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L'Ecole valaisanne, mars 1975

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Témoins du passé dans le Valais moderne Année européenne du patrimoine architectural 1975

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Page 1: L'Ecole valaisanne, mars 1975

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Bulletin mensuel du personnel enseign ant du Valais romand - XIXe année Mars 1975 - No 7

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TEMOINS DU PASSE

DAN·S

LE VALAIS MODERNE

Documentation établie pour l'Année européenne du patrimoine architectural 1975

par le Service cantonal des Monuments historiques et Recherches archéologiques

A vec la collaboration de Mme Rose-Claire Schülé et de M. Walter Ruppen

N.B. Ce numéro spécial peut être obtenu à prix réduit pour les élèves

des écoles du Valais à l'adresse suivante: ODIS, Rawyl 47, 1950 Sion

Page 4: L'Ecole valaisanne, mars 1975

.Préface

Fig. 1 : Isérables: raccard à la Combe de Teure (détail)

Cette publication est née de r amour du métier, de l'esprit d'équipe, de l'enthousiasme et de l'effort supplémentaire.

En remerciant ses collaborateurs, M. l'abbé F.O. Dubuis signale à notre reconnaissance les personnes qui y ont travaillé. Que sa modestie m'autorise à joindre son nom à cette liste, et à leur dire à tous mes sentiments de gratitude et de profonde admiration . .

Contribution de l'Etat du Valais à l'Année européenne du patrimoine architectural, cette brochure n'est pas à considérer pour autant comme une réalisation qui répondrait à un souci épisodique et passager. Elle veut, au contraire, rappeler à l' homme d' aujourd' hui que le respect dû à l'homme de demain impose de lui transmettre intact ce .que l' hédtage de l' homme d' hier contient de précieux.

Le fait qu'il s'agisse ici d'un numéro spécial de l'Ecole valaisanne, dont le tiré à part nous permet d'atteindre le grand public, est certes à inscrire dans la ligne d'un souci d'économie et d'efficacité. iMais il traduit surtout notre volonté de rendre l'école attentive à tout un aspect de la beauté de ce pays, beauté que nul n'a le droit de considérer comme un bien de consommation qu'on pourrait sacrifier pour en tirer avantage.

Le présent ouvrage établit des liens entre la façon de vivre des hommes du passé et les monuments qu'ils ont créés. Sa lecture ouvrira notre jeunesse aux besoins de la vie d'aujour­d' hui et à ce que son dynamisme contient de positivement créatellr. Je .\'()[{ha;te drmc q[{'il contribue cl former une géné­ration d' hommes attentive à la fois à la beauté et à la vie, d'une génération qui ne soit la proie d'aucun affairisme où l'argent excuserait toutes les profanations, et d'aucun conser­vatisme qui accepterait de payer, en tribut à une immobilité divinisée, la misère de ses semblables.

Cette plaquette constitue un guide qui permet dè faire un bout de chemin à travers l'archéologie valaisanne.

Je souhaite qu'avec elle; beaucoup de jeunes et d'adultes entreprennent ce voyage, à la découverte des beautés du Valais.

Le chef . du Département de l'instruction publique:

A. Zufferey

3

Page 5: L'Ecole valaisanne, mars 1975

Remerciements

Nous exprimons notre gratitude à tous ceux qui ont collaboré à ces pages.

Pour la mise au point du texte, nous avons profité de la collaboration scientifi­que iIidispensa ble de Mme Rose-Claire Schü1é et de M. Walter Ruppen (chap. 3), ainsi que de l'assistance dévouée de M. Albert Stalder.

Pour l'illustration qui consiste en plus de 170 dessins et photographies, répartis en 77 figures, nous remercions:

- M. Raymond Eggs qui a donné un des­sin d'art (fig. 11) et pris, spécialement pour cet ouvrage, la plupart des photographies, dont ceIIe qui orne la couverture.

- MM. Norbert Jungsten et Jean-Claude Balet qui se sont partagés l'illustration technique: le premier pour les cha pi­tres 3 et 5, et le second pour les cha­pitres 2, 4 et pour l'appendice.

- Mme Schülé, MM_ Ruppen et Jean-Marc Biner qui nous ont aidé à réunir la docu·­mentation nécessaire.

Notre merci s'adresse enfin,

- A M. Rausis, directeur de l'Office de documentation et d'information scolaires (Sion), qui a géré la question financière et assuré la liaison avec l'imprimerie.

- A la maison Valprint S.A. qui a imprimé notre travail et a offert à l'Ecole valaisan­ne la photolitho de la couverture en cou­leurs.

4

Les dossiers peu à peu constitués par les travaux de notre service nous ont fourni la base de nombreuses figures. Nos archives contiennent également des plans exécutés par divers bureaux et que noûs avons utilisés pour les figures 47 c (Bureau d'architecte Zimmermann, Monthey), 49 c - d (Service des bâtiments, N. Jungsten) et 59 (relevé de M. Eschbach, ingénieur-topographe, Sion).

D'autres documents nous ont été aimable­ment prêtés: ils ont servi à dessiner les fig. : 27 c - d (Commune de Bagnes, Service tech­nique, par M. Dumoulin), 34 e (Bureau d'architectes Anthamatten, B16tzer et Wirtz à Viège), 34 f (par M. Walter Ruppen à Brigue), 48 b (Bureau d'architecte Jeitziner à Viège) et 64 a (Paul Sprung, architecte à Naters).

Les dossiers préparés pour la publication de· la Maison paysanne (Archives cantonales) ont aidé, grâce à la bienveillance de Mme Schü1é, à établir les fig. 13, 14, 17 a, 18, 22 . a - b, 23 c, 24 - 27 b, 32 c - f, 34 a - d, 35 et 37 a - c.

Les contributions personnelles de Mme Schülé et de M. Ruppen mit fourni les bases des fig. 15~ 16, 23 d - e, 31 a - d, f et 33 e - f.

La fig. 28 a été dessinée grâce à une photo­graphie de Valais naguère (No 202); la fig. 63 b, selon Vallesia, XV (1960), pl. IV.

L'archéologue cantonal

Sommaire

1. INTRODUCTION

Préface par M. le Conseiller d'Etat, Antoine Zufferey Remerciements . Sommaire

1.1 L'année européenne du patrimoine architectural 1975 1.2 But de cet ouvrage . 1.3 Méthode et plan de l'ouvrage

3 4 5

8 9 9

2. VIE ANCIENNE ET VIE MODERNE: CIRCONSTANCES ET MUTATION

2.1 Les édifices anciens dans le contexte de la vie mo-derne: Un conflit de générations? . 12

2.2 Quelques différences entre les conditions de vie an-ciennes et modernes. 12

2.3 La vie ancienne et l'exploitation du territoire 17 2.4 Le passage des anciennes conditions de vie aux mo-

dernes est récent 18

3. TEMOINS DE LA VIE RURALE

3.1 L'habitation permanente 27 3.1.1 Limites de ce chapitre. 27 3.1.2 Le village . 27 3.1.3 La maison 28 3.1.4 Suggestions 30

3.2 L'ancien monde de l'élevage. 40 3.2.1 Au village 40 3.2.2 Le mayen. 42 3.2.3 L'alpage 42 3.2.4 Suggestions 46

3.3 L'ancien monde du pain 56 3.3.1 Culture des çéréales 56 3.3.2 Le raccard 56 3.3.3 Le grenier. 57 3.3.4 Le moulin . 58 3.3.5 Le four 59 3.3.6 Suggestions 59

3.4 L'ancien monde du vin . 67 3.4.1 Viticulture 67 3.4.2 Caves et maisons de vigne. 67 3.4.3 Suggestions 68

5

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Page 6: L'Ecole valaisanne, mars 1975

4. TEMOINS DE LA VIE CHRETIENNE

4.1 Un peu d'histoire 4.2 Les églises . 4.3 Les chapelles et les oratoires. 4.4 Suggestions

5. TEMOINS DE LA VIE POLITIQUE ET MILITAIRE

6. CONCLUSION

APPENDICE

6

5.1 Les châteaux forts. . . . . 5.2 Les petites résidences des officiers seigneuriaux. 5.3 Les lieux de châtiments. . . . 5.4 Les maisons de commune ou de bourgeoisie .

. . Remarques préliminaires Districts de Monthey et de Saint-Maurice Districts de Martigny et de Conthey . District d'Entremont Districts de Sion et d'Hérens Districts de Sierre et de Loèche . District de Viège . Districts de Rarogne occidental et de Brigue. Districts de Rarogne oriental et de Conches .

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Fig. 2 : Crête: (val d'Hérens)

Page 7: L'Ecole valaisanne, mars 1975

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1. Introduction

1.1 L'ANNEE EUROPEENNE DU

1.1.1

PATRIMOINE ARCHITECTURAL 1975

En application des décisions prises par la conférence ministérielle de Bruxelles de no­vembre 1969, le Comité des Monuments et Sites, formé de spécialistes de la pro­tection des sites et de l'administration des divers pays européens, prépara, en novembre 1971, un programme d'activités culminant dans une « Année européenne du patrimoine architectural» en 1975.

Le Conseil fédéral, en séance du 18 juin 1973, décidait la participation de la Suisse à cette entreprise; une commission nationale fut créée (Président M. Ludwig von Moos, ancien conseiller fédéral; vice-présidents : MM. Antoine Zufferey, conseiller d'Etat et Franco Masoni, conseiller national; membres domiciliés en Valais: Mme Gabrielle Nan­chen, conseiller national et M. Bernard Du­pont, président de la commune de Vouvry).

Notre petite patrie régionale se devait d'ap­porter à la construction sa propre pierre: le 7 février 1974, le Conseil d'Etat nomma une commission présidée par le chef du Département de l'Instruction publique et la chargea d'établir un programme d'activités et de veiller à sa bonne exécution.

1.1.2

Le projet européen, dont nous avons à réaliser désormais une part dans nos vallées, tend à mettre en valeur le « patrimoine archi­tectural ».

Le patrimoine d'un peuple est, parmi tout ce que ses membres possèdent aujourd'hui, à titre soit privé, soit pu bIic, la part héritée

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des « pères » : ce que nous ont laissé les acti­vités spirituelles, intellectuelles et matérielles de ceux qui ont vécu et travaillé avant nous dans le pays. Ainsi, notre patrimoine valai­san comprend ensemble le christianisme, la liberté politique, des éléments de caractère et de langage, des formes d'expression artis­tiques, architecturales, des procédés techni­ques, des bâtiments, des meubles, des outils, etc.

Sans aucun discrédit pour les autres élé­ments du patrimoine, l'année européenne 1975 se propose de fixer particulièrement notre attention sur l'héritage architectural. Nous sommes invités à respecter non seulement quelques édifices prestigieux, de renommée internationale, et déjà bien protégés comme Valère, mais aussi des ensembles urbains ou villageois anciens avec les bâtiments parfois très humbles qui ont servi de cadre à la vie d'autrefois; ces derniers peuvent paraître comme égarés dans la civilisation technique de la seconde moitié du XXe siècle et sont plus exposés que d'autres à la destruction. II s'agit de comprendre leur rôle ancien, leur qualité artistique et technique, leur place de témoins rappelant au monde moderne de quelles peines et de quelles joies il est né.

1.1.3

Le but de l'année européenne du patri­moine architectural n'est pas de susciter une admiration béate, irraisonnée et incondition­neJ1e pour les œuvres des anciens bâtisseurs. Il ne s'agit pas de transformer un pays bien vivant en une sorte de musée mal compris. Certains édifices d'autrefois, choisis indivi­duellement ou le plus souvent en groupes, doivent être mis en valeur pour ce qu' ils apportent réellement à la vie actuelle: témoi­gnage d'histoire, valeur d'art, signe de conti­nuité de la vie sujette à tant de mutations rapides. Un «monument historique» est au­tant que possible un lieu de vie: une église

1 .........

où l'on prie, une maison de commune où l'on délibère et gouverne, une demeure où l'on aime à vivre avec ses enfants, une installa­tion technique désuète, mais qui raconte à sa manière l'évolution de la technique. C'est pourquoi les organisateurs de l'année 1975 ont exprimé leur but en peu de mots: un avenir pour notre passé.

1.2 BUT DE CET OUVRAGE

1.2.1

Dans le cadre de l'année européenne, le canton du Valais a décidé d'accorder une attention toute particulière à certains ensem­bles anciens du pays. II collabore avec la Confédération à une «réalisation nationale exemplaire»: la sauvegarde et J'exploration des vestiges de la ville romaine de Martigny. II fait étudier le bourg de SaiIIon et le vieux village de Naters et prend les mesures néces­saires à leur mise en valeur. En parallèle, le Conseil d'Etat poursuit son travail ordinaire pour la protection et la restauration des monuments historiques du pays. Plusieurs communes ont décidé un effort spécial.

L'année 1975 n'est pas affaire seulement de chantiers, mais aussi d'information. Dans un pays démocratique, il ne suffit pas que les autorités aient le sens de leurs responsabi­lités : il faut que la population, suffisam­ment renseignée et informée, comprenne la nécessité et l'utilité de l'effort. Ainsi, chacun dans la mesure de ses possibilités, peut pren­dre sa part de la réalisation et tient à le faire.

1.2.2

Tout un travail d'information sera fait par la presse écrite, la radio et la télévision.

Notre ouvrage tend à présenter le problème aux écoles et à travers elles, à un plus large public. Nous voudrions aider l'intérêt des maîtres et des élèves à déboucher par un travail sur une participation active. C'est dans un contact direct et pratique avec les éléments de notre patrimoine architectural qu'ils parviendront à le connaître, à l'appré­cier selon sa juste valeur et à le respecter dans la vie quotidienne.

1.2.3

Nous ne l'oublions pas: c'est le maître qui va éveiller l'intérêt de ses élèves. Sans prétention, car nous savons bien la peine qu'il prend à remplir sa tâche, nous aimerions l'aider en lui fournissant une documentation et des suggestions.

1.3 METHODE ET PLAN DE L'OUVRAGE

1.3.1

Qui parcourt la plaine du Rhône et les vallées latérales rencontre nombre de gens fort attachés à notre patrimoine architec­turaI. TI est bien peu de communes, dans les­quelles, ces vingt dernières années, on n'ait pas fait un effort pour signaler une trou­vaille archéologique dans le sol ou pour restaurer un édifice ancien. Malheureusement, cela n'empêche pas que l'on ait rasé, abîmé ou laissé sans entretien plus d'un bâtiment intéressant. En Valais, comme ailleurs en Europe,' on entend affirmer que les construc­tions anciennes sont des « vieilleries inutiles» ; on les considère ici et là comme des vestiges d'un passé pénible, voire humiliant, et qu'il faut abolir au plus vite. Ou encore, on les traite avec hargne, comme des entraves à la liberté créatrice de notre siècle. D'autres, avec un sourire malin, n'y voient qu'un moyen d'attirer le touriste pour faire de l'agrent.

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Page 8: L'Ecole valaisanne, mars 1975

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1.3.2

Il ne faut pas se dissimuler que, là où il n'est plus traditionnel, le respect du patrimoi­ne architectural dépend de certa,ines connais­sances indispensables. La principale est celle des conditions anciennes de l'existence hu­maine dans une région donnée: là se trouve le contexte qui d'une part explique les bâ­timents et, de l'autre, les rend pleinement instructifs.

1.3.3

Nous commençons (ch. 2) par attirer l'atten­tion des élèves, d'abord sur des notions théo­riques, éclairées d'exemples pratiques, sur la différence entre les conditions actuelles et anciennes de l'existence humaine en Valais. Il faut montrer aussi combien la vie d'autre­fois, beaucoup plus que celle d'aujourd'hui, était tributaire de la nature géographique et biologique d'un espace régional limité: cette dépendance explique la diversité des types de nos édifices anciens et ce qui les distingue des constructions modernes. Enfin, on fait voir · combien récent est, en Valais, le passage de l'économie d'autrefois à celle d'aujourd'hui.

On est, dès lors, en mesure d'examiner et d'expliquer quelques éléments importants du patrimoine architectural liés aux nécessités quotidiennes de la vie d'autrefois, considérée

10

sous ses aspects matériels (ch. 3), religieux (ch. 4) et politiques (ch. 5).

La conclusion encourage l'intérêt actif pour les témoins de l'architecture ancienne.

Disposée dans les chapitres, l'illustration technique qui nous a paru utile pour les éclairer consiste en cartes, dessins, plans et photographies exécutés de manière aussi sim­ple et suggestive que possible.

En appendice, nous signalons, en pensant aux promenades de classe, des exemples pra­tiques choisis dans les divers districts ou régions du Valais.

1.3.4

Le plan adopté montre, à lui seul, com­ment le maître pourra se servir de la docu­mentation présentée dans cet ouvrage. En partant · des lignes très générales que nous esquissons, il pourra organiser une étude régionale plus détaillée. Nous lui conseillons vivement d'examiner le problème d'abord dans le cadre de la région où vit sa classe ; puis, au cours d'une promenade scolaire bien préparée avec les élèves, d'aller voir une autre région et de prendre conscience, sur place, de la riche diversité de notre patri­moine. Tl sera probablement utile de complé­ter nos renseignements en écoutant les anciens dotés d'une bonne mémoire et capables de raconter sans trop embellir.

Fig. 3 : Evolène : maison à décor peint

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Page 9: L'Ecole valaisanne, mars 1975

2. Vie anCIenne Circonstances

et VIe moderne et mutation

2.1

Les hommes de générations différentes ont parfois de la peine à · vivre ensemble et à s'apprécier mutuellement. L'expérience mon­tre que ce « conflit des générations» provient de ce que l'on ne se connaît pas suffisamment pour se comprendre. Quand on fait un sincère effort de connaissance et de compréhension, les contradictions ne tournent pas au drame. Le respect et l'amitié entre générations créent un climat de vie heureuse, équilibrée par les apports non opposés, mais complémen.taires, des anciens et des jeunes.

Encore que les choses ne méritent pas le respect au même degré que les personnes, le problème posé par la présence de notre patrimoine architectural, dans le monde mo­derne ressemble au «conflit des générations» et peut, comme lui, être résolu dans l'estime et la compréhension nées d'une authentique· connaissance des valeurs en jeu. Pour comprendre un vieillard, il faut savoir quelle fut sa jeunesse, les -circonstances de sa for­mation et de son expérience. De même, pour apprécier un ancien bâtiment, il faut con­naître le monde dans lequel il a été bâti, les motifs et les moyens alors mis en œuvre pour le construire. Il faut connaître les condi­tions anciennes de vie qui ont été le contexte de son apparition sur notre terroir.

2.2 QUELQUES DIFFERENCES ENTRE LES CONDITIONS DE VIE ANCIENNES ET MODERNES

2.2.1

Essayons donc, avant d'examiner les élé­ments de notre patrimoine architectural, de saisir quelques différences principales entre les conditions de vie que nous connaissons aujourd'hui et celles d'autrefois. Dans une

12

étude proprement scientifique, il faudrait analyser la vie siècle par siècle de manière à saisir les nuances et l'évolution entre plu­sieurs «autrefois» successifs. Ici, nous nous limitons aux lignes essentielles, typiques de la vie d'autrefois, durant les quelques siècles, où nos anciens bâtiments ont été construits. Au niveau où nous les considérons, les condi­tions de la vie sont demeurées longtemps les mêmes.

2.2.2

Malgré la crise économique qui s'annonce et dont on ne saUrait prévoir exactement la gravité, nous vivons dans un monde caracté­risé par l'essor industriel et par de larges courants d'échanges.

a).La situation politique internationale, en dépit de certaines tensions, est favorable à la circulation des biens de consomma­tion.

b) L'état des techniques permet la production industrielle des biens de consommations et des objets que l'homme tient à acquérir.

c) Les moyens modernes de transport per­mettent aux denrées de cirèuler à travers le monde. A l'échelle de notre canton, presque tous nos villages, même les plus éloignés, sont facilement accessibles par voiture ou téléphérique.

d) Les voyages, la radio et surtout la télé­vision développent la connaissance mu­tuelle des peuples. Les habitants des loca­lités les plus éloignés des -centres reçoiven t sur le petit écran, des images filmées jus­qu'au bout du monde, voire sur la lune.

e) L'acquisition de la majeure partie des produits destinés à notre alimentation, comme celle des possibilités de transport,

de déplacement, d'information ou de con­fort, se fait par l'intermédiaire de la mon­naie. Nous ne produisons généralement pas ce qui nous est directement nécessaire, mais ce que nous pourrons échanger contre de l'argent qui, lui, nous .permettra d'ache­ter les biens indispensa bles à notre vie quotidienne.

La moderne multiplication des métiers spé­cialisés conduit à ce type de rapport entre le travail et la nourriture : on ne peut pas passer sa journée à réparer des voitures ou à conduire des trains de marchandises et, en même temps, produire directement la nourri­ture de sa famille.

Le rapport travail/argent/vie matérielle fait que le riche, aujourd'hui, est celui qui pos­sède beaucoup d'argent ou d'autres biens facilement convertibles en monnaie.

2.2.3

Autrefois, le Valais, comme la plus grande partie de l'Europe, vivait au rythme d'un monde essentiellement rural. Des courants d'échanges entre les centres économiques du moyen âge (Italie du Nord-Flandres) ont certes emprunté ses cols alpins mais sans influer profondément sur la vie quoti­dienne de la plupart des gens. Le déplacement des centres d'affaire au XVIe s. ne fit qu'isoler le Valais. -

a) La situation politique internationale, sou­vent troublée par des guerres, n'était pas favorable à un essor économique durable.

b) La production des bien de consommation et des objets nécessaires était limitée par les moyens rudimentaires de la technique et par l'organisation artisanale de la pro­duction.

c) Les transports de marchandises et le dé­placement des personnes se trouvaient ra­lentis par la modicité des moyens de lo­comotion disponibles. Chez nous, la plu­part des villages de montagne n'étaient accessibles qu'à pied ou à dos de mulets. Les inondations des cours d'eau sans di­gues et les intempéries hivernales compli­quaient encore la circulation. A part ceux qui se rendaient en pélerinage, au service militaire étranger, ou aux études, les hom­mes ne sortaient guère du pays.

d) Les nouvelles n'arrivaient qu'à l'état d'échos souvent incomplets et déformés.

e) Les moyens matériels de subsister étaient fournis par le travail agricole et viticole, par l'élevage du bétail; ainsi, l'argent jouait un rôle peu considérable, sauf chez les marchands et hommes d'affaire des petites villes. On produisait directement ce dont on avait besoin, ou on le trouvait dans la nature.

Le rapport travail/vie matérielle, presque sans recours au truchement de la monnaie, fait que l'homme riche d'autrefois était, chez nous, celui qui possédait beaucoup de terres propres à la culture et à l'élevage.

2.2.4

Un certain nombre d'exemples pratiques, ti­rés de la vie quotidienne d'aujourd'hui et d'au­trefois, illustreront ces considérations théori­ques. En faisant voir dans les choses d'usage courant; pour une famille moyenne, la propor­tion entre ce qui est production directe de no­tre canton, et ce qui vient de l'importation, ils permettent de bien saisir la différence entre les styles de vie économique moderne et ancien. Dans les tableaux ci-après (p) signifie « en partie».

13

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Page 10: L'Ecole valaisanne, mars 1975

1

ALIMENTATION

Vie actuelle Vie ancienne

Prodûits importés

Farine pour le pain, pâtes (ou farine pour .-les fabriquer) ; semoules de maïs (polenta) et de froment; pomme de terre (P) ; riz; potage en poudre; plats préfabriqués; conserves di­verses (viandes, fruits, légumes); viande et volailles (p); poisson (p); huiles et graisses végétales; lait, ·beurre et fromage (p) ; agru­mes et 'fruits étrangers; sucre; sel. poivre et condiments; café, thé, chocolat; vin et autres boissons (p) ; miel (P).

N. B. On ajoutera à propos de la table que les couverts, récipients, ustensiles d'usage courant sont tous importés en Valais, de même que la toile pirée ou le plastique' qui protègent la table ... '

Riz; oranges (rares); sel; sucre; café, thé.

N. B. Sauf le sel que l'on a toujours im­porté, les produits susmentionnés pénètrent en Valais depuis la fin du XVIIIe s. et surtout depuis le XIXe s.

Produits du pays

Rare~ pains de seigle; légumes frais (p); viande, poisson (p) ; lait, beurre, fromage (p) ; vin et autres boissons (P) ; miel (P).

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Farine à pain (seigle et un peu de froment) ; , farineux: fèves, chataigniers, «maïs» récent ; orge (gruau); peu de légumes (choux, raves et poireaux. plus épinards et rhubarbes sau­vages); viande; lait, beurre, fromage; quel~ ques arbres fruitiers; pommes de terre (tar­dives); miel.

N. B. Longtemps la vaisselle de table a été très rudimentaire (écuelle commune etc.) et fabriquée dans le pays; la vaisselle importée constituait un luxe relativement peu répandu.

LOGEMENT

Vie ancienne Vie actuelle

Matériaux importés

Ciment (p) ; plâtre, gypse (p) ; fer à béton; briques; canaux de cheminée; ca telles, car­rons, tuiles, Eternit, tôle; bois (p) ; pierre de luxe (par ex. travertin) (p); serrurerie cou­rante ; clous et vis; verre et peinture; instal­lations sanitaire, électrique, téléphonique, de chauffage; outils et machines d'entreprise.

N. B. Naturellement la proportion d'élé­ments importés en Valais croît si l'on consi­dère un immeuble neuf. Mais elle reste im­portante dans une maison ancienne entretenue et plus ou moins modernisée.

Verre des fenêtres; couleurs (p) ; fer pour la serrurerie .; carrons tardifs; plomb (pour fenêtre et scellement); fer blanc et cuivre; rares poêles de faïence.

Matériaux du pays

Ciment (p); plâtre, gypse (p) sable, eau; pierres courantes, gravier à béton; tavillons et ardoises rares; bois (p) ; bois pour les portes et les fenêtres.

Pierre, sable, chaux; poêles de pierre; dal­les, ardoises, bois; couleurs (p).

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Page 11: L'Ecole valaisanne, mars 1975

VETEMENT

Vie actuelle Vie ancienne

Matières importées

Les vêtements, chaussures etc. que nous portons sont tous soit importés tout faits, soit faits en Valais de textiles ou cuirs en majeure partie importés.

Suivant les époques, on importe les rubans, le velours, la soie et même du drap et des cuirs fins (pour les beaux costumes, donc sur­tout dans les milieux aisés et toujours en quantité relativement faible). On importait aussi les aiguilles à coudre ainsi que les épin­gles utilitaires et décoratives.

Matières du pays

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Les produits du pays permettaient de se vêtir: laine des moutons, lin, chanvre, cuir, peau et fourrure, boutons d'os et de bois.

2.3 LA VIE ANCIENNE ET L'EXPLOIT A TION DU TERRITOIRE

2.3.1

De caractère autarcique, l'économie tirait ce qui était nécessaire à la vie matérielle en partie de la nature vierge et en partie des productions qu'elle lui imposait par l'agri­culture, la viticulture et l'élevage. Il s'agissait de se procurer ainsi des éléments d'alimen­tation, les matières nécessaires aux vêtements, les matériaux de construction etc.

Pour répondre à ces besoins, un territoire offrant à la fois une certaine étendue et une certaine variété était indispensable, qu'il s'agisse des produits naturels proprement dits, de la culture ou de l'élevage.

2.3.2

Ainsi, la vigne n'était possible que sur les cônes d'alluvions de la plaine, sur des coteaux inférieurs et certains plateaux à fai hle altitude: des conditions spéciales d'en­soleillement étaient requises, de même que des possibilités d'irrigation. En revanche, les fo rêts les plus rentables étaient en montagne, surtout entre 800 et 1800 m. S'il y avait des prés d'eau dans la plaine, des prairies plus ou moins étendues sur les cônes d'alluvion et dans les clairières de la forêt, les plus vastes prairies naturelles se trouvaient au-dessus de 1600-1800 m. Enfin, dans un pays à faible densité de pluies et à rivières fortement en­caissées, l'irrigation posait des limites à l'uti­lisation du sol. Le terroir sur lequel une communauté humaine entendait s'installer devant répondre à toutes ces exigences, la possibilité de vivre était strictement liée à la géographie.

2.3.3

Ce qui contribuait le plus nettement à dé­terminer l'étendue et la configuration du ter­ritoire à occuper, c'était l'élevage du bétail, particulièrement des bovins. Les prairies na­turelles (seules autrefois) étaient, à part l'ap­point des feuilles d'arbre et de la paille cou­pée, l'unique source d'alimentation du bétail bovin . Un équilibre, entre les herbes broutées sur place et les herbes fauchées et conser­vées pour l'affouragement hivernal, conduit à un type précis d'utilisation du sol. En effet, les prés situés à portée des lieux où l'hiver­nage est possible (villages et mayens) sont forcément consacrés à la récolte du foin et ne peuvent être broutés que durant de courtes périodes, au printemps et en automne. Le pâturage d'été est recherché en montagne, d'où il serait trop difficile de descendre le fourrage. Les régions les plus élevées (jusque vers 2500 - 3000 m.) servaient à l'estivage des moutons. On voit ainsi que l'élevage du bétail imposait une vie partiellement «no­made» sur un vaste territoire.

2.3.4

Celui-ci prend la forme d'une bande plus ou moins étroite, allant du village au sommet des montagnes. En se prolongeant vers le bas, elle permet de cultiver en outre la 'vigne. Dans le cas où la localité principale est située dans la plaine ou très près d'elle, il arrive que l'on voie la bande s'étendre en dou ble registre, des Alpes bernoises à celles qui nous séparent de l'Italie.

Cette distribution du territoire, d'origine purement pratique, remonte vraisemblable­ment à une haute antiquité. Par nécessité, bien plus que par routine, elle a duré jusqu'à l'introduction de l'économie moderne. Elle paraît à l'origine de la configuration topogra­phique des plus anciens domaines seigneu­riaux, des plus vieilles paroisses, puis des grandes communes ou des dizains qui par­fois sont devenus nos districts.

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Page 12: L'Ecole valaisanne, mars 1975

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2.3.5

L'existence de ces secteurs, justifiés par les conditions ordinaires de la vie quotidienne d'autrefois, explique la variété et le nombre des édifices nécessaires à une activité partiel­lement «nomade », s'exerçant de la plaine jusque vers 2500 voire 3000 m. d'altitude. Elle fait comprendre d'anciens chemins, avec leurs ponts, et aussi le tracé hardi des bisses d'irrigation. Elle éclaire l'échelonnement des sanctuaires secondaires qui font tout un cor­tège aux vieilles églises paroissiales, ainsi que l'implantation des châteaux forts.

2.4 LE PASSAGE

2.4.1

DES ANCIENNES CONDITIONS DE VIE AUX MODERNES EST RECENT

Le rapport entre la vie économique au­tarcique, de style rural, et le régime des échanges plus vastes a changé plusieurs fois en Europe occidentale et naturellement en Valais aussi. Sans nous y arrêter nous devons signaler l'importance temporaire (1er - IVe s.) du transit international: il a déterminé l'épa­nouissement d'Octodure, l'ancienne ville ro­maine de Martigny, et exercé une certaine influence dans la vallée du Rhône. Ensuite, à partir du Ve s., la vie de type rural s'im­pose de nouveau partout, car le commerce international se réduit à très peu de chose. Au XIe et au XIIe s., la renaissance des af­faires ramène en Valais (au Grand-Saint­Bernard et aussi au Simplon) une importante circulation de marchands. Le commerce trans­forme dans une certaine mesure l'existence de localités bien placées le long des chemins et leur confère un certain caractère citadin (par exemple Martigny, Sion, Loèche et Viège); mais la plus grande partie du pays demeure essentiellement paysanne.

18

Les transformations les plus profondes qui devaient aboutir au genre de vie que nous connaissons actuellement se sont produites d'abord lentement, à partir du XIXe s., puis de plus en plus vite, surtout depuis le milieu du XXe s.

2.4.2

Quelques événements ont contri~ué à la première phase de cette transformatIOn:

- Le nouvel aménagement napoléonnien de la route traversant tout le Valais en pas­sant le col du Simplon (1800).

- L'appartenance du pays à la Confédéra­tion suisse après 1815.

- ' Le développement du tourisme anglais dès l'époque romantique. La route permet la diligence; et, de la plaine on se risque sur les chemins muletiers des vallées, où peu à peu vont naître les stations de villégiature estivale. La mise en exploita­tion du chemin de fer dans la ' plaine (1859-1890).

- Les premiers efforts pour construire des routes carrossables dans les vallées (à partir du milieu du XIXe s.).

- Mise en valeur de la plaine (deuxième partie du XIXe s. et le développement des cultures industrielles, Troillet).

- Le tunnel du Simplon ouvre les commu­nications ferroviaires en direction de l'Italie (1906). Les vallées les plus tou­ristiques reçoivent des voies ferrées (1891-1915); le percement du Lœtschberg relie Brigue à Berne (1913). Une carte (fig. 8) montre l'essentiel du développement des moyens de communication en Valais, du début du XIXe s. à 1915.

- Dans le courant du XIXe s. et le début du XXe, la diligence puis le chemin de fer transformeront d'abord la plaine: ' les bourgades principales deviennent de pe­tites villes. Leur rôle .de relai et de marché régional s'accroît. L'artisanat se développe et apparaissent quelques industries. Les nouvelles voies de communication dans les vallées mettent les villages en contact avec l'évolution des villes. La vie écono­mique se transforme lentement mais la campagne ne se vide pas et l'élevage con­tinue à jouer un rôle considérable.

2.4.3

La transformation du pays s'accélère ex­traordinairement à partir des années 1950 : le brassage des hommes durant la mobilisation, l'essor économique d'après-guerre, la construc­tion des grands barrages et le développement de l'industrie, la multiplication des voitures, autobus et camions, de même que la cons­truction de nouvelles routes et de téléphéri­ques contribuent à moderniser les villes et à faire pénétrer les nouvelles conditions de vie jusque dans les villages retirés. Le tourisme s'installe partout. Les villes débordent sur la campagne voisine. Le mayen tradition­nel, parfois J'alpage, deviennent sites à bâtir

et rapportent de l'argent. Toutes les activités du bâtiment s'accroissent et jusqu'en 1974, fournissent de nombreuses occasions de tra­vail. L'industrie développe elle aussi ses ca­pacités. Une partie des populations de mon­tagne trouve en ville de nouvelles occupa­tions plus lucratives. Dans ces conditions, l'activité paysanne (sauf les cultures indus­trielles et la vigne) et surtou't l'élevage perdent du terrain (fig. 10). De 1802 à 1970, la population du canton a passé de 60051 à 206 563 habitants. Des cartes (fig. 4 et 5) montrent l'importance de cet accroissement; pour faire voir combien la population des villes augmente proportionnellement plus que celle des campagnes, nous avons divisé le canton en secteurs comprenant chacun une ville et les campagnes voisines (nous ne prétendons pas influer, par ce partage scienti­fiquement commode, sur les travaux de la

. planification). Les fig. 6 et 7 donnent le détail par commune dans les secteurs de Monthey et de Brigue (évolution de 1846 à 1970).

Tout est allé si vite, que les enfants d'au­jourd'hui ne comprennent parfois plus com­ment vivaient leurs grands-parents et que le souvenir du «Vieux-Pays» devient à tort ou à raison un mythe de l'âge d'or.

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Fig. 11 : Evionnaz : un village aligné sur la route ancienne (dessin à la plume rehaussé d'aquarelle de R. Eggs, d'après une photographie du début du siècle)

3. Témoins de la VIe rurale

3.1 L'HABITATION PERMANENTE

3.1.1

Les limites et le but de ces pages nous interdisent d'esquisser, même en aperçu, une histoire complète de l'habitation en Valais. Laissant de côté les huttes néolithiques dont M. le Professeur Sauter a trouvé les vestiges à Saint-Léonard et les bâtiments romains dont les fondements abondent dans le sous­sol, nous devons nous restreindre à ce qui représente véritablement notre patrimoine ar­chitectural: les constructions conservées au­dessus du sol. Celles-ci ne remontent pas plus haut que le moyen âge et sont souvent beaucoup plus récentes. Le choix délibéré de notre sujet restreint l'exposé aux habitations du monde rural. Celles des petits bourgs et des villes qui se différencient peu à peu à partir du XIIe et du XIIIe s. mériteraient à elles seules une . autre brochure.

3.1.2 Le village

Il est intéressant d'observer sur quels sites on a, de préférence, implanté Jes villages et bourgades d'autrefois.

La plaine ·proprement dite du Rhône, ex­posée aux inondations, souvent marécageuse et infestée de moustiques en été, n'a reçu que très peu de v,illages. Bâtis sur de légères éminences en tous temps émergées, Illarsaz, Collombey-Ie-Grand, Massongex et Granges font figure d'exception dans la géographie du Valais. Les agglomérations de la «plaine» sont presque toujours construites sur la hau­teur des cônes d'alluvions (on redoutait moins les frasques occasionnelles d'un torrent

. alpin, que les crues annuelles du Rhône), Sl,l r les dépôts de très anciens éboulements ou sur des terrasses basses: par exemple Vou vry, St-Maurice, Riddes, Chamoson, Grô­ne, Agarn, Glis et Naters. On choisit aussi

de s'installer sur un coteau ensoleillé et pas trop abrupt (par exemple Loèche, St-Séve­rin) ou encore sur les premiers plateaux, comme Savièse et Ayent.

Dans les vallées de la montagne, on a évité la proximité immédiate de la rivière en profitant des terrasses naturelles qui la dominent (par exemple Le ChâblejBagnes, Saint-Nicolas). On aime aussi les positions à flanc de coteau qui utilisent de petits pla­teaux, des crêtes, voire la pente elle-même (Isérables, Pinsec, Arbaz).

Suivant le site choisi, le vieux village s'or­ganise selon un plan très libre mais bien groupé; ou au contraire, il est asservi aux contraintes de l'étagement sur le flanc du coteau, ou encore à l'alignement principal donné par un ancien chemin qui le traverse (fig .11).

Dans · la plupart des cas, les habitations sont étroitement groupées (fig. 29 et 67) souvent sur un sol impropre à la culture (fig. 2). Mais il peut arriver que l'habitation soit en ordre dispersé à travers la campagne avec un noyau de maisons autour de l'église (Val-d'Illiez), ou encore que la commune soit faite de plusieurs villages d'habitation permanente qui ont tous leur propre nom différent du nom désignant la commune entière (Savièse, Ayent, Bagnes et Binn).

Tant pour l'alimentation des hommes que pour celle du bétail, le site choisi pour le village comporte nécessairement un point d'eau. Primitivement ce peut-être le ruisseau voisin;, mais on remarquera d'intéressantes fontaines, alimentées soit pàr une source, soit par une déviation du torrent (comme autrefois à Saillon). Dans les localités de la plaine, il existait des puits forés jusqu'à la nappe phréatique: ils étaient protégés par une petite construction de maçonnerie et par un toit (puits conservés à Granges, à la maison de campagne des Supersaxo près . de Sion, à

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Callambey; puits dont la superstructure est rasée mais dont les vestiges importants subsis­tent dans le sol, à la So.uste et à Glis).

3.1.3 La maison

Nous parlerons ici des maisons rurales qui servent en principe d'habitations permanentes. Les logis secondaires qui peuvent exister dans les mayens, les alpages et le vignoble seront mentionnés plus bas (3.2 et 3.4).

En dehors des villes, où les maisons de pierre sant les plus fréquentes depuis la fip du moyen âge, et de certaines vallées forte­ment influencées par l'architecture du sud camme l'Entremont et Bagnes, la maison valaisanne typique utilise à la fois les techni­ques du bois et celles de la pierre. De ce fait, les proportions harmonieuses de l'édi­fice considéré en lui-même et par rapport à ses voisins sont en quelque sorte dictées par la longueur des madriers disponibles dans la région. Les arbres donnent ainsi le mo­dule de l'architecture.

L'assaciation des techniques du bois et de la pierre et notamment ]a proportion entre les éléments construits avec chacun de ces matériaux peut varier considérablement. Nous

. ne pouvons pas déterminer ici la part qui, dans cette diversité, provient des habitudes régionales et celle qui découle d'une évolu­tian de la technique à travers les siècles. Les inventaires et les études de détails sont pour l'heure · trop incomplets. Nous nous cantenterons de '-présenter le type le plus simple, autrefois le plus fréquent, puis d'exa­miner les principales variantes sans nous permettre d'en tirer trap de conclusians.

Dans le Valais central, ce que l'on paurrait appeler la «maison-type» (fig. 14) camprend une partie antérieure (en général du côté de la vallée) avec base de maçonnerie servant de cave et supportant la construction d~

28

bois qui constitue la chambre (poèle) et une partie postérieure entièrement maçonnée (la maison proprement dite) contenant la cuisine. Le toit est à deux pans, le faîte courant d'ordinaire de la façade antérieure (pierre et bois) à la façade postérieure (entièrement en pierre). La charpente n'a pas de ferme : les pannes s'appuient simplement sur les pi ~ gnons de bois et de maçonnerie. La cou­verture elle-même, suivant les régions et peut-être les époques, est de bardeaux ou de dalles.

Il est intéressant de signaler la manière dont se déroulait le chantier de construction. Dans la bonne règle, on commençait par élever les fandations en maçonnerie de toute la maison, jusqu'au sommet de la cave ; ensuite on construisait sur celle-ci l'élément de madriers; enfin, quand la partie de bois avait opéré son tassement, on bâtissait, à l'arrière, la cuisine de maçonnerie.

La distribution des lacaux (fig. 13) est à l'arigine, extrêmement simple. La petite cave du rez forme un seul volume, accessible de la façade antérieure, sauvent à l'aide d'un escalier en partie extérieur: sauf perfection­nement tardif, on est toujaurs obligé de sortir de la maison pour aller de la cuisine à la cave. Le rez supérieur est en deux comparti ­ments: la cuisine qui sert en même temps d'entrée et la chambre accessible de la cuisine. La cheminée servant à la fois à la cuisine et au poè]e de la chambre, se trouve dans un élément maçanné, entre ces deux locaux. Les cambles, au-dessus de ]a chambre, sont faiblement éclairés par de très petites fenê­tres (façade antérieure). Ils peuvent être ac­compagnés d'une ' galerie extérieure construite sur une façade latérale, très près du toit, et accessible par un escalier extérieur. S'il y a un étage supérieur avant les cambles, il n'existe primitivement que dans la partie de bois et an y monte de la cuisine, elle-même en un seul valume, jusqu'au tait; le balcan latéral est alors très fréquent. Un système

plus perfectionné, adapté aux nécessités de deux ménages vivant sous le même toit, présente à l'étage une secande cuisine acces­si ble par un escalier extérieur (ou dans cer­taine maison de Conches par des degrés mon­tan t d' une cuisine à l'autre). La galerie de bois est alors accessible depuis la cuisine supérieure. La tou·relle, contenant un escalier en colimaçon, n'intervient que dans certaines maisons riches, fartement influencées par l'ar­chitecture citadine. Si l'immeuble appartient à plusieurs prapriétaires, il est en général partagé par étages; on connaît aussi la divi­sion verticale (dans la ligne du faîte) et d'au­tres dispositions plus subtiles résultant de partages successoraux.

Le plan de cette «maison-type» peut être perfectianné par des cloisans intérieures (fig. 15): un ou plusieurs petits locaux peuvent être gagnés sur la surface de la cuisine (fig. 15 b); la chambre de bois peut, elle aussi, être subdivisée de diverses manières (fig. 15 c) . On a pu agrandir l'édifice primitif en cons­tru isant une ou plusieurs annexes.

D'autres variantes de ]a «maison-type}) résultent d'une proportion différente entre les éléments construits en pierre et en bois. Ces différences sant particulièrement sensibles dans l'aspect extérieur du bâtiment. On re­marque des constructions presque entièrement de bois, où la maçonnerie intervient seule­ment comme élément de base, limitée au minimum, et 'camme pratectian du foyer. Entre ce gente d'édifice et la «maison-type» existe toute une série d'intermédiaires: une seule paroi en maçannerie, ou un angle, ou encore deux au trois parais; les murs peu­vent monter soit jusqu'au plancher d'un étage ou des cambles, soit jusqu'au toit (fig. 16 - 19). Si l'an veut examiner l'importance relative de la maçonnerie et du bois dans les façades, an prêtera attentian au fait que, dans bien des endroits, une transformation a doublé de maçonnerie toute ou partie d'une construction de bois: ainsi à la cure de

Naters, un chalet de 1461 a été enrobé de maçonnerie environ deux siècles plus tard.

L'état dans lequel se trouve actuellement notre patrimoine architectural et notamment les influences inter-régionales ne nous per­mettent pas de classer sûrement toutes ces variantes en type propre à telle vallée ou à telle époque. On observe toutefois que dans la vallée de Conches, les éléments en maçon­nerie des maisons les plus anciennes dimi­nuent d'impartance au fur et à mesure que l'an remonte le Rhône.

Dans plusieurs régions du Valais, an voit des maisons aù la cave de pierre supporte un étage de maçonnerie peu éclairé (la «salle») (fig. 17 b et fig. 19 a) puis la construction de bois. La « salle» est, à l'origine, un entre­pôt paur des provisions nécessaires à la famille. Elle est bien aérée par des ouvertures étraites et hautes, en forme de meurtrières. On n'accède que de l'extérieur; l'escalier qui conduit à sa porte peut être constitué de simples dalles fichées dans la façade (pour empêcher J'accès des rongeurs). En général, la beauté de la maison résulte de la qualité des madriers qui lui servent de module et aussi de leur combinaisan avec les éléments maçonnés, habituellement enduits. A cela peut s'ajouter, dans certains cas, un véritable décor. L'enduit des murs peut s'orner de peintures (fig. 3): chaînes d'angle, encadre­ments de partes et de fenêtres avec éléments géamétriques au flaraux, plus rarement ins­criptions au persannages; les parois de bais peuvent comprendre des madriers sculptés en frises, sur toute leur longueur, par exemple au pied et au sommet des fenêtres (fig. 20) ou d'autres ornements (fig. 12); M. Walter Ruppen prépare un article à leur sujet.

A l'intérieur, les éléments de décor devien­nent mains rares depuis la fin du moyen âge. Ils ne cancernent toutefois que la cham- . bre: solives de plafond sculptées, pautre maîtresse avec inscription rappelant la date

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Page 18: L'Ecole valaisanne, mars 1975

de construction ainsi que les noms et qualités du propriétaire, lambris de paroi avec couvre­joint sculpté etc.

. En principe, toutes les maisons dont nous avons jusqu'ici évoqué le caractère sont consa­crées uniquement à l'habitation de la famille et à la conservation de quelques provisions de bouches (à la cave, éventuellement aussi dans l~ «salle» et dans un petit réduit sur la cl:lisine). .

Un type de maison très différent, répandu dans toutes les Préalpes et jusque dans l'Ober­land bernois, existe dans le Valais, en aval du défilé· de St-Maurice. C'est la maison dite du Val-d'Illiez (fig. 17 a), qui correspond à une organisation de vie différente, logeant la famille et le bétail sous un même toit. La base de maçonnerie (rez) est une étable; elle peut être surmontée d'un étage de pierre

. (<< salle» ou chambres), supportant la cons­truction de bois (logis) qui constitue tout le haut de la maison. Au sommet, les c01Jlbles servent de grange. La cuisine aménagée dans la partie centrale de l'étage de bois est ca­ractérisée par une grande cheminée de bois, en tronc de pyramide, se terminant au som­met par une large ouverture (munie d'un couvercle mobile, réglable) servant à la fois à l'évacuation de la fumée et à l'éclairage du foyer.

30

Cette grande cheminée a été parfois intro­duite dans le Valais central (rive droite) par l'influence du Pays-d'Enhaut (hameaux de Leytron); elle était autrefois commune dans l'Entremont.

3.1.4 Suggestions

La classe pourra examiner le plan du vil­lage et le comparer avec ceux d'autres loca­lités voisines, pour bien compendre comment l'ancien village s'adapte au terrain et i'uti-lise. .

Elle aura avantage à examiner les anciennes maisons du village en essayant de distinguer celles qui paraissent représenter le type local et celles qui font sentir les influences du dehors ou qui constituent des cas particuliers. Elle étudiera la technique des assemblages de bois et les éventuels éléments de décor peints ou sculptés.

Si les circonstances s'y prêtent, on s'intéres­sera aussi aux intérieurs: pièces de mobilier ancien (construction, utilisation, décor, ins­criptions, etc.) ; anciens ustensiles de ménage ; poèles de pierre (formes, inscriptions, armoi­ries); décoration, inscriptions et dates des lambris et des poutres de plafond etc. Fig. 12 : Vex : décor sculpté dans le bois d'une façade

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Fig. 15 : Distribution intérieure des locaux: a) ense.mble ; b) partie maçonnée; c) partie de bois. Ech. l : 250

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3.2 L'ANCIEN MONDE DE L'ELEVAGE

Comme nous l'avons expliqué plus haut (2.3.3) l'élevage du bétail bovin n'était pos­sible en Valais, comme dans les autres ré­gions des Alpes et Préalpes, qu'en échelonnant l'exploitation des prairies naturelles depuis l'ahitude des villages jusqu'aux pâturages de la haute montagne. Les distances et les dé­nivellations qui entraient en jeu obligeaient la population, ou du moins une partie de celle-ci, à mener une vie «nomade» et à disposer de plusieurs centres d'exploitation. Nous examinerons donc ici les différents genres de bâtiments en relation avec la vie d'élevage- au village puis au mayen et enfin à l'alpage.

3.2.1 Au village

Les bâtiments du village destinés à l'éle­vage des bovins sont déterminés par deux fonctions essentielles: l'abri du bétail et l'affouragement.

Dans le système ancien de l'économie d'éle­vage, les vaches séjournaient au village à l'arrière-automne et au début de l'hiver, puis de nouveau de la fin de l'hiver au printemps. Ces conditions' saisonnières imposaient la construction d'étables.

La période durant laquelle les vaches sont au village permet de disposer de deux sys- ' tèmes pour leur alimentation. A l'arrière-au­tome et au début du printemps, le bétail est conduit, pour la journée, sur les prés situés à proximité du village, dans les endroits où l'irrigation du bisse parvient facilement. Au début et à la fin de l'hiver, on donne aux bêtes le foin récolté durant l'été sur les mêmes prés, et conservé: d'où la nécessité de la grange.

Ces deux locaux indispensables, l'étable et la grange, peuvent en principe être distincts ou réunis sous un même toit. Le deuxième système, le plus pratique, est habituel en

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Valais comme dans beaucoup d'autres con­trées. Mais il se réalise concrètement de deux manières différentes, selon les régions.

La seconde, fréquente dans les Préalpes, les villages en amont de Saint-Maurice, sé­pare complètement le logis des hommes de l'abri du bétail. Un bâtiment spécial, appelé chez nous «grange-écurie », comprend, au rez, l'étable et au-dessus, la grange. Les « granges-écuries» sont le plus souvent mê­lées aux maisons d'habitation. Mais on trouve quelques fois, dans la vallée de Conches (ou en d'autres endroits, après un incendie) un véritable quartier de «ruraux» un peu à l'écart des maisons.

La seconde, fréquente dans les Préalpes. est pour le Valais propre au Val-d'Illiez et à certaines régions voisines. L'étable est ins­tallée au rez-de-chaussée de l'habitation; les combles de celles-ci servent de grange.

Dans les «granges-écuries» du type le plus ancien, tout est en bois (madriers croi­sés aux angles), même l'étable; le socle de maçonnerie est limité au minimum (fig. 23 a et b). La couverture peut être de bardeaux ou d'ardoises.

Un type plus évolué présente une--étable en maçonnerie, supportant la grange en ma­driers (fig. 22 a).

Un autre type encore, ancien dans le Valais central, sur la rive droite du Rhône (de Loèche à Fully) et adopté ultérieurement dans d'autres' régions, à la suite d'incendies (Basse-Nendaz, début XIXe s.), comporte, sur l'étable de maçonnerie, une grange à «chan­tons ». Dans le cas le plus simple, les chan­tons sont quatre angles de maçonnerie, dans lesquels viennent s'ancrer des madriers ho­rizontaux, formant les parois (fig. 22 c). Plus tard, une armature de madriers s'accro­che à ces maçonneries et la paroi se complète au moyen de plateaux de bois . chevillés sur

cette armature. On trouve, spécialement si la grange est vaste, d'autres piliers de ma­çonnerie intermédiaires. supportant les ex­trémités de la panne faîtière, voire celles des pannes (fig. 22 d). Le jeu de ces divers supports supplémentaires permet de garder, auX parois de bois, une longueur réglée sur celle des madriers disponibles.

L'étable n'a, d'ordinaire, qu'une porte, ou­verte sur le devant de l'édifice (généralement vers l'aval) . L'intérieur, au plafond très bas, comprend toujours une allée de circulation, grossièrement pavée ou dallée, faisant suite à la porte et soit sur un côté, soit plus habi­tuellement sur les deux côtés, le plancher légèrement surélevé où logent les vaches. La crèche n'est pas un râtelier à barreaux ver­ticaux. Elle est faite de deux planches conti­nues le long de la paroi: l'une, horizontale, constitue le fond, tandis que l'autre, inclinée, retient le fourrage et possède quelques trous pour attaçher les vaches.

La grange n'a en général qu'une porte ménagée soit à l'arrière (amont), soit laté­ralement. Elle est suffisamment grande pour faciliter l'introduction du foin. Un autre type de grange, probablement plus primitif, pré­sente pour l'introduction du foin une ouver­ture ménagée dans le toit (surtout dans la vallée de Saas, aussi dans le Lœtschental l'Entremont et Bagnes); dans ces cas, un~ petite porte ménagée dans l'une des parois ~ert à aller chercher le fourrage. Dans nos et~bles anciennes, il n?existe pas de «don­nOIrs» permettant de faire descendre le foin directement dans la crèche. On transporte ' le fourrage (souvent dans un tablier) de la grange à l'étable en passant par l'extérieur. De manière à faciliter ce transport, les mon­tagnards de Conches (fig. 23 a - d) disposent d'un système de communication très pratique: outre l'ouverture qui sert à entreposer le foin, leurs granges possèdent deux petites portes, sur la façade d'aval, comme celle de l'écurie. Ménagées près des extrémités de la façade,.

elles sont reliées à la porte de l'étable par deux escaliers convergents (il existe des va­riantes de détail). Quand plusieurs ruraux sont accolés les uns aux autres, les communi­cations décrites peuvent se trouver sur une façade latérale (fig. 23 e) .

Nous ne nous arrêtons pas aux logements des animaux domestiques autres que les bo­vins, car ils ne se traduisent pas par la construction de bâtiments aussi typiques. Les chèvres étaient, comme les moutons, abritées dans quelque étable à vaches disponible. Les porcs disposaient le plus souvent d'abris très rudimentaires, construits en annexe. Le mulet, souvent commun à plusieurs familles, s'abritait soit dans une étable libre Gamais avec les vaches), soit dans une partie de remise. Les quelques poules se serraient dans un coin de grange ou de remise. .

L'élevage du bétail ayant pour but de pro­curer des produits laitiers et carnés, il con­vient de signaler rapidement ici les locaux destinés, dans le village, à la fabrication du fromage et à la conservation de la viande. Durant leur séjour au village, les familles ne faisaient pas elles-mêmes le fromage. La laiterie recevait toute la production laitière du lieu et répartissait entre les familles (en « journée») les charges comme le bois né­éessaire à la cuisson et la nourriture du fruitier, ainsi que les profits comme le beurre et le fromage. Cette manière de faire paraît exister depuis assez longtemps, mais les bâ­timentsnécessaires n'ont pas fourni d'élé­ments bien importants à notre patrimoine architectural.

Une fois transportable, le fromage était conservé par chacun dans la cave de sa niai­son, les pièces disposées verticalement sur deux madriers parallèles.

La boucherie était, dans les villages, l'af­faire de chaque famille et n'exigeait pas de construction spéciale. La viande fraîche

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était mise en réserve à la cave. Les morceaux à conserver étaient salés et séchés, puis en­treposés dans un grenier-(voir plus bas 3.3.3). Dans le Val-d'Illiez, où l'atmosphère est moins sèche, on assurait la conservation en fumant la viande dans la grande cheminée.

3.2.2 Le mayen

Le mayen, dont le nom est apparenté à celui du " mois de mai, est la première station du «nomadisme» régional. On y amène le bétail dans le courant du mois de mai et on l'y laisse pâturer durant la journée, jusqu'à la fin de juin. Ensuite, la croissance de l'herbe reste libre jusqu'à la récolte du foin . En septembre et octobre, le bétail, redes­cendu de l'alpage, pâture de nouveau au mayen, avant de regagner le village.

Le foin récolté au mayen est généralement conservé et utilisé sur pl~ce en décembre. Dans certains cas où l'accès serait impossible au bétail en hiver, on descend le foin au village, sur la neige (Veysonnaz). Dans ces conditions, le mayen, comme le village, est soumis aux deùx nécessités fonctionnelles de l'étable et de la grange.

Les mayens se trouvent en principe à une altitude de 1300 à 1700 m. : cela revient à dire qu'ils sont situés ordinairement plus haut que le village. Mais il existe des exemples où ce dernier est en haute altitude (Chandolinj Anniviers, 1936 m.) et où les mayens se trouvent en-dessous du village.

Les terrains sont sous le régime de la propriété privée et, de ce fait, les bâiments qui permettent leur exploitation se trouvent généralement en ordre dispersés. Beaucoup plus qu'au village, mais moins qu'à l'alpage, l'accent est mis sur les installations néces­saires au bétail; le logement des humains paraît secondaire (fig. 25, c - d).

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Les édifices du mayen primitif ressem..: blent fort aux types anciens des «granges­écuries» du village que nous avons signalées. Mais on connaît des mayens construits en­tièrement en maçonnerie, par exemple sur Bagnes (fig. 24 a - d), Conthey, Savièse, Ayent (fig. 24 e - f) et jusque dans la Noble Contrée.

La fig. 25, a-b donne un cas pris dans la vallée de Bagnes, mais très particulier : il a une étable au rez et dans la partie supé­rieure, une aùtre étable voisinant avec une cuisine, un réduit et un logis.

D'autre part, on peut signaler dans le Haut-Valais, des mayens équipés de maisons d'habitation, simples réductions de celles des villages: il s'agit probablement de hameaux qui étaient autrefois occupés en permanence. Le problème de l'origine des mayens peut d'ailleurs être posé dans toutes les régions du Valais. Si l'on en croit de nombreuses trou­vailles archéologiques, les Valaisans de la préhistoire occupaient volontiers le terrain à cette altitude; ils ont même laissé des traces jusque sur des cols alpestres, par -exemple au-dessus de l'alpe de Torrent (Grimentz). Il n'est donc pas exclu qu'en de nombreuses lo­calités le mayen ait succédé à un établisse­ment permanent. D'autre part il ne faut pas perdre de vue les variations de la population: durant les périodes ou celle-ci a été en forte augmentation~ on peut très bien avoir habité régulièrement dans des endroits voués aupa­ravant à l'habitation temporaire. Ainsi parais­sent être nés certains villages encore floris­sants de nos jours; en d'autres endroits, on est revenu, au bout de quelques décennies ou de quelques siècles, au système d'habita­tion périodique. Nous n'avons pas à traiter ici du problème moderne que pose la transfor­mation de certains mayens en lieux de va­cances d'été ou d'hiver.

La famille se logeait dan"s la grange. Un élément de construction supplémentaire, en maçonnerie, situé à l'arrière, comme dans les

habitations des villages, servait de cuisine. On y faisait le fromage (maigre, mi-gras, tomme etc.), accessoirement les repas. On déposait le fromage dans une petite cave aménagée sous la cuisine.

Ce type primitif de mayen s'est perfec­tionné, d'abord en aménageant une cham­brette dans la grange, puis en remplaçant la grange entière par un véritable logis : cette transformation a été longtemps réservée aux riches propriétaires domiciliés en ville. Dans ce cas, le dépôt de foin se constitue dans un bâtiment voisin, conçu en «grange-écu­rie ».

3.2.3 L'alpage

L'exploitation des pâturages de montagne, dans des lieux situés souvent à plusieurs heu­res de marche des villages, représente une véritable conquête de l'homme sur des con­trées qui, autrefois, l'inquiétaient. De nom­breuses légendes attestent encore cette an­goisse.

Le vf)isinage dés glaciers était en iui-même inquiétant. Des traductions obscures, plus ou moins mêlées de légendes, racontaient com­ment les places permanentes avaient envahi des fonds de vallée ou des hauts pâturages autrefois verdoyants : de tels événements ne pourraient-ils pas se reproduire: Il faut tenir compte aussi du fait que les pâturages mon­tent souvent jusqu'à proximité immédiate des glaciers et des « pierriers» où les montagnards d'autrefois situaient une sorte de purgatoire, voire d'enfer: au-dessus de Crans, trois co­quettes défuntes payaient leur impudeur en se baignant sans cesse dans un puits d'eau glacée (à Tine d'Er); le fruitier infidèle de l'ancien alpage de Lona (entre Vercorin et Grimentz) était condamné depuis trois cents ans à «fruiter» (faire le fromage) avec de l'eau des glaciers, etc.

D'autre part, on racontait que pénétrer sur les hauts pâturages durant l'arrière-automne était s'exposer à la rencontre des âmes tré­passées: c'est là par exemple qu'un chasseur découvrit, aux Quatre-Temps, le fruitier mal­honnête de Lona, réclamant l'aide de ses prières. D'autres légendes encore montrent que l'alpage, en dehors du temps de son utilisation normale, n'est plus la propriété des vivants mais celle des morts.

Utilisé de la fin de juin au " courant de septembre, l'alpage ou «montagne» est or­ganisé de manière à échelonner l'exploitation à des altitudes qui vont de 1800 à plus de 2000 m. Il comprend, dans la partie infé­rieure, et bien abrité des avalanches, tin centre principal; plus haut, les régions qui seront utilisées à la fin de juillet et au début d'août (les «remointses ») ne comportent pas de bâtiment ou ne présentent que des installa­tions assez rudimentaires.

Les deux nécessités fonctionnelles de l'ali­mentation et de l'abri du bétail trouvent dans les alpages des solutions beaucoup plus simples que dans les villages et les mayens.

Sauf temps exceptionnellement mauvais, où l'on utilise une petite réserve de foin. le bétail vit uniquement du pâturage. On conduit les bêtes d'un lieu de pâture (<< repas ») à un autre, de manière à assurer une utilisation maximale des prairies naturelles. On n'a donc pas besoin de véritables granges.

L'existence et l'organisation d'édifices rela­tifs à la fabrication et à la conservation du fromag~, au logement des hommes et à l'abri du bétail ne répondent à aucune définition gé­nérale: elles dépendent par trop d'habitudes régionales, parfois du degré d'évolution tech~ nique et probablement d'autres facteurs que nous ignorons, résultant de régimes de pro­priété différents et d'organisations diverses du travail. Le système le plus fréquemment utilisé

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mais dont on ne peut pas dire, dans l'état ac­tuel des recherches, s'il est le plus ancien et s'il a servi originellement dans tout le canton, est celui du «consortage ». Nous en traiterons d'abord, puis, nous mentionnerons certaines particularités que l'on peut observer dans l'ancienne exploitation des montagnes du Val-d'Illiez et dans le Haut-Valais.

Système courant dans le Valais central

L'organisation de l'alpage est essentielle-, ment communautaire. Le pâturage appartient à une sorte de coopérative ,(<< consortage ») dont les membres, les «consorts », ont des parts d'importance très diverse (comptées en cuillerées, en vaches ou fractions de va­che etc.). Les consorts appartiennent soit à un seul village, soit à un groupe de deux à trois petites agglomérations.

La «montagne» est desservie par un per­sonnel que les consorts choisissent chaque année. L'équipe de travail (<< famille ») est structurée selon une hiérarchie rigide; en tête viennent le «fruitier », chargé de la fabrica­tion du fromage et le «premier vacher », responsable du troupeau; chacun est secondé par tout un personnel subalterne à fonctions bien déterminées. Voici, à titre d'exemple pratique, comment fonctionnait naguère la «famille» d'alpage à Cleuson :

a) Fabrication du fromage

- Le« pato» (fruitier ou fromager) : chef du «cajin» (fromagerie), fabrique et soigne le fromage; écrème le lait; prend soin du beurre ; trait 25 à 30 vaches.

- Le «eini»: transporte, à l'aide de deux mulets' dont il est responsable, le bois du feu, le fromage, le beurre, le sérac et les ustensiles divers; soigne le sérac; trait 25 à 30 vaches.

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- Le «patoret» (aide-fromager) : aide à la fabrication du fromage; fabrique le serac ; coupe le bois et allume le feu; trait 25 à 30 vaches; fait tous les 15 jours la tournée des consorts pour recueillir «la anda» (ravitaillement) ; porte la chaudière avec le «meytenatse ».

- Le «mayo » : fabrique le beurre; est res­ponsa ble de la propreté des ustensiles ; trait 25 à 30 vaches; vend du lait aux consorts qui viennent voir le bétail.

- Le «portchier» (porcher): soigne les porcs; aide le «pâto» à façonner la botte de beurre; garde le bétail pendant la traite; porte le «faître» (rondin ser­vant à soutenir la bâche qui abrite la fabrication du fromage dans les «remoin­tses »). Il peut être secondé par un aide.

b) Gardes des troupeaux

- Le «vatserou» (premier vacher) : assume la direction générale des troupeaux 'et fixe les «repas» (lieux de pâture) ;' participe à la garde des vaches; trait 25 à 30 vaches ; répartit la «anda» entre les ' membres de la «famille ».

- Le «meytenatse» (deuxième vacher): remplace le premier vacher; garde les vaches; trait 25 à 30 vaches; porte la chaudière avec le «patoret ».

- Le «derriatse» (troisième vacher) : garde les vaches ; rassemble le bétail avant la traite; mesure, par propriétaire, la quan­tité de lait.

- Le « gros veili » (berger des « génissons ») : garde le troupeau de « génissons ».

- Le «petit veili» (petit berger des « gé­nissons ») aide le précédent.

(Renseignements recueillis par M. Albert Stalder auprès de MM. Georges Stalder et Florentin Métrailler).

Tout le travail est contrôlé périodiquement par les procureurs que le consortage a élus dans ce but.

La nécessité fonctionnelle qui, la première, impose au consortage une construction ar­chitecturale est la conservation du «fruit de l'alpage» : la cave où l'on dépose et soigne les fromages. C'est toujours un bâtiment à part. Dans les cas les plus , simples, il est cons­titué par quatre murs de pierre supportant la charpente et la couverture de dalles. L'équipement intérieur est constitué par des rayonnages de bois où le fromage frais, encore mou, est posé horizontalement et régulièrement retourné et salé. Parfois, la cave est surmontée d'un étage qui peut servir de logis (fig. 26 c - d).

Plus tard, on éprouve le besoin d'abriter le travail de fabrication: on bâtit une fro­magerie. Cet édifice a quatre murs de pierre avec un toit à charpente rudimentaire et couverture de dalles qui laisse passer la fumée et dispense de bâtir une cheminée (fig. 26 a - b). L'installation intérieure est extrêmement simple. Il y a ordinairement un seul foyer dans un angle (parfois deux, dans les grands alpages). La chaudière est suspendue directement, ou par l'iJ?termédiaire d'une crémaillère au « tour », potence dont la partie verticale sert de pivot: ainsi, elle « tour­ne » en permettant d'amener la chaudière sur le feu ou de l'en écarter plus ou moins. Un coin de la fromagerie peut servir de logis rudimentaire quand le personnel de l'alpage ne dort pas en plein air, sous un rocher ou dans un petit dépôt de foin. En annexe à la fromagerie, se trouvent les locaux frais (parfois refroidis par le passage d'un bisse) pour laisser reposer le lait. La baratte à beur­re peut être mue par une roue à eau.

Quand le bétail séjourne dans les «re­mointses ». on fabrique le fromage soit sous abris, soit en plein air, et on le transporte jusqu'à la cave dli centre.

En ce qui concerne l'abri du bétail. le système primitif était d'utiliser, selon des droits bien déterminés, le sommet des fo­rêts voisines. Dès que l'alpage a atteint un certain niveau de développement technique, le centre dispose d'une ou plusieurs étables. Hormis le cas où les consorts possèdent. à titre personnel, de petits abris à bétail, l'étable (<< chotte ») appartient, comme la fromagerie et sa cave, au consortage. Elle peut acquérir de ce fait de très grandes di­mensions et abriter jusqu'à une cinquantaine de vaches: Elle est généralement construite en madriers, souvent en partie à claire-voie, sur une minime base de pierre (fig. 26 e - f). Le système à parois longitudinales de bois, maintenu par plusieurs parois transversales de pierre, paraît relativement récent.

Il faut signaler quelques grandes étables d'un type particulier à l'Entremont et à la vallée de Bagnes: elles sont construites entiè­rement en maçonnerie (influence valdotaine) avec une porte à chaque extrémité et une voû­te en berceau supportant directement (sans poutre) la couverture de dalles (fig. 27 c - d).

On connaît aussi des manières très rudimen­taires d'abriter le bétail. Dans un enclos de murs, plusieurs petits abris ne consistent qu'en une paroi de pierre en face de laquelle sont

, dressés quelques piliers de bois; ces supports sont couverts d'un toit de planches mobiles qu'on ~nlève chaque automne; sur trois côtés. l'espace demeure ouvert (fig. 28).

Durant son séjour dans les «remointses », le bétail de~eure ordinairement en plein air. Il arrive toutefois qu'il y bénéficie d'étables ou d'abris très rudimentaires. Ces derniers sont particulièrement remarquables dans la vallée d'Aeginen, où ils sont constitués par

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un énorme mur de pierre sèche, épais et haut d'environ trois mètres, long d'une tren­taine de mètres et implanté de manière à toujours abriter le bétail des vents dominants.

Cas particuliers dans le Val-d'filiez et dans le Haut-Valais

Dans le Val-d'IlIiez, l'estivage du bétail a donné lieu, dans certains cas, à une organisa­tion assez particulière due probablement au fait que les montagnes sont moins hautes que dans le centre. Le mayen et J'alpage y sont étroitement combinés. Les régions les plus hautes consistent en pâturages com­muns, propriétés de la bourgeoisie ou de la commune. A la limite inférieure de cette zone, se trouvent les maisons d'été apparte­nant aux diverses familles, assez distantes les unes des autres (jusqu'à 1 km.). Immédiatement au-dessous s'étendent les pâ­turages privés corrrespondant à chacune d'en­tre elle. Ainsi la famille possède un seul bâ­timent de montagne, point de jonction entre les prairies jouant le rôle de mayen au prin­temps et en automne et l'alpage utilisé en été.

Dans celte organisation très fortement mar­quée par la propriété privée, il n'existe pas de bâtiment commun (cave, fromagerie et grande étable). Les maisons de la montagne sont la réplique quelque peu réduite de celle du village; chacun peut y abriter son propre bétail; la femme fabrique et soigne son

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fromage. Chaque famille conduit son bétail sur le pâturage commun.

Un anden système d'alpage, connu dans une grande partie du Haut-Valais n'est pas sans rappeler, à certains égards, ce que nous venons de dire à propos du Val-d'IlIiez.

Chaque famille y possède sa propre mai­son avec l'étable au rez, la chambre dessus et la cuisine derrière. L'abri du bétail et la fabrication du fromage sont donc du do­maine privé et ne nécessitent aucun grand bâtiment commun.

A la différence du Val-d'IlIiez, toute la prairie est commune et les bêtes y paissent en un seul troupeau. Les maisons sont étroi­tement groupées, de manière à empiéter le moins possible sur le pâturage.

3.2.4 Suggestions

On pourra intéresser des élèves aux anciens outillages et ustensiles servant à la récolte du foin, à la fabrication du beurre et du fromage, au transport de ce dernier.

On fera remarquer le soin avec lequel étaient éta hlis et entretenus les chemins et les ponts conduisant aux alpages, surtout quand ils servaient en outre à un transit régional par les cols.

Il sera intéressant d'écouter les vieillards qui se souviennent de la vie alpestre telle qu'ils l'ont vécue avant que les améliorations foncières ne viennent moderniser les alpages.

Fig. 21 : Kippel : granges dans le village

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Fig, 22 : « Granges-écuries » : a) zur Unteren Brüc.ke (Saas-Grund) ; b) à Evolène ; c - d) à Saillon, Ech, 1 : 100 Fig, 23: « Granges-écuries » : à Geschinen, façades a) antérieure, b) postérieure; c) à Reckingen ; d) commun

dans le Haut-Valais·; e) à Ulrichen , Ech, 1 : 100

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d) latérale gauche. Les Flans (Ayeot) : e) plan, f) façade antérieure. Ech. 1 : 150

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Fig. 26 : Alpages: fromagerie à Serin (Ayent) : a) plan, b) façade antérieure. Cave à fromage, Cotter (Evolène) : c) plan de l'étage, d) façade antérieure. « Chotte ». à Tsaté (Evolène) : e) plan, f) façade antérieure. Ech. 1 : 150

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b d Fig. 27 : Alpages dans la vallée de Bagnes, la Perraim : a) plan, b) façade antérieure. Le Crêt: c) plan, d) profil

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b c Fig. 28 : Alpage de Torrent (Grimentz) : a) plan schématique, écho 1 : 150; b) « chotte >) avec son toit, écho

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3.3 L'ANCIEN MONDE DU PAIN

3.3.1 Cultures et céréales

Les champs sont habituellement établis à proximité des villages. Le seigle supportant bien l'altitude, on n'a pas craint de cultiver cette céréale jusqu'à 1400 m., où il fallait parfois terminer la maturation sur des séchoirs de bois. Venetz rapporte que l'extension d'un glacier vint jusqu'à toucher les champs de Findelen (Zermatt).

Les céréales n'ayant pas besoin d'irriga­tion artificielle, on choisissait volontiers, pour les champs, les endroits que le bisse n'au­rait pas pu atteindre commodément, mais qui étaient bien exposés au soleil. Le labou­rage (à -la houe, à l'araire ou à la charrue suivant les régions et les époques) exige un terrain de pente nulle ou modérée. C'est pourquoi, en montagne, on adoucissait la déclivité naturelle trop forte , en ménageant, par dévers de terre, des terrasses de culture. En général, un simple talus consolidé par la broussaille, suffisait à les maintenir. Toute­fois, quand l'inclinaison était trop prononcée, on recourait à des murs de soutènement, comme pour les vignes. A cause de la rela­tive pauvreté du sol, les céréales n'étaient semées qu'une année sur deux (assolement biennal) ou deux années sur trois, si le terrain était meil1eur (assolement triennal). On uti­lisait concurremment deux systèmes de se­maille: en automne et au printemps.

La moisson se faisait à la faucille, très antique outil de nos régions. Les gerbes étaient transportées pour y être conservées jusqu'au battage, dans des entrepôts (rac­cards) construits soit dans le village, soit dans un quartier spécial.

3.3.2 Le raccard

Le raccard est fréquent dans notre patri­moine architectural. De dimension assez grande, il se compose d'un élément servant de

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dépôt et d'un élément porteur, destiné à met­tre la récolte à l'abri de l'humidité du sol et des attaques des rongeurs (fig. 31 a - d).

Le dépôt est construit de manière assez rudimentaire, à l'aide de madriers croisés, qui imposent un plan généralement rectan­gulaire. Il comporte un étage, parfois plu­sieurs. Les pignons munis des raidisseurs né­cessaires (aiguilles) portent la charpente très simple (sans ferme) et la couverture de bar­deaux, d'ardoises ou de dalles. Des gale­ries de bois disposées contre la façade et à l'abri de l'avant-toit servaient primitivement au séchage des fèves avant leur battage.

L'élément porteur est toujours constitué par un certain nombre de piliers verticaux : quatre supportent les angles et d'autres (au nombre de deux à dix) sont disposés sous les façades et sous l'aire. Pour assurer une rigidité suffisante de l'ensemble, la base des piliers est ancrée dans un cadre de madriers entrecroisés. Dans les cas les plus simples, l'assiette est assurée par un mur bas continu (fig. 31 f). Une technique plus perfectionnée fait porter les piliers et leurs raidisseurs sur un véritable rez-de-chaussée de maçonnerie (fig. 31 d et 32 c - d) ou de bois (fig. 31 e), voire sur un socle encore un peu plus déve­loppé (fig. 32 c). Le rez sert de remise (parfois sans propre plafond) ou encore de cave (voû­tée dans certaines constructions de pierre). Quel que soit le système adopté, les piliers assurent convenablement l'aération et la pro­tection contre l'humidité inférieure (c'est pour cela que le rez, même bien développé. ne sert jamais d'étable). La protection contre les ron­geurs est assurée par une dalle de pierre dis­posée horizontalement, au sommet de cha­que pilier, de manière à créer un surplomb infranchissa ble.

On constate peu de variantes régionales dans les raccards du Valais. Mais, on remar­que que ceux de l'Entremont se distinguent par le fait que les madriers ne sont pas croi­sés. Les angles du bâtiment sont constitués

par de grosses poutres verticales pourvues de deux entailles en forme de mortaises conti­nues, dans lesquelles les madriers des parois, taillés en tenon, viennent s'emboîter. Dans la vallée de Saas, les piliers sont en général construits en maçonnerie.

Un type régional peut se trouver hors de sa zone géographique normale, en raison soit des habitudes de «nomadisme », soit de tradition auxquelles tient le propriétaire (par exemple un raccard de Liddes en plein village de Riddes).

Les variantes touchant à la grandeur du raccard sont un signe de prospérité plus ou moins accentué.

Les dispositions intérieures du dépôt ré­pondent à deux nécessités fonctionnelles bien définies: l'entreposage des gerbes et le battage des épis.

Les gerbes doivent être suffisamment aé­rées. De ce fait, les éventuelles séparations in­térieures en compartiments, voire en étages, sont construites à claire-voie (poutres, plan­ches ou bâtons espacés). Cette division évite des tas trop gros, et surtout facilite bien souvent l'utilisation du raccard par plusieurs propriétaires; on signale dans certains rac­cards du Haut-Valais un compartiment très soigneusement construit qui sert de grenier. Suivant les dimensions du dépôt, une ou plusieurs portes ,permettent l'introduction de la récolte. Elles sont munies de serrures de bois assez rudimentaires.

Le battage des épis donnera les grains né­cessaires à la fabrication de la farine (le grain à utiliser pour la semence était extrait de manière plus délicate, en secouant à la main parfois dès la moisson les épis les plus mûrs; on procédait de même si l'on tenait à épar­gner la paille pour le tressage et la fabri­cation de chapeaux). On battait au fléau, à . l'intérieur du raccard, généralement en no~

vembre, après la fin des derniers travaux extérieurs de la campagne. Le dépôt possède une aire spécialement destinée au battage, soit dans la partie antérieure, soit au milieu, entre deux bandes de compartiments. Elle est cons­tituée d'une plate-forme bien rigide, en ma­driers soigneusement serrés et assemblés entre eux par des lames de bois. Le ou les batteurs peuvent se tenir à l'extérieur sur une étroite galerie aménagée devant la porte (fig. 1). Le vannage se fait dehors, pour profiter du vent. Puis le grain est emporté dans des sacs.

3.3.3 Le grenier

Le grain est conservé dans un bâtiment essentiellement destiné à cette fonction: le grenier. Celui-ci, qu'il se trouve à l'intérieur de village ou dans un quartier spécial, est implanté de manière à diminuer les risques d'incendie.

Devant répondre aux mêmes nécessités que le raccard, c'est-à-dire être maintenu à l'écart de l'humidité et des rongeurs, le grenier est construit suivant une technique très semblable. On remarque toutefois que l'assemblage des bois est notablement plus soigné pour assu­rer une parfaite isolation. Les supports ver­ticaux. disposés comme ceux des raccards, sont ordinairement réduits au nombre mini­mum de quatre. Le rez, quand il existe, est utilisé comme celui du raccard, avec la mê­me exclusive concernant le bétail (fig. 33 a - d, avec rez en bois; voir aussi fig. 33 e; d'au­tres ont un rez en maçonnerie, fig. 33 f, 34 d et e).

Le grenier étant l'un des éléments les plus soignés de l'architecture rurale, on s'est sou­vent attaché soit à le perfectionner technique­ment, soit même à le décorer. De ce fait, on pouvait relever un grand nombre de va­riantes régionales et locales. Nous ne signa­lerons ici que trois modèles peu fréquents: les greniers construits entièrement en maçon-

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nerie (fig. 34 c), comme on en trouve dans la vallée de Bagnes, et plus rarement dans les autres régions; ceux qui sont bâtis en bois, mais sans pilotis (fig. 34 f), comme on en voit dans la vallée de Conches; dans la vallée de Saas, on préfère construire les pilotis en maçonnerie.

L'intérieur du grenier, qu'il soit en un seul volume ou partagé en plusieurs comparti­ments ayant chacun leur porte (fig. 34 a - b) et appartenant à des propriétaires différents, est pourvu de coffres fixes à couvercle mo­bile (<< arches »), construits contre les parois et destinés à recevoir le grain. Un casier spé­cial peut exister pour une petite réserve de farine. Le local sert en outre à conserver d'autres biens précieux: on y voit des bahuts mobiles pour enfermer de l'argent, des titres de propriété ou d'autres documents et encore des vêtements de fête. D'autres beaux cos­tumes se suspendent à des crochets de bois le long des parois. Le pain est toujours disposé de manière à être bien aéré pour éviter la moisissure: on le place soit verticalement, sur une planche suspendue, munie d'arceaux séparant les miches les unes des autres, soit horizontalement sur deux baguettes fixées dans un pilier vertical.

Contenant les bien les plus précieux de la famille et lui servant de coffre-fort, le grenier est muni de portes très solides, avec d'excel­lentes serrures.

3.3.4 Le moulin

Le grain étant beaucoup plus facile à conserver que la farine, on ne procède à la mouture qu'au fur et à mesure des besoins de la panification. Le grain est transporté en sacs 'au moulin.

Le moulin primitif était vraisemblablement actionné à la main. Ce type est demeuré en usage très longtemps, quand on se trouvait sur une colline, à l'écart de cours d'eau: .on

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en voit un dernier exemple au château de Valère. Mais au moyen âge déjà, des moulins sont mûs par la force hydraulique. On uti­lise l'eau des torrents naturels (ce qui explique leur position au fond d'un vallon, parfois as­sez loin du village). L'eau est amenée de la rivière au moulin par un bief, dont la lon­gueur dépend de la situation topographique: les plus longs, comme ceux qui traversent Martigny et Sion, portaient le nom caracté­ristique de « meunière ».

Les bisses d'irrigation ne fonctionnent en principe que du printemps à l'automne; le moulin devant fonctionner en hiver aussi, les bisses ne servent pas de meunière. Le recours à la décharge du bisse (Salins) paraît exceptionnel (récent).

La force hydraulique est mise en œuvre selon deux procédés différents: dans l'un, le bief de bois amène l'eau sur une roue 'ver­ticale (axe horizontal) disposée sur un côté du bâtiment (fig. 36 a - b): la force est donnée par le poids de la chute. Dans l'autre système, la roue horizontale (axe vertical) se trouve au rez ou au sous-sol du moulin (fig. 36 c - f); le bief se termine par une buse; la force est donnée par la concentration du jet d'eau horizontal tangent à la roue.

La machinerie intérieure du moulin trouve place dans un bâtiment qui est souvent de bois, sur une base de maçonnerie.

La farine est rapportée au village dans de petites outres de cuir.

On trouve souvent un groupe d'artifices comprenant les moulins à grain, à fruits, à noix (pour l'huile), le foulon à drap et la batteuse de chanvre. Le meunier peut avoir sa maison à proximité immédiate (fig. 35).

Le moulin appartient originellement au sei­gneur, à qui, par la suite, en raison d'achat et autres arrangements, se substituent la com-

mune ou la bourgeoisie. Certains moulins re­lativement récents sont à des particuliers.

3.3.5 Le four

Le fou r qui doit être facile à utiliser, même en hiver, se trouve généralement en plein village. Mais il peut arriver qu'il soit à côté du mou lin et que le meunier remplisse en même temps la fonction de fournier.

Le four n'est jamais la propriété d'une seule famille (sauf exception de quelques notables). Au moyen âge, il appartient au seigneur, comme le moulin. Par la suite, il peut appartenir à la commune ou bourgeoisie, ou encore à l'un des villages de la commune.

Les familles faisaient leur pain les unes après les autres, à raison de une à douze cuites par année; la pâte fermentée servant de levure naturelIe pouvait facilement se passer de l'une à l'autre. L'ordre des familles change annuellement de . manière que le pre­mier chauffage du four, plus onéreux, incom­be tour à tour à chacune.

La préparation de la pâte à pain et ceIle du pain en général était du ressort non pas des femmes, mais des hommes. La pâte se pétrissa it en général à la maison, dans l'auge de bois qui servait à échauder les cochons lors de la boucherie. Il arrivait aussi qu'on disposât d'un 'local commun, attenant au fou r, pour préparer la pâte dans une tempé­rature convenable et pour n'avoir pas besoin de la transporter dans le froid. Les pains, façonnés sur une planche, et non pas dans des corbeilles ou des écuelles, recevaient, à la surface supérieure, l'empreinte de la marque de famille.

Fig. 30 : Ravoire (Martigny-Combe) : four à pain

Le four est un espace de plan généralement rectangulaire, a vec la porte sur l'un des côtés courts et une simple voûte en berceau. Le recours à la pierre ollaire est purement régional ; l'usage de la brique réfractaire est tardif. Ce volume exigu sert d'abord à faire le feu qui portera toute l'enveloppe de ma­çonnerie à une température convenable, puis, une fois les braises évacuées, à cuire le pain.

Un espace d'aération est ménagé par pru­dence entre la voûte et le toit. La couverture est en forte saillie sur la façade antérieure pour protéger les gens et abriter les pains à la sortie du four (fig. 30 et 37).

Le pain est conservé parfois jusqu'à une année dans un lieu sec (le grenier, ou un petit local à provision, bien aéré, au-dessus de la cuisine).

3.3.6 Suggestions

Les élèves examineront les techniques de construction des divers hâtiments mentionnés. Il serait bon de leur faire voir comment est construite la machinerie d'un ancien mou­lin.

A titre complémentaire et spécialement si on ne dispose Pél;S de bâtiment à examiner, l'attention pourra être attirée sur les outils et ustensiles utilisés pour la culture et la récolte des céréales, leur battage et leur van­nage, ainsi que pour la fabrication du pain.

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Fig. 33 : Greniers, exemple typique : a) plan de l'étage; b) profil transversal; façades c) antérieure, d) latérale gauche. Façades antérieures: e) type le 'plus simple, f) type à rez maçonné. Ech, 1 : 150

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e f Fig, 34 : Greniers: à la Forclaz (Evolène) a) plan, b) façade latérale gauche; c) à Chermignon ; d) à Val-d ' I1-

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Fig. 35 : Saint-Luc, groupe de moulins: 1) moulin, 2) foulon, 3) habitation, 4) moulin, 5) bâtiment détruit, . 6) moulin,.7) pressoir et foulon

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Fig. 36 : Moulins: à Villette (Bagnes), façades : ~) antérieure, écho 1 : 150, b) latérale droite, écho 1 : 150. Au Châble c) plan, écho 1 : 150; d) façade latérale gauche, écho 1 : 150 ; e) roue à eau, écho 1 : 150 ; f) détail

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neure, f) profIl longltudmal. Ech. 1 : 100

3.4 L'ANCIEN MONDE DU VIN

3.4.1 Viticulture

Les terrains propices à ' "la culture de la vigne se trouvent essentiellement sur les cônes d'alluvions, sur d'anciens éboulements de la plaine et sur les premiers coteaux. Les condi­tions indispensables d'ensoleillement font que presque toutes les vignes anciennes du Va­lais ont été plantées sur la rive droite du Rhône. C'est en général plus tardivement qu'on a planté sur la rive gauche.

La viticulture sur les coteaux a exigé des aménagements considérables (fig. 38). Il est intéressant d'observer la construction extrê­mement soignée des murs qui soutiennent les terrasses de culture (<< tablards ») : bâtis géné­ralement en pierres sèches (sans mortier), ils s'adaptent avec beaucoup de souplesse aux rochers irréguliers sur lesquels ils se fondent. Les angles, souvent à la rencontre de deux faces légèrement inclinées, sont particulière­ment soignés. La technique de lattes en bois utilisée pour déterminer, lors de la construc­tion, la ligne de rencontre des deux faces, n'a probablement pas changé depuis le moyen âge. Les escaliers les plus primitifs sont cons­titués simplement par des pierres longues, fichées horizontalement dans le mur. Dans l'ensemble, la maçonnerie sans mortier, si elle est exécutée avec un soin suffisant, garantit au x murs ulle certaine souplesse.

L' irrigation artificielle de la vigne est as­surée par des amenées d'eau (bisses) nécessai­res dans le Valais central. Les rivières étant encaissées} le bisse doit aller se brancher sur un torrent naturel, loin dans la montagne. Il rejoint, en pente douce, la zone de cultures, grâce à des travaux d'art '-importants: canal creusé, muré, construit sur charpente, etc. La construction d'une telle conduite, son entretien annuel et le système de distribution de l'eau dans les propriétés se règlent habi­tuellement dans le cadre d'un «consortag.e ».

La production des plans nouveaux se faisait par marcottage (culture en «versannes »).

En plus des surfaces de campagne consa­crées à la viticulture, il faut mentionner les treilles (cercles) soit isolées (Haut­Valais), soit appuyées aux bâtiments: portées sur tout un assemblage de bois, elles peuvent atteindre de très vastes di­mensions: excellent exemple à l'ancienne maison bourgeoisiale d'Eyholz.

3.4.2 Caves et maisons de vigne

Quand la vigne est relativement proche du village où demeure son propriétaire, le trans­port de la vendange au pressoir et l'encavage ne posent pas de problème particulier. En revanche, quand le vignoble se situe à grande distance de l'habitation des propriétaires (vil­lages de montagne), on recourait à deux sys­tèmes différents, selon les habitudes régio­nales. Dans les vallées inférieures du pays, à savoir Bagnes, Entremont, Salvan et Val­d'Illiez, les montagnards possèdent une mai­son de vigne, équipée d'un pressoir et d'une cave; ils transportent leur vin jusqu'aux ca­ves de leur village, dans des tonneaux de bois (<< barots ») chargés sur des mulets. Dans les vallées supérieures, c'est-à-dire à partir d'Isé­rables vers l'est (sauf le Val d'Anniviers qui possède aussi des maisons de vigne), on trans­portait la vendange à dos de mulet, dans des grands sacs de cui r (bosses") nu dans des brantes de bois à couvercle, jusqu'aux pres­soirs installés dans les viII ages de montagne.

Ces diverses manières de faire débouchent sur deux types architecturaux différents: le « mazot» de vigne et la maison de village que nous avons déjà décrite. Le mazot, en généra'l petit, est parfois une réduction sim­plifiée de l'habitation du propriétaire mon­tagnard: ainsi, dans la région de Fully, on distingue facilement les anciennes maisons de vigne des Bagnards (en maçonnerie, fig. 40) et celles des Entremontains (en pierre et bois, fig. 39). La maison de vigne comprend, sur une cave, soit une chambre permettant de

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loger temporairement et à l'arrière, une cui­sine, soit une pièce unique avec logis et foyer.

Le pressoir, qu'il s'agisse de la maison or­dinaire d'habitation ou de la maison de vigne, se trouve tout simplement dans la cave, où il voisine avec les tonneaux et les réserves éven­tuelles de viande fraîche et de légumes.

Qu'elle soit complètement enterrée ou en demi-sous-sol, la cave de type ancien s'ouvre uniquement sur l'extérieur. Une communica­tion directe à l'intérieur de la maison est soit tardive, soit le témoin d'une installation assez luxueuse. Le sol est toujours de terre battue. La voûte n'est pas forcément un signe d'ancienneté. De manière à ne pas troubler l'ordre .des niveaux à l'intérieur, l'escalier d'acc.ès se trouve soit entièrement à l'exté­rieur, soit en partie compris dans l'épais­seur du mur.

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3.4.3 Suggestions

Comme on a intéressé l'élève à la méca­nique des moulins, on lui fera observer celle des anciens pressoirs à levier et à vis (bons exemples de pressoirs à levier autrefois utilisés soit pour le raisin, soit pour d'autres fruits, au château de Villa sur Sierre et à la maison de commurie de Mund).

L'architecture très habile des murs de vigne ainsi que les techniques utilisées pour le bisse méritent d'être montrées sur place.

On pourra intéresser les élèves aux anciens outils de la viticulture et aux anciens usten­siles du vin, depuis ceux de la vendange jus­qu'à ceux du service de table (gobelets de bois, channe, outre, mesure).

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Fig. 39 : Maison de vigne à Fully

Fig. 40 : Mazot de vigne à Fully

4. Témoins de la VIe chrétienne

4.1 UN PEU D'HISTOIRE

Une partie importante de notre patrimoine architectural est constituée par les églises pa­roissiales, les chapelles et quelques édifices monastiques.

4.1.1

Aucune des églises actuellement utilisées en Valais ne remonte à l'époque fort loin­taine de nos premiers centres paroissiaux. Parmi les plus anciens sanctuaires conservés au-dessus du sol, on peut citer: VIlle s. : à GérondejSierre, les ruines de la chapelle Saint­Félix et les arcades de l'église du monastère ; XIe s. : la tour du clocher et les arcades du bas-côté sud de l'une des anciennes basili­ques de l'abbaye de Saint-Maurice, la tour du clocher de Bourg-Saint-Pierre et la majeure partie de l'église de Saint-Pierre-de-Clages. L'histoire ecclésiastique de l'Europe occiden­tale, même dans les régions de montagne, montre que ces témoins sont relativement tardifs par rapport à l'époque ordinaire des origines paroissiales. Il est donc utile de donner ici un bref aperçu du développement de l'Eglise en Valais avant l'époque où furent construits les plus vieux sanctuaires encore debout·

4.1.2

La mention de Théodore, évêque d'Octo­dure en 381, nous assure que le pays possé­dait des institutions ecclésiastiques avant la fin du IVe s. L'organisation de centres chrétiens, d'abord dans les bourgades, puis dans les campagnes, commença sans doute au Ve et au VIe s.

L'établissement de nos plus anciennes pa­roisses, avant le XIe s., s'enveloppe encore d'une certaine obscurité. Les enquêtes histori­ques menées à partir des documents d'ar-

chives sont assez décevantes. Contrairement à d'autres régions plus favorisées, le diocèse de Sion n'a que peu de documents antérieurs au XIe-XIIe s. conservés dans les archives cantonales, locales ou ecclésiastiques.

Une science auxiliaire fort précieuse, l'étude des vocables (noms des saints patrons des églises), permet d'avancer plus haut, mais seulement à l'aide d'hypothèses pJus ou moins plausibles. Cette science est basée sur Je fait que le choix du saint patron d'un sanctuaire obéit à certaines modes que l'on peut fixer à une époque précise ou placer à plusieurs époques différentes.

Toutefois, des difficultés surgissent du fait que l'on ne connaît pas toujours le patron le plus ancien d'une église; et aussi du fait que le vocable s'attache à un sanctuaire pri­mitif qui n'est pas forcément déjà parois­sial (simple chapelle qui un jour deviendra paroissiale).

Une autre science auxiliaire appliquée en Valais par le Département de l'Instruction publique: l'examen archéologique permettant de retrouver, par des fouilles, sous une église actuelle, les vestiges oubliés de sanctuaires primitifs et de découvrir, par l'analyse du bâtiment encore debout, les éléments les plus anciens qui participent encore à ses structures. Malgré les résultats des nombreuses recher­ches de 1958 à 1974, bien des vieux centres paroissiaux demeurent à découvrir dans de futures fouilles. Il faut dire clairement ici que la connaissance de nos origines parois­siales est compromise grandement chaque fois que. l'on bouleverse sans examen soigneux, le sous-sol d'une église.

4.1.3

Presque toujours, le morcellement d'une très ancienne paroisse s'est fait de la manière suivante: l'église paroissiale primitive «pos-

71

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sède », dans des localités secondaires, des chapelles desservies de temps à autre; celles­ci, au fur et à mesure du développement de la population et de ses moyens économi­ques, sont desservis par un ecclésiastique ré­sidant, mais dépendant de la grande pa­roisse. Puis, la communauté est émancipée et devient à son tour une paroisse. Celle-ci conserve durant quelque temps un lien de filialité à l'égard de son «église-mère », puis devient absolument indépendante.

La nouvelle paroisse peut à son tour, et selon le même procédé, être démembrée. Nous ne disposons pas encore d'une documen­tation assez complète pour dessiner l'évolution de la topographie paroissiale en Valais avant la fin du XIVe s. C'est pourquoi la carte (fig. 41) indique l'état des choses en 1400, et montre combien de paroisses ont été fondées ultérieurement, surtout en amont de Sierre. D'autres cartes présentent, à titre d'exemples, le détail concernant les régions de Saint-Maurice (fig. 42 - 43) et de Loèche (fig. 44 - 45).

4.2 LES EGLISES

Les églises paroissiales du Valais, considé­rées du point de vue de l'architecture et de l'histoire de l'art, présentent une grande di­versité due aux époques de construction dif­férentes et en outre à certaines habitudes régionales. Il ne peut être question dans cet opuscule, de présenter des descriptions dé­taillées.

4.2.1

Il faut rappeler d'abord, dans ses grandes lignes, la diversité qui provient de l'évolution de l'architecture à travers les siècles, en fai­sant remarquer d'ores et déjà que les témoins

72

conservés sont moins nombreux pour les époques anciennes que pour les plus récentes. L'usure du temps, les guerres qui ont ensan­glanté le Val ais, les changements du goût artistique aussi ont provoqué la disparition, la transformation ou la reconstruction totale de nombreux édifices.

Les églises les plus anciennes (mérovin­giennes et carolingiennes) ne sont connues qu'en plan, grâce aux fouilles archéologiques. Ces sanctuaires, de petites dimensions, qui parfois succèdent déjà à une chapelle (Ardon, fig. 46 a), se composaient d'une seule nef et d'un chœur, souvent accompagnés de deux annexes, servant au déroulement particulier de la liturgie ancienne (par exemple Ardon, fig . 46 c, abbaye de Saint-Maurice, Géronde). Le chœur bâti sur un plan curviligne plus ou moins proche du demi-cercle, à l'inté­rieur, et souvent polygonal à l'extérieur (VIe -VIlle s-).

Connus très tôt à Saint-Maurice, les collaté­raux accompagnant la nef (d'un côté, ou de part et d'autre) se trouvent surtout à partir des sanctuaires pré-romans (Ardon, Xe S. ,

fig. 46 d) et romans (Saint-Pierre-de-Clages, XIe s., fig. 46 e). Le chevet de cette époque comprend une, deux ou trois absides semi­circulaires.

Les voûtes de pierre apparaissent sur les absides et parfois sur l'avant-chœur ; pour le reste de l'édifice, on continue à user soit d'un plafond de bois, soit tout simplement de la couverture avec charpente visible. L'éclairage, toujours assez faible, est procuré par des fenêtres étroites: la nef de l'église Saint-Sylve (Vex) en présente le meilleur exemple valai­san.

Les églises que nous venons de citer sont les dernières qui subsistent encore comme témoins presque entiers de l'architecture ro­mane chez nous. En dehors d'elles, il ne demeure que quelques morceaux dont les plus

notables sont une partie de l'église de Valère (avec chapiteaux remarquables) et des tours de clocher (voir plus bas).

L'église de type gothique apparaît en Va­lais avec un certain retard et demeure long­temps influencée par un profond attache­ment aux vieilles formes romanes. Le plan à nef et deux ba~-côtés est utilisé pour les plus grandes églises; ailleurs, on se contente d1une seule nef. Le chevet est souvent carré au XIVe et au XVe s. ; la forme polygonale régulière, adoptée déjà à Valère, devient la plus fréquente à la fin du XVe s. et au XVIe. La voûte construite sur croisée d'ogives, selon le goût de la mode nouvelle, est souvent ré­servée au chœur. La nef voûtée qui existe déjà à Valère au XIIIe s. ne se répand que vers la fin du XVe s. et au XVIe s. Paral­lèlement, on trouve encore, surtout à la cam­pagne, des plafonds de bois. L'éclairage de­vient plus abondant: les dimensions des fenêtres tendent à s'accroître, surtout au chevet. Moins rares que les églises romanes, celles qui relèvent de l'architecture gothique ne sont plus très nombreuses en Valais. On peut citer, en remontant la vallée, celles du Châble (Bagnes, fin du XVe s.), de Sion (partie de Valère, XTTTe S., chapelle du châ­teau de Tourbi11on, fin du XIIIe s. début du XIVe s. ; chapelle de Tous-les-Saint, XIVe s. ; Cathédrale, sauf le clocher, XVe s.; Saint­Théodule, XVIe s., fig . 47, a et 51), de Sa­vièse (XVIe s.), de Loèche-Ville (vers 1500), de Rarogne (XVÏe s.) et d'Ernen (XVIe s.). D'autres sanctuaires n'ont gardé que quelques éléments gothiques: parmi les plus impor­tants, il faut citer les chœurs de Saint-Sylve (Vex, XVe s.), de Vercorin (XVIe s.), de Sierre (Géronde, XVe s., XVIe s., le Marais, XVIe s.), Lens (XVIe s.), Glis (XIIIe s. -XIVe s., remaniée au XVIe s.), Münster (XVe s.). Pour les clochers, voir plus bas.

Les décors peints à l'intérieur des églises ont souvent disparu, parfois détruits, parfois recouverts par un nouvel enduit. Il faut signa-"

1er des peintures murales du XIVe s. à Basse­Nendaz (ancien arc triomphal), à la chapelle de Tourbillon, à Saint-Pierre-de-Clages (dé­bris) ; du XVe s. à Valère, à la chapelle de Tous-les-Saints à Sion (XIVe s. - XVe s.);

. du XVIe s. au chœur d'Ernen, à Gondo et à Rarogne.

Alors que l'architecture de la Renaissance s'était développée depuis longtemps en Ita­lie et avait déjà profondément marqué cer­taines régions de France, notre pays demeu­rait encore attaché aux formes gothiques. Les nouvelles manières de construire et d'or­ner les églises ne s'introduisent qu'au XVIIe s. Extrêmement fleuri et chargé en d'autres ré­gions, le style « baroque» est marqué en Valais par une relative austérité. Le plan de l'église change assez peu. La nef unique est la plus fréquente; elle est souvent flanquée de chapelles latérales près du chœur. Le che­vet reste polygonal, mais devient irrégulier: le pan terminal tend à s'élargir et les pans voisins sont, de ce fait, moins obliques. L'usa­ge de la voûte sur la nef est plus fréquent, sans toutefois devenir la règle. Le décor · intérieur, qu'il s'agisse de l'architecture ou des retables d'autels, devient beaucoup plus importarit. Les églises de cette époque sont relativement nombreuses en Valais. Signalons à titre d'exemples Val-d'Illiez (avec voûte de bois sur la nef, XVIIe s.), Saint-Maurice (Saint-Sigismond, XVIIe s.), Martigny-Ville (XVIIe s.), Riddes (ancienne église, XVIIIe s.), Sion (église du Collège ou des Jésuites, XIXe s.), Sierre (Sainte-Catherine, XVIIe s.), Loèche (chapelle du Ringacker, XVIIe s.), Unterbach (nef, XVIIe s.), Viège (église des Bourgeois, XVIIIe s.), Saas-Balen (ancienne église, XIXe s.), Glis (nef et porche Renais­sance, XVIIe s.), Naters (XVIIe s.), Simplon­Village (XVIIIe s.), Reckingen (fig. 47 b: XVIIIe s.), Münster (nef et porche, XVIIe s.). Oberwald (XVIIIe · s.).

La première partie et le milieu du XIXe s. se signalent par un recours souvent très aca-

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démique aux formes de la Renaissance. La nouvelle expression architecturale, néo-clas­sique, tend à amplifier le volume des églises et à le pourvoir d'un décor architectural stéréotypé. Pour le chœur, on revient au che­vet semi-circulaire. Le plan à une seule nef continue d'être plus fréquent, les collatéraux ou bas-côtés n'entrant en jeu que dans les plus grands édifices.

On peut mentionner quelques exemples: Vouvry et Monthey (fig. 47 c et 53) (sauf les clochers), Evionnaz, Saxon, Conthey (Saint­Séverin, sauf le clocher), Ayent (Saint-Ro­main), Evolène (sauf le clocher), Lens (sans clocher et ancien chœur), Rarogne (chapelle Saint-J oseph) et Niedergesteln (sans le clo­cher).

Après avoir copié la Renaissance, le XIXe s. a voué un amour assez romantique aux styles du moyen âge. On a construit, parfois en néo-roman, plus souvent en néo-gothique, style jugé particulièrement catholique. On peut réprouver le principe d'une architecture qui se contente de reproduire assez servile­ment un type ancien. Il n'en reste pas inoins que certains volumes néo-gothiques encore conservés en Valais sont fort bien proportion­nés et se prêtent très convenablement à la liturgie. Exemples d'églises néo-médiévales: Vionnaz, Muraz (Collom bey), Orsières et Ardon (sauf les clochers), Salins, Saint-Léo­nard, Salquenen, Agarn, Tourtemagne, Steg, GampeI, Zermatt, Grengiols, Ried-Morel, Lax, Ulrichen (fig. 48 a et 54).

Un peu partout, l'architecture religieuse du XXe s. a tâché de se libérer d'un tradi­tionalisme trop facile. Usant de matériaux modernes, elle a cherché en plan et en élé­vation des formes nouvelles et posé de ce fait un délicat problème: l'adaptation alJ vil­lage déjà existant. Nous n'avons pas encore assez de recul pour porter un jugement de valeur sur cette architecture. Signalons qu'en Valais, le premier essai est l'église de LOllr-

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tier (Bagnes) construite en 1932 sur les plans de A. Sartoris. Parmi les plus récentes, les unes, comme Hérémence (Forderer, voir fig. 48 b et 55), ont opté pour le plan central qui tend à mieux grouper la communauté; d'au­tres, comme Martigny-Bourg (Darbellay) ont tiré un parti nouveau du plan axial. Autres édifices parmi les plus importants: Finhaut, Liddes, Fully et Chamoson qui représentent une période de transition, attachée encore à des formes traditionnelles, Plan-Conthey, Sion (Sacré-Cœur et Saint-Guérin), Vex, Sierre (Sainte-Croix), Albinen, Viège (Saint-Martin), Saas-Fee et Brigue, ainsi que la chapelle de Fafleralp (Lœtschental).

Il faut noter que parmi nos églises ancien­nes, bien peu ont été construites en un seul chantier et présentent une véritable unité architecturale. Bien souvent, soit par nécessité d'économie, . soit par respect pour d'anciens murs consacrés, on a préféré agrandir et transformer en s'adaptant au goût du jour. Ainsi, l'église du Marais (Sierre) est constiuée à l'heure actuelle par des structures du XIVe s. (mur de la nef et tour du clocher), du XVe s. (sommet du clocher, reconstruit en copie après le tremblement de terre de 1946), du XVIe s. (chœur, chapelle Saint-Antoine et sacristie) et du XVIIIe s. (voûte de la nef).

4.2.2

Les diversités peuvent dépendre de tradi­tions régionales. A ce propos, il est toujours intéressant d'examiner les clochers. Selon des modes qui paraissent dépendre autant d'habitudes régionales que de l'évolution de l'architecture, on a implanté la tour à des endroits différents de l'église. Ainsi par exemple l'église ·.du VIlle s. à Ardon avait un clocher dans le sommet de la nef (fig. 46 c), à droite de l'entrée du chœur. Celui de l'ab­baye de Saint-Maurice (pre·mière moitié du XIe s.) est un clocher-porche: on pénétrait, par sa base, dans la . basilique; à la même

famille appartiennent ceux de la cathédrale de Sion (XIIe s.), de Vouvry (XVe s.), de VoIlèges (XVIe s.), de Muraz (près Collom­bey, XVIIe s.) etc. Toute une série d'églises ont un clocher adossé aux côtés de la nef, près du chœur. La tour peut se trouver à droi te (généralement au sud) comme à Loè­che-Ville (XIIe s.), Rarogne et Saint-Maurice­de-Laques (XVIe s.). Elle peut s'élever aussi à gauche, comme à Glis (XIIe-XIIIe s.), au Châble (Bagnes, XVe s.), Reckingen (XVIIIe s.). Un type roman de clocher surmontant le haut de la nef, devant l'entrée du chœur, se voit encore à Saint-Pierre-de-Clages (Xle­XIIe s. , fig. 50),

Il faut remarquer que la disposition actuelle du clocher, par rapport à l'église, n'est pas forcément la position primitive .. Il peut arri­ver qu'un clocher ancien ait disparu, ne laissant de traces que dans le sol, et qu'il ait été rem placé par une nouvelle tour sur un emplacement différent (comme à Ardon et à Basse-Nendaz). Il se peut aussi que l'égli­se ait été transformée. Ainsi à Saint-Séverin de Conthey, le clocher a été construit contre le côté sud de la nef, près du chœur ancien; ce dernier a été remplacé au XIXe s., par un porche d'entrée et un nouveau chœur a été bâti à 1'autre extrémité de la nef: le vieux clocher se trouve maintenant tout près de l'entrée de l'église. A Vouvry, le clocher­porche (XVe s.) d'une ancienne église démolie se dresse près deTentrée du sanctuaire cons­truit au XIXe s. A Bourg-Saint-Pierre, le clocher actuel (XIe s.) s'élevait au sommet de la nef de l'église romane; il se trouve actuel-

lement à droite du chœur. Parfois, comme à Vionnaz et à Saint-Nicolas, la tour d'une église démolie demeure isolée.

De nombreux clochers valaisans se termi­nent par une flèche de maçonnerie en forme de pyramide octogonale. Ce type de couvertu­re que l'on trouve aussi dans le Chablais vau­dois et jusqu'à Villette, entre Vevey et Lau­sanne, est assez fréquent dans les contrées alpines du voisinage, par exemple dans la vallée d'Aoste. Il est beaucoup plus courant dans le Valais romand que dans le Haut. Ces pyramides de pierre (ou de brique, com­me à la cathédrale de Sion) ont fréquemment remplacé, à partir de la fin du moyen âge, une flèche de charpente couverte de bar­deaux; elles sont demeurées à la mode jus­qu'au XI Xe s. (Chalais) et ont même été reprises dans des constructions modernes (Lid­des). On pourra attirer l'attention des élèves sur les nombreuses variantes des flèches de pierre. Certaines ont des pans plats, d'autres incurvés, avec arêtes saillantes. La plupart possèdent des lucarnes, grandes ou petites, sur un ou plusieurs étages: à la base de la flèche (au-dessus des façades ou au-dessus des angles ou encore en combinant les deux systèmes), au tiers ou à la moitié de la hau­teur, etc .

Dans le Haut-Valais, on observera les flè­ches de charpente, parfois précédées d'un étage en bois (par exemple à Münster), ainsi que les toits de clocher en forme de bulbe, appréciés au XVIIe s. et au XVIIIe s. (fig. 52).

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4.3 LES CHAPELLES ET LES ORATOIRES

4.3.1

La paroisse comprend souvent, en plus du village principal où est l'église, plusieurs autres localités habitées en permanence, et en outre des habitations temporaires comme les mayens et certains alpages. Plusieurs cha­pelles peuvent donc servir de centres religieux secondaires. Naturellement, ces petits sanctu­aires sont particulièrement nombreux dans les paroisses les plus étendues. Il ne peut être question ici de décrire en détail ces constructions qui remontent rarement au XVe ou au XVIe s .. mais le plus souvent au XVIIe s. et au XVIIIe s., c'est-à-dire à l'époque de l'architecture baroque. Leur amé­nagement intérieur est souvent remarquable (retable d'autel, statues, grille de chœur etc.). Quelques croquis font voir les types princi­paux. On remarque que le système archi­tectural le plus primitif se contente d'abriter l'autel: il n'offre que peu de places cou­vertes aux fidèles, dont la grande majorité se tient à l'extérieur (fig. 49 b). Puis viennent des types plus perfectionnés, dotés d'une pe­tite nef (fig. 49 c), et parfois d'un porche à colonnes (fig. 49 d). On pourra faire remar­quer aux élèves la diversité des méthodes de construction appliquées au clocheton (maçon­nerie, deux ou quatre piliers de bois, empla­cement au-dessus de l'entrée de la nef ou du chœur, etc.).

D'autres chapelles appartenant aux mêmes séries architecturales sont destinées, non pas au service d'une localité, mais à celui d'un pèlerinage: par exemple Notre-Dame du Scex à Saint-Maurice, Longeborgne sur Bramois (avec ermitage), la chapelle de Theil sur Loèche-Ville, celle de Notre-Dame des Mar­ches (zur Hohenstiege) entre Saas-Grund et Saas-Fee, celle de l'Ernerwald sur Ernen, etc. Le chemin conduisant à de telles chapelles

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est souvent jalonné de petits oratoires (fig. 49 a) consacrés soit aux stations du chemin de croix, soit au mystère du rosaire.

D'autres chapelles encore, ou de simples oratoires ont été édifiés dans des endroits spécialement exposés aux dangers naturels, comme celle de la Rasse (Evionnaz, déba­cles du Saint-Barthélemy) ou celle des Pontis (près de Niouc, Anniviers, sur un passage dangereux de l'ancienne route).

4.3.2

A la même sene de signes religieux im­plantés dans le pays appartiennent de très petits oratoires d'exécution plus simple, consistant en une .niche de maçonnerie, fer­mée sur le devant par une grille, ainsi que les calvaires et crucifix érigés au bord des chemins, aux carrefours et dans les alpages (tardivement sur certains sommets).

La pratique re1igieuse se marque aussi sur les bâtiments profanes: observer les croix (latines, grecques, de Saint-André ou de Saint-Antoine) sur la porte des étables et des maisons; le IHS associé au millésime depuis le XVIe s., les niches à statues sur les portes des belles maisons; les mysté­rieuses «Heidenkreuz» du Haut-Valais (Na­ters 1461) : les inscriptions religieuses su r les poutres de plafond ou en façade ; les cru­cifix (souvent volés) dans les fromageries en altitude.

4.3.3

Le Valais médiéval n'avait que peu de mo­nastères: Saint-Maurice où les religieux veillent depuis le VIe s. sur les re1iques des martyrs Thébains (IVe s.); . le Grand-Saint­Bernard, succédant, au XIe s., à la maison carolingienne de Bourg-Saint-Pierre, est consa­cré à l'assistance aux voyageurs; les char-

treux (XIVe s.), puis les carmes (XVe -XVIIe s.) installés à Géronde; Fiesch (éphé­mère couvent de religieuses XIVe - XVe s.). Plus tard, on voit s'installer en Valais les capucins (d'abord à Saint-Maurice et à Sion) puis les bernardines à Collombey et aussi à Géronde, les ursulines, les sœurs hospita­lières, celles de Vérollier (Saint-Maurice) etc. jusqu'aux bénédictins installés depuis peu au Bouveret (avec Longeborgne).

Parmi les bâtiments monastiques qui repré­sentent un intérêt architectural, il faut citer l'abbaye de Saint-Maurice, avec les vestiges des anciennes basiliques (depuis le IVe s.) et le couvent rebâti après l'incendie de 1693 ; l'hospice du Grand-Saint-Bernard dont les éléments les plus anciens dans les caves remontent au XIe s. ; la maison prévôtale de Martigny-Ville; les chapelles des capucins

à Saint-Maurice et à Sion, celle de Longe­borgne et l'église du couvent de Géronde. Les anciens objets de culte constituent au­jourd'hui des collections importantes (<< tré­sors ») qu'il faut voir à Saint-Maurice, au Grand-Saint-Bernard et à la cathédrale de Sion.

4.4 SUGGESTIONS

On pourra aussi intéresser les élèves au mobilier ancien des églises (retables d'autel, avec tableaux et statues, chaires, fonts baptis­maux, stalles, reliquaires et objets de culte, cloches anciennes avec inscriptions, ex-voto, bannières) ; ils pourront essayèr de déchiffrer les inscriptions à sens religieux qu'on trouve dans maintes vieilles maisons.

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Fig. 41 : Les paroisses du Valais à partir de 1400. 1) Centre de paroisSl: (limites dessinées) en 1400. 2) Paroisse créée ul léri euremt:nl. 3) Paroisse: de l'Eglise réformée (XIXe - XXe s.). 4) Paroisse· existant en 1400 et disparue depuis. Ech. 1 . 600000

Paroisses du Valais

1. Port-Valais 32. Saillon 62. Lens 87. Guttet-Feschel 120. Eisten 2. Vouvry 33. Riddes 63. Chermignon 88. Erschmatt 121. Saas-Balen

+ par. réformée 34. Iséra bles 64. Mon tana- 89. Gampel 122. Saas-Grund 3. Vionnaz 35. Leyt~on Village 90. Agarn 123. Saas-Fee 4. Revereulaz 36. Chamoson 65. Montana 91. Turtmann 124. Saas-Almagell 5. Muraz 37. St-Pierre- Station 92. Ems (Unterems) 125. Mund 6. Collombey de-CI ages + par. réformée 93. Ergisch 126. Glis 7. Monthey 38. Ardon 66. Venthône 94. Steg 127. Brig

+ par. réformée 39. Vétroz 67. St-Maurice- 95. Ferden + par. réformée 8. Choëx 40. Plan-Conthey de-Laques 96. Kippel 128. Natcrs 9. Troistorrents 41. St-Séverin (Mollens) 97. Wiler 129. Ried-Brig

10. Val-d'Illiez 42. Erde 68. Miège 98. Blatten 130. Termen Il. Cham péry 43. Savièse 69. Villa 99. Niedergesteln 131. Simplon 12. Massongex 44. Grimisuat (n'existe plus) 100. Eischoll 132. Gondo 13. Saint-Maurice 45. Arbaz 70. Veyras 101. Raron (Zwischbergen) 14. V érossaz 46. Ayent 71. Sierre: 102. Unterbach 133. Morel 15. Evionnaz 47. Nendaz 1. Ste-Catherine 103. B ürchen 134. Ried-Morel 16. Collonges 48. Veysonnaz 2. Ste-Croix 104. Visp

135. Betten 17. Vernayaz 49. Salins + par. réformée + par. réformée 136. Grengiols 18. Sai van 50. Sion: 72. Chalais 105. Ausserberg

19. Finhaut 1. Cathédrale 73. Vercorin 106. Eggerberg 137. Lax

20. Trient 2. St-Guérin 74. Chippis 107. Lalden 138. Ernen 21. Martigny 3. Sacré-Cœur 75. Chandolin 108. Zeneggen 139. Binn

+ par. réformée + par. réformée 76. Vissoie 109. Stalden 140. Fiesch 22. Bovernier 51. Bramois 77. Saint-Luc 110. Torbel 141. Bellwald 23. Sembrancher 52. Vex 78. Grimentz 111. Embd 142. Niederwald 24. Orsières 53. Hérémence 79. Ayer 112. Grachen 143. Blitzingen 25. Liddes 54. Nax 80. SaIgesch 113. St-Niklaus 144. Hiel 26. Bourg-St-Pierre 55. Vernamiège 81. Varen 114. Herbriggen 145. Gluringen 27. V ollèges 56. Mase 82. Leuk 28. Le Châble 57. St-Martin 83. Susten 115. Randa 146. Reckingen

(Bagnes) 58. Evolène 84. Inden 116. Tasch 147. Münster 29. Verbier 59. St-Léonard 85. Albinen 117. Zermatt 148. Ulrichen 30. Fully 60. Grône 86. Leukerbad 118. Visperterminen 149. Obergesteln 31. Saxon 61. Granges + par. réformée 119. Staldenried 150. Oberwald

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sr .. MAURICE Collonges - Dorénaz

2 Ottanelle (Vernayaz ) 5 Vérossaz

2 bis Salvan 6 Evionnoz

XVIIe s.

3 Finhaut Vernoygz

Fig. 42: Démembrement de J'ancienne paroiss~ d~ Saint-Maurice (VIe, ? _ XVIIe s.). Ech. 1 : 300000 Fig. 43 : Démembrement de l'ancienne paroisse de Saint-Maurice (XVIIIe - XXe s.). Ech. 1 : 300 000

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Page 45: L'Ecole valaisanne, mars 1975

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Fig. 46 : Plans d'églises: Ardon a) pr~rniè~e chapelle Ve - VIe s.; b) église (fin du VI, début du VIle s.); c) IXe s. ; d) Xe - XIe s. Samt-Plerre-d~-Clages, e) église du prieuré (XIe s.). Ech. 1 : 400

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c Fig. 47 : Plans d'églises: a) Saint-Théodule de Sion JXVIe s., avec sacristie XVIIe . s.) ; b) Reckingen (XVIIIe

s.) ; c) Monthey (XIXe s., avec clocher du XVIIIe s.). Ech. 1 : 400

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Page 46: L'Ecole valaisanne, mars 1975

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Fig. 48 : Plans d'églises: a) Ulricht(Jl XIXe s.) ; b) Hérémence (XXe). Ech. 1 : 400

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Fig. 49 : Chapelles: a) oratoire du chemin de la Wandfluh, au-dessus de Turtig ; b) chapelle de Granois (Savièse, XVIIe s.) ; c) chapelle de Fang (Chandolin, XVIIe s.); d) chapelle de Corin Montana, XVIIIe s.). Ech. 1 : 150

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Page 47: L'Ecole valaisanne, mars 1975

Fig. 50: Saint-Pierre-de-Clages : clocher Fig. 52 : Eglise de Reckingen

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Fig. 51 : Sion, église Saint-Théodule Fig. 53 : Eglise de Monthey

Page 48: L'Ecole valaisanne, mars 1975

Fig. 54: Eglise d'UIrichen

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Fig. 56: Fouilles à la chapelle Saint-Laurent, près de Sai lIon

Fig. 55 : Eglise d'Hérémence

Page 49: L'Ecole valaisanne, mars 1975

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5. Témoins de la vie politique et militaire

Les bâtiments relatifs à l'exercice du pou­voir sont au moyen âge des châteaux forts qui servent aussi à la défense du territoire et subsidiairement les résidences plus petites et moins fortifiées de certaines familles nobles et aussi d'officiers seigneuriaux, comme les vidomnes et les majors. Plus tard, à partir du XVIe s., il faut tenir compte aussi des maisons de commune ou de bourgeoisie. Nous nous contenterons d'évoquer, dans ces pages, les dispositions générales de ces édifices et de suggérer certains points sur lesquels l'at­tention des élèves pourra être attirée.

5.1 LES CHATEAUX FORTS

5.1.1

L'évêque de Sion, le comte de Savoie et les grandes familles nobles du Valais cons­truisirent au moyen âge, à partir du XIe s. surtout et jusqu'au XIVe - XVe s. des châ­teaux forts. Ceux-ci remplissaient des fonc­tions diverses:

a) résidence pour le prince, ou le plus sou­vent pour un de ses officiers;

b) point d'appui militaire offensif et dé­fensif, en rapport avec les chemins du territoire à protéger;

c) lieu de détention préventive et siège du tribunal;

d) siège de l'administration seigneuriale;

e) lieu de refuge pour la population en cas de guerre.

5.1.2

Le choix du site répond à ses fonctions: besoins de la défense (lieu escarpé permet­tant de contrôler le principal chemin de la

92

contrée) et de l'administration seigneuriale (à relative proximité des villages). Mais l'ac­cent a pu être mis sur le caractère de postes d'observation, comme à Beauregard sur Niouc ou à MontorgejSion .

Les dispositions architecturales, elles aussi, répondent à ces diverses fonctions. Le châ­teau comprend le logement, une ou plusieurs grandes salles (de réception, tribunal), quel­ques pièces pour l'administration et pour la détention et enfin un dispositif militaire comprenant des fortifications propres à inter­dire l'accès et des locaux pour stock et vivres.

En ce qui concerne les secteurs de logement et de réception, les ruines du château épis­copal de Tourbillon (Sion, XIIIe et XIVe s.) présentent un bon exemple (fig. 59 et 60) : les chambres se .. -trouvaient dans la partie carrée du bâtiment principal, tandis que la grande salle occupait son aile rectangulaire à l'ouest.

Le système utilisé pour les fortifications mérite d'être examiné en se rappelant qu'il est toujours étroitement lié à la configura­tion naturelle du terrain. La plupart des châ­teaux valaisans étant situés sur des escarpe­ments faciles à défendre, le mur d'enceinte s'adapte à la partie haute des pentes abruptes ou des parois de rocher. L'épaisseur de l'en­ceinte peut varier considérablement en pro­portion du risque couru par l'ouvrage: un mur relativement mince suffit, au sommet d'un rocher, tandis qu'une muraille épaisse est indispensable du côté où l'assaillant pour­rait installer ses machines de guerre (cata­pultes) : exemple ruines du château de la Soie, (Savièse). Le tir de flanquement (parallèle à l'enceinte) peut se faire à partir, soit de décrochements, soit de tours saillant de l'en­ceinte. Le sommet des défe.nses (rarement conservé de nos jours) se composait d'un chemin de ronde avec parapet crénelé, sou­vent renforcé par des ouvrages de bois.

On remarquera le soin avec lequel est choisi l'emplacement de la porte d'entrée. Elle se trouve dans un endroit où· le relief du ter­rain d'une part, et le tracé de l'enceinte de l'autre obligent l'assaillant à se masser dans un espace très restreint où il est gêné dans ses mouvement (exemple: MontorgejSion, en­ceinte basse de Tourbillon, la BâtiazjMar­tigny, fig. 57 et 58). L 'accès au château peut être coupé par un ou plusieurs fossés (sans eau) propres à couper l'élan de l'assaillant et à l'empêcher de placer, à portée utile, ses machines de guerre. Un exemple intéressant se tr:ouve à la BâtiazjMartigny, où les tra­vaux de creusement du rocher n'ont pas été terminés et où l'on peut se rendre compte de la technique utilisée pour exécuter un tel ouvrage.

On remarquera aussi l'extrême importance do.nnée à la tour principale (donjon), qu'elle SOIt de plan carré ou circulaire, suivant les époques et les habitudes des propriétaires. Bâtie à l'endroit le mieux protégé, au centre du château, ou à un endroit dangereux qu'il faut défendre de manière particulièrement forte (du côté de l'entrée), elle présente tou­jours un certain nombre de caractères bien définis: épaisseur considérable des murs, ab­~en~~ ou rareté des ouvertures dans la partie mfeneure, porte d'entrée étroite, située à environ 8 m. au-dessus du sol, couronnement facile à défendre et fonction de dernier réduit pour les défenseurs.

L~s . bâtiments consacrés aux réserves d'ap­prOVISIOnnement ont laissé peu de traces. L'un des plus fréquemment visibles est la citerne en général creusée dans le rocher rendu~ étanche par des murs soigneusement enduits et couverte d'une voûte. L'eau des toits est amenée latéralement par une rigole maçon­née; elle est puisée par une ouverture aü somm~t de la voûte (excellent exemple à T?urbIllon). Un ou plusieurs greniers permet­taIent d'accumuler le grain nécessaire à la fa brication du pain en cas de siège: ainsi:

au château de Saillon, les comptes nous ap­prennent qu'un grenier de bois couvert de bardeaux et posé sur une fondation de ma­çonnerie fut construit au XIIIe s. On voit encore au château de Valère un moulin qui répondait à des nécessités analogues.

L'abri offert par le château à la popula­tion peut être occasionnel, sans autre dispo­sitif spécial qu'un certain espace entouré de murs. Souvent, l'aire de refuge est occupée par un groupe de maisons régulièrement habitées: un bourg était ainsi attaché aux châteaux de Saillon, Saxon, Conthey, la Soie etc. L'en­ceinte la plus typique de ce genre est celle de Saillon.

Ailleurs, la localité peut être protégée par une muraille sans château: ville inférieure de Sion, Sembrancher, Saint-Maurice etc. Il peut s'agir soit d'une véritable enceinte, indépen­dante des maisons (Sion), soit d'une forti­fication rudimentaire constituée par les fa­çades arrières, quasi-aveugles, des maisons, et complétées de portes fortifiées aux entrées des rues (Sembrancher).

La population de montagne disposait de lieux de refuges naturels sur les crêtes. Par­fois, elle utilisait d'antiques «châtelards» ou des grottes.

Noter spécialement les abris sous roche situés en pleine paroi, et fermés en avant par un mur muni de meurtrières (MolIens).

5.2 LE,S PETITES RESIDENCES DES OFFICIERS SEIGNEURIAUX

Tous les officiers seigneuriaux ne demeu­raient pas dans des châteaux forts, surtout dans le Valais épiscopal (en amont de la Morge de Conthey). Les vidomnes et plus encore les majors devaient souvent se con­tenter de résidences plus simples.

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Les vidomnes de Sierre (fig. 65), de Sion et de Leytron par exemple disposaient d'un système de fortifications assez rudimentaire : il s'agissait plus d'un décor affirmant leur prestige que de véritables ouvrages militaires. Les majors sont logés plus simplement (par exemple majories de Basse-Nendaz, Vex, Saint-Nicolas etc.), sans fortification.

Leur demeure se trouve généralement en plein village, ou à proximité immédiate de celui-ci; son importance est marquée par le fait qu'elle est construite en maçonnerie, comme les châteaux et les églises. La forme architecturale utilisée est celle des maisons­tours des nobles en ville: par ses dimensions, elle peut rappeler les donjons carrés ou rec­tangulaires de certains grands châteaux, mais les murs sont beaucoup moins épais. La partie inférieure, consacrée aux caves et entrepôts, est presque aveugle; la partie supérieure, avec le logis et la salle servant aux récep­tions et aux actes de l'administration possède de belles fenêtres. L'existence d'escaliers in­térieurs (généralement en colimaçon, XVe -XVIIe s.) apparente elle aussi ces résidences aux riches maisons des villes. Il faut mettre à part la majorie de Sion, dont les bases remontent au XIIe s. et qui, véritable châ­teau fort , servit de résidence à l'évêque (XIVe­XVIIIe s.).

5.3 LES LIEUX DE CHATIMENT

Parmi les dépendances des demeures occu­pées par les seigneurs ou par les officiers qui les représentaient, il faut citer des locaux de détention et des lieux d'exécution capi­tale. La détention étant peu importante dans l'éventail ' des dispositions pénales d'au­trefois (on recourait davantage à l'amende et aux châtiments corporels), on ne trouve guère de prisons: seulement des lieux de détention préventive, parfois aménagés dans un coin de cave (Naters) ou de galetas ' (Venthônet

94

Les lieux d'exécution n'ont guère laissé d'au­tres traces dans notre patrimoine architectu­ral que les vestiges des piliers de maçonnerie qui supportaient les poutres de bois aux­quelles on pendait les malfaiteurs (Ernen, Sion, Bramois, etc.). Parfois, toute trace de construction a disparu, mais il reste un nom de lieu typique comme les «Fourches» (Saillon).

5.4 LES MAISONS DE COMMUNE OU DE BOURGEOISIE

Les communes (dont l'héritage et les fonc­tions se trouvent partagés depuis 1848 entre communes et bourgeoisies) jouent un rôle im­portant et ancien dans la vie du Valais. Il ne saurait être question d'étudier ici leur développement à partir du moyen âge, ni la rrianière dont elles accèdent lentement à la personnalité juridique.

Au XIIIe et au XIVe s., certaines com­munes reçurent un droit privilégié, les « fran­chises ou libertés », consacrées par une charte émanant soit du prince-évêque, soit du comte de Savoie. Surtout à partir du XVe et du XVIe S., la force des communes augmenta par le rachat de droits seigneuriaux: la charge, la responsabilité et les revenus d'an­ciens représentants du souverain (major, châ­telain, vidomne) pouvaient en effet lui être achetés et ensuite supportés par la commune. Ce moyen d'acquérir la liberté se traduit dans le patrimoine architectural.

On connaît plusieurs sortes de lieux de rassemblement des communiers et de leurs conseils: les plus anciens sont sans doute des places publiques, des prés, voire cer­tainS cimetières d'église. Puis des bâtiments quasi-publics, comme les églises (Saint-Théo­dule à Sion) et les soustes (entrepôts à mar­chandises), offrent un abbri suffisamment vas­te. Enfin, on bâtit ou acquiert de véritables

maisons de commune. Ces dernières sont de deux sortes:

a) maisons bâties spécialement dans ce but: à Chermignon, Grône et Savièse (XVIe s., fig . 63 a), à Sion (XVIIe s., fig. 63 b), à Ernen (maison du dizain, fig. 64 a) et à Saint-Maurice (XVIIIe s.), à Martigny­Ville (XIXe s., fig. 64 b) et à Viège (XXe s.) ; ,

b) maisons anciennes rachetées soit avec un office féodal, comme à Loèche-Ville (an­cien vidomnat reconstruit au XVIe s.), à Venthône (ancien château du XIIIe s., transformé au XVIIe s.), soit plus tardive­ment par attachement au patrimoine ar­chitectural ou par commodité, comme à Brigue (château Stockalper, XVIIe s.), à Sierre (château Bellevue, XVIIe s.) et Saint-Gingolph (ancien château, XVIe s.).

Quand la commune, à un moment donné de son histoire, a entrepris la construction d'une maison qui lui soit propre, elle a gé­néralement fait les frais d'un beau bâtiment: amSI par exemple l'Hôtel de Ville de Sion témoigne que ' la bourgeoisie de cette ville

avait clairement conscience de son importance sociale et de son aisance matérielle.

Dans tous les cas, qu'elle soit bâtie à cet effet, ou qu'elle soit transformée pour les besoins de la commune, la maison comprend toujours un certain nombre de locaux déter­minés par sa fonction. On dispose d'une bonne cave, et souvent aussi d'une petite cui­sine, qui permettent d'agrémenter les assem­blées et réceptions. Une grande salle plus ou moins richement décorée et toujours munie d'un moyen de chauffage, sert aux délibé­rations; certains Hôtels de ' Ville, les plus perfectionnés, ont aussi une petite salle pour les séances du Conseil. Il n'est pas rare enfin que l'on dispose en outre d'un local d'arrêt et d'unè ,chambre à l'abri du feu pour conser­ver 'les archives.

Aujourd'hui les maisons de commune ap'" partiennent, suivant les lieux, soit à la bour­geoisie, soit à la commune elle-mê~e. On ne saurait trop conseiller le respect pour ces édifices anciens et très particulièrement pour la salle des assemblées où le sort du village est décidé depuis des siècles~

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Fig. 58 : Le château de la Bâliaz

Fig. 57 : Le château de la llâtiaz (Martigny) ; plan, écho 1 : 250

LEGENDE DU PLAN CI-CONTRE

A Rampe d'accès; B Fossé et entrée; C Ancien bâtiment (cour) ; D Tour de flanquement

(<\.u sommet site probable de la chapelIe) ; E Au rez, entrepôt; à l'étage, salle; F A l'étage, local chauffable cheminée) ; G Cour avec citerne; H Tour maîtresse; K C<~ur; L Rez (voûté d'un bâtiment détruit).

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Page 52: L'Ecole valaisanne, mars 1975

Fig. 60 : Château de Tourbillon

LEGENDE DU PLAN Cl-CONTRE

A: Entrée (XVe s.) ; B : Tour de flanquement; C: Chapelle (peintures murales du XIVe s.) ; D : Sacristie et logis (du chapelain ?) ; E : Poterne (tardive) ; F : Palais épiscopal: logis; G : Palais épiscopal : réception

(salle à l'étage; escalier en colimaçon) ; H : Terrasse (support d'anciennes galeries de bois); K: Citerne; L : Place (région de l'entrée du XIIIe s. ?) ; M : Entrepôt et logis (aux étages) ; N: Place.

Page 53: L'Ecole valaisanne, mars 1975

Fig. 61 : Le château épiscopal de Loèche

Fig. 62: Naters: château Auf der Flühe

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Fig. 63 : Maisons de commune: a) Savièse (XVIe s., rez remanié) ; b) Sion (XVIIe s.). Ech. 1 : 250

Page 54: L'Ecole valaisanne, mars 1975

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Fig, 64: Maisons de commune: a) Ernen (XVIIIe s.): façades antérieure et latérale droite. b) Martigny-Ville (XIXe &..). Ech. 1 : 250

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Page 55: L'Ecole valaisanne, mars 1975

6. Conclusion

6.1

Au terme de ce petit ouvrage, nous avons bien conscience de son caractère à la fois limité et sommaire. Limité, car les quelque cent vingt pages disponibles nous obligent, comme nous l'avons dit, à restreindre notre choix des thèmes à traiter. Le peu de temps qui nous était imparti nous interdisait de longues enquêtes dans un domaine peuplé de problèmes encore mal résolus. Sommaire, car les études de base sont peu nombreuses et souvent incomplètes, surtout en ce qui con­cerne notre ancienne architecture rurale et les institutions diverses au sein desquelles elle a vu le jour. Pour l'instant, force est d'admettre que l'on manque de travaux suffisamment poussés pour déterminer avec sûreté les traditions régionales et pour distinguer clai­rement les objets fondamentaux des cas par­ticuliers.

Le lecteur nous pardonnera d'insister, nous ne donnons qu'un aperçu très général. A ceux qui connaissent encore, par expérience per­sonnelle et par les récits des grands-parents, les anciennes conditions de vie du pays, ces pages paraîtront pauvres en détails. Elles seront dès lors, pour eux, une raison d'ap­profondir ce qu'ils savent et de comparer la situation particulière de leur région avec celles d'autres contrées du Valais. Les élèves en profiteront sûrement. Mais nous savons aussi que notre ouvrage donnera à bien des jeunes gens, en ces temps où tout change si rapidement, l'occasion de pénétrer un peu une vie presque oubliée.

6.2

Espérant que nous aurons tout de même réu~si à éveiller ou à augmenter l'intérêt pour les témoins architecturaux de la vie ancienne, nous croyons utile de nous arrêter un instant à la place de ces derniers dans le monde moderne. Qu'on le veuille ou non-,

104

le contexte de la vie présente comprend à la fois les réalisations de notre temps et les constructions que nous ont laissées nos pré- . décesseurs, comme la société se compose de jeunes, d'adultes et d'anciens.

Dans la société, le vieillard apporte son lot d'expériences vécues: la plupart sont uti­les, d'autres dépassées par les mutations d'au­jourd'hui. De même, tous les éléments archi­tecturaux du passé ne présentent pas le même intérêt. Ceux qui apportent quelque chose à notre vie possèdent soit une qualité de témoins significatifs des circonstances qui ont conduit lentement nos familles jusqu'à ce siècle, soit représentent, par leur fonction , un signe de la continuité au travers des temps. Tous nous apportent une leçon d'histoire; beaucoup mettent dans la rue, dans le villa­ge ou dans la campagne un peu de beauté à. la portée de chacun.

Mon vieux maître et ami Henri Naef les appelait «les trésors du pauvre}): car le regard de celui qui n'a rien de beau chez soi peut se reposer sur eux. Au cadre sou­vent rigide de l'ère technique, ils insufflent leur poésie.

C'est pourquoi, du Conseil de l'Europe jusqu'aux autorités cantonales, on p.ous incite à vivre l'année du patrimoine architectural 1975.

6.3

C'est pourquoi aussi, bien avant cet appel, la Confédération et les cantons prennent soin des «Monuments historiques}): les organis­mes créés dans ce but s'attachent depuis de longues années à inventorier et étudier ces édifices, à signaler leur intérêt, à chercher les meilleures méthodes techniques pour les conserver et, le cas échéant, les restau rer.

Les pouvoirs publics entendent ainsi aider les communautés locales et .les particuliers à organiser le progrès nécessaire et à éviter que des démolitions intempestives viennent gâcher, par une rupture brutale, la continuité et la qualité de la vie. On nous permettra de rappeler ce que nous avons écrit dans notre récente étude sur la sauvegarde de Saillon :

{( Les renseignements que notre Service et ses collaborateurs ont rassemblés au sujet de l'histoi re de Saillon et de l'état actuel de la

Fig. 66:

localité permettent de mieux discerner, dans ce centre vivant d'une commune et d'une paroisse, la rencontre du passé et du présent.

Mais l'avenir, lui aussi, est au rendez­vous: a venir de vie bien réelle, dans un cadre de beauté et d'équilibre que les générations anciennes ont peu à peu façonné, parfois aussi égratigné. Dans ce qu'il a de valable, l'héri­tage du passé n'entrave point la marche en avant: au contraire, il peut l'aider en don­nant ce caractère de continuité dont une population est toujours fière.})

Chantier de restauration (Cure de Naters)

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Page 56: L'Ecole valaisanne, mars 1975

Fig. 67 : Selkingen

Appendice

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Dans l'intention d'aider les instituteurs à choisir un but « historique» pour leurs promenades de classe, nous donnons, dans les pages suivantes, la liste de quelques I1'zonuments et ensembles intéressants. A peu de choses près, nous avons utilisé la liste des « Biens culturels» d'importance nationale et 'can­tonale, récemment établie par une commission ad hoc.

Les nécessités de la mise en page font que les cartes des districts sont présentées sous un angle parfois imprévu: qui ne connaît pas bien le Valais se reportera utilement à la carte générale du canton (fig. 77).

On consultera avec profit le Guide artistique du Valais de M. André Donnet (Sion 1954), ainsi que Valais de M. André Beerli (la Suisse inconnue, Touring-Club suisse).

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Fig. 68 : Légende des fig. 69 - 76 : . 1. Ensemble, 2. Eglise, 3. Chapelle, 4. Hospice, 5. Châ­teau, 6. Majorie, 7. Grotte-refuge, 8. Ruine, 9. Maison communale ou bourgeoisiale, 10. Maison, 11. Fontaine,

12. Puits, 13. Grange, 14. Alpage, 15. Raccard, 16. Gre­nier, 17. Moulin, 18. Four, 19. Pont.

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Page 57: L'Ecole valaisanne, mars 1975

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DISTRICTS DE MONTHEY ET DE SAINT-MAURICE

Voir fig. 69.

1. CHAMPERY: clocher (XVIIIe s.) de l'ancienne église, maison dite de la «cure ».

2. VAL-D'ILLIEZ: église (XVIIe s.), avec clocher (en partie XVe s.) et cure.

SAINT-MAURICE

3. V érolliez: chapelle (XVIIIe s.).

4. En ville: ensemble comprenant: l'ab­baye avec sa basilique et son trésor (clo­cher XIe s.); l'église Saint-Sigismond (XVIIIe s.) ; l'hospice Saint-Jacques avec sa, chapelle (XVIIe s.) ; la chapelle Notre­Dame-du-Scex; le château (XVe-XVIIIe s.) avec le pont médiéval et le bâtiment de l'ancienne douane (XIXe s.) ; la Grand­Rue avec l'Hôtel de Ville (XVIIIe s.) et les maisons de la Pierre et de Loys - de Bons: la Gloriette (XVITTe s.).

5. MASSON GEX : mosaïque romaine (dans Je café sur la place) ; vidomnat.

MONTHEY

6. Choëx: église et cure (XVIIIe s.).

7. En ville: église (XIXe s.), avec clocher (XVIIIe s.), château (XVIIe s.), maison forte (transformée au XVIIe s. en arse­na!), Crochetan (XVIe - XIXe s.).

108

TRO ISTORRENTS

8. Propéra: grenier et four à pain.

COLLOMBEY-MURAZ

9. Collombey: château d'Arbignon (XIVe s., transformé en couvent, XVIIe s.), ma­noir de Lavallaz.

10. Muraz : églisy (XIXe s.), avec clocher (XVIIe s.).

Il. Vionnaz: maison Barberini (XVIIe s.), mur de protection (digue) avec inscrip­tion et armoiries des Sept Dizains.

VOUVRY

12. Au village: église (XIXe s.), avec clocher (XVe s.).

13. Porte du Scex: château (XVIe - XVIIe s.).

PORT-VALAIS

14. Le Bouveret: hôtel de la Tour (ancienne souste, XVIe s.).

15. SAINT-GINGOLPH: château (XVIe -XVIIe S., maison de commune XIXe s.), chapelle de la Sainte-Famille (XVIIe s.), hôtel de la Croix-Blanche avec sa dé­pendance (ancienne maison de Rivaz -de Nucé).

Fig. 69 : Districts de Monthey et Saint-Maurice. Ech. 1 : 200 000

Page 58: L'Ecole valaisanne, mars 1975

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DISTRICTS DE MARTIGNY ET DE CON THEY

Voir fig. 70.

MARTIGNY-COMBE

1. Plan-Cerisier: ensemble des trois ha­meaux.

MARTIGNY -VILLE

2. En ville: le Vivier (amphithéâtre ro­main) et l'ensemble des vestiges de la ville romaine; église (XVIIe s.), avec clo­cher (XVIIIe s.); maison du Grand­Saint-Bernard (prévôté) ; Manoir (XVIIIe s.).

3. La Bâtiaz: chapelle (XVIIe s.) et ruines du château (XIe - XIIIe s.).

4. SAXON: ancienne église (XIIIe - XVIe s.), ruines du château (tour, XIIIe s.) et ancien casino des bains (XIXe s.).

5. SAILLON: ensemble du bourg avec son enceinte et les ruines du château (XIIIe s.); chapelle Saint-Laurent (chœur de l'ancienne église, XVIe s.).

110

LEYTRON

6. Dugny: quelques maisons.

7. Montagnon: quelques maisons.

ISERABLES

8. La Combe de Teur: groupe de raccards.

CHAMOSON

9. Saint-Pierre-de-Clages: ensemble com­prenant l'église (XIe - XIIe s.), l'ancien prieuré et le vieux quartier.

10. Chamoson: église (XXe s.).

Il. Le Grugnay: hameau.

12. ARDON: · église (XIXe s.), avec clocher (XVIe s.).

CONTHEY

13. Ruines du château savoyard (XIIIe s.).

14. Bourg: ensemble.

Fig. 70 : Districts de Martigny et Conthey. Ech. 1 : 200 000

Page 59: L'Ecole valaisanne, mars 1975

DISTRICT D'ENTREMONT

Voir fig. 7l.

ORSIERES

l. Ferret: chapelle (XVIIIe s.).

2. Som-Za-Proz: deux maisons peintes.

3. Au village: clocher (XIIIe s.), église (XIXe s.), souste.

4. Reppaz : maison à cheminée savoyarde.

LIDDES

5. Rive-Haute: ensemble avec chapelle (XVIIIe s.).

6. Au village: chapelle Saint-Laurent (XVIe - XVIIe s.), rue centrale.

BOURG-SAINT-PIERRE

7. Ali village: ensemble du bourg médiéval comprenant J'église (XV1TIe s.) , avec clo­cher (XIe s.) , l'ancien hôpital. J'ancien prieuré, deux maisons de Challant ; cha­pelle de Lorette (XVIIe s.), tronçon de route romaine et médiévale.

8. Grand-Saint-Bernard: hospice avec ses dépendances (XIe - XVIIe s.).

112

9. SEMBRANCHER: ensemble du bourg comprenant l'église (XVIIe s.), avec clo­cher gothique et l'ancien hôpital; a u­dessus ruines du château (avec chapelle Saint-Jean).

10. VOLLEGES: église (XVIIe s.), avec clo­cher (XVIe s.), quartier supérieur du village.

BAGNES

Il . Le Châble : ensemble comprenant l'église (XVIe s.), avec clocher (XVe s.), l'an­cienne cure et la chapelle de l'ossuaire; maison de l'abbaye.

12. Le Cotterg: fontain'e.

13. Villette: maisons, groupe de raccards, moulin.

14. Lourtier: église (1932).

]5 . l .olll'Î(!: alpage.

16. Mauvoisin: chapelle (XVIIIe s.), ancien pont (en aval).

17. Giétroz: alpage.

18. Pont de Quart: sur la Dranse.

Fig. 71 : District d'Entremont. Ech. 1 : 200 000

Page 60: L'Ecole valaisanne, mars 1975

DISTRICTS DE SION ET HERENS

Voir fig. 72.

EVOLENE

1. La Forclaz: en sem ble.

2. Tsaté: alpage.

3. La Sage: chapelle Saint-Christophe (XVIIe s.).

4. Cotter: alpage.

5. Au village: l'église (XIXe s.), avec clo­cher (en partie du XVe s.), maisons peintes.

6. Lana: ensemble avec chapelle (XVIIIe . s.).

7. La Garde: chapelle (XVIIe s.).

SAINT-MARTIN 8. Praz-Jean: pont.

HEREMENCE 9. Pralong: chapelle.

10. Essertse: alpage.

Il. VERNAMIEGE: ensemble.

12. VEX: maisons avec façades de bois dé­corées (sculptures) ; ancienne église Saint­Sylve (nef romane avec chœur du XVe s.); au-dessous du village, ruines du château avec tour Tavelli (XIIIe s.).

114

SION

13. Bramois: pont avec chapelle (XVIIe s.) et forge (ensemble) ; cure; au-dessus du village, ermitage de Longeborgne.

14. Uvrier: ancienne maison Stockalper (cha­pelle et arcades, XVIIe s.).

15. En ville: ensemble de la vieille ville (avec Valère, Tourbillon etc.). Nous ne pou­vons donner ici une liste complète: une visite de Sion doit être préparée à l'aide du guide artistique illustré de Sion de M. André Donnet et édité en 1972 par l'association Sedunum Nostrum .

16. Montorge: ruines du château (XIIIe s.).

SAVIESE

17. Granois: ruines du château de la Soie (XIIIe s.).

18. Saint-Germain: église (XVIe s.) et mai­son de commune (XVIe s.).

19. GRIMISUAT: cure (ancien château. XIIIe s.) avec raccard.

AYENT

20. Argnoud: hameau avec chapelle médié­vale (remaniée au XVIIIe s.).

21. Saint-Romain: église (XIXe s.), avec clo­cher (XVe - XVIe s.), maison de com­mune (XVIe s.).

Fig. 72 : Districts de Sion et Hérens. Ech. 1 : 200 000

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Page 61: L'Ecole valaisanne, mars 1975

DISTRICTS DE SIERRE ET DE LOECHE

Voir fig. 73.

1. A YER: ensemble.

2. GRIMENTZ: ensemble du vieux village.

3. SAINT-JEAN: ensemble avec chapelle (XVIIe - XI Xe s.).

4. VISSOIE: tour de pierre (XIIIe - XIVe s.), vicariat, chapelle (XVIIe s.) sur l'em­placement de l'ancien château d'Anni­viers.

5. SANT-LUC: maison bourgeoisiale.

CHALAIS 6. Vercorin: clocher en partie roman et

chœur (XVIe s.) de l'ancienne église, chalet de Chastonay avec chapelle (XVIIIe s.).

SIERRE 7. Granges: ruines des châteaux médiévaux

et puits. 8. Géronde: monastère et son église (VIlle -

XVIIIe s.), ruines de la chapelle Saint­Félix (VIlle - XIIIe s.).

9. En ville: égEse Notre-Dame du Marais (XIVe - XVTTTe s.), vidomnat (XVe s., façaùes remaniées), château Bellevue (en partie, XVIIe s\ maison Pancrace de Courten (XVIIIe s.); dans les environs, tour de Goubing (XIIIe s.), château de Villa (XVIe - XVIIe s.) et château Mercier (XXe s.).

10. SAINT-LEONARD: ancienne cure, mai­son Zen Ruffinen (XVIe - XVIIIe s.).

LENS 11. Vaas: maison peinte (XVIe s.). 12. Au v'illage: église (XIXe s.), avec clo­

cher et ancien chœur (XVIe s.).

RANDOGNE 13. Loc: château.

116

VENTHONE 14. Anchettes: ensemble comprenant le châ­

teau (remanié au XVIIe s.), la chapelle (XVIIe s.) et les greniers.

15. Au village: ensemble comprenant le châ­teau (XIIIe s.) et la cure.

16. VEYRAS: château de Musot (XIIIe s.).

MOLLENS 17. Saint-Maurice-de-Laques: ensemble com­

prenant l'église (XIXe s.), avec clocher (XVIe s.) et la cure.

18. Au village ,: trois greniers en pierre ; au-dessus du village, refuges médiévaux dans le rocher.

19. TOUR TEMAGNE: centre du village' ; restes de l'ancienne maison Stockalper. maison dite «Wlibihüs ».

LOECHE 20. La Souste: château Mageran/de Werra

(asile de vieillards, XVe - XVIIIe s.).

21 . Ringacker: chapelle (XVIIe s.).

,.., P,n \'ilIe: ensem hIe comprenant l'église paroissiale (XVe - XVIe s.) , avec clocher (XIIe s.), la maison de commune (XVIe s.), l'ancien château de l'évêque (XIIIe -XVe s.) et de nombreuses maisons ; à l'ouest, la tour fortifiée de la DaIa; quartier de Galdinen : ensemble du quar­tier avec la maison de Werra (XVIe -XVIIe s.).

23. ERSCHMATT: pont avec chapelle.

24. FESCHEL: rue principale. chapelle (XVIIe s.) et maison de commune.

25. ALBINEN: ensemble.

26. INDEN: ensemble; pont sur la DaIa. Fig. 73 : Districts de Sierre et Loèche. Ech. 1 : 200 000

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Page 62: L'Ecole valaisanne, mars 1975

DISTRICT DE VIEGE

Voir fig. 74.

SAAS-ALMAGELL

1. Zum Moos,' ensemble du hameau.

SAAS-FEE

2. «Zur hohen Stiege » " chapelle (XVIIe s.) et oratoires du chemin (XVIIIe s.).

SAAS-GRUND

3. Hornlauenen,' chapelle de la Sainte-Tri­nité (XVIIIe s.).

4. SAAS-BALEN: ancienne église (XIXe s.).

EISTEN

5. lm Er!,' ensemble du hameau.

6. SAINT-NICOLAS: clocher de l'ancienne église, majorie médiévale (transformée au XVIIe - XVIII s.).

STALDEN

7. Kin: pont (XVIe s.) sur la Viège.

118

8. Au village,' rue principale, église (XVIIIe s.), avec clocher (XVIe s.) ; dans le haut, tour de Embda (XIVe s.).

1

9. «Zer Niwu Briggu ~ ,' chapelle (XVIIIe s.) et pont (XVIe s.).

VISPER TERMINEN

10. lm Wald,' chapelle avec les oratoires du chemin.

Il. Oberstalden,' ensemble avec chapelle.

VIEGE

12. Eyholz,' chapelle (XVIIe s.) et maison du chapelain.

13. En ville,' église des Bourgeois (XVIIIe s., clocher roman) avec le quartier voisin ; église Saint-Martin (partie ouest, XVIIe s.); tour Lochmatter (XIIe - XIIIe s.).

14. BALTSCHIEDER: ensemble avec cha­pelle (XVIIe s.).

Fig. 74 : District de Viège. Ech. 1 : 200 000

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Page 63: L'Ecole valaisanne, mars 1975

DISTRICTS DE RAROGNE OCCIDENTAL ET DE BRIGUE

Voir fig. 75

ZWISCHBERGEN

1. Gonda,' souste de Stockalper (XVIIe s.).

SIMPLON

2. Gorges de Gonda,' «caserne» napoléon­nienne.

3. Au village,' église paroissiale (XVIIIe s.) et place du village.

4. Au col,' ancien hospice Stockalper (XVIIe s.) et hospice actuel (XIXe s.).

BRIGUE

5. En ville,' palais Stockalper (XVIIe s.) et maisons anciennes du voisinage; vieux collège avec son église (XVIIe s.) ; grange et mur fortifié (près du nouveau collè­ge) ; chapelles Saint-Antoine (XVe s.) et Saint-Sébastien (XVIIe s.).

6. GUs,' église (XVIe - XVIIe s., clocher en partie roman) avec la chapelle et le portail du cimetière.

7. Gamsen,' restes du mur fortifié médiéval qui barrait la vallée.

MUND

8. Bodmen,' ensemble avec chapelle (XVIIe s.).

9. BIRGISCH: chapelle (XVe - XVIIe s.).

10. NATERS: ensemble' du village conte­nant l'église (XVIIe s.), avec clocher (XIIe s.), la chapelle de l'ossuaire (XVIe s.), la cure (XIIIe - XIXe s.), le raccard de la dîme et le château Auf der Flühe (XIIIe s.).

120

BUERCHEN

Il. Kastleren,' vestiges de fortification pré­historiques.

12. Wandfluh: chapelles (XVIIe s.) et ora· toires du chemin.

13. EISCHOLL: église (XIXe s.).

RAROGNE

14. Saint-Germain,' église médiévale (rema­niée au XVIe s. et au XIXe s.).

15. Au village: ensemble du vieux bourg ; au-dessus ancienne cure, église (XVIe s.), tour des vidomnes (XIIe - XVIIe s.) ; au pied sud de la colline, maison Ul-rich Ruffiner (XVIe s.). .

16. Rarnerkumm:e: ensemble avec chapelle.

17. NIEDERGESTELN: ensemble du vieux bourg; ruines du château.

18. STEG: église (XXe s.).

KIPPEL

] 9. Au village,' église (XVIIIe s.), clocher en partie (XVIe s.) et centre de la locali té.

20. Hockenalp,' alpage avec chapelle.

BLATTEN

21. Au village,' centre de la localité.

22. Eisten: ensemble avec chapelle (XVIIe s.).

23. Kümhatt,' chapelle (XVIIe s.).

24. Fafleralp: chapelle (XXe s.). Fig. 75 ; Districts de Rarogne occidental et Brigue. Ech. 1 ;' 200 000\

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Page 64: L'Ecole valaisanne, mars 1975

DISTRICTS DE RAROGNE ORIENTAL ET CONCHES

Voir fig. 76.

BITSCH 1. Wasen,' ensemble avec chapelle.

RIED-MOEREL 2. Hohenflüh,' chapelle (XVIIIe s.).

3. MOEREL: église (XVIe - XVIIe s.) et maisons voisines; centre du village.

4. GREICH: chapelle (XVIIe s.).

5. GRENGIOLS: église (XXe s.); au-des­sus du village, ruines du château (très effacées).

BETTEN 6. Bettmeralp,' chapelle (XVII s.)

7. LAX: églises (XIXe s.) et maison Tm­hasli.

FIESCH 8. Zer Brigge,' pont. 9. Au village,' chapelle de l'ancien couvent

(reconstruite au XVIIIe s.).

ERNEN ] O. Au village,' ensemble du village compre­

nant J'église (XVIe s.), la maison du Dizain (XVIIIe s.) le Tellenhaus (XVIe s.) et de nombreuses maisons anciennes; en dehors du village, vestiges du gibet.

Il. Ernerwald,' chapelle (XVIIe - XVIIIe s.).

12. AUSSERBINN: pont sur la Binna.

BINN 13. Zen Binnen,' ensemble avec chapelle

(XVIIIe s.) . 14. Heiligkreuz,' chapelle (XVIIe s.) et an­

cienne maison. 15. Schmidigenhiiusern,' pont (XVIe s.) et

chapelle (XVIIe s.). 16. Willern,' église (XVIIe s.) et ancienne

cure.

122

17. lmfeld,' ensemble avec chapelle (XVIIe s.).

FIESCHERTAL 18. Wichel,' chapelle (XVIIe s.)

BELLWALD 19. Fürgangen,' chapelle (XVIIe s.). 20. Au village,' église (XVIIe s.). 21. Bodmen,' hameau rural. 22. Ried,' ensemble avec chapelle (XVIIe s.).

23. MUEHLEBACH: ensemble avec cha­pelle (XVIIe s.) et deux maisons Schiner.

24. STEINHAUS: maisons.

25. NIEDERWALD: ensemble du village.

BLITZINGEN 26. Wiler,' ensemple avec chapelle (XVIIe

s.).

27. Ammern,' ensemble.

28. SELKINGEN: maisons.

29. BIEL: ensemble du village.

R1TZ1NGEN 30. Ritzingerfeld,' chapelle (XVIIe - XIXe

s.).

31. RECKINGEN: ensemble du vieux vil­lage comprenant l'église (XVIIIe s.) et la maison de commune.

32. MUENSTER: ensemble comprenant l'église (XVe - XVIIe s.), clocher (en partie XIIe - XIIIe s.), la cure, les chapelles Saint-Pierre (XVIIe s.) et Saint­Antoine (XVIIe - XVIIIe s.), de nom­breuses maisons, raccards.

33. GESCHINEN: ensemble.

34. OBERWALD: maisons.

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Fig. 76 : Districts de Rarogne oriental et Conches. Ech. 1 : 200 000

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Page 65: L'Ecole valaisanne, mars 1975

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