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Institut Des Savanes Département Cultures Vivrières 01 BP 635 Bouaké 01 Côte d’Ivoire Katholieke Universiteit Leuven Faculté des sciences agronomiques et Biologiques Appliquées Division d’Economie Rurale Kardinaal Mercierlaan 92 3001 Heverlee Belgique Rapports de mission à Dikodougou, Nord de la Côte d’Ivoire. Dr. Zohouri Goli Pierre Dr. Sylvestre A. Aman Ir. Tokpa Gbatto Ir. N’Zué Boni Ir. Coulibaly N’Dri Décembre 1995 Document de travail N° 3 Projet ‘Renforcement des études agro-économiques à l’IDESSA’ IDESSA - K.U.Leuven

Décembre 1995 - KU Leuven · 2007. 4. 18. · 1Ce document de travail est écrit dans le cadre du projet : “Renforcement des études agro-économiques à l’IDESSA ”. Le projet

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  • Institut Des Savanes Département Cultures Vivrières 01 BP 635 Bouaké 01 Côte d’Ivoire

    Katholieke Universiteit Leuven Faculté des sciences agronomiques et Biologiques Appliquées Division d’Economie Rurale Kardinaal Mercierlaan 92 3001 Heverlee Belgique

    Rapports de mission à Dikodougou, Nord de la Côte d’Ivoire.

    Dr. Zohouri Goli Pierre Dr. Sylvestre A. Aman

    Ir. Tokpa Gbatto Ir. N’Zué Boni

    Ir. Coulibaly N’Dri

    Décembre 1995

    Document de travail N° 3 Projet ‘Renforcement des études agro-économiques à l’IDESSA’ IDESSA - K.U.Leuven

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    Table des matières ZOHOURI, Goli .Pierre., Bilan sanitaire des cultures d’igname dans la région de Dikodougou,

    Novembre, 1995, 6 p. AMAN, Sylvestre, A., Les Sols à Igname de la Région de Dikodougou et leur Fertilité

    Naturelle, Janvier 1996, 7 p. TOKPA Gbatto, Les Variétés d’igname cultivées dans la région de Dikodougou, Novembre

    1995, 5 p. COULIBALY, N’Dri, N’ZUE, Boni, Enquête sur le manioc dans la zone de Dikodougou,

    rapport de mission effectuée du 19 au 23 Novembre 1995, Novembre 1995, 5 p.

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    BILAN SANITAIRE DES CULTURES D'IGNAME

    DANS LA REGION DE DIKODOUGOU1

    Par

    G.P. Zohouri, Phytopathologiste

    INTRODUCTION

    L’igname (Dioscorea spp.) représente une des principales cultures vivrières de la Côte d’Ivoire (figure 1). La production se partage entre l’espèce D. alata (60 %) qui représente la quasi-totalité de la consommation familiale, et D cayenensis (40 %), de préférence destinée à la commercialisation.

    1987 1988 1989 1990 19910

    500

    1000

    1500

    2000

    2500

    3000

    Igname

    Manioc

    Taro

    Banane

    MaïsRiz paddy

    SorghoMil

    Arachide

    Figure 1. Importance de la production de l'igname parmi les cultures vivrières en Côte d'Ivoire (Source des données : Minagra, Statistique Agricole, 1991)

    Le mode de multiplication de l’igname est particulièrement favorable à la diffusion et au développement des maladies fongiques, une des principales contraintes (Baudin, 1956 ; Degras, 1986 ; Nwankiti, 1982). A l’exception des attaques précoces aux répercussions significatives sur le rendement, le système de culture traditionnel (petites parcelles, cultures itinérantes, longue jachère, etc.) permet cependant de contenir généralement l’épidémie de façon acceptable. Actuellement, la réduction du temps de jachère et le phénomène de sédentarisation de la culture, liés à la pression démographique, tendent à accroître sensiblement l’incidence des maladies. Par ailleurs, la mise en place des monocultures

    1Ce document de travail est écrit dans le cadre du projet : “ Renforcement des études agro-économiques à l’IDESSA ”. Le projet est dirigé par le Prof. Eric Tollens de la K.U.Leuven, Leuven, Belgique et par le Dr. Doumbia Sékou, chef du Département des Cultures Vivrières à l’IDESSA, Bouaké, Côte d’Ivoire. Le projet est soutenu financièrement par l’A.G.C.D. (coopération belge).

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    intensives sur de grandes surfaces risque d'aggraver sensiblement l’incidence des parasites inféodés à l’igname.

    En Côte d’Ivoire, plus de quarante espèces fongiques ont été récemment identifiées sur l’igname (Zohouri et al., 1994). Dans ce complexe parasitaire, l’anthracnose (Colletotrichum gloeosporioides), les cercosporioses (Cercospora Ubi, C. carbonacea, C. contraria), ainsi que Corticium rolfsii, et Rhizoctonia sp. seraient les principaux agents responsables du flétrissement, maladie considérée comme un risque important pour les cultures traditionnelles de l’igname D. alata (Notteghem et Dumont, 1985). Il a été par ailleurs signalé (Zohouri et al., 1992) une tendance des variétés vulgarisées (Florido et Brazo Fuerte), qui semblaient plus tolérantes avant leur introduction en milieu paysan, à subir plus ou moins sévèrement, les attaques de maladies. Ceci recommande qu’une attention particulière soit accordée a l’aspect sanitaire des variétés adoptées par les paysans et justifie la présente étude.

    MATERIEL ET METHODES

    L’étude concerne la zone de Dikodougou, base des recherches de la convention IDESSA-KULEUVEN. Cette région du Nord de la Côte d’Ivoire, se caractérise par une végétation de savane arborée et de forêt claire. Son climat est de type soudanéen, avec deux saisons, l’une pluvieuse (Novembre-Mai), et l’autre, sèche (Juin-Septembre). C’est, enfin, une zone d’immigration à partir des zones denses de Korhogo et de Boundiali où se pratiquent l’élevage et diverses cultures dont l’igname occupe une place importante.

    Les points d’observations (PO) phytosanitaires sont localisés autour de la ville de Dikodougou, dans les villages de Tapéré, Tiégana, Frarakoro et Ouattaradougou. Ces villages dont les cultures de base sont essentiellement l’igname, le riz et le coton, ont été présélectionnés lors d’une enquête préliminaire dans la région.

    Le matériel végétal comporte des cultivars traditionnels de D. alata appartenant au groupe Bété-Bété, réputé sensible aux maladies fongiques, et une variétés de la même espèce de D. alata récemment introduites en milieu paysan (Florido), qui est en pleine expansion pour ses performances agronomiques, mais dont le comportement vis-à-vis des maladies est peu connue. Enfin, le Krenglé (D. cayenensis) dont la culture est très répandues dans la région, est également choisis.

    Dans chacun des villages, un nombre variant de 4 à 8 paysans motivés, cultivant l’igname et dont les champs sont accessibles ont été retenus, à raison de trois variétés en moyenne (Krenglé, Florido, Bété-Bété) par agriculteur. Les parcelles à suivre sont délimitées par des piquets et sont identifiées par une fiche de renseignements sur leurs caractéristiques agronomiques et culturales. Les observations sur l’état sanitaire sont relevées en détail suivant un barème de notation (annexe 1) et une fiche sanitaire (annexe 2) appropriés. Des échantillons d’organes malades permettent, si nécessaire, de compléter les diagnostics en laboratoire.

    RESULTATS-DISCUSSION

    Les résultats des notations sanitaires effectuées dans les parcelles d'igname de 22 agriculteurs répartis dans 4 villages de la région de Dikodougou, sont récapitulés dans le tableau 1. On constate dans ce tableau que les premiers symptômes de maladies apparaissent dès le mois de juillet dans certaines parcelles déjà identifiées. Les attaques se généralisent par la suite, mais elles se limitent, jusqu'à septembre, à un niveau relativement faible (note inférieure à 3). En revanche, les dégâts s'amplifient très nettement et se traduisent, à travers l'évaluation de novembre, par des notes sanitaires relativement élevées (note de 3 à 5). Cette tendance se remarque sur la figure 2, qui représente le nuage de l'ensemble des notes relevées dans les différents sites. Des travaux antérieurs (Notteghem et Dumont, 1985 ; Zohouri et al., 1994).

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    Tableau 1. Résultats des observations sanitaires effectuées sur les variétés Krenglé, Florido et Bété-Bété dans la région de Dikodougou

    Villages Paysans Notes sanitaires / variétés Juillet Septembre Novembre Kre Flo Bet Kre Flo Bet Kre Flo Bet Tapéré Silué Néwélé - - - 1,2 1,5 2,9 3,8 3,4 5,0 Silué Chélina - - - 1,7 1,6 1,6 3,9 3,2 3,5 Soro Kolo - - - 1,3 1,7 1,6 5,0 4,0 4,9 Soro Nalourou - - - 1,1 1,7 1,8 5,0 3,8 4,7 Soro Siellé - - - 1,1 2,0 1,6 - - - Tuo Foundjêguè - - - 1,2 1,5 - 3,3 3,9 - Ouattaradougou Ouattara Amara - - - 1,3 1,8 1,4 3,0 4,6 4,7 Ouattara Bassori - - - 1,2 1,5 - 3,8 3,9 - Ouattara Brahima 2,0 1,0 1,7 2,5 1,2 2,0 3,1 3,6 5,0 Ouattara Pamongo 2,0 2,0 2,0 1,2 1,4 1,4 3,0 3,7 3,0 Silué Mamadou - - - 1,5 1,0 1,4 5,0 3,8 3,6 Silué Méhingnoro 1,0 1,0 1,0 1,3 1,4 1,3 4,4 3,9 3,6 Tuo Nagnenin - 1,0 1,0 - 1,4 1,7 - 3,4 5,0 Yéo Soro 1,5 1,2 2,0 2,0 1,9 2,7 5,0 3,6 5,0 Farakoro Chinforo Soro 1,0 1,2 1,8 1,3 1,7 2,3 4,7 4,3 5,0 Korona Soro 1,0 1,0 1,3 1,0 1,2 1,8 4,0 3,0 4,0 Ouattara Dangui - - - 1,5 1,4 1,0 3,9 3,5 3,7 Ouattara Tchewoulé - - - 1,4 - 1,2 3,9 - 3,4 Tiégana Silué Kolo 1,4 1,1 1,0 2,9 1,5 1,2 4,8 4,8 - Silué Wanan 1,1 1,3 1,0 1,6 1,9 1,4 4,7 3,8 3,4 Soro Wanan 1,3 1,5 - 1,7 1,9 - - 5,0 - Tuo Nerguetenin 1,0 1,0 - 1,2 2,4 - 5,0 5,0 -

    Kre = Krengle ; Flo = Florido ; Bet=Bété-Bété. Les parcelles absentes sont marqués du signe négatif (-)

    ont démontré que les attaques précoces et sévères des maladies fongiques peuvent avoir un impact négatif sur la production de l'igname. Sur cette base, nous pouvons présumer d’une situation contraire en ce qui concerne la région de Dikodougou, où les attaques fongiques atteignent leur seuil de gravité assez tardivement. Il aurait été toutefois intéressant de vérifier cette hypothèse par une évaluation des rendements, malheureusement cela n'a pas été possible pour des difficultés techniques.

    Les infections fongiques les plus fréquemment observées (figure 3) sont imputables à Corticium rolfsii (71 % des champs notés), Colletotrichum sp.,(42 %) et Phyllosticta (34 %). Dans cet inventaire, les deux premiers champignons confirment leur préférence pour les varié

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    1

    2

    3

    4

    5Krenglé Florido Bété-Bété Krenglé Florido Bété-Bété

    ò

    ñ

    Tiégana Farakoro Ouattaradougou

    Tapéré

    Tiégana TapéréOuattaradougou

    Farakoro

    Not

    es s

    anita

    ires

    Septembre

    Novembre

    Figure 2. Répartition des notes sanitaires des champs d'igname observés dans la région de Dikodougou en Septembre et Novembre 1995

    42

    0

    71

    0

    34

    Colletotrichum Cercospora Corticium Rhizoctonia Phyllosticta0

    20

    40

    60

    80

    100Villages

    Tapéré Ouattaradougou Farakoro TiéganaTVC

    Figure 3. Fréquence des champignons majeurs de l'igname (en pourcentage de champs contaminés) dans la région de Dikodougou (campagne 1995). TVC = tous les villages confondus

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    tés de D alata (Bété-Bété et Florido), tandis que le troisième semble particulièrement inféodé à la variété Krenglé (D. cayenensis). Il est important de mentionner l'absence, durant tout le cycle cultural et dans tous les sites prospectés, de Cercospora sp. et de Rhizoctonia sp, champignons importants de l'igname en cours de végétation. Par ailleurs, les autres problèmes sanitaires, notamment la fusariose et la virose qui apparaissent surtout en début de cycle et s’estompent très vite, semblent plutôt négligeables. Il faut par contre faire attention aux plages de noircissement des surfaces foliaires très caractéristiques de la variété Florido. Ce symptôme qui ne semble pas être causé par un parasite fongique, se retrouvent aussi de temps en temps sur le Bété-Bété, avec une légère variation du faciès maladif. Enfin, la récolte n'ayant pas été réalisée, la pathologie des tubercules n'a pu être déterminée.

    CONCLUSION

    Cette prospection sanitaire effectuée dans la région de Dikodougou a révélé un spectre peu étendu des champignons connus sur l’igname en cours de végétation : il s’agit en particulier de Colletotrichum sp. Corticium rolfsii sp., et Phyllosticta sp. Globalement, nous pouvons déduire du caractère tardif de l’évolution des dégâts et de l'absence de certains agents pathogènes non moins importants tel que Cercospora sp. et Rhizoctonia sp., que le bilan sanitaire est à un seuil acceptable. Il est cependant dommage que des problèmes techniques aient pu amputer le volet récolte de nos observations. Ceci a eu pour conséquence l’impossibilité d'effectuer une analyse de corrélation entre les notes sanitaires et les rendements en tubercule, analyse qui aurait davantage facilité l’interprétation des résultats obtenus. Tout ceci est à mettre sur le compte des contraintes de travail très courantes en milieu réel (réticence des paysans, difficultés d’accès aux champs, insuffisance du personnel de suivi des parcelles, etc.). Avec cette expérience de la première campagne, nous pensons mieux aplanir ces difficultés, pour la conduite des travaux futurs d’enquêtes ou d'essais dans la région.

    BIBLIOGRAPHIE

    Baudin P., 1956. Maladies parasitaires des ignames en Cote d’Ivoire. Rev. de Mycol., 21 (1) : 87-111

    Degras, 1986. L’igname, plante à tubercule tropicale. Collection Techn. Agri. Prod. Trop., Ed. Maisonneuve et Larose, Paris, 408p.

    Notteghem et Dumont R., 1985. Résultats d’essais de lutte contre le flétrissement de l’igname (1982-1985). Note techniques 01/85, IDESSA, 49p.

    Nwankiti, 1982. Symptomatology, aetiology and incidence of a leaf disease of yam (Dioscorea spp.) originally called “Apollo disease”. In Yams, Ed. Miège et Lyonga, 274-279

    Zohouri P., Digbeu S. et Ahoussou N. 1992. Pathologie fongique de l’igname en Côte d’Ivoire. Rapport d’activités IDESSA/IIRSDA, 36p.

    Zohouri P., Digbeu S. et Dumont R., 1994. Contraintes pathologiques de l’igname (Dioscorea spp.) en Côte d’Ivoire. Proc. 5th Symp. ISTRC-AB, 252-257.

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    • ANNEXE 1. BAREME DE NOTATION DES MALADIES DE L’IGNAME

    NOTATION DES FEUILLES NOTATION DES TIGES 1. Feuille saine 1. Tige saine 2. Très peu de petites lésions 2. Taches 3. Beaucoup de petites lésions ou une grosse tache 3. Portion noire 4. Plage nécrosée ou plusieurs grosses taches 4 .Noircissement superficiel 5. Feuille nécrosée à plus des 3/4 de la superficie 5. tige noire, morte ou sèche

    • ANNEXE 2. FICHE DE NOTATION DES MALADIES DE L’IGNAME No ID : Nom de variété : Description parcelle : Date :Plante FEUILLES No TIGES No Total 1+2

    No 1 2 3 4 5 6 7 8 9 Tot1 Description 1 2 3 1 2 3 1 2 3 Tot1 Description plante12345678910

    No ID : Nom de variété : Description parcelle : Date :Plante FEUILLES No TIGES No Total 1+2

    No 1 2 3 4 5 6 7 8 9 Tot1 Description 1 2 3 1 2 3 1 2 3 Tot1 Description plante12345678910

    No ID : Nom de variété : Description parcelle : Date :Plante FEUILLES No TIGES No Total 1+2

    No 1 2 3 4 5 6 7 8 9 Tot1 Description 1 2 3 1 2 3 1 2 3 Tot1 Description plante12345678910

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    Les Sols à Igname de la Région de Dikodougou et leur Fertilité Naturelle2

    Rapport d’une mission de caractérisation morpho-pédologique

    du 03 au 06 Janvier 1996 à Dikodougou Dr. Sylvestre A. Aman, agropédologue

    1. INTRODUCTION Le Projet IDESSA/K.U.Leuven couvre plusieurs villages de la région de Dikodougou. L’igname qui est la principale culture de cette région est cultivée sur trois types de sol majeurs. Il s’agit de Tagoun, Méningué, et Tadja qui sont classés selon leur texture (limon argileux ou sable limono-argileux, sable et gravillons, respectivement). Cependant, cette classification varie légèrement d’une zone à l’autre. Une mission de caractérisation morpho-pédologique conduite par Mr. Johan STESSENS (du Projet Idessa/K.U.Leuven) a été réalisée, dans la région de Dikodougou, du 03 au 06 Janvier 1996 en compagnie de Dr Sylvestre A. AMAN (Agropédologue). Elle visait à identifier les différents types de sol précités et à établir une relation avec leur fertilité naturelle. 2. METHODOLOGIE Deux zones agro-écologiques sont distinguées dans la région de Dikodougou. Il s’agit de la zone Sud caractérisée par une forêt dense semi-décidue et la zone Nord caractéristique d’une savane boisée. Deux villages furent choisis dans chaque zone : Tapéré et Tiégana pour la zone Nord et Farakoro et Ouattaradougou pour la zone Sud. Dans chaque village un ou deux profils furent ouverts sur les types de sol les plus représentatifs. Ainsi les profils 1 et 2 sont localisés à Tapéré, les profils 3 et 4 à Ouattaradougou, le profil 5 à Farakoro, et les profils 6 et 7 à Tiégana. Quelques difficultés d’ordre pratique n’ont permis de creuser certains profils que superficiellement (seulement le premier horizon pour le profil 7, les deux premiers pour 3 et 4, et jusqu’au troisième pour 5). Les autres profils (1,2, et 6),plus profonds ont été sommairement décrits. L’ensemble des profils a été échantillonné sur les horizons majeurs. Des échantillons composites de la terre de surface furent pris dans des champs d’igname ou des nouvelles défriches proches des différents profils. Quelques propriétés chimiques, à savoir le pH H20, le C organique et les bases échangeables, ont été déterminées sur chaque échantillon. La fertilité des sols est appréciée à travers une brève description générale du profil, une description détaillée des profils, et l’interprétation des résultats analytiques. Pour ce dernier

    2Ce document de travail est écrit dans le cadre du projet : “ Renforcement des études agro-économiques à l’IDESSA ”. Le projet est dirigé par le Prof. Eric Tollens de la K.U.Leuven, Leuven, Belgique et par le Dr. Doumbia Sékou, chef du Département des Cultures Vivrières à l’IDESSA, Bouaké, Côte d’Ivoire. Le projet est soutenu financièrement par l’A.G.C.D. (coopération belge).

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    point, il faut préciser qu’on ne peut se contenter que d’une appréciation très sommaire faute de résultats plus complets ; à savoir la granulométrie, les caractéristiques hydrodynamiques, l’azote, le phosphore assimilable, la capacité d’échange cationique, et la saturation des bases, etc... 3. DIAGNOSTIC ET FERTILITE DES SOLS Trois sous-groupes de sol ont été rencontrés dans la zone étudiée. Ils appartiennent au groupe remanié qui est caractérisé par l’existence d’un horizon gravillonnaire et/ou graveleux, comprenant 40 % de gravillons ferrugineux, de débris de cuirasse, de fragments de roche ferruginisés (pseudo-concrétions), de graviers et cailloux de quartz plus ou moins émoussés et ferrugineux. La différenciation en sous-groupe est faite suivante l’importance et la position dans le profil de l’horizon gravillonnaire ou graveleux et la présence d’un horizon de recouvrement également issu du remaniement. Les trois sous-groupes définis sont : (1) les sols Ferrallitiques Remaniés Modaux, (2) les Sols Ferralitiques Remaniés avec Recouvrement, et(3) les Sols Rajeunis. Une description détaillée des profils est présentée en annexes. Nous donnons ci-après une brève description générale de chaque sous-groupe et l’interprétation de ses résultats analytiques. 3.1 Les sols Ferralitiques Remaniés Modaux (Tagoun) Ces sols se trouvent sur des pentes supérieures et moyennes dont la valeur varie entre 2-5 %. Le drainage est normal. La végétation est constituée surtout par des recrûs de forêt secondaire. Ils sont profonds ; rouge jaunâtres ; sableux peu argileux à sable argileux en surface, argilo-sableux en profondeur ; gravillonnaires à partir de 15-20 cm ; les éléments grossiers sont surtout ferrugineux et quartzeux en moindre mesure. La structure est faible, granulaire fine à moyenne en surface ; polyédrique angulaire ou subangulaire faible à moyenne en profondeur. Ils présentent de nombreux pores très fins à fins ; ils sont friables à l’état humide, tendres à peu durs à l’état sec. Les limites des horizons sont graduelles et régulières. La réaction, de faiblement acide en surface, devient fortement acide en profondeur (Tableau 1). La teneur en matière organique est faible en surface et devient très faible à partir de 45 cm. Les cations échangeables sont tous très faibles tout au long du profil, ce qui rend ces sols très pauvres (somme des bases comprises entre 0.49 et 1.58 me/100 g). L’utilisation des Tagoun est conditionnée par la densité et la proximité de l’horizon gravillonnaire. Les meilleurs résultats pourraient être obtenus dans les phases peu gravillonnaires pour l’igname.

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    3.2 Les Sols Ferrallitiques Remaniés avec Recouvrement Ils se trouvent sur le haut versant, la déclivité de la pente varie entre 2 et 4%. La végétation est constituée par une jachère forestière de plus de 20 ans. Leur drainage est normal. Au point de vue morphologique, ils constituent une biséquence : - d’un sol profond de 50 cm, brun rougeâtre foncé à brun rougeâtre, sableux à sable grossier tendant à argilo-limoneux, non gravillonnaire, moyennement structuré, poreux et friable en humide, dur à sec, modérément perméable, avec une réaction neutre à fortement acide. - qui recouvre un sous-sol rouge jaunâtre argilo-sableux, gravillonnaire avec des éléments ferrugineux et quartzeux constituant la fraction grossière ; moyennement structuré, poreux à assez poreux friable en humide, modérément perméable. Ces sols sont faiblement à fortement acides. Ils ont une teneur en matière organique faible à très faible. Ils sont pauvres de par leur somme des bases qui sont elles-mêmes très faibles. Ces sols présentent une très bonne aptitude pour l’igname. 3.3 Les Sols Ferrallitiques Remaniés Rajeunis On a trouvé ces sols sur les pentes moyennes (0-4 %), avec un drainage normal. Ils sont profonds, rouge foncé ou rouges, sablo-argileux à argilo-sableux en surface à argilo-limoneux en profondeur, caractérisés par la présence de débris de roche plus ou moins altérée entre 80 et 130 cm. Ils sont faiblement à moyennement structurés, avec de nombreux pores très fins, friables. On remarque un accroissement sensible du taux d’argile vers 40.50 cm, principalement au profit du décroissement de la teneur en élément grossiers. La teneur d’humus est faible (0.72 %) en surface et devient moyenne (1.62 à 1.86) à partir de 10 cm jusqu’à 130 cm. D’après la fertilité de ces sols jugeant par la somme de leurs cations échangeables est moyenne (5.68 à 6.11).

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    Tableau 1 : quelques propriétés chimiques de profils types des sols représentatifs de la région de Dikodougou

    Profondeur pH20 C org. M.O. Bases échangeables (me/100 g) ∑ Bases (cm) .............(%)............ Ca Mg K Na Profil 1, dans une jachère près du champ de Monsieur SORO Kolo à TAPERE , Minengué 0 - 15 6.2 1.04 1.79 0.77 0.70 0.09 0.02 1.58 15- 45 5.7 0.64 1.10 0.42 0.13 0.08 0.01 0.64 45 - 70 5.6 0.46 0.79 0.33 0.08 0.07 0.01 0.49 70-110 5.5 0.34 0.59 0.75 0.33 0.31 0.01 1.40 Profil 2, dans une jachère près du champ de Monsieur SILUE Néhéwélé à TAPERE (Tagoun) 0 - 15 6.1 0.28 0.48 0.52 0.36 0.16 0.03 1.07 15 - 35 6.0 0.20 0.34 0.25 0.22 0.09 0.02 0.58 35 - 50 5.5 0.14 0.24 0.55 0.17 0.11 0.01 0.84 50 -120 5.2 0.20 0.34 1.11 0.36 0.08 0.01 1.56 Profil 6, dans une jachère près du champ de Monsieur TUO Mannan à TIEGANA (Tadja) 0 - 10 6.2 0.42 0.72 3.23 1.59 0.13 0.01 4.96 10 - 25 6.6 0.94 1.62 2.14 0.84 0.13 0.01 3.12 25 - 40 6.3 0.94 1.62 3.08 0.66 0.11 0.02 3.87 40 -130 6.2 1.08 1.86 2.63 0.41 0.10 0.03 3.77

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    Tableau 1 (suite)

    Profondeur pH20 Corg. M.O. Bases échangeables (me/100 g) ∑ Bases (cm) .............(%)............ Ca Mg K Na Profil 3, dans un champ d’igname (1ère année) de Monsieur ..PAMONGO,. à OUATTARADOUGOU 0-15 6.9 1.10 1.90 2.97 0.99 0.14 0.01 4.11 15-35 6.1 0.72 1.24 3.85 1.99 0.19 0.02 6.05 Profil 4, sur une nouvelle défriche de Monsieur PAMONGO,. à OUATTARADOUGOU (Tadja) 0-15 6.5 1.34 2.31 3.82 2.03 0.25 0.01 6.11 15-35 5.1 0.48 0.83 0.40 0.12 0.08 0.00 0.60 Profil 5, sur une nouvelle défriche du chef du village de .OUATTARA Brahima...à FARAKORO 0-15 6.2 0.66 1.14 4.73 1.95 0.25 0.02 6.95 15-35 5.7 0.64 1.10 1.11 0.98 0.08 0.02 2.19 50-70 5.7 0.56 0.97 2.57 1.45 0.07 0.01 4.10

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    Tableau 2 : quelques propriétés chimiques des sols de surface dans des champs d’igname. Propriétés chimiques

    Champs d’igname de paysans

    Moyenne

    Silué Néhénélé à Tapéré (1e année en culture)

    Soro Kolo à Tapéré (1e année en culture)

    Tuo Mannan à Tié- gana(Nvle défriche)

    Pamongo à Ouattara- dougou (1e année en culture)

    Chef du Village de Farakoro (1e année en culture)

    pH20 Corg. (%) M.O (%) Bases échangeables (me/g) : . Ca . Mg . K . Na . Somme (S)

    6.2

    0.42

    0.72

    3.23 1.59 0.13 0.01 4.96

    6.6

    0.94

    1.62

    2.14 0.84 0.13 0.02 3.13

    6.6

    0.96

    1.66

    1.48 0.54 0.09 0.01 2.12

    6.9

    1.24

    2.14

    4.83 2.29 0.16 0.01 7.29

    7.1

    2.22

    3.83

    8.75 2.78 0.17 0.01 11.71

    6.68

    1.16

    1.99

    4.09 1.61 0.14 0.01 5.84

  • 4- CONCLUSIONS Les sols de la région de Dikodougou présentent, en général, une bonne aptitude physique pour l’igname. Au point de vue des résultats d’analyses chimiques, ces sols sont faiblement à fortement acides, et pauvres. Il serait intéressant d’expliquer les rendements de l’igname pour chaque cas spécifique à partir des résultats analytiques et comparer les différents sites entre eux. De ce point de vue, il est regrettable de souligner que l’absence de données à notre position ne permet pas cette approche. Une comparaison des différents sites révèlent (Tableau 2), cependant, que les sols sous igname (buttes) ont en général, une réaction neutre (pH H20= 6.68), une teneur en matière organique moyenne (1.99 %), et une somme des bases moyenne (5.84 meq/100 sol). On peut déduire de cette comparaison que le chef du village de Farakoro a le meilleur sol avec des résultats analytiques tous au dessus de la moyenne (pH = 7.1, M.O = 3.83 %, S = 11.71 meg/100 g sol). Il est suivi par M. PAMONGO à Ouattaradougou qui a un sol comparable mais légèrement moins fertile que le premier. Le champ de M. TUO Mannan à Tiégana(nouvelle défriche) est le plus pauvre après ceux de MM. SORO Kolo, tous deux à Tapéré. Ces différentes observations nous confortent dans la plus grande richesse des sols de la zone Sud (Farakoro et Ouattaradougou) par rapport au Nord, jugeant de leur état morphologique sur le terrain.

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    Variétés d'igname cultivées dans la région de Dikodougou3

    Ir. G. TOKPA Introduction En Côte d’Ivoire, l’igname (Dioscorea sp.) est une plante alimentaire de base et patant, une culture de rente en pleine expension. Cette étude menée dans un vieu bassin de culture de l’igname, a pour objectifs de faire un inventaire des variétés cultivées dans la zone, de décrire leur évolution et la situation actuelle. Introduction de la culture de l'igname dans la région L’igname est cultivée depuis très longtemps dans la région de Dikodougou du moins dans les villages où les enquêtes ont été menées. Tous les paysans rencontrés ont appris les techniques de production de l'igname dès leur enfance, auprès de leurs parents qui en cultivaient. Ce qui montre que l'igname est une vieille culture dans la zone. Appellations locales et variétés en voie de disparition La zone étant un ancien bassin de domestication et de culture de l'igname, plusieurs variétés ou cultivars existent ou sont en voie de disparition. De multiple appellations locales existent plus particulièrement pour le groupe krenglé. Tableau 1. Les appellations locales des variétés d’igname cultivées Noms usuels Autres noms locaux ou autres cultivars du groupe Krenglé wahaboro(s), gnagnougou(s), Nagnougo(d), Tinguê-rê(s), Kébépala(s), Tezopili(s),

    Soukoloho(s), Djoumba(s), Kounimama(s), Missokoloho(s), Madéni-kan(s),Cissé(s), Yaporo(s), Pondo(s), Yabou(s), Gnaranagui(s), Djegoungo, Yabine, Djimba(s),

    Gnaligui appartient au groupe krenglé Wacrou Wacourou(s) Gnan Gnawou(s) Bètèbètè Nthoho(s), Bagnène(s), Kehndé(s), Ntoho-telehe(s), Ntoho-kpogue(s), Sokow(s),

    Togan(s), Gbangara (d) Florido Americain

    3Ce document de travail est écrit dans le cadre du projet : “ Renforcement des études agro-économiques à l’IDESSA ”. Le projet est dirigé par le Prof. Eric Tollens de la K.U.Leuven, Leuven, Belgique et par le Dr. Doumbia Sékou, chef du Département des Cultures Vivrières à l’IDESSA, Bouaké, Côte d’Ivoire. Le projet est soutenu financièrement par l’A.G.C.D. (coopération belge).

  • 2

    Tableau 2. Les cultivars d’igname abandonnés ou en disparition Nom Groupe Type causes de l’abandon wahaboro Krenglé Précoce Faible rendement, mauvais goût,

    exigent en eau, pourrit vite Gnagnougou Gnagnouui Nagnougo

    Krenglé Krenglé Krenglé

    Exigent en eau, pourrit vite

    Kébépala Krenglé Précoce Faible rendement, exigente en eau, Tezopili Tezopile

    Krenglé Krenglé

    Faible rendement, exigente en eau,

    Soukoloho Sokolo

    Krenglé Krenglé

    Tardif Mauvais gout

    Djoumba Djimba

    Krenglé Krenglé

    Pourrit vite

    Kounimama Krenglé Tardif Missokoloho Krenglé Madénikan Krenglé Cissé Krenglé Tardif Yaporo Krenglé Pondo Krenglé Yabou Krenglé Gnaranagui Gnaranague Gnaranagua

    Krenglé Krenglé Krenglé

    Précoce Peau épaisse donne des perte à l’épluchage

    Djegoungo Krenglé Yabine Krenglé Tinguêre-pile Krenglé Précoce Faible productivité Koundin Krenglé Peau épaisse donne des perte à

    l’épluchage Gnaranagui Krenglé Warigui Précoce Djofi Faible productivité Kalégninin Thow Fortcheritchin Précoce Faible productivité Takpinintcha Non pilable Fotcherigui Difficile à piler Logan Tardif Mauvais gout Lékou Mauvais gout, Difficile à piler Sopèrè Précoce Faible productivité Fogbo Faible productivité Gnan Mauvais gout, bonne conservation

  • 3

    Le groupe krenglé est bien connu des fermiers. Le cultivar krenglé le plus répandu se nomme selon les fermiers tinguêrê-ba en langue dioula. C'est la forme ordinaire que nous appelons krenglé et qui constitue l'essentielle de la production krenglé. En plus de tinguêrê-ba, il y a des appellations liées à divers cultivars krenglé. Ces appellations existent par ce qu'il y a des différences que le paysan connaît bien. En général, beaucoup de cultivars sont en voie de disparition ou ne sont plus cultivées. Le groupe krenglé est particulièrement concerné. La diversité d’appellations contenu dans le tableau ne s’observe plus sur le terrain. Seul le cultivar commun fait l’objet d’une production commerciales. Les raisons à l’origine de l’abandon des variétés sont essentiellement: la sécheresse, la pauvreté des sols, les faibles rendements des variétés, la dureté au pilage etc.. Il serait bon de collecter les variétés en voie de disparition et de les mettre en collection sur la station pour ne pas les perdre. En effet ces variétés peuvent être une source de gènes intéressants dans l’amélioration génétique de l’igname. Variétés d'igname cultivées et leur importance Quatre variétés sont cultivées à grande échelle, il s'agit, par ordre d'importance, de Krenglé, Florido, Wacrou, Bètèbètè. Ensuite viennent Gnan, Sopèrè, Gnaligui, Lékou, Fogbo etc.. Seulement deux variétés de Dioscorea alata sont cultivées: Florido et Bètèbètè. Les ignames Krenglé et toutes les autres variétés sont du complexe D. cayenensis-rotundata. Les variétés du complexe D. cayenensis-rotundata sont cultivées depuis très longtemps et ont été héritées des parents. Ce constat confirme bien que les ignames du complexe D. cayenensis-rotundata sont d'origine ouest-africaine. La variété Bètèbètè est aussi cultivée depuis longtemps par contre le Florido est d'introduction récente 15 à 20 ans de culture. Malgré sa récente introduction, cette variété occupe plus de surface cultivées que la variétés locale Bètèbètè. Florodo concurrence même Krenglé et les autres dans les villages où il manque de terres fertiles, car cette variété produit mieux que les autres ignames dans les mauvaises conditions et demande moins de travail. Notons que les D. alata sont d'origine asiatique. Wacrou, Sopèrè, Gnaligui, Fogbo, Lékou, sont les variétés précoces à double récolte produites dans cette zone. Notons que Wacrou est de loin la variété précoce commerciale.

  • 4

    Tuteurage, floraison et fructification des ignames cultivées Il est vrai que le tuteurage augmente le rendement de 30 à 100 % et semble obligatoire pour une production précoce des variétés. Mais dans la zone étudiée, cette pratique qui consiste à doter les tiges d'igname d'un support artificiel semble être inconnue. Dans les champs d'igname il n'existe donc pas de tuteurage artificiel. Par contre, dans les zones où il y a beaucoup d'arbustes, le fermier les laisse en place et cultive en priorité, les ignames précoces, principalement le wacrou, autour à raison de 4 buttes par arbre. Cette pratique se rencontre à Ouattaradougou située dans une zone forestière et secondairement à Farakoro. Dans les champs où il n'y a pas d'arbustes, toutes les variétés y compris le Wacrou sont sans support. Evidemment les rendements seront conséquentes. La floraison et la fructification sont favorisées par les supports. En effet ces phénomènes s'observent essentiellement sur les plantes qui ont réussi à monter sur les arbres. En général les ignames précoces sont cultivées autour des arbres ce qui leur permet d'avoir un support et donc de fleurir abondamment. Concernant les sexes, wacrou, fogbo, sopèrè, gnan, lékou fleurissent mâle, tant disque krenglé fleurit mâle ou femelle, des cas de monoécie ont été suspectées. Gnaligui donnent abondamment des fleurs femelles qui donnent beaucoup de fruits. Les fruits récoltés sont de cet cultivar. Tableau 3. Fruits récoltés Villages Champs Fruits récoltés sur : Parents possibles Familles Ouattaradougou Ouattara Pamongo 1 seul support Gnaligui

    Wacrou/Krenglé OU1

    Ouattara Brahima 1 seul support Gnaligui Wacrou/Krenglé

    OU2

    Ouattara Bassory 1 seul support 1 seul support

    Gnaligui Wacrou/Krenglé

    OU3 OU4

    Yéo Soro 1 seul support Plusieurs supports 1 seul support

    Gnaligui Sopèrè/Krenglé /momoïque

    OU5 OU6 OU7

    Ouattara Amara 1 seul support Inconnu Fogbo/monoïque

    OU8

    Silué Minhingnoro 1 seul support Gnaligui x Sopèrè OU9 Silué Mamadou 1 seul support

    1 seul support Gnaligui /monoïque

    OU10 OU11

    Farakoro Ouattara Dangui 1 seul support Gnaligui x Wacrou FA12 Tapéré Soro Nanlourou 1 seule plante Gnaligui x Wacrou TA13

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    Stockage des tubercules et provenance de la semence Après la récolte (tardive), les tubercules sont triées en deux tas, d’une part les gros qui seront vendus ou consommés et d’autre part les petits à préserver comme semences pour la plantation suivante. La conservation se fait dans des paillotes appelée foguet en sénoufo. Avant le mise en paillote, certains paysans laissaient les tubercules à l’ombre pendant une semaine sans doute pour cicatriser les blessures faites pendant la récolte. Mais avec l’avènement des boeufs, cette pratique a disparu. Les tubercules sont mis sur un lit de bois ou à même le sol. Les gros sont rangés débout et le petits couchés. Selon les fermiers, les paillotes maintiennent de l’ombrage et une fraîcheur qui assurent une bonne conservation. Le matériel de plantation ou semence est obtenu de essentiellement de 3 façons: tubercules de seconde récolte, une partie de la récolte unique, achat en espèce ou après une ou plusieurs journées de travail. Les ignames précoces telles que wacrou et sopèrè sont plantées très tôt ce qui permet une première récolte à partir de juin. Au cours de cette récolte, la base de la tige et le système racinaire sont soigneusement préservés et recouverts de terre. La plante produit par la suite de petits tubercules qui seront récoltés en fin de cycle végétatif et serviront de semence pour la prochaine plantation. En ce qui concerne les ignames tardives à une seule récolte, krenglé, gnan, bètèbètè, florido, les fermiers trient les petits tubercules et les conservent comme semence. Si les petits tubercules ne suffisent pas, ils utilisent les gros tubercules qu’ils fragmentent. Dans tous les cas, s’il venait à manquer de semence, le fermier les achète sur le marché ou chez le voisin ou reçoit des tubercules après un travail chez un autre paysan. Tous les fermiers sont unanimes, les semenceaux d’igname coûtent chers et les quantités reçus après le travail ne compensent pas l’effort fournit.

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    Enquête sur le manioc dans la zone de Dikodougou4

    Rapport de mission effectuée du 19 au 23 Novembre 1995 à Dikodougou

    Coulibaly N’Dri et N’Zué Boni Introduction La présente mission nous a permis de constater que le manioc est une denrée reléguée au second plan dans l’ensemble des quatre villages (Tiégana, Tapéré, Farakoro, Ouattaradougou) visités. Cependant, il est plus fréquent dans les deux derniers villages représentant la zone sud de Dikodougou. Le manioc apparaît souvent comme un aliment de remplacement en période de soudure pour une frange de la population. Les quelques paysans qui le cultivent, l’associent plus à d’autres spéculations qu’en culture pure. Aussi, la place qu’occupe le manioc dans la zone s’explique-t-elle beaucoup plus par des considérations socio-économiques qu’agronomiques. En effet, aux dires des paysans et d’après nos observations, le manioc s’adapte bien aux effets pédoclimatiques mais les deux contraintes majeures se confondent aux dégâts de culture causés par les boeufs et les débouchés (autoconsommation, transformation, commercialisation). Cette situation pourrait se justifier également par le fait que seul l’attiéké, l’un des produits de transformation du manioc est vendu par plus de 40 femmes le jour du marché de Dikodougou (même les tubercules de manioc sont très rares, absence de cossettes et de farine). Ce nombre chute à moins de 10 vendeuses les autres jours. 1. Méthodologie Nous avons élaboré un questionnaire visant une enquête de groupe de paysans par village. Nous avons mené l’enquête pendant quatre jours dans les quatre villages respectifs: Tiégana, Farakoro, Ouattaradougou et Tapéré. Après l’enquête de groupe, nous avons choisi un ou deux ou trois paysans dont nous avons visité les champs (voir annexe). Compte tenu de la disponibilité des paysans (très préoccupés par la récolte de leurs cultures surtout du coton), de l’accessibilité des routes menant aux champs et de la place occupée par le manioc, nous n’avons pas pu visiter un grand nombre de champs. Il nous a été impossible de chiffrer les paysans qui cultivent le manioc étant donné qu’ils ne le font pas continuellement. Toutefois, les proportions relatives ont été mentionnées. 2. Importance relative du manioc La culture du manioc dans les quatre villages date d’avant l’indépendance de la Côte d’Ivoire et contraste alors avec le niveau actuel de la production. Les arbres fruitiers et les

    4Ce document de travail est écrit dans le cadre du projet : “ Renforcement des études agro-économiques à l’IDESSA ”. Le projet est dirigé par le Prof. Eric Tollens de la K.U.Leuven, Leuven, Belgique et par le Dr. Doumbia Sékou, chef du Département des Cultures Vivrières à l’IDESSA, Bouaké, Côte d’Ivoire. Le projet est soutenu financièrement par l’A.G.C.D. (coopération belge).

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    légumes ont été omis volontairement dans cette partie. L’évolution de la culture du manioc ne se fait au profit ou au détriment d’aucune autre denrée. 2.1. Tiégana Les objectifs assignés à la production du manioc sont la vente, l’autoconsommation et la nutrition animale (surtout des porcs) par ordre décroissant. La culture du manioc s’est développée au cours des dernières années surtout à cause à sa modeste commercialisation. Cependant, le manioc occupe le 6 ème rang des denrées après le riz, l’igname, l’arachide, le coton et le maïs. Sa culture est pratiquée par plus de la moitié de la population. 2.2. Tapéré La culture du manioc a considérablement chuté et est l’apanage d’une minorité (moins de 10 paysans). La quantité produite est quasiment destinée à la commercialisation. Le manioc se classe après l’igname, le riz, l’arachide, le coton et le sorgho. 2.3. Farakoro La commercialisation et à un degré moindre l’autoconsommation sont exclusivement visées. Moins de la moitié des paysans cultivent le manioc et qui par ailleurs occupe le 7 ème rang après le riz, l’igname, le coton, le maïs, l’arachide et le sorgho. 2.4. Ouattaradougou Malgré le nombre réduit de paysans cultivant le manioc, on observe une progression de la culture qui est due essentiellement à la commercialisation et à l’augmentation de la population. Le manioc se classe derrière l’igname, le riz, le maïs, le coton et l’arachide. 3. Les pratiques culturales du manioc Dans les villages où l’association igname-manioc existe, le manioc sert à délimiter des parcelles d’igname. 3.1. Tiégana Le manioc est plus cultivé en association qu’en pur. Il est essentiellement et en même temps associé à l’igname et d’autres cultures telles que le riz, les légumes (haricot, cucurbitacées, gombo, ...). En culture pure, le manioc est bouturé sur buttes ou sur billons. Le bouturage se déroule en Mars-Avril (premières pluies) et le nombre de sarclages se limite à deux. La récolte du manioc intervient moins de 12 mois après la plantation pour éviter les dégâts causés par les boeufs. 3.2. Tapéré Le manioc est principalement conduit en pur sur buttes ou sur billons. La préparation du sol et le bouturage ont lieu lors des premières pluies. Le champ est sarclé trois fois et la récolte se fait entre le 7 ème et le 12 ème mois.

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    3.3. Farakoro La culture pure du manioc domine l’association culturale. Elle survient après plusieurs précédents culturaux. En pur, le manioc est bouturé plus sur buttes que sur billons et se situe en Avril-Mai. L’association igname-manioc-riz-légumes est la plus fréquente. Le manioc est récolté entre 12 et 24 mois. En outre, nous avons pu observer d’autres associations telles que manioc-maïs et manioc-sorgho. 3.4. Ouattaradougou Le manioc est principalement cultivé en association. Les associations culturales possibles sont: igname-manioc, riz-manioc, igname-maïs-riz-manioc. Le manioc est planté soit sur buttes et sur billons soit entre buttes et entre billons. Le nombre de sarclages se réduit à deux. La récolte a lieu à partir de 7 mois. La culture pure du manioc peut être conduite sur nouvelle terre. 4. Les variétés de manioc cultivées Les variétés douces sont de loin les plus importantes à cause de la fréquente consommation sans une longue transformation. Malgré le niveau faible de la production, plusieurs variétés sont cultivées. Les noms vernaculaires ont été utilisés pour désigner les variétés existantes dans les villages respectifs. Seule la mosaïque a été observée fréquemment sur les plantes mais son incidence sur la production ne paraît pas très préoccupante. 4.1. Tiégana Trois variétés sont actuellement cultivées. Il s’agit de Gbérifihi (douce), Gbérignin (amère) et de Gbériwacrou (douce). Les deux premières sont introduites de la basse Côte d’Ivoire; l’origine de la troisième étant inconnue. La variété Gbériwane, très amère et ayant un rendement faible, a été abandonnée il y a plus de 10 ans. 4.2. Tapéré Une variété amère (Gbanfi) et deux variétés douces (Brogbrouni et Dabouca) sont cultivées. Leurs origines n’ont pas été signalées. 4.3. Farakoro Quatre variétés: Bonouman (douce), Gbédégbè (douce), Lèfaga (amère) et Abidjaka (douce) sont régulièrement cultivées. Les variétés Mohiyè et Brogbrou sont en voie de disparition depuis l’introduction de la variété Bonouman il y a environ 6 ans. Celle-ci a de bonnes qualités culturale et organoleptique.

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    4.4. Ouattaradougou C’est la localité qui enregistre le plus de variétés cultivées. On y distingue 6 variétés qui sont souvent utilisées à savoir Bonouman (douce), Adama (douce mais peut devenir amère avec l’âge de la plante), Brogbrou (amère), Farahoulé (douce), Faragbè (douce), Lèfaga (amère). Plusieurs autres variétés indéterminées et rares ont été observées dans le champ de M. Coulibaly Vassiriki. Les variétés Bonouman et Adama sont originaires de la basse côte. 5. Transformation-consommation-commercialisation Le manioc est consommé essentiellement en période de soudure sous forme de tubercules frais, de toh, de foutou, d’attiéké et de ragoût. Il est consommé seul ou en mélange avec d’autres denrées alimentaires. Le manioc est vendu sous forme de tubercules principalement, d’attiéké et de boutures (seulement à Farakoro). L’achat des tubercules, qui a lieu souvent au champ, par les paysans est presque inexistant. L’écoulement du manioc est quelques fois difficile et le prix d’achat est également peu rémunérateur. 6. Les obstacles à la production du manioc Les obstacles à la production du manioc dans la zone de Dikodougou semblent se résumer aux dégâts causés par les boeufs et à un degré moindre par les phacochères, à l’autoconsommation et à la commercialisation. Les dégâts causés par les boeufs sont plus préoccupants pendant la saison sèche que pendant la saison des pluies. Cette situation s’explique par le fait que le manioc est une culture prisée par les herbivores et est également l’une des rares cultures en végétation même en saison sèche. Les boeufs mangent les feuilles ainsi que les tubercules lorsqu’ils arrivent à déraciner la plante.

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    Conclusion Les paysans de la zone de Dikodougou diversifient leurs spéculations afin d’assouplir leurs sources de revenus et de garantir leurs alimentations. Mais force est de constater qu’en dehors des contraintes agroécologiques, les dégâts causés par les boeufs (d’ailleurs sur toutes les cultures) sont très préoccupants et à la fois très délicats à résorber. Le manioc qui est une culture très plastique et qui s’adapte bien à la zone, est toutefois contrarié par les ravages engendrés par les boeufs et par le faible niveau de consommation et de transformation. Nous pensons qu’avec la baisse progressive de fertilité des sols, le manioc pourra apparaître comme une culture de substitution dans les dix prochaines années. Il est bien nécessaire que des solutions tendant à limiter considérablement les dégâts de culture soient proposées; ne serait-ce que partiellement par la recherche. A cet égard, deux solutions nous paraissent opportunes : - solution à court terme: des variétés très précoces peuvent être testées et vulgarisées dans la zone. Dans ce cas, la récolte se fera avant la saison sèche ; - solution à moyen et long termes: nous envisageons conduire un essai portant sur l’effet du recépage des tiges de manioc à différents stades de développement et à différentes hauteurs de la plante sur le rendement et sur la qualité technologique. Le but visé est l’optimisation de cette technique culturale. Dans ce cas, les paysans pourront utiliser des variétés tardives et pourront également faire des récoltes séquentielles. Soulignons que nous nous sommes référés à la méthode de M. Diakité Kaba, un paysan de Tapéré. Celui-ci coupe les tiges de manioc au début de la saison sèche et par cette technique, il évite les dégâts causés par les boeufs pendant la saison sèche.