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Docteur Sacha Mussot Hôpital Marie Lannelongue Service de Chirurgie Thoracique, Vasculaire et Transplantation Cardiopulmonaire 133 avenue de la résistance 92350 Le Plessis Robinson Ligne directe : 01.40.94.85.68 fax : 01.40.94.88.04 e-mail : [email protected] site web : www.institut-oncologie-thoracique.com
Chères Collègues, chers collègues,
Je souhaite présenter ma candidature au poste de chirurgien thoracique du Conseil
d’Administration de l’I.F.C.T.
Pourquoi cette candidature ? Pourquoi moi plutôt qu’un autre ?
Pour vous répondre je dois vous raconter une histoire et ainsi manquer de pudeur
car il s’agit de mon histoire.
J’ai commencé médecine en 1986 pour faire un métier où je serais libre, c’était l’idée
que s’en faisait mon père : comme il se trompait mais comme je lui en suis
reconnaissant.
En 1989, mes parents m’ont offert un livre d’Alain de Sedouy dont le titre était : « De
quoi souffrez-vous Docteur ? ». C’était un panorama de la médecine dans son
ensemble, allant du besogneux généraliste au fond de son obscure banlieue
jusqu’aux prestigieux médecins hospitaliers qui voyaient impuissants la fin du
mandarinat. Sur ce livre de 301 pages, 5 étaient consacrées à la chirurgie soit 1.7%.
De quelle chirurgie était-il question, ou plutôt de quel chirurgien ? Il s’agissait du
Docteur Philippe Dartevelle décrit ainsi par l’auteur : « Râblé, un regard ironique
derrière de fines lunettes cerclées d’or, il a plus l’air d’un étudiant prolongé que d’un
seigneur du bistouri ». Et il continue ainsi : « la chirurgie qu’il pratique se veut
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unique. A 41 ans, son palmarès, qui enfleurait la tête de plus d’un est
impressionnant. 21 Transplantations Cœur-Poumons […], 15 remplacements de la
veine cave supérieure pour cancer, 25 plaies du cœur ».
Est-ce que ce petit chapitre m’a marqué ? Freud n’aurait aucun doute la dessus.
En 1992 j’étais reçu au concours de l’internat et commençais à apprendre la
chirurgie sans avoir d’idée au départ très précise de quelle spécialité embrasser.
J’ai eu un internat riche et versatile, le hasard et le manque de discernement me
firent passer chez les pires patrons du top10 de l’APHP (pas de nom) mais
également et heureusement chez de très grands hommes.
Finalement je choisis la chirurgie vasculaire et respectai consciencieusement la
maquette de cette spécialité, empilant les uns sur les autres les services parisiens de
chirurgie vasculaire. Interne en 7ème semestre dans le service de chirurgie thoracique
et vasculaire du Pr Bernard Andréassian j’y décrochais même un poste de CCA.
Et 10 ans après avoir lu le livre d’Alain de Sédouy que je croyais avoir complètement
oublié, je choisissais le service de chirurgie thoracique du Professeur Dartevelle pour
mon 10ème et dernier semestre. Fin avril 1999, je me présentais à celui qui était
devenu entre temps PUPH Chef de service. J’étais très impressionné, l’entretien fut
bien plus long que ceux qui avaient jalonné mon internat.
J’aurais du alors subir le questionnaire de Proust revu et corrigé par le Professeur
Dartevelle : longueur de la bronche souche gauche, pression artérielle pulmonaire
normale, longueur de l’œsophage; mais je fus sauvé par l’irruption dans le bureau du
Dr Elie Fadel, alors jeune CCA qui venait donner des nouvelles d’une jeune femme
opérée quelques jours plus tôt en extrême urgence à l’hôpital Béclère : elle y avait
été admise pour une embolie pulmonaire massive en état de choc en fin de
grossesse. Alain Chapellier et Elie Fadel lui avaient fait une embolectomie sans CEC
selon Tredelenburgh et avaient sauvé la mère, l’enfant et …..le père.
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J’étais abasourdi et mon dernier semestre n’avait pas encore commencé.
Je vous épargne la description de ces 6 mois d’immersion chirurgicale totale, le plus
souvent idyllique mais parfois apocalyptique où je découvrais l’univers fascinant de la
chirurgie thoracique avec un grand C et un grand T, mais j’étais chirurgien
vasculaire.
En novembre 1999, je commençais mon clinicat dans le service de chirurgie
thoracique et vasculaire de l’hôpital Beaujon et malgré mes craintes j’y arrivais tant
bien que mal.
Un jour de l’été 2000, j’entamai, dans le bureau aux murs lépreux gracieusement mis
à ma disposition par la faculté, une partie de TETRIS tridimensionnel ; juste
récompense au milieu d’une semaine chirurgicale chargée : 2 varices, 1 pontage
distal, 1 pneumothorax, 1 amputation de cuisse.
Soudainement, le téléphone sonna. Je décrochais, à l’autre bout le Pr Philippe
Dartevelle m’expliqua qu’il venait de récupérer l’ensemble des deux services de
Chirurgie Thoracique de Marie Lannelongue, il avait besoin de bras et avait pensé à
moi. Interdit et sans réfléchir je m’étais levé pour l’écouter.
Quelques mois plus tard je commençais une nouvelle vie à Marie Lannelongue et
malgré des moments difficiles que je n’aurais jamais pu vivre ailleurs, largement
compensés par les grands moments d’exaltation que je n’aurais pas pu vivre ailleurs
non plus…Je ne regrette pas d’avoir décroché ce téléphone gris et antédiluvien que
seule notre mère l’APHP peut encore dispenser.
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Et me voilà 16 ans plus tard à 46 ans, devenu un des 4 chirurgiens thoraciques
séniors de l’hôpital Marie Lannelongue dont vous découvrez le nouveau logo offert
par Miro il y a quelques années. Le Professeur Dartevelle en est devenu le Directeur
Général, Elie Fadel est devenu Professeur et chef de service en novembre 2013.
Notre service réalise plus de 2300 interventions par an dont 1800 de chirurgie
thoracique qui sont principalement des exérèses de tumeurs thoraciques.
Ces tumeurs vont du cancer bronchique non à petites cellules T1aN0M0 opéré par
lobectomie vidéoassistée jusqu’à de volumineuses tumeurs envahissant le défilé
thoraco-brachial et le rachis (T4N0/1M0) dont nous avons démontré que la chirurgie
monobloc intégrée dans une prise en charge oncologique globale permettait d’arriver
à une survie à 5 ans supérieure à 40 %.
Cette volonté d’aller très loin dans la prise en charge des cancers thoraciques nous a
rapproché de Gustave Roussy personnifié par Thierry Le Chevalier avec qui Philippe
Dartevelle a construit une association synergique et symbiotique qui s’est concrétisé
sous la forme de l’Institut d’Oncologie Thoracique : l’I.O.T.
Cet institut est la synthèse de la chirurgie de pointe réalisée à Marie Lannelongue et
de l’Oncologie moderne de Gustave Roussy avec sa foultitude de protocoles
multicentriques et ouverts de recherche clinique et fondamentale !
Voilà ce que j’aimerais mettre au service de l’I.F.C.T qui est à l’évidence une entité
transversale, dynamique et reconnue.
Je vous remercie du temps que vous avez consacré à lire ces quelques lignes.
Sacha Mussot
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Le Plessis-Robinson Avril 2015