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1,00 € Numéros précédents 2,00 € L’O S S E RVATORE ROMANO EDITION HEBDOMADAIRE Unicuique suum EN LANGUE FRANÇAISE Non praevalebunt LXXI e année, numéro 26 (3.639) Cité du Vatican mardi 30 juin 2020 Unité et prophétie pour une Eglise renouvelée Solennité des saints Pierre et Paul pages 6 et 7 DANS CE NUMÉRO Page 2: Audience générale du 24 juin. Décrets. Page 3: Angelus du 28 juin. Page 4: Entretien avec Bernice Albertine King. Page 5: Sept images de François pour l’après-covid 19. Lettre de la Congrégation pour le culte divin. Page 8: Entretien avec le cardinal Carlos Aguiar Retes. L’aumônerie du Lycée Château- briand pendant le confinement. Page 9: Vietnam: pandémie et dialo- gue interreligieux. Les cas d’abus sexuels dans l’Eglise en France. Pages 10 et 11: Informations. Afrique: coronavirus et chute des transferts de fonds. Page 12: Ordres religieux et construction de l’Europe.

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L’O S S E RVATOR E ROMANOEDITION HEBDOMADAIRE

Unicuique suum

EN LANGUE FRANÇAISENon praevalebunt

LXXIe année, numéro 26 (3.639) Cité du Vatican mardi 30 juin 2020

Unité et prophétiepour une Eglise renouvelée

Solennité des saints Pierre et Paulpages 6 et 7

DANS CE NUMÉRO

Page 2: Audience générale du 24juin. Décrets. Page 3: Angelus du 28juin. Page 4: Entretien avec BerniceAlbertine King. Page 5: Sept imagesde François pour l’après-covid 19.Lettre de la Congrégation pour leculte divin. Page 8: Entretien avecle cardinal Carlos Aguiar Retes.L’aumônerie du Lycée Château-briand pendant le confinement.Page 9: Vietnam: pandémie et dialo-gue interreligieux. Les cas d’abussexuels dans l’Eglise en France.Pages 10 et 11: Informations. Afrique:coronavirus et chute des transfertsde fonds. Page 12: Ordres religieuxet construction de l’Europ e.

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page 2 L’OSSERVATORE ROMANO mardi 30 juin 2020, numéro 26

Audience générale du 24 juin

Sans la poésiela vie d’une personne n’est pas complète

Lecture: Ps 18, 2-3.29.33

Chers frères et sœurs, bonjour!Dans notre itinéraire de catéchèse sur laprière, nous rencontrons aujourd’hui le roiDavid. Elu de Dieu depuis sa jeunesse, il estchoisi pour une mission unique, qui revêtiraun rôle central dans l’histoire du peuple deDieu et de notre foi elle-même. Dans lesEvangiles, Jésus est appelé plusieurs fois «filsde David»; en effet, comme lui, il naît à Beth-léem. Selon les promesses, c’est de la descen-dance de David, que vient le Messie: un Roitotalement selon le cœur de Dieu, en parfaiteobéissance au Père, dont l’action réalise fi-dèlement son plan de salut (cf. Catéchisme del’Eglise catholique, n. 2579).

L’histoire de David commence sur les colli-nes autour de Bethléem, où il fait paître letroupeau de son père, Jessé. Il est encore unjeune garçon, le dernier de nombreux frères.Au point que lorsque le prophète Samuel, surordre de Dieu, se met à la recherche du nou-veau roi, il semble presque que son père aitoublié son fils le plus jeune (cf. 1 S 16, 1-13).Il travaillait au grand air: nous l’imaginonscomme l’ami du vent, des sons de la nature,des rayons du soleil. Il a une seule compagniepour réconforter son âme: la lyre; et pendantles longues journées de solitude, il aime jouer

et chanter pour son Dieu. Il jouait aussi avecune fronde.

David est donc avant tout un pasteur: unhomme qui prend soin des animaux, qui lesdéfend quand le danger arrive, qui pourvoit àleur subsistance. Quand David, par la volontéde Dieu, devra se préoccuper du peuple, iln’accomplira pas des actions très différentesde celles-ci. C’est pour cette raison que, dansla Bible, l’image du pasteur revient souvent.Jésus se définit lui aussi comme «le bon pas-teur», son comportement est différent de celuidu mercenaire; Il offre sa vie en faveur desbrebis, il les guide, il connaît le nom de cha-cune d’entre elles (cf. Jn 10, 11-18).

David a beaucoup appris de son premiermétier. Ainsi, quand le prophète Nathan lui

prenne le ton de la joie, ou celui de la plainte,c’est toujours la même prière, seule la mélodiechange. Et en agissant ainsi, David nousenseigne à tout faire entrer dans le dialogueavec Dieu: la joie comme la faute, l’amourcomme la souffrance, l’amitié comme la mala-die. Tout peut devenir une parole adressée au«Toi» qui nous écoute toujours.

David, qui a connu la solitude, n’a en réali-té jamais été seul! Et au fond, c’est la puissan-ce de la prière, chez tous ceux qui lui fontplace dans leur vie. La prière t’ennoblit, etDavid est noble parce qu’il prie. Mais c’est unbourreau qui prie, il se repent et la noblesserevient grâce à la prière. La prière nous enno-blit: celle-ci est en mesure d’assurer la relationavec Dieu, qui est le vrai compagnon de routede l’homme, au milieu des mille épreuves de

Congrégation pour les causes des saints

Promulgation de décrets

Le vendredi 19 juin, le Pape François a reçuen audience le cardinal Angelo Becciu, préfetde la Congrégation pour les causes des saints.Au cours de l’audience, le Souverain Pontife aautorisé la Congrégation à promulguer les dé-crets concernant:

— le miracle, attribué à l’intercession du vé-nérable serviteur de Dieu Mamerto Esquiú, del’ordre des Frères mineurs, évêque de Córdo-ba (Argentine); né le 11 mai 1826 à San Joséde Piedra Blanca (Argentine) et mort le 10janvier 1883 à La Posta de El Suncho (Argen-tine);

— le miracle, attribué à l’intercession du vé-nérable serviteur de Dieu François Marie dela Croix (dans le siècle: Johann Baptist Jor-dan), prêtre, fondateur de la Société du DivinSauveur (Salvatoriens) et de la Congrégationdes Sœurs du Divin Sauveur (Salvatoriennes);né le 16 juin 1848 à Gurtweil (Allemagne) etmort le 8 septembre 1918 à Tafers (Suisse);

— le miracle, attribué à l’intercession du vé-nérable serviteur de Dieu José Gregorio Her-nández Cisneros, fidèle laïc; né le 26 octobre1864 à Isnotú (Vénézuéla) et mort le 29 juin1919 à Caracas (Vénézuéla);

— le martyre de la servante de Dieu MariaLaura Mainetti (dans le siècle: Teresina Elsa),religieuse professe de la Congrégation des Fil-les de la Croix, Sœurs de Saint-André; née àColico (Italie) le 20 août 1939 et tuée à Chia-venna (Italie), en haine de la foi, le 6 juin2000;

— les vertus héroïques de la servante deDieu María de Jesus Elizondo García (dans lesiècle: Esperanza), supérieure générale de laCongrégation des missionnaires catéchistesdes pauvres; née le 26 août 1908 à Durango(Mexique) et morte Monterrey (Mexique) le 8décembre 1966.

la vie, bonnes ou mauvaises: mais la prièredoit toujours être présente. Merci, Seigneur.J’ai peur, Seigneur. Aide-moi, Seigneur. Par-donne-moi, Seigneur. La confiance de Davidest si grande que, quand il était persécuté etqu’il a dû fuir, il ne laissa personne le défen-dre: «Si mon Dieu m’humilie ainsi, Il saitpourquoi», car la noblesse de la prière nouslaisse entre les mains de Dieu. Ces mains rem-plies de plaies d’amour: les seules mains sûresque nous ayons.

A l’issue de l’audience générale, le Pape a lancéun appel pour le Mexique, qui a été frappé parun tremblement de terre:

Hier un violent tremblement de terre a frappéle sud du Mexique, causant plusieurs victi-mes, des blessés et d’immenses dommages.Prions pour eux tous. Que l’aide de Dieu etde leurs frères leur donne force et soutien.Frères et sœurs, je suis très proche de vous.

François a ensuite salué les pèlerins francophones:

Je salue cordialement les pèlerins de languefrançaise. Comme le roi David, demeuronstoujours en présence de Dieu, et dans un dia-logue confiant disons-lui nos joies et nos pei-nes, nos fautes et nos souffrances. Il est notrecompagnon de route dans toutes les circons-tances de notre vie.

reprochera son très grave péché (cf. 2Sam 12, 1-15), David comprendra im-médiatement qu’il a été un mauvaispasteur, qu’il a dérobé à un autrehomme l’unique brebis qu’il aimait,qu’il n’est plus un humble serviteur,mais un malade de pouvoir, un bra-connier qui tue et dérobe.

Un deuxième trait caractéristiqueprésent dans la vocation de David estson âme de poète. De cette petite ob-servation, nous déduisons que Davidn’a pas été un homme ignorant, com-me cela peut arriver à des individusobligés de vivre longtemps isolés de lasociété. Il est en revanche une person-ne sensible, qui aime la musique et lechant. La lyre l’accompagnera tou-jours: parfois pour élever à Dieu unhymne de joie (cf. 2 Sam 6, 16), d’au-tre fois pour exprimer une plainte, oupour confesser son propre péché(cf. Ps 51, 3).

Le monde qui se présente à sesyeux n’est pas une scène muette: sonregard saisit, derrière le déroulementdes choses, un mystère plus grand. Laprière naît précisément de là: de laconviction que la vie n’est pas quelquechose qui nous glisse dessus, mais unmystère stupéfiant, qui suscite en nousla poésie, la musique, la gratitude, la louange,ou bien la plainte, la supplique. Quand cettedimension poétique manque à une personne,disons, quand la poésie manque, son âme estboiteuse. La tradition veut donc que Davidsoit le grand artisan de la composition despsaumes. Ceux-ci contiennent souvent, au dé-but, une référence explicite au roi d’Israël, età certains des événements plus ou moins no-bles de sa vie.

David a donc un rêve: celui d’être un bonpasteur. Quelquefois il réussira à être à lahauteur de cette tâche, d’autres fois moins; cequi est cependant important, dans le contextede l’histoire du salut, est qu’il est la prophétied’un autre Roi, dont il est seulement l’annon-ce et la préfiguration.

Regardons David, pensons à David. Saintet pécheur, persécuté et persécuteur, victimeet bourreau. David a été tout cela. Et nousaussi, nous enregistrons dans notre vie destraits souvent opposés; dans la trame de lavie, tous les hommes pèchent souvent d’in-cohérence. Il n’y a qu’un fil rouge, dans la viede David, qui donne une unité à tout ce quiarrive: sa prière. Elle est la voix qui ne s’éteintjamais. David saint, prie; David pécheur, prie;David persécuté, prie; David persécuteur,prie. David bourreau, prie lui aussi. C’est lefil rouge de sa vie. Un homme de prière.C’est la voix qui ne s’éteint jamais: qu’elle

Le roi David

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numéro 26, mardi 30 juin 2020 L’OSSERVATORE ROMANO page 3

Angelus du 28 juin

Trouver des solutions de paixà la crise dramatique en Syrie

Chers frères et sœurs, bonjour!En ce dimanche, l’Evangile (cf. Mt 10, 37-42)fait retentir avec force l’invitation à vivre enplénitude et sans hésitations notre adhésionau Seigneur. Jésus demande à ses disciples deprendre au sérieux les exigences évangéliques,même quand cela demande des sacrifices etdes efforts.

La première quête exigeante qu’Il adresse àcelui qui le suit est celle de placer l’amour en-vers Lui au-dessus de ses liens d’affection fa-miliaux. Il dit: «Qui aime son père ou samère, […] son fils ou sa fille plus que moin’est pas digne de moi» (v. 37). Jésus n’entendcertainement pas sous-évaluer l’amour pourles parents et les enfants, mais il sait que lesliens de parenté, s’ils sont mis à la premièreplace, peuvent dévier du vrai bien. Nous levoyons: certains cas de corruption dans lesgouvernements ont précisément lieu parce quel’amour pour les proches est plus grand quel’amour pour la patrie, et des postes sont don-nés aux parents. C’est la même chose avec Jé-sus: quand l’amour [pour la famille] est plusgrand que [celui pour] Lui, cela ne va pas.Nous pourrions tous donner de nombreuxexemples à cet égard. Sans parler de situa-tions où les liens d’affection familiaux se mé-langent avec des choix opposés à l’Evangile.Quand, en revanche, l’amour envers les pa-rents et les enfants est animé et purifié parl’amour du Seigneur, alors il devient pleine-ment fécond et produit des fruits de biendans la famille elle-même et bien au-delà decelle-ci. C’est dans ce sens que Jésus dit cettephrase. Rappelons-nous également commentJésus réprimande les docteurs de la loi quifont manquer leurs parents du nécessaire, sousprétexte de le donner à l’autel, de le donner àl’Eglise (cf. Mc 7, 8-13). Il les réprimande! Levéritable amour pour Jésus requiert un vérita-ble amour pour les parents, les enfants, maissi nous cherchons tout d’abord l’intérêt de lafamille, cela conduit toujours sur une mauvai-se route.

Jésus dit ensuite à ses disciples: «Qui neprend pas sa croix et ne vient pas à ma suiten’est pas digne de moi» (v. 38). Il s’agit de lesuivre sur la voie que Lui-même a parcourue,sans chercher de raccourcis. Il n’y a pas devrai amour sans croix, c’est-à-dire sans un prix

à payer en personne. C’est ce que disent tantde mères, tant de pères qui se sacrifient tantpour leurs enfants et qui supportent de vérita-bles sacrifices, des croix, parce qu’ils aiment.Et portée avec Jésus, la croix ne fait pas peur,parce qu’Il est toujours à nos côtés pour noussoutenir à l’heure de l’épreuve la plus dure,pour nous donner force et courage. Cela nesert également à rien de s’agiter pour préser-ver sa propre vie, avec une attitude craintiveet égoïste. Jésus admoneste: «Qui aura trouvésa vie la perdra et qui aura perdu sa vie à cau-se de moi — c’est-à-dire par amour, par amourpour Jésus, par amour pour son prochain,pour le service des autres —, la trouvera»(v. 39). C’est le paradoxe de l’Evangile. Mais,grâce à Dieu, nous avons également de trèsnombreux exemples de cela! Nous le voyonsces jours-ci. Combien de personnes, combiende personnes portent de croix pour aider lesautres! On se sacrifie pour aider les autres quien ont besoin pendant cette pandémie. Mais,toujours avec Jésus, on arrive à le faire. Laplénitude de la vie et de la joie se trouve en sedonnant soi-même pour l’Evangile et pournos frères, avec ouverture, accueil et bien-veillance.

En agissant ainsi, nous pouvons faire l’ex-périence de la générosité et de la gratitude deDieu. Jésus nous le rappelle: «Qui vous ac-cueille m’accueille […]. Quiconque donnera àboire à l’un de ces petits rien qu’un verred’eau fraîche […] ne sera pas frustré de sa ré-compense» (vv. 40; 42). La gratitude généreu-se de Dieu le Père tient également compte duplus petit geste d’amour et de service rendu ànos frères. Ces jours derniers, j’ai entendu unprêtre qui était ému, parce que dans sa parois-se un enfant s’est approché de lui et a dit:«Père, voilà mes économies, pas grand chose,c’est pour vos pauvres, pour ceux qui ont be-soin à cause de la pandémie...» Petite chose,mais grande chose! C’est une reconnaissancecontagieuse, qui aide chacun de nous à avoirde la gratitude envers ceux qui prennent soinde nos nécessités. Quand quelqu’un nousrend un service, nous ne devons pas penserque tout nous soit dû. Non, tant de servicesse font de manière gratuite. Pensez au volon-tariat, qui est l’une des plus grandes chosesque possède la société italienne. Les bénévo-les... Et combien d’entre eux ont perdu leur

vie dans cette pandémie! On le fait paramour, simplement par service. La gratitude,la reconnaissance est avant tout un signe debonne éducation, mais c’est également un si-gne distinctif du chrétien. C’est un signe sim-ple mais authentique du royaume de Dieu,qui est un royaume d’amour gratuit et recon-naissant.

Que la Très Sainte Vierge Marie, qui a aiméJésus plus que sa propre vie et l’a suivi jus-qu’à la croix, nous aide à nous présenter tou-jours à Dieu avec un cœur disponible, en lais-sant sa Parole juger nos comportements et noschoix.

A l’issue de l’Angelus, le Pape a ajouté lesparoles suivantes:

Chers frères et sœurs, mardi prochain, 30juin, aura lieu la quatrième conférence del’Union européenne et des Nations unies«pour soutenir l’avenir de la Syrie et de la ré-gion». Prions pour cette rencontre importan-te, pour que s’améliore la situation drama-tique du peuple syrien et des peuples voisins,en particulier du Liban, dans le contexte degraves crises socio-politiques et économiquesque la pandémie a rendu encore plus diffici-les. Pensez qu’il y a des enfants qui ont faim,qui n’ont pas à manger! Je prie les dirigeantsd’être capables de parvenir à la paix.

J’invite également à prier pour la popula-tion du Yémen. Là aussi, en particulier pourles enfants qui souffrent à cause de la très gra-ve crise humanitaire. Ainsi que pour ceux quiont été frappés par les fortes inondations àl’ouest de l’Ukraine: puissent-ils faire l’exp é-rience du réconfort du Seigneur et du secoursde leurs frères.

J’adresse mon salut à vous tous, Romains etpèlerins provenant d’Italie et d’autres pays. Jevois des drapeaux: polonais, allemands et tantd’autres! Je salue en particulier ceux qui ontparticipé ce matin, ici à Rome, à la Messe enrite congolais, en priant pour la Républiquedémocratique du Congo. Je salue la déléga-tion congolaise ici présente. Les Congolaissont de bonnes personnes!

Je souhaite à tous un bon dimanche. S’ilvous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi.Bon déjeuner! Au revoir et à demain pour lafête des saints Pierre et Paul.

Lors de l’Angelus, le Pape a salué les pèlerins du Congo présents sur la place Saint-Pie r re

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page 4 L’OSSERVATORE ROMANO mardi 30 juin 2020, numéro 26

Entretien avec Bernice Albertine King

Le Pape et mon père unis par le même rêveALESSANDRO GISOTTI

La communauté afro-américaine a commémorécette semaine le Juneteenth, la fin de l’esclavage,proclamée le 19 juin (June Nineteenth), lorsque lessoldats de l’Union sont arrivés à Galveston, auTexas, et ont décrété la fin de la guerre de Séces-sion. Cet anniversaire, qui, pour des millions depersonnes d’origine afro-américaine en Amérique,est reconnu comme la Freedom Day, journée de laliberté, a été vécu cette année dans un climat par-ticulier en raison des protestations déclenchéespar le meurtre de George Floyd par un officier depolice. C’est dans ce contexte que «L’O sservatoreRomano» et Vatican News ont interviewé BerniceAlbertine King, fille de Martin Luther King, surl’engagement pour l’égalité, la culture de la paixet la valeur de la non-violence. Militante passion-née des droits de l’homme comme son père etprésidente du King Center d’Atlanta, Bernice Al-bertine voit une grande harmonie entre son pèreet le Pape François, qu’elle a rencontré à deux re-prises au Vatican en 2018.

Les Etats-Unis et le monde entier ont été choqués parla mort de George Floyd. Pensez-vous que cette fois-ci, ce changement qui, après tant de meurtres d’A f ro -américains, aurait déjà dû avoir lieu, peut enfin sep ro d u i re ?

Je pense que le monde était déjà tendu à causede la pandémie de covid-19, et la vidéo qui mon-tre comment George Floyd a été assassiné de ma-nière si cynique et cruelle est devenue une vérita-ble accusation au vitriol à l’égard de l’Amériqueet du monde. Des millions de personnes semblentavoir réalisé, partout dans le monde — comme ledisait mon père — que «nous sommes confrontésà l’urgence féroce du “maintenant”». Les forcesde l’ordre, les organisations et associations reli-gieuses se tournent vers les dirigeants noirs pourobtenir une réponse à la question «Que dois-jefaire pour être sauvé?». Certaines associationsfournissent des ressources incroyables aux organi-sations dont le travail est axé sur la justice socialeet l’égalité des races. D’autres organisations se de-mandent comment créer un climat culturel quiconduise à une véritable égalité raciale, au niveaudes responsabilités exécutives, et dans les entre-prises qui favorisent le travail des minorités. Denombreux services répressifs sont en train de re-voir leurs politiques; certains d’entre eux ont déjàcommencé à repenser la manière dont l’engage-ment communautaire peut et doit être mené, au-delà du maintien de l’ordre, et à comprendre lesouci des services sociaux. Je pense que cette fois,les réactions et les réponses seront plus larges etplus passionnées, et que de nombreux blancs,plus que jamais, se joindront aux protestations. Sinous sommes plus unis et si nous concentrons no-tre attention sur des objectifs stratégiques, nousserons certainement plus efficaces dans la causede la justice.

Au-delà du racisme évident qui est reconnu dans dessituations tragiques comme celle-ci, il existe une autreforme de racisme qui n’est pas nouveau: le racisme autravail, dans l’éducation, dans les conditions de vie.Aux Etats-Unis, le covid-19 a affecté la communautéafro-américaine bien plus que la communauté blan-che. Comment ce racisme «invisible» sera-t-il vaincu?

Je tiens à dire tout d’abord que c’est le refusdes gens de voir les choses en face, qui fait que leracisme systémique et institutionnel semble invisi-ble. Plus nous voulons voir, et plus nous voulonsapporter des changements, plus la nature destruc-trice et déshumanisante du racisme apparaîtra defaçon évidente. Je crois que la première étapepour la vaincre est de refuser de fermer les yeux,et plutôt de rassembler des informations sur le su-jet et de connaître les racines, les causes et les ma-nifestations du racisme. L’information et l’éduca-tion sont la première et la deuxième étape duchangement social non-violent. Alors je pense que

nous devrions nous engager à faire ce que dansson livre Where Do We Go From Here: Chaos orCommunity [«Où allons-nous en partant d’ici: lechaos ou la communauté»] mon père appelle «no-tre tâche ennuyeuse»: il dit que nous devons«trouver comment organiser notre force en unpouvoir irrésistible afin que le gouvernement (etles autres institutions et systèmes de pouvoir) nepuisse plus se soustraire à nos exigences».

Il y a 57 ans, votre père a prononcé le discours histo-rique «I have a dream», «J’ai un rêve». Ce rêvesemble encore loin d’être réalisé, et pourtant tout lemonde dit qu’on ne peut pas y renoncer. Que feraitvotre père aujourd’hui dans une situation comme celleque nous vivons?

Je crois que mon père serait guidé par sa philo-sophie de la non-violence, qui était en accordavec sa suite du Christ. Je pense qu’il nous rap-pellerait comment nous en sommes arrivés là,

violence, nous pouvons progresser dans la cons-truction d’un monde plus juste, plus égalitaire,plus humain et plus pacifique.

Martin Luther King a déclaré: «La justice, dans sameilleure forme, est l’amour qui corrige tout ce quifait obstacle à l’amour». C’est le cœur du message denon-violence, incarné par votre père. Comment cons-truire une «révolution de la tendresse», comme l’ap-pelle le Pape François?

Je crois que la réalisation d’une «révolution dela tendresse», comme l’appelle le Pape François,ou d’une «révolution des valeurs», comme le di-sait mon père, dépend de la mesure dans laquellenous réalisons qu’une telle révolution implique unprocessus de prise de conscience. Nous devonsapprendre à mieux nous connaître, à nous connaî-tre les uns les autres, à connaître les conditions del’humanité, à apprendre comment — pour repren-dre les mots de mon père — «vivre ensemble com-

me des frères et des sœurs» et ne pas mourirensemble comme des fous; et à apprendre com-ment s’efforcer de détruire l’injustice et l’inhuma-nité sans se détruire mutuellement. Je crois quec’est de la non-violence qui peut nous guiderdans cette révolution, avec la «Kingian Nonvio-lence» que le King Center appelle «Nonviolen-ce365», une philosophie de pensée et d’action, quicomprend six principes et six étapes.

Le mouvement «Black Lives Matter» a impliqué lemonde entier. De nombreuses personnes, en particulierdes jeunes, protestent contre le racisme et la discrimi-nation raciale dans de nombreuses capitales européen-nes, mais aussi dans d’autres pays. Quels sont vosespoirs pour l’avenir? Pensez-vous que nous seronstous capables de faire un pas en avant dans le défide la fraternité humaine?

Je suis convaincue que nous parviendrons àmobiliser nos énergies pour nous concentrer surl’objectif ultime, qui est de construire la Commu-nauté de l’Am o u r, qui n’est pas une utopie. Com-me le disait ma mère, Coretta Scott King, la Com-munauté de l’Am o u r est une vision réaliste d’unesociété qui peut être construite, d’une société oùles problèmes et les conflits existent mais peuventêtre résolus pacifiquement et sans rancœur. Dansla Communauté de l’Am o u r, l’attention et la com-passion guident les initiatives politiques qui sou-tiennent l’éradication mondiale de la pauvreté etde la faim, ainsi que de toutes les formes de pré-jugés et de violence. Si tel est notre objectif com-mun, déterminé et définitif, alors je crois quenous pouvons prendre le chemin de la non-vio-lence pour l’atteindre. Nous avons la capacité etl’énorme passion pour le faire. Nous devonsmaintenant mettre toute notre volonté pour cons-truire la Communauté de l’Am o u r.

l’histoire de la violence, du racisme etde l’injustice qui envahit notre nationet ce qu’il appelle «la maison dumonde». Ensuite, il approcherait lesjeunes pour soutenir leur engagementà protester, avec des stratégies quisoutiennent l’organisation et la mobi-lisation pour promouvoir un change-ment social durable et non-violent.Puis il demanderait aux «influen-ceurs» de la politique, de l’art, desmédias, du divertissement, de la justi-ce pénale, des soins de santé et del’éducation de garantir l’égalité et lajustice entre les races. Il demanderaitégalement aux Eglises de conformerleurs professions de foi à des œu v re squi créent des circonstances justes etégales pour les personnes noires,pour les communautés économique-ment marginalisées, non seulementaux Etats-Unis mais dans le mondeentier. Et encore, comme il l’a faittant de fois, il répéterait qu’on nepeut pas guérir la violence par la vio-lence, parce que c’est — comme il l’a dit — unespirale qui nous entraîne vers le bas. Je crois cer-tainement qu’il nous inciterait à embrasser la non-violence, parce qu’elle est stratégique, courageuse,centrée sur l’amour et organisée, afin de construi-re la Communauté d’Am o u r, et cela inclut l’éradica-tion de ce qu’il a appelé le «Triple Mal», à savoirle racisme, la pauvreté et le militarisme.

Après la mort de George Floyd, le Pape François alancé un appel fort, soulignant que nous ne devonspas fermer les yeux sur le racisme. Mais il a égale-ment rappelé que la violence ne mène qu’à l’autodes-truction. Comment avez-vous accueilli ces mots, quisont si fortement en accord avec ceux de votre père?

Je suis d’accord avec le Pape François: la vio-lence ne mène qu’à l’autodestruction. Les moyensque nous utilisons doivent être cohérents avecl’objectif que nous voulons atteindre, et si cet ob-jectif est la paix, nous ne pouvons certainementpas atteindre la paix par des méthodes violentes.Et cela correspond certainement à la pensée demon père. Il a soutenu — parce qu’il y croit, com-me moi — que «la non-violence est la réponse auxproblèmes politiques et moraux cruciaux de notretemps». Dans son dernier discours «Je suis montéau sommet de la montagne» — qu’il a prononcé lanuit précédant son assassinat, il a déclaré: «Il nes’agit plus de choisir entre la violence et la non-violence dans notre monde; il s’agit maintenantde choisir entre la non-violence et la non-existen-ce». Nous sommes arrivés à ce point aujourd’hui.Et nous en sommes toujours au même point au-j o u rd ’hui. Nous sommes confrontés au choix en-tre le chaos et la communauté. Si nous embras-sons la violence, nous choisissons le chaos, quiconduira finalement à l’autodestruction de notre«maison du monde». Si nous embrassons la non-

La rencontre avec le Pape François le 12 mars 2018

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numéro 26, mardi 30 juin 2020 L’OSSERVATORE ROMANO page 5

Dans un article du directeur de la revue des jésuites italiens

Sept images de François pour l’après-covid 19«Avec le covid-19 nous avons vu les mégapo-les désertes, la circulation interrompue, les vil-les devenir comme des appendices de champsvides. L’effet a été celui du s p i n n e r, la petiteroue qui tourne sur les écrans quand il y a desralentissements dans les programmes ou dansles connexions de l’ordinateur». Le directeurde «La Civiltà Cattolica», Antonio Spadaro,aime avoir recours au langage de l’informa-tique et des nouveaux médias pour décrire etraconter la réalité du monde et de l’Eglise enparticulier. Et c’est ce qu’il a fait dans le der-nier numéro de la revue bimensuelle (n. 4080,20 juin/4 juillet 2020, pages 567-580) avec unarticle dans lequel il s’arrête sur le magistèrede François au temps du coronavirus, en yidentifiant sept images pour la post-pan-démie.

«A présent le spinner se prolonge — ex-plique-t-il — et l’état de suspension a touchéla vie sociale, le sens des relations, le culte etle commerce, la valeur de la présence. C’est laraison pour laquelle cette infection nous a faitéprouver le sentiment de l’apocalypse. Et àcause du choc est apparue l’incapacité d’ima-giner un avenir». Mais, observe le père Spa-daro, «pendant ce temps» n’ont pas manquéles interventions du Pape pour témoigner saprésence, sa proximité, dans la certitude quele coronavirus a introduit l’humanité dans un«temps propice pour trouver le courage d’unenouvelle imagination du possible, avec le réa-lisme que seul l’Evangile peut nous offrir»,comme il l’a lui-même écrit le 17 avril dans lePlan pour renaître publié dans «Vida Nueva».Le jésuite italien fait une référence expliciteau fait que le Pape «a réconforté des millionsde personnes — de Rome à Pékin, de Bey-routh à Lima — avec les Messes à Sainte-Mar-

the. En lisant l’Evangile dans le silence de nosmaisons, en bénissant avec l’Eucharistie, enpleurant la mort et la souffrance, en célébrantla vie comme cela était possible». Et de cettemanière, ajoute-t-il, «la consolation, le récon-fort, la prière d’intercession sont entrées dansles maisons de nombreuses personnes». Etbien, fait remarquer l’auteur, si «c’est le pre-mier message d’une Eglise qui accompagne»,il faut surtout reconnaître à François le mérited’avoir «beaucoup cherché à construire unenouvelle imagination pour interpréter aussibien le moment présent que l’avenir, la visiondu possible».

Et voilà alors la liste des sept figures utili-sées par le Pape pour articuler son discours:la barque, la flamme, le sous-sol, la guerre(des poètes), l’onction, la fenêtre et la pandé-mie elle-même entendue comme métaphore.La première renvoie à l’embarcation dans latempête dont il a parlé le 27 mars, sur uneplace Saint-Pierre totalement vide, lieu d’uneadoration eucharistique et d’une bénédictionUrbi et Orbi accompagnées seulement par leson des cloches, superposé à celui des ambu-lances, sous la pluie. «La barque — affirme lepère Spadaro — devient le symbole d’une fra-ternité radicale et humaine». Ce n’est pas parhasard qu’elle a également été l’image qu’il autilisée le 27 septembre 2014, dans l’homéliede la Messe pour les 200 ans de la reconstitu-tion de la Compagnie de Jésus, quand il avaitexhorté ses confrères disciples de saint Ignace:«Ramez, soyez forts, même avec le vent con-t r a i re ! » .

La deuxième image est «la flamme nouvelledans la nuit», à laquelle il a fait référencepour la bénédiction Urbi et Orbi de Pâques.Quatre «nuits» ont été citées par Jorge Mario

Bergoglio: celle qui touche la vie du citoyen,les sanctions internationales, l’égoïsme et la ri-valité entre les Etats, les conflits armés. Latroisième image, «le sous-sol et les monta-gnes», renvoie au célèbre roman de Dostoïev-ski et se retrouve dans l’entretien avec AustinIvereigh. Le Pape a fait référence à la «guerredes poètes» — quatrième image — dans la let-tre pascale adressée aux mouvements populai-res; alors que la cinquième, «l’onction parfu-mée du service», renvoie encore à l’écrit pour«Vida Nueva». L’avant-dernière — «La fenêtreet la “société de la prophylaxie”» — est uneimage négative et se trouve dans la Lettre en-voyée aux prêtres de Rome en la solennité dePentecôte, où il tire profit de l’intense com-munication qu’il a eue avec les prêtres de sondiocèse par courrier électronique, mais égale-ment au téléphone, pour souhaiter une «Egli-se c a l l e j e ra . Plastiquement, François — ex-plique le directeur de “La Civiltà Cattolica” —a rendu cette nécessité» visible avec «soncorps, également avec sa claudication... Dansl’après-midi du dimanche 15 mars, en parcou-rant à pied une partie de via del Corso, com-me dans un pèlerinage, il a rejoint l’église SanMarcello al Corso, où se trouve le Crucifixmiraculeux qui, en 1522, fut porté en proces-sion dans les quartiers de la ville pour queprenne fin la “Grande Peste” à Rome».

Enfin, il y a l’image de la «pandémie com-me métaphore pour comprendre le monde».En effet, selon le père Spadaro, dans ses dis-cours le Pape a dénoncé à travers elle d’a u t re smaux comme la faim, la guerre, les enfantssans instruction, l’égoïsme indifférent, en som-me «une sorte de pandémie de l’esprit et desrelations sociales, dont celle du coronavirusdevient le symbole». Il s’agit, commente l’au-teur, des «tesselles qui composent la mosaïqued’un imaginaire du possible qui, d’une part,mette en garde et, de l’autre, encourage: “Lafoi nous permet une imagination réaliste etcréative, capable d’abandonner la logique dela répétition, du remplacement ou de laconservation” et nous pousse à «ne pas avoirpeur d’affronter la réalité”» a souligné à cepropos l’Evêque de Rome dans la lettre auxprêtres de son diocèse. Et, observe le directeurde la revue des jésuites italiens, «avec ses septimages François a indiqué — de manière nonpélagienne et volontariste, mais en se confiantà l’œuvre de l’Esprit — une ferme confiancedans l’homme, dans sa raison — qui sait aussicomprendre les problèmes — et dans sa capa-cité d’agir avec compétence et détermination».En définitive, «le Pape a valorisé un tempsd’attente, le spinner de notre système opératif,pour servir de “m i ro i r ” à un monde en crise.Et pour faire cela, il a dû lire le chaos. A lafin, cependant, le miroir est l’Evangile lui-mê-me. Celui qui ne le voit pas et relègue le dis-cours de François à de la “p olitique” sans foi,tombe dans une aberration visuelle, dans cetteforme de strabisme causée par le manque defusion qui permet aux images des deux yeuxde s’unir en une seule». Du reste, Jorge Ma-rio Bergoglio «regarde le monde... avec lesyeux du Christ; et il le fait théologiquement,en unissant une clé de lecture apocalyptique,une invitation à la conversion et une clé pas-cale de mort et de résurrection». Et voilà alorsque la tâche de l’Eglise est celle déjà indiquéedans l’entretien avec «La Civiltà Cattolica»,au début du pontificat en 2013: «Etre un “hô-pital de campagne”, soigner et guérir les bles-sures de l’humanité». Car, conclut le pèreSpadaro, «le temps est venu d’un monde dif-férent, qui demande aussi bien la reconnais-sance de la vulnérabilité globale, que l’imagi-nation propre au réalisme évangélique».

Le Pape François a disposé que dans le formulai-re des litanies de la Bienheureuse Vierge Marieconnues comme «laurétaines», soient insérées lesinvocations «Mater misericordiae», «Materspei» et «Solacium migrantium». C’est ce qui aété annoncé dans une lettre envoyée par le préfetet le secrétaire de la Congrégation pour le cultedivin et la discipline des sacrements à tous lesprésidents des conférences épiscopales du monde.Nous en publions une traduction ci-dessous:

Prot. N. 296/20

LETTRE AU X PRÉSIDENTS DES CONFÉRENCESDES ÉVÊQUES À PROPOS DES INVO CATIONS

«M AT E R MISERICORDIAE», «M AT E R SPEI» ET«SOLACIUM MIGRANTIUM» À INSÉRER DANS

LES L I TA N I E S L AU R É TA I N E S

Du Vatican, le 20 juin, Mémoire du CœurImmaculée de la Bienheureuse Vierge Marie

Eminences, Excellences,En pèlerinage vers la Sainte Jérusalem du

ciel, pour jouir de la communion inséparableavec le Christ, son Epoux et Sauveur, l’Eglisemarche le long des sentiers de l’histoire en seconfiant à Celle qui a cru à la Parole du Sei-gneur. Nous savons à partir de l’Evangile queles disciples de Jésus ont en effet appris, dèsles débuts, à louer celle qui est «bénie entreles femmes» et à compter sur son intercession

maternelle. Les titres et les invocations que lapiété chrétienne, au cours des siècles, a réser-vés à la Vierge Marie, voie privilégiée et sûrevers la rencontre avec le Christ, sont innom-brables. De même à l’époque présente, traver-sée par des motifs d’incertitude et d’é g a re -ment, le pieux recours à Elle, rempli d’affec-tion et de confiance, est particulièrement cherau peuple de Dieu.

Interprète de ce sentiment, le SouverainPontife Fr a n ç o i s , accueillant les désirs expri-més, a voulu disposer que dans le formulairedes litanies de la Bienheureuse Vierge Marie,appelées «Laurétaines», soient insérées les in-vocations «Mater misericordiae», «Materspei» et «Solacium migrantium».

La première invocation sera placée après«Mater Ecclesiae», la deuxième après «Materdivinae gratiae», la troisième après «Refugiump eccatorum».

Alors que je suis heureux de communiquerà Votre Eminence/Excellence cette dispositionpour sa connaissance et son application, jeprofite de l’occasion pour l’assurer de toutemon estime.

Respectueusement dans le Seigneur,

Robert Card. Sarahpréfet

S.Exc. Mgr Arthur Roches e c r é t a i re

Lettre de la Congrégation pour le culte divin aux conférences épiscopales

Trois nouvelles invocationsdans les Litanies laurétaines

Page 6: 1,00 € Numéros précédents 2,00 € OL’ S S E …...Le vendredi 19 juin, le Pape François a reçu en audience le cardinal Angelo Becciu, préfet de la Congrégation pour les

numéro 26, mardi 30 juin 2020 L’OSSERVATORE ROMANO pages 6/7

Homélie en la solennité des saints Pierre et Paul

Seule la prière aplanit la voie vers l’unitéSeul celui qui s’ouvre aux surprises de Dieu devient prophète

La solennité des saints Pierre et Paul a elle aussi ététouchée par l’urgence sanitaire dûe au Covid-19. LePape François a célébré la Messe à l’autel de la Chairede la basilique vaticane, au cours de laquelle il a béniles palliums destinés à cinquante-quatre archevêquesmétropolitains nommés au cours de la dernière année.Un nombre restreint de fidèles a participé à la Messeet, contrairement aux dernières années, le Pape n’a paspu remettre personnellement le pallium aux diversarchevêques métropolitains, mais il les asymboliquement confiés au cardinal Giovanni BattistaRe, doyen du collège cardinalice. Comme nouveautéintroduite il y a quelques années pour souligner le lienavec l’Eglise locale, l’imposition véritable aura lieudans les diocèses d’origine des prélats, de la main dureprésentant pontifical. Voici le texte de l’homélieprononcée par le Pape à cette occasion.

En la fête des deux apôtres de cette ville, je vou-drais partager avec vous deux paroles-clés: unité etp ro p h é t i e .

Unité. Nous célébrons ensemble deux figures trèsdifférentes: Pierre était un pêcheur qui passait sesjournées entre les rames et les filets, Paul un phari-sien cultivé qui enseignait dans les synagogues.Lorsqu’ils partirent en mission, Pierre s’adressa auxjuifs, Paul aux païens. Et quand leurs chemins secroisèrent, ils discutèrent de façon vive, comme Pauln’a pas honte de le raconter dans l’une de ses let-tres (cf. Ga 2, 11sq.). Ils étaient donc deux person-nes des plus différentes, mais ils se sentaient frères,comme dans une famille unie, où on discute sou-vent mais où on s’aime toujours. Cependant la fa-miliarité qui les liait ne provenait pas des inclina-tions naturelles, mais du Seigneur. Il ne nous a pasdemandé de nous plaire, mais de nous aimer. C’est

lui qui nous unit, sans nous uniformiser. Il nousunit dans les différences.

La première lecture d’a u j o u rd ’hui nous porte à lasource de cette unité. Elle raconte que l’Eglise, àpeine née, traversait une phase critique: Hérodeétait furieux, la persécution était violente, l’a p ô t reJacques avait été tué. Et maintenant même Pierreest arrêté. La communauté semble décapitée, cha-cun craint pour sa propre vie. Et pourtant en cemoment tragique, personne ne s’enfuit, personne nepense à sauver sa peau, personne n’abandonne lesautres, mais tous prient ensemble. Dans la prière ilspuisent le courage, de la prière vient une unité plusforte que toute menace. Le texte dit que «tandisque Pierre était ainsi détenu dans la prison, l’Eglisepriait Dieu pour lui avec insistance» (Ac 12, 5).L’unité est un principe qui s’active par la prière,parce que la prière permet à l’Esprit Saint d’interve-nir, d’ouvrir à l’espérance, de réduire les distances,de rester ensemble dans les difficultés.

Remarquons une autre chose: dans ces circons-tances dramatiques, personne ne se lamente du mal,des persécutions, d’Hérode. Personne n’insulte Hé-rode — et nous sommes tellement habitués à insul-ter les responsables. C’est inutile, et même fasti-dieux, que les chrétiens perdent du temps à se la-menter du monde, de la société, de ce qui ne vapas. Les lamentations ne changent rien. Rappelons-nous que les lamentations sont la deuxième portefermée à l’Esprit Saint, comme je vous l’ai dit lejour de Pentecôte: la première est le narcissisme, ladeuxième le découragement, la troisième le pessi-misme. Le narcissisme t’amène au miroir, à te regar-der continuellement; le découragement, aux lamen-tations; le pessimisme, dans le noir, dans l’obscuri-té. Ces trois attitudes ferment la porte à l’EspritSaint. Ces chrétiens n’accusaient pas, mais ils

priaient. Dans cette communauté personne ne di-sait: «Si Pierre avait été plus prudent, nous ne se-rions pas dans cette situation». Personne. Pierre,humainement, avait des raisons d’être critiqué, maispersonne ne le critiquait. Non, ils ne parlaient pasmal de lui, mais priaient pour lui. Ils ne parlaientpas dans le dos, mais parlaient à Dieu. Et nous au-j o u rd ’hui, nous pouvons nous demander: «Gar-dons-nous notre unité par la prière, notre unité del’Eglise? Prions-nous les uns pour les autres?».Qu’est ce qui arriverait si on priait beaucoup pluset si on murmurait beaucoup moins, avec la langueun peu tranquillisée? Ce qui est arrivé à Pierre enprison: comme à l’époque, de nombreuses portesqui séparent s’ouvriraient, plusieurs chaînes qui pa-ralysent tomberaient. Et nous serions étonnés, com-me cette fille qui, en voyant Pierre à la porte, neréussissait pas à ouvrir, mais a couru à l’i n t é r i e u r,émerveillée de joie de voir Pierre (cf. Ac 12, 10-17).Demandons la grâce de savoir prier les uns pour lesautres. Saint Paul exhortait les chrétiens à prierpour tous et en premier lieu pour ceux qui gouver-nent (cf. 1 Tm 2, 1-3). «Mais ce dirigeant est…», etles qualificatifs sont nombreux; je ne les citerai pas,parce que ce n’est pas le moment ni le lieu pour ci-ter les qualificatifs qu’on entend contre les diri-geants. Que Dieu les juge, mais prions pour les di-rigeants! Prions: ils ont besoin de la prière. C’estun devoir que le Seigneur nous confie. Le faisons-nous? Ou bien parlons-nous, insultons-nous et ças’arrête là? Dieu attend que quand nous prions,nous nous souvenions aussi de celui qui ne pensepas comme nous, de celui qui nous a fermé la porteau nez, de celui à qui nous avons de la peine à par-donner. Seule la prière défait les chaînes, comme àPierre, seule la prière aplanit la voie vers l’unité.

A u j o u rd ’hui on bénit les palliums, qui sont con-fiés au doyen du Collège cardinalice et conférés auxarchevêques-métropolitains nommés au cours decette année. Le pallium rappelle l’unité entre lesbrebis et le pasteur qui, tout comme Jésus, chargela brebis sur ses épaules pour ne jamais s’en sépa-rer. Puis aujourd’hui, selon une belle tradition,nous nous unissons de façon spéciale au patriarcheœcuménique de Constantinople. Pierre et Andréétaient frères et nous, quand cela est possible, nouséchangeons des visites fraternelles durant nos fêtesrespectives: non pas tant par gentillesse, mais pourcheminer ensemble vers le but que le Seigneur nousindique: la pleine unité. Aujourd’hui, ils n’ont paspu venir, suite aux problèmes de voyage à cause ducoronavirus, mais lorsque je suis descendu vénérerles restes de Pierre, je sentais dans mon cœur, pro-che de moi mon bien-aimé frère Bartholomée. Ilssont ici, avec nous.

La seconde parole, p ro p h é t i e . Unité et prophétie.Nos apôtres ont été provoqué par Jésus. Pierre s’estentendu demander: «Toi, qui dis-tu que je suis» (cf.Mt 16, 15). A ce moment il a compris que les opi-nions générales n’intéressent pas le Seigneur, maisle choix personnel de le suivre. De même la vie dePaul a changé après une provocation de Jésus:«Saul, Saul, pourquoi me persécuter?» (Ac 9, 4).Le Seigneur l’a secoué du dedans: plus que de lefaire tomber à terre sur le chemin de Damas, il afait tomber sa présomption d’homme religieux etrespectable. Ainsi le Saul fier est devenu Paul: Paulqui signifie «petit». Après ces provocations, aprèsces retournements de vie suivent les prophéties: «Tues Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise»(Mt 16, 18); et à Paul: «Cet homme est l’i n s t ru m e n tque j’ai choisi pour faire parvenir mon nom auprèsdes nations» (Ac 9, 15). Donc, la prophétie naîtlorsqu’on se laisse provoquer par Dieu: non pasquand on gère sa tranquillité et qu’on contrôle tout.Elle ne naît pas de mes pensées, elle ne naît pas demon cœur fermé. Elle naît si nous nous laissonsprovoquer par Dieu. Quand l’Evangile renverse lescertitudes, la prophétie jaillit. Seul, celui qui s’o u v reaux surprises de Dieu devient prophète. Et les voilà

Pierre et Paul, des prophètes qui voient plus loin:Pierre qui le premier proclame que Jésus est «leChrist, le Fils du Dieu vivant!» (Mt 16, 16); Paulanticipe la fin de sa vie: «Je n’ai plus qu’à recevoirla couronne de la justice: le Seigneur, le juste juge,me la remettra» (2 Tm 4,8).

A u j o u rd ’hui nous avons besoin de prophétie,mais de vraie prophétie: non de beaux parleurs quipromettent l’impossible, mais de témoignages quel’Evangile est possible. Il n’est point besoin de ma-nifestations miraculeuses. Ça me fait mal lorsquej’entends proclamer: «Nous voulons une Eglise pro-phétique». Bien. Que fais-tu, pour que l’Eglise soitprophétique? Il faut des vies qui manifestent le mi-racle de l’amour de Dieu. Non de puissance, maisde cohérence. Non de paroles, mais de prière. Nonde proclamations, mais de service. Tu veux uneEglise prophétique? Commence à servir, et tais-toi.Non de théories, mais de témoignage. Nous

n’avons pas besoin d’être riches, mais d’aimer lespauvres; non de gagner pour nous-même, mais denous dépenser pour les autres; non du consente-ment du monde, se sentir bien avec tout le monde— chez nous on dit: «se sentir bien avec Dieu etavec le diable», se sentir bien avec tout le monde —;non, ce n’est pas une prophétie. Mais nous avonsbesoin de la joie pour le monde à venir; non de cesprojets pastoraux qui semblent avoir en soi leur ef-ficacité, comme si c’étaient des sacrements, des pro-jets pastoraux efficaces, non, mais nous avons be-soin de pasteurs qui offrent leur vie: des a m o u re u xde Dieu. Ainsi, Pierre et Paul ont annoncé Jésus, enamoureux. Pierre, avant d’être mis en croix, ne pen-se pas à lui-même mais à son Seigneur et, seconsidérant indigne de mourir comme lui, demanded’être crucifié la tête en bas. Paul, avant d’être dé-capité, pense seulement à donner sa vie et écritqu’il veut être «offert en sacrifice» (2 Tm 4, 6). Ce-

ci est une prophétie. Non des paroles. C’est la pro-phétie, la prophétie qui change l’h i s t o i re .

Chers frères et sœurs, Jésus a prophétisé à Pierre:«Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Egli-se». De même pour nous, il y a une prophétie sem-blable. Elle se trouve dans le dernier livre de la Bi-ble, là où Jésus promet à ses témoins fidèles: «uncaillou blanc, et, inscrit sur ce caillou, un nom nou-veau» (Ap 2, 17). Comme le Seigneur a transforméSimon en Pierre, de même il appelle chacun denous, pour faire de nous des pierres vivantes aveclesquelles construire une Eglise et une humanité ré-novées. Il y a toujours ceux qui détruisent l’unité etéteignent la prophétie, mais le Seigneur croit ennous et il te demande: «Toi, tu veux-tu être bâtis-seur d’unité? Veux-tu être prophète de mon ciel surla terre?». Frères et sœurs, laissons-nous provoquerpar Jésus et trouvons le courage de lui dire: «Oui,je le veux!».

Angelus du 29 juin

Faire de sa vie un donChers frères et sœurs, bonjour!Nous fêtons aujourd’hui les saints patrons de Rome,les apôtres Pierre et Paul. Et c’est un don de nous re-trouver ici, de prier ici, près du lieu où Pierre estmort martyr et a été enterré. Cependant, la liturgiedu jour nous rappelle un épisode complètement diffé-rent: elle raconte que plusieurs années auparavant,Pierre a été libéré de la mort. Il avait été arrêté, il setrouvait en prison et l’Eglise, craignant pour sa vie,priait incessamment pour lui. Alors, un ange descen-dit le libérer de prison (cf. Ac 12, 1-11). Mais des an-nées après également, quand Pierre était prisonnier àRome, l’Eglise a certainement prié à nouveau. A cetteoccasion, toutefois, sa vie ne fut pas épargnée. Pour-quoi a-t-il été libéré la première fois de cette épreuveet ensuite non?

Parce qu’il y a un parcours dans la vie de Pierre,qui peut éclairer le parcours de notre vie. Le Seigneurlui a accordé tant de grâces et l’a libéré du mal: il faitaussi cela avec nous. D’ailleurs, nous allons souvent àLui uniquement dans les moments de besoin, pourdemander de l’aide. Mais Dieu voit plus loin et nousinvite à aller au-delà, à chercher non seulement sesdons, mais à le chercher Lui, qui est le Seigneur detous les dons; à lui confier non seulement nos problè-mes, mais à lui confier notre vie. Il peut ainsi finale-ment nous donner la plus grande grâce, celle de don-ner la vie. Oui, donner la vie. Le plus important dansla vie est de faire de la vie un don. Et cela vaut pourtous: pour les parents envers leurs enfants et pour lesenfants envers leurs parents âgés. Et ici me viennent àl’esprit tant de personnes âgées, qui sont laissées seu-les par leur famille, comme si — je me permets de ledire — elles étaient du matériel de rebut. C’est undrame de notre époque: la solitude des personnesâgées. La vie de leurs enfants et leurs petits-enfantsne se fait pas don pour les personnes âgées. Faire desoi un don, pour celui qui est marié et celui qui estconsacré; cela est valable partout, à la maison et autravail, et envers quiconque est proche de nous. Dieusouhaite nous faire grandir dans le don: ce n’estqu’ainsi que nous deviendrons grands. Nous ne gran-dissons que si nous nous donnons aux autres. Regar-dons saint Pierre: il n’est pas devenu un héros parcequ’il a été libéré de prison, mais parce qu’il a donnésa vie ici. Son don a transformé un lieu d’exécutionsen ce beau lieu d’espérance où nous nous trouvons.

Voici ce qu’il faut demander à Dieu: non seulementla grâce du moment, mais la grâce de la vie. L’Evangiled’a u j o u rd ’hui nous montre précisément le dialoguequi a changé la vie de Pierre. Il a entendu Jésus luidemander: «Pour toi, qui suis-je?». Et il a répondu:«Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant». Et Jésus luidit: «Heureux es-tu, Simon fils de Jonas» (Mt 16, 16-17). Jésus le dit bienheureux, c’est-à-dire h e u re u x . Tues heureux d’avoir dit cela. Notons: Jésus dit h e u re u xà Pierre qui lui avait dit Tu es le Dieu vivant. Quel estalors le secret d’une vie bienheureuse, quel est le se-cret d’une vie heureuse? Reconnaître Jésus, mais Jé-sus comme Dieu vivant, pas comme une statue. Parcequ’il n’est pas important de savoir que Jésus a étégrand dans l’histoire, il n’est pas important d’appré-cier ce qu’il a dit ou fait: ce qui est important est laplace que je lui donne dans ma vie, quelle place jedonne à Jésus dans mon cœur. C’est à ce momentque Simon a entendu Jésus lui dire: «Tu es Pierre, etsur cette pierre je bâtirai mon Eglise» (v. 18). Il n’apas été appelé «p i e r re » parce que c’était un hommesolide et fiable. Non, il commettra tant d’e r re u r saprès, il n’était pas vraiment fiable, il commettra tantd’erreurs, il ira même jusqu’à renier son Maître. Maisil a choisi de construire sa vie sur Jésus, le roc; pas sur«la chair et le sang» — dit le texte —, c’est-à-dire surlui-même, sur ses capacités, mais sur Jésus (cf. v. 17),qui est la pierre. C’est Jésus qui est le roc sur lequelSimon est devenu la pierre. Nous pouvons dire la mê-me chose de l’apôtre Paul, qui s’est donné totalementà l’Evangile, en considérant tout le reste comme im-mondice, pour gagner le Christ.

A u j o u rd ’hui, devant les apôtres, nous pouvonsnous demander: «Et moi, comment est-ce que j’o rg a -nise ma vie? Est-ce que je pense seulement à mes be-soins du moment ou est-ce que je crois que mon vraibesoin est Jésus, qui fait de moi un don? Et commentest-ce que je construis ma vie, sur mes capacités ousur le Dieu vivant?». Que la Vierge Marie, qui s’estentièrement confiée à Dieu, nous aide à Le mettre àla base de chaque journée; et qu’elle intercède pournous afin que nous puissions, avec la grâce de Dieu,faire de notre vie un don.

A l’issue de l’Angelus, le Pape a ajouté les parolessuivantes:

Chers frères et sœurs, j’adresse avant tout mon salut àtous les Romains et à tous ceux qui vivent dans cette

ville, en la fête de ses saints patrons, les apôtres Pier-re et Paul. Par leur intercession, je prie qu’à Romechaque personne puisse vivre avec dignité et puisserencontrer le joyeux témoignage de l’Evangile.

En cette fête, il est de tradition que vienne à Romeune délégation du patriarcat œcuménique de Cons-tantinople, mais cette année cela n’a pas été possibleà cause de la pandémie. C’est pourquoi j’envoie spiri-tuellement une accolade à mon cher frère le patriar-che Bartholomée, dans l’espérance que nos visites ré-ciproques puissent reprendre au plus tôt.

En célébrant la solennité des saints Pierre et Paul,je voudrais rappeler les nombreux martyrs qui ont étédécapités, brûlés vifs et tués, en particulier à l’ép o quede l’empereur Néron, précisément sur le lieu où vousvous trouvez aujourd’hui. C’est une terre ensanglan-tée par le sang de nos frères chrétiens. Demain nouscélébrerons leur commémoration.

Je vous salue, chers pèlerins ici présents: je vois desdrapeaux du Canada, du Venezuela, de Colombie etd’autres pays… Je vous salue! Que votre visite auxtombeaux des apôtres renforce votre foi et votre té-moignage.

Et je souhaite à tous une bonne fête. S’il vousplaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuneret au revoir.

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page 8 L’OSSERVATORE ROMANO mardi 30 juin 2020, numéro 26

Nous ne sommes pas les maîtres de la TerreEntretien avec le cardinal Carlos Aguiar Retes

SI LV I N A PÉREZ

«Il est indispensable de reconnaître la responsabi-lité collective face à notre univers mondialisé,dont les effets se répercutent sur le reste de l’hu-manité». Les signes de l’impact économique quela pandémie de covid-19 est en train de provoquerdans tout le continent américain sont un motif degrande préoccupation pour le cardinal CarlosAguiar Retes, archevêque-primat du Mexique,comme il l’affirme dans un entretien avec «L’O s-

économie. Le Mexique a commencé une réouver-ture graduelle de ses activités sociales le 1er juin,malgré le paradoxe tragique des chiffres qui sonten croissance constante. L’Eglise a accompli degrands efforts pour coordonner les différentes ini-tiatives d’assistance menées dans le pays pour ai-der les pauvres des zones urbaines et rurales.

Eminence, en cette période marquée par la crise sani-taire mondiale, on a dit et répété qu’après le fléau ducovid-19, rien ne sera plus comme avant. En quoi cevirus interpelle-t-il l’Eglise aujourd’hui?

L’Eglise vit cette pandémie en tant que partiede la société. Pour l’Eglise, cela a en particulierété une occasion de reconsidérer la gratuité de lavie et la nécessité de la spiritualité, ce qui repré-sente une opportunité pour évangéliser. L’Eglisedoit sans aucun doute interpréter la pandémiecomme un signe des temps et y découvrir la voixde Dieu créateur.

Les termes «confinement» et «quarantaine», quisemblaient appartenir à des époques oubliées et aulexique médiéval font aujourd’hui partie de notre quo-tidien. Selon vous, qu’est-ce qui a changé pendant cessemaines de pandémie?

La vision de l’avenir de l’humanité et mon en-gagement pour promouvoir un style de vie danslequel la dignité de chaque personne humainesoit respectée. Dans ce but, il est indispensable dereconnaître la responsabilité collective face à ununivers mondialisé, où les effets se répercutent surle reste de l’humanité. La participation et la colla-boration de tous les pays et de toutes les culturespour définir les valeurs sur lesquelles doit reposerla vie sociale des peuples sont donc nécessaires.

L’utilisation de la part de l’Eglise de nouvellestechnologies a conduit à une grande participation spi-

rituelle des fidèles pendant ces jours de confinement àcause du covid-19. S’agit-il de la naissance d’unenouvelle liturgie domestique?

En effet, je pense que cela a été une phase derodage très importante pour l’avenir de l’évangéli-sation, en particulier pour obtenir une commu-nion qui soit reconnue et valorisée par tous les fi-dèles. L’effet sera un plus grand témoignage del’expérience vécue des valeurs chrétiennes en fa-veur de la société.

Quels défis la planète devra-t-elle affronter une foisque la pandémie aura été surmontée? Que peut-onapprendre de la situation actuelle?

Tout d’abord que nous ne sommes pas les maî-tres de notre maison commune, mais les gardienset les administrateurs. Quand l’Eglise, au coursdes siècles, a réussi à mettre en pratique les ensei-gnements de Jésus, elle a réussi à transformer lestyle de vie de la société en une culture fraternelleet solidaire, fondée sur le respect de la dignité dechaque personne, témoignant ainsi qu’il est possi-ble, et que c’est un grand don, de permettre unevie digne à chaque membre de la famille humai-ne. C’est pourquoi, face au commentaire qui cir-cule dans les médias et sur les réseaux sociaux,selon lequel à la fin de la pandémie la vie ne seraplus comme avant, j’invite à nous demander quel-le sera notre réponse en tant que disciples duChrist?

Existe-t-il un lien avec le changement climatique et lacrise climatique? Comment devrions-nous nous com-porter avec la nature une fois la pandémie surmon-tée?

Nous devons nous éduquer et respecter les cy-cles de la vie établis par les lois de la nature, quenous connaissons mieux aujourd’hui grâce à la re-cherche et à la technologie.

servatore Romano». En Amérique latine, l’épidé-mie s’est diffusée presque deux mois après la con-firmation de la part de la Chine de l’existence dunouveau coronavirus (le premier cas positif a étéenregistré au Brésil le 26 février) et l’évolution dela contagion vit des phases différentes selon lespays. Chaque gouvernement est en train d’adop-ter des mesures différentes pour réduire l’impactdu covid-19 sur le système sanitaire et sur son

L’aumônerie du Lycée Châteaubriand à Rome

Relais spirituel pendant le confinement

MARIE HEUZÉ

Sur son ordinateur, Florence Boyrie-Journau pré-pare une leçon de catéchisme pour les 50 à 60 en-fants qui devaient faire leur première communionau printemps de cette année en l’église Saint-Louis-des-Français. Elle sélectionne également destextes à méditer pour les élèves qui se préparaientà recevoir le sacrement de la confirmation le 17mai. Le confinement dû au covid-19 a bouleverséle cours normal de l’enseignement public et privéen Italie à partir du 10 mars et reporté la réouver-ture de tous les établissements scolaires en sep-tembre. Mais pour Florence, la très active res-ponsable de l’aumônerie du lycée Chateaubriandà Rome, «il était impossible de couper le lienpastoral en raison du confinement. L’Eglise doitêtre présente dans ces moments-là».

Le grand défi a été d’adapter le catéchisme auxenfants et à leurs familles. Pas question des’adresser à eux de vive voix comme elle a l’habi-tude de le faire en temps normal. Pas questionnon plus de renoncer à ces cours d’éducation reli-gieuse. Cela fait quinze ans que Florence, appeléede France en 2005 par Mgr Max Cloupet, alorsrecteur de Saint-Louis-des-Français, anime avecune quinzaine de bénévoles — religieux et laïcs —cette fonction indispensable suivie par 200 à 250élèves inscrits à l’aumônerie.

En 2013, S.E. M. Bruno Joubert, ambassadeurde France près le Saint-Siège, lui a remis les Pal-mes académiques pour «sa participation exem-plaire au service public de l’éducation et pour lagrande qualité de son travail auprès des lycéens».Inspirée par l’exhortation apostolique Evangeliigaudium, Florence a partagé avec ses élèves lesappels du Pape François: «Les pauvres ont une

place de choix dans le cœur de Dieu» (EV n. 117),au point d’entraîner ceux qui le veulent à l’accueildes plus démunis chez Don Pietro à San Eustac-chio, proche de Saint-Louis.

Ce soir, Florence enverra pour lecture vingt mi-nutes de textes tirés de l’Evangile, accompagnésd’illustrations reprises dans des ouvrages d’art oudes B D. A lire seul(e) ou en famille. Et un guidepour les parents. Dans les jours suivants, elle semettra en contact en streaming avec eux pourpoursuivre la réflexion et répondre à leurs ques-tions. La conversion de saint Paul et son itinérairede Tarse à Jérusalem, d’Antioche à Chypre, puisd’Anatolie en Grèce jusqu’à sa mort en martyr àRome constituent le fil conducteur du parcoursdes confirmands de 4e. Texte, cartes et vidéo ex-pliquent le cheminement spirituel de Paul, sescertitudes et ses doutes.

Florence explique sa démarche: «Mon idéeétait d’envoyer aux enfants ce qu’on leur auraitenseigné pendant l’heure de cours qui ne pouvaitavoir lieu». Au fil des semaines, ses «leçons» ontété enrichies de vidéos et d’illustrations aussi bienpour les élèves que leurs parents. «Tous les pro-grammes émanent de la Parole de Dieu. Elle estcentrale dans notre enseignement».

Florence a aussi introduit un système d’évalua-tion à la fois original et ludique sous forme dequestionnaire. Par exemple pour les élèves deCM1: «Dans le récit que tu viens de lire, quelle estton histoire préférée de Jésus? Réfléchis bien: uneseule réponse est possible»; pour ceux de 5e:«Qu’est-ce que tu retiens de positif au cours deces derniers mois, même s’ils ont été difficiles?Une seule réponse est souhaitée». Pour un autregroupe: «Qu’as-tu appris sur saint Paul?»

«Pendant le confinement, l’absence de célébra-tions a été vécue avec difficulté par les familles,pendant la Semaine Sainte, Pâques, l’Ascension etPentecôte. De même que le report des premièrescommunions et des confirmations». Le dimanche17 mai, poursuit Florence, «j’ai envoyé aux famil-les le livret sur l’Esprit Saint pour qu’ils conti-nuent à être nourris, spirituellement jusqu’à la cé-rémonie».

Quel bilan fin juin? «Des parents m’ont écritainsi que d’anciens élèves pour m’apporter leursoutien. Le plus difficile pour moi, c’est l’absencede contacts directs avec les jeunes. Et de ne paspouvoir les rencontrer en personne. Au moins lelien pastoral n’a-t-il pas été rompu. Peut-être a-t-ilpermis d’approfondir sa foi en famille».

Le Lycée Chateaubriand a été créé en 1903 parMgr Dumaz, maître de chapelle de Saint-Louis-des-Français à la demande de l’ambassade deFrance près le Saint-Siège. La présence de l’au-mônerie dans ses murs témoigne de liens étroitsentre le lycée et Saint-Louis-des-Français.

Villa Strohl-Fern, siège du Lycée Chateaubriand

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numéro 26, mardi 30 juin 2020 L’OSSERVATORE ROMANO page 9

Au Vietnam la pandémie a renforcé le dialogue interreligieux

Une foi qui va plus loin

PAOLO AF FATAT O

La communauté catholique qui est au Viet-nam respire sa foi à pleins poumons. Aprèsl’interruption des liturgies et le confinementimposé par la pandémie, depuis déjà un moiset demi les célébrations liturgiques et les acti-vités pastorales ont recommencé, bien qu’avecles précautions nécessaires. «Nous avons re-commencé à célébrer la Messe en présence del’assemblée, à la grande joie des fidèles et denous autres pasteurs. A présent, la vie del’Eglise a repris un rythme normal et nous vi-vons au cours du mois de juin un temps spé-cial d’action de grâce», raconte à «L’O sserva-tore Romano» Mgr Joseph Đình Đúc Đao,évêque de Xuân Lôc, un district dans la zonesud-est du pays. «Quand le gouvernement adécidé de mettre toute la société en quarantai-ne et donc d’interrompre toutes les activitésde la société, y compris les assemblées reli-gieuses de toutes les confessions, l’Eglise, avecdouleur mais avec responsabilité, a suspendules Messes avec les fidèles et les activités pas-torales. Toutefois, les églises ont toujours étéouvertes pour les visites personnelles des fi-dèles. Chaque personne — souligne-t-il — a pus’arrêter en adoration et en prière non seule-ment dans sa propre maison, mais égalementen visitant le Très Saint Sacrement à l’église,sous forme privée».

Au Vietnam vivent environ sept millions decatholiques, qui représentent 7% de la popula-tion: les baptisés, raconte Mgr Đình Đúc Đao,«ont montré leur grande foi et leur attache-ment à l’Eglise, le profond esprit évangéliquequi anime leur être». Les fidèles se sont trèsvite organisés pour suivre les retransmissionsdes liturgies sur internet, et la participationenregistrée en ligne a été vraiment élevée:«Certains — rappelle le prélat avec un sourire— ont également eu la hardiesse de défier lesmesures de précaution et, franchissant la clô-ture de la zone des églises, ils se sont appro-chés du temple où l’on célébrait la Messe».La plupart des croyants, en temps de quaran-taine, n’ont pas voulu perdre le rendez-vousdominical ou d’autres prières comme la récita-tion du chapelet: «Il suffit de penser quepour la Messe pascale, seulement à Xuân Lôc,les connexions ont été de 120.000; et, étantdonné que les familles sont plutôt nombreu-ses, il faut multiplier le chiffre au moins parcinq pour avoir le nombre total des fidèles quiont suivi la Messe». Il faut ensuite remarquerque Xuân Lôc est un diocèse qui couvre unterritoire rural, alors que dans d’autres partiesurbanisées du pays, comme dans l’archidio cè-se de Thành-Phô Hô Chí Minh, la densitédes catholiques et la possibilité d’accéder auxmoyens technologiques a même été plusélevée.

Mgr Đình Đúc Đao poursuit: «Nous sa-vons tous parfaitement que suivre la Messesur internet n’est pas la même chose qu’uneparticipation réelle à l’église; mais dans cescirconstances difficiles, nous avons vécu enplénitude des moments de dévotion et decommunion spirituelle. De nombreuses famil-les préparaient le lieu de la maison de ma-nière respectueuse et se rassemblaient devantl’écran, en s’habillant avec des habits de fête,comme pour venir à l’église et suivre la Mes-se. La communauté s’est rassemblée autour deses prêtres pour implorer ensemble la miséri-corde de Dieu pour le monde».

Selon l’évêque, «grâce à ces moments deforte intensité spirituelle, vécus dans la diffi-culté, les baptisés se sont nourris de la grâcede Dieu et les familles sont à présent mêmeplus unies». Ce qui a renforcé le lien a égale-ment été un geste très significatif, accueillicomme «la visitation de Jésus Christ»: en ef-fet, pendant la période qui a suivi Pâques,quand les mesures de lockdown ont commen-cé à être relâchées, il a été permis aux prêtres,aux religieux, aux séminaristes et aux laïcsd’apporter l’Eucharistie aux familles, maisonpar maison. «L’émotion a été forte. Le messa-ge était: le Seigneur visite et bénit chaque fa-mille. Il s’est agi d’un moment fort de spiri-tualité qui a touché le cœur des fidèles», ra-conte-t-il. La présence concrète de l’Eglise auxcôtés de la communauté ne s’est pas vue seu-lement dans l’aspect sacramentel: la proximi-té, les gestes de charité et de solidarité ontégalement été importants. «A cause du lock-down — observe le pasteur de Xuân Lôc — denombreuses personnes ont perdu leur travailet, en conséquence, de nombreuses famillespauvres, en particulier les immigrés, se sontretrouvées en grave difficultés économiques.Les paroisses ne sont pas restées sans rien fai-

re, mais ont organisé des services de volonta-riat pour aider les familles dans le besoin».Les diverses commissions ou associations dio-césaines qui s’occupent de la pastorale des im-migrés ont été particulièrement actives, «ap-portant non seulement une aide matériellemais la proximité, l’affection humaine et laconsolation spirituelle, des aspects égalementimportants pour nourrir l’esp érance».

Au Vietnam, en respectant les précautionsnécessaires, les activités religieuses publiquesbloquées pendant au moins six semaines àcause de l’urgence covid-19, ont repris le 8mai, quand Vu Chien Thang, à la tête du Co-mité pour les affaires religieuses du gouverne-ment, a communiqué que le virus était désor-mais «sous contrôle» et que toutes les provin-ces étaient désormais à bas risque d’infection.Et ainsi, après un temps vécu à l’enseigne dela prière et du jeûne pour demander la miséri-corde de Dieu et préserver la population viet-namienne du coronavirus, «nous vivons au-j o u rd ’hui un temps d’action de grâce pour laprotection reçue, car dans notre province nousn’avons aucun cas de covid-19. Naturellement,nous continuons à prier afin que le Seigneurfasse cesser l’épidémie dans le monde entier,étant donné que dans de nombreux pays onsouffre et on meurt encore», remarque MgrĐình Đúc Đao.

Selon les chiffres de l’Organisation mondia-le de la santé, du 24 janvier au 5 juin, on aenregistré seulement 328 cas de covid-19 et au-cun décès au Vietnam.

Lors de la solennité du Corps et du Sangdu Christ, dimanche 14 juin, à Xuân Lôc lechapelet a été récité dans toutes les familles etles communautés, dans l’intention de bénir etde prier pour la grâce reçue et de demander

Un premier recensement des cas d’abus sexuelsdans l’Eglise en France

Selon les premiers résultats de l’enquête me-née par la Commission indépendante sur lesabus sexuels dans l’Eglise (CIASE) en France,depuis 1950 on compte «au moins 3.000» vic-times de pédophilie et le nombre des auteursde ces violences au sein de l’Eglise ne peutpas être «inférieur à 1.500». C’est ce qu’a an-noncé le président de la commission, vice-pré-sident honoraire du Conseil d’Etat, Jean-MarcSauvé, en précisant qu’il s’agit de chiffres pro-visoires qui proviennent d’une première partiedu travail accompli dans les archives des dio-cèses et des congrégations religieuses.

La CIASE, créée à la fin de 2018 par la vo-lonté commune de la conférence épiscopalefrançaise (CEF) et de la conférence des reli-gieuses et des religieux de France, prévoit depublier son rapport final à l’automne 2021.Entre temps, de nombreux autres cas doulou-reux pourraient apparaître au terme d’a u t re sinitiatives lancées par la commission pour re-cueillir des informations. En premier lieu, laplateforme de dialogue pour le témoignagepar téléphone — ouverte tous les jours de9h00 à 21h00 — instituée il y a un an, qui areçu jusqu’à présent 5.300 appels. L’épidémiede covid-19 a diminué de moitié le nombred’appels et a incité la commission à prolongerce recueil de témoignages jusqu’au 31 octobre.«Le nombre d’appels est impressionnant — acommenté Jean-Marc Sauvé — mais noussommes convaincus que toutes les victimes

n’ont pas encore saisi l’occasion, parce que lasouffrance est trop grande ou qu’elles doutentde l’utilité de leur parole». Outre les témoi-gnages, la CIASE est en train de recueillir desquestionnaires très détaillés — jusqu’à présenton en a enregistré environ 1.500 — et elle or-ganise des entretiens avec les victimes et lesexperts. Suspendues pendant la pandémie, cesauditions ont repris hier. Enfin, les rencontresrégionales, elles aussi interrompues pendantces derniers mois, reprendront au début del’année scolaire, à Rouen, à Lyon et à Dijon,avant Marseille et la Corse. Etant donné quece travail de recensement est désormais bienavancé, la commission veut à présent se con-centrer davantage sur ce que l’Eglise catho-lique a fait ou n’a pas fait au cours de cettelongue période.

En automne, un séminaire réunira les 24membres de la commission pour tracer lesorientations du futur rapport. «La souffrancedes victimes a été un choc pour nous, nous nepouvons qu’être profondément frappés parleurs histoires», insiste Jean-Marc Sauvé. Ledrame des abus sexuels dans l’Eglise a été in-voqué récemment en conclusion de l’assem-blée plénière des évêques par le président dela CE F, Mgr Eric de Moulins-Beaufort, quiconsidérait «nécessaire d’approfondir ce thè-me également en accentuant le travail sur laprévention et la surveillance des prêtres cou-pables».

SUITE À LA PA G E 10

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L’impact de la crise économique sur les migrants

Le coronavirus et la chutedes transferts de fonds en Afrique

GIULIO ALBANESE

Les mesures pour limiter le coronavirus au niveaumondial et la crise économique qui a suivi ont defortes répercussions sur les migrants africains ensituation régulière et irrégulière. En effet, on as-siste à une forte réduction des transferts de fonds(rémitance) envoyés périodiquement dans les paysd’origine à cause du chômage croissant et de laprécarité du travail, du manque de protection so-ciale et de l’accès difficile aux services de «moneytransfer».

Selon une prévision récente de la Banque mon-diale (BM), les flux de transferts d’argent des mi-grants provenant des pays d’Afrique sub-saharien-ne s’élèveront à 37 milliards de dollars en 2020,enregistrant une baisse de 23,1% à la suite de lacrise économique déclenchée par le covid-19. Se-lon la même source, il pourrait y avoir une reprisedes transferts d’argent en 2021, estimée autour de4%, portant le total des transferts de fonds à 38milliards de dollars. Et dire que dans un rapportpublié l’an dernier par la BM sur les migrations etle développement, il apparaissait que le volumede transferts de fonds en 2018 vers les paysd’Afrique subsaharienne avait augmenté, attei-gnant le chiffre record de 48 milliards de dollars.

La situation aujourd’hui est particulièrementpréoccupante pour les immigrés africains présentsactuellement aux Etats-Unis, en France, auRoyaume-Uni et en Chine. En effet, les transfertsde fonds provenant de ces quatre pays industriali-sés représentent près d’un quart de tous les fondstransférés en Afrique. Comme on le sait, sous le

terme de «rémitance», on entend les sommesd’argent que les travailleurs émigrés envoient dansleur terre d’origine et qui représentent une sourceessentielle de revenu pour les pays en voie de dé-veloppement, en particulier pour les pays afri-cains. Malheureusement, la crise économique pro-voquée par la pandémie a engendré la baisse laplus importante des trente dernières années. Pourfaire une comparaison, à la suite de la grave criseéconomique et financière des crédits subprime de2008, le montant des transferts d’argent, au ni-veau mondial, subit alors une baisse de 5%. Lestransferts d’argent — il est utile de le rappeler —contribuent de façon significative à garantir lesmoyens de subsistance dont ont besoin les famil-les restées en Afrique — en particulier la santé etl’éducation — et se révèlent également un moyende garantir le lancement d’activités commercialesdans le secteur de l’agriculture ou dans d’a u t re ssecteurs productifs. A ce propos, il faut soulignerque le secteur informel est la première source detravail en Afrique, représentant environ 75% del’emploi non agricole et plus de 70% de l’emploitotal en Afrique sub-saharienne. Plus de 90% desnouveaux postes de travail créés dans certainspays africains relèvent de l’économie informelle.

En substance, cela signifie qu’étant donné quede nombreuses personnes n’ont pas accès à unemploi fixe mais survivent grâce à des moyens defortune, de nombreux foyers peuvent affronter lesdépenses courantes grâce aux transferts d’a rg e n tde leurs membres de la famille qui sont allés tra-vailler à l’étranger. Toujours selon la BM, les trans-ferts de fonds sont devenus la principale sourced’entrées en devise étrangère pour l’Arique sub-saharienne et ont un impact significatif sur le PIBde nombreux pays. L’Egypte est l’un de ceux quiont bénéficié le plus des transferts d’argent de sesressortissants à l’étranger: 26,8 milliards de dollars(8,9% du PIB, en croissance par rapport à l’annéeprécédente). Le Nigéria également dépend beau-coup des transferts d’argent: 23,8 milliards de dol-lars en 2019. Toujours l’an dernier, le Soudan duSud a été le pays africain dans lequel les trans-ferts d’argent ont représenté la part la plus impor-tante du PIB: 34,4%, suivi par le Lesotho avec21,3% et la Gambie avec 15,5%. Etant donné, éga-lement, que sur le continent africain, on enregistresouvent des crises politiques et des conflits armés,au cours des périodes de crise, cet argent repré-sente l’unique ancre de salut pour les familles etles communautés qui le reçoivent.

Le cas de la Somalie, où le coronavirus a un ef-fet dévastateur sur l’économie nationale, est em-blématique. Tout récemment, le ministre des fi-nances somalien, Abdirahman Duale Beyle, a faitsavoir que les flux de transferts de fonds dans sonpays sont en train de s’épuiser, parce que de nom-breux Somaliens résidant à l’étranger ont perduleur travail à cause du virus. Pour cette raison, lesentrées du gouvernement de Mogadiscio se sontréduites de 40%, car le gouvernement exécutifn’est pas en mesure de prélever les impôts descontribuables qui reçoivent normalement des ai-des des diverses diasporas présentes dans le mon-de. Il faut souligner qu’environ un milliard et de-mi de dollars arrivait chaque année en Somaliesous forme de transferts d’argent, une sommesensiblement supérieure aux aides extérieures. Aucours de ces années de guerre civile en Somalie,de nombreuses familles ont puisé à ces recettespour survivre. Par ailleurs, il s’agit d’un phéno-mène qui ne concerne pas seulement la Somalieet certainement pas exclusivement l’Afrique. Si leniveau des Aides publiques au développement(APD) est désormais au point mort depuis plu-sieurs années, une aide plus importante aux éco-nomies des pays pauvres arrive précisément à tra-vers le canal des transferts d’argent de la part desimmigrants résidant dans les pays où ils sont arri-vés. Aujourd’hui, ceux-ci constituent l’une des en-

trées économiques les plus importantes pour cescontextes, dépassant dans une large mesure lesflux de l’APD et des investissements directs del’étranger. Il suffit de penser qu’en 2018, plus de200 millions de travailleurs migrants dans le mon-de ont envoyé 689 milliards de dollars dans leurspays d’origine respectifs, dont 529 milliards dedollars ont été envoyés vers les pays en voie dedéveloppement. Cette somme est plus de troisfois supérieure au montant de l’APD au niveau in-ternational. Quoi qu’il en soit, envoyer cet argenten Afrique continue d’être très coûteux. Il suffitde penser qu’au cours du premier trimestre decette année, entre les taux de change et les com-missions, pour transférer au Nigéria 200 dollarsde l’Europe, le coût total s’élevait à 8,9% de lasomme transférée.

Bien que les pourcentages varient selon lespays où résident les bénéficiaires, il demeure lefait que souvent, les paiements sont réalisés en ar-gent comptant. A cela s’ajoute le fait que les don-nées officielles sont quoi qu’il en soit partielles,parce que les transferts d’argent en sortie ne tran-sitent pas nécessairement à travers les intermédiai-res officiels (agents, money transfer, banques, pos-tes), mais circulent souvent à travers des canauxinformels, non traçables et donc non inclus dansles statistiques officielles. Officiellement, la mo-yenne mondiale des opérations pour transférer del’argent s’élève quoi qu’il en soit à 7% de la som-me envoyée. L’objectif de développement durable«10.c» vise à réduire les coûts de transaction àmoins de 3% d’ici 2030. Il faut souhaiter que lestechnologies modernes, en particulier celles mobi-les et la numérisation puissent rendre les procédu-res moins coûteuses, en allant de pair avec uncontexte normatif plus transparent et favorable.Une chose est certaine: en dépit de la crise écono-mique provoquée par le coronavirus, la nécessitéde faire de ce revenu une véritable opportunité dedéveloppement pour les pays bénéficiaires afri-cains est plus qu’évidente.

Saint-Siège

Le Saint-Père a nommé:

15 juin

Mgr LUBOMÍR WELNITZ, du clergé de l’as-sociation cléricale Œuvre de Jésus Souve-rain Prêtre et official de la Pénitencerieapostolique: cérémonier pontifical.M. FABIO GASPERINI: secrétaire de l’admi-nistration du patrimoine du Siège aposto-lique (APSA).

Né à Rome (Italie) le 17 octobre 1961. Ré-viseur des comptes, comptable et titulaired’une maîtrise en économie et commerce. Ilpossède plus de 25 ans d’expérience dans lesservices de conseil et de révision comptableauprès de diverses institutions financières.

la protection pour toutes les familles du dio-cèse. En outre, des moments spéciaux ontété prévus pour les enfants et les jeunes, quiont recommencé à se rencontrer, tout en res-pectant les distances, en chantant et enpriant ensemble. Un moment de rencontreet de fête qui a rassemblé de nombreux fi-dèles est celui qui a été organisé au sanc-tuaire marial diocésain de Núi Cúi, où lespèlerins se sont rassemblés sous le manteaude la Mère céleste. A cette occasion, unecollecte a été organisée pour aider les pluspauvres. Cet engagement de solidarité a eule pouvoir de renforcer encore davantage lesrelations et la coopération interreligieuse, enparticulier avec les communautés bouddhis-tes, qui vivent profondément la valeur de lacompassion.

C’est dans cet esprit que les prêtres duSacré-Cœur de Jésus (déhoniens) à Huê,antique capitale du Vietnam, travaillent auxcôtés des sœurs bouddhistes pour assisterdes personnes porteuses de graves handi-caps physiques, parmi les plus vulnérableset exclues en temps de pandémie. Des reli-gieux et des bénévoles laïcs guidés par lepère Joseph Phan Tan Ho, responsable dela congrégation du Sacré-Cœur de Jésus àHuê, sont en contact étroit avec le centrebouddhiste pour les enfants porteurs dehandicap de la ville: ils offrent non seule-ment des denrées alimentaires à cette struc-ture, pourvoyant à d’autres nécessités, maisils viennent également dans le centre, pas-sent du temps avec les enfants, préparent lesrepas et jouent avec eux.

SUITE DE LA PA G E 9

La pandémieau Vietnam

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numéro 26, mardi 30 juin 2020 L’OSSERVATORE ROMANO page 11

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Collège épiscopalNominations

Le Saint-Père a nommé:

15 juin

S.Exc. Mgr SANTIAGO GÓMEZSIERRA: évêque de Huelva (Espa-gne), le tansférant du siège titulai-re de Vergi et de la charge d’auxi-liaire de Séville (Espagne).

Né à Madridejos, archidiocèsede Tolède (Espagne), le 24 novem-bre 1957, il a été ordonné prêtre le18 septembre 1982 pour le clergédu diocèse de Cordoue. Le 18 dé-cembre 2010, il a été nomméévêque titulaire de Vergi et auxi-liaire de Séville, et a reçu l’o rd i n a -tion épiscopale le 26 février 2011.Au sein de la conférence épiscopa-le espagnole, il est membre de lacommission pour l’évangélisation,la catéchèse et le catéchuménat.

S.Exc. Mgr ARTURO EDUARD OFAJARD O BU S TA M A N T E , jusqu’àprésent évêque de San José deMayo (Uruguay): évêque de Salto( U ru g u a y ) .

Né à Aiguá, alors diocèse deMinas (Uruguay), le 17 juillet 1961,il a été ordonné prêtre le 8 mai1988. Le 27 juin 2007, il a été éluévêque de San José de Mayo, et areçu l’ordination épiscopale le 8septembre suivant. Il est actuelle-ment président de la conférenceépiscopale uruguayenne.

le père MAU R Í C I O AGOSTINHOCA M U T O, C.S.S P, jusqu’à présentdirecteur de la Radio nationale ca-tholique «Radio Ecclesia»: évêquede Caxito (Angola).

Né le 26 décembre 1963 à Co-lungo Alto, diocèse de Ndalatan-do, province angolaise de KwanzaNorte, il a émis sa profession reli-gieuse dans la Congrégation del’Esprit Saint le 5 septembre 1987et a été ordonné prêtre le 28 juillet1991.

17 juin

le père GI O VA N I CARLOS CALDASBARRO CA, du clergé de l’a rc h i d i o -cèse de Brasília (Brésil), jusqu’àprésent curé de «São Miguel Ar-canjo» à Recanto das Emas - D F.:évêque d’Uruaçu (Brésil).

Né le 14 février 1969 à Brasília(Brésil), il a été ordonné prêtre le3 décembre 1994 pour le clergé deBrasília.

le père ANTHONY TEUMA, du cler-gé du diocèse de Gozo (Malte),jusqu’à présent délégué épiscopalpour la famille et responsable du«John Paul II Family Institute» deGozo: évêque de Gozo (Malte).

Né à Xaghra, Gozo (Malte), le11 janvier 1964, il a été ordonné

prêtre le 25 juin 1988 pour le dio-cèse de Gozo.

18 juin

S.Exc. Mgr GIANRICO RUZZA:évêque de Civitavecchia-Tarquinia(Italie), le transférant du siège ti-tulaire de Subaugusta et de lacharge d’auxiliaire de Rome.

Né le 14 février 1963 à Lugnanoin Teverina, diocèse et province deRome (Italie), il a été ordonnéprêtre le 16 mai 1987 pour le clergéde Rome. Nommé évêque titulairede Subaugusta le 8 avril 2016, il areçu l’ordination épiscopale le 11juin suivant.

le père JUA N ALBERTO AYA L A RA-MÍREZ, du clergé du diocèse deSan Cristóbal de Venezuela (Véné-zuéla), jusqu’à présent vicaire épis-copal pour la zone territoriale«Espíritu Santo» et curé de la pa-roisse «Nuestra Señora de los Án-geles» à La Grita: évêque auxiliai-re du diocèse de San Cristóbal deVenezuela (Vénézuéla), lui assi-gnant le siège titulaire de Rusu-b i s i r.

Né à San Pedro de Pregonero,circonscription Uribante, diocèsede San Cristóbal de Venezuela(Vénézuela), le 15 novembre 1973,il a été ordonné prêtre le 1er no-vembre 2002 pour le clergé de SanCristóbal de Venezuela.

19 juin

S.Exc. Mgr RO CHUS JOSEF TATA -MAI, M.S.C., jusqu’à présent évêquede Kavieng (Papouasie-NouvelleGuinée): archevêque métropolitainde Rabaul (Papouasie-NouvelleGuinée).

Né le 24 septembre 1962 à Ra-duna, archidiocèse de Rabaul (Pa-pouasie-Nouvelle Guinée), il aémis ses vœux perpétuels chez lesMissionnaires du Sacré Cœur(Msc) à Vunapau le 2 février 1989et a été ordonné prêtre le 26 no-vembre de la même année à Vuna-pope. Le 8 juillet 2005 il a été éluà l’église titulaire d’Accia et nom-mé dans le même temps auxiliairedu diocèse de Kerema en Papoua-sie-Nouvelle Guinée. Il a reçu l’or-dination épiscopale le 29 septem-bre suivant et le 29 novembre 2007il a été transféré au siège résiden-tiel de Bereina. Depuis le 22 juin2018, il était évêque de Kavieng.

le père MICHEL MU L L O Y, du cler-gé du diocèse de Rapid City(Etats-Unis d’Amérique), jusqu’àprésent administrateur diocésainde Duluth: évêque de Rapid City(Etats-Unis d’Amérique).

Né le 20 mai 1954 à Mobridge,South Dakota, diocèse de SiouxFalls (Etats-Unis d’Amérique), il a

été ordonné prêtre pour le clergéde Sioux Falls le 8 juin 1979.

le père JOHN DEREK PE R S AU D , duclergé de Georgetown (Guyane),jusqu’à présent vicaire général, vi-caire pour le clergé et administra-teur de la cathédrale: évêque deMandeville (Jamaïque).

Né à Georgetown, Guyane, le28 août 1956, il a été ordonné prê-tre le 14 juillet 1985 pour le clergéde Georgetown.

20 juin

le père RICARD O BASILIO MORA-LES GALIND O, O. de M., ancien ad-ministrateur apostolique «sede va-cante et ad nutum Sanctae Sedis»de l’archidiocèse de Puerto Montt(Chili): évêque de Copiapó(Chili).

Né à San Fernando, diocèse deRancagua (Chili), le 11 septembre1972, il a émis sa profession perpé-tuelle chez les mercédaires le 24juin 2005 et a été ordonné prêtrele 3 mars 2006.

le père JOSÉ AMABLE DURÁN TI-N E O, du clergé de l’archidiocèse deSantiago de los Caballeros, jus-qu’à présent recteur du séminairenational «Santo Tomás de Aqui-no» à Saint-Domingue (Répu-blique dominicaine): évêque auxi-liaire de Saint-Domingue (Répu-blique dominicaine), lui assignantle titre épiscopal de Tacia Mon-tana.

Né le 13 août 1971 à San José delas Matas, archidiocèse de Santia-go de los Caballeros (Républiquedominicaine), il a été ordonné prê-tre le 6 janvier 2000.

Démissions

Le Saint-Père a accepté la démis-sion de:

15 juin

S.Exc. Mgr JOSÉ VILAPLANA BLAS-C O, qui avait demandé à être rele-vé de la charge pastorale du dio-cèse de Huelva (Espagne).

18 juin

S.Exc. Mgr LUIGI MARRUCCI, quiavait demandé à être relevé de lacharge pastorale du diocèse de Ci-vitavecchia-Tarquinia (Italie).

19 juin

S.Exc. Mgr FRANCESCO PA N F I L O,S.D.B., qui avait demandé à être re-levé de la charge pastorale de l’ar-chidiocèse métropolitain deRabaul (Pap ouasie-NouvelleGuinée).

Audiencesp ontificales

Le Saint-Père a reçu en audience:

15 juin

S.Em. le cardinal LEONARD O SANDRI,préfet de la Congrégation pour lesEglises orientales.

18 juin

S.Em. le cardinal FRANCESCO MON-T E N E G R O, archevêque d’Agrigente(Italie), avec l’évêque coadjuteur,S.Exc. Mgr ALESSANDRO DAMIANO;et avec S.Exc. Mgr VINCENZO BER-TOLONE, archevêque de Catanzaro-Squillace.S.E. le comte JOHN CORNET D’EL-ZIUS, ambassadeur de Belgique, envisite de congé.

19 juin

S.Em. le cardinal ANGELO BE C C I U,préfet de la Congrégation pour lescauses des saints.

20 juin

S.Em. le cardinal MARC OU E L L E T,préfet de la Congrégation pour lesévêques.Leurs Excellences MM.:

— GEORGE UMO GODWIN, ambas-sadeur du Nigéria, en visite de con-gé;

— GEORGE SIBI, ambassadeur d’In-de, en visite de congé.

22 juin

Leurs Eminences MM. les cardinaux:— ANGELO DE DO N AT I S , vicaire gé-

néral pour le diocèse de Rome;

— STA N I S ŁAW RYŁKO , archiprêtrede la basilique papale de Sainte-Ma-r i e - M a j e u re ;

S.Exc. Mgr VINCENZO PAGLIA, prési-dent de l’Académie pontificale pourla vie.

Curie romaine

Le Saint-Père a nommé:

19 juin

Leurs Eminences MM. les cardinauxLUIS ANTONIO G. TAGLE, préfet dela Congrégation pour l’évangélisationdes peuples; LUIS FRANCISCO LADA-RIA FERRER, préfet de la Congréga-tion pour la doctrine de la foi; DO-MINIQUE MAMBERTI, préfet du Tribu-nal suprême de la signature aposto-lique; et JOSEPH KEVIN FARRELL,préfet du dicastère pour les laïcs, lafamille et la vie: membres du Conseilpontifical pour les textes législatifs.

Page 11: 1,00 € Numéros précédents 2,00 € OL’ S S E …...Le vendredi 19 juin, le Pape François a reçu en audience le cardinal Angelo Becciu, préfet de la Congrégation pour les

page 12 L’OSSERVATORE ROMANO mardi 30 juin 2020, numéro 26

Le rôle des ordres religieux dans la construction de l’Europ e

Un levain fécondMICHELE DI BARI

De récents succès de librairie montrent quela culture laïque, même la plus éloignéedes intérêts religieux, est toujours plus at-

tirée par l’expérience du monachisme chrétien oc-cidental, le considérant comme l’un des princi-paux artisans de l’identité européenne.

On ressent la nécessité d’une réflexion attentivesur cette expérience, qui connut un grand déve-loppement en particulier à l’époque médiévale,afin de tenter de dévoiler les racines de notre cul-ture et la source de ses valeurs, dont la réaffirma-tion peut contribuer à renforcer les bases pour laconstruction de l’Europe en tant qu’entité poli-tique et sociale.

Un rôle significatif dans l’histoire séculaire ettourmentée de notre continent a été joué par lesordres religieux en général, à partir naturellementdu monachisme bénédictin. Au VIe siècle, autourde 529, Benoît de Nursie fonda le monastère duMontcassin, dans lequel des hommes de toute ex-traction sociale et culturelle étaient appelés à re-chercher la perfection chrétienne à travers une ri-gide ascèse et la vie communautaire, disciplinéepar une Regola équilibrée, dont le noyau était ré-sumé dans la devise «Ora et labora».

Il s’agit d’un événement véritablement révolu-tionnaire, qui permit au monachisme bénédictinde se diffuser dans toute l’Europe avec ses établis-sements, ses copistes, ses bibliothèques, ses pro-priétés foncières, réalisant ainsi la transmission dela culture de l’antiquité à l’occident chrétien etpromouvant avec les entreprises agricoles an-nexées à ses monastères l’assainissement de vastest e r r i t o i re s .

Plus tard, au XIIIe siècle, la naissance des ordresdits mendiants qui, à la différence de ceux mo-nastiques, ne pratiquaient pas la stabilitas loci,mais allaient de ville et ville pour prêcher l’Evan-gile et exhorter les fidèles à inspirer leur vie auxprincipes évangéliques, introduisit de nouvellesformes de vie religieuses, centrés sur la pratiqued’une pauvreté évangélique rigoureuse, sur l’hu-milité, sur la pénitence, sur l’engagement dans lemonde à travers la prédication.

Le phénomène de la naissance et de la diffu-sion des ordres mendiants est lié, entre autres, auprocessus historique de la naissance des villes etde la naissance des Communes libres à partir duonzième siècle. Les Mendiants, les ordres appelés«réguliers», parce que gouvernés par une «Rè-gle», répondirent à un besoin d’assistance spiri-tuelle, de cura animarum, ressenti par la popula-tion urbaine croissante, auquel de toute évidencele clergé séculier et les prêtres n’étaient pas enmesure de pourvoir entièrement.

En 1210, François d’Assise et ses premiers con-frères obtinrent du Pape Innocent III la recon-naissance de la forme de vie religieuse qu’ilsavaient choisie. Ces fratres minores se proposaientde diffuser les valeurs profondes de la moraleévangélique, l’amour de Dieu et l’amour entre leshommes.

En 1216, le Pape Honorius III approuva l’o rd redes dominicains qui se consacra en particulier à laprédication et à la défense de la foi chrétienne.

Plus tard, aux XVIe et XVIIe et dans le cadre de laRéforme catholique, de nouveaux ordres religieuxaccentuèrent cette projection vers la société sécu-lière, dans laquelle ils jouèrent un rôle capitalpour la diffusion de l’instruction supérieure (c’estle cas de la Compagnie de Jésus fondée par Igna-ce de Loyola en 1534) et populaire (c’est le casdes scolopes, fondés par Joseph de Calasanz en1617), et pour l’assistance des classes pauvres, du-rement frappées par la crise provoquée par la dé-pression économique, par les bouleversements de

Comme on le sait, tant Jean-Paul II que Be-noît XVI souhaitèrent vivement l’insertion dans letexte de la Constitution européenne, entrée en vi-gueur le 1er décembre 2009, d’une référence aux«racines chrétiennes» de l’Europe, à côté de la ré-férence à l’héritage gréco-romain. Ces deux réfé-rences ne furent pas acceptées et dans le préam-bule de la Constitution, fruit d’un dialogue soute-nu, sont mentionnés les héritages culturels, reli-gieux et humanistes de l’Europe. La teneur del’article 51 du texte constitutionnel, qui évoque lareconnaissance des droits des Eglises et le «dialo-gue structurel entre les institutions européennes etles Eglises», confirme l’esprit «laïc» que, par vo-lonté de la majorité des pays européens, l’on avoulu conférer à la Constitution européenne, re-nonçant à reconnaître les éléments qualifiants dupatrimoine historique et culturel de l’Europ e.

Un grand philosophe laïc Benedetto Croceécrivit un bref essai intitulé Pourquoi nous ne pou-vons pas ne pas nous dire «chrétiens». L’Eglise ca-tholique délimite l’espace de l’Europe occidentaleau moins depuis la réforme grégorienne du XIe

siècle, jusqu’à la Réforme du XVIe siècle. Et au-j o u rd ’hui, on tend, en abusant du terme identité,à remodeler le passé sous cette enseigne.

la forte crise des vocations, les communautés reli-gieuses continuent certainement de constituer un«levain» fécond dans la vie de l’Eglise, mais ellessont également gardiennes de valeurs que l’E u ro -pe contemporaine doit préserver.

Il s’agit de valeurs à la fois spirituelles, histori-ques et culturelles, qui caractérisent le vieux con-tinent, et parmi celles-ci, figurent également cellesinspirées par le christianisme. En effet, l’Europ e,avant d’être un concept géographique, est surtoutune entité culturelle qui a évolué au cours de mil-lénaires d’histoire et elle se distingue par des ca-ractères bien précis. Et ce sont précisément ces ra-cines historiques et culturelles, parmi lesquelles fi-gure également le christianisme, qui rendent plussolides son identité et sa mémoire. Seul qui pos-sède une identité et une mémoire bien fortes etconsolidées peut accueillir l’autre et dialogueravec lui.

Il est donc évident que l’identité ne peut êtreisolée du système de valeurs qu’elle contient, etque ces valeurs sont largement diffusées et parta-gées par les populations.

Il est certain que l’affirmation des racines chré-tiennes fait référence à un patrimoine du passé,identifié parmi les nombreux principes entrésdans les documents constitutionels des Etats euro-péens, comme les droits fondamentaux, l’e x e rc i c ede la liberté, le respect de la dignité des person-nes, la parité du genre, mais elle constitue éga-lement un horizon capable d’étendre le périmètredes valeurs au-delà de la formule abstraite,en affrontant les nouveaux défis auxquels les fluxmigratoires ont donné lieu sur le vieux continent.Il s’agit d’un espace de confrontation, dans lequelce patrimoine médiéval sera très utile pour rat-tacher l’avenir de l’Europe à ses racines chré-tiennes.

Ci-contre: Leandro da Ponte, Honorius III

approuve l’ordre de saint DominiqueCi-dessous: Giotto, Légende de saint François;la confirmation de la règle

la guerre et par les pestesqui tourmentèrent en parti-culier le XVIIe siècle. A cepropos, l’activité en particu-lier des Fatebenefratelli, fon-dés en 1540, et des camil-liens, nés en 1584, se révélatrès significative. L’élan ap-porté à la diffusion du mes-sage chrétien détermina parailleurs également l’intérêtdes jésuites et d’autres ordresreligieux pour les missionsen Chine, au Japon et enExtrême-O rient.

Pour des raisons politi-ques, sociales et économi-ques, et dans le cadre d’am-ples processus de sécularisa-tion ayant eu lieu dans lespays catholiques européensdes XVIIIe et XIXe siècle, lesordres religieux furent frap-pés par des lois de suppres-sion qui conduisirent à l’ac-quisition de leurs biens de lapart de l’Etat. Malgré cela,les communautés monasti-ques et conventuelles réussi-rent à survivre et obtinrentfinalement à nouveau la re-connaissance civile, commecela eut lieu en Italie avecles Accords du Latran de1929.

A u j o u rd ’hui, en dépit de