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i A R C H 1V E S ················ .. .• •••••••••••••••••••••••••. .: CONGOLAISES · · · · ...........$

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ÉTUDES

La <t Revue 11 publie fei i n t é ~ r l e m e n t uneétu e de Pl. Je Capitaine PIAIGNAN su r lepay ;l pahouin1 dont divers r ~ m e n t s avaient

déjà fait l'objet d 'une insert ion au " Journalofficiel 11 de fa Colonie du 16 janvier 1913.

Le Capitaine PIAIGNAN a été tué au combatd'Aïn-Galaka (Tchad), le 21 novembre 1913,

au moment où i franchissait la porte de fa

Zaouia . - - - - - - - - - - - - - - - -

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- - -SUR LE P YS P HOUIN

par fe Capitaine M IGN N -

1 NOTES

SUR L P YS P HOUIN

ÇÉNËRALITÉS

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iX SO( :JJ::TË DES RF.CHF.RCHF.S COXGOLAI SES

une époque, même très lointaine, habité un pays nonforesti< r. Ln forèt a marq ué ces races d  u ne emp reinte

tt•lle qu  i l a très c e r t i ~ l c m e n t fallu des siècles et des

siècles pour créer une si pa rfa ite harmonie rn t re cetteterre ingrate et le caractère de ceux qui l habitent.

MIGRATIONS

Le phénomène d es migrations pahouines es t bienconnu. Les Yi liages, ap r f >s un e étape de plu s ieurs années

en un point, se déplacent wrs le Sud-Oues t. La cause

originelle est pcu t-0 tre les i1Has ions qui ont rhass(·· lesPahouins de ll ur JHlys d origi:;e. 1ais la cause at luellesemble plus .-impi e : t est la poussé( Ycrs la mer degens ùprcs au gèlin qui sub issent l attrac tion des lieuxpriYilégiés où les factoreries nombreu ses Ycndent à bon

m arc hé les llHiThandises (bioum) variées objet de con

Yoitises de toutes les cerYelles pahouines. Il n es t pasdouteux qu e l ocrupation ne ralentisse ce mouYement,

car le Yoisinage d un poste est généra lemen t considéré

comme un avan tage précieux. Au reste, il semble queces déplacements soien t plus fréquents dans le Sud du

pays pnhouin qu  au Nord, et il est dans la région du

\ \ ole u des i liages qui, depuis plus d un siècle, occupentla même terre.

L ORGANISATION

DE LA SOCIËTË PAHOUINE

La ra ce pahouine es t divisée en un nombre presqu illimité de tribus. Il es t possible qu à l origine, les

«M Fang» n n ient constitué qu  un groupement humainassez res treint. Qunnd les individus de ce groupement

se sont multipliés , l homme, qui avait bea ucoup d enfants, a fôhdé avec sa descendance une Yaste familledont les memb res ont soigneuseme.nt évité les alliances

entre eux. C.ette famille est devenue une tribu (ayong).Beaucou p de noms de tribus commencent par cc Essa

(Essibikan, Essa kource, Essamekoss, Essatona, Essambira qui sign ifie: descendance de Latribu pahouine est donc l ensemble des individus qui

descendent d un même ancêtre. Et c est là qu apparaît la

ARCJiJVES CONGOLAISES 9

loi fondamentale de la Société « M;Fang » Entremembres d une mème tribu, Ioule allian  e est rigoureu-sement interdite : toul individu mà e ou femelle ne peutcont racter mariage ni dans sa tribu (tribu de son pere) ni

dans celle de ·sa mere. Ces tribus morcelées à l extrêmeau hasard des migrations on t des représentants à descentaines de kilomètres les uns des au tres, représentan ts qui s ignorent-et n  ont plus de commun qu ele souvenir d une même origine que perpétue le nom

de la tribu. C est do nc une utopie de croire quit estpossib le de grouper les villages d une même tribu sur

un e même terre e t de leur donner un chef commun.

Dan s la tribu, la famille (m\·og) existe et comprendpère, mère, frère, sœur, cousin, etc. Et il est poss ib leque la tra nsformation d une famille (mYog) en tr ibu

(ayong) se produise encore de nos jours ; on trouve

en effe t des vill ages qui on t deux noms de tri tiu ; cedouble nom est peut-êti.-e l indice d une tribu qui se

sci nde.De ce qui précèd e, l résulte que le chef de tribu

n existe pas. E t j  insiste sur ce point. Sur une même

terre, l ar rive presque toujours que les villages d une

même tribu a ien t en tre eux des liens .de parenté encore

très récents et dans ce groupe de villages, l y a comme

dans toute agg loméra tion humaine, des individus que

leurs qu alités personnelles désignent à l attent ion de

tous et dont la parole est respectueusement écoutée.Mais ces in fluences sont toutes momentanées. Le soidisant chef de tribu meurt, les villages du groupe se

dispersent et le g roupeme nt humain où nou s avions cru

trouver un embryon d organisatîon, redevient une poussière de villages sans cohésion.

L ESCLAVAGE N EXISTE

PAS EN TERRE PAHOUINE

Il faut pourtant signaler, bien que la coutume semble

en être disparue, ce qu  é taient les M Veut à cause des

conflits qu  ils ont créés et qui sont en certaines régions

une source de difficultés pour nous. C étaient des associations de villages qui se formaient pour opérer une

razzia. Obéissant à la loi des migratio ns pahouines,

M Veul descendaient toujours du Nord-Est au Sud-

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50 SOC ih I'É DES RF.CilF.HCIIES CONGOLAiSES

Ouest hrùlant les villages, Y n l r ~ n t les cabris, emmenantfemmes et l'n fnnt s en cnptiYitè. Il n'est guère da ns lahautr ri·gion de Yillage qui n'ait ainsi Ùl'S incliYidu snlmenl s des :\1'\'cul. i\fn is cc ne so n t pas des esc laves.En levés toul jeunes, ils ont fini pa r ètre adoptés par lesYillages qui se l' étaient adjugés, comme part de butin ;

pourtant ils ne jo uissent pas dans les délibérationsd'une situa tion éga le à ce lle des gens du village .

Pareil le condition est réservée aux derniers représentants des ra ces nai nes qui viYenl dispersés dans lesYillages pa houi n s et o nt pris coutumes, mœurs ellangage de leurs co nq uérants . ()t} les appelle ékui da nsJe Sud du pays pahouin.

AYant de pa sse r ù l'é lude ùu village el de fam il le,Yéri taule de la sociét é pahouine, je dirai un mo ld'une au lr l ùiYis ion moins nette et plus co nve nt ionn elleque les « M'Fang» ont imaginée. La la ngue pahouinen'en es t pas un e, les dialectes sont nombreux, d iffé rences

de prononciations, \'Oire mè mé différences d'appellations des mêmes objets el rliiTérences de sy n taxe.Pourtant les in d igè ne s de régio ns d if férentes se com-prennent en tre eux, mais ces d ialectes variés ont motivéla divisio n en terres. Chaque division com prend donc,da ns l'ensem ble, des gens vivant su r un e m ême terre clparlant le même dialecte. Citons les B  tsi, régiond'Omwan e, les Makai (Cbinchoua), les N'Tourn auNo rd du Woleu, les Boulai, a u Sud d u Camerou n. Mais,je le répète, ce tte division es t t idive: puisqu'on trou\'edes \'il lages d'une mème tribu (les Bék oué par exemp le)chez les Belsi e l chez les N'Toum el que l'un des vill ages

b ékoué étab li chez les N'Toum deviendrait betsi si,obéissant à la loi des migrations, il vena it habiter enterre betsi. ·

LE VILLAGE

Le vill age se compGse de deux ra ngées de casesaccolées lai ssant en tre elles une rue de largeur variable.Da ns ce tte rue so nt construites de di sta nce en distancedes cases iso lées, ay ant généra lement (au moins ce llesdes d eux ex trémi tés) un caractère défens if q ue no usappelons corps de ga rde (abeng) et qui sont le lieu de

réunion des hommes la place où l'on discute les pa la-

AHCIIIVES CONGOLAISES

bres, oü se négocient les m ari ages, où l'o n ac cueill e lesét ra nge rs (hom me ou femm e). Le village es t habité pnrles gens d' un e même tribu (ayong) et d' un e mêmefam il le (tll\·og). Chaque co rps de garde marque lu i-m ême un e su bdivis io n de la famille qui occupe le village et appa rt ien t à so n ch ef de famille , le mot fam ille

étant pr is ic i dans un sens res treint (père, m ère, enfans). Un homme fonde un Yillage 1, l l avec sesfemmes et ses enfants. Les enfants grandissent, se mari ent. L'aîné à so n tour a plu sieurs femmes el enfants.Il crée le vi llage 2, 2', 2 , pu is le cadet crée le village3, 3', 3 . Il n' es t pa s de règ le absolue qu e l'enfant, devenugra ncl, construise son village tout à côté de celui de so npè re. Qu elquefo is, souven t il préfère s'éloigner. Le pèremeurt, le fil s ainé dc\ 'ient le chef du village. Au boutde qu e lq ues an nées, le village n'a plu s la cons titutionthéo ri q ue liu début, les corps de ga rde appartiennent àdes frères ou des cousin s, ma is à coup_ ûr à ce ux qui

détienn ent l'influence. Aussi, en ce pays iqdivid ua li s te,un recensement bi en fait doit-il descendre ju squ'àl'u ni té qu'est le corps de ga rde et donn er les no ms deschefs de ces co rps de garde .

Le chef de vi llage est donc celui qu i , par son âge, sonexpé l ience, so n éloquence, sa ricbPsse, est le plus apte àdéfe ndre les in té rêts de lo us. Ses droits toujours pré-caires dépendent de l'influence qu 'il a sur les s iens . Ilest à peu pr ès le maître ju squ 'a u jour où un individudu vi llage, lassé d'une autorité qui lui pèse, va fonderloin de toute cont rainte un nouveau ha meau.

LA FAMILLELa connaissance de l'organisation familiale est pri -

mordiale pour l'a dminis trateur puisque toutes lespa lab res ou presque so nt des qu erelles de famille. LePah ouin est polygame. La possession de nombreusesfem mes es t le signe ta ngible de la richesse.

COMMENT SE CONST TUE L F MILLE ?

Le jeu ne homme q ui se marie versf' a u possesseur dela femme qu 'il épouse (père, frère aîné, oncle) une dotqui lui assure la possession définitive de ce tte femme.

Les do ts va rient bea ucoup su iva nt les régions et l'âge

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82 SOCir:n : OES HECIIEHCIIES CO : \GOLAISES

de la jeune fille. Voi ci la Yal eu r moyenne d u ne dot àOmwanc:

30 fusils.

300 akamedzon (fer).

4 sacs de sel.

3 ca bris.2 chi ens.

JO biki.

100 matchettes .40 coffres.

lO touques.

i marmites.

lOO pagnes.

2ou

3ba

rils de poudre.e a u x100 mekon (sagaies).

:lü assiettes.

li n  a rrin jamais qu un ind iYid u se <kcidC :\ efTectueren une seule fois le pay( ttH nl. Après aYoir l'a it un gros

Yersement de marchnndist•s , il prend possessio n de l

femme et met ensui te de s ann(·es à s·aequittcr J cs Yersement s qui restent.

Du jour où une fill ette peut YÎYrc san s sa m r re 4 ou

5 ans), elle peut ê tre i a ncée el mariée, par su ite de

l imposs ibilité oll sc tro uye s m père de rembourser les

mar chandises qu il doit. L ùge auquel so nt mariés les

garçons dépend de leur 1Jt re dt lenteur des marchandises( en génér al de 2;) ù w ans). li est assez ra re que tous

les jeunes gens soient mariés. li f : ~ u t y ,·oir le dési rcommun à t o u ~ les jeun es gens de toutes les races de

jeter leur gourme et aussi l égoïsme bi en huanain des

pères, qui ta nt quïl s se sentent Yigoureux ne songent àemployer leurs marc handises qu à la négociation de

leurs prop res mariages. Le caractère indépendant de la

race garantit la libe rté complète du choix du jeune

homme.

C es t le père du jeune h om me qu i doit lui donner les

marchandises nécessaires à son établ issement. A défautdu père, c est celui de ses parents qui en tien t lieu :fr ère ainé, O ~ c l c partcrnel. Enfin, si le père natu rel ou

adop tif n  a pas de marchandises, le jeune homme

s adresse à ses oncles maternels.

Disons un mot d e la situation de la jeune fille.La fille non mariée est à peu près libre de disposer

de sa personne. Elle sc donne à l àgc qu  elle veut (de

10 à 15 a ns) . L  idé e de prostitution n  ex is te dans les

cer velles pahouines qu à l état embryonn aire. ll a rrive

réquemmen t qu  un père limite le nombre des amants

ARCiliVES C()NQOLAISES S3

de sa fi lle , mais je crois que l idée ne viendrait pas à un

père pahouin d exiger qu el le n  en eùt aucun.

Un jeune h omme a ob tenu de sa fam ille les marchan

di ses d une do t. Il a rem  Jué dans un village une fi lleq ui lui plait. Mais il a des rivaux. La je un e fi lle accorde

ses fa\ eurs à c hacun de ses ga lants moyennant de

menus ca deaux (perles. se l, pagne). Les jeunes gensri va lis ent d  a dresse pour s attirer non seulement les

bonnes g:-àces de la jeune fille, mais celles de sonpère, de sa mère, de ses frères . On discute dans Je corps

de garde le montant de la dot. Le plus généreux est

généra lem ent cel ui qui es t choisi pour epoux. Mais il

est in con testa ble q ue très so uYent le ch oix de la princi

pale intéressée, la jeune lill e , es t respec té. Bien entendule pè re deyra rembo urse r aux candidats é\· incés les

ma rchandises q u  il a reçues d eu x avan t la concl usion

du mar iage.

Il ar rive fréquemment qu un père, pressé par le besoin

de trouver des marchandises pour s acquitter des ob ligations con tractées par de nouvelles alliances, sÔit dans

la nécessité de m a rier aussitôt l u ne de ses fille s mème

con tre le gré de celle- ci.

DU ROLE DES ËPOUX

D NS L VIE SOCI LE

L homme est seu l possesseur des marchandises. Ilconstru it les cases, défriche les plantations, chasse . La

femm e as sure la nourriture de son mari. Il n y a pas

d  heures de repas fixes. Le Pahouin mange quand il a àmanger. La base de sa nourriture est le manioc macérédans l ea u, écra sé, roulé en bà tons dans des feu illes,

préparation rése rvée a ux fem mes. Viandes et légumesso nt préparés par pet its paque ts ( dzom) enveloppés de

feuilles que les femm es a pportent à leur mari dans lecorps de garde, car elles ne prennent pas leur nour

riture avec lui.

Gardienne de la case, la femme pahouine a le soin .d  é lever les animaux do mestiques : poulets, canards,

cabris, moutons . La plantation défrichée , so n mari lui

a lloue un lopin de terre sur lequel e lle doit planter,

ent reten ir les cultures, récolter. Mais ces responsabi-

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S O C : I : ~ n : : DES n I ΠR H E S CONGOLAISES

lités ne lui confèrent aucun droit. Cultures, vo lai lles,

bétail, sont la propriété de l homme à qu i elle appa rtient et elle ne saura it en disposer à son gré.

Les marchandises qu el le peut acquérir pour rému

nération de son traŒ i l, n appartiennent qu  à son

possesseur, mari ou chef de fam ille, qui, généra lement,

prélève sur l ensemble une faible part dont il la laisseradisposer (ses perles, pagnes).

C est la femme qui va à la pêche (tous les jours en

saison sèche). Elle n a pas \ Oix dans les dé libérationsau moins thc oriquement. Le séjour dans les corp s de

garde lui est interdit dans son vill-age. La première

l emme, la plus ancienne épouse, dirige les a ut res pour

la préparation de la nourriture, les trava ux de plantation, la pêche, etc. l\tais à celtetrestri ction près, ellessont sur un même pied d égalité. Les filles qu e lle qu esoit leur mère son t t r i t ~ e s d e même façon. (Les garçons,

fils de la p1emirre femme, ont une autori té qu ils tien

nent de leur àge se ulement).Il arrive que le mari choisisse parmi ses épouses celle

qui lui plait le moins et la mette da ns l obligation de luirapporter des revenus en se prostit uant aux étrangers.

Il n·a d ai lleurs pas besoin d employer la violence, lafemme pahouine s accommodant mal de la situation de

délaissée et ne manifestant de répugnance qu à l égard

du blanc.

Il ar r ive aussi que deux amis se manifestent leu rs

bonnes in tent ions réciproques en se lJrêtant l une de

leurs femmes. Ils choisissent parmi elles celle qui à la

fois fait p laisir à leur ami et ne man ifes te au cun e

répugnance.

LES P L BLES

Un individu mâle ou femelle rep résent e un capital qui

a une valeur déterminée. Tous les conflits sont des

co f its d in térêt, cl toute discussion d intérêt a ici uncarac tère aigu et l affection n y résiste guère.

to P L BRES DE FEMMES

Examinons d abord les conflits les plus graves, les

palabres de fem mes.C est toujours un individu qui réclame à un au tre

incti vidu, qui refuse de payer, la valeur d une femme qui

ARCHI VES CONGOLAISES 85

s est sauvée ou d un guer rier tué à l occasion d un pa labre

de femmes. Le règlemen t du conflit comporte obl igatoirement soit le remboursement de la valeur de la femme,

so it 1e paiement d une femme elle-même.

Nous avons vu que souve nt la femme donnée à l occa

sion d une palabre est un e fill ette de 4 à 5 ans.La femme pahouine mar iée souvent contre son gré est

souvent infidèle. Si son désaccord avec son mari

devient trop grave, elle n hés ite pas à partir avec un

galant, déchaînant ainsi une guerre de villages. L in sulte

faite au premier mar i ne peut se venger qu en volant unefemme du vi llage du galant qui, gardée en otage, garanti ra la restitution de l infidèle ou en tuant un guerrier

de ce même vil lage. A vrai dire, les choses ne sepassent pas toujours ainsi et da ns le voisinage despostes obéis, le litige est soumis à notre juridict ion.

D après le droit coutumier, le mari qui a payé la ùot est

propriéta ir e sa ns con teste. Il y a do nc lieu de lui fa irerendre la femme, mais si celle-ci manifeste un e trop

grande répugnance, on peut cor.ssiller au mari d ac

cepter le remboursement de la dot. Souvent, c est luiqu i , las des fugues de sa femme, préfère rentrer da nsses débours. Les enfants appartienn ent au mari.

Les ve rse ment s de marchandises qu e le mari doit

encore effectu er, ap rès avoir pris .possession de sa

femme, so nt une cause fréquente de conflit. Comme

l échan ge de cadeaux es t un e des formes de l am itié, lest difficile de savoir où s arrête le paiement de la dot,

où commence l échange de cadeaux. Disons e n passant

que le beau-père a lui aussi des obligations vis-à-vis deson gendre. Il doit lui donner des cabris, en tuer quand

il vient le voir, l ap provisionner d ornements en cuivre

(bracelets, co llier s).

Le père rep rend sou vent sa fille pour mettre le maridans l obl iga tion d effectuer un versement de marchandises. C est d ailleurs une coutume locale qui n est pas

considérée com me un a bus. Autre ca s : une fille mariée

revient dans so n village vo ir son père; celui-ci songequ il a arraché à son gendre à peu près toutes les mar

chandises qu il pouvait réclamer, que lui-même acependant besoin de c bioum » pour négocier un nouveau mariage ou s acquitter de paiemen ts qu on lui

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86 DES RECHERCHES CONGO LA SES

réclame, qne sa fille est encore personne désirable d'un

placement avantangeux. Et tout naturellement il est

amen& il remarier sa tille. Il sait bien pourtant que ce

n'est qu'une solution proYisoire qui ne le sort. que

mOUH' ntanément d'embarras et lui créera de non\·eaux

ennuis.

La femme reprise par so n mari peut recevoir un

chàtiment corporel, mais ces pratiques tendent à dispa

raitre au moins dans l :s régions voisines de nos postes.

2° DISCUSSIONS D INTÉRËT t

Entre gens aussi intransigeants sur le chapitre de la

propriété, d'àpres constestations peuvent s'élever pour

des causes fu tiles. Tous ceux qui ont séjourné quelque

temps en pays pa hou in ont eu à juger des différends entre

gens d'un même village (par suite, parents, quelquefoisfrères) qui, s'accus; nt réciproquement de mauvaise foidans une discussion dont le sujet nous parait enfantin

(échange consenti de perles contre un pagne par

exemple), en étaient venus aux mains et s'étaient faits

des blessures graves (généralement avec des matchettes

ou des couteaux).

Si les terrains de chasse, les biefs réservés à la pêche

sont toujours suffisamment étendus pour qu'il soit

inutile d'en faire un partage individuel et ont des

limites trop imprécises pour qu'il soit possible de les

considérer comme une propriété collective, chaque fois

que faire ·se peut, le souci de la propriété individuellereparaît : les pièges, les fosses de chasse sont personnels,

les arbre' utiles par leurs fruits (palmiers à huile,

kolatitrs) ou employés dans la construction des cases

(deux essences seulement donnent des écorces suffisam

ment maléables et résistantes pour servir à la confection

des parois des cases) ont tous des propriétaires jalouxet hargneux.

Plus souvent que pour les palabre' de femmes, larriYe que les difft'rends moins graves qui s'en suivent

au sujet de la propriété se règlent à l'amiable, mais cen'est pas la règle absolue car l suffit de bien peu de

chose pour que , aux portes mêmes de nos postes, les

't

1

Af\CHIVES CONGOLAISES 87

gens les plus habitués à notre coatact, et qui semblent

gagnés à la cause du droit remplaçant la force, oublient,

sous J effet de la co lère, les sages promesses qu'ils nous

ont faites et pour des raisons futiles, frappent leur con

tradicteur a\·ec la vio lence de l'individu qui veut tuer.

Pour en finir avec ces discussions d'intérêts, diso nsun mot des règles de succession qui ne semblent pas

trop préc ises. On sait que la fortune est rep résentée

par les femmes et les marchandises de dot. A la mort

d"un indiYidu, ses enfants, s'ils son t déjà grands, se par

ta<Sent l< s femmes et le  « bioum ». Celles des femmesq ~ l ont déjù de grands fils sont recueillies par eux. Mais

celles qui n'ont pas d 'e nfants ou dont les enfants sont

en bas âge, représentent un capjtal dont le partage

ne comporte aucune question de sentiments. Si tous les

enfants du défunt sont trop jeunes pour hériter, ce sont

ses frères qui divisent en tre eux la succession, à charge

pour eux de marier les enfants màles quand ils devien

dront grands. Il est à peine besoin d'ajouter quenombreux sont les différends qui naissent de ces ques

tions d'héritage.

LE FËTICHISME

Dans une étude sur le pays pahouin, on ne saurait

omettre de parler du fétichisnte. Mais comme ce n'est

qu'avec une extrême répugnance que le Pahouin cause

de ses croyances, que les in terprètes eux-mêmes se

dérobent a ux questions précises à ce sujet, on conçoit

qu'il ne soit guère possible que de relater des pratiquesconnues sans échaffauder de système sur de contes

tables hypothèses.

LE BIERI

Parlons d'abord du << biéri >> Le « biéri » se compose

du crâne d'un ancêtre (généralement du sexe mâle) caché

dans un cylindre d'écorce surmon té d'une statuette en

bois (enfallt mâle ou femelle, grossièrement sculptée et

o n ~ e en rouge). Il y a un « biéri » par famille, que les

vieux consu ltent dans les cas graves pour conjurer le

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S O C I ~ nE S R F C I R H C H ~ ; s r.Oi\GOLA SES

sort ou am ener un éYénemcnt favorable. Le cu lle du

< bit:•ri », auquel ne participen t généralement pas les

femmes pm·cc que les conditions de leur vie font qu'e lles

ne resh.'nt pas dans la mème tribu, est résen·é a ux

hommes adu ltes gn rdiens des traditions. Il demande

un e initiation; les hommes objets de la cérémonie

(chcmls et dansPs) so nt au pr<'alable mi s en ét a t d 'iHesse

p :-rr l'absorption d'une h erbe amèr<' nommée << alane ».C'est de\'anllc \( u it; ri \ que son t consacrées les m n l l e t tsur le >qu elles on prèle se rment. On in ,·oqlll• le   hiéri

pour aYoir des « bioum l> , pour la chasse, la guerre.AYant de le prier, on lui donne à manger.

LES EKI

L'<1éki »est l'interdiction imposée par les coutumes ou

les sorciers de faire tell e ou telle chose, de ma nger te l

ou tel a liment. Et c'est ainsi que le Pahouin dont rien

ne semb lait deYoir gêner l'amour de l'intlépendance este n s e a n s ses. < ék i », ct i r ~ i d 'e ux. L'é tudedes << ek 1 » sera1t fo rt longue; a ussi ce tte étude a été

faite avec une rare compétence par le père CHARTROU, àl'opuscule duquel il est intéressant de se reporter. Disons

seulement qu e les« éki sont innombrables, « éld »de

sexes (interd ict ion pour les femmes de manger certainspoissons, des œufs).<< éki »qu'imposent les circonstances

(p a r exemple, in ter d ic tion des rapports 'exuels avant la

chasse ou la guerre), « éki >> que prescriYent les so rci ers.

Le mot sorcier doit être précisé. Il n'est pas dans ce

pays de sorcier connu de toute une rég ion que l'o n

Yienne consu lte r plus ieur s jours de marche à la ronde,capable de se faire suivre d'un peuple. Les pratiques de

so rcellerie so nt l 'apanage des vieillards dans chaque

village. C'est peu l-ètre à leur insu le moyen ingénieux

trouvé par un ancêtre plein d'astuce de rendre leur

. autorité moins précaire par l'adjonction d'un peu de

sumatu rel; de su pplée r à la force disparue par un e

arme redoutée. Mais leu r influence est toute locale.

Raremcn l dépasse- t-elle les corps de garde de leurYillage. On les co nsul te en toutes circontances. 11  >

donnent des médicaments pour être heureux à la guerre,

à la chasse, en am our , pour devenir riche. Mais pour

assurer l'ell kac ité du médicament, il fa ut respecter

ARCHIVES CONG'JLA ISES 89

l'« éki >> qui es t imposé ( par exemple in terdiction de

manger des bananes).

La mort naturell e n'ex is te pas pour les Fang. Tout

décès, sauf, bie n ent endu, ce ux par mort violente donne

donc lieu à un e iwl'es tigation pour en rechercher la

cause. Les vieux font l'autopsie du défun t , on recherche

dans les Yiscères le poi son qui l'a tu é. L'exa men dirasi c'est le mort lu i-même qui s'es t empoisonne ou sil'on a :angé son âme Et j'arrive ici à l 'une des pratiques

· de sorcelleri e rlcs plus co urantes.

LES MANGEURS D AME

II semb le que le fait de manger l 'âme des gens soit

le résu ltat d'une fatalité. Celui (ou celle) qui mange les

âmes (ngoueul) es l ir résistib lemen t poussé par l'action

d'un an imal (évouss) qu'il a dans le ventre. Un indi

vi d u a l'« évouss »,dans son village est un homme ri che

qui a de nombreux enfants et excite les jalousies duvillage. C'es t g&né ralemenl dans cette famille enviée

que se ront choisies les victimes. L'un de ses membres

tombera mala de et mourra. On fera l'au topsie qui

révèlera que quelqu'un avait mangé l'âme du défunt.

Celui qu i a mangé l'âme tombera malade à son tour un

peu plus tard ct avouera son acte. Pour le sau\'er, on

lui donnera du sang de ca bri. Quelquefois dès que, par

l'examen d'un cnda\'l'e, on sait que dans le village

quelqu'un mange les àmes, on a recours : 1 la cérémonie

du N'Gui pour le découvrir. Le cadavre êst brûlé dans

un endroit proche dudil vi llage. Les femmes restent

confinées dans les cases fermées. Les hommes se uls

voi ent le N'Gu i . Deux hommes tenant en main, l'un le

crâne, l'autre un fémur du mort chantent et da nsent,

pu is les cendres du cadavre sont répandues par eux au

seuil de chaque case dans le village. Le coupable en

passant sur les cendres tombera malade et mourra

Il est possible, mais ce n'est qu 'une hypothèse encore

que très vraisemblable, que l 'usage de certains poisons

végé taux soit l'un de s secrets transmis de génération

en génération par les vieux et explique bien des mortsat tribuée aux mangeurs d 'à me, le décès de ceux-ci

n'étant èausé de mê me que par une vengeance toute

humaine.

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90

LES DANSES

Le Pahouin a im e ln danse. les ch a nt s, la mu s ique.

I l se se r t de deux instru ments, une so rle d e balafon

(mzang) et un l  gu ila n  p rimili\ 'c : \4 cordes ( mv eu l) . Bien

entendu toull' da nse est accom pag née de c han ts el deroulement d t• lamhour ( mb eY). Le nombre de s danses

est grand: dansP de mnriagP, Îa nsc de fun é railles. danse

dïJOmnH S qu e les relllllH S IH pt•un•nt \ Oir, danses OPfemmes (jtH   ks hornlllL S ne pt'll\t'Hl \'Oi r ( quand une

fL·mr ne est morle , dan >t  de ct:•n  moniPs, fé tich is tes, e l<').Les nom s Yarient d  urw ri•gio n à l'au tre.

La roulumt' des lull<'s (luttes d'homnH'S cl luttes defemmPs) encore pr:lliqu(•ps dans le haut pays el a près la

ré-co lte du maïs, se mb le ne plus existe r dans le Suc du

pahouin.

LES SAISONSLe Pnhoui n distin gue trois snisons qui ne paraissen t

p a ~ lr i·s nellt llH Ill limitées.

Essep. en\'i ron du 1.1 d rl'cmbr r a u 1. > juin. C'est la

saison des grandes pln nla tions, des abattis, du tkhrous

saillcment. L'on partage la te r re entre les h om mes

du \ i (Jage Pl Ceux-Ci <ksign rn l a fh 3CUI1e de leur sfrmmrs le lot 1;u'elle nu ra à culli\'er. De g rosses a Yerses

surYiennent après d eux ou trois jours sans pluie. Pour

ta nt les deux pr emi ers mois so nt nettem ent m oins pl u

Yieux (p eti te s:tison sèche).

Oyon saison sèche <lu l ;) juin au ];) septembre. Les

journées pluYieuses son t ra res. Il se pa sse qu e lquefo isun mois sans une gou tte d'cau (jui llet ou ao ù l). Le

temps est généraleme n t cou vert. C'est l'époque de la

construction des cases, du nettoyage d es plantations, de

la réco lte des a rachides, de la pêche . C'était à ce moment

qu'a\'ant notre arri ,·ée les Pahouins ex trayai ent le sel

des cendres des raphias.

Souguen du ;) sep tembre au ) ;) décem b re, sa ison des

plui P s continues . C es t l'époque de la chasse.

T elles so n t. une form e très résumée, les co n

naissances qu'il est indispensable d':noir, pour exerce rsan s co mme tt re d'erreurs graves, un co mm a nd em ent

administra i r.

ARCHI VES 9 

I l RECHERCHE UNE M É THODE

DMINISTR TION MILIT IRE

EN P YS P HOUIN

GËNËRALITËS

Il rs t inté ressa nt , po u r don ner u ne c o n c l ce lte

é tu de, d e recher cher si c•  lle pa u vre hu man ité peul

évol uer saus dispa ra ilre el d e p ressentir com men t e lleé voluera.

Co mm ent se fait-il qu e cette ra ce s i in té ressée, toujours

a ·ide d'acqu é rir d es « bi oum » so it en défini tive un s ipiè tr e outil pour l œ uvre d e co lonisa tion ? Pourquo i,

a lo rs qu e le ta ux de l'impô t es t s i faible (5 journées de

tra\'a il par an) el qu e l'indigène est si fér u d'ind i ,·idu a lisme, re nco nt rons-n o us de telles d ifficul tés pour

percevoir la taxe de capitation. Pou rqu oi , ap rès tan td'années de con ta c t , en so mmes-nous enco re à recherc he r des m éth odes, une m éth ode? Pourquoi, sur ce lle

te rr e du pa ra doxe, le comm erça nt el l'Adminis tr at ion

ennemi s et reje ttent- ils l'un sur l'autre les ca u ses

d e leur insuccès ?

Il y a e u longtemps de la pa rt de l'Adminis lrnlion, àla fois manqu e dt• m oyens el u r ~ de conceptions .

On a cru parce que l organ isation sociale d u pa ys

n'avait ja ma is n écessit é d'ex péclition d e concruè lc, qu   il

s uffirait d  un e prise d e possess ion pac ifiquP. po ur ob tenir des résultats. E t pendant de longues an nées, le

personne l s'est usé à J'ingrate besogne d' essayer de

pe rcevoir l'impôt par la seule persuas ion ; de.malheu

reux agents ch efs d'un poste de 10 à 15 hommes

reCe\'aient a ffronts sur affronts, se voyaient interdire

l 'entrée des villages el perceva ient un impôt ùériso ire en

mar chandises usagées (pagnes ou ma lchettes). Ce rôle

in grat de conq ué ra nts, r id iculement débonna ires etla m entabl ement mi séreux, implorant les indigè nes pou r

ob tenir le passage, puis pour recevoir un ve rsement

de « bioum )), ne pou va it en vérité reh ausser le prestige

de J'Euror;éen ni atfermir notre autorité. J e suppose

qu 'o n s'aperç ut vi te des difficultés qu 'on se prépa rai t

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SOCIÉTÉ DES RECHERCHES CONGOLAISES

en inondnnt le pays de fusils , de poudre el derliscs de tra ite. Mais la lulle contre les toui< s pu issantesSociétés concessionnaires étaient impossible. El l onarmait les populations qu e nous aurions à combattre,on émettait la prétention de tirer du numéra i re d unpays où nous n en mettions pas. On établ issait des

rôles d impôt sans sc so ucier de la façon dont lespopulations pourraient trouver l argent nécessaire à saperception. Lï10stili il du commerce à ladifTusion dunuméraire s explique par le dési; de tirer un duuùlcprofit: acquisit ion d un pr od uit àe vente avant ageuseet bénéfice réalisé en donnant a ux mar cha ndisesd échange des prix que fixe la se u le fanta isie. Quandnn comptoir établira les responsabilités, ce sera lahonte des co mm erçants d avoir voulu, pour réalise r unbénéfice tout momentané, retarde r coûte qu e coûtel évolution du pay s, de n avoir pas su prévoir que ladiffusion du numéraire finirait par s imposer et d avoir

eu la naïveté de supposer que leur seule hostilité suffirait à arrêter la marche \•ers le progrès.

Aussi, le chef de poste qui récla ma it l impôt était-ilconsidéré comme un obstacle au développem: n t ducommerce : ne créait-il pas en effet dans le pays uneinquiétude qui se traduisait par une moindre récolte deproduits d P.xportation. Et l impôt qui do it être au pointde vue économ ique, suivant l expression de M. le Général GALL IÉNI, le < st imulant nécessaire de l énergieindigène», restait ::tux yeux de ce rtains le piètre moye nqu un Gouvernement sans gra nd eur av ait d équilibrerson budget. N a-t-on pas vu un peu partout des agents

de factorerie discrédi ter la valeur de l argent quand ilsn offraient aux indigènes qu une somme d argent qui nepermet pas d acquérir les bioum » qu   ils donnent enrémunération du même trava il ou en paiement dumême produit.

Et pourtant ce prob lème de la diffusion du numéraireest d un in térêt bien supérieur à la seule q uestion de larentrée des impôts. I l ne s agi t de rien moins que de faireévoluer une ra ce à so n insu. Le jour où le Pahouin a pportera à l acquis ition de l argent la même âpreté qu àcelle des marchandises de dot, le jour où il aura compristoutes les facilités de transactions qu e donn e l emploidu numéraire,

les mœurs se

transformeront avec une

/

ARCHIVES COJSGOLAISES

rapidité qui é tonnera. Plus de do ts compliqu ées , plusde marchandises ent assées dans les cases et rep résen ta nt le capita l di sponible et de détérioration combienfac ile d  un individu. Les dots deviend ront une sommed  a rgent déterminée , dont le paiement, facilemen t contrôlé, ne pourra plus donner lieu à palabre. Les importations diminu eront peut-être un peu, l indigène n  ac hetant pl us qu e pour ses besoins et non pour réunir unstock s i diversement composé de marchand ises nécessa ires à l achat des femmes. Tout prendra un e va leurdéterminée par les cours au lieu qu à présent l ac heteurdoit avoir la marchandise précise que convoite l indigène et celle-là seul e. Quant aux exportations, e llesaugmenteront sûrement; l avidité au gain du Pahouinn éta nt plus balancée par la nainte de perdre ses marchandises ou l imposs ibilité d emmagasi ner une qu a nti tétrop grande. L impôt et sa perception cesseront d être leca uch ema r de s chefs de poste; on ne saurait croire les

difficultés que peuvent rencontrer à un jour de nos s ta tions les gens ri ches dont les cases regorgent de « bioum »pour transformer une part de ces marchandises en l ar gent nécessai re au paiement de leur impôt ct de celui deleurs femmes, cie sorte qu il se produit ce cu rieuxphénomène qu e les contribuables les moins volontierssolvables sont peut-être les plus riches.

Ceci ne veut point dire qu actuellement les genspa uvres, tous les jeunes gens non mariés, acquittentvo lontiers leurs taxes ; et pourquoi paieraient-ils quandleurs pères détenteurs de toute la richesse ne paientpas. Mai s si eux ne paient, et ils le feraient si la choseétait facile, il n est pas illogique d espérer qu ils exerce

raient une pr ession sur leurs enfants afin de les contraindre à travailler pour se libérer de l impôt nevoulant plus, à cause d eux, avoir d ennuis avec no us. Ladiffusion du numéraire sup pose bien entendu pour

e réa lisation complète.la présence un peu partout decommerçants ayant des factoreries bien achalandées , secontentant da ns la vente au comptant d un bénéficera isonnable et san s cesse à l affût de nouveaux produitsd exportation, c es t-à-dire préparant l avenir en ménageant le présent.

Plus de pa la bre, l impôt qui rentre et l indigènede ma ndant a travailler, lequel d  entre nous reconnaîtraà cette bienheureuse époque le pays pahouin ?

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 ).j SOC DF.S flf :f.ll F.Of.ll ES C O i G O L A I S E ~

;\Jais la iss ons-là les sprcul:-llions incerlainrs d'un

3\'l'nir lointain el vovons si dès mainte na nt il es tpo ss ible d e pn'•coni se r 'un e m   th odf> pour l'adm ini s tra

leur, l'administrnteL:r militaire s'entend. p uisque tout

ou presque toul le pnys pahouin est il présent te nu par

n os troupes . Cr pays es l celui des ,·otes m a l ta ill ées. Il

n'est

ja mais possib le dP prendre lt>s m rsures raJic 

lesqui s ïmpose ra i <'nl pour nssurer la Colonie une pro

gression rapide. Les fault>s du pa ssé. les engagementspris, la modicité d es n•ssoul-ct s b udgétaires, les pro

c é d t ~ s routiniers du cotnnlerce fo rment un ensemble de

dilliru ltés auxquelles i l tùs t gu è re possible d e re m édier

su r le champ. Si l'on l<t nature ingrate du pay s ,l':Ibst·tH'C absolue d e toull' satisfactio n pour le pe rso n nel

européen ou indigène qui y >Wrt, la di sp roportion

d t•ce\·<l nte entre le s cll'orts fou rn i s, les fatigues cn durt•es

el les résultats ob tenus, il es t équitable d e rec o nnailre

que la tàc:he obscure du ch ef de poste est pres qu e un

apostolat et f(Ue seuls peu\'C'nt s 'en acquitter honorable

ment ce ux qui ont un e très ha u te no t ion de leu rs d eYo irs.

tLES QU LITËS DU CHEF DE POSTE

Au premier rang d es qualités que doit aYo ir un a dmi

nistrateur en ce pa ys, l o u ~ les , ·icux Gabonais se ront

d'accord pour placer la patience et pour donn e r à la

durèe le pre mi e r rang des co nditions que doit remplir

son commande m ent. Le succès est ici rése rYé aux gens

patients et te naces. Toute mu ta tio n es t un e faute s i ellen'est une n écessité. Il faut beaucoup d e te rnp ' à un

clwf de ~ u b d i o n pour Yisiter so n te rritoire, ca r lesdislanees n ont ici aucune sign i a 1 on et seul doit ètreonsidùé le temps qu il faut pour les parcourir il lui faut

beaucoup de Lemps pou r ê tr e co nnu de ses a dministrése t l<'ur inspi rer confiance, ct c'est se ul r m e nt quand ce

résultat est atteint que so n command e m en t porte ses

fruits. E st-il nécessaire d 'ajo u te r que le respect de laparole donnée do it être é ri gé ici , co mm e partout ailleurs,

en règle formelle d e politiq ue indigène.

Cc n 'est pa s dire qu elq ue ch ose de t r ès nom·eau qu ed'affirmer l'im pos sib ilité d 'administrer un pays s i l'on

n 'a pa s les d e ux d ocum e nt s primordiaux: un e ca rt e e lun cahier d e recen se m ent so igneusement ten u s à jour

Qu e r es te-t -i l pour l 'avenir d'une tournée e n pa ys

A OCIll \ 'ES CO"GO LA SES 95

in co nnu q uand on n 'eq rapporte pas un itin l•rairP et u nrecen se ment ? Sa it -o n qu'i l n'es t -;a ns doute pas un esubdivis ion en pa ys pa h ouin où n e sc lr Ou\'ent d evas tes espa ces peuplés sur les qu e ls n 'ex is te pas Jemoindre rense ig nem ent, pas un se ul pos te où la ca rt em entionne la position repé rée par uri itiné raire de lous

les villages. Et je pa rl e des postes qui sont commandés,car h é las nombre u ses so nt les st a tio ns d' occ upation d éjà

nnc icn n es où n 'e xis tent pa s la car le a u l flOO.OOO•, ni

le ca hie r de r ecensement qu e d es prescriptions du Gou

ve rn e ur générnl avait d o nn é l 'ordre d'établ ir. Un rô len 'e s t pas un cahie r d e recen se ment il y a pa rtout d esrô les. mai s b 'c n pl u s n1rcs so nt les cahiers d e rccrnsc

m e nl. N'est-e lle point a dmirable tt e de

co mma nder un pays sans co nnnllre l'e 111pla cc m cnt des

vi llages ni l ' importance d e la population.

ITINËR IRES ET C RTES

L 'i tinéraire dans ce pays doit donne r , pour chaqueri v iè re, la sé rie d e cours d'ea u d o nt e lle dé pend q ui

l'a mè nent à un e ri vit re co nn u e d e façon à pou\'Oll', pa rla juxtaposition d es itiné raires, d écou\ï ' ir l 'énigm e du

sys tème h ydr o graphiqu e . Il doit n o ter c hnq ue em bran

ch em ent de se nt ier et la s uite des villagP.s qu e l'on

re nco n tr e ju squ 'à ce qu 'on relrouw un \'Ïll}lge co nnu etplacé. Chaque n o m d e vi llage doit è lre accompagné d ece lui d e la tribu (ce lte presc ription es t d 'a ill eurs d'un

caractè re gé n éral ; ja m ais dans un rappor t, p as pl us qu eda ns un c roquis, un no m d e v ill age n e doit ètr e e mployé

seul, nombre d e vi llages portant, en pays pa houin, le

m ême nom). Il est indispensable que la topographi es'efforce de r epr ésenter le ni ve llement, sa n s quoi il es timposs ible d' éva lu e r a pp rox imativem ent le te mps, plus

in tér es sant que la distance, qu'il faut pour a lle r d'un

poi nt à un autre. Le s itinéraires doivent ê tr e reportés

s ur une car te a u 1/ lOO.OOOe.

LE RECENSEMENT

Le cahier d e rec en se m ent doit donner les n oms de

ch aque chef de co rps de garde, et d a ns chaque corps de

ga rd e, le nombre d 'homm es, femmes , enfants, vie illard s ,infirmes qui en d ép end ent. Il est commode d 'é tablir un e

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  fi

fkhe par village et de classer •lrs fiches dans l ordre

alphabétique des tribus et dans chaque tribu dans

l ordre lollphabélique des villages. Ces documents, cartes

el recensement, sont la résultante du travail continu

du chef de sllbdivision. Ce sont les pit•ces qui restent,

celles qui permettront à son successeur de poursuivre

sa tàche, les seules qui rendent possible d étayer letravail présent sur les efforts du passé.

LES P L BRES

Si, de toute évidence, on doit toujours écouter l exposé

des palabres, et le noter succinctement sur un registre

spécial, il est sage, l expérience l a prouvé, de ne plus

prendr e l engagement de les régler tous. Le nombre de

palabres qu un poste peut régler est fonction de l action

politique que son chef a su prenrlre ~ u r ses ad ministrés.

C est l erreur des débutants de se lancer à corps perdu

dans le règlement des palabres ct de croire naïvement

qu ils arri,·eront à les régler tous et de façon définitive.

Il n est pas possible de donner de règle fixe sur l attitude

à tenir par les chefs de poste viSfà-Yis d indigènes qui

lui apportent une plainte. La question du droit est

presque toujours facile ù déterminer, au moins dans

les palabres simples, ceux que l on prend à l origine,mais la diUiculté est d imposer sa volonté. Le coupable

refuse généralement de comparaître; on conçoit aisé

ment que le règlement des p:tlabres soit en principe

contre-indiqué, dans une région que l on parcourt pour

la première fois, car il ne faut pas, qu à la peur d  en trer

en contact avec un blanc inconnu, les indigènes joi

gnent encore celle d ètre emprisonnés ponr un palabre.Il ne faut .iamais refuser de façon catégoriquE de s occu

per du règlement d un palabre puisqu en définitive c est

. presque partout, et pour longtemps encore, le seul béné

fice immédiat que l indigène retire de notre occupation.

:\1ais la politique du chefde poste ne sau rait dépendre uni

quement des plaintes qu il reçoit. Dans bien des cas, lespalabres que nous croyons avoir réglés se ront représen

tés à notre successeur; la sentence imposée par le chef

de poste, quand il peut l imposer, n est souvent qu un

incident dans l histoire du palabre, vi eux, depuis

plusieurs années, et qui durera plusieurs années encore.

Il est d autre part maladroit de faire du différend de

ARCIHVES CONGOLAÎSES 9?

deux individus un cas de conflit avec le poste, disons-  lOUS bien que tout village a des palabres el que nous

recevons au poste les seules plaintes que les indigenesvoisins de la station veulent bien laisser arriver nosoreilles.

C est donc, en plus des nécessités du travail de carto

graphie et de recensement, une no uve lle raison de fairedes déplacements fréquents pour détruire la légende

qui s établit aussitôt dans les subdivisions dont Ie chefest inactif, que le poste appartient au village près

duquel l est établi. On conçoit donc qu il faut éviter

d entrer en relation à l occas]on d un palabre avec un

village dont les habitants n èntrent pa s au poste, mais

qu il ne faut causer de ce palabre qu une fois le village

visité, repéré, recensé et mis en confiance par un

premier versement d impôt q.ui le classe dans la ca té gorie des amis du poste. Je m empresse d ajouter que

des directives politiques ne peuvent être considérées

comme des ordt·es absolus et qu il est des circonstances

où l obligation de protéger des villages soumis, qui

tiennent une route contre des groupements plus forts

qui échappent à notre autorité, s impose à nous immé

diatement. Donc toujours ééouter et noter les plaintes quenous recevons, mais rester les maUres de l heure laquellenous réglerons le différend.

LES TOURNÉES

Les trois paragraphes précédents suffisent à établir la

nécessité de tournées fréquentes. Le chef de poste se

réservera les plus délicates et s imposera l obligation de

sortir de 10 à 15 jours par mois. Il laissera à ses sous

officiers le soin des tomnées moins importantes, parexemple, celles de recensement sur un itinéraire connu.

Dans un poste de trois européens, la règle doit être que la

rentrée au poste de l un d eux marque le départ d un

autre. Si des règlements de palabres sont à prévoir,

arrestations s imposeront et dans ce cas l fa udra prendreune forte escorte (15 au minimum). C est une lrès grosse

imprudence de songer à arrêter un individu, même dans

un village voisin du poste, avec trois ou quatre hommes,

et il faut se rappeler qu on ne peut parler en chef à ces

primitifs que s il n y a pas disproportion trop flagranteentre les moyens dont on dispose et le nombre de

guerriers du village.

.

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SOCIÊT.;; OF.S RF.CIIF.RCIIES CONGOI,,\ISES

L IMPOT

Si l on veut sortir de l impasse où s ép uise sa ns

résultat l énergie des chefs de poste, il faut enfin faire

du paiement de l impôt u ne condition sine qu non de

soumission et d entente avec le poste. Ceci n infère

nullement qu il faille apporter à la percep tion des taxes

un esprit d 'intransigeance rigoureuse. une manière

brutale et vexatoire, mais de l instant où l on entre en

relations a\ec un Yillage, le principe de l impôt doit lui

~ t r e impo':>é. Bi en éYidemment nos exigeances en matière

fiscale doiYent ten i r compte des circonstances. Et c est

là qu 'il convient de répétl r qu un rô le n est point un

cahier de recensement. Les vi llages tout proches du

poste doiYent payer pour tous leurs imposables, mais

c est tenter l impossible que de tenter à Youloir que tous

les co ntribuables d un ,-illage que nous Yisitons pour la

première fois payent. Il y a une double impossibilité :1° le temps et les moyens manqueront au chef de poste

pour amener à ses volontés tous les villages de sasubdivision ; 2o l esprit d indépendance d indigènes non

habitués à nous ne peut se plier im médiatemmenl et

entièrement à la contrainte de l impôt. Mais le résultat

à atteindre c est d o b tenir, puisque1lotre recensement se

fait par corps de garde. qu e dans c ~ q u v illage i l n e nsoit pas un où l on n achète un cerlam nombre d ~ J e l o n sd impôt répartis moitié entre les hommes, mo1he entre

les femmes. C est a lors el alors seulement que l on

pourra dire que Je principe de l impôt esl admis. Cepaiement d un impôt partiel doit être immédiat parce

que toul indigène sait qu il doit pa )c_r, qu.e le ?Jane

vient pour l impôt, parce que la VISite dun v1llageéloigné ne peut ê tre faite qu une fois dans_ l année

que si nous n exigeons pas un \ ersement mstantane,

quand le Pahouin P st im pressionné par la p:ésence dt;chéchias dans son village, nous n aurons nen de IUl

une fois rentré au poste. Au reste c es t l affaire d un

mois pour que dans toute une subdivision la méthode

soit connue et que nul ne puisse protester de so n igno-

rance. Dans toutes nos con\ ersations avec les indigènes,

nous avons déclaré que nous voulions que tous les

villages paient, que nous n entendions plus limiter

notre commandement aux groupe s voisins du poste,

mais l étend re à tout le pays. Ces propos colportés de

AHCIIIVES COi'H;Qf.,\ISES 99

vill age en village >Ont commentés duns les corps de

garde et de ce jour l'al tit ude des gens sc précise. Ceux

qui veulent payer se procurent produits ou argent, ceux

qui ne veulent pas me ttent leurs marchandises dans labrousse, as surent à leu rs femmes des abris dans la forêtoù elles se refugieron t à la première alerte. Quand nous

arri vero ns chez les premie rs, nous trouverons des gens.. paisibles , vivant une vie normale, leurs femmes aux

plantations, leur s enfants dans le village, les« bioum

dans les cases. On rece nce et on perçoit dans chaque

corps de ga rde. On ex plique que ce versement ne libère

pas tou s les individus du ,·illage, mais qu e sa tisfaits de

la bonne volont é o n t r ~ e nous laissons aux retardataires

un dé lai pour venir s a cquitter a u pos te. J e crois qu il

es t sans inconYénient dans ces Yillages éloignés du

poste avec lesquels nous en t rons en relations de donner

toutP facilité d acquitter l im pôt en acceptant non seule-

ment l arge nt, le caoutchouc et l ivoire, mais aussi lepetit bétail. Comme dans ce cas ce son t les seuls gens

ri ches qui paient, que l indigène imprévoyant escomp-

tera toujours la possihilité ponr son vi llage d échapper

à la visite du blanc, il ne raut pas décourager les bonnes

volontés par un rigorisme trop sé vère e t un e in ter pré-

tation trop é troite des textes. Ce qui doi t être inter d it

dans les vil lages fréquemm en t vis i és par nous, pe ul ne

plus l être da ns les agglomérations qui nous voient une

ou deux fois J'an et c est a reste le seul procédé pr -

tique que nous yons de donner de temps utre a nostirailleurs de la vi nde fraie/l e

Mais nous approchons d une agglomération qui ne

veut pas payer. Les chemins débroussés aux abords du

village ont permis de connaître de loin notre venue : etnous trouvons les eases vides de gens et de marchan-

di ses. Sou\ ent les hommes les plus braves attendent

pour disparaître avec leurs fusils par une extrémité du

village que nous en trions par l autre. Quelle se ra notre

attitude? Nous Vo ulons des résultats, la question du

temps e 5t précieuse, nous ne pouvons nous attarder

et réaliser un e occupation du group ement suffisam-

ment longue pour l amener à composition, les gens

sont in sa isissables , il faut une sa nction et les cases du

vi llage seules demeurent notre portée. Leur des-

truction s impose et notre la ngage sera :

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  S O C É T ~ : DES RECHERCHES CONGOLAISES

Nous ne voulons pas sur la terre que nous commandons des gens qui ne nous connaissent que pour allerchercher des « bioum l , tirent des bénéfices de notreoccupation et refusent de se soumettre à ses charges».

Il me paraît probable que le nombre d'exécution dece genre sera limité, le Pa hou in choisissant entre deuxefforts le moindre et le traYail nécessité pour le paie

ment de J'impot étant très in férieur à celui de la construction d'une case. Ces exécutions, cela n 'es t pasdouteux, peuvent entraîner à des conflits armés. Maisc'est une néceo;sité de la prise de possession d'un paysel tout au tre mét hode ne nous rése rve que d éboires cl

échecs. Au reste, il n'est pas douteux que le Pa1wuin ne

s accomode que d une rwtorité J ermt ce qui n'exclut nila bienYeiliauce ni la pa tience.

QUELQUES PRINCIPES DE POLITIQUE

GÉNËR LE

Il est qu elques remarques qu 'il est bon de faire ausujet de la conduite spéciale à tenir dans des casspéciaux.

L POLITIQUE DES ROUTES

Nous youlons de poste à poste des rout,  s débrousséespar le seul trava il des prestations. Nous voulons descommunica tions libres où circuiP.nt sans escorte, courriers et ca a Yanes, car dans toute région commandée,cc résultat, s i in téressant, doit en ce pays pouvoir être

immédialemen l obtenu. On ne peul imposer à unvillage qu 'un travail de prestation éq uitablement proportionné à l'importance de sa population. Nousn'aurons donc de routes entretenues sans interruptionque quand les villages riverains seront. nombreux. Uneconséquence év idente est que nos efforts doivent tendreà amener les villages sur les routes, tout au moins àconserver ceux qui s'y trouvent. Par les in convénients que représente l'entretien de la piste, le passagedes caravanes et de pe rso nnel qu'il faut loger, doiventè tre compensés par des avantages : interdire auxEuropéens sur les routes fréquentées, la réquisition de

\

ARCHIVES CONGOLAISES 1 1

poulets ou cabris, réserver aux villages des routes, ehPnéfice du portage qui permet aux populations de selibérer de l'impôt rapidement et par un travai l qui leurplaît.

En effet, dans une région bien commandée, une foisl'entente faite avec les indigènes sur le taux du salairefixe qui doit rétribuer le portage sur tel ou tel parcours,ce genre de travail devient pour les p o p u l t i o n ~ forestières celui qoi con\'Ïent le mieux à leut· esprit individualiste et n leur caractère indépendant, car il est decourte du rée et cha cun y peine pour son compte personnel. Comme l'e scorte n' est qu'une précaution illusoirecontre les vols, que seuls peuvent em pêcher un contrôleminutieux des arrivées et une répression sévère deslarcins , il y a in térêt à organiser des convois libres.

Pès lors les indigènes connaissant le salaire qu'ilsrecevront, certain s de ne point être molestés par destirailleurs d'escorte et de ne pas être astreints à réglerleur allure sur la leur, viendront d'eux-mêmes so lliciter

la faveur d'être envoyés en convoi (pourvu que l'onéYite de faire le ravitaillementdes postes à la sa ison d e ~cultures) et apporteront à l'accomplissement de leurtàche un souci non douteux d'honnêteté

Je persiste à croire que c'est une faute grave de tirerdes coups de fusil sur nos chemins de communicationchaque fois que s'offre à nous un autre moyen de réglerun conflit. Les co ups de fusil ferment le plus souventles routes qu'ils ne les ouvrent; si des coups de fusilont été tirés, il faut prendre des dispositions pourpasser quand mème, et l'on peut formuler cet axiome :les routes s ferment quand on n y passe plus. L'occupa -

tion im médiate du village hostile s'impose donc jusqu'aurèglement du conflit.

II est un principe sur lequel nous ne pouvons transiger, c'est celui de l 'immunité de l'homme du blanc,porteur ou courrier; presque toujours, c'est à l'occasiond'un palabre que les difficultés surviennent : desporteurs traversent un village ayec lequel ils sont enconflit d'intérêt, l'occasion est trop tentante pour ne pasfaire oublier le danger qu'il y a à se faire ju stice soi-même. Mais toute faute de ce genre mérite une sanction,après quoi s'i mp ose le règlement du conflit, causeoriginelle de l'incident.

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100 S O f I Ü ~ DF.S IŒCHEfiCllf:S CONGOLAISES

(( Nous ne \ Ou lons pa s sur la ter re qu e nous comman

dons des gens qui ne nous con na issent que pour allerch ercher des « hioum l>, tirent des bénéfices de notreoccupation et refusent de se sou mettre à ses charges».

Il me pa raît probable que le nombre d'exécution de

ce genre sera limité, le Pahouin choisissan t en tre deuxefforts le moindre et le travail nécessité pour le paie

ment de l'impôt étant très in férieur à ce lui de la con s-truction d' une case. Ces exécution s, cela n' est pas

do uteux, peuvent entraîner à des conllils a rmés . Maisc est un e nécessité de la prise de possession d'un pays

et tout autre méthode ne nous réscne que déboi res ct

échecs. Au reste, il n'es t pas douteux que le Panouin nes accomode que d une autorite {erme ce qui n'exclut ni

la bien \ eiliance ni la patience.

QUELQUES PRINCIPES DE POLITIQUE

GÉNËR LEi

Il est quelques rem arques qu'il est bon de faire au

sujet de la conduite spéciale à tenir dans des cas

spéciaux.

L POLITIQUE DES ROUTES

Nous \ ou lons de poste à poste> des rou t•:s débroussées

par le seul travail des prestations. Nous voulons des

communications libres où circulP.nl sans escorte, cour-riers el cara,·anes, car dans toute région co mmandée,

ce résu ltat, si intéressant , doit en ce pays pouvoir êtreimmédiatement obtenu. On ne peul imposer à un

village qu'un travail de prestation équitablement pro

portionné à l'importance de sa population. Nousn'aurons donc de roules entretenues sans interruption

que quand les villages rivera in s seront. nombreux. Uneconséquence évidente est qu e nos efforts doivent tendre

à amener les villages sur les routes, tout au moins à

consen ·e r ceux qui s'y trom·ent. Par sui te, les inconvé

nients que représente l ent ret ien de la piste, le passage

des ca ravanes et de personnel qu'il faut loger, doivent

ètre compensés par des avantages : in terdire auxE uropéens sur les routes fréquentées, la réquisition de

ARCHIVES CONGOL.\ISES 101

poulets ou cabr is, rése rver aux villages des routes, e

é f i e du portage qui perm et aux populations de se

libérer d e l'impôt rapidemen t et par un travai l qu i leurplait.

En effet, dans un e région bien commandée, une foisl en tente faite avec les indigènes sur le taux du sa la ire

fixequi doit

rétribu

er leportage su

r telou

tel parcour

s,ce genre de travail de vient pour les p o p u l t i o n ~ fores-tières celui qui convient le mi eux à leur es prit indivi -dualiste ct à leur ca ractère in dépendant, ca r il est decour te durée e t chncun y peine pour son compte person

nel. Comme l esco rt e n' es t qu'une précaution illusoirecontre les vo ls, que seuls peuvent empêcher un contrôleminutieux des arrivées et une répression sévère des

larcins, il y a intérêt à organiser des convois libres.

.Pès lors les indigènes connaissant le salaire qu'ils

recevront, certains de ne point être moles tés par des

tirailleurs d'escorte et de ne pas être astreints à réglerleur allure sur la leur , viendront d'eux-mêmes solliciter

la faveur d'être envoyés en co nvoi (pourvu que l'on

é\·ite de faire le ravita illement des postes à la saison d e ~cultures) et apporteront à l'accomplissement de leurtâche un souci non douteux d'honnêteté

Je pe rsiste à croire que c'est une faute grave de tirer

des coups de fusil su r nos chemins de communication

chaque fois que s offre à nous un autre moyen de régler

un conflit. Les coups de fusil ferment le plus souvent

les routes qu'ils ne les ouvren t ; si d es coups de fusilont été ti rés, l faut prendre des di spositions pour

passer quand mème et l'on peut formuler cet axiome :les routes se ferment quand on n y passe plus. L'occupa

tion immédiate du village hostile s'impose donc jusqu'aurèglemént du conflit.

Il est un principe sur lequel nous ne pouvons tran

siger, c'est celui de l'immunité de l'homme du blanc,

porteur ou courrier; presque toujours, c'est à l occasiond'un palabre que les difficultés surviennent : des

porteurs traversent un village avec lequel ils sont enconflit d'intérêt, l occasion es t trop tentante pour ne pas

faire oublier le da nge r qu'il y a à se fa ire ju sti ce so i-mê me. Mais toute faute de ce genre mérite une sanction,

après quoi s'i mpose le règlem ent du conflit, cau se

originelle d e l'inc ident.

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1 : 1 HF.f: IIF.FICll CONGOLA I::;t;::;

L POLITIQUE DES VILL GES VOISINS

DU POSTE

Les ra isons de réserYcr de s \'a nlag(>s à nos

Yoisins se présenten t à nous: é\' iter les t·équi sitions incessan tes de yoJaillc ou petit bé tail , limiter les exigences:\ ce qui n'11ppauwit pas les indiYidus (fourn iture dumanioc, de poisson), leur laisse1- les aYa ntages du

portage, montrer plus de pat ience dans la perception

des taxes puisque les indig< ne s demeurent en tout

tem ps i l no tre portée. De fa çon incontes table, l opinion

doit êt re acceptée dans le pays, que le YOis iuage d un

pe ste confère des avanta ges non négligeables.

LES OPËR TIONS

Il faut déclarer que la guerre au Gabon n est pas

glorieuse, et plus pa rticulièrement en pays pahouin, où

J'indigène ne tient jamais sur un e position qu ' il défend

d é s e s p ~ r é m e n t Sauf le cas de conflits imprévus dé-

générant en bagarres et en fusillades, on peut poser leprincipe que si l on voit l indigène c est qtl ll n a pas

l in tention d attaquer.

L état social du pays perm et, avec u n peu d adresse,de n ayo ir jamais en face de soi qu 'un village. LePahouin n  a ttaq ue pas les postes qui n  ont jamais besoin

d avoir un caractère défensif et dont la garde, quand lanécessité se présente d'e mployer un dé tachement mo-

hile importan t, peut très bi en être laissée à cinq ou

six hommes.

Le seul cas où des coups de fusil pu isse nt être tiréssur un e station, est ce lui d'un cont1it armé a vec les villages imméd ia tement voisin s. Mais si, dans chaquedirection, le village Je plus proche nous es t acquis, et cerésultat doit être facil ement obtenu même dans un

poste d occup at ion récente au bout de très peu de temps,

la sécurité du poste est absolue.

Je sup pose donc que par une politique appropriée,

le chef de po o tc commande s a ns conteste da ns un rayon

ARCHfVES CONGOLA SES 103

de dix: kilomètres. Il peut s absenter sans appréhension,

cl employer la presque totalité de son effectif, si besoin

est, à imposer notre autorité dans les parties éloignéesde la subdivision. Il y a lieu de distinguer deux cas :1° l indigène prend l'offensive, refuse d entrer en rela-

tions avec nous et cherche à nous interdire J entrée de

son village, mais, bien que renseignés sur l attitudedouteuse de ce groupement, ju squ au dernier mo ment

nous ignorons si une panique de la dern ière heure ne

modifiera pas les sentiments hostiles du village ; on nesa it pas s il y au ra ou non combat, nous n attaquons

pas mais nous pouvons être attaqués ; 2o le conflitexiste : c est l'é tal de guerre de part et d autre, nous

avons décidé d agir, nous attaquons.

ter Cas. - Les indigènes ont pris leurs dispositions

aux: abords immédiats du village dont toutes les cases

sont vides; ils ont choisi un emplacement d embuscadegénéralement dans un terrain d ancienne plàntation où

un e brousse inextricable rend impossible tout déplacement en deho rs du sentier. Derrière un rideau de

végétation assez dense pour arrêter l'élan de no shommes, et parfois ren forcé d une palanque, ils ont

préparé un ch emin de retraite. Nous avançons prudem-

ment. Un guide recruté avec peine précède, puis vien-

nent quelque,s tirailleurs, puis le chef du détachement,

enfin son détachement. Il ne saurait être question de

manœuvre ; en forêt, on marche un par un : il est

rigoureusement impossible de se couvrir sur les flancsLes mesures que l on p(>ut prendre sont empiriq ues:deux Européens ne doivent pas marcher l'un derrière

l autre pour ne pas être mis hors de combat ensemble;les hommes doivent, dans toute tournée en région

douteuse, avoir leur 120 ca rtouches, le dressage duti reur doit lui apprendre à ti rer bas. Au moment où ledétachement d éfile devant l embuscade, sur un signal

de l'un de s agresseurs, il reçoit une bordée de coups

de fusil; leurs a rmes déchargées, les indigènes se cou-

chent. Il ne sera presque ja mais possible   jeter sureux pour les débusquer. Le feu appelle le feu et la

riposte est un feu à volonté qui doit dans le minimum

de temps balayer le so l a u ras de terre. Les hommes

doi\·ent au premier coup de feu et sans commandement

tomber à genou et ti rer, le rôl e du chef se bornant à

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 1 4 S O I K T I DES RECHEHCHES CONGOLAISES

limiter la consomma tion de muni tions. On ti re beau-

coup de cartouches en forêt pour a t t e un bien

minime résultat. Là encore, il y a disproportion en trece résultat et l effel fait pour l obtenir. C est un e consé-

quence de la nature du pays qu il fat1t consta ter,

signa ler el subir.

t

2 Cas On attaque. Exceptionnellement dans un payspeu habitué à nous, si la distance à parcou rir n·est que

de 10 à 12 kilomètres sur un chemin de difficultésmoyennes, si J oa a pu donne r le change sur nos in tentioJ;s, la surprise de nuit peut être tentée a\ cc chancede succès. Le Pahouin ne se garde pas la nuit, deux

hommes couch en t bien dans chaque corps de ga rde ;invariablemen t il s dorment au m atin. Mais les que lques

surprises de nuit que nos détachements on t pu réussir

dans ces dernières années ont instruit les indigènes.Et dès que la si tuation se tend, le village est mis en

état de protection contre une attaque nocturne. Aux

extrêmités, de longues pa langues obligen t à un dé tourtrès long pour cerner le village; en avant de ces palan-ques des trous garnis de pointes de bambous so nt d is-

simu lés da ns l herbe. Et sachant l im prudence de ne

confier qu à leur se ule vigilance le soin de les averti rdu danger, les rebelles ont disposé des avertisseu rs sur

toutes les routes. Une liane posée en travers du sentieractionne une sonnette placée dans lè village à J extrêmité d une perche. Qu un tintement se fasse entend reet tous les habitants se jettent dans la brousse. L obli-

gation d éteindre aux abords du village les torches qui

ont per mis la marche en forêt rend inévitab le le heu rtde la liane. On conçoit dans ces conditions, comb iensont faibles les chances de réussite d  une surprise.

Le p1us généralemen t, il faudra donc se porter d ejour sur Je vi llage rebelle et le combat au:a lieu da nsd es conditions iden tiques à celles du premier cas avec

la seule différence que l attaque es t certaine.

Le village occupé, il n y aura qu exceptionnellement

(s il garde une route par exemple) intérêt à s y mainte-

nir. Le temps qu il faud rait pour ar ri ver à aJnener àcomposition ses habitants immo biliserait pour ur.edurée trop lon gue tout l efTo rt de la subdiv isio n . Plus

indiquée et aussi féconde en résultat sera la destruction

ARCHIVES CONGOLAISES 1 5

des cases. Le Pa houin supporte mal la co nt rainte d une

inquié tude qui se prolonge et presque toujours s i on lui

offre un terra in d entente acceptable, il fera amendehonorable. La victoire da ns un conflit appartient icicelui qui tu e le plus de monde. Tuer un homme si l on n apas de perte c est èlre victorieux el ce sera souvent tressuffisant pour pouvoir parler en maitre

En cas d occupation du vill age, on pourra essayer deten dre des em bu sca des dans les planta tions où les gensso nt obJic:rés de venir s approvisionner en YiYres maisceci n est possible qu  avec des ti ra illeurs très habitu és

au pays et plus pa rt icul ièrement des hommes durec rutement local.

Nous avons tous essayé d utiliser des partisa ns. Il es ttrès facÜe à l occasion· d un conflit de découvrir lesvillages qui sont en pa la bres avec notre adversa ire du

mo ment. Tous les hommes se présenteront pour

marc:.er avec nous, mais ce zèle disparaitra graduelle-

m ent à mesure q ue l on ap proch era du village; à quoi

bon s exposer au x co ups quand les tirailleurs sont là etpuis ma rcher sur un sen tier où J on a la certitudt: d être

attaqué leur se mb le fo lie. Leur conception de la guerre

et de la bravoure es t différente. Confiant dans son

ad resse, ne reconnaissant pas l autorité d un chef de

guerre (car même dans les emb usca des, Je signal de lasurprise donné, chacun devient libre de ses ac tes et ne

doit compter que sur lui pour se ti rer ~ ' a f a i r e ~ ) , le

Pahouin ne sa it pas marcher au feu la portnne decou-

verte. Nous a urons donc toutes les pein es du monde àcon se rver un seu l guide e t nos n arriveront

qu e quand le village sera occupé pou r chercher s il reste

encore qu elque chose à piller. Les part isans ne sontdonc pa s en ce pays une force c est un moyen d  ass urerla plus comp lète des truction d un village.

RECRUTEMENT LOCAL

Malgré les res tr ictions qui précèdent sur la va leur

militaire des Pahouins. je juge indispensable d en re-

c ru ter ct d en avoir dans nos un ités une proportion qui,

sa ns inconYénienl, peut atteindre le 1/5e. y l ~ savantages sui vants : multiplier le contact avec les md1-

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106 S O C t t = : T ~ llF.S R E H E I I H ~ COKGOLAISF.S

gènes par la formation de nombreux détachements

pourvus d'interprètes; les utiliser en temps d'opérations

de la façon spéciale qu'ils connaissen t, l 'embuscade,

c'est-à-dire combattre l'indigène aYec ses mo yens; c réer

avec les tirailleurs libérés un n o y a u ~ · a g e n t s de rensei

gnements et é\'entuellement de partisans habitués à nos

méthodes et confiants en notre loyauté.

Il ne mc semble pas possible au reste qu e l'éducation

militaire ne modifie leur mentalité ct ne leur façonne

un courage suffisant. Le résultat obtenu à Madagascar

a\'ec les Retsiléos qui n'ont point les qualités indi\'i

duelles du Pa houin, ne nous permet pas de condamner

sans appel le recrutement local au Gabon.

Il sera suffisant de changer rle subdiv ision les èngagés

et aYantageux d e laisser au chef de circonscription le

so in de recruter les homm es qu'il emploiera et de

déterminer le poste où ils seront a. Tectés

Prescrire la patience, la tenacité et la loyauté a ux

chefs de subdivision.

Exiger un travail incessant et consciencieux de topo

graphie et de recensement.

Subordonner le règlement des palabres au but que

l'on poursuit.

Arriver par des tournées in cessan tes à faire sentir

partout et à tous notre autorité.

Faire du paiement de l'impôt la condition éventuelled'entente avec le poste et apporter à la perception des

taxes, la fermeté mais aussi les tempéraments néces

saires.

Attirer et ret enir pa r une politique adroite les indi -gènes sur no s roules et dans le voisinage d e nos postes.

Ne pas s'attarder à des op é rations ou des rép ressionsdont la longueur n'augmentera gu è re les rés u ltats dans

la zone réelle, fraper vite, et sa\·oir attendre l 'e ffe t du

coup de force.

Augmenter le contingent local pour multipli er dans

le présent et J'avenir le contact avec les indi gènes.

ARCHIVES CONGOLAISES 1 ï

Telles me paraissent ê tre pour longtemps encore les

se u les bases d'une action féconde et durable dans les

ci rconsc riptions militaires du pays pabouin.

Omwane, mai 1912.

MAIGNAN,

Cnpitnlne de 'ln nn tcr ie coloniale.

·········· ····.......................·· ···

c ]c 0 : c

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