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Enseigner Rechercher Patrimoine Universitaire Nord-Pas de Calais

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  • PatrimoineUniversitaireNord-Pas de

    Calais

  • 5Sommaire

    Le patrimoine universitaire rgional par Nabil El-Haggar

    De Pasteur aujourdhui : un modle lillois de la recherche scientifique ? par Nabil El-Haggar, Isam Shahrour et Antoine Matrion

    Patrimoine et enseignement de la physique la Facult des Sciences de Lille par Guy Sguier

    Les collections du laboratoire des sciences vgtales et fongiques de la Facult des Sciences pharmaceutiques et biologiques de lUniversit Lille 2 par Rgis Courtecuisse

    Enseigner, Rechercher - Lvolution des usages du patrimoine de la Facult des Lettres lUniversit Lille 3 par Herv Leuwers et Constance Bienaim p.34

    Enseignement des sciences et formation des matres : lEcole nor-mal dInstituteurs de Douai (1833-1990) par Johann-Gnther Egginger

    Historique des universits de la Rgion Nord-Pas de Calais par Jean-Franois Condette

    p.6

    p.10

    p.16

    p.22

    p.34

    p.46

    p.58

  • 6

  • 7Lettres de fondation de lUniversit de Douai signes du Pape Paul iV, 31 juillet 1559.

    Archives Dpartementales du Nord

    La question du patrimoine universitaire est oublie et nglige depuis trop longtemps, ce qui ne pouvait que conduire la dfiance que lon connat dune bonne partie des universits franaises en matire de conservation et de valorisation de leur patrimoine.

    Aujourdhui, on note une prise de conscience de limportance du patrimoine culturel et scientifique des universits en ce qui concerne le patrimoine hrit et, dans une moindre mesure, le patrimoine en mergence.

    Si cette prise de conscience est ncessaire, le patrimoine culturel et scientifique reste une question dont personne ne nie limportance mais que lon classe souvent comme non prioritaire, autrement dit, non indispensable notre survie. Il relve de ces objets dont on peut se passer, dont nous navons pas besoin pour avancer! Cet tat de fait concerne souvent les questions culturelles dont, nous lavons dit, personne ne nie limportance, mais qui sont rarement considres et traites comme prioritaires.

    Et, de fait, ce qui nest pas reconnu comme prioritaire est class comme secondaire. La question du patrimoine, comme toutes celles dites secondaires, est victime de limportant qui simpose en domi-nant prioritaire. Cest videmment le cercle vicieux qui empche la prise en charge et le dveloppement de tant de questions inhrentes au dveloppement humain. Le combat pour la sauvegarde et la valorisation du patrimoine scientifique universitaire en France en est ses dbuts et ne progressera que si le patrimoine est dclar comme une priorit politique dans chaque universit.

    Le patrimoine universitaire rgional

    par Nabil el-Haggar

  • 831 juillet 1559

    prom

    ulgation des Lettres de fondation de lU

    niversit

    de Douai par le p

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    aul IV

    28 avril 1865

    Cration du

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    15 septem

    bre 1793

    Suppression d

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    ouai par la Convention

    12 no

    vembre 1875

    Lcole prparatoire de m

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    harmacie

    de Lille devien

    t une Facult

    17 mars 1808

    Rtablissem

    ent de la Facult des Lettres Douai

    (suppression la Restauration)

    22 aot 1854

    Rapparition de la Facult des Lettres Douai et

    cration de la Facult des Scien

    ces de Lille

    Le sens de lhritage

    La conservation et la valorisation du patrimoine, cest avant tout un acte de partage et une appropriation de lhritage. Lappropriation du pass savre plus que jamais ncessaire pour faire socit, se parler et mieux se connatre. Elle est ncessaire pour nous armer contre les barbaries du prsent. Car, chaque poque et tout moment, un vide peut natre de la barbarie dun prsent arrogant qui sexerce sur le pas-s. Lcrivain italien Giuseppe pontiggia disait: rendre flou le pass ne peut que dilater le vide du prsent.

    paul Ricur dcrit le phnomne dusure et drosion que lunique civilisation mondiale exerce sur les grandes civilisations du pass et qui, entre autres effets inquitants, se traduit par la diffusion sous nos yeux dune civilisation de pacotille qui est la contrepartie drisoire de ce que jappelle la culture lmentaire 1. Cela vaut autant pour le patrimoine artistique que pour lhritage culturel et scientifique, matriel et immatriel des universits.

    Toujours selon paul Ricur: Cest partir dune analyse subtile de lexprience individuelle dappartenir un groupe, et sur la base de lenseignement reu des autres, que la mmoire individuelle prend possession delle-mme Dans ce contexte, le tmoignage nest pas considr en tant que profr par quelquun en vue dtre recueilli par un autre, mais en tant que reu par moi dun autre titre dinformation sur le pass. cet gard, les premiers souvenirs rencontrs sur ce chemin sont les souvenirs partags, les souvenirs communs. Ils nous permettent daffirmer quen ralit nous ne sommes jamais seuls2.

    1 paul Ricur, Civilisation universelle et cultures natio-nales, in Histoire et vrit, d. du Seuil, 1967.

    2 paul Ricur, De la mmoire et de la rminiscence, in La mmoire, lHistoire, loubli, d. points Essais, 2003.

    CHroNo

    Logie H

    iStoriqU

    e

  • 922 octobre 1887

    Regroupement de toutes les facults de lUniversit

    Lille 10 juillet 1896

    Naissance officielle de lUniversit de Lille

    1966

    Cration d

    e lUniversit de Valencien

    nes

    et du

    Hain

    aut-Cam

    brsis

    1970-71

    Crations des un

    iversits Lille 1, Lille 2 et Lille 3

    1992

    Crations de lUniversit dArtois et de lUniversit

    du Littoral-Cte d

    Opale

    09 janvier 2009

    Cration d

    e lUniversit Lille Nord d

    e France,

    ple de recherche et denseignement suprieu

    r de la

    Rgion Nord-pas de C

    alais

    Ce partage du patrimoine, qui fait communaut et socit, participe au sentiment ncessaire dadhsion un projet car il est vain de vou-loir construire lavenir en faisant abstraction du pass. Le patrimoine scientifique en France na pas toujours pu jouer pleinement son rle de tmoin de ce qui a t fait, cr et invent lUniversit. Il na pas pu fournir non plus ce qui est ncessaire la constitution de la mmoire collective, un lment constitutif de la communaut universitaire.

    La question de lhritage est un bon indicateur de limportance que prend cette culture lmentaire dans nos universits.

    Nous savons que la modernit qui rompt avec le pass est contraire au progrs.

    Lappropriation du patrimoine par chacun dentre nous participe faire socit, enrichir une communaut universitaire qui a tendance moins partager la construction dune vision du monde que les rsultats des valuations des uns et des autres.

    Il est vrai que linstitution universitaire na jamais excell en matire de communication, nanmoins, sa volont de faire connatre, la Cit et lensemble de nos concitoyens, les richesses des productions universi-taires est bien relle.

    Cette plaquette commune aux six universits publiques de la rgion Nord - pas-de-Calais est une premire initiative collective dont lambi-tion est de faire connatre le riche patrimoine universitaire rgional lensemble de nos concitoyens.

    Dsormais, notre politique concernant la culture et le patrimoine scienti-fiques dans la Rgion Nord-pas de Calais est porte par le pRES Universit Lille Nord de France.

    pour plus dinformation,

    voir h

    istorique complet p 58

    -61

  • 10

  • Ds sa cration, la Facult des Sciences de Lille se distingue comme un centre de recherche et dinnovation important et reconnu. Dans son ouvrage sur le dveloppement de la science en France1 au XIXe sicle, lhistorien des sciences amricain Harry W. paul parle dun modle lil-lois de la recherche.

    La Facult des Sciences de Lille est fonde en 1854. Ltat souhaite alors rpondre aux besoins dune industrie rgionale en pleine croissance. Le premier doyen de cette nouvelle institution est Louis pasteur,jeune chimiste la carrire prometteuse. Il mne des recherches sur la fer-mentation alcoolique du sucre et veut aider les industriels obtenir de meilleurs rendements pour la production dalcool. pasteur comprend que la fermentation nest pas due une raction chimique mais un microorganisme: la levure. Grce cette dcouverte, il fonde la micro-biologie. Sa carrire prestigieuse se poursuivra dans la continuit de ses travaux mens Lille durant son court dcanat de 3 ans (1854-1857).

    parmi les chimistes successeurs de pasteur, citons Charles Viollette qui, durant sa longue carrire Lille, poursuit la collaboration avec les in-dustries locales dans les domaines des teintures et de la distillerie du sucre de betterave, comme son illustre prdcesseur. Les instruments scientifiques utiliss par pasteur sont aujourdhui un patrimoine pr-cieux de lUniversit Lille 1.

    Dautres scientifiques lillois mnent aussi des recherches en collabo-ration avec le milieu conomique local. Claude Lamy, professeur de physique la Facult des Sciences de Lille, caractrise en 1862 un nou-veau mtal: le thallium2. pour cette dcouverte importante, il bnficie de la mise disposition des infrastructures de Charles-Frdric Kuhl-

    De Pasteur aujourdhui : un modle lillois de la recherche scientifique?

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    par Nabil el-Haggar, isam Shahrour et antoine matrion

    Buste de Louis Pasteur par Paul Belmondo, Balance de Louis Pasteur, microscope de Louis Pasteur.

    Collection de lUniversit Lille 1.photo : Julien Gilman

    1 Harry W. paul, From knowledge to Power. The rise of the science empire in France. 1860-1939, Cambridge, CUp, 1985.

    2 Cette dcouverte est faite au mme moment par William Crookes en Angleterre.

  • mann, chimiste et industriel lillois. Il utilise la spectroscopie, technique nouvelle dont on commence seulement envisager la potentialit lpoque.

    En 1864, une chaire de gologie est cre au sein de la Facult des Sciences de Lille, son premier titulaire est Jules Gosselet. Lindustrie de lextraction minire du charbon est alors en plein dveloppement dans la rgion. travers ses recherches, Gosselet dmontre que le bassin minier du pas-de-Calais soriente vers le nord-ouest et non pas vers louest comme le pensaient les industriels. Son lve Charles Barrois fait un inventaire minutieux de la structure du gisement houiller qui apparat comme une succession complexe de couches, de plis et de failles. Ces dcouvertes permettent le dveloppement de cette industrie essentielle pour la production dnergie lpoque. Lcole de gologie lilloise sera galement connue dans le monde entier pour ses recherches sur la gense du charbon.

    Les sciences appliques ne sont pas les seules tre tudies la Facult des Sciences. Le premier mathmaticien de renomme internationale ayant exerc Lille est Joseph Boussinesq. Il mne des recherches fruc-tueuses sur la dynamique des fluides et leur modlisation thorique. En 1887, paul painlev est nomm comme charg de cours Lille. Malgr son jeune ge, cest dj un mathmaticien reconnu pour ses tudes sur la thorie des fonctions analytiques appliques aux quations dif-frentielles. Il poursuit ses recherches sur ce thme durant son passage Lille fondant ainsi lcole des mathmatiques lilloises qui se prolon-gera grce dautres grands scientifiques comme mile Borel, Albert Chtelet, Henri Cartan et dautres, dont certains seront impliqus dans

    Carte du Bassin Houiller du Nord par Charles Barrois, extrait de Lille et la rgion Nord en 1909, vol. 2, Lille, imp. L.Danel, 1909, p.176.

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  • le groupe Bourbaki, association de mathmaticiens qui a rvolutionn cette discipline au XXe sicle.

    Durant la premire moiti du XXe sicle, des instituts ayant pour missions la formation dingnieurs diplms de lUniversit et une recherche applique de pointe sont crs. Citons notamment lInstitut lectrotechnique (1904) et lInstitut de mcanique des fluides (1929) dont le fondateur est Joseph Kamp de Friet, alors professeur de physique la Facult des Sciences. lpoque, ltat veut assurer le dveloppe-ment de lindustrie aronautique en France. Cet Institut sera ensuite intgr lOffice national dtudes et de recherches arospatiales.

    Cest galement Kamp de Friet qui est lorigine de la cration de lObservatoire astronomique de lUniversit de Lille en 1934. Cet qui-pement tait ncessaire pour lastronomie mais aussi pour effectuer des mesures mtorologiques et sismologiques.

    Aprs la Deuxime Guerre mondiale, lUniversit Lille 1 est cre3. La recherche en lectronique est alors en plein dveloppement. Robert Gabillard est nomm professeur dans cette discipline en 1959. Ses pre-mires recherches Lille portent sur la prospection minire et ptrolire par analyse de la diffusion dondes lectromagntiques dans le sol. Le laboratoire quil dirige dveloppe alors un systme automatique pour la conduite dun mtro. Ce systme est mis en place en collaboration avec des industriels, ce qui permet la mise en service du premier mtro automatique au monde en 1983 : le VAL.

    Toujours aprs-guerre, la biologie est une autre discipline qui connat de grandes volutions. Lille, la biochimie devient un domaine impor-

    institut de mcanique des Fluides de Lille en Construction (1929).

    Source: Fonds Commun des lUniversit de Lille.

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    3 Elle a port successivement les noms USTL et Universit Lille 1

  • tant de recherches cette priode. Ainsi, Ren Defretin travaille avec Jean Montreuil sur les acides amins et les glucides des mucoprotines de tube dannlides. Ce mme Jean Montreuil fera des publications im-portantes sur les glycoprotines isoles du lait de femme. Aujourdhui professeur mrite de lUniversit Lille 1, il est actuellement correspondant de lAcadmie des Sciences.

    Ces dernires annes, la recherche a connu une forte restructuration avec une volont de la penser au niveau rgional. Ainsi, des laboratoires communs ont t crs par le regroupement des quipes et des labora-toires des universits et des coles de la rgion, souvent en partenariat avec des organismes de recherche. Des coles doctorales rgionales ont t mises en place. Ce regroupement a t encourag par la volont de lEtat et des collectivits de faire merger dans la rgion des ples de recherche de visibilit internationale. La cration en janvier 2009 du pRES (ple de Recherche et dEnseignement Suprieur) Universit Lille Nord de France regroupant les tablissements denseignement suprieur et de recherche publics et privs de la rgion constitue un pas majeur dans la structuration de la recherche.

    Sur le site de la Cit Scientifique, la structuration de la recherche a t particulirement forte. Elle a t opre par le regroupement des labo-ratoires en secteurs et en instituts. Lensemble de ces secteurs et insti-tuts sont gnrateurs dun patrimoine en devenir qui accompagne, au quotidien, les enseignants-chercheurs autant dans leurs expriences de laboratoires que dans les dmonstrations ncessaires lenseignement.

    Aujourdhui, Lille 1, forte de ses nombreux partenariats, constitue un ple scientifique et technologique de tout premier plan au niveau

    grand quatorial de lobservatoire de Lille. Cette lunette astrono-mique a t construite titre priv en 1909 la demande de robert Jonckheere puis ra-chete par lUniversit de Lille en 1934. elle est toujours utilise pour lenseignement et la recherche.

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  • national et international. Ses laboratoires sont en grande partie associs aux organismes de recherche. Ils regroupent un millier de chercheurs/enseignants-chercheurs et un millier de doctorants. Les laboratoires sont dots dun quipement scientifique et de plateformes tech-nologiques aux performances remarquables tant au niveau national quinternational. Ils ont une activit recherche largement ouverte linternational qui se mesure travers la mise en place de six laboratoires europens et internationaux, une large participation aux projets euro-pens et internationaux.

    Une priorit a t donne au dveloppement des recherches pluri-disciplinaires entre ses principaux secteurs, notamment la biologie, la physique, la chimie, llectronique, linformatique, la mcanique et les mathmatiques. Ces dernires annes, la recherche a t marque aussi par une forte implication dans le dveloppement conomique et social. Les laboratoires sont trs impliqus dans les ples de comp-titivit et dexcellence. Ils participent la dynamique des quatre parcs scientifiques et technologiques de la mtropole.

    Nous avons ainsi montr quel point le patrimoine a t intimement li aux progrs de la recherche universitaire au cours de ces deux derniers sicles. Notons aussi quil a t fortement malmen, voire perdu.

    Le paysage actuel de la recherche universitaire a beaucoup volu ces dernires dcennies. Celle-ci engendre un patrimoine en devenir qui sera diffrent car il est issu de la recherche daujourdhui.

    Dsormais, il nous appartient de ne pas reproduire les erreurs du pass et de veiller la conservation de ce patrimoine en constitution.

    Fluxmtre thermique (1980), invention de Pierre thry, professeur lUniversit Lille1. Ce prototype se compose dune feuille de polyamide recouverte dune pellicule de constantan puis dune pellicule de cuivre. il y a donc une alternance rgulire des mtaux qui permet de crer un thermocouple de trs faible paisseur. toute nergie thermique transmise travers la feuille se traduit direc-tement en diffrence de potentiel lectrique.

    Collection de lUniversit Lille 1.

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    maquette du schma damnagement et de dveloppe-ment de la Cit Scientifique de Villeneuve dascq (1990). architectes Urbanistes: L. Delemazure, D. Bernard, m. Bouquet.

  • Des travaux dinventaire des appareils de mesure et dobservation hrits de lancienne Facult des Sciences de Lille sont mens lUniversit Lille 1 depuis une dizaine dannes. Cet inventaire vient sajouter aux collections de gologie, de botanique et de zoologie accumules depuis la cration de la Facult en 1854 pour enrichir notre patrimoine.

    Il sagit de trouver, remettre en tat et caractriser les anciens appareils de mise en vidence et de quantification des phnomnes physiques. On trouve ces appareils surtout lUFR de physique, mais il en vient aussi dlectrotechnique, dlectronique de Biologie, de Chimie, de Mcanique de tous les points de lUniversit Lille 1.

    Fin 2009, nous en sommes 780 appareils inventoris. 400 sont antrieurs la guerre de 1939 dont 150 antrieurs celle de 1914.

    Cet inventaire permet de se faire une ide des appareils utiliss en:- expriences dans les salles de cours- travaux pratiques par les tudiants- recherche par les enseignants-chercheurs

    Les expriences de cours

    Les longues tables places en bas des amphithtres taient destines recevoir, durant ou aprs les cours, les expriences illustrant celles-ci. Ctait dailleurs lune des tches spcifiques des assistants daider le professeur dans la prparation et le droulement de ces dmonstrations.

    Lors de la venue de la Facult des Sciences Villeneuve dAscq en 1968-70, les amphithtres ont encore t quips de ces immenses tables, les

    Patrimoine et enseignement de la physique la Facult des Sciences de Lille

    16

    par guy Sguier

  • munissant darrives deau, de gaz, dair comprim, de courant continu et alternatif. Mais ces expriences de cours nont gure survcu au d-mnagement.

    Ces appareils de dmonstration taient spcialement conus pour ces expriences. Ils taient construits avec le mme soin que les appareils des laboratoires. On les reconnait souvent leur taille plus grande pour les rendre visibles de lauditoire mais surtout au fait quils ne sont pas destins faire des mesures. Ils sont destins montrer les phno-mnes, ou ventuellement les facteurs qui influent sur eux mais non mesurer linfluence de ces facteurs.

    On montrait, par exemple, que les frottements produisent de la chaleur laide de lappareil de Tyndall.

    pendant une vingtaine dannes, les physiciens ont t tonns par le passage du courant dans les tubes gaz rarfis et la diversit des effets lumineux produits. Ils ont merveill leur auditoire par lillumina-tion de tubes de Geissler trs diffrents par leur forme, la nature et la pression du gaz de remplissage. Dautres tubes visualisent les phno-mnes de fluorescence et de phosphorescence.

    pour les expriences o lon voulait montrer lexistence dun courant lectrique, on a construit des grands ampremtres, dabord aimant mobile, puis cadre mobile, cadre vertical. Leur graduation trs som-maire tait destine tre vue de loin.

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    appareil de tyndall (vers 1900) : on fait tourner grande vitesse un tube de laiton rempli dther (temprature dbul-lition 34,5C) et ferm par un bouchon. Si on frotte le tube avec un chiffon, le tube schauffe, lther se vaporise et le bouchon saute.

    Collection de lUniversit Lille 1.

  • Les appareils de travaux pratiques

    Les appareils destins aux manipulations des tudiants en laboratoire taient souvent de petites uvres dart. Ils utilisaient les bois prcieux, le cuivre et le laiton dor, livoire. Ils sont souvent orns de moulures et de motifs purement dcoratifs pour associer la beaut la fonctionna-lit. A noter le recours trs frquent au mercure, mtal liquide facilitant la ralisation des contacts lectriques mobiles; certaines manipulations ncessitaient de toucher le mercure.

    Le verre a t beaucoup utilis car il est transparent et a de bonnes proprits mcaniques: cest un isolant lectrique, il se dforme et se soude facilement. Il tait trs employ en optique, en lectricit et en gnie chimique. Dans ces deux derniers domaines, il tait dailleurs souvent associ au mercure. plusieurs instituts de la Facult avaient leur souffleur de verre; il nen reste plus quun seul pour lensemble de la Cit Scientifique de Villeneuve dAscq.

    Un outil extrmement prcieux pour lidentification des appareils de la fin du XIXe sicle nous t fourni par louvrage intitul Trait de Manipulation de physique dit par Masson en 1896. Il a t rdig par B.C. Damien, professeur de physique la Facult des Sciences de Lille, et R. paillot, agrg-chef de travaux pratiques dans cette Facult.

    Ces auteurs dcrivent avec prcision le principe des manipulations et des appareils utiliss, le mode opratoire, les mesures relever et les calculs effectuer.

    tubes de geissler (fin du XiXe sicle): Larc lectrique accepte les parcours les plus sinueux ; il est plus lumineux dans les sections plus troites et quand la tension augmente

    Collection de lUniversit Lille 1.

    18

  • Nous avons eu la chance de retrouver, souvent intacts, 25 des appareils dessins dans cet ouvrage.

    Ds le dbut de la Facult, les appareils utiliss par les tudiants taient remarquables par la prcision des mesures des grandeurs observables par les sens, notamment les masses et les longueurs.

    Au flau des balances tait fixe une longue aiguille se dplaant devant une chelle gradue afin dajouter un chiffre significatif quand on avait utilis les poids plus lgers. En plus une lunette permettait dajouter un chiffre en observant la position de lextrmit de laiguille entre deux graduations. Evidemment, la balance tait enferme dans une bote vitre pour que la respiration de loprateur naltre pas la mesure.

    En revanche, on est surpris par lapparente navet des mesures en lectricit la fin du XIXe sicle. On a mesur le courant continu avec la boussole des tangentes puis avec des galvanomtres fil de torsion et aiguille aimante. Ce nest quensuite quon est pass au galvano-mtre cadre mobile puis aux appareils qui en dcoulent. Il ne faut pas oublier que lintervalle entre la cration de la Facult et le dbut de la premire Guerre mondiale a vu la naissance de llectrochimie et de llectromagntisme ainsi que lextraordinaire dveloppement de leurs applications. La fe lectricit a t la vedette de lexposition inter-nationale de paris en 1900.

    Llectricit a t une source de progrs considrables pour les autres domaines de la physique en mettant leur disposition une source de chaleur et de lumire de haute densit et facilement rglable.

    19

    Pompe vide diffusion de mercure (milieu du XXe sicle)

    Collection de lUniversit Lille 1.

    Balance de Curie de la Socit gnrale de Produits Chimiques (1895)

    Collection de lUniversit Lille 1.

  • Dautre part, la facilit du transfert et de la mesure de llectricit a conduit transformer en nergie lectrique les autres formes dnergie, thermique et mcanique notamment, afin de les mesurer.

    Un changement analogue sest produit aprs la premire Guerre mondiale avec llectronique. Lmission dlectrons par une cathode chaude et son utilisation dans la diode, la triode et autres tubes vide ont donn lieu de nouvelles manipulations de travaux pratiques. Celles-ci portaient sur les caractristiques de ces tubes et les fonctions quils permettent dassurer: dtection, amplification, modulation et dmodulation .

    Les enseignements dlectrotechnique et dlectronique ont dbut la Facult des Sciences de Lille respectivement en 1894 et 1923. LIns-titut lectrotechnique a t cr en 1904, celui de Radiotechnique en 1931. De nombreux appareils inventoris proviennent de ces instituts.

    appareils denseignement et/ou de recherche

    Tant que les chercheurs ont travaill sur lexplication et la mesure des phnomnes physiques plus ou moins directement accessibles par les sens, les appareils quils utilisaient ne diffraient gure de ceux qui servaient en travaux pratiques. Les photos des laboratoires de recherche de la fin du XIXe sicle montrent des assemblages dappareils analogues ceux utiliss par les tudiants, chaque appareil remplissant une fonction distincte. Ceux des professeurs taient simplement parfois plus prcis ou plus neufs que ceux quils passaient ensuite aux tudiants.

    triode Sphrique mazda radio (vers 1920).

    Collection de lUniversit Lille 1.

    20

    microscope de Louis Pasteur (1850) : En voyant le microscope de Louis pasteur, premier Doyen de la Facult des Sciences de Lille, on se demande comment il pouvait voir les microbes. Sous la platine porte-objet, il y a le classique miroir concave concentrant sur lobjet la lumire mais celle-ci provenait dun brleur gaz et non dune puissante lampe lectrique. La lampe lectrique na t invente par Edison quen 1878.

    Collection de lUniversit Lille 1.

  • Cela a chang avec le dveloppement de llectronique et surtout, par la suite, de linformatique. Les informations livres par le capteur de phnomnes physiques sont traites, analyses, et le rsultat cherch est directement affich et imprim. Dautre part, le but recherch ncessite souvent des tensions leves, des vides pousss; cela conduit des quipements occupant plusieurs mtres carrs au sol, parfois une pice entire; on les voit mal sur une table de travaux pra-tiques. Ces quipements sont longs assembler et rgler, mais une fois en service, seul le rsultat compte sans avoir connaitre toutes les tapes ayant servi y arriver.

    Heureusement, les travaux pratiques utilisent encore des appareils de dimensions acceptables remplissant chacun une fonction bien dter-mine. Ltudiant sait ce quil observe, comment il le mesure et quelle est la prcision du rsultat obtenu1 .

    tube de Crookes moulinet (dbut du XXe sicle) : Pour montrer quil se passe quelques chose dans les tubes de Crookes, on a construit le tube moulinet : un petit moulinet peut rouler sur deux tubes en verre. quand le tube fonctionne, sous leffet de la matire radiante sortant de la cathode et frappant les palettes du mouli-net, celui-ci tourne.

    Collection de lUniversit Lille 1.

    21

    1 Les anciens appareils utiliss en enseignement ou en recherche la Facult et inventoris par LAssociation de Solidarit des Anciens de lUniversit Lille 1 ne sont pas encore directement accessibles au public. Mais quelques centaines de ces appareils sont prsents sur internet ladresse: http://phymuse.univ-lille1.fr/

  • 22

  • Les collections attaches au laboratoire des sciences vgtales et fongiques1 de la Facult des Sciences pharmaceutiques et biologiques de lUniversit Lille 2 se com-posent dlments varis et reprsentent un pa-trimoine dune grande importance, tant histo-rique que scientifique, ainsi quun outil prcieux pour lenseignement et la recherche.

    Hrites dune longue tradition lilloise, dont la chronologie et lhistoire prcise resteraient tablir en de dune priode relativement contemporaine (remontant aux envi-rons des annes 1950), ces collections ont t formes par lassemblage pro-gressif de fonds anciens et par lenrichis-sement li aux activits plus rcentes des enseignants-chercheurs du laboratoire et de leurs collaborateurs, universitaires ou amateurs du monde associatif.

    Les collections du laboratoire des sciences vgtales et fongiques de la Facult des Sciences pharmaceutiques et

    biologiques de lUniversit Lille 2

    23

    par rgis Courtecuisse

    1 Nouvel intitul du laboratoire de Botanique

    Les maquettes dorganes botaniques (fin XiXe - dbut XXe) constituent un ensemble remarquable, illustrant de manire pdagogique des dtails difficiles prsenter, mme sur photographies modernes. Ces fleurs de noisetiers en sont de bons exemples.

  • De lusage des Collections

    Ds le XIXe sicle, les naturalistes se sont consacrs la cration de col-lections de rfrences, indispensables aux comparaisons et aux progrs raisonns dans le domaine des sciences descriptives. Les rgles de nomenclature en vigueur imposent actuellement le dpt de spcimens de rfrence dans un herbier ou une collection officielle, lors de toute cration de taxon nouveau (notion dholotype), entretenant ainsi un des intrts des collections.

    Au del de ce rle de rfrentiel, les collections sont devenues des outils de laboratoire : on peut les considrer comme un moyen de consolider les recherches modernes dans le domaine du vivant.

    Lun de leurs avantages est de rassembler, en toute saison, des chan-tillons aux diverses phases de leur volution et de leur dveloppement. Ces derniers sont consultables aussi souvent que ncessaire, ce qui permet denvisager des recherches adaptes aux progrs de la sys-tmatique et de la taxonomie2. Cest bien souvent la rvision des spcimens dherbier qui permet davancer, de manire dcisive, dans la mise au point des connaissances concernant un groupe particulier.

    24

    Si les leons de choses ont disparu des programmes de lenseignement secondaire, des herbiers anciens tmoignent de len-seignement actif de la Botanique auprs des jeunes lves de lancien temps, y compris dans notre rgion.

    2 Science de la classification des tres vivants qui a pour objet de les dcrire et de les regrouper en entits appeles taxons (familles, genres, espces, etc.) afin de pouvoir les nommer et les classer.

  • 25Les techniques modernes dinvestigation sont applicables aux spcimens conservs de longue date et il est possible, sous certaines conditions, denvisager des recherches de biologie molculaire, abou-tissant la comprhension phylogntique des groupes en question, sur matriel dherbier. Les chercheurs sont ainsi de plus en plus souvent amens consulter les herbiers pour rsoudre les questions taxono-miques et nomenclaturales.

    Les herbiers permettent galement de contribuer ltablissement dinventaires aussi exhaustifs que possible: ce sont des tmoins des biocnoses du pass (cologie et chorologie historique). Leur prise en compte, dans les analyses diachroniques des populations dtres vivants peuplant des lieux donns, permet davoir une vision dynamique de lvolution de celles-ci. Il sagit donc dauxiliaires dans lamnagement du territoire, la gestion et la restauration de len-vironnement. Dans ce contexte en effet, cette vision diachronique est essentielle et permet dintgrer linfluence des phnomnes de pollution et des diffrentes perturbations de lenvironnement dans les tudes cologiques approfondies, afin de mieux comprendre le fonc-tionnement des cosystmes et denvisager leur restauration.

    Si elles ont t prives de leur tiquette au fil du temps, certaines parts doivent tre r-attribues par une enqute mettant profit le matriel utilis (papier, colle, etc.). La beaut de certains chantillons, pourtant vieux de prs de 2 sicles, reste galement fascinante.

  • quelques tubes anciens conservent dans lalcool des frag-ments de plantes, ce qui permet de les pr-senter aux tudiants en grandeur relle en toutes saisons.

    Le monde vgtal et fongique

    Nos collections concernent le monde vgtal et fongique (lichens compris) et se prsentent tant sous forme dherbiers (spcimens desschs, prpars et annots) que sous forme vivante (jardin botanique). Un droguier historique, issu du laboratoire de pharmacognosie, est galement intgr ces collections.

    Les collections botaniques et fongiques (herbiers) ont t rfrences en 1998 sous le sigle LIp (LIlle Pharmacie) et inscrites, au niveau international, lIndex Herbariorum3.

    Le nombre de parts de lherbier est assez important: 12000 parts pour les phanrogames (plantes suprieures et cryptogames vasculaires), dont 5000 relevant dun herbier historique; 2000 parts constituent lherbier des Bryophytes (mousses et apparentes) ; les champignons reprsentent un ensemble denviron 40000 parts (dont prs de 5000 lichens)4.

    Le jardin botanique, quant lui, se compose de 22 plates-bandes pr-sentant des espces varies selon la systmatique, mais aussi de faon thmatique (plantes mdicinales rgionales, plantes caractristiques de milieux naturels rgionaux, plantes mtallicoles) ainsi que dune serre qui abrite des plantes exotiques et fournit des cultures de plantes utilises dans les recherches du laboratoire.

    Les collections vivantes du jardin botanique de la Facult ont obtenu, en dcembre 1999, le label JBF (Jardins botaniques de France et des pays francophones) pour leurs qualits pdagogiques et thmatiques.

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    3www.nybg.org/bsci/ih/ih.html

    4Lensemble des collections fait lobjet dun amnage-ment, dans le cadre dun financement du Ministre de la Recherche (Mission de la culture et de linformation scientifiques et techniques et des muses) ; une salle dex-position, destine hberger des expositions temporaires ou permanentes et visant diffrents publics, est prvue.

  • a lintrt historique sajoute une valeur de tmoin de la vgtation ancienne dune rgion; cette utriculaire, droite sur la photo, est donne commune aux environs darras, dans la premire moiti du XiXe sicle. aujourdhui, elle est exceptionnelle dans la rgion Nord Pas de Calais.

    Des connaissances approfondir

    Une partie seulement de lherbier historique des phanrogames a t dpouille de manire dtaille jusqu prsent. Cest un travail trs important, qui consiste reclasser les spcimens, les remonter ven-tuellement sur de nouveaux supports si les papiers dorigine sont trop abms, mais aussi retracer leur origine, ce qui peut aller jusqu de vritables enqutes, pour identifier lauteur des tiquettes anciennes, souvent manuscrites, et localiser les lieux exacts de rcolte.

    Malheureusement, seulement 12% des parts sont dates. Elles appar-tiennent aux herbiers de Joseph-Franois Soleirol (mention des rcoltes schelonnant entre 1813 et 1856), Saubinet (1830-1834), Bouvier (1849-1850) et Bruch. Les premires mentions explicites remontent ainsi la fin du XVIIIe sicle, avec une rcolte de labb Godefrin de pont--Mousson, en 1792, et deux rcoltes de Bory de Saint Vincent. Lindication la plus rcente (pour lherbier historique) date de 1856, effectue par J.-F. Soleirol Arras, dans le pas-de-Calais.

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  • Les parts de lherbier historique proviennent de plusieurs rgions deurope et mme dautres continents. ici une planche dun Statice de montpellier.

    Les donnes de localisation sont plus prcises puisque 55,2% dentre elles comportent des indications interprtables. Le continent europen est le mieux reprsent (2373 parts) avec 2112 parts provenant de France. Les dpartements franais sont ingalement reprsents dans les collections, les mieux lotis tant la Moselle (504), les Vosges (203), lAisne (157) et la Corse.

    pour les autres parties du monde, on note 59 parts dAmrique du Nord, 54 dAmrique du Sud (prou, Brsil, Colombie, Guyane) et Carabe (Guadeloupe, Martinique, Jamaque, porto Rico, Cuba, Saint Domingue), 11 pour lOcan Indien (Runion), 4 pour lAsie, 4 pour lOcan pacifique et 2 pour lAfrique.

    Ces rcoltes exotiques ont t le fait de botanistes explorateurs comme Bory de Saint Vincent, Michaux, de la pylaie, palisot de Beauvois ou Sieber. Elles proviennent galement de botanistes ayant tudi ces flores puis ayant chang des parts avec lauteur dun herbier franais, comme Balbis, Sprengel, Kunth, Fe, Willdenow ou Mrat, des noms trs importants pour lhistoire de la Botanique, dont les planches dher-bier ont t une dcouverte extraordinaire dans notre patrimoine. Les rcoltes des Etats-Unis ont t en majorit envoyes par le botaniste amricain Asa Gray.

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  • illecebrum de martinique

    La fin du XVIIIe et le dbut du XIXe sicle ont galement t marqus par les grands voyages de dcouverte organiss par la France, lesquels per-mirent un accroissement exponentiel du nombre despces connues lpoque en botanique.

    La campagne dEgypte: Gaspard Monge, prsident de lAcadmie des Sciences, et Bonaparte runirent une quipe de 157 savants, dont le botaniste Delile. Ils embarqurent le 19 mai 1798 de Toulon avec lar-me pour rejoindre Alexandrie.

    La mission Baudin (1800) visait cartographier les ctes ouest de lAus-tralie; 24 naturalistes, dont Bory de Saint Vincent et Michaux, dbar-qurent la Runion pour cause dincompatibilit dhumeur avec Ni-colas Baudin.

    Dumont dUrville dirigea trois voyages qui aboutirent : - des relevs hydrographiques et des rsultats botaniques aux Malouines, Tahiti et sur la cte Ouest de lAustralie, durant un tour du Monde (1822-1825) sur le bateau la Coquille; - lexploration des les du pacifique (1826-1829), notamment les Fidji et la Nouvelle-Zlande, et la dcouverte du naufrage de La prouse Va-nikoro; - la dcouverte des Terres Australes, notamment la Terre Adlie (1830-1840), sur les navires lAstrolabe et la Zle.

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  • Un outil denseignement inpuisable

    Ces collections, sous leurs diffrentes formes, reprsentent un outil denseignement inpuisable. Des visites encadres du jardin botanique sont organises, pour illustrer les cours de botanique et dcologie. Les serres et le jardin fournissent du matriel dispos en salle de travaux pratiques la fois pour des enseignements dirigs sous forme dexposi-tion et pour diverses dmonstrations ou manipulations ralises par les tudiants eux-mmes. Des spcimens de graines, fruits secs, organes vgtaux divers, bois de diffrentes essences, ainsi que des maquettes anciennes figurant des organes vgtaux trs grossis, illustrent plus concrtement un certain nombre de notions complexes ou difficiles visualiser, surtout lorsquil sagit de donnes concernant des espces exotiques. Les herbiers peuvent ventuellement fournir du matriel de dmonstration pour des enseignements sur les caractres microsco-piques diffrentiels entre des champignons comestibles ou toxiques.

    Le laboratoire de pharmacognosie de la Facult peut aussi utiliser le jar-din botanique pour ses enseignements, les plantes mdicinales tant prsentes dans une plate-bande spcifique.

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    rien ne vaut la dimension relle pour faire apprcier aux tudiants le caractre exceptionnel dune graine, comme ce clbre Coco-fesses des Seychelles qui, outre sa taille et ses formes suggestives, laisse facilement imagi-ner ce que signifie la barochorie dissmi-nation dune graine par son propre poids

  • Des recherches actuelles trs importantes

    Deux quipes distinctes sappuient sur les Collections pour dvelopper dambitieux programmes de recherches.

    Les impacts des pollutions environnementales sur la sant humaine (ea 2691)

    Sont tudies les rponses, tous les niveaux dorganisation bio-logique (molculaire, biochimique, cellulaire, physiologique, tissulaire, morphologique, cologique), dun organisme ou dun ensemble dorganismes, pour prvoir et/ou rvler une altration de lenvironnement et pour en suivre lvolution. Cette approche, complmentaire des techniques physico-chimiques dvaluation et de caractrisation des contaminations environnementales, prsente lavantage dapporter la notion deffet des xnobiotiques (molcules chimiques polluantes sur lenvironnement), notion stratgique dans le domaine de lvaluation des risques. Tant pour la pollution atmosphrique, que pour la pollution des sols, on utilise la flore naturellement prsente sur les sites ou on y apporte des vgtaux modles. Ces derniers sont cultivs dans la serre du jardin botanique, afin dobtenir des populations importantes et homo-gnes, indispensables aux mesures et exprimentations sur le terrain ou en conditions contrles, au laboratoire. Ces cultures ont galement permis de mettre au point un certain nombre de tests dcotoxicit des polluants. En sappuyant sur ces cultures standardises, la biosur-veillance vgtale contribue au dveloppement de marqueurs de plus en plus prcoces et spcifiques, toujours dans la logique de lvaluation des risques sanitaires et environnementaux.

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    Le travail de conservation et de valorisation des herbiers a t ralis par plusieurs gnrations de scientifiques, comme en tmoignent les tiquettes qui peuvent se succder pour une mme part.

  • Les collections myco-logiques runissent des sporophores des-schs, accompagns de notes descriptives et dillustrations des caractres du champi-gnon frais (disparais-sant la dessiccation) ainsi que des lments caractristiques, vus sous le microscope.

    recherche des molcules activit pharmacologique dans des spo-rophores de champignons suprieurs (groupe de recherche inter-disciplinaire, innovation et optimisation thrapeutique)

    Mettant en uvre lexprience des mdecines traditionnelles, cette recherche est base sur lexpertise taxinomique, systmatique et co-logique, ncessaire lidentification prcise du matriel explor. Les collections (herbiers, en particulier) jouent un rle important pour les comparaisons de spcimens et les dterminations prcises des espces testes du point de vue chimique et pharmacologique.

    par ailleurs, des tudes toxicologiques ont pu tre pratiques sur les collections historiques. Les anciens prconisaient de traiter les collec-tions par imprgnation mercurielle des planches, afin den liminer tout insecte ou organisme ravageur. La sant des utilisateurs et conser-vateurs tait mise en jeu, en raison de la toxicit du mercure. Limpr-gnation rsiduelle de nos collections historiques a t tudie de ce point de vue.

    Lherbier mycologique fait lobjet dun flux trs important demprunts de la part de scientifiques du monde entier. En effet, un nombre assez important dholotypes5 sy trouvent conservs.

    Enfin, la richesse des collections mycologiques entrane lemprunt de spcimens en vue de rvisions taxinomiques entreprises par certains correspondants institutionnels, dans le cadre dapproches tradition-nelles ou molculaires6.

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    5 Spcimens de rfrence, attestant de linterprtation initiale du crateur dun taxon donn.

    6 Les conditions demprunt en sont spcifiques car lapproche molculaire est destructrice pour le matriel analys.

  • Le fonds documen-taire ancien comprend quelques ouvrages relativement rares, dont de remarquables iconographies, encore utiles pour certaines recherches taxino-miques ou historiques.

    Un fonds documentaire prcieux

    Lensemble des collections dcrites succinctement est complt par un fonds bibliographique ancien galement important, dont sont donnes ici quelques illustrations. En effet, la diffrence de certaines disciplines dont la bibliographie ancienne (le temps de rvolution tant parfois trs court) est inexistante ou vite totalement caduque, la botanique et la mycologie, tout en tant rsolument tournes vers lavenir dans leurs applications scientifiques (biosurveillance, recherche de molcules actives, phylognie molculaire, etc.) ncessitent lutilisa-tion permanente de toutes les donnes ayant t publies depuis lorigine de la description des espces. Les collections LIp donnent donc un outil de travail diversifi exceptionnel, tant pour les chercheurs lillois que pour la communaut scientifique dans son ensemble.

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  • Enseigner, rechercherLvolution des usages du patrimoine de la Facult

    des Lettres lUniversit Lille 3

    35Le patrimoine scientifique, culturel et historique de lUniversit Lille3 sest dabord constitu par et pour la recherche et lenseignement1. Certes, particulirement au XXe sicle et dans ces dernires annes, les redfinitions des missions de lUniversit et son ouverture sur la socit civile ont permis dexplorer dautres voies denrichissement, comme les dons de collectionneurs privs ou les acquisitions duvres dart. pour autant, lessentiel rappelle lhistoire de la production et de la diffusion des savoirs dans une universit dont les origines remontent la fondation douaisienne de 1562, la refondation impriale de 1854 et au transfert de luniversit douaisienne Lille en 1887; toutefois le patrimoine nappartient pas uniquement au pass et, aujourdhui encore, il reste largement sollicit pour la mise en uvre de la recherche et de lensei-gnement. Derrire lapparente permanence, cest une volution progressive de la dfinition et des usages du patrimoine universitaire qui sobserve.

    1 Les collections de lUniversit Lille 3 ont rcemment fait lobjet dun catalogue: Collections patrimoniales de lUniversit Lille 3, Lille, Universit Lille 3, 2010, 154 p., ISBN : 978-2-84467-118-9.

    Jeanne thil, toile maroufle sans titre, communment intitule Fresque des Doyens, ralise en 1939 la demande du ministre de linstruction publique pour la dcoration de lancienne Facult des Lettres.

    Reproduction: photographie imprime sur bche installe sur la faade de la Bibliothque universitaire centrale de lUniversit Lille 3.

    Vue de lancienne Bibliothque universitaire et muni-cipale, commune aux facults de Droit, de Lettres et de Sciences Lille, place georges Lyon.

    par Herv Leuwerset Constance Bienaim

  • ms 208, Fragment de livre dHeures, miniature reprsentant la Vierge tenant le corps de J.-C. descendu de la croix, XVe sicle.

    Rserve de la Biblio-thque universitaire centrale de lUniversit Lille 3.

    Des bibliothques et des muses

    Le patrimoine premier de lUniversit rside dans sa bibliothque, et particulirement dans la Rserve de celle-ci. Cest l que, progressi-vement, par une histoire quil est bien difficile voire impossible de reconstituer, les fonds anciens se sont forms: des ouvrages issus des facults douaisiennes de lAncien Rgime sy mlent des acquisitions plus rcentes: les milliers de livres issus de bibliothques ou danciens sminaires de lespace septentrional (fonds dit des sminaires), ou la riche donation Agache-Desmedt qui, en 1921, fait entrer dans les col-lections manuscrits mdivaux, incunables, ditions lilloises ou douai-siennes anciennes Moins prcieux sans doute, les fonds ordinaires de la bibliothque conservent galement dintressantes collections, quon pense aux reliures anglo-saxonnes du XIXe sicle ou aux ou-vrages issus de la Frontbuchhandlung tablie Lille par loccupant nazi, en 1940. Nombre douvrages dtenus dans les diverses bibliothques de section mriteraient galement dtre mentionns

    Les collections darchologie, dgyptologie ou dhistoire de lart pro-cdent dune poque plus rcente de lhistoire de lUniversit; leur constitution, cependant, a au moins lorigine rpondu des proc-cupations proches de celles de la constitution des collections bibliogra-phiques. En tmoigne lhistoire de la collection de lInstitut de papyrologie et dgyptologie.

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    Fragment dun papyrus en criture dmotique conservant un contrat de vente demplacements construire (rgne du pharaon achoris), dcouvert ghoran, rgion du Fayoum (egypte), 28,4 x 14,3 cm, 393-381 avant notre re.

    Collection de lInstitut de papyrologie et dgyptologie de Lille, en dpt au palais des Beaux-Arts de Lille.

    i 108, rolevinck Werner, Fasciculus temporum inhoudende die Cronijcken van ouden tijden, Utrecht, Jan Veldenar, 1480. Folio 1, marges et initiales colories la main.

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  • assiette dcore dcouverte sur le site daksha, terre cuite, diamtre 21,8 cm,

    Groupe C ancien. Collection de lInstitut dgyptologie et de papyrologie de Lille, en dpt au palais des Beaux-Arts de Lille.

    Cest partir de cartonnages de momies grco-romaines, dcouverts et dposs Lille par lhellniste pierre Jouguet au dbut du XXe sicle, quun ensemble de papyrus en dmotique ou en grec a commenc se constituer; le professeur Jean Vercoutter dans les annes 1960, puis divers dons ou acquisitions, ont permis ensuite denrichir, de diversifier et de maintenir ces collections au centre des proccupations de re-cherche et denseignement de lUniversit. La collection, actuellement conserve au palais des Beaux arts de Lille, a pour vocation de rester ouverte aux chercheurs et tudiants.

    Certes, les transformations rcentes de lUniversit, et particulire-ment llargissement de son public, ont transform laccs et lusage des fonds patrimoniaux. Ainsi, dans les archives photographiques de la Facult des Lettres, quelques clichs attirent lattention: cest une salle dont les murs sont couverts dlments darchitecture et de bas reliefs, tandis quune collection statuaire prsente lvolution de lart du Moyen ge au XIXe sicle; cest une autre salle o, dans des vitrines, sont exposes les collections archologiques de lUniversit La tradi-tion de ces muses pdagogiques, parfois prservs jusquaux annes 1960, sest aujourdhui perdue; lvolution du nombre des tudiants, les transformations des mthodes denseignement, lusage de nou-veaux matriels pdagogiques leur ont faire perdre lessentiel de leur pertinence.

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  • La dfinition et lusage des collections universitaires changent... En ce dbut du XXIe sicle, nombre de questions se posent. Lorsque sestompe la dimension pdagogique dune collection, lorsque lobjet scientifique devient avant tout objet dart, o conserver un patri-moine? Et comment le faire vivre? Comment assurer, notamment, un ventuel accs du public aux collections universitaires? Que faire ga-lement de ce patrimoine en devenir, plus modeste mais essentiel pour constituer la mmoire de ltablissement, que sont les tmoignages de parcours de chercheurs et denseignants, ou encore un matriel pda-gogique obsolte, qui informe de lvolution des techniques de soutien lenseignement? Derrire ces questions, il y a un ensemble denjeux au cur des questionnements actuels sur un patrimoine universitaire dont la dfinition ne relve pas toujours de lvidence, tant il peut com-prendre des objets dont la patrimonialisation relve dun choix.

    traces de chercheurs et denseignants

    Ces dernires annes, leffort sans prcdent de recherche, de prser-vation et de valorisation du patrimoine scientifique et technique des universits a encourag, Lille 3, la collecte de papiers denseignants-chercheurs. Longtemps, il nest pas entr dans la mission des universits de prserver cette trace de lactivit quotidienne de leurs personnels. Une attention croissante au processus de formation des savoirs et lhistoire de leur diffusion ouvre dsormais la voie une patrimonialisa-tion de ces tmoignages.

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    Plaques rapides au glatino bromure dargent pour positifs sur verre et projections, utilises au dbut du XXe sicle par le photographe de linstitut dHistoire et dHistoire de lart de lancienne Facult des Lettres de Lille, rue auguste angellier.

    Fonds du photographe de lInstitut dHistoire et dHistoire de lart, conserv au Laboratoire IRHiS.

  • Portrait du philosophe eric Weil dans les annes 1970.

    En 1993, les excuteurs testamentaires dEric Weil, ancien lve dErnst Cassirer et professeur la Facult des Lettres de 1956 1968, ont dpos lUniversit Lille 3 le fonds Weil-Mendelsohn, rassemblant limpor-tante bibliothque du philosophe ainsi que lensemble de ses archives: crits indits, photographies, enregistrements audio et correspon-dance... Le legs, qui comprend galement lensemble de ses biens, a permis de soutenir, outre la diffusion de luvre du philosophe, le fonctionnement et llargissement des activits de lassociation Les amis dEric Weil (ancien Centre Eric Weil), en tant quinstitut dhistoire des concepts et des ides. Un vaste travail dtude sur luvre du phi-losophe a ainsi t entrepris, et un important soutien la recherche apport.

    Dautres fonds darchives ont, depuis, rejoint le patrimoine scientifique de lUniversit, ouvrant aux chercheurs et aux tudiants de nouvelles perspectives pour leurs travaux de recherche. Ces dons darchives den-seignants-chercheurs, essentiellement constitues de fiches de travail, de notes de dpouillement darchives et de matriaux avant publication douvrage, concernent la plupart des domaines des sciences humaines et sociales. Il sagit notamment de fonds dhistoriens collects par la Bibliothque Georges Lefebvre : ceux dEmmanuel Chadeau en 2000, de Jean-pierre Florin en 2001, dAlain Ren Michel en 2006 et dAlain Derville en 2007, ou, pour lUFR des Sciences de lducation, des archives de Jacques Hdoux, confies lUniversit en 2005.

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  • Bobines de cours enregistres pour le tl-enseignement en 1964 et diffuses la radio en 1964 et 1965.

    Fonds des Archives de lenseignement dis-tance, conserv en partie au Centre audio-visuel de lUniversit (CAVUL).

    Les archives sonores ont galement une place part entire dans le patrimoine de lUniversit. En 1970, Lille 3 a mis sur les ondes de Radio-Bleue ses premiers enregistrements de cours pour lenseigne-ment distance. Ces missions se sont interrompues en 1997, en mme temps que celles de Radio-Sorbonne, pour tre dsormais relayes par Internet. La totalit des enregistrements de cours de Lille 3 constituent un fonds de quelques 1500 bobines concernant la plupart des dis-ciplines enseignes lUniversit: lhistoire, les langues anciennes et vivantes, la civilisation, les lettres, voire la sociologie et lhistoire de lart.

    Les traces de la recherche, enfin, ne concernent pas les seuls ensei-gnants-chercheurs. La recherche estudiantine, par le biais de la conser-vation des mmoires de matrise, se trouve, elle aussi, hisse au rang de collection patrimoniale. De nombreux mmoires, sous forme de cahiers manuscrits ou dactylographis, dont les plus anciens datent des dbuts du XXe sicle, sont prcieusement conservs dans les biblio-thques dhistoire et de sciences de lAntiquit Cest une littrature grise qui tmoigne de lvolution des exigences de la recherche uni-versitaire et des pratiques lies lenseignement.

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  • Carnets de notes, livre dor et livres annots de la mention Cyril du comdien Cyril robichez.

    Fonds Cyril Robichez, conserv au Laboratoire IRHiS.

    Un patrimoine pour la recherche et lenseignement

    Que la dimension du patrimoine soit scientifique, artistique ou pdago-gique, il ne se limite pas un ensemble de traces du pass; aujourdhui encore, mme si la vogue des muses pdagogiques est passe, le patrimoine reste vivant et frquemment mobilis pour la recherche ou pour lenseignement.

    Les registres de consultation des fonds patrimoniaux conservs dans les bibliothques et les rserves de Lille 3 ne laissent aucun doute: les collections du pass passionnent et chaque anne des centaines de chercheurs et dtudiants demandent examiner quelques-unes de ses pices, rvlant au passage quelques surprises hors du commun. Cest ainsi quune chercheuse amricaine a identifi dans la rserve de la Bibliothque universitaire, la faveur de ses travaux sur latelier de Kay-seri, un manuscrit armnien du XVIIe sicle dont la reliure, entirement faite de plaques dargent, apparat comme une vritable raret. Mais la recherche ne porte pas uniquement sur les collections anciennes, et la volont denrichissement des fonds patrimoniaux saccomplit quoti-diennement.

    En 2001, les hritiers de Cyril Robichez, fondateur du Thtre populaire des Flandres, ont confi au CRHENO (IRHiS actuel) les archives, les livres, les photographies et de nombreux objets du comdien, grand partisan dun thtre accessible tous. Une partie de ce legs a t prsente au public lors dune exposition consacre son uvre en 2002.

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    ms 222, evangiles en armnien, prcds de la lettre deusbe Carpien et des canons de concordance des evangiles, XViie sicle.

    Rserve de la Bibliothque universitaire centrale de lUniversit Lille 3.

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  • Dessin de Carlos Denis molina sur la premire page du tapuscrit de golpe de amanecer, dat de 1939.

    Fonds Carlos Denis Molina. Rserve de la Bi-bliothque universitaire centrale.

    Deux ans plus tard, cest Roger Laurent, fils de lancien maire de Lille, grande figure du socialisme dans le Nord, qui a lgu au mme labora-toire les archives de son pre, dcd en 1990. Sa correspondance, ses discours et des dossiers concernant sa carrire politique, sa rsistance, et ses engagements au sein du parti socialiste ont ainsi t entirement classs et inventoris pour tre mis la disposition des chercheurs. Ce sont encore les fonds Carlos Denis Molina (1916-1983), pote et dra-maturge uruguayen, et Jos Mora Guarnido (1894-1967), journaliste et crivain espagnol en exil, qui ont fait lobjet en 2005 dun dpt la Bibliothque universitaire centrale par la famille Giraldi, hritire des deux crivains. Ces fonds, entre autres composs de manuscrits, de tapuscrits, de corres-pondances et de photos, ont pu tre tudis et ont donn lieu a plusieurs publications et communications scien-tifiques.

    De nouvelles collections, enfin, la fois outils de recherche et support pour len-seignement, rejoignent chaque anne le patrimoine scientifique et artistique de lUniversit. Avec la cration en 1995 dune Ostracothque linitiative de Xavier Deru, cest un fonds de plusieurs milliers de rfrences de cramiques gallo-romaines qui est entr Lille 3, et avec lui un vaste champ de recherche sur les foyers de production et de consommation de cramiques mises au jour

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    De nouvelles collections, enfin, la fois outils de recherche et support pour len-seignement, rejoignent chaque anne le patrimoine scientifique et artistique de lUniversit. Avec la cration en 1995 dune Ostracothque linitiative de Xavier Deru, cest un fonds de plusieurs milliers de rfrences de cramiques gallo-romaines qui

    et avec lui un vaste champ de recherche sur les foyers de production et de consommation de cramiques mises au jour

    maturge uruguayen, et Jos Mora Guarnido (1894-1967), journaliste et crivain espagnol en exil, qui ont fait lobjet en 2005 dun dpt la Bibliothque universitaire centrale par la famille Giraldi, hritire des deux crivains. Ces fonds, entre autres composs

  • tessons de divers catgories de cramiques fines destines au service et la consommation des aliments et des boissons et provenant dateliers de potiers gallo-romains.

    Collection de lOstraco-thque.

    entre la Seine et le Rhin et datant du IIe sicle avant notre re au Ve sicle de notre re. La collection de tessons, manipule au quotidien pour la recherche et pour la transmission des connaissances, senrichit quoti-diennement grce la collaboration darchologues issus dautres ins-titutions et celle des tudiants.

    Le patrimoine universitaire reste vivant ; il senrichit par le travail des enseignants-chercheurs, par des politiques dacquisitions - notamment en matire artistique -, ou des programmes de collecte de tmoignages du pass universitaire, particulirement depuis le colloque consacr au centenaire de lUniversit lilloise (1996). Et comment sen tonner ? pour luniversit du XXIe sicle, la prservation, lenrichissement et la valori-sation de ce patrimoine ne reprsentent-ils pas des enjeux majeurs en termes de mmoire, douverture sur la vie culturelle, de recherche et denseignement ?

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    Page du carnet du manuscrit de la nouvelle de Jos mora guarndio: Sueo de Don Felipe el emigrante, date du 13 octobre 1956. Fonds Jos mora guarnido.

    Rserve de la Bibliothque universitaire centrale.

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  • La cration en 1990 de lInstitut Universitaire de la Formation des Matres (IUFM) du Nord-pas de Calais et son intgration lUniversit dArtois en 2008 ont clos une page dhistoire de lducation et, par voie de consquence, ouvert un nouveau chantier de recherche, celui de lhistoire des coles normales dinstituteurs et dinstitutrices. Le centre historique de Douai, implant sur le site des anciennes coles normales garons et filles, son pavillon des sciences, son personnel et ses lves, regroups en associations, sont les tmoins privilgis de cette re commenante. Choisi pour ce premier numro thmatique, lexemple de lcole normale garons de Douai illustre la richesse du patrimoine scientifique et technique dont lUniversit dArtois est dsormais la gardienne,et tmoigne de lvolution des pratiques de lenseignement des sciences dans la formation des lves-matres.

    Lhistoire de lcole normale dInstituteurs de Douai

    La loi Guizot impose en 1833 louverture dune cole normale primaire dans chaque dpartement franais pour former des matres au service de linstruction primaire de tous les garons. Cependant, Douai tait dj centre de formation et sige dinstitutions ducatives travers son ancienne universit, ses collges durant lAncien Rgime, et travers la fondation du rectorat en 1809 (mme si le sige de lacadmie fut transfr Lille en 1888).

    Enseignement des sciences et formation des matres :Lcole normale dInstituteurs de Douai (1833-1990)

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    monsieur Pamart exposant lanatomie humaine ses lves-matres, vers 1900

    Source : Amicale des anciens lves de lcole normale dInstituteurs et du centre IUFM de Douai (avec son aimable autorisation).

    par Johann-gnther eggiNger

  • 48 prolongeant cette histoire, Douai est ainsi la premire ville dans tout le dpartement du Nord1 ouvrir le premier cours destin aux lves-matres le vendredi 16 mai 1834 dans un local situ dans lancienne rue de la Chartre Douai (aujourdhui rue Fortier). Trs vite, lcole se retrouve ltroit et un dmnagement vers un btiment de la rue des Carmes (aujourdhui rue Victor Hugo) est ncessaire en 1846. Mais les amnagements et les agrandissements successifs ne rsolvent pas la question de lexigut des lieux face aux besoins croissants de former, dans lacadmie de Douai, un plus grand nombre de matres. La construction dune nouvelle cole devient imprative. Le 26 septembre 1877, deux ans aprs la pose de la premire pierre (survenue le 9 aot 1875), les premiers cours dbutent dans la nouvelle structure installe lextrmit de la rue dArras, entre les anciens remparts de la ville et le Jardin des plantes. la suite de nombreuses acquisitions immobi-lires successives, les locaux de lcole normale sont progressivement transforms et agrandis, en tenant compte de la fonctionnalit des btiments.

    De 1877 1914, lcole normale accueille environ 150 lves par an pour les trois annes dtudes et ses locaux, pourtant rcents, sont trop troits. Il faut alors procder des agrandissements et construire de nouvelles salles de classe, des ateliers de reliure, pour le travail du bois et du fer (1880-1883), une salle de manipulations de sciences (1884), une serre (1891) et un gymnase couvert (1892). laube du premier conflit mondial, lcole normale garons de Douai est la plus importante de France avec 160 lves-matres pour 11 professeurs.

    1 Jusqu 1883 (date de louverture dune cole normale Arras), les lves-matres du dpartement du pas-de-Calais sont forms Douai.

  • Normaliens et leurs professeurs dans la cour de lhorloge de lcole normale dinstituteurs de Douai nouvellement construite, anne scolaire 1877-1878

    Source : Amicale des anciens lves de lcole normale dInstituteurs et du centre IUFM de Douai (avec son aimable autorisation).

    49Le Pavillon des sciences

    Distinct du corps principal de lcole normale, le pavillon des sciences a t lobjet de plusieurs modifications, surtout aprs la Seconde Guerre mondiale: 1948, atelier fer au rez-de-chausse ; 1949, salle de travaux pratiques (Tp) de physique ltage salle des collections de physique ltage amphithtre de physique ltage escalier latral gauche salle des collections de Sciences naturelles au-dessus de lamphithtre de Chimie ; 1956-1957, salle pour lEnseignement agricole au rez-de-chausse salle pour les Sciences naturelles ltage salle de collection de Chimie dans le petit jardin escalier latral droit.

    Depuis le dernier trimestre de lanne 2007, ce btiment est dsaffect. ltage, on trouvait un amphithtre, trois salles denseignement et deux laboratoires dans lesquels tait rparti lensemble des collections de Sciences naturelles des deux coles normales garons et filles2 runies lors de la cration du site IUFM de Douai. Depuis, les cours se droulent dans la salle des Sciences de lancienne cole normale filles, au rez-de-chausse de laile gauche.

    Le muse scolaire

    Les riches collections de Sciences naturelles (zoologie, botanique et gologie) sont dornavant disposes dans un nouveau laboratoire proche de la salle de cours et dans une salle muse scolaire nouvellement inaugure. Devraient les rejoindre prochainement les collections de

    2 Lcole normale dInstitutrices du Nord a t inaugure en 1883.

  • Pavillon des sciences de lcole normale garons de Douai en 1939.

    Source : Collection prive.

    50 Sciences physiques et de Chimie. Ce muse scolaire constitue un espace de savoir et de formation : un lieu pour lire, un lieu lire, un lieu pour apprendre. Images des coles normales dautrefois mais surtout nouvelle vitrine de lUniversit dArtois, ces collections remarquables main-tiennent un lien vivant entre le pass, le prsent et le futur, rejoignant ainsi la problmatique de la transmission patrimoniale aux gnrations futures.

    par muse scolaire il faut surtout voir un nouvel outil pdagogique cr sous la IIIe Rpublique. Lexpression de muse scolaire pourrait sappliquer aux collections de toute nature formes par le matre en vue de son enseignement. Ce terme doit tre entendu dans un sens plus restreint pour dsigner les objets usuels utiliss par linstituteur dans le procd denseignement appel leons de choses. Un muse scolaire est donc une collection dobjets, les uns naturels, les autres fabriqus, destins donner aux enfants des ides nettes, exactes, sur tout ce qui les entoure3. Lhistoire des muses scolaires est intimement lie celle des leons de choses. La cration dun muse scolaire est donc recommande dans toutes les coles au XIXe sicle. Le mouvement scolaire en faveur de cette utile institution est nanmoins assez lent. pour le hter, il a t ralis, dans toutes les coles normales, un muse type, fait en vue de lcole la plus humble. Ce muse type serait organis par les lves-matres eux-mmes, livrs leurs seules ressources ; on ny introduirait que le strict ncessaire. Ce serait, en quelque sorte, un minimum quaucun des futurs instituteurs ne pourrait dsesprer datteindre, et que beaucoup auraient cur de dpasser dans leurs futures coles, en prenant alors pour guide le muse mme de lcole normale.

    3 Muse scolaire , dans le Nouveau dictionnaire de pdagogie et dinstruction primaire, sous la direction de Ferdinand Buisson, paris, Hachette, 1911.

  • Pavillon des sciences de lcole normale garons de Douai, anne sco-laire 2007-2008.

    Source : Collection prive.

    51Le matriel denseignementDepuis la fondation de lcole normale garons, le matriel denseigne-ment est rest rudimentaire, acquis principalement sur les reliquats des exercices comptables de lcole. Le fait que lenseignement des sciences devienne obligatoire selon la volont du Ministre assure lintensification des besoins matriels dans les coles normales. En 1881, un achat important, surtout pour des instruments de physique, peut tre honor grce une subvention annuelle du dpartement. Ds 1908, M. Mathieu, directeur de lcole normale indique que le cabinet de physique possde tous les appareils utiles lenseignement; les collections de sciences naturelles forment un musum intressant, enfermes dans des vitrines. La bibliothque compte, cette mme anne, plus de 5.500 volumes et se complte par des publications pdagogiques, littraires et scientifiques. Certaines collections ont dailleurs t primes lors des expositions universelles, au cours de la deuxime moiti du XIXe

    sicle. Une grande partie de ce matriel a t perdue lors de la premire Guerre mondiale, lcole ayant t transforme en hpital par les occu-pants allemands. Lapport financier des dommages de guerre a permis de parer au plus press, en compltant ce qui avait t prserv. Lors de la Deuxime Guerre mondiale, lcole a t dplace Granville dans la Manche avec transfert dune partie du matriel.

    En 1945, lcole normale dInstituteurs, rinstalle Douai, est en mesure de faire de trs nombreuses acquisitions grce aux dommages de guerre, une nouvelle fois.

    pour le mobilier: tables en lave maille et chaises spciales dans la salle de travaux pratiques de physique ; tables-bancs pour lamphithtre de

  • Chimie; tables-paillasses avec carreaux de faence, sorbonnes, chaises spciales permettant de sasseoir pour suivre les enseignements de Chimie dans la salle mixte de travaux pratiques et de cours; tables-formica pour dissection, viers, prises de courant pour ltude au microscope dans les salles de Sciences naturelles; tables-formica, chaises pour la salle dEnseignement agricole.

    pour le matriel scientifique et/ou pdagogique, quelques objets relevs dans une liste tablie lpoque sont toujours conservs sur le site, pour la plupart : densimtre, baromtre, pyromtre, calorimtre, pont de Wheatstone, machine dAtwood, hmisphre de Magdebourg, pour lenseignement des Sciences physiques ; produits ncessaires pour les expriences chimiques, verreries ; microscopes, sphygmographe, ma-quettes de champignons, animaux naturaliss, collections dinsectes, moulages anatomiques, pour lenseignement des Sciences naturelles ; pillet de bl dmontable, herbiers, collections de graines, collections dinsectes nuisibles, pour lEnseignement agricole.

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  • Bote contenant une collection dinsectes nuisibles, collection ralise par des lves-matres de lcole normale garons de Douai, vers 1900.

    Source : Collection prive.

    Lenseignement des sciences lcole normale

    Lintroduction dun enseignement obligatoire des sciences physiques et naturelles lcole primaire est une innovation importante de la loi du 28 mars 1882. En effet, larticle premier de la loi Guizot (1833) prvoyait des enseignements de sciences physiques et dhistoire naturelle ap-plicables aux usages de la vie uniquement pour linstruction primaire suprieure, et ce nest que comme matires facultatives que larticle 23 de la loi Falloux (15 mai 1850) les a fait tomber vers lenseignement primaire.

    Ds 1832, le Rglement concernant les coles normales primaires de Guizot donne comme objets denseignement des notions de sciences physiques [et dhistoire naturelle?] applicables aux usages de la vie. Cette instruction scientifique des lves-matres sera dtaille par lArrt de 1851 fixant les programmes denseignement pour toutes les coles normales primaires de France, ainsi que par le Dcret de Duruy (1866) relatif aux coles normales primaires qui supprime la distinction entre matires obligatoires et matires facultatives, dsormais toutes ensei-gnes ds la premire anne. Mais cest surtout partir de 1881 que lorganisation de lenseignement dans les coles normales primaires, soit dinstituteurs, soit dinstitutrices depuis la loi de 1879, impose une lvation du niveau des tudes : lenseignement scientifique se ren-force considrablement auprs des futurs matres et matresses.

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  • Lenseignement des sciences au service de la iiie rpublique

    Ainsi, la priode 1833-1923 conduit les sciences devenir, sinon le principal enseignement de lcole primaire (ce quil na jamais t), du moins lun des plus reprsentatifs des espoirs affichs par le nouveau rgime scolaire annonc par Jules Ferryds 1881 : une ducation lib-rale de lesprit par les sciences, et pour laquelle le muse scolaire et les leons de choses constituent des auxiliaires incontournables puisque rside en eux la vertu ducative de la science. Les lves-matres sont donc forms, dans les coles normales, transmettre ces valeurs leurs lves au cours de leurs enseignements de sciences.

    Quels sont, finalement, le rle et les procds de lenseignement des sciencesnaturelles? Le recteur Louis Liard, en 1904, lors dune confrence donne au Muse pdagogique, affirme que: [] lenseignement des sciences naturelles doit tre une discipline ducatrice, et non pas un chargement de la mmoire. Des faits, dabord, exactement perus et ce sera une culture de la facult dobservation; puis des faits compars, et ce sera une culture de la facult de la comparaison; enfin, la suite de ces comparaisons, des liaisons positives, constates entre les faits, et ce sera une culture de la facult de gnralisation, une premire conception de la loi, un premier veil scientifique. Lenseignement des sciences procde donc comme la science elle-mme.

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  • Lhistoire de lenseignement des sciences comme objet de recherche

    La prcdente chronologie sest attache prsenter les collections scientifiques de lcole normale garons de Douai, et le grand intrt quelles revtent, dans le cadre dune dmarche de valorisation patrimo-niale en raison de leur nombre, de leur richesse, de la raret des pices et des spcimens qui les composent. Elles constituent galement une source originale pour la recherche en histoire de lducation, particuli-rement celle qui concerne les dbats au sujet du curriculum.

    Ceux-ci sont aujourdhui dcants. Les problmes soulevs par la dfinition dun cours dtudes se sont sensiblement dplacs depuis la mise en place progressive des enseignements de sciences lcole au cours du XIXe sicle. Ils portent aujourdhui sur des prescriptions programmatiques de grande envergure, ou ont t reformuls par des recommandations et par des associations denseignants disciplinaires, selon des approches essentiellement didactiques, et de ce fait indif-frentes la dimension diachronique des problmes. Une recherche novatrice reposerait sur une approche historique et pistmologique de lenseignement des sciences durant la priode 1833-1991 en analysant lvolution conjointe des prescriptions, des recommandations et des pratiques des acteurs scolaires. Cette recherche permettrait ainsi dintgrer lhistoire des institutions scolaires dans lhistoire sociale afin de proposer des lments de rponse la question Pourquoi lcole enseigne-t-elle ce quelle enseigne en sciences?

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  • Cette prsentation succincte de lcole normale dInstituteurs de Douai et de ses collections rvle la richesse et la diversit du patrimoine scientifique et technique des universits du Nord-pas de Calais en gnral, et de lUniversit dArtois en particulier. Ce patrimoine devrait, en consquence, tre reconnu et valoris comme lieu de mmoire et de recherches. Une approche novatrice invite interroger sa constitu-tion, sa conservation et son exploitation historique, en lexposant au regard du public, et en linstituant comme objet de recherche pour la communaut scientifique. Ainsi, cette dynamique doit permettre de renforcer la position institutionnelle de lhistoire des sciences et des techniques au sein de luniversit, en ouvrant de nouvelles perspec-tives pour lenseignement des sciences et pour lhistoire de lducation. Ce nouveau champ dtudes a de fait pour mission de contribuer au dveloppement de la culture scientifique destination dun public large, et aux dbats actuels sur la science.

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    Cours de chimie sur lhydrogne dans la salle de manipulations, vers 1900

    Source : Amicale des anciens lves de lcole normale dInstituteurs et du centre IUFM de Douai (avec son aimable autorisation).

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  • par Jean-Franois Condette

    Le 31 juillet 1559, le pape paul IV promulgue les lettres de fondation de lUniversit de Douai. Cette fondation est confirme par philippe II, roi dEspagne et des pays-Bas Espagnols, le 19 janvier 1562.

    LUniversit de Douai, comme toutes les universits franaises, est supprime par dcision de la Convention le 15 septembre 1793.

    Une cole de mdecine est fonde Lille (arrt prfectoral du 4 juin 1805) qui prend la suite de cours municipaux. Elle sera transforme en cole prparatoire de mdecine et de pharmacie le 12 aot 1852. Une cole de sant est aussi fonde Arras.

    La Facult de Lettres est rtablie Douai par dcret imprial Douai le 17 mars 1808, prs du lyce de la ville, tout comme une facult des Sciences (qui na pas le temps dexister rellement). Ces deux facults sont supprimes ds le dbut de la Restauration.

    De 1815 1854: multiples initiatives des notables politiques de la France sep-tentrionale et des villes de Douai et de Lille pour obtenir le retour des facults alors que la France du Nord est un vrai dsert universitaire.

    Un dcret imprial de Napolon III fait rapparatre la facult des Lettres Douai, le 22 aot 1854. Au mme moment, une facult des Sciences est implante Lille, capitale conomique rgionale. Louis pasteur en est le premier doyen. Une vive concurrence sengage entre les deux villes pour le monopole universitaire.

    Aprs de multiples dmarches, la ville de Douai se voit octroyer une facult de Droit le 28 avril 1865, alors que lcole prparatoire de mdecine de Lille devient une facult de Mdecine et de pharmacie par le dcret du 12 novembre 1875.

    A partir de 1874, donc avant la loi du 27 juillet 1875 qui accorde la libert de lenseignement suprieur, des cours libres apparaissent. Le quartier Vauban de Lille devient le lieu dimplantation des institutions universitaires catho-liques. LUniversit catholique de Lille est officiellement inaugure le 18 janvier 1877. pour les facults publiques, clates entre le ple douaisien et le ple lillois, le regroupement dans un mme lieu apparat comme une ncessit.

    Le dcret du 22 octobre 1887 impose le regroupement Lille de toutes les facults publiques en change de la promesse de la ville de Lille de construire les btiments pouvant accueillir les facults douaisiennes et plusieurs instituts.

    La loi du 10 juillet 1896 permet la cration de nouvelles universits, cest donc aussi la date de naissance de lUniversit de Lille. Mais celle-ci nest pas dote

    Historique des universits

    de la Rgion Nord-Pas de Calais

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  • dune relle autonomie. La tutelle de lEtat demeure trs forte et la structure de base reste la facult, regroupant des disciplines assez proches. Cest le recteur dacadmie qui est prsident de lUniversit pas un professeur lu par ses pairs.

    Le dcret du 26 juin 1902 cre un doctorat de lUniversit de Lille.

    pendant la premire Guerre mondiale, lUniversit connait de nombreuses pertes humaines et matrielles. La ville de Lille est occupe par larme allemande doctobre 1914 octobre 1918. Sous la direction du recteur Georges Lyon, lUniversit de Lille, au milieu de terribles difficults, maintient en vie un mince filet de vie universitaire, affirmant ainsi la survie de la culture franaise en zone occupe.

    Dans les annes 1924-1936, le recteur Albert Chtelet, en lien avec les doyens, multiplie les crations dinstituts pour les facults, en particulier en Sciences.

    pendant la Deuxime Guerre mondiale, lUniversit souffre une nouvelle fois de la prsence constante de loccupant allemand, de ses rquisitions et de son arbitraire. Elle doit aussi appliquer les vellits de rformes du Gouvernement de Vichy, une fois lisolement de la Zone Interdite progressivement surmont (Service du travail obligatoire, etc.).

    Aprs 1945, la forte croissance des effectifs tudiants (5326 tudiants en 1945-1946 pour les 4 facults publiques, mais 23927 en 1967-1968) impose le dm-nagement des facults vers des campus priphriques.

    Commence en 1936, les travaux de la nouvelle Facult de Droit (rue paul Duez Lille), sont achevs en 1948. La nouvelle facult est inaugure le 23 dcembre 1948; La Facult des Lettres rcupre alors les btiments, rue Angellier, qui taient ceux de la facult de droit depuis 1895.

    Commencs en 1936 les travaux de la nouvelle facult de mdecine et de phar-macie, intgre au sein dune vaste cit hospitalire, sont achevs aprs 1945. Le nouveau complexe est inaugur le 4 octobre 1953

    Entre 1964 et 1967 est cr un nouveau campus scientifique Annappes (future ville de Villeneuve dAscq) qui accueille la Facult des Sciences. En octobre 1974 les facults des Lettres et de Droit sont transfres sur le cam-pus pont de Bois galement situ Villeneuve dAscq.

    Mai-juin 1968: les facults sont en grande partie bloques, en particulier en Lettres et en Sciences; nombreuses manifestations mais pas dincidents Lille. La loi Faure du 12 novembre 1968 modifie le paysage universitaire franais autour de trois notions: participation, plurisdiciplinarit et autonomie. Aprs dintenses dbats, les facults lilloises disparaissent et les disciplines se f-drent pour fonder les universits de Lille I, Lille II et Lille III en 1970-1971. Les universits disposent dsormais dun conseil dadministration et dun prsi-dent lu ainsi que dUER (Units denseignement et de recherche). Les facults des Sciences et des Sciences conomiques sont regroupes dans lUniversit Lille1; les facults de Mdecine, de pharmacie et de Droit sont regroupes dans lUniversit Lille 2; les facults de Lettres et Sciences Humaines sont

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  • regroupes dans lUniversit Lille 3. paralllement, une nouvelle universit multipolaire est cre en 1966 Valenciennes. Elle se dnomme officiellement lUniversit de Valenciennes et du Hainaut-Cambrsis. Le centre universitaire dAmiens longtemps dpendant de lUniversit de Lille acquiert sa totale autonomie est devient lUniversit de picardie Jules Verne (24 octobre 1968 puis, plus officiellement, en 1971).

    A partir de 1989, des antennes des universits lilloises sont construites dans les villes de Boulogne sur Mer, Calais, Dunkerque, Douai, Arras et Lens. A partir de ces antennes sont cres en 1991 deux nouvelles universits: lUniversit du Littoral-Cte dOpale et lUniversit dArtois, officiellement inaugures en 1992. Ceci porte 6, le nombre des universits publiques de la rgion.

    Conformment la loi dOrientation sur lducation du 10 juillet 1989, est fond un institut universitaire de formation des matres qui intgre les anciennes coles normales de la rgion, lancien Centre pdagogique rgional qui formait les enseignants du secondaire et les structures de formation du personnel de lenseignement technique et professionnel.

    En 1994, la Facult de Droit dmnage du campus pont de Bois de Villeneuve dAscq vers des nouveaux btiments situs Lille dans le quartier de Lille-Moulins. LUniversit Lille 3 occupe dsormais lensemble du campus de pont de Bois.

    1er janvier 2009: lIUFM Nord-pas de Calais, charg de la formation des matres, devient cole interne de lUniversit dArtois.

    Le 09 janvier 2009 est cre par dcret ministriel lUniversit de Lille Nord de France. Ce nouveau ple de Recherche et dEnseignement Suprieur fdre les actions communes des 6 universits de la rgion et de leurs partenaires.

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  • Crdits photographiques :

    Universit Lille 1 Universit Lille 2 - service communication Universit Lille 3Tous droits rservs saut mention contraire

    impression : DELEZENNE Editeur-Imprimeur, Hnin-Beaumont

    ont particip llaboration de cet ouvrage :

    Constance Bienaim : Charge de la gestion et de la valorisation du patrimoine scientifique, historique et culturel de lUniversit Lille 3 et de la mdiation scientifique.

    Jean-Franois Condette : professeur dhistoire contemporaine lUniversit dArtois.

    rgis Courtecuisse : professeur de botanique et de mycologie la Facult des Sciences pharmaceutiques et Biologiques de lUniversit Lille 2.

    Johann-gnther egginger : Matre de confrences en biologie des organismes lUni-versit dArtois, Equipe V2S du laboratoire LBHE Lens.

    Nabil el-Haggar : Vice-prsident de lUniversit Lille 1, charg de la culture, de la communication et du patrimoine scientifique.

    eric Fertein : Ingnieur de recherche au Laboratoire de physico-chimie de latmosphre de lUniversit du Littoral-Cte dOpale. Charg de mission patrimoine Scientifique.

    Florence Hachez-Leroy : Matre de confrences en histoire contemporaine lUniversit dArtois. Institut Universitaire de France.

    Julien Lapasset : Graphiste lEspace Culture de lUniversit Lille 1.

    Virginie Lapierre : Chef du service communication de lUniversit Lille 2.

    Herv Leuwers : professeur dhistoire moderne lUniversit Lille 3, charg de mission au patrimoine scientifique, historique et culturel.

    antoine matrion : Charg de Mission patrimoine Scientifique lUniversit Lille 1.

    Delphine Poirette : Charge de communication l Espace Culture de lUniversit Lille 1.

    Pierre-marie robert : Directeur du service de la recherche, de la valorisation et de linformation scientifique de lUniversit Lille 2. Directeur gnral des services du pRES Lille Nord de France.

    guy Sguier : professeur mrite dlectrotechnique lUniversit Lille 1.

    isam Shahrour : Vice-prsident de lUniversit Lille 1 en charge de la recherche et du conseil scientifique.

  • La collection patrimoine Universitaire Nord-pas de Calais vise valoriser lexceptionnel patrimoine des tablissements denseignement suprieur de notre rgion. Elle rsulte de la col-laboration des universits rgionales membres du pRES Universit Lille Nord