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Chapitre 1 La fonction d’onde et l’équation de Schrödinger 1.1 Introduction En physique classique, une particule est décrite par sa position r(t). L’évolution de sa position (la trajectoire de la particule) est donnée par l’équation de Newton m d 2 r dt 2 = F(r,t) En physique quantique, en vertu de la dualité onde-corpuscule, la particule est maintenant décrite par une fonction d’onde Ψ(r,t) dont nous décrirons la signification et l’équation qui donne son évolution (l’équation de Schrödinger). 1.2 Interprétation de la fonction d’onde Nous associons maintenant à une particule une quantité Ψ que nous appelons fonction d’onde. Ψ est un champ scalaire dépendant du temps : Ψ = Ψ(r,t) Cette notion de fonction d’onde est à rapprocher des observations expérimentales qui nous ont montré la dualité onde-corpuscule. Une particule a aussi un aspect ondulatoire. Comme pour les phénomènes ondulatoires, Ψ(r,t) est en général une fonction complexe. Ψ(r,t) C 1

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Chapitre 1

La fonction d’onde et l’équation deSchrödinger

1.1 Introduction

En physique classique, une particule est décrite par sa position r(t). L’évolution de saposition (la trajectoire de la particule) est donnée par l’équation de Newton

md2rdt2

= F(r, t)

En physique quantique, en vertu de la dualité onde-corpuscule, la particule est maintenantdécrite par une fonction d’onde Ψ(r, t) dont nous décrirons la signification et l’équationqui donne son évolution (l’équation de Schrödinger).

1.2 Interprétation de la fonction d’onde

Nous associons maintenant à une particule une quantité Ψ que nous appelons fonctiond’onde. Ψ est un champ scalaire dépendant du temps :

Ψ = Ψ(r, t)

Cette notion de fonction d’onde est à rapprocher des observations expérimentales quinous ont montré la dualité onde-corpuscule. Une particule a aussi un aspect ondulatoire.

Comme pour les phénomènes ondulatoires, Ψ(r, t) est en général une fonction complexe.

Ψ(r, t) ∈ C

1

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2 CHAPITRE 1. LA FONCTION D’ONDE ET L’ÉQUATION DE SCHRÖDINGER

Que représente Ψ ? Nous donnons ici l’interprétation de Born. Cette interprétation reliela quantité

‖Ψ(r)‖2 = Ψ(r)Ψ∗(r), (Ψ∗ = conjugué complexe de Ψ)

à la notion de densité de probabilité de trouver la particule en r.

‖Ψ(r)‖2 = Densité de probabilité

La probabilité de trouver la particule dans un volume dV = d3r autour de r est

‖Ψ(r)‖2 d3r

Avec cette interprétation, Ψ est l’amplitude de probabilité. Ψ peut être positive, négative,ou complexe, car seule ΨΨ∗ = ‖Ψ‖2 doit être positive.

Plus généralement, nous associons à la particule une fonction d’onde Ψ(r, t) complexe.Ψ(r, t) est l’amplitude de probabilité (en anglais : probability amplitude). La quan-tité ‖Ψ‖2 est la densité de probabilité au point r (en anglais : probability density).La probabilité de trouver la particule ou le système dans un volume d3r = dV autourde r est égale à ‖Ψ(r)‖2 d3r = Ψ(r)Ψ∗(r)d3r.

La dimension de la densité de probabilité ‖Ψ‖2 est m−3 :[‖Ψ‖2

]= m−3

La connaissance de Ψ(r, t) permet alors (dans l’interprétation de Born) de connaîtrel’évolution dynamique de la probabilité de trouver la particule dans un volume d3r autourde tout point r en fonction du temps. On pourrait ainsi suivre au cours du temps le lieude r tel que

‖Ψ(r, t)‖2 d3r > une valeur donnée de la probabilité

Si la probabilité est grande pour d3r petit, on pourrait avoir une analogie avec la trajec-toire au sens classique.

1.3 Equation de Schrödinger

La question qui se pose est maintenant la suivante : si on poursuit le parallèle avec lemouvement d’une particule, il faut alors trouver une équation pour décrire la fonctiond’onde Ψ(r, t). Vous pouvez par exemple vous poser la question suivante : soit un atomed’hydrogène formé d’un proton et d’un électron. La fonction d’onde Ψ(r) permet decalculer la densité de probabilité ‖Ψ‖2 de touver l’électron en un point r. Mais commenttrouver la fonction d’onde Ψ ?

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1.3. EQUATION DE SCHRÖDINGER 3

Ce fut le mérite du physicien autrichien E. Schrödinger d’avoir posé l’équation qui donnel’évolution de Ψ(r, t), connue sous le nom d’équation de Schrödinger dépendantedu temps :

i~∂

∂tΨ(r, t) =

[− ~2

2m∇2 + V (r)

]Ψ(r, t) (1.1)

où :• ~ = h

2π = 1.05457 · 10−34 Js,• ∇2 est le laplacien,• m la masse de la particule,• V (r) l’énergie potentielle de la particule au point r.

Lorsque l’on cherche une solution de Ψ qui ne dépend pas du temps (solution station-naire), l’équation de Schrödinger indépendante du temps s’écrit :[

− ~2

2m∇2 + V (r)

]Ψ(r) = EΨ(r) (1.2)

où E est l’énergie de la particule.

Discussion

a) D’où vient l’équation de Schrödinger ? Cette équation est postulée (tout comme,par exemple, l’équation de Newton). Sa validité est prouvée par les conséquencesque l’on peut en tirer.

b) L’équation de Schrödinger est une équation au premier ordre par rapport au temps.La connaissance de Ψ(r, t = 0) suffit pour déterminer l’évolution de Ψ(r, t). En effet,dans l’approche probabiliste de Born, Ψ permet de trouver la probabilité de trouver laparticule autour de r en tout temps. La connaissance seule de Ψ(r, t = 0) doit donc suffirepour déterminer l’évolution.

c) L’équation de Schrödinger est linéaire. Si Ψ1 et Ψ2 en sont des solutions, alors

Ψ3(r, t) = αΨ1(r, t) + βΨ2(r, t)

est aussi solution de l’équation de Schrödinger.

d) La fonction d’onde Ψ est dite normalisée si∫ ∞−∞

d3rΨ∗Ψ = 1

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4 CHAPITRE 1. LA FONCTION D’ONDE ET L’ÉQUATION DE SCHRÖDINGER

e) Conditions sur Ψ : la condition de normalisation précédente impose que Ψ soit decarré sommable. L’interprétation de Born sur ‖Ψ‖2 interdit que Ψ possède plusieursvaleurs pour une seule valeur de r. De plus, comme l’équation de Schrödinger fait inter-venir la dérivée seconde à travers le laplacien ∇2, Ψ et ses premières dérivées doiventêtre continues. Il y a donc de fortes restrictions sur la classe des fonctions Ψ.

Du point de vue mathématique, Ψ est un élément d’un espace de Hilbert. En effet, nousavons :• la propriété de linéarité : si Ψ1 et Ψ2 sont des solutions de l’équation de Schrödinger

à carré sommable, alorsΨ = λ1Ψ1 + λ2Ψ2

avec λ1 et λ2 appartenant à C est solution de l’équation de Schrödinger. Ψ est ausside carré sommable :

‖Ψ‖2 =∫d3r(λ1Ψ1 + λ2Ψ2)(λ1Ψ1 + λ2Ψ2)∗∫d3r [λ1λ

∗1Ψ1Ψ∗1 + λ2λ

∗2Ψ2Ψ∗2 + λ1λ

∗2Ψ1Ψ∗2 + λ2λ

∗1Ψ2Ψ∗1]

Les fonctions Ψ1 et Ψ2 étant de carré sommable, les 4 termes de l’intégrale convergent.• l’existence d’un produit scalaire entre Ψ et ϕ défini comme

〈Ψ, ϕ〉 =∫d3rΨ∗ϕ

Si 〈Ψ, ϕ〉 = 0, Ψ et ϕ sont dits orthogonaux.Le carré de la norme de Ψ est

‖Ψ‖2 = 〈Ψ,Ψ〉 > 0

Le produit scalaire satisfait la propriété

〈Ψ, ϕ〉 = 〈ϕ,Ψ〉∗

Il est linéaire par rapport à ϕ :

〈Ψ, λ1ϕ1 + λ2ϕ2〉 = λ1

∫Ψ∗ϕ1d

3r + λ2

∫Ψ∗ϕ2d

3r

= λ1〈Ψ, ϕ1〉+ λ2〈Ψ, ϕ2〉

De même :

〈λ1Ψ1 + λ2Ψ2, ϕ〉 = λ∗1

∫Ψ∗1ϕd

3r + λ∗2

∫Ψ∗2ϕd

3r

= λ∗1〈Ψ1, ϕ〉+ λ∗2〈Ψ2, ϕ〉

Finalement, le produit scalaire satisfait l’inégalité de Schwarz :

‖〈Ψ, ϕ〉‖ 6√〈Ψ,Ψ〉〈ϕ,ϕ〉

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1.4. EXEMPLES DE CALCUL DE Ψ À UNE DIMENSION 5

1.4 Exemples de calcul de Ψ à une dimension

Les cas les plus simples sont ceux obtenus à une dimension. L’équation de Schrödingerstationnaire à une dimension s’écrit

− ~2

2md2Ψdx2

+ V (x)Ψ = EΨ (1.3)

1.4.1 Cas où V (x) = 0

L’équation de Schrödinger stationnaire à une dimension devient

− ~2

2md2Ψdx2

= EΨ

La solution générale est

Ψ = A exp{ikx}+B exp{−ikx}

avec E = ~2k2

2m , et A et B des constantes.

Pour vérifier que Ψ est une solution, il suffit de la remplacer dans l’équation de Schrö-dinger :

− ~2

2md2Ψdx2

=~2

2mk2 [A exp{ikx}+B exp{−ikx}] = EΨ

en identifiant E = ~2k2

2m .

Donnons maintenant l’interprétation de Born de Ψ(x). Prenons B = 0 :

Ψ(x) = A exp{ikx}

La densité de probabilité est

‖Ψ(x)‖2 = ΨΨ∗ = ‖A‖2

La densité de probabilité est une constante indépendante de la position. Notez que nousavons ici un problème : la normalisation de Ψ(x) demande que∫ ∞

−∞‖Ψ‖2 dx = 1

Mais comme ‖Ψ‖2 vaut ‖A‖2, il y a ici un problème mathématique, car l’intégrale diverge !

Quelle est l’interprétation physique du résultat quantique ? Nous décrivons la particulede masse m par la fonction d’onde Ψ(x) = A exp{ikx}. Selon la relation de de Broglie,l’impulsion p de la particule est

p = ~k

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6 CHAPITRE 1. LA FONCTION D’ONDE ET L’ÉQUATION DE SCHRÖDINGER

En mécanique non quantique, l’énergie mécanique, en l’absence d’énergie potentielleV (x), est donc :

E = Ecin =p2

2m=

~2k2

2mC’est le résultat que nous avons obtenu de l’équation de Schrödinger.

La théorie quantique nous donne un autre résultat très surprenant. Alors que l’impulsion pest exactement définie (p = ~k), la densité de probabilité ‖Ψ‖2 est constante, quel quesoit x. Nous ne savons pas où se trouve la particule, alors que nous avons unedéfinition exacte de son impulsion ! Nous reviendrons sur ce résultat connu sous lenom de principe d’incertitude de Heisenberg.

Notez que nous avons fait la discussion avec Ψ = A exp{ikx}, c’est-à-dire avec k > 0. Lesrésultats sont également valables si on considère Ψ = B exp{−ikx}. Le vecteur d’onde kest négatif et tous les autres résultats sont également valables.

Cas où Ψ(x) = exp{ikx}+ exp{−ikx}

C’est le cas A = B = 1.

Ψ(x) = exp{ikx}+ exp{−ikx} = 2 cos(kx)

La densité de probabilité ‖Ψ‖2 vaut donc

‖Ψ‖2 = 4 cos2(kx)

La densité de probabilité est maximale en kx = nπ, n entier, et nulle en kx = (n+ 12)π.

La particule est localisée aux maxima kx = nπ.

La fonction d’onde choisie est la superposition de deux ondes avec la même amplitude,l’une avec un vecteur d’onde +k et l’autre avec le vecteur d’onde −k. Au vecteur +kcorrespond l’impulsion p1 = ~k et à l’autre l’impulsion p2 = −~k. Que nous donne lamesure de l’impulsion de la particule ?

La physique quantique nous dicte que :• si nous faisons une seule mesure, la valeur de l’impulsion mesurée sera soit p1 = ~k,

soit p2 = −~k,• si nous faisons plusieurs mesures, il y aura statistiquement 50% de chance que ce soitp1 et 50% que ce soit p2. Le fait qu’il y ait une probabilité de 50% est lié au fait queles amplitudes des ondes exp{ikx} et exp{−ikx} sont égales.

Nous reviendrons à ce problème plus tard, lorsque nous traiterons le cas général où lafonction d’onde est une superposition linéaire de fonctions d’ondes solutions de l’équationde Schrödinger.

Notons ici un autre fait important. Si Ψ = exp{ikx} + exp{−ikx}, la particule est"mieux" localisée que dans le cas Ψ = exp{ikx}. La densité de probabilité est maintenant

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1.4. EXEMPLES DE CALCUL DE Ψ À UNE DIMENSION 7

maximale lorsque kx = nπ. Par contre, il y a une incertitude sur la valeur de l’impulsion.On retrouve une relation entre la localisation de la particule et l’incertitude sur la mesurede son impulsion, c’est-à-dire la relation d’incertitude de Heisenberg, que nousdiscuterons plus tard.

1.4.2 Particule dans un puits de potentiel

Considérons un puits de potentiel V (x) décrit sur la figure 2.1.

Zone I

V

0 L x

Zone II Zone III

Fig. 1.1 – Puits de potentiel

V (x) =

0, 0 6 x 6 L

+∞, x < 0 et x > L

L’équation de Schrödinger stationnaire est

− ~2

2md2Ψdx2

+ VΨ = EΨ

Il faut résoudre l’équation de Schrödinger dans les trois zones.

Dans la zone II, V (x) = 0 et l’équation de Schrödinger devient

− ~2

2md2Ψdx2

= EΨ

La solution, exprimée avec les fonctions cosinus et sinus, est

Ψ = C sin(kx) +D cos(kx) dans la zone II

et l’énergie qui lui correspond est

Ek =~2k2

2m

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8 CHAPITRE 1. LA FONCTION D’ONDE ET L’ÉQUATION DE SCHRÖDINGER

Dans les zones I et III, le potentiel V est infini. D’une manière intuitive, en regardant laforme de l’équation de Schrödinger, si V est infini, Ψ doit être nul.

Ψ(x) = 0 dans les zones I et III

A ce stade, nous avons donc

Ψ(x) =

0, pour x < 0

C sin(kx) +D cos(kx), pour 0 6 x 6 L

0, pour x > L

Nous avons mentionné que la fonction Ψ(x) est une fonction continue. La condition decontinuité en x = 0 implique que D vaut 0. La condition de continuité en x = L impliqueque

kL = nπ ⇔ k =nπ

L

Le vecteur k ne peut prendre que des valeurs discrètes nπ/L. L’impulsion correspon-dante p vaut

p = pn = ~k =~nπL

On dit alors que k et p sont quantifiés. La quantification de k implique donc aussi laquantification de l’énergie E de la particule :

E =~2k2

2m=

~2n2π2

2L2m

L’énergie d’une particule dans un puits de potentiel de longueur L et de profondeurinfinie consiste en des niveaux discrets (n2~2π2/2L2m). Notez que E varie comme n2.L’énergie est aussi quantifée.

D’où viennent ces diverses quantifications ? Mathématiquement, elles viennent du fait quenous avons dû satisfaire des conditions aux limites, dans ce cas particulier la continitéde la fonction en x = L.

Normalisation de la fonction d’onde dans la zone II

Dans la zone II, la fonction d’onde est

Ψ(x) = C sin(nπLx)

La condition de normalisation de la fonction d’onde est∫ L

0dx ‖C‖2 sin2

(nπLx)

= 1

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1.4. EXEMPLES DE CALCUL DE Ψ À UNE DIMENSION 9

‖C‖2 L2

= 1⇔ C =

√2L

La fonction d’onde normalisée est donc

Ψ(x) =

0, pour x < 0√2L

sin(nπxL

), pour 0 6 x 6 L

0, pour x > L

et l’énergie vaut

E =n2~2π2

2L2m

Quelles sont les propriétés physiques associées à la fonction d’onde Ψ(x) que nous venonsde trouver ? Dans le cadre de la mécanique classique, l’énergie de la particule est continuedepuis 0 jusqu’à ∞. Dans le cadre de la mécanique quantique, l’énergie ne peut prendreque des valeurs discrètes. La séparation en énergie entre les niveaux (n+ 1) et n vaut

∆E = En+1 − En =(2n+ 1)~2π2

2L2m

Dans la région 0 6 x 6 L, Ψ est la superposition d’une onde exp{ inπxL } et d’une ondeexp{−inπxL }. Une mesure unique de l’impulsion donnera soit nπ~/L soit −nπ~/L. Sta-tistiquement, il y aura 50% de chance de trouver nπ~/L et 50% de trouver −nπ~/L.

La densité de probabilité ‖Ψ‖2 vaut

‖Ψ‖2 =

0, pour x < 0

2L

sin2(nπxL

), pour 0 6 x 6 L

0, pour x > L

Pour des grandes valeurs de n (à part les oscillations), la densité de probabilité est"continue" entre 0 et L, comme dans le cas classique. Le cas classique est obtenupour des grands n.

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10 CHAPITRE 1. LA FONCTION D’ONDE ET L’ÉQUATION DE SCHRÖDINGER

1.4.3 Effet tunnel

Considérons la distribution du potentiel décrite dans la figure 2.2.

Zone I

V

0 L x

Zone II Zone III

V0

Fig. 1.2 – Effet tunnel

V =

0, x < 0V0, 0 6 x 6 L0, x > L

On considère la situation classique suivante :• une particule arrive sur la barrière de potentiel depuis x < 0,• on suppose que l’énergie E de la particule est inférieure à V0. En mécanique classique,

la particule est réfléchie par la barrière de potentiel.

Résolvons le problème dans le cadre de la mécanique quantique. Dans la zone I, l’équationde Schrödinger est

− ~2

2md2Ψdx2

= EΨ

ΨI = A exp{ikx}+B exp{−ikx} et E =~2k2

2m

Dans la zone II, nous supposons E < V0. L’équation de Schrödinger est

− ~2

2md2Ψdx2

+ V0Ψ = EΨ

La solution est :

ΨII(x) = C exp{Kx}+D exp{−Kx} avec ~K =√

2m(V0 − E)

Dans la zone III, V est nul et Ψ vaut

ΨIII = A′ exp{ikx}+B′ exp{−ikx} et E =~2k2

2m

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1.4. EXEMPLES DE CALCUL DE Ψ À UNE DIMENSION 11

Nous devons imposer la continuité de Ψ en x = 0 et x = L, ainsi que la continuité de dΨdx

en x = 0 et x = L. Donc

A+B = C +D

C exp{KL}+D exp{−KL} = A′ exp{ikL}+B′ exp{−ikL}

ikA− ikB = KC −KD

KC exp{KL} −KD exp{−KL} = ikA′ exp{ikL} − ikB′ exp{−ikL}

B′ vaut 0 car dans la zone III, il n’y a pas de particule allant dans la direction négative.Il nous reste donc 5 inconnues et 4 équations. L’amplitude de A est arbitraire. On peutdonc exprimer toutes les autres quantités en fonction de A. ‖A‖2 donne la probabilité dela particule allant de gauche à droite. ‖A′‖2 donne la probabilité de trouver la particuledans la zone III.

Appelons le rapport T = ‖A′‖2 / ‖A‖2 coefficient de transmission de la zone I à la zone IIIen traversant la barrière de potentiel.

T =

1 +[exp{KL} − exp{−KL}]2

16 EV0

(1− E

V0

)−1

Le fait que T soit non nul montre qu’il y a une probabilité non nulle que la particuletraverse la barrière de potentiel et ressorte dans la zone III. C’est ce qu’on appelle l’effettunnel.

Pour KL� 1, on peut faire un approximation pour T :

T = 16E

V0

(1− E

V0

)exp{−2KL}

avec K =√

2m(V0 − E)/~.

L’effet tunnel décroît exponentiellement avec L et m1/2. Les particules légères comme lesélectrons ont une probabilité plus grande de faire un effet tunnel que les particules pluslourdes.

Application de l’effet tunnel en microscopie

Considérez un électron à la surface d’un corps. Il est retenu dans ce corps par une barrièrede potentiel. Plaçons près de cette surface (L ∼ 0.5 nm) une pointe métallique. Par effettunnel, il existe une probabilité non nulle pour que l’électron quitte le métal. On détectealors un courant à travers la pointe.

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12 CHAPITRE 1. LA FONCTION D’ONDE ET L’ÉQUATION DE SCHRÖDINGER

Courant tunnel

LPointe

Surface

A

Dans un microscope à balayage basé sur l’effet tunnel, on essaye de garder le couranttunnel constant lorsque la pointe se promène sur la surface, en contrôlant la hauteur dela pointe. On obtient ainsi une image de la surface du métal.

1.4.4 Particule avec une énergie supérieure à la barrière de potentiel

Soit la barrière de potentiel V (x) suivante :

Zone I

V

0 x

Zone II

V0

Fig. 1.3 – Barrière de potentiel

V (x) =

0, x < 0

V0, x > 0

Soit une particule d’énergie cinétique, en x < 0, égale à E = 12mv

2 > V0. Du point devue classique, la situation est simple : la particule passe par dessus la barrière en venantde x < 0.

Qu’en est-il du point de vue quantique ?

Dans la zone I, nous avons vu que

ΨI = A exp{ikIx}+B exp{−ikIx}

avec k2I = 2Em/~2.

Notez que nous avons pris la solution générale, superposition d’une onde progressiveexp{ikIx} et d’une onde rétrograde exp{−ikIx}.

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1.4. EXEMPLES DE CALCUL DE Ψ À UNE DIMENSION 13

Dans la zone II, l’équation de Schrödinger est

− ~2

2md2Ψdx2

= (E − V0)Ψ

avec (E − V0) > 0. DoncΨII = C exp{ikIIx}

avec k2II = 2m(E − V0)/~2. Nous prenons ici seulement l’onde progressive exp{ikIIx},

car dans la zone II, la particule se propage vers les x croissants.

Les conditions imposées en x = 0 sont• la continuité de ΨI(x = 0) = ΨII(x = 0),• la continuité de d

dxΨI(x = 0) = ddxΨII(x = 0),

soit : A+B = C

kI(A−B) = kIIC

Comme dans le cas examiné pour l’effet tunnel, on note que B et C peuvent être calculésen fonction de A.

B − C = −A

kIB + kIIC = kIA

Les solutions sontB =

kI − kIIkI + kII

A

C =2kI

kI + kIIA

On définit le coefficient de réflexion R comme :

R =‖B‖2

‖A‖2=

(kI − kII)2

(kI + kII)2

et le coefficient de transmission1 T comme :

T =‖C‖2

‖A‖2kIIkI

=4kIkII

(kI + kII)2

Discussion mathématique

Dans la zone I, nous avons dû prendre en compte l’onde rétrograde B exp{−ikx}, sinonnous n’aurions pas pu satisfaire les conditions de continuité en x = 0 de Ψ et Ψ′.

1Notez le facteur kII/kI dans l’expression du coefficient de transmission T .

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14 CHAPITRE 1. LA FONCTION D’ONDE ET L’ÉQUATION DE SCHRÖDINGER

Discussion physique

Cas classique : La particule passe par dessus la barrière de potentiel. Il n’y a rien desemblable à une réflexion.

Cas quantique : Même si E > V0, une partie de l’onde incidente est réfléchie. Nousavons

R+ T =(kI − kII)2

(kI + kII)2+

4kIkII(kI + kII)2

= 1

1.4.5 Quelques leçons à propos des résolutions de l’équation de Schrö-dinger

• Nous avons, d’une manière générale, considéré la solution générale de l’équation, parexemple (cas de l’effet tunnel pour la zone II) :

Ψ = C exp{Kx}+D exp{−Kx}

• Nous exigeons que la fonction Ψ satisfasse les conditions générales suivantes :– Ψ est bornée dans le domaine considéré. Par exemple, si la zone II s’étend jusqu’àx =∞, alors nous devons éliminer le terme exp{+Kx} car il n’est pas borné.

– Ψ et dΨ/dx doivent être continues aux limites où V varie brusquement.• De plus, nous devons réfléchir à la physique de ce que nous écrivons. Ainsi :

Ψ = A exp{ikx} ↔ Onde progressive (se propageant vers les x > 0) ↔ Particule sepropageant vers x > 0.Ψ = B exp{−ikx} ↔ Onde rétrograde (se propageant vers les x < 0) ↔ Particule sepropageant vers x < 0.

1.5 Résolution de l’équation de Schrödinger à 2 dimensions

Prenons le cas extrêmement simple d’un potentiel V donné par

V =

0 pour 0 6 x 6 L1 et 0 6 y 6 L2

∞ ailleurs

Nous définissons donc la zone I comme le rectangle délimité par 0 = (0, 0), A = (L1, 0),B = (L1, L2) et C = (0, L2) et la zone II par le reste du plan (figure 2.4). Donc

V =

0 dans la zone I

∞ ailleurs

D’une manière classique, la particule est confinée dans la zone I.

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1.5. RÉSOLUTION DE L’ÉQUATION DE SCHRÖDINGER À 2 DIMENSIONS 15

y

0 xL1

L2

A

BC

Zone I

Fig. 1.4 – Potentiel rectangulaire en deux dimensions

Cas quantique

L’équation de Schrödinger est, pour la zone I :

− ~2

2m

[d2Ψdx2

+d2Ψdy2

]= EΨ(x, y)

Cette équation est résolue par la technique de la séparation des variables.

PosonsΨ(x, y) = X(x)Y (y)

et insérons cet ansatz dans l’équation de Schrödinger :

− ~2

2m

[Y (y)

d2X

dx2+X(x)

d2Y

dy2

]= EX(x)Y (y)

Divisons par X(x)Y (y) :

− ~2

2m

[1X

d2X

dx2+

1Y

d2Y

dy2

]= E

Notons que 1Xd2Xdx2 (respectivement 1

Yd2Ydy2

) ne dépend que de x (respectivement de y),alors que le membre de droite E est indépendant de x et y. Il faut donc :

− ~2

2m1X

d2X

dx2= Ex

− ~2

2m1Y

d2Y

dy2= Ey

Ex + Ey = E

Nous nous retrouvons dans le cas bien connu d’un puits de potentiel à une dimension.C’est un problème que nous avons déjà résolu :

X(x) =√

2L1

sin(n1π

L1x

)

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16 CHAPITRE 1. LA FONCTION D’ONDE ET L’ÉQUATION DE SCHRÖDINGER

Y (y) =√

2L2

sin(n2π

L2y

)

ΨI(x, y) =√

4L1L2

sin(n1π

L1x

)sin(n2π

L2y

)

avec n1 et n2 entiers différents de 0 (pour éviter d’avoir ΨI(x, y) ≡ 0.

L’énergie E est :

E =~2

2m

[(n1π

L1

)2

+(n2π

L2

)2]

=h2

8m

[(n1

L1

)2

+(n2

L2

)2]

ΨII(x, y) = 0 dans la région II.

Discussion physique

• La densité de probabilité ‖ΨI‖2 représente la densité de probabilité de trouver laparticule en (x, y).• Si L1 = L2 = L, l’énergie E vaut

E =h2

8mL2

(n2

1 + n22

)On note qu’il existe divers couples (n1, n2) qui donnent la même valeur de E. Parexemple n1 = 1, n2 = 2 et n1 = 2, n2 = 1 donnent

E =h2

8mL25

On dit que le niveau d’énergie correspondant est dégénéré. La dégénérescence est liéeà la symétrie du problème. Dans notre cas, la symétrie est obtenue car nous avonsposé L1 = L2 = L, et ceci fait que les axes x et y sont équivalents.

1.6 L’atome d’hydrogène

Que savions-nous sur l’atome d’hydrogène avant la mécanique quantique ? Nous savionsque :• il y a un proton et un électron,• entre les deux particules, beaucoup de vide !L’atome de Bohr consiste en un électron en orbite fermée autour du proton. Le rayon deBohr a0 = 5.29 · 10−11 m correspondrait alors au rayon de l’orbite de l’électron.

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1.6. L’ATOME D’HYDROGÈNE 17

1.6.1 Critique du modèle classique

Il y a deux types de critiques.

a) Si l’électron tourne autour du proton, il a donc un mouvement accéléré. Selon lathéorie de l’électrodynamique, on sait qu’une particule chargée accélérée émet uneradiation électromagnétique, donc l’électron va émettre une radiation et perdre del’énergie. Son orbite aura des rayons de plus en plus petits. A la fin, il va tomber surle proton, et c’est la fin de l’atome !

b) Ce modèle ne peut pas expliquer le fait expérimental que les atomes en général,et l’atome d’hydrogène en particulier, n’émettent des radiations que dans certaineslongueurs d’ondes spécifiques.

1.6.2 Modèle quantique de l’atome d’hydrogène

Le potentiel entre le proton et l’électron est donné par le potentiel coulombien

V (r) =−e2

4πε0r

où r est la distance entre le proton et l’électron.

L’équation de Schrödinger est alors[− ~2

2m∇2 − e2

4πε0r

]Ψ = EΨ (1.4)

Nous prenons icim = me = masse de l’électron. En toute rigueur2,m est la masse réduitecorrespondant à

1m

=1me

+1mp

avec mp = masse du proton. Mais comme mp � me, m ≈ me.

Quel est le signe de E ? Le potentiel V (r) est négatif. Si E est positif, E est alors plusgrand que V (r) et, comme dans le cas classique, l’électron n’est pas lié, mais est libre.Pour E < 0, l’électron est lié au proton. C’est ce cas que nous étudierons par la suite.

Pour résoudre ce problème, nous utiliserons les coordonnées sphériques (figure 2.5), carce système de coordonnés reflète la géométrie du problème.

2Le problème classique est celui de deux charges. L’hamiltonien H vaut

H =p2

proton

2mp+

p2electron

2me+ V (r)

Le mouvement relatif est donné par

Hrel =p2

2m+ V (r)

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18 CHAPITRE 1. LA FONCTION D’ONDE ET L’ÉQUATION DE SCHRÖDINGER

y0

x

z

r

φ

θ

P

Fig. 1.5 – Coordonnées sphériques (r, θ, φ)

Dans ce système de coordonnées, le laplacien s’écrit :

∇2 =∂2

∂r2+

2r

∂r+[

1sin2 θ

∂2

∂φ2+

1sin θ

∂θ

(sin θ

∂θ

)]1r2

Nous prendrons comme origine 0 le proton. Faisons une première séparation des variables :

Ψ(r, θ, φ) = R(r)Y (θ, φ)

et appelons

Λ2 =1

sin2 θ

∂2

∂φ2+

1sin θ

∂θ

(sin θ

∂θ

)de sorte que

∇2 =∂2

∂r2+

2r

∂r+

1r2

Λ2

La séparation des variables donne :

− ~2

2m

[d2R

dr2+

2r

dR

dr

]Y − ~2

2m1r2RΛ2Y + V (r)RY = ERY

− ~2

2m

[d2R

dr2+

2r

dR

dr

]+ V (r)R− ~2

2m1r2R

1Y

Λ2Y = ER

Avec Λ2Y = −l(l + 1)Y , on a :

− ~2

2m

[d2R

dr2+

2r

dR

dr

]+ V (r)R+

~2

2m1r2Rl(l + 1) = ER

− ~2

2md2Rr

dr2+Rr

[V (r) +

~2

2m1r2l(l + 1)

]= ERr

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1.6. L’ATOME D’HYDROGÈNE 19

Et en posant u = Rr :

− ~2

2md2u

dr2+[− e2

4πε0r+

~2

2m1r2l(l + 1)

]u = Eu

En fin de compte, nous avons :

1sin2 θ

∂2Y

∂φ2+

1sin θ

∂θ

(sin θ

∂Y

∂θ

)= −l(l + 1)Y

− ~2

2md2u

dr2+[− e2

4πε0r+

~2l(l + 1)2mr2

]u = Eu

Pour calculer Y (θ, φ), faisons la séparation des variables suivante :

Y (θ, φ) = T (θ)P (φ)

Nous avons alors

T

sin2 θ

d2P

dφ2+

P

sin θd

(sin θ

dT

)= −l(l + 1)TP

ce qui donne

1P

d2P

dφ2= −m2

sin θT

d

(sin θ

dT

)+ l(l + 1) sin2 θ = m2

La résolution des équations pour T et P imposeront des conditions sur m et l.

P (φ) = eimφ

La condition de périodicité sur φ impose que m soit entier.

L’équation en θ est plus compliquée. Sans démonstration, nous dirons que la solution estdonnée par les polynômes de Legendre, avec les conditions :

l = 0, 1, 2, . . .

m = l, l − 1, . . . ,−l + 1,−l

Nous donnons dans le tableau 2.1 les expressions explicites des Yl,m(θ, φ), appelées har-moniques sphériques.

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20 CHAPITRE 1. LA FONCTION D’ONDE ET L’ÉQUATION DE SCHRÖDINGER

l m Yl,m

0 0

√1

1 0

√3

4πcos θ

1 ±1 ∓√

38π

sin θ exp{±iφ}

2 0

√5

16π(3 cos2 θ − 1)

2 ±1 ∓√

158π

cos θ sin θ exp{±iφ}

2 ±2

√15

32πsin2 θ exp{±2iφ}

Tab. 1.1 – Premières harmoniques sphériques

L’équation en r (ou d’une manière équivalente l’équation pour u = Rr) admet commesolution les polynômes de Laguerre. Les solutions qui sont bornées, et donc acceptables,doivent satisfaire

e2

~c1

4√

2πε0

√mc2

−E= n = l + 1 + n′, n′ = 0, 1, 2, . . .

N’oubliez pas que E < 0. L’énergie E est donc :

E = −(e2

~c

)2mc2

32π2ε20(l + 1 + n′)2

Posons n = l + 1 + n′, n = 1, 2, . . . .

E = −(e2

~c

)2mc2

n232π2ε20

n = 1, 2, . . .

Le tableau 2.2 donne quelques solutions de la fonction R(r).

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1.6. L’ATOME D’HYDROGÈNE 21

n l R(r)

1 02

a3/20

exp{−ρ

2

}

2 01√8

(1a0

)3/2

(2− ρ) exp{−ρ

2

}

2 11√24

(1a0

)3/2

ρ exp{−ρ

2

}

3 01√243

(1a0

)3/2

(6− ρ+ ρ2) exp{−ρ

2

}

3 11√486

(1a0

)3/2

(4− ρ)ρ exp{−ρ

2

}

3 21√

2430

(1a0

)3/2

ρ2 exp{−ρ

2

}

Tab. 1.2 – Premières solutions pour R(r), avec ρ = 2rna0

et a0 le rayon de Bohr qui vauta0 = 4πε0~2

mee2= 0.529 · 10−8 cm.

Le livre "Atkin’s Physical Chemistry" de P. Atkins et J. de Paula donne la forme de R(r)(page 235) des harmoniques sphériques (page 303).

1.6.3 Discussion : les 3 nombres quantiques

La discussion sur la fonction d’onde Ψ montre qu’il existe trois nombres quantiques :• n = l + 1 + n′, n = 1, 2, . . . ,∞• l = 0, 1, 2, . . . , (n− 1)• m = l, l − 1, . . . ,−lLe nombre quantique n est appelé nombre quantique principal. C’est lui qui déter-mine les niveaux d’énergie.

Le nombre quantique l est appelé nombre quantique du moment angulaire orbital, ouencore nombre quantique azimutal. Son interprétation physique est liée à la quanti-fication du moment angulaire J de l’électron. Du point de vue classique,

J = mr2ω

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22 CHAPITRE 1. LA FONCTION D’ONDE ET L’ÉQUATION DE SCHRÖDINGER

pour une particule tournant à une distance r du centre (ici l’électron autour du proton)à la vitesse angulaire ω. Le moment angulaire J est quantifié à

√l(l + 1)~ avec

l = 0, 1, 2, . . . , (n− 1).

Le nombre quantique m est appelé nombre quantique magnétique. Il est comprisentre +l et −l. Ce nombre quantique est lié à la rotation φ autour de l’axe Oz. Il décritla quantification de la composante Jz du vecteur moment angulaire J. Jz est quantifiéà m~ avec m = l, l − 1, . . . ,−l.

1.6.4 Conséquences de la quantification : quantification de l’énergie

Rappelons que l’énergie |E| vaut

|E| =(e2

~

)2m

32π2ε20

1n2

Pour n = 1, |E| vaut|E| = 13.6 eV

Il existe une nomenclature. On dit qu’à chaque valeur de n correspond une couche (enanglais : shell).

n Couche1 K2 L3 M4 N...

...

Tab. 1.3 – Nomenclature des couches

Pour n→∞, |E| → 0. La différence entre les niveaux d’énergie (n+ 1) et n vaut :

∆E =(e2

~c

)2

mc2

[− 1

(n+ 1)2+

1n2

]1

32π2ε20

=(e2

~c

)2

mc2

[−n2 + n2 + 2n+ 1

n2(n+ 1)2

]1

32π2ε20

=(e2

~c

)2

mc2

[2n+ 1

n2(n+ 1)2

]1

32π2ε20

N’oublions toutefois pas que n est formé de n′ et l,

n = l + 1 + n′

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1.6. L’ATOME D’HYDROGÈNE 23

et que pour une valeur de n, il peut exister plusieurs valeurs de l = 0, 1, . . . , (n− 1) quisont permises. Pour n = 1, nous avons seulement l = 0. Mais si n = 2, l = 0, 1. Et sin = 3, l = 0, 1, 2, etc.

Chaque couche (correspondant à une valeur de n) se subdivise en sous-couches caracté-risée par l = 0, . . . , n− 1. Ces sous-couches ont également des noms (tableau 2.4).

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24 CHAPITRE 1. LA FONCTION D’ONDE ET L’ÉQUATION DE SCHRÖDINGER

l Sous-couche0 s (sharp)1 p (profound)2 d (diffuse)3 f4 g5 h6 i7 k

Tab. 1.4 – Nomenclature des sous-couches

La figure 2.6 nous donne un résumé de ce qui précède.

Couche

3s4s

2s

1s

3p4p

2p

3d4d 4f

8

1

2

34

0

n E

K

L

MN

Fig. 1.6 – Premiers niveaux d’énergie

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1.6. L’ATOME D’HYDROGÈNE 25

1.6.5 Comparaison avec l’expérience

Lignes d’émission

Il est bien connu que les atomes émettent des radiations électromagnétiques sous formede lignes discrètes. Pour l’atome d’hydrogène, la formule empirique suivante a été trouvéepar Rydberg :

ν = RH

(1n2

1

− 1n2

2

)où :• ν est la fréquence exprimée en cm−1 (c’est-à-dire ν = f/c avec [f ] = Hz) ;• RH = constante de Rydberg = 109 677 cm−1 ;• n1 = 1 (Série de Lyman), 2 (de Balmer), 3 (de Paschen), 4 (de Brackett) ;• n2 = n1 + 1, n1 + 2, . . . .Comment relier cette observation avec ce que nous avons calculé ? Prenons par exemplela série de Lyman, et utilisons notre diagramme d’énergie (figure 2.6). Supposons quel’électron soit dans l’état n = 2 = n2. Il peut retomber sur l’état n = 1 = n1 en émettantune radiation d’énergie

∆E =me4

~2

132π2ε2

0

[1n2

1

− 1n2

2

]= hcν

ν =me4

~2hc

132π2ε2

0

[1n2

1

− 1n2

2

]On peut poursuivre le raisonnement en prenant pour n1 la valeur n1 = n = 2 et obtenirla série de Balmer, et ainsi de suite. La constante de Rydberg est alors

RH =me4

h3

18cε2

0

= 109 737 cm−1

Cette valeur théorique pour la constante de Rydberg est en accord presque total avec lavaleur expérimentale (∆RH/RH = 5.5 · 10−4). La différence vient du fait que nous avonsnégligé les effets relativistes.

Les figures 2.7(a) et 2.7(b) montrent les séries de Lyman et de Balmer.

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26 CHAPITRE 1. LA FONCTION D’ONDE ET L’ÉQUATION DE SCHRÖDINGER

1

2

34

0

n E

n1

n2

(a) Lyman

1

2

34

0n E

n1

n2

65

(b) Balmer

Fig. 1.7 – Séries de Lyman et de Balmer

Notez que dans ces diagrammes, nous avons seulement utilisé le nombre quantique n.Les diagrammes des niveaux d’énergie que nous avons dessinés ne font pas figurer lenombre quantique l (avec la nomenclature 1s, 2s, 3s, . . . , 2p, 3p, 4p, . . . ). En fait, tousles passages d’un niveau d’énergie avec n2 > n1 ne sont pas possibles à cause des nombresquantiques l et m. Les règles de transition permises sont ∆l = ±1, ∆m = 0,±1.

1s

0E

5p

2s

3s

4s

2p

3p

4p

3d

4d

Lyman

Paschen

Balmer

Fig. 1.8 – Exemple de transitions dans l’atome d’hydrogène

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1.7. PRINCIPES FONDAMENTAUX DE MÉCANIQUE QUANTIQUE 27

1.6.6 Expression de la fonction d’onde, orbitale

Nous avons calculé les composantes radiale R et angulaire de la fonction d’onde :

Ψ = Rn,lYl,m = Ψn,l,m

avec n = 1, 2, . . . ,∞ ; l = 0, 1, 2, . . . , n− 1 ; m = l, l − 1, . . . ,−l.

Par exemple, Ψ1,0,0 vaut :

Ψ1,0,0 = 2(

1a0

)3/2

exp{−ρ

2

}√ 14π

avec ρ = 2r/a0, et a0 = rayon de Bohr = 5.3 · 10−11 m.

On appelle orbitale la fonction d’onde à un électron d’un électron dans un atome. Onparlera d’orbitale avec n = 1, l = 0, m = 0 lorsque l’électron est décrit par Ψ1,0,0. Cetteorbitale est aussi appelée 1s (1 = n, s = l = 0). L’orbitale 2s correspond à n = 2 etl = 0.

1.7 Principes fondamentaux de mécanique quantique

Jusqu’à maintenant, nous avons vu :

• la notion de fonction d’onde Ψ et son interprétation physique,• l’équation de Schrödinger qui permet de calculer la fonction d’onde Ψ.

Rappelons que nous avons posé l’équation de Schrödinger. Nous allons maintenant com-pléter cette présentation en donnant d’autres principes de la mécanique quantique.

1.7.1 Correspondance

En mécanique classique, nous définissons la position r et l’impulsion p = mv d’uneparticule. En mécanique quantique, nous devons introduire la notion d’opérateur quiagit sur la fonction d’onde Ψ. On définit une correspondance entre la notion classique etl’opérateur correspondant en mécanique quantique :

Mécanique classique Mécanique quantiquer rp −i~∇E i~∂/∂t

Tab. 1.5 – Correspondance entre mécanique classique et quantique

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28 CHAPITRE 1. LA FONCTION D’ONDE ET L’ÉQUATION DE SCHRÖDINGER

Comment appliquons-nous cette règle de correspondance ? Prenons par exemple l’énergieE (en mécanique classique, c’est aussi l’hamiltonien H). En mécanique classique :

Hclassique =p2

2m+ V (r) = E

En mécanique quantique, H devient l’opérateur H.

Hquantique =1

2m(−i~∇)2 + V (r)

Hquantique = − ~2

2m∇2 + V (r)

L’équation de Schrödinger est alors :

HquantiqueΨ = EΨ

D’une manière générale, considérons une variable dynamique A(r,p) classique. On formealors l’opérateur quantique qui lui correspond :

A

(x, y, z,−i~ ∂

∂x,−i~ ∂

∂y,−i~ ∂

∂z

)On utilise aussi le nom d’observable pour A.

1.7.2 Valeur moyenne d’une observable

Soit une observable A à laquelle correspond l’opérateur A. La valeur moyenne 〈A〉 de Aest définie comme :

〈A〉 =

∫∞−∞Ψ∗(AΨ)d3r∫∞−∞Ψ∗Ψd3r

Remarquez que 〈A〉 = 〈Ψ, AΨ〉/ ‖Ψ‖2 où 〈Ψ, AΨ〉 est le produit scalaire entre Ψ et AΨ.

En notant〈Ψ,Ψ〉 =

∫ ∞−∞

Ψ∗Ψd3r

〈Ψ, AΨ〉 =∫ ∞−∞

Ψ∗(AΨ)d3r

on a :

〈A〉 =〈Ψ, AΨ〉〈Ψ,Ψ〉

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1.7. PRINCIPES FONDAMENTAUX DE MÉCANIQUE QUANTIQUE 29

Ainsi, la valeur moyenne de x est

〈x〉 =〈Ψ, xΨ〉〈Ψ,Ψ〉

=

∫∞−∞Ψ∗xΨd3r∫∞−∞Ψ∗Ψd3r

=

∫∞−∞Ψ∗xΨd3r∫∞−∞Ψ∗Ψd3r

Si A représente une quantité physique, 〈A〉 doit être une quantité réelle (rappelonsqu’en physique, la partie imaginaire d’un nombre complexe n’a pas de signification : unequantité physique doit être réelle !).

〈A〉 ∈ R⇔ 〈A〉 = 〈A〉∗

Comme 〈Ψ,Ψ〉 ∈ R, il faut donc que∫ ∞−∞

Ψ∗AΨd3r =∫ ∞−∞

(AΨ)∗

Ψd3r ∀Ψ

Dans le langage des opérateurs, l’opérateur A qui satisfait cette condition est un opéra-teur hermitien. On a donc :

Observable A↔ Opérateur A hermitien

L’opérateur correspondant à x est évidemment hermitien.∫Ψ∗xΨd3r =

∫(xΨ)∗Ψd3r

car∫

Ψ∗xΨd3r =∫

(xΨ)∗Ψd3r.

Montrons que l’opérateur correspondant à px l’est aussi.∫Ψ∗pxΨd3r =

∫Ψ∗(−i~ ∂

∂x

)Ψd3r

= −i~∫

Ψ∗∂Ψ∂x

d3r

= −i~ [Ψ∗Ψ]∞−∞ + i~∫∂Ψ∗

∂xΨd3r

=∫ (−i~∂Ψ

∂x

)∗Ψd3r

=∫

(pxΨ)∗Ψd3r

où la troisième égalité est obtenue en intégrant par parties, et la quatrième en utilisantle fait que Ψ est nulle lorsque x→ ±∞.

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30 CHAPITRE 1. LA FONCTION D’ONDE ET L’ÉQUATION DE SCHRÖDINGER

1.7.3 Principe d’incertitude de Heisenberg

En mécanique classique, la position r = (x, y, z) d’une particule ainsi que son impulsionp = mv = (mvx,mvy,mvz) sont connues exactement à n’importe quel moment. Enmécanique quantique, le principe d’incertitude de Heisenberg nous dit :

Il est impossible de donner simultanément et avec une précisionarbitraire la position et l’impulsion d’une particule.

Du point de vue quantitatif, nous avons les relations d’incertitudes de Heisenberg :

∆x∆px >12

~

∆y∆py >12

~

∆z∆pz >12

~

avec∆x =

√〈x2〉 − 〈x〉2

∆px =√〈p2x〉 − 〈px〉2

et ainsi de suite pour y et z.

On voit que ∆x est la fluctuation statistique de la mesure de x autour de la valeurmoyenne 〈x〉. Il en est de même pour ∆px.

Selon les relations d’incertitude de Heisenberg, si ∆x = 0 (mesure infiniment précise dela position), alors ∆px →∞, donc une imprécision complète sur l’impulsion.

Justification (avec les mains)

Pour que la particule soit localisée, il faut que la fonction d’onde soit localisée dansl’espace. Mathématiquement, nous disons qu’elle doit être formée par une superpositiond’ondes planes exp{ik · r} pour former un paquet d’onde dont l’extension spatiale estlimitée.

Ψ(r) =∫f(k) exp{ik · r}d3k

On sait, par la théorie de la décomposition en série de Fourier, que plus Ψ(r) est localiséeen r, plus il faudra de composantes de Fourier en k. Comme p est liée à k par la relationde de Broglie (p = ~k), la précision selon p diminue.

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1.7. PRINCIPES FONDAMENTAUX DE MÉCANIQUE QUANTIQUE 31

Remarque

Notons que la relation d’incertitude de Heisenberg s’applique à un couple bien défini,par exemple ∆x et ∆px. Il y a donc une restriction sur la détermination de laposition selon x et sur la mesure de la composante selon x de p. Par contre, iln’y a aucune restriction sur la détermination de la position selon x et sur lamesure de la composante selon y (ou z) de p.

Application numérique

Prenons un électron dans un atome d’hydrogène. Nous voulons déterminer sa positionselon l’axe x avec une précision égale à ∆x = a0/100, où a0 = 5.3 · 10−11 m est le rayonde Bohr.

∆x = 5.3 · 10−13 m

∆px >~

2∆x=

1.05 · 10−34 Js2 · 5.3 · 10−13 m

= 9.94 · 10−23 kgms−1

Comme me = 9.1 · 10−31 kg, vx est connue avec une précision

∆vx =9.94 · 10−23 kgms−1

9.1 · 10−31= 1.09 · 108 ms−1

valeur à comparer à c = 3 · 108 ms−1 = vitesse de la lumière.

Principe d’incertitude entre l’énergie et le temps

Il existe également une relation d’incertitude entre l’énergie et le temps :

∆E∆t & ~

Cette relation appelle une remarque. La relation liant ∆x et ∆px relie les mesures de xet px au même temps t. Dans la relation ∆E∆t, le temps joue un rôle différent que E.L’énergie est une variable dynamique du système, alors que le temps est un paramètre.

La relation ∆E∆t & ~ relie donc le changement ∆E pendant le temps ∆t caractéristiquedu taux de variation des quantités dynamiques du système.

Cette relation est importante dans l’interprétation des temps de vie des particules. Eneffet, prenons la mesure de l’énergie correspondant à la création d’une particule. Cettemesure donne une valeur E0 avec une variation ∆E. La relation d’incertitude ∆E∆tpermet alors de prédire que le temps de vie τ de la particule est de l’ordre de

τ ≈ ∆t ≈ ~∆E

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32 CHAPITRE 1. LA FONCTION D’ONDE ET L’ÉQUATION DE SCHRÖDINGER

Digression mathématique et généralisation de la relation d’incertitude

A x (position selon x) correspond l’opérateur x = x. A px (composante de p selon x)correspond l’opérateur px = −i~ ∂

∂x .

Calculons l’effet de xpx (ou x ◦ px comme vous avez l’habitude de le noter) sur Ψ :

(x ◦ px)Ψ = x

[(−i~)

∂xΨ]

Calculons maintenant l’effet de px ◦ x sur Ψ (ou pxx sur Ψ)

px [xΨ] = −i~ ∂

∂x[xΨ] = −i~Ψ− i~x ∂

∂xΨ

Donc (x ◦ px) et (px ◦ x) ne commutent pas.

On définit le commutateur de x et px comme l’opérateur

[x, px] = xpx − pxx

On voit que le commutateur [x, px] agissant sur Ψ donne

[x, px] Ψ = x (pxΨ)− px (xΨ) = i~Ψ

Donc[x, px] = i~

Par contre, vous vérifierez facilement que les commutateurs suivants sont nuls :

[x, py] = [x, pz] = 0

Nous avons donc

[x, px] = i~

[x, py] = 0

[x, pz] = 0

On dit que :• les opérateurs x et px ne commutent pas,• les opérateurs x et py (et x et pz) commutent,• la valeur [x, px] vaut le double du minimum de ∆x∆px.

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1.7. PRINCIPES FONDAMENTAUX DE MÉCANIQUE QUANTIQUE 33

On définit deux observables A et B comme complémentaires si leur commutateur[A, B

]n’est pas nul. Dans ce cas, la relation d’incertitude de Heisenberg est applicable à cecouple selon :

∆A∆B >12

∥∥∥〈[A, B]〉∥∥∥Reprenons le cas de x et px :

x = x, px = −i~ ∂

∂x

[x, px] = i~

〈[x, px]〉 =∫

Ψ∗i~Ψd3r∫Ψ∗Ψd3r

= i~

Donc∆x∆px >

12‖〈[x, px]〉‖ =

~2