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N° 23 – FÉVRIER 2011 PSYCHO LES ENJEUX DU MARIAGE p. 30 ÉDITION NATIONALE Imprimé sur du papier recyclé. Ne jetez pas ce magazine sur la voie publique : donnez-le. Merci ! ALERTE DU PORC DANS DES SAUCISSES « HALAL » p. 10 p. 12 DOSSIER SPÉCIAL : les musulmans de France sortent de leur silence ! 17 personnalités condamnent les attentats perpétrés au nom de l’islam. RAMZY p. 24 J’en ai marre qu’on salisse mon islam ! »

Salamnews N°23

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Dossier spécial : les musulmans de France sortent de leur silence ! 17 personnalités condamnent les attentats perpétrés au nom de l’islam.

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PSYCHOLeS enjeux du mariage p. 30

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Dossier spécial : les musulmans de France sortent de leur silence ! 17 personnalités condamnent les attentats perpétrés au nom de l’islam.

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SALAMNEWS N° 23 / FÉVRIER 2011

SOMMAIRE ÉDITONon-violence

Salamnews : 113-115, rue Danielle-Casanova – 93200 Saint-Denis – www.salamnews.fr Directeur commercial : Mourad Latrech – Publicité : 01 48 09 53 24 – [email protected] Rédaction : [email protected] – 01 70 24 39 46 Directeur de la rédaction : Mohammed Colin. Rédactrice en chef : Huê Trinh Nguyên. Journalistes : Mérième Alaoui, Hanan Ben Rhouma, Pauline Compan, Nabil Djellit, Antoine Dreyfus, Anne-Flore Gaspar-Lolliot, Faïza Ghozali, Nadia Hathroubi-Safsaf, Nadia Moulaï. Ont participé à ce numéro : Djamel Louergli, Requia Badr, Chams en Nour. Conception graphique : Pierre-André Magnier. Photo de couverture : © Baltel/SIPA. Chef de projet : Sandrine Mayen. Imprimé en France. Tirage : 110 000 exemplaires. Éditeur : Salamnews est édité par Saphir Média, SARL de presse au capital de 10 000 euros. Directeur de la publication : Mohammed Colin. N° ISSN : 1969-2838. Dépôt légal : février 2011.

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E n l’espace d’à peine quelques semai-nes, le monde arabe a subi un vent de soulèvement populaire sans

précédent. Ce vent au parfum de jasmin s’est levé en Tunisie. Son souffle a mis en fuite le dictateur Ben Ali. Ce vent de libé-ration ne s’est pas arrêté en chemin. Il poursuit sa route au pays de Pharaon et entraîne sur son passage le vacillement des fondations du régime militaire de Hosni Moubarak. Ce vent insaisissable, nous le retrouvons jusqu’au Yémen, où il vient de donner vie à ces corps hier figés, aujourd’hui en mouvement dans la rue.Ce qui est remarquable au moment où ces mots sont couchés sur le papier, c’est le caractère pacifique de ces révoltes. C’est dire que ces peuples sont beaucoup plus responsables et plus patriotes que leurs autocrates conspués. Face à la dureté des régimes en place, les peuples ont choisi le chemin de la non-violence pour se libérer du joug de la tyrannie. Ce bel exemple de délivrance tord le cou aux idées reçues que l’on a sur le monde arabe. Il montre non seulement la célérité avec laquelle le monde arabo-musulman est en capacité de se réinventer. Mais aussi que l’utilisation de la violence et a fortiori du terrorisme pour que s’opèrent des chan-gements est, en plus d’être immorale, complètement inutile.C’est également sur ces valeurs de non-violence que dix-sept intellectuels, poli-tiques, religieux, artistes de culture musul-mane viennent exprimer leur solidarité envers les victimes coptes de l’attentat de décembre. Ces personnalités dénoncent le terrorisme dit islamique, refusent l’amalgame liant islam et violence, tout en réaffirmant les valeurs d’amour et de tolérance qui sont au cœur de l’identité musulmane. ■ Mohammed Colin

FOCUS Islam, le soulèvement de la paIx

HORIZONS 4 « Terrorisme islamique » : pas en notre nom !

ACTU 6 Tunisie, Égypte : vers un printemps des peuples arabes ? L’islam, une partie de l’Histoire de France 8 Édition Île-de-France : Djamel Bensalah tourne Beur sur la ville, dans le 9-3 8 Édition Marseille : Danger, l’amiante plombe la cité de La Savine

BUSINESS 8 Créateur d’entreprise, j’ouvre un compte bancaire

ÉCONOMIE 10 Du porc dans des saucisses « halal » ? 11 Industrie du halal : norme AFNOR vs charte du CFCM

SPORT 22 2011, année d’espoir pour la France

TÊTE D’AFFICHE 24 Halal police d’État, Éric et Ramzy signent leur film le plus politique

BEAUTÉ 26 Belle, en toute saison !

LA CUISINE DE REQUIA 28 La galette de sarrasin complète

DE VOUS À NOUS 30 Les enjeux du mariage

12 Islam, islamisme, terrorisme… Ces amalgames assassins 14 Témoignages : en finir avec les stéréotypes ! 18 La mondialisation accentue les crispations religieuses 19 Décryptages : des principes universels partagés

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HORIZONS Par Mohammed Colin, cofondateur et directeur de la publication du site d’actualité quotidienne Saphirnews.com et du mensuel gratuit Salamnews.4

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En tant quE musulmans, il nous Est dEvEnu impossiblE dE gardEr lE silEncE. Car nous sommes témoins de l’arrogance et du cynisme avec lesquels l’on veut détourner notre religion pour justifier des crimes crapuleux.En tant que citoyens français de confession ou plus largement de culture musulmane, nous nous sentons la responsabilité d’agir contre les frissons pervers qui tentent d’amalgamer l’islam et la violence politique qui prend prétexte de l’islam.

lE vocablE dE « tErrorismE islamiquE », pour qualifiEr dEs massacrEs monstruEux, a infiltré le répertoire médiatique et éclabousse désormais toute une partie de citoyens silencieux, parce qu’ils sont musul-mans. C’est aussi parce que nous sommes musulmans que nous sommes régulièrement invités à nous prononcer sur des tueries commises par des individus ou des groupes que nous ne connaissons pas et avec qui nous n’avons rien à voir.Et parce que nous sommes musulmans, d’aucuns nous soupçonnent de sympathie avec les auteurs de ces ignominies, qu’aucune âme ne peut tolérer s’il lui reste une once d’humanité, un minimum de sens de la justice.

toutEs cEs allusions sont dangErEusEs parce qu’elles s’inspirent du raccourci historique Ces allusions sont dangereuses surtout parce qu’elles sont fausses. En nous référant au Texte du Coran, dans ses lectures multiples, y compris les plus rétrogrades, aucun argument ne peut légitimer l’assassinat d’innocents. c’Est pourquoi, En tant quE musulmans, nous affirmons que ce « terrorisme islamique » est une imposture abjecte, qui puise dans l’ignorance et la frustration pour servir des desseins sans rapport avec notre religion. Nous sou-tenons que personne ne peut prétendre agir au nom de l’islam en violant les principes mêmes de cette religion. Nous affirmons qu’aucune ambition politique ne vaut plus que la vie humaine. En France comme ailleurs, l’immense majorité des musulmans mène ces luttes dans le respect de la vie et de la dignité humaine.

facE aux dramEs humains causés par cEs attEntats Et cEs prisEs d’otagEs, exprimons notre solidarité totale pour les victimes, toutes les victimes, leurs familles, leurs amis. Pour leur brutalité, leur irrespon-sabilité, leur trahison de la lettre et de l’esprit de notre religion, nous condamnons fermement les auteurs de ces actes immoraux.

Enfin, nous En appElons au sEns dE la rEsponsabilité dE nos hommEs politiquEs pour dénoncer avec fermeté et avec courage ces violences commises prétendument au nom de l’islam, sans céder à l’islamisation des questions sociales en France et sans nourrir l’amalgame avec les musulmans de France. ■

« Terrorisme islamique » : pas en notre nom !

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POLITIQUE. Après la Tunisie, qui s’est débarrassée, lors de sa « révolution du jasmin » de Ben Ali, son dirigeant pendant 23 ans, le 14 janvier, voilà que les peuples arabes rêvent d’un scénario similaire et d’abord en Égypte, où de violentes manifestations se déroulent depuis janvier au Caire, à Alexandrie et dans plusieurs grandes villes du pays. Des dizaines de milliers de personnes exhortent Hosni Moubarak, au pou-voir depuis 30 ans, à quitter son fau-teuil. Cependant, ce dernier reste encore fermement accroché à son poste, préférant s’en aller en septem-

bre 2011, à son aise, ce que refusent ses opposants. Outre Israël, qui considère l’Égypte comme un précieux allié dans la région, d’autres États arabes s’inquiètent de l’effet domino que peuvent susciter les révoltes populaires tunisiennes auprès de leurs administrés. Des manifestations en Algérie, en Jordanie et en Syrie sont organisées, malgré des réformes annon-cées par les dirigeants de ces pays, qui observent avec attention la manière dont se dénouera la crise sociale et politique en Égypte, pays le plus peu-plé du monde arabe avec ses 80 millions d’habitants. ■ Hanan Ben Rhouma

MAGHREB-MACHREK Tunisie, Égypte : vers un printemps des peuples arabes ?

ÉGYPTEAl-Qardawi soutient les révolutions

QUIZ L’islam, une partie de l’Histoire de France ?

ACTU6

OULÉMAS. « Moubarak, dégage », c’est en substance ce qu’a conseillé le cheikh al-Qardawi, une des figures emblématiques de l’islam sunnite, à propos du président égyptien lors d’une interview sur la chaîne satellitaire qata-rie Al-Jazeera.Ce haut dignitaire religieux a qualifié le président égyptien d’être devenu « aveugle, sourd, muet » aux revendications du peuple, notam-ment des pauvres. « Il n’y a pas de raisons de rester plus longtemps, Mou-barak, je vous conseille (d'apprendre) la leçon de Zine el-Abidine Ben Ali », a-t-il ajouté, se référant au président déchu de la Tunisie, qui a fui vers l’Arabie Saoudite le 14 janvier der-nier. Ses déclarations de soutien à ce qui pourrait bien devenir « la révolution du papyrus » n’ont pas manqué d’être remarquées par l’Égypte tout entière et l’ensemble du monde musulman. Outre son affiliation au mouvement des Frères musulmans et son oppo-sition au régime de Nasser puis de

Moubarak, qui lui ont valu d’être emprisonné, exilé au Qatar et déchu de la nationalité égyptienne, le cheikh Qardawi est aussi à la tête du Conseil européen pour la fatwa et la recher-che et de l’Union internationale des savants (oulémas) musulmans. Il a d’ailleurs appelé, au nom de l’Union internationale, tous les par-tis politiques, les intellectuels, les élites et les syndicats égyptiens ainsi que les oulémas d’Al-Azhar à s’unir afin de réaliser les aspirations du peuple égyptien et a salué les sacri-fices consentis par les Égyptiens pour obtenir la liberté, la dignité et la tenue d’élections libres. ■Hanan Ben Rhouma

DÉPUTÉS. Nos élus pris en flagrant délit de non-connais-sance : le site Rue 89 a interrogé des députés dans les couloirs de l’Assemblée nationale. La ques-tion posée ? L’islam fait-il partie de l’Histoire de France ? Une question simple, qui appelle pourtant des réponses plutôt alambiquées et parfois même carrément gênées. L’initiative fait suite aux propos d’Angela Merkel, la chancelière allemande, et du président Chris-tian Wullf en octobre dernier, dans lesquels ils affirmaient que l’islam « fait aussi partie de l’Allemagne ». « Je n’ai pas de réponse honnête-ment, je n’ai pas regardé », c’est la réponse embarrassée du député de Haute-Savoie, Lionel Tardy (UMP). Un embarras qui n’aura pas touché son homologue des Yvelines, Étienne Pinte. Il s’est, pour sa part, fendu d’un très clair « certainement pas, totalement non ». Des réponses plutôt néga-tives dans les rangs de la droite, alors que le député PS Jean-Louis Bianco (Alpes de Haute-Pro-vence) joue le consensus, « l’islam fait partie de la France, de même que la religion juive, chrétienne ou orthodoxe ». Une référence aux autres religions que d’autres députés ont également utilisée. L’islam fait donc partie de la France « à côté des autres religions » pour le député (PS) Alain Rodet. Ouf ! Rappelons à nos députés que la présence musulmane date de 719 jusqu’à la fin du Xe siècle dans le Midi de la France. Mais en l’absence de traces archéolo-giques substantielles, seuls les spécialistes (historiens et archéo-logues) le savent. ■

Pauline Compan

RENCONTRE

5e rencontre annuelle des musulmans du NordOrganisée par l’UOIF et la Ligue islamique du Nord, la RAM accueille plus de 2 000 visiteurs. Conférences, débats, stands associatifs et commerciaux, espace enfants, concerts…w 19 février, de 9 h à 23 hZénith Lille Grand Palais03 20 53 02 65www.ramn.fr

CINÉMA

Blagues à part Le rire résiste-t-il à toute tragédie ? Vanessa Rousselot, jeune réalisatrice française, a sillonné la Palestine en quête de l’humour de son peuple. À chaque nouvelle rencontre, elle a demandé : « Connaissez-vous une blague palestinienne ? » Elle en tire un film documentaire, à voir absolument. Projection gratuite et débat avec Vanessa Rousselot et le dessinateur Plantu.w 24 février, à 18 h 30Institut du monde arabe (auditorium)1, rue des Fossés- Saint-BernardParis 5e

www.imarabe.org

CONCERT

14e festival du MawlidÀ l’occasion du Mawlid al-Nabawi (fête de la naissance du Prophète), AISA et Terres d’Europe proposent un concert de musiques et de chants traditionnels et soufis. Le Festival 2011 accueille le groupe Gaâda (Diwane de Béchar).w 27 février, à 16 hEspace Reuilly21, rue HénardParis 12e

www.aisa-net.org

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w Pour plus d’actus, saphirnews.com,le premier quotidien musulman d’actualité

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Je suis en cours de création d’une entreprise, le banquier m’a demandé un business plan pour l’ouverture d’un compte bancaire. Suis-je obligé de le fournir ?Djamel Louergli. Le banquier est en droit de demander tout docu-ment pour se faire une opinion sur la fiabilité de ses futurs clients.Le business plan (BP), nommé aussi plan d’affaires, peut tout à fait être demandé. Je ne saurais que conseiller les créateurs d’entreprise d’en établir un, même si le banquier ne vous le demande pas. Le BP est un outil présentant deux avantages :• Structurer son projet : il permet de fixer votre stratégie d’entreprise. Mettre sur papier votre idée permet d’identifier les potentialités et les obstacles qui pourraient survenir ainsi que les solutions envisagées.• Présenter son projet : il sera votre premier élément de communi-cation et vous permettra de solliciter vos partenaires tant internes qu’externes.Voir son banquier en lui présentant un business plan bien struc-turé vous permettra de gagner du « crédit » à ses yeux. ■

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Créateur d’entreprise, j'ouvre un compte bancaire

SALAMNEWS N° 23 / FÉVRIER 2011

Par Djamel Louergli, expert-comptable et commissaire aux comptes – www.cabinet-louergli.fr – 01 39 02 25 54

Des questions sur l’entrepreneuriat et la création d’entreprise ? Envoyez-les à [email protected], chaque mois notre expert-comptable vous répondra.

Le point de vue de l’expert

Le banquier peut-il refuser de m’ouvrir un compte bancaire pour la création de ma société ?Djamel Louergli. En effet, un banquier est en droit de vous refuser l’ouverture d’un compte bancaire sans obligation de vous justifier son refus. Un refus résulte souvent d’incidents bancaires déclarés à la Banque de France survenus précédemment.En cas de refus, vous pouvez vous prévaloir du droit à l’ouverture d’un compte :• Si vous êtes entrepreneur individuel, demandez-le directement à la banque. Votre demande sera transmise par celle-ci à la Banque de France. • Si vous êtes en société, demandez simplement au banquier une attestation de refus par écrit et envoyez votre demande à la Banque de France. La Banque de France désignera ensuite une agence bancaire qui vous ouvrira un compte d’office. Seul bémol, les services bancaires seront toutefois limités. ■

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Plus d’infos sur le site de la Banque de France : www.banque-france.fr

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Par Djamel Louergli, expert-comptable et commissaire aux comptes – www.cabinet-louergli.fr – 01 39 02 25 54

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Par Hanan Ben Rhouma

ÉCONOMIE 37 500 € C’est la sanction prévue en cas de tromperie du consommateur, relevant

du Code de la consommation : jusqu’à 37 500 € d’amende assortie ou non d’une peine allant jusqu’à 2 ans de prison. Une mention « halal » alors que le produit contient du porc entre dans ce cas.

Des consommateurs musulmans auraient-ils ingurgité du porc à leur insu ? C’est en tout cas ce qu’ont révélé les résultats d’un laboratoire d’analyses en détectant des traces de porc dans les Knacki « halal ». Malgré la contre-expertise de Nestlé, la confiance envers les industriels ainsi que la certification halal de la GMP est bel et bien effritée.

Du porc dans des saucisses « halal » ?

CONSO. Nombre de consommateurs louaient l’apparition de produits halal dans les rayons de la grande distribution. Désor-mais, l’heure est à la prudence et l’indigna-tion s’est emparée des musulmans après la découverte de traces de porc dans les saucis-ses « halal » Herta. Après la publication des résultats du labora-toire d’analyses Eurofins (l’échantillon analy-sé contenait « au moins » 0,01 % d’ADN de porc) par le site debat-halal se sont ensuivies deux semaines de polémiques, au terme des-quelles Nestlé, détenteur de la marque Her-ta, a finalement décidé, malgré la contre-ex-pertise de Herta qui a démontré l’absence de porc, de suspendre la production des Knacki incriminées pour une durée indéterminée.« Les analyses complémentaires réalisées en bout de chaîne de production, qui nous permettent d’assurer à nos consommateurs que nos pro-duits sont 100 % sans viande de porc, ne sont pas compatibles avec une industrialisation en grande série », a ainsi déclaré, mardi 1er fé-vrier, Valérie Bignon, porte-parole du groupe Nestlé. « Nous avons décidé de faire des tests ADN systématiques mais ces tests allongent nos délais de livraison. Nous suspendons la produc-tion le temps de trouver une nouvelle organisa-tion », a-t-elle ajouté, précisant que le groupe ne compte pas retirer les Knacki des rayons des supermarchés.

La Grande Mosquée de Paris dans la tourmenteNestlé a tardé à réagir publiquement, mais sa position a radicalement changé en deux semaines. L’entreprise, qui défendait dans un premier temps ses produits – sans avouer toutefois que ses Knacki « halal » étaient fa-briqués sur la même chaîne de production que ses autres produits non halal (« le process est confidentiel », nous a-t-on rétorqué) –, a fini par concéder que l’industrialisation à grande échelle ne permet pas d’assurer une

traçabilité complète des produits halal. La faute à l’engouement croissant que suscitent les produits halal auprès des consommateurs musulmans ? Que nenni !Comme pour se dédouaner de ses erreurs, Herta n’a eu d’autre choix que de mettre in-directement en cause la Grande Mosquée de Paris (GMP), qui certifie ses produits « ha-lal » sous le label SFCVH (Société française de contrôle de viande halal). « Nos productions respectent les procédures re-quises par la Grande Mosquée de Paris, sont validées par elle, et vérifiées sur place par qua-tre contrôleurs permanents reconnus et agréés par les mêmes autorités religieuses », avait alors déclaré le groupe. Si problème il y a, c’est donc à la GMP de comprendre pourquoi. Toutefois, précisons que les contrôleurs sont employés par Herta. Leur indépendance n’est donc en aucun cas garantie.Cependant, la GMP ne s’est pas laissée dé-montée. D’habitude si discrète, elle s’est em-pressée de communiquer – bien avant Herta ! – les résultats de la contre-expertise effec-tuée par le laboratoire allemand Genetic ID, qui prouverait qu’il n’y aurait pas de traces

d’ADN de porc. Mais la GMP a été sérieuse-ment entachée par cette affaire. Une campa-gne de boycott contre la SFCVH est même enclenchée par une partie des consomma-teurs soucieux de manger sans douter de la garantie halal.

Le marché agroalimentaire du faux-halalCette affaire n’est qu’un maigre aperçu des défaillances du marché du halal, qui n’est toujours pas régi par une norme. Rien qu’en France plus de 50 organismes de certification opèrent dans le secteur. La charte du halal, élaborée par le Conseil français du culte mu-sulman, n’a toujours pas été adoptée en rai-son des luttes de pouvoir qui se jouent entre les composantes du CFCM. Malgré tout, il ne fait aucun doute que de nouvelles révélations incriminant d’autres marques vont prochainement suivre, net-toyant un tant soit peu le marché de l’agroa-limentaire du faux-halal. Mieux informés, les consommateurs musulmans peuvent montrer qu’ils peuvent être aussi exigeants que d’autres clients. ■

L’affaire des saucisses « halal au porc » n’est que le début de nouvelles révélations,

qui marquent la difficulté des firmes agroalimentaires à mettre en œuvre un process répondant à la fois

aux cadences industrielles et aux normes halal.

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Propos recueillis par Pauline Compan

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« Le consensus sur une définition industrielle du halal n’existe pas »

Quelle est votre opinion sur l’affaire des Knacki Herta « halal » contenant des traces d’ADN de porc ?Florence Bergeaud-Blackler : Cette affaire n’est pas étonnante. Il n’existe pas de référentiel halal ni d’organisme de contrôle des certifications halal. On peut donc parfaitement certifier un produit sans le vérifier. La DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consom-mation et de la répression des fraudes) a déjà fait quelques trouvailles de ce type, mais la loi sur les fraudes et les tromperies des consommateurs n’est pas appliquée. Les services publics invoquent qu’il s’agit de produits religieux, mais cela n’est pas acceptable. La pénalisation de la fraude doit se fonder non pas sur la nature ou l’origine du produit, mais sur le fait qu’il y a une inadéquation entre le contenu du produit et ce qui est affiché. Il en va de la pro-tection des consommateurs. Ce qui est en cause, c’est l’absen-ce de consensus sur une défini-tion industrielle du halal. Il faut

se retourner vers les religieux, qui ne font pas leur travail pour faire émerger une norme, et vers les pouvoirs publics, qui, pour protéger l’industrie alimentaire, n’encadrent pas correctement l’abattage rituel.

Qu’en est-il du marché de la certification en France ?

Le marché de la certification en France est compétitif et hété-rogène. Il n’est pas efficient, car il souffre de l’absence d’organes

de contrôle par les agences de certification. Les industriels s’en contentent, car les consomma-teurs certes se plaignent… mais ils achètent ! Pourquoi changer les règles du jeu d’un marché flo-rissant ? Seuls les consommateurs peu-vent se mobiliser pour faire valoir non pas tant leurs droits religieux que leurs droits de consommateurs à être informés et protégés des fraudes. Pour cela, il faudrait qu’ils veuillent être informés, qu’ils voient que les tromperies n’ont pas nécessai-rement un fondement raciste ni islamophobe. Celles-ci ne sont que le reflet d’une asymétrie de l’information et d’une exploi-tation d’un agent économique captif par des firmes obsédées par la compétition mondiale.

La charte du halal du CFCM n’a toujours pas été signée…

Au-delà du débat sur la certi-fication, la polémique qui vient de naître à la suite de la mise en garde de l’UOIF (Union des or-ganisations islamiques de Fran-ce) vis-à-vis de la charte halal

proposée par le CFCM (Conseil français du culte musulman) révèle le positionnement histo-rique des principales organisa-tions musulmanes de France sur la question du halal.Cette charte est une première ébauche encourageante. Mais elle n’est, en l’état, ni économi-quement ni politiquement réa-liste. Son intransigeance vis-à-vis de l’étourdissement ne tient pas compte des progrès techniques, des conséquences économiques, des souffrances animales dans un contexte de production massive, où la protection animale n’est plus assurée correctement par la puissance publique.L’autre faiblesse de la charte ré-side dans l’absence de remise en question du monopole accordé aux trois Grandes Mosquées (Paris, Évry et Lyon). Une charte qui ne casse pas le monopole de l’habilitation des sacrificateurs a, selon moi, peu de chances d’aboutir. ■* Sociologue, chercheuse à l’IREMAM (Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman) d’Aix-en-Provence, et auteure, avec Bruno Bernard, de Comprendre le halal (Éd. Edipro, 2010).

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Florence Bergeaud-Blackler*, sociologue, nous livre son expertise sur l’industrialisation du secteur halal et analyse les derniers « scandales » qui lui sont liés.

68 % 68 % des personnes achetant au moins occasionnellement de la viande halal font confiance au label halal apposé par un fabricant et ne vérifient pas davantage. La proportion s’élève à 80 % parmi ceux qui ne fréquentent pas la mosquée, elle est de 53 % parmi ceux qui y vont au moins une fois par semaine. (Source : IFOP, déc. 2009)

ENJEU. Électronarcose, abattage mécanique, étourdissement, bien-être animal… autant de procédés sur lesquels il est bon de statuer pour éviter à des acteurs de l’agroalimentaire, notamment industriels, ne connaissant rien au halal de se lancer à l’aveuglette.La charte du halal du CFCM serait-elle la solution ? Celle-ci prévoit de mettre en place un Comité national de certification halal

(CNCH), qui édictera les règles de la certi-fication halal et encadrera des organismes de contrôle halal (OCH) habilités à apposer le label « CFCM-Halal ». Mais cette charte n’a toujours pas été entérinée. L’UOIF refuse de la signer : « La difficulté réside non pas dans la mise en place d’une charte, mais dans les méca-nismes de contrôle garantissant son respect et sa mise en œuvre qui, eux, sont renvoyés à un avenir

incertain », plaide Fouad Alaoui, président de l’UOIF.Autre solution : une norme AFNOR. Mais l’Association française de normalisation n’a toujours pas réussi à mettre d’accord l’ensem-ble des acteurs du halal : industriels, DGCCRF, CFCM, organismes actuels de certification, représentants de consommateurs et militants du bien-être animal. ■ H. B. R.

Industrie du halal : norme AFNOR vs charte du CFCM

En l’état, la charte du halal du CFCM n’est ni économiquement ni politiquement réaliste. »Florence Bergeaud-Blackler

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SALAMNEWS N° 23 / FÉVRIER 2011

FOCUS12 Islam, le soulèvement de la paix

LTrop souvent, islam rime avec radicalisme et terrorisme,

au mépris de ses valeurs universelles et d’une Histoire riche d’exemples de tolérance. Les auteurs d’attentats qui se réclament

de l’islam ne sont pourtant que des usurpateurs. Et la majorité silencieuse des musulmans en fait les frais.

Il est temps qu’elle fasse entendre sa voix.

Islam, islamisme, terrorisme… Ces amalgames assassins

Le 1er janvier correspond à la Journée mondiale de la paix, décrétée par le pape Jean-Paul II en 2005. Mais lors de la nuit de la Saint-Sylvestre, c’est devant une église copte d’Alexandrie, bondée

pour la messe de minuit, qu’une bombe a explosé. Le lieu de culte est aussitôt devenu le symbole des persécutions commises dans le monde musulman contre les chrétiens d’Orient.

Du Maroc à l’Indonésie, en passant par l’Algérie, l’Arabie Saoudite ou encore l’Irak, où 46 fidèles chrétiens avaient été tués fin octobre dans la cathédrale catholique de Bagdad, les condamna-

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Par Faïza Ghozali

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13www.salamnews.fr

68 % C’est la proportion de Français interrogés (contre 75 % des Allemands) qui jugent que les musulmans ne sont « pas bien intégrés dans la société ». (Source : IFOP, décembre 2010)

tions sont unanimes. En France, l’appel, lancé le 12 janvier par Respect Mag sous le titre « L’islam bafoué par les terroristes », est entendu. Moins d’un mois après sa publication dans les colonnes de Libéra-tion, il réunissait 4 000 signatures célèbres (Stéphane Hessel, Abd Al Malik…) et ano-nymes. Tous mobilisés, laïcs et autorités religieuses, pour fustiger l’attentat commis en Égypte et rappeler « haut et fort que ces meurtriers ne sont pas l’islam et qu’ils ne représentent en rien les musulmans ».

Faire entendre la majorité silencieuseAssener des évidences ? Pour beaucoup, il y a nécessité à faire entendre une majorité silencieuse. Telle la sénatrice socialiste Ba-riza Khiari : « L’islam est un sujet sensible en France, explique-elle. Toute atrocité commise ici ou ailleurs a des répercussions sur l’image des musulmans de France et du monde. »« Même moi qui suis athée, je me sens concerné, assure Magyd Cherfi, ex-leader du groupe Zebda. Dans le sens où je vais être pris dans l’amalgame arabe-islam-terrorisme- délinquance. Quand on me voit dans la rue, on voit un Arabe, et forcément un musul-man. » Tous, musulmans cultuels, culturels et autres « compagnons de route » de l’islam, en ont assez. Assez d’être systématiquement associés à de crypto-obscurantistes, sinon à d’apprentis terroristes.L’islam a mauvaise presse, ici comme ailleurs en Europe et aux États-Unis. Un sondage réalisé par l’IFOP, en décembre 2010, ré-vélait que 42 % des Français et 40 % des Allemands considèrent la présence de la communauté musulmane comme « une menace » pour l’identité de leur pays. Un sondage ne saurait avoir valeur d’étude so-ciologique, mais les chiffres sont parlants.

L’extrême droite surfe sur l’islam anxiogèneL’ère post-11-Septembre a substitué la peur de l’islam à celle du communisme pendant la guerre froide. Au générique des phobies mondialisées, le « terroriste musulman » a ravi la vedette au « terroriste russe ». On mul-tiplie les poncifs autour de l’islam et de ceux qui s’en réclament. On déroule le chapelet des confusions sémantiques : islam, islami-que, islamiste (« dit-on “christianiste” ? », fait remarquer un internaute sur un forum), terroriste, musulman, délinquant…

Partout en Europe, l’extrême droite surfe sur la vague. En 2008, Geert Wilders, député néerlandais d’extrême droite, mettait en ligne une vidéo intitulée Fitna. Un fatras d’images et de violences défi-lent durant 17 minutes : 11-Septembre 2001, exécutions, discours antisémites de dirigeants iraniens, vues de femme voilée, sourates appelant au châtiment des non-musulmans, pendaisons d’homosexuels et mutila-tions génitales féminines… Le tout scandé de cette question : « Les Pays-Bas du futur ? » En Allemagne, Thilo Sarrazin, haut respon-sable à la Bundesbank, a écoulé plus de 1,2 million de son ouvrage publié à la fin août 2010, L’Allemagne court à sa perte. Au menu, l’Allemagne qui « s’abrutit » sous le poids de ses immigrés musulmans.

Stop à la stigmatisationLa France n’est pas en reste, avec Marine Le Pen qui compare les prières des mu-sulmans qui empiètent sur la chaussée à l’occupation nazie. Plus grave, la stigmati-sation de l’islam n’est plus l’apanage de la seule extrême droite. Désormais se dessine une convergence avec une frange venue de l’extrême gauche qui se réclame de la laï-cité, qu’on a vue à l’œuvre lors des apéros « saucisson-pinard » en 2010.« Aujourd’hui, il suffit à un homme politique de faire sa polémique sur les musulmans pour apparaître à la télévision », déplore Ma-rouane Bouloudhnine, président cofonda-teur de la fédération Mosaïc. « L’islam a une place de stigmatisation, dans la mesure où l’islam n’est convoqué que pour pointer des travers qui seraient inhérents à la religion musulmane », analyse Rokhaya Diallo, pré-sidente de l’association des Indivisibles et fondatrice des Y’a bon Awards.

L’islam(iste), un bon produit d’appelL’islam anxiogène dope les audiences. Le casting idéal d’un JT télévisé ? Un Liès Hebbadj au minois affriolant sous son kef-fieh, époux polygame de femmes en burqa, lesté d’un casier judiciaire. La presse écrite en raffole, elle aussi. À coups de dossiers spéciaux et de unes alarmistes, de grands hebdomadaires d’information marinent

un islam à la violence consubstantielle et à l’hégémonie imminente.Exemple illustré, avec une couverture de L’Express qui titrait « L’Occident face à l’is-lam », en octobre 2010. Outre l’opposition binaire – tempo préféré des clichés – du titre en une (Occident versus islam), qui vient doubler la fameuse (fumeuse) théorie de l’Américain Samuel Huntington sur le

choc des civilisations, l’image en couverture parle d’elle-même : sous un ciel crépus-culaire chargé de nuages se dresse un minaret lumineux et imposant, qui relègue un clocher d’église à l’arrière-plan, dans l’obscurité. Point

n’est besoin d’être expert en sémiologie de l’image pour saisir le message. Les quatre intertitres « menace », « terroriste », « poussée », « fondamentaliste » complètent l’abécédaire des amalgames.Une recette qui fait toujours mouche. Plu-tôt que d’évoquer la soif de démocratie des peuples d’Égypte, de Tunisie ou d’Algérie en marche pour renverser les dictatures, la une du Point du 3 février 2011 préférait ti(t)rer la sonnette d’alarme « Le spectre islamiste », accentuée par les sous-titres « fantasmes et réalité », « ce que la France risque ».

I’m muslim, don’t panik« La responsabilité de la mauvaise image et de la peur de l’islam est partagée », analyse l’isla-mologue Mustapha Cherif. « Une minorité parmi les citoyens européens de confession mu-sulmane et d’autres à travers le monde se com-portent mal, trahissent l’islam et alimentent la diversion », explique-t-il. Parallèlement, « l’amalgame entre islam et extrémisme, pierre angulaire de la propagande anti-musulmane, fonctionne sur le matraquage de médias et d’industries culturelles liées à des cartels d’intérêts qui diabolisent les musulmans et les réduisent au prisme de la violence. »« Ce n’est pas de l’ordre du symbole que de rappeler sans cesse les valeurs de l’islam », ren-chérit Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman (CFCM). « S’indigner par tous les moyens légaux face à ceux qui sèment la haine et prêchent la violence est un devoir et notre responsabilité à nous tous. Il ne faut pas rester silencieux face à l’intolérable. » Autrement dit, par le rappeur Médine : « Ni violeur, ni terroriste, I’m muslim, don’t panik ! » ■

L’islamanxiogène

dopeles audiences »

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“L’islamophobie comme l’an-tisémitisme, le racisme et la

xénophobie sont des fléaux qui empoisonnent la société. Ces sentiments de haine sont en-tretenus par des minorités agis-santes, qui tentent de se nourrir

d’un autre poison que sont les actes de terrorisme. Ce n’est pas un hasard si des attentats contre les chrétiens d’Orient interviennent au même mo-ment de la montée de l’islamo-phobie en Europe et aux États-Unis. Cette alliance malsaine entre deux extrémismes leur permet de se nourrir mutuelle-

ment. Il appartient aux femmes et aux hommes épris de paix et de justice de « casser » cette alliance, en affichant un front uni contre les adeptes de ces discours abjects.Le CFCM ne cesse de dénoncer l’instrumentalisation de l’islam dans les débats politiques et n’a cessé de rappeler que l’islam

est d’abord une spiritualité et il doit être regardé comme tel. Nous appelons certains politi-ques français à ne pas se servir de l’islam ou des musulmans pour grignoter quelques points dans les baromètres de son-dage. L’islam a toute sa place dans la République, au même titre que les autres religions. ■

14SALAMNEWS N° 23 / FÉVRIER 2011

Propos recueillis par Nadia Moulaï, Faïza Ghozali et Nadia Hathroubi-Safsaf

FOCUS

Comment cautionner des as-sassinats perpétrés au nom

de l’islam, alors qu’il s’agit de bê-tise humaine ? En France, nous, musulmans de culture et/ou de culte, n’avons rien à nous repro-cher, nous sommes des citoyens

comme les autres. Je ne me sens pas responsable des actes commis par des terroristes, quels qu’ils soient, même si je les déplore.Il s’agit de lutter contre la construction en sous-marin de peurs imaginaires qui se cristal-lisent autour des musulmans, en France et en Europe. Dans notre fédération, il y a des musulmans

pratiquants, d’autres qui simple-ment se revendiquent de sensibi-lité musulmane. La laïcité est une chance pour tous : elle permet la liberté de croire ou pas, de prati-quer ou pas. Et il n’y a pas plus laïque que l’islam, puisque c’est une religion sans clergé. En 2011, nous lançons la Flam-me citoyenne, en partenariat

avec les Scouts musulmans de France. C’est une marche qui partira de Lille, le 7 mai, et traversera les grandes villes de France pour arriver à Paris, le 2 octobre. Avec ce slogan : « Je vote donc je suis. » Objectif : que cette Flamme citoyenne réconcilie la France avec elle-même. ■

Mohammed MoussaouiPrésident du CFCM (Conseil français du culte musulman)

Fadila Mehal Membre du shadow cabinet du Modem, chargée de l’intégration, de l’égalité des chances et de la lutte contre les discriminations

Marouane Bouloudhnine Président de Mosaïc (Fédération laïque des citoyens de sensibilité musulmane)

« L’islam est d’abord une spiritualité »

« L’islam est capable de démocratie »

« Stop à l’ethnicisation des problèmes ! »

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Islam, le soulèvement de la paix

Paroles à…Intellectuels, politiques, religieux, artistes, femmes et hommes de foi et de culture musulmane dénoncent l’instrumentalisation de l’islam

et prônent la nécessité de l’interconnaissance, du dialogue et de la conscience éthique pour un monde meilleur.

“En tant que démocrate, je suis concernée par tout ce qui

touche à la liberté de conscience et de religion, en France mais aussi dans le monde. J’ai été indi-gnée par les rapts et les attentats commis au nom d’une religion.

En tant qu’héritière d’une culture et d’une tradition arabo-musul-mane, je ne peux restée muette, car le silence fait le lit des plus fanatiques.L’Histoire nous a montré que dans ces périodes de désenchan-tement social, pour recréer une forme de cohésion sociale, le

groupe majoritaire a souvent re-cours aux boucs émissaires. On est passé de la peur de l’indigène, au début du XXe siècle, à la peur de l’immigré, dans les années 1980, et, maintenant, par glisse-ment sémantique, on a peur des musulmans, car derrière, pense-t-on, se cachent des terroristes.

Pour lutter contre ces préju-gés, il faut renforcer l’arsenal juridique mais on ne pourra judiciariser tous les rapports sociaux. Il faut montrer des identifications positives de mu-sulmans qui, pour la majorité, vivent leur foi de façon paisible et ouverte. ■

Page 15: Salamnews N°23

Nous vivons sur une toute petite planète. Nous som-

mes donc tous concernés par ce qui touche les musulmans. L’islam est un sujet sensible en France et toute atrocité com-mise ici ou ailleurs a des réper-cussions sur l’image des musul-

mans de France et du monde.Contre la stigmatisation natio-nale (halal, burqa, minaret et Marine Le Pen…), qui fait des musulmans un thème de cam-pagne, il est urgent de s’expri-mer. Autrement, nous serons les otages de la campagne des présidentielles.Les hommes sont les enne-mis de ce qu’ils ignorent ! Ce

qui m’inquiète, ce sont les connexions entre l’islamopho-bie populaire et cette forme d’islamophobie « savante ». Il faut rappeler les valeurs de paix portées par l’islam. Mais les médias nationaux ne sont pas intéressés par cette image. Si on me demandait de dire du mal de l’islam, je serais l’égérie des plateaux télévisés…

La chute du mur de Berlin nous a « rattrapés » : le péril rouge a été remplacé par le pé-ril vert. Je veux croire que les jeunes pourront influer posi-tivement. Même si les médias nous donnent toujours « du musulman, le couteau entre les dents », les jeunes peuvent, eux, défendre un certain idéal républicain. ■

J e ne cesse de répéter que pas plus que l’Inquisition

n’est dans l’Évangile, le ter-rorisme n’est dans le Coran. Aujourd’hui, en tant que ci-toyens de confession musulma-ne, toutes sensibilités confon-dues, nous devons être unis face à l’usurpation du nom de l’islam. Nous ne sommes pas

indifférents à la souffrance des autres. Le combat contre la xé-nophobie et les terrorismes, des puissants et des faibles, est poli-tique. Il transcende les frontiè-res et les religions.L’Église copte égyptienne, elle, s’est toujours caractérisée par une position courageuse pour les justes causes. Son chef spi-

rituel, le pape Chénouda III, est un symbole de l’unité nationale et du soutien aux Palestiniens. Les chrétiens d’Orient n’ont rien à voir avec les xénopho-bes et autres agresseurs qui se réclament de la culture judéo-chrétienne, tout comme les mu-sulmans d’Europe ne sont pas comptables des errements de

ceux qui dévoient et contrefont l’islam. On sort de l’humanisme et du christianisme, si on laisse faire la xénophobie en Occident. On sort de l’islam, si on laisse faire le fanatisme et la réaction aveugle. Raisons de plus pour accueillir, dialoguer et protéger l’autre. ■

L ’islam est attaqué de tou-tes parts, par les terroris-

tes et par les ignorants. En cause, l’image que renvoient les médias n’est pas positive. Il y a clairement une volonté de montrer l’islam comme «

étranger et étrange » pour l’Eu-rope, insoluble dans la Répu-blique. L’islam est mal accep-té. Pour autant, on ne peut pas accepter qu’au nom de l’islam on tue. Je le redis, ce qui s’est passé en Irak, en Égypte n’est pas acceptable. Mais, je le répète, l’islam est synonyme de paix et de dia-

logue. N’oublions pas que la violence n’est pas l’apanage de l’islam. Voyez ce qui se passe en Palestine, en Irak ou en Afghanistan…Aujourd’hui, les jeunes vivent pleinement leur religion, ils l’assument. Contrairement à la génération de leurs parents, ils connaissent mieux leur religion

dans le sens où ils l’ont intellec-tualisée. L’islam de France évo-lue, grâce à eux, vers un islam de connaissance.L’impératif est de mieux com-muniquer sur l’islam et donc de mieux le connaître. La connaissance ne peut plus se cantonner aux mosquées. Il faut des lieux de culture. ■

Mohammed MoussaouiPrésident du CFCM (Conseil français du culte musulman)

Bariza Khiari Sénatrice PS

Mustapha CherifDirecteur du master international en études islamiques à l’université ouverte de Catalogne

Kamel KabtaneRecteur de la Grande Mosquée de Lyon

« Le terrorisme n’a pas de religion »

« La réponse est politique, éducative, économique »

« Évoluer vers un islam de connaissance »

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Témoignages w Lire l’intégralité des interviews sur

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Propos recueillis par Nadia Moulaï, Faïza Ghozali et Nadia Hathroubi-Safsaf

FOCUSBetoule Fekkar-LambiotteFonctionnaire internationale*

Tareq Oubrou Recteur de la Grande Mosquée de Bordeaux*

Hamou BouakkazMaire adjoint chargé de la démocratie locale et de la vie associative à Paris

« Unicité, respect de la vie et universalité »

« Notre jihâd : communiquer »

« La solution, c’est la pédagogie, l’exemplarité »

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L ’islam politique est indéfenda-ble : on a une image politisée

qui mène au terrorisme. Il faut rompre ce cycle infernal dû à l’ignorance. Personne ne connaît l’islam du dedans : l’islam qui est

fait du respect de l’Unicité, du res-pect de la vie et de l’universalité. C’est le parfait contraire du terro-risme, où il n’y a pas de respect de Dieu en tant que puissance im-manente. Je suis de tradition sou-fie, la mystique de l’islam. Face aux violences, il faut davantage de spiritualité. Si ces trois principes,

Unicité, respect de la vie et uni-versalité, ne sont pas respectés, comment parler d’islam ?La laïcité établit une frontière nette entre le public et le privé. Soyons des citoyens, laissons nos croyances et notre foi dans l’es-pace intérieur. Les musulmans de France doivent cesser d’être

divisés. Il faut rompre avec un is-lam téléguidé par l’étranger. Être au-dessus de la mêlée pour élever le débat ! Mais tout cela suppose une dose de spiritualité… La faute revient aux musulmans eux-mêmes. ■* Auteure de La Double Présence(Éd. du Seuil, 2007).

I l est toujours douloureux de voir des crimes perpétrés au

nom de la religion. Nous som-mes otages de la bêtise de cer-tains musulmans dont on ne connaît pas la vraie nature ni les vraies motivations. L’islam est victime d’un double fléau. D’une part, l’ignorance, véhi-culée par ses propres adeptes

et par les non-musulmans. D’autre part, une hostilité de certains non-musulmans, par idéologie ou par simple ignorance.Les franco-musulmans vivent une religiosité crispée, plus identitariste que personnelle. Nous avons transformé l’islam en un bouclier identitaire au lieu d’une spiritualité univer-selle. Bien que les citoyens de confession musulmane soient

nombreux en Europe, l’islam ne fait pas encore partie de l’Occident. Nos concitoyens européens peinent à l’admet-tre. C’est à nous de leur expli-quer que nous appartenons à ce continent et que le terrorisme qui les choque nous choque aussi. C’est notre rôle de com-muniquer ce que nous conce-vons comme islam. Autrement, d’autres personnes le feront à notre place.

Les musulmans doivent produi-re, que ce soit au niveau artisti-que, intellectuel, sportif ou éco-nomique… Les mass-médias musulmans sont très peu nom-breux. Il y a comme une forme de fatalité, à cause d’une prison mentale que nous nous sommes fabriquées. Au lieu de jouer la victimisation, travaillons ! Un droit, cela s’arrache. ■* Auteur de Profession imam (Albin Michel, 2009).

J e me suis indigné contre les atrocités commises sur

les chrétiens d’Orient comme je le fais dès qu’on touche à un cheveu d’un être humain pour ses convictions, ses préférences sexuelles, la couleur de sa peau... Une réaction authentiquement ré-publicaine consiste à condamner

et à agir pour que ne se reproduise plus jamais une attaque contre un groupe humain, quel qu’il soit.Les musulmans de France se vivent trop souvent comme des colonisés, des sous-citoyens et ne participent pas assez à la vie démocratique. Pour certains, heureusement minoritaires, le fait d’être rejetés est même

considéré comme une garantie de « pureté ». Il faudrait que la figure qui suscite l’émulation soit celle d’un leader politique ou d’un entrepreneur à succès !En prenant la place qui nous revient dans ce pays qui est le nôtre, en connaissant mieux notre culture et celle des autres, en nous démarquant systémati-

quement de ceux qui bafouent l’islam, en comptant sur le temps et l’ascenseur social, qui, n’en déplaise aux pessimistes, continue de fonctionner, même insuffisamment. Car il ne faut pas oublier le but du chemin : ce nouvel universalisme qui fera la France de demain, originale et pleine d’avenir. ■

Islam, le soulèvement de la paix

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J’aimerais revenir sur un fait person-nel. L’un de mes cousins a été victime

du « terrorisme basque ». À cette époque, toute l’Espagne s’est mobilisée pour faire changer cet abus de langage. Aujourd’hui, on parle de terrorisme de l’ETA. C’est

exactement pareil pour l’islam. Le terro-risme n’a pas d’appartenance religieuse ni ethnique ! Nous, citoyens français, avons l’impression de payer la facture. Et les médias accentuent ce sentiment. On peut parler de mémoire sélective. Après le massacre des musulmans, en 1995, pendant la guerre de Bosnie, nous

n’avons pas nourri d’amalgames à l’égard des chrétiens. L’islam est un thème de campagne électorale : certains hommes et femmes politiques laissent la stigmatisation s’installer. Or nous appartenons à la com-munauté nationale. ■* Auteur de Français et musulman : est-ce possible ? (Presses de la Renaissance, 2010).

C ette opinion publique qui véhicule des préjugés sur l’islam, il faut lui dire stop !

Notre religion ne prône ni les attentats, ni les extrêmes. Le CFCM a condamné les attentats d’Alexandrie non pas pour s’excuser, mais parce

qu’il fallait un message fort pour dire non aux amalgames. Toute la société civile doit être der-rière ce message. Condamner les atrocités, mais éduquer sur l’islam aussi. Il faut rallier toutes les personnes éprises d’humanisme et poursui-

vre la mobilisation générale. Je constate un vrai décalage entre l’image de l’islam véhiculée par les médias nationaux et la réalité du terrain où le dialogue entre habitants, représentants asso-ciatifs et élus locaux existe. ■

J e soutiens toute forme d’appel à la dé-fense de l’islam dès lors que celle-ci n’est

pas violente. Je suis également victime de tous ces préjugés au sein de ma profession. La violence symbolique ne s’arrête malheu-reusement pas aux portes de la musique.La défense de notre religion ne passera que

par sa connaissance. Quand je parle de « défense », c’est également aux musulmans que je m’adresse, car bien souvent notre image est détériorée par nous-mêmes par manque de savoirs et de connaissances. En 2011, j’entends des discours de certains jeunes qui sont les mêmes que j’entendais à la fin des années 1990 et qui n’ont toujours pas répondu à cette question : « Peut-on avoir une

activité artistique lorsqu’on est musulman ? » J’ai l’impression qu’on a appris un discours par cœur et que les seules idées qu’on possède se sont cristallisées depuis 2000. Je ne veux pas être pessimiste, mais je crois que le pire est à venir, le « pire » étant le travail à effectuer sur nous-mêmes. ■* Dernier album : Arabian Panthers (Because Music, 2008). Prochain album : Table d’écoute 2 (Din Records, 2011).

L e terrorisme est une idéologie, qui se construit sur la manipulation. Ceux qui

commettent des actes de violence peuvent connaître certains éléments cultuels de la shari’a ou de la Sunna, mais tout ignorer de ses dimensions philosophique, culturelle et spirituelle. Les conflits ont toujours agité

les hommes, pas plus les musulmans que les autres, mais il faut reconnaître que juifs, chré-tiens, musulmans, même les mazdéens et les hindouistes ont vécu ensemble en parfaite intelligence pendant des siècles, dans tous les territoires de l’islam. En Andalousie, le calife Abderrahman II a convoqué un synode chré-tien pour s’entretenir avec le clergé des affaires des chrétiens andalous. En 1860, l’émir Ab-

delkader, combattant du colonialisme français en Algérie, a sauvé des milliers de vies chré-tiennes à Damas.L’islam a une Histoire de tolérance incontes-table. Quant au terrorisme actuel, il n’est pas l’apanage de l’islam. Il prend différents visa-ges : nier les droits d’un peuple, l’affamer, le contraindre ou l’humilier. ■* Auteur de Thérapie de l’âme (Albin Michel, 2011).

Betoule Fekkar-LambiotteFonctionnaire internationale*

Khalil Merroun Recteur de la Grande Mosquée d’Évry*

Haydar DemiryurekPrésident de la CCMTF (Comité de coordination des musulmans turcs de France) et vice-président du CFCM

MédineArtiste, rappeur*

Khaled BentounèsCheikh de la confrérie Alâwiyya, président des SMF (Scouts musulmans de France)*

« Se taire, c’est se vider de sa foi »

« Lier la violence à l’islam est une idée reçue »

« Il n’y a pas de pire fléau que l’ignorance »

« L’extrémisme est une impasse »

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Témoignages w Lire l’intégralité des interviews sur

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FOCUS

De quelles discriminations sont victimes les chrétiens d’Orient ?Laurent Larcher : C’est très différent selon les pays. Les chré-tiens d’Irak, qui représentent 3 % de la population, sont mena-cés de mort. Intimidations, enlè-vements ou assassinats ciblés, ils sont persécutés sans distinction d’âge ou de sexe. À part dans la région kurde du pays, où ils vivent en sécurité, dans le reste de l’Irak ils sont persécutés. 20 000 familles se sont réfugiées au Kurdistan.Le cas des coptes en Égypte est comparable. On l’a vu, les at-tentats de décembre dernier est parlant. D’où leur sentiment de peur et d’insécurité.

Pour autant, les situations sont variables d’un pays à l’autre. Au Liban, les chrétiens maronites représentent 30 % de la popula-tion. Et l’hostilité à leur encon-tre est moins forte qu’en Irak. Il y a même des alliances politiques avec les chiites.

Iriez-vous jusqu’à parler de génocide ?

Non, je récuse ce terme concer-nant les chrétiens d’Orient. Il s’agit davantage de persécutions orches-trées non par l’État, mais par des groupes religieux ou mafieux. Le but est de les pousser à l’exil. On est davantage dans « un idéal de pureté » comme c’était le cas en ex-Yougoslavie avec la Serbie. Les chrétiens d’Irak étaient 700 000 avant la guerre ; près de 190 000 se sont réfugiés dans les pays voisins.

Pourtant les chrétiens sont présents depuis 2 000 ans…

Oui, ce ne sont pas des mino-rités au sens où elles représente-raient des groupes émigrés. Il s’agit de populations autochtones. Les Syro-chaldéens se sont convertis au christianisme au Ier siècle apr. J.-C. Ce sont des civilisations anciennes, dépositaires d’une richesse liturgi-que, spirituelle et intellectuelle. Les coptes sont les descendants directs des Égyptiens.

En 2008, vous avez lancé un appel en faveur des chrétiens d’Orient avec le réseau Pluralisme des cultures et des re-ligions. Quel en a été l’impact ?

La communauté chrétienne de France a pris conscience que des chrétiens étaient en proie à des violences. La Conférence épisco-pale avait demandé de commu-nier avec les chrétiens d’Orient à Pâques. Le pape Benoît XVI a réuni toute la communauté orien-tale à Rome pour réfléchir sur leur sort. Sur le plan politique, nous avons été reçus au Quai d’Orsay : 500 visas français ont été délivrés à des chrétiens irakiens.

Deux ans après, comment pour-suivez-vous cette mobilisation ?

Le réseau lance un observatoire, dont l’objectif est de travailler sur la question des chrétiens d’Orient mais aussi sur tous les problè-mes liés à la liberté de culte et de conscience, toutes religions confondues. Aux Philippines, pays chrétien, je ne suis pas sûr que les chrétiens se comportent de la ma-nière la plus évangélique avec les musulmans…

Comment expliquez-vous ces persécutions ?

On sent une tension très vive dans les rapports religieux. L’idée

du vivre-ensemble est en net recul. Dans le cas des chrétiens d’Irak, rappelons qu’ils ne sont soutenus par aucune puissance étrangère et ils ne prennent pas les armes. La mondialisation accentue ces cris-pations : il y a une inquiétude sur la question des frontières. La reli-gion devient une grille de lecture du monde à laquelle on s’accroche pour se rassurer.

En Europe aussi, les crispations religieuses existent. Les islamophobes font valoir le droit à la réciprocitépour bloquer la construction de mosquées du fait de l’interdiction d’églises au Maghreb ou au Machrek.

Chacun doit pouvoir pra-tiquer sa religion et donc avoir une mosquée en France ou une église en Irak. Je déplore que les attentats en Orient donnent du grain à moudre aux islamopho-bes. Je sens une vraie crispation autour de l’islam en Europe : les musulmans devraient com-muniquer pour rassurer. À ceux qui disent que l’islam n’est pas intégrable dans la République, je pense qu’ils se trompent ! ■

Laurent Larcher :« La mondialisation accentue les crispations religieuses »

Les chrétiens d’Orient en voie de disparition ? Les voix s’élèvent pour alerter sur leur sort. Parmi elles, celle de Laurent Larcher, journaliste et membre fondateur du réseau Pluralisme des cultures et des religions.

Propos recueillis par Nadia Moulaï

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Copte : 10,25 millions de fidèles (la plupart en Égypte)

Arménienne : 9,65 millions (Arménie, Liban…)

Maronite : 3 millions (dont un tiers au Liban)

Melkite : 2 millions (Syrie…)

Chaldéenne : 1,95 million (Irak, Syrie…)

Byzantine : 2 millions (Égypte, Israël, Palestine, Syrie…)

Syriaque : 1,5 million (Liban, Syrie…)

(Source : Témoignage chrétien, J. Anciberro, oct. 2010)

Les principales Églises d'Orient

La religion devient une grille de lecture

du monde »

Islam, le soulèvement de la paix

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Par Mohamed Chérif-Ferjani*

L’islam, entre tolérance et violence

LL’islam, à l’instar d’autres traditions religieu-ses et philosophiques, est mobilisé autant pour justifier que pour dénoncer des guerres, des attentats et différentes formes de violence. Comment comprendre ce paradoxe ? L’islam est apparu au VIIe siècle dans une Arabie confrontée à la nécessité de sécuriser les routes du commerce caravanier pour mieux en tirer profit, de pacifier les relations entre des tribus et de lutter contre les inégalités violentes en-gendrées par ce même commerce caravanier. L’islam naissant reflète, dans son message comme dans ses autres faits fondateurs, cette dialectique de la violence et de la paix. D’un côté, il prône une fraternité, des so-lidarités, une « volonté de vivre ensemble » (c’est le vrai sens du mot umma), sur la base de valeurs transcendant les fidélités et les clivages traditionnels et, par là, une société de concorde et de paix proposée, par-delà les Arabes, à l’ensemble de l’humanité. De l’autre, il n’hésite pas à vilipender ceux qui se dressent sur son chemin et à leur promettre les pires châtiments, non seulement dans la vie de l’au-delà mais aussi dans ce « monde ici-bas ».

La violence comme mode d’accès au pouvoirLa disparition du Prophète (en 632) a été l’occasion de nou-veaux conflits en rapport avec la question de sa succession (califat). Limités au départ aux querelles entre Compagnons mecquois et médinois et à la guerre contre les tribus nomades accusées d’apostasie pour avoir refusé de faire allégeance au premier calife (Abû Bakr, 632-634), ces conflits tournent à une véritable guerre, après l’assassinat du 3e calife (Othman, 646-656). Les partisans du calife ‘Alî (657-661) ont dû combattre une première armée dirigée par « la mère des croyants » Aïsha, avant d’être confrontés à l’armée des Omeyyades, qui se ter-mina par l’éclatement du califat. Ces guerres sont restées dans la conscience musulmane sous le nom de « la grande discorde » (al-fitna al-kubrâ).Depuis, la violence est devenue le mode quasi exclusif de l’accès au pouvoir d’une dynastie, ou d’un autocrate, le moyen princi-pal de l’exercer et de s’y maintenir pour ne le quitter que mort ou chassé par une action violente.

En rapport avec ces conflits, partisans et adversaires de la violence ou de la paix ont produit des théories mobilisant versets co-raniques, traditions consacrées et, à défaut, constructions théologiques présentées comme étant la « doctrine indiscutable et autorisée de l’islam ». Ces doctrines sont souvent, comme toutes les idéologies, des justifications a poste-riori de conduites et de choix décidés d’abord sans références à la religion.Ainsi, l’opposition dâr al-harb / dâr al-islâm (domaine de la guerre / domaine de l’islam) est apparue lors des guerres menées par divers groupes dissidents contre les Omeyyades et les Abbassides. Depuis, elle sert à justifier les révoltes contre l’autorité musulmane jugée illégitime : il suffit de jeter l’anathème sur les gouvernants pour justifier la guerre contre leur autorité, voire le meurtre du « tyran » qui se dresse sur la voie de l’islam.

Des discours théologiques construits a posteriori

Les théologiens du pouvoir ont repris cette même opposition : ils considèrent que l’autorité est légitime tant qu’elle est capable d’empêcher la fitna (guerre en terre d’islam, élargie à la notion moderne de guerre civile) et qu’elle n’empêche pas les croyants, dont les musulmans, de pratiquer leur religion.Contre les théologies de la dissidence et les théologies du pouvoir, les soufis, qui ne croient pas au salut collectif et prônent des voies de salut individuel, ont, très tôt, produit des théologies de la paix avec des conceptions qu’ils partagent avec différentes expressions d’un islam quiétiste et avec les pacifistes du monde entier. Pour comprendre l’ambivalence de toutes les traditions re-ligieuses et philosophiques, il suffit de méditer l’adage latin : « Si vis pacem, para bellum ! » (« Si tu veux la paix, prépare la guerre »). L’histoire de la guerre et de la paix dans toutes les so-ciétés humaines montre la difficulté d’opter pour une position univoque sur la question. C’est ce qui fait dire à Gandhi, le plus grand apôtre du pacifisme de notre époque : « Entre la lâcheté et la violence, je préfère la violence. » ■

* Professeur à l’université Lumière-Lyon-2 et à l’Institut d’études politiques de Lyon, Mohamed Chérif-Ferjani est l’auteur de Le Politique et le Religieux dans le champ islamique (Éd. Fayard, 2005).

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FOCUS

Par Ghaleb Bencheikh*

L’illégitimité religieuse de la violence

LL’irruption fulgurante en ce début de millénaire de la violence religieuse dans sa coloration confessionnelle islamique, avec le dogmatisme qui la sous-tend chez certains idéologues extrémistes, nous recommande, au-delà des nécessaires et sérieuses condam-nations et réprobations unanimes, une prise de position théologique claire, nette, sans ambages ni équivoque. On ne peut pas et on ne doit pas se prévaloir d’un idéal religieux pour semer la terreur et la mort. Cela revient à adopter à la fois une posture éthique déniant à la guerre toute motivation spirituelle et une analyse intellectuelle fine disséquant au scalpel les mentalités religieuses guerrières. Parce que « c’est dans l’esprit des hommes que naissent les guerres et c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix » (Unesco).

Démystifier les exégèses sauvagesEn attendant, la violence demeure connaturelle à la condition humaine. Elle est une marque non encore évacuée, hélas, de la vie sociale et politique ni des relations interindivi-duelles. Elle paraît participative de l’angoisse de l’âme humaine à l’épreuve de l’altérité dans cette grande pâque en ce bas monde. Et nous savons tous que, pour que l’entreprise ravageuse puisse être acceptable, il faut qu’elle soit auréolée d’un nimbe de sacralité. Ainsi la guerre s’impose-t-elle comme une réponse hiératique aux divergences de tous ordres qui surgissent entre les personnes et les peuples. Cautionnée par le théologique, elle devient même une voie de rédemption par le sacrifice de l’être, dans un acte de foi salvateur pour soi et dévastateur pour l’autre. L’invocation du divin dans la justification des attentats les plus effroyables est moralement et spirituellement inacceptable. Aussi la responsabilité des hiérarques religieux et des théologiens est-elle plus qu’engagée. Ils doivent saisir la moindre occasion pour entreprendre un titanesque chantier intellectuel, où les efforts déployés, en vue de la déconstruction, prélude à la démystifica-tion, sont colossaux. Pour cela, il faut sortir des clôtures dogmatiques et des enfer-mements doctrinaux de la scolastique islamique exhaustive. Il ne suffit pas d’exhiber les versets coraniques – et ils sont plétho-

riques – qui enjoignent à l’amour et à la mi-séricorde, pour dirimer les logorrhées de ceux qui prennent l’islam en otage et confisquent le Coran. Nous nous interrogeons toujours à propos de la myopie – voire la cécité – qui frappe les extrémistes lorsqu’ils omettent, par exemple, de lire le verset 34 de la sourate 41, celle des Versets détaillés : « La bonne action et la mauvaise ne sauraient aller de pair. Rends le bien pour le mal et tu verras celui dont une inimitié te séparait de lui se transformer en ami et protecteur chaleureux. »À supposer, par abus méthodologique, qu’il faille procéder par un choix sélectif des écrits pacifiques et pacificateurs que recèle à profusion la Révélation coranique. Alors que c’est son statut in globo qui est à étudier et à instruire. Nous n’ignorons pas que les doctrinaires extrémistes en font une exégèse sauvage et justifient leur ignominie par un recours martial aux passages belligènes qui s’y trouvent. Alors, au-delà de la simple « mise en suspension temporelle » de ces écrits, c’est la

caducité et la désuétude de leurs incidences morales, sociales et politiques qu’il faut déclarer et dépasser.

Une résistance morale et spirituelleDans cette configuration, désacraliser la violence ne vise pas seulement à la priver d’un quelconque prestige attractif fasci-nant les esprits et subjuguant les consciences par un argument d’autorité obsolète. C’est le caractère dynamiteur et intrinsè-quement inefficace de la violence qui sera, a minima, dépourvu de sa légitimité religieuse. Et devant l’injustice et l’oppression, la seule attitude qui vaille sera celle de la résistance morale et spirituelle sans croire que la violence puisse être commanditée par la Transcendance.Les musulmans y parviendront lorsqu’ils sauront renouer avec la problématique éminemment décisive de l’humanisme, qui a pré-valu en contexte islamique dans les siècles qui ont vu l’éclosion d’une civilisation impériale ouverte, l’effervescence intellectuelle libre et les questions éthiques qui l’ont accompagnée. ■

* Président de la Conférence mondiale pour la paix, Ghaleb Bencheikh est l’auteur de La Laïcité au regard du Coran (Éd. Presses de Renaissance, 2005) et de Le Coran (Éd. Eyrolles, 2010).

Désacraliser la violence vise

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Islam, le soulèvement de la paix

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Islam et christianisme : s’engager pour des principes universels partagés

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Par Tariq Ramadan*

EEn Irak ou en Égypte, des chrétiens d’Orient ont payé de leur vie la folie suicidaire de quelques-uns cherchant à provoquer une fracture entre les musulmans et les chrétiens à travers le monde.Les musulmans ont condamné, au nom même des principes de leur religion, les attentats contre les lieux de culte, les croyants des autres confes-sions et les civils.Ces agissements ne peuvent trouver aucune jus-tification religieuse. La sentence est claire. Mais peut-on s’en tenir à ces condamnations de prin-cipe ? Quand les autorités au sommet n’offrent pas un positionnement cohérent, ne revient-il pas aux citoyens de s’engager plus avant afin d’empêcher que ces horreurs se répètent ?

Des droits inaliénablesTrois principes doivent, à notre sens, orienter l’engagement des individus dans leur quotidien. Le premier est celui de la cohérence et de l’autocritique. Il s’agit de prendre position contre toutes les violences de la même façon, quels qu’en soient les auteurs, coreligionnaires ou non. Point de dénonciation sélective : il faut réagir, avec la même indignation, aux attentats contre les temples, les synagogues, les églises, les mosquées ou tout autre lieu de culte. Il faut oser la parole autocritique quand d’aucuns, au nom de notre religion, en trahissent les principes élémentaires.Ce qui est attendu, ensuite, des citoyens est un positionnement qui se distingue par son exigence éthique. On invoque souvent l’argu-ment de la réciprocité : on devrait, dit-on, aligner ce que l’on octroie aux minorités ici en fonction de ce que les sociétés, où ces derniers sont majoritaires, offrent à leur propre minorité. Pas d’église en Arabie Saoudite, donc restriction de mosquées en Occident ; pas de foulard dans les écoles françaises, donc restriction de la visibilité des chrétiens dans les sociétés majoritairement musulmanes. Or le principe de distinction éthique commence par affirmer que les droits fondamentaux ne peuvent jamais faire l’objet de marchandage et que les libertés de conscience et de culte doivent être des droits inaliénables dans toutes les sociétés du monde. Cela

implique que chaque individu a le devoir moral de prendre position pour défendre les droits des minorités religieuses, où qu’elles se trouvent.Il s’agit non pas de dénoncer uniquement les actes violents, mais aussi de critiquer les discri-minations institutionnalisées, voire légitimées par les autorités religieuses, au moment où une religion (la sienne ou une autre) se trouve en position de pouvoir.

Construire un avenir communIl est un dernier principe qui relève de la forme autant que du fond de nos engagements. On peut passer son temps, à partir de nos com-munautés religieuses respectives, à dénoncer les trahisons et les manquements « des nôtres » et « des autres ». Cette attitude est juste, mais elle est insuffisante. Nous avons la chance en Occident de vivre dans des démocraties où un minimum de liberté est préservé et où nos enfants ont accès à l’éducation. C’est ensemble que nous devons porter la voix des principes universels partagés, dans notre quo-tidien comme au niveau international. Que des

hindous, des bouddhistes, des juifs, des chrétiens, des musulmans, avec des agnostiques, des athées et des membres d’autres traditions religieuse ou spirituelle, travaillent localement ensemble non pas à débattre, entre spécialistes convaincus, mais à éduquer les citoyens ordinaires, qui doivent être mieux équipés à faire face aux défis des sociétés pluralistes. Il faut cesser de dialoguer sur la pertinence du dialogue et s’engager ensemble contre les dérives dogmatiques et/ou violentes, pour construire notre avenir commun. Trois principes qui nous rappellent que nous devons faire plus et mieux que de condamner la violence. Il s’agit d’éduquer et de par-tager, en amont, pour former des citoyens responsables. Humbles quant à soi, ambitieux quant à changer le monde. Pacifiques quand il s’agit de vivre ensemble et courageux quand il est question de dénoncer les trahisons et les horreurs. Éducation, partage, respon-sabilisation, respect, humilité, ambition, pacifisme et courage : ne sont-ce pas les qualifications universelles qu’enseignent toutes les philosophies, les spiritualités et les religions du monde ? ■

* Professeur d’études islamiques contemporaines à l’université d’Oxford, Tariq Ramadan est l’auteur de Mon Intime Conviction (Archipoche, 2011) et de L’Autre en nous : pour une philosophie du pluralisme (Presses du Châtelet, 2009).

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Rattrape-moi, si tu peux !Sur un nuage, à Barcelone, aux derniers Championnats d’Europe d’athlétisme, avec 18 médailles récoltées, les Bleus devront hausser le ton pour rap-porter quelques breloques des Mondiaux de Daegu, en Corée du Sud. Du 27 août au 4 sep-tembre, la nouvelle génération emmenée par Myriam Soumaré sur 200 mètres, Christophe Le-maître sur 100 mètres, Renaud Lavillenie au saut à la perche, Mahiedine Mekhissi-Benabbad et Bouabdellah « Bob » Tahri sur 3 000 mètres steeple appa-raissent comme les meilleures chances de médailles. Pour le reste, la planète aura bien évidemment les yeux rivés sur le phénomène jamaïquain Usain Bolt. La super star de l’athlétisme international ne fait pas dans la figuration en compé-tition officielle. Que cela soit sur 100 ou 200 mètres, il assure le show et repousse à chaque fois les limites humaines.

Allez, on se jette à l’eau !

Comme en athlétisme, l’équipe de France de natation avait fait tout exploser en 2010. Avec 23 médailles aux Champion-nats d’Europe, la bande à Alain Bernard avaient réussi une belle moisson. Les Mondiaux prévus

à Shanghai, du 16 au 23 juillet, sont d’un autre calibre. Car en plus des Russes et des Alle-mands, les Américains seront de la partie. Alors, attention à ne pas être le maillot faible ! Mais on voit mal les Français boire la tasse, tant il y a de talents en Hexagone. Qu’ils s’appellent Frédéric Bousquet, Camille La-court ou encore Yannick Agnel, ce sont déjà des phénomènes des bassins. Seul hic, les filles ont du mal à émerger. Laure Manau-dou, quant à elle, a annoncé son retour : réussira-t-elle son come-back ?

La planète devient ovaleLe Brésil est le pays du football, la Nouvelle-Zélande, elle, est considérée à juste titre comme le pays phare du rugby. Et c’est dans ce pays que se déroule, au mois de septembre prochain, la Coupe du monde. Cela vous situe l’événement !

Impressionnants avec leur célèbre haka (danse traditionnelle maori exécutée avant chaque match), les All Blacks le sont tout autant sur les pelouses. Vingt-trois ans après, les coéquipiers du demi d’ouver-ture Daniel Carter tenteront de décrocher le second trophée de leur Histoire. Mais, face à eux, se dresseront les champions du monde sud-africains, l’Australie et aussi… la France. Les Bleus du capi-taine David Dusautoir voudront confirmer leur statut de bête noire des Néo-Zélandais. Les deux équipes se rencontreront le 24 septembre, à l’Eden Park d’Auckland. Il s’agira d’être au-dessus de la mêlée...

Le football ne s’arrête jamais…Une saison creuse pour le foot-ball ? Pas vraiment. C’est au pays de Diego Maradona qu’il faudra se rendre pour prendre sa dose d’adrénaline. Du 1er au 24 juillet, l’Argentine reçoit les meilleures nations du continent sud-américain pour disputer la Copa America. Sur les terrains, une pléiade de stars : Messi, Diego Milito, Ja-vier Hernandez, Roque Santa Cruz ou encore l’Uruguayen Diego Forlan n’auront qu’un ob-jectif, celui de détrôner le Brésil de Kakà et de Ronaldinho. De l’autre côté de l’Atlantique, les Européens seront concen-trés sur la finale de la Ligue des Champions. Le 28 mai, dans le mythique stade de Wembley, on saura si le tenant du titre, l’Inter Milan de Samuel Eto’o, a réussi l’exploit de conserver la Coupe « aux grandes oreilles ». En Afrique, des matchs (prévus pour le 25 mars et le 5 juin) qui sentent la poudre entre l’Algérie et le Maroc, et entre le Sénégal et les Lions indomptables du Cameroun. Sûr que les débats seront chauds dans les chichas de France et de Navarre ! ■

JO Pékin 2008 – 3 000 m steeple : souvenez-vous. Alors que tous les Français attendent enfin une consécration olympique pour Bob Tahri (à d.), c’est Mahiedine Mekhissi-Benabbad (à g.) qui lui vole la vedette, en décrochant l’argent. Deux ans plus tard, à Barcelone, les deux Français font 1 et 2 aux Championnats d’Europe et s’affirment comme les grands rivaux des Kényans pour les Mondiaux de Daegu.

SALAMNEWS N° 23 / FÉVRIER 2011

sport22 6 w C’est le nombre de records qu’a battus jusqu’à ce jour Usain Bolt. Le sprinteur jamaïquain a amélioré 3 fois de suite le temps du 100 mètres et deux fois celui du 200 mètres. « Lightning Bolt », comme on le surnomme, co-détient aussi le record du monde par équipe du relais 4 fois 100 mètres.

Par Nabil Djellit

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2011, année d’espoir pour la FranceL’année préolympique fera la part belle aux sports individuels et collectifs. Le sprinteur jamaïquain Usain Bolt, le nageur français Alain Bernard ou encore le rugbyman néo-zélandais Dan Carter seront en première ligne pour animer l’actu du sport et faire vivre des émotions fortes au public. Coup de projecteur sur les principaux événements sportifs qui rythmeront 2011.

Camille Lacourt.

Les All Blacks. Samuel Eto'o.

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Comment Ramzy Bédia, inscrit dans différentes écoles de commerce puis vendeur, et Éric Judor, guide touristique puis informaticien, deviennent Éric et Ramzy ?Éric : On n’a pas décidé un beau jour de créer Éric et Ramzy, on était déjà Éric et Ramzy ! Depuis notre rencontre, on a toujours fait des vannes ensemble. Ça fusait toujours du tac-au-tac ! Ce sont nos potes qui nous on dit qu’on était drôles, qu’on avait du ta-lent. Et surtout que cela pouvait nous faire gagner de l’argent ! [Rires] Ramzy : Oui, et je me rappelle très bien de notre pre-mier million de dollars ! [Rires] On venait de jouer dans un café-théâtre et le patron nous avait payé 2 000 francs… On les a partagés dans les toilettes du café d’en face, en se disant que c’était ouf ! Depuis, on n’a jamais vraiment galéré.

Vous avez été reconnus notamment grâce à la série « H » de Canal+, avec Jamel Debbouze… On a vu Omar et Fred dans beaucoup de vos films… Quelles relations avez-vous gardé avec cette bande d’humoristes ?R. : À l’époque, nous étions tous une grande bande, c’est vrai ; mais, malheureusement, les gens chan-

gent… Ce qui est normal, cela fait 15 ans ! Mais il est vrai que ces changements sont exacerbés par la notoriété, l’argent, etc. Pour la petite histoire, on était amis de notre côté avec Fred, et Jamel avec Omar. Comme on traînait avec Jamel, c’est comme ça que Omar et Fred se sont rencontrés. Sauf dans les deux derniers films, Omar et Fred apparaissent dans tous nos films !

Après Il reste du jambon, vous êtes à l’affiche de Halal police d’État. Pourquoi le titre fait-il mention du « halal » ? É. : C’est avant tout un jeu de mots avec Hawaï, police d’État. Et comme ça colle bien aux Arabes, ça tombait bien !

Ramzy, est-ce que vous mangez halal ? R. : Non, je ne mange pas halal. Je suis persuadé que 80 % de la viande dite halal ne l’est pas… Que les boucheries se passent les certificats entre elles. Je sais que certains essaient de mettre un peu de sérieux dans tout ça, mais ce n’est pas gagné ! Et puis, mince !, nous sommes en France. Je ne vais pas commencer à chipoter quand je vais au restaurant. Je ne mange pas de porc, mais je ne mange pas halal non plus…

Tête d’affiche ÉRIC & RAMZY24SALAMNEWS N° 23 / FÉVRIER 2011

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Quand deux policiers algériens débarquent à Paris pour prêter main forte aux agents français, ça donne Halal police d’État. Complètement grimés, Éric et Ramzy exploitent l’univers « blédard ». Mais il ne faut pas s’y tromper : derrière les vannes et les pitreries, il s’agit d’un film engagé.

BIO EXPRESSIls se sont rencontrés en 1994. Éric Judor, 42 ans, né d’un père guadeloupéen et d’une mère autrichienne, et Ramzy Bédia, 39 ans, d’origine algérienne, font leur première scène en 1996. Très vite, tout s’enchaîne pour eux. De salles en théâtres, ils se font connaître et prennent les ondes d’assaut. Radio Nova puis Fun Radio, avec le « Éric et Ramzy show ». Avec les « Mots d’Éric et Ramzy » sur M6, la télévision devient leur nouveau terrain de jeu en 1997. Ils participent ensuite à la création du sitcom « H », sur Canal+, avec Jamel Debbouze. En 2000, ils partent en tournée avec 130 dates, qui s’achève en beauté à l’Olympia. Il ne leur manque plus que le cinéma ! Voilà qui est fait en 2001. Ils écrivent et réalisent La Tour Montparnasse infernale. Ils remettent ça en 2004, dans Double Zéro, puis Les Dalton. En 2010, ils jouent dans Il reste du jambon, réalisé par Anne Depetrini, compagne de Ramzy. Les deux humoristes sont papas de petites filles, Ella et Ava pour Ramzy et une petite Luna pour Éric.

Éric et Ramzy signent leur film le plus politique

Halal police d’État :

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Pourtant, toute une génération de musulmans revendique ce droit de manger halal et s’organise… R. : Oui, mais je ne suis pas fan de ça. Je sais bien qu’on subit des discriminations, que le repli identi-taire est donc naturel. Mais si on s’enferme dans nos voiles et nos mosquées, on perd du temps… Il faut être encore plus Français que les Français, tout en étant musulman !Quand j’étais jeune, ça passait mal de dire qu’on était Algérien. Toute mon enfance, je disais que j’étais Égyptien, Syrien et même Italien ! Ces jeunes qui portent des maillots de l’Algérie et ces barbus, c’est un peu comme les fans de hard rock… À un moment ou à un autre, il faut bien enlever son gros casque, ses badges et son blouson en cuir… C’est bon, on sait que tu aimes le hard rock, écoute-le chez toi ! La religion, c’est dans le cœur. Je me trom-pe peut-être, mais j’ai été élevé comme ça…

Justement, quelle a été votre éducation religieuse ? R. : Mes parents m’ont mis dans une école chrétien-ne, je connais mes prières catholiques ! Ils ne m’ont jamais pris la tête sur l’islam. Ils m’ont au contraire montré à quel point c’était la plus belle religion du monde, la plus tolérante. Ma famille est très croyante, mon père est quintuple hadj ! Mes sœurs trouvent la sérénité dans le voile, je respecte cela. Il n’y a rien de méchant dans le voile ! Et je suis beaucoup plus musulman que n’importe quel musulman. Même si un barbu me dit que ce n’est pas bien de boire ce verre de vodka…

Dans cette comédie, Ramzy, vous jouez le rôle de Nerh Nerh, largement inspiré de l’inspecteur Tahar, très connu des Algériens… Pourquoi ce personnage ?R. : En tant qu’Algérien, on connaît tous cet ins-pecteur et sa voiture rouge ! C’est un hommage aux Algériens que j’aime tant. Ils souffrent tellement et depuis si longtemps… Mais ils ont toujours une bonne vanne à raconter ! Je retourne en Algérie de temps en temps et j’adore ce peuple. Je leur souhaite tout le bonheur du monde !

Dans Halal police d’État, on y voit des terroristes catholiques, l’expulsion d’un Français en situation irrégulière en Algérie… Les clichés sont totalement inversés. C’est assez osé, non ?R. : Oui, clairement, car je me sens concerné par ce qui se passe. On n’a jamais parlé politique avec Éric, mais je n’aime pas qu’on salisse mon islam ! C’est certainement parce que je viens de perdre mes pa-rents que j’ai vraiment envie de perpétuer les valeurs de l’islam… C’est tellement beau, l’islam !

Imaginez-vous, c’est mon propre père qui m’a dit de baptiser mes enfants à l’église, en marque de respect pour la famille de ma femme. Il m’a dit : « On a fait le halal musulman, tu vas montrer qu’on est ouvert et qu’on n’est pas des sauvages… Mais ne t’inquiète pas, l’islam est toujours plus fort ! » On m’a demandé : « Acceptez-vous Jésus dans le corps de votre fille ? » J’ai dit : « Oui ! » Pourtant, je m’estime 100 % musulman !

Beaucoup de musulmans se plaignent de ce climat nauséabond, de l’islamophobie, est-ce que ce film est une réaction à cela ?R. : Oui, car sans traiter des pratiques de l’islam, le film parle surtout de l’image de cette religion. Et j’en ai marre, par exemple, de « Harry Roselmack en immersion chez les musulmans salafistes ». Avant je m’en fichais, mais aujourd’hui ça me saoule ! J’ai l’impression que ce climat a commencé depuis la campagne présidentielle de Sarkozy… On s’est lâché depuis ! Quand on regarde les JT sans le son, on voit tout de suite des femmes arabes qui pleurent leurs morts, puis on passe dans une cité avec des mecs à capu-che… Le lien est fait. Les musulmans sont des mé-chants ! À la télé, j’ai l’impression que l’islam est une sorte de serpent dégueulasse, tout gluant, qui ne nous lâche pas ! J’en ai marre de cette sensation et je veux la dénoncer !

Quand on parle de jeunesse qui s’engage, on ne peut s’empêcher de penser à ces Tunisiens qui ont imposé au monde leur révolution… É. : C’est fou, mais on s’est tous réveillés d’un coup et on a découvert que la Tunisie était une dictature ! Ce qui est encore plus effrayant, c’est qu’on a l’im-pression que nos dirigeants se sont réveillés en même temps que nous ! Ben Ali, qu’on accueillait avec tous les honneurs, avait en fait un peuple malheureux ! R. : J’avoue qu’avant on traitait gentiment les Tu-nisiens de femmelettes mais, en fait, ce sont des guerriers ! Ce qu’ils ont fait est magnifique ! C’est la première révolution arabe, ils ont donné une leçon aux Arabes et au monde entier… C’était très beau et très émouvant. Plus jamais de ma vie, je ne me moquerai des Tunisiens ! [Rires] Finalement, l’humour est un acte militant…É. : L’humour, c’est notre unique arme ! Cela nous permet de parler de tout sans tabous. R. : Dénoncer l’islamophobie dans un film sérieux, ce serait rasoir… On a la chance d’avoir le rire et, surtout, j’ai Éric, moi ! Donc on s’est dit : on va mettre des moustaches, des perruques et on y va ! [Rires]. ■

Propos recueillis par Mérième Alaoui

Ramzy : « Depuis que j’ai perdu mes parents, je veux perpétuer les valeurs de l’islam » 25www.salamnews.fr

Abcédaire

A comme ABSURDE

C’est notre style et Halal police d’État est notre premier film « socialement » absurde ! On y dénonce le racisme et l’islamophobie, mais avec des perruques et des moustaches…

Ccomme CHICKEN

Notre vie tourne autour du chicken ! On prend des petits déj’ au poulet et ce n’est pas une blague ! Tous les Arabes, les Noirs et même les Chinois se retrouvent autour du chicken !

Ncomme NERH NERH

C’est le nom de l’inspecteur algérien. Mais cela veut dire aussi « menthe » en arabe, c’est donc très important ! On a choisi ce nom, car c’est quasi impossible à prononcer si on n’est pas maghrébin ! Du coup, ça serait bien d’inventer un nouveau mot pour Éric…

Rcomme RIRE

Notre seule manière de réagir à ce qui se passe dans le monde, et dans nos vies. C’est notre quotidien et cela anime notre vie depuis toujours. On a beaucoup de chance de pouvoir rire de tout, mais aussi de vivre en France ! [Rires]

1comme 1,2, 3 VIVA l’AlgÉRIE !

l’hymne de la Coupe du monde de football de l’équipe d’Algérie est devenu presque un nouvel hymne algérien ! Cette phrase est d’ailleurs citée, l’air de rien, dans le film. Un autre clin d’œil à nos amis algériens.

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beauté26SALAMNEWS N° 23 / FÉVRIER 2011

Belle, en toute saison

Par Anne-Flore Gaspar-Lolliot

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JE VEUX : Des lèvres Douces. Au-delà du simple aspect inesthétique, les lèvres gercées et craquelées peuvent aussi être très douloureuses. Alors, avant de les tartine de baume bien gras, exfoliez les petites peaux morte en les frottant doucement avec les poils d’une brosse à dents. Appliquez ensuite une bonne pellicule d’émollient en débordant et renouvelez l’opération aussi souvent que possible.un regarD Défatigué. Bien que vous cumuliez à vous seule autant d’heures de sommeil qu’un nourrisson, impossible de vous défaire de ces vilains cernes qui vous donnent l’air fatigué en permanence. Gardez toujours vos sachets de thé infusés au réfrigérateur et laissez poser une vingtaine de minutes sur vos yeux fatigués. Pour décongestionner des yeux gonflés, remplacez les sachets de thé par des glaçons (effet vasoconstricteur immédiat) emballés dans un tissu très fin. Les patchs lissants et défatigants au bleuet (comme chez Klorane) sont aussi terriblement efficaces. un teint frais. Le manque d’exposition au soleil et la morosité ambiante ont eu raison de votre mine radieuse ? Tous les matins, réveillez votre teint et défroissez vos traits en passant sur votre visage un coton imbibé d’eau de rose, que vous aurez conservée au réfrigérateur. N’hésitez pas non plus à tricher en appliquant régulièrement de l’autobronzant, de l’huile de carotte (comme celle de Copar), du blush rosé ou de la poudre soleil pour afficher un teint éclatant et hâlé. Enfin, usez et abusez des tisanes et infusions tout au long de la journée. une peau chouchoutée. Les écarts de température et le manque d’humidité

de l’air constituent autant de facteurs susceptibles d’altérer la barrière protectrice naturelle de la

peau et d’entraîner sécheresse, tiraillements, picotements,

rougeurs et un disgracieux aspect « peau de croco ». D’où la nécessité

de recréer le film protecteur et de nourrir l’épiderme. On n’hésite donc

pas à tartiner sa peau d’une couche de cold cream avant de sortir, on fait un gommage (très doux) par semaine pour chasser les cellules mortes qui empêchent l’action de la crème et on se démaquille avec des produits à la texture doudoune (lait, émulsion).

Vous pensez que l’hiver − cette saison synonyme de rébellion capillaire, de lèvres gercées et de teint gris − est le pire ennemi de votre beauté ? C’est juste que vous n’avez pas les bons outils !

Ludique

Décongestionnante

Mielleuse

1, 2, 3 Soleil ! Faire le plein de vitamines bonne mine, c’est facile comme un bouchon-capsule Delo, à visser sur n’importe quelle petite bouteille d’eau. À consommer sans modération !Boîte de 4 bouchons-capsulesPrix conseillé : 6,10 €

Eau bio aromatisée de bleuet Rien de tel qu’une recette de grand-mère signée Christian Lénart pour rafraîchir le teint et dégonfler le regard. L’astuce : conserver le flacon au frais.Flacon : 200 mlPrix conseillé : 6,35 €

Eau miellée bio Parce que le froid hivernal n’est pas une raison suffisante pour arrêter de se démaquiller tous les soirs, cette eau Ballot-Flurin onctueuse nettoie et purifie intensément la peau en douceur. Flacon : 50 mlPrix conseillé : 17,60 €

CompletDuo lèvres repulpant

Composé d’un gel exfoliant éclat et d’un baume nourrissant repulpant, ce duo lèvres Phytomer vous

aide à retrouver des lèvres lisses et douces.2 tubes canules de 15 ml

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Aux petits soins…

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Enveloppant

IndispensableMagicien

Ensoleillé

Caméléon

IntransigeantNeutralisant

Réconfortante

Beurre réparateur bioÉlégant, pratique et économique dans sa boîte de cirage rétro, ce beurre Lovea à l’huile d’argan du Maroc et à la cire d’abeille répare et apaise toutes les zones du corps.Pot : 100 mlPrix conseillé : 6,99 €

Touche Éclat Ce pinceau surdoué et culte délivre la juste dose de lumière là où le visage en a besoin (creux des cernes, sillon naso-génien, ride du lion…) pour un éclat et un effet défatigué immédiats.Flacon pinceau : 2,5 mlPrix conseillé : 35 €

Poudre minérale apaisante anti-rougeurs Au contact de la peau, cette poudre soin minérale traitante Clinique neutralise instantanément les rougeurs et les petits vaisseaux éclatés. Le plus : son pinceau antibactérien. Pot : 9,6 gPrix conseillé : 32 €

Aquasublime aux pigments minéraux Véritable concentré anti-teint terne, cette crème teintée peaux mates Galénic assure un teint naturellement hâlé et lumineux, même sans le moindre rayon de soleil !Tube : 30 mlPrix conseillé : 15 €

Teint Ergonomy Plus besoin de chipoter au rayon fond de teint, puisque ce judicieux anti-grise mine évolutif et unifiant au design futuriste de Thierry Mugler s’adapte à toutes les carnations. Résultat immédiat.Flacon-pompe : 30 mlPrix conseillé : 42 €

Sérum SOS anti-frisottis Humidité, port répété et longue durée du bonnet, électricité statique, vent, brouillard, neige, pluie… Ce sérum Toni&Guy resserre les fibres capillaires pour un effet coiffé et discipliné.Flacon-pompe : 50 mlPrix conseillé : 10,95 €

Shampooing antipelliculaire Les pellicules ne sont pas plus esthétiques en hiver qu’en été mais, au moins, en cette saison, on peut les cacher sous un bonnet… d’accord, mais quand on l’enlève ? Head&shoulders vous répond.Flacon : 300 mlPrix conseillé : 4,20 €

Crème riche désaltéranteLa crème riche et nourrissante de Clarins apaise

les sensations d’inconfort des peaux très sèches et de toutes celles qui sont exposées aux

climats de grand froid.Pot : 50 ml

Prix conseillé : 51,50 €

SOS chEVEUX En détrESSE !Plus l’air est sec, moins il est conducteur d’électricité et plus les objets (brosse, peigne) vont se charger. Or, en hiver, l’air est beaucoup plus sec qu’en été. La kératine présente dans les cheveux se dessèche et les cheveux deviennent donc plus électriques.

2720 % w C’est le pourcentage de femmes qui déclarent avoir la peau sèche sur le visage. C’est aussi le pourcentage d’enfants souffrant d’eczéma atopique. (Sources : Health and Beauty 2007 ; CHU Claude-Huriez Franc, 2002)

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1. Mettez les deux farines dans un saladier, ajoutez le sel et mélangez.

2. Ajoutez la moitié de l’eau petit à petit, en mélangeant avec une cuillère en bois. Une fois le mélange homogène, ajoutez l’œuf et le beurre, mélangez énergiquement. Ajoutez le reste d’eau, mélangez au fouet et laissez reposer 1 h.

3. Mélangez la pâte. Faites chauffer une crêpière ou une poêle, badigeonnez-la légèrement de beurre fondu avec un pinceau de cuisine. Versez une louchée de pâte dans la poêle et cuire 2 à 3 min. Retournez la galette quand elle devient juste dorée et cuisez 2 min l’autre face. Faites cuire le reste de pâte de la même façon.

4. Faites chauffer une poêle avec une noisette de beurre et déposez-y une des galettes cuites.

5. Déposez une tranche de jambon sur la moitié, cassez un œuf par-dessus et parsemez de fromage râpé. Repliez la galette sur elle-même et laisser cuire 2 à 3 min. Retournez éventuellement la galette (délicatement) et laisser cuire à nouveau 1 à 2 min.

6. Servez avec une salade.

Variantes : • Galette océane : saumon fumé, crème fraîche, aneth et baies roses• Galette forestière : poulet cuit, champignons émincés, fromage râpé• Galette italienne : mozzarella, sauce tomate, basilic, olives noires• Galette savoyarde : fromage à raclette, pommes de terre, oignons doux, cornichons• Galette indienne : poulet au curry, oignons, pommes de terre

La cuisine de Requia28SALAMNEWS N° 23 / féVRIER 2011

Galette complète

PréParation : 15 min

rePos : 1 h

Cuisson : 5 min

inGréDients : Pour 6 personnesGalettes :• 160 g de farine de sarrasin• 90 g de farine classique• 1 œuf• 250 ml d’eau• 1 cuillère à soupe de beurre fondu• Sel

Garniture :• 6 œufs• 6 tranches de jambon• 150 g de gruyère râpé• Beurre

Retrouvez plus de recettes sur www.requia.fr

L’origine de la galette remonte à 7 000 ans av. J.-C., époque où elle était l’alimentation principale des populations dans les campagnes, sous la forme d’une simple bouillie étalée et desséchée. La galette de sarrasin (ou farine de blé noir) était cuite, puis garnie de diverses préparations ou alors coupée en fines lanières pour agrémenter les bouillons.

Originaire du Moyen-Orient, le sarrasin, qui permet de préparer les galettes, donne une farine très foncée. Il est l’une des céréales les plus riches en protéines, en oligo-éléments et en vitamines B. Il a aussi l’avantage de pousser sur des sols peu fertiles, sous des climats tempérés et il est aujourd’hui cultivé essentiellement en Bretagne.

Le PRODUIT DU mOIsGalette de sarrasin

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DE VOUS À NOUS30 Vous traversez un moment difficile ? Vos réactions et celles des autres vous surprennent ? Vous avez l’impression d’être dans une impasse ? Quelle décision prendre ?…À partir du bel islam et d’une lecture appliquée du Coran, des solutions peuvent toujours être trouvées. Posez vos questions à : [email protected]

SALAMNEWS N° 23 / FÉVRIER 2011

Par Chams en Nour, psychanalyste

« JE SUIS MARIÉE DEPUIS HUIT ANS. AU DÉBUT ON S’ENTENDAIT BIEN, mais depuis deux ans mon mari ne s’intéresse plus à moi. Et, du coup, moi non plus. Je me déta-che de plus en plus, je suis triste et je m’ennuie avec lui. Parfois, je pense divorcer parce que cette vie ne vaut pas la peine d’être vé-cue, mais nous avons un enfant de 5 ans. Quelle est la meilleure solution, selon vous ? » Sabrina

Chams en Nour. Je me permets de vous mettre en garde de ne pas céder au découragement. Souvenez-vous des sen-timents et des espoirs qui vous ont poussée à dire oui quand il vous a demandé votre main. Rappelez-vous quel est le sens du mariage. N’est-ce pas de partager un projet commun, à travers les aléas de la vie quotidienne ? Vous parlez d’ennui, mais pouvez-vous parler, échanger à cœur ouvert avec votre mari ? Lui dire, par exemple, ce que vous éprouvez, que vous vous sentez délaissée et que votre amour pour lui s’en trouve me-nacé ? Ou réfléchir ensemble, en toute confiance, sur ce qui a changé dans vos comportements respectifs et qui a altéré la relation ? Si vous réussissez à traverser cette épreuve, vous vous en sen-tirez renforcée, et lui aussi. Et ce sera le mieux pour votre fils ; sinon, dites-vous qu’au moins vous aurez essayé. ■

« CELA FAIT TRÈS LONGTEMPS QUE JE CHERCHE PAR TOUS LES MOYENS à me débarrasser d’un fort sentiment d’infériorité. Je me compare sans arrêt aux autres, et c’est toujours à mon désavantage. J’en souffre beaucoup au travail. Je suis devenu informaticien sur le tas et j’ai un gros complexe parce que je n’ai pas de diplôme. Cela m’insécurise et me pénalise aussi dans ma vie privée. Du coup, je n’ai pas le courage de demander la fille que j’aime en mariage. » Maher, 30 ans

Chams en Nour. Ah !, ce mauvais complexe de culpabilité, fondé sur le manque de confiance en soi. C’est du pur poison, comme vous nous le confiez. Il a le don de nous gâcher la vie sans raison valable et nous empêche de nous relier aux autres sur des bases saines. Côté travail, vous devriez pouvoir faire reconnaître votre expérience grâce à la validation des acquis professionnels reconnue par la loi ces dernières années. Côté vie privée, il vous faudrait travailler sur vous-même, compren-dre d’où vient ce manque de confiance en vous pour pouvoir vous en débarrasser. Vous a-t-on fait confiance dans votre enfance ?, par exemple. Vous pouvez vous faire aider rien qu’en osant en parler avec la femme que vous aimez. Si elle vous aime et accepte votre demande en maria-ge, c’est qu’elle vous fait confiance. Vous pourrez ainsi reconquérir un peu d’assurance. Si cela ne suffit pas, consultez un professionnel qui saura vous donner les clés pour renforcer votre confiance en vous. ■

Les enjeuxdu mariage

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Samuel Eto'o.