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LA REVUE DE LA MTRL REVUE TRIMESTRIELLE D’INFORMATION DE LA MTRL – N° 83 – SEPTEMBRE 2014 – 1 ¤ Mutuelle et Santé L’hôpital public dans la tourmente financière

Mutuelle et Santé - MTRL ID · Dr Christelle Faure, Dr Nicolas Carrabinn, Dr Christophe Ho Quoc (chirurgiens sénologues). ... Dr Dominique Cellier, médecin nutritionniste. Mercredi

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Mutuelle et Santé

L’hôpital public dans la tourmente financière

La Revue de la MTRLMutuelle et Santé

n° 83

La Revue de la MTRL - Mutuelle et Santé est la publication officielle de la MTRL, une Mutuelle pour tous,37, avenue Jean-Jaurès 69007 LyonTél. : 04 72 60 13 00. Fax : 04 72 60 13 01N° Azur : 0 810 811 494

Internet : mtrl.fr et reflexe-prevention-sante.mtrl.frSecond site web : mtrl-id.come-mail : [email protected] et [email protected]° de CPPAP : 0417 M 05960.21e année – trimestriel – septembre 2014 – n° 83Le numéro : 1 ¤, dans tous les bureaux et agences de la MTRL. Abonnement annuel : 4 ¤.Directeur de la publication : Romain Migliorini.Administrateur : Thierry Thévenet.Éditeur délégué : Les Éditions du Chaland.ISSN : 1253-921XImpression : IMAYE Graphic, 53000 Laval.

VIE DE LA MTRL• Brèves

• Plaidoyer pour la médecine intégrative avec le Tout-Lyon

• Les rencontres prévention du second semestre

• L’info en continu, c’est mtrl-id.com3

ÉCONOMIE DE LA SANTÉLe ministère de la Santé organisele black-out sur la transparence… avec des décrets écrits en sous-main

par les firmes8

SOINS ET SANTÉLa contraception par pilule

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SAVOIRAlcool, quand tu nous tiens !

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DOSSIERL’incroyable histoire du BCG

2e partie18

ZOOMLa maladie de Lyme :

un casse-tête !20

ÉDITORIAL

’ACCORD NATIONAL INTERPROFESSIONNEL (ANI), signé enjanvier 2013 par le gouvernement et les partenaires sociaux – FO et la CGT n’ont pas signé –, prévoit entre autres dispositions d’étendre

la complémentaire santé à l’ensemble des salariés avant le 1er janvier 2016,mesure qui vise notamment les salariés des petites et moyennes entreprises danslesquelles il n’existe pas aujourd’hui de couverture collective.

Première interrogation : le financement de cette couverture devant être partagépour moitié entre employeurs et salariés, quid pour tous ceux – chômeurs,retraités… – qui n’entrent pas dans le plan ?

Les pouvoirs publics n’ont toujours pas défini précisément les modalitésd’application de cette mesure ni la date exacte de son lancement, mais leprincipe même de cette extension de protection par les complémentaires santéentérine le fait que, dorénavant, ces dernières deviennent les cogérantes del’assurance maladie avec la Sécurité sociale.

Historiquement, le mutuellisme s’est constitué dans le cadre d’un syndicalismede combat pour apporter des garanties de protection sociales minimalesauxquelles le patronat se refusait à participer, ne rémunérant – dans lesconditions de l’époque ! – que le travail fourni. A la Libération, la création dela “Sécu” représenta une formidable avancée sociale pour les salariés, à quoi lepatronat fut obligé de souscrire, et les mutuelles, qui se créèrent en nombre dansles années cinquante et soixante, apportaient juste cette petite part, précisément“complémentaire”, que les salariés recherchaient par adhésion volontaire.

Aujourd’hui, la couverture offerte par la Sécurité sociale atteint à peine 60 %pour les patients qui ne sont pas en affection de longue durée. C’est dire le resteà charge pour les organismes complémentaires et ce qu’il en coûte nécessairementà leurs adhérents, dont les cotisations, déjà élevées, ne peuvent qu’augmenter.Ainsi, nombreux sont ceux qui finissent par renoncer à cette couverture et, pourpartie d’entre eux, à renoncer également à toute forme de soins.

Comme l’exprime parfaitement le professeur Brigitte Dormont, responsable dela chaire santé de l’université Paris-Dauphine : « On ne réduit pas la dépensedes ménages en transférant sur les complémentaires des remboursements que nefait plus l’Assurance maladie : on ne fait que transférer une couverture financéesur un mode solidaire sur une couverture facultative financée majoritairementpar des primes indépendantes du revenu. Ce faisant, on crée de l’inégalité.L’ANI, avec la généralisation de la complémentaire santé au sein des entreprises,va amplifier encore le phénomène. »*

Alors l’ANI, nouvelle avancée de l’esprit mutualiste ou cadeau empoisonné ?Disons plutôt carte forcée que les mutuelles ne peuvent qu’assumer de bonnegrâce en sachant bien que la reconquête impossible de la Sécurité sociale lescontraint, malheureusement, à cautionner son effacement progressif sans qu’ellesy aient participé en quoi que ce soit.

Le président, Romain Migliorini

La reconquête impossiblede la Sécurité sociale

L

* Interview publiée dans viva.presse.fr[http://www.viva.presse.fr/brigitte-dormont-notre-secu-n-est-pas-aussi-solidaire-qu-on-le-pense-169782]

Vie de la MTRL

La Revue de la MTRL � septembre 2014 � numéro 83 3

DES CONFÉRENCES GRAND PUBLIC

La MTRL est le partenaire « mutuelle » du Centre Léon-Bérard depuis de nombreuses années. A ce titre, nous souhaitonsvous présenter le programme des conférences grand public organisées par l’Espace rencontre information du Centre, quise dérouleront à Léon-Bérard, 28 rue Laënnec, 69008 Lyon.

INAUGURATION DE L’AGENCE MTRL DE LOUHANS RÉNOVÉE

A ux termes de travaux importants permettant une totale rénovation, l’agence MTRL de Louhansa été inaugurée le mardi 17 juin en présence d’une nombreuse assistance réunie autour deMM. Romain Migliorini, président, et Etienne Depeyre, directeur général de la MTRL, ainsi que

de Mme Christine Buatois, 2e adjointe au maire de la ville.La MTRL développe depuis plusieurs années un partenariat dyna-

mique et cordial avec la municipalité, notamment dans le cadre duForum « Bien-être et santé en Bourgogne » ou de conférences de santé.

Cette agence rénovée et modernisée, idéalement située au cœur de Louhans, en Bresse bour-guignonne, sous les arcadeshistoriques, nous permetd’accueillir adhérents et visiteurs dans un espaceaccueillant et professionnalisé.

Les équipes MTRL sont à votre disposition, 6 Grande-Rueà Louhans.

Tél. : 03 85 69 49 40 et [email protected]

Reconstruction mammaire immédiate : la reconstructiondu sein dans le même temps que la chirurgie d’ablation.Dr Christelle Faure, Dr Nicolas Carrabinn, Dr Christophe HoQuoc (chirurgiens sénologues).Lundi 13 octobre 2014, à 17 h 30.

Cancer et travail : quels espoirs pour demain ?Dr Pierre Heudel, oncologue, Mme Nathalie Vallet Renart,Association Entreprise et Cancer, Valérie Lugon de VLConseil, et les Services Santé au travail et l’équipe du servicesocial DISSPO du CLB.Mardi 21 octobre 2014 à 17 h 30.

Quelle est la place de la médecine personnalisée dans le traitement des cancers du sein aujourd’hui ?Dr Olivier Tredan, oncologue médical, département de médecine.Mardi 4 novembre 2014 à 16 heures.

Nutrition, alliée du corps.Dr Dominique Cellier, médecin nutritionniste.Mercredi 10 décembre 2014 à 17 h 30.

L’AGENCE MTRL DE LYON-VAISE DÉMÉNAGE

Dans le but de disposer d’un nouvel espace d’accueilrénové, plus vaste, adapté et mieux situé aucœur de ce grand quartier en pleine évolu-

tion, l’agence MTRL de Lyon-Vaise s’installeraen octobre prochain à l’adresse suivante : 7, rue de Bourgogne 69009 Lyon.

Les horaires et le numéro de téléphone sont inchangés : 04 37 27 86 00.

4 La Revue de la MTRL � septembre 2014 � numéro 83

5La Revue de la MTRL � septembre 2014 � numéro 83

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Vie de la MTRL

La Revue de la MTRL � septembre 2014 � numéro 83

LA MTRL, PARTENAIRE DE LA 2E BIENNALE PEINTUREET SCULPTURE DE CUISEAUX (71)

L a MTRL possède également une agence à Cuiseaux, petite ville dansl’est de la Saône-et-Loire, proche du Jura.

Forte d’un patrimoine historique important, Cuiseaux développedes initiatives culturelles originales sous le vocable « Pays des peintres »à travers la Biennale peinture et sculpture. Cet événement se dérouleradu 13 au 28 septembre autour d’un programme de grande qualité :conférences et expos autour de Pierre Puvis de Chavannes (éminentpeintre du XIXe siècle, dont la famille vécut et vit toujours à Cuiseaux),diverses expositions de peintures et sculptures, films, cours depeinture/sculpture, concours de peintres dans la rue…

Une biennale au rayonnementcroissant soutenue par la MTRL.

Jeudi 25 septembre, 18 heures : La contraception sansrisque existe-t-elle ? (Dr Christelle Charvet)Jeudi 25 septembre, 18 heures : Le syndrome d’apnéesdu sommeil (Dr Michel Nasr)

Important : ce 25 septembre 2014 auront lieu deux réunionssanté à la même heure, dans deux salles séparées.

Mercredi 1er octobre, 18 heures : Aïe, j’ai mal au dos !(Dr Christian Ricard-Meille)Jeudi 9 octobre, 18 heures : Peut-on prendre du poids touten surveillant son alimentation ? (Dr Jean-Louis Masson)Mercredi 15 octobre, 18 heures : L’avènement dela phytothérapie, son abandon et sa renaissance(François Gautier, PDG Laboratoire Biogemm)Jeudi 23 octobre, 18 heures : Parcours de vie, parcoursde soin (Dr Pascal Dureau)Jeudi 30 octobre, 18 heures : Les éléments de la préventioncardiovasculaire (Dr Guy Durand de Gevigney)Mercredi 5 novembre, 18 heures : La maladie de Lyme(Dr Christiane Ricard-Meille)Jeudi 13 novembre, 18 heures : Nouvelles techniquesd’imagerie et de prise en charge chirurgicale dans ledomaine cardiologique (Dr Guy Durand de Gevigney)

Vendredi 14 novembre, 18 heures : L’exercicecomme première nécessité vitale de préventionsanté (Jérôme Simian, préparateur physique)Jeudi 20 novembre, 18 heures : Urgence ouprécipitation ? (Dr Pascal Dureau)Jeudi 27 novembre, 18 heures : La colonnevertébrale, prévention : pourquoi et comment ?(Maxime Nouchy, kinésithérapeute)Vendredi 28 novembre, 18 heures : Faire del’exercice, mais que faire ? (Jérôme Simian)Jeudi 4 décembre, 18 heures : La cigaretteélectronique (Dr Michel Nasr)Mercredi 10 décembre, 18 heures : Place dela gemmothérapie au sein de la phytothérapieet des médecines naturelles (François Gautier)Mercredi 17 décembre, 18 heures : Mon genoume fait mal et gonfle (Dr Christiane Ricard-Meille)

Pour toute information,contacter Mme Frédérique Ersoonmez au

01 44 71 52 41 ou par mail : [email protected]

Les Rencontres

Prévention de la MTRL

L a MTRL a lancé en 2014 une nouvelle initiative au service de ses adhérents. Un programme de réunions thématiquesa été mis en place pour le premier semestre. Voici celui du second semestre. Les rencontres se déroulent au siège dela Mutuelle, 37 avenue Jean-Jaurès (Lyon 7e), le plus souvent les jeudis, à 18 heures.

Pour en savoir plus : www.cuiseaux-paysdespeintres.fr

Edouard Vuillard, La chambre, 1899.

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Vie de la MTRL

La Revue de la MTRL � septembre 2014 � numéro 83

L’info en continu, c’est mtrl-id.com,le site information et développement de la Mutuelle

LES PETITS DÉJEUNERS D’INFORMATION ET DE PRÉVENTIONDU TOUT LYON ET DE LA MTRL

L e prochain rendez-vous est fixé au 26 septembre, au siège de la MTRL,et sera animé par le Pr Henri Joyeux, chirurgien cancé-rologue, sur le thème “Diabète, obésité, cancers et

maladies auto-immunes, des rhumatismes à l’Alzheimer”.Comme on peut le lire dans ce même numéro de revue, les

comptes rendus sont publiés régulièrement dans les colonnesdu Tout Lyon, qu’à notre tour nous reproduisons dans cespages. Une collaboration qui a déjà donné naissance à unouvrage édité par le Tout Lyon et disponible sur demande ausiège de la MTRL, 37 avenue Jean-Jaurès.

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L A SÉCU, notre “Sécu”, se retire sur la pointe des pieds de la protectionsociale. « A coup de forfaits, de franchises, de déremboursements,d’effritements successifs, on a poussé les Français vers l’obligation

d’avoir une complémentaire santé. Ce transfert s’est fait insidieusement,sans débat démocratique. »

Telle est l’affirmation d’un chargé de recherche en sociologie au CNRSdont on pourra lire les propos sur notre site, ainsi que ceux de trois autresspécialistes des questions de santé, qui ont, tous quatre, répondu à uneenquête de viva.presse.fr à l’occasion d’une série La Sécu a 70 ans…

Alors, une mutuelle pour tous, ainsi que l’Accord national interprofes-sionnel le préconise : avancée sociale spectaculaire ou cadeau empoisonné ?

A vous de juger.

L a loi Bertrand, votée le29 décembre 2011 dans lessuites du scandale du Mediator,

avait prévu la publication des liensd’intérêts liant professionnels etindustries de santé.

Dix-huit mois furent nécessairespour voir paraître un premier décret,dont le Formindep s’inquiétait déjàdes importantes insuffisances. Lespremières publications sur les sitesdes ordres professionnels1 et desentreprises sont consultables depuisoctobre 2013.

Six mois après l’entrée en vigueureffective de cette loi, il est tempsd’en faire un bilan, alors qu’un nou-veau projet de décret du gouverne-ment menace déjà de fermer cettefragile parenthèse de transparence,en reportant à octobre 2015 la miseen ligne de nouvelles données sur unsite public.

Des déclarations aux actes, le grand écart des entreprises

Le LEEM, le lobby de l’industriepharmaceutique française, revendi-que l’antériorité de l’idée de « trans-parence des liens d’intérêts comme vec-teur de confiance »2.

Il y a néanmoins loin de la coupeaux lèvres car, selon le Conseil natio-nal de l’Ordre des médecins, à ladate requise seules 10 % des entre-prises concernées s’étaient pliées àleurs obligations. Une proportion

déjà observée pour la publicationdes liens avec les associations depatients. L’aspect qualitatif n’étaitpas non plus au rendez-vous, puis-que seule une entreprise sur deuxfournissait aux ordres des donnéessous une forme lisible et exploitable.Les sites des entreprises quant à euxrivalisent d’inventivité pour faireobstacle au patient lambda quicomme moi souhaiterait savoir sison médecin entretient des liensd’intérêts. Difficiles à localiser, voireintrouvables, les données sont épar-pillées sur plus de 300 sites d’entre-prises3, fournies le plus souvent sousforme d’annuaires géants composésde fichiers non indexés pouvantatteindre plusieurs centaines depages4. A la difficulté de compulserces grimoires s’ajoute parfois unecoquetterie : certains laboratoiresont été jusqu’à “aléatoiriser” leurregistre5. Des centaines de pages,sans index, ni même d’ordre alpha-bétique… La transparence est bienlointaine. Que les entreprises aientpeu joué le jeu n’a rien de biensurprenant. Aucune n’a réellementenvie de voir apparaître au grandjour les millions dépensés en déjeu-ners, les réunions de « formation » àvisée marketing, les noms desexperts « conseillers en communica-tion » qui interviennent sur lesplateaux de télévision sans jamaismentionner leurs liens.

Le gouvernement contre la transparence

Moins attendu est le blocage du gou-vernement sur ce dossier. Les 18 moisde gestation du décret 2013-414 ontproduit au terme de plusieurs versionsun monstre, amputant de larges pansune loi pourtant adoptée d’un com-mun accord par les députés de tousbords. Le 17 juillet 2013, un rapportd’information critique, déposé parCatherine Lemorton, présidente (PS)de la Commission des affaires socialesde l’Assemblée nationale, et le députéArnaud Robinet (UMP), rapporteurde la loi Bertrand, évoquait déjà « unrendez-vous manqué ». En cause, ladisparition de l’obligation de déclara-tion des liens les plus significatifs etproblématiques : contrats de consul-tants aux montants occultés, voirecontrats non déclarés, pour peu quel’entreprise ou le médecin bénéficiedes diverses brèches introduites par ledécret gouvernemental. Des brèchestelles que le Conseil national de l’Or-dre des médecins (CNOM) et le For-mindep formaient chacun un recoursau Conseil d’Etat pour excès de pou-voir, le gouvernement ayant selon euxindûment affaibli la portée de latransparence. Une incroyable batailleà front renversé : les professionnels desanté exigent davantage de transpa-rence, et c’est le gouvernement, censé-ment garant de celle-ci, qui s’yoppose… Le rapport de l’Inspection

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SUNSHINE ACT A LA FRANÇAISE

Le texte qui suit, signé Anne Chailleu, illustre, encore une fois, la connivence des

pharmaceutiques à travers un financement à flux tendu par ces derniers d’un

dans les médias, s’ils parlent vraiment au nom de leurs compétences reconnues ou

confortablement pour les services publicitaires qu’ils leur procurent.

Le ministère de la Santésur la transparence…

Le ministère de la Santésur la transparence…

Le texte qui suit, signé Anne Chailleu, illustre, encore une fois, la connivence des

pharmaceutiques à travers un financement à flux tendu par ces derniers d’un

dans les médias, s’ils parlent vraiment au nom de leurs compétences reconnues ou

confortablement pour les services publicitaires qu’ils leur procurent.

Le ministère de la Santésur la transparence…

Le texte qui suit, signé Anne Chailleu, illustre, encore une fois, la connivence des

pharmaceutiques à travers un financement à flux tendu par ces derniers d’un

dans les médias, s’ils parlent vraiment au nom de leurs compétences reconnues ou

confortablement pour les services publicitaires qu’ils leur procurent.

générale des affaires sociales (IGAS),qui pointait en 2008 “la forte opacité”des rémunérations des médecins hos-pitaliers par les firmes, ne serait hélaspas démenti en 20146. En effet, selonla formule lapidaire du CNOM, ledécret allégé, vidé de l’essentiel, per-met de “savoir tout des croissants, riendes contrats”.

Transparence en trompe l’œilPour mesurer l’ampleur de ce déca-lage entre réalité et publication offi-cielle, permis aussi bien par le détri-cotage systématique de la loi par l’ac-tion gouvernementale que par lemanque de coopération des entrepri-ses de santé, il suffit de chercher lesliens de leaders d’opinion bienconnus. Ces médecins stars, générale-ment professeurs des hôpitaux, habi-tués des médias et des colloquesscientifiques, recherchés par les fir-mes pour leur grande influence surles prescriptions de leurs confrères.Lorsqu’ils écrivent un article dans unjournal scientifique ou médical, ouinterviennent en public sur un pro-duit de santé, ces médecins sonttenus de déclarer leurs liens d’inté-rêts. La comparaison de ces déclara-tions de liens par les médecins eux-mêmes avec les déclarations faites parles firmes est édifiante.

Le Pr Bernard Charbonnel, ancienchef du service d’endocrinologie duCHU de Nantes, est un leader

d’opinion dans le domaine du dia-bète. Selon les données accessiblesvia le moteur de recherche tenu parle Conseil national de l’Ordre desmédecins7, le Pr Charbonnel seraitconsultant pour 4 laboratoires(Sanofi-Aventis, Lilly, JNB-Déve-loppement et Novartis). Ces don-nées sont partielles : selon sa décla-ration d’intérêts au Quotidien dumédecin8, sur les mêmes 12 mois, lePr Charbonnel a bien été rémunéréen tant que consultant par ces 4 fir-mes… mais également par 7 autres :Astrazeneca, Boehringer Ingelheim,BMS, Merck, Novo Nordisk,Roche, Takeda. Une activité exercéedans le cadre de sa société paractions simplifiée (SAS), dont lesderniers comptes déposés indiquentun résultat pour 2012 de171 382 ¤9, supérieur à la rémuné-ration d’un praticien hospitalier.

Le Pr Jean-Yves Le Heuzey, cardio-logue à l’Hôpital européen Georges-Pompidou, est également un ancienexpert des agences de santé et le coré-dacteur de recommandations profes-sionnelles de la Société européennede cardiologie (ESC). Seuls sescontrats avec 3 laboratoires, Servier,Daiichi Sankyo, Meda Pharma,apparaissent dans le moteur derecherche du CNOM. Mais le pro-fesseur en déclare lui-même trois foisplus sur la même période (Servier,Sanofi, Meda, MSD, Bayer, BMS,

Boehringer, Daiichi, GSK) auprès dela Société française de cardiologie10.

Le Pr Guy Vallancien est urologueà l’Institut Montsouris. C’est égale-ment un influenceur de premierplan, régulièrement sollicité par lesmédias et par les ministres de laSanté, qui lui commandent missionset rapports. Le Pr Vallancien déclarespontanément lui-même des liensavec Takeda, Medtronic ou JanssenCilag11. Surtout, il préside et détientselon ses déclarations 43,5 % desparts de la société Convention onHealth Analysis and Management,qui organise chaque année à Chamo-nix la convention homonyme. On ydébat, sur invitation uniquement, del’avenir de la santé en France, dansune approche très libérale. On s’inté-resse à la loi Sunshine : on y exposeainsi que grâce à cette loi « lesaboyeurs de l’indépendance deviennenteux-mêmes suspects de totalitarisme carleur fonds de commerce s’évanouitdevant la transparence des liens entreindustriels et médecins »12. La sociétéprésente une liste impressionnante de“partenaires”, laboratoires pharma-ceutiques (Sanofi, Roche, Novartis),assureurs, agences de relations publi-ques, acteurs de la dépendance oudes dispositifs médicaux qui trouventlà l’enceinte favorable à la diffusionde leurs messages13. De cette entre-prise de relations publiques réalisant454 200 ¤ de chiffre d’affaires pour

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Économie de la santé

La Revue de la MTRL � septembre 2014 � numéro 83

responsables de la santé – ministère en première ligne – et des laboratoires

grand nombre de patrons hospitaliers dont on peut se demander, lorsqu’ils interviennent

s’ils ne sont que les obligés des entreprises du médicament qui les rétribuent

http://www.formindep.org/Le-ministere-de-la-sante-organise.html

organise le black-outavec des décrets écrits en sous-main par les firmes

organise le black-outavec des décrets écrits en sous-main par les firmes

responsables de la santé – ministère en première ligne – et des laboratoires

grand nombre de patrons hospitaliers dont on peut se demander, lorsqu’ils interviennent

s’ils ne sont que les obligés des entreprises du médicament qui les rétribuent

http://www.formindep.org/Le-ministere-de-la-sante-organise.html

organise le black-outavec des décrets écrits en sous-main par les firmes

responsables de la santé – ministère en première ligne – et des laboratoires

grand nombre de patrons hospitaliers dont on peut se demander, lorsqu’ils interviennent

s’ils ne sont que les obligés des entreprises du médicament qui les rétribuent

http://www.formindep.org/Le-ministere-de-la-sante-organise.html

un résultat de 49 786 ¤ en 201114,Guy Vallancien déclare retirer unrevenu de 15 000 ¤. Le nom de GuyVallancien ou de la société CHAMn’amène néanmoins aucun résultatdans la base du CNOM. Ni contratsni même croissants !

Oncologue médiatique, ex-direc-teur de l’Institut national du cancer(INCa), David Khayat n’apparaîtdans le registre du CNOM que pourun unique contrat de consultant signéavec Astrazeneca. De ses déclarationsauprès du journal d’oncologie clini-que (JCO), il ressort qu’il est égale-ment consultant pour Celgene15.

La loi Sunshine était censée égale-ment faire une certaine lumière sur lessociétés commerciales, sociétés savan-tes et autres associations de serviceshospitaliers, financées en quasi-totalitépar les firmes car elles relaient notam-ment leurs actions de « formation ».

Gynecole SARL est une société quipropose notamment une tournéenationale, « les samedis de la contra-ception ». Organisés six fois par an,ces congrès sont entièrement gratuitspour les participants, déjeuner inclus.Conforme à l’adage « si c’est gratuit,c’est que c’est vous le produit », lemodèle économique de ces congrèsrepose en effet sur la vente aux firmesd’espaces publicitaires (stands) et deprestations de communication. Enclair, du temps de cerveau de méde-cins disponible. La société a ainsi par-ticipé à la communication de crisedes laboratoires commercialisant despilules de 3e et 4e générations, ou à lapromotion de la pilule du surlende-main pour le laboratoire HRAPharma. Les deux animateurs de lasociété, les médiatiques gynécologuesChristian Jamin et David Elia décla-rent de nombreux liens, pas moins de26 firmes pour David Elia. GynecoleSARL réalise un chiffre d’affaires en2013 de 256 000 ¤ pour un résultatde 110 000,16 ¤16. Le moteur derecherche du CNOM ne renvoienéanmoins aucun résultat pour lasociété. Les données du laboratoireHRA Pharma sont quant à ellesintrouvables sur son site et inexploi-tables sur le site du CNOM.

Les associations de services hospita-liers “fonctionnent dans des conditionstrès opaques au bénéfice de certainsmédecins praticiens hospitaliers, et cetteopacité pourrait masquer des dérives, parexemple à travers la prise en charge dedépenses personnelles. De plus, la gestionde ces structures consomme du temps detravail des praticiens dont on peut penserqu’il serait mieux employé dans des acti-vités plus en rapport avec leurs compéten-ces”, écrivait l’IGAS en 200817.

MAPAR (Mise au point en anesthé-sie et réanimation) est depuis plus de30 ans l’association du service d’anes-thésie-réanimation de l’hôpital duKremlin-Bicêtre (AP-HP). Elle orga-nise chaque année un congrès natio-nal et édite la bible des anesthésistes-réanimateurs, les « protocoles ». Ellepropose également aux anesthésistes-réanimateurs une formation« MAPAR Neige » à Valmorel pour lessports d’hiver, et « MAPAR mer » àCuba pour mieux passer l’hiver, aux-quelles s’est ajoutée cette année une

formation golf en Turquie pour leprintemps, hélas annulée par le ClubMéditerranée qui devait l’héberger18.

Alors que le code de déontologiedes entreprises du médicament19 pro-hibe les formations tenues dans « deslieux réputés pour leurs infrastructuresde loisirs ou qui sont somptuaires ouexcentriques », l’association s’affran-chit pour sa part de ce genre de consi-dération et va jusqu’à permettre à lafamille des congressistes de se joindreà la formation, des activités étant pré-vues pour les enfants. Les excursionset activités de loisirs sont par ailleursindissociables du séminaire, cela afinde maintenir la convivialité.

Selon le registre du CNOM,2 laboratoires (Takeda et Prostrakan)déclarent chacun la location d’unstand lors du congrès annuelMAPAR (5 561 $ pour Takeda). Enréalité, plus de 30 laboratoires expo-sants ont loué à l’association de telsstands, pour un prix unitaire vraisem-blablement au moins équivalent.

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Économie de la santé

La Revue de la MTRL � septembre 2014 � numéro 83

“Laissez-les : ce sont des aveugles qui guident des aveugles ! Or si un aveugle

Black-out total jusqu’en octobre 2015 ?

Malgré les graves lacunes que nousvenons d’illustrer, cette transparenceétait une avancée, encore excessive augoût de certains. Le coup de grâceviendra finalement du gouvernement.

Un projet de décret modificatif esten passe d’être publié, censé préciserles modalités pratiques de fonction-nement du site public des liens d’in-térêts. Un site pour lequel la

Direction générale de la Santé (DGS)sollicitait l’avis du Formindep20. Alorsque la mise en ligne des liens sur cesite était prévue au fil de l’eau, dansles 15 jours de leur contractualisa-tion, et ce dès ce premier trimestre2014, le Premier ministre et la minis-tre de la Santé laissent désormais auxfirmes un délai pour transmettre lesdonnées nécessaires, qui courtjusqu’en… octobre 2015. Alorsmême que le site, développé par le

ministère de la Santé, est prêt à êtremis en ligne.

Pire, le décret modificatif suspendimmédiatement la publication parles conseils ordinaux, qui nepublient donc que les archives anté-rieures à juin 2013. Les donnéespourraient donc être gelées jusqu’à27 mois avant d’être réellementaccessibles au citoyen. Les nouveauxliens n’y apparaîtront ensuite quedans les 6 mois de leur établisse-ment. Autant dire un enterrement.Entre-temps, seuls subsisteraient lessites des entreprises, lorsqu’ils exis-tent, et leurs annuaires de centainesde pages illisibles, le décret ne préci-sant aucune exigence de qualité pourceux-ci. Ni moteur de recherche nimême ordre alphabétique. Bien aucontraire, il va jusqu’à prévoir queles données pourront être publiéessur un site qui n’est pas même celuide l’entreprise, mais un site « identi-fiable à partir d’informations mises àdisposition du public par tout autremoyen par cette même entreprise ».

La prochaine fois que vous enten-drez, ou lirez, un médecin renvoyer àsa déclaration d’intérêts “disponiblesur le site Sunshine”, vous saurez qu’ils’agit d’une demi-vérité car ces don-nées sont déjà périmées et très incom-plètes. Au terme de mes pérégrina-tions de citoyenne et patiente sou-cieuse des liens de nos soignants, jen’aurai qu’un conseil à ceux qui vou-draient tenter l’aventure : à vos cartesau trésor, le jeu de piste ne fait quecommencer… �

Anne Chailleu(17 mars 2014)

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Économie de la santé

La Revue de la MTRL � septembre 2014 � numéro 83

1. Consulter le site d’hébergement provisoire des liens d’intérêts mis en place par l’Ordre des médecins

2. Communiqué de presse du LEEM

3. Voir la liste, tenue par le blog Loi Bertrand, de la société de gestionde la relation client Market iT

4. Voir par exemple le tableur illisible des laboratoires Lundbeck

5. Parcourir par exemple le registre inutilisable du laboratoire Baxter

6. Rapport IGAS RM2008-147P chapitre 4, pages 71 et suivantes

7. http://www.sunshine-act.ordre.medecin.fr/liste_donnees_exploitables

8. Disponible sur le site du QDM

9. Comptes disponibles auprès du registre du commerce

10. Déclaration sur le site de la SFC

11. Déclaration sur son site personnel

12. Extrait de la vidéo introductive à la table ronde numéro 3

13. http://www.canalcham.fr/fr/cham2013…

14. Comptes disponibles auprès du registre du commerce

15. Déclaration disponible sur le site du JCO

16. Comptes disponibles auprès du registre du commerce

17. Rapport IGAS RM2008-147P page 77

18. Voir par exemple le programme de l’édition MER 2014

19. Code de déontologie disponible sur le site du LEEM

20. Lire l’échange de courrier sur cette sollicitation

guide un aveugle, tous les deux tomberont dans un trou.” Matthieu (15,14)

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8.

Q u’en est-il de l’évolution dela contraception en France,16 mois après le communi-

qué de l’ANSM alertant patientes etmédecins sur les risques vasculairesdes pilules ?

Dans le numéro 78 de la revue dela MTRL, nous reprenions les diffé-rentes données du problème.

Les pilules œstro-progestativesprésentent deux types de risques vasculaires :� les risques veineux (insuffisanceveineuse chronique, phlébite etembolie pulmonaire). Ces risquessont majorés en cas d’antécédentsfamiliaux ou personnels de phlébiteou d’embolie pulmonaire, de sur-poids, d’immobilisation, de voyageen avion surtout long-courrier ;� les risques artériels (hypertensionartérielle, infarctus du myocarde,accidents vasculaires cérébraux).Ces risques sont majorés par lesantécédents familiaux ou person-nels de problèmes vasculaires arté-riels, le surpoids et surtoutl’intoxication tabagique.

Depuis la commer-cialisation de la pre-mière pilule en 1961,ces risques sontconnus, mais labalance bénéfice-ris-que avait toujours pro-fité à la pilule, puisquele risque vasculaire dela grossesse existe.

Des générations depilule se sont succédépour améliorer leconfort des patientes,limiter les risques deprise de poids, d’acné,de douleurs de règles,de règles abondantes ;ainsi sommes-nous

passés de la 1re génération de pilule àla 2e (pilules au levonorgestrel), à la3e (pilules au gestodène), puis à la 4e

(pilules à la drospirénone). Sont arri-vés aussi sur le marché des contracep-tifs œstro-progestatifs par voievaginale (anneau) ou par patchs.

Malheureusement, si le confortapporté par ces pilules a pu paraîtremeilleur, il est apparu que le risquevasculaire allait croissant avec la suc-cession des générations de pilules.

Résumé des faits� 26/10/2011 : publication d’uneétude dans le British Medical Journalmontrant que le risque de thromboseveineuse est deux fois plus importantchez les utilisatrices de contraceptifsoraux de 3e génération par rapport àceux de 2e génération.� 14/11/2011 : communiqué del’ANSM reprécisant les risquesthrombo-emboliques :� risque de 5 à 10 cas/100 000 femmespar an en l’absence de contraception ;� risque de 20 cas/100 000 femmes siutilisation de COC de 2e génération ;

� risque de 40 cas/100 000 femmes siCOC de 3e génération ;� risque de 60 cas/100 000 femmesen cours de grossesse.

Le rapport bénéfice-risque descontraceptifs oraux reste positif.

L’Agence nationale de sécurité dumédicament a adressé un courrier auxprofessionnels de santé rappelant labonne pratique de l’information entermes de contraception :1) Prescrire en première intention despilules de 2e génération, moins dan-gereuses sur le plan vasculaire.2) Informer les patientes, lors d’uneconsultation dédiée à la contracep-tion, des différentes méthodes decontraception pour que leur choixsoit éclairé.

L’évolution des ventes de contraceptifs oraux

Sans surprise, les ventes de contra-ceptifs oraux combinés de 3e-4e géné-rations ont chuté : si l’on compare lesventes dans la période janv. 2013-déc. 2013 versus janv. 2014-avr.2014, la chute est de 48 %, s’accélé-rant à partir de juin 2013 pouratteindre 50 %.

Cela n’est pas sans rappeler l’effon-drement des ventes de traitementshormonaux substitutifs après lapublication de l’étude WHI en juillet2002 : - 73 % en 9 ans… sauf queprendre un traitement hormonalsubstitutif est seulement un confort,alors que prendre une contraceptionefficace assure l’absence de grossesse,ce qui évite les accidents médicauxdes IVG, des accouchements.

Parallèlement, les ventes de contra-ceptifs oraux de 1re et 2e générationsont augmenté de 32 %.

Le ratio entre les ventes des COC de1re et 2e génération par rapport auxCOC de 3e et 4e génération est de

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Soins et santé

La Revue de la MTRL � septembre 2014 � numéro 83

La contraception par piluleElle passe de plus en plus mal, la pilule…

79 % versus 21 % entre janvier et avril2014 alors qu’il était de 52 % versus48 % entre janvier et avril 2012.

Qu’en est-il des autresméthodes contraceptives ?

Tous les chiffres se rapportent à unecomparaison entre la période janv.2013-avr. 2014, par rapport aux chif-fres de 2012.

Les ventes de progestatifs contracep-tifs ont augmenté de 8,1 %. Les ven-tes de contraception non orale, typepatchs ou anneau, ont baissé de 15 %.

La baisse de vente des contracep-tifs oraux a profité aux dispositifsintra-utérins (autrefois appelés stéri-lets), en particulier au cuivre dont lavente augmente de 45 % ; rappe-lons que la pose d’un DIU au cuivreou à hormones est possible mêmechez une femme qui n’a pas eu d’en-fant, mais que la durée et l’abon-dance des règles sont majorées parrapport à la pilule.

Comment analyser ces chiffres ?

� Nous pourrions penser que lespatientes bien informées, qui préfé-raient une contraception orale, ontchoisi dans l’intérêt de leur santé despilules de 2e génération. Il y a eu effec-tivement une peur des patientes, mais ily a aussi un paramètre qui a pu influen-cer les ventes : les pouvoirs publics ontsupprimé le remboursement des pilulesde 3e génération dès le 31 mars 2013.Certaines patientes ont donc demandéune pilule remboursée, obligatoire-ment, de 1re ou de 2e génération.� Les chiffres qui sont analysés sontdes chiffres de vente et non pas deschiffres de poursuite de contracep-tion ; nombre de patientes qui avaientopté pour un DIU le font enleverpour des règles douloureuses ; certai-nes patientes débutent par une pilulede 2e génération et, en raison d’effetssecondaires, vont demander unemodification de leur contraception.

� Il est trop tôt pour dire si le nom-bre croissant d’IVG est en relationavec les modifications de méthodescontraceptives mais, quelle que soit lacause, c’est inquiétant pour les ris-ques thrombo-emboliques car lagrossesse les majore (risque : 60 cas/100 000 femmes).

ConclusionNous assistons à une modificationdes choix contraceptifs en Francedepuis les recommandations émisespar l’ANSM, au détriment des pilulesde 3e-4e générations et au bénéficedes contraceptions intra-utérines.

Il paraît nécessaire de continuer àsurveiller cette évolution en termes depoursuite et d’efficacité de contracep-tion, le chiffre des IVG étant un élé-ment d’analyse, autant qu’en termesde risques thrombo-emboliques. �

Dr Christelle Charvetgynéco-obstétricienne

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2 500

Données mensuelles (janv. 2012/déc. 2012 vs janv. 2013/déc. 2013)Données Celtipharm

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Ventes de COC de 1re et 2e générations

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Données mensuelles (janv. 2012/déc. 2012 vs janv. 2013/déc. 2013)Données Celtipharm

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Nom

bre

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2013

2012

Ventes de COC de 3e et 4e générations

203 346

205 000

210 000

215 000

216 854

2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

France métropolitaine

Source : DRESS

Evolution du nombre d’IVG depuis 2002

Et le nombred’IVG ?

Il a sensiblement augmenté.

L ’alcool est un merveilleuxproduit. Prenons l’exemple d’unadolescent ou d’une adoles-

cente. Mettons Jacques. Il rencontrel’alcool lors d’une fête avec sescopains. Quelques verres le transfor-ment : il devient gai, audacieux,drôle, sensuel, spontané, séduisant,imaginatif. Ses yeux pétillent, la vieest légère. Il aperçoit le meilleur delui-même et de la vie. Il ose semontrer tel qu’il est, ce qui en fait unêtre chaleureux. L’alcool l’a allumé, ilest sorti de sa grisaille. C’est la fête.

Quel est le secret de ce produit ?

L’alcool est un anesthésique des dou-leurs du corps et aussi de celles del’esprit, ce qui provoque un soulage-ment. Parmi ces douleurs de l’esprit,il en est une qui pèse sur nos épaulesà tous : c’est la culpabilité. D’où pro-vient-elle ? Nous sommes accablés enpermanence par ce que nous som-mes, car nous savons que nous pour-rions être bien meilleur. Nous nousdésespérons d’être si imparfait, si malfini. L’écart entre ce que nous som-mes et ce que nous pourrions être estla source permanente de reprochesque nous faisons à nous-même.Cette culpabilité nous pollue inté-rieurement. Elle est source notam-ment de dépression.

Or, avec la prise d’alcool, nousanesthésions cette culpabilité. Pen-dant un moment, elle se volatilise et

tout s’allège, car nous osons enfinnous montrer comme nous sommes,avec nos travers. Nous n’avons plusbesoin de nous cacher. D’où cetteperception transformée de nous-même et des autres.

Pour en revenir à Jacques, il décou-vre que lorsqu’il se prend comme ilest, il est finalement bien meilleur !

La nostalgie du premier verreC’est seulement quand l’effet de l’al-cool retombe que les choses se com-pliquent. En effet, il a expérimentéqu’il pouvait être génial puis il estredevenu basique. Cela crée une nos-talgie qui est d’autant plus fortequand l’épisode a donné lieu à unmoment d’intimité et de chaleurhumaine. Dorénavant, Jacques saitqu’il peut être tout autre alorsqu’avant il n’en avait pas conscience.Maintenant, il se trouve amputéd’une partie de lui-même. Si on nelui apprend pas qu’il pourrait retrou-ver l’expérience par d’autres moyensque l’alcool, il va insensiblementmultiplier les occasions de boire.

Le paradoxe, c’est que le corps, enparticulier le système nerveux, s’habi-tue très bien à l’alcool. Comme dansun couple : au début, l’alcool sait bienexciter le système nerveux puis celui-cis’habitue au point qu’il faille progressi-vement augmenter la dose d’alcoolpour retrouver l’effet premier. Mais lalune de miel du début s’est envolée, etc'est là qu’il faut faire attention.

Heureusement que tous les jeunesqui passent par là ne deviennent pasalcooliques.

Cinq paramètres favorisantl’emprise de l’alcool

1. La relation avec le produit. Undanger est d’utiliser l’alcool commeun super-médicament. Au début, ilpeut être antidépresseur, euphori-sant, désinhibiteur, dopant…, maisensuite ces effets positifs s’inver-sent. Le risque est de banaliser cetusage car, pendant que la personnecourt après un résultat qui luiéchappe de plus en plus, elle netraite pas la source profonde de sonmal-être et, avec l’alcool, celui-ci nefait qu’augmenter.

L’autre danger est représenté partoutes les consommations automati-ques ou rituéliques sans aucuneconscience de ce que l’on fait et pour-quoi on le fait : je bois devant la télé,je bois à telle heure, je bois avec telscopains, je bois quand je suis à telendroit, etc.

Toutes ces consommations banali-sées pendant des années attachentl’alcool à la personne, et inversement.2. Les événements de vie. Générale-ment, les jeunes comme Jacques secalment quand ils commencent àconstruire leur vie, car cela leurdonne une estime d’eux-mêmes quisuffit à modérer et à maîtriser leurconsommation. Ce qui peut déclen-cher de nouveau le processus, ce

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Savoir

La Revue de la MTRL � septembre 2014 � numéro 83

Alcool,quand tu nous tiens !

peut être un événement grave etdouloureux de la vie : la perte d’unproche, ou d’un emploi, par exem-ple. Ce peut être aussi toute situa-tion susceptible de ruiner l’estimeque la personne avait conquise vis-à-vis de soi-même.3. Le terrain de fragilité de la per-sonne. Les personnes qui sont expo-sées à la dépendance sont souventhypersensibles. Elles souffrent parti-culièrement de la dysharmonie, dumensonge, du manque d’amour. L’al-cool est une tentative de se protégeren se mettant dans une bulle.4. Les souffrances négligées. Toutesouffrance que l’on garde en soi sanstenter de la dépasser va finir par semanifester soit au niveau du corpspar une maladie, soit au niveau d’uncomportement comme celui deboire, soit par de la dépression. D’oùl’intérêt d’apprendre aux jeunes àexprimer leurs sentiments et à cher-cher de vraies solutions à leurs mauxplutôt que de les étouffer dans leurcœur en les bâillonnant avec un produit tel que l’alcool.5. La perte d’une espérance. Si la per-sonne perd la foi en un futur qui luipermette d’épanouir ses possibilités,alors elle peut être tentée d’anesthé-sier son désespoir dans l’alcool.

L’érosion progressive d’un capital de liberté

Selon l’impact de ces paramètres, lebuveur grignote son capital de libertépar rapport à l’alcool. Il devientalcoolique quand il a totalementperdu ce capital.

Pour lui, et aussi pour son entou-rage, l’alcool devient un enfer. Lesystème nerveux s’est tellement bienhabitué à l’alcool qu’il a besoin d’unealcoolémie positive en permanence,sinon il disjoncte (épilepsie, deli-rium). Pour l’alcoolique, boire estune obligation. Même s’il est trèsvolontaire, il lui est presque aussiimpossible d’être abstinent que d’ar-rêter de respirer. Il n’a plus qu’uneseule préoccupation : commentboire suffisamment souvent pour nepas prendre le risque d’être enmanque ? Sa vie oscille entre deux

personnages : le gentil qui fait toutpour être aimé, et le pénible qui esttellement mal qu’il attaque sesproches et la terre entière.

Le buveur et son entourageIl y a trois aspects :1. L’entourage familial ou profession-nel déploie beaucoup d’énergie pouratténuer, voire cacher les conséquen-ces des alcoolisations d’une personneproche, qu’ils veulent aider et dont ilsveulent lui épargner des conséquen-ces fâcheuses. Par exemple, si lebuveur rentre ivre, le conjoint va toutnettoyer et le mettre au lit. Cequi fait que, le lendemain, lebuveur qui a oublié ce qui s’estpassé n’en a plus aucune trace.Au travail, ce peut être de pas-ser derrière pour corriger unoubli ou une erreur. Ces bon-nes actions pourraient aiderl’alcoolique en lui montrantqu’on l’aime bien, mais ellesont en fait pour conséquencede l’isoler d’avantage de la réa-lité et des conséquences de sonaddiction. Ce qui fait qu’il devra allerencore plus loin pour avoir la convic-tion d’être dans une impasse et avoirl’énergie de s’en sortir. Le systèmefamilial ou professionnel va suppor-ter pendant des années une vie deplus en plus difficile en cherchant unéquilibre avec le buveur jusqu’à cequ’un jour le buveur soit jeté avecperte et fracas tellement l’entouragen’en peut plus.2. Cet entourage qui n’en peut plusn’a cessé de faire pression sur lebuveur pour qu’il arrête l’alcool, etmême si le buveur fait la sourdeoreille pendant longtemps, de guerrelasse il finit par obtempérer : il va voirle médecin pour faire une cure. Maiss‘il le fait juste pour calmer le jeu,sans conviction, cette cure ne sert àrien et, à la prochaine difficulté, il

reboira en ayant encore plus le senti-ment qu’il est nul.3. En fait, la conduite addictive n’estpas que le reflet de la souffrance dubuveur, elle est aussi celui de la souf-france de toute une famille. Alors,chaque membre de la famille croitque tout son malheur vient dubuveur. En réalité, nous avons tousune histoire traumatique qui nous faitsouffrir et, pour aller mieux, nous nepouvons nous occuper que de lanôtre, sans pouvoir changer les autres.L’expérience montre que si, au lieu defaire pression sur le buveur, un ou

plusieurs membres de la famille déci-dent de s’occuper de leurs propressouffrances et d’aller vers une bonnevie, c’est la meilleure aide qu’ils puis-sent apporter à celui qui est dépen-dant, car alors il est devant le fait qu’iln’y a que lui qui peut sauver sa peau.

La spirale des pertesPendant des années, rien n’apparaîtau grand jour : le corps semble biensupporter l’intoxication, et l’entou-rage tant familial que professionnelessaie de rattraper les dégâts au furet à mesure pour éviter une catas-trophe. Sauf que l’alcoolique ajouteà la dose dont son corps a besoinune dose en plus pour noyer sonimpuissance, sa honte et son déses-poir. Puis, inexorablement, appa-raissent des fautes professionnelles,

Savoir

La Revue de la MTRL � septembre 2014 � numéro 83 15

des accidents, des problèmes avec lajustice, des crises de couple, la pertedes amis, le placement des enfantsou simplement leur mépris. Quandle travail et le conjoint disparais-sent, c’est toute l’insertion socialequi est mise en cause, avec le dangerde clochardisation. L’intoxicationfinit par provoquer l’atteinte dufoie, du pancréas, des jambes, desyeux, de la raison, de la vie…

Toucher le fondL’alcoolique emploie cette expres-sion pour dire qu’à un moment decette descente aux enfers une perteun peu plus insupportable déclen-che sa décision de tout faire pour en

sortir. Ce peuvent être les violentesdouleurs d’une pancréatite, la pertede la vue ou des jambes, la peur dela folie ou simplement la proximitéde la mort. Ce peut être aussi de neplus supporter de croiser le regardde son enfant…

Cependant, le mystère demeure surcette force qui lui permet d’inverser laspirale. Instinct de survie, certes, maisaussi instinct de sur vie marquant leretour d’une espérance.

S’il n’a pas sombré, il peut vivreune belle aventure. Même si la dégra-dation de sa santé est installée, lamarge de réversibilité est étonnante etpeut lui permettre de construire unevie meilleure que la précédente.

La décision de la libertéLa décision de sortir de l’alcoolimplique de faire le deuil d’un mondepour en découvrir un meilleur. L’al-coolique va perdre sa bouteille, quiest sa compagne d’infortune et sonrefuge. Il va perdre l’image de nullitéqu’il s’est forgée et ses copains demédiocrité. Il va devoir renoncer àêtre la victime qui monopolise toutesles inquiétudes et qui pollue la vie del’entourage autant que la sienne. Il varenoncer à la dépendance affective, àla passivité, à vouloir tout, tout desuite. Il va renoncer à la non-vie. Il vapasser d’avachi à debout.

Il sait ce qu’il va perdre, mais il a dumal à imaginer ce qu’il va gagner : le

plaisir du corps et de l’énergieretrouvée, des relations authen-tiques et chaleureuses, des fêtessans sombrer, la fierté de sedépasser, une vie responsablequi se construit, des rêves quideviennent possibles. Il accé-dera aussi à la possibilité d’aiderceux qui n’ont pas encore fait laroute. Dans sa nouvelle vie, il vafalloir qu’il cherche à obtenirsans l’alcool les effets de la lunede miel avec l’alcool.

Il a besoin qu’on lui dise :« Dans votre cas précis, j’ai vudes personnes dont la vie s’esttransformée. »

Tant que la décision n’estprise que pour calmer le jeusous la pression de l’entourage,le résultat s’effondrera à la pro-chaine anicroche. Seule unedécision pour sauver sa vie aurasuffisamment de force.

Mais décider de renoncer àsa dépendance ne veut pas diredétester celui qui a bu : aucontraire, il va falloir com-prendre et aimer l’alcoolique.Pourquoi n’a-t-il pas pu faireautrement ?

Décider, c’est aussi reconnaî-tre son impuissance par rap-port à l’alcool et demander del’aide. Vouloir s’en sortir seulest encore une illusion, car il ya deux niveaux de dépendanceà dépasser.

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La Revue de la MTRL � septembre 2014 � numéro 83

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75

1.

Sortir de la dépendance du corps

Nous avons vu que le corps de l’al-coolique réclame une alcoolémiepositive en permanence. Cette assué-tude est tenace mais, au bout de 3 ou4 jours sans alcool, le système ner-veux se calme et cesse de réclamer sadose. Le problème, dans la dépen-dance physique, est donc de passer cecap car, dès les premières heures sansla dose d’alcool nécessaire, il apparaîtdes tremblements, des sueurs, desangoisses qui peuvent évoluer en deli-rium tremens, avec un risque vital.Or ces symptômes sont amplifiés parle stress, la peur, le sentiment d’insé-curité, la douleur physique ou unemaladie, par exemple.

Le sevrage doit donc se faire soussurveillance médicale, dans un climatde sécurité, de calme, de respect,d’accueil et d’écoute de la personne.Des médicaments doivent être pres-crits pour calmer le système nerveuxpendant une brève durée, mais plusles conditions d’accueil sont bonnes,moins il y a besoin de doses impor-tantes car, en fin de compte, l’espritest plus fort que le corps.

Ainsi, très rapidement, l’état de lapersonne s’améliore. Cependant, lapartie ne fait que commencer. En effet,l’usine chimique de la dépendance aété mise en veilleuse par l’absence de lamolécule alcool, mais elle est toujoursprête à redémarrer en cas de réalcooli-sation, même si c’est vingt ans après.Le corps ne perd pas la mémoire.

C’est ce qui est difficile à accepterpour l’alcoolique, car il rêve de pouvoirà nouveau décider de boire ou de nepas boire. Tant qu’il ne l’a pas vérifiélui-même, il ne croit pas vraiment celuiqui affirme que cette liberté est défini-tivement perdue. Il demande un médi-cament pour se donner le change, caren réalité le deuil de l’alcool n’est pasfait. Or ce deuil le délivrerait.

Ce besoin de faire ses propres expé-riences est à l’origine de bien des réal-coolisations, précoces ou tardives. Cene sont pas des échecs, mais une occa-sion de renforcer sa détermination enen tirant un enseignement. C’est uneinvitation à vivre plus consciemment.

Sortir de la dépendance de l’esprit

Il s’agit d’un combat au long cours,mais les bénéfices s’en font sentir dèsle départ.

La méthode C.R.A.V.E. résume ladémarche

1. Comprendre qu’être alcoolique n’arien de déshonorant, l’alcool étant sibanalisé qu’il est très facile de se fairepiéger. Comprendre qu’à un momentdonné l’alcool a été une stratégiepour gérer une souffrance de soli-tude, de séparation, un besoin dereconnaissance, de protection, d’har-monie. Comprendre ce besoin dansle précis de son histoire. Comprendreque l’alcool peut être un désespoird’amour mais aussi un désespoir devérité. Comprendre que la culpabilitén’est pas bonne conseillère alors quereprendre la responsabilité de ce quinous arrive est le seul moyen de sau-ver sa vie. Comprendre que la viepeut toujours redémarrer même dansla pire des extrémités.2. Réconciliation avec soi-même.Alcoolique ou non, nous ne pouvonsaccéder à une vie meilleure que sinous tentons d’aimer nos travers.Cela passe par une compréhension denous-même et de notre histoire. C’estainsi que le buveur devra un jourpouvoir dire : « Oui, je suis passé parcet enfer, mais ça m’a permis d’accé-der à une vie que je n’aurais pas oséespérer. » C’est depuis cette tentativede réconciliation avec lui-même qu’ilva avoir l’énergie de la démarche.Cependant, au départ, il se déteste.Ce sont les yeux et les mots d’amourde celui qui l’accompagne qui vontlui donner le goût d’aller chercher enlui cet amour.3. Atteindre sans alcool ce qui étaitrecherché dans l’alcool. Vivre sansalcool ne peut être se résigner à une

vie terne. Celui qui veut arrêter doitse poser la question de ce qu’il recher-chait au départ dans le fait de boire etdans la façon de boire : vivre l’ivresse,tromper l’ennui, supporter un travailharassant, anesthésier la douleurd’avoir perdu l’être aimé, se donnerdu courage, se défouler, faire la fête,passer un moment d’intimité chaleu-reuse avec soi-même ou avec l’autre,se faire une bulle protectrice, etc.Alors, ça va être le programme pourque son abstinence soit heureuse.4. Vivre ses envies. Pendant desannées, l’alcool est devenu le seul but.L’envie de départ est devenue une en-mort. L’alcool a stérilisé le terrain fer-tile des envies, si nécessaires à notreépanouissement. Car d’envie en envienous allons vers le meilleur de nous-même. Après un sevrage, il faut dutemps pour que ce monde germe ànouveau. La personne doit chaquejour se poser la question : qu’est-cequi va me rendre vivant aujourd’hui,maintenant ? Comment je peux oseraller vers quelque chose qui me faitenvie ? Ne pas trahir ses envies per-met de dégonfler le pouvoir de l’al-cool qui, sinon, tente de se manifes-ter par des envies intenses de boire,appelées craving.5. Entraide. Pour que l’abstinencesoit tout à fait heureuse, l’ancienbuveur a souvent besoin de transmet-tre à d’autres la route fabuleuse parlaquelle il est passé. Cependant, biendes égarements sont possibles si cetteaide se fait sans précaution et sans uncadre précis. C’est là l’intérêt desassociations d’anciens buveurs.

ConclusionBuveur ou non-buveur, la réconci-liation avec nous-même est la clé del’indépendance. �

Dr Pierre Radisson

17La Revue de la MTRL � septembre 2014 � numéro 83

A près de tellescondamnations(exposées dans la

1re partie de cet article –cf. numéro précédent), onserait en droit de penserque le BCG va être aban-donné. Mais il ne s’agitplus d’une querelle scientifique, carl’enjeu est désormais commercial etfinancier. La vente de millions dedoses de vaccins est un pactole trèsconvoité. La contestation continue,les réticences se manifestent, mais lesdisciples de feu Albert Calmette sontpassés maîtres dans ce que MarcelFerru appelle « le rejet superbe de lacritique » et « l’élimination matériellede la contestation ».

Durant ces années qui précèdent laSeconde Guerre mondiale, les bécé-gistes s’efforcent toujours d’imposerleur vaccin aux Français. Les annéesde guerre vont naturellement ralentirleur action, mais celle-ci reprendra deplus belle dès 1945. Cette fois, lesindustriels du vaccin sont décidés àobtenir des pouvoirs publics que leBCG devienne obligatoire. Ils crai-gnent en effet que la contestation etl’abstention ne se développent.N’ont-ils pas entendu un ancien pré-sident de l’Académie de médecine, ledocteur Rist, déclarer, le 22 mai1945, au sujet de la vaccination BCGchez les externes des hôpitaux deParis : « Il est paradoxal de constaterque presque tous ceux qui refusent laprémunition sont fils de médecins. »Paradoxal ? En fait, il s’agit d’un dés-aveu absolu, bien que malheureuse-ment semi-clandestin, de l’immensemajorité du corps médical. Mieuxencore, en avril 1948, Marcel Ferru,préparant ses articles pour leConcours médical, demande à sonami Martinet, médecin de dispen-

saire à Sallanches, de luiconfirmer les informa-tions qu’il avait recueillieslors d’une conférence faiteau personnel auxiliaire deHaute-Savoie. Et Marti-net lui répond : « Il estbien exact que j’ai fait l’an

dernier une conférence aux assistantessociales du département, au nombre de60 à 70 environ. J’avais pour missionde leur présenter objectivement ce qu’estle BCG, comment on l’administre et cequ’il faut en attendre. Ayant terminé,j’ai demandé à celles qui, désormais, leconseilleraient fortement dans lesfamilles, de lever le bras : le pourcen-tage a été de 5 % et, comme je deman-dais les raisons pour lesquelles elles ne leconseilleraient pas, elles m’ont réponduqu’elles avaient été témoins d’accidentsou plutôt de troubles variés. »

Des parlementaires sous influence…

La discussion du projet de loi par l’As-semblée nationale a lieu durant lespremiers mois de 1949. Il sera enté-riné le 8 avril, au moment des vacan-ces de Pâques, avec dix-sept députésseulement présents dans l’hémicycle.Il vise à rendre la vaccination par leBCG obligatoire pour tous les enfantsen bas âge et pour les moins de trenteans qui présenteront une épreuvetuberculinique négative. Toutefois, leprojet doit encore être soumis auSénat (qui se nomme à l’époque le« Conseil de la République »).

Pour commencer, les sénateurs veu-lent qu’une enquête soit menée pourconnaître l’opinion réelle du corpsmédical sur la question du BCG. LeJournal officiel du 13 juillet 1949publie le compte rendu in extenso dela 57e séance du Conseil de la Répu-blique. Le docteur Bernard Lafay

(rapporteur de la Commission de lasanté publique) dresse un tableauapocalyptique de la menace de tuber-culose sur le peuple français et cite àl’appui de ses dires des taux de morta-lité dont on ne trouvera nulle part laréférence, mais qui ont de quoi fairedresser les cheveux sur la tête. Lafayne va-t-il pas jusqu’à affirmer : « Surseize Français qui naîtront demain,trois auront la tuberculose et, sur cestrois Français, un mourra ! » Prétendreen 1949 que plus du cinquième desFrançais à naître allait contracter latuberculose et que le tiers de ces mala-des allait mourir, cela revenait àannoncer pour les générations futu-res, compte tenu de la population del’époque (41 millions) et de la prévi-sion démographique pour les années70 (50 millions) environ 3 millions etdemi de morts de tuberculose enFrance avant le dernier quart du siè-cle. Que de telles énormités puissentêtre proférées à la tribune du Sénatsans susciter de réactions, alors que denombreux sénateurs sont des méde-cins, voilà qui laisse songeur…

…mais aussi de courageux réfractaires

Après ce discours péremptoire dusénateur Lafay, le président duConseil de la République ouvre ladiscussion devant un auditoire de240 sénateurs. Plusieurs orateursinterviennent, et la nomenclature desobjections formulées ou des amende-ments proposés occupera 24 colon-nes du Journal officiel. Les interven-tions les plus remarquables seront cel-les du sénateur Rochereau et du séna-teur Marcilhacy (futur candidat à laprésidence de la République, en1965). Rochereau déclare qu’il luisemble « anormal et ahurissant » quel’on veuille contaminer des organis-

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L’incroyable histoire du BCGIIE PARTIE

LA BATAILLE POLITIQUE AUTOUR DU BCG

cette affaire. Il soulève lui aussi laquestion de la liberté individuellemenacée et s’efforce à son tour d’ou-vrir les yeux de ses collègues sur l’om-bre du totalitarisme qui se profilederrière ce projet aberrant : « ...C’estau moment où le corps médical estdivisé que vous voulez nous faire voterla vaccination obligatoire avec sanctionpénale ! Mais quelles responsabilitésprenez-vous ! (...) Au nom de quoiallez-vous imposer de faire vacciner nosenfants ? Vous nous répondez : au nomde la protection des autres. Jusqu’oùallez-vous aller avec ce système ? Laliberté de la personne humaine est enjeu ! » La discussion se poursuit enséance de nuit. Le projet est finale-ment adopté par 218 voix contre 22.Quoi qu’il en soit, notons à titre deconsolation qu’à partir du momentoù fut adoptée la loi scélérate lesFrançais entrèrent en résistance et lacontrainte fut un échec. Les refus dela vaccination se multiplièrent, aupoint que les dérobades atteignirent50 % chez les étudiants et 70 % chezles élèves des écoles élémentaires. LaPresse médicale du 15 décembre 1962rapportait que le nombre des vaccinésn’avait cessé de baisser depuis la pro-mulgation de la loi, au point de tom-ber de 80 à 35 % dans un dispensairede la région parisienne.

Moins de tuberculeux dansles pays qui refusent le BCG

Le 24 novembre 1967, au Cercled’études pédiatriques, le Pr Mandedéclare : « Les Hollandais ne se serventpas du BCG depuis 1940 et sont arri-vés à un taux de mortalité de 1,8 enperfectionnant le dépistage et le traite-ment correct de ceux-ci, contre 14 enFrance. A 13 ans, l’index tuberculini-que est de 2 % dans les écoles de Hol-lande, alors qu’en France il est de 15 et25 % selon les régions. Ce résultat estlamentable… » On doit égalementciter ce passage pour le moins inquié-tant d’un article du Dr J. Stéphaniparu en 1950 : « La bécégite est ensomme une tuberculose qui atteint l’ap-pareil lymphatique dans son ensembleet à un degré que l’on commence àpeine à soupçonner. (...) La bécégite est

une réalité. Ce bacille vivant envahitl’appareil lymphatique et s’y installeexactement suivant les habitudes de sonancêtre. Et personne ne peut nousdécrire aujourd’hui comment il évo-luera au cours des décennies à venir…Il faut que les médecins non spécialisésse le disent et qu’on le leur redise : cen’est pas un vaccin qu’ils manient, cen’est pas une vaccination qu’ils font. Ilscréent de propos délibéré une primo-infection chez un sujet vierge, autre-ment dit le début d’une maladie dontils ne connaissent qu’imparfaitementl’évolution (…) Cette micropathologiede la bécégite est encore inconnue. Etc’est pourtant là le point crucial, quiaurait dû être élucidé avant d’oser vac-ciner un seul être humain… »

Ceux qui s’interrogent aujourd’huisur les maladies auto-immunes,comme par exemple la sclérose enplaques, feraient bien d’examiner lesantécédents vaccinaux des malades etferaient peut-être de terrifiantesdécouvertes. En 1997, l’OMS attri-buait l’échec de la lutte mondialecontre la tuberculose à plusieurs rai-sons et notamment à une « confianceexagérée dans le BCG ». En France,l’obligation de vaccination par leBCG chez l’enfant et l’adolescent aété suspendue officiellement au coursde l’été 2007 (décret n° 2007-1111du 17 juillet 2007), au profit d’unerecommandation de vaccinationd’une population plus ciblée ; et per-sonne ne s’est étonné qu’on effaceune loi par un simple décret ! Le5 mars 2010, le Haut Conseil de lasanté publique (HCSP) a recom-mandé la levée de l’obligation de vac-cination par le BCG pour les profes-sionnels et étudiants des carrièressanitaires et sociales. Ainsi, il aurafallu 60 années à la République fran-çaise pour jeter enfin aux orties laplus invraisemblable escroqueriesanitaire de notre histoire ! Mais troisgénérations de Français portent dansleur corps un invisible ennemi… Al’exception des personnes qui sontentrées en résistance passive et ontsoustrait leurs enfants au vaccin. �

Pierre Lance

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Les prédictionsapocalyptiques du bon

docteur Lafay – dont lalongue carrière politique

n’a pas dû lui laisserbeaucoup de temps pours’intéresser sérieusement

à la médecine !

mes en bonne santé en leur inoculantun microbe bien vivant, fût-il atté-nué, sous « le prétexte moliéresquequ’un jour ceux-ci peuvent se trouveren contact avec la maladie ». On nesaurait trop louer la lucidité deM. Rochereau, qui résume ainsi enune phrase la folie absolue desapprentis sorciers de la vaccination, etque regretter que ce seul argumentn’ait pas semblé décisif au Sénat toutentier. Et le sénateur Rochereau vaterminer sur des remarques capitalesconcernant la liberté individuelle.Cette déclaration d’une extrêmeimportance mériterait, à notre avis,de figurer dans une anthologie desdéfinitions fondamentales de ladémocratie : « Le projet qu’on vousdemande de voter fait de l’individu unêtre sans personnalité, condamné àsubir, ainsi que ses enfants, les inter-ventions sans mesure qu’un Etat sansdiscrétion inflige de plus en plus à sesadministrés. Je ne m’attaque pas auBCG, pour la raison que je ne puisl’apprécier. Ce que j’attaque, c’est l’obli-gation généralisée que vous faites à tousles enfants d’être vaccinés par le BCG.L’obligation de faire vacciner au BCGtous les enfants des familles de Francecondamne définitivement une deslibertés essentielles de tout père defamille – seul responsable de ses enfants– : le choix de son médecin et le choixde sa médecine. C’est pour ou contrecette liberté absolue que vous avez àvous prononcer… » Et Henri Roche-reau conclut sur ce défi personneld’une rare audace : « Je suis père dequatre enfants. Je prends l’engagementformel du haut de la tribune du Parle-ment français de m’opposer par tous lesmoyens à l’application dans ma famillede la loi sur le BCG. »

Tout de même, il ne sera pas seul,et le sénateur Pierre Marcilhacy vientà la rescousse. Il déclare avoir inter-rogé plus de soixante médecins etavoir conclu de cette enquête que lecorps médical est très divisé dans

C ette maladie infectieuse, appelée borréliose ou mala-die des tiques, est due à des bactéries de la famille desspirochètes, transmises par des insectes hématopha-

ges (tiques). La plus répandue est Borrelia burgdorferi, maisil existe un large éventail de la famille des borrélies.

Elle a été décrite pour la première fois en 1894 par leDr Pick-Herxheimer. En 1972 apparurent les premiers casd’arthrite sous forme d’épidémie simulant des poussées depolyarthrite rhumatoïde chez des sujets jeunes habitantLyme, une petite commune du Connecticut, aux Etats-Unis,qui donna son nom à la maladie.

FréquenceL’Institut Pasteur évalue entre 12 000 à 15 000 le nombrede nouveaux cas par an. Mais, dès lors que cette maladie nefait pas partie des maladies à « déclaration obligatoire », ilest facile pour les pouvoirs publics d’en minimiser l’inci-dence. Pour les associations comme « Lyme sans frontières »,ce chiffre est très en deçà de la réalité, faute de tests diagnos-tiques fiables, de formation des médecins et d’informationdu public.

C’est ainsi qu’en Allemagne on recenserait 60 000 à100 000 nouveaux cas par an. Selon le Dr Petra Hopf-Seidel,près de 800 000 Allemands seraient infectés.

Il faut reconnaître que le diagnostic clinique et biologique dela maladie est difficile à réaliser tant les symptômes sont multi-ples et variés. Les patients souffrent d’une myriade de troublesinflammatoires, neurologiques, musculaires, cutanés, articulai-res qui laissent les médecins démunis et parfois sceptiques.

Le point le plus crucial dans le fait que cette maladie soitsous-diagnostiquée est que les tests de dépistage (commercia-lisés par le laboratoire Mérieux) sont inadaptés au dépistagedes bactéries borrélies européennes et occultent ainsi jusqu’à70 % des porteurs infectés. C’est ainsi que de nombreusespersonnes sont infectées et ignorent que des bactéries redou-tables contaminent leur organisme. C’est le cas de 20 %d’Alsaciens qui ont développé des anticorps, attestant d’unecontamination.

Agents infectieuxCes bactéries sont des micro-organismes à corps grêle et spi-ralé, mobile grâce à des mouvements en vrille. Elles présententun grand nombre d’espèces ou sous-espèces : Borrelia burgdor-feri stricto sensu, Borrelia garinii, Borrelia afzelii, Borreliabavariensis, Borrelia spielmanii, Borrelia bissettii, Borrelia lusi-taniae, Borrelia valaisiana et beaucoup d’autres inconnues.

Il semblerait que la maladie de Lyme ait accompagnél’homme depuis des milliers d’années, voire des temps

immémoriaux (Otzi retrouvé dans un glacier aurait étécontaminé par la bactérie Borrélie).

Cette maladie a envahi toute la planète. On l’a recensée surtous les continents, y compris l’Antarctique. Toute l’Europeest aujourd’hui concernée. B. afzelii est plus répandue dansle nord de l’Europe, B. burgdorferi s.s. en Europe occiden-tale, B. lusitaniae dans le bassin méditerranéen. La B. spiel-manii s’est répandue en Allemagne, en France, aux Pays-Bas,en Slovénie, Hongrie, Ukraine et d’autres Etats, alors que laB. valazisiana sévit au Royaume-Uni ainsi que dans de nom-breux autres pays européens.

Les patients sont souvent co-infectés par d’autres bactéries,parasites et virus. C’est, entre autres, une explication de l’inef-ficacité des traitements. Les co-infections les plus courantesrecèlent des micro-organismes tels que Bartonella (maladie dela griffe du chat), mycoplasmes, chlamydiae, des infections à rickettsie ou des organismes parasitaires tels que babesia. Si ces co-infections ne sont pas correctement diagnostiquées et traitées, les patients restent malades de manière chronique.

Les vecteursLes tiques sont de petits insectes hématophages de la familledes araignées qui vivent du sang des animaux. Quand latique est porteuse d’une bactérie, elle peut la transmettre enpiquant l’animal ou l’homme.

Aujourd’hui, on a pris conscience que la tique, principaleporteuse des bactéries, n’est pas la seule. D’autres insecteshématophages sont également vecteurs de contamination :araignées, moustiques, poux, puces, taons, aoûtats et autresinsectes piqueurs. Ainsi, c’est potentiellement une grandepartie de la population qui peut être en contact avec l’uneou l’autre des espèces de borrélies. Même si les symptômesn’apparaissent pas systématiquement, ils peuvent se mani-fester des années et même plusieurs décennies après unepiqûre infectante.

En Europe, 10 à 40 % des tiques sont porteuses de bacté-ries. Toutefois, la contamination varie fortement d’unerégion à l’autre.

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La maladie de Lyme :un casse-tête !

Pour se développer, la tique, qui passe par 3 stades (larve,nymphe, adulte), doit « vampiriser » un hôte en effectuantun « repas sanguin ». Les nymphes, qui se tapissent dans lesherbes et les litières de feuilles, se nourrissent principale-ment du sang de petits animaux tels les écureuils, leslézards, les lapins, les souris, les oiseaux migrateurs et lesongulés (cervidés et suidés). Un cerf peut héberger200 tiques. Elles peuvent monter à l’assaut des chiensallongés dans les feuilles. Ce qui explique que les chasseurs,les forestiers et les promeneurs en forêt en sont les plusatteints. La présence d’un animal domestique (chat) à lamaison augmenterait le risque de positivité de 30 %.

La transmission peut être surprenante. On retrouve cesbactéries dans les steaks qui échappent à la cuisson. Par ail-leurs, elles peuvent se transmettre de mère à enfant lors del’accouchement.

De nombreuses borrélies peuvent rester enkystées dans lescellules sanguines sans que l’on puisse les détecter. C’est souscette forme qu’elles peuvent être transfusées chez une per-sonne non porteuse et resurgir bien plus tard quand lesconditions deviennent favorables à leur développement. Desétudes sur la souris l’ont confirmé. Va-t-on ainsi vers un nou-veau scandale du sang ?

Signes et symptômesL’incubation dure en général 1 à 2 semaines mais peuts’étendre sur 1 mois.

Quelques jours après la morsure de tique, une rougeurpeut apparaître sur la peau, de la forme d’un anneau. Onappelle cette rougeur un érythèmemigrant (EM). Sans traitement,l’EM persiste quelques semaines àquelques mois puis disparaît. A cestade, les antibiotiques sont effica-ces mais deviendraient inactifs parla suite du fait de la présence devirus et autres parasites.

L’évolution se fait en trois stadesde manière un peu schématique :� Stade primaire : zone de rougeurcentrée sur le point de piqûre, quis’étend sur les bords (érythème chro-nique migrant), accompagnée d’unsymptôme de type grippal avec malde gorge, fatigue, fièvre, douleursmusculaires et articulaires, nuqueraide et douloureuse mais sans signesrespiratoires typiques de la grippe.� Stade secondaire : survenue, quelques semaines à quelquesmois après la piqûre, de troubles neurologiques (hypersensi-bilité à la lumière et aux sons, acouphènes, vertiges, ménin-gite, paralysie des nerfs crâniens, insomnie, myélite,encéphalite), douleurs articulaires et musculaires migrantes,troubles cardiaques (péricardite, arythmie).� Stade tertiaire : apparition, quelques mois ou quelquesannées plus tard, de pertes de mémoire et de concentration,

perte de sensibilité, sensation d’engourdissement, d’atteintesdes articulations, de la peau (maladie de Pick-Herxheimer,lymphocytome cutané bénin, acrodermatite atrophiantechronique) qui apparaissent surtout sur les membres. Ellesseraient dues à la Borrelia afzelii.

La Borrelia burgdorferi peut survivre 6 semaines dans dusang humain destiné à la transfusion. Il serait conseillé de lesdétecter lors des dons de sang.

Les signes particuliers sont attribués à telle ou telle bor-rélie. Ainsi, ils peuvent survenir plus fréquemment dansles pays où ces bactéries sont plus fréquentes.

Les douleurs articulaires dues à B. burgdorferi sont plus fré-quentes dans les pays européens. Ce sont des douleurs inter-mittentes avec ou sans gonflement. La gonalgie est fréquente.

Les complications neurologiques sont dues plus particuliè-rement à B. garinii.

Les formes tardives peuvent être redoutables.

Diagnostic différentielIl consiste à passer en revue l’ensemble des diagnostics pos-sibles qui peuvent égarer le médecin.

La maladie de Lyme est une grande simulatrice. La borré-lie joue à cache-cache. Elle peut imiter n’importe quellemaladie comme naguère la syphilis, une autre maladie à spirochète qui évoluait aussi en 3 stades.

Cette maladie vectorielle se développe de manière endé-mique à travers le monde. Elle simule n’importe quelprocessus de maladie connue en médecine et les tests dedétection sont aléatoires.

Les médecins passent à côté decette maladie et se retrouventdans une situation problémati-que. A leur décharge, il fautreconnaître qu’elle imite la poly-arthrite rhumatoïde, la scléroseen plaques, la mononucléose, lafibromyalgie, les maladies neuro-dégénératives. Elle s’accompagnede fatigue chronique, de troublesde la mémoire, de dépression,d’hallucinations, de douleursthoraciques.

Tous ces patients vivent unvéritable calvaire car à leurs dou-leurs s’ajoute l’incompréhensiondu corps médical qui finit parmettre en doute leur équilibrepsychique lequel par ailleurs peut

être perturbé par l’infection. Les patients sont condamnésà pratiquer le « nomadisme médical », passant ainsi demédecin en médecin, à la recherche d’une réponse à leursmaux, allant jusqu’à consulter une dizaine de spécialistessans jamais trouver la cause de leur maladie. Sans oublierque la maladie de Lyme qui, en simulant toutes les mala-dies connues en médecine, coûte des milliards d’euros auxsystèmes de santé.

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Incidence de la borréliose de Lyme en France (pour 100 000 habitants)

Incidence51 - 9021 - 5011 - 201 - 100

Source : d’après Letrillart et al., 2005Enquête 1999-2000

Examens sérologiquesEn premier lieu, on recherche les anticorps dirigés contreles bactéries, d’abord par la technique immuno-enzymati-que (Elisa). Si ce test quantitatif est positif, on procède àune recherche par immuno-empreinte (Western Blot ouWB). Il isole dans le sang des protéines issues de la bacté-rie, permettant de préciser quelle souche est en cause et ledegré d’infection.

Ces tests sont peu fiables, plus de la moitié des tests Elisarestent négatifs en dépit de la présence infectieuse, du fait dela variabilité et du grand nombre de sous-espèces de Borrelia.

Aux Etats-Unis, on a démontré que le test Elisa détectaitune quantité d’anticorps chez à peine 75 % des patients. Iln’est pas assez sensible, son seuil est trop élevé. Par ailleurs,il a été calibré pour la détection des borrélies de la côte estdes Etats-Unis ; celui de Western Blot n’est pas plus perfor-mant, dû à la présence d’une centaine de types de maladiede Lyme aux Etats-Unis et plus de 300 dans le monde. Enoutre, la plupart des Western Blot ne testent qu’un type à lafois ; et ils peuvent donner des faux positifs, en particulierlorsqu’il y a une maladie auto-immune ou des infectionsaiguës autres que Lyme.

Mais la recherche avance. On met au point d’autrestests, en particulier le PCR (Polymerase Chain Reaction),un test moléculaire très sensible pour les infections euro-péennes. On peut rechercher la présence de l’ADN de labactérie, par PCR, dans des biopsies réalisées sur l’éry-thème migrant ou dans du liquide synovial. Dans ces cas,la recherche par PCR est utile car, en présence de borré-lies, 70 à 90 % des biopsies seront positives. On peut aussirechercher l’ARN, qui joue un rôle de messager pour laréplication des bactéries.

Les anticorpsL’interprétation des examens indirects est aléatoire sans lesecours des signes cliniques.

Ainsi, après la morsure d’une tique et la confirmationd’une contamination, les tests deviennent inutiles dès lorsque la sérologie est le plus souvent négative, ou alors elle vatémoigner d’un contact ancien avec une bactérie. Les anti-corps IgM apparaissent 4 à 6 semaines après, suivis des IgG,2 à 3 semaines plus tard. Ces anticorps doivent être confir-més par le Western Blot.

Il serait intéressant de vérifier le diagnostic de la maladieauto-immune en analysant les gènes HLA qui matérialisentle terrain auto-immun et la présence des auto-anticorps,lesquels sont initialement des IgM ensuite des IgG (carac-

téristique des intolé-rances alimentaires),avec une spécificitéprécise et une forteaffinité pour les auto-antigènes.

MALADIE DE LYME : UNE MALADIE AUTO-IMMUNE !L’accumulation dans les milieux biologiques d’une subs-tance reconnue comme étrangère à ceux-ci et de façon défi-nitive, ou qui se présente à trop fortes doses, se comportecomme un super-antigène et finira par générer une maladieauto-immune.

La liste de ces antigènes est illimitée :� Remèdes chimiques pris au long cours (statines, IPP,biphosphonate, pilule, traitement hormonal substitutif ), into-lérances alimentaires (caséines du lait, gluten, soja), pesticides,parasites (paludisme), additifs alimentaires, aspartame…� Virus : cytomégalovirus, Epstein-Barr (mononucléose),virus de l’hépatite B…� Bactéries : outre les borrélies, les Chlamydiae pneumoniaeet C. trachomatis…

Dans cette litanie d’agents agresseurs, les borrélies s’avèrentde redoutables bactéries. Elles disposent d’un camouflageexceptionnel. Elles peuvent se démultiplier, se diviser, s’en-kyster. Elles disposent d’un génome particulier qui leurpermet de s’adapter en permanence en élaborant des protéi-nes de surface qui s’accolent aux protéines des organismes outissus voisins. Cette activité proliférante stimule le systèmeimmunitaire, qui réagit en élaborant des anticorps contre cesprotéines de surface, lesquels vont donner lieu à des auto-anticorps au sein de divers organes (sclérose en plaques,maladie de Charcot, diabète, polyarthrite rhumatoïde, spon-dyl-arthrite ankylosante, thyroïdite d’Hashimoto…). Ainsi,à ce mécanisme si complexe représenté par le jeu diaboliquede ces micro-organismes, il faut ajouter d’autres germesinfectieux qui accompagnent la maladie de Lyme.

Pour nous protéger contre tout antigène, notre orga-nisme dispose de cinq filtres ou cinq barrières sollicitéesselon l’importance de l’agression antigénique.

NeuroborrélioseLes signes neurologiques apparaissent chez 15 % des patientsinfectés environ. Ils peuvent être déclenchés par la plupart desborrélies, mais on observe plus souvent une infection à B. garinii.

Les signes neurologiques les plus fréquents sont : ménin-gite, paralysie faciale, fourmillements, vascularite cérébrale,mais aussi et plus rarement myélites, chorée, encéphalite.

Après un long cheminement, les borrélies perturbent lesystème immunitaire et altèrent le fonctionnement dessynapses neuronales et la myélinisation des fibres nerveuses.

Ces bactéries sont équipées de flagelles composés d’uneprotéine appelée flagelline. Les lymphocytes B élaborent desanticorps anti-flagelline. Mais, dès lors que la myéline pré-sente la même structure chimique, ces anticorps s’attaquentà la myéline et modifient la communication neuronale.

Par ailleurs, les borrélies peuvent s’enkyster et franchirainsi la BHE. Au cœur des cellules nerveuses, elles se recons-tituent et altèrent les corps neuronaux.

Le traitement naturelConsidérant la complexité de la maladie de Lyme et de sesnombreuses problématiques, le traitement devra prendre en

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Conseils pour ôter le parasite : n’utili-sez jamais éther ou alcool, car la têteresterait dans la peau favorisant l’in-toxication. Il existe un petit appareiltrès simple et peu coûteux, le « crochetO’TOM », sorte de petit pied-de-bichequi permet d’éliminer la tique en entier(en pharmacie).

compte la cause, l’évolution, les troubles, les symptômes liésà l’activation du système immunitaire. Seule une médecine deterrain pourra venir à bout de cette pathologie si particulièreet déroutante.

Les remèdes chimiques au long cours sont déconseillés dèslors qu’ils sont antigéniques et rendent poreuse la muqueuseintestinale. On peut éventuellement recourir aux antibioti-ques au stade primaire de l’incubation, matérialisé par l’éry-thème migrant. Après ce stade, l’apparition d’autreséléments infectieux, notamment les virus, rend inopérantel’action des antibiotiques.

L’ensemble des symptômes est lié à l’activation du systèmeimmunitaire :� Dès lors que cette maladie est auto-immune (présenced’anticorps IgM et IgG, en attente d’antigène HLA), pren-dre un immuno-régulateur naturel. Un seul existe :Immuno-régul 1re semaine 3 fois 2 gélules loin des repas,puis 3 gélules (Labo Phyt’Inov).� Pour enrayer l’ensemble du contexte infectieux (borrélies,micro-organismes, virus, parasites), nous privilégions leshuiles essentielles à phénol et monoterpenols à prendre aumoins pendant 3 mois, si maladie au stade primaire, sinon 6à 12 mois (Thym à thujanol, thymol, origan, achillée mille-feuille, rhizome de curcuma de Java. A prendre en gélules).

Ces HE sont antivirales, anti-inflammatoires et anti-oxydantes.� Les pré- et probiotiques modulent le système immunitaireet colmatent l’inflammation, principal paramètre de la dysbiose. L’efficacité est dépendante des souches utilisées.Chaque gélule doit contenir au moins 10 milliards de bacté-ries pour s’opposer aux bactéries pathogènes. Orthoflore(1 gélule le matin) couplé à la propolis rouge (4 fois 2 gélules).� Booster les défenses immunitaires.

Dans un tel terrain dégradé par un ensemble d’assautsantigéniques, le système immunitaire s’épuise. Nous dispo-sons de micro-nutriments pour le renforcer :� Les béta-glucanes extraits de la levure du boulanger ou dechampignons (Maïtake, Shitake).� L’échinacée stimule la lignée blanche, les cytokines, leTNF alpha (tumor necrosis factor).� Les alkylglycérols contenus dans l’huile de foie de chimère.� Les vitamines B, cofacteurs enzymatiques.� Les oligo-éléments : fer, zinc, cuivre.

On retrouve ces ingrédients dans une formule : Stimu+(3 fois, 2 gélules).� Les systèmes enzymatiques sont très sollicités. Les enzymessont indispensables au déroulement de la quasi-totalité desréactions biochimiques. Enzy-20 recèle 20 enzymes. Prendre2 gélules avant les 2 repas.� Le foie est en première ligne quand il est confronté à unafflux de molécules chimiques étrangères. Sylidium contientdu chardon marie, du desmodium, du Chrysanthellum ame-ricanum et de l’huile essentielle de carotte cultivée. 1 géluleavant les 2 repas.� Les acides gras polyinsaturés de la famille oméga-3 (grainesde lin, huile de colza, huiles de poisson) ont des propriétés

anti-inflammatoires et assurent la bonne santé cardiovas-culaire et la régénération nerveuse (Lyprinol ou EPA-Krill2 fois 2 gélules)

Tous ces produits sont disponibles au labo Phyt’Inov.� Glycérophosphate de magnésium 200 mg + glycérophos-phate de calcium 300 mg pour 1 gélule N°120. Prendre2 fois 2 gélules, à réaliser en pharmacie.

Crise aiguëEffectuer 2 lavements à 48 heures d’intervalle avec :� Soit une infusion d’une cuillère à soupe de café arabica(bio de préférence) dans 3/4 de litre d’eau bouillantependant 5 minutes. Le café arabica contient de l’acidechloragénique.� Soit une infusion de 10 têtes de camomille dans 3/4 delitre d’eau bouillante pendant 10 minutes. Diluer ensuitedans 1,25 l d’eau froide afin d’amener le tout à 37 °C.� Vitamine C naturelle : Cynorrhodon vitamine C 2 à4 gélules (Labo Phyt’Inov).� Chlorure de magnésium : 1 sachet de 20 g dans 1 litred’eau boire, 1/2 verre 3 fois par jour.

Homéopathie� Remède de base : Borrelia 200 K (1 dose, 3 fois par jourpendant les poussées).� Remède de fond : Borrelia 200 K (2 doses par semainependant 1 mois).� Enchaîner par : Borrelia 1000 K (3 doses à 10 jours d’intervalle). Borrelia 104 K (3 doses à 10 jours d’intervalle)On peut se procurer les dilutions de Borrelia auprès de laPharmacie des Archers, à Epernay.

Prévention et éducationLes mesures de protection comportent le port de vêtementsrecouvrant (port de chaussures montantes, notamment),l’utilisation de répulsifs et examen attentif du corps au retourd’une promenade en forêt pour repérer et enlever les tiques(un détachement précoce, en utilisant par exemple unegoutte d’huile essentielle pour l’endormir, limite la probabi-lité de transmission de l’infection).

Ainsi, cette pathologie infectieuse qui s’apparente à uneépidémie mondiale représente un extraordinaire challengepour la médecine moderne. Il est temps de dénoncer un dénide cette infection bien identifiée, mais négligée par lespouvoirs publics et les universitaires. Un mur de silence s’estérigé, organisé par un contre-mouvement de l’industriepharmaceutique et des caisses d’assurance maladie (ceslobbies achètent des opinions à grand renfort d’argent). �

Dr Jean-Pierre Willemwww.docteurwillem.fr

[email protected]

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Pharmacie des Archers, 1 rue des Archers, BP 30, 51201 Epernay Cedex. Fax : 03 26 57 93 25Labo Phyt’Inov, Au Village 72,2904 Bressaucourt (Suisse). Tél. : 0080099007222.

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