24
PERMIS de RÊVER 24 projets pour faire métropole à Angers UTOPIES au fil du tram EXPOSITION p.03 RÉCITS & PORTRAITS p.07 à partir du 15 septembre 2012

Journal de Tram

Embed Size (px)

DESCRIPTION

journal de tram

Citation preview

Page 1: Journal de Tram

permis de rêver24 projets pour faire métropole à Angers

UTOpiesau fil du tram

expOsiTiOn

p.03

réciTs & pOrTrAiTsp.07

à partir du 15 septembre 2012

Page 2: Journal de Tram

« Permis de rêver » est une exposition réalisée par les étudiants de l’école d’ Architecture de Nantes suivant l’enseignement « Utopies métropolitaines ». Equipe pédagogique : Pascal Amphoux, Fabienne Legros, Elisabeth Pasquier, Jacky Foucher.Elle a été conçu dans le cadre d’un partenariat avec le CAUE du Maine-et-Loire.Coordinateurs CAUE : Franck Gautré et Bruno LetellierAvec le soutien de la SARA et de la SODEMEL

Page 3: Journal de Tram

- 03 -

permisde

rêver

Février 2012, nous voilà débarqués à Angers. Nous sommes 25 étudiants suivant l’enseignement « Utopies Métropolitaines » à l’école d’architecture de Nantes. Le CAUE49(1) nous a demandé de réfléchir et de faire des propositions de projets le long d’un territoire en pleine mutation. Un an auparavant, la ligne A du tramway y est apparue. Pour commencer, nous nous sommes répartis en 8 groupes pour étudier 8 territoires le long de la ligne A du tramway. Sept sont situés au nord de la ligne de tram (d’Avrillé jusqu’au CHU), un huitième se situe à la Roseraie au sud de la métropole Angevine.

L’étude de ces territoires à différentes échelles nous a conduit à construire des hypothèses de projets. Toutes ces hypothèses se devaient d’être des utopies réalistes. Utopie : car les formes, les fonctions ou les usages des projets sont inattendus. Réaliste : car les projets devaient aussi tenir compte de l’habituel et de l’ordinaire. Pour nourrir ces projets, chacun de nous avons parcouru le territoire afin d’en tirer des photos, des récits et des témoignages. Ce carnet - le site internet(2) et l’exposition « permis de rêver » sont le retour de ces utopies aux acteurs - et aux usagers de ces territoires.

(1) Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement(2) www.faire-metropole-angers.org

expOsiTiOn

24 projets pour faire métropole à Angersà partir du 15 septembre 2012

Page 4: Journal de Tram

- 04 -

permisde

rêver

Pour pouvoir mieux comprendre le territoire et imaginer des projets utopiques, nous avons rencontré des responsables de la ville (élus, aménageurs, bailleurs…) et aussi des habitants. C’est pourquoi nous avons décidé de montrer les projets au vu et su de tous, directement dans la rue. Les projets utopiques sont exposés sur des panneaux qui reprennent la forme des permis de construire plantés sur les chantiers environnants. Ces « permis de rêver » sont disposés et visibles le long de la ligne de tramway (voir la carte ci-contre), et ils s’affichent comme des projets qui pourraient, un jour, sortir de terre. Après tout : « c’est permis de rêver ! »

Une exposition au fil du tramle long de la ligne A

à partir du 15 septembre 2012

Avrill

é-Arde

nne

Bascul

e

St Gill

es

Bois d

u Roy

Vernea

u

Haut d

e St-A

ubin

Jean M

oulin

Capuci

ns

CHU-Hô

pital

Angers

-Roser

aieJean V

ilarJea

n XXII

IBam

ako

Platea

u Maye

nne

Terra

Botani

ca

Acacia

s

Page 5: Journal de Tram

- 05 -

Avrillé : PORTE MéTROPOLiTAiNE - La frange d’intensité agro-urbaine - Le relais boucherie - Avrillé Agora

Avrillé, Centre-Bourg : QUAND LA RUE MENDèS-FRANCE SORT DE SON LiT - Cultures à quai - La chrysalide - L’e.co fabrique

Bois du roy : ALLéE CONTRE-ALLéE - Habiter l’eau - Slow attitude

terrA BotAniCA : PROMENONS NOUS SUR L’AUTOROUTE - D’eaux en mouvement - Halt’itude - Le manège des mobilités

verneAu SAvOiR-FAiRE - Le terrain mécanique - Le bassin de fabrique - L’école des mondes

HAUTS LiEUx DE sAint AuBin - Un centre ciné ludique - La place des Capucins - Les temps du chantier - Un balcon sur le paysage

HABiTONS, PARCOURONS LE CHu - Le corso hospitalier - L’échappée hospitalière

lA roserAie : GENiUS TERMiNUS - Bamako, côté pile et côté face - A Fleur de Tram - Hospitalité

Projets utopiques exposésStations de tramway

station :jeAn vilAr

station :HAut de st-AuBin

station :CHu-HôpitAl

station :verneAu

station :Avrillé Ardenne

entre les stations :plAteAu mAyenne

&terrA BotAniCA

Page 6: Journal de Tram

retrouvez les travaux des étudiants, les portraits de territoire en photo, les récits au fil du tram, les projets utopiques...

sur :

n’hésitez pas à y laisser vos commentaires !

www.faire-metropole-angers.org

- 06 -

Page 7: Journal de Tram

- 07 -

réciTs & pOrTrAiTs

Le songe d’un tramwayMya ce qui traverse la vuemardi 28 février 2012, 11h05, Terra Botanica, personne, je monteJe voulais rentrer dans un métroTentatives d’épuisement d’arrêts de tramwayJean moulin - Putain !Le tram comme transect ou quand la ligne A devient source d’observations...

p.08

p.16

p.12

p.20

p.10

p.18

p.14

p.22

Page 8: Journal de Tram

réciTs & pOrTrAiTs

- 08 -

par Anne-Lise GruetLe sOnge d’Un TrAmwAy

il y a deux mois a ouvert la première ligne de tramway à Angers. Et pourtant, Annie n’y a toujours pas posé les pieds.Annie travaille à la mairie d’Avrillé, secrétaire depuis plusieurs années. Elle le voit, le ressent depuis sa fenêtre de bureau, les sons, les formes, les mouvements. Remplissant scrupuleusement ses tâches quotidiennes, elle l’imagine.Mais tous les matins, 8h15, Annie monte dans sa voiture, pose son sac sur le siège avant, met ses clés dans la boîte à gants, allume la radio, le chauffage et une cigarette. Elle démarre. Elle part travailler. Elle aime ce confort. Annie est libre. Et Annie se délecte de ce court moment de solitude. Derrière ses vitres de voiture, encore et encore, derrière le paysage qui défile au rythme de son propre moteur et de ses accélérations, il y a la ville, presque la ville, les champs, les travaux, les cyclistes, les piétons, les autres voitures. Quel bonheur, la musique résonne, elle ne pense à rien ou à tout. Personne ne la voit, personne ne l’entend…

Le tramway c’est : rapidité, praticité, confort, modernité, accessibilité, inter-modalité, nouveauté et changement, le tramway c’est aussi : colonne vertébrale des déplacements, artère de la ville, veine principale d’Angers, le maître mot de la métropole ; le tramway en chiffres : 57 000 habitants à proximité, 21 000 emplois desservis, 9000 logements générés, et 10 000 nouveautés.Toutes les 6 minutes en heures de pointe !

A la mairie, le tramway a tenu le rôle principal des discussions pendant des mois, tendant les fils des relations entre collègues. Les travaux ont fait parler d’eux-mêmes. Dans la rue principale d’Avrillé, tous les commerces, banques, tabacs, bars, boulangeries, ont été chamboulés par l’arrivée du ‘’héros tram’’. Sur son bureau, documentations des aménageurs, comptes-rendus des innombrables concertations publiques et une pile de documents, expertises, budgets ou relevés, tout ce qu’il faudra à présent archiver dans des classeurs en carton. Chez elle encore, des échantillons de publicité, des prospectus teintés de la gamme arc-en-ciel du tramway et autres papiers glacés, tout ce qu’il faudra à présent jeter.

Le tramway dynamise le centre-ville, le tramway attire les entreprises, le tramway crée des emplois, le tramway c’est une nouvelle clientèle, le tramway façonne une nouvelle image à la ville, le tramway est électrique et écologique, le tramway est silencieux, le tramway est développement économique. Le tramway permet à Angers de rayonner à une échelle régionale,

nationale et presque internationale !! Le tramway est la nouvelle dynamique de la ville. Le tramway c’est Angers Loire métropole.

Dynamique, travail, économie, dynamique, rapidité, confort, travail, efficacité, travail, modernité, écologie, métropole, rapidité, praticité, dynamique, accessibilité, efficacité, progrès, innovation, écologie, économie, travail, changement, évolution, confort, équipement, économie, métropole.

Le quai. Annie attend. Station Bascule. Trois minutes direction la Roseraie, et trois usagers se dandinent sur le quai. Annie observe. Une femme se recoiffe avec une pince, un homme fume une cigarette, un autre homme porte une veste en tweed, à carreaux. Elle aperçoit le nez de sa voiture garée sur le parking en face. C’est la première fois. Personne ne la regarde, c’est idiot, elle regarde à gauche, à droite, les rares habitants de ce quai feignent l’indifférence. Elle n’a pas de motif particulier, ni même une destination. C’est idiot. On la verrait, debout et gauche sur le quai…pour l’instant rien. Elle attend et c’est comme attendre un bus.

Le tramway apparaît au détour d’un virage, glisse sur les rails jusqu’à eux. A gauche, à droite, ses trois premiers compagnons de voyage se faufilent entre les portes. Dans un carré, côté fenêtre, chacun sa porte, chacun sa fenêtre.Le tramway est déjà reparti.Annie se retourne vers le quai, la place du Ralliement derrière elle. ‘’Annie ! ‘’ Les gens traversent les voies qui passent au milieu de la place, ‘’Annie ! ‘’ Un gosse peine à remonter sa trottinette de l’autre côté du quai. il ressemble à Théo. En brun. Allez, encore un effort. ‘’Hééoo ANNiE !!’’ Un homme lui fait de grands signes de l’autre côté du quai. ‘’Ah !’’ lance-t-elle, Pierre s’approche. ‘’Je ne pensais pas te voir ici, ca va ? D’habitude tu prends ta voiture non ?’’ ‘’Pierre ! Euh oui ma voiture oui, euh je veux dire, je ne sais pas ce qui m’a pris, j’ai voulu descendre en tram ! ‘’ Pierre rit, ‘’ allez je file !’’il est déjà reparti.

Page 9: Journal de Tram
Page 10: Journal de Tram

réciTs & pOrTrAiTs

- 10 -

Strasbourg

Tout le monde se retourne sur son passage.

vêtue d’un slim jaune, d’une veste léopard, et d’une ceinture à strass, Mya, 18 ans, aime se faire remarquer. Perchée sur ses hauts talons, mastiquant son chewing-gum, elle avance tout en discutant au téléphone avec une amie.

Tout le monde en profite.

Non, elle n’est pas dupe, elle sait qu’il sort avec une autre et elle en a rien à foutre mais il faudrait qu’il arrête de la prendre pour une conne. ils sont séparés alors quel est le problème ?

Tout en parlant, elle se dirige vers la machine afin de recharger son ticket. Cette discussion l’énerve et elle n’arrive pas à faire fonctionner l’automate ; elle parle de plus en plus fort.

Les usagers la regardent bizarrement mais qu’importe, Mya s’en fiche. Elle continue de s’insurger contre cette machine qui l’agace. Elle hausse le ton, insulte l’automate tout en continuant sa conversation téléphonique.

Puis elle prend conscience que quelqu’un attend derrière elle, pour acheter un ticket. Elle se retourne et en la tutoyant lui cède sa place car elle est trop « venère » et a « trop de mal aujourd’hui ». La femme quadragénaire, déstabilisée, par cette familiarité, la remercie poliment et s’exécute. Une fois partie, Mya reprend sa place. Elle est toujours au téléphone.

Non, ça ne veut pas marcher, elle n’a pas le choix, elle va acheter un nouveau ticket.

Le ticket en main, elle aperçoit le tram, et raccroche aussitôt.

Avec assurance, Mya entre dans la rame et comme d’habitude tout le monde l’observe. Cependant elle a retrouvé son calme. Elle composte son billet et va s’asseoir entre deux femmes âgées quelque peu surprises par cet accoutrement. Une fois installée, elle met ses écouteurs et augmente le son. Dans son monde, Mya écoute sa musique. Rihanna, Shym, Lady Gaga, elle fait défiler les chansons frénétiquement.

Tout le monde en profite.

Le temps du trajet, Mya est dans son monde. Elle se tient droite, seul son index bouge pour changer les chansons. Sa voisine la regarde avec insistance, la musique la dérange mais Mya n’en a pas conscience. De temps en temps, elle regarde à l’extérieur du tram pour vérifier le nom de l’arrêt.

Les gares, elle coupe la musique, saisit son sac Gucci contrefait, se redresse, passe la main dans ses cheveux et se regardant dans son miroir de poche, réajuste son rouge à lèvres Chanel.

Foch Haras, elle attend le dernier moment et bondit, bouscule une vieille dame et sort du tram. Elle se précipite, la démarche assurée, vers la rue Saint Aubin et simultanément reprend son téléphone et rappelle son amie.

Tout le monde en profite.

par Jessica JusseaumemyA

Page 11: Journal de Tram
Page 12: Journal de Tram

réciTs & pOrTrAiTs

- 12 -

entretenus. incessamment, incessamment…

« Allo oui. C’est Sophie… »

Perspective sur la vieille ville. Les flèches de la cathédrale émergent. Passage en force vers le centre historique. Des rues qui tournent sur elles-même. On frôle le seuil des maisons. Scission d’une cour de récréation.

Les bords de Maine. Grande infrastructure. Morceau de ville dans une ville.

« Oh la mer, c’est beau ! Et les bateaux là-bas ! Waaah »

De l’autre côté des berges. Une grande boîte blanche : le Gaumont et son parking silo. Zone d’activités. Entrepôts. L’université. Place minérale où on ne s’arrête pas.

« Ah merde j’ai pas passé ma carte ! »

« Bon vous allez la fermer là! »

interactions. Mouvements. Sollicitations. Une petite fille sur le quai. Un homme allongé sur un banc. Les terrasses sont sorties. Les voitures encombrent. Les passants déambulent. Les vitrines défilent. Enseignes de boutiques. Galeries Lafayettes. Havas voyage. Lissac. Kookaï.

Ligne, ligne, ligne…

infographie routière de la fin du xxème. Réseau ferroviaire. voie du tramway. Les passagers attendent sur les quais. Les voyageurs pressent le pas. Croisement. Superposition. Bouleversement.

Le tram va trop vite et tout est passé.

Murs de pierre. Pavés au sol. Maisons de ville. Petite placette où les riverains discutent. La factrice distribue le courrier. La rue se poursuit lentement. De Strasbourg à Bamako, l’imaginaire suit son cours.

Grande hauteur. Grande vitesse.

Ça fourmille aux pieds des tours. Arrières de zones commercialles. Les bennes débordent de carton. Hautes

Le temps long du départ. étendue de parking et centre commercial. Ambiance de terminus. Chaque passager s’installe dans le sens de la marche. Le tram ferme ses portes, une femme reste sur le quai. Un mot, une bribe de récit pour chaque regard.

Quartier résidentiel. Succession de maisons individuelles. Quelques grandes bâtisses du xixème.

Une ville rue. étroite. Bordée de petits commerces. Les dames achètent le pain. Le parvis de l’église est lieu de discussion. Des hommes sortent du PMU.

« Qu’est ce qu’elle peut bien faire assise sur le bord de la route… »

Zone commerciale. Grand parking. Station essence. Une boulangerie. Le village est passé. Les voitures filent le long du tram. Les piétons se dispersent et se font rares. Des espaces en construction. De nouvelles opérations.

Plateau inhabité. Etendues de végétation. Des espaces peu définis. Un préfabriqué « village de vente » posé dans un no man’s land.

Grues, grues, grues…

Terrains vierges. Structures bétons. Le territoire se remplit. Les ouvriers sont au travail. Casques jaunes, marteaux à la main. On creuse, on arrache, on empile… Les bennes se remplissent de gravats. Camions. échafaudages. Les murs montent. Barrières de sécurité. interdit au public.

immeubles des années 60. Espace vert en rez-de-chaussée. Toboggans. Balançoires. Zones de stationnement. Des enfants jouent sur des buttes de terre. Derrière les murs, des caravanes. Un peu plus loin, une vieille bâtisse à l’abandon au milieu d’un chantier. Fenêtres brisées et tonalité grise du béton fraichement coulé.

Cabanes de tôles ondulées. Parcelles grillagées. Petites plantations. Les pelles sont sorties, quelques hommes sont au jardin. Discussion. Récolte. Des images qui s’en vont en un virage. Chaque seconde apporte ses objets et les retire.

Portails en fer forgé. Petits murets en pierre. Jardinets bien

par Estelle Gourvennecce qUi TrAverse LA vUe

Page 13: Journal de Tram

grilles métalliques. Collectifs R+4. Les zones de stationnement jouxtent les espaces verts.

Horizontale. verticale. verticale…

« Salem ! Ça va ? Assis-toi là ! »« Comment va ton petit ? La forme à ce que je vois ! »`

Balcons animés. Plantes grimpantes. Bacs à fleurs. Magnolia. Tables d’extérieur. Espace de débarras. Piscine. Une classe de maternelle rentre.Pyramides. Retournement. Petites clôtures. Grandes haies. Palissades en bois.

Pavillons. Pavillons. Pavillons…

Page 14: Journal de Tram

réciTs & pOrTrAiTs

- 14 -

« verneau », 11h07, 4 personnes : 1 couple, 2 jeunes.

« Hauts de saint-Aubin », 11h09.

« jean moulin », 11h12, 5 personnes.

« Capucins », 11h14, trois jeunes : un garçon, deux filles.Lui, seul, écoute de la musique debout au fond du tram absorbé par son téléphone portable.Elles, discutent, se racontent les aventures de la veille : « Le dernier message que je lui ai envoyé c’est vers 23h30. J’ai eu trop de mal à m’endormir, j’me suis mis sur le ventre,… ».

« CHu Hôpital », 11h16.

« Berges de maine », 11h18.Travailleurs, étudiants, patients, retraités.Une jeune fille, le casque sur les oreilles, monte. Ne composte pas, pas de bonjour ni même un regard. Sans tourner une seule fois la tête et d’un pas décidé, elle se dirige vers le premier siège venu.Autour, les uns, en groupe, continuent leurs discussions ; les autres, eux, se complaisent dans leurs petits univers, bercés par leurs musiques, isolés du reste du tram.

« saint-serge – université » 11h20, 5 étudiants.Encore des étudiants !« Sa veste elle est trop belle ».

« molière », 11h22, 6 personnes.De plus en plus de monde.Des demoiselles s’interrogent : « Faut appuyer sur quel bouton? » , « mais non, quand y’ s’arrête tu sors! », « il s’arrête partout en fait? ».

« station ralliement », 11h24, 10 personnes.Le jeu des chaises musicales se met en place. Les gens s’observent.Un monsieur s’installe, la cinquantaine, pas très à l’aise avec ses écouteurs : il les emmêle, les démêle, en met un dans une oreille, puis dans l’autre, replace le premier, vérifie que tout fonctionne, et c’est parti.

« station Foch – maison Bleue », 11h26, 5 personnes.Les derniers étudiants descendent.Un vieux monsieur avec son déambulateur monte. vite les

portes se referment ! il force, rentre, trébuche, monte et réussit enfin à s’asseoir, tout en interpellant les inconnus autour de lui. Le composteur est hors service, « tant pis »! Puis Monsieur reçoit un coup de téléphone : « J’suis dans la rame là, j’arrive ». Tout le tram l’écoute. « J’suis dans la rame là, c’est fermé à la Roseraie là? T’es chez Otis là? Ha ha, oui oui ok, ok, ok entendu, voilà ». Les jeunes collégiens se moquent. « Ok, entendu frangin ».

« Foch Haras », 11h28, 4 personnes.Monsieur aux écouteurs est toujours là, toujours mal à l’aise. Une femme vient de monter, il retire ses écouteurs. « Oh j’te r’connaissais pas! », « Tu travailles où maintenant? – A la Roseraie, près du pôle emploi ». Autour personne ne parle, tout le monde écoute.

« les gares », 11h30, 6 personnes.Mme descend. Monsieur ne remet pas immédiatement ses écouteurs.Une femme téléphone, assise dans un coin, les yeux dans le vide.

« station place lafayette », 11h30, 8 personnes.Une jeune fille, casque à la main, monte et s’assoit face au Monsieur aux écouteurs. Monsieur entame la discussion, « Bonjour, où l’avez vous acheté? ». La jeune fille répond timidement. Monsieur s’excuse. Elle remet son casque, coupe court à la conversation, puis regarde par la fenêtre évitant son regard.

« station strasbourg », 11h32, 3 personnes.Une dame s’endort, bercée par le rythme du tram.

« prochaine station : Bamako », 11h34, 7 personnes.Le tram se vide.Des caddies, mesdames partent faire leurs courses.Deux femmes, elles, reviennent du centre commercial. Elles montent, réservent une place en déposant leurs sacs sur un siège, avant de repartir composter. Puis, elles prennent le temps de se montrer mutuellement leurs achats, les testent : « ça te fait des yeux monseigneur! ». Elles changent de place : « y’a personne d’vant l’école là ? – ha si, y’a Paula et Popo ! »

« jean XXiii », 11h36, une classe maternelle.Tout le monde s’accroche et c’est parti !A l’extérieur, assises sur un banc, deux vieilles dames

par Maud Delarue

mArdi 28 février 2012, 11H05, TerrA BOTAnicA, persOnne, Je mOnTe

Page 15: Journal de Tram

discutent, mais ne montent pas. Rien de tel qu’un arrêt de tram pour refaire le monde.

« jean vilar », 11h38.Tout le tram descend, sauf les deux femmes. « il a déménagé ? Au deuxième on dirait qu’ça a déménagé ouais ».

« terminus – Angers roseraie »Un son strident retentit, suivi d’un long silence. Le conducteur traverse le tram: « Bonjour ». il est 11h41.Florent Pagny, Raphaël. Le conducteur s’installe. La radio fonctionne, c’est reparti !

Page 16: Journal de Tram

réciTs & pOrTrAiTs

- 16 -

Je voulais rentrer dans un métro,

Passer par San Diego, Sao Polo ou BamakoMais je suis rentré dans un tramwayDirection Avrillé.

Les portes se referment et je m’assoie,J’en vois qui vivent un voyage un peu en parallèle.Musique dans les oreilles,Pour eux déjà le monde n’est plus pareil.

Les autres, trouvent des postures,

Restent figés comme des sculptures.Sous leurs pieds je vois fissures,Traces d’usures et d’éraflures.

Chez eux, je sens comme un désir de rupture.Chez eux, je sens comme un désir de voyage vers le futur.

J’ai trouvé une faille et je déraille.Une sortie de ville, une entrée de piste.La chenille s’envole et papillonne,Quitte le sol et le protocole.

Là, je me suis dit qu’il fallait sauterAvant de vraiment finir taré.

Point à la ligne je recommence. Et le tram est à distance.…..

J’ai atterri en haut d’un séquoia.vous savez ?! Juste à côté des Accacias.

vu des cimes, je vois ma city.Un cœur vieilli mais solideDans une peau jeune mais fragile.

vu de là-haut je vois des tours.D’abord celles du châteauPuis celles qui restent de verneau.

Un peu plus loin, il y a celles de Monplaisir,Puis celles de la Roseraie et de Belle-Beille.Des pétales de merveillesDes pétales vermeils.

vu de là-haut, je vois l’amen qui t’emmène à autel Dieu.vu de là-haut je vois des remparts, qui s’arrêtent au pied de ma cité.vue de là-haut, je vois que sous mes pieds,On pose des hôtels sur rue de la Paix.

Mais vu de là-haut, je vois aussi des desseins,Des plans d’avenir pour Monplaisir.Des plans de carrière à satisfaire.

Mais vu de là-haut, je vois aussi des ardoises.Calculs mentaux pour nos enfants.Je vous parle de leurs dettes évidemment.

En fait, là-haut, c’est le promontoire.Alors t’as vite fait de te raconter des histoires.

Là-haut j’ai rencontré rien qu’des Papas.Des gens qui ne pensaient pas qu’en bas…on faisait aussi nos propres choix.

Le mien patiente un peu plus haut en altitude.C’est d’abord lui que j’écoute…avant de lire toutes leurs études.

Là-haut, j’ai rencontré que des acteurs.ils rêvent de bandes de tram jusque Panam.Moi, je rêve de dérouler Belle-Beille jusqu’à Créteil.

Et là-haut, j’ai même rencontré des étudiants.Qui cherchent un chemin en zigzagant.

Entre deux berges, on les en Maine.Entre deux berges ils se démerdent.

Je vOULAis renTrer dAns Un méTrOpar Antoine Allain Dupré

Page 17: Journal de Tram
Page 18: Journal de Tram

réciTs & pOrTrAiTs

- 18 -

par Aurélie CochetTenTATives d’épUisemenT d’ArrêTs de TrAmwAy

Descente dans la rue, collée aux vitrines. Pas d’abri. Un monsieur et son chien traversent dans ma direction. Découverte de la place engoncée entre l’église et les commerces lui faisant face.Un bus.voitures agglutinées à l’arrière. Esplanade, muret d’ardoises. Je me dirige vers une espèce de clocher flanqué d’un banc faisant office d’abribus. De ce côté on attend au sec. Un homme attend, une femme le rejoint.voitures, bus, camions dans l’étroite rue principale.

L’homme et son chien. Auto-école. Les voyageurs sont montés. Céline…fleuriste fait tomber ses pots sur la chaussée. Deux nouveaux voyageurs.

Silence.

Les oiseaux au-dessus de nous, battements d’ailes. Un vélo sur les rails.Camionnette Ambiances & Paysages. Ding ding. Deux jeunes filles MP3 à la main, sourires timides. Soudain des bruits de klaxons : une voiture est arrêtée, la conductrice discute avec une passante de l’autre côté. Gens du voyage. Un vieux monsieur s’approche : « ils arrêtent la circulation ; c’est tout un monde quand même ! ». Des voix s’élèvent : deux jeunes filles, une femme, un enfant approchent. Le clocher sonne dix heures. Retentissement dans mon dos. Tram. Le facteur à toute vitesse sur son vélo, souriant. L’auto-école quitte le parking.Céline….fleuriste.

*

Un jeune homme descend, moi aussi. il reste à l’arrêt, passe un coup de fil. il traverse la rame, monte dans un tram. De ce tram un homme descend, il sait où il va. Le temps d’écrire je l’ai perdu de vue. Une fille traverse. S’arrête, regarde le chantier devant elle. S’engage dans la voie boueuse bordée de tuyaux et d’engins tractopelles.

Coups de marteau, scie électrique. Ouvriers sur le toit. Camion toupie au loin. « Avrillé ville-parc».

Tram dont les portes restent closes. Coups d’œil furtifs. Une famille arrive du chantier derrière. Le père achète sa carte de l’autre côté. Les femmes s’approchent. On achète des

tickets, « tu as de la monnaie mon cœur ? ». Tout le monde retient Mathis par la capuche, il veut aller sur la voie. Une jeune femme avec sa poussette arrive du même endroit. Elle s’assoit à mes côtés «on va aller se promener ?». A-AvRiLLE ARDENNE. Quasi vide-personne ne descend. Des gens à pied sur la voie s’approchent.

Sogeba. Luc Durand.

Un homme s’appuie sur un banc-debout. il fume. Une jeune fille sur l’autre banc-debout. Une jeune femme tenant un enfant dans ses bras s’approche depuis les rails. La petite fille à terre pleure. Mère et fille cheveux tirés. Un monsieur arrive in extremis. Tous à bord.

*

vélo en roue libre. Une mobylette. Deux piétons vers le pont. Négociations à l’entrée de l’hôpital ; discussion au poste d’entrée. Le ballet des barrières qui montent et qui descendent à une allure de métronome.On attend dans le silence. Piécettes tintant dans le distributeur de tickets. Néons sous les bancs.Une péniche glissée sous le tablier du pont.Baiser volé dans le tram. Un monsieur descend une fois que tous les passagers sont montés-et la politesse ??? Trois personnes devant l’automate essaient d’acheter un titre de transport : machine coriace.vélos. Fauteuil roulant sur le pont, poussé. Nous Deux sous l’abribus.On veut se mettre sous l’aubette ; pas trop de place, on se tasse avec la poussette derrière les bandes podo tactiles. vélos en roue libre.

*

Provence Caffe Hotel, Le Théâtre, Aux P’tits Oignons restau, Le Pub.Un banc m’attend, perpendiculaire aux rames. Produit à vitres sur les parois de l’ascenseur ; montée sonore de celui-ci. Deux policiers à pied se tiennent près de l’arrêt. A l’approche du tram les passagers semblent surgir de la place. Jeunes filles des gens du voyage à nouveau. Un véhicule de police remonte les rames, regards fouillant la place. Agglutinement soudain à l’arrivée du tram. Les rails sont traversés de toutes parts. La marche est parfois haute.

Page 19: Journal de Tram

- 19 -

Un groupe de lycéennes : « ça fait deux mois et deux semaines avant les vacances d’été ! ». Femme voilée-baskets qui franchit allègrement les rails. Le laveur de vitres a changé de côté.

Eram. Banque Tarneaud. Crédit Agricole.

Le facteur et son chariot. Discussion d’un quai à l’autre : « il vient de passer » « bah oui j’ai vu ! » « l’autre il est dans sept minutes ». Un monsieur chargé traverse avec difficulté la voie, il doit soulever sa valise sans faire tomber son matériel. Sourire crispé.

*

Le bruit des trains qui passent sous nous. Les vibrations dans le banc. Un scooter à toute vitesse sur la voie. Des gens émergent du parking Marengo ou de la gare. La voix de la speakerine résonne en-dessous. Une fillette pleure. Les passagers se tournent vers elle. Arrêt vitré et défilé des passants pressés en arrière plan.

Matmut. Greta.

Même les yeux fermés je sais où je suis. Les bruits du train et celui du tram se confondent. Zigzag en vélo.

Rue de Bel Air.Regards impatients vers la ligne fuyante de la rue Létanduère. Arrivées simultanées du tram, sur ma gauche, et du TGv en contrebas. Grincement de freins, sifflet du contrôleur. L’arrêt vidé soudain. Le train quitte la gare. Jeune cadre passe à pas pressés. Les valises et les voyageurs émergent du hall de la gare. Traversées piétonnes sur les passages protégés.

vélo sans les mains. Un monsieur avec un siège de voiture dans les bras. Manteau léopard, sac dalmatien, talons claquants le sol. Portable et vélo : acrobatie citadine.

Serrage de mains rapides « ça va toi ? » « J’ai un rendez-vous ».Grosses valises cling cling sur les plaques podo tactiles, conciliabules : « wareware wa shitte iru hitsuyō ga ari, genzai matawa ashita no chiketto o kōnyū ! » Une famille observe les trains. On sait où on va.Archives départementales.Le tram qui quitte l’arrêt dévoile un paysage vidé de ses passagers.

Un homme et son fils semblent attendre à l’arrière de l’arrêt ; ils font la course.

U Express. Grande pharmacie de La Roseraie.Une femme et son jeune fils, le petit me dit bonjour « je dis bonjour à la dame ! » Scie circulaire. Bip bip d’un camion qui recule. Caddies. Urgent-sang.

Le tram redémarre, trois policiers arrivent en courant et stoppent la rame « regarde s’il y a quelqu’un qui correspond ». ils remontent les wagons, ding ding le tram reprend de la vitesse.Trois adolescentes parlent fort, elles invectivent des garçons. Un jeune homme traverse la voie et rejoint un ami dans un camion garé en face. Jeune fille sac de sport Kipsta. Une voiture de police ralentit le long du camion.Engin de levage, camion poubelle.L’homme du camion sort et se dirige vers le centre commercial. voile rose fluo retenant les cheveux ; « Léa !, Micha ! Zatem vy idete v lyubuyu diskoteku segodnya vecherom ».

Alignement sur les bancs-debout. Seule sur mon banc.

Page 20: Journal de Tram

réciTs & pOrTrAiTs

- 20 -

(SONNERiE)

On se fraye un passage, on s’arrête, on attend son camarade, on téléphone.

Peu à peu la masse se disperse, presque aussi vite qu’elle s’était formée.Plongée dans l’écriture. Les élèves ne me remarquent pas.ils marchent, je suis assise.ils parlent, j’écris.

Fin de journée.

Station Jean Moulin.Accompagnée de mon vélo je me dirige vers l’entrée du lycée.Devant la grille, trois élèves discutent, sous le préau deux autres.Je ne trouve pas de point d’arrêt, je continue, contourne l’enceinte du lycée, descends vers le pont enjambant la Maine.ici, pas d’élèves.Demi tour.Retour devant la grille.Les élèves qui m’avaient vu passer dans un sens s’arrêtent de parler et me regardent, alors je continue 10 mètres, je descends de mon vélo, ici pas d’accroche.J’essaie de m’attacher à un poteau. il est trop gros. J’insiste. Les élèves me regardent.Je renonce, et m’accroche aux barrières de tram.Les élèves m’ont repérée alors j’attends avant de retourner au lycée. Je m’assoie à l’arrêt de tram en face du gymnase Jean Moulin et je m’allume une cigarette.J’attends, fume, attends.Je me décide. J’avance.J’écrase ma cigarette. Devant l’entrée, aucun banc.J’avance,Je franchis les grilles. Par delà de nombreux bancs libres.Je m’assoie.Je sors carnet et crayon.Les élèves passent,Par petits groupes ils rentrent,sortent,parlent,ils vont et viennent,La tête baissée ou le regard dressé, ils vont.Démarche balancée par leurs sacs, ils viennent.

Sac à dos, baskets, talons et grosses lunettes… « Tu fais quoi ce soir ? » … … « Ma mère a acheté une super robe » ... … « trop cool » ... … « putain » ... … « ch’ai pas quelle heure il est là » … « on est bien là » ... ... « on va au ciné ? » … « Putain » ...

(Minute d’affluence) les pas se pressent, ils s’évitent,

... « Je te jure ça me casse les couilles » ... … « le vendredi on est censé pas avoir sport » ... ... « putain comment ça passe trop vite » ...

par Marion HumeauJeAn mOULin - pUTAin !

Page 21: Journal de Tram
Page 22: Journal de Tram

réciTs & pOrTrAiTs

- 22 -

étendues vertes, le calme plat, l’horizontalité poussée à son paroxysme que viennent ponctuer des verticales : les grues de chantier. Ah ce ne serait donc pas tout à fait le néant, mais une vie est bel et bien projetée ici.

On approche irrémédiablement du terminus, de la fin du voyage. L’issue est perceptible, progressivement les séquences paysagères se sont faites plus ténues, plus désertes, le tram aussi d’ailleurs. Quand on croit basculer dans l’ennui, le train-train, subitement, alors qu’on ne l’attendait plus, l’élément perturbateur survient et le tram est assiégé. Le contrôleur, ou pour être plus précis les contrôleurs (le pluriel est loin d’être superflu car il s’avère que ces derniers apparaissent presque aussi nombreux que les passagers) s’invitent à bord. L’arrogance du pouvoir des uns fait face à la fierté de la possession du ticket en règle des autres. Personne ne semble sortir du chemin de la régularité, personne n’a osé transgresser la loi. Et soudain, une difficulté. Un couple bien sous tous rapports n’est pas en règle : ticket périmé. Des hors-la-loi à Avrillé… Regards désolés et étonnés du couple : le billet aurait une durée de validité limitée ? On ne pourrait donc pas effectuer une traversée complète d’Angers ? Réponses approximatives et indécises des contrôleurs qui tanguent au rythme de l’avancement du tram. On sent bien qu’ils ne maîtrisent pas encore toute l’intransigeance que requiert leur profession, un séjour dans une métropole voisine les y aiderait sûrement. Le tram s’immobilise. Concours heureux de circonstances, c’est l’arrêt de notre couple. Les contrôleurs sont désarçonnés, fallait-il verbaliser ? Fallait-il faire montre de compréhension ? Pas le temps de réfléchir davantage, ils talonnent, sans trop savoir pourquoi, nos deux hors-la-loi. Terminus tout le monde descend. De cette histoire, l’issue restera inconnue.

Confortablement je prends place au milieu de mes semblables, avec cette distance raisonnable que nous savons tous apprécier, cette distance inconsciente qui préserve nos intimités respectives.

Le tram s’engouffre au milieu des immeubles, des commerces. il n’y a pas que moi qui tue le temps du voyage en contemplant l’extérieur défilant au rythme de notre passage. Les autres voyageurs font partager leur expérience – par leurs paroles, leurs gestes, leurs odeurs – qu’ils en soient conscients ou non.

Autant les enfants affichent sans complexe leur bonheur de pouvoir être dans ce transport sur rail si particulier, autant les adultes exultent d’une manière nettement plus pudique, mais non moins perceptible. C’est drôle de voir les uns et les autres découvrir ce mode de transport qui leur est encore inédit et insolite. On est dans ce laps de temps où, ce qui deviendra d’ici peu familier et anodin pour chacun d’entre eux, appartient encore au domaine de l’étrange. Alors finalement s’attarder là, à les observer, presque béats, ou fiers, ou feignant l’indifférence devant cette nouveauté, devient nettement plus divertissant que de se projeter dans une autre dimension. ici se livre à nous un échantillon tout à fait intéressant de situations singulières.

Pour certains, disons d’une moyenne d’âge déjà sage, le voyage est studieux. On décrit, on commente, on explique ce qui défile. C’est la catégorie des angevins émérites, ceux qui connaissent leur territoire et qui le font partager, transformant ce moment de voyage éphémère en visite guidée et commentée. On oublierait presque qu’on est dans un tram. Oh oui, on est bel et bien parti en promenade touristique et pittoresque, nous voilà brusquement embarqué dans un funiculaire, c’est à n’y plus rien comprendre.

A certains moments, il semble que l’extérieur ne soit plus suffisamment digne d’intérêt pour susciter des commentaires, alors nos guides d’un jour préfèrent s’improviser sociologues. On hasarde des hypothèses sur la fréquentation du tram, on interroge l’impact éventuel des vacances scolaires sur cette désertion. Effectivement, on est bien loin des 200 passagers potentiels prévus pour une telle rame.

Petit à petit, on sent bien qu’on s’est éloigné de la gare, de l’effervescence du début. Le rythme de croisière s’est installé, avec des interruptions répétées mais brèves. On traverse les

par Adélaïde Piveteau

Le TrAm cOmme TrAnsecT OU qUAnd LA Ligne A devienT sOUrce d’OBservATiOns…

Page 23: Journal de Tram

EN C

ORP

S, E

N C

ORP

S, E

N C

ORP

S

Page 24: Journal de Tram

www.faire-metropole-angers.org