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27 janvier 1945 LA PRESSE NOUVELLE Magazine Progressiste Juif N° 222 - Janvier 2005 - 24 e ANNÉE MENSUEL EDITE PAR L’U.J.R.E. Le N° 5 Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide S erions-nous au début d'un dégel au Proche- Orient? Peut-on exprimer un certain espoir, sans trop craindre de déception? On a trop souvent été échau- dés, mais, comme dit un proverbe que j'aime à citer "il ne faut pas espérer pour entreprendre". Cette fois-ci, on peut logiquement penser que les chefs des deux antagonistes sont prêts à discuter - encouragés comme ils le sont par l'unique superpuissance, comme par l'Union Européenne. Discuter, ce n'est pas nécessairement conclure - et surtout pas dans l'immédiat. N'oublions pas que le conflit a débuté à la fin du 19ème siècle et que nous avons déjà bien entamé le 21ème ! Ariel Sharon et Mahmoud Abbas se connaissent, ils se sont déjà rencontrés par le passé, quand ni l'un ni l'autre n'étaient au pouvoir. Maintenant, ils le sont. Aucun des deux ne détient le pouvoir absolu dans son propre camp. Ont-ils la volonté de s'entendre ? On peut le penser. Ont-ils les mains libres? C'est à prouver. Israël est une démocratie, n'en déplaise à certains. Et dans une démocratie, même les adversaires du pouvoir ont le droit de s'exprimer. Sharon doit faire face au refus d'une grande partie de sa propre base électorale et ne peut gouverner que dans une coalition avec le parti travailliste. Même le parti Yahad, de Yossi Beilin, n'est pas opposé au projet de Sharon d'évacuation de la bande de Gaza. Jusqu'où ira l'opposition des habitants des implantations juives de la région? Des habitants des autres implantations, qui craignent que la sortie de Gaza soit le prélude à leur propre départ ? Ariel Sharon, et pas lui seul, sont conscients du précédent Itzhak Rabin. Du côté palestinien, plus d'un opposant, plus d'un contesta- taire de la ligne officielle, ont été écartés au fil des années, souvent de façon définitive. Relevons au passage le bon score du Dr Mustapha Barghouti, avec près de 20% des suffrages. Il s'agit d'un parent très éloigné de son quasi-homonyme et adversaire politique Marwan Barghouti. L'engagement communiste de Mustapha Barghouti est connu. Il se trouve qu'il a fait l'objet de harcèlements multiples lors de sa campagne élec- torale, plusieurs fois interpellé à des check-points israéliens et retenu parfois pendant des heures. Simple coïncidence ? On ne choisit pas son ennemi, certes. Mais si on veut mettre fin aux hostilités - ce qui n'entraînera certes pas l'amour tendre réciproque du jour au lendemain ! - il faut négocier. Il y a, il y aura sûrement des arrière-pensées, d'un côté comme de l'autre. Aucun des deux côtés n'aura satisfaction de façon intégrale. Tout simplement parce que les palesti- niens ne peuvent jeter les israéliens à la mer, pas plus que les israéliens ne peuvent chasser les palestiniens. Entre les deux extrêmes, il y a, justement, la marge des négociations. Mais il y a aussi tous les autres. Israéliens et palestiniens ne sont pas seuls au monde et la région est trop importante, à trop de puissances, grandes, moins grandes, voisines, éloignées, qui ne peuvent s'en désintéresser. Nous avons évoqué les Etats-Unis, l'Union Européenne (oui, elle existe, malgré son effacement), les pays arabes, les autres pays musulmans, la Russie, le Vatican, etc. etc. Mais voici une amorce de dégel. Espérons que l'aurore soit proche. L'UJRE s'est jointe récemment à une motion, intitulée "Deux peuples, deux Etats". On ne peut que souhaiter qu'el- le aboutisse. Pour ce faire, il faut que les dirigeants des deux côtés s'entendent. Il ne saurait être question de diaboliser l'un ou l'autre. VERS UN DEBUT DE DEGEL AU PROCHE-ORIENT? L ’UJRE et Presse Nouvelle Magazine ne peuvent ignorer le cataclysme du 26 décembre 2004 qui a dévasté la plupart des pays riverains de l’Océan Indien. De l’Indonésie jusqu'au Sri Lanka, voire les côtes Est de l’Afrique, en passant par les archipels de l’Océan Indien, des morts par milliers, en très grande majorité des humbles pêcheurs, mais aussi des touristes des pays occidentaux, dont la France. Le chiffre des victimes s'accroît de jour en jour. On n'en connaîtra sans doute jamais le chiffre exact. Contrairement à d'autres catastrophes, plu- sieurs milliers de touristes des pays dits déveioppés - Europe, Etats-Unis, Canada, Japon, Israël sont morts dans le cataclysme. Là non plus on n'a pas de chiffres exacts. Corps rendus méconnaissables par le séjour en mer. Sommes-nous davantage sensibles à cette catas- trophe parce qu'il y a "des nôtres" parmi les vic- times? La question a été posée. Pour moi, un mort indonésien, sri lankais, thaï est tout aussi mort qu'un français, un américain un japonais, un israé- lien... Ayons une pensée pour ces victimes. N’oublions pas les ONG qui s’efforcent de secourir ces vic- times, en particulier le Secours Populaire Français, Boîte Postale 3303, Paris Cedex 03. Dessin de Zalman Brajer – ancien déporté AUSCHWITZ • Révolte (p.5) • Libération (p.4) INTERNATIONAL • Israël-Palestine (p.3) SOCIÉTÉ • Communautarisme (p.3) • Mémoire de la MOI (p.3) • Billet (p.6) HISTOIRE • Église de France et enfants cachés (p.6) SAGA (p.8) • Mon petit garçon… CULTURE (p.7) • AMOS OZ • Nathan le Sage • Lettres de fusillés LE TSUNAMI JANV 2005 n°222.QXD 26/01/05 12:55 Page 1

La Presse Nouvelle Magazine 222 janvier 2005

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Création au 14 rue de Paradis d’un Lieu de Mémoire de la MOI Tsunami Le 27 janvier 1945, Auschwitz était libéré. La révolte du SonderKommando AMOS OZ

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Page 1: La Presse Nouvelle Magazine 222 janvier 2005

27 janvier 1945

LA PRESSE NOUVELLE MagazineProgressiste

Juif

N° 222 - Janvier 2005 - 24e ANNÉE MENSUEL EDITE PAR L’U.J.R.E. Le N° 5€

Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide

Serions-nous au début d'un dégel au Proche-Orient? Peut-on exprimer un certain espoir, sans tropcraindre de déception? On a trop souvent été échau-

dés, mais, comme dit un proverbe que j'aime à citer "il nefaut pas espérer pour entreprendre".Cette fois-ci, on peut logiquement penser que les chefs desdeux antagonistes sont prêts à discuter - encouragés commeils le sont par l'unique superpuissance, comme par l'UnionEuropéenne.Discuter, ce n'est pas nécessairement conclure - et surtoutpas dans l'immédiat. N'oublions pas que le conflit a débutéà la fin du 19ème siècle et que nous avons déjà bien entaméle 21ème !Ariel Sharon et Mahmoud Abbas se connaissent, ils se sontdéjà rencontrés par le passé, quand ni l'un ni l'autre n'étaientau pouvoir. Maintenant, ils le sont. Aucun des deux nedétient le pouvoir absolu dans son propre camp.Ont-ils la volonté de s'entendre ? On peut le penser. Ont-ilsles mains libres? C'est à prouver. Israël est une démocratie,n'en déplaise à certains. Et dans une démocratie, même lesadversaires du pouvoir ont le droit de s'exprimer. Sharondoit faire face au refus d'une grande partie de sa propre base

électorale et ne peut gouverner que dans une coalition avecle parti travailliste. Même le parti Yahad, de Yossi Beilin,n'est pas opposé au projet de Sharon d'évacuation de labande de Gaza.Jusqu'où ira l'opposition des habitants des implantationsjuives de la région? Des habitants des autres implantations,qui craignent que la sortie de Gaza soit le prélude à leurpropre départ ?Ariel Sharon, et pas lui seul, sont conscients du précédentItzhak Rabin.Du côté palestinien, plus d'un opposant, plus d'un contesta-taire de la ligne officielle, ont été écartés au fil des années,souvent de façon définitive.Relevons au passage le bon score du Dr MustaphaBarghouti, avec près de 20% des suffrages. Il s'agit d'unparent très éloigné de son quasi-homonyme et adversairepolitique Marwan Barghouti. L'engagement communistede Mustapha Barghouti est connu. Il se trouve qu'il a faitl'objet de harcèlements multiples lors de sa campagne élec-torale, plusieurs fois interpellé à des check-points israélienset retenu parfois pendant des heures. Simple coïncidence ?On ne choisit pas son ennemi, certes. Mais si on veut mettre

fin aux hostilités - ce qui n'entraînera certes pas l'amourtendre réciproque du jour au lendemain ! - il faut négocier.Il y a, il y aura sûrement des arrière-pensées, d'un côtécomme de l'autre. Aucun des deux côtés n'aura satisfactionde façon intégrale. Tout simplement parce que les palesti-niens ne peuvent jeter les israéliens à la mer, pas plus queles israéliens ne peuvent chasser les palestiniens.Entre les deux extrêmes, il y a, justement, la marge desnégociations. Mais il y a aussi tous les autres. Israéliens etpalestiniens ne sont pas seuls au monde et la région est tropimportante, à trop de puissances, grandes, moins grandes,voisines, éloignées, qui ne peuvent s'en désintéresser. Nousavons évoqué les Etats-Unis, l'Union Européenne (oui, elleexiste, malgré son effacement), les pays arabes, les autrespays musulmans, la Russie, le Vatican, etc. etc.Mais voici une amorce de dégel. Espérons que l'aurore soitproche.L'UJRE s'est jointe récemment à une motion, intitulée"Deux peuples, deux Etats". On ne peut que souhaiter qu'el-le aboutisse. Pour ce faire, il faut que les dirigeants des deuxcôtés s'entendent. Il ne saurait être question de diaboliserl'un ou l'autre.

VERS UN DEBUT DE DEGEL AU PROCHE-ORIENT?

L ’UJRE et Presse Nouvelle Magazine nepeuvent ignorer le cataclysme du 26décembre 2004 qui a dévasté la plupartdes pays riverains de l’Océan Indien.De l’Indonésie jusqu'au Sri Lanka, voire lescôtes Est de l’Afrique, en passant par lesarchipels de l’Océan Indien, des morts parmilliers, en très grande majorité deshumbles pêcheurs, mais aussi des touristesdes pays occidentaux, dont la France.Le chiffre des victimes s'accroît de jour enjour. On n'en connaîtra sans doute jamais lechiffre exact.Contrairement à d'autres catastrophes, plu-sieurs milliers de touristes des pays dits

déveioppés - Europe, Etats-Unis, Canada, Japon,Israël sont morts dans le cataclysme. Là non pluson n'a pas de chiffres exacts. Corps rendusméconnaissables par le séjour en mer.Sommes-nous davantage sensibles à cette catas-trophe parce qu'il y a "des nôtres" parmi les vic-times? La question a été posée. Pour moi, un mortindonésien, sri lankais, thaï est tout aussi mortqu'un français, un américain un japonais, un israé-lien...

Ayons une pensée pour ces victimes. N’oublionspas les ONG qui s’efforcent de secourir ces vic-times, en particulier le Secours PopulaireFrançais, Boîte Postale 3303, Paris Cedex 03.Dessin de Zalman Brajer – ancien déporté

AUSCHWITZ • Révolte (p.5)

• Libération (p.4)

INTERNATIONAL• Israël-Palestine (p.3)

SOCIÉTÉ• Communautarisme (p.3)• Mémoire de la MOI (p.3)• Billet (p.6)

HISTOIRE• Église de France et enfants cachés (p.6)

SAGA (p.8)• Mon petit garçon…

CULTURE (p.7)• AMOS OZ

• Nathan le Sage• Lettres de fusillés

LE TSUNAMI

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2 P.N.M. JANVIER 2005

LA PRESSE NOUVELLEMagazine Progressiste Juif

édité par l’U.J.R.E.Comité de rédaction :

Adam Rayski, Lucien Steinberg,Teresita Dussart, Jacques Dimet,Bernard Frédérick, Roland Wlos,

Nicole Mokobodzki,Tauba-Raymonde Staroswiecki

N° paritaire 64825C.C.P. Paris 5 701 33 R

Directeur de la Publication :(Intérim Lucien STEINBERG)Rédaction - Administration :

14, rue de Paradis75010 PARIS

Tél. : 01 47 70 62 16Mèl : [email protected]

Site : http://ujre.monsite.wanadoo.frTarif d’abonnement :

France et Union européenne:6 mois 25 euros

1 an 50 eurosEtranger, hors U.E : 63 euros

IMPRIMERIE DE CHABROLPARIS

décembre de ma Mère, madameGolda KRAJKA, dans sa 96èmeannée. La page de l'avant-guerreest définitivement tournée, et ledernier témoin de notre familles'est éteint. Néanmoins, ma soeuret mon frère et moi-même noussouviendrons longtemps deUriage, Mont sous Vaudrey ouencore Tarnos, qui auront été,grâce à l'UJ (comme nous disions)des lieux de vacances heureux. A titre personnel, je tiens à vousremercier de votre visite lors ducentenaire de mon Père, une fêtetoujours présente dans nos esprits.En vous espérant toujours fidèle auposte, je vous prie de croire, cherMonsieur, en l'expression de mareconnaissance à laquelle se joi-gnent les membres de ma famille.BK

CARNETDécès

L’UJRE apprend avec grand peinele décès de

Madame Golda KRAJKAsurvenu le 24 décembre 2004

dans sa 96ème année.Que sa famille reçoive l’expression

de notre profonde sympathie.

Daniel GROJNOWSKI,Nina KEHAYAN,

Leurs familles, leurs enfants etPetits-enfants

ont la douleur d’annoncer le décès deMadame Tauba GROJNOWSKI

née LERNERsurvenu le 2 janvier 2005

Mes très sincères condoléances àson fils Daniel, à sa fille Nina

et à toute leur famille. Évoquons également le souvenir de

son mari, Michel (Monikowski),de son beau-frère Bruno Grojnowski,

responsable en chef de la MOI,de sa belle-sœur Lili Berger.

Adam Rayski

COURRIER DES LECTEURS

◆ Serge Goldberg, responsablede la Commission « Lutte contrel’antisémitisme et le néo-nazisme ».Je vous adresse mes meilleursvoeux pour l’année qui commence,en espérant que vos soucis de loge-ment se règleront au mieux.J’apprécie beaucoup PNM, à lafois comme responsable nationaldu MRAP, et enfant de militants àl’UJRE, et je souhaite donc unelongue vie pour ce magazine juifprogressiste. Avec mes sentimentsantiracistes.

◆ André Schmer, c’est grâce àl’insistance de mon épouseChristiane, qui n’est pas juive, queje prolonge mon abonnement à LaPresse Nouvelle. En effet, mon dif-férend date du jour où dans laPNH, j’ai lu un article à la limitedu « panégyrique » d’un livre écritpar une écrivaine italienne (juive)mais dont le racisme était à peinesupportable. J’ajoute qu’à la lectu-re du dernier magazine, j’ai appré-cié que d’autres lecteurs vous fas-sent part de leur mécontentementpar rapport à un article se rappor-tant à Yasser Arafat. Je regretteénormément la P.N.H. de l’époqueCharles Steinman. C’était toujoursavec plaisir que je recevais laP.N.H. Vous trouverez néanmoinsdeux chèques, l’un de 50 eurospour la PNM, l’autre de 30 eurospour l’UJRE, en mémoire à monpère Maurice SCHMER, ardentdéfenseur de la NAIE PRESSE.Bonne année (quand même !) pour2005, qu’elle soit l’année du suc-cès dans vos et nos entreprises.André SCHMER. Mes amitiés àRoland WLOS et Roger TRU-GNAN.Cher André Schmer, je suis désolé,je suis Lucien Steinberg et n’ai pasla prétention d’être CharlesSteinman. Oriana Falacci n’estpas, à ma connaissance, juive. Mesmeilleurs vœux pour 2005. LS.

◆ Bernard Krajka à LucienSTEINBERG : J'ai la grande peinede vous annoncer le décès, ce 24

◆ Eliane et Philip Grossvak: Chersamis, La PNM d'oct-nov est particu-lièrement superbe, nous trouvonsdes articles, des nouvelles que nousne retrouvons nulle part ailleurs.Bravo, bon courage et Merci merci.

◆ Lucien Uzan : avec mes sincèresamitiés et félicitations pour le com-bat que vous menez.

C’était fin mars 1943. HenriKrasucki, alors l’un des diri-geants de la Jeunesse venait de

présenter à Rayski une jeune fille en vuede son recrutement. L’opinion qu’il s’estfaite d’elle était plutôt négative. En effet,à plusieurs reprises, ils furent dépasséspar deux hommes qui se retournaient fré-quemment pour dévisager Rayski avecinsistance, ce qui n’a pas tardé de l’in-quiéter. Il fit plusieurs détours pour ren-trer chez lui (une chambre de bonne qu’iloccupait avec sa femme, située square dela Bresse – porte Saint-Cloud) *.Lorsque le lendemain matin, Jeanne(mon épouse), observant la rue par lepetit vasistas, aperçut un homme qui sur-veillait la sortie du square de la Bresse,nous avons convenu que chacun sortiraitseul, et que nous nous retrouverions dansl'après-midi. Pour cela, nous noussommes fixés deux rendez-vous à desheures et des endroits différents **. Ce jour-là, j'ai failli être pris. J'ai quitté la maison un petit quart d'heu-re avant-midi avec l'intention de me diri-ger vers le lieu de rencontre avecGeorgette, mon agent de liaison, prévupour midi, rue de la Convention. Sans meretourner, j'ai emprunté les quais de laSeine en direction du boulevardExelmans, m'engageant sur le pont duGarigliano, que traversait encore l'aque-duc qui courait sur toute la longueur duboulevard. J'ai alors jeté un premier coupd'œil derrière moi. Deux hommes avan-çaient d'un pas rapide le long des berges.Une idée me traversa l'esprit: « Ce n'estpas une filature, ils veulent me prendre ». J'ai accéléré le pas tout en regardantquelque peu par les arcades, de leur côté.Ils accéléraient aussi. Sur le quai de Javel,par un véritable miracle, les portes desusines Citroën s'ouvrirent (il était midi)pour déverser sur la rue le flot d'ouvrierset d'ouvrières. Je me suis mêlé à la fouleet je me crus sauvé. Les policiersm'avaient-ils perdu de vue ?J'ai décidé d'agir comme si je me trouvaisencore dans leur champ de mire. Arrivé à l'angle de la rue de laConvention, je vis arriver la camaradeGeorgette qui m'attendait déjà. Je la croisai et lui lançai « Fous le camp ». Je me dirigeai rapidement vers la stationde métro Javel, située avenue Emile Zola.Pour ce faire, il fallait que je revienne surmes pas vers le rond-point de la placeMirabeau. Avant de m'enfoncer dans labouche de métro, j'eus le temps de remar-quer les deux hommes postés au carre-four, à l'entrée du pont Mirabeau. D'uncoup d'œil, ils pouvaient contrôler toutela place. Certes, ils étaient en train de me

chercher. Arrivé devant la poinçonneuse- une seule pour les deux directions - jepris le couloir de gauche menant vers laporte d'Auteuil. Au même moment, larame s'engageait sur le quai, mais voicique sur le quai opposé arrivaient en cou-rant les deux hommes qui s'arrêtèrent netet me regardèrent de leurs yeux plusqu'étonnés. Aujourd'hui encore, aprèstant d'années, je conserve l'image de cesyeux gros comme des boules exorbitées,me fixant avec déception et haine à lafois.Je suis monté dans la rame qui démar-rait... Pourtant, le réflexe des policiersn'était pas faux. Logiquement, je nedevais pas retourner vers la ported'Auteuil ou la porte de Saint-Cloud d'oùje venais. Encore aujourd'hui, je ne saispas trop pourquoi j'ai agi en sens inverse,ce qui s'est avéré salutaire. Stratagème?Intuition? Hasard? Je penche plutôtpour cette dernière hypothèse. Il enétait ainsi chaque fois que je me trou-vais dans une situation paraissant sansissue. La vie était suspendue à un fil ets'il n'a pas été coupé, un résistant nedoit pas s'en attribuer le mérite. Iloffenserait, involontairement, lamémoire de ses camarades qui n'ontpas survécu.*Cette fille, nommée Goldfarb, habitait desimmeubles industriels (à Nation) et était liéeavec un policier qui a obtenu par elle desrenseignements sur plusieurs de ses cama-rades, comme par exemple Rajman,Krasucki, Paulette Sarcey et bien d’autres.Après la guerre, elle devient célèbre commepropriétaire de maisons closes de haut degamme.** Extrait de Adam Rayski, Nos IllusionsPerdues, pp. 120-121, Ed. Balland, 1985

En souvenir de Tauba (Georgette) GrojnowskiNous l’avons perdue à jamais. Adam Rayski, dont elle était agent de liaison, a bien voulu accepter

d’évoquer pour la PNM, un épisode qui aurait pu leur coûter la vie, à l’un et à l’autre.

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P.N.M. JANVIER 2005 3

Cette initiative est liée non seule-ment au travail de mémoire néces-saire, mais encore à la lutte quoti-dienne à poursuivre contre l’oubli. Cette démarche a été exposée dansune lettre remise en novembre 2004par l’UJRE et l’AACCE au Mairede Paris, Bertrand Delanoë. Une première délégation a été reçuele 4 janvier par M. Alain Geismar àl’Hôtel de Ville.Notre projet a été reçu favorable-ment, une prochaine réunion de tra-vail, à la fin du trimestre, devraitfaire le point sur la faisabilité tech-nique du projet, étudiée par laMairie de Paris, et sur le budget defonctionnement de la premièreannée d’exercice de ce nouveau lieude mémoire.

Afin de préserver la mémoi-re du 14 rue de Paradis,l’UJRE et l’AACCE se

sont associées dans une démarchede fondation d’une Associationayant pour objet la transformationdu 14 rue de Paradis en un lieu demémoire vivant, dédié aux étran-gers engagés dans la Résistance, eten particulier, à la Main d’OeuvreImmigrée (MOI), dont les exploitset les sacrifices sont connus, notam-ment à travers l’histoire del’Affiche Rouge.Ce lieu leur serait entièrementconsacré, retraçant l’engagement deces femmes et de ces hommes, etfaisant la synthèse des connais-sances dans ce domaine.

2 peuples 2 états : rencontre au Centre Medem

Création au 14 rue de Paradisd’un Lieu de Mémoire de la MOI

populations issues de l’immigrationmusulmane essentiellement, qui sontaujourd’hui marginalisées et dont uneminorité, qui fait parler d’elle péjorati-vement, donne une fausse image. Noustravaillons à faire en sorte que ces popu-lations puissent participer pleinement àla vie citoyenne (…) Notre mouvementest composé de personnalités de droiteet de gauche (…).On forme en Franceun seul peuple, il est dangereux et injus-tifié d’importer ici un conflit externe etde s’en servir dans un combat pour sestigmatiser les uns les autres. »Clotilde, pour le Mouvement de la Paix:« Genève a ouvert pour nous une troi-sième voie, celle de la paix. Ce qui nousa intéressés au départ dans le pacte deGenève, indépendamment de son conte-nu, c’est que cette initiative ne venaitpas de l’extérieur comme la « Feuille deRoute », mais des intéressés eux-mêmes. Une deuxième raison de soute-nir ce pacte, c’est qu’il reprend les réso-lutions de l’ONU sans essayer de mettrede côté les points qui font mal, commele retour des réfugiés, en essayant aucontraire de trouver des solutionsconcrètes et réalisables. La troisièmeraison est de permettre aux gens de seretrouver ensemble : juifs et musul-mans, mouvements de gauche et d’ex-trême-gauche, malgré leurs différences».Nicolas Gavrilenko précise le but del’UFAL: lier le combat laïque au com-bat social, tant au niveau local qu’auniveau national (membre fondateurd’ATTAC) ou européen où elle feracampagne contre le TraitéConstitutionnel.La deuxième partie de cette soirée - uneheure d’échanges serrés - a abordé lesquestions les plus diverses. La placemanque pour en parler …

Julien Hirszowski

Né en décembre 2003, au lende-main du lancement par YossiBeilin et Yasser Abbed Rabbo

de « l’initiative de Genève » et de lapétition « La Voix des Peuples » de AmiAyalon et Sari Nusseibeh, l’objectif dece Collectif : soutenir toutes les initia-tives en vue d’un accord entre Israélienset Palestiniens.Etaient représentés à cette soirée : LesAmis de Shalom Arshav (La PaixMaintenant), Ni Putes Ni Soumises(NPNS), le Conseil Français desMusulmans Laïques (CFML), leMouvement de la Paix, et l’Union desFamilles Laïques (UFAL). Le CercleMedem est lui-même une des 15 organi-sations fondatrices.Marc Lefèvre, des Amis de la PaixMaintenant : Conscients de la poursui-te officieuse, après Taba, du travail denégociation, qui aboutira à « l’accordsymbolique de Genève », et devant l’in-térêt qu’il suscite dans divers secteursde l’opinion française, les Amis de laPaix Maintenant ont décidé de se rap-procher d’autres associations partageantleurs vues.Riva préside le comité NPNS deMontreuil. Elle rappelle l’implicationpersonnelle du Secrétaire Général deNPNS, Mohammed Abdi, qu’on a puentendre notamment à la Conférence «Bâtisseurs de la Paix » à la Villette. Pourelle, « au sein de Ni Putes Ni Soumises,les initiatives de Genève et de La Voixdes Peuples ont été une véritable bouf-fée d’air. C’était la première fois qu’onentendait un véritable discours de paix,pro-palestinien et pro-israélien puisquepour la paix, l’un ne va pas sans l’autre(…). Il est très important qu’ici enFrance on puisse se dire pro-israéliensans être taxé immédiatement de sionis-te soutenant Sharon. On peut être pro-israélien et pour la paix. »Karim Hervé Benkamla présente leCFML. Fondé par Amo Ferhati, c’est «un mouvement laïque, s’adressant aux

aussi aborder les questions spirituelles». En effet, il estime « que la dimensionmorale est plus solide, plus enracinéelorsqu’elle procède d’une démarchespirituelle religieuse, plutôt que lors-qu’elle cherche sa source dans le débatpolitique ou dans le modèle républicain ».La pesanteur de l’échec des tentativesde sortir du système d’exploitation etd’oppression capitaliste a contribué àbrouiller tous les repères progressistesen donnant prise aux idées de repli reli-gieux et communautaire.

Repli religieux et communautaireconforté aujourd’hui par la mondialisa-tion libérale qui, au nom de la toutepuissance financière, déferle en brisantles solidarités et la sécurité de chacun. Cette tendance, accentuée par le chô-mage massif et l’essor considérable dela précarité, de l’insécurité sociale …,est particulièrement ressentie dans lajeunesse dont les perspectives d’avenirs’assombrissent toujours plus. Sansoublier les discriminations en matièred’emploi, de logement qui frappentplus particulièrement les jeunes issusde l’immigration, français pour la plu-part d’entre eux.

A tout cela, s’ajoute l’accumulation desinégalités qui marginalise une partie dela population, notamment les plusdémunis, quelle que soit leur origine.De plus, ils subissent une véritableségrégation sociale et géographique,qui s’apparente à des ghettos de plus enplus invivables.

Suite en page 6

En prenant appui sur le program-me du Conseil National de laRésistance, la victoire sur le fas-

cisme avait permis de donner, au lende-main de la guerre, un contenu réel à ladevise « Liberté, Egalité, Fraternité ».En soustrayant aux appétits mercantilesdes pans décisifs de l’activité nationale,cette victoire et les luttes qui avaientsuivi donnaient ainsi un sens moderneet concret aux droits de l’homme (créa-tion des services publics, protectionsociale, retraite, amélioration du codedu travail …)

A l’instar du baron Ernest AntoineSeillière, président du MEDEF, c’est àla cohésion – déjà mise à mal par lesgouvernements précédents – née de cemouvement que s’attaque la politiquemenée par le pouvoir et que Sarkozyentend carrément saborder.

Loin de remettre en cause les inégalitésqui seront inévitablement amplifiéespar la politique qu’il préconise, c’estleur encadrement (pour ne pas dire leurinstitutionnalisation) qu’il prône. Ainsi,à la solidarité nationale, il entend sub-stituer la solidarité communautaire.Par conséquent, on aurait tort de sous-estimer sa volonté de faire de la religionet du communautarisme les réponsesaux ravages de la politique ultralibéralequi découlent de son projet.

Pour lui, il est nettement insuffisant deparler « d’économie, de social, d’envi-ronnement, de sécurité. Nous devons

RAPPEL - A vos agendas ! Samedi 12 février à 15 heures,

Assemblée générale extraordinaire de l’UJRE- approbation des comptes - orientation

Le 4 janvier dernier, soirée au Centre Medem* : des représentants d’organi-sations fondatrices du Collectif « 2 Peuples 2 Etats » y précisent les motiva-tions de leur engagement. PNM en rend compte ci-dessous, l'UJRE, qui s'estjointe récemment à cette motion, y était représentée par Julien Hirszowski.

Communautarisme, Eviter L’impasseRoland Wlos

L’AGENDA DE LA MÉMOIRE

- 22 janvier 2005 : PARIS - Rue Geoffroy l’Asnier : Inauguration du nouveau

Mémorial du martyr juif inconnu

- 27 janvier 2005 : AUSCHWITZ 60ème anniversaire de la libération du camp

Inauguration du pavillon français

- 30 janvier 2005 : COLMAR 60ème anniversaire de la libération de la ville

- 7 février 2005 : PARIS Lancement du concours national de la Résistance et de la

Déportation

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4 P.N.M. JANVIER 2005

Le 27 janvier 1945, Auschwitz était libéré.

Une délégation de l’Amicaledes Déportés d’Auschwitz,présente au congrès interna-

tional des prisonniers politiques tenuà Varsovie en février 1946, avaitobtenu de prélever des cendres dansune fosse du camp de Birkenau. Ellessont rapatriées en France, veillées,une nuit durant, à la mairie du XIearrondissement par une garde d’hon-neur puis inhumées dans la 97e divi-sion, au cours d’une cérémonie quiassocie des dizaines de milliers deParisiens, en présence des plushautes autorités, dans une concessiongratuitement concédée par la Ville deParis […]On lit, sur le monument à la mémoi-

re des victimes d’Auschwitz, le beautexte d’Eluard* :Ils ont terriblement souffertIls ont lutté tant qu’ils ont puLorsqu’on ne les tuera plus,Ils seront vengésLe seul vœu de justice a pour écho la vie.

*Extrait de D. Tartakowsky, Nous irons chantez

sur vos tombes, ed. Aubier, Paris, 1999

L’urne contenant les cendres d’Auschwitz traverse Paris.

Crédit photo: FNDIRP

La trêve de Primo LeviEd. Grasset, Paris,2000.Un témoignage à relire,sur la libération ducamp de concentrationd’Auschwitz.

Ce livre s’ouvre sur les derniers joursdu camp :« La première patrouille russe arri-va en vue du camp vers midi, le 27janvier 1945. Charles et moi la découvrîmesavant les autres; nous transpor-tions à la fosse commune le corpsde Somogyi, le premier mort denotre chambrée.Nous renversâmes la civière sur laneige souillée car la fosse commu-ne était pleine et l’on ne donnaitpas d’autre sépulture : Charlesenleva son bonnet pour saluer lesvivants et les morts. »

Les cendres d’Auschwitz au Père-LachaiseExtraits de la brochure de Adam Rayski, intitulée "27 janvier 1945 Auschwitz estlibéré". Cette brochure est diffusée par la Mairie de Paris, les mairies d'arrondisse-ment, les bibliothèques municipales, entre autres.Vous pouvez vous la procurer à l’UJRE 14 ,rue de Paradis en adressant un chèquede 6 euros minimum : 5 brochure + 1 frais d’envoi à l’ordre de l’URDF).

D’origine juive mais élevé àl’Ecole des Komsomols, etsous les armes depuis

1941, j’ai d’abord subi la honte dela retraite devant l’agression alle-mande, puis la misère dans l’hiverrusse, aussi terrible pour nous quepour nos ennemis, avant de ressentirla colère d’un soviétique devant ladévastation de mon pays par lesenvahisseurs. Quand arriva le tempsdes contre-attaques, Staline rassem-bla toutes nos énergies vers lesfutures victoires de la GrandeGuerre Patriotique. L’offensivegénérale du 12 janvier 1945 devaitêtre le combat final, mais la résis-tance de certains éléments de laXVIIe armée allemande nous obli-gea à mener des combats acharnés.C’est dans cet enfer que, le 24 ou le25 janvier, mes soldats capturèrentun groupe de civils armés qu’ilss’apprêtaient à fusiller commeespions ennemis quand je les enten-dis parler entre eux en Yiddish. Jem’approchai et l’un d’eux me cria :« Ya, Franzouski Partizan » (Groupede partisans français). Je décidai deles interroger et j’appris qu’ilsétaient des évadés d’un camp d’ex-termination. J’avais entendu parler de Maïdanekoù des russes, des polonais et desjuifs avaient été massacrés maisj’ignorais que nous étions à proxi-mité d’Auschwitz qui ne figurait

pas sur notre plan d’offensive. Leplus jeune d’entre eux, leFranzouski Partizan s’appelaitRaphaël Feigelson et me convain-quit de prendre ce camp d’où lesnazis venaient d’évacuer, pour lesmassacrer, la plupart des détenus,mais où restaient encore trois millesurvivants malades ou dans un étatde grande faiblesse. Un SonderKommando SS était déjà sur placepour les exterminer et détruire lescamps à Auschwitz et à Birkenaupour effacer les traces du plus grandmassacre de juifs qu’ait connu l’his-toire. Il me semblait pourtantcurieux que notre Etat-Major nem’ait point indiqué cet objectif àproximité de mon secteur, mais jepensais qu’une autre unité avait étéchargée de libérer ce camp. Devantl’urgence de la situation, je modifiaimon ordre de route portai mes com-bats d’avant-garde vers Auschwitzsans rencontrer aucun des nôtres.Conduits par Raphaël Feigelson quifut un exemple de bravoure au coursde notre attaque, nous prîmes lesallemands de revers et noshéroïques soldats investirent la zoneconcentrationnaire. Les S.S. surprispar notre arrivée soudaine, nepurent, ni détruire le camp, ni mas-sacrer les survivants, ni s’enfuir :pas un n’en réchappa pour informerHitler et ses complices que lemonde allait connaître l’ampleur et

les moyens de leur crime. Je ne sau-rai dire aujourd’hui quelle fut monhorreur en pénétrant dans ces lieux,ni la souffrance que je ressentisquand des patrouilles que j’avaisenvoyées plus avant me rapportèrentnotamment les massacres de la forêtde Gleiwitz. Si Dieu n’avait mis surmon chemin le Franzouski Partizan,Auschwitz aurait disparu de l’histoi-re avant l’arrivée de notre armée carles S.S. avaient pour mission dedétruire le camp et ses installationsde meurtres et de tortures, la gare,les archives... Les cadavres dans lesruines auraient ajouté leur impuis-sance au silence des six millions demorts massacrés une deuxième foispour l’éternité. De ce que je viens deraconter, j’informai notre Etat-Major qui, m’ayant félicité au nom

du Maréchal Koniev de mon initia-tive, m’ordonna de regagner aussi-tôt le secteur qui m’avait été assi-gné en rattrapant coûte que coûte letemps que j’avais perdu.Après de durs combats de nettoya-ge, auxquels participa RaphaëlFeigelson avant de nous quitter afind’être sûrs qu’aucun groupe S.S.n’avait réussi à nous échapper, jeregagnai l’objectif fixé par monordre de route en avance sur lesdélais prévus. Ainsi le détour quej’avais fait à Auschwitz, loin d’af-faiblir mon secteur du front, avaitpermis d’enfoncer un coin dans lesdéfenses allemandes.

Récit communiqué par R. Feigelson de la sortie d’Auschwitz dit par un officier juif de l’Armée Rouge, commandant une formation de la 97ème division de la LXèmearmée du 1er Front d’Ukraine

Pour mémoire garder !

FONDS EN DESHERENCE DANS LES BANQUES ISRAELIENNES

Les cinq pricipales banques israéliennes vien-nent d'accepter les conclusions de la commis-sion d'enquête de la Knesset sur les comptesen deshérence des victimes de la Shoah.Sans vouloir admettre avoir fait preuve demauvaise foi ou d'intention de cacher quoique ce soit, les banques admettent qu'un mon-tant total de plus de 300 millions deNov.Shekel pourrait être remboursé auxayants-droit, s'ils existent.(Un vaut 5,67nouveaux shekel environ).La Commission présidée par MadameColette Avital constate que des montants lar-gement supérieurs seraient dûs par l'Etatd'Israel, détenteur de ces fonds vial'Administrateur Général des biens en deshé-rence (Custodian General selon le termeanglais)Mme Avital affirme que si les banques etl'Etat avaient agi avec l'énergie voulue, il n'yaurait pas eu d'affaire.Répondant à certaines critiques venant dupublic, les banquiers israëliens ont protestécontre l'assimilation de leur comportement aucomportement des banques suisses. Parcontre, M. Efraim Zuroff, directeur du bureauisraélien de la Fondation Wiesenthal, s'in-digne de cette attitude : "Dieu seul le sait,nous sommes un Etat Juif. Et voici qu'à laveille du 60° anniversaire de la libérationd'Auschwitz nous n'avons pas pris les dispo-sitions nécessaires pour restituer à des juifsleurs économies confiées à des banquesjuives dans le pays d'Israel".

Meir Avni, avec Jerusalem Post

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Dans la terminologie nazie, lepréfixe sonder prend souventune signification sinistre.

Sonderbehandlung (traitement spé-cial) désignait la mise à mort ;Sonderaktion (action spéciale) vou-lait dire, en général, assassinat enmasse ; Sonderkommando était lenom des commandos chargés de lamise à mort. A Auschwitz, cepen-dant, il en était autrement ; le nom deSonderkommando avait été donné àl’équipe de Juifs chargée d’assisterles SS lors de la mise à mort desdétenus.Entendons-nous bien : aucunmembre du Sonderkommando n’amanipulé l’instrument de la mort.Seuls les SS introduisaient le gazdans les chambres à gaz. LeSonderkommando ramassait lesvêtements de ceux qui allaient à lamort entièrement nus. Ensuite, quandles gaz avaient fait leur effet, il enle-vait les cadavres, extrayait les dentsen or, retirait les bijoux ou les valeursque les détenus avaient pu cacherdans les cavités anatomiques, puisentassait les corps dans les fours cré-matoires. Lorsqu’il y avait trop devictimes, on installait des bûchers àl’air libre. Là aussi, des hommes duSonderkommando étaient utilisés.

Les membres du Sonderkommandoétaient ceux dont l’espérance de vie

était la plus limitée etils en avaient conscience.

Comment entrait-on auSonderkommando ? Les survivantsdu camp affirment tous que cela nedépendait nullement de la volontédes détenus, puique c’étaient les SS,ou les kapos allemands, qui les choi-sissaient. Cependant il faut remar-quer que ces survivants cherchentvisiblement à se distancer le pluspossible des hommes duSonderkommando.Ces derniers, tant qu’ils restaient envie, étaient matériellement favorisés,par rapport aux autres détenus. Ilsavaient droit à des rations alimen-taires très supérieures. Tel était le caspartout. A Auschwitz, où la main-d’œuvre était surabondante, lesSonderkommandos étaient périodi-quement renouvelés. Bon nombre dedétenus du kommando ne résistaientpas à la tension morale : ils se suici-daient ou se laissaient dépérir.D’autre part, les SS eux-mêmes sup-primaient de temps en temps tout oupartie du kommando, puisant dans lamasse des détenus pour les complé-ments nécessaires.Donc, parmi tous les détenusd’Auschwitz, qui se savaientcondamnés à mort, les membres duSonderkommando étaient ceux dontl’espérance de vie était la plus limi-tée et ils en avaient conscience.

quatre ont été pendues devant plu-sieurs centaines de déportées qu’onavait sorties de force de leur block.Lorsque les hommes duSonderkommando apprirent quel’opération était remise, ils durentprendre une décision. Ils savaient,eux, qu’ils étaient condamnés à trèscourt terme. Ils avaient mêmeconstaté que les SS avaient retiré duKommando un certain nombre deleurs camarades, qu’ils avaientemmenés vers une destination qui,pour être officiellement inconnue,n’en était pas moins aisée à deviner.Au sein du Sonderkommando,quelques communistes exerçaient

une grandeinfluence, enp a r t i c u l i e rJ a c q u e sH a n d e l s m a n ,militant d’origi-ne polonaisedéporté de Paris,Président del ’ A s s o c i a t i o ndes Amis de laNaïe Presse, etson camarade etami Joseph

Dorembus (Warszawski), déportéen même temps que lui.Plus isolé du monde extérieur quene l’était le Comité, leSonderkommando se trouvaitdevant un dilemme : se laisser mas-sacrer sans résistance, ou bien agirseul, s’exposant à une mort certai-ne, et risquant d’entraîner aussidans la débâcle les résistants del’extérieur.Au début de novembre 1944, leshésitations du Sonderkommandofurent dissipées. Un kapo, particu-lièrement détesté, surgit au milieud’un groupe de conjurés, et lesmenaça de les dénoncer. Perduspour perdus, les conjurés supprimè-rent séance tenante le personnage.Ils attaquèrent ensuite les SS, cher-chant à s’ouvrir de vive force unchemin vers l’extérieur.La bataille se prolongea pendant delongues heures. Les juifs duSonderkommando surtout polonaiset grecs, soutinrent un combatinégal. Ils réussirent à incendier undes crématoires. Finalement, ilssuccombèrent sous le nombre.Il y aurait eu environ 27 survivantsde la révolte du Sonderkommando.Par ce soulèvement, ce groupementdes plus malheureux parmi les mal-heureux des juifs de l’Europe touteentière, réuni par la volonté de leursbourreaux, a prouvé, en se soule-vant, qu’il avait su rétablir l’unitédu peuple juif par-delà les fron-tières.Dans le projet de faire sauter lesfours crématoires, un rôle trèsimportant incombait au groupe de

Le comité de résistance du campenvisageait un soulèvement à l’ap-proche de l’Armée rouge, de préfé-rence en coopération avec laRésistance polonaise. Le 9 juillet1944, l’Armée rouge commençaune grande offensive, qui remportade brillants succès sur la plupart desfronts. Toutefois, au nord desCarpates, ces succès furent pluslimités. Parti de la ligne Kowel-Loutzk-Ouest de Tarnopol, le 1erfront ukrainien du maréchalKoniev, aidé ensuite par le IVeFront du général Petrov, submergeala Galicie, détruisit un corps d’ar-mée allemand à Brody, s’empara deLwow, fran-chit le San etla Vistule,mais fut fina-lement arrêtéà l’est de laligne Kielce-Tarnow, soit àplus de centk i l o m è t r e sd’Auschwitz.Le front sestabilisa pen-dant la secon-de moitié du mois d’août.Durantce même mois, l’insurrection natio-nale polonaise de Varsovie, dont ledéroulement ne manqua pas detraumatiser toute la résistance polo-naise, s’acheva en tragédie.Le comité de résistance d’Auschwitzse voyait obligé de modifier sesplans et d’ajourner le soulèvement.Mais, ce faisant, il acceptait lerisque de voir le Sonderkommandoexterminé sans combat…Toute autre était la position duSonderkommando. Ces hommesavaient réussi à se procurer desmunitions et des explosifs.C’étaient quelques femmes juives,travaillant aux usines d’explosifsUnion, à Auschwitz, qui les leuravaient fait parvenir. La principaleinstigatrice de cette contrebande siparticulière fut la jeune RosaRobota, originaire de Ciechanov,membre du mouvement sionisteHachomer Hatzaïr. Rosa Robotaravitaillait aussi en explosifs lesrésistants du camp principal. Elleavait des contacts avec NoahZabludowicz, également deCiechanow, avec Moshe Kulka etIsraël Gutman, peut-être avec un oudeux autres.Dans le projet de faire sauter lesfours crématoires, un rôle trèsimportant incombait au groupe derésistance de jeunes filles juives quitravaillaient dans le pavillon defabrication de poudre de l’usine «Union », implantée dans le camp.Elles furent quatre, Roza Robota,Ella Gärtner, Esther Wajchblum,Regina Safirsztein. Toutes les

résistance de jeunes filles juives quitravaillaient dans le pavillon defabrication de poudre de l’usine «Union », implantée dans le camp.Elles furent quatre, Roza Robota,Ella Gärtner, Esther Wajchblum,Regina Safirsztein. Toutes lesquatre ont été pendues devant plu-sieurs centaines de déportées qu’onavait sorties de force de leur block.Parmi les autres grands actes derésistance, on relève le tour de forcede Szmulewski, qui a réussi à pho-tographier une exécution et des cré-mations – et a réussi à transmettreces images à Londres, grâce à descontacts avec la Résistance polonai-se.Quelques juifs ont réussi à s’évaderd’Auschwitz et à porter témoignage– sans succès, hélas. Ainsi, RudolfVrba (Wetzler) et WalterRosenberg, deux juifs de Slovaquie,ont rejoint leur pays, se sont adres-sés à la communauté juive « légale» et ont fourni leur témoignage.Vrba a été même reçu par un ecclé-siastique de la NonciatureApostolique. Vrba voulait alerterles juifs de Hongrie sur la menaceimminente qui pesait sur eux. Lesdirigeants de la communauté juiven’en ont rien fait.Toutefois, le rapport de Vrba etRosenberg est parvenu en Suisse,puis en Angleterre et a été rendupublic dans la presse. Il a été utilisécomme pièce à conviction auProcès de Nuremberg.On peut conclure le chapitreAuschwitz par cet extrait du procès-verbal de la conférence militaire duFührer du 27 janvier 1945 :« Dans le secteur de la XVIIearmée, des combats acharnés sesont engagés. Les attaques ont puêtre contenues sur une ligne conti-nue, depuis l’espace de Richau jus-qu’à Auschwitz. Auschwitz même acependant été perdu. »Hitler lui-même n’a pas fait decommentaire. Le nom d’Auschwitzne figure plus nulle part dans lesdocuments nazis.A noter le rôle considérable jouépar Hermann Langbein, détenupolitique autrichioen (il était com-muniste à l'époque), qui jouissaitde quelques "privilèges" au camp,en sa qualité de Reichsdeutsche.Langbein a réussi à intégrer dansl'infirmerie du camp un certainnombre de médecins juifs.Auparavant, ceux-ci n'y avaientpas accès. Directement et indirrec-tement, des dizaines de détenusjuifs lui devaient leur survie.

Article extrait de «La Révolte desJustes, les juifs contre Hitler 1933-1945» par Lucien Steinberg,Fayard Paris 1970 (pp 507-510)

La révolte du SonderKommando

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Le BILLET de L SJean-Marie Le Pen trouve gênantqu'on ne parle plus de lui. Il se rap-pelle à notre souvenir, à sa manière.Il choisit le journal d'extrême-droiteRivarol. Tirage relativement modes-te, mais Le Pen sait comment fairepour que ses propos soient repris parles media. En commençant par lequotidien vespéral de référence.Le Pen n'est pas juriste pour rien. Ilchoisit ses phrases, ses paroles, defaçon à ce qu'elles portent loin, frô-lant l'illégalité, mais la frôlant seule-ment. Le propos ignoble n'est pastoujours illégal...L'occupation allemande de la France"n'a pas été trop inhumaine" et laGestapo est même intervenue pourprotéger la population civile. Si l'oc-cupant avait procédé à des fusilladesmassives, il n'aurait pas eu besoin decamps de concentration, affirme-t-il.Ce qui permet d'insinuer que lescamps en question étaient des lieuxde protection. Du coup, l'assassinatpar les gaz des 76 000 Juifs, l'assas-sinat et les tortures des dizaines demilliers de résistants déportés deFrance sont prestement évacués.Le soussigné, qui a interrogé longue-ment Helmut Knochen, ci-devant"Kommandeur" de la police de sécu-rité et du SD en France (la Gestapoen étant une direction), n'a jamaispensé à me dire que le rôle de seshommes était de protéger la popula-tion civile. Il insistait sur le fait qu'ildisposait d'effectifs trop modestes -quelque 1500, y compris les chauf-feurs, télégraphistes et dactylos.Les multiples fusillades par cen-taines - rappelons juste les noms:Mont Valérien, polygone d'Issy lesMoulineaux, Châteaubriant, Nantes,Souges, Camp de Strutthof,Schirmeck, les pendus de Tulle et deNîmes - auraient donc été des hautslieux d'humanisme...Les enfouis dupuits de Guerry, retrouvés après laLibération, ne l'ont pas été de façontrop inhumaine.Le choix du moment de ces déclara-tions n'est pas fortuit, lui. A quelquesmois des célébrations de laLibération, à quelques jours du6O ème anniversaire de la Libérationd'Auschwitz il était certain de fairedu bruit, de faire parler de lui. Mêmeson silence sur les Juifs est retentis-sant par son non-dit.Le lecteur jugera...NDLR : Adam Rayski fournit unenote d'André Lavagne, chef du cabi-net civil du maréchal Pétain. Le 6février 1943 Lavagne écrivait: "detous les pays d'Europe c'est laFrance qui, avec l'Allemagne, persé-cute le plus les Juifs" (ArchivesNationales, cote 2 AG-415). Notonsqu'après la guerre, Lavagne devintconseiller juridique de l'épiscopatfrançais.

Nom UJRE PNM

APTEKIER Simon 30 20

ARDITI Joe-Irène 30 50

AVRAMOV Mina 90 60

BAUMGARTEN Samuel 30

BEHREND Charlotte 50

BEN SOUSSAN Jacques 50

BERCOVITZ Régine 75 25

BERIL Henri 20

BLOTNIK Roland 50

BOURSTIN Robert 15

BRAFMAN Jean 60 50

BRUDNY Jacques 30

BURSZTYN Henri 50

CERNOGORA Jacqueline 60 30

COHEN Janina 50

DE LUBERSAC Renée 10

DELRANC-GAUDRIC Marianne 30

DIMET Suzanne 30

DUFFAU Georges 50

EIDELIMANN Esther 40

EKMAN Adolphe 40 10

EPELBAUM Jean-Marc 50

ESTRADE Henriette 50

FERET Yves 30

FRAJERMAN Claude 30

GELB Georges 30

GELBARD Maurice 50

GENDRIN-KLEIN Janine 50

GINGOLD David 80

GINGOLD Sigmund 30 20

GOLDSZTEIN Dora - Debora 20

GOLGEVIT Jean 20 50

GROSSVAK Louis-Philip 50

GRYKA Simone 30

GRYNSZPAN Joseph 70 30

IDELS Monique 25 25

IZBICKI Bernard 30

JACQUOT Blanche 100

JEANMAIRE Wolf 30

KLAPISZ Geneviève et Daniel 50

KOLODKINE Paul 50

KWATER Perla 100

LANTNER Ida 100 50

LAUFMAN Alice 25

LIEPCHITZ Armand 10

LISSNER Guta 50

LISTER Sarah 100

LUSTMAN Hélène 20 30

LUSTMAN Julius 50

LYON-CAEN Pierre 100

MARCOVITCH Rosalie 50

MOCHE Elie 10

MULDWORF Bernard 60 50

NAHUM Odette 50

OBARZANEK Renée 30

PALANT Charles 50

PENAUD Suzanne 20

PINKSTEIN Eliane 10

SOUSCRIPTION N° 19 arrêtée au 21 Janvier 2005

POUILLOT Hinda 20

RADZYNSKI André 30

ROK Roger 30

ROZENHOLC Samuel 60 30

ROZENSZTEJN Estéra 50

SALZENSTEIN Simon 20

SARCEY Paulette 100 50

SCHMER Christiane et André 30

SELIGMANN Francette et Pierre 60 30

SKROBEK I. et T. 60 50

SPECULANTE Joseph 30

STEINBERG Max 50

SZEIER Isidore 30

SZERMAN Rosette 20

SZKOP Claude 15

TROTSZKY Claude 30 20

UZAN Lucien 20

VENGER Samuel 30

WEINSTEIN Max 50

WIZENBERG Daniel 25 25

WLOSZCZOWSKI Robert 30

ZUCKERMAN Alex 50

ZYLBERBERG Gus 30

TOTAL 2325 1850

.(*) sauf mention explicite (carte, réabonnementou don), les règlements reçus sont imputés enpriorité en renouvellement d’abonnement, puis endon.Pour rappel, l’adhésion à l’UJRE et les dons (UJRE,PNM) sont déductibles des revenus déclarables

Sur un tel terreau, les prêcheurs de solu-tions communautaires de toutes obé-diences ont un véritable espace pour dési-gner des boucs émissaires, et faire passerleurs discours haineux, racistes, antisé-mites et communautaristes.Les injustices, la violence et les impassesactuelles de la situation internationale ris-quent de susciter une perception condui-sant aussi au repli. Ce mouvement est éga-lement favorisé par la situation du Proche-Orient, qui sert bien souvent d’alibi auxviolences racistes et antisémites.Même, si en raison de leurs origines, onpeut comprendre que certains se sententsolidaires d’un camp ou de l’autre, latransposition de ce conflit en France vatotalement à l’inverse d’une solution justeet durable.Car, comme le fait remarquer Théo Klein,« seuls la parole, le dialogue, la recon-naissance mutuelle peuvent sauver l’ave-nir de ces deux peuples, trop jeunes d’ex-périence politique et trop vieux d’enfer-mement religieux ».Ajoutons qu’assimiler cet affrontement àune guerre de religion, peut conduire auxpires dérives communautaires, comme ilen existe malheureusement dans d’autrespays.Dans cet esprit, il convient de rejeter unevision communautaire qui fait de tous lesjeunes français d’origine maghrébine unmusulman, ou de chaque juif, un ennemihéréditaire. Cet amalgame a pour consé-quence que soit taxé d’antisémitisme qui-conque exprime son désaccord avec le

sionisme, ou celui qui critique la politiquedu gouvernement Sharon. Ce que suggèrele rapport de Jean-Christophe Ruffin, mal-gré, par ailleurs, une analyse pertinente surcertains aspects.En tout état de cause, même si les attentatsaveugles qui frappent les populationsciviles, et les représailles de l’armée israé-lienne sèment la terreur, brouillent lescartes, il faut dire qu’il s’agit avant toutpour l’Etat d’Israël d’une politique colo-niale. Et l’occupation qui constitue le prin-cipal obstacle à la paix, brime les droits dupeuple palestinien et son aspiration à unesolution pacifique, comme il vient d’entémoigner récemment.La visite de Sarkozy au Proche-Orient,ignorant les palestiniens, et apportant unsatisfecit à Sharon, se situe bien dans lesillage de George W. Bush.Rien d’étonnant puisqu’il partage avec luiune conception qui n’a rien à voir avec lesfondements républicain et laïque de notrepays, notamment quand il évoque la discri-mination positive, moyen de sélectionnerune élite sans donner de véritables moyenspour une réelle égalité dans la promotionde tous.C’est d’ailleurs dans cette logique qu’ilprône, par exemple, la remise en cause dela loi de 1905 sur la séparation de l’égliseet de l’Etat, alors que la laïcité est un espa-ce de liberté qui affirme la liberté deconscience, de culte, d’opinion … C’estpourquoi elle constitue un réel progrès decivilisation. Jaurès en son temps ne met-tait-il pas même en évidence le lien entre la

laïcité et la vocation sociale de laRépublique ?Quand on fait le constat aujourd’hui quele lien communautaire progresse, rienn’est plus urgent que d’agir pour promou-voir un autre lien social en faisant reculerl’injustice, les inégalités, les discrimina-tions et, par conséquent, contribuer à denouvelles avancées dans la reconnaissan-ce de la dignité de chaque citoyen, dechaque individu en faisant évoluer lesconsciences. Pour ce faire, la responsabi-lité de l’ensemble des institutions républi-caines, l’école, la justice, les médias, lesforces sociales et politiques, est posée.Tous doivent se mobiliser en permanencepour faire reculer ce qui risque de désa-gréger la société.C’est la solidarité qui est le fondement del’humanité.Il y a quelques années, un diplomate del’ONU faisait remarquer que l’on a beauêtre en 1ère classe d’un avion, s’il y a unebombe dans la 2ème classe, on ne sera paspour autant épargné.La catastrophe de l’Océan Indien quivient de marquer à jamais la fin de l’andernier, montre à l’évidence que personnen’est à l’abri.Comme l’a dit, dans le même esprit quece diplomate, le philosophe Michel Serres: « tout d’un coup, l’humanité prendconscience qu’elle constitue un équipageunique, par delà les langues, les civilisa-tions et les cultures, et qu’elle est embar-quée sur le même bateau. »

Roland Wlos

Communautarisme (suite de la page 3)

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THEATRE

LIVRES

de la rue si l’on veut, ces mots signi-fiaient simplement pénis. Etentendre un orateur répéter ceci àlongueur de discours- c’était troppour le garçon de neuf ans qui n’a puéviter le fou rire ; au grand scandaledu public.Votre chroniqueur n’est pas enmesure de restituer la caractèrevivant de ce livre, qui raconte pour-tant une période révolue. Amos Ozs’est installé à l’âge de 15 ans aukibboutz Hulda – après le suicide desa mère et le remariage de son père.Au kibboutz, d’ailleurs, il serapresque « le vilain petit canard »,intellectuel perdu dans ses pensées.Sa chance sera que ledit kibboutzavait besoin d’un enseignant, ce quia permis à Amos Oz d’aller àl’Université hébraïque de Jérusalem– premiers pas dans la carrière d’undes grands écrivains de notre temps.Si vous ne voulez lire qu’un auteurisraélien, lisez ce livre d’Amos Oz.

(°) Editions Gallimard, Paris, 2004,543 pagesLucien Steinberg

Nathan le Sage «Tant que deux hommes continue-ront à échanger,

on ne pourra pas totalement déses-pérer de l’Humanité ». Lessing

J'ai vu et je recommande "Nathanle Sage" (°), une pièce (1779) dudramaturge allemand G. Lessing.Fils de pasteur, proche du philo-sophe Moses Mendelssohn, quimilite pour l'intégration des juifsau sein de la société allemande,Lessing combat l'obscurantismeavec intelligence et détermination.Marqué par la philosophie des

Lumières, admirateur et traducteurde Diderot, dont il est le contem-porain, il redécouvre, avant lesromantiques, les tragédies deShakespeare où nos écrivains clas-siques ne voyaient que vaineemphase.

Cette double paternité l'a-t-elleaidé à trouver sa veine personnel-le? En tout cas, avec cette joliefable, située pour les besoins de lacause dans la Jérusalem du XIIèsiècle, il nous offre une délicieuseet poétique leçon de tolérance. Eneffet, tout oppose au départ le juifNathan, le croisé (du terrible ordre

agréable soirée. Un rêve : chré-tiens, musulmans, juifs réunis dansl’humour, la sagesse et le respectmutuel. La dernière a eu lieu le 8janvier. Espérons qu'il y aura unereprise !

Compagnie Passeurs deMémoires, 5 Colline de laRavinière, 95 520 OsnyTel /Fax : 01 30 32 13 25

Email: [email protected]

TRS/NM

(°) Texte français de DominiqueLurcel , déposé à la SACD /2004,disponible sur le site de l’UJRE

des Templiers) et le sage Saladin.Le sage Lessing les aide, il est vrai,à se mettre d'accord sur un pointessentiel: leurs trois religions sontégalement respectables. Aucune nesaurait donc se considérer commela seule vraie, à l'exclusion desautres.

Servie par la sobre mise en scènesobre de Dominique Lurcel, lecarré Silvia Monfort et le jeu effi-cace des acteurs, notammentSimon Bakhouche (Nathan),Samuel Churin (le Templier) etBernard Malaka (Saladin), cettepièce m'a fait passer une très

CULTURE

UN GRAND ROMAN DE AMOS OZ

Avec Une his-toire d’amouret de ténèbres,

Amos Oz nous fournitune chronique à la foisfamiliale, sociale etpolitique d’une famille

israélienne - la sienne - à partir duXIX° siècle et jusqu’aux premièresannées de l’Etat d’Israel(°).Né en 1939, l’auteur est aujourd’huiun des très grands de la littératureisraélienne. Il est aussi très actif surle plan social et politique. Un desfondateurs du mouvement ShalomAkhchav.Il a reçu de nombreux prix littéraires,en Israël et à l’étranger.Il s’agit d’une famille de déracinés,venus de régions ayant appartenu àl’Empire des Tsars – Pologne,Ukraine, Lituanie, après avoir transi-té parfois par Prague et la Suisse.Les parents de l’auteur, des intellec-tuels d’élite – son père parlant 15 ou18 langues différentes et sa mèreayant été à l’Université, vivent, aumoment de la naissance de l’auteur,dans un logement au sous-sol plutôthumide dans un quartier délaissé deJérusalem (Kerem Abraham),deuxpièces 30 m2 en tout. Un pays où il yavait à l’époque davantage de profes-seurs d’université, ou de candidats àcette dignité, que d’étudiants.Sa famille, orientée à droite, ne fai-sait pas partie des « pionniers » des «haloutzim », considérés comme desbolcheviks (ce qu’ils n’étaient nulle-ment). Tchekhov, plutôt que Tolstoïétait l’auteur préféré, encore que lepère de l’auteur se référait volontiers

à des textes assyriens, chaldéensvoire amhariques.Mais on a un aperçu de la vie litté-raire juive d’Odessa ou de Pologne àla fin du 19° siècle, où, commel’écrit Oz, se trouvaient de nom-breux auteurs qui se rejoindraientdes dizaines d’années plus tard, sousla forme de noms de rues à Tel Avivou Jérusalem.L’ouvrage fait penser à un grand filmjaponais, Rashômon. L’auteur donnela parole à plusieurs personnages, àplusieurs reprises, qui disent à la foisla même chose et des choses diffé-rentes. Une grand-mère, viragotyrannique, craignant les « microbesdu Levant », un oncle, le grandsavant Joseph Klausner, le père poly-glotte qui glisse dans la logorrhée, lamère, fine intellectuelle qui se suici-de à 38 ans.En toile de fond les dernières annéesdu mandat britannique en Palestine,la lutte de l’Irgoun contre lesAnglais, la presse clandestine. Puisla guerre de 1947-1948 et les bom-bardements de Jérusalem. Du coup,le petit logement devient abri contreles tirs d’artillerie – abri recueillantles voisins. Discussions intermi-nables dans les cafés littéraires deJérusalem, où le petit Amos étaittraîné avec interdiction, de parler. Cequi développa chez lui l’esprit d’ob-servation. Grande déception : l’ap-parition de Menahem Begin, chef del’Irgoun, qu’on n’avait jamais vu etqui, loin d’être un géant, est un per-sonnage de taille très moyenne. Deplus, il emploie l’hébreu littéraire, cequi entraîne des quiproquo parfoisgênants. Le mot « armes » était pro-noncé là-bas « kleï zayin ». Maisdans l’hébreu courant d’Israël, celui

La vie à en mourir

J’ai assistéle 9 janvier,au théâtre

Paul Eluard deChoisy le Roi, àla lecture de 12 lettres defusillés, 3 parannée (1941 à1944), issuesdu livre édité

par le Musée de la résistance deChampigny sur Marne « La vie àen mourir ». Moment très émouvant. Chaquelettre est suivie de la biographie del’auteur, qu’il soit symbole de laRésistance (Joseph Epstein,Honoré d’Estienne d’Orves,Missak Manouchian) ou simplerésistant, ou otage, de tous âges etsensibilité politique, religieuse,philosophique. On est frappé de ladiversité des membres de laRésistance …La lecture fut suivie d’un débat, oùla question de la transmission futprincipalement posée,« … pour qu’ils ne soient pas mortspour rien », l’intérêt de la salleallant à de nouvelles formes detransmission, peut-être plus cultu-relles que commémoratives … Eric Cénat du Théâtre de l’Imprévuet notre ami Max Tzwangue,ancien résistant FTP-MOI, ontaussi fait part de l’intérêt suscitépar leurs lectures et témoignagesdans les institutions qui lesaccueillent (théâtres, lycées, mai-sons de détention…). Leurs prochaines lectures : le 10mars au Lycée Charles le Chauvede Roissy en Brie, et au printempsà la Maison d’arrêt de Fresnes.Souhaitons-leur de nombreusesautres occasions de se produire !

TRSPour tous renseignements :

Théâtre de l’Imprévu, 108 rue deBourgogne, 45000 ORLEANS

Tél : 02 38 77 09 65

MUSIQUE

Lundi 14 février à 20:00, Gala desoutien au profit de la Maison de laculture yiddish - BibliothèqueMedem au Théâtre Marigny :Groupe klezmer Les Zemerrantes,Talila, Mike Burstyn.

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Grand-mère, raconte... parle-moi encore de mon papa. Tum’as déjà raconté qu’il était

un tout petit enfant pendant l’ef-froyable guerre et que toi, sa maman,tu as été déportée quand il n’avaitque 6 ans. Il est resté chez des per-sonnes étrangères - comme c’est ter-rible ».C’est ma petite-fille qui me parleainsi.Une fillette élancée, aux traits fins.Ses grands yeux bleus me touchentjusqu’au fond du cœur.Elle veut savoir. Elle veut tout savoir: d’où vient le numéro tatoué surmon bras, pourquoison père devait êtremalheureux quand ilétait enfant. Elle aimebeaucoup son père.Elle déteste la guerre.Alors, je me dis : Elledoit savoir. Et je luiraconte ce qui s’estpassé le 16 juillet1942.« Mon petit garçondormait encore, maismoi, j’étais éveillée.La veille, le mouve-ment de Résistanceavait diffusé un appelmettant en garde lapopulation juivecontre les arrestations. Onconseillait de ne pas ouvrir la portequand la police viendrait nous arrê-ter. Il faisait encore nuit quand ilscommencèrent à taper dans lesportes des logements juifs.Et ... les voici à notre porte. En silen-ce, sans un bruit, je m’installe prèsdu lit de mon petit garçon, prend sapetite main avec douceur. Il seréveille. Je porte un doigt à labouche, lui faisant comprendre qu’ildoit se taire. Nous retenons notrerespiration. Il me regarde en silence.Tout en moi est douleur et révolte. Jeme demande : qui peut comprendrela peur d’un enfant innocent ?Les coups des policiers se firentlongtemps entendre. Je les entendsemmener mes proches voisins, debien braves gens. Nous discutionssouvent le soir, car les juifsn’avaient pas le droit de se trouverdehors après 20 heures. Les poli-ciers n’ont pas défoncé ma porte.Quand ils s’en allèrent, nous quit-tâmes prudemment notre logement.J’ai appris plus tard, que de nom-breuses mères, avec bébés, desvieillards, des malades, avaient étéenfermés au Vélodrome d’hiver ».« Oui », dit ma petite-fille, « j’ai lule livre de Pierre Gamarra que tum’as offert pour mon anniversaire.J’y ai lu le chapitre qui parlait du «Jeudi noir ». C’est tellementeffrayant. Presque incroyable ».Elle devient pensive, puis me

demande : « mais où se trouvait pépéCharles ? » (l’autre grand-père, ellel’appelle Papi).« Tu sais, lui réponds-je, que pépéCharles et moi sommes venus dePologne. Nous sommes tombésamoureux de Paris, en dépit de nom-breux jours sans pain. Quand laguerre éclata, pépé s’engagea,comme de nombreux juifs, dans l’ar-mée française pour combattrel’Allemagne hitlérienne».« Je comprends », fait-elle, « ainsi,tu es restée seule avec ton enfant.Oh, grand-mère » - ma petite-fillem’enlace et se presse fort contre moi

- tu sais combien noust’aimons. Mon papa t’ap-pelle « mameniou » (peti-te mère) et ma mamanaussi. Elle ne connaît pasle yiddish, mais elle aimeles chansons juives que tuchantes. Je me souviensencore de la berceuse quetu nous as apprises, à moiet à mes deux petits frères.Mais raconte, raconteencore ...« En août 1944, Pariss’était libéré, mais moij’étais encore àAuschwitz. Le camp ne futlibéré qu’en janvier 1945par l’Armée Rouge. Mon

enfant se trouvait dans une famillepaysanne. Les camarades de laRésistance veillaient sur lui aprèsmon arrestation. Tout de suite aprèsla libération de Paris, ma sœur arri-va de Bruxelles où elle avait passé laguerre en militant dans laRésistance - pour rechercher monenfant, le petit-fils de nos parents.Leurs trois enfants avaient étédéportés et leur plus jeune fils âgéde 22 ans, avait été fusillé par lesfascistes allemands. Ma sœur, tatante Guta, pensait, que mon enfantles aiderait à supporter cette cruelleépreuve.Quand, non sans difficultés, elle seprésenta pour reprendre l’enfant, ils’avéra que la famille adoptives’était fortement attachée à lui et nevoulait pas qu’il les quitte.Tante Guta discuta longuement,mais les paysans restèrent sur leurposition. Surtout la femme. Elledisait : « sa mère ne reviendra pro-bablement pas. Si son père revient decaptivité, alors nous verrons ».Devant l’insistance de ma sœur, lafemme déclara : « Savez-vous ?Demandons à l’enfant. Que lui-même décide ». Elle pensait sansdoute, que lui non plus ne voudraitpas les quitter. « Je m’imagine fortbien », dis-je à ma petite-fille, « latension de ce pénible moment. Lecœur de chacun des présents trem-blait. Tante Guta sentit son sang seglacer dans ses veines. Mais elle se

CE QUE J’AI RACONTE A MA PETITE-FILLEParu dans la Presse Nouvelle du 3 janvier 1981

maîtrisa, n’osant ajouter un mot deplus. Tous se taisaient dans uneattente inquiète. Et le petit Jeannot,alors âgé de 7 ans, embrassa de sontendre regard les gens assis autourde la table, se leva, vint vers la tanteGuta et lui dit : « Je ne te reconnaispas, mais je sens que je dois alleravec toi ».Je me tus. Les larmes m’étouffaient,comme la première fois que ma sœurm’avait décrite cette scène. Quand jevis deux grosses larmes dans lesyeux de ma petite-fille, je souris,l’enlaçai et lui dit :« La prochaine fois, je te raconteraila joie de ton papa quand nous noussommes retrouvés après la libéra-tion. Et plus tard, bien plus tard, lajoie de ton papa quand sa fille, toi,Hélène chérie, tu es venue aumonde. »Mais elle me presse : « Tu dois enco-re me raconter beaucoup, beaucoup... »

Et je le lui promets.Eva Golgevit

Le grand journal italien COR-RIERE DELLA SERA alancé un débat, dans ses

pages culturelles, sur la position dupape Pie XII concernant les enfantsjuifs cachés pendant la guerre dansles églises et autres établissementsreligieux en France. Le débat a com-mencé le 28 décembre 2004 et sepoursuivait encore le 14 janvier 2005. A la base du débat, la parution (en

italien) d'un volume concernant l'ac-tivité du nonce apostolique AngeloRoncalli - futur pape Jean XXIII - enFrance entre 1945 et 1948, oeuvred'Etienne Fouilloux(°).Nous ignorons si et quand cet ouvra-ge sera traduit en français. Le débatse concentre sur la portée d'une ins-truction du Saint Office, retransmisele 23 octobre 1946 et publiée parl'historien italien Alberto Mellonidans le numéro du 28 décembre 2004du Corriere. Dans cette note du Saint Office, il estdit, au sujet des enfants en questionque si des institutions ou des particu-liers juifs venaient à les réclamer, de

ne pas répondre par écrit. Les enfantséventuellement baptisés ne seraientremis qu'à des institutions à même deleur assurer une éducation chrétien-ne. Quant aux enfants non baptisés, ily était déconseillé de les remettre àdes personnes n'ayant aucun droit surl'enfant. On ne devait les remettrequ'à leurs parents, et à conditionqu'ils n'aient pas été baptisés.Le débat qui s'en est suivi, qui a desaspects polémiques, s'inscrit dans lacontestation de l'éventuelle béatifica-tion de Pie XII (1876-1958, pape de1939 à 1958).La question qui n'a pas été débattue,est celle de savoir dans quelle mesu-re cette directive du Saint Office a étéprise à la lettre. Plusieurs interve-nants ont raison de rappeler queAngelo Roncalli, qui avant d'arriver àParis était en poste à Ankara, avait agiactivement pour permettre le transitpar la Turquie de nombreux Juifsréfugiés devant la persécution nazie,y compris en leur facilitant l'immi-gration en Palestine de l'époque. Demême, en poste à Paris, il a réagipositivement dans des cas concrets.Ajoutons à cela l'affaire des enfantsFinaly, il y a 50 ans. Ces deux enfantsjuifs ont été cachés par une personnecatholique qui a refusé de les rendreà des membres de leur famille. Ce futune cause célèbre à l'époque, lesenfants étant "planqués" d'église enéglise pour aboutir finalement dansun couvent en Espagne. Il a fallu unecampagne énergique menée du côtéjuif, appuyée par des catholiques"ouverts", qui a abouti à l'interven-tion décisive du Cardinal Gerlier, pri-mat des Gaules, pour aboutir à la"libération" desdits enfants, qui sontpartis ensuite pour Israël. Le souvenirde l’affaire Mortara était encore pré-sent et, manifestement, l'Eglise nesouhaitait pas de répétition.Il n'y a donc pas lieu de "mêler" le casdu futur Jean XXIII à la controverseautour de Pie XII.L'historien Daniel Jonah Goldhagenest également intervenu dans ledébat, avec une comparaison : Unenfant est retiré vivant d'une voitureen flammes, suite à un accident. Lafamille qui l'a sauvé se refuse obsti-nément à le restituer aux parents. "Labonne action se transforme encrime",affirme Goldhagen (Corriere...4 janvier 2005)

LS

(°) Anni di Francia. Agende del nun-zio Roncalli 1945-1948. Istituto perle scienze religiose di Bologna, acura di Etienne Fouilloux

L'EGLISE DE FRANCE

ET LES ENFANTS

JUIFS CACHES

HISTOIRE

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