouvons donc estimer les dépenses liées à un apport d’engrais pour 2 catégories de producteurs : - petits producteurs (ne bénéficiant pas d’aide) : Ils réalisent 2 apports de NPK par an les 4 premières années, soient environs 400 kg de NPK/ ha (environs 800 000 Rps). Puis lorsque la plantation est en production, il est rare que l’agriculteur fertilise sa parcelle (sauf pour les bénéficiaires de distributions). - producteurs moyens à gros : La différence est l’entretien de la fertilisation lorsque la plantation est en production. Les proportions sont deux fois supérieures, soient 800kg de NPK/ha, ce qui équivaut à 1,6 M Rps. Le rendement moyen annuel est alors nettement supérieur que précédemment, ce qui améliore la productivité de la terre (environ 4 M au lieu de 3,5 M Rps).

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Page 58: Rapport Diagnostic Agraire Final

2. Les temps de travaux5 (pour 1 ha en cours de production)

Hévéa SC 6 Palmier à huile SC7 Cacao SC9 Cacao dans le SC86

Temps de travail par opération culturale

(nb de Hj/an) ♂

surtout ♀

surtout ♂ / ♀ ♂ surtout

♀ surtout ♂ / ♀ ♂

surtout♀

surtout ♂ / ♀ ♂ surtout

♀ surtout ♂ / ♀

Entretien 15 20 30 Fertilisation 5 8 Elagage 12 Récolte 70 130 30 60 120 30

Sous totaux 220 70 210 30

• Tout d’abord, nous voyons que la plantation la moins exigeante en temps de

travail est la palmeraie7. En effet, la récolte se fait 1 à 2 fois par mois et aucun travail de post-récolte n’est nécessaire. Seuls les producteurs les plus aisés utiliseront une partie plus importante de leur temps de travail pour l’entretien des arbres et de la parcelle (élagage, sarclage, fertilisation). Ceux-ci ont aussi les moyens d’employer des ouvriers à la tâche voire même à l’année pour l’entretien complet de la plantation.

• L’hévéa et le cacao exigent une main-d’œuvre beaucoup plus conséquente. Il s’agit essentiellement du temps passé à la récolte, l’entretien de la parcelle n’étant pas considéré comme une priorité dans les plantations familiales. En effet, le seul souci de l’agriculteur est de faciliter les passages dans la plantation lors des récoltes et saignées.

• Les femmes sont en général beaucoup plus impliquées dans les opérations de récoltes. En effet, la saignée des hévéas qui s’effectue tôt le matin est souvent à la charge des femmes. La cueillette des cabosses de cacao est réalisée par l’homme ou la femme. Puis, le décabossage et la préparation des fèves sont presque entièrement réalisés par les femmes. Ces opérations de post-récolte peuvent être regroupées après plusieurs récoltes ce qui permet une meilleure efficacité du travail.

• Enfin, notons que le SC 8 est presque entièrement mis en œuvre par la chef d’exploitation. Le cacao seul demande très peu de main-d’œuvre mais il est associé à d’autres arbres (bananiers, pinangs, cocotiers, etc.) qui génèrent une quantité de travail supplémentaire

5 Notons que ces données chiffrées ne sont en aucun cas des données objectivement vérifiables mais sont des moyennes évaluées à partir de propos d’agriculteurs rencontrés lors des entretiens. 6 Nous précisons bien qu’il s’agit du temps de travail pour le cacao seul. Or ce SC inclue d’autres essences d’arbres nécessitant un temps de travail aussi considérable. 7 Le temps de travail calculé pour le cacao seul dans le SC8 n’est pas considéré ici car il ne prend pas en compte le temps de travail des autres cultures inclues dans ce SC.

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Page 59: Rapport Diagnostic Agraire Final

3. Les productivités du travail (pour 1 ha en cours de production)

Hévéa (SC6) Palmier à huile (SC7) Cacao

Cloné Non cloné

Petit producteur

Gros producteur SC 8 SC 9

Riz (SC1)

Estimation de la VAB (millions de Rps) 5,4-9 2,7-4,5 3,4-3,6 3,8-4,1 ? 3,6-5,4 3,7

Nb de Hj 220 220 70 70 30 210 100

Productivité du travail (milliers de Rps/Hj) 25-41 12-20 48-51 54-58 ? 17-25 37

• Tout d’abord, les plantations de palmiers à huile ont les meilleures productivités du travail. En effet, elles sont très peu exigeantes en temps de travail pour un produit global en fin d’année non négligeable. Notons tout de même que ce SC peut faire intervenir une quantité importante de main-d’œuvre extérieure (nettoyage de la parcelle, élagage, récolte), notamment pour les grosses plantations. Ceci pèsera sur le revenu agricole de l’exploitation. C’est pourquoi ce sont surtout les producteurs aisés qui mettent en œuvre ce SC.

• Les plantations d’hévéas clonés ont une productivité de la terre importante et exigent aussi un temps de travail très important. Ainsi, la productivité du travail n’est pas si importante malgré les forts rendements de ces plantations.

• L’hévéa non cloné qui produit peu mais demande exactement le même temps de travail est fortement pénalisé. Ainsi, un agriculteur souhaitant renouveler une plantation d’hévéas non clonés a tout intérêt à investir aujourd’hui dans les plants clonés. Cependant, il est difficile pour un agriculteur qui ne bénéficie pas d’une distribution, d’acheter des plants clonés. C’est entre autre pour cela que ces planteurs se sont convertis, et se convertissent encore, au palmier à huile (lorsqu’ils ont la main-d’œuvre suffisante associée). Il pourra alors produire les plants lui-même ou en récupérer gratuitement auprès de plantations industrielles (contrairement aux plants d’hévéas clonés).

• Une plantation de cacao demande un temps de travail considérable mais dégage une VAB non négligeable. De plus, notons que durant la saison de production maximale, l’agriculteur est souvent amené à embaucher une main-d’œuvre extérieure (récolte, décabossage, séchage). Une partie de la journée doit être consacrée quotidiennement au cacao ce qui limite la marge de manœuvre de l’agriculteur durant quelques semaines.

• La productivité du travail de la riziculture est intéressante (37 000 Rps/Hj) malgré la quantité importante de travail qu’elle nécessite. De plus, les 2 pointes de travail (repiquage et récolte) sont finalement étalées dans le temps grâce à l’entraide contrairement aux pointes de travail sur le cacao lors des fortes productions (nécessité d’embauche d’ouvriers à la tache).

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4.1.6. Les systèmes d’élevage

Système d’élevage Celui-ci se définit en fonction d’un troupeau et se caractérise par une suite logique et ordonnée d’opérations techniques d’élevage. Nous entendons par là des pratiques d’agrégation, de conduite, d’exploitation, de renouvellement de troupeau et de valorisation des produits.

(d’après le Mémento de l’agrocome2006)

La contrainte foncière étant forte sur notre zone d’étude et dans toute l’Indonésie en général, les pratiques agricoles et d’élevage deviennent intimement associées voire intégrées. On parle alors de systèmes mixtes agriculture-élevage. L’agriculteur intègre de plus en plus les productions animales au sein de son EA. Le rôle économique des productions animales devient plus important pour l’ensemble de l’exploitation et dépasse le simple rôle de caisse d’épargne. Ainsi, posséder un buffle permettait non-seulement à l’agriculteur de labourer son champ, mais constituait aussi un apport d’éléments fertilisants (déjections). Aujourd’hui, l’agriculture s’est intensifiée. Des motoculteurs remplacent les buffles mais ceux-ci gardent toujours un rôle important dans la fertilisation des parcelles. Comme nous le verrons plus tard, nous pouvons faire la même analyse pour l’élevage des canards.

SE 1 : BUFFLES

Un petit producteur possèdera 1 à 2 buffles. Un gros producteur peut en posséder 10 à 30. Cependant la conduite sera à peu près la même. Ce sont des troupeaux composés en général d’une femelle au minimum ce qui permet d’assurer la reproduction du troupeau. Note sur les systèmes de métayage des buffles Il est très fréquent que des agriculteurs donnent en métayage 1 à 2 buffles à des petits producteurs qui n’ont pas les moyens d’investir dans l’achat de buffles. Le petit producteur s’engage à gérer entièrement le troupeau et, lorsque « l’emprunt » est terminé, il rendra au propriétaire les animaux ainsi que la moitié des descendants qui seront nés durant cette période. Ceci peut durer sur une longue période (plus de 10 ans). Ce système permet au petit producteur de devenir propriétaire des bufflons et au gros producteur de diminuer sa charge de travail qu’il consacre quotidiennement au troupeau et donc d’employer son temps pour d’autres tâches.

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1. Conduite du troupeau

Les agriculteurs installés dans le bassin rizicole élèvent les troupeaux en groupe. Les éleveurs sont chargés à tour de rôle du gardiennage du troupeau. On peut comprendre la conduite des buffles en 2 temps selon les saisons rizicoles. En saison rizicole Les buffles sont tenus à l’écart des rizières afin qu’ils ne piétinent pas les cultures et ne ravagent les récoltes. Ainsi, les éleveurs du village regroupent et parquent leurs buffles, soit sur les berges de la rivière (agriculteurs vers la zone 2), soit sur les flancs de collines, dans les plantations d’hévéas (agriculteurs vers la zone 5). Les berges des rivières appartiennent parfois même à l’ensemble de la communauté pour le parcage et le pâturage des animaux du village. Aucune culture n’y est autorisée. Seule une clôture traditionnelle (pagar adat) est installée et permet une gestion facile du troupeau car le gardiennage n’est pas nécessaire. Pour les éleveurs en zone 5, les buffles sont tout de même surveillés régulièrement par un des éleveurs du groupe et sont rentrés en étable le soir (étables appartenant à la communauté, installées en limite des plantations et pouvant héberger 10 buffles/étable). Une personne différente est chargée de dormir à l’étable tous les soirs pour prévenir des fréquents vols d’animaux. Notons que les gros éleveurs court-circuitent parfois ce schéma communautaire et gèrent seuls leurs troupeaux ou emploient un agriculteur pour cela. En intersaison Les buffles sont aussi autorisés à pâturer en journée sur les rizières qui ne sont pas encore en labour. Le soir, ils sont parqués dans des étables plus proches des habitations, ce qui facilite le gardiennage. Durant l’intersaison, il est fréquent que l’élevage ne se fasse plus en communauté mais individuellement. Leurs buffles ne fertilisent ainsi que leurs parcelles. L’agriculteur doit donc consacrer une quantité plus importante de son temps à l’élevage (2 à 3 heures par jour en moyenne pour amener le buffle à la rizière et le ramener à l’étable). L’agriculteur profite ainsi de cette période pour permettre au buffle de prendre des bains de boue quotidiens, habitude importante pour la santé de l’animal. Certains agriculteurs préfèrent même attacher le buffle à un piquet au milieu de leur rizière toute la journée (fertilisation de la parcelle de l’éleveur seulement). 2. Alimentation

ZONE 2 ZONE 5

Saison rizicole

ZONE 2 ZONE 5

Intersaison

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L’agriculteur n’apporte jamais d’aliment aux buffles. On distingue ici aussi 2 périodes correspondant à 2 régimes d’alimentation différents :

- durant la saison rizicole, les buffles pâturent toute la journée dans les plantations d’hévéa ou sur les berges de la rivière ; - durant l’intersaison, les buffles pâturent les résidus des récoltes dans les rizières venant d’être fauchées.

Ce système permet un apport de matière organique (MO) important dans les rizières. Les buffles pâturent toute la journée dans les rizières, le long des chemins du village entre l’étable et la rizière, dans les plantations et rapporte cette quantité de MO par leurs déjections dans les rizières. On parle de transfert horizontal de la fertilité. En dehors de cet apport direct de MO, le fumier de buffle est très rarement utilisé comme engrais par les agriculteurs. 3. Reproduction

Une bufflesse peut mettre bas tous les 15 mois. Les éleveurs n’interviennent pas dans la reproduction. Celle-ci est donc plutôt aléatoire. Il peut arriver qu’une bufflesse ne mette pas bas durant plusieurs années. Cependant, il peut arriver qu’un éleveur fasse venir un mâle appartenant à un autre éleveur. Dans ce cas, aucune compensation n’est donnée au propriétaire du mâle. 4. Les productions

- Un buffle adulte coute entre 6 et 15 millions de roupies (selon la zone et le poids de l’animal) ce qui constitue un capital important pour le propriétaire. Ainsi, soit le propriétaire a un besoin important en capital et décide de vendre un buffle adulte (notamment pour la dote lors du mariage de sa fille). Soit l’animal sera consommé pour une grande occasion (fête religieuse, mariage, circoncision). - Les petits agriculteurs vendent en général les bufflons à l’âge de 1 an car il n’aura pas les moyens de gérer un trop gros élevage. - En dehors du capital financier que représente un buffle, celui-ci fourni au SC rizicole des éléments fertilisants : transfert horizontal des berges et plantations vers les rizières. (Julie Becu, 2006)

Buffles dans une rizière, Ujong Blang

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SE 2 : CHEVRES

Le cheptel d’une EA dépasse rarement 15 chèvres. Les chèvres sont en général laissées en liberté et rentrées à l’étable le soir. Les étables sont surélevées pour des questions d’hygiène. En effet, l’étable est en bambou et les déjections des animaux peuvent tomber au sol sans avoir besoin de nettoyer régulièrement l’intérieur. Les productions

- Le SE des chèvres s’associe aussi avec certains SC maraichers puisque le fumier de chèvre est souvent utilisé comme engrais préalable pour certains légumes comme le concombre et le piment (en amont des engrais chimiques habituels). - Tout comme les buffles, en dehors d’être un moyen de capitaliser de l’argent (environs 600 000 Rps/chèvre adulte), les chèvres servent souvent au moment de grandes occasions (religieuses, familiales). Par exemple, à la naissance d’un enfant, la tradition veut qu’une ou 2 chèvres soit sacrifiées selon si c’est une petite fille ou un petit garçon. La famille célébrant la naissance peut être très mal vue par la communauté si elle ne respecte pas cette tradition.

SE 3 : CANARDS

Les petits producteurs peuvent élever 10 à 50 canards. Certains gros producteurs possédant au moins un hectare de riz élèvent une centaine de canards. Dans ce cas, l’élevage demande beaucoup plus de temps de travail et le SE sera différent. Ici nous décrirons de façon globale le SE des canards en insistant sur la manière dont ce SE peut être intimement associé au SC du riz irrigué.

1. Conduite du troupeau Ce système d’élevage, habituellement géré par l’agricultrice, existe exclusivement sur le bassin rizicole. Toute l’année les canards sont dans les rizières à la recherche de petits poissons, mollusques et autres parasites pour se nourrir. La présence des canards dans une rizière est très profitable car ceux-ci vont consommer les ravageurs aquatiques que l’agriculteur contrôle difficilement. Le principal ravageur est l’escargot (keong mas) car il coupe les thalles à leurs bases et cause ainsi de très graves dégâts lors de la récolte. Ensuite, tous les soirs, l’éleveur fait entrer les canards dans une cage. (Julie Becu, 2006)

Canards dans les rizières

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Les canards passent seulement 1 mois de l’année dans des abris fermés : 2 semaines après le repiquage afin que les thalles de riz deviennent suffisamment forts et 2 semaines durant la récolte. L’éleveur n’intervient pas dans la reproduction si ce n’est qu’il mettra quelques œufs de coté à couver régulièrement pour assurer le renouvellement de son élevage. 2. L’alimentation Le canard se nourrit de lui-même toute la journée dans la rizière. Cependant, il est très fréquent que l’agricultrice donne aux canards de la brisure de riz (dedak) achetée au moulin. Selon l’importance du troupeau et les revenus de l’agriculteur, cet apport sera plus ou moins systématique et fréquent. Les quantités peuvent varier de 1 à 3 kg par jour pour 20 canards en moyenne. 3. Les productions - Les canards pondent tous les 3 mois sur une période de 1 mois. Un canard peut pondre 130 œufs par an. Les œufs sont en général vendus aux villageois (à la maison) ou au marché. Le prix d’un œuf de canard est d’environ de 1000 Rps. - Lorsque les canards sont vieux (plus de 2-3 ans), ils sont vendus. Les canetons peuvent aussi être vendus au marché si l’éleveur ne souhaite pas agrandir son troupeau. - Un autre apport est l’ensemble des éléments fertilisants apportés de façon quasi-continue dans la rizière par les déjections. Ainsi, l’élevage de canards n’est pas toujours une source de revenu monétaire très conséquente. Cependant, ce SE est en complète association avec les SC rizicoles :

- le canard se nourrit des parasites du riz et apporte des éléments fertilisants au sol ;

- la rizière est un milieu aquatique adapté aux canards et elle leur permet un régime alimentaire varié.

SE 4 : POULETS

Presque tous les agriculteurs possèdent des poulets (minimum 5 à 10). Il est peu fréquent de rencontrer des élevages de plusieurs dizaines de poulets cependant. Ce SE n’est pas contraignant puisque les poules sont en liberté sur l’exploitation la journée et en cage le soir. Pour ce qui est de l’alimentation, l’agricultrice qui s’occupe de ce SE donne habituellement les restes de riz cuisiné. Il arrive qu’un complément de brisure de riz soit apporté aussi. Ce SE est presque exclusivement destiné à l’autoconsommation. En effet, les œufs de poules sont l’une des seules ressources en protéines du régime alimentaire. On peut estimer qu’une vingtaine de poules pondent 35 œufs par semaine. Si l’agricultrice possède plusieurs dizaines de poules, les œufs seront vendus aux villageois (moins de 1000 Rps/œuf).

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4.2. La gestion du foncier sur notre zone d’étude Avant d’analyser les différents SP caractérisés précédemment, il est important de clarifier les modes de gestion du foncier. 4.2.1. Le mode de tenure des terres 1. Les terres en propriété

Celles-ci appartiennent aux membres de la famille : parents ou grands parents. Elles s’obtiennent soit par héritage et partage du patrimoine des parents, soit par achat directement. Les prix sont très variables et s’échelonnent souvent sur un gradient allant du centre du périmètre irrigué de Jeuram (centre d’attraction) à la périphérie. Modélisation de la zone d’étude (zone 1, 2 et 3)

Irrigation bétonnée mal entretenue Eloignement de la route

pas de forte pression foncière / prix moyens

Irrigation bétonnée Proximité de la route

pression foncière Importante/ prix élevés

Pression foncière Absence de diversification des activités

SC riz intensif

Pas de forte pression foncière Accès à une autre source de revenu que le riz (hévéa)

SC riz moins intensif

Irrigation bétonnée Proximité aux berges Proximité de la route

pression foncière Importante/ prix élevés

Rivière

Route Zone 2 : centre du bassin rizicole

Zone 3 : périphérie du bassin rizicole (hévéa + riz) Zone 1 : maraichage et rizières

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Pour les agriculteurs ne possédant pas de terre, on rencontre généralement 3 situations différentes qui permettent à l’agriculteur de produire sur des terres qui ne lui appartiennent pas : le fermage, le métayage et l’occupation des sols. 2. Le fermage

Dans les zones où la pression foncière est importante, l’agriculteur est souvent amené à louer une parcelle durant une certaine période. On parle de « terre en fermage » (contrat oral établi, pour une durée déterminée, entre l’exploitant et le propriétaire). Le terme indonésien est sewa qui veut dire littéralement « louer ». Cet accord donne le droit à l’exploitant d’utiliser les terres en question en échange d’une somme fixée et versée au propriétaire après la récolte. La transaction peut se faire en nature pour une rizière. Dans ce cas le propriétaire fixe dès le départ une quantité de paddy correspondant à une certaine somme d’argent. Cette pratique est plus fréquente pour les terres cultivées en vivrier (légumes et riz) que pour les terres de culture marchande (plantations). Le fermage d’une rizière dure 1 ou plusieurs cycles culturaux de riz (du labour à la récolte) avec un prix fixé par cycle. Le fermage de terres hautes, pour le maraichage par exemple, dure 6 mois ou 1 an. Le prix varie selon le type de parcelle (terres basses/ hautes), selon la qualité du sol (sol tourbeux difficile à travailler, sol sableux) et selon la localisation de la parcelle (distance au village, au réseau d’irrigation, à un axe de communication).

Exemple de coûts pour le fermage d’un demi-hectare de rizière : - Sur la côte (riz pluvial « contrôlé » cf. annexe I) : de 1 M 4 Rps (140 €)

en sol marécageux à 1 M 6 Rps (160 €) en sol sableux - Sur la plaine (riz irrigué) : de 1M8 à 3M6 Rps (180 à 360 €) selon la

distance à la route principale et aux berges fertiles de la rivière (maraichage et cacao).

Les personnes mettant une partie de leur terrain en fermage n’ont parfois pas les moyens financiers ou la main-d’œuvre suffisante pour travailler seules leurs terres. Le fermage permet alors de générer un profit minimum sans investissement en argent et en travail. Par exemple, un riche propriétaire terrien possédant une surface considérable ne va pas pouvoir cultiver l’ensemble de ses parcelles par manque de main-d’œuvre. Plutôt que de laisser une partie de ces terres en friche, le fermage lui permettra de mettre à profit l’ensemble de ses terres. 3. Le métayage

Sur les terres en métayage, la famille a un droit d’exploitation pendant une certaine durée, en échange d’un versement d’une partie déterminée de la récolte au propriétaire (la moitié en général). Le terme indonésien est mawah. En général le propriétaire fournit certains moyens de production destinés à l’exploitation des terres en métayage (semences, engrais, outils).

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Ceci se pratique essentiellement pour les plantations d’hévéa. Le métayer vend sa récolte à un collecteur toutes les semaines ou tous les mois et donne la moitié de la somme correspondante au propriétaire du terrain. D’après les données présentées p 56, la moitié de la somme obtenue en fin d’année sur une plantation d’hévéa équivaudrait en à 1,4 M8 Rps (140€) si ce sont des hévéas non clonés et 2,7 M de Rps (270€) s’ils sont clonés. 4. Les terres occupées

Il arrive que des exploitants utilisent des terres dont ils ne sont pas propriétaires et dont le propriétaire n’exige aucune contrepartie fixée d’avance. On parle alors de terres occupées. Ce sont en général des propriétaires terriens aisés qui prêtent leurs parcelles à des personnes n’ayant ni la terre, ni les moyens de louer une parcelle. Cela permet au petit agriculteur de générer tout de même un minimum de revenu. Dans ce cas, celui-ci ne doit rien au propriétaire mais des transactions informelles sont possibles. En signe de remerciement, il peut donner quelques produits de sa récolte. Le propriétaire possède beaucoup de terres et ne vit pas forcément dans le village. Pour lui, ce système permet de ne pas avoir à se préoccuper de l’entretien de ces terres qui pourraient perdre de la valeur si elles restaient en friche durant plusieurs années. Nous avons rencontré le cas d’un propriétaire d’une jeune plantation de palmiers à huile (3 ans) vivant en ville à 3/4 d’heure de sa parcelle. Celui-ci a proposé à une famille du village de cultiver de l’arachide sous les palmiers à huile afin que sa parcelle soit proprement entretenue jusqu’à temps que les arbres deviennent productifs (dans 2-3 ans). On peut aussi retrouver ce système entre les membres d’une même famille. C’est une sorte d’entraide entre les plus âgés qui possèdent un patrimoine plus important et les jeunes qui terminent leurs études et ne travaillent pas encore. 4.2.2. Mode de transmission des terres Lors du décès de propriétaires terriens, les enfants héritent du foncier ainsi que du bétail, en accord avec le souhait de leurs parents. Cependant, il est très fréquent qu’avant même le décès des 2 parents, les enfants soient déjà les gérants de ces parcelles. Ceci permet de continuer l’exploitation de ces terres alors que les parents n’en ont plus la force, et de subvenir aux besoins des enfants et parents. Il arrive que les parents louent leurs terres à leurs propres enfants. Notons que les fils héritent en général d’une surface plus importante que les filles. Lorsqu’un mariage a lieu entre personnes de différents villages, il est fréquent que l’homme suive sa femme et s’installe dans le village d’origine de celle-ci. Le jeune couple ne bénéficiera donc que des terres dont hérite l’épouse. Ceci est insuffisant,

8 Nous avons pris les valeurs correspodant à le vente de latex « sale ».

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d’autant que la fille reçoit en générale la plus petite part de l’héritage foncier et animal. Ainsi, il est très fréquent que ces jeunes couples soient amenés à louer des terres en plus des terres de leurs parents. C’est seulement au bout de plusieurs années qu’ils auront les moyens financiers de devenir propriétaires de nouvelles parcelles et ainsi de compléter leur capital hérité. Si le couple s’installe dans le village du mari, l’exploitation se composera des terres dont hérite le mari, ce qui est nettement plus avantageux.

En conclusion, nous pouvons dire que le mode de tenure des terres au sein d’un système de production est un indicateur pertinent pour comprendre les stratégies que mettent en place les agriculteurs. Un agriculteur qui met ses terres en fermage n’a pas les mêmes moyens et besoins qu’un agriculteur qui possède une partie de ces terres en métayage. Dans le premier cas, l’agriculteur se décharge de la gestion des cultures. C’est le « locataire » qui décide de quoi planter, quel itinéraire pratiqué. Que la récolte ait été bonne ou pas, la parcelle est rendue « vierge » à son propriétaire quand le « bail » arrive à sa fin. Ceci suppose de planter des cultures annuelles. Un propriétaire mettant sa plantation dans les mains d’un autre agriculteur prend plus de risques. En effet, à la fin du « contrat », il récupérera la culture dans l’état dans lequel l’a laissé le locataire. Il est donc important pour le propriétaire que la parcelle soit bien entretenue durant cette période. Le métayage avec un partage du produit permet un contrôle plus régulier sur l’itinéraire appliqué. Il s’adapte parfaitement aux plantations d’hévéas par exemple.

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4.3. Typologie des systèmes de production (SP) Une typologie est une modélisation qui nous sert à identifier des groupes homogènes d’agriculteurs. Les producteurs de chaque type font face à des contraintes similaires que nous avons déjà analysées dans les parties précédentes (sociales, écologiques, économiques). Pour différencier les agriculteurs de notre zone d’étude, nous nous sommes basés sur un certain nombre de critères distinctifs. Douze SP s’en dégagent. Chacun de ces SP est le « produit actuel » d’une histoire particulière qui a orienté différemment les parcours de ces producteurs (4.3.1.). Enfin, nous décrirons et analyserons chacun de ces douze SP (4.3.2.). Une fiche récapitulative du zonage, des systèmes de culture et d’élevage se trouve en annexe V. Elle est un support que nous vous conseillons d’imprimer pour faciliter la lecture de cette partie. 4.3.1. Les critères de différenciation des SP et des agriculteurs Chacun des types que nous avons décrits correspond à un système de production et une catégorie d’agriculteurs précis, ces deux données étant fortement liées sur notre zone d’étude. Cette typologie se base sur 3 niveaux de critères que nous avons jugé les plus pertinents pour pouvoir représenter la diversité des problématiques rencontrées par les agriculteurs de notre zone d’étude.

• Le premier critère est celui de la zone dans laquelle nous nous trouvons. Les zones 2, 3, 4 et 5 sont celles déterminées dans le 2ème zonage de la page 32. En effet, ce critère est fondamental car les SP en zones 4 sont presque exclusivement constitués de production de rente et donc possèdent des objectifs et moyens différents des SP en zones 2, 3 et 5. De plus, dans ces 3 zones, les SP fonctionnent principalement sur 2 cycles agricoles par an en se calquant sur les 2 cycles de riz. Alors qu’en zone 4, les SP se calquent sur les cycles de production des plantations ;

• Le deuxième critère classe les SP en 3 catégories : gros producteur/planteur ; petit producteur/planteur ; sans-terre. La distinction entre gros et petit agriculteur tient compte essentiellement de la surface cultivée et de la variété de cultures mises en œuvre ;

• Le troisième niveau de critère est spécifique au petit et gros agriculteur. Pour les gros agriculteurs, le critère est la mécanisation. Ceci est fondamental car un agriculteur possédant un motoculteur ne fait pas face aux mêmes contraintes qu’un agriculteur devant louer un motoculteur ; Pour les petits agriculteurs, le critère est le type de culture pratiqué : vivrier, rente ou les 2 ;

Le diagramme suivant illustre ce qui vient d’être dit et permet par la même occasion de comprendre du point de vue historique, comment les types d’agriculteurs ont évolués au cours de l’histoire agraire pour en arriver à la typologie des SP actuelles.

Page 70: Rapport Diagnostic Agraire Final

Gros producteur engagé dans le riz mécanisé

Petit producteur avec terrain libre vivrier et de rente

Gros producteur engagé dans l’hévéa non mécanisé

SP 8

SP 1 et 4

SP 2 et 3

Petit planteur d’hévéas

Gros planteur d’hévéas non mécanisé

Sans terre

Gros planteur nouvellement installé

Pionniers sur les berges et la plaine

Petit propriétaire terrien

Gros propriétaire terrien, notable

Sans terre

SP 11

SP 10

SP 7

SP 5

SP 6

SP 12

SP 9

Les SP colaussi un

orés en gris exercent e activité non-agricole

1900-1945 Fin de l’occupation

1945-1980 Stabilisation du parcellaire

1990-2006 Dernières crises/évolutions

1980-1990 Révolution verte

Zone 2, 3 et 5

Zone 4

Nouveaux arrivants

Nouveaux arrivants

Sans terre

Petit producteur sans terre libre vivrier

Nouveaux arivants

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Diagramme de différenciation des SP

Page 71: Rapport Diagnostic Agraire Final

4.3.2. Analyse des 12 SP de la typologie Pour chaque SP, un encadré permet de situer le SP dans l’une ou plusieurs des zones 2, 3, 4 et 5. L’encadré résume aussi les facteurs de productions de la famille. De plus, on retrouve tout au long de cette typologie des encadrés développant la problématique conflit relativement à chacun des SP analysés ici. Nous allons pour cela tenté de répondre aux questions suivantes : quels sont les effets du conflit sur les systèmes de production aujourd’hui ? Quelle est la situation des systèmes de production des familles récemment revenues dans leur village ? Certains encadrés permettent de spécifier certains points en rapport avec un SP précis ; d’autres présentent une analyse complète de l’évolution d’un SP ou d’un ensemble de SP depuis le conflit. Notons cependant que pour ce qui est de l’outillage, nous admettrons comme présupposé que toutes les EA disposent des outils de base suivant : 1à 2 machettes, pelles, couteaux, hilaires et 1 pulvérisateur. SP 1 : Petit producteur vivrier et de rente L’exploitation se compose de 0,8 ha de cacaos associés à des cocotiers, des pinangs et des bananiers. Ce verger a été mis en place par les agriculteurs eux-mêmes à partir de pépinières villageoises dans les 10 dernières années. L’agriculteur cultive aussi 0,7 ha de riz irrigué pouvant être intercalé avec du maraichage ponctuel. D’autre part, l’exploitant a la possibilité de planter 0,2 ha de potager (haricot, arachide/maïs, concombre) sur des terres qu’il occupe sans engagement précis avec le propriétaire.

1,5 ha 0,2 ha occupés

2,5 actifs familiaux

0,8 ha de SC90,7 ha de SC4

5 chèvres 10 poules

0,2 ha de SC5 7 canards

SP 1 2

Cette culture n’est pas continue, c'est-à-dire qu’elle sera fonction des moyens (en temps et en argent) dont dispose l’agriculteur mois après mois. En effet, celui-ci doit faire face à une contrainte forte : la disponibilité immédiate d’argent liquide pour l’achat des nombreux intrants nécessaires au maraichage (semences, engrais, pesticides). Ainsi, pour des raisons financières, la parcelle reste parfois en friche durant quelques mois. Une deuxième contrainte est illustrée par le calendrier des cultures ci-contre. Il semble que seule la période de mars à juin laisse assez de temps pour la culture des légumes, les activités dans la cacaoraie et la rizière étant en baisse. D’autant que ces agriculteurs sont à proximité de la rivière ce qui facilite l’arrosage malgré le manque de pluie à cette période.

Févr Mai NovRIZCACAOLEGUMES

Grande récoltePetite récolte Très peu/pas de récolte

Déc1ère saison rizicole 2ème saison rizicole

Juil Août Sept OctJanv Mars Avr Juin

Calendrier des cultures du SP 1

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On observe une pointe de travail en octobre : pleine récolte de cacao et récolte de riz. A cette période, environs 50 Hj sont nécessaires pour effectuer tout le travail (20 pour le riz et 30 pour le cacao). Ceci est possible si mari et femme travaillent tous les jours. Le maraichage n’est envisageable à cette période que si un enfant participe au travail. Ainsi, pour cultiver des légumes sur toute l’année, ce système de production doit être mis en œuvre par 2 actifs (mari et femme) avec l’aide d’un ou 2 enfants.En saison rizicole, le travail en rizière se fait le matin et l’après-midi dans la cacaoraie et au maraichage. Pour certaines tâches précises (arrosage ou apport d’engrais) en petites quantités pour les légumes, il est fréquent que l’enfant prenne le relais à son retour de l’école. D’autant plus lors des pics de travail sur les rizières (début et fin des cycles culturaux). De même, le gardiennage des rizières est assuré par la femme ou les enfants l’après-midi, pendant que le mari travaille dans la cacaoraie. Ainsi il est rare qu’une main-d’œuvre extérieure soit embauchée pour le fonctionnement de cette EA. Cela peut s’envisager de temps en temps pour le sarclage de la parcelle maraichère. Cette EA possède 5 chèvres (SE 2). Ce SE est en interrelation avec le potager : fumure de chèvre utilisé comme engrais pour les légumes (pastèque et concombre). L’exploitant possède aussi 10 poules et 7 canards pour l’autoconsommation. Certains possèdent aussi 2 buffles (SE 1). On peut faire l’hypothèse que l’exploitant n’a pas eu besoin de les vendre suite à l’introduction du motoculteur sur la zone. En effet, cela fait une quinzaine d’années que la zone est équipée en motoculteur. Beaucoup de propriétaires ont alors vendu leurs buffles qui ne servaient plus pour labourer mais représentaient un capital important pouvant être investi ailleurs. Notons aussi que le chef d’exploitation pêche en rivière (consommation familiale).

Ainsi, pour cette EA, la priorité est donnée au cacao et à la riziculture : - Le cacao permet un apport régulier d’argent et ne demande pas une main-

d’œuvre trop importante le long de l’année. En effet, l’entretien de la cacaoyère, la récolte et le décabossage sont des travaux continus qui ne prennent que quelques heures par jour et peuvent se faire à n’importe quel instant.

- La saison rizicole doit être assurée. Elle est donc priorisée par rapport au maraichage, aussi bien en termes de temps de travail que d’argent.

Le maraichage n’est envisageable que si un travail supplémentaire est apporté par l’un ou plusieurs des enfants de l’exploitation.

Ce SP n’a pas été directement affecté par le conflit. En effet, il se retrouve principalement sur des zones de passage important, des zones ouvertes (rizière et maraichage en berges de rivière). De nombreux postes de militaires jalonnaient les routes de la zone 2. Le GAM n’agissait pas ici car il se faisait rapidement repéré. Cependant, certaines familles ont été affectées indirectement en hébergeant pendant quelques mois à quelques années des membres de leurs familles originaires de villages plus reculés et venus se réfugier en zone plus sûre. Ces familles ont mis à disposition une partie de leurs moyens de production pour les déplacés, se privant ainsi d’une partie de leurs revenus. Les récoltes nourissaient 2 familles au lieu d’une. Aujourd’hui, la majeure partie des déplacés sont retournés dans leurs villages d’origine et les familles d’accueil ont repris l’entière possession de leur terres.

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Page 73: Rapport Diagnostic Agraire Final

SP 2 : Petit producteur vivrier Ce SP se compose de ½ ha de riz irrigué en monoculture stricte et de ½ ha de légumes. 2 actifs familiaux travaillent pour mettre en œuvre ce SP. Ce dernier n’est composé que de cultures vivrières qui nécessitent un important temps de travail : 100 Hj par cycle de riz et plus de 300 Hj répartis sur l’année pour le maraichage. Le calendrier de travail doit être bien partagé entre les 2 actifs. Il arrive que les enfants apportent un soutien, essentiellement pour le maraichage (arrosage notamment).

Févr Mai NovRIZMAR

Juin DécMars1ère saison rizicole 2ème saison rizicole

SeptJanv Avr Juil OctAoût

Calendrier des cultures du SP 2

n saison rizicole, ils consacreront 3-4 jours entiers au riz puis 3-4 jours au

s non-alimentaires de la

hes (2 ou 3) qui

Emaraîchage. De plus, il est possible que le temps de jachère pour la culture de légumes soit de 3 mois ce qui permet une plus grande disponibilité pour la riziculture. L’agriculteur pourrait envisager une plantation de cacao (culture de rente la plus adaptée pour ce terroir) qui lui prendrait moins de temps de travail que le maraichage (100 Hj environs pour ½ ha de cacao). Cependant, les cultures de rente nécessitent de la part du producteur une certaine marge de manœuvre financière car durant l’intersaison (de avril à juillet pour le cacao), il n’y pas de récoltes possibles. Or cet agriculteur doit nourrir une famille de 6 personnes. Il est donc difficile pour lui d’envisager une aussi longue période sans entrée d’argent. Une autre activité est nécessaire pour subvenir aux besoinfamille. L’exploitante vend quotidiennement des légumes au marché le plus proche. Elle peut jouer le rôle de collectrice auprès d’autres exploitations.

Avant le conflit, ces agriculteurs possédaient souvent des vacconstituaient un capital supplémentaire. Nous parlons ici de capital car l’éleveur ne consomme ni ne vend les produits de cet élevage (lait et viande). Les vaches sont un moyen de capitaliser une somme d’argent cumulée au fil des années. Ainsi, si l’agriculteur doit faire face à problème grave (perte d’une récolte, diminution de la main-d’œuvre disponible), il peut vendre une vache et assurer un revenu minimum. Suite au conflit, beaucoup d’agriculteurs ont perdus leurs vaches lors de vols/razzias ou fusillades. L’absence de cet élevage ne perturbe pas en soit le fonctionnement régulier de ce SP. Cependant, cela contribue à appauvrir l’ensemble de l’exploitation et diminue la marge de manœuvre de l’exploitant en cas de crise. Si un élément vient perturber ce SP, les producteurs se retrouveront en situation instable. Ce SP est donc amené à évoluer pour palier à cette nouvelle situation. Dans un premier temps, il est important pour cet exploitant de capitaliser de nouveau. On peut imaginer trois principales tendances :

1ha 2 actifs familiaux

0,5 ha de SC10,5 ha de SC2,

10 poules 10 canards

SC3 ou SC5

SP 2 2 et 3

73

Page 74: Rapport Diagnostic Agraire Final

(1) les agriculteurs qui profitent des débouchés non agricoles (construction surtout) qui se multiplient sur la zone affectée par le tsunami. Cette alternative est provisoire et il n’est pas certain que l’agriculteur s’en serve pour ajouter du capital durable à son exploitation. On peut imaginer une nouvelle « crise » pour ce SP dans 1 ou 2 ans, une fois que la reconstruction sera achevée et que les ONG seront parties ; (2) les exploitations qui bénéficient des distributions de cacao par le gouvernement. Ceci concernent principalement les agriculteurs sur les berges (le gouvernement ne distribue pas de cacaos sur la plaine rizicole, le foncier y est trop limitant) ; (3) il est probable qu’une partie des exploitants ne trouve pas d’alternative aujourd’hui. Si un besoin immédiat en liquide se présente, il ne pourra y faire face instantanément. On peut imaginer que l’agriculteur décide alors de quitter la zone pour s’installer sur des terres où il pourra cultiver des parcelles plus importantes. Cela a été le cas de nombreux agriculteurs confrontés à l’augmentation de la pression foncière. Ils ont migrés vers les collines où de nombreuses terres encore vierges pouvaient être exploitées (cultures pérennes, exploitation du bois de forêt).

SP 3 : Petit riziculteur9

Cet agriculteur se situe physiquement au

e. Il ne bénéficie la zone 3, c’est-

centre de la plaine irriguéinsi que des terroirs dea

à-dire des terres basses (rizières) et quelques unités de terres hautes. Concrètement, l’exploitant possède 1 ha riz irrigué et quelques arbres sur des « unités terres hautes ». Ce sont des arbres communs type cocotiers, pinangs et quelques cacaoyers. Ces agriculteurs sont en général originairesleurs terres (½ ha de rizière) et ont compléparcelles (moins de ½ ha

1 ha 2 actifs familiaux

20 poules 50 canards

1 ha SC 1 SC 8 1 buffle

SP 3 3

de la zone. Ils ont hérité d’une partie de té ce capital en achetant d’autres petites

) après quelques années d’installation.

importante inflation.

sède quelques

En effet, un agriculteur établi exclusivement en zone 2 fait face à une pression foncière considérable (cf. partie 4.2.1.). Depuis le bétonnage du périmètre irrigué, la terre a vu sa valeur ajoutée décupler ce qui a provoqué une Ainsi, la pression foncière s’accroit, les parcelles deviennent de plus en plus petites (quelques 10ème d’ha) et coutent de plus en plus chères. Ceci explique le petit héritage de cet exploitant (½ ha de rizière) et le fait qu’il ne puisse compléter son parcellaire qu’au fil des années, par l’achat d’autres petites parcelles. D’autre part, la possession de terres hautes permet à un agriculteur vivant au centre du bassin rizicole d’avoir accès à un deuxième type de terroir et donc d’élargir les SC qu’il peut mettre en œuvre. Sur ces terres hautes, l’agriculteur poscocotiers, des pinangs ainsi que des arbres fruitiers. Il arrive aussi qu’il cultive quelques légumes pour son autoconsommation.

9 L’encadré en p81 présente le cas des agriculteurs du SP3 affectés par le conflit.

74

Page 75: Rapport Diagnostic Agraire Final

Certains rares agriculteurs peuvent aussi transformer leur rizière en terre haute afin d’y cultiver des légumes durant une ou plusieurs saisons agricoles (piment, arachide). Si la rizière est en terre très basse, cela demande un investissement considérable ainsi qu’une main d’œuvre supplémentaire (pour drainer et labourer la parcelle). Un petit riziculteur n’en aura peut-être pas les moyens. Par contre, si la rizière n’est pas trop en zone basse, il sera plus aisé pour l’agriculteur de contrôler l’eau sur sa parcelle afin qu’elle ne soit pas immergée par l’eau des parcelles voisines. Ainsi, ces agriculteurs cultiveront facilement des légumes sur leur rizière si le SC rizicole est perturbé par un facteur externe (canal d’irrigation fonctionnant mal par exemple). Ceci est crucial pour un petit riziculteur qui ne possède aucune culture de rente permettant de combler de tels dérèglements du SP. Cette stratégie lui permet de générer un minimum de revenu sans que son EA ne soit anéantie et facilitera aussi la reprise de la riziculture après la « crise ». Pour cette exploitation, une main d’œuvre familiale est suffisante (mari et femme) d’autant que sur ce périmètre irrigué, le repiquage et la récolte du riz sont organisés en groupe.

Févr Mai Sept NovRIZ 2ème saison rizicole1ère saison rizicole

DécJuil Août OctJanv Mars Avr Juin

Calendrier des cultures du SP 3

On observe 4 pointes de travail à chaque début et fin de cycle rizicole. Ces pointes de travail ne s’étalant que sur 2 semaines à chaque fois, cela laisse beaucoup de

mps libre permettant à l’agriculteur d’exercer une activité non-agricole. Celle-ci est indte

ispensable pour le fonctionnement de ce SP (achat des intrants agricoles dans les cas où l’avance auprès des fournisseurs n’est pas possible). Il s’agit en général de travaux saisonniers liés à la construction ou en tant qu’ouvrier payé à la tache chez d’autres agriculteurs (récolte du piment, sarclage d’une parcelle maraichère). On trouve aussi dans cette EA 20 poulets, 50 canards et un buffle (SE 1). L’exploitante est quasiment l’unique personne en charge des différents élevage.

SP 4 : Petit producteur vivrier et de rente

teur possède 1 ha d’hévéa.Ce produc Il s’agit d’une plantation d’hévéas clonés provenant des distributions ouvernementales des années 80. g

Quelques arbres morts ont pu être progressivement remplacés par de jeunes plants produits par le planteur lui-même. Ce ne sont plus des hévéas clonés aussi performants que ceux distribués par le gouvernement. En parallèle, le producteur cultive 1 ha riz irrigué.La surface totale de ce SP est donc supérieurla variété des terroirs auquel a accès l’agricrizicole, à proximité des collines où se cultivl’axe routier principal

2 ha 2 actifs familiaux

1 ha SC1 peu intensif 1 ha SC6

20 poules50 canards

SP 4 5

e à celle du SP 3. Ceci s’explique par ulteur. Il est en périphérie du bassin e l’hévéa. La zone étant éloignée de

de Jeuram, la pression foncière est faible, les surfaces sont plus grandes et la riziculture y est moins intensive qu’au centre du bassin rizicole.

75

Page 76: Rapport Diagnostic Agraire Final

De plus, l’existence d’autres sources de revenus comme l’hévéa permet à l’agriculteur de pouvoir compter sur autre chose que le riz pour faire vivre sa famille. Ceci explique aussi pourquoi le SP4 ne met pas en œuvre un SC1 aussi intensif que le riziculteur au centre du bassin rizicole (SP3). Ceci se traduit opérationnellement par une utilisation d’engrais uniquement en cas de réel risque de perte de la récolte et un labour simplifié de la parcelle (cf. partie 4.2.1.). La combinaison de ces SC permet une bonne complémentarité dans le temps :

Févr Mai Sept NovRIZHEVEA

Déc

Petite récolte

Janv Avr JuilJuinMars2ème saison rizicole

Récolte nettement réduite Grande récolte1ère saison rizicole

Août Oct

Calendrier des cultures du SP 4

De plus, en octobre et décembre, ces travaux se superposent avec la période de pleine récolte du latex : environs 50 Hj par mois entre la riziculture et l’hévéaculture. Deux personnes suffisent donc à gérer cette EA (2

Les pointes de travail se situent au moment du repiquage et de la récolte du riz.

personnes à plein temps = 60 Hj). En ehors des pics de travail, la plantation occupe 1 à 2 personnes tous les matins et d

l’après midi peut être réservée à la riziculture voire un emploi à l’extérieur du village. Entre 2 cycles rizicoles notamment, les femmes effectuent souvent des travaux à la tache dans des champs de légumes de l’autre coté du bassin rizicole (zone 1). L’EA se compose aussi d’un élevage de 20 poulets et 50 canards qui servent à l’autoconsommation et la vente (SE géré par la femme). Comme nous l’avons dit précédemment, la plantation d’hévéas clonés est âgée d’au moins 25 ans et arrive à un stade de production décroissant. Cet agriculteur sera très

par le palmier à huile qui emande un investissement considérable (engrais) mais permet une meilleure

certainement amené à évoluer vers d’autres cultures. En effet, l’hévéaculture est progressivement remplacée dproductivité du travail. Ceci laisse à l’agriculteur une grande marge de manœuvre pour exercer une activité non-agricole. Cette tendance se répand de plus en plus sur notre zone d’étude, lorsqu’il n’y a pas eu de distributions gouvernementales. Durant le conflit, les producteurs situés en zone plus reculée ont souvent été amenés à abandonner leurs plantations d’hévéas du fait de la présence du GAM dans les forêts environnant les plantations (zone 4). La riziculture a rarement été affectée et peu de familles ont été amenées à quitter ces villages. Sur certains villages cependant, des petits réseaux irrigués ne fonctionnent plus. Les agriculteurs ne cultivent plus de riz, d’autant que la pression des ravageurs a augmenté. Certains producteurs possédaient avant le conflit des parcelles de nylam en foret (cf p.). Cette culture a été totalement abandonnée depuis le conflit, d’autant que la riziculture a permis à ce SP de se maintenir malgré tout lors du conflit. Aujourd’hui, ces agriculteurs reprennent progressivement en main l’hévéaculture. La principale contrainte consiste à nettoyer la parcelle de nouveau. Or, cet abandon des parcelles durant quelques années n’a presque pas affecte les rendements. En effet, les planteurs utilisaient très peu d’engrais voire pas du tout. De plus, la production de latex est permanente et le fait de ne pas saigner un hévéa durant une longue période peut même stimuler sa production lorsque l’on réexploite la plantation.

76

Page 77: Rapport Diagnostic Agraire Final

SP 5 : Gros producteur non mécanisé Ce producteur possède 2 ha d’hévéas. Il s’agit de plantations relativement anciennes, antérieures aux distributions d’hévéas clonés par le gouvernement ans les années 80. Il cultive aussi 1 ha d

de riz irrigué et ¼ ha de légumes. Les légumes ne sont pas cultivés en continu et seulement sur des petites surfaces. En effet, pour ces agriculteurs la priorité est toujours le riz mais ils peuvent se permettre d’accorder un peu de temps

es et canards ainsi que les travaux re essentiellement la rizière ainsi que

1 ha ¼ 2 ha en métayage

1,5 actif familial 2 actifs métayers

25 poules 70 canards

1 ha SC1 ¼ ha SC5

4 buffles2 ha SC6

SP 5 5

au maraichage. C’est en général l’exploitante qui cultive lescette petite parcelle, l’élevage de pouldomestiques et les enfants. Le mari gèl’élevage de

légumes. Elle partage son temps entre

4 buffles (SE1). Cet élevagimportant sans p

e est un moyen d’épargner un capital erdre un temps considérable dans la gestion de ce capital. Ceci ne

serait pas possible si l’agriculteur décidait d’investir dans un motoculteur qu’il lui faudrait amortir en le louant à d’autres en saison de labour (perte de temps important). La plantation d’hévéa est en métayage auprès de 2 agriculteurs (partage de la récolte en 2) ce qui permet aussi à l’agriculteur de libérer du temps de travail pour pouvoir exercer une activité annexe.

Nous voyons donc que l’objectif de ce SP est l’économie du temps de travail directement lié à la gestion des SC. Ceci permet à cet exploitant d’exercer une activité plus commerciale comme être collecteur (toke, agen) auprès d’autres producteurs de latex.

SP 6 : Gros producteur mécanisé Ce producteur possède 2 ha de riz irrigué. Ces parcelles ne sont pas gérées ntièrement par l’agriculteur lui-même.

deeaucoup de terre mais est limité par la

évéas.

eEn effet, cet agriculteur possè bmain-d’œuvre. Ainsi, il est fréquent que certains travaux soient effectués par des ouvriers payés à la tâche ou que 1 ha de la parcelle soit mis en fermage. Ceci permet à l’agriculteur de mettre à profit l’ensemble de ses terres. L’exploitation se compose aussi de 2 ha d’h

1 ha 1 ha en fermage

2 ha en métayage

2 actifs familiaux 2-3 actifs métayers

½ actif salarié

15 poules 10 canards

2 ha SC1 2 ha SC6

2 buffles

Ces parcelles sont en métayage

ar 2 actifs familiaux (mari et femme) et ½ actif salarié pour la réalisation d’opérations précises en SC1 (désherbage, post-

auprès de 2 autres agriculteurs. Ce SP est donc mis en œuvre directement p

motoculteur 2, 3 et 5 SP 6

77

Page 78: Rapport Diagnostic Agraire Final

récolte). Le métayage est ici considéré comun revenu, nous ne le com

me un capital de l’exploitation générant ptons donc pas dans les actifs.

Ainsi, la gestion de cette EA est réfléchie de manière à ce que le chef d’exploitation puisse consacrer une grande partie du temps à l’activité « motoculteur ». Ceci consiste concrètement à gérer les locations aux différentes EA, trouver des opérateurs capables de se servir de motoculteurs, gérer les pannes, acheter l’essence, etc.

Il s’agit d’un motoculteur qui appartient personnellement à l’agriculteur contrairement aux motoculteurs qui ont été distribués gratuitement à des groupements agricoles et dont l’utilisation est administrée par le chef du groupe. Le propriétaire du motoculteur n’opère pas directement dans le champ. Il emploie 2 opérateurs qui sont payés à l’ha labouré. Le prix de location du motoculteur est divisé en 3 : 2/3 pour le propriétaire qui prends en charge l’essence et les frais de réparation ; 1/3 pour les opérateurs (1/3 équivaut à 200-300 000 Rps/ha). En dehors de la période de labour, il est fréquent que le chef d’exploitation exerce une activité non agricole (petits ateliers artisanaux).

Févr Mai NovRIZHEVEA

OctAoût2ème saison rizicole

Récolte nettement réduite Grande récolte1ère saison rizicole

JuilJuinMars Déc

Petite récolte

SeptJanv Avr

Calendrier des cultures du SP 6

On distingue nettement 2 pointes de travail s’étalant des premiers labours de la rizière jusqu’au repiquage. Les 2 actifs familiaux suffiraient alors à la gestion de la rizière. Cependant, l’agricultrice a en plus la charge de 2 buffles, 15 poulets et 10 canards (volaille exclusivement destinée à l’autoconsommation). De son coté, l’agriculteur gère les pointes de travail liées a l’activité motoculteur au moment des labours. D’où l’obligation pour ce SP d’employer une main-d’œuvre salariée

mporaires (juin-juillet et décembre-janvier). teIl serait impossible pour cette exploitation de cultiver une parcelle supplémentaire sur toute l’année, à moins de la mettre de nouveau en fermage. SP 7 : Gros producteur mécanisé + moulin à riz Ce SP est exclusivement centré sur la riziculture. Le chef d’exploitation possède 6 ha de riz irrigué, un cheptel de 30 buffles, de 10 poules et de 10 canards. Pour cet agriculteur, il est clair que la

rs exercer des activités plus marchandes

priorité est donnée au riz. La gestion de la izière est plus extensive : pas d’engrais r

utilisé ou très peu mais compensation en faisant pâturer un grand nombre de buffles durant les jachères (SE1). On peut estimer qu’environs 50 à 100 buffles parcourent 50 ha dans un village.

2,5 actifs familiaux 6 ha 3-4 salariés

10 poules 10 canards

6 ha SC1

30 buffles

La gestion de l’élevage est communautaiconsidérable pour l’agriculteur qui peut alo

re ce qui permet de libérer un temps

motoculteur SP 7 moulin 2, 3 et 5

78

Page 79: Rapport Diagnostic Agraire Final

(gestion du moulin et du motoculteur). Notosur les rizières profite à l’ensemble des particulièrement concerné car il possède laquelle vont venir pâturer environs 10 à 20 Puis, un labour intense et étalé da

ns que même si la présence de buffles exploitations, ce producteur peut être une grande surface en riz (6 ha) sur buffles.

ns le temps permet une bonne préparation de la terre. Ceci est possible pour cet agriculteur car il utilise son propre motoculteur. Pour ce qui est de la main-d’œuvre, l’agriculteur qui gère son EA avec sa femme emploie des ouvriers à la tâche pour les opérations de repiquage, sarclage et récolte du riz. Le labour peut être pratiqué par un membre de la famille qui est aussi l’opérateur du motoculteur pour les parcelles d’autres agriculteurs. Durant les années de conflit, les gros producteurs ont aussi subit une baisse du travail. Cependant, beaucoup ont quitte la zone durant les années de conflit pour aller vivre en ville ou les habitants étaient plus en sécurité. A la fin du conflit, ces familles sont retournées vivre dans leurs villages d’origine. La majeure partie de leur moyen de production ont été vite réhabilités grâce à des moyens financiers suffisant. Seuls quelques buffles ont parfois disparus durant les années de conflit. De façon générale, on peut dire que ces 3 derniers SP n’ont pas été lourdement affectes par le conflit. Nous n’avons donc pas plus approfondi cette problématique. SP 8 : Sans terre Prenons ici le cas d’un agriculteur en métayage sur ½ ha de riz (partage de la

étayage pe met de produire du riz ation (même si une

artie devra encore être achetée), sans

re étant très forte

r une pression plus forte sur le métayer éfinitivement » la terre. Le métayer doit er à chaque fin de cycle. Ceci est une ur ainsi qu’une pression supplémentaire

ertain de retrouver à chaque fois de terres disponibles et à bon prix.

récolte en 2 parts égales) et en fermage sur ¼ ha de maraichage. Ici, le m rpour l’autoconsommpavoir à dépenser une grosse somme d’argent pour louer une parcelle (partage de la récolte). De plus, la pression fonciè sur le bassin rizicole, il est fréquent que le propriétaire de la rizière ne veuille pas louer sa parcelle sur plus d’un cycle cultural. Cela lui permet notamment d’exerceafin que ce dernier « ne s’approprie pas dalors chercher de nouvelles parcelles à louperte de temps considérable pour l’agricultecar il n’est pas cMari et femme travaillent sur ces 2 parcelles. Les revenus agricoles générés sont très insuffisants. Le couple doit alors exercer une activité annexe comme être ouvrier dans une plantation (hévéa, palmier à huile), dans la construction ou vendre des produits agricoles au marché. Cette activité peut plus facilement être menée hors des périodes de culture du riz.

2, 3 et 5

¼ ha en fermage ½ha en métayage

2,5 actifs

0,5 ha SC1 ¼ ha SC5

5 poules 5 canards

SP 8

79

Page 80: Rapport Diagnostic Agraire Final

Févr Mai NovRIZMAR

Juin DécMars1ère saison rizicole 2ème saison rizicole

SeptJanv Avr Juil OctAoût

Calendrier des cultures du SP 8

sur le tableau précédent). 0,5ha de riz nécessite environ 10 Hj pour chacune de ces opérations, et donc par mois. Pour ce qui est des 0,25ha de légumes, on peut omptabiliser 15 Hj/mois10 en permanence. Ceci correspond donc a un total de 25 jgarticipe au travail agricole (maraichage ou gardiennage de la rizière). Notons qu’il

s ce dernier secteur. Or il s’agit pour ce

lement envisager d’en planter sur le long terme ; ) ce SP reste sans terre et subit de façon croissante la pression foncière sur la

t

is, l’agriculteur devra se rabattre sur un autre domaine.

Les pics de travail concernent la période de récolte et repiquage du riz (en orange

cH / mois en janvier, avril, juillet et octobre. Le temps disponible pour une activité extra

ricole est donc d’au moins 30 Hj/mois. Il peut être même supérieur si un enfant apest plus fréquent de voir les enfants aider leurs parents dans ce type de SP où la situation est nettement plus précaire. Le temps disponible étant conséquent, l’agriculteur pourrait même envisager un emploi à temps complet à l’extérieur. Cependant, ceci est difficilement envisageable car la femme s’occupe aussi des enfants et tâches domestiques et l’homme d’une partie des travaux agricoles. Il est donc plus fréquent que l’emploi extérieur soit de courte durée : quelques jours pour des travaux agricoles à la tache à 2-3 mois pour la construction. Comme nous l’avons dit dans le SP2, suite au tsunami un grand nombre d’emploi se sont créés danproducteur d’un emploi précaire car il n’est pas ouvrier à temps plein chez un contractant. C’est l’agriculteur lui-même qui démarche sur de nouveaux chantiers. Il est donc totalement dépendant du marché de la construction qui est un secteur très fluctuant depuis les catastrophes. Pour ce SP, on peut envisager plusieurs scénarii possibles dans les années à venir : (1) l’agriculteur réussi à capitaliser grâce à son travail extra-agricole et devient propriétaire d’une partie des terres précédemment en métayage. Il devient de fait un bénéficiaire potentiel des distributions gouvernementales de plants de cacao, palmiers à huile et pourra éventuel(2plaine rizicole (prix croissant et surfaces de plus en plus petites). Pour faire face à cela, la famille est amenée : - soit à se déplacer sur des fronts pionniers où la terre est encore disponible mais où tout l’aménagement agricole est à mettre en place. Ceci sous entend notamment le défrichage de plusieurs hectares de forêt (risque de forte érosion selon le couvervégétal maintenu) et le drainage des parcelles les plus inondables ; - soit à se spécialiser dans des activités non-agricoles. La construction de la côte s’achevant dans quelques moOn peut penser aux plantations industrielles de palmiers à huile qui s’étendent progressivement sur tout le district et embauchent des ouvriers locaux.

10 Il s’agit d’une estimation car nous n’avons pas les données chiffrées exactes sur les temps de travaux du maraichage.

80

Page 81: Rapport Diagnostic Agraire Final

Impact du conflit sur les systèmes de productions centrés autour des cultures vivrières et se situant en périphérie de la plaine rizicole (SP 2, 3 et 8) L’analyse que nous faisons ici concerne la majeure partie des agriculteurs installés en zone plus reculée, c’est-à-dire en périphérie de la plaine rizicole (villages du sous-district de Beutung notamment). Avant le conflit, deux activités permettaient à ces agriculteurs de compléter les revenus apportés par la riziculture. Il s’agissait de la culture du nylam11 et l’exploitation du bois ou rotin. Ceci permettait notamment aux sans-terres les plus affectés par l’augmentation de la pression foncière dans les rizières, de dégager un revenu souvent considérable (1M2 Rps/mois pour le bois et 20M Rps/8 mois pour le nylam12). Durant le conflit, ces deux activités n’ont pu être poursuivies car elles se pratiquaient sur des zones reculées en forêt. Les plus vulnérables se sont réfugiés chez de la famille habitant dans d’autres villages. On observe de nombreux cas où des agriculteurs proposent à leur famille réfugiée chez eux de cultiver une petite parcelle de riz durant quelques mois. Pour ceux qui ne se sont pas réfugiés, la riziculture a souvent continué mais a pu être ralentie sur certaines parcelles plus proches de la forêt et des collines. Parfois, une demande d’autorisation auprès du post militaire du village devait être faite avant d’aller travailler dans les champs. Ces contrôles permanents associés à des pressions psychologiques voire des violences physiques ont pu dissuader certains riziculteurs. Aujourd’hui, soit la riziculture ne s’est jamais arrêtée et continue comme avant le conflit, soit elle s’est interrompue quelques années et dans ce cas, les producteurs doivent aujourd’hui reprendre tout à zéro. Les parcelles sont alors revenues en friche et le système de circulation de l’eau est endommagé par manque d’entretien (drains bouchés, canaux d’irrigation en mauvais état). La principale limite rencontrée pour reprendre la riziculture est l’absence de capital : outil pour défricher, labourer, semences, engrais et pesticides. Sur certaines zones, les agriculteurs ne sont pas encore assez nombreux à vouloir reprendre la riziculture. Ceci peut être du à un manque de motivation général car pour l’instant il existe d’autres sources de revenus ou bien au fait qu’encore beaucoup de familles réfugiées ne sont pas encore retournées vivre dans leurs villages. Nous voyons ici l’importance de la dynamique communautaire pour la riziculture. D’autre part, la reprise des activités en forêt est en cours. Cependant, les agriculteurs font face à un manque de capital pour remettre en état les plantations de nylam : défricher, planter, transformer en huile. De plus, la culture du nylam suppose l’embauche d’ouvriers saisonniers pour les opérations régulières de défrichage et les récoltes. Pour compenser ce manque, ces agriculteurs exercent aujourd’hui de petites activités comme la collecte et vente de petits bois (bois de chauffe ou de 11 Le nylam est un arbuste cultivé sur des cycles de 8 mois et dont on extrait une huile essentielle à partir de ses feuilles. Le nylam se cultive en forêt (fronts pioniers) sur de l’abatis brulis itinérant. 12 Ce sont des valeurs estimees a partir des discours d’agriculteurs. Elles n’ont put etre verifiees car tres peu de gens produisent du nylam aujourd’hui et les prix fluctuent enormement : entre 100 000 Rps et 1M5 Rps pour 8 mois.

81

Page 82: Rapport Diagnostic Agraire Final

construction). Certains travaillent dans la construction sur la zone côtière en reconstruction. Pour ces producteurs, l’objectif est clairement la reprise des activités en forêt, c’est-à-dire principalement les plantations (nylam, hévéas, etc.). Ceci ira très certainement de paire avec une exploitation croissante du bois. En effet, les réseaux de vente se restructurent progressivement (circulation de collecteurs, nombreuses constructions) et des moyens de capitaliser s’offrent aux agriculteurs pour reprendre cette activité (emprunt auprès des acheteurs, location de tronçonneuses). SP 9 : Petit planteur Cette exploitation est exclusivement basée sur des cultures pérennes. On distingue 2 variantes :

principale est une palmier à huile.

- Celle où la plantation parcelle de 1 ha de

travail du palmier

ier des programmes PIR de plantation ’est pas l’agriculteur qui a installé sa

L’exploitant a mis en place cette culture depuis moins de 10 ans en remplacement d’une plantation d’hévéa déjà âgée. En effet, la productivité duà huile est nettement plus avantageuse (environs 50 000 Rps/Hj) que celle de l’hévéCertains agriculteurs ont aussi pu bénéficindustrielle (cf. p 28) Dans ce cas, ce nplantation mais l’entreprise directement. Certains planteurs de palmiers à huile font appel à une main-d’œuvre à la tache pourl’élagage et la récolte.

a (environs 30 000 Rps/Hj).

- L’autre variante est le cas où la plantation principale est une parcelle de 1 ha d’hévéa. Il s’agit d’hévéas clonés distribués par le gouvernement il y a 20 ans. Certaines plantations sont parfois déjà âgées et en cours de renouvellement progressif. Contrairement à un agriculteur qui a totalement remplacé sa plantation d’hévéas par du palmier à huile, celui-ci a l’avantage de ne pas subir de période de transition lors de laquelle le palmier à huile n’est pas encore productif.

celle, l’exploitant possède un nombre non négligeable

Calendrier des cultures du SP 9

En parallèle à cette pard’arbres fruitiers sur le terrain de la maison (une quinzaine au moins). Citons pour exemple des rambutans, cocotiers, manguiers ou des durians. Il est important pour le chef d’exploitation de se prémunir contre les aléas des cultures de rente. L’exploitation de quelques arbres fruitiers lui permet de ne pas trop

Févr Mai NovaHEVEA Petite récolte Récolte nettement réduite Grande récolte

Grande récolte Petite récolte Récolte nettement réduiteDécJuil Août Sept OctJanv Mars Avr Juin

PH

1 ha 2 actifs familiaux ¼ actif salarié

1 ha SC 7 ou SC 6

20 poules

SP 9 4

82

Page 83: Rapport Diagnostic Agraire Final

se spécialiser et donc de pouvoir dégager un revenu minimum quand interviennent des fluctuations trop importantes des prix du latex ou et de l’huile de palme. Mari et femme travaillent ensemble sur ces 2 ateliers de production. La femme élève aussi 20 pouletsCet exploitant se doit d’exercer une autre activité pour subvenir aux besoins de sa famille, notamment durant l’intersaison (période de creux dans le cycle de production de la plantation). Il peut mettre en place un petit atelier de fabrication de briques ou vendre du bois qu’il récupère en forêt.

L’unité de fabrication de briques est gérée par la femme. Le processus de

fluctuation de la demande, notamment avec la

on négligeable (de 300 000 à 1M5 Rps par mois au

transformation nécessite le travail d’un buffle pour malaxer l’argile. Celui-ci n’appartient pas à l’EA mais est loué à la journée ce qui représente un investissement important. De nombreuses autres contraintes peuvent se présenter : accès à l’eau difficile en saison sèche, reconstruction liée au tsunami.

Ainsi, certains exploitants préfèrent la filière bois malgré les restrictions juridiques13. Cet atelier est géré par les 2 exploitants : l’homme tronçonne ou scie et la femme transporte les planches de bois jusqu’au bord de la route où elles seront récupérées par un collecteur. Selon la façon dont est gérée cette activité, elle peut devenir une source de revenu nmaximum). Impact du conflit sur les systèmes de productions centrés autour des cultures de rente et se situant dans les collines (SP 9) Les agriculteurs de cette zone de collines ont été particulièrement affectés par le conflit. En effet, la forêt, refuge des rebelles, y est encore très présente. Peu de zones sont dégagées pour l’agriculture, les cultures principales étant des plantations. Durant le conflit, les paysans ne pouvaient plus intégrer les zones reculées telles que les plantations d’hévéas et de palmiers à huile situées en générale à la lisière des forêts. Aujourd’hui, ces agriculteurs reprennent progressivement possession de leurs plantations mais doivent faire face à un certain nombre de contraintes liées au manque d’entretien du paysage : la friche a envahit les plantations, certains drains fonctionnent mal ce qui provoque l’inondation des plantations en bas-fonds.

Il est important de noter ici une différence notoire entre les SC de l’hévéa et du palmier à huile. En effet, comme nous l’avons explique dans le SP4, les rendements d’une plantation d’hévéas non entretenue durant quelques mois à quelques années ne diminuent presque pas lors de la reprise de la plantation. Cependant, une plantation de palmiers a huile qui n’est pas entretenue, notamment en engrais, subit une diminution considérable du rendement. Ainsi, de nombreux producteurs qui récoltaient plus d’une tonne/mois ne récoltent aujourd’hui que 500kg/mois. La reprise d’une plantation de palmiers à huile suppose donc une marge de temps plus longue afin que progressivement, le planteur arrive à économiser suffisamment d’argent pour acheter de l’engrais. 13 L’exploitation de la forêt est en principe interdite ou du moins fait l’objet d’autorisations officielles de la part du ministère des forêts. Or ces règles sont souvent négligées par la police corrompue.

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Sur certaines zones de collines, des cultures vivrières (riz pluvial et maraichage) étaient encore pratiquées avant le conflit. Aujourd’hui ces rizières sont en friches et la reprise d’une activité agricole serait trop onéreuse car cela demande une remise en état de la parcelle et des investissements pour l’achat de semences, d’engrais, d’herbicides, etc. De plus, certains villages avaient tout de même mis en place de petits systèmes de récupération d’eau de marécages qui permettait d’alimenter les rizières du village. Aujourd’hui, ces réseaux ne fonctionnent plus. Les zones maraichères sur les berges de rivières ont souvent été remplacées depuis le conflit par des plantations type cacao, hévéa et palmier à huile. En effet, ces zones étant revenues en friches durant quelques années, la pression des ravageurs (insectes, maladies, cochons) s’était accrue et a rendue plus difficile la reprise du maraichage. Les plantations qui nécessitent moins de surveillance quotidienne et sont moins sensibles aux ravageurs sont alors une bonne alternative. Aujourd’hui, les rares villageois qui possédaient encore des cultures vivrières en collines ne produisent donc presque pas pour l’autoconsommation. Il semblerait donc que ces agriculteurs s’orientent clairement vers des cultures de rente. Cette dynamique est clairement encouragée, voire impulser, par le gouvernement lui-même. En effet, depuis la fin du conflit durant lequel les programmes du département des plantations ont stagnés, les distributions de plants augmentent : 110 ha d’hévéas, 400 ha de cacaos et 475 ha de palmiers à huile seront plantés en 200614. En 2005, les chiffres étaient les suivant : 100 ha d’hévéas, 183 ha de cacaos et 250 ha de palmiers à huile. Nous allons donc vers une spécialisation de cette zone de collines. Par conséquent, les agriculteurs installés dans le bassin (plaine rizicole et berges en maraichage) devront produire suffisamment pour subvenir aux besoins alimentaires de tout le district. Ce qui suppose une intensification des systèmes de culture vivriers sur cette zone. Cette dynamique n’est pas anodine car la spécialisation d’un SP engendre une plus grande vulnérabilité de celui-ci face aux aléas du marché, notamment pour ce qui est des produits d’exportation comme le latex, l’huile de palme et le cacao. SP 10 : Gros planteur non mécanisé Il s’agit d’un gros producteur en termes de foncier. En effet, cette exploitation est constituée de 4 ha d’hévéa mis en métayage, ½ ha de plantation de pinangs, ½ ha de rambutans (40 arbres)t

e ½ ha de riz irrigué en métayage. D’autre part ce producteur possède 3 ha de terrains en friche. Comme nous l’avons déjà expliqué, la présence de plantations type pinangs et verger permet à l’agriculteur de se prémunir des aléas du marché du latex.

4

14 Ces données ont été récoltées auprès de l’agent du département des plantations (dinas perkebunan) de Nagan Raya chargé des aides gouvernementales.

4 ha 2 actifs familiaux 4 ha ½ en métayage 5 métayers

1actif salarié

4 ha SC 6 ½ ha SC 1 1 ha verger

20 poules 20 chèvres

SP 10

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Sur ce SP, les enfants peuvent apporter unla principale force de travail reste la main d’exploitation. Tout, d’abord, les 4 plantations d’hévéa (1 auprès de 4 agriculteurs différents (partAujourd’hui, la p

soutien occasionnel à leurs parents mais d’œuvre extérieure employée par le chef

ha) chacune sont mises en métayage age de la récolte en 2 parts égales).

lupart de ces plantations d’hévéas ont plus de 20 ans et ne

il laisse l’entretien et la saignée journalière à la charge du métayer.

rtie des cultures vivrières

Po etâcLes m

représentent plus pour l’agriculteur la source de revenu la plus « prometteuse » pour l’avenir. Ainsi, l’agriculteur continue d’entretenir la plantation (apport d’engrais, pesticide), maisLa rizière est une parcelle éloignée de l’EA, souvent issue d’un héritage avant que la famille n’ait déménagée en zone 4. Au lieu d’effectuer de longues distances quotidiennement, il est plus facile pour l’agriculteur de mettre la rizière en métayage. Ceci lui permet :

- de ne pas perdre de temps dans les déplacements, - d’avoir sa parcelle entretenue malgré tout, - et surtout de produire du riz pour l’autoconsommation alors que l’EA est

installée dans une zone sans production vivrière. En effet, sur les collines, la production de riz pluvial a été totalement abandonnée face à la compétitivité du SC irrigué sur la plaine. Aujourd’hui, les plantations ont progressivement pris le déçus en zone 4 jusqu’à ce que la majeure padisparaisse.

ur l s autres plantations, le chef d’exploitation fait appel à une main-d’œuvre à la he pour nettoyer les parcelles ainsi que pour récolter.

oyens de productions animaux de cette EA sont 20 chèvres et 20 poulets. i sont en général réservés à l’exploitante : alimentation des poules 3 fois par

on de riz) ; entrée/sortie des chèvres de l’étable. Ceux-cjour (s

’œuvre plus que par les

Le salariat (paiement d’un ouvrier à la tache/ au nombre d’heures de travail effectuées). Or, le temps de travail dans une plantation d’hévéas est le plus élevé

taire est totalement libre.

tretenue durant toute

-

Nous voyons ici que ce SP est limité par la main-dressources foncières. Le métayage de la rizière permet au planteur d’avoir du riz de consommation. Cependant, pour les plantations d’hévéas, plusieurs possibilités auraient put être envisagées : -

parmi les différentes plantations de la zone (220 Hj/ha/an). Il ne serait donc pas rentable pour le propriétaire de payer un ouvrier à la tache ;

- Le fermage suppose la location de la parcelle sur une durée déterminée (habituellement le cycle cultural) pendant laquelle le locaOr, en louant la parcelle sur une seule année, il est possible que ce dernier ne voit pas d’intérêt à entretenir la parcelle car les récoltes qu’il effectuera cette année là ne seront pas affectées. Or, le travail sur une plantation d’hévéas s’étale sur plusieurs années entières. Donc, si la parcelle est mal enune année, cela peut pénaliser la production des années suivantes, c’est-à-dire, quand le propriétaire la récupère ; Finalement, pour ce chef d’exploitation, le plus judicieux est de mettre sa plantation en métayage. Cela lui permet une entrée d’argent régulière (toutes les semaines) et un contrôle plus régulier sur l’entretien de la parcelle par les

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métayers afin que le propriétaire ne soit pas pénaliser quand il récupère sa parcelle.

Comme précédemment, ce SP a été principalement affecté par le délaissement de la plantation durant quelques années. Cependant, la reprise de l’activité agricole à la fin du conflit a été rapide étant donné les moyens considérables qu’a pu mettre en œuvre ce propriétaire. Nous avons volontairement choisi de ne pas approfondir l’analyse pour ce SP.

SP 11 : Plantation patronale Il s’agit de propriétaires terriens qui n’habitent pas sur place mais possèdent leur résidence principale en ville (à Meulaboh notamment). L’exploitation est une

lantation de 20 ha de palmiers à huilep avec un SC plus intensif en termes ’investissement en intrant et en termes de travail que le SC7. Les principales

gulière d’engrais et un entretien plus important de la ddifférences sont une utilisation réparcelle. Un couvert végétal (fougères) est maintenu afin de conserver un degré d’humidité souhaitable pour le palmier à huile. Une main-d’œuvre salariée est employée à l’année et vit sur l’exploitation. Nous n’avons pas étudié de façon plus précise ce SP. La majeure partie de ces planteurs ont quittés la zone durant le conflit pour vivre définitivement à Meulaboh d’où ils sont originaires. Ces zones sont aujourd’hui en friche (larges terrains) et non exploitées. Certains de ces grands propriétaires vendent aujourd’hui leur terrain aux villageois. D’autres continuent l’exploitation en proposant à une famille de s’installer sur la plantation et de partager la récolte qu’ils effectueront. SP 12 : Sans terre Il s’agit généralement de nouveaux arrivants qui e sont installés sur le territoire il y a peu de mps. C’est le cas de couples dont le mari est

village de son épouse qui

stevenu s’installer dans le’a hérité d’aucune terre. Ces familles sont sans-n

terre de générations en générations. Cette exploitation se compose donc de 1 ha de pla

1 ha en métayage 2 actifs familiaux

1 ha SC 6

SP 12 4

ntation d’hévéas en métayage sur laquelle travaille mari et femme ensemble. Aumétayage pourra rapporter 800 000 Rps par mois.Ainsi, vu les limites en termes de moyens de concernées doivent trouver d’autres o

plus haut de la production, le production de ce SP, les familles

pportunités de revenu pour survivre. En zone 4,

nité de revenu évidente pour les

il est très fréquent que les EA pratiquent l’exploitation frauduleuse du bois. Tous les jours, mari et femme travaillent ensemble: le matin dans la plantation et l’après-midi, en forêt pour chercher du bois. Ceci est une opportufamilles dans le besoin étant donné que la fraude est peu contrôlée, ou plutôt semble tolérée par les autorités.

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Durant les années de conflit, il était impossible pour ce SP de pénétrer la forêt, qui était alors le refuge des rebelles indépendantistes. Les plantations d’hévéas et palmiers à huile étaient aussi des zones dangereuses. Ainsi, les sans-terres situés dans des zones particulièrement reculées été souvent condamnés à se réfugier dans les villages voisins où ils ont étaient hébergés durant quelques mois, voire quelques années, chez des proches. Aujourd’hui, les sans-terres reviennent dans leurs villages d’origine. Ce sont peut être les agriculteurs les moins touchés par la crise puisqu’ils ne possèdent que très peu de moyens de production susceptibles de s’être détériorés durant le conflit. Cependant, depuis la crise économique de 97 jusqu’aux années de guérillas, ces familles ont été directement confrontées aux fluctuations des prix du marché (riz notamment) liées à l’instabilité globale de la zone. Ces EA ont été affaiblie durant le conflit et repartent aujourd’hui avec un capital moins important. On peut penser à deux évolutions possibles pour ce SP : - Soit la famille reprend son activité en métayant une parcelle d’hévéas (cas de la plupart des agriculteurs de ce SP). Il est très probable que les premières années, une activité extra-agricole soit nécessaire étant donné l’affaiblissement de ce SP. On peut se demander si à long terme, les emplois dans le bâtiment, le bois ou le transport (camions, pick-up transportant du gros matériel) se maintiendront et seront suffisants, et donc par là est-ce que la pluriactivité est une solution durable pour ce SP ; - Soit l’agriculteur ne souhaite plus reprendre son activité agricole dans ces conditions (sans être propriétaire des terres qu’il travaille). Dans ce cas, la famille va s’installer dans d’autres zones du district, voire d’autres districts d’Aceh. Les liens familiaux sont très forts en Indonésie et permettent une entraide importante. Ainsi, on voit souvent des familles rejoindre des proches sur un autre département pour tenter leurs chances dans d’autres domaines de travail (ouvriers en industrie par exemple).

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Exploitation frauduleuse du bois à Nagan Raya Sur de très nombreux sites de la zone 4, les agriculteurs exploitent de manière frauduleuse du bois de forêt. Il semble que cette exploitation soit organisée, ou du moins facilitée, à une échelle plus large que nous ne le remarquons au premier abord. En effet, des pistes menant vers des ouvertures en pleine forêt sont clairement entretenues par un passage fréquent de véhicules transportant les récoltes de bois. Les défriches et tas de bois en vente sont visibles au bord des routes, le bruit des tronçonneuses en pleine forêt est omniprésent.

Extrait d’une discussion avec un agriculteur installé sur les collines : Quelles sont vos activités au jour le jour ? Je travaille à la plantation d’hévéas, mais elle ne m’appartient pas. Je partage la récolte. Et est-ce que cela vous suffit pour votre famille ? Non, bien sur que non. Alors, vous ne faites que ça ? Vous n’avez pas d’autres activités ? Si, je vais chercher du rotin et du bois dans la forêt. Je vais avec ma femme, tous les jours après avoir travailler dans la plantation d’hévéa. Et vous faites comment ? Vous avez une tronçonneuse ? Nous non, on utilise une scie. Mais les autres en ont. C’est moi qui coupe et ma femme transporte le bois jusqu’à la route. A qui vendez-vous le bois ? La fabrique du village voisin vient chercher le bois ici. Beaucoup de gens cherchent et vendent du bois ici ? Oui, beaucoup. Surtout les familles pauvres comme nous. On n’a pas de terre alors on doit chercher de l’argent autrement. Extrait d’une discussion avec un fonctionnaire du département des forêts 15 : Est-ce que des pénalités sont appliquées en cas d’exploitation illégale de bois ? Oui, bien sur. Nous contrôlons cela.

Et vous savez s’il y a une exploitation illégale du bois à Nagan Raya ? Oui, il y en a mais ça concerne très peu de bois. C’est juste un peu de bois qu’ils utilisent pour construire leurs maisons. Ce n’est pas une grosse exploitation. Il n’y a pas de quoi s’inquiéter.

L’exploitation frauduleuse de bois est ouverte. Les agriculteurs savent qu’elle est illégale mais ne s’en cachent pas car cette activité est vitale. D’autre part l’institution supposée contrôlée cela semble ne pas s’en préoccuper. Sur certaines zones (Beutung notamment), des flancs de collines et falaises sont aujourd’hui totalement mis à nu. Les fortes pluies accélèrent fortement l’érosion de ces parties : effondrement, coulées de pierres sur la route, etc. On ne peut pas dénoncer les agriculteurs qui trouvent aujourd’hui dans cette activité un moyen de faire vivre leur famille. Mais il est inconcevable que le gouvernement ne se préoccupe pas plus de cette situation critique par laquelle des agriculteurs sont obligés de pratiquer cette activité nuisible à l’environnement pour faire face à une trop grande précarité. La corruption explique probablement ce laisser-aller. Depuis quelques années, les contrôles et donc les cas de corruption, semblent s’être intensifiés. Mais le phénomène doit être compris et résolu à sa source : permettre à ces familles de générer un revenu suffisant pour qu’elles n’aient pas à exercer cette activité frauduleuse. Il s’agirait d’appuyer ces familles pour qu’elles aménagent ces zones de manière durable puis de mettre à disposition des moyens de productions adaptés à la zone.

15 Ces paroles font suite à une conversation sur les différents statuts légaux des zones forestières.

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4.3.3. Conclusion sur l’analyse des systèmes de production Cette typologie émane d’un certain nombre d’analyses qui ont permis de distinguer 12 systèmes de production aux caractéristiques, contraintes et stratégies différentes :

- tout d’abord, le zonage rend compte des différentes contraintes qu’impose le paysage aux agriculteurs : une zone vallonnée (sol pauvre et lessivé, riziculture difficile) ; une large zone plane (gestion de l’eau possible) ; des rivières (sols alluviaux riches) ;

- grâce à l’étude de l’histoire agraire de la zone, nous avons vu se différencier des gros et petits producteurs (surface cultivées, moyens à disposition, revenus dégagés). Certains sont de nouveaux arrivants et donc ont démarré avec un capital moindre qu’un habitant de la zone, d’autres ont pu bénéficier de distributions de plants dans les années 80, etc.

Aujourd’hui ces SP font face à de nouvelles dynamiques qui continueront d’orienter leurs trajectoires :

- la densité de population croissante sur la plaine rizicole provoque des déplacements de population et oblige certains agriculteurs à devenir pluriactif ;

- la politique gouvernementale actuelle vise à l’augmentation des productions de rente pour l’export (cacao et palmier à huile principalement). De plus en plus de plants sont distribués auprès des agriculteurs, notamment depuis le tsunami (aide internationale reversée au gouvernement) ;

- l’exploitation du bois fait souvent partie intégrante des SP. Or, elle fait l’objet de contrôles de plus en plus sévères mais aussi de beaucoup de corruption. Cette situation est préoccupante pour les agriculteurs (ressources en bois diminuent) et pour l’environnement (inondations, éboulements, etc.).

- avec le tsunami, une aide massive a été apportée aux agriculteurs de la côte. Cette nouvelle situation ne fait qu’accentuer l’écart entre les agriculteurs de la côte et de l’intérieur de terres qui, pour la plupart, n’ont pas reçu d’aide ;

- enfin, le conflit armé qui a opposé GAM et militaires durant les 6-7 dernières années sur notre zone d’étude a considérablement ralenti l’activité économique. La reprise est en cours depuis un an.

Cette typologie est donc un outil important pour comprendre le fonctionnement de l’agriculture actuelle et pour appréhender les évolutions à venir. Elle doit permettre à un acteur souhaitant intervenir dans le domaine agricole, comme SOLIDARITES, d’intervenir de la manière la plus pertinente possible : types de bénéficiaires à viser, que considérera t-il prioritaire pour son exploitation agricole, telle activité va-t-elle être la plus adaptée par rapport aux objectifs actuels et/ou futurs de ce SP. Dans cette optique, nous nous sommes notamment attachés à comprendre comment le conflit a pu affecter les SP durant les 6-7 dernières années. Dans la partie suivante, nous allons analyser dans sa globalité cette problématique de conflit afin d’en tirer un certains nombres de recommandations pour faciliter une possible étude ultérieure en zone post-conflit.

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5. Analyses et perspectives en zone post-conflit

Cette dernière partie permet de resituer l’ensemble des résultats du diagnostic agraire dans le contexte du conflit qui a touché le district de Nagan Raya des années 98 à 2005. Pour cela, nous nous sommes aussi basés sur un certain nombre de documents produits par SOLIDARITES et d’autres ONG dans le cadre d’études à l’intérieur des terres. Nous allons dans un premier temps déterminer quels sont les secteurs, et donc les types d’agriculteurs, qui ont le plus souffert de cette période. Puis un point sur l’aide apportée actuellement dans ces zones va nous permettre de conclure ce diagnostic en proposant des orientations pour la réalisation du diagnostic initial d’un potentiel projet

5.1. Evaluation de l’impact du conflit sur les SP identifiés Comme nous l’avons vu précédemment, les agriculteurs les plus affectés par le conflit se situent sur des zones plus reculées, en lisière de forêt et donc proche des grandes zones de plantations (familiales ou industrielles). Ainsi, les principales difficultés auxquelles font face ces agriculteurs concernent la perte de capital et la reprise des activités en forêt (plantations, récolte de bois, etc.) :

- Perte de capital : il s’agit soit de la perte des outils de travail dus aux déplacements de populations (motoculteurs, moulin à riz détruit, petit outillage), de bétail (buffles, vaches), ou d’intrants (semences, engrais) ;

- Abandon des plantations : aujourd’hui, les planteurs doivent reprendre en main ces cultures. Cela suppose de (1) défricher les parcelles (en zone tropicale, la végétation spontanée envahit très vite les zones non entretenues), (2) apporter de l’engrais en quantité pour certaines plantations plus sensibles, (3) retrouver des collecteurs auxquels vendre les produits des récoltes (le réseau a pu être déstructuré durant la conflit). Tout ceci demande de la part de l’agriculteur une disponibilité en temps importante. Cela n’est pas toujours évident car l’agriculteur peut rentabiliser son temps d’une autre manière (activité non-agricole). De plus, un investissement minimum en argent est nécessaire pour l’achat d’outils et pour salarier des ouvriers à la tache ;

- Mauvais entretien des aménagements agricoles : il s’agit notamment de certaines infrastructures d’irrigation (bétonnées ou pas) dans les sous-districts de Seunagan, Seunagan Timur et Beutung. Ces petits périmètres irrigués fonctionnent mal aujourd’hui, voire plus du tout. La population qui revient dans ces villages cultive du riz sans irrigation donc avec moins de rendement. Certaines parcelles on été plantées en légumes du fait du manque d’eau. Cependant, sur certains réseaux, les causes de ces difficultés ne sont pas complètement connues : tremblement de terre du tsunami qui aurait détérioré le canal, réparations de canaux en cours, diminution des ressources en eau à leurs sources, mauvaises qualités des ouvrages réalisés par les travaux publics dans les années 90.

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A partir de toutes ces données, nous avons pu distinguer quels SP ont été les plus affectés par le conflit. Il s’agit d’une échelle de vulnérabilité basée sur les SP décrit précédemment. Cependant, il est important de noter que tous les producteurs correspondant à chacun de ces types ne sont pas systématiquement affectés. Comme nous l’avons dit précédemment, les exploitations qui ont été les plus affectées se situent dans les villages les plus reculés : accès difficile, proche des forêts, souvent en zone de collines. 1. Les petits planteurs (SP 9 et 6) :

de palmiers à huile. La reprise en main de la plantation nécessite beaucoup de travail et souvent un support d’une main d’œuvre salariée. Les plantations produisent aujourd’hui 2 à 3 fois moins qu’avant le conflit. Beaucoup d’engrais serait nécessaire pour rétablir les rendements. La collecte de bois en forêt qui permettait de compléter les revenus agricoles n’est plus une solution durable (nombreux contrôles et environnement fragilisé). Les activités liées à la construction (fabrication artisanale de briques, emploi saisonnier pour des contractants) se feront rares dans quelques mois, quand la reconstruction post-tsunami aura pris fin.

d’hévéas. Nous faisons le même constat que précédemment si ce n’est que les rendements de l’hévéa ont diminués au maximum d’un tiers. 2. Les petits producteurs vivriers (SP 2 et 3) :

La reprise en main des cultures vivrières n’est pas trop contraignante sauf dans certaines zones où la population a quitté la zone plusieurs années. La plus grande contrainte est la reprise des activités en forêt : culture du nylam suivie par des plantations d’hévéas, exploitation du bois, maraichage parfois. D’autre part, ces agriculteurs ont presque systématiquement perdus leurs animaux qui représentaient un capital considérable au sein du SP. 3. Les sans-terres (SP 8 et 12) :

Ceux-ci ont souffert indirectement du conflit puisqu’ils étaient métayers et donc que leurs moyens de productions n’ont pas été affectés.

1 ha de palmier à huile ou hévéas

20 poules

1 ha de riz/ légumesPoules et canards

1 buffle

1 ha de riz ou hévéas en métayage

Quelques poules

Cependant, un certain nombre ont du trouver des débouchés dans d’autres secteurs d’activités et se sont déplacés vers d’autres villages. Aujourd’hui, ces agriculteurs se retrouvent confrontés aux mêmes difficultés qu’avant le conflit avec peut-être encore moins de capital.

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Cas des transmigrants durant le conflit Il existe 2 principaux sites où sont installés les transmigrants dans le district de Nagan Raya. Un site est composé de 6 villages ou « SP » : - à Seunagan-Seunagan Timur (6 villages) ; - à Beutung (6 villages appelés trans selamat datang et trans jembreng). L’agriculture dans ces villages se basait essentiellement sur les plantations (hévéa et palmier à huile), du maraichage et du riz. Or, durant le conflit, les transmigrants ont certainement été la population la plus affectée. En effet, les javanais étaient les premiers ciblés par le GAM qui n’acceptait pas que des non-acehnis soient installés sur leur territoire et exploitent leurs ressources. La presque totalité des maisons des transmigrants ont été brûlées, ainsi que les écoles et autres salles communautaires. Les javanais ont fuit en dehors d’Aceh, dont une grande partie à Java. Aujourd’hui, ces villages se repeuplent progressivement (quelques dizaines de familles revenues sur 400 à 600 familles par village). Les principales difficultés auxquelles sont confrontées les familles revenues sont :

- la restauration de leur lieu de vie (le gouvernement reconstruit progressivement les maisons et propose des projets pour réhabiliter le village) ;

- la reprise en main des plantations (palmiers à huile surtout) ; - le manque de personnes pour reprendre les cultures vivrières : entraide

difficile, pression des ravageurs (cochons et insectes) importante ; - la perte des buffles et vaches qui constituaient un capital important pour ces

SP. Ainsi, contrairement aux déplacés acehnis, beaucoup de javanais ne sont pas encore rentrés dans leurs villages. Ceci rend encore plus difficile la reprise pour ceux qui sont de retour. De plus, dans les années 80, les transmigrants ont été placés sur des zones reculées, en forêt. A l’époque, l’aménagement agricole de ces zones avaient déjà du être difficile. Il en est de même aujourd’hui après 5 années d’abandon. Cependant, la question des transmigrants est délicate car il s’agit d’une initiative du gouvernement dans les années 80. Aujourd’hui, alors que le conflit indépendantiste est pris fin, il serait toujours de la responsabilité du gouvernement de prendre en charge ces populations. Celui-ci est en effet entrain de proposer aux javanais de revenir : don de prime à la réinsertion et promesse de soutien plus durable. Le gouvernement va-t-il tenir ses promesses et dans quelle mesure les javanais souhaiteront réintégrer Aceh ? Il est nécessaire de prendre en compte ce contexte politique pour pouvoir anticiper l’évolution de ces villages.

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5.2. Aide déjà apportée en zone post-conflit Durant le conflit, ces zones ont été complètement délaissées au niveau de l’aide gouvernementale. Cependant, on observe depuis 2006 différentes initiatives de la part du gouvernement :

- distributions de plants de cacaos, hévéas et palmiers à huile ; - programmes P2KP : cela consiste à remettre à un comité représentant le

village une certaine somme d’argent pour la réalisation de travaux communautaires (chemins dans le village, salle communautaire, puits, irrigation, drainage, etc.).

En parallèle à cela, quelques ONG ont réalisé quelques petits travaux ponctuels en zone post conflit. On peut se demander si une nouvelle dynamique ne va pas déplacer le terrain de travail des ONG de la zone tsunami vers la zone post-conflit. Auquel cas, une intervention de la part d’un nouvel acteur est à appréhender avec encore plus d’attention (coordination).

5.3. Recommandations Nous avons réalisé ici un certain nombre de recommandations à prendre en compte dans le cadre d’un diagnostic initial en zone post-conflit. Il s’agit de sujets à approfondir, de potentiels domaines d’intervention qu’il serait intéressant d’étudier.

• Les besoins en réhabilitation de petits périmètres irrigués et drainage16 Le gouvernement a-t-il l’intention de réhabiliter ces infrastructures ? Les agriculteurs ont-ils réellement l’intention de reprendre la riziculture ou préféreront-ils planter des hévéas et des palmiers à huile ?

• La réhabilitation des plantations Est-elle effective 2 ans après le conflit ? Les rendements sont-ils aussi bons qu’avant ? Le manque d’intrants (engrais notamment) explique-t-il le retard accumulé ? Des formations pour la gestion des pestes et de la fertilité seraient-elles utiles ?

• La riziculture L’étude de consolidation réalisée par Norbert Counet fait état des besoins en termes de riziculture pour les agriculteurs déplacés durant le conflit et candidats au retour. Au-delà de la réhabilitation des périmètres irrigués et drainés (gros travaux mais aussi petits travaux d’entretien par la communauté), des références sont faites quant aux besoins en intrants agricoles (manque d’aide gouvernementale en zone reculée), en techniques de séchage de paddy, en commercialisation.

• L’élevage Que sont devenus les producteurs qui possédaient des buffles et des vaches ? Ont-ils acquis de nouveaux animaux ? Ont-ils l’intention de le faire ?

16 Cf rapport de consolidation de Norbert Counet (nov 2005)

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• Agriculture vivrière et diversification En zone reculée, souvent zone de collines, les parcelles en vivrier sont progressivement délaissées au profit des cultures de rente.

Est-ce que les villages qui produisaient du riz et des légumes avant souhaiteraient continuer ? Si oui, pourquoi ne le font-ils pas (problème de foncier, de ravageurs, manque d’outils) ? Seraient-ils assez compétitifs par rapport aux producteurs des autres zones (étude de la filière) ?

• Exploitation du bois Est-ce un revenu durable pour les agriculteurs ? La politique de contrôle accrue du gouvernement est-t-elle effective ? Si oui, des alternatives sont-elles envisagées pour les familles qui vivaient de cette ressource avant le conflit ?

• Vulgarisation agricole en zone conflit Le gouvernement a toujours peu soutenu les zones reculées du district en termes de vulgarisation des techniques agricoles. Ceci très certainement pour des raisons d’accès difficile mais aussi de priorités (préférence donnée à la construction de périmètres irrigués depuis 15 ans). Aujourd’hui, les agriculteurs rencontrent de nombreuses difficultés quant à la gestion des pestes (riz, légumes, cacao, hévéa, bétail), de la fertilité.

Quels sont les programmes actuels des BPP17 ? Les agriculteurs expriment-ils un manque dans ce domaine ? Si oui, seraient-ils prêt à s’y investir ? Cela permettrait-il aux petits planteurs de se diversifier par des cultures vivrières ?

• La reprise agricole dans les villages transmigrants Où en est la reprise agricole dans les villages transmigrants ? Ont-ils des sources de revenus diversifiées comme avant le conflit (rente et vivrier) ? Quelle est la politique gouvernementale quant à ces villages, soutien à la production vivrière notamment ? Qu’en est-il de la perte du bétail durant les années de conflit ?

17 BPL (Balai Penyuluhan Pertanian) = Centre de recherche/vulgarisation agricole

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CONCLUSION Deux ans après le tsunami, l’aide apportée par les acteurs de la reconstruction a été considérable18. On observe parfois même des familles de l’intérieur des terres venir s’installer sur la côte afin de pouvoir bénéficier de l’aide internationale et des opportunités d’emplois qu’offre cette zone. Aujourd’hui, un déséquilibre se fait de plus en plus sentir entre la bande côtière et le reste de la province lourdement affectée par un conflit armé depuis plus de 30 ans. Grâce à la connaissance poussée que nous avons de la situation agraire dans le district de Nagan Raya, nous avons pu mieux cerner l’impact du conflit sur les agriculteurs. Un écart variable s’est creusé entre (1) les acehnis habitant sur la bande côtière et bénéficiaires de l’aide post-tsunami (jusqu’à 10 km de la côte), (2) les acehnis installés en zone reculée et montagneuse et (3) les transmigrants javanais. La poursuite de cette réflexion devra notamment se baser sur la typologie des SP établie ici. Trois catégories de SP ont été signalées comme étant les plus affectées par le conflit : les petits planteurs, les petits producteurs vivriers et les sans-terres. Aujourd’hui, nous sommes convaincus de l’importance de se pencher sur cette problématique pour les acteurs de l’aide internationale. En effet, après 30 années de conflit intense à l’intérieur des terres d’Aceh, l’agriculture a stagnée et des besoins se font ressentir. L’arrivée massive des humanitaires en janvier 2005 a aidé à établir la paix à Aceh. Maintenant, avec la connaissance qu’ont les ONG de la province, il parait difficile de ne pas s’inquiéter de cette crise sous-jacente.

18 Un document relatant des retours d’agriculteurs de la côte sur le tsunami et l’aide humanitaire qui a suivi a été réalisé en parallèle à ce diagnostic agraire.

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Page 96: Rapport Diagnostic Agraire Final

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES Ouvrages ou articles

ℵ Memento de l’agronome. CIRAD-GRET-MAE. Février 2006.

ℵ Initiation à une démarche de dialogue. Etude des systèmes de production dans deux villages de l’ancienne boucle du cacao (Côte d’Ivoire). Les éditions du GRET. Nicolas Ferraton, Hubert Cochet, Sébastien Bainville. Avril 2003.

ℵ Les projets de développement agricole. Manuel d’expertise. CTA-KARTHALA. Marc Dufumier. Septembre 2004.

ℵ L’autre impact du tsunami, fin du conflit en Aceh. Courrier de l’ACAT, n°263. Jean-Pierre Poure. Mars 2006.

ℵ Agrarian systems in irrigated paddy production area, Trimurjo and Seputih-Rama sub-district, Lampung province, Indonesia. Mémoire de fin d’étude CNEARC. Emilie Pelerin & Julie Poncet. Octobre 2004.

ℵ Dynamique d’un front pionnier en forêt marécageuse de Bornéo. Rapport d’étudiants du CNEARC. 2005.

ℵ Diagnostic agraire du district de Mecuburi, Nord Mozambique. Mémoire de fin d’étude CNEARC. Gaylord Robin. Décembre 2005.

ℵ Estrategias y amenazas en las agriculturas campesinas de une zona aislada, Equateur. Mémoire de fin d’étude CNEARC. Solène Dumont & Erwan le Capitaine. Octobre 2004.

ℵ Le marché international du caoutchouc naturel. Rapports des étudiants de l’INA-PG. Janvier 2005.

ℵ Stratégies paysannes et évolutions des savoirs : l’hévéaculture agro-forestière indonésienne. Thèse de l’Université Montpellier I. Eric Penot. Novembre 2001.

ℵ Food security assessment in 11 inland villages in Teunom sub-district. Loreto Palmaera, food security program manager in ACF-Aceh. Juin 2006.

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Page 97: Rapport Diagnostic Agraire Final

Documentations de SOLIDARITES Indonésie

ℵ Etude de consolidation du programme de réhabilitation des systèmes de production agricole endommagés par le tsunami dans le district de Nagan Raya, province d’Aceh, Indonésie. SOLIDARITES. Norbert Counet, Novembre 2005.

ℵ FAO distribution program, Aceh, Indonesia. Final Report. SOLIDARITES. 2005-2006.

ℵ Programme d’amélioration la sécurité alimentaire et de l’assainissement des populations touchées par les catastrophes naturelles et le conflit dans les districts de Aceh Barat, Aceh Jaya et Nagan Raya. Proposal. SOLIDARITES. Avril 2005.

ℵ Programme de réhabilitation des surfaces cultivables pour les populations touchées par le tsunami dans les districts de Nagan Raya, Aceh Barat et Aceh Jaya. Rapport intermédiaire. SOLIDARITES. Aout 2006.

Sites Internet

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IRD. www.mpl.ird.fr

OXFAM. www.oxfamsol.be

Action Contre La Faim. www.actioncontrelafaim.org

FAO. www.fao.org

Alternatives. www.alternatives.ca

Cacao Initiative. www.cocoainitiative.org

CIRAD. www.cirad.fr

Cafe Campesino. www.cafecampesino.com

Canadian Asian Studies. www.canadianasianstudies.concordia.ca

Histoire indonésienne. www.memo.fr

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Page 98: Rapport Diagnostic Agraire Final

GLOSSAIRE Vocabulaire indonésien Agen : collecteur Desa : village Dinas pertanian : ministère de l’agriculture Egrek : faucille emmanchée (récolte du palmier à huile) Garut : herse Glebet : outil de labour combiné au motoculteur Gosrok : outil pour le sarclage manuel Gotong royong : système d’entraide Kabupaten : district Kecamatan : sous-district Kejrun : leader communautaire pour la riziculture Kuncha : unité de mesure locale (180 kg de paddy) Palawija : dénomination employée pour parler d’une certaine catégorie de

légumes Pinang : type de palmier dattier Pisau deres : gouge Pisau dodos : faucille emmanchée (récolte du palmier à huile) Prontok : batteuse PU : Pekerjaan Umum (travaux publics) Rambutan : arbre fruitier type lychee

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Page 99: Rapport Diagnostic Agraire Final

Abréviations

A : Arachide C : Capitaliste EA : Exploitation Agricole F : Familiale GAM : Gerakan Aceh Merdeka (Mouvement indépendantiste acehnis) Ha : Hectare Hj : Homme/jour HM : Haricot Mungo P : Patronale PaH : Palmier à Huile Rps : Roupies (nous avons décidés d’arrondir la conversion 1€ = 10 000 Rps) S : Soja SC : Système de Culture SE : Système d’Elevage SP : Système de Production T : Tonne VAB : Valeur Ajoutee Brute

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ANNEXES ANNEXE I : La gestion du périmètre irrigué de Jeuram p. 101

ANNEXE II : Aceh, une province singulière p. 107

ANNEXE III : Evolution du paysage au cours de l’histoire p. 111

ANNEXE IV : L’histoire agraire en 3 frises chronologiques p. 114

ANNEXE V : Fiche récapitulative : zonage, SC et SE p. 117

ANNEXE VI : Itinéraires techniques de quelques légumes p. 118

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ANNEXE I : la gestion du périmètre irrigué de Jeuram

1. Les différents types de rizicultures sur Nagan Raya

Mer

District de Nagan Raya

Rivière Plaine : riziculture irriguée (canaux primaires et secondaires bétonnés) Collines : riziculture de bas-fonds en cours de disparition Côte : riziculture pluviale « contrôlée » Zone d’étude de diagnostic agraire

On distingue principalement 3 types de riziculture : - riziculture irriguée fonctionnant grâce à un système élaboré d’acheminement

et de partage de l’eau dans tout le district. Le ministère de l’agriculture qui a mis en place ce système parle de « irigasi teknis ». Les agriculteurs pratiquent 2 récoltes par an.

DécMai Juin Juillet AoutPLUIE +++

1ère saison rizicole 2ème saison rizicole

Sept Oct NovJanv Fév Mars AvrilPLUIE + PLUIE - PLUIE + PLUIE -

- riziculture pluviale « contrôlée » sur la côte. En effet, il ne s’agit pas d’une

riziculture en semis direct sur des terres hautes et sèches. Les agriculteurs ont mis en place au fil des années un système de contrôle de l’eau de pluie et des eux de ruissellement que nous pouvons associer finalement à un système d’irrigation primaire. Il s’agit tout simplement de rizières sur des terres mi-hautes voire marécageuses. Les agriculteurs entretiennent de petits drains permettant d’alimenter la parcelle voire de petits bassins de récupération de l’eau de pluie. Le repiquage est souvent possible, parfois à l’aide d’un outil permettant d’enfoncer les plantules dans le sol (kuku kambing). Nous n’avons pas étudié ce système de culture de plus près car il est pratiqué hors de notre zone d’étude.

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(Fréderic Ham, 2006)

Parcelle de riz pluvial, Gunung Reuboh

- riziculture de bas-fonds sur les collines. Il s’agit de riz cultivé sur des terres souvent marécageuses, inondées une partie de l’année par les eaux de ruissellement. Le riz semé est une variété locale de cycle de 6 mois. La raison pour laquelle nous n’avons pas décidé d’étudier ce SC est qu’il est clairement en cours d’abandon par les agriculteurs qui deviennent planteurs à 100 %.

2. Le périmètre irrigué de Jeuram

102

Ulai Jalan Sous-district Beutung

Sous-district Seunagan Timur

Sous-district Seunagan

Sous-district Kuala

Ujung Patiha

Lueng Te Ku Ben

District

Village

Rivière

Barrage

Canal primaire

Rizières irriguées

Jeuram

Page 103: Rapport Diagnostic Agraire Final

Ce périmètre irrigué de Jeuram fait environ 12,700 ha. Il ne concerne que 4 sous-districts sur 5 dans Nagan Raya (le sous-district de Darul Makmur pratique la riziculture pluviale). Il a été créé des les années 70 mais est en cours de rénovation et de bétonnage depuis moins de 10 ans. Il est constitué principalement de 2 canaux primaires partant du barrage de Ulai Jalan et permettant d’irriguer uniformément les 2 pans de la plaine.

3. Gestion du périmètre irrigué Celle-ci suppose un niveau élevé d’organisation collective pour permettre de prendre une série de décisions indispensables. Ces décisions concernent :

- la mise en culture et le début de l’irrigation (quand ? que fait-on des animaux ?) ;

- la gestion de l’eau (comment distribuer l’eau ? ne pas gaspiller ?) ; - l’entretien du réseau (qui est en charge de l’entretien ? partage des taches ?)

I

II

III

Carré de rizière

Canaux primaire et secondaires (bétonnés) Canaux tertiaires (non bétonnés)

Portes à ouverture mécanique

Portes en boue ou mécanique

Portes en boue pour la circulation de l’eau entre parcelles

Réseau de canaux primaire, secondaires et tertiaires

1. Gestion au niveau des autorités locales gouvernementales

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Page 104: Rapport Diagnostic Agraire Final

Les instances gouvernementales sont celles qui gèrent le périmètre au niveau du district et du sous-district. Elles sont chargées des travaux de gros entretien, c’est-à-dire essentiellement des canaux primaires et secondaires (pour les quelques uns qui sont bétonnés) et des portes. Le département en question est les Travaux Publics du district (PU : Pekerjaan Umum).

(Julie Becu, 2006)

Canal secondaire bétonné, Suak Bilie D’après de nombreux retours de la part des villageois, il existe un problème général de maintenance des ouvrages. Les PU n’auraient pas toujours les moyens de s’occuper de l’ensemble du réseau primaire. Par exemple, un tronçon de plusieurs km sur le « bras droit » du réseau ne serait toujours pas bétonné ce qui affecte l’alimentation en eau des villages en aval. De plus, lors du tremblement de terre de décembre 2004, une grande partie du réseau a subit des casses dont certaines, jugées peut-être trop petites, ne sont toujours pas réparées. Les paysans tentent parfois de réparer les berges cassées eux-mêmes mais ces réparations restent temporaires. Notons que les réseaux de drainage et d’irrigation ont été pensés en même temps mais il semble que les réseaux de drainage n’ont pas été aussi bien entretenu que les réseaux d’irrigation. 2. Gestion au niveau des autorités locales communautaires Une des spécificités de la province d’Aceh est l’existence de leaders responsables de la riziculture à différentes échelles. Ces leaders sont appelés des kejruns. Les autres activités agricoles sont de la responsabilité des groupes d’agriculteurs eux-mêmes. Le Kejrun est élu par les agriculteurs tous les 5 ans. Il y a plusieurs échelles hiérarchiques qui sont :

- Kejrun desa (par village, soient 30 en tout sur le district de Kuala) - Kejrun Kemukiman (par groupe de 5 villages) - Kejrun Kecamatan (par sous-district, soient 5 sur le district de Nagan Raya) - Kejrun Kabupaten (par district)

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Page 105: Rapport Diagnostic Agraire Final

Ici, nous considérerons le kejrun du district et du sous-district comme des autorités locales communautaires. En effet, il ne s’agit pas d’autorités gouvernementales mais ils se situent tout de même à un niveau plus global que les villages. Le kejrun du sous-district est responsable :

- du bon approvisionnement en eau sur son sous-district. Si l’eau ne suffit pas, il se rend au barrage principal à Beutung pour demander l’ouverture de la porte pendant un certain temps. La personne en charge de l’ouverture et fermeture des portes au barrage est le Penjaga Pintu Air (« gardien des portes d’eau ») ;

- de la prise de décision des dates de travail des rizières, c'est-à-dire le moment du semis et de la récolte. Une saison rizicole s’officialise lors d’une cérémonie traditionnelle organisée par sous-district (Hanuri).

Il semblerait que jusqu’à présent, il n’existait pas réellement de système organisé de partage de l’eau entre 4 sous-districts concernés par le réseau. Les sous-districts en amont (Seunagan Timur et Seunagan) bénéficiaient les premiers de l’eau d’irrigation et une fois qu’ils avaient terminés, Kuala pouvait alors en bénéficier. 3. Gestion au niveau communautaire La communauté gère le périmètre irrigué au niveau du village et de la parcelle. Le kejrun du village est chargé de coordonner l’ensemble des agriculteurs afin que la saison rizicole se passe au mieux. C’est lui qui lance le début des travaux : premiers défrichage et labour dans les parcelles. Une date pour le repiquage est fixée par le kejrun du sous-district en accord avec les kejruns des villages lors d’une réunion qui les rassemble tous les 6 mois. Pour cela, les kejruns se base sur :

- des anticipations faites sur le début des grandes pluies (le repiquage se fait préférablement au moment des fortes pluies) ;

- et en partie sur des croyances ancestrales (les lunes, étoiles, vents) .Les anciens du village enseignent aux nouveaux leurs savoirs à ce propos.

Par exemple, il a été décidé pour cette saison que tout le riz serait prêt à être repiqué au plus tard le 5 juin 2006. Ceci n’a pas toujours été respecté du fait du retard de la saison des pluies et des difficultés de réparations des canaux primaires. Le kejrun du village peut aussi conseiller les agriculteurs sur les périodes de grandes pestes (beaucoup d’insectes ravageurs), les périodes de moins bonnes récoltes, etc. Par exemple, il est reconnu qu’en avril, un fort vent de l’est (angin selatan) affecte considérablement la récolte du riz. Les agriculteurs disent que lors de la récolte, « les épillets risqueraient d’être vides ». On peut faire l’analogie avec les arbres fruitiers qui risquent de ne pas produire s’ils sont en floraison à ce moment.

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Page 106: Rapport Diagnostic Agraire Final

28/29 jours

31 jours

31 jours

31 jours

30 jours

31 jours

31 jours

30 jours

31 jours

30 jours

31 jours

30 jours

7

5

6

2 4

3

1

12

9

10

11

8 Saison sèche II

Saison pluie I

Saison pluie II Saison sèche I

(source confidentielle)

Soleil à l’ouest

Soleil à l’est

Peu de semis

Semis généralisé

Plants en rizières

Finir le repiquage

Paddy doit être haut

Nombreuses maladies I

Nombreuses maladies II

Calendrier traditionnel de riziculture Enfin l’entretien des canaux secondaires est à la charge du groupement d’usagers du périmètre au niveau du village. Il s’agit de dégager les débris dans les canaux bétonnés ou d’entretenir les berges des canaux non-bétonnés. Ces opérations peuvent être chapotées par le kejrun du village. Puis, les canaux tertiaires et quaternaires sont à la charge des agriculteurs, en individuel, dont les champs sont concernés par les canaux en question. Il s’agit simplement dans ce cas de rehausser les berges des petits canaux afin qu’ils ne se bloquent pas. En effet, l’eau au niveau de la parcelle ne doit jamais stagner. Elle doit être en perpétuelle circulation. Les canaux doivent donc être complètement dégagés. Ce sont les riziculteurs aussi qui gèrent l’ouverture des portes au niveau de la parcelle (tas de boue).

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Page 107: Rapport Diagnostic Agraire Final

ANNEXE II: Aceh, une province singulière 1. Les origines du conflit La région d’Aceh vit dans la nostalgie de sa grandeur, lorsqu’elle était un sultanat indépendant au XVIIe siècle, et dans la douleur de la colonisation hollandaise et de l’invasion japonaise. Elle a été arbitrairement rattachée à l’Indonésie à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, depuis toujours, Aceh revendique son particularisme dans l’organisation politique et religieuse du village.

• Organisation politique des villages Le chef de village est appelé Kecik (Kepala Desa dans le reste de l’Indonésie). Il est élu par les villageois pour 5 ans. Il n’est pas un fonctionnaire officiel du gouvernement mais est indemnisé 700 000 Rps tous les 3 mois. Le Kecik est responsable de toutes les activités du village : développement économique de son village mais aussi la gestion des mariages, des dotes, etc. Dans le village, un Ketua Pemuda est responsable du comité des jeunes du village. Il est élu par tous les jeunes du village (âgés de 17 à 30ans) pour 5ans. Celui-ci est chargé de fédérer et organiser les jeunes pour des travaux collectifs bénévoles (collecte de nourriture pour des pauvres, nettoyages des canaux dans les villes, organiser des rassemblements culturels…) de manière à ce que ceux-ci soient intégrés dans le village et reconnus. Il fonctionne en accord avec le chef de village.

• Organisation religieuse des villages Le Tengku Imam est chargé de la prière à la mosquée. Il officie les mariages. Son supérieur est l’Imam Mukim, responsable culturel et religieux pour 5 villages. Celui-ci est responsable de la transmission de la culture Aceh. Il peut résoudre des conflits dans les villages en se référant à la culture et la religion musulmane. C’est en quelque sorte le référant juridique des lois religieuses et culturelles. L’Imam Mukin est en relation avec le bureau de la sharia. Le Tengku Menasah est responsable des cérémonies lors de décès dans le village. Enfin, l’ulama est responsable de l’enseignement religieux dans le village En 1976, un homme d’affaire issu d’une famille noble, Hassan di Tiro, crée le Mouvement de libération d’Aceh (GAM). Il s’agit d’un parti nationaliste dont les membres sont de culture musulmane. Il milite pour la justice sociale et dispose d’un gouvernement en exil, en Suède. Dans la même période d’autres séparatismes se développent dans l’empire indonésien, aux Moluques et au Timor-Oriental. De 1989 à 1998, le président Soeharto décrète Aceh « zone de combat » et livre une répression atroce (opération « Red Net », plusieurs milliers de morts).

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Page 108: Rapport Diagnostic Agraire Final

Dans les années 90, le GAM est devenu puissant : Le GAM comprenait environ 3 000 hommes en capacité de combattre face à 45 000 hommes de l’armée et de la police indonésienne. Les rebelles se situaient plus à la pointe nord de l'île de Sumatra. C’est pourquoi le district de Nagan Raya étudié ici n’a que récemment été touché par le conflit. Le budget annuel du GAM était alors d’environ 500 000 dollars, provenant de l’impôt révolutionnaire perçu auprès des entreprises de la région et du trafic de marijuana

2. La chute de Soeharto et la mise en place de la sharia

A la chute de Soeharto, une série de tentatives de paix voit le jour. Tout d’abord, le président Habibie permet dés 1999 l'application de la sharia à Aceh. Il s'en était suivi une courte période de « fièvre islamique » : imposition des tenues islamiques aux femmes et aux hommes habillés à l'occidentale, humiliation publique des prostituées. L'impact sur la vie quotidienne reste relativement limité. Notons qu’aujourd’hui, la loi d'autonomie renforce ces dispositions en permettant la mise en place de tribunaux de la sharia qui complètent les tribunaux islamiques déjà existants (questions de divorce et de succession). Les tribunaux de la sharia traitent des cas civils et criminels concernant les musulmans. Cependant, toute décision est susceptible d'appel devant la Cour suprême civile de Jakarta. Il existe aussi une police religieuse chargée d’assurer le respect des lois de la sharia.

3. Un espoir de paix Puis, le président Wahid, engage des négociations et signe une trêve humanitaire à Genève en mai 2000. Quelques semaines après, les affrontements reprennent entre les belligérants et le conflit s'était de nouveau emballé. Les rebelles perturbent les activités de Exxon-Mobil, firme américaine chargée de l'extraction gazière à Aceh et sous contrat avec la firme étatique indonésienne Pertamina. La firme, symbole de l'exploitation économique d’Aceh, est finalement contrainte de se retirer. Elle se réinstallera finalement quelques mois plus tard.

4. Une deuxième tentative de paix : l'accord de Genève L'assassinat du chef militaire du GAM met ensuite le GAM en position difficile et ouvre une brèche pour de nouvelles négociations. Genève facilite la conclusion d'un accord de paix en février 2002 établissant les grandes étapes de la marche vers la paix : cessation des hostilités en 2002 (désarmement, démilitarisation), dialogue en 2002-2003, élections en mai 2004. Le pivot de cet accord est la loi d'autonomie spéciale. De plus, l'une des principales dispositions en est le versement de 70 % des revenus nets perçus par Jakarta sur l'exploitation du gaz des divers gisements acehnis par Exxon Mobil.

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Page 109: Rapport Diagnostic Agraire Final

Or, l'ambiguïté fondamentale de l'accord de Genève est que les deux parties en conflit qui ont signé l'accord, n’ont pas quitté sur le fond leurs positions traditionnelles et incompatibles : l'exigence de l'indépendance totale pour le GAM et le rejet de toute discussion sur l'éventualité même d'une remise en cause de l'intégrité territoriale du côté de Jakarta. Ainsi, en 2003, l’état d’urgence (et la loi martiale) est rétabli et 50 000 militaires sont déployés dont les unités d’élite les plus redoutables. Le but déclaré de l’armée est alors d’éliminer les 5000 combattants présumés du GAM et de mettre définitivement fin à la « menace séparatiste ». De 2003 et 2004, la province a été transformée en zone militaire : plus de 2000 personnes détenues sans procès, torture, viols, mauvais traitements. La Commission indonésienne sur les droits humains (Komnas HAM) a estimé le nombre de morts et blessés à plusieurs milliers, principalement des civils tués par l’armée lors d’opérations de « nettoyage » dans des zones sous l’influence du GAM. Par ailleurs, le GAM a lui-aussi été accusé par les organismes de droits humains de pratiques inacceptables (enlèvements de civils, intimidation, sévices contre ses propres membres, etc.). Mais, tout le système judiciaire est alors totalement manipulé par l’armée (procès truqués, menaces contre les avocats et les familles des accusés, etc.).

5. Le cas des javanais d’Aceh L'un des rares développements positifs a été la mise en œuvre, en février 2002, d’une milice composée de Javanais qui avait été établie à Aceh Central pour protéger les communautés javanaises transmigrantes. Cette milice, dotée d'armes artisanales et soutenue par l'armée, avait exercé plusieurs raids de représailles sur des villages acehnis après des opérations du GAM. Pour une raison inconnue, l'armée a considéré que cette milice était plus un poids qu'un atout et l'a démantelée. Le GAM n'a pas été en reste, assassinant les villageois soupçonnés de collaboration avec l'armée indonésienne (les cuak), menaçant les transmigrants javanais et exerçant des violences contre les hommes d'affaires qui refusent de s'acquitter des 10 % de « taxes » perçues par le GAM pour la lutte indépendantiste.

(Gaylord Robin, 2006) Maison de transmigrant brûlée lors du conflit, Gunung Reuboh

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Page 110: Rapport Diagnostic Agraire Final

6. Le tsunami et la conclusion d’un nouvel accord de paix En décembre 2004, le tsunami frappe durement la province d’Aceh : plus de 200 000 morts ou disparus, 600 000 personnes contraintes de se regrouper dans des camps, pour une population de 4,2 millions d’habitants. Le gouvernement ne peut empêcher l’arrivée de nombreux journalistes. Les combats ne cessent pas immédiatement, mais les ravages provoqué par le tsunami incitent les deux parties à chercher à mettre fin au conflit pour se consacrer à la reconstruction de la province avec l’aide de l’étranger. En avril 2005, des négociations s’ouvrent à Helsinski entre les représentants du GAM et du gouvernement. Un accord de paix préliminaire (MOU) est signé le 15 aout 2005. Le GAM renonce à l’indépendance mais obtient en contrepartie la création d’une « autonomie locale », soit d’avantages que l’ « autonomie spéciale » précédemment octroyée. Plus de 500 observateurs internationaux sont déployés dans la province pour veiller à l’application de cessez-le-feu et au désarmement des 5000 hommes du GAM. Ceci se suivra par le retrait de la plus grande partie des soldats et policiers indonésiens. Fin, 2005, la totalité des armes ont été remises, détruites et les militaires et policiers habituellement postés hors d’Aceh ont quittés la région. Les guérilleros désarmés et amnistiés ont ensuite reçus chacun une « allocation d’assistance économique » de 100 dollars pour faciliter leur réinsertion.

110

Page 111: Rapport Diagnostic Agraire Final

ANNEXE III : évolution du paysage au cours de l’histoire

Forêt Buffles Friche Chèvres Riz Habitation Légumes Route

Cocotiers Motoculteur

Hévéas Palmiers à huile Cacaos

1. Transects sur la zone côtière (cas du village de Suak Puntung)

Riz pluvial, 6 mois Lég

umes et palawija

Riz pluvial, 6 mois Légumes et palawija Cocotiers, hévéas

Cocotiers : aide gouvernementale

Riz pluvial, 6 mois Légumes et palawija Cocotiers, hévéas

Riz pluvial, 3 mois

Légumes et palawija

1900 -1945

1945 - 1980

1980-1990

1990-2006Cocotiers, hévéas, quelques cacaos et palmiers à huile

Hévéa cacao

111

Page 112: Rapport Diagnostic Agraire Final

2. Transects sur la zone plaine rizicole (cas du village de Puloie)

SOCFINDO rivière

Riz irrigué, 6 mois Légumes et palawija Hévéas

La SOCFINDO achète les parcelles rizicoles des paysans pour agrandir les plantations

1900 -1945

1945 - 1980

Riz pluvial, 6 mois Légumes et palawija Hévéas

Canal d’irrigation

Riz irrigué, 3 mois Légume et palawija Hévéas, cacao en bord de rivière, palmier a huile

Nouvelle route

1980-1990

Riz irrigué, 3 mois (pesticides et engrais) Légume et palawija Cacao en bord de rivière, palmier a huile

Canal bétonné

1990-2006

112

Page 113: Rapport Diagnostic Agraire Final

113

3. Transects sur les collines bas

Rizières de -fonds (6Légumes et palawija Hévé

mois)

a cloné, palmier à huile, cacao

Route construite

Formation de village

Village transmigrant

Djenkol

Plantations coloniales

Rizières hévéas

Riz pluvial (6 mois) Légumes et palawija

Exploitation du bois par des entreprises

Rizières cacao

Riz pluvial (6 mois) Légumes et palawija Hévéa

1900 -1945

1945 - 1980

GAM

Rizières de bas-fonds (3 et 6 mois)Légumes et palawija Hévéa cloné, palmier à huile, cacao

1990-2006

1980-1990

Page 114: Rapport Diagnostic Agraire Final

ANNEXE IV: frises chronologiques résumant l’histoire agraire de la zone d’étude 1. Constitution des villages

20 30 40 50 60 70 80 90 2000

Occupation hollandaise : formation de quelques centres de commerces

Programme d’aide gouvernementale pour les villages reculés, pauvres (« Inpres Desa Tertingal)

Exploitation industrielle du bois ouverture de zone forestière création de villages

Installation de la SOCFINDO arrivée massive de main-d’œuvre javanaise

installation définitive de la 2ème génération d’ouvriers

Installation de la 1ère génération de retraités dans les villages acehnis

Transmission de ces terres à leurs enfants

2 axes existent (côtiers et vers Jeuram)

Asphalte sur les routes et nouvel axe Spg 4 - Lamie

Vague de distributions des terres vierges aux nouveaux arrivants

5 villages de transmigrants javanais sont créés

Les villages sont sur des fronts Les villages se fixent, le parcellaire est complètement exploité pionniers (loin des quelques

114 villages commerciaux et colons)

Page 115: Rapport Diagnostic Agraire Final

2. Evolution de la riziculture

Révolution rizicole : la plaine se spécialise et intensifie sa production

20 30 40 50 60 70 80 90 2000

Parc

ella

ire

Défrichage pionnier : parcellaire éparpillé

Stabilisation du parcellaire

Rizières > hévéas surface rizicole limitée aux bas-fonds

Stabilisation de la surface rizicole sur la bande côtière

COLLINES

COTE

Type

deriz

3 mois (encore du 6 mois sur les collines) 6 à 9 mois

Riz pluvial (repiqué ou semis direct sur les collines) Riz pluvial (principalement repiqué) COLLINES ET COTE

Défrichage pionnier avancé : surface rizicole déjà étendue

Stabilisation du parcellaire : plaine rizicole + formation d’unités de terres hautes/jardins

3 mois 6 à 9 mois

Riz irrigué (repiqué) : irrigation artisanale entretenue par les agriculteurs

Riz irrigué (repiqué) : irrigation bétonnée

Défrichage-brulis-culture-jachère de 3 ans Diffusion du motoculteur

Labour manuel ou non labour après brulis Labour au buffle parfois sur la côte

Fertilisation organique des rizières sur la côteSarclage à la main

Engrais Pesticides

Tech

niqu

es

PLAINE

115

Défrichage-brulis-culture (avec ou sans jachère) Labour au motoculteur Labour et mise en boue au buffle

Fertilisation organique des rizièresSarclage à la main

Engrais Pesticides

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3. Evolution des plantations COLLINES

Distributions gouvernementales d’hévéas clonés

CÔTE Essais par la population

20 30 40 50 60 70 80 90 2000

Rizières des collines

Culture de grandes plantations (colons, sultanat, commerçants chinois, industriels) Diffusion continue de l’hévéa

Diffusion : partage des grandes plantations pour la population

COLLINES & bord de PLAINE : Nombreux planteurs (F et P) COTE : Quelques petits planteurs (F)

HEV

EA

Introduction de cacao par le gouvernement (villages côtiers et de la plaine)

Diffusion continue du cacao à partir de fruits d’autres planteurs

COLLINES & PLAINE : Planteurs F sur les rives et autour de la maison COTE : Nombreux petits planteurs F

CA

CA

O

Conversion de la Socfindo en palmier à huile

Installation de plantations ca

PALM

IER

à H

UIL

E pitalistes

Diffusion continue du palmier a huile

Achat ou récupération de plants d’autres planteurs

COLLINES& bord de PLAINE : Nombreux planteurs (F et P) COTE : Nombreux petits planteurs F

Quelques aides gouvernementales

sur les collines

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ANNEXE V : fiche récapitulative : zonage, SC, SE et SP

Zone 4 : zone de collines : paysage arboré (forêt et plantations), peuplement faible

Zone 2 : berges des rivières : dominance du cacao, maraichage, pêche, peuplement dense

Zone 3 : paysage plat de rizières, habitat regroupé en petits quartiers

Zone 5 : zone de transition entre la plaine rizicole et les collines arborées

Unités de terre haute

Gradient rivière-colline

rivière route piste SC1 : riz irrigué en monoculture SC2 : haricot mungo/soja/arachide (HM/S/A) SC3 : SC2 avec cycles de légumes à cycles longs (pastèque, piment) SC4 : riz intégrant des cycles maraichers (arachide, piment, pastèque) SC5 : jardin-potager SC6 : hévéaculture SC7 : palmiculture SC8 : cacao de jardin

SP1 : 0,8ha cacao SC8 + 0,7ha riz SC4 + 0,2ha maraichage + 5 chèvres + 10 poules + 7 canards

SP2 : 0,5ha riz + 0,5ha maraichage + 10 poules +10 canards SP3 : 1ha riz + cacaos + 1 buffle+ 20 poules + 50 canards SP4 : 1ha riz + 1ha hévéas + 20 poules + 50 canards SP5 : 1ha riz + ¼ha maraichage + 2ha hévéa + 4 buffles

+ 25 poules + 70 canards SP6 : 2ha riz + 2ha hévéa + 2 buffles + 15 poules + 10 canards SP7 : 6ha riz + 30 buffles + 10 poules + 10 canards SP8 : 0,5ha riz + ¼ha maraichage + 5 poules + 5 canards SP9 : 1ha palmier à huile ou hévéa + 20 poules SP10 : 0,5ha riz +4ha hévéa +1ha verger + 20 poules + 20 chèvres SP11 : 20 ha palmier à huile SP12 : 1ha hévéa

SE 1 : Buffles SE 2 : Chèvres SE 3 : Canards SE 4 : Pouletscacaoculture (plantation):SC9

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ANNEXE VI : les itinéraires techniques de quelques légumes L’arachide

Le cycle végétatif (récolte à 100 jours)

0 10 35 55 95

maturation phase végétative

phase reproductive

germination

Les opérations culturales

Préparation terre La parcelle peut être désherbée avec un herbicide si cela fait longtemps qu’elle a été laissée en jachère (plus d’un mois) ou directement labourée. Au bout d’une semaine, la parcelle entière doit être labourée afin que le terrain soit léger et que le pédoncule floral puisse s’enfoncer dans la terre et donner des gousses. Après une semaine de repos, un deuxième passage du motoculteur (avec une herse) permet de ratifier le niveau de la parcelle. Cette étape s’étale sur 2 semaines à 1 mois. Semer en poquet Le semis se fait en poquet sur des lignes marquées par un cordon le long duquel sont fait des trous à l’aide d’un piquet de bois (tous les 20 cm) et dans lesquels sont déposées 3-4 graines.

Sarclage Celui-ci sa fait à la main avec un outil qui permet d’arracher les mauvaises (cakoh). C’est une étape assez longue qui est réalisée 4 à 6 semaines après le semis, au moment où les mauvaises herbes commencent à envahir l’arachide.

Fertilisation Elle n’est pas systématique mais peut se faire environ 2 mois après avoir semé l’arachide. Il s’agit d’un engrais liquide qui est pulvérisé sur la culture.

Arrosage Il peut avoir lieu en cas de sécheresse prolongée. Cependant cela dépend de nombreux facteurs : accès à l’eau, disponibilité de la main-d’œuvre.

Surveiller/enclos Sans faire l’objet d’une activité en tant que telle, il est important de préciser que l’agriculteur cultivant des légumineuses doit considérer les risques de ravages par les cochons. L’agriculteur devra soit investir dans une clôture ou bien prendre le temps de surveiller son champ.

La récolte et le séchage A 100 jours, l’arachide est récoltée. L’arrachage se fait manuellement et l’agriculteur fait parfois appel à une MO extérieure. Puis, l’arachide coquée est amenée et séchée à la maison avant d’être vendue. Note : arachide est associé à du maïs (numpang sari)

Arachide Maïs

La culture de l’arachide est souvent associé à du maïs. Le maïs est semé en poquet une semaine après l’arachide. Le semis se fait en poquet sur des lignes espacées de 1 m entre l’arachide.

Cette association permet un gain en temps de travail ainsi qu’une meilleure plus-value de la terre puisque les opérations culturales liées à l’arachide permettent aussi l’entretien du maïs. De plus, la récolte du maïs s’effectue à 70 jours, soit avant la récolte de l’arachide ce qui permet d’étaler le travail de récolte qui demande une main-d’œuvre importante.

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Le soja

Le cycle végétatif (récolte à 90 jours)

0 12 30 70 90

maturation phase végétative

phase reproductive

germination

Les opérations culturales Préparation terre Comme l’arachide, la préparation peut se faire au motoculteur. Ou alors, la préparation du sol peut être simplifiée : nettoyage de la parcelle avec un herbicide suivi de 7 jours de repos du sol.

Fertilisation avant semis Il peut arriver que l’agriculteur utilise la fumure de chèvre comme un engrais préalable avant même le semis.

Semer en poquet Le semis est 2 fois plus dense que pour le HM. L’agriculteur achète très rarement des semences mais utilise préférablement des semences d’une récolte précédente.

Fertilisation après semis On distinguerait 2 pratiques selon les moyens de l’agriculteur : - Les petits comme les gros producteurs ajoutent en général de l’engrais Urea, KCl et NPK à l’âge de 15 jours. - Puis, seuls les agriculteurs les plus aisés utilisent de l’engrais pulvérisable (Gandasil D à 1 mois pour le développement végétatif et Gandasil B à 5 semaines pour la floraison et maturation).

Sarclage Il s’agit de la même opération que pour le sarclage de l’arachide. L’opération dure 20 jours et à lieu 20 jours après le semis.

Insecticide/pesticide La maturation (2 mois) étant la période la plus sensible (aux vers notamment), de nombreux agriculteurs diffusent des pesticides comme Gandasil, Decis, Atodas ou Seprin.

Arrosage Il peut avoir lieu en cas de sécheresse prolongée. Cependant cela dépend de nombreux facteurs : accès à l’eau, disponibilité de la main-d’œuvre.

La récolte et le séchage A 90 jours, les plants entiers sont arrachés. Ils sont exposés 1 à 2h au soleil. Ils sont ensuite battus immédiatement dans une batteuse (prontok). Le haricot mungo (HM)

Le cycle végétatif du HM dure 60 jours. La succession des opérations culturales du haricot mungo est en grande partie semblable à celle du soja. Cependant, le cycle cultural étant plus court, ces opérations s’enchainent plus rapidement. Notons aussi que la densité de semis est 2 fois moindre à celle du soja. Enfin, à 60 jours, la récolte débute et s’étend sur 10 jours (une fois tous les 3 jours).

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Le piment La culture du piment demande un investissement assez conséquent (beaucoup d’engrais) mais est considérée comme relativement rémunératrice par rapport à d’autres légumes.

Les opérations culturales

Mois E Mois FMois A Mois B Mois C Mois D

récolte

prép solsemis/transplant

fertilisation

Préparation terre Le travail s’étale souvent sur un mois. Il peut être effectué par des ouvriers si les surfaces sont grandes (1/2 à 1 ha). Il s’agit d’une alternance de labour/repos/hersage au motoculteur. Finalement, des buttes doivent être formées à la pelle. Une bâche plastique noire recouvre alors les buttes avant le transplant ce qui permet d’éviter la pousse des mauvaises herbes. Les agriculteurs ayant les moyens peuvent rajouter du compost ou de l’engrais chimique dans le sol avant de poser la bâche.

Transplant Après avoir troué la bâche plastique pour les plants de piment, ceux-ci sont transplantés à l’âge de 2 mois avec la configuration présentée dans le schéma ci-contre.

Fertilisation Le piment est relativement sensible et des accidents physiologiques sont très fréquents. Ainsi, l’apport d’engrais doit être réfléchi : fertilisation azotée réduite avant la première mise à fruit et régulière dès la floraison. Ainsi, deux types d’engrais sont souvent apportés : - pour le développement végétatif et racinaire dans un premier temps - pour le développement des fruits ensuite. Ces apports se font toutes les 1 à 2 semaines. Il s’agit principalement d’engrais pulvérisés pour les feuilles et fruits, et liquides pour les racines. L’apport d’engrais peut parfois être renouvelé si la pluie a succédé à la première diffusion. De plus, l’apport doit être prolongé jusqu’à la fin de la récolte. Citons parmi les engrais les plus fréquemment utilisés le Gandasil, Decis et Seprin.

Arrosage Celui-ci doit aussi être régulier si il ne pleut pas mais surtout sans excès. Les agriculteurs n’ont pas toujours accès à une source d’eau proche de la parcelle ce qui rend l’arrosage plus compliqué.

La récolte Celle-ci peut s’étaler sur plusieurs mois selon l’entretien de la parcelle et la variété choisie (6 mois max). Cependant, il est courant que la période de récolte dure 1 à 2 mois : 2 jours de cueillette/semaine (2 journées continues ou espacées). La cueillette (petik) est un travail minutieux et nécessite une main-d’œuvre conséquente.

Butte Piments

50-60 cm

60-70 cm

Ceci permettrait une densité d’environ 30 000 plants/ha. La réalité se situe plus aux alentours de 15 000 à 20 000 plants/ha.

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Le haricot La culture du haricot ne demande pas beaucoup d’investissements. Elle se met en place facilement et peut se faire sur des moyennes à très petites surfaces (moins de ½ ha).

Les opérations culturales

récoltesaclage

prép solsemis/transplant

fertilisation

Mois A Mois B Mois C Mois D

Préparation terre Il est fréquent que l’agriculteur ne laboure pas toute la parcelle mais qu’il forme simplement des petites buttes espacées en général de 1 m. Ce travail est en général réalisé à la pelle. Le désherbage se fait manuellement ou à l’aide d’un herbicide afin que la parcelle reste propre.

Semis en poquet : Il se réalise à environ 15 cm d’intervalle (2 graines par trou). L’agriculteur pose ensuite des piquets de bois. Fertilisation Celle-ci n’est pas systématique mais est parfois réalisée 3 semaines après le semis (au moment de la floraison et maturation). En général, l’agriculteur utilise un engrais complet NPK.

Entretien de la parcelle Les interlignes sont entretenues avec un herbicide (souvent round-up). Cette opération n’est réalisée qu’une fois après la fertilisation. Les buttes sont elles entretenues à la pelle. Cette opération demande plus de temps et peut-être réalisée par des ouvriers.

La récolte : Elle s’étale sur plusieurs semaines (jusqu’à 2 mois) avec des cueillettes 1 jour sur 2. (Julie Becu, 2006)

Champ de haricot, Blang Baro

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Le concombre

Les opérations culturales

récoltesaclage

prép solsemis/transplant

fertilisation

Mois A Mois B Mois C Mois D

Préparation terre Le labour de toute la parcelle doit se faire au motoculteur. Le buttage se fait ensuite à la pelle pour faciliter l’enfoncement des racines : les buttes sont distantes de 70 cm les unes des autres.

Semis en poquet Deux trous sont réalisés par butte (1 graine / trou).

Fertilisation Celle-ci n’est pas systématique mais est parfois réalisée 2-3 semaines après le semis (au moment de la floraison et maturation). En général, l’agriculteur utilise un engrais complet NPK.

Entretien de la parcelle Les buttes sont entretenues à la pelle. Le reste de la parcelle est entretenue avec un herbicide (souvent round-up). Cette opération n’est réalisée qu’une fois, après la fertilisation.

La récolte Elle se fait à 45 jours. Celle-ci s’étale sur plusieurs semaines (jusqu’à 2 mois) avec des cueillettes 1 jour sur 2.

Le manioc et l’aubergine Il s’agit de plantes que l’agriculteur sème une fois et récolte sur des mois voire quelques années. En Indonésie, le manioc a une double utilité : consommation des jeunes feuilles et des tubercules. Les opérations culturales sont très simplifiées comme nous le voyons ici :

- Les plants d’aubergine demandent aussi peu d’entretien. Un apport de fumure de chèvre est réalisé occasionnellement et un rapide sarclage peut se faire au pied du plant.

- Le manioc ne demande presque aucun entretien si ce n’est l’apport occasionnel de fumure de chèvre. De fait, il est souvent produit pour l’alimentation des exploitations ayant de faibles moyens (apport facile en féculent).

Notons que la production de manioc est beaucoup plus fréquente dans les zones où l’activité économique est ralentie comme les zones ex-conflit et les zones où les terres sont encore affectées par le tsunami.

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