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Le Journal de Notre Amérique n°4

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Mai 2015

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  • SOMMAIRE

    L' EDITO du Journal de Notre AmriqueTARIK BOUAFIA & ALEX ANFRUNS

    SOMMET DES PEUPLES 2015- PANAMA

    Les Etats-Unis, plus isols que jamais en Amrique Latine INTERVIEW D'OLMEDO BELUCHE par TARIK BOUAFIA

    LES BREVES - LES MEDIAMENSONGES DU MOIS

    Venezuela : halte aux mensonges !FRANCOISE LOPEZ

    Un article dAgoravox soumis au dtecteur de manipulationpar JEAN ARAUD

    Survivre aux mdiamensonges RICHARD MOYA

    Le dcret d'Obama et la menace inhabituelle JUAN FRANCIA

    DOSSIER COLOMBIE Conflits dans l'actuelle conjoncture de paix

    HECTOR-LEON HERNANDEZ

    L' anantissement du mouvement paysan colombien JULIAN CORTES

    Le principal obstacle pour la paix en Colombie est lintrt go-stratgique des USA INTERVIEW D'ALBERTO PINZON SANCHEZ par ALEX ANFRUNS

    EXTRACTIVISME ET BIEN VIVRE Les Wayuu, une communaut sacrifie

    TARIK BOUAFIA

    Les impacts co-bio-politiques de l' extractivismeHORACIO MACHADO ARAOZ

    Les rvolutions citoyennes en Amrique latine

    FRANCOIS HOUTART

    DISCRIMINATIONS RACIALES AUX USASi Baltimore n'tait pas aux Etats-Unis...

    MANUEL YEPE

  • LEdito du Journal de Notre Amrique

    TARIK BOUAFIA & ALEX ANFRUNS

    2005 fut un tournant pour le continent latino-amricain. Au Sommet des Amriques MarDel Plata en Argentine, le projet du prsident tats-unien George W. Bush de crer unevaste zone de libre-change du Canada l'Argentine tomba l'eau grce notamment larsistance de pays comme le Venezuela d'Hugo Chavez ou l'Argentine de Nestor Kirchnermais aussi aux luttes des diffrents mouvements sociaux. Pour la premire fois depuis bienlongtemps, les tats-Unis se retrouvaient isols sur la scne continentale.

    Dix ans plus tard, lors du septime sommet des Amriques, le successeur de George Bush,Barack Obama, se retrouva lui aussi fortement isol. La raison? Le dcret qu'il avait signquelques jours plus tt et qui prsentait le Venezuela comme une menace rare etinhabituelle pour la scurit des tats-Unis. Ce dcret, considr par beaucoup commeune agression et une ingrence n'a fait que renforcer le soutien des Etats latino-amricains l'gard de Caracas et isoler encore un peu plus Washington...

    Pendant ce temps-l, la Rpublique de Cuba participait pour la premire fois au Sommetdes Amriques. Sa rintgration a t le fruit d'une lutte permanente mene par les pays dusous-continent.

    A quelques centaines de kilomtres de ce Cuba digne et rvolutionnaire se trouve un tat la politique et aux orientations totalement opposes. Ce pays, c'est la Colombie. Alors quede nombreuses nations sud-amricaines ont pris la voie de l'mancipation, du progressismeet de l'indpendance, la Colombie, de son ct semble s'tre fige. Le pillage desressources naturelles du pays par les multinationales occidentales ne cesse de crer misre,exode et mort. Les paysans sont chasss de leurs terres et ceux qui osent se rebeller sontsouvent assassins par les paramilitaires d'extrme droite. Pour les tats-Unis, Bogotreprsente un pilier essentiel dans sa qute d'hgmonie et de reconqute continentale.

    Mais Washington, au lieu de s'employer sans cesse donner des leons de morale tous lespays de la plante, ne devrait pas avant tout rgler ses propres problmes? Comment sefait-il que, dans ce pays dit des droits de l'homme et de la dmocratie, il ne se passe pasplus une semaine sans qu'un jeune noir se fasse assassiner par un policier blanc? CommentObama explique-t-il le fait que 40% des prisonniers aux Etats-Unis soient des afro-amricains alors que ces derniers ne reprsentent que 12% de la population totale du pays?

    Pendant qu'aux USA, le sort rserv aux noirs est la marginalit et l'exclusion, en Boliviepar exemple, les indiens, autrefois traits comme une race infrieure sont aujourd'hui lemoteur des transformations sociales qui secouent le pays. Cela, les mdias dominants nevous le diront jamais. Nous oui!

  • ENTRETIEN D' OLMEDO BELUCHE, Membre du Comit Organisateur du SOMMET DES PEUPLES, Panama, Avril 2015:

    Les Etats-Unis, plus isols que jamais enAmrique Latine

    Du 9 au 11 avril s' est tenu Panama le septime sommet des Amriques qui runiles dirigeants du continent amricain. Pour la premire fois depuis sa cration, laRpublique de Cuba y a particip. Paralllement, les organisations sociales,indignes, des droits de l'homme se sont retrouvs pour le sommet des Peuples. Denombreux thmes y ont t traits tel que le blocus conomique contre Cuba, ledcret imprial du prsident Obama contre le Venezuela ou encore l'invasion dont lePanama a t victime en 1989 par les Etats-Unis. Nous vous proposons icil'interview d'Olmedo Beluche notamment journaliste, sociologue et professeur l'universit de Panama qui revient sur le rle du sommet des Peuples et lesnombreuses luttes et revendications qu'ils porte. Entretien ralis par Tarik Bouafia

    Photo : Olmedo Beluche

    Tout dabord, quel est le but de laChambre des Peuples? Qui y participe,quels sont ses objectifs, son impact et lesthmes qui ont t abords lors du sommetqui sest droul Panama?

    Lobjectif de la Chambre des Peuples estdaborder les thmes qui ne sont pas auxprogrammes des sommets des chefs dEtats etdtablir une srie dexigences envers lesgouvernements.

    La Chambre des Peuples a pu compter sur laparticipation denviron 3000 dlgus, dont lamoiti tait des reprsentants de paystrangers provenant de presque tout le

    continent, mis part le Canada et quelquesles des Antilles, et reprsentant toutes lesmouvances sociales; cest ainsi que sesttenue avec succs la Chambre des Peuples quia sig durant 3 jours dans le grandamphithtre de lUniversit de Panama.

    Quinze ateliers se sont penchs sur la majoritdes thmes qui proccupent les peuplesdAmrique: lingrence politique delimprialisme nord-amricain dans la rgion,les politiques nolibrales et leursconsquences sur le droit un travail digne etsur la libert syndicale, le problme de lamigration et le traitement humanitaire quellerequiert, les extractions minires et lacatastrophe cologique qui en dcoule, lespeuples indignes et leurs droits, linvasionnord-amricaine Panama le 20 dcembre1989 et lexigence dexcuses de la partdObama envers les victimes, ladiscrimination des femmes et la question dugenre, notamment.

    Ce sommet a t marqu par deuxvnements importants: la participationhistorique de Cuba la Chambre desAmriques et le rejet du dcret annoncpar prsident Obama contre le Venezuela.Sur ces thmes, quelle fut la positionsoutenue par la Chambre des Peuples?Ces deux sujets ont pris une place importantelors des dbats: dun ct, le fait que Cuba, de

  • son propre chef et avec lappui solidaire delAmrique Latine et des Carabes, sans faillir ses principes et reprsente par sonprsident Raul Castro, participe pour lapremire fois en 50 ans une runion de laOEA. Cet vnement a t salu par tous lesdlgus la Chambre des Peuples qui ontrappel que le blocus contre Cuba se poursuitet exig sa leve immdiate. Dautre part, laChambre des Peuples, de mme que le 7mesommet des chefs dEtats amricains, aconcid avec la dcision dObama dedclarer le Venezuela menace contre lascurit nationale. Dcret que, pour unequestion de simple dignit, la majorit desgouvernements participants ont condamn,tout comme lont fait 11 millionsdentreprises qui se sont adresses aux Etats-Unis. Cette erreur de politique extrieuredObama contre le Venezuela a provoqu unefracture lors du sommet officiel et a empchcelui-ci daboutir une dclaration commune.Dclaration laquelle est parvenue laChambre des Peuples, ce dont nous nousflicitons.

    Beaucoup dorganisation panamennes ontprofit de ce sommet pour demander quejustice soit faite concernant linvasiontats-unienne de 1989. Pouvez-vous nousrappeler brivement les vnements et nousen dire un peu plus quant aux luttes de lasocit panamenne pour la reconnaissancede ce massacre made in USA?

    Commenons par rappeler que, dans le cadredu sommet, le prsident Nicolas Madurostait rendu au quartier dEl Chorrillo avec leComit des Familles de victimes du 20dcembre 1989. Depuis le massacre qui a eulieu il y a 25 ans, aucun prsident panamennavait t Chorrillo pour rendre hommageaux victimes des bombes nord-amricaines.En 1989, sous prtexte de renverser le gnralManuel A. Noriega, les Etats-Unis ont envahiPanama, faisant au moins 500 morts, 100disparus, 2000 blesss, laissant 20 000personnes la rue, particulirement Chorrillo, et entranant une perte de 4000millions de dollars pour lconomiepanamenne. Lors de ce sommet, le Comit

    de Familles a exig dObama quil exprimedes excuses historiques pour ces crimes etquil sengage la rparation conomique desdommages matriels.

    Beaucoup danalystes mettent en videncelisolement grandissant des Etats-Unis enAmrique latine. Daprs vous, quiconnaissez bien la situation latino-amricaine, quoi peut-on attribuer cela?Et comment voyez-vous les relations entreles US et le continent latino-amricain?Les Etats-Unis sont de plus en plus isolsparce que leur interventionnisme rampant etleur imprialisme conomique sont de plus enplus vidents. Les peuples se sont dressscontre le modle nolibral qui les aappauvris et contre les pseudo-dmocratiesoligarchiques, tous deux impulss par lapolitique extrieure nord-amricaine. Ceci adonn lieu lmergence de gouvernementsindpendants de la tutelle yankee, commecelui de lALBA, et quelques autresprogressistes qui sont en forte contradictionavec Washington et qui sortent galement ducadre impos par le Nord. Si les processus demobilisation de masses se poursuivent, latendance politique en faveur de la gauche serade plus en plus grande. Si, comme lesprentles Etats-Unis, des coups dEtats permettantdinstaller la droite au pouvoir ont lieu, par laforce ou de manire plus subtile, lasoumission aux dictats de lempire rgnera denouveau.

    Pour terminer, quel est le bilan du Sommetdes Peuples, qui existe maintenant depuis10 ans? Quels objectifs ont t atteints etquels sont les dfis venir, les espoirs pourle futur?Le Sommet des Peuples dil y a 10 ans,prsid par Hugo Chavez et Evo Morales, apermis la dfaite de lintgration conomiqueimpose par les Etats-Unis, appele Aire delibre commerce des Amriques , et ouvert lavoie un nouveau modle dintgration, plussolidaire et souverain, lAlliance boliviennedes Amriques (ALBA). Cette victoire futcomplte lors de la rintgration de Cuba lOEA et la fin de lisolement impos par lesEtats-Unis en 1962.

  • BREVES

    ARGENTINE

    CRISTINA KIRCHNER EN RUSSIE

    La Prsidente argentine, Cristina Fernandezde Kirchner, s'est rendue en Russie le 21avril dernier pour rencontrer son homologuerusse, Vladimir Poutine. Les deux pays ontsigns des accords dans les domaines delnergie nuclaire, du commerce et de lacoopration conomique. De plus, un Foruma runi des chefs d'entreprises et desinvestisseurs russes et argentins.

    Enfin, la Prsidente argentine a remerci lePrsident russe pour son soutien au sujet desIles Malouines et des Fonds Vautours.

    Le resserrement des relations russo-argentines est le symbole de la placegrandissante qu'est en train de prendreMoscou en Amrique Latine. Car, au-del del'Argentine, c'est tout le continent latino-amricain qui accrot ses relations avec laRussie, notamment le Venezuela et laBolivie.

    VENEZUELA

    LES MANOEUVRES DU ROYAUMEESPAGNOL A L'EGARD DE LA

    REPUBLIQUE BOLIVARIENNE DUVENEZUELA

    Le prsident vnzulien Nicolas Maduro aaccus l'Espagne d'tre derrire les tentativesde coup dtat au Venezuela. Le dirigeantbolivarien a accus le premier ministreespagnol Mariano Rajoy de vouloir cacherles problmes internes de l'Espagne enparlant mal des russites de la RvolutionBolivarienne. Il a ajout qu'il ne permettra aucun gouvernement du monde des'attaquer au Venezuela.

    CHILI

    LA REPRESSION CONTRE LEMOUVEMENT ETUDIANT

    Sous la devise Que le Chili dcide de sonducation, les tudiants chiliens sontdescendus dans la rue le 16 avril dernierpour exiger une ducation gratuite et dequalit. Pour Valentina Saavedra, une desporte-parole du mouvement, il estncessaire dassurer une ducationpublique, une reconstruction du systmeducatif et un changement pour tous lesChiliens. Nanmoins cette manifestation at durement rprime par les forces del'ordre, comme cest souvent le cas au Chili.

    LE ROLE HISTORIQUEDES MEDIAS ET DU VATICAN DANS

    LA DICTATURE DE PINOCHET

    Le collge des journalistes chiliens a dcidd'exclure Agustin Edwards, propritaire dujournal El Mercurio. Ce dernier est accusd'avoir particip travers son journal aucoup dtat contre Salvador Allende etd'avoir lgitim et appuy la dictature dugnral Augusto Pinochet.

    ************

    Wikileaks a rvl que le Vatican avaitcollabor avec les tats-Unis en soutenant lecoup dtat d'Augusto Pinochet. Les cblespublis ont dvoil les efforts particuliers deGiovanni Benelli, lpoque principalcollaborateur du pape Paul VI, pour dfendrele rgime militaire chilien et cacher larpression exerce par la dictature. Ce n'estpas la premire fois que lglise est accusede soutenir des rgimes militaires enAmrique Latine. En Argentine par exemple,lglise catholique a ouvertement apportson soutien la sanglante dictature qui durasept ans, de 1976 1983.

  • Les MEDIAMENSONGES du mois

    Venezuela, Halte aux mensonges! Par Franoise Lopez

    Comme toute l'Amrique Latine, le Venezuela a longtemps t sous la coupe desEtats-Unis, les coups d'Etat y taient frquents et les dictatures se succdaient elles-mmes. Mais avec l'lection d'Hugo Chavez, en 1998, tout change. Le paysrinvente sa souverainet et rcupre ses ressources naturelles. Le ptrole n'estplus proprit des transnationales trangres qui ne paient pas d'impts mais sert financer les missions sociales destines aux plus dmunis.

    Ds lors les Etats-Unis entrent en campagne. Chavez est qualifi de "dictateur" quand bien mme ateneur de la Constitution Bolivarienne dmontre le contraire, un coup d'Etat est foment contre luidont il sortira vivant non par miracle mais grce au peuple vnzulien. Un chec retentissant, donc.Suivront le coup d'Etat ptrolier, les violences perptres par la droite vnzulienne partir defvrier 2014, la guerre conomique, une campagne mdiatique de discrdit dans tous les grandsmdias qui, ne avec le triomphe de Chavez, n'a toujours pas cess. Une suite d'checs. Mme lasignature par Barack Obama d'un dcret qualifiant le Venezuela de "menace extraordinaire etinhabituelle pour la scurit et la politique extrieure" des Etats-Unis a fait chou blanc et renforc lasolidarit internationale envers le Venezuela.

    Parce que le gouvernement de Nicolas Maduro a toujours su, dans le cadre de la Constitution dupays et de la dmocratie, trouver une rponse juste et mesure toutes les attaques mais lacampagne mdiatique possde une autre dangerosit car elle agit sur les esprits. Il s'agit depersuader l'opinion publique internationale qu'une intervention arme est ncessaire et le Venezueladeviendra une autre Syrie, un autre Irak ou une autre Libye... dans l'indiffrence gnrale.

    Il n'en est pas question. La Rvolution Bolivarienne est un espoir immense pour le monde, passeulement pour l'Amrique Latine. La vrit sur ce qui se droule au Venezuela est connue, en toutcas certains la connaissent mais les grands mdias ont choisi de la cacher parce qu'elle ne sert pasleurs intrts. Nous devons tout faire pour que tout le monde y ait accs. C'est pourquoi la campagneLa vrit du Venezuela a t mise en place. Elle regroupe des journalistes, des webmestres desites, des associations, qui se sont engags diffuser chaque mois des textes qui informentrellement sur la situation et les vnements qui se droulent au Venezuela. Consultez-les et diffusezautour de vous les informations que vous y aurez trouves, c'est ce que nous pouvons faire de plusefficace pour que vive le Venezuela bolivarien.

    Dcouvrez le site CUBA SI PROVENCE

    Liens : LA VERITE DU VENEZUELA I, II, III

  • Un article d'Agoravox soumis au dtecteur de manipulationpar Jean Araud

    depuis Caracas pour le Journal de Notre Amrique

    Franco-Vnzulien rsidant au Venezuela depuis des dcennies, je reois frquemment des mailsde mes amis europens, du genre : Je te transmets cet article. Toi qui habites l-bas, pourrais-tume dire si c'est la ralit ou encore une fois la diabolisation du Venezuela ? .En ralit, cette raction face aux mdias n'est pas exclusive des lecteurs europens. Au mois dejuin de l'anne dernire, la clbre Gallup publia les rsultats d'une enqute qui a mis en vidence lefait que la plupart des Etats-uniens se mfiaient de leurs mdias, leur confiance atteignant un niveauhistoriquement bas.Seuls 18% des enquts montrrent une confiance dans ce qui est diffus dans les journaux, lesnouvelles la radio ou les journaux tlviss ; et beaucoup cherchaient s'informer sur Internet, cequi, bien videmment, ne veut pas dire que tout ce qui est publi sur internet soit considr commefiable. Aussi l'enqute Gallup mesura la confiance des Etats-uniens par rapport leurs institutions etil faut dire que les pourcentages baissent en flche de faon dramatique, que ce soit concernant laPrsidence (29%) comme sur le Congrs (7%).Eh bien, sans plus de prambule, revenons sur l'article publi sur Agora Vox et sign par ... unecaricature de Morice. On peut donc supposer qu'il s'agit d'un monsieur X, alias Morice. De faongnrale il est bien plus agrable d'identifier l'auteur de l'article qu'on voudrait commenter, mais tantpis, nous devrons nous contenter de l'appeler Alias Morice.

    Cette fois-ci, je reus l'article suivant, publi le 10 avril. Voici donc l'entte :

  • Bien sr, cela minterpella fortement de voir d'emble une carte du Venezuela avec ce titrealarmant : les routes de la cocane au Venezuela.

    Alors jai attaqu la lecture, mais j'ai rapidement eu la tentation d'appeler un service d'assistance,car jai eu limpression dhalluciner et, comme je ne consommais pas de stupfiants, je medemandais si je n'avais pas t drogu mon insu.

    Dans un article destin aborder le sujet du narcotrafic, l'introduction crite par Alias Morice cite leVenezuela plus de treize fois et illustre le trafic de drogue mondial avec une carte du Venezuela. Jeconclus que je ne souffrais pas d'hallucinations et que c'tait peut-tre l'auteur qui avait fum lamoquette... moins que ses intentions journalistiques se trouvaient ailleurs, pour rpondre Dieusait quels autres objectifs cachs. Au fur et mesure que je continuais la lecture du texte d'AliasMorice commencrent enfin apparatre quelques autres explications, telles que les banques quiblanchissent de l'argent, des chefs d'Etat et leurs familles en Colombie, les cartels de la drogue, lesjuges confronts la mafia, la cocane colombienne achemine vers le march des tats-Unis, despays comme le Mexique, la Rpublique Dominicaine, Hati, le Honduras, le Guatemala, le CostaRica ou Belize, avec, pour chacun, leur lot de corruption des hommes politiques.Tout cela est galement illustr par Alias Morice avec des cas notoires d'avionnettes et de naviresintercepts avec les moindres dtailles sur les dates, lieux, noms des navires, types d'avions etnumros d'immatriculation.

    A l'vidence, Alias Morice dispose de quelques bonnes sources, telles les enqutes de la DEA,l'Agence Anti Drogue tats-unienne. Il finit mme par affirmer que la Colombie, avec l'aide destats-Unis, a commenc resserrer la surveillance de son espace arien.

    Avec son introduction et sa carte de prsentation, la soupe ta t servie par Alias Morice. Il s'agitbel et bien de diaboliser le Venezuela, et dadresser par la mme occasion quelques commentaireshostiles envers son confrre europen, le journaliste Michel Collon, dont les points de vue sur le

  • Venezuela diffrent des siens. Peut-tre que lui, il connat vraiment ce pays et son peuple. Le coupsemblerait avoir russi. Bon, peut-tre pas tout fait lorsqu'on constate que 79% des lecteursdsapprouvent cet article. Puisque le sujet avait l'air d'tre srieux, j'ai poursuivi la lecture jusqu'audernier mot de la dernire phrase d'Alias Morice pour dcouvrir si quelque chose de positif avait tdit propos du Venezuela. Surprise ? ... Nada ! Niente! Walou ! ...

    Seulement un pays de routes de cocane destine une distribution mondiale avec un gouvernementcomme l'un des principaux bnficiaires du narcotrafic. C'est donc sans surprise qu'on dcouvre latentative d'associer le Prsident Chavez ce scnario, au moyen d'allusions ses changes avecManuel Marulanda, le chef de la gurilla colombienne FARC-EP (Fuerzas ArmadasRevolucionarias, Ejercito del Pueblo) selon ce qui fut rvl par les disques durs de l'ordinateurde ... Paul Reyes. Non, c'tait Raul en fait.

    Alors, inquiet par cette description alarmante du pays dans lequel je vis, je dcidai d'investiguer moiaussi afin d'offrir cet Alias Morice quelques informations supplmentaires.

    D'abord, commenons par clarifier les choses. Le narcotrafic est un flau au Venezuela, sans doute !Et dans ce monde globalis ce flau-l concerne aussi, malheureusement, de nombreuses nations. Ily aurait au Venezuela quelques trafiquants et corrompus. On est d'accord ! Nous le savons tous,comme nous savons qu'il y en a l'chelle mondiale et que peu de nations peuvent prtendre lecontraire. N'est-ce pas ? Mais il y a galement ceux qui luttent contre ce flau, contre les trafiquantset les corrompus, mais il parat que ceux-l ne mritent pas la moindre attention de la part d'AliasMorice. Eh bien, maintenant nous allons en parler. Alias Morice, prends-en note !

    Venezuela et le trafic de drogue: un pays victime, carte en main

    La carte du Venezuela sur la une de l'article d'Alias Morice mrite une vision un peu plus largie afin de couvrir l'ensemble du continent amricain et pouvoir situer gographiquement qui est qui dans cette histoire. C'est ainsi que vous verrez qu'au nord de l'Amrique se trouvent...les tats-Unis d'Amrique, le pays qui consomme le plus de drogue dans le monde. Non, ce n'est pas nous qui le disons. Cela fut rvl par les Nations Unies dans son rapport annuel de 2011, o elle affirme que les Etats-Unis sont en tte de la liste des pays consommateurs de drogue dans le monde entier, selonune tude de l'Organe international de contrle des stupfiants (Junta Internacional de Fiscalizacin de Estupefacientes, JIFE). Dans cette tude, l'accent est mis sur le fait que les Etats-uniens consomment annuellement entre 150 et 160 tonnes de cocane, et que le 90% de cette drogue parvient aux Etats-Unis aprs tre passe par le Mexique et d'autres pays d'Amrique centrale.

    Cependant, les Etats-Unis ont le culot de publier chaque anne, travers leur Dpartement d'Etat,une liste de disqualification des 22 pays o le trafic de drogue et le blanchiment d'argent sont lesplus levs. Fait intressant, parmi les premiers accuss se trouve le Venezuela. Est-ce parce queWashington aime l'ide dradiquer le gouvernement socialiste afin de s'approprier leshydrocarbures de notre pays ?

    Vous verrez aussi qu'au nord-ouest de l'Amrique du Sud se trouve la Colombie, considre commel'un des plus grands producteurs de drogue dans le monde. Vous constaterez donc que la Colombiepartage sa frontire avec le Venezuela, une nation qui se trouve presque au milieu d'une lignedirecte imaginaire entre la Colombie et les Etats-Unis. Sachant que le Venezuela nest pas un paysproducteur de drogue, que la Colombie est l'un des plus grands producteurs et que les tats-Unissont le plus grand consommateur, ce n'est pas ncessaire d'tre un gnie pour se rendre compte decombien il est facile que le Venezuela subisse les claboussures nfastes des narcotrafiquants et deleurs partenaires corrompus. L'on trouvera, malheureusement, et de faon invitable, desconsommateurs parmi la population la plus vulnrable.

  • Lutte contre le narcotrafic au VenezuelaQuelques images du travail quotidien des forces de scurit de l'Etat

    Mars-Avril 2015

  • DEA, Colombie, Etats-Unis et les disqualifications

    Alias Morice nous prsente donc cette analyse simpliste du duo Colombie-DEA, le DrugEnforcement Agency : la Colombie, avec l'aide des tats-Unis, aurait commenc resserrer lasurveillance de son espace arien.Il fait probablement rfrence aux sept bases militaires que les Etats-Unis possde en territoirecolombien, mme si, lorsqu'on prend la peine d'analyser leurs armes et troupes, on constate quellesne semblent pas les plus appropries pour la surveillance et la lutte contre le narcotrafic.

    La vrit est tout autre. La vrit est que, pour que les Etats-Unis puissent contrler le Venezuela, ilsont besoin d'occuper militairement la Colombie. Et ce n'est pas non plus nous qui le disons. Cela futdclar par Paul Coverdall, snateur rpublicain, en tant que premier porte-parole du PlanColombie, au Snat des tats-Unis en 1998. Aujourd'hui, depuis ses bases militaires en Colombie,les Etats-Unis ralisent ou soutiennent des activits subversives au Venezuela, en Equateur, enBolivie et au Nicaragua. Par contre, ils ont chou contrler les FARC-EP, et encore moins rduire la production et la distribution de drogue.

    Ils ont galement chou contrler les ftes des agents de la DEA dans les btiments publics avecdes prostitues pays avec l'argent des cartels de la drogue colombiens. Ce scandale eut une telleampleur qu'il provoqua la dmission de Michele Leonhart, la directrice de la DEA. La raison : lemanque d'thique de ses agents. Le scandale atteignit son point culminant lorsque les agents desservices secrets d'Obama en personne furent les acteurs d'vnements similaires Cartagena deIndias, lors de la prparation du Sommet des Amriques en 2012.

    Lanne dernire, malgr la clbre liste annuelle des tats-Unis pour discrditer les nations propos des drogues, l'Organisation des tats amricains (OEA) souligna l'efficacit dugouvernement vnzulien dans ses efforts pour arrter ce flau. L'ambassadeur du Venezuela l'OEA, Roy Chaderton, rejeta la disqualification des Etats-Unis sous le prtexte des drogues et legouvernement vnzulien dut mettre un communiqu dclarant que Nous n'accepterons pas queles tats-Unis aient l'intention d'utiliser la lutte contre le narcotrafic comme un mcanisme dedomination et violation de la souverainet de notre pays .

    Chavez, DEA et Uribe

    Dans sa tentative de reprsenter le Venezuela via les FARC-EP, Alias Morice a essay de mettreChavez sur la scne. Mais il mentionne galement l'ancien prsident colombien Uribe et sa famille,sans vouloir dvelopper le ct le plus sombre de ce personnage, savoir la relation d'Uribe avecles paramilitaires et leurs infiltrations actuelles au Venezuela.

    Dans un pass pas si lointain que cela, Washington tenta galement de lier le prsident Chavez avecle terrorisme, le narcotrafic, et bien sr de disqualifier son mandat sous l'appellation de "dictature",et en lui prtant toutes les mchancets que l'on puisse imaginer.

    Cependant, et malgr cette "telenovela" impressionnante, la seule chose concrte et officielle quirestera dans les annales du DEA sera le dossier N82 contre Alvaro Uribe, un fichier issu desservices de renseignements des Etats-Unis, qui l'accuse de narcotrafic et blanchiment d'argent.

  • Washington, D.C., 1 August 2004 L'ancien snateur et actuel prsident de la Colombie, Alvaro Uribe tait unami proche de Pablo Escobar. Uribe s'occupait d'tablir un partenariat entre lecartel [de la drogue] de Medellin et les hauts officiers du gouvernement [legouvernement colombien de l'poque], selon des sources de l'agence derenseignement des Etats-Unis et de l'agence DIA [rdigs] par des officiersen Colombie.

    Fin de la 1re partie

    ... suivre dans le Journal de Notre Amrique n5

  • Comment survivre aux mdiamensongespar Richard Moya,

    depuis Caracas pour le Journal de Notre Amrique

    La rvolution bolivarienne connat ce que certains ont appel une guerremdiatique, consquence du fait que les grands mdias privs russirent remplacer les partis politiques de l'opposition et se placrent la tte d'unepolitique qui dfend des intrts purement marchands et imprialistes. Bref, lesgrands mdias ont marqu l'agenda politique au Venezuela en provoquant lemcontentement populaire au moyen d'une propagande anti gouvernementale quicible Nicolas Maduro, en dfendant comme flambeau existentiel lenolibralisme conomique et en plaant le march au-dessus de la souverainetnationale, y compris de l'humanit. Aujourd'hui, ces mdias comptent sur latechnologie de pointe, qu'ils utilisent pour sduire les consommateurs en lesfaisant mordre l'hameon d'une information base sur la spculation,l'exploitation et la marchandisation.

    En 2014, le journaliste et crivain uruguayen Eduardo Galeano, s'exprima propos de lalibert d'expression au Venezuela, dans le forum de communication Le Venezuela, on lerespecte . Il offrit son point de vue avec une dose d'humour noir: "vous ouvrez un journalquelconque et lisez ici il n'y a pas de libert d'expression. Vous allumez une radio et coutez :ici il n'y a pas de libert d'expression. Vous allumez la tl, et l'on dit: ici il n'y a pas de libertd'expression".

    L'crivain voulait certainement dire qu'il y a un divorce entre la ralit virtuelle et lavraie ralit. S'il n'y avait pas de libert d'expression au Venezuela, il serait difficile, voireimpossible, d'y trouver ces grands titres et ces commentaires qui s'chinent dlgitimer etdisqualifier le Prsident et son quipe de gouvernement. Les grands titres font usage detechniques informatives et de manuvres mdiatiques qui consistent : rpter des mensonges,divulguer des agendas politiques, fausser des chiffres, diffuser de la propagande nocive. Leursstratgies de contamination de lopinion publique, de disqualification des adversaires, defalsification ou de dcontextualisation des faits, de construction de modes de pense, ne sontdtectes que par des spcialistes de la communication. Les mdias ont une ide pour le moinsparticulire de la libert d'expression lorsquils transmettent des informations biaises tout ense prsentant comme neutres et se rendent coupables dexercer un journalisme socialementirresponsable.

    Trop souvent, les rdacteurs en chef choisissent de prsenter un fait de faon exagre pourattirer lattention et veiller un intrt morbide travers le sensationnalisme. Cela faisant, ilsrefusent de penser aux effets psychologiques et moraux que ces dformations entranent dans lapopulation. De nombreux mdias trangers et nationaux consacrent leurs efforts porter aux nuesles analystes qui prcdemment diabolisaient le Commandante Eterno Hugo Chavez. Ces mmesanalystes diabolisent aujourdhui le prsident Nicolas Maduro travers des campagnesmdiatiques soigneusement conues partir de plusieurs principes rcurrents. Afin de discrditeret de saper les fondements de ladministration du prsident Nicolas Maduro, les entreprisesprives cherchent en effet semer la confusion et nourrir le mcontentement populaire.Mprisant les acteurs politiques officiels, elles prsentent et assurent la promotion dopposants etgnrent ainsi un dsquilibre informatif qui bnficie toujours l'opposition.

  • Dans un texte de la collection La Batalla de las ideas (2006) , les crivains Iraida Vargas etMario Sanoja le confirment: Le but des mdias est de perturber l'esprit des citoyens pour induireune image absurde et dissocie de la ralit concrte selon laquelle Nicolas Maduro serait undirigeant illgitime et eux, les escualidos (l'opposition), les seuls citoyens capables de prendredes dcisions politiques. Cest une ralit aline" .

    Faut-il rappeler qu'en plein XXIme sicle, des plans interventionnistes sont toujours mis enuvre travers diffrentes techniques bases sur la dsinformation, de fausses reprsentations etla manipulation des mdias au Venezuela et en Amrique latine. En quateur, nous avons puconstater comment le journal El Universo persiste calomnier le prsident Rafael Correa. EnBolivie, d'autres mdias attaquent sans relche le prsident Evo Morales, avec des insultesracistes lui reprochant son indianit . Nous pouvons galement rappeler le cas du Chili avec lerenversement du prsident Allende en 1973 et la participation de la Socit inter-amricaine de lapresse (SIP) travers le journal El Mercurio, dont le propritaire, au service de la SIP, dforma,manipula et calomnia Salvador Allende. Force est de constater que la SIP ne regroupe pas des journalistes, ni des travailleurs annexes,mais bien les propritaires des journaux garants des intrts des milliardaires tats-uniens quitirent leurs bnfices de lexploitation des ressources latino-amricaines via leurs entreprisestransnationales. En effet, cette organisation fut cre avec pour seul but celui de dfendre lesintrts conomiques et politiques des propritaires des mdias imprims. Et il faut rappeler que,par son interventionnisme, ses messages subliminaux et son entreprise dalination, cetteinstitution a provoqu au Venezuela des dommages politiques, conomiques et sociauxconsidrables au sein de la population.

    Souvenons-nous que certains mdias reprirent dans leurs journaux le coup dtat rat du 11avril 2002, fournissant ainsi la preuve que le plan d'ingrence et de dstabilisation du pays faisaitpartie des objectifs de la SIP. Aujourd'hui, la thmatique des coups dtat continue tre abordede faon subtile au sein des mdias privs lorsque ceux-ci voquent la possibilit dun nouveaucoup dtat contre le prsident Maduro, travers les propositions de l'opposition vnzulienne.Comme le 19 fvrier dernier, lorsquun suppos accord pour la transition fut prsent avec lesoutien de plusieurs journaux de l'opposition. Cela fut une preuve supplmentaire du planinterventionniste des USA dans la Rpublique Bolivarienne du Venezuela.de loi sur le travail dela communication sera approuv par l'Assemble Nationale de ltat Venezuelien. Dans lecontexte des productions informatives actuelles, qui favorisent l'alination et les manipulationsmdiatiques, il est absolument ncessaire que cette question soit aborde l'Assemble pour quela discussion du projet de loi permette de faire merger une initiative capable de grer lesnouvelles politiques en matire de communication.

  • Le 9 mars dernier, le prsident des Etats-Unis,Barack Obama, a qualifi le Venezuela d'unemenace inhabituelle et extraordinaire pour lascurit nationale de son pays. Cettedclaration fut prcde de 148 autresdclarations ou communiques du gouvernementdes Etats-Unis contre le gouvernement duVenezuela, depuis le dbut du mois de fvrierbattant ainsi tous les records dingrenceamricaine contre le Venezuela pour l'anne2014, en moins de 40 jours.

    Noam Chomsky pense que la politique trangredes Etats-Unis fonctionne sur base de deuxprincipes :

    - garantir la libert d'exploiter et de voler les ressources des pays du Tiers-Mondeau bnfice des entreprisestasuniennes;

    - mettre en place un systme idologique quiassure que la population se maintiennepassive, ignorante, apathique et quigarantit qu'aucun de ces thmes ne soitcompris par les classes duques.

    Au vu de ces principes, on comprend le dgotde llite qui dirige les Etats-Unis envers lesgouvernements chavistes du Venezuela. Mais ilfaut contextualiser au regard de l'histoirecontemporaine lobsession des tats-Unis enversle Venezuela. A la fin de la deuxime guerremondiale, les Etats-Unis assument le rled'empire l'chelle globale avec pour cobaye laGrce, premire victime d'une liste qui continuede stendre de nos jours.

    Le pays hellne avait eu une rsistance armeimportante contre l'invasion nazie allemande;aprs la capitulation des Germains pendant ladeuxime guerre mondiale, les forces armesrsistantes, ayant connu une influence socialisteet communiste, refusrent d'accepter la tutelleanglo-amricaine sur le pays. Une guerre civileexplosa en 1947, dans laquelle les Etats-Unissont intervenus en appliquant des politiquescontre-rvolutionnaires, et ceci au nom de ladoctrine Truman. Le secrtaire d'Etat nord-amricain, Dean Acheson tait la personnecharge de convaincre le Congrs de soutenirune intervention en Grce argumentant: commedes pommes dans un tonneau infect par uneseule pomme pourrie, la corruption en Grceinfectera l'Iran et tout le territoire oriental, etstendrait aussi l'Italie et la France quipossdaient de grands partis communistes.

    La rbellion grecque fut touffe volontairementau moyen de la torture, de l'exil politique et de ladestruction des syndicats. Dornavant, les Etats-Unis, l'aide d'interventions directes ouindirectes, appliqueront la politique contre-rvolutionnaire dans le monde entier avec ladfense des liberts et droits humains commecredo. Ils sont donc intervenus de cette manireen Core, aux Philippines, en Thalande, enIndochine, en Colombie, au Venezuela, auPanama, au Guatemala, au Brsil, au Chili, enArgentine et dans une longue liste de pays queles Etats-Unis inondrent avec une rivire desang pour maintenir cette disparit lintrieurdu pouvoir mondial si chre a George Kennan.

    Le dcret d'Obama et la menace inhabituelle duVenezuela

    par JUAN FRANCIA pour le Journal Nuestra Amrica, Caracas, Venezuela

    Depuis la fin de la deuxime guerre mondiale, une super puissance est apparuesur la plante, que lhumanit n'avait jamais connue auparavant: Nouspossdons environ 50% de la richesse mondiale avec seulement 6,3% de lapopulation. Notre objectif principal dans cette poque venir est de crer unsystme de relations qui nous permettra de maintenir cette situation dingalitsans porter atteinte notre scurit nationale, George Kennan, chef dtat-major de planification stratgique au dpartement d'Etat des Etats-Unis, le 23fvrier 1948.

  • La menace que reprsente le Venezuela pour lesEtats-Unis est de ce type, la pomme pourriequi peut infecter les autres rgions. En fait, ilexiste plusieurs pommes du tonneau latino-amricain qui ont dj t infectes dediffrentes manires: le Brsil, l'Argentine, laBolivie, l'Equateur, le Nicaragua, l'Uruguay oule Salvador connaissent pour le moment desexpriences dindpendance politique etconomique majeure envers les Etats-Unis. Lamenace vnzulienne est reprsente parl'exemple dangereux que sont les politiquesutilisant leurs propres ressources pour amlioreret lever la qualit de vie des citoyens,rcemment la secrtaire excutive de lacommission conomique pour lAmriqueLatine et les Carabes (CEPAL), Alicia Barcena,a indiqu que le Venezuela est un des pays ou lapauvret, la pauvret extreme et lingalit ont leplus diminu. Sans nul doute, c'est l'exemple queles Etats-Unis combattent dans la rgion et dansle monde car les ressources destines lapopulation native du Venezuela sont celles quene percevront pas les multinationales nord-amricaines.

    Maintenant, il existe un fait aggravant, que laGrce soit une autre fois infecte commel'atteste le triomphe lectoral de SYRIZA.L'Espagne pourrait tre la prochaine entrer enquarantaine si PODEMOS triomphait auxprochaines lections gnrales. Le panoramapolitique europen a augment lhystrie dellite nord-amricaine et de ses associseuropens qui luttent par tous les moyens pourque l'exemple chaviste n'affecte pas non plus lesud de l'Europe, ce qui convertirait le cauchemarde l'ancien Secrtaire d'Etat Dean Acheson, enralit.

    L'empire applique une politique sanitaire enAmrique Latine, ou le manu militari et lescoups-d'Etat cherchent discipliner la rgion et contenir voir, liminer le virus chaviste.Ainsi, nous pouvons constater la ractivation, en2008, aprs 68 ans dinactivit, de la flotte IVqui cible a nouveau les ressources militairesamricaines vers les Carabes et lAmrique duSud; le coup d'Etat contre le prsident ManuelZelaya du Honduras en 2009, les nouvellesbases militaires en Colombie la mme anne et

    le coup-d'Etat contre Fernando Lugo duParaguay en 2012. On peut y ajouter lestentatives avortes de faire tomber lesgouvernements du prsident vnzulien HugoChavez en 2002, d'Evo Morales de Bolivie en2008, de Rafael Correa d'Equateur en 2010 et deNicolas Maduro du Venezuela en 2014.

    Dans ce mme sens, on peut apprcier lestentatives actuelles de saboter ou de faire tomberles gouvernement de Cristina Fernandez deKirchner, d'abord avec l'attaque des fonds-vautours lanne passe et ensuite avec ladnonciation infonde du Procureur de laRpublique, Alberto Nisman en janvier 2015,Procureur qui recevait des instructions depuisl'ambassade des Etats-Unis Buenos Aires,selon les rvlations des sources infiltres parWikileaks. La prsidente du Brsil n'a pas tpargne non plus, victime d'attaques traversdu cas trs mdiatis de PETROBRAS ou de latentative de jugement politique au Parlement.

    Un fait souligner, les gouvernement les plusassigs aujourd'hui par la politique extrieureamricaine, les ONG et les mdias qui lareprsentent sont ceux qui enregistrent le plusd'investissements venant de Chine en AmriqueLatine: Argentine, Brsil et Venezuela. LesEtats-Unis, depuis 1823 jusqu ce jour et aprsavoir formalis la doctrine Monroe delAmrique aux Amricains ont toujoursconcentr leurs efforts sur llimination de leursconcurrents europens du continent ( cettepoque la Chine ntait pas considre commeune concurrente) et sur l'appropriation desrichesses de ses voisins, au sud du fleuve Bravo.

    L'offensive impriale contre la rgion et contrele Venezuela en particulier est explique par lefait que le chavisme soit rest l'avant-garde dela rvolution en Amrique Latine et enopposition la doctrine Monroe (sans oublier larvolution cubaine). C'est prcisment pour celaqu'il est peu probable de rencontrer une solutiondialogue aux diffrences entre lesgouvernements de Barack Obama et de NicolasMaduro, les Etats-Unis n'accepteront pas unVenezuela indpendant, car cela impliquerait derenoncer leur projet hgmonique et mondial.

  • Le conflit, terme qui a t diabolis sous ceslatitudes en raison de la guerre et de la violencequi durent depuis si longtemps, est de factol'unique espoir de changement. Nous ne parlonspas ici de conflit arm mais de conflit social: lalutte pour le pouvoir et les maigres ressourcesentre le dveloppement l'occidentale et lesformes de vie diffrentes que rclament lespopulations au niveau territorial.

    D'un ct, les luttes des paysans et des indignespour la dfense de leurs droits une terre qu'ilshabitent et qu'ils travaillent jour aprs jour et, del'autre, les intrts des transnationales dansl'extraction des ressources et pour leurs intrtsprivs, avec l'appui des gouvernements et desforces publiques qui menacent constammentl'autonomie des peuples et leur capacit dedcider de leur propre destin.

    Contrairement ce que beaucoup pensent, lapaix ne devrait pas tre synonyme derevendications, encore moins de passivit nid'acceptation des injustices dcoulant desintrts privs protgs par les gouvernements etla force publique; la paix serait pacification .La paix serait le changement, la transformationsociale et politique, le militantisme actif et ladnonciation de la corruption. Il doit en treainsi galement pour la conqute et lareconfiguration du pouvoir ainsi que pourl'attnuation des antagonismes, qui, du fait de laguerre et des compromis, ont t criminaliss,voire extermins en Colombie.

    Hctor Len Hernndez comomie agrcole en danger.Tasco Boyac, mars 2015.

    Piedras pour la voie lgale

    la mi-2013, Tolima, la municipalit dePiedras, dcida, par consultation populaire, dedfendre sa souverainet. 98% des habitantsdirent non aux oprations aurifres del'Anglogold Ashanti sur le territoire municipalafin d'viter la contamination des sources d'eauutilises pour les activits agricoles. Voici unexemple des bulletins de vote1:

    1 Organisation lectorale Registre National de

    l'tat Civil Votations du 28 juillet En tantqu'habitant de la municipalit de Piedras Tolima, tes-vous d'accord que se ralisent sur notre juridiction desactivits d'exploration, d'exploitation minire aurifre grande chelle, le stockage et l'emploi de matriaux nocifspour la sant et le milieu ambiant, et spcifiquement lecyanure et/ou toute autre substance ou matriel dangereuxassoci aux activits susmentionnes, ainsi quel'utilisation des eaux superficielles et souterraines de notremunicipalit pour le dveloppement de lindustrie ou detout autre projet de nature similaire qui pourrait affecteret/ou limiter l'approvisionnement en eau potable pour laconsommation humaine ou destine la production

    DOSSIER COLOMBIE Conflits dans l'actuelle conjoncture de paix

    par Hctor-Len Hernndez, pour le journal Nuestra Amrica, Bogot, Colombie

    Dans la conjoncture actuelle qui devrait favoriser le dveloppement dun discours depaix, principalement pour sensibiliser une population colombienne gnralementapathique face au conflit arm que subit le monde rural, mergent en ce momentdiffrents conflits qui sont autant de moteurs de changement.

  • Immdiatement, le gouvernement national etl'entreprise transnationale rpondirent enargumentant que, selon la constitution et la loi,seul le gouvernement avait la comptence dedcider de la politique minire dans tout le pays,mprisant ainsi la volont claire et nette de lapopulation.

    Tasco dsobit aux lois injustes:stratgies de rsistance

    Contrairement la situation de Piedras, Tasco(Boyac), les habitants n'ont pas eu la possibilitde dcider dans les urnes du futur de leurterritoire. Leur lutte durant des annes contrel'exploitation du sous-sol par la transnationaleHunza Coal sur le plateau nu de Pisba lesconduisit, en fvrier 2013, bloquer leschemins, empchant ainsi linstallation del'quipement de la compagnie, et rsistercontre la force publique complice du projet. Lesautorits dpartementales, telle celle deCorpoboyac, gardrent le silence tandis que desONGs comme Greenpeace alertrent sur lesdommages causs aux sources aquifres sur leplateau et sur les prjudices qui en dcouleraientpour l'environnement. titre d'exemple, la mine ciel ouvert a ravag les espeletias dans leszones aux alentours. De la mme manire,l'entreprise a excav la terre et la jete sur dessurfaces riches en eau o sont sems deseucalyptus cultivs pour usage palliatif.

    traditionnelle et agricole de notre municipalit?

    Hctor Len Hernndez Dchets transnationaux. Visitede la mine de fer ciel ouvert de Vereda El Banco,

    Tasco Boyac, mars 2015.

    coutons l'un des leaders de Tasco que nousavons rencontr rcemment cette anne: "Nousavons pratiqu une stratgie d'affaiblissementpour rsister. En dpit du fait qu'ils possdaientdes licences environnementales, nous avonsrsist jusqu' ce que le capital tranger se soitvu oblig se retirer. L'entreprise locale (lesreprsentants de la multinationale dans la zone)a suspendu le processus parce qu'ils restaientseuls. Jusqu' aujourd'hui, nous sommesparvenus expurger plus de 60 sites par notrersistance" (sic).Cependant, la rsistance continue jusqu' ce quele paramo et ses environs puissent trerellement protgs. "Tracer une ligne entrezone protge et non protge sera toujoursarbitraire, c'est ce qui s'est pass avec lesparamos, par exemple. Ces cosystmes peuventse rencontrer partir de 2800 et 3200 mtresd'altitude et sont tributaires de la hautemontagne, de la haute fort des Andes. Il ne sert rien de ne protger que la pointe; les paranosne sont pas l'corce suprieure de la montagne"avertit Juan Sebastin Anaya du collectifEcologista Campo, qui, avec la corporationPodion, soutient depuis Bogot le processus dersistance, d'ducation environnementalepopulaire et de stratgies politico-lgales contrele dveloppement hgmonique.

  • Hctor Len Hernndez Eucalyptus tranger. Visite dela mine de fer ciel ouvert de Vereda El Banco,

    Tasco Boyac, mars 2015.

    Ces organisations ont en commun, avecquelques autres de la rgion et avec lamunicipalit de Tasco pour la dfense du paramoet de l'eau, la volont que ces processus restentimpermables l'influence des partis politiques. Parce que le discours des droits humains va depair avec le contexte du processus de paixterritorial, diffrents secteurs de la socit nevoient pas d'un bon il la rsistance active parlaquelle nous rpondons cette nouvelle "vaguepacifiste", car "qui viole une loi injustemanifeste de facto le respect le plus minentpour le droit" M. L. King.

  • Ils occuprent les rues et les autoroutes pourexiger du gouvernement : la solution la crisede la production agricole, l'accs la propritdes terres, la reconnaissance des territoiresappartenant aux communauts paysannes, laparticipation la politique minire descommunauts paysannes qui travaillent dans lessecteurs de l 'exploitation minire, des droitspolitiques pour les paysans, des investissementssociaux dans lducation, la sant, le logement etles services publics, entre autres exigences.Aprs plusieurs semaines, les paysans d'autresrgions se joignirent la grve. Au total, 12rgions furent bloques par le mouvementpaysan.A cette poque, les mdias traditionnels privsracontrent aux citoyens colombiens leurversion sur ce qui tait arriv dans lescampagnes. Mais leur histoire tait trsdiffrente de la ralit et dpourvue de lamoindre analyse sur les causes sociales,conomiques, historiques et politiques de lagrve. Leurs journalistes traitrent uniquementdes rues bloques par les manifestants, de lararet des produits dans les magasins et du chaosgnr par la manifestation dans les rues. LeMinistre de la Dfense, Juan Carlos Pinzon, aaffirm la tlvision, vue par des millions de

    personnes, que certains manifestantsappartenaient la gurilla et le Prsident de laColombie, Juan Manuel Santos, fit cecommentaire effront devant les camras : lagrve des paysans n'existe pas ("El tal Paro noexiste").En pleine manifestation, il y eut desaffrontements entre les manifestants et lespoliciers, et galement avec les soldats del'arme. Les journalistes des mdias privstaient du ct des forces officielles, tandis queles journalistes appartenant des mdiasalternatifs se mirent du ct des paysans.Personne ne savait ce qui se passait vraiment surles autoroutes et dans les campagnes quand, unjour, un journaliste entendit un paysan crier. Unpaysan venait dtre tu par des armes officielleset le journaliste put filmer son sang qui coulaitsur lasphalte. Les citoyens colombiens furentinforms de ce crime par les rseaux sociauxgrce la presse alternative Prensa Rural qui mitla vido en ligne. Des millions de Colombiens,dans leur propre pays et aussi dans d'autres pays,dcouvrirent cette ralit travers Facebook etnon par les journaux nationaux. Quelques joursplus tard, un autre paysan fut tu et l'histoire serpta. Finalement, le bilan sleva 12 morts,485 blesss et 4 personnes disparues.

    L' anantissement du mouvement paysan colombien par Julian Corts

    pour le JournalNuestra Amrica

    Au mois de Juin 2013, des centaines de paysans de la rgion du Catatumbo,dans l'est de la Colombie, initirent l'une des plus grandes mobilisationspaysannes de ces dernires annes.

  • Ce phnomne se rpte aujourdhui dans tout leterritoire colombien comme rsultat dedcennies de manipulation des mdias par leslites nationales et locales parce que les gensordinaires nont pas un large accs la presse, etce malgr le discours officiel en faveur de lalibert de la presse promu par les propritairesdes mdias de masse. Le contenu des missionstl, des journaux tlviss et des analysespolitiques a t conu, financ et censur par cespropritaires. En fait, dans les pourparlers depaix en cours entre le gouvernement colombienet la gurilla des FARC (une question trsimportante pour l'avenir du pays), il y a eu plusde couverture mdiatique par les mdiasalternatifs sur internet que par les mdiastraditionnels de masse et les journaux. Dansl'espace de plus de deux ans de pourparlers depaix, les porte-paroles de la gurilla ont t plussouvent interviews par la presse internationaleet alternative que par la presse traditionnelle.

    Jusqu' prsent, j'ai expliqu ce qui est arriv,mais maintenant je voudrais vous en dire plussur la question de l'invisibilit du mouvementpaysan en Colombie. Aprs la priode decolonisation espagnole, de nombreuses liteslocales commencrent prendre le pouvoirpolitique. Le pays fut plong dans diffrentesguerres o deux partis politiques (lesconservateurs et les libraux) se disputaient lepouvoir tandis que les paysans mouraient en tantque soldats dans les deux camps et eurent subirles consquences des guerres.

    Les pratiques fodales traditionnellessurvcurent dans l'esprit des nouvelles lites ; lespaysans et les indiens composaient la classedfavorise et la proprit des terres tait laprincipale source de richesse. Aprs desdcennies, avec les dbuts du capitalisme, lescommunauts paysannes rpresentrent unenouvelle source de travailleurs, tandis que laprivation de la proprit de la terre etl'appropriation de territoires continuaient treun moyen d'expulser les paysans vers les villesou coloniser de nouvelles zones rurales afin desurvivre.

    Le modle de dveloppement impos depuis denombreuses annes la socit colombienne

    sest fond sur l'empitement dissimul desterres des paysans. Dans ce processus demodernisation, les plus grands projetsd'agriculture extensive ainsi que les mga-projets ont t privilgis au dtriment dumodle de l'agriculture traditionnelle. Cephnomne s'est rpt jusqu' nos jours, aveccette consquence : des dizaines de gnrationsde paysans ont t dpossdes de leurs terres,alimentant ainsi les groupes arms et autresphnomnes sociaux. L'utilisation de la violenceofficielle contre le mouvement paysan agalement t l'une des causes du conflit armen cours en Colombie.

    Les lites, la classe moyenne et les habitants desvilles avaient pour habitude de traiter avecmpris les paysans et autochtones d'alpargatudos , et aujourd'hui persiste l'ide queles paysans seraient pauvres et sales . Pireencore : non seulement les lites ont cr desgroupes paramilitaires qui tuent les paysans etles privent des terres, mais le gouvernementcolombien, dans les projets de loi rcents, achang le terme paysans en travailleursruraux , ne reconnaissant pas tout le contextesocial, culturel, historique et politique du mot paysan .

    Ensuite, on pourrait dire que depuis denombreuses annes a t mis en place unprocessus de dpaysannisation de la socitcolombienne dirig par les lites qui ont prfrles intrts trangers au lieu des intrtsnationaux. Ce processus, connu commel'accumulation par la dpossession (Harvey,2005), a augment le capital des grandspropritaires fonciers. La spculation agalement fait augmenter les prix de la terrejusqu atteindre des montants exorbitantsqu'une famille paysanne traditionnelle ne peutpas se permettre de payer. En fait, une grandepartie de l'conomie de la Colombie est fondesur la spculation au lieu de la production debiens.

    Depuis de nombreuses annes, en Colombiecomme dans d'autres pays, le groupe quicontrle l'information coupe l'accs de lasocit aux informations vrifies. Commel'affirme Leeuwis (2004), toute "intervention enmatire de communication a toujours des

  • implications morales et politiques, et peut treutilise des fins politiques qui approfondissentles conflits. Par exemple, les violations desdroits de l'homme commises contre lemouvement paysan, en raison du conflit armdans les zones rurales, ont t caches. En fait,les paysans ont t victimes d'acteurs arms, ceque les communauts paysannes ont dnonc.Les institutions officielles ont galement attestque la majorit de ces violations des droitshumains ont t commises par l'arme officielleet les bandes paramilitaires qui ont des relationsprouves entre elles et avec les politicienslocaux.

    En rponse cette situation et l'invisibilit dela vie quotidienne des communauts paysannes,depuis dix ans, Csar Jerez, un leader paysanreconnu, a fond avec dautres militants lepremier site d'information sur les communautspaysannes : Prensa rural (presse rurale).

    Aprs une dcennie Prensa rural occupedsormais une place importante dans le soutien la lutte du mouvement paysan, dans ladnonciation des violations des droits humainsdans les campagnes et dans la prsentation deprojets et activits dvelopps par lesorganisations paysannes. Ils ont galement fondun journal imprim appel "Tierra" pour lespersonnes qui ne disposent pas daccs Internet. En fait, le principal travail ralis parPrensa rural a t de faire un lien important entrela vie dans les campagnes et la vie la ville,notamment entre les luttes urbaines et rurales.L'information partage sur sa page web traitaitgalement d'autres luttes sociales desorganisations urbaines comme les tudiants, lescommunauts LGBTI, des militants de la luttepour un logement et du mouvement pour la paixet contre la guerre.

    En outre, des informations supplmentaires surles lois actuelles, la politique internationale et

    les questions latino-amricaines sontrgulirement publies afin d'actualiser etdaugmenter l'accs ce type d'analysesngliges par les mdias de masse.

    En conclusion, le site d'info alternative Prensa rural a t un outil important pour les communauts qui rsistent dans leurs territoires contre le modle de dveloppement et qui veulent vivre la campagne malgr la violence. Prensa rural a radicalement chang la faon dontles gens dans les villes comprennent le mouvement paysan ; il a galement renforc la fiert d'tre paysan.

    La presse alternative a russi ralentir leprocessus de dpaysannisation en Colombie etelle a t un outil trs important pour lescommunauts paysannes en leur permettant deraconter leur propre histoire, de leur propre pointde vue, depuis leurs propres territoires. Il est fortprobable qu'elle occupera un rle important dansle scnario post-conflit des annes venir.

    REFERENCES:

    Pachon Cesar. (Oct 14, 2014). Losmedios y la protesta social.Documentary in the program of CanalCapital: El tal campo no existe.https://www.youtube.com/watch?v=6FUq3uCvscw

    Leeuwis, C. (2004). Communication forRural Innovation. Third Edition.Blackwell science.

    Harvey, D. (2005). The 'new'imperialism: accumulation bydispossession. Oxford University Press.

  • ALBERTO PINZON SANCHEZ:

    Le principal obstacle pour la paix est lintrtgo-stratgique qu ont les USA sur la Colombie

    En 2001, le mdecin et anthropologue, Alberto Pinzn Snchez fit partie d'uneCommission charge d'aider surmonter les difficults qui se prsentaient dans lesdialogues de paix entre la gurilla entre les FARC et le gouvernement d'AndresPastrana. Depuis, les efforts mens pour jeter les bases d'un accord politique,permettant de mettre un terme au conflit arm le plus long dAmrique Latine,semblent avoir port quelques fruits. Les dialogues actuels et les accords de LaHavane semblent avoir pris une direction prometteuse. Quels sont les risques quirestent trs prsents dans la rsolution du conflit ? Actuellement exil en Europe,Alberto Pinzn Snchez nous aide comprendre ce qui est en jeu en Colombie travers un regard humaniste et plein de compromis pour le futur de son pays. Entretien ralis par Alex Anfruns

    Photo : Alberto Pinzon Sanchez

    Alex Anfruns : En 2001, votre nominationdans une Commission, avec le nobleobjectif de proposer quelques solutions quipermettraient de continuer dvelopper lesdialogues de paix San Vicente du Cagun,en vue de rsoudre le conflit en Colombie,ont fini par vous valoir une perscutionpolitique et l'exile? Pouvez-vous expliquerquel prtexte fut utilis dans ce cas prcis ?

    Alberto Pinzon Sanchez : Oui. D'abord,merci de me mettre en contact avec teslecteurs et de me permettre d'informer depremire source sur ce qui est arriv : commetout le monde le sait, la Commission de 4membres nomme par le Bureau de Cagunfut constitue par le Magistrat VladimiroNaranjo, la Propritaire du journal ElColombiano de Medelln (Le Colombien

    de Medellin), le Directeur du journal alternatif Voz ( Voix ) Carlos Lozano et moi-mme. Nous avions pour mission de formulerdes recommandations pour rduire l'intensitdu conflit et pour mettre fin au phnomne Paramilitarisme , qui ce moment-l, et entant que partie officielle intgrante du PlanoColombia ( Plan Colombia ), avaitanticip une offensive politico-mdiatique etde terreur pour coopter dfinitivementlintgralit de l'tat. Cest effectivement cequi arriva un an aprs larrive dUribe Vlez la Prsidence de la Colombie. Evidemment,nos recommandations, qui aujourdhui aprs14 ans me paraissent totalement dactualit,ont dplu au Bloque de Poder ContraInsurgente (BPCI) (Bloc de Pouvoirs Contre-insurgs) , Groupe dominant en Colombie, quiavait saisi les dialogues de paix de Caguancomme une opportunit politique pouranticiper le rarmement militaire de lArmeet de la Police colombiennes, considrantainsi le Plan Colombia , qui avait tapprouv entre Clinton et Pastrana en 1997,un an avant le dbut des dialogues de Paix. Enregardant cela aujourdhui, nous pouvons direquau regard du Droit InternationalHumanitaire, cela fut une violation de ceDroit par Gouvernement Pastrana, que lonappelle Perfidie . A lpoque, le chefsuprme des Paramilitaires, Carlos Castao,initia une offensive mdiatique afin dedlgitimer spcialement la Commission dansson ensemble, et il me menaa dans son livre

  • Mi confesion (Ma confession) en page312, considrant que jtais un porte-paroledu Commandant Alfonso Cano . Auxmenaces par Internet, suivirent les passages lacte par des attentats en vue de me tuer,mobligeant mexiler en Europe pourchercher un refuge dans lequel je me trouvedepuis 13 ans, sans pouvoir retourner chezmoi en Colombie.

    Prenant en compte la gravit de larpression caractre politique qui existedepuis des dcennies en Colombie, nouspouvons observer que cette rpression, nonseulement se poursuit, mais a volu sousdes formes de punitions prventives, ce quientrane un nombre important deprisonniers politiques, comme galement lecas extrme des faux positifs et ladcouverte de nombreuses fossescommunes. Les dangers qui guettent lePeuple Colombien sont ainsi considrables.Quels sont les orientations que vousconsidrez tre essentielles dans ledmantlement de limpunit judiciaire ?

    Si. Les chiffres des 70 annes appeles Conflit Interne Colombien , qui ne sont riendautre quune guerre sale contre lesinsurgs mene par le Bloque de PoderContra-Insurgados (BPCI) (Groupe dePouvoir Contre-insurgs) dominant enColombie, sont effrayants. Plus dUNMILLION de morts, la majorit fusille parlappareil rpressif du Rgime en place. Plusde QUATRE MILLIONS de dplacs internesqui ont t dpouills de 5 millions dhectaresde terres cultivables.

    Une expulsion de plus de CINQ MILLIONSde migrants conomiques et exils politiquesdans divers pays du monde et que le Rgimeappelle pieusement La DiasporaColombienne . Lextermination de 5 000 cadres politiques duparti Izquierda Union Patriotica (IUP) (UnionPatriotique de Gauche). Prs de 2 000 cas de faux positifs victimes de lArmeColombienne et qui est la forme la plusinhumaine et cruelle connue au Monde de lalutte des classes. Et, pour le moment 90morts, sans que Justice soit faite, du

    Mouvement Social et Politique, en particulierceux de la Marcha Patriotica (La MarchePatriotique) et quil soit prcis que nous nementionnons ni les Matres dEcole, ni lessyndicalistes, ni les leaders de quartier, ni lesmendiants, ni drogus dpendants, ni lestravestis sexuels, . Etc, victimesinvisibles de ce quen Colombie on appelle le nettoyage social des dchets .

    Nous ajouterons ces chiffres macabres les 9500 prisonniers politiques qui sont en train depourrir, entasss dans les cachots du Rgime.Evidemment, tout cela a t possible grce limpunit judiciaire qui en Colombie atteintle chiffre aberrant de 97 %. Ceci est un survoldu macabre enfer de la Terreur dEtat, que leRgime appelle par euphmisme, ConflitColombien .

    Si nous prenons en compte la longuehistoire de ce conflit, tout comme lesconsquences paradoxales maissignificatives de votre propre expriencepersonnelle, il pourrait sembler prcipitde tirer des conclusions trop optimistesquant aux actuelles ngociations de paix.Quelle est la responsabilit duGouvernement concernant le phnomneparamilitaire ? Quels sont les principauxintrts en jeu, dont le poids a puinfluencer historiquement et de maniredcisive le blocage dune solutionpacifique ?

    Le paramilitarisme est une roue dente deplus, de la grande et terrifiante machinerpressive punitive et de discipline sociale quise nomme Bloque de Poder Contra Insurgente(BPCI) qui sont le pouvoir dominant enColombie, form il y a peu prs 70 ans etqui a quelques roues dentes de plus, commepar exemple : - LArme et la Police ou Force Publique- Les compagnies multinationales commeChiquita, Drummond, Coca-cola, Oxy, BP,Repsol et dautres multinationales dans lesminerais et les nergies. - Les 9 bases militaires des E.U. danslesquelles interviennent militaires et agents delIntelligence des E.U., conjointement descontractants de mercenaires privs comme

  • la DynCorp - Ceux appels les Groupes Economiquesdu Cacao , comme le Groupe Bavaria, leGroupe Ardila Lulle, le Grupe SarmientoAngulo, le Groupe Antioqueo. - Les associations corporatistes commeFedegn, Sac, Augura, Andi, Fedemetal,Fenalco, Asobancaria regroupes dans leConsejo Gremial Nacional (Conseil 5.National des Corporations) - Ce que lon appelle lETAT NATIONAL travers ses trois branches : la brancheexcutive, la branche lgislative ou parapolitique et la branche judiciaire charge desassurer de limpunit et de limmunitenvers la Justice, de ceux auxquels nousavons fait rfrence prcdemment. - Loligopole des moyens de communicationde la famille Santos et des groupes espagnolsPrisa y Planeta- Les narcotrafiquants et machine laver lesdollars au niveau national, rgional et local - Les classes sociales subalternes, comme lespetits commerants, employs, journalistes,professeurs indpendants, propritairesmoyens, transporteurs, chmeurs, mainsduvre agricoles, marginaux qui se sontsoumis ou qui ont t coopts- La classe politique et parapolitique avectoutes ses imbrications rgionales et locales.Tous ce Bloc dominant est coordonn etdirig par la fraction hgmonique delOligarchie, qui en ce moment mme se

    trouve dans un conflit aigu de leurs fractionsentre Santos et Uribe, pour leur suprmatie.

    En rsum, le principal obstacle est lintrtgo-stratgique quont les E.U. sur laColombie et lespace des Carabes. Ensuite,suivent les intrts concrets de chacune desdents de ces roues dentes du Bloque dePoder Contra Insurgente (BPCI) dont les E.U.font essentiellement partie.

    Daprs vous, quelles sont les conditionsqui devraient tre mises en place pour quela gurilla des FARC, aprs avoir dcidune trve unilatrale, puissent consoliderleur position et avoir des opportunits pourleur reconversion comme oppositionpolitique dans le jeu dmocratique ?

    Je crois que la question nest pas armes pourpolitique mais plutt armes pour desrformes de bases . Or, tous ces dtailssemblent tre les sujets de discussion delaccord qui est en train de se construire LaHavane. Question A travers les mouvementsde citoyens, comme Le Frente Amplio por laPaz (Le Front Large pour la Paix), le PeupleColombien lance un message courageux : lasolution au conflit ne passe pas par loubli enfaisant table rase de ce qui est arriv, maisbien par la reconnaissance des responsabilitspolitiques et un plus grand compromis citoyen

  • Les Wayuu, une communaut sacrifie par Tarik Bouafia,

    correspondant du Journal de Nuestra Amrica en Argentine

    Un peuple en voie de disparition...

    Qu'aurait dit Eduardo Galeano, qui nous aquitts le 13 avril dernier, de la mortprogramme de la communaut indienneWayuu en Colombie? Celui qui a donn unevoix aux sans voix dans son chef duvreLes veines ouvertes de l'Amrique Latineaurait sans aucun doute pris la dfense decette communaut victime de la rapacit desmultinationales trangres. Car cettecommunaut ancestrale vieille de plusieurssicles symbolise elle seule la tragiquehistoire des peuples indiens du continentlatino-amricain.

    Quelques chiffres et prcisions tout d'abordpour situer cette ethnie : on estime le nombred'indiens Wayuu 600 000 personnes. Cesderniers vivent cheval entre le Venezuela etla Colombie. Au Venezuela, on les trouve

    dans lEtat du Zulia situ au nord-ouesttandis quen Colombie ils occupent ledpartement de la Guajira au nord-est. Leurterritoire stend sur 15.300 km. 97%d'entre eux parlent leur langue autochtone, lewayuuniaki. Seuls 32% parlent l'espagnol.

    Les Wayuu ont toujours vcu de l'artisanat,de la chasse et de la pche. Le Rio Rancheriaest un fleuve d'une importance capitale pourla survie de cette communaut qui l'utilisepour tous types dactivits, notamment lapche et la cuisine. Mais aujourd'hui leur vieest en danger. Les entreprises nationales etmultinationales allies au gouvernementnolibral sont en train de les dpossder desressources dont ils ont besoin pour vivre.Ces puissantes multinationales, notammentBHP Billiton ou Anglo America, toutes deuxexpertes dans lexploitation des ressourcesminires (diamants, or, charbon) ontvisiblement trs peu de considration pourles peuples indiens.

    Le charbon, par exemple, est en train designer l'arrt de mort de la communautWayuu. En effet, El Cerrejon, la plus grandemine de charbon ciel ouvert du monde,pompe plus de trente-cinq mille litres d'eaupar jour du fleuve Rancheria pour extraire lecharbon. De plus, le peu d'eau qui reste auxhabitants est pollu et dangereux. RafaelPuchana, un habitant indien, dnoncel'hypocrisie des multinationales Ils disenten permanence que nous ne sommes pas

    Les Wayuu, une communaut ancestrale indienne, prsente notammenten Colombie, est en train de mourir petit feu. La raison? L'exploitation parles multinationales des ressources naturelles du pays. Et lextermination detout un peuple se fait dans l'indiffrence gnrale de la fameuse communautinternationale.

  • contamins, que nous sommes heureux, quenous allons bien. Mais la situation que nousvivons est trs proccupante pour nous etnotre sant. L'eau que nous consommons iciest totalement contamine. (1)

    L'puisement des ressources d'eau coupl la contamination de cette dernire est entrain de provoquer une vritable hcatombe.Le manque de recherches et de statistiquessur le drame qui affecte la communaut renddifficile l'tablissement de chiffres concretssur l'impact des multinationales. Mais, selonla communaut Wayuu, ce serait plus de14000 enfants qui seraient morts d'inanitiontandis que 36000 enfants souffriraient dednutrition. Selon le DpartementAdministratif National de la Statistique, en2012, 38,8% des enfants de moins de cinqans sont dcds. (2)Selon Gonzalo Guilln, auteur dudocumentaire El rio que se robaron (Lefleuve qu'ils ont vol), ce sont environ troisenfants qui meurent chaque jour laGuajira. Ce peuple indien est toutsimplement abandonn par le gouvernementet les pouvoirs publics. Les soins de sant,l'ducation, les aides sont inexistants. Etquand le gouvernement daigne aider lesWayuu, l'argent n'arrive pas car dtourn parla corruption. Les mesures qui ont tprises sont insuffisantes et avec lapermission du gouvernement, lesmultinationales se sont empares de l'uniquesource hydrique que nous avions, laissant lacommunaut mourir de soif. C'est ainsi quebeaucoup de vies ont t perdues remarquetristement Javier Rojas Uriana, un des porte-paroles de la communaut Wayuu.

    Et puis, ce ne sont pas que les hommes quisont touchs par ces activits criminelles.C'est toute la faune et la flore qui sont entrain de disparatre. Chaque jour ou presque,les habitants retrouvent des cadavresd'animaux morts de soif. C'est tout lesystme d'une communaut qui se voitmenac par l'exploitation des ressources

    minires. C'est toute une histoire, uneculture, une civilisation qui sont en train demourir sans que ceci n'meuve vraiment lesdfenseurs des droits de l'homme.

    Alors, que faire face ce crime de masse?La communaut Wayuu a dcid le 2 fvrier2015 de dposer plainte devant laCommission Inter-amricaine des droits del'Homme (CIDH) pour revendiquer son droit un accs gratuit une eau de qualit etdemander des mesures urgentes pour parer la crise humanitaire. Malheureusement, il y apeu de chance que la Commission puisseagir de manire concrte pour amliorer lesort de cette communaut.Ceci est un territoire ancestral que nousavons toujours habit. Nous avons ici notrecimetire. Mais apparemment, ici prvautl'intrt d'une industrie au dtriment desdroits humains constate une habitanteWayuu.

    Et lorsque les communauts indiennes osentse soulever pacifiquement contre cet tat defait, ltat n'hsite pas, comme il n'a cess dele faire dans son histoire, rprimerbrutalement les manifestants. Toutecontestation de l'ordre tabli en Colombiesattire les foudres des forces de l'ordre quiusent de tous les moyens pour faire taire lesmanifestants. La devise du pays est pourtantLibert et Ordre. Il semblemalheureusement que seul le deuximeconcept ait t retenu. Car pour la libert, onrepassera.

    Le pillage continue

    La Colombie est cependant loin d'tre un casisol. C'est tout le continent latino-amricainqui fait face depuis de nombreuses dcenniesdj la sauvagerie des multinationales. Onpourrait citer ici le cas de la multinationaleptrolire tats-unienne Chevron qui alittralement dtruit une partie de la fortamazonienne sur le territoire quatorien. Ouencore au Brsil o l'entreprise tats-unienne

  • Bunge, qui vend son sucre Coca-Cola, adlog des tribus indignes pour pouvoirrcolter le sucre. Et la liste est encorelongue...

    De son ct, ltat colombien ne semble paspress d'agir. Et il faut savoir ds maintenantquil ne fera rien ou presque. Pourquoi? Toutsimplement parce que, depuis plus decinquante ans, tous les gouvernements qui sesont succd ont droul le tapis rouge auxinvestisseurs et aux multinationales. Pources dernires, la Colombie reprsente unvritable paradis terrestre. Nickel, or, platine,meraudes, diamants... un vrai pactole. Lesmultinationales se bousculent pour avoir leurpart du gteau.

    De la britannique Anglo American l'tats-unienne Monsanto en passant par l'espagnoleTelefonica, les multinationales du mondeentier se sont donn rendez-vous depuis desdcennies pour continuer le pillage de laColombie. Selon le site internet de la revueSemana, le pays compterait plus de septcents multinationales sur son territoire. Pastonnant alors que les chancelleriesoccidentales adoubent Bogot tout commele Mexique ou le Prou. Ces trois pays onten effet suivi la lettre les ordres desinstitutions financires internationales enlibralisant leurs conomies, en vendant lesbijoux de famille et en accueillant brasouverts les investisseurs occidentaux.

    Dans ces pays-l, le temps semble fig.L'poque de l'exploitation minire par lesconquistadors espagnols a aujourd'hui laissla place aux nouveaux matres de l'conomiemondiale, les transnationales. Les nationssud-amricaines semblent tre condamnesau pillage ternel de leurs richesses.

    Au Prou, des milliers de paysans ont tchasss de leurs terres par ltat poursatisfaire l'apptit de la multinationaleNewmont qui exploite l'or et le cuivre dansla rgion de Cajamarca. Comme dans le cas

    de la communaut Wayuu, l'exploitation desressources minires a entran demonstrueux pompages d'eau, ce qui aprovoqu lasschement des sols et la mise mort des communauts paysannes qui ontt contraintes d'aller rejoindre les villes. Etcertains paysans qui avaient os contesterl'hgmonie des multinationales ont tpurement et simplement tus.

    Pas plus tard qu'il y a deux semaines, unpaysan est mort et deux personnes ont tblesses par la police lors dunemanifestation organise pour protester contrele nouveau projet minier de l'entrepriseSouthern dans la province de Islay sur lacte ouest du pays. (3)

    Au Mexique aussi, les multinationalesdictent leurs lois. En dcembre 2013, leprsident Enrique Pena Nieto a annonc laprivatisation du secteur ptrolier. Un secteurqui avait t tatis en...1938. Leresponsable de la mort des 43 tudiantsd'Ayotzinapa est sans doute le symbole leplus significatif de l'infodation d'une partiedu continent latino-amricain aux entreprisestrangres.Depuis les annes 1980, ltat mexicain n'acess de brader ses richesses et son territoireaux investisseurs trangers. Et le pays asign son arrt de mort en 1994 lorsqu'il aintgr l'Accord de Libre Echange Nord-Amricain (ALENA).

    Quelle est donc la consquence de cesprivatisations outrance? Quels en sont lesrsultats sur le taux de pauvret et lesingalits en Colombie ? Alors que lamajorit des pays de la rgion ont fortementrduit leur taux de pauvret, la Colombie,elle, peine amliorer la vie des pluspauvres.De 2002 2008, alors que l'Argentine, parexemple, avait rduit son taux de pauvret de45,4% 11,3% soit une baisse de 34,1%, letaux de pauvret en Colombie navaitenregistr quune baisse de 8,5% passant de

  • 54,2% 45,7%. (4) Le coefficient de Giniqui mesure les ingalits y est le plus levd'Amrique Latine. Il se trouvait 53,5 en2012. (5)

    L'extractivisme en question

    Pendant que des nations se soumettenttoujours un peu plus Washington, Madridou Londres, d'autres pays en revanche ontdcid de prendre leur destin en main. C'estle cas du Venezuela ou de la Bolivie pour neprendre que ces deux exemples. Meurtris pardes annes de nolibralisme qui avaitproduit misre, ingalits, chmage,dnutrition, les nouveaux dirigeants de cesnations sud-amricaines ont dcid leurarrive au pouvoir que les ressourcesnaturelles de leur pays devaient appartenir leur peuple et non aux capitalistesoccidentaux.C'est dans cet esprit que le prsident HugoChavez a nationalis les ressourcesptrolires de son pays.De son ct, le prsident bolivien EvoMorales a fait voter une loi sur leshydrocarbures qui permet ltat d'acqurir82% des bnfices lis l'exploitation duptrole et du gaz, laissant 18% auxmultinationales. Avant la promulgation decette loi, les chiffres taient inverss.Cette politique volontariste etinterventionniste a permis de rduirefortement la pauvret et les ingalits. Entre2006 et 2014, la pauvret est passe de 38 18% en Bolivie et le pays est devenu, toutcomme le Venezuela, territoire libred'analphabtisme.

    Mais au-del de la simple comparaison entrepays nolibraux et pays progressistes, unequestion urgente se pose. Quel type de

    dveloppement l'Amrique va-t-elle choisirpour son avenir? Car, bien que selon les paysles bnfices lis l'extraction minire etptrolire ne profitent pas aux mmes classessociales, comme nous venons de le voir, lepoint commun entre tous ces pays est lapersistance des gouvernements insister surle modle extractiviste, un modledestructeur non seulement pourl'environnement mais galement pour lescommunauts indiennes qui sont lespremires touches par ces activitsconomiques.

    La sortie de ce modle est donc une urgence pour tous les pays d'Amrique Latine.

    Notes:

    (1)https://www.youtube.com/watch?v=6VfyYAeTa1U

    (2)http://www.elespectador.com/noticias/nacional/el-exterminio-del-pueblo-wayuu-articulo-555826

    (3)http://www.resumenlatinoamericano.org/2015/05/05/especial-peru-se-agrava-el-conflicto-contra-la-megamineria-en-valle-del-tambo-otro-poblador-asesinado/

    (4)http://www.cepal.org/publicaciones/xml/9/41799/pse2010-cap-i-pobreza-preliminar.pdf

    (5)http://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SI.POV.GINI

  • Les impacts co-bio-politiques de l' extractivisme(a) : une dcennie tragique et l'avenir de plusieurs gnrations compromis

    par Horacio Machado Araoz, Chercheur au Conseil National de Science et Technologie de l'Argentine (CONICET )

    En dpit de la rhtorique anti-nolibrale, la voiestructurelle suivie par le kirchnerisme afficheune trs grande continuit avec les politiquesfondamentales suivies entre les annes 70 90.Le fait que reste pleinement en vigueur la Loisur les Investissements trangers (LoiN 21.382 ratifie par la Dictature et confirmepar le Dcret 1853/93) ainsi que les politiquessuivies dans llevage, la biotechnologie, lapche, lexploitation forestire, les mines, leshydrocarbures et lnergie, ont fortifi unsystme qui garantit au capital multinationallaccs illimit aux richesses naturelles du payset leur contrle. Sous ce rgime, on assiste laconsolidation et lintensification dun modlebas sur lexploitation intensive de la Nature.Les exportations de matires premires taientde 8,644 milliards de dollars US en 2 000 et ontbondi 19,282 milliards de dollars en 2010, soit69,2 % du total des exportations. Alors que,pendant la dcennie des annes 90, 331 millionsde tonnes de matires premires ont texportes, ce total a dpass les 585 millions detonnes pour la premire dcennie des annes2000.

    Le territoire national a t lobjet dundrastique processus de fragmentation entre lesmains de grands capitaux qui lont rduit, enfait, en rserve cologique pourlapprovisionnement primaire-nergtique deschanes mondiales de valeur. Lextension deszones entirement voues lextraction minirea profondment redessin les rgionsaujourdhui converties en un quadrillage desecteurs mono-exportateurs de matirespremires sous le contrle technologique,commercial et financier des grandesmultinationales.

    Les implications environnementales et politiquesdu modle ne permettent aucuntriomphalisme insens. Un simple regard jet surquelques-uns des lments de lensemble, lourdsde consquences, suffit pour comprendre quenous venons de vivre une dcennie tragique.

    La grande culture intensive du soja etles profondes blessures quentranent

    les expropriations qui en sont laconsquence

    Ces dix dernires annes, on a vu unephnomnale acclration de lextension de laculture du soja qui avait commenc au milieudes annes 90. Entre 2003 et 2012, la culture dusoja transgnique est passe de 13 20 millionsdhectares et a fini par reprsenter 56 % du totaldes surfaces cultives. Les zones qui ont connula plus forte croissance de cette culture se situentdans les cosystmes les plus fragiles de largion du Chaco. Cest l que cette culture aprospr, en raison de sa grande capacitbiologique capter leau et les nutriments audtriment dautres espces, au dtriment desforts naturelles et des populations locales. Etcest ainsi que lon a intensifi la dgradationdes sols et lexportation deau et de nutriments.(1)

    Lextension des monocultures impliquepar elle-mme une rosion phnomnale de labiodiversit avec des pertes pour la flore, lafaune et des atteintes portes aux habitats ycompris humains. Et cela saggrave avec lapollution massive et grande chelle spatio-temporelle que suppose la technologietransgnique combine lemploi de pesticideset de fertilisants chimiques. Seul le glyphosate

    Au cours de la dernire dcennie, notre pays a suivi une voie qui savre tre lune desplus coteuses de son histoire sur le plan cologique. Cette croissance des taux dignes de laChine si hautement clbre a t obtenue au prix dun modle primaire-extractif-exportateurqui loin de nous projeter dans le XXIe sicle nous ramne politiquement et conomiquement aux pires moments du XIXe. Concentration, priorit ltranger et re-primarisation, cest--dire : recul de la part des activits manufacturires et avances du secteur primaire, ont t leseffets et les caractristiques macro-conomiques essentielles de ce style de croissance

  • (Roundup) a connu une croissance plusspectaculaire que le soja. Des 38 millions delitres utiliss en 1996, on est pass plus de 300millions de litres en 2012. Et nous savons quilsagit dun herbicide large spectre, quil estbio-accumulatif, quil prsente des effetscancrignes et quil est cause de mutationsgntiques (Carrasco, 2010). Il se concentredans les corps et les cours deau et se transmetaux organismes vivants. Il est dsormais prouvquon le retrouve dans le lait maternel (Pignatti,2010) tout comme sont prouvs ses effetsmortels sur la sant des populations soumises son pandage par moyens ariens.(2)

    Dforestation : spoliation des terres etmort de leau demain

    Lextension des monocultures a entranlextension de la dforestation. Entre 2004 et2012, les bulldozers ont dessouch 2.501.912 hade forts originelles. Cela implique la spoliationet la concentration de terres agricoles,lexpulsion de la population paysanne etindigne, lrosion de la scurit alimentaire etla dtrioration des nappes aquifres. Plusieurstudes comptabilisent plus de 200.000 famillespaysannes dplaces au cours de la derniredcennie qui sajoutent la disparition de plusde 100.000 fermes selon le dernier recensementeffectu sur le secteur agricole, 44 % tant desfermes de moins de 5 ha. En contrepartie, laconcentration ne cesse de crotre : en 2010, plusde 50 % de la production de soja a t contrlepar 3 % du total des producteurs exploitant desproprits de plus de 5 000 ha.

    La disparition dune si considrablesuperficie de forts affecte les sols et le cycledes nutriments, acclre lrosion et modifie lestaux naturels des ruissellements, altre le dbitdes rivires, le comportement biotique descosystmes fluviaux et accrot les risques et lespertes dues aux inondations et aux scheresses.Si on ajoute cela aux impacts des fertilisantschimiques et des pesticides, le modle culture-de-soja-sur-dfor