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N°30 Avril 2012

Soleo 30 - avril 2012

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Soleo 30, magazine de l'agence Europe-Education-Formation France Spécial génération Erasmus

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N°30Avril 2012

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EDITOAntoine Godbert, directeurAgence Europe-Education-Formation-France

Chiffres Erasmus

ENTRETIENS Laurent WauquiezMinistre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Vincent Peillon. Député européenErasmus et Leonardo doivent s’ouvrir à l’Euromed

ZOOM Tania Berman. Présidente ESNL’engagement bénévole total des étudiants ESN Universités et collectivitésEric Brunat. VPRI université de Savoie L’université de Savoie, classée première au palmarès Erasmus travaille son territoire Erasmus et l'entrepriseGilles Marin et Bruno Govaert, chefs d’entreprise Les stagiaires Erasmus plaisent à l’entreprise Mobilité enseignante et administrativeLaure Castin. Chef RI, université Reims Champagne-Ardenne Une mobilisation collective d’envergure Erasmus n'est pas que de la mobilitéBasile Sircoglou et Kristina Akrivou, experts de Bologne

PLUS D’EUROPE ET D’INTERNATIONAL Eloge de Desiderius Erasmus par Hugo Hans Siblesz, Ambassadeur du Royaume des Pays-Bas en France Erasme vu par le peintre voyageur, Paul Bloas Bernd Wächter. Directeur de l'ACA Erasmus n’est plus une exception exotique Des universités auto évaluent leurs pratiques Véronique Debord-Lazaro L’anniversaire du côté des agences européennes Finlande, Lituanie, Italie

L'ESSENTIEL Génération Erasmus, 25 ans de bonnes pratiques Erasmus Mundus : la France championne du monde ! Le parcours réussi de Linda Oukacine

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Sommaire

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Edito

l y a encore quelques décennies, les campagnes euro-péennes considéraient le 25ème anniversaire comme une étape essentielle de la vie. Combien de Catherinettes qui ne s’étaient pas mariées étaient fêtées dans les villages comme ayant atteint un seuil clé de l’existence… Les classi-fications sociologiques distinguant ensuite une génération

« Jeunes » courant de 18 à 35 ans et s’étendant de plus en plus vers la quarantaine, ont certes, par la suite, amoindri cette césure du quart de siècle. Et pourtant 25 ans reste un âge essentiel : celui où, en général, on entre de plein pied dans la vie active. 25 ans c’est l’âge du programme Erasmus, un des plus bels exemples de réussite des politiques publiques de l’Union européenne. Tout avait pourtant commencé en 1987 dans l’anonymat et la méfiance : seuls quelques centaines d’étudiants étaient partis sous le regard dubitatif de onze États membres qui ne se doutaient pas qu’ils passeraient bientôt pour une Tribune de Salut Public. Depuis lors, près de 2,5 millions les ont suivis et le onze de départ est devenu une équipe trois fois plus nombreuse puisque 33 États participent au programme en 2012.A la fois fidèle à sa conception de départ et parfaitement capable d’évoluer pour être plus efficace avec la création d’Erasmus Mundus ouvert à l’ensemble du monde en 2004 et l’introduction des stages en entreprises en 2007, Erasmus a su, à la fois, séduire son public cible, convaincre l’opinion publique, renforcer

l’émergence d’une citoyenneté européenne et élargir peu à peu son champ géographique.Aujourd’hui, un défi important l’attend : celui de porter l’ensemble des programmes de mobilité, de coopération et de soutien politique en matière éducative que la Commission a rassemblé sous l’appellation éponyme d’Erasmus pour Tous. La volonté de faire porter sous le seul étendard de l’humaniste néerlandais l’ensemble des actions relevant de l’Education Tout au Long de la Vie devra permettre à Erasmus de connaître encore de nombreuses années de développement, en particulier sur le plan géographique. Le voisinage de l’Union, tant dans sa dimension orientale que dans sa composante euro-méditerranéenne et les partenaires stratégiques comme la Russie, la Chine et le Brésil seront ainsi probablement dans les années à venir le nouvel espace du programme.Ce numéro 30 de Soleo, en lien avec les très nombreuses manifestations qui ont été organisées cette année pour l’anniversaire d'Erasmus, essaie de montrer toutes les facettes d’un programme sans équivalent dans le monde que de très nombreux États nous envient. Vous comprendrez au fil des pages pourquoi on ne peut qu’espérer que ce magnifique exemple de réussite européenne puisse s’acheminer vers un demi-siècle d’existence.Combattant déterminé de la raison et de la modération dans une période de feu et de fureur, Erasme ne voyait aucune limite aux idées humanistes : le monde entier est notre patrie à tous proclamait-il dans Querela Pacis. Ce monde qui s’ouvrait permettait, il est vrai, tous les espoirs. Puisse-t-il en être de même du programme qui porte son nom, car il a permis de généraliser cette pratique de la mobilité qui est, sans doute, la plus grande révolution de l’enseignement supérieur international de ces dernières décennies.Alliance tellement humaine du plaisir d’être avec les autres et d’acquérir des compétences et des connaissances, le programme cultive au fond une certaine similitude avec l’Éloge de la folie, l’ouvrage le plus simple mais aussi le plus connu d’Erasme. Cette œuvre a priori badine devint, en effet, comme le remarque Stefan Zweig dans la biographie-pamphlet pour la tolérance qu’il consacra en 1935 à l’humaniste de Rotterdam : sous son masque de carnaval, l’un des ouvrages les plus dangereux de son temps. Qui sait ? Dans une période de doute vis-à-vis de la construction communautaire, le programme qui porte le nom du premier « Européen conscient » prépare peut-être pour les 25 ans qui viennent, l’avènement d’une Europe large et fédératrice pour tous ses citoyens. g Antoine GODBERTDirecteur Agence Europe-Education-Formation-France

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Quelques chiffres...

• Retrouvez le dossier de presse "Génération Erasmus 25 ans" sur : www.2e2f.fr/generation-erasmus.php

2,2Depuis 1987

millions d’étudiants européensdont

380 000

31 747

français sont partis avec le programme Erasmus

étudiants français ont réalisé une mobilité Erasmus, d’étude ou de stage

année des 15 ans de la mobilité Erasmus enseignante.En 10 ans, une progression de +60% de la mobilité enseignante

2012

• Durée moyenne de séjour : 5,5 jours• Premiers pays de destinations :Espagne – Roumanie – Italie – Pologne – Allemagne – Royaume-Uni

Mobilité de formation en forte progression• Ouverte aux enseignants, cette mobi-lité s’effectuant vers un autre établisse-ment européen ou vers une entreprise, intéresse majoritairement les person-nels administratifs.

En 2010-2011

En 2010-2011Cette mobilité a concerné quasiment 500 personnels de l’enseignement supérieur. Elle a plus que doublé en 4 ans.

RÉPARTITION DES MOBILITÉS PAR TYPE D’ÉTABLISSEMENT

Mobilité d'étude Mobilité de stage

2010-2011

Type d'établissement

TOTAL

Universités

Ecoles de commerce/gestion

Ecoles d'ingénieurs

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Ecoles d'architecture

Ecoles d'art

Lycées

Autres

Ecole paramédical/social

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Sur le succès incontestable du pro-gramme et ses perspectives de développement, Soleo a recueilli le point de vue de Laurent Wauquiez, Ministre de l’Enseignement supé-rieur et de la Recherche.

Erasmus25 ans au service de la constructionde l’Europe de l’enseignementsupérieur

n 2012, le programme Erasmus fête ses 25 ans. C’est un programme auquel je suis doublement attaché, en tant qu’ancien Ministre des Affaires européennes et en tant qu’actuel Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Il est très important de le célébrer à sa juste

valeur, à un moment où l’Europe traverse une crise majeure et où tant de contre-vérités sont propagées à son encontre.Ce programme rappelle d’abord que l’Europe ne se résume pas seulement à des directives et des règlements. Erasmus prouve que l’Europe s’incarne très concrètement dans la vie quotidienne de millions de jeunes, plus de deux millions depuis la création du programme en 1987.A l’heure où l’Europe s’interroge sur son identité, Erasmus permet également de réactiver le sentiment d’appartenance à un projet collectif commun. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les jeunes font davantage confiance à l’Europe, et s’ils pensent qu’elle jouera un rôle plus grand à l’avenir comme le montre le

sondage Fondapol de janvier 2011*.Enfin, au moment où l’Europe souffre de ne pas savoir retrouver des projets mobilisateurs, Erasmus incarne une Europe à l’offensive et offre l’une des images de l’Europe la plus porteuse d’avenir qui soit : celle d’une Union qui se mobilise dans la bataille mondiale du savoir, et qui élargit les perspectives d’emploi de jeunes en leur proposant des formations d’excellence.

La nécessaire insertion des établissements d’enseignement supérieur dans leur environne-ment international

En confiant une nouvelle mission de service public aux universités -« participer à la construction de l’espace de l’enseignement supérieur et de la recherche »-, la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU) du 10 août 2007 a permis aux universités de développer leur propre

ELaurent WAUQUIEZMinistre de l’Enseignement supérieuret de la Recherche

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Soleo GRANDS ENTRETIENS

stratégie à l’international, en fonction de leur besoins, de leurs capacités et de leur ancrage territorial. Par exemple, l’université de Strasbourg a ainsi pu utiliser les nouveaux outils conférés par l’autonomie pour jouer pleinement la carte européenne. L’université d’Aix- Marseille développe fortement ses partenariats avec le monde méditerranéen.

Le plan Campus, les investissements d’avenir et la création de pôles universitaires sont venus renforcer l’insertion des établissements d’enseignement supérieur dans leur environnement international. Les programmes et partenariats internationaux se sont considérablement renforcés, en s’inspirant du modèle d’Erasmus dans leur stratégie de développement.

Cette mobilité encadrée par des partenariats universitaires doit être encouragée, car elle a le double avantage de réduire les coûts de la mobilité pour les classes moyennes et défavorisées et de maximiser les chances de réussite universitaire. A cet égard, la priorité doit être d’encourager nos étudiants à prendre le goût du grand large, car, en dépit d’une progression continue des effectifs, la part des étudiants Erasmus français ne représente encore que 4,81% des diplômés de l’enseignement supérieur français.

Les retombées positives d’un tel programme sont considérables, notamment en ce qui concerne l’épanouissement universitaire, le rapprochement universités-entreprises, et l’insertion professionnelle des étudiants. C’est d’ailleurs pour cela qu’en novembre 2008, la présidence française de l’Union Européenne

a proposé au Conseil Education, Jeunesse et Culture des conclusions visant à faire de la mobilité des jeunes « la règle plutôt que

l’exception ». Pour l’enseignement supérieur, cela s’est traduit, en novembre dernier, par la fixation d’un objectif européen issu du processus intergouvernemental de Bologne : à l’horizon 2020, 20% des diplômés de l’enseignement supérieur devront avoir effectué une période de mobilité au cours de leurs études. Cet objectif est d’autant plus nécessaire que la stratégie Europe 2020 pour une croissance intelligente, durable et inclusive prévoit une augmentation parallèle du nombre de diplômés de l’enseignement supérieur (le taux de diplômés doit être porté à 40% globalement -30/34 ans- et à 50% pour la France -17/33 ans-, compte tenu de ses performances). Incontestablement, Erasmus et le programme qui lui succédera à partir de 2014 aideront la France à relever ces défis.

Un succès auquel la France apporte une contri-bution essentielle

Dans ce dispositif, je me réjouis que la France joue un rôle majeur. Entre 1987, date de lancement du programme, et 2010, la part des étudiants Erasmus français s’est élevée à 15,2% du total des étudiants bénéficiaires (380 000 étudiants français sur 2,278 millions d’étudiants européens), alors que, sur les 33 pays participants, la part de la population française n’était, sur la même période, que de 11%. Plus de la moitié des quelques 60 000 mobilités apprenantes financées désormais par les fonds européens alloués à l’agence 2e2f bénéficie aux étudiants Erasmus (le seuil symbolique des 30 000 étudiants

« Erasmus prouve que l’Europe s’incarne très concrètement

dans la vie quotidienne de millions de jeunes »

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GRANDS ENTRETIENS Soleo

par an a été franchi en 2009/2010) qui représentent à eux seuls plus du tiers de la mobilité sortante. La France accueille presque autant d’étudiants Erasmus qu’elle en envoie dans toute l’Europe (26 141 en 2009/2010). Enfin, plus de 1000 établissements d’enseignement supérieur français sont titulaires de la Charte universitaire Erasmus qui permet d’accéder au diverses activités du programme.

L’engouement pour la mobilité étudiante Erasmus est étroitement lié à la forte adhésion de notre pays au processus de Bologne, à la professionnalisation des cursus par le biais de l’alternance, à la multiplication des accords bilatéraux de reconnaissance mutuelle de diplômes, au développement de formations et de diplômes conjoints, à la levée des obstacles administratifs, à la délivrance commune de diplômes ou encore à la mise en place d’aides à la mobilité internationale (60 000 mensualités par an de 400 euros attribuées à des étudiants boursiers sur critères sociaux).

Vers un saut quantitatif et qualitatif d’Erasmus à partir de 2014

Les perspectives de développement du programme doivent, à mon sens, s’articuler autour de trois priorités. La première est de se démocratiser et de permettre un accès beaucoup plus large à la mobilité aux classes moyennes modestes : en 2011, les crédits disponibles pour les stages Erasmus n’ont permis de satisfaire qu’une demande sur trois. La deuxième, c’est d’élargir son périmètre aux pays voisins et notamment ceux du pourtour méditerranéen. La troisième est de simplifier les procédures afin que davantage d’étudiants puissent en bénéficier.

Dans cette logique, je suis sensible à la proposition de la Commission européenne de promouvoir, pour la période 2014/2020, un vaste programme intégré d’éducation et de formation tout au long de la vie ouvert sur le monde. Erasmus lui léguerait ses vertus labellisantes puisqu’il répondrait au nom d’« Erasmus pour tous ».

Il y a un quart de siècle, le programme Erasmus apparaissait déjà comme une expérience utile de citoyenneté européenne. Il est devenu, au fil du temps, un atout majeur pour l’Europe qui voit de plus en plus en lui, à juste titre, l’un des moteurs de son développement humain et économique et de son rayonnement international. g

Laurent WauquiezMinistre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche

* 2011, La jeunesse du monde, une enquête planétaire de la Fondation pour l’innovation politique : sous la direction de Dominique Reynié. Ed. Fondapolwww.fondapol.org

Erasmus& Leonardo doivent s’ouvrirà l’EuromedVincent Peillon, député européen, a plaidé à Strasbourg, pour la création d’un Erasmus ouvert aux jeunes du Sud de la Méditerranée, « un puissant moyen, dit-il, de créer des liens culturels et humains forts entre l’Europe et la rive sud, et de contribuer à la réussite des processus de transformation démocratique ». Leonardo da Vinci doit s’ouvrir aussi, parce que la formation professionnelle offre aux jeunes des deux rives le moyen de sortir d’un chômage endémique. ...

Vincent PEILLONDéputé européen

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Soleo : quel rôle peut jouer le Parlement européen dans l’adoption du programme « Erasmus pour tous » tel que l’a proposé la Commission en novembre dernier ?

Vincent Peillon. : le programme « Erasmus pour tous » sera adopté conjointement par le Conseil et le Parlement européen : la position de ce dernier et l'énergie qu'il mettra à la défendre seront donc déterminantes. Les débats n'ont pas encore véritablement commencé mais une large majorité politique devrait voir le jour pour soutenir, dans ses grandes lignes, la proposition de la Commission. Celle-ci est relativement ambitieuse, en particulier sur le plan budgétaire puisqu'elle prévoit une augmentation globale de près de 70 % des fonds consacrés aux différents volets de ce nouveau programme. Plusieurs États – dont la France, malheureusement - ont déjà exprimé de fortes réserves sur cette hausse. Le Parlement devra donc se montrer ferme pour éviter qu'une approche exclusivement budgétaire ne conduise à affaiblir cet ensemble d’actions essentielles, qui contribuent à donner à l'Union européenne une réalité concrète aux yeux des jeunes générations d’Européens. Le programme « Erasmus » n’est–il pas l’un des succès les plus populaires de la construction européenne ? Le rôle des eurodéputés sera également d'enrichir et de compléter le texte présenté par la Commission. La dimension internationale des échanges d'étudiants, en particulier, reste trop peu développée. J'entends également plaider en faveur de l'élargissement du programme « Leonardo da Vinci » au voisinage de l'Union, en particulier méditerranéen. Les enjeux liés à la formation professionnelle sont cruciaux

dans ces pays où le chômage des jeunes est endémique : le développement de la mobilité des apprentis constitue une piste à développer pour répondre à ce défi.

Soleo : quels sont les enjeux éducatifs, culturels et économiques de l’ouverture du programme Erasmus à la zone Euroméditerranée ?

V. P. : après le « Printemps arabe », l'Union européenne doit prendre des initiatives nouvelles et fortes en direction de nos voisins de la rive Sud de la Méditerranée, engagés dans des processus de démocratisation qui seront, nous le savons, longs et complexes. Nous devons renforcer notre soutien et développer nos liens avec ces pays : non seulement avec les États, mais également avec les peuples et les sociétés civiles. C'est dans cette perspective que j'ai en effet proposé, au sein du Parlement européen, la création d'un programme Erasmus euroméditerranéen afin de développer la mobilité étudiante du Sud vers le Nord de la Méditerranée, mais également du Nord vers le Sud. J'y vois là un puissant moyen de créer des liens culturels et humains forts entre deux régions du monde entre lesquelles, malgré leur proximité géographique, prévalent malheureusement trop souvent la méconnaissance et l'incompréhension. La formation d'élites qualifiées est également indispensable au développement économique et social des pays de la rive Sud et, tout autant, à la réussite des processus de transformation démocratique. Enfin, un accroissement de la mobilité des étudiants contribuera à rapprocher les universités du Sud du modèle européen pour permettre, à terme, leur intégration dans un espace de l'enseignement supérieur et de la recherche commun. Le Parlement européen a apporté son soutien à cette ouverture en septembre dernier. Les États du Sud y sont très favorables, de même qu'universités et étudiants des deux côtés de la Méditerranée. La Commission européenne et de nombreux États européens font preuve d’une attitude très constructive. De nombreux obstacles subsistent cependant, en particulier sur la question des visas. Nous devons poursuivre nos efforts pour les lever progressivement. L'Europe doit comprendre que son destin est lié à celui de ses voisins méditerranéens, et que c’est ensemble que notre avenir doit s’écrire. g

• Propos recueillis par Nicolas JeanMission prospectiveAgence Europe-Education-Formation France

« J'entends également plaider en faveur de l'élargissement du

programme « Leonardo da Vinci » au voisinage de l'Union, en parti-

culier méditerranéen »

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n Association européenne des étudiantsErasmus (ESN) :L'engagement bénévole totalESN œuvre depuis 1989 à la qualité d’accueil des étudiants internatio-naux en collaboration étroite avec les universités. La reconnaissance académique des séjours d’étude et l’augmentation des bourses sont également un sujet de préoccupation pour l’association. Elle lance aussi cette année une enquête sur le thème : « Se sent-on davantage européen après une mobilité Erasmus » ?

le bilanGénération ERASMUSZOOM

25 ANS

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Soleo : quel a été votre parcours avant de prendre la présidence d'ESN ?Tania Berman. : je suis française mais j’ai grandi au Luxembourg dans un environnement éducatif résolument européen. J’ai fait mes études à Paris, ce qui représentait déjà pour moi une première expérience de mobilité. Puis je suis partie en séjour Erasmus à Vienne, au cours de mon master d’allemand. C’est là que j’ai découvert ESN. De retour à Paris, je me suis spécialisée dans la médiation culturelle et la communication tout en étant représentante de la France au sein du réseau ESN puis élue au bureau d’ESN international. Un des postulats essentiel du réseau est l’engagement de ses membres sur une base bénévole, source de dynamisme et de grande liberté. ESN représente pour moi un espace d’expérimentation très large au sein duquel je suis libre de tenter beaucoup de choses.

Soleo : quel regard portez-vous sur le programme Erasmus en cette année anniversaire ?T. B. : on ne peut que se féliciter du chemin parcouru. Mais il reste encore des points d’amélioration notamment dans l’accueil des étudiants étrangers, mission originelle d’ESN. En 1989, la Commission européenne a réuni quelques-uns des tout premiers étudiants Erasmus pour travailler sur l’amélioration de ce qui n’était alors qu’une expérience pilote. Tous ont répondu qu’il fallait mieux penser la dimension accueil des Erasmus par les étudiants locaux. De ce constat est né ESN avec pour credo : les étudiants accueillent les étudiants. 25 ans après, au travers des différentes enquêtes menées par notre réseau, on s’aperçoit que la qualité de l’accueil continue à jouer un rôle primordial et que la meilleure façon d’accueillir les étudiants passe par une collaboration entre les universités et les associations étudiantes, en particulier ESN.Autre point de vigilance : la reconnaissance académique des périodes de mobilité. ESN a fait deux séries d’enquête sur les problèmes de reconnaissance académique des séjours Erasmus1 et malgré des progrès indéniables, beaucoup d’obstacles subsistent.Enfin, la question du financement reste un des plus gros obstacles à la mobilité : les annonces d’augmentation budgétaire pour le prochain programme Erasmus pour tous sont, bien sûr, les bienvenues mais nous serons attentifs à

ce que cela profite vraiment aux étudiants.

Soleo : comment accueillez-vous la proposition de ce nouveau programme ?

T. B. : on ne peut que se féliciter de la forte augmentation budgétaire demandée. Mais sera-t-elle suffisante pour atteindre les ambitieux objectifs quantitatifs de mobilités affichés ? Nous regrettons que la notion de citoyenneté européenne ait disparu des objectifs du programme car c’est selon nous un de ses éléments constitutifs : nous lancerons d’ailleurs en 2012 une enquête sur le thème : Se sent-on plus européen parce qu’on a fait une mobilité Erasmus ? Tout axer sur le lien mobilité/employabilité n’est pas satisfaisant : au regard des chiffres, nous pensons qu’il est difficile de croire que le programme Erasmus peut à lui seul résoudre le chômage des jeunes en Europe.

Soleo : comment célébrez-vous les 25 ans d’Erasmus au sein du réseau ?T.B: de nombreuses initiatives sont menées par les sections nationales et locales d’ESN, comme en témoigne la caravane d’ESN France qui a parcouru en début d’année plus de 20 villes universitaires françaises. Au niveau international, nous avons lancé le programme « Social Erasmus » pour encourager les étudiants Erasmus à se lancer dans des activités bénévoles, ce qui doit leur permettre de vivre des expériences enrichissantes dans leur pays d’accueil au-delà du périmètre de l’université et surtout, de faire bénéficier différents acteurs locaux (écoles, associations…) de leur présence.Nous animons également un tour de vélo « Ride for your Rights », de Luxembourg à Bruxelles, afin de réunir les étudiants Erasmus autour d’un manifeste sur les droits des étudiants en mobilité. g

• Propos recueillis par Quitterie GADRETMission prospectiveAgence Europe-Education-Formation France

1 - L’enquête PRIME (Problems of Recognition in Making Erasmus) a été lancée en 2009 par le réseau Erasmus Student Network (ESN) avec le soutien de la Commission européenne. La seconde édition des résultats est parue.

Tania BERMANPrésidente d'ESN international

Entretien avec Tania Berman, présidente d’ESN international. C'est une organisation étudiante qui œuvre pour

l’accueil des étudiants internationaux et repose sur le principe « les étudiants s’entraident ».En Europe, elle compte 12 000 membres au sein de 392 sections locales dans 36 pays. En France, c’est un réseau associatif fédérant 22 sections locales et plus de 400 bénévoles qui œuvrent dans 19 villes en France.

ESN (Erasmus Student Network)

• www.esn.org - www.ixesn.fr

« Mieux penser la dimension accueil des Erasmus par les

étudiants locaux »

http://prime.esn.org

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les L’université classée première au palmarès

Erasmus travaille son territoireL’université de Savoie a été classée première en 2010 et 2011 dans le Classement Erasmus des universités1 les plus dynamiques en termes de mobilité. Une de ses forces est, sans aucun doute, d’avoir construit une coopération renforcée avec les collectivités territoriales. Entretien avec Eric Brunat, Vice-Président des relations internationales.

Université de Savoie - Campus du Bourget

Soleo : Comment travaillez-vous avec les partenaires territoriaux sur les questions de mobilité internationale ?Eric Brunat : Nous travaillons de plus en plus avec notre environnement local et régional, notamment les communes de Chambéry, Annecy et Annecy le Vieux, le Conseil Régional, les parcs scientifiques de Savoie, des institutions locales pour développer l’accueil des étudiants étrangers et des enseignants chercheurs. Un travail particulièrement soutenu est mis en place avec la Mairie de Chambéry car si la qualité de l’accueil dans l’université est essentielle, le jeune doit également être bien intégré à la cité. Je pense qu’un jeune heureux dans son établissement et au sein de la ville qui l’accueille pour quelques mois aura de bien meilleurs résultats.Nous multiplions ainsi les chances d’en faire un ambassadeur de la ville, de la région et de notre université ainsi qu’un ambassadeur de la mobilité. Un jeune,

heureux de son séjour, aura envie d’y revenir dans sa vie professionnelle ou personnelle et il conseillera à ses camarades ou amis une telle expérience. En ce sens, l’université et les collectivités partagent une communauté de destins.

Soleo : L’accueil des étudiants étrangers est-il un levier pour la mobilité de vos étudiants ?E.B. : Bien entendu, car à travers tous ces étudiants et enseignants venus d’autres horizons, nous avons réellement ancré la culture de l’international dans l’établissement. De nombreux jeunes de différentes nationalités sont présents sur nos campus et permettent à nos étudiants d’être sensibilisés à l’international. Comme je l’indique souvent à mes étudiants : l’originalité n’est pas d’aller à l’étranger, c’est de ne pas y aller ! En effet, l’international est réellement au cœur de la stratégie de notre université. Pour être dynamique sur l’envoi d’étudiants

Eric BRUNATVice-Président des relations inter-nationales Université de Savoie

1 - Voir les classements depuis 2010 : http://www.2e2f.fr/docs/classement-erasmus.pdf ...

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savoyards à l’étranger, il faut assurer un accueil de qualité aux étudiants et enseignants- chercheurs venus d’autres horizons. Cet accueil est un gage de pérennité des accords avec les établissements. C’est aussi une volonté de faire rayonner largement notre établissement, ses formations et le territoire.

Soleo : pouvez-vous citer en exemple deux actions menées en commun avec les collectivités locales et territoriales qui promeuvent la mobilité ?E. B. : tout d’abord, notre université organise avec la Mairie de Chambéry et l’office de tourisme de la ville un événement international de grande ampleur. Il s’intitule « Le Tour du Monde au Manège » et c’est le plus grand événement public gratuit de Savoie. Sur une journée et demie, plus de 6000 visiteurs découvrent la dimension internationale de la ville et de son université à travers des stands et des animations mises en place par les étudiants étrangers accueillis dans la ville.Les équipes d’étudiants, de plus de 40 nationalités, rivalisent d’imagination et de talent pour organiser une animation sportive, scientifique, artistique, culinaire… et être ainsi les ambassadeurs de leur pays. En mars, nous avons fêté la 14ème édition de cet événement annuel qui est véritablement une vitrine internationale.

La deuxième initiative que je souhaitais mentionner est « Parrains du Monde » mise en place en collaboration entre l’université de Savoie, le

Conseil Général 73 et les collèges savoyards. Les étudiants Erasmus accueillis à l’université se rendent dans les collèges de la région et présentent leur pays, leur culture notamment dans le cadre de cours de langue ou d’histoire-instruction civique. C’est un bon moyen de sensibiliser les collégiens à l’international et de développer leur appétence pour une future mobilité.

Soleo : et pour fêter les 25 ans du programme, qu’allez-vous faire ?E. B. : nous avons prévu d’organiser des séminaires et tables rondes avec des acteurs et des spécialistes de ces questions de mobilité et d’international. Nous fêterons bien entendu cet anniversaire parce que la mobilité est un formidable facteur de réussite et d’insertion professionnelle. Les jeunes reviennent transformés. Nous continuerons donc nos efforts pour qu’ils soient toujours plus nombreux à faire une telle expérience. g

• Propos recueillis par la Mission ProspectiveAgence Europe-Education-Formation France

« L’université et les collectivités ont une communauté de destins. »

Les stagiaires Erasmus plaisentà l’entreprise

Avec une convention de stage personnalisée, tout étudiant inscrit dans un établissement bénéficiant de la Charte Erasmus, peut partir en stage dans une entreprise européenne. L’entreprise d’accueil y trouve son intérêt elle aussi : l’étudiant européen lui apporte de nouveaux points de vue et une expertise dans sa langue pour le développement à l’export des marchés de l’entreprise. Deux chefs d’entreprise, française et néerlandaise, témoignent de leur intérêt pour cet aspect essentiel du programme.

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e connaissais le programme Erasmus - la presse en parle régulièrement - mais je ne pensais pas à l’accueil

de stagiaires européens dans mon entreprise. DAO&CO est une petite entreprise, créée en 2005, constituée d’une équipe d'infographistes appuyée par des moyens techniques performants qui travaille sur des projets

incluant photo et vidéo HD, images de synthèse (3D géoréférencée si besoin), effets sonores, musique et effets spéciaux. Nous comptons parmi nos clients, EDF, GDF Suez, ABB et d'autres grands groupes.J’ai été contacté par une amie, professeur dans un lycée de Toulouse, qui recherchait un lieu de stage pour une étudiante néerlandaise. La prise de contact à coïncider avec la participation de l’entreprise à un salon sur Amsterdam. Cette jeune stagiaire hollandaise, de l’université Fontys de Tilburg, parlait l’anglais et le français couramment, un vrai plus ! Pour moi, le séjour de notre stagiaire hollandaise constituait aussi une opportunité de comparer les formations françaises et celles des pays du Nord. Depuis longtemps, mon entreprise accueille des stagiaires français, une volonté réelle d’accompagner des jeunes en formation et de leur donner une chance. Malheureusement, le niveau de langues est en général relativement faible. Depuis, un autre stagiaire a aussi effectué un stage chez nous. Au-delà du niveau de langues, la motivation est forte et les stagiaires montrent de réelles capacités d’adaptation. L’ensemble de l’équipe de

DAO&CO a intégré rapidement ces stagiaires européens. L’impact est très positif, et les retombées réelles. Ainsi notre stagiaire hollandaise, de retour chez elle, poursuit sa collaboration avec nous et continue sa mission commerciale sur les marchés du Nord de l’Europe une journée par semaine, enjeu commercial essentiel de l’entreprise.

Jam the sales director at Culimer in Rotterdam. Culimer is specialized in the manufacturing, handling, import and export of high value and high quality seafood, with offices in Europe, Middle East and Asia. The first time I have heard

about Erasmus, I was talking on the phone with my uncle. He had been contacted by a French friend who was looking for a host company for her internship in Netherlands. I said “yes why not” but she must call me first. Elisa called me and I was convinced, she was so open and enthusiastic, very motivated and she spoke very good English! Elisa was the first one in 2009. Since that time we welcome one French trainee in my company each year.When you decide to host trainees you need to guide them and it takes time, but the impact is real. They get involved in the local group and participate to a better understanding of the “singularity” of French market. Mentality is different, and to have the French point of view inside the company is an advantage for developing business in France. Erasmus is a very good opportunity to get trainee from other countries, I am interested to have student each year. I only want to speak with them before I take my decision. I want to evaluate their capacity and motivation. Elisa was perfect and each year we had a new “Elisa”… As an illustration this year we hosted Julien. Julien’s internship was a success. He is still in Rotterdam with us. He has convinced me to accept a new period of internship in the import-export business.”

• Propos recueillis par Sandrine DickelResponsable - Pôle enseignement supérieurAgence Europe-Education-Formation France

I

L'entreprise d'accueil

L'étudiant

• Elle doit être un organisme privé ou public exerçant une activité économique située dans un des 33 pays éligibles (27 États-membres de l’Union Européenne + Islande, Liechtenstein, Norvège, Suisse, Croatie et Turquie.

• Il peut réaliser une mobilité de stage en entreprise dès sa première année d’études supérieures.• Sa durée est de 3 à 12 mois, sauf dans les formations courtes, de type BTS ou DUT, pour lesquelles la durée minimum est de 2 mois.• Le stage doit être reconnu comme faisant partie intégrante du cursus de l’étudiant (système de transferts de crédits capitalisables (ECTS), supplément au diplôme...).

Julien TACCOEtudiant en Commerce International Lycée Ozenne (Toulouse)et Bruno GOVAERT

Bruno GOVAERT, Directeur des ventes de l’entreprise néerlandaise CULIMER spécialisée en conserverie de produits de la mer.

Gilles Marin, Gérant, directeur commercial de l’entreprise française de communication visuelle, DAO&CO.

www.dao-co.fr

www.culimer.com

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Une mobilisationcollective d’envergure

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Des dispositifs incitatifs pour tous les acteurs de l’université, administratifs et pédagogiques, un service des relations internationales renforcé, des appels à candidature Erasmus biannuels, des cours de langues gratuits, des manifestations interculturelles… L’université de Reims Champagne-Ardenne (URCA) s’est donné les moyens d’une politique ambitieuse à l’international. Résultats : les chiffres de la mobilité enseignante ont plus que doublé en 3 ans.

Le témoignage de Laure CASTIN, Chef du service des Relations internationales, université de Reims Champagne-Ardenne. Université Reims Champagne-Ardenne

Des objectifs inscrits au contrat quadriennal 2008-2011Au démarrage de notre contrat quadriennal, nous avions l’ambition de créer une dynamique fondée sur un pilotage associant tous les acteurs, administratifs et pédagogiques, à la mise en œuvre des axes stratégiques retenus. L’objectif était double : donner une meilleure visibilité du dispositif d’accompagnement institutionnel aux acteurs de terrain dans les composantes et rendre le système d’information plus performant pour mobiliser la collectivité. Les relations internationales ont donc été intégrées dans les missions dévolues aux vice-présidents du CEVU (Pédagogie, mobilité des étudiants et des personnels, partenariats) et du CS (Recherche).Une Commission institutionnelle " Mobilité et Échanges Internationaux " (CMEI) a été créée en 2008 pour mettre en place des procédures en démarche qualité conformes aux exigences du processus de Bologne. Le Service des relations internationales (SRI), aux effectifs renforcés et au budget consolidé ces dernières années, pilote quant à lui les réunions, intra ou inter-composantes, avec les coordonnateurs et correspondants pédagogiques des programmes d’échanges, pour veiller à la mise en œuvre des procédures qualité, échanger sur les bonnes pratiques et améliorer les dispositifs existants, en prenant

en compte les évaluations semestrielles des étudiants participant à un échange.Deux appels distincts à candidatures sont lancés chaque année, à l’automne : l’un pour recenser les projets de mobilité Enseignement sur le programme ERASMUS, le second, depuis 2008-2009, pour encourager la mobilité administrative en Europe (sur le programme ERASMUS) et hors Europe (sur une ligne dédiée du budget du SRI).Entre 2007 et 2011, le nombre d’enseignants partis dans le cadre d’une mobilité ERASMUS a ainsi plus que doublé : 12 en 2005, 26 en 2010.

Secrétaires de départementet chefs des services centraux échangent avec leurs partenaires européensChaque année, de 4 à 8 personnels administratifs partent faire un échange de bonnes pratiques d’une semaine dans un établissement partenaire : des secrétaires de département pour se familiariser avec les pratiques de leurs homologues dans le cadre d’un diplôme, en partenariat international et ainsi faciliter la gestion des programmes multiculturels2 ; des chefs de services centraux ou communs pour comparer les dispositifs existants et s’inspirer des pratiques des partenaires en matière de vie étudiante, d’orientation, de suivi et

Laure CASTINChef du service des Relations internationales, université de Reims Champagne-Ardenne

1 - Poursuite de l’internationalisation de l’offre de formation (L,M,D) ; amé-lioration de l’accueil, de l’intégration et de l’accompagnement des étudiants et enseignants-chercheurs étrangers ; incitation et valorisation de la mobilité des étudiants et des personnels ; promo-tion de la dimension internationale de la recherche.

2 - Double diplôme de Master 2 Spécia-listes de l’intégration communautaire et Politique européenne de voisinage avec l’Université de Matej Bel de Banska Bys-trica en Slovaquie ; diplôme conjoint de Master ERASMUS MUNDUS Formation des formateurs avec l’Université de Gre-nade en Espagne

www.univ-reims.fr

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d’insertion professionnelle, d’organisation de plan de formation continue, de scolarité, d’accueil de lecteurs, d’accompagnement des étudiants internationaux. Ces mobilités, outre qu’elles enrichissent indéniablement les pratiques professionnelles de chacun par le Benchmarking avec le partenaire étranger, ont un effet galvanisant sur les individualités qui rejaillit sur l’institution et le projet collectif.

Préparer la mobilité par la connaissance des langueset des culturesAfin d’accompagner le développement de ces projets de mobilité des personnels comme des étudiants, la Maison des Langues, ouverte depuis 2010, propose gratuitement plus de 29 langues en auto-apprentissage. Un séminaire de sensibilisation à l’interculturel est de même ouvert à tout personnel concerné par l’accueil d’étudiants internationaux.Des responsables administratifs d’universités partenaires, en Europe et hors Europe, viennent également en échanges de bonnes pratiques (universités de Mons en Belgique, d’Oradea en Roumanie, de Potenza en Italie, de Batna en Algérie, d’Astrakhan en Russie, de Moncton et de Trois Rivières au Canada…).Des manifestations culturelles sont organisées tout au long de l’année, en lien avec les services centraux et communs, les associations étudiantes et les collectivités locales ou territoriales pour sensibiliser les publics étudiants, enseignants-chercheurs et personnels administratifs à l’interculturel et à un projet de mobilité internationale.Une dynamique collective a indéniablement été créée au sein de l’URCA, au cours de ces dernières années. L’augmentation des chiffres de mobilité conventionnée, sortante et entrante, illustre ce constat : les séjours d’études et stages à l’étranger sont passés de 439 en 2007-2008 à 768 en 2010-2011. La mobilité étudiante conventionnée entrante (programmes d’échanges) a progressé : de 143 en 2007-2008 à 230 en 2010-2011. La mobilité étudiante conventionnée sortante (programmes d’échanges) est passée de 135 en 2007-2008 à 207 en 2010-2011. g

« Ma mobilité administrative à l’Université de Grenade a été une expérience professionnelle et personnelle très enrichissante : elle a été l’occasion de comprendre comment travaillait le pilote du Master ERASMUS MUNDUS en amont, avant que les étudiants n’arrivent dans les universités partenaires. Cette mobilité a été aussi une mise en pratique de l’espagnol que j’avais appris au lycée. Il fallait se jeter à l’eau ! »

• Brigitte PERRON, Secrétaire, Gestion de l’ERASMUS MUNDUS Formation des formateurs, IUFM.

« Une mobilité, c’est bien sûr la possibilité d’avoir un auditoire différent mais c’est aussi l’occasion de rencontrer ses homologues en chair et en os, de leur parler de vive voix pour discuter des problèmes et pour développer de nouveaux projets de collaboration. Les relations deviennent plus faciles : passer un bon moment ensemble, ça change tout ! »

• Helga MEISE, Professeure et directrice du département d’allemand, UFR Lettres et Sciences humaines.

Ils témoignent

w Témoignage d’un cadre administratif

w Témoignage d’un enseignant- chercheur

• Propos recueillis par Dominique Ardiller Rédactrice en chef de Soleo Agence Europe-Education-Formation France

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l est désormais généralement admis que l’enseignement supérieur est un acteur essentiel du développement économique et social dans le double contexte de mondialisation et

de celui d’une économie de plus en plus dépendante des connaissances. Les universités ont un rôle essentiel à tenir dans la société par les savoirs qu’elles diffusent et la recherche qu’elles développent permettant ainsi à leurs étudiants d’acquérir les nouvelles compétences dont ils auront besoin dans leur vie professionnelle de demain.Ces défis économiques et sociaux pour les universités se posent dans les mêmes termes dans tous les pays de l’Union européenne et au-delà. Même si la politique éducative reste une prérogative nationale et que chaque université dispose d’une certaine autonomie dans les choix de modernisation de son organisation et d’adaptation de ses enseignements, sa stratégie globale et les actions qu’elle met en place ne peuvent pas ne pas prendre en compte le contexte actuel de mondialisation. La Commission européenne tente d’harmoniser les efforts nationaux et institutionnels, à travers notamment

le processus de Bologne, en proposant des actions pour l’enseignement supérieur dans le cadre du programme Erasmus.Ce programme facilite la mobilité des étudiants, des personnels et des enseignants des établissements. Mais il ne se résume pas à cette seule mobilité.Il permet aussi aux établissements d’enseignement supérieur de collaborer à travers des réseaux ou des projets multilatéraux, regroupés sous l’appellation « actions centralisées » parce que gérés directement par la Commission européenne, à la différence du programme des mobilités qui est lui, géré par les agences nationales - l'Agence Europe-Education-Formation France - dans notre pays.

Les 5 priorités des actions centraliséesLes projets proposés et développés doivent répondre aux défis écono-miques et sociaux actuels de l’ensei-gnement supérieur et correspondre ainsi aux 5 priorités suivantes :• Coopération entre les établissements d’enseignement supérieur et les entre-prises ;• Dimension sociale de l’enseignement supérieur ;

• Stratégie de mobilité et suppression des obstacles à la mobilité dans l’enseignement supérieur ;• Soutien à l’agenda de modernisation de l’enseignement supérieur (réforme des programmes de cours, réforme de la gouvernance et réforme du financement) ;• Renforcement de l’excellence et de l’innovation dans l’enseignement supérieur.

Pourquoi participer à un projet centralisé ?Les actions centralisées peuvent être un moment privilégié d’échanges et de mutualisation des pratiques et des expériences des différents partenaires européens participants.En lien avec leur réforme interne et à travers l’analyse comparée des différents systèmes d’organisation, des différentes offres de formation et des différents modes de fonctionnement, les établissements peuvent trouver plus facilement des éléments de réponse à leurs propres problématiques.Par ailleurs ces projets contribuent à positionner de manière plus visible les universités comme des partenaires légitimes dans la construction de l’espace européen de l’éducation et de la formation

Les "actions centralisées" renforcent l'excellence et l'innovation

Iw Par Basile Sircoglou et Christina Akrivou, experts de Bologne

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Le rôle des experts de Bologne dans la promotion des actions centraliséesCe rôle est multiple. Ils agissent d’abord, auprès de tous les établissements du pays, leur fournissant de l'information. Ils peuvent aussi accompagner les établissements dans la phase de préparation et de développement de leur projet. Ils mettent alors à disposition leur

expertise et mobilisent les outils du processus de Bologne étroitement liés aux actions Erasmus qui visent à satisfaire l’objectif général de création d’un espace européen de l’éducation et de la formation. Enfin, les experts de Bologne peuvent faire remonter aux autorités européennes les difficultés rencontrées par les établissements dans la mise en place des actions et, ceci, dans la

perspective d’une amélioration des programmes proposés. g

• Basile SIRCOGLOUVice-Président de l'université d'Aix Marseille (AMU), délégué au partenariat avec le monde de l'entreprise.• Christina AkrivouResponsable projetPôle stratégique francophone universitaire AUF

Les réseaux

Les projets multilatéraux

• Ils reçoivent un financement de 3 ans et impliquent au minimum 10 pays.

EXEMPLE DE RÉSEAU THÉMATIQUE ERASMUS : «POLIFONIA» Études diverses sur des thématiques liées à la formation musicale professionnelle au niveau européen. Le réseau, qui est le plus grand projet européen sur la formation musicale professionnelle à ce jour, implique plus de 60 institutions dans le domaine de la formation musicale et lde a profession musicale dans trente pays européens. Il est coordonné conjointement par le Royal College of Music de Stockholm et l'Association Européenne des Conservatoires (AEC).

• Les actions centralisées sont directement gérées par l’Agence exécutive (Commission européenne) : réception, gestion et sélection des candidatures.

• Pour toute information, s’adresser directement à :Agence exécutive «Éducation, audiovisuel et culture» (EACEA)Rue Colonel Bourg/Kolonel Bourgstraat 135-139 B-1140 Bruxelles

• Ils doivent impliquer au minimum 3 institutions de formation d’enseignants de 3 pays différents pour une durée de deux ans.

EXEMPLE DE PROJET MULTILATÉRAL :INTENTION (intégration des systèmes de télé-collaboration dans l'enseignement des langues étrangères). Il vise à sensibiliser davantage les étudiants, les enseignants à l'utilisation d' Internet comme un outil pour la mobilité virtuelle dans l'éducation et l'enseignement des langues dans le supérieur.

Le projet a développé une plate-forme virtuelle où les enseignants peuvent trouver des "classes partenaires" ainsi que de l'information et de la formation pour leurs projets de télé-collaboration.

www.polifonia-tn.org

www.uni-collaboration.eu

http//eacea.ec.europa.er

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Eloge de Desiderius ErasmusPar son Excellence, Hugo Hans Siblesz, Ambassadeur du Royaumedes Pays-Bas en France

Humaniste à la recherche du juste milieuS’il a choisi comme patronyme le nom de sa ville natale, Érasme de Rotterdam, né vers 1466, se sentait chez lui partout où régnaient la culture, la civilisation et un christianisme tolérant.Les notions de liberté, de tolérance, d’indépendance, d’ouverture et de curiosité constituent le fondement de la théorie humaniste classique. L’humaniste Érasme défendit ainsi avec ferveur ce qui constitue la plus grande richesse de l’homme : l’indépendance d’esprit. Il s’opposa vigoureusement à la pensée dogmatique dans tous les domaines de l’activité humaine.

Il choisit de mener une vie indépendante en s’affranchissant de sa nationalité, des liens académiques, des mouvements religieux et de tout ce qui aurait pu entraver sa liberté de pensée et d’expression littéraire. Fidèle à sa devise Nulli concedo, il refusait d’appartenir à quiconque et se voulait homo pro se, un homme pour soi-même.

Mû par cette aspiration, il vécut et travailla en de nombreux lieux d’Europe à la recherche de connaissances et d’expériences que seuls ces contacts avec d’autres pays pouvaient lui apporter. Il se rendit ainsi à Louvain, Venise, Cambridge, Bâle, Fribourg-en-Brisgau, Orléans et Paris.

Il était si farouchement attaché à sa liberté qu’il déclina la citoyenneté que lui offrait la ville de Zürich, préférant se considérer comme un citoyen du monde. Il quitta Louvain lorsque des théologiens catholiques conservateurs tentèrent de l’enrôler dans leur combat contre Luther. De même, il abandonna Bâle le jour où la ville devint un fief exclusivement protestant et interdit aux catholiques de pratiquer ouvertement leur foi. C’est cette attitude

modératrice qui caractérise Érasme, toujours à la recherche du juste milieu.

Européen rêvant d’une Europe réconciliéeÉrasme est connu pour sa foi en l’Europe. Cet engagement européen était fondé sur son cosmopolitisme : « Le monde entier est notre patrie à tous », proclame-t-il dans la Querela pacis. Il reposait également sur son pacifisme. Les luttes opposant Anglais, Allemands, Français et Espagnols lui semblaient une absurdité. « Pourquoi ces noms stupides nous séparent-ils, puisque le nom de chrétien nous unit ? » L’Europe devrait être un trait d’union et non un facteur de division.

Il était un pacifiste convaincu qui rêvait d’une Europe réconciliée avec elle-même. Il refusait de prendre parti et proclamait que l’Europe devait s’unir et l’Église tout faire pour retrouver son unité perdue. Malgré les vives critiques qu’il exprima à l’endroit des excès de l’Église, il ne rejoignit pas les rangs de la Réforme de crainte de voir la chrétienté se déchirer et ainsi la cohésion de l’Europe menacée.

Une œuvre considérable « Prince des humanistes », Érasme était lu et admiré dans toute l’Europe. L’humanisme qui prônait un retour aux sources − ad fontes −, encourageait la lecture des textes à l’origine du christianisme : le Nouveau Testament et les

Erasmus, Socrates, Leonardo da Vinci… L’Union Européenne a choisi de placer ses programmes de mobilité universitaire sous le patronage des plus grands philosophes européens. Erasmus, le premier de ces programmes, permet l’échange d’étudiants et d’enseignants entre les différentes universités et grandes écoles européennes. Il doit son nom à l’humaniste néerlandais, Érasme de Rotterdam, qui a voyagé lui-même durant de nombreuses années à travers l’Europe pour s’enrichir des différentes cultures et développer son humanisme.

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© Paul Bloas

PLUS D'EUROPE & D'INTERNATIONAL Soleo

Pères de l’Église. Estimant que « la parole divine doit être accessible à toute personne, quelles que soient ses origines ou sa langue »,

Érasme fut le premier, en 1516, à publier le Nouveau Testament dans sa langue originale, le grec, accompagné d’une nouvelle

traduction latine. Il considérait cette traduction de la Bible comme son œuvre majeure, bien que son ouvrage le plus

connu à l’heure actuelle soit le satirique Éloge de la folie. Ce livre, écrit en une semaine pour se divertir, rencontra un succès international qui ne s’est pas démenti jusqu’à présent. Le cinquième centenaire de

sa publication à Paris, en 1511 a été célébré récemment à Rotterdam.

Érasme laisse une œuvre considérable de près d’une centaine de textes, soit des milliers de pages écrites en latin. La langue latine, qui était alors d’un usage universel en Europe, lui permettait de se rapprocher de tous les peuples.

Les thèmes abordés par Érasme dans ses écrits sont nombreux : l’éducation et l’enseignement, les bonnes

manières, la langue et le style, la Bible, l’Église et la piété, la guerre et la paix… Les multiples facettes

de son œuvre inclassable font de lui à la fois un théologien, un philosophe, un pédagogue, un pacifiste, un homme de lettres, un journaliste

ou encore un auteur satirique.

Érasme mourut en 1536. En léguant sa fortune à l’université de Bâle, il créa ce qui allait devenir par la

suite la bourse de mobilité. Il n’est donc pas surprenant que ce Néerlandais ait été choisi pour donner son nom

au programme européen d’échange universitaire. Érasme, figure de l’humanisme et de l’ouverture d’esprit, est donc

le précurseur de la mobilité européenne. Aujourd’hui, les étudiants du programme Erasmus sont nombreux à témoigner de l’enrichissement que représente leur séjour à l’étranger, non seulement sur le plan universitaire et professionnel, mais aussi pour l’apprentissage des langues, l’acquisition de compétences interculturelles et l’autonomisation de la conscience. g

Paul BLOAS vit et travaille à Brest, il intervient en France et à l'étranger depuis 28 ans. Son travail consiste en l'élaboration de peintures géantes (2x3,80m) réalisées en atelier sur papier et collées ensuite sur les murs des cités. Elles vieillissent naturellement au gré des intempéries, ou plus radicalement sous la griffe humaine.

Artiste voyageur, il a été sensible à l'invitation de l'Université de Bretagne Occidentale pour cette contribution à fêter les 25 ans du programme Erasmus : ce portrait d'Erasme constitue le premier fruit de cette collaboration. Le 3 avril, plusieurs de ses peintures fragiles ont été présentées sur la façade de l'université en plein centre de Brest. g

Portrait d'Erasme par Paul Bloas (2012)

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Erasmus est l’une des plus grandes réussites de l’Union européenne. L'Europe est par ailleurs le continent le plus attractif au monde pour les étudiants recherchant un bon diplôme. Mais les jeunes Européens partent encore trop peu étudier hors Europe…

Entretien avec Bernd Wächter, directeur de l’ACA (Academic Cooperation Association)1, l'association mondiale des opérateurs de mobilité de l'enseignement supérieur.

Erasmus n’est plus « une exception exotique »

Soleo : quel est pour vous l’impact du programme Erasmus ?Bernd Wächter : l’Union européenne voit se multiplier les crises en ce moment. Les bonnes nouvelles sont rares sur le vieux continent : Erasmus en est une. Ce programme est une des plus grandes réussites de l’Union. Qui aurait pensé en 1987, quand à peine quelques milliers d’étudiants sont partis étudier dans un autre pays européen, que 25 ans plus tard le programme aurait permis à près de 3 millions de jeunes d’étudier à l’étranger. Erasmus a fait évoluer le concept de mobilité : ce qui relevait

auparavant d’une exception exotique est devenu sinon la règle, du moins une option « normale ». Cela a conduit les universités à s’internationaliser, pas seulement en organisant la mobilité mais aussi en créant des cursus internationaux, en introduisant des cours en

anglais…Enfin et surtout, Erasmus a fait émerger une

nouvelle génération de jeunes, fonda-mentalement européens, et convaincus de la nécessité de faire avancer la construction

de l’Europe.

Soleo : peut-on parler d'un effet « Auberge espagnole » ?

B.W. : cela relève totalement du cliché. Les évaluations du programme n’ont cessé de

démontrer que les étudiants progressent d'abord du point de vue académique pendant leur séjour à l’étranger. Mais il

est également vrai que c’est sur les plans linguistique et culturel que leurs progrès sont les plus remarquables. Les étudiants

améliorent leur connaissance du pays d’accueil, leur maîtrise de sa langue (et d’autres langues), leurs compétences interculturelles. Cela ne se produit évidemment pas uniquement dans la classe ; c’est sans doute cela que l'on peut

appeler l'effet « Auberge Espagnole » grâce à toutes les activités sociales qui font partie de la vie étudiante. Cela existait également à mon époque, bien avant l’invention du programme Erasmus.

Soleo : l'Europe est-elle toujours aussi attractive ?B.W. : c’est une question plus difficile qu’il n’y paraît car il faut bien différencier les choses. Évoquons tout d’abord la mobilité en direction des pays européens : globalement l’Europe est le continent le plus attractif pour les étudiants étrangers qui recherchent un diplôme. Selon une récente étude ACA, l’Europe attire plus de 51% de ces étudiants (plus d’1.5 million étudiants). C’est tout à fait remarquable pour un petit continent comme le nôtre qui réunit moins de 10% de la population mondiale. Mais cette mobilité est répartie de façon très inégale entre pays européens : le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne accueillent en effet les deux tiers de ces étudiants étrangers. D’autres petits pays comme l’Autriche ou la Suisse ont également des proportions exceptionnellement importantes d’étudiants étrangers. A l’autre bout du spectre, certains pays d’Europe centrale et orientale comptent très peu d’étudiants étrangers.

Soleo : et la mobilité sortante d’étudiants européens hors Europe ? B.W. : cette mobilité représente moins de la moitié de la mobilité entrante (environ 673000 étudiants). Ces flux de mobilité sont en augmentation depuis 10 ans, mais en proportion, deux fois moins que les flux entrants. Cela peut notamment être mis à l’actif de la bonne qualité de l’enseignement supérieur en Europe : à la différence des jeunes des pays en développement, les Européens n’ont majoritairement pas besoin de s’expatrier pour recevoir une bonne éducation. Nous trouvons néanmoins cette tendance légèrement préoccupante : l’Europe a besoin que ses jeunes aient une bonne connaissance des grands pays émergents, comme les BRICS2. Et précisément dans ces pays, la proportion des jeunes Européens est peu élevée.

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Soleo : que pensez-vous d'« Erasmus pour tous », le nouveau programme 2014-2020 ?B.W. : j’aurais beaucoup de commentaires à formuler. Le premier est que la mobilité reste la question centrale, ce qui est bien. La proposition prévoit un budget en augmentation des deux tiers, ce qui est également positif et nécessaire. Plus que jamais, en temps de crise, investir dans l’éducation est crucial. Nous devons maintenant tous soutenir la Commission et le Parlement européen dans la défense de ce budget car les États membres chercheront certainement à le réduire.

• Propos recueillis par Quitterie GadretMission ProspectiveAgence Europe-Education-Formation France

1 - l’Agence Europe Education-Formation est membre d’ACA pour la France, depuis 2011.2 - BRICS : Brésil, Russie, lnde, Chine et Afrique du Sud.

Des universités auto-évaluentleurs pratiques de mobilité

n outil en phase de test Le cœur de MAUNIMO est un questionnaire en ligne, le MMT (Mobility Mapping Tool ), conçu pour les universités comme un outil d’auto-évaluation de leurs pratiques et de leurs stratégies. Après un séminaire de présentation du projet à Marburg (Allemagne) en octobre dernier, une version test du questionnaire a été mise à la disposition des établissements pilotes fin janvier. Fin avril, l’EUA a reçu les premiers résultats. En mai, un séminaire à Trente (Italie) va permettre d'en saisir les principales tendances.

Chaque université pilote était libre de déployer le questionnaire comme elle le souhaitait au sein de l’établissement. A Bordeaux Segalen, nous avons fait le choix de contacter une trentaine de personnes qui paraissaient représentatives des perceptions et pratiques de la mobilité sur l’institution (doyens d’UFR, coordinateurs Erasmus, chercheurs, vice-présidents, administratifs, doctorants, étudiants). Chaque participant s'est vu ensuite proposé un entretien individuel pour présenter le fonctionnement de l’outil et les attentes de l’université. Le questionnaire est en effet assez complet et exige de la part du répondant une réflexion sur ce qu’il/elle sait (ou pas) de la mobilité dans son université (stratégies institutionnelles en place, perceptions de la mobilité internationale, types de mobilité pratiqués, mesures mises en place pour encourager la mobilité, processus de mesures de la mobilité, etc.). Il a donc été très important de les « rassurer » sur le fait qu’il ne s’agissait pas de les « noter », mais bien d’identifier les points forts et points faibles de l’institution.

Maunimo, (MApping UNIversity MObility of staff and students) est un projet actuellement en phase de test dans une trentaine d’universités européennes. Financé par la Commission européenne et coordonné par la European University Association (EUA), le projet fait suite aux travaux du groupe de suivi du Processus de Bologne qui place la mobilité au cœur des politiques d’internationalisation des universités avec des objectifs très ambitieux (20% d’étudiants européens mobiles à l’horizon 2020).Présentation du projet par Véronique Debord-Lazaro, de l’Université Bordeaux Segalen.

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www.aca-secretariat.be

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L'anniversaire du côté des agences européennesToute l’Europe fête Erasmus et partout, dans les 33 pays éligibles aux programmes européens d’éducation et de formation, le constat est le même : Erasmus est une initiative de l’Union qui marche ! Augmentation générale des mobilités d’étude et plus encore des mobilités de stage, augmentation de la mobilité des enseignants et des personnels administratifs, satisfaction exprimée devant l’arrivée en 2014 du nouveau programme Erasmus pour tous qui doit s’ouvrir au monde en rapprochant Erasmus, Erasmus Mundus, Tempus, Edulink …

Où en est Erasmus en Finlande, Lituanie et Italie ?

Des intérêts propres à chaqueuniversité Bordeaux Segalen s’est très vite intéressée à ce projet pour plusieurs raisons. Tout d’abord, l’université souhaitait s’investir depuis quelques temps déjà dans des démarches de benchmarking, dans lesquelles le projet MAUNIMO s’inscrivait pleinement. Le MMT devrait en effet permettre d’en savoir plus sur la perception de la mobilité internationale au sein de l’université et de ses composantes, de connaître le degré d’appropriation par les personnels de la politique institutionnelle à ce sujet, d’identifier des circuits de recueil des données et de mettre en évidence ce qui fonctionne déjà bien et ce qui pourrait être amélioré ou développé. Ensuite, le

projet est apparu comme un outil de dialogue interne sur la question de la mobilité mais aussi sur l’internationalisation en général (et les premiers entretiens menés confirment cette idée). Enfin, participer à ce type de réseau européen et aux réflexions de l’EUA sur l’internationalisation nous semble stratégique pour faire entendre notre voix et faire évoluer nos pratiques.

• Véronique Debord-LazaroPôle Coopération internationale et mobilité, DAERI Université Bordeaux Segalen

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www.maunimo.eu

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Vive les femmes !La mobilité Erasmus, toutes actions confondues, a sensiblement augmenté en 2010-11. Les missions de formation pour le personnel universitaire1 enregistrent une hausse particulièrement marquée avec 19% d’augmentation. Les missions d’enseignement à l’étranger2, en tassement depuis plusieurs années, ont également enregistré un signal positif avec une hausse de 7% cette même année. Du côté des étudiants, la mobilité enregistre elle aussi un succès croissant tant pour les études (+11%) que pour les stages (+13%). Les trois quarts des participants Erasmus effectuant un stage à l’étranger sont des jeunes femmes. Le « top 5 » des destinations préférées est l’Allemagne, l’Espagne, le Royaume-Uni, la France et les Pays-Bas.On observe que dans les actions de mobilité « traditionnelles » ou en tout cas les plus anciennes, telles que la mobilité d’étude pour les étudiants ou les missions d’enseignement pour le personnel, la Finlande reçoit davantage d’Européens qu’elle n’en envoie à l’étranger. Au contraire, pour les actions de mobilité, plus récentes, telles que les stages dans les entreprises et la mobilité de formation pour les personnels enseignant ou non, le pays est plus actif à l’envoi.

Le Centre pour la mobilité internationale CIMO, Agence nationale finlandaise, attend avec impatience le nouveau programme Erasmus pour Tous avec des opportunités étendues d’internationalisation de l’enseignement supérieur ouvertes au-delà des frontières de l’Europe. CIMO gère d’ailleurs déjà tous les programmes qui doivent intégrer Erasmus pour tous. L’augmentation prévue du budget est également, du point de vue finlandais, une bonne nouvelle.

L’anniversaire du programme sera fêté tout au long de l’année 2012 dans le cadre des événements « ensei-gnement supérieur » organisés par notre structure. D’un point de vue thématique, les événements seront axés sur la pro-motion de l’égalité des chances dans l’internationalisation de l’enseignement supérieur.Dans le cadre de notre réunion annuelle des coordinateurs Erasmus, au mois de mars, les établissements ont fêté l’anniversaire du programme conjointement avec le Ministère de l’éducation nationale, l’Agence, ESN (Erasmus Student Network) et les ambassadeurs Erasmus finlandais. Nous avons également prévu d’organiser un grand évènement pour les étudiants à Turku en coopération avec ESN (Erasmus Student Network).Rappelons que la Finlande a rejoint Erasmus en 1992, alors pour nous, c’est le vingtième anniversaire et ça se fête aussi !

• Anne SiltalaProgramme Manager ErasmusCentre for International Mobility CIMOHigher Education Co-operationtel. +358-207-868541

Nombre d'habitants : 5,3 millionsSuperficie : 338 000 km2Monnaie : EuroLa Finlande a rejoint l’Union européenne en 1995. Le pays participe au programme ERASMUS depuis 1992.La Finlande compte 42 établissements d’enseignement supérieur : 16 universités et 26 universités de sciences appliquées.

FINLANDE, quelques chiffres...

1-Missions de formations destinées au personnel enseignant et non enseignant des établissements supérieurs de 5 jours à 6 semaines.2-Destinées au personnel enseignant, ces missions d’enseignement sont d’une durée d’une journée à 6 semaines.

FINLANDE

PLUS D'EUROPE & D'INTERNATIONAL Soleo

Panorama d'Helsinki

www.cimo.fi - www.facebook.com/CIMO.FI

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Soleo PLUS D'EUROPE ET D'INTERNATIONAL

Nombre d'habitants : 3,5 millionsSuperficie : 65 200 km2Monnaie : la LitasUn référendum concernant l’adhésion à l’Union européenne a abouti à une très large victoire du oui (89,9 % des voix). La Lituanie a rejoint l’Union le 1er mai 2004. Le pays participe au programme ERASMUS depuis 1999.La Lituanie compte 41 établissements d’enseignement supérieur dont 17 universités.

LITUANIE, quelques chiffres...Vive la mobilité enseignante !De manière générale, les mobilités Erasmus - entrantes et sortantes - sont très importantes au niveau national. Un des cinq critères d’allocation des fonds aux établissements repose sur la prise en compte de cet équilibre entre les mobilités. Des financements nationaux additionnels permettent de soutenir la préparation de programmes d’études en langues étrangères et l’organisation de cours de lituanien pour les étudiants Erasmus entrants. Grâce à ces financements destinés à favoriser l’internationalisation des établissements, la mobilité entrante a progressé significativement. Elle reste toutefois, deux fois moins importante que la mobilité Erasmus des lituaniens. L’année académique 2010-2011 a été marquée par une augmentation remarquable de 13 % de la mobilité des étudiants lituaniens pour des périodes d’étude : 2584 étudiants sont partis à l’étranger contre 2277 pour 2009-2010. La mobilité de stage est en hausse elle aussi, avec 836 jeunes concernés en 2010-2011 au lieu des 725 l’année précédente. Les destinations privilégiées par les jeunes lituaniens sont le Portugal, l’Allemagne, l’Espagne et le Danemark.

Forte hausse pour la mobilité de formationdes personnels Les missions d’enseignement pour le personnel sont en léger recul : 983 enseignants concernés en 2010-11 au lieu de 999 en 2009-10. Par contre, une hausse très sensible, de 72 %, est observée au niveau de la mobilité de formation pour les personnels enseignants et non enseignants. De 180 à avoir effectué cette expérience à l’étranger en 2009-10, ils sont passés à 310 ! C’est une tendance très positive.En ce qui concerne le volet enseignement supérieur, le futur programme encore en discussion, est très positif en prévoyant des possibilités plus larges pour la mobilité étudiante et enseignante ainsi que pour les projets de coopération. Il est dommage toutefois que les CIEL (cours intensifs Erasmus de langue) ne soient pas mentionnés dans la proposition du programme car il s’agit d’un succès.

L’engagement des enseignants saluéLe point d’orgue des festivités est prévu en mai 2012 avec le soutien des établissements d’enseignement supérieur. D’ores et déjà, l’Agence a prévu de lancer un concours auprès des étudiants Erasmus pour élaborer un visuel dont les meilleurs seront publiés en carte postale pour une diffusion dans les lieux publics. En mai toujours, un événement national, à l’initiative de l’Agence réunira les enseignants d’université ayant participé au programme pour mettre en lumière leur engagement. Deux autres événements d’envergure nationale, en partenariat avec ESN, seront organisés à destination des étudiants Erasmus séjournant en Lituanie. Il est également prévu d’organiser une formation pour les étudiants ESN qui, avec des experts, plancheront notamment sur des sujets liés à l’interculturel, le volontariat etc.

• il o na KazlauskaitHead of HE Programmes Unit - Education Exchanges Support FoundationLithuania - El. paštas: [email protected].: (8 5) 249 8189 - Faksas: (8 5) 249 7137

LITUANIE

www.smpf.lt

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PLUS D'EUROPE ET D'INTERNATIONAL Soleo

Nombre habitants : 60 millionsSuperficie : 301 263 km²Monnaie : EuroL’Italie est un membre fondateur de l’Union européenne et participe au programme depuis son démarrage en 1987.L’Italie compte 172 établissements d’enseignement supérieur dont 82 universités.

ITALIE, quelques chiffres...

Vive les langues !Chaque année, l’Italie enregistre un nombre croissant de mobilités concernant les étudiants et les personnels. Depuis 1987 le nombre d’étudiants participants au programme est ainsi passé de 220 à plus de 20 000. En 2010/2011, la quasi-totalité des établissements détenteurs de la charte Erasmus ont organisé des mobilités d’étude ou

de stage en entreprises avec toujours plus d’engouement. La France arrive seconde des destinations favorites des jeunes Italiens, juste après l’Espagne. La tendance concernant les mobilités de personnels est également positive, en particulier dans le secteur artistique dont les activités à l’international sont étroitement liées au programme Erasmus. Les programmes intensifs ont également démontré leur succès et chaque année, de nouveaux programmes sont proposés.Les Cours intensifs Erasmus de langue (CIEL) organisés en 2010/11 par trois institutions (Università per Stranieri di Siena; Università per Stranieri di Perugia; Università di Venezia), sont très populaires. D'ailleurs, en 2009-2010, l’Italie était leader des pays organisateurs de ces cours en Europe. Dans le cadre du programme, nos efforts ont porté sur le développement de la mobilité de stages, notre Agence étant particulièrement attachée à la thématique de la coopération Université-Entreprise.

Le nouveau programme Erasmus pour tous va valoriser l’enseignement supérieur. Cela se traduit par des mobilités d’apprentissage plus nombreuses pour les étudiants avec une augmentation conséquente des financements du programme. Nous trouvons également positive l’ouverture sur la mobilité transnationale des étudiants, des jeunes et du personnel à destination et en provenance de pays tiers, de même que la mobilité organisée sur la base de diplômes conjoints, doubles ou multiples, à haute valeur ajoutée. Un soutien adéquat est nécessaire pour que les agences nationales puissent travailler dans ces perspectives qui vont bien au-delà du « cadre usuel européen ».

Deux événements majeurs pour l’anniversaire Le 18 mai, à l’Institut Universitaire européen de Florence (Fiesole) est organisée une conférence de haut niveau académique à l’intention des recteurs et directeurs d’établissements d’enseignement supérieur sur le thème

d’« Erasmus, un investissement pour l’employabilité future », en présence du Ministre italien de l’Education, de l’Université et de la Recherche.Puis, le 15 juin, à Rome au Macro (Musée d’art contemporain), un événement ciblant les établissements d’enseignement supérieur, les élèves et le personnel portera sur la valeur ajoutée du programme en termes d’employabilité des étudiants. Cet événement romain permettra aux étudiants des académies des Beaux-arts d’exposer leurs œuvres et aux étudiants en musique de se produire tout au long de la journée.

• Sara Pagliai, directrice Agenzia Nazionale LLP Italia • Claudia Peritore, responsable ERASMUSVia Guidubaldo del Monte, 5400197 Roma

• Propos recueillis et traduits par Christelle Coët-Amette Mission ProspectiveAgence Europe-Education-Formation France

www.programmallp.it

ITALIEVue panoramique depuis le pont Umberto, Rome

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Soleo L'ESSENTIEL

La Mission Prospective de l’Agence 2e2f a mené, en 2011, une en-quête auprès de 19 universités au profil très varié, pour sonder le terrain de leurs pratiques vers l’international. Grandes universités ou petites, scientifiques ou pluri-disciplinaires, toutes s’engagent dans de nouvelles stratégies pour développer des mobilités de qua-lité. En cette année anniversaire, ce tour de France aura permis de faire émerger les pratiques les plus efficaces à privilégier pour les 25 ans à venir…

ne méthode fondée sur la rencontre avec le terrainPréparer et réussir sa mobilité internationale grâce à une Unité d’Enseignement spécif iquement mise en place par l’université, créer un comité stratégique pour

l’international permettant de favoriser les synergies entre les équipes de recherche et la direction internationale, favoriser la mobilité des personnels administratifs… sont quelques-unes des nombreuses bonnes pratiques repérées sur le terrain.L’Agence a ainsi rencontré les Vice-présidents des relations internationales pour recueillir une vue d’ensemble de la

politique mise en place dans leur établissement, mais aussi la direction des relations internationales pour appréhender les types de gouvernance, les enseignants impliqués et les bénéficiaires, qu’ils soient étudiants ou personnels universitaires. Au-delà de ces entretiens au sein de l’université, les collectivités et partenaires rencontrés ont permis de mieux cerner la politique d’accompagnement de la mobilité internationale de l’établissement.

Créer le désir d’EuropeLe Conseil de l’Union européenne a fixé comme critère de référence d’ici à 2020 qu’« une moyenne d’au moins 20% des

Génération Erasmus25 ans de bonnes pratiques

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lak Enquête

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diplômés de l’enseignement supérieur dans l’UE devraient avoir effectué à l’étranger une période d’études ou de formation ». Mais comment y parvenir ? Parmi les réponses recueillies, outre l’inscription de la mobilité internationale comme priorité de l’établissement, les universités s’accordent à reconnaître que les stratégies de communication sont essentielles. Elles déploient des efforts pour susciter l’appétence d’Europe en communiquant sur sa valeur ajoutée, tant en interne qu’en externe, lors par exemple des journées internationales. Il faut aussi sensibiliser les « prescripteurs » de la mobilité et les encourager à en faire eux-mêmes l’expérience. Cela passe aussi par des actions de sensibilisation en direction des responsables de formation ou par la mise en place de mobilités encore plus flexibles et mieux financées mais aussi par une juste reconnaissance de tous ceux qui s’investissent dans la mobilité des étudiants.

Créer des fenêtres de mobilité dans les cursusEnfin, la mobilité va de soi lorsqu’elle est réellement intégrée dans le cursus, ce qui oblige à agir bien en amont sur les maquettes de formation pour créer « une fenêtre de mobilité ». Ces cursus innovants, à forte dimension européenne, concourent assurément à la politique d’incitation à la mobilité et à son développement, de même qu’ils constituent un élément d’attractivité pour les étudiants.

L’équilibre entre mobilité entrante et sortante est également apparu comme un élément d’importance majeur dans un contexte de concurrence accrue entre les établissements européens. En effet, pour conserver ou développer des accords de coopération avec des pays très demandés ou des universités de renom, il est essentiel de faire la différence avec les autres. Celle-ci peut se mesurer à plusieurs niveaux : en termes de qualité d’accueil d’un point de vue académique, social et logistique mais aussi par un soutien accru aux colloques internationaux et une politique dynamique d’accueil d’enseignants chercheurs étrangers.Le rapport élaboré par l'Agence, articulé autour de six grandes parties, allant de la mobilité dans la stratégie d’université au rôle des collectivités locales en passant par l’organisation et le financement, montre une convergence dans la volonté des établissements de structurer et professionnaliser la mobilité, même si les chemins empruntés sont souvent variés.

• Christelle Coêt-AmetteMission ProspectiveAgence Europe-Education-Formation France

• Retrouvez l'étude intégrale sur : www.2e2f.fr/generation-erasmus.php

Erasmus Mundus : la France championne du monde !

Grâce au succès d’Erasmus et au ren-forcement des coopérations inter-éta-blissements à travers les projets euro-péens, les établissements étaient prêts pour de nouvelles coopérations. Avec Avec le lancement en 2004 d’Erasmus Mundus, l’ouverture avec les pays tiers rend l’offre de formation de plus en plus attractive, en même temps que l’ouverture interculturelle devient un enjeu. Dans leurs stratégies d’ouver-ture à l’international et leur volonté de multiplier les partenariats, aussi bien industriels que territoriaux, les établis-sements ont su saisir les opportunités offertes par ce programme.

Des cursus intégrés de grande qua-lité académique sont proposés par des consortia d'établissements issus d'au moins trois pays européens et pays tiers (hors Europe) donnant lieu à des bourses d'études, d'enseignement et de recherche. A la fin du cursus, les étu-diants obtiennent un diplôme multiple ou conjoint, reconnu à l’international et fortement recherché sur le marché de l’emploi. En Europe, à la rentrée 2012/2013, 131 Masters et 34 Doctorats Erasmus Mun-dus et un réseau de plus de 370 éta-blissements d’enseignement supérieur s’ouvriront aux étudiants du monde entier dans des disciplines très diverses : ingénierie, sciences humaines et so-ciales, santé, informatique, mathéma-tiques... Au total, plus de 8500 étudiants et 350 doctorants au monde regroupés dans

l’association des étudiants Alumni EM-A ont bénéficié d’une bourse d’excellence pour suivre leurs cursus dans au moins deux pays différents de leur pays d’origine. La France est ainsi le pays qui coordonne le plus grand nombre de cursus de masters (32) et de doctorats Erasmus Mundus (9), soit plus d'un quart de l'offre totale.L’année 2012 sera le dernier appel à propositions pour les masters et doctorats Erasmus Mundus, le label et les financements seront quant à eux attribués jusqu’en 2019.

• Clémence BariozDépartement DéveloppementAgence Europe-Education-Formation FrancePoint national de contact Erasmus Mundus

Erasmus et plus...

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ErasmusTémoigne...

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entrée universitaire 2001, j’entreprends une maîtrise de Chimie à l’université Pierre et Marie Curie (Paris VI), avec comme bagage 2 diplômes obtenus à la suite de mon baccalauréat scientifique : un DEUG de sciences de la matière, option sciences

physiques, et une licence de chimie. Je dois chercher un stage en suivant pour le commencer en avril. L’obtention du diplôme en dépend. Une réunion d’information relative à cette recherche se tient à l’université qui propose des stages à l’étranger en évoquant le dispositif ERASMUS. L’évasion culturelle estudiantine me séduit. Je choisis la Suisse pour garder la béquille francophone tout en baignant dans une culture étrangère.

Avril 2002, j’arrive au laboratoire CABE (Chimie Analytique et Bio physicochimie de l’Environnement) de l’université de Genève. Ne sachant pas encore précisément dans quelle thématique m’orienter, la pluridisciplinarité de ce laboratoire me convainc. J’y étudie l’effet du zinc et du cadmium sur la croissance d’une algue du lac Léman, contribuant à définir des normes environnementales : c’est mon premier pas dans la recherche. Deux tuteurs m'encadrent : l’un à Paris et l’autre à Genève.

RLes algues du Lac Léman...ou le parcours réusside Linda Oukacine

Linda OUKACINEchargée de mission scientifique dans le domaine de l’efficacité énergétique.

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L'ESSENTIEL Soleo

Pendant mon stage, je découvre que les études que je mène rentrent dans le cadre d’une thèse de doctorat de l’université de Genève. Je suis entourée de doctorants, de post-doctorants et de professeurs d’université. J’effectue même quelques campagnes d’essais à l’EAWAG (Institut fédéral suisse des sciences et des technologies environnementales) de Zürich. Encore une autre culture, cette fois, germanophone.

Tout au long de mon stage, je constate que les théories, concepts et connaissances emmagasinés depuis toutes ces années prennent leur sens dans une application concrète. Je découvre une nouvelle approche de raisonnement et j’y prends goût. Au-delà de cet aspect, je m’imprègne d’une autre culture, d’un mode de vie différent et même d’un langage spécifique au pays. Je me sensibilise aux habitudes de vie et j’apprécie les échanges avec les autres étudiants locaux et étrangers bénéficiant notamment du dispositif ERASMUS. Des soirées s’organisent, l’esprit de solidarité s’installe, des liens se créent. Le riche milieu cosmopolite me permet d’approfondir ma connaissance des différentes cultures rencontrées et une plus grande ouverture d’esprit. Je mets à l’épreuve mes capacités d’adaptation.

Je développe ainsi des ressources et des capacités insoupçonnées. Le stage dure cinq mois. L’expérience se termine.

Je porte alors un regard nouveau sur le monde. Le renouvellement de cette expérience me paraît à ce moment-là nécessaire. J’ai le sentiment que l’expérience a été courte. Ma quête de découvertes ne peut s’interrompre. Le tissu relationnel développé à Genève et à Zürich, dans le cadre d’ERASMUS me permet de poursuivre un Master’s Degree en génie chimique au Canada durant 3 ans. Tout s’enchaîne : le goût pour la recherche s’accentue et je décide d’entreprendre mon doctorat à l’université de Poitiers en collaboration avec le CEA de Grenoble et une entreprise.

Aujourd’hui, je travaille à l’Agence Nationale de la Recherche et j’exerce le métier de chargée de mission scientifique dans le domaine de l’efficacité énergétique.ERASMUS m’aura ainsi entraînée dans un élan de parcours inattendus.

• Linda OUKACINE

Evasion

Rationnelle

Appliquée aux

Savoirs et à la

Mobilité

Utile et

Sécurisée

Aline a bénéficiédu programmeErasmus Mundus

Moussa est parti en stage de BTS avecErasmus

www.2e2f.fr/generation-erasmus.fr

Retrouvez les films sur...

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Soleo BREVES

NATHALIE BRAHIMI, AMBASSADRICE ERASMUS POUR LA FRANCE

RÉCIT D'UNE JOURNÉE PAS COMME LES AUTRES

Enseignante au lycée général et technologique Ozenne de Toulouse, Nathalie Brahimi, Ambassadrice Erasmus pour la France, a participé au lancement européen du 25ème anniversaire du programme. C’était à Bruxelles, le 30 janvier dernier.

« Dès la veille au soir, nous avons ressenti l’esprit communautaire qui régnait parmi les Ambassadeurs Erasmus. Originaires de Grèce, Turquie, Suède et de France, nous nous sommes lancés dans une discussion sur nos expériences d’échanges, sans pour autant nous connaître.Le lendemain, réunis à la Commission européenne, nous sommes entrés pleinement dans l’ambiance européenne, avec le formidable esprit de partage qui règne parmi les Ambassadeurs. Au cours de « workshops » féconds, nous avons travaillé aux axes potentiels d’amélioration du programme. Dans cette ambiance multiculturelle, de nombreuses idées, toutes complémentaires, ont émergé, chacun apportant sa contribution : les Ambassadeurs étudiants comme les Ambassadeurs enseignants ; les nouveaux participants au programme, comme ceux qui l’avaient intégré il y a 25 ans déjà. La rédaction du Manifeste Erasmus a largement bénéficié de cet état d’esprit. Puis le moment est arrivé où le nouveau programme Erasmus pour tous pour 2014-20 allait nous être dévoilé : un budget augmenté de 70 % pour atteindre 19 milliards d’Euros et des possibilités accrues pour les étudiants et les enseignants avec, surtout, une possibilité d’étendre le programme à d’autres pays proches, tels que les pays du voisinage oriental et certains pays arabes. Cette ouverture au monde est particulièrement motivante. De retour à Toulouse, j’ai aussitôt entrepris les démarches pour permettre à nos étudiants d’envisager des mobilités vers la Tunisie, pays culturellement proche de la France.Le lancement des 25 ans à Bruxelles fut une réussite prometteuse et nous sommes impatients de nous retrouver à Copenhague, les 8 et 9 Mai prochains. D’ici-là, nous avons la responsabilité, l’honneur et surtout le plaisir de travailler ensemble à distance sur le futur Manifeste Erasmus. »

LANCEMENT DU CERCLE ERASMUSSOUS LA PRÉSIDENCE D’ODILE QUINTIN

23 MARS 2012 - BORDEAUX

Réuni pour la première fois, le 23 mars à Bordeaux, jour du lancement national des 25 ans du programme Erasmus, le Cercle Erasmus rassemble des personnalités engagées, de longue date, dans la construction de l’Europe de l’éducation. C’est Odile Quintin, ancienne Directrice Générale « Education Audiovisuel et Culture » à la Commission européenne, qui en assure la Présidence. Le Cercle mènera notamment ses réflexions sur les perspectives offertes par « Erasmus pour tous 2014-2020 », le nouveau programme pour l’éducation tout au long de la vie et la jeunesse.

Lors de leur séance constitutive, les membres du Cercle Erasmus ont souligné le caractère exceptionnel de ce programme, au carrefour des enjeux de l'Union européenne : la compétitivité et l'excellence, d'une part, et la citoyenneté et la solidarité, d'autre part.« Si l’on peut se féliciter du succès d'Erasmus, souligne Odile Quintin, il faut rappeler qu'il ne concerne encore qu'un pourcentage limité de jeunes et d'enseignants alors même que la mobilité, dont les avantages sont reconnus par tous, est un objectif de l'UE et du processus de Bologne. "Erasmus pour tous" est au cœur du projet politique européen, il prépare la "génération Erasmus", véritable creuset de la réalisation de l'excellence et de l'ouverture aux autres, objectifs clés de l'Union : nous appelons tous les décideurs politiques à saisir cette occasion et à adopter un programme Erasmus qui soit à la hauteur de ces enjeux ».

Odile Quintin, Présidente du Cercle Erasmus.

Les Ambassadeurs Erasmus ont été choisis par la Commission européenne, sur proposition des Agences nationales, pour l’impact qu’a représenté Erasmus dans leur vie professionnelle et privée et pour leur engagement remarquable à mettre en œuvre le programme pour les jeunes et leurs enseignants. Ces Ambassadeurs participent actuellement à la rédaction d’un « Manifeste Erasmus » destiné à améliorer et maximiser l’impact du programme pour la période 2014-20.

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Directeur de la publicationAntoine Godbert

Rédactrice en chef Dominique Ardiller

Maquette, iconographieJulia Robisco

PresseLydie Lagouarde

Ont collaboré à ce numéroChristina Akrivou

Clémence BariozTania BermanPaul BloasNathalie BrahimiEric BrunatLaure CastinChristelle Coët-AmetteAurélia Daude VasquezVéronique Debord-LazaroSandrine DickelQuitterie GadretBruno GovaertNicolas JeanILona Kazlauskait

Gilles MarinHelga MeiseLinda OukacineSara PagliaiVincent PeillonClaudia PeritoreBrigitte PerronHélène PinaudHugo Hans SibleszAnne SiltalaBasile SircoglouBernd WächterLaurent Wauquiez

Crédits photoPaul BloasJosé LavezziSophie Pawlak

Shutterstock Images

Diffusion gratuite. Édité avec le soutien financier de la Commission européenne. Le contenu de cette publication et l’usage qui pourrait en être fait n’engagent pas la responsabilité de la

Commission européenne.

ImpressionLaplante 33700 MérignacISSN 1634 - 443XMagazine imprimé en France à 20 000 exemplaires sur papier PEFC.

Remerciements à l’université Erasmus de Rotterdam.

Soleo www.2e2f.fr Ecrivez à Soleo ! [email protected]

SoleoBREVES

ETUDE D’IMPACT

MOBILITÉ ÉTUDIANTE ERASMUS : APPORTS ET LIMITES DES ÉTUDES EXISTANTES

l’Agence 2e2f a commandé au CIEP* un rapport sur la littérature existante en France et en Europe, touchant au thème de la mobilité étudiante (études et stages). L’objectif est de constituer un support d’analyse et de repérer les niches à explorer en matière de mobilité, quantitative et qualitative. Une partie de ce rapport est consacrée à une bibliographie commentée des études parues sur des thèmes tels que « les motivations et les perceptions étudiantes », « l’impact sur l’enseignement supérieur », « le développement de la citoyenneté européenne », « les obstacles à la mobilité »… Ce rapport qui propose aussi des recommandations est en ligne sur le site de l’agence :

*Centre International d’Etudes Pédagogiques. Département « langues et mobilité »

MISSION DE L’AGENCE EN ESTONIE ET SLOVÉNIE

ESTONIE (JANVIER) & SLOVÉNIE (FEVRIER)

Dans le cadre du projet « Erasmus Mundus Active Participation Vol.2 » (EMAP 2), l’Agence 2e2f (Point national de contact Erasmus Mundus) contribue, aux côtés de 16 autres structures nationales, à former les établissements d’enseignement supérieur des pays les moins représentés dans l’action 1 du programme Erasmus Mundus (masters et doctorats conjoints).En 2012, l’Agence a participé activement à Tallin (18-21 janvier) et à Ljubljana (1-3 février) à deux sessions de formation pour informer et conseiller les futurs candidats au programme Erasmus Mundus.Hélène PINAUD

Département DéveloppementAgence Europe-Education-Formation France

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L'AGENCE 2E2F EST PARTENAIRE DU FESTIVAL EUROPAVOX