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L’Hadopi, les internautes, les industries de la culture : le mariage impossible ? Raphaël Suire (CREM – Rennes 1) Sylvain Dejean (MARSOUIN) Thierry Pénard (CREM- Rennes 1)

Une première évaluation des effets de la loi Hadopi sur les pratiques des internautes francais - Raphaël Suire, Sylvain Dejean et Thierry Pénard

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Page 1: Une première évaluation des effets de la loi Hadopi sur les pratiques des internautes francais - Raphaël Suire, Sylvain Dejean et Thierry Pénard

L’Hadopi, les internautes, les industries de la culture : le mariage impossible ?

Raphaël Suire (CREM – Rennes 1)Sylvain Dejean (MARSOUIN)

Thierry Pénard (CREM- Rennes 1)

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Un contexte

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Les pirates tuent les artistes…tuons les pirates

A la recherche des profits perdus

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Les pirates tuent les artistes…tuons les pirates

• Depuis 2006 : un débat à 3 voix : le législateur, « les industries », les citoyens ?

– DADVSI, Commission Olivennes, le bain médiatique

• Et la corrélation devint causalité…la crise n’est pas structurelle

• La loi « Création et Internet » est discutée puis votée au parlement en juin 2009 > HADOPI-1 puis HADOPI-2

• L’HADOPI : Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des Droit sur l’Internet est mise en place en septembre 2009. Elle est en charge de la surveillance des échanges sur les réseaux P2P et de la riposte graduée– 1: Un mail d’avertissement – 2: un courrier avec AR– 3: une coupure de l’accès à L’internet

• Décrets d’application fin mars 2010

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Mais les pirates tuent-ils vraiment les artistes ?

• Quelques idées sur les pratiques de piratages– La vision législateur : les pratiques sont parfaitement substitutives, ce qui

est consommé illégalement ne l’est plus dans le circuit légal– « 1,2 millions d’emplois en moins à l’horizon 2015 » (Le Monde, 19 mars)

• Mais que dit la littérature ?– Substitution imparfaite

• Consommation d’écrans : Waldfogel (2009) ; Liebowitz, Zentner (2009)

• Bien d’expérience et effet sampling (Bounie et al., 2007)– Mutation et entrelacement des pratiques culturelles

• Étude Médiamétrie 2010– Résilience des communautés – Controverse juridique

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Qui sont/que font les « pirates » bretons : l’enquête M@rsouin 2009

• 2000 personnes représentatives de la région Bretagne interrogées entre le 16 novembre et le 23 décembre 2009.– Thèmes abordés nous concernant :

• Consommation de musiques et de vidéos en ligne• Quelles pratiques de piratage?• Le vote de la loi hadopi a-t-il changé votre comportement?

48%

5%

14%

20%

43%

9%

22%

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60% Principales statistiques :

67% des personnes interrogées sont des internautes (1340 répondants)

56% regardent des vidéos ou écoutent de la musique sur Internet.

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Une typologie des pratiques

• Les « Pirates Hadopi » (14% des consommateurs de vidéo et de musique sur Internet) : – ces internautes échangent des fichiers vidéo/audio via les réseaux Peer-

to-Peer. Directement visés par la loi Hadopi, ils sont susceptibles de voir leur connexion à Internet suspendue s’ils persistent dans cette pratique.

• Les « Pirates non Hadopi » (16%): – ces internautes n’utilisent pas les réseaux Peer-to-Peer mais fréquentent

les sites de streaming vidéo (du type Allostreaming, Megavidéo) ou téléchargent sur des sites d’hébergement de fichiers (Megaupload, Rapidshare).

• Les Non pirates (70%) : – ces internautes consomment ou achètent des vidéos et de la musique

sur Internet, mais ne déclarent aucune pratique illégale (relevant ou non de la loi Hadopi). Leurs consommations se font via les sites de streaming légaux, de streaming musicaux et les plateformes payantes.

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Une typologie des pratiques

45%51%

20%

4%

28%29%

25%

16%

27%20%

55%

80%

0%

20%

40%

60%

80%

100%

PiratesHadopi

Pirates nonHadopi

Non pirate reste desinternautes

plus de 35 ans

25-35 ans

15-25 ans

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Types de contenus consommés

96%

57%

40%

95%

58%48%

94%

13% 9%

0%10%20%30%40%50%60%70%80%90%

100%

musiques films series

Pirates Hadopi

Pirates nonHadopi

Non pirate

• La consommation de musique ne permet plus de discriminer entre les pratiques pirates et légales.

• Plus que les films, les séries pourraient être associées à une pratique de piratage « non hadopi ».

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Les pirates, des radins ?Profil des acheteurs numériques

27%

23%

50%

Pirates Hadopi

Pirates non Hadopi

Non pirate

47%36%

17%

4%

53%64%

83%

96%

0%

20%

40%

60%

80%

100%

PiratesHadopi

Pirates nonHadopi

Non pirate reste desinternautes

non acheteurnumérique

acheteursnumériques

• 50% des acheteurs numériques sont des pirates

• Plus les pratiques sont répréhensibles plus l’internaute est un acheteur numérique

• Couper l’accès Internet des Pirates non hadopi reviendrait ceteris paribus à réduire le marché du téléchargement payant de 27%.

• Réduction qui pourrait s’élever à 50% si l’on coupe la connexion de tous les pirates.

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Le pirate, tueur d’artistes ?

• Les pirates consomment de la culture. Sous la double contrainte de temps et de budget : rationalisation de la pratique > je découvre, je teste, je consomme

• Mais la concurrence légale avec le catalogue du P2P est tenable ssi:– Largeur et profondeur du catalogue– Accessibilité / indexation– Disponibilité

• Le continuum et entrelacement des pratiques

• Le questionnement de la chaîne de valeur traditionnelle de l’industrie du contenu > désintermédiation

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Mais alors à quoi sert l’HADOPI ?

17,1%

12,4%

29,5%

14,6%15,8%

30,3%

5,0%

10,0%

15,0%

20,0%

25,0%

30,0%

35,0%

40,0%

Pirates Hadopi Pirates nonhadopi

Pirates (P2Pistes+non Hadopi)

avant

après

-15%

+27%

+3%

• Peu d’internautes semblent avoir abandonnés le piratage pour les solutions légales.

• Une partie des pirates a substitué des usages hadopi par des usages non hadopi. Les pratiques alternatives sont en plein essor.

• Le nombre de pirates après le vote de la loi a légèrement augmenté.

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Pirates et artistes…une bien veille histoire

• L’Hadopi ne surveille qu’une petite partie des pratiques délictueuses à la période t mais se dote d’un sous-conseil de réflexion stratégique pour la période t+1 alors que beaucoup d’internautes sont déjà en t+2

• Le dispositif légal et technique est conséquent. L’usager et/ou le contribuable pourrait supporter le coût de sa propre surveillance

• Pratiques culturelles légales et illégales sont entrelacées (depuis toujours): couper l’accès à l’Internet peut réduire le marché de la culture payante