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Etude de mise en valeur et d’aménagement de Sebkhat Sijoumi DGSAM Rapport de diagnostic – IHE pour le compte de la DGSAM Page : 1 RESUME - SYNTHESE Ce document constitue le rapport de diagnostic de la situation actuelle de la sebkhat Sijoumi relatif à l’étude de mise en valeur et d’aménagement de la sebkhat Sijoumi mandatée par la Direction Générale des Services Aériens et Maritimes du Ministère de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du Territoire. Le projet proposé consiste à aménager une partie des berges de la sebkhat pour sa mise en valeur dans un but d’améliorer les conditions environnementales avoisinantes et d’offrir un meilleur cadre de vie tout en respectant les caractéristiques naturelles et écologiques du site. 1. Présentation de la sebkha Autrefois éloignée de l’agglomération tunisoise, la sebkhat Sijoumi est, aujourd’hui, totalement insérée dans un tissu urbain concentré dense. Elle appartient à la zone de Tunis ouest et elle relève administrativement de deux gouvernorats de Tunis et de Ben Arous. Les trois quart des berges de la sebkhat de Sijoumi font partie du territoire du gouvernorat de Tunis et le quart de celui de Ben Arous. La Sebkhat Sijoumi est un bassin endoréique présentant alternativement et de façon naturelle des épisodes secs (saison estivale, période où se cristallise les sels accumulés pendant la saison pluvieuse) et humides (saison hivernale). Rythme naturel aujourd’hui très fortement perturbé sous la contrainte d’une anthropisation massive et galopante. La sebkhat s’étale sur une surface de l’ordre de 2630 hectares et a des berges qui s’étendent sur un linéaire de l’ordre de 23 700 m. Elle est délimitée physiquement: Du coté nord par la sortie ouest entre l’échangeur Route X et le rond point Bab Kacem; Du coté Ouest et sud par la route X entre l’intersection Sortie Ouest au nord et le rond point au Sud-est avec le la RN3; Du coté Nord-Est par le tronçon de l’intercommunale sud entre le rond point avec la sortie ouest au nord et la place des Martyrs; Du coté Est par la forêt de Henchir El Yahoudia; Du côté sud Est par la RN 3 jusqu’au rond point avec la route X. 2. Fonctionnement hydrologique La sebkhat de Sijoumi fait partie du système du grand Tunis composé des trois unités hydrologiques de la sebkhat (même), du lac de Tunis, de la sebkha Ariana et de l’oued Meliane. Elle représente un bassin endoréique non relié à la mer, d’une surface totale de l’ordre de 223 Km² dont environ 29 Km² sont occupées par la sebkhat. Elle représente l’exutoire de 5 sous bassins dont le plus important est celui de l’oued Gueriana qui occupe quant à lui seul plus de 40% de l’ensemble du bassin versant. L’analyse du régime hydrologique de la sebkha montre que les apports interannuels moyens du bassin versant sont de l’ordre de 30 millions m 3 /an par an et que les apports fréquentiels annuels varient de 60 millions de m 3 /an pour une période de retour de 5 ans à environ 100 millions de m 3 /an pour une centennale. Ainsi l’analyse du bilan annuel entrée-sortie de la

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Etude de mise en valeur et d’aménagement de Sebkhat Sijoumi DGSAM

Rapport de diagnostic – IHE pour le compte de la DGSAM Page : 1

RESUME - SYNTHESE Ce document constitue le rapport de diagnostic de la situation actuelle de la sebkhat Sijoumi relatif à l’étude de mise en valeur et d’aménagement de la sebkhat Sijoumi mandatée par la Direction Générale des Services Aériens et Maritimes du Ministère de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du Territoire. Le projet proposé consiste à aménager une partie des berges de la sebkhat pour sa mise en valeur dans un but d’améliorer les conditions environnementales avoisinantes et d’offrir un meilleur cadre de vie tout en respectant les caractéristiques naturelles et écologiques du site. 1. Présentation de la sebkha Autrefois éloignée de l’agglomération tunisoise, la sebkhat Sijoumi est, aujourd’hui, totalement insérée dans un tissu urbain concentré dense. Elle appartient à la zone de Tunis ouest et elle relève administrativement de deux gouvernorats de Tunis et de Ben Arous. Les trois quart des berges de la sebkhat de Sijoumi font partie du territoire du gouvernorat de Tunis et le quart de celui de Ben Arous. La Sebkhat Sijoumi est un bassin endoréique présentant alternativement et de façon naturelle des épisodes secs (saison estivale, période où se cristallise les sels accumulés pendant la saison pluvieuse) et humides (saison hivernale). Rythme naturel aujourd’hui très fortement perturbé sous la contrainte d’une anthropisation massive et galopante. La sebkhat s’étale sur une surface de l’ordre de 2630 hectares et a des berges qui s’étendent sur un linéaire de l’ordre de 23 700 m. Elle est délimitée physiquement: • Du coté nord par la sortie ouest entre l’échangeur Route X et le rond point Bab Kacem; • Du coté Ouest et sud par la route X entre l’intersection Sortie Ouest au nord et le rond

point au Sud-est avec le la RN3; • Du coté Nord-Est par le tronçon de l’intercommunale sud entre le rond point avec la

sortie ouest au nord et la place des Martyrs; • Du coté Est par la forêt de Henchir El Yahoudia; • Du côté sud Est par la RN 3 jusqu’au rond point avec la route X. 2. Fonctionnement hydrologique La sebkhat de Sijoumi fait partie du système du grand Tunis composé des trois unités hydrologiques de la sebkhat (même), du lac de Tunis, de la sebkha Ariana et de l’oued Meliane. Elle représente un bassin endoréique non relié à la mer, d’une surface totale de l’ordre de 223 Km² dont environ 29 Km² sont occupées par la sebkhat. Elle représente l’exutoire de 5 sous bassins dont le plus important est celui de l’oued Gueriana qui occupe quant à lui seul plus de 40% de l’ensemble du bassin versant. L’analyse du régime hydrologique de la sebkha montre que les apports interannuels moyens du bassin versant sont de l’ordre de 30 millions m3/an par an et que les apports fréquentiels annuels varient de 60 millions de m3/an pour une période de retour de 5 ans à environ 100 millions de m3/an pour une centennale. Ainsi l’analyse du bilan annuel entrée-sortie de la

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sebkhat, comparé avec sa capacité actuelle jusqu’à la côte +10 mNGT montre que la sebkha nécessite une évacuation à partir des conditions de la vingtenale. Pour ce qui concerne les apports journaliers de pointe, ils sont de l’ordre 14,8 millions m3 pour la centennale et ils sont estimés à 21 millions m3

(apport du bassin versant + pluie directe) pour la crue spécifique de la journée du 17 à 18 Septembre 2003 qui a donné une pluie de 186 mm en une durée de 24 heures.

La DHU envisage la réalisation d’un canal d’évacuation vers l’oued Meliane d’une longueur de 6200 m, d’un débit de 5 m3

/s et d’un ouvrage de captage équipé d’un bajoyer calé à la côte + 8,8 m NGT et d’une vanne murale qui peut abaisser le niveau de la sebkha jusqu’à la côte de départ du canal calée à un FE = +7m NGT.

3. L’assainissement des eaux usées Dès le début des années 1990, la zone de Tunis ouest a bénéficié de plusieurs études d’assainissement par l’ONAS dans le cadre du quatrième Projet d’Assainissement Urbain. Ce projet a aboutit durant la dernière décennie à la prise en charge, par l’ONAS, de toute la zone ouest avec la mise en œuvre d’un réseau primaire de conduites de 48 Km, et d’un réseau secondaire de 180 Km ainsi que la réalisation d’une chaine de transfert d’eau usées de 8 km et la construction d’un nouveau pôle d’épuration à El Atar avec une capacité de 60 000 m3

/jour d’eau usée.

Ce projet va permettre un taux de branchement de 100% dans la zone de Tunis ouest ce qui va soulager, d’une part, les infrastructures d’épuration de Tunis nord et d’autre part, et éliminer des branchements illicites et des divers débordements observés dans les canaux de drainage des eaux pluviales qui se déversent dans la sebkhat. 4. Les sources de nuisance dans la sebkha Des travaux d’exploration, au niveau des berges de la sebkha et des zones limitrophes, ont abouti à l’identification des différentes sources de nuisance suivantes :

• Rejets hydriques pollués ; • Prolifération des moustiques ; • Déchets solides sur les berges ; • Ancienne décharge sauvage d’El Yahoudia.

Les rejets hydriques : L’exploration des berges a mis en évidence la présence de 49 ouvrages hydrauliques débouchant dans la sebkha parmi lesquels 35 intrants déversent une eau polluée en temps sec. Ces rejets liquides sont concentrés essentiellement sur les berges des zones urbanisées de Sidi Hsine, de Hay Ezzouhour, d’Essijoumi et de Hay Hlel. Les mesures réalisées in situ ont montré que ces eaux sont eutrophisées, dépourvues d’oxygène et dégagent une odeur nauséabonde. Des explorations supplémentaires, effectuées avec des acteurs locaux dans les zones urbaines limitrophes, ont permis de constater que ces eaux proviennent de raccordement illicites d’eaux usées (domestique et industrielle) sur les canaux des eaux pluviales, des débordements de regards du réseau d’assainissement et des trop pleins de stations de pompage des eaux usées brutes. L’inventaire officiel du cadrin de l’ONAS relève une quantité totale de l’ordre 4 000 m3

/jours d’eau usée industrielle déversée dans l’ensemble du bassin versant de la sebkha Sijoumi.

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Récapitulatif de l’inventaire des ouvrages hydrauliques débouchant dans la sebkhat

Façade Sebkhat Tronçon de berges Nombre

d’ouvrages de rejet

Fil d’eau m NGT Nature de la pollution

Façade nord-ouest Route X

Zone urbaine Sidi Hsine 7 Min = 8.30

Max = 9.90

Ecoulement continue, eau polluée présentant des signes d’eutrophisation

Façade ouest centrale Route X

Zone agricole Sidi Hsine 7 Min = 10.4

Max = 13.8 Absence d’écoulement en temps sec

Façade sud , sud ouest Route X

Zone Agricole et Industrielle Mghira 7 Min = 7.00

Max = 9.00 Absence d’écoulement en temps sec

Façade sud-est Kabbaria – RN3 Park – giratoire RX 1 -

Ecoulement continue de la cité Ibn Cina ; Percolation sous terraine de lixiviat à partir l’ancienne décharge

Façade nord Oued Gueriana Ouvrage de rejet 1 8.71

Ecoulement continue, eau polluée présentant des signes d’eutrophisation

Façade nord Sortie Ouest

Bab Kacem – Oued Gueriana 10 -

Ecoulement continue, eau polluée présentant des signes d’eutrophisation

Façade Nord-Est Intercommunale Sud

Bab Kacem – SP – EP Martyr 16 Min = 8.25

Max = 9.70

Ecoulement continue, eau polluée présentant des signes d’eutrophisation

L’image satellitaire suivante, prise en temps sec (Juin-2010), confirme le constat effectué sur site. On observe des zones humides devant les grands pôles de rejet enregistrés sur les rives de la sebkha.

Image satellitaire de Juin 2010

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Le développement de moustiques : Toute la sebkha représente une source de prolifération de moustiques. D’après les services de la municipalité de Tunis, les moustiques se développent sur toutes les surfaces humides de la sebkha où se trouvent des sédiments organiques avec des foyers de concentrations sur les berges de Sidi Hsine, Ezzouhour et Hay Hlel (à proximité des rejets terrestres). Des mesures réalisées par les services de la municipalité de Tunis ont montré que la concentration dans les sédiments peut atteindre une densité de plus de 40 000 larves par m². La lutte contre la prolifération des moustiques est une opération très coûteuse car elle nécessite la mobilisation de moyens aériens (avions), terrestres (différentes équipes de travail) et l’achat des insecticides. Les coûts correspondants peuvent atteindre une enveloppe très chère de l’ordre de 600 000 DT/an ne serait-ce que pour la sebkha Sijoumi. Les déchets solides sur les berges: La sebkha a été considérée depuis longtemps comme étant un site de dépôts des déchets de construction, ce qui a conduit au fil des années à former des terres pleins avancés dans la sebkha par rapport à la limite originale de la zone humide. Nos travaux d’exploration sur les berges ont permis d’identifier plus de 17 sites de dépôts sauvages comportant des déchets de construction, industriels, ménagers, organique et de remblais divers. La plus grande proportion est représentée par les déchets de construction. La quantité totale déposée est estimée à environ 1,5 millions de m3

de déchets de constructions.

La décharge sauvage couverte sur les berges : Il s’agit de la fameuse décharge sauvage d’El Yahoudia exploitée depuis 1963 pour accueillir tous types de déchets ménagers pour toute la ville de Tunis. La quantité totale dans la décharge a été estimée, lors de sa fermeture en 1999, à environ 4,7 millions de tonnes avec une densité de l’ordre de 0,45 tonne/m3. Actuellement la décharge est, pratiquement, recouverte en totalité par une couche de sol sans qu’il y ait une séparation physique au niveau du sous sol entre la décharge et la sebkha. Il y a donc un écoulement souterrain de lixiviat entre la décharge et la sebkha selon un équilibre dynamique qui reste tributaire du niveau d’eau dans la sebkha. La quantité estimée de lixiviats produite annuellement, en fonction de la pluviométrie, est de l’ordre de 67 000 m3

/an.

5. L’état écologique La massive fréquentation de la sebkha par l’avifaune a été à l’origine de son inscription à la convention de Ramsar (le 7/11/07) en tant que zone humide d’importance internationale (superficie 2979 ha) vue son caractère particulier comme site périurbain exposé à des pressions multiples (drainage, urbanisme, pollutions), abritant des larges populations d’oiseaux aquatiques (flamants roses, de canards, de limicoles) et ayant non seulement un potentiel éducatif et récréatif au sein du Grand Tunis, mais, aussi, un très grand potentiel esthétique (paysage remarquable). Le bassin versant de la sebkha subit de fortes pressions anthropique multiforme aboutissant, d’une part, à une restriction de la surface de la sebkha avec le grignotage de la zone tampon naturelle et, d’autre part, à une forte pollution aussi bien hydrique que solide amenant à : • Une qualité d’eau très médiocre avec des taux d’oxygène très bas et des émanations

d’odeurs nauséabondes ; • Un fond vaseux, vraisemblablement très épais, formé par des sédiments enrichis non

seulement en matière organique, mais aussi en produits toxiques et, tout particulièrement, en métaux lourds ;

• Une forte diminution des habitats (zones écologiques) qui se traduit par une biodiversité très affaiblie par la sélection naturelle des espèces les plus tolérantes aux stress.

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Parmi toute la faune potentielle de cette zone humide, les oiseaux, en liaison avec leur grande mobilité, sont les seuls qui peuvent sans dommage se détacher du milieu où il vive quand celui- ci ne répond plus à leurs exigences. Il n’en reste pas moins qu’en dépit des stress constatés la fréquentation actuelle du plan d’eau par les oiseaux aquatiques est nettement plus importante que par le passé. 3 facteurs jouent ce rôle positif : • l’abondance de la nourriture liée à l’eutrophisation du milieu, aussi bien au sein du plan

d’eau que dans les vasières ou même dans les champs avoisinants • une mise en eau quasi permanente liée aux écoulements d’origine urbaine • la perte de territoires fréquentables, notamment par les oiseaux échassiers et

principalement par les flamants roses, dans les zones humides proches,

tel le lac de Tunis, amène la sebkha à jouer le rôle de refuge de substitution pour les oiseaux qui, autrefois, visitaient ces plans d’eau.

6. Le contexte hydrogéologique Tous les travaux réalisés à ce niveau montrent que la sebkha n’a pas d’exutoire extérieur et que les écoulements souterrains convergent vers la sebkha avec un apport souterrain de l’ordre de 3,5 millions de m3

/an. Au centre de la sebkha et dans les endroits où la cote TN est située à son point le plus bas +7,20 m, on peut présager que la cote piézométrique de la nappe sous-jacente est à environ + 5,00 m NGT (plus basses eaux), soit à une profondeur d’environ 2,20 m en dessous de la côte la plus basse de la sebkha.

Les ressources souterraines se composent de : • Ressources phréatiques de l’ordre de 7,9 Mm3/an, renouvelables à partir de la nappe

Manouba-Sijoumi-Fouchana. L’exploitation a chuté de 3 Mm3/an en 1974 à 1.8 m3/an en 2010, suite au développement de l’urbanisation et à l’abandon progressif des terres agricoles. Il s’en suit qu’il existe des ressources disponibles dans cette nappe de l’ordre de 5 Millions de m3

/an.

• Ressources profondes de 0,9 Mm3/an à partir de nappe de Manouba-Fouchana. L’exploitation est de l’ordre de 1.1 Mm3

/an en 2014 ce qui exclue la disponibilité de ressources à partir de cette nappe ;

Celles de surface sont représentées en grande partie par : • La sebkha qui représente un grand réservoir d’eau: En forme de cuvette, elle

constitue en elle-même un grand réservoir pouvant stocker une grande quantité d’eau. Cette réserve serait de l’ordre 20 millions de m3

pour la morphologie actuelle jusqu’à la côte de +8,8 m NGT fixée par les bajoyers de l’ouvrage d’évacuation prévu à la tête du canal d’évacuation projeté.

• Le canal Mejerda Cap Bon : D’une longueur totale de 120 km, ce canal à ciel ouvert, assure le transfert des eaux de la vallée de la Medjerda jusqu’au Cap Bon à raison de 16 m3/s à Laroussia et 8 m3

/s à Belli. Cette ressource est exploitée pour l’eau potable par la SONEDE et en partie pour l’agriculture par les CRDA.

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• La future station d’épuration d’El Atar : Cette station aura une capacité de 60 000 m3/jour, ce qui correspond à une ressource non conventionnelle de l’ordre 20 millions de m3

/an qui serait disponible dans le bassin versant de la sebkha Sijoumi.

7. Les aléas géotechniques Le diagnostic réalisé, à ce niveau, a permis d’identifier les aléas géotechniques suivants : • La présence d’un matériau soluble (le gypse) dans les formations argileuses du Pliocène

sur les premiers 10 m de sol implique l’apparition de cavités souterraines sur des épaisseurs pouvant atteindre plusieurs mètres. Ces cavités restent évolutives en présence de l’eau et surgissent souvent en surface sous forme d’affaissements du terrain;

• Les remblais en déchets solides peuvent atteindre plusieurs mètres d’épaisseurs notamment en zones de décharges. Ces matériaux meubles et hétérogènes non seulement ne peuvent pas constituer un sol d’assise mais, aussi, peuvent présenter des risques d’émanation de gaz toxiques type H2

S;

• Les terrains argileux très compressibles à vaseux présentent un risque de tassements de long terme très importants en présence de l’eau. Ces terrains ne peuvent, en l’état, recevoir des fondations de type superficielles et devront être soumis à un traitement préalable par préchargement, amélioration ou renforcement du sol. Cependant, ces formations ne sont pas présentent sur de très grandes épaisseurs et peuvent être contournées par des fondations profondes de faible longueur (situation différente de celle du Lac de Tunis où le sol d’ancrage ne peut être croisé qu’à une quarantaine de mètres de profondeur) ;

• Le phénomène de retrait/gonflement en surface du terrain se traduisant par l’apparition

de fentes de dessiccation en partie Est de la sebkhat, constitue un aléa important pour les systèmes de fondations superficielles. Ce type de fondation devra ainsi être suffisamment descendu dans le sol tout en prévoyant la protection adéquate contre les venues d’eau.

8. La situation socio-économique La zone du projet relève administrativement de deux gouvernorats ; à savoir Tunis et Ben Arous. Les trois quart des berges de la sebkhat de Sijoumi font partie du territoire du gouvernorat de Tunis et quart de celui de Ben Arous. Les délégations de Sijoumi, Sidi Hsine, Hrairia, Ezzouhour, Kabaria et El Ourdia entretiennent des rapports très denses avec la sebkha. Tandis que les délégations de Mohamedia, le Bardo et la Médina de Tunis ont des rapports très lâches avec la zone de l’étude. Population : Les pourtours de la Sebkhat de Sijoumi totalisent au dernier recensement de 2014 un nombre de 515 242 habitants soit 48% de la population qui réside dans le gouvernorat de Tunis estimé à 1 065 247 habitants en 2014. Ce qui donne une échelle de grandeur sur l’ampleur de la concentration humaine dans la zone de l’étude. Estimée à 2800hab/km2, la densité de la population dans la zone de l’étude est la plus élevé en Tunisie, très loin de la moyenne nationale évaluée à 70 hab/km2 et encore loin de celle qui prévaut dans la région du Nord Est estimée 340 hab/km2.

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Quant à la mobilité de la population, on enregistre : • D’une part, le caractère attractif de Sidi Hsine – Fouchana par l’existence encore de

terres agricoles en friche, par sa position centrale et stratégique par rapport aux axes routiers, par la multiplication à l’intérieur du périmètre de la commune d’activités commerciales et industrielles ;

• D’autre part : le caractère répulsif des quartiers de Sidi El Béchir, d’Ezzouhour et de Sijoumi qui sont très anciens et saturés, à cause de la dégradation des logements qui sont pour la majorité vétustes et menaçant ruine, et l’absence de parcelles urbanisables.

Industrie : Inexistante en 1975, l’industrie est devenue graduellement une activité importante dans la zone de Mghira-Sidi Hsine. La création de la zone industrielle de Mghira sur plus de 250 ha a contribué au développement des activités industrielles autour de la Sebkhat. Le groupe Chakira ; l’un des premiers consortiums installé à Sidi Hsine emploie plusieurs milliers d’ouvriers, ce qui explique la poussée urbaine à Sidi Hsine. L’implantation est explicable le faible coût du foncier dans ces localités et la proximité d’un bassin important de main d’œuvre. L’agriculture : Initialement les berges Ouest et Sud étaient occupées par l’agriculture. Aujourd’hui, l’agriculture recule face à l’urbanisation anarchique et non réglementée. En effet, 1,7% des actifs sont occupées dans l’agriculture, alors que la moyenne nationale se situe au niveau de 17%. Sidi Hsine abrite 4202 ha de terres cultivables sur les 6050 ha disponibles dont 230 ha couvrent la réserve forestière de la zone menacée par l’avancée urbaine de plus en plus envahissante. Fouchana totalise 100 périmètres irrigués privés pour une superficie avoisinant les 1285 ha, alors que Sidi Hsine totalise en 2012 253 ha de terres irriguées. Associations : La région à laquelle appartient la zone de l’étude est la plus représentée dans le pays en termes d’associations créées (1260 associations dont 167 associations ont été créées après la révolution de 2011). Le site est connu par une effervescence du tissu associatif et, plus particulièrement, dans le domaine de l’écologie citoyenne et de sauvegarde de l’environnement. Plusieurs associations environnementales avant et après la révolution ont vu le jour dans la zone. C’est le cas, notamment, l’Association citoyenne des habitants d’El Mourouj 2 qui a milité pour la suppression des décharges anarchiques, l’association les berges pour développement Durable de Sebkhat Sijoumi. C’est, aussi, le cas de l’Association des amis des oiseaux qui a fait des actions de sensibilisation pour la sauvegarde de la richesse ornithologique de la sebkha. La défense de la biodiversité de la Sebkha est l’œuvre de plusieurs associations de sauvegarde de l’environnement dont l’association « réseau des enfants amis de la terre » qui a organisé plusieurs actions et manifestations animés par des enfants et des jeunes à la faveur de la sauvegarde de la biodiversité de la zone d’étude. 9. Le développement urbain L’urbanisation de la zone ouest de la sebkha Sijoumi est ancienne et remonte à l’époque coloniale et même avant. Le noyau du quartier de Sidi Hsine, construit autour du mausolée du marabout, n’a commencé à se développer qu’à partir du milieu des années 1970. Entre 1978 et 1995, le lancement d’une nouvelle politique de réhabilitation des quartiers populaires initiée par l’ARRU a permis d’améliorer les conditions d’habitat et les infrastructures urbaines existantes. Ensuite des axes d’urbanisation se sont développés autour de la Sebkha de Sijoumi et ils ont été accompagnés par le développement d’une manière assez dense des

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équipements socio-collectifs et des activités commerciales et de loisirs. Trois noyaux urbains se sont ainsi développés : • Deux franges Nord et Nord-Est de la Sebkha occupées par un habitat réhabilité,

amélioré en conditions de vie et intégré à la ville avec des quartiers comme Cité Hlel, Mellassine et Saida Manoubia ;

• La frange Ouest (Sidi Hsine) occupée par des quartiers (Birine, Mghira Enzel, Attar, Sidi Hsine…) qui étaient à l’origine des zones d’habitat anarchique et spontané, mais qui ont bénéficié au cours de ces dernières années de plusieurs programmes de réhabilitation et d’aménagement des infrastructures urbaines et d’amélioration du bâti ;

• La frange Sud de la Sebkha qui comporte la zone industrielle de Mghira jusqu’à Fouchana et Kabaria caractérisée par la dispersion des noyaux d’habitat spontané au détriment des terres agricoles.

Du coté administratif, ces berges appartiennent au trois communes de Sidi Hsine, de Tunis (Ezzouhour, Sijoumi, Ouerdia, Kabbaria,), de Fouchana-M’Hamdia et d’El Mourouj : • Sidi Hsine : La commune de Sidi Hsine est couverte par un PAU qui couvre une

superficie de 8 642 Ha et qui donne sur la Sebkhat sur une façade importante de 7 km ; • Ezzouhour : L’arrondissement d’Ezzouhour couvre une superficie de 418Ha et donne

sur la Sebkhat sur une façade limitée à 900 ml. Cette façade est saturée par tissu urbain dense;

• Sijoumi : L’arrondissement donne sur la Sebkhat selon un arc de 5,5 km environ. Elle comprend une zone naturelle importante du côté nord ouest de la sebkhat qui couvre une superficie de 70 Ha environ.

• Ouerdia : L’arrondissement couvre une superficie de 408 Ha, il est relativement structuré et aménagé. Il comprend une façade de 1,8 km linéaire donnant sur la Sebkha. Il est bien desservi du fait qu’il est traversé par la RN3 au sud, et par la route nationale (RN1) au nord.

• Kabbaria : L’arrondissement de Kabaria couvre une superficie de 1461 Ha et abrite une zone verte de 60 Ha considérée comme zone Noble. Elle donne sur la Sebkhat selon une façade de 3,6km;

• El Mourouj : Le projet urbain d’El Mourouj est une opération de grande envergure et couvre une superficie de 2150Ha. La zone d’échange entre El Mourouj et la Sebkhat est très limitée à savoir une façade de 800ml;

• MHamdia Fouchana : La localité de Fouchana, avec sa zone industrielle à Mghira, est mitoyenne avec la Sebkhat sur un liéaire de l’ordre de 2,5 Km.

10. Programmes dédiés au développement de la zone Différents programmes ont été lancés durant les deux dernières décennies en rapport avec le développement durable et intégré. C’est le cas notamment de l’initiative de la Municipalité de Tunis à la fin des années 1990 pour le projet intitulé « Projet Cité Durable » avec le Programme des Nations Unies PNUD et le Centre des Nations Unies pour les Etablissements Humains (CNUEH). Ce programme visait un développement durable et intégré des zones touchées par l’urbanisation rapide et anarchique, et il a ciblé les zones dans leurs interactions avec l’environnement, en vue de les aider à accéder aux ressources naturelles et de réduire leur vulnérabilité aux risques environnementaux.

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C’est aussi le cas de l’initiative de l’inscription de la sebkha dans la liste Ramsar qui ne constitue, en fait, qu’un premier pas d’une panoplie d’actions devant mettre en place un programme de gestion durable pour la sebkha. Bien que ces programmes n’aient pas abouti à la mise en œuvre d’actions concrètes, des projets se sont développés dans la zone de Sijoumi en vue de la développer, de l’intégrer dans le tissus urbain du grand Tunis et d’améliorer les conditions de vie. Ces projets totalisent un budget global de plus de 300 millions de dinars (tableaux ci-dessous) pour l’aménagement urbain, le développement économique, le désenclavement de la zone avec le reste de la ville et le développement durable incluant notamment l’assainissement et la protection contre les inondations.

Projets d’aménagement urbain réalisés dans le bassin de Sijoumi Projet Etat de

réalisation Opérateur Montant en

million de DT 2ème

Réalisé à 100 %

projet urbain : Amélioration de l’Habitat dans les zones de Jbel Lahmar, Mellassine, Hay Hlel et Saida Manoubia. Le projet a couvert une superficie de 260 ha.

Municipalité de Tunis 18, 275

Projet de Développement Urbain Intégré – PDUI : superficie de 500 h et couvre les 7 cités d’habitation: Cité des Taxis, Cité Sala El Mestiri, Cité El Hannachi, Cité de l’Ecole, Cité Mrad1, Cité Mrad 2, Cité Bougatfa.

Réalisé à 100 % Municipalité de Tunis 5,500

Projet National de Réhabilitation des Quartiers Populaires (1 et 2) : quartiers El Frachich, Hay Mrad 1 et 2, Taxiette, Boughtafa 1 et 2

Réalisé à 100 % ARRU 2 ,910

Projet National de Réhabilitation des Quartiers Populaires (3 et 4) : Mghira Enzal, El Atar et Fouchana

En cours de travaux ARRU 8,390

Total 35, 075

Projets réalisés pour le désenclavement de la zone de la sebkha Sijoumi

Projet Etat d’avancement Opérateur Montant Million DT

Recalibrage de la sortie ouest en 2x3 voies Réalisé et mis en service Ministère de l’équipement

Projet de la Route X Réalisés et mis en service

Ministère de l’équipement 32

Projet routier de l’intercommunale Sud Réalisé et mis en service Ministère de l’équipement

Echangeur Route X – Sortie ouest En cours de travaux Ministère de l’équipement 32

Ligne E - RFR En cours de travaux Société RFR 80

Total

Page 10: RESUME - SYNTHESE Rapport de diagnostic de la situation actuelle de la sebkhat Sijoumi

Etude de mise en valeur et d’aménagement de Sebkhat Sijoumi DGSAM

Rapport de diagnostic – IHE pour le compte de la DGSAM Page : 10

Projets pour la protection contre les inondations de Tunis ouest

Projet Opérateur Etat d’avancement Montant

Million DT Lot1 : Protection de la zone amont de l’oued Gueriana DHU En cours

d’exécution 23,5

Lot 2 : Protection de la zone aval de l’oued Gueriana DHU En cours

d’exécution 28,1

Lot 3 : Réalisation de l’ouvrage de Vidange DHU En cours d’exécution 32,2

Protection de Sidi Hsine contre les inondations DHU Travaux achévés 3

Total en millions de dinars 86,8

Projets réalisés pour l’assainissement du bassin de Tunis ouest Composantes Opérateur Etat Coût

en million DT

Réseau secondaire d’assainissement ONAS réalisé 16,146

Réseau primaire d’assainissement ONAS réalisé 13,035

Réseau transfert des eaux brutes ONAS réalisé 24,740

Station d’épuration – 60 000 m3/jour ONAS En cours de finition 49,360

Réseau transfert des eaux épurées ONAS En cours de finition 16,340

Assistance et renforcement de capacité ONAS En cours 4 570

Total 124,191

En définitive, partant, d’une part, du panorama socio-environnemental établi dans le cadre de

ce premier diagnostic et, d’autre part, de l’ensemble des efforts déployés par l’état à l’amont

de cette zone humide, tout porte à croire à l’utilité, la nécessité et l’urgence de la mise en

œuvre d’un plan d’action méthodique devant aboutir à une restauration environnementale

modèle de la sebkhat (la zone humide) en prenant en compte, d’une part, le facteur essentiel

qu’est la qualité de la vie humaine et, d’autre part, sans oublier la nécessaire sauvegarde

des splendides images de dizaines de milliers d’oiseaux vaquant tranquillement à leurs

occupations.