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Lettre Exprimeo : 2016 comme 2012 ?

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N°269 - 05 juillet 2011

Le Parti Républicain : à la recherche du candidat pour 2012

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Le Parti Républicain : à la recherche du

candidat pour 2012

L’actuelle insatisfaction de l’électorat républicain face à l’offre 2011 remonte à la culture même de la présidentielle américaine. Si chacun s’accorde à re-connaître que l’opinion publique Française est de plus en plus segmentée. L’impact géographique est de plus en plus fort. Le Sud a une sociologie et un comportement électo-ral différents du Nord. Face à cette réalité, que dire d’un Etat fédéral considérablement plus grand, diversifié, exposé à des cultures diverses. Mais au-delà de ces diffé-rences, des repères soli-des sont installés dotés d’une permanence indis-cutable. En effet, l’Amérique déci-de selon des schémas qui ont fait l’objet d’études très précises.

Le clivage réel en-tre les Républicains et les Démocrates Les Républicains atten-dent un leader fort. Leur principal critère est l’examen de la force mo-rale de son tempérament. Pour les Démocrates, c’est la capacité de juge-ment qui compte. La sécurité nationale est la première priorité pour les Républicains tandis qu’elle est largement de-vancée par l’économie pour les Démocrates. Pour ces derniers, les questions sociales arri-vent même devant la sé-curité nationale. Bien entendu, géographi-quement, l’Amérique des rivages est plus ouverte que l’Amérique profonde. Au-delà de ces différen-ces, le choix présidentiel est d’abord une décision

sur la personnalité même du candidat. La présidentielle est donc un combat de caractères. Il y a une inertie, une pa-resse voire même une ré-ticence face au débat in-tellectuel. La présidentielle est un «débat d’hommes» où la coulisse de la campagne en apprend autant que le devant de la scène puis-que l’enjeu c’est de connaître le tempéra-ment. Chaque campagne prési-dentielle Américaine est marquée par deux carac-téristiques : - une rencontre avec le peuple, - dans une ambiance opti-miste marquée par le changement possible. Une présidentielle Améri-caine, c’est en effet un voyage dans l’Amérique profonde pour rencontrer

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Rick Perry : le chas-seur de coyotes

S’il est un éventuel candi-dat républicain qui cultive ses racines de cow boy c’est Rick Perry, l’actuel Gouverneur du Texas. Il effectue actuellement une tournée pour lever des fonds. Il étoffe des équipes locales. Mais pas encore de déclaration pour se lancer dans la course officielle. Cette étape semble être dé-sormais une affaire de jours...

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les citoyens dans un contact direct, physique, charnel. Lors de la présidentielle, le citoyen devient un ac-teur très impliqué dans le processus de décision. Dans ce contexte, inter-vient un second volet qui est celui du changement. Chaque présidentielle se joue sur ce thème depuis le «New Deal» de Roose-velt à «América is back» de Reagan en passant par la «Nouvelle frontière» de Kennedy ou la moins cé-lèbre «Grande Société» de Johnson. La présidentielle est le ré-vélateur et l’accélérateur du changement. Ce sont ces deux critères qui rendent possible une percées comme celle de Barack Obama en 2008 et qui les rendent difficiles voire impossibles en Fran-ce. Là où le candidat Améri-cain doit être le candidat du peuple, le candidat Français est d’abord celui de la «puissance publi-que». La représentation du peu-ple semble réservée en France à des candidats protestataires, margi-naux. Parce qu’il est le représentant de la puis-sance publique, le candi-dat Français a dû vivre un

long parcours d’exercice de responsabilités publi-ques. Ce parcours est une barrière structurante à l’éclosion immédiate de nouveaux talents. La vie politique Française suppo-se de s’endurcir sous le joug de l’expérience des responsabilités. Seconde différence, une présidentielle Française n’est pas un voyage pour rencontrer les citoyens «au coin de la rue». Elle reste d’abord une relation avec des corps intermé-diaires très bien organi-sés. La rencontre avec les ci-toyens intervient soit lors de grands meetings qui ne permettent pas des contacts directs soit lors

d’émissions télévisées qui reposent sur des échantil-lons filtrés avec une ex-pression encadrée par des considérations formelles très contraignantes. Enfin, l’ambiance n’est pas à l’optimisme du neuf mais à la défense des «droits acquis». Pour toutes ces raisons, ce sont donc deux cultu-res totalement différen-tes, pour ne pas dire op-posées, qui interviennent. La France peut s’enthou-siasmer pour Obama mais son cadre institutionnel comme sa culture politi-que ne permettent proba-blement pas un tel par-cours sur son sol.

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Ce sont bien deux logi-ques très différentes de pouvoir, depuis la dési-gnation jusqu’à l’exercice.

Un impératif : in-carner une destinée et un gagnant Traditionnellement, les Américains votent pour une destinée, pour un spectacle, pour un ga-gnant. La destinée, c’est l’assu-rance que le rêve est pos-sible pour chacun. Le spectacle, c’est le mor-ceau d‘Histoire raconté par un cursus et par le sens perçu de la campa-gne. Le gagnant, c’est celui qui devient d’abord le maître du temps de la campa-gne, qui pousse l’autre à la faute, qui réagit plus vite, qui incarne l’énergie qui doit donner demain une espérance pour cha-cun. Cet impératif est une exi-gence incontournable pour les candidats répu-blicains. La démocratie Américaine est souvent présentée comme cédant trop facile-ment à des penchants po-pulistes. C’est une appréciation er-ronée car dans certains

domaines, la démocratie américaine est un lieu d’excellence. C’est le pays qui compte le plus d’universitaires brillants consacrant leurs talents à examiner les en-jeux de chaque géogra-phie de la planète. C’est le cas tout particu-lièrement en matière de relations internationales où les néo-conservateurs ont été les plus produc-tifs. Des universitaires constituent une sorte de «shadow cabinet» perma-nent pour les Républi-cains. Ils reprochent aux Démo-crates une vision erronée des relations internatio-nales manquant de réalis-me dans les rapports de forces permanents. L’an-gélisme de Carter est leur reproche fondamental. Cette mention évoque les images terribles de l’opé-ration «Blue Light» du 24 avril 1980 destinée à libé-rer des otages, échouant lamentablement dans le désert à Tabas, devenant le symbole d’une Améri-que humiliée. Jamais depuis le Vietnam, l’opinion Américaine n’a-vait vécu un tel choc. Une humiliation qui allait ouvrir les portes au Rea-ganisme avec le retour à la force militaire des Etats-Unis.

La reaganmania toujours présente

Reagan est le "grand communicateur". Il a inventé l'intelligence émotionnelle appliquée à la politique. Il ne parle pas de politique mais des valeurs qui guident la vie de tous les jours : un su-jet, une anecdote, un sourire et l'adhésion est emportée. C'est le produit d'un tra-vail méticuleux. Tout est scénarisé. C'est un spec-tacle permanent avec un "happy ending". Reagan est le héros qui lance les grandes aventu-res, qui réussit contre tous les courants contrai-res. Avec Reagan, la politique devient une histoire. Dans la dernière ligne droite avant le vote en 1980, Reagan achète des espa-ces publicitaires sur les grands réseaux. De quoi parle-t-il alors ? Des dos-siers les plus importants ? Il raconte "qu'il vient de perdre un ami (John Wayne) et juste avant sa mort, cet ami lui a fait prendre un engagement simple : donne à l'Améri-que une raison de vivre et elle triomphera de tout". C'est l'optimisme holly-woodien.

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Ces néo-conservateurs sont toujours les mieux représentés dans le camp républicain. Leurs valeurs sont sim-ples. Tout d’abord, ils sur-veillent attentivement les territoires marqués par le communisme pour ne pas permettre «la résurrec-tion du dinosaure». De-puis 2001, cette logique ancienne a connu une ac-tualisation avec l’islamis-me radical perçu désor-mais comme la menace principale. Face à ces défis, de façon générale, sur tous les ter-rains délicats, la priorité est celle de l’endiguement (containment). Il s'agit d'une approche

basée sur le rapport de forces. Ses critères sont simples. Il ne s’agit pas de parler de dissuasion mais de vic-toire. Il ne s’agit pas d’évoquer une quelconque parité mais d’établir la supériori-té Américaine. Il ne s’agit pas de laisser place à une riposte mais à l’action offensive. Toute autre approche est tournée en dérision car trop éloignée des dures réalités des relations in-ternationales. La force de cette appro-che date du début des an-nées 80. Les Républicains

ont perdu de la superbe. Les Démocrates ont beau-coup recruté parmi les professeurs d’Harvard. John Kennedy a McGeor-ge Bundy. Jimmy Carter a Zbigniew Brzezinski qui a débuté à Harvard. L’Institut Hoover a été fondé en 1919 par Her-bert Hoover. Installé sur le campus de Stanford, l’Institut avait tissé des liens étroits entre 1967 et 1975 avec un Gouverneur de Californie, Ronald Rea-gan. Lorsqu’il est élu Pré-sident le le 5 novembre 1980, l’Institut gagne la reconnaissance dans la qualité de ses analyses qui ont inspiré le candidat et qui vont guider le Pré-sident.

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Dans son équipe, les membres de l’Institut sont aux postes clefs. Glenn Campbell, alors Di-recteur de l’Institut, cumule de nombreuses fonctions officielles. Au sein du Comité des Relations Internationales, les membres de l’Institut vont compter 25 % des effectifs. Du jamais vu. Les années Reagan vont d’abord être celles de la renaissance de la vitalité Américaine et celles conduisant à l’effondre-ment du communisme. Avec un tel bilan, les ana-

lyses se sont imposées y compris du côté des dé-mocrates qui reprennent les diagnostics mais mo-difient seulement quel-ques aspects thérapeuti-ques. Grâce à l’élimination de Ben Laden, Barack Oba-ma a pu éviter, au moins temporairement, ce ris-que de «carterisation» qui avait été l’un des repro-ches majeurs impactant la campagne de novem-bre 2010 et le fragilisant alors considérablement. Les sondages montrent que cette embellie a duré … 30 jours

Retour aux fonda-mentaux Le camp républicain est convaincu que le choix sera d’une extrême sim-plicité entre la confiance dans un Américain au-thentique au parcours méritant et un candidat démocrate brillant mais complexe (Obama). Le message doit être sim-ple : la confiance ne peut être donnée qu’à un Amé-ricain authentique au pa-triotisme et à l’expérience incontestables. La logique fondamentale des campagnes républi-

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Ces deux personnalités portent en elles les repè-res habituels des « bons » candidats républicains à la différence des profils trop élitistes de Romney ou Huntsman, du profil trop modéré de Pawlenty ou des personnalités trop controversées de Palin ou Bachmann. C’est l’énigme de l’été 2011. La logistique est en mar-che mais trouvera-t-elle son candidat efficace ?

caines consiste à trans-former le scrutin en un référendum sur la person-nalité même des candi-dats. Les stratèges répu-blicains analysent la dé-faite 2008 non pas com-me l’échec de cette mé-thode mais comme une parenthèse liée à un dou-ble effet exceptionnel : le rejet du bushisme + le cataclysme financier du 15 septembre 2008. Par conséquent, pour 2012, ils entendent reve-nir aux fondamentaux : le referendum sur les tem-péraments. Ils ont confiance dans leur sa-voir-faire pour lancer les

campagnes négatives contre Obama alors pré-senté comme un intellec-tuel indécis. Mais il leur manque enco-re l’alternative en matière de «bon tempérament» à opposer à Obama. Ils n’ont pas encore le profil du cow boy authentique qui incarne les valeurs fondamentales de la Na-tion avec la solidité du ju-gement. Tant que cette alternative fera défaut, la mécanique républicaine balbutiera. D’où les ac-tuelles tentatives de « nouveaux candidats » dans l’offre 2012 : Rick Perry, voire John Thune.

Editeur : Newday www.exprimeo.fr

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Nicolas Sarkozy : le rebond ... 9

2012 ne sera pas une prési-dentielle comme les autres. La crise est partout : éco-nomique, financière, socia-le, environnementale, mo-rale … L’opinion s’apprête à élire un Président pour affronter les crises. Dans ce contexte très parti-culier, de nouveaux critères de choix vont compter. Sont-ils le socle pour le re-bond de Nicolas Sarkozy ?

Parution le : 12 juillet 2011.