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© 2014 SPLF. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Revue des Maladies Respiratoires Actualités (2014) 6, 3-4 Actualités Maladies Respiratoires Revue des Organe Officiel de la Société de Pneumologie de Langue Française Séminaire d’Approfondissement et de Perfectionnement en Pneumologie (SAPP) Édition 2014 Interactions Muscles et Respiration Paris, 21 et 22 mars 2014 Coordonnation : B. Maître, F. Chabot 2014 1 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Cas clinique n° 1 N. Just 1,2, * et T. Perez 1 1 Service des Explorations Fonctionnelles Respiratoires et Clinique des maladies respiratoires, CHRU de Lille, Université Lille Nord de France, Hôpital Albert Calmette 59000 Lille 2 Service de Pneumologie, CH Victor Provo, 11-17 boulevard Lacordaire 59100 Roubaix *Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (N. Just) Observation Motif de l’hospitalisation À la demande de son médecin traitant, M. P., âgé de 53 ans, consulte pour l’apparition d’une dyspnée d’installation progressive au décours d’un épisode pseudo-grippal. Histoire de la maladie M. P. exerce la profession de mécanicien agricole. Il présente comme antécédent une cholangite sclérosante primitive compliquée de sténose de la voie biliaire principale avec calculs de stase et a bénéÀcié d’une hépatectomie gauche en 2002. Au mois de février 2013, le patient décrit une hyperthermie avec myalgies et douleurs cervicales irradiantes vers les deux épaules et les deux membres supérieurs s’accompagnant de sensations de faiblesse des muscles proximaux. Un bilan biologique est en faveur d’une hépatite aiguë : ASAT à 420 UI/l (n < 40) et ALAT à 1002 UI/l (n < 41) ; phosphatases alcalines à 172 UI/l (n < 130) et gamma GT à 154 UI/l (n < 60). Les sérologies des hépatites virales A, B et C sont négatives ainsi que pour le VIH, CMV, EBV. Le bilan auto-immun est également négatif. Seul le sérodiagnostic pour l’hépatite E est positif : IgG anti-VHE positifs à 6,2 (seuil à 1) et IgM anti-VHE à 3,06 (seuil à 1). Un mois après cet épisode, M. P. nous est adressé pour dyspnée. Examen clinique À son arrivée, le patient est apyrétique. Son poids est de 78 kg pour une taille de 1,67 m soit un index de masse corporelle de 28 kg/m 2 . Il décrit une dyspnée à deux étages avec une orthopnée. L’interrogatoire retrouve des cervicalgies persistantes, bien que moins intenses, avec sensation de dysesthésies scapulaires. La saturation en air ambiant est

Cas clinique n° 1

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© 2014 SPLF. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Revue des Maladies Respiratoires Actualités (2014) 6, 3-4

ISSN 1877-1203

www.splf.org

Actualités

Maladies

RespiratoiresRevue

des

Organe Officiel de la Société de Pneumologie de Langue Française

Séminaire d’Approfondissement et de Perfectionnement en Pneumologie (SAPP)

Édition 2014Interactions Muscles et RespirationParis, 21 et 22 mars 2014

Numéro réalisé avec le soutien institutionnel des laboratoires

Respiration

Amplituderespiratoire

Ventilationalvéolaire

Mécanorécepteursdes poumons et

des mucles respiratoires

Coordonnation : B. Maître, F. Chabot

8456

9

mars

Vol 6 2014 n°1

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

Cas clinique n° 1

N. Just1,2,* et T. Perez1

1Service des Explorations Fonctionnelles Respiratoires et Clinique des maladies respiratoires, CHRU de Lille, Université Lille Nord de France, Hôpital Albert Calmette 59000 Lille 2Service de Pneumologie, CH Victor Provo, 11-17 boulevard Lacordaire 59100 Roubaix

*Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (N. Just)

Observation

Motif de l’hospitalisation

À la demande de son médecin traitant, M. P., âgé de 53 ans, consulte pour l’apparition d’une dyspnée d’installation progressive au décours d’un épisode pseudo-grippal.

Histoire de la maladieM. P. exerce la profession de mécanicien agricole. Il présente comme antécédent une cholangite sclérosante primitive compliquée de sténose de la voie biliaire principale avec calculs de stase et a béné cié d’une hépatectomie gauche en 2002. Au mois de février 2013, le patient décrit une hyperthermie avec myalgies et douleurs cervicales irradiantes vers les deux épaules et les deux membres supérieurs s’accompagnant de sensations de faiblesse des muscles proximaux. Un bilan biologique est en faveur d’une hépatite aiguë : ASAT à 420 UI/l (n < 40) et ALAT à 1002 UI/l (n < 41) ; phosphatases alcalines à 172 UI/l (n < 130) et gamma GT à 154 UI/l (n < 60). Les sérologies des hépatites virales A, B et C sont négatives ainsi que pour le VIH, CMV, EBV. Le bilan auto-immun est également négatif. Seul le sérodiagnostic pour l’hépatite E est positif : IgG anti-VHE positifs à 6,2 (seuil à 1) et IgM anti-VHE à 3,06 (seuil à 1). Un mois après cet épisode, M. P. nous est adressé pour dyspnée.

Examen cliniqueÀ son arrivée, le patient est apyrétique. Son poids est de 78 kg pour une taille de 1,67 m soit un index de masse corporelle de 28 kg/m2. Il décrit une dyspnée à deux étages avec une orthopnée. L’interrogatoire retrouve des cervicalgies persistantes, bien que moins intenses, avec sensation de dysesthésies scapulaires. La saturation en air ambiant est

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normale à 95 %. L’auscultation pulmonaire est strictement normale. En décubitus, il existe un franc tirage des muscles sterno-cléido-mastoïdiens et une respiration abdominale paradoxale. La dyspnée évaluée par échelle de Borg passe de 0,5 assis à 3 points en décubitus dorsal strict. Le patient se dit gêné la nuit, fatigué au réveil et dans la journée (Epworth à 19) avec l’impression d’un sommeil non réparateur.

L’examen neurologique décrit un bon état de vigilance, une tétraparésie proximale, discrète, cotée à 4/5, des ré exes ostéo-tendineux diminués au membre supérieur droit et normaux aux autres membres. Les ré exes cutanéo-plantaires sont en exion. Il n’existe pas de trouble sensitif objectif ni d’atteinte des paires crâniennes. La nuque est souple mais douloureuse en n de exion.

Examens complémentaires

Les gaz du sang artériels en air ambiant montrent une PaO2 à 76 mmHg, une PaCO2 à 42 mmHg, un pH à 7,42 et des bicar-bonates à 28 mmol/l. Le bilan biologique hépatique donne les résultats suivants : bilirubine totale à 9 mg/l (n < 10), phosphatases alcalines à 84 UI/l, gamma GT à 52 UI/l, ALAT à 55 UI/l et ASAT à 27 UI/l. La numération formule sanguine est strictement normale et la CRP est négative. Les anticorps IgG anti-VHE sont positifs à 4,6 (seuil à 1) et les IgM anti-VHE à 1,4 (seuil à 1), témoignant d’une séroconversion récente. La quanti cation PCR du virus de l’hépatite E est inférieure à 2 Log-copies/ml.

La radiographie et le scanner thoraciques montrent de discrètes opacités en bande, bibasales sans anomalie médias-tinale (Fig. 1). Les épreuves fonctionnelles respiratoires donnent les valeurs suivantes : VEMS à 2240 ml (71 % pred.), CVL à 2680 ml (66 % pred.) chutant à 1700 ml en décubitus soit 63 % de la valeur assise, VEMS/CVL à 83 % (107 % pred.), CPT à 4740 ml (76 % pred.).

L’électromyogramme des quatre membres est normal. La résonance magnétique nucléaire (RMN) cervicale retrouve une discopathie pluri-étagée de C5 à C7, sans argument pour une atteinte médullaire ou radiculaire in ammatoire.

Figure 1. Radiographie de thorax et scanner thoracique réalisés à l’arrivée dans le service.

La RMN cérébrale est normale. L’étude du liquide céphalo-rachidien donne les résultats suivants : protéinorachie à 0,3 g/L, glycorachie normale à 0,64 g/L, un élément nucléé sans hématie, stérile, PCR Herpes négative et anticorps anti-gangliosides négatifs.

QuestionsQuelle est votre hypothèse diagnostique ?

Quels examens paracliniques spéci ques proposez-vous pour étayer votre hypothèse formulée ?

Quelle étiologie est la plus vraisemblable ?

Comment expliquez-vous la fatigue du patient ?