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Eric Delannoy le nouvel économiste 25 septembre 2009

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Page 1: Eric Delannoy le nouvel économiste 25 septembre 2009

5 PASSAGE PIVER75011 PARIS - 01 58 30 64 64

24 SEPT 09Hebdomadaire Paris

OJD : 21890

Surface approx. (cm²) : 588N° de page : 4

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Eléments de recherche : WEAVE : cabinet de conseil en management, toutes citations

Avis d'expertsFaut-il séparer à nouveau les banques de dépôt et les banques d'investissement ?

Jean Peyrelevade,ancien président du CréditLyonnais.

"Ramener le banquierde dépôt sur son métierd'origine"

La banque doit créer de la monnaie enprenant le moins possible de risque- même si ce n'est pas une idée popu-laire - de façon a ce que la monnaiequ'elle crée ne soit jamais suspecte. Lesystème bancaire est un tout. Le fon-dement intellectuel de toute opéra-tion de régulation devrait consister aramener les banquiers de depôt surleur métier d'origine. Oui, il faut sé-parer la banque de dépôt et la banqued'investissement qui, elle, ne fabriquepas de monnaie et ne gère pas un bienpublic - sa défaillance éventuelle estmoins grave II faut limiter, de f agon as-sez étroite, les catégories de risqueque les banques de depôt sont autori-sées à prendre. C'est une des premiè-res mesures prises aux Etats Unis en1933 a partir de cette même analyse •les banques ont sauté en 1929 parcequ'elles avaient financé la Bourse Lesgens avaient joué au casino avec del'argent emprunté aux banques ! Alorsles Américains ont dit "la Bourse c'estpour la banque d'investissement"L'idée, c'est que la banque d'investis-sement se finance directement sur le

marché Dès lors que vous prenez unrisque eleve ou spéculatif, oud'ailleurs un nsque d'entrepreneurtrop fort, vous devez mettre en f ace del'épargne déjà existante investie enprêt d'argent ou en actions Dans le casdes banques françaises, je ne croîs pasque la séparation les affaiblirait. Cel-les qui ont le plus perdu dans la crisesont celles qui ont pris le plus derisque, qui se sont le plus écartées deleur metier traditionnel En quoi çarentre dans le metier d'un banquierfrançais de constituer un portefeuillede papier américain de plusieurs dizames de milliards de dollars ' En quoiest-ce nécessaire a l'économie fran-çaise ? Dans le principe de la separa-tion, je peux être plus subtil. Lebanquier ne doit pas prendre de posirions pour compte propre parce qu'ilne travaille pas avec son argent, maisavec la monnaie qui est un bien publicDonc je suis prêt a autoriser le traderchaque fois que le banquier agit pourle compte d'un client, chaque fois qu'flne porte pas lui-même le nsque. On neferme pas complètement la salle desmarchés pour acheter du yen ou dudollar pour EADS Parce que si l'ana-lyse de risque sur le client a été bienfaite, ce n'est pas le banquier qui perdde l'argent Simplement si vous f ailesce travail pour le compte du client, sivous n'êtes jamais en risque propre,vous n'allez pas gagner des fortunes,

"Le banquier ne doit pas prendre deposition pour compte propre parce qu'ilne travaille pas avec son argent maisavec la monnaie qui est un bien public."

et les traders non plus. Au passage, laquestion des bonus est automatique-ment traitée Ce dispositif n'empêchepas de fabnquer des banques d'inves-tissement La condition est qu'elles serefinancent par le marché Rienn'rn-terdit de créer une filiale qui ne se re-financerait pas auprès de la banque dedépôt La règle est un peu plus subtileque dans le Glass Steagall Act, maiscela revient au même.

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Pierre-Henri Leroy,président de ProxinvesL"Depuis dix ans je suispour la séparation"

Cela fait dix ans que je prône dans pasmal de revues la séparation banque dedépôt et banque d'investissement. Jaiun vécu personnel, en tant que salarié,avec le Crédit Lyonnais qui était lechampion de la banque universelle àl'époque Haberer. C'est la loi Debré de1965 qui avait organisé ce virage versla banque universelle.Toute société re-cherche le monopole, c'est logique. Ad-mettre que cela a des conséquencesdramatiques pour la société, des ex-ternalités comme on dit aujourd'hui,c'est difficile à admettre pour les diri-geants des grandes banques. Ils expli-quent tous que c'est grâce à cesystème que l'on a financé la crois-sance. Daniel Bouton,Pancien PDG dela Société Générale, expliquait pour

sa part que la banque a besoin à la foisde la "puissance de crédit et de la puis-sance de marché financier". Il n'a pastort, mais objectivement il y a degrands inconvénients. C'est à cause dece cumul que nous avons un marchécomplètement grégaire, que l'on abeaucoup de mal à financer l'innova-tion, et beaucoup plus gravement quel'on a un système qui repose sur lemensonge. Voilà des gens dont le mé-tier consiste à trahir deux clients surtrois : cela s'appelle le comité desconflits. Ce comité gère les différentsconflits d'intérêt au sein de la banque,et il se peut qu'un client soit concur-rence par plusieurs branches d'acti-vité. La banque peut être mobiliséepour défendre un émetteur contre desinvestisseurs ! C'est un conflit d'inté-rêt interne insoluble. En trahissant lesclients, vous trahissez le marché. Lesmétiers dissociés sont beaucoup plusefficaces que les métiers monopolis-tiques. Je soutiens que Paribas était

"Les métiers dissociés sont plusefficaces que tes métiersmonopolistiques."

beaucoup plus brillant avant l'OPA deBNP. En réalité, le système bancaireest depuis vingt ans totalement mé-diocre au niveau de l'innovation desservices. Regardez, la carte de créditn'a pratiquement pas évolué depuisvingt ans.

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Henri Emmanuelli,député PS des Landes.

"La séparation banque dedépôt-banque d'investissementest la bonne méthode"

Je pense que si l'on veut stabiliserle système financier, il faudrait re-venir à certains distinguos entrel'argent des déposants et ce qu'onappelait avant les banques d'affai-res. Faire sauter cette distinction aété un facteur de déstabilisation. Ladeuxième chose à faire pour stabili-ser le système, c'est moins compli-qué, c'est augmenter les fondspropres des banques. Cela veut direinstaurer un système où lorsque lesbanques font des bêtises elles pren-nent plus de risques. Il faut que l'ef-fet de levier soit moindre. Il estévident que si les banques risquentleur propre argent elles serontbeaucoup plus prudentes que si el-les risquent l'argent des autres. His-toriquement, et toujours aujourd'hui,le premier rôle des banques - mêmes'il a dérapé - c'est de transformerl'épargne courte en épargne longue,c'est-à-dire de financer l'investisse-ment. Le second rôle, normalement,

"Si les banques risquent leur propreargent elles seront beaucoup plusprudentes que si elles risquentl'argent des autres."

c'est d'apprécier le risque. Qu'est-ce qui s'est passé à la veille de lacrise : à travers ce qu'on appelle lesproduits dérivés les banquesavaient inventé un système pournoyer les risques. Il ne faut pas s'é-tonner que lorsqu'on passe à un sys-tème bancaire où la technologieprincipale est la dissimulation durisque, il arrive ce qui devait arriver.Encore une fois, la séparationbanque de dépôt-banque d'inves-tissement est la bonne méthode.

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Eric Delannoy,vice-président de Weave.

"Le modèle universela f ait ses preuves"Les banques de dépôt et d'investisse-ment font appel à des compétences etdes managements extrêmement diffé-rents. Ce qui pourrait militer pour uneséparation des deux activités : je pensequ'en effet il faut une muraille de Chine.Mais, à mon avis, il faut garder unebanque universelle et avoir un mana-gement unique et des capitaux uniquessur l'ensemble de la banque. Dans lacrise actuelle, ce qui a sauvé les banquesfrançaises, c'est ce modèle universel : ila f ait ses preuves. Les banques de dépôtont servi, dans la consolidation des ré-sultats, d'amortisseur de crise considé-rable. L'autre avantage du caractèreuniversel est d'avoir une stratégie d'al-locations de fonds propres plus équili-brée. Dans la banque d'investissementvous avez des activités de fusions-ac-quisitions qui rapportent beaucoup dechiffre sans être consommatrices defonds propres, alors que sur la banquede détail vous avez des activités de cré-dit aux particuliers fortement consom-matrices de fonds propres. Dans la

"L'autre avantage du caractèreuniversel est d'avoir une stratégied'allocations de fonds propres pluséquilibrée."

banque universelle vous pouvez avoirune rentabilité globale de la banqueavec des stratégies d'allocation de fondspropres qui s'adaptent en fonction derévolution des marchés. Je mets quandmême un bémol. Aujourd'hui il y a uneschizophrénie entre la volonté de met-tre en place des structures bancaires pé-rennes grâce à la banque universelle etauxphénomènes de concentration et leconcept du "tao bigtofail".De fait, sil'oncrée des " monstres", on est obligé de lessoutenir en cas de crise, par peur durisque systémique.