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Visages de lumière Textes et Photographies de Frère Jean Exposition Librairie Liber du 16 mai au 15 juin 2013 LIBER 26, bd Notre Dame 13006 Marseille 04 91 54 37 07

Visages de lumière

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Exposition de Frère Jean

Text of Visages de lumière

  • Visages de lumireTextes et Photographies de Frre Jean

    ExpositionLibrairie Liber

    du 16 mai au 15 juin 2013

    LIBER26, bd Notre Dame 13006 Marseille

    04 91 54 37 07

  • Les crivains de la lumire.

    Quand on pense la photographie, on pense toujours la capture de linstant. Cest ce qui distingue le photographe du peintre. Si lart du peintre consiste mettre le temps dans lespace en immortalisant une scne, un vnement, une motion sur sa toile, si son art consiste savoir donner de lespace au temps travers les-pace de sa toile, lart du photographe consiste savoir donner du temps les-pace. La vie se droule dans lespace. Elle est apparemment banale. Soudain, un dtail fait tout basculer. Ce qui semblait hors temps se met sanimer. Gnie de la photographie, ce huitime art qui ne se limite pas toutefois la capture de linstant. Il est aussi une criture de la lumire et mieux encore sa gravure, comme le signifie son nom tir du grec en associant photos la lumire et graphos lcriture. Et cest ce que vient nous apporter ce superbe catalogue du frre Jean. crire la lumire veut dire non plus tre dans les choses mais dans la possibilit des choses et de leur visibilit. Cela dpend de la lumire physique bien sr, mais aussi de la lumire int-rieure. Celle que lon voit sur ces visages venus de tous les coins du monde. Visages dInde et de lAthos. Visages de moines et de moniales. Tous habits par la mme flamme. Dieu fabrique des visages travers la prire. Cest par l quon le peroit. Ltre spirituel, pneumatique disent les Pres de la tradition grecque, est son icne en rappelant que Dieu nest pas en face du monde et des hommes mais travers eux. Il y a des moments de lexistence qui nous spiritualisent. Un coucher de soleil en t dans les Cvennes, l o habite le frre Jean, mdite pour nous. Les visages de ce beau livre nous intriorisent, quon le veuille ou non. Il suffit de les regarder et mieux encore de se laisser regarder par eux.

    Bertrand Vergely. Philosophe

  • Ces photographies sont nes de rencontres. Ce sont des images spontanes, parfois inspires, plutt que des mises en scne prpares.

    Lhomme de lumire offre son cur au souffle de la Grce, il shabille de transpa-rence. Par des gestes pacifis il incarne lesprit dans son quotidien. Par ses actes il nous invite contempler la splendeur du simple. Il sefface devant la grandeur dune ralit qui le dpasse. Humblement en silence il souffle la vie!

    La photographie tente de saisir par une criture de lumire ce que les mots ne savent pas dire. Elle rvle une beaut qui transparat dans ces visages de lumire.

    La cration est un livre offert ceux qui prennent le temps de la contempler

    Frre Jean

  • La premire fois que je suis all au Mont Athos, en 1982,jtais journaliste. Je me suis trouv par hasard , dans un ossuaire. Face aux crnes des moines aligns sur des tagres jai dcouvert labsurdit du combat de mon existence, mes dsirs devenaient futiles, mon gosme ridicule, mes ambitions absurdes. Un jour, je serai l de lautre ct. Aujourdhui, je suis ici, strile et agit. Sortant boulevers, de la crypte je rencontre un iconographe. Je lui demande de mexpliquer la spiritualit de licne. Ce moine pour mieux traduire tout le paradoxe de licne de la Crucifixion, sest mis chanter. Jai senti alors, que si les mots avaient un sens, le son pouvait, lui, mieux traduire les nuances : mort et victoire, souffrance et joie sentremlaient. Ce jour l, jai rencontr la mort et un nouveau langage, celui du cur. Ce fut un retournement dcisif

  • Etre jet l, avec rien lavanceni o, ni qui, ni quoi.Etre jet l ouvert la Transcendance de linstant,dans un tonnementqui peut tomber dans leffroi.Coup des justifications, des projets,jet dans une mystique de la ralit sauvage.Reli un fond de silencequi na pas de structure,qui est partout prsent, indivisiblement.

  • LArt sacr nest pas la description du spectacle du monde, il est une Cration au sens absolu du mot. Luvre nest pas moins concrte et relle que le monde, elle obit aux mmes Lois que celles qui rgissent lunivers. Elle est engendre par la mme Force dAmour. LArt sacr suit dans un temps rduit le mme processus que lActe crateur. Seul celui qui a purifi le regard de son cur peut raliser une uvre sacre et contribuer par Grce lAction divine. LArt sacr est contagieux.

  • La photo est un art quil ne faut pas limiter une technique.Elle peut saisir, contenirle tressaillement invisiblequi jaillit des profondeurs dun cur.Limage ne reproduit pasuniquement une forme,elle contient en puissancela prsence du modle quelle reprsente.Il existe un regard derrire les yeux,un mouvement au-del du geste,un sourire paisible sans intention.

    La photographie peut figer un acteou rvler, par une criture de lumire,le mouvement ail dune prsence subtileet limmortaliser par limage.

  • Le temps nest pas un moment videquil faut remplir dvnements pour tuer le temps.Le temps est une succession dinstants viergesqui se colorent de rencontres.

    Le temps souvre maintenant en lui mme pour une communionavec linfini qui glisse de lhorizon,

    et lternit qui diffuse une extase radiante.

    Le temps nattend rien, il est unique,une fois pass il devient espace de mmoire.Ce nest pas le temps qui passe, mais nous qui passons.

    Le temps est ouvert tous les possibles, il ne se rpte pas.

    Soyons dans ce temps,les jardiniers de lternit.

  • Je demande labb de me retirer dans la solitude. Pour vivre ma retraite je minstalle sur un rocher, lombre dun chne. Afin de ne pas me laisser distraire je concentre mon regard et mes penses sur une feuille place la hauteur de mon visage. Aprs quelques heures je me laisse distraire par la feuille d ct, je maperois quelle est diffrente de la premire. Jen regarde une deuxime, une centime elles sont toutes diffrentes entre elles ! Je peux laffirmer car jen connais une ! Je pense : sur cet arbre il y a des milliers de feuilles, dans le monde des millions de chnes, chaque feuille est unique ! Chaque brin dherbe, chaque caillou, chaque visage est unique. Si vous me connaissez, vous me reconnatrez o que je sois, car je suis le seul au monde avoir ce visage. Je vais raconter ma dcouverte lancien : Pre, je suis unique au monde ! labb me rpond : Mon enfant tu es bien en dessous de la vrit. - Comment a? - Il faut que tu ajoutes : je suis unique au monde depuis le dbut et jusqu la fin des temps. Je suis mu par cette dcouverte : jai eu cinq, dix, vingt, soixante ans au-cun moment je nai eu le mme visage! A la bibliothque je regarde un dictionnaire, il y a lillustration dune feuille mais ce nest pas la mienne. Chaque partie de la feuille est unique : le haut, le bas, la droite, la gauche, le dessus, le dessous. Ce jour-l jai vcu un bouleversement en dcouvrant que : lhomme uniformise, l o Dieu person-nalise. Pour Dieu chaque instant, chaque feuille, chaque personne est unique depuis le dbut et jusqu la fin des temps !

  • De la Lumire,Tu es le fils.Pas de la lumire cre,ple reflet du Feu immense,mais de la Lumire Incre, sans ombre,qui brille sans se consumer.Tu es Fils de la Lumire, engendr dans lEspritet incarn dans la chair, sans confusion, ni division.Tu es Fils de Lumire. De mme nature increque le Pre Cleste, de mme nature creque la Mre Terrestre.

  • Un jour, un matre dit son disciple : Va la source et ramne de leau . Le disciple part, puis revient. Le Pre lui demande : Quy a-t-il dans la cruche ? Leau de la source lui rpond le novice. Le pre dit : Cest vrai et cest faux . Lhistoire sarrte ici afin de provoquer notre rflexionImaginons une simple goutte deau de la cruche et suivons-la partir de la source. Elle coule jusqu une rivire, traverse montagnes et valles, arrose des champs, nourrit un poisson, continue sa course jusqu la mer o, amoureuse du soleil, elle slve et tombe en pluie sur la terre qui laccueille ; un arbre laspire ; transforme en sve, elle pntre un fruit que je mange. Devenue ma chair, mon sang, je la libre Je la retrouve en cristal de neige La simple goutte deau obit sa destine. La science la fige dans un tat : suc du fruit, eau de mer, sang Lhomme nobserve en dfinitive que des phnomnes phmres dont il fait une vrit scientifique, alors que toute la puissance du mystre se situe dans les transmutations successives de cette goutte deau. Le pote, par son imagination, traduit avec harmonie le mouvement des choses. Le spirituel entre spontanment en communion avec le souffle qui pntre et anime tout lunivers jusqu son Principe. Lhomme dsire capturer cette vibration subtile mais elle glisse entre ses mains comme la brise du soir ; voulant dcouvrir la vie, il ne constate que les mtamorphoses successives.

  • Le visage de lhomme de lumirea le regard dun homme transfigur qui peroit le Mystre de lOrigine et qui le reflte.

  • Le fol en Christ est le sage de Dieu, scandale pour les hommes. Bouffon qui mime le combat du monde, il joue faire des pirouettes sur la terre pour enseigner lhomme le retournement accomplir en lui. Ivre, ne pouvant se taire face lAmour qui le remplit, le fol en Christ crie avec excs des Vrits ternelles et dsigne avec un doigt de feu la corrosion qui ronge le cur de celui qui se prend trop au srieux. La dmesure est sa mesure, le geste excessif sa faon de montrer. Ses mots enflamms bouleversent, choquent, transfigurent ceux qui le croisent. Son regard a la puissance profonde et lumineuse dun ciel dt. Le fol en Christ est le contraire de lhypersensible. Cest un participant aux mystres qui rveille les tides en soffrant en spectacle.

  • Lamour nexiste que par lautre,lgosme lenferme, la jalousie le dtruit,lavarice le nie, lhabitude lassche.Lamour se nourrit du don de soi,celui qui veut lacheter ne rcolte que du mpris.Lamour pressent la demande de laim, il devance son dsir,il est une rponse rciproque.Lamour se vit dans lalcve secrte du curo chacun soffre ltreinte de lautre,aucun tranger, aucun curieux ne sont invits aux noces.Lamour sexprime travers la complicit dun regard, dun geste,il se formule dans le silence dun bouche bouche.Lamour sunit son oppos de mme espcepour devenir son complmentaire,dans une chair de feu, deau, de souffle et de tendresse.

  • Dieu est !Lexistentiel Le manifeste, mais ne peut circonscrire sa Prsence.Il est le Trs Haut, le Tout Proche, le Tout Autre.Il nest ni un tre suprieur que sa perfection isole,ni une ralit suprme, qui domine le monde,il est le Crateur, omniprsent dans toute sa cration.

  • Dieu est au-del de tout,au-del de tous raisonnements, de toutes affirmations ou ngations,rien de sensible ne le pntre, le contient en plnitude ou larrte.Dieu est de toute ternit, le Principe et lUltime.

  • Livresse de nos mmoires paralyse nos regards.Nos convulsions collent la cire chaudedu marais de nos souvenirs.Mauvais sorts, blessures phmres, fantmesjonchent les rves de nos nuits.Ces rebuts de lme deviennent un instrument de pouvoir.Les mmoires crasent nos ttes dans larne de nos conflits,ces pays dombres manquent de profondeur.Nous confondons dans lquinoxe de nos nuitsla porte de nos folies secrtesavec la porte de nos folles esprances.Nous sculptons notre imaginairepour offrir de lourds fardeaux nos dsirs.A travers nos mmoires refoulesnous ne crons plus notre viemais nous interprtons notre existence.

    Lascte livre un combat invisible dans ses propres tnbres. Il dfait lui-mme les nuds qui lemprisonnent non pour fuir, mais pour senfoncer plus profondment dans lintimit de son propre mystre. Transperant ses peaux, il se dvt, jusqu lme, de la corruption. Vide de lui-mme, il se dpouille par Amour et parvient au cur de la nuit o il sollicite la Visite de lAim. Ici, lme ne cherche plus, mais se laisse saisir par lIneffable.

  • Dieu est celui qui rpond mon amour par son Amour.

  • Un visage de lumire semble totalement prsent, tout coute. Il nobserve pas, mais contemple avec une srnit qui rend joyeux et beau.On ny lit aucun trouble, aucun dsir sournois, ni magntisme, ni menace, aucune volont de puissance. Ce nest pas un il qui vous emporte la drive dans un monde sans structure, mais un regard transfigur qui donne de lamour.

  • Pre pourquoi est ce que je doute toujours ?demande le novice lancien,lancien lui rpond : Parce que tu ne vises pas le But.

  • Celui qui a conscience de lui-mmepropose sa chair au Verbe.Mais celui qui impose son verbe la matiresouffre dune hypertrophie de lego.Par la rptition de son moi incarn,il impose la crationses propres ambitions.Lhomme ne doit pas sidoltrermais participer sa dificationen transfigurant le corps quil aen corps qui est.Dieu est ltre de lHomme

  • Lart rend visible linvisible,il rvle lharmonie de la beaut travers luvre, apaise les passions quil canalise,construit lhomme en faisant participer la moindre parcelle de son tre.Lart discipline avec rigueur la nature en la chevauchant,transforme lattitude intrieure dans la mesure de ce quelle fait.Lart incarne lesprit, rvle la prsence, spiritualise la matire.Lart devient le miroir de lme de son auteur.Il offre un reflet de la cration.Il obit aux mmes Lois que celles qui rgissent luniversmais il en rduit la dure et en intensifie la densit.Lorigine vritable de luvre se fonde dans lternitil utilise limaginaire de lartiste pour pimenter son clat.Lartiste communie lEsprit vivifiant, il nimite pas la cration par une magie secrte mais il devient par grce, co-crateur.Lart offre une tincelle dune sobre beaut qui dsaltre lmede celui qui prend le temps de sarrter pour le contempler.Lart est une vidence, il ne sexplique pas, il se vit.

  • Par la photographie je souhaite montrer des images sans mise en scne, sans accessoires, dpouilles et vraies. Je souhaite capter lnergie du souffle,dun regard avant son jaillissement dans le mouvement, en le surprenant son origine dans les entrailles. Rvler le mystre qui habite au plus profond de chaque visage, montrer des mouvements ternels dans les gestes quotidiens, tmoigner de lharmonie de la Beaut. Non pas voyeur, mais voyant, non pas couteur, parleur mais coutant, parlant, non pas prendre des photographies dans un safari monastique mais recevoir des photographies.

  • Ne porte pas ton existence comme un fardeau.Ne te laisse plus souiller par les fantmes de ton pass,ni aveugler par les craintes du futur.Accepte de te redresser dans un dsir plus haut que toi ;Escalade tes propres profondeurs.Saute pieds joints dans la plnitude de linstant,tu y dcouvriras lAbmequi contient la Lumire incre,qui brille sans jamais se consumer.

  • Etre ou ne pas tre ? l est la question ! dit Shakespearejose lui rpondre : tre ou pas ? tre est l la question !Une simple virgule change le sens de toute la phrase.Qui peut hsiter entre tre ou ne pas tre ?tre, est la seule question que chaque individu devrait se poser.

  • Lamour se nourrit du don,don de soi qui nexiste que par lautre,il est un tressaillement,une qualit et non pas une quantit.Lamour est une rencontre globale vers une union.Il permet limpossible :noces des contraires,survoler des abmes.Fort comme la mort,lamour franchit sans sy dissoudre,lpreuve du feu et de leau.Lamour me rvle le secret du bonheur,o je moffre ltreinte de lAim.Il est confiance,connaissance intime,un prsent qui se laisse saisir tout entier.Lamour na jamais fini dtre vcu,il se renouvelle chaque instant.

  • Un jour un moine visite son ancien, il lui demande : Il parait que les hommes se disputent souvent, nous ne lavons jamais fait durant nos nombreuses annes de vie commune, comme ils le font tous, voudrais-tu essayer ? Lancien lui rpond : Si tu veux ! Le moine rflchit longuement, puis prenant un caillou dit : tu vois cette pierre, je vais dire : elle est moi et toi, tu me rpondras : non elle est moi ; nous finirons bien par nous disputer . Si tu veux ! Lancien commence : Elle est moi - Non ! Elle est moi - Elle est toi ? Alors prends-la .Les deux moines ont bien ri.

  • Le vrai traduit le beau.Le beau suscite llixir de vie,il est le fruit dune rencontre intime.Luvre devient lexpression authentique de la foi,lincarnation visible de lternelle beaut.

  • Le regard est la fentre de lme, le miroir de Dieu. Le regard est cette lumire derrire les yeux, clat dune brillance paisible et profonde, transparence qui irradie,qui pntre lautre par sa douceur en produisant dans tout son tre un tremblement discret,signe dun face face, dune communion vritable.

  • Le corps est lhabit de peau qui suse.Si nous nous attachons la boulimie de la matire

    nous demeurons accrochs dans labme de lillusion.Si nous nous ouvrons la joie spontane de linnocence

    nous flottons dans linfini color des angesqui dansent, chantent dans dternels recommencements.

    Le chur dans ses hymnes suscitechaque jour de nouvelles naissances.

    Si nous nous donnons lEspritnous redcouvrons lmerveillement de lunit simple de linstant,

    nous restaurons lhommedans limmuable puret de lAbsolu.

    Le corps nest pas une prison pour celui qui laccomplit de lintrieur,il est le lieu de passage de la nature la personne :

    Je nai pas un corps, je suis mon corps.

  • Tu dsires quelque choseet en mme temps tu en as peur.Ce sont tes peurs qui te feront tomberpas tes dsirs.La peur non incarne suscite limaginairequi provoque des drames.Alors que le dsir accompli avec authenticitouvre la porte une ralit concrte.

  • Chaque nuit dans le silence de sa cellule,le moine se lve, avant le soleil, pour accomplir la danse,les prosternations de son canon de prires.Comme ceux qui recommencent chaque jour un rituel,il traverse langoisse du saut dans le temps vierge.Lespace de la nuit suscite le lcher prise de toutes ses opacits,ses volonts, rflexions ninterfrent plus avec sa conscience.Une complicit silencieuse stablit entre lespace videet le cur paisible de lorant.Dans lquilibre juste, sans intermdiaire,sans notion de dure, la mtanie jaillit spontanment,comme un mouvement naturel.

  • On demande parfois au moine : Pourquoi avez-vous fui le monde ? Je nai pas fui le monde, je suis au contraire dans le monde dans cette dimension plus intime, qui me place spontanment en harmonie avec le cur des choses. Ce que jai fui, cest la banalit, un activisme effrn pour des causes vides, mengager pour des ides abstraites qui font de moi un absent ; dire sans avoir vcu, agir au niveau de lapparence lextrieur de moi-mme ; midlatrer ou jalouser lautre. Le misanthrope qui refuse le monde ou le rvolt qui rejette Dieu se nient en ralit eux-mmes. Le moine ne fuit pas le monde, il laccomplit. Se purifiant, il claire le monde par la Sage-Justice quil incarne avec discernement.

  • Dieu se rvle par grce celui qui participe son ascension.Rechercher sa Prsence dans lphmre est absurde, pourtant il Le contient.

  • A chaque battement de cur jaillit un visage en forme de sourire.Entre deux battements parait notre propre Silencequi dcouvre un nant blancpar lequel se glisse lOrigine sans fin.Ceux qui ont la conscience sereine, libre deux-mmes,senroulent autour de ce Vide, qui porte en rsonancelImmuable perfection.

  • Pourquoi veux-tu tout possderalors que tu es incapable de recevoir ?Ne cherche pas comprendre symboliquementce qui ne peut tre connu quexprimentalement.Par une matrise joyeuse,accomplis celui que tu esjusquau bout de toi-mme.La matire transfigure en chair vivantedevient la matrice du Feu vivifiant.

  • La foi ne consiste pas rpter des gestes et des mots,la foi est toujours nouvelle car vivante.

  • La foi nest pas une rflexion inspiremais un engagement spirituel de tout ltre,qui ne saurait se cristalliser dans une forme.Lidole, par sa belle prestance,masque linfini pour affirmer le fini.Pour dcouvrir le mystre, inutile de casser lidole pour lanalyseril suffit douvrir humblement les sens intrieurspour percevoir, en cho, la quiddit des tres et des choses.

  • La beaut nest pas rduite seulement au sens,elle est le juste agencement des partiesen harmonie avec le toutet en union avec le Transcendant.La beaut est fille du vrai,cest--dire quelle exprime parfaitement ce quelle est.Elle purifie le cur, elle ne conduit pas au sensible mais au sublime.La beaut recherche lunit symphonique travers la multiplicit des lments,elle se fonde sur lharmonie et non pas sur lesthtique,sur luniversalit et non pas sur le phnomne,sur le simple et non pas sur le merveilleux,sur limmuable et non pas sur la facticit de lphmre.La beaut nest pas belle un temps ou dun ct,elle est globale, universelle, immortelle, spirituelle.Elle naffirme pas, mais elle suscite un tat de grcedans le cur de celui qui sarrte pour laccueillir,elle est lexpression libre dune satisfaction dsintresse.La beaut na pas besoin de preuve elle est une vidence,elle recherche lunit travers la diversit.La vritable beaut conduit lascse,qui suscite un dsir de purification, dhumilit, de simplicitdans celui qui lengendre.La beaut se grave dans le cur en purifiant les gestes, les regards jusqu y laisser lempreinte personnifie de la Vie qui habite alors le mouvement, le rendant radieux.

  • Le moine nest pas un parfait. Cest au contraire celui qui se reconnat pcheur, qui mesure dans les larmes la distance intrieure qui le spare de Dieu.

    Le moine ne fuit pas le monde, sinon il se fuirait lui-mme. Un jour de grande libert, il entrouvre le voile du Temple du cur et y dcouvre lclat de la Lumire incre. Cette brlure qui na rien dimaginaire lui laissera une empreinte, une nostalgie quaucun plaisir du monde ne saurait combler.

    Dans lenceinte de son monastre, le moine nest pas en dehors, mais dans le cur du monde, hors du temps horizontal. Libre de sen aller, il choisit de demeurer. Libre de dormir, il veille par amour, il voit sans yeux, coute dans le silence. Ivre de Dieu, il na quun seul dsir : que son corps devienne le rceptacle vivant de lEsprit Saint.

  • 1re Couverture : Evque thiopien avec un moine Jrusalem2 prface du philosophe Bertrand Vergely4 moine au Mont Athos Grce5 sadhu Npal6 frre Jean avec 2 sadhus Npal7 pre Petros ermite au Mons Athos9 ermite copte Jrusalem10 moine bouddhiste Ladakh11 gardien au Saint Spulcre Jrusalem13 sadhu Source du Gange Inde14 moine tibtain15 musulman Cachemire17 bonzes - Birmanie18 statue en bronze Koya San Japon19 moines orthodoxes russe et serbe Jrusalem20 hindou et musulman - Inde21 photos des annes 1970 : Japonaise, Agnes Morghen, Iwa Sumitaka, Marcel Marceau, Juliette Greco, Iwa Sumitaka, Naoto Tanaka22 paysanne - Ladakh23 frre Jean avec liman du Taj-Mahal Inde24 moniales Moscou - Russie26 peintre dicne Grce27 enfant sur la plage Kerala Inde28 touareg LAssekrem Algrie29 prtre armnien Jrusalem31 moine russe Mont Athos Grce32 Laure de la Trinit saint Serge Russie33 prtre thiopien Lac Tana Ethiopie34 mre Marie Jrusalem36 mre-de-saint Candombl San Salvador Brsil37 sikh Inde39 tibtaine40 monastre bouddhiste Tibet41 moines taostes - Chine42 maitre potier, trsor vivant Kyoto Japon43 animiste Bnin44 moine franciscain Jrusalem45 juif au mur des lamentations Jrusalem46 prtre et moniales Russie47 lgendes des photos48 Pre Seraphim, pre spirituel du frre Jean au monastre St Sabba

  • Skite Sainte Foy 48160 Saint-Julien-des-Points 04 66 45 42 93 Site : www.photo-frerejean.comImprimerie Proscan 324 r dEmdoume 13007 Marseille 04 91 31 12 71 - Email : [email protected]

    Le regard est la fentre de lme, le miroir de dieu.