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Nanotechnologies: questions de sécurité sanitaire
(Apocalypse nano ?)Pr William Dab, Chaire d’Hygiène et Sécurité, Cnam
Novembre 2009
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Objectifs
• Situer les enjeux de sécurité sanitaire
• Analyser les signaux d’évaluation des risques
• Discuter comment concilier innovation et protection de la santé dans un contexte de précaution
Contexte
• Irruption massive de modes de production innovant : pas une nouvelle technologie
• Un marketing puissant qui vante des bénéfices séduisants (santé, écologie…)
• Complexité et incertitudes• L’échec des OGM fait peser une menace
économique et politique
Toile de fond
• Une opinion méfiante : Tchernobyl, sang contaminé, hormone de croissance, vache folle, vaccin HB, amiante…
• Une faible culture du risque• Des systèmes institutionnels et professionnels
cloisonnés
Déjà une opposition radicale
Nano
• Une nouveauté ? Une révolution ? Un marketing de l’innovation ?
= Une rupture dans les relations sciences / techniques / société
Hypercomplexité, incertitudes multiples Invisibilité des produits et des risques Proximité, rapidité sciences / applications
Un défi d’évaluation des risques
3 domaines, mais une multitude de produits
• Nanomatériaux (matériaux nanostructurés)• Nanoélectronique (matériaux à fonctionnement
biologique)• Nanobiotechnologie C’est un ensemble de technologies au service de
toutes les industries = nano partoutCe qui est invisible et envahissant crée de la
méfiance
Beaucoup de questions, peu de réponses
Quels bénéfices ? économique sanitaire et environnemental Quels risques ? comment mesurer pour contrôler ? santé propriété intellectuelle éthique : puissance de contrôle social (nano brother);
intervenir sur le vivant jusqu’où ?
Une incertitude radicale
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Questions de sécurité sanitaire
• Quelles raisons de penser que cela créé des dangers
• Qui est concerné?
• Quelles dispositions d’évaluation des risques et de veille sanitaire ?
• Quelles précautions ?
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Des motifs de préoccupation
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Des signaux d’alerte
• Imagerie• Études in vitro (modèles cellulaires)• Quelques études animales• Épidémiologie des PUF• Nano tubes C
Suffisamment d’arguments pour intégrer préoccupation de SS dans R & D
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Souci n°1 = nanoparticules
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Vigilance justifiée
Rapport sur la sécurité des nanomatériaux utilisés en cosmétologie:
« Les données expérimentales récentes sur les NP de TiO2 nécessitent une réévaluation de risque »
Approuvé par le SCCP le 10 Juin 2007 et mis en consultation publique
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Souci 2 : nanotubes C
Mise en suspension des
particules
agitation (mécanique, US)± dispersant
Évaluation des effets
• Viabilité cellulaire• Inflammation• Prolifération cellulaire• Lésions de l’ADN
• Lésions des tissus (fibrose, cancer, autres…)
Exposition
animaux
• Dépôt des particules- trachée- plèvre, péritoine
• Inhalation
Dépôt des NTC
cellules
Délai post-exposition
23 Octobre 2008 - Réunion Nanoforum – M.C. Jaurand -
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Comparaison avec l’amiante
• Mise en évidence d’effets partagés avec certaines substances inflammatoires, génotoxiques ou cancérogènes
• Effets comparables à ceux de l’amiante :1. Réponse inflammatoire ; activation en réponse à un
stress2. Effets différentiels des nanotubes selon leur longueur3. Production de lésions de l’ADN4. Formation d’aberrations chromosomiques5. Induction de mésothéliomes après exposition de
cellules mésothéliales
23 Octobre 2008 - Réunion Nanoforum – M.C. Jaurand -
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Quelle valeur ?• Quand le niveau de preuves devient-il suffisant ?• Distinguer artefact / effet biologique / effet
pathologique• Extrapolations nécessaires, mais quelle validité ?• Plus les méthodes sont rapides, moins elles sont
signifiantes et probantes• Schéma classique de relation dose-effet est
inopérant
Situation = faible ER individuel mais risque collectif important
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Recommandations
• Caractérisation physicochimique soigneuse• Importance des matériaux de référence• Nécessité de déterminer le devenir des
nanomatériaux dans les conditions réelles d’administration (modifications dans les milieux biologiques (agglutination, coating …)≪ ≫
• Définir la dose : masse, surface, nombre de particules
Enjeux
• Rester compétitifs au plan scientifique et industriel
• Répondre à la demande de protection
• Évaluer rationnellement risques et bénéfices avec un nombre important d’acteurs diffus
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L’ère de la précaution
Texte adopté le 28/02/05 par le Parlement réuni en Congrès et promulgué le 1/03/05 par le Président de la République
« Art. 1er. - Chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé.
« Art. 5. - Lorsque la réalisation d’un dommage, bien qu’incertaine en l’état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l’environnement, les autorités publiques veillent, par application du principe de précaution et dans leurs domaines d’attributions, à la mise en oeuvre de procédures d’évaluation des risques et à l’adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation du dommage.
Prototype d’une situation de précaution
Postures
Objectifs : confiance, cohérence, compétence1. Un développement suivi, anticipé; des difficultés
nouvelles, mais reconnues
2. Pas de dogmatisme, ouverture
3. Reconnaître l’incertitude, lui opposer la transparence
4. Le risque nul est indémontrable
5. Éviter les positions binaires
6. Admettre que le jeu à trois ne suffit plus à donner la légitimité de la décision publique
Questions structurantes
1. Qu’est-ce qu’un risque ?
2. Quelle doctrine de gestion ?Option radicale : interdiction, moratoire
Option libérale : étiquetage + libre choix
Option ultralibérale : wait & see
Version hygiéniste : veille + surveillance (travailleurs) + débat = processus itératif et progressif
Conclusion
1. Une gouvernance mondiale des risques et de l’incertitude à inventer
2. Une légitimité d’évaluation des risques et des bénéfices à construire
3. Une toxicologie prédictive à développer