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RélllY BEAURIEUXDirecteur littéraire Il

Félix MONCHODirecteur Gérant

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pOUl' SOli 1('II\'I'e " Pl'til Mal'oc ..(I~diliuus de Llllaol' il '\Ial'l'akech)

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Nos peintres: Jlalléo BI'Olll/Y .I.a (;ascoYllc , , , , , , , , , .. , . , , , .I.a Sociélé il/llSII111lalll' dl' hiclIraÎSI1I1I'I' Il

Casablallca. , , . , , , .111I1If/I's .1I(//'ocaÎlIl's .1ïl'II.I: C(l/ZOIlS .

Poésies:I.a /lad/' , , ,", ,.,., ".,Lc PI'Î,~OIlIlÎel' , .

A II1'ofJo,~ d'lIl1e IJI'éjàcl' .

Hors-texte:.\1 arrakech : La J/élllll'a

Fès: FOlllr:zÎlle il la /lùidl'Ill'CL' h~colc de la l.oi,.e (l'oman P;lI' B"·Ill~· BI~qllri('lIx i

Ch,'OIlÏr/I/(' bÎhlioYI'al,hÎ'jw' "",.Callsc/'Îc pOil/' Jladalllc. , , , , , , , , , , .... ,

Mondanités: [.1' 11Ial'Îay" [)aÎIlÎcI'-Col'dÏr.,.

I.a PI'ol/'clÎO/l dcs . 111 Î11Iall,(' , .1.1'01' rails de la UIIÎII~aÎIII', , . , , , . , .

:\laurie(' LE (;LAy,I\ollalld LEBEL.J,I'II'Y:\,1\('111)' BEAI'I\IEI\ ..l, de :\IS:\IES.Jeallue L\VEHG:\E.

A, HOBY,Jeall (;ALOTTLIl('mi 11.\1:'\:\ Il'.

VieillI' CEHIIA\',H('lll)' BEAI'IUEl",

Jeall (;( IE\'AEHS.

IL B.1\1"IIl~ BEAt: IIIEIX.:\IICIIELl''E,

:\1 ('deciu-\,0u"1 iuairc UEVIIL\S.COllll1lUlliqlll'S pal'. l'Ageuce lIayas"

MARTIN

MAROC

'-

ROLJSIJETEpar Mauricc LE (~LAY

.Jc l'ai "cllcontré réœmmcnt, ce :\Ial,till dOlll il fnl ici

souycnl parlé, sinon lrop, ce ~lal'Lill qui me res,,-emlJle

comme llll frl're el qui parfois, à ceLte place, écrit des

choses illuliles qu'il signc impudcmllient dc nlon nom.

Celle fois-ci:ù mon abord (lue je pensais coudois, il

l'l'pondit laconiquement: « La IJarbe ~ », 11 y a toujours

quelque soldate:;qlle dans les t'a\;ons d(~ mon double. El

sans tl'OP m'inquiètel' de son accucil, je YOldus pourtant

m'assurcr cn lermcs choisis dcs motifs dc SOli humeur

Aussi l'epris-je:

- D'où vous vienl aujourd'hlli cet ail' sombre cl

SèVl'l'e'? L'cau lIIauqna-l-elle hier il votre rohillet, ou

(luelquc longue panne, al'rèt;11I1 la radio. YUIIS priva-l-clJe

d'ouïr l'orchestre il DubcaucJanl..:?

-- Cessez ~ mc dit :\larlill, ne !'l'oyez pas d'un r~thllle

alexandrin et d'ailleurs emprunté, corrigcl' volrc pro."e,

Ellc fut P,lI' Hémy BcaUl'ieux lui-môme classl'e de second

Ol'drc. Comme lout cc qui l'sI spécifi(luement marocain,

votre liU éra ture demcure en deuxil'lIle zone . Vous pour­

rez peut-ètre remplil' celle-ci, Vous n'cn débOl'dcrez

jamais. Donc, jeune hommc, laisez-vous el laissez-moi

vous dil'e cc (lui cause aujourd'hui la rogne où IllC voycz.

Et ~Ial'lin, rctl'Oussant des deux maius sa moufotaehe

gauloise, s'expl'ima ainsi:

-.Je pcste conlrc ccrLaille Lendal)('c, ('Olt!re CCliX qlli

la professenL, cncore plus eonlre ceux qui l'exploile]lL. IlsulIit d'avoil' passé l'eau, (\'ètre venu au :\laroe uliliser

des facultés qllelcoll!lue:;, déploycr des aclivilés din'rses

pour subir dans le jugemcnt de nos l'l'ères de Fran('e un

amoindl'issemcnl, comme une perte de ccrlains droits de

cilé, cc (IUI~ HélllY BeauI'ieux appellcl',lit « Demillutio

capitis» IllOrale et intellecluelle. On \lOIlS a jadis dÔllié

le droit d'èlre rosières. Le mol est drôle mais ce qui l'e~t

moins eslla fortunc qu'il a l'aile. Il n'est pas UII « chal'gé

.le mission» qui, au reloul' d'icelle, Ile nous couvrc d'élo­

ges mais ne laisse cnlelltlre que c'e:-t pllrl' polilesse, Et

celle api Ilion scmble ,il'lilliliH'mcnl élaldie qu'il n'y a iCI

lllle deux sodes d'illdi\'idus, les IWlldils el les Cl'(~lins,

.Je Ile protesterai pas outre Ille:;url' cOllire la première

de ('cs deux appelJat ions Le ballllil CEL il la mode; il esl

très l'épandu et beaueollp plus ailleurs qu'ici il \le juger

que pal' les liltus qu'on nOlis passe sous k Yi""l tle la (,;ell­

Slln', X'cst pas d'ailleurs balldil qui veut. 11 y fauL des

moyens exceptionnels et je n'ai pas le ,,-enlilllent que llOlrc

tene marocaine soit féconde l'II bandits d'envergurC',

camille il peul en éclore SUl' l'el'laine l'ive fll'ul'ie que je

ne vellx pas dire, Compal'(~s nvel~ ceux qll'on ll'Ouve ail­

leurs, il Il 'y :1 ici - que IV'IllY Ikallril'ux VOliS p.u'dolllle

le Illol - (lue de la roustissurc de balldil,;.

LI' sii'cll' el Il's mO'IlI's aidant, il rlC'vicnt dC' moins C'\I

mOlliS f,khellx d'dl'e lraité de bandit. II sel'a toujours

crllel d'Nrc laXl'~ d'imbécillité, C'csl pourquoi je m'in­

slll'ge. Ne VOliS flalle!. pas dl' Ille lrouv('l' ici irrespec­

tueux, ce qlli implicluerait logiquement que je puisse

,;LI'e parfois respectueux . .le le suis, en elId, mais poilll

loujonrs de nos formes sociales humainement établies,

l'II core moins .le c('rtains bOllzes qui s',v dl'mi'nen!. Et

comme e'esL précisémenl \le bonzC's ct ml;IIl(~ de bOllze,;

moroses qll'il s'agit, je voudrais ètre ponr l'elix-ci :-Înlple­

ment impel,tinenl, il la manil're de nos aïcux, lesquels

cx(~(~llaient en l'el art tri''': franl;als cl qni :;c pertl, .le

vondrais donc illnsLn'r de trois exemples mon exposé

(,i de,;sus d('s faculks qll'on nous allribuc et de:- senti­

mellLs ()lI 'on nOlis résel'\(~. Le premier exelllple reiIlOIl[C

ail voyage présidelltiel. Aulalll la pC'rsolllle de !'II. Dou­

mCl'gue devait ici emporlel' tous les sut1'rages, aulunl

ccrtain gronpe l'accompagnant nous panll déplai:-anl ct,

par son atLitude, désobligeant. Ilalllains, ferllll's, dis­

tanb, all'c(:tanl dc n'avoit' avec les pau\î'es ('crivlllllons,

bandils ou créliIls que 1I0US sommes, nul contacl ; man­

geall't, dormanl, lravaillant en 1111 cén:Jcle dont leur ;,cul

l'eg';ml d(~fendait l'approche, tds nous sont appilJ'us les

joul'nillistcs dc la ('our, républie;lins de choix, pal'ail-il,

qui nons aUI'aienl d,"goùtés de la HI'publiq'lc si ~Ionsieur

Doumergue Il'eut été Iii pour 1I0US rappelcl'(lu'ellf' n'est

pas failc {IUC de pontifes prélentieux, Ces gens, pOUl' sc

distinguer du comlllun et nlal'qucr unc supérjOl'ilé illup­

parcnLe il priori, pol'lenL ù leur IJollLolIlI,èl'e UII embll'me

CJu'on m'a dil èlre cl:'!ui llIème dc l'Eial. 011 y voit deux

siglcs : H, F. qui sc peu\'enl lraduire de diverses far;ons

et qu'Mayellt .le part ct d'autre deux l'pais el inquiélants

faisc,)aux de lictcurs dont les haches ll'allcllantes cnC<l­

d!'elll ou mellaCfmt un pauvre peLil bonnet phrygien, mar­

que du temps préselll,

.J'ignorais - voyez comme 011 est simple aux colo­

nies: - q Il'il existùl dans le journalisme des lJOnzes

l'llal'g"S de quelqne fonelion sacl'ée. A l'eux-Iii dir:lÏ-je

CJue l~es façons de petil orgueil démocraliqne nc nons Cil

illlposent pas cl que s'ils sont Vl'aiIllcnt les servileurs

dévoués du Chef de l'Etal, ils de\'l'aicllt bicn, il l'l'gurd

de leu!'s hôtes, imitel' sa cl"II'nlanlc urbanilt',.

L'autre exclllple III'esl fourni par llll \ oyageur en

lillérdtul'e {lui, Cil lemps normal apprend l'orthographc

aux ledeurs du « Te 11I/1 li » el, Cil tcmps ccrlaillenlellt

anormal, s'intél'esse ù nos af1'aires, Celui-Iii a bien voulu

condescendre ù faÏI'e une conférence; non pas aux gens

.le Casablanca (pouah ~) mais il ccux dl' Bahal qui sont,

vou.-- le san'!., d'un nive'lu inlellcctuel e( Illornl pllls

1~levé .. Cc mOllsielll' ne s'est pas moins paYl' ces audilclIrs

dC' ('hoix cn leUl' Jé\'cloppalll, IIn(' heure d'horlog(', le

1I1èmc suivanl : .Je suis crili(IUe lilléraire, mais ne l'J'o~cz

pas quc jc Iisc lcs livl'cs (lu'on m'cnvoic, Ils sonllelle­

menl nombrcux q IIC mon lcmps scrail absorlJé ricn quc

pal' le soin d'en couper lcs pages,A ceux dïL:i, mes 1'l'('rcs cn bandilismc cl imbécillilé,

je rappelle IItI'un L:rilique CSlllll monsieur qui fabriquc ù

J'usagc des' :;nob:; des idée:; loules l'aile:; cn lilléralure,

El puis je me reloul'lle ver:; l\lonsicur DuLeauclard pour

lui diœ: - Chcr monsieur el ami, vous avez dépensé

une heure de kilo-\vall pour dill'user une voix qui parlail

pour ne rien dire, .\ous demandons à la radio qu'clienous charme et nous inslruise, .\ous sommes gens d'af­

faires, donc all'airés. :'Ious n'avons pas de Lemps ù pcrdre

aux balivcrnes. POUl'lanlne refoulez pas les conférenciers

el autres oiscaux vcnus de Franec. Il cn esl de savanls,

de correcls el dc séricux.

A (lllOi l'inlcrpcllé "1 répondre qu'ici on s'csl payé sa

lèle auLanl (lue la noLre,

Le demier exemple, lc plu:; lri:;le, m'csl fourni par

l'un des nolres (lue nous avon:; jadis choyé (llHllld il

a1Jallaille:; noix du vcrgcr gouvcrnemcnlal cl qui, adulanl

aujourd'hui ce qu'hier il brùla, nous a l'ail du Maréchal

Lyauley un panégyrique oulré cl lcl que nc l'auraienl osé

scs plus imprudenls Lhuriféraires d'aulrefois. Puis il

nous a dil quc :;i nous avons quel(IUe vilalilé, quelquc

valeur, nous le de\'ons ù l'éducaleur mencilleux .. , elc ...

etc,

EL de nous l'aire dire ces cho::;es, comme à d'impar­

donnables oublieux el par celle bouche encore, n'esl-cc

pas lrisLc à plcurcr ;

SUI' cc, Marlin ayanl vidé son sac, fil dcmi Lour ct

s'cn alla. El ù parlmoi, lui parlant, jc me disais:

- :\larLin, mon vieux, vous n'dcs vraimenl pas gai

(luand vous des de 'l1auvaise humeur el comme je ne

::;aurais laissel' nos lecleurs SUI' l'llllprcssion dc cc (illi

précède, jc vais lcur dire unc pctile hisloirc drolc qui

m'e::;lrevenuc cn vous rcvoyanL.

TouL lc monde saiL que 1larLin, mon double, me res­

semble aLsolumcnL. Mais cc que l'un nc saiL pas, c'c::;L

qu'il resscmLlc aussi complèLemenl à André Lichll'nLer­

ger, lequel élaiL le sosie parfail de Galliéni, Vous voycz

évidcmmcntla lilii're ...

UI' donL: un jour - c'éLaiL avant la guerre cL dan::; la

Hésidencc cn Lois improviséc par Tranchanl - l'officier

dc scn'ice, 1111 Loul jeune homme, perdanlnon sans causc

la lète, sc précipila chez Lyaulcy el lui cria:

- Mon (;énéral ;". il .v a, .. lù ... dans le jardiu .. , lc

(;énéral (;alliéni ... cn civil ... qui sc pfOm('ne ...

- .\om de Dicu ! proféra l'illuslrc prédéccsseur... cl

le C;uuverncmcnL (lui ne m'a pas prévenu:

(~ardc ù vous! Bl'anleLas, léléphone, Lousculade el

Loulle monde se précipilc sur le pcrron, le pauvre peLil

perrëln de Tnll1chanl. ..

Dans lc jal'din, devanL la maison, il n'y avail que

:\Iarlin (Itli n\vassanl, ôgal'é pcut-ètl'e, solilail'e sc promc­

naiL f~tonn('~ du lJruiL, il rajusla du doigt son faux-col,

salua polimenl eL s'éloigna, disercl.

l\laUl'ice LE GLAY.

MAROC

LE MAROCdans la littérature française

pal' Holand LEBEL

C'esl peuL,êll'e avee Ics vel's de J.-B. Housscau, com­posés il la suile de la demandc cn mariagc donl full'objclla princesse dc Conli de la pal'l du sulLan Moulay IsmalQ,que lc :\Ial'Oc csl enll'è l'OUI' la 1)I'emii~l'c fois dans la lillé­rature fran~aise.

Cela ne veut pas dirc (lue le l\Ial'Oc n'exislail pasauparavanl dans la liLl'airie fralll:aisc. Au conlwire, trèsnombl'eux sonl chcz nous les livres qui parlenl du Maroc;mais ce sonl des onVfagcs pal'liculiers, qui lmilcnl del'esclavage chrélien dans les l'crs du Moghreb, el qui sonldus, soil ù des caplifs l'aclldés, soil aux l'eligicux dépulésù Meknès, ù Fez ou il Man'akech pour la rédemplion desmalheurcux prisonnier::;. 11 .' aurail loule unc hisloireforl inlél'essanlc il écrire sur cellc lillératurc dc cuptiviléau l'lal'Oc. On peuL s'cn rcndre comple en parcouranl, pal'expmplc, la palhéliquc Relation du sieur Mouëlle ou LeIrécit d'umbassade dcs HH. PP. de la !\lercy ou dc la Tl'i­nilé. Ce nc sonl louLefois pas là dcs œuvres qu'on al'habiludc de comprcndl'e sous le nom de lilléralure, elclics sonl pluLol failcs pOUl' rclcnir l'allcnlion dc l'his­Lorien.

Les œunes qui s'illsL:rivcnl plus parliculièremenldans le domaine lillél'airc sonl assez rares à l'époque dela coursc burbaresquc, Les Romans mauresques qUlpamissenl au X\îl" el au XVIIIe siècles sonl dc puresficlions ll'aiLécs dans la forme cxoliquc convcnlionncllc,lelles quc La Princesse de Fe: par Préchac : au surplus,ce ne sonl pas des hisloil'cs cxclusivemenl marocaines.Lorsqu'il son lout' Voltairc padera du Maroc dans Candide,il nc donncl'a encore qu'unc image !Jicn supcrficiellc dupays.

C'c::;l-ù-dire qu'il nous l'aul allcndl'c la période con­lcmporaine dc l'hisloire mal'ocainc pour avoir unc repré­senlalion plus exaclc, cn mèmc Lemps que plus al'lisliquc,dc cel cmpil'e chél'ificn reslé si longlemps fCl'lné.

Déjù, ù la suile de nolre conquêle algérienne, à pro­pos des incidcnls de fl'Onli(~l'e soulevés à cellc occasion,on pcul nolcr dans la produclion livresque louchanlleMaroc une reel'Udc::;ccnL:e d'activilé. Ce nc sonl cependanlencore que des récils dc voyage. Mais bientôl, parmiceux-ci, un livrc se délache, un ll'ès brillanll'é(~il dù il laplumc de Piel'I'e Loli, qui suivail nolre minislrc plénipo­lenliaire il Fez; cc livrc, inlilul'~ Au Maroc, nous appoltcla pl'emièl'c vision coloréc, loujours vivante, (lui, dansune forlllc lillél'aire pal'failc, ail su caplivcr notrc curio­siLé marocaine,

Iks lors, lc :\lal'Oc enlrc dan::; les lelU'es fl'ançaiscs,comme il csL enll'é dans la sphère de nolrc inl1ucncepoliLiquc.

e'esl d'alJord la pacificalion mililaire ; el, avec clic,nailloule unc lilléralure guerrièl'c, œuvre des soldats eldcs l'eporLcrs qui suivenl nos colonnes. CCI'laines pagcsd'Emile \'olly leapilalllc Délanger) l'cslcronl pl'obablc­menl parmi les mcillcms lémoignages publiés il ce sujet.

Puis, c'csL lc lravail de reconnaissance géogTaphiqucdu PHYS ; cellc-ci, parfois, a pd'cl'dé la ('OIHluèlc, ('OIllIllC

cn témoigllent les cxploralions de Chal'1es dc Foucauld;mais, en général, clle suil les élapcs dc la pacifi,'alion cleomplètc nolrc adion : Iill,;ralurc documelllairc, sansdoule, mais lrès accessible, cl nullemenl n':~gligeable

même ici,Enfin, cc sonl des lourisles: el ceux-ci nOlis rami~­

nenl plus dircdcmenl dans le domaine dcs puIJ!i('alionsoù nous dC\'ons marqucr llOS repi'res,

L'un des premiers esl André ï.he\î'i1lol. qui, ;1\I

momenl oit Ic \'icil élal dc choses suJJsisle encore, Yi:,ilcFcz cl pcinl Un crépuscule d'Islam, Xons rell'(lIl\'eronsChevrillon quinze ans plus lard, avcc J/url'ukech dllllS lespalmes, où le yoyageur r'forme sa vision marocaine,X'esl-il pas précieux pOUl'un pa,vs d'avoir eu, di's le débul,des inlrodueleurs lilléraires lels quc Loli cl Chcvrillon ';Ceux-ci sc lrouvent bicnlol suivis pal' d'aulres (·· ....ivain,.;,qui ne sonl pas inférieuI's aux' prcmiers inlcrpl'!'lc,.;, cl qui,dans dcs évocalions color~es, expressives, fonl goùlcr lecharme dc Rabat (Ra{}at ou les hew'es /IUlI'OCIlillesl cl del\Iarrakech (Marrakech ou {es seigneul's de (A l/!/s); sibien qu'on a juslemenl prélcndn qne les frères Tharaudavaicnl l'ail plus pOUl' la difTllSioll du i\lmoc en Fr,mcc queLous les travaux de vlligarisali'ln publiés officicllenlC'nl.

A la suilc de ces auleurs, IJeaucoup de [ourisles onllenu il consignel' dans qucllluc ollvragc les imill'e:,siolisde leur voyage au Moghreb. Les produclions, avouon:'-Ic,sonl de valeur lrès inégale. el la plllparl dl':' volnnlesdépassenl à peine la valeur d'un simple guide ,kscripliL~éanmoins, le public mélropolil,lin esl 10udH; par ('CSrécils de lecllll'e facile, clIc jeune Proledoral bélll'liciede celle vogue,

Mais la lilléralur~ coloniale nc sc salisfail pas detelles publicalions ll'Op h;Hives, Elle rél:\ame dcs Inelsplus subslanlieb. Forl Ileurenselllenl le l'broc lui afoumi cel alimenl solide, nécessail'e à son dé\'eloppelllelllhal'monieux.

A côlé d'œuvres romanesques, il l'usage des grandsenfants, qui, ici comme ailleurs, ont fleuri avec unesuperbe facililé, s'esl développée unc lill(~ralure dl'jilforl impol'lanle, gràce ù laquelle le :'Ilal'Oc LienL une placehonomble dans les lellres françaises,

Ce Ile sonl poinl les poi'les (lui lui onl assun" cc rang;cal' ceux-ci, encore peunom!H'eux, cl en dl~pil de cerLainsrccueils eslimablcs (Alfrcd Droin : Du sallg sw'l<llllosquée,Guslave Bouger, Hémy Beaurieux, Léonce Bolland,François Onll'roy), semblelll surloul des isolés dont lesmanifeslalions reslenl sans grande porlée, dll moins pOUl'le momenl pI'ésenl. Avel; plus d'auloriLl', les romancierselles conteUl'S onl assumé la lùchc de faire counailre leMal'Oc el scs habilanls. Csanl d'un moycn d'expl'essionmieux goùté du public, cl sans doulc aussi mieux adapltlaux fins poul'suivics, ils onl inconlcstablemelllréussi dansleur enlrepI'isc,

Deux grands courallls sc de"sillenl dalls cellc produc­lion d'apl'i's-guelTc: d'une pal'l, les livres qui onl pourprincipal objct l'dlHlc des milieux indigi'II('s; d'allireparl, ccux (lui observenl plulùl les miliellx ent'HI)(~ells. Ladislinclion, d'aillelll's, n'esl pas pal'linI1ièl'e au :\Ial'Ol', cl

1'011 lrouve dans I)I'es'lue Ioules nos eolonies ces deuxcouranls, (lui résuILcnl de nolre besoin de connaitre plusinlimemenl les ùmes de nos sujels ou de nos prol,"gés clles réactions des EUl'Opéens lransplallll's il la colonie.

Le l\laroc, lrès jeune lene d'expansioll curop,"enlle,ouverl il nous depuis peu, n'a pas encorc pcrmis, commcl'Algé,'ie, le développemcnl d'une l'ace 11("0 fran'.:aise donlles cal'acli;I'es spéeili'lues foul'llissenl si riche lllalii're ill'analyse dcs romallciers, Les éludes panics dalls ccl ordred'idécs, louchanl Jc Proleclol'al maroeain, s'appliquent ù

~IAROï.

des Iypes dïlomllles lels qu'on- ('l(renconlrc dans loulpays l'CIl!' ù ses dl'bnls. Les plus connu,.; de ces romanssonl : I~e cf)wjuél'ulIl d'Emile :'Iolly, l,el; hommes l/Oll/'euux

de C1ande !"arri're, Lit ville lIell/'e de :\larccl Fragcr, Les!zOl/lllleS de 111'f)ie de :'Ilaximilienlle Ileller, Le bout du l'ltil

dl' Jean l:ell'Illd . ..-\ c()lll de ces ,"Imles, d'aulres ouvrages,sans prételldre ,'"mp('" des ayenluriers 011 des ,;cumeurs,reprl'senlelll d(,s aspeds divers de la vic cllropéellne,civile ou milIlaire, Les 1I0ms d'Edouard de h:eysel' (/~a

Ultl'akll), dl' .Jean Viollis (f~('s délices de Fe), dc JeanHClland, de Ldy-CourlJii're, de J, Fonlelroye, s'imposenlici, ponr Ile ciL('r que quel'lues auteurs parmi beaucoupd'autres,

Cepclld;IIJ1, c'csL pluLol vers J'élude dcs milieux indi­gi'lIes (IUC s'esl P0l'll) l'cll'ol'l des 1'01Ilanciers cl des con­teul'''. Il nl~ s'agil pas ici dl''; énJcaliolls du vieux "Ial'Oc,ni dc,; peilllures ù cadre hisloriqll(', lellcs que, par exem­ple, I~e,...' e.,·I'lIIl'es de J1éqll/lle: pal' ,\Iadame Xancy-George,Il s'agLl de 1'I'collsLillilioll"; plus dl'li( ;tle,.; cl plus IlllillleS :il ,;'agil de J'élude psycitologi(I"C des èlr('s 'lni Yivcnl ilcùlè de nOliS, d donl il IIOUS apparlienl de connailre lalIlenl;t!iL,", dl) pl'néLrer la vie profond(', ;t1in dc mieux lesCOllll)l'CIHlre pOUl' pouvoir IIIIeliX le,..; diriger,

Le 110111 de :'Ilauriu' Le (;Ia) reslera aLlacht' ù cesrep",",.;cnl;1I ions d'daLs d'ùllle parliculicr,; aux popllialionsber!>i'res, Ses Jl(;cils nUlI'ocl/ins de la {i/aine el des monis,

suins de UI/ddll, 1Uo, Les 1)1/8le1lI's, clc, .. consliluenl unenseig-ncnll'nl Inarocain qu'on nc ;-aurail négliger, L'au­teur saiL cc doul il parle, cL avanl d'llcrire ses livres, illes a Vl'CUS. EII face dl~ Le (ilay sc lienl madame Aline. deLens qui s'esL VOU,'lll ù l'dude d'lin momie psychologique:1 pari, c(,lui de la f(~IllLlli' lllLl"ullllane. En pays d'lsl;lIll,seule ulle feillme pouvail pélll'ircr '/;111"; ,'e dOlllainc inac­cessilde, el, avee une Iri's filw :<ensibiJill' joillie il uncob:'l'I'valion tri's sùre, nladalll(' de Lens a évoqué cn rclie!'loule celle vic cachée (I.e hal'em el/li"ouvert, Derrière lesuieu.L IIIW'S en ruilles, ,tguida),

Les rOlnanciers onl suivi soilles lmces de MauriceLe (;Iay, soil œlles d'Aline dc Lens: H,'né "Iaur, Palnel­:'Ilarlllonl, Hené Euloge, madame IIcnrieLLe Célarill, sansoublier Paul Odinol, l'auleur du Caïd Abdallah, l\oli'cénuméraLion n'esl nullemenl limilalivc : mais nous nI'dl'essons pas lIn cala!llgLle, nous indiquous seulcmenl dcslem(ances, Les conleurs onl dudié le folklore marocaincl, s'in,;piranl ainsi d'l':,pril local, onl produil des peLiLeshisloircs lri's révélalriees : Allies moghrébines de .J os,Vallier, Les toits d'émeraude de Denvill el Tahar Essafi,el les conles de .Jean n~naud, de Lamolle Capron, deVizille, elc ...

Le lableau ne set'ail pas cOlllplcL si nous n'y ajoutionsdes es,.;ayistes (eommenl les appeler aulremenl .?) donlles pages onl l'heureuse forlune de plaire plus aux lec­leurs nIaro('ains qu'ù Cl'UX dc la ;\léLropolc ; ou y recon­nailra, daus des genres divers, A, de Tarde, G, lIanly,:\1. :'Iahon, IL Beauricux, A, Md('I'icr .. ,

Homancicl's cl eonlcul':<, cc ne sont plus lù des lou­risles hüLifs qui rl'digenl des (C impressions» pour scdon uer un bl'evct d'exolisme ; cc sonl des habilanls dupays, failliliarisl'S avec les laug-ucs cl les mœUl'S locales,Il,; apparlieunenl il la bonue ll'adilion coloniale, la vraie.celle 'lui prend ù L"chc de révélcl' dcs " humanilés » iguo­rées, Aiusi le l'oman colonialn'esl plus 111I livre de fanlai­sic, mais uu lravail s,;rieux qlli, sans nl'gligcr le eùlt;al'lisliquc, rejoinll('s dudcs docllnIenlaires,les eOlnplèlc,les l'clair!', cl qui collabot'c ù l'nlU\ï'C gl'lillt'al() de eoloni­,;alion cn conlribuanl pour sa parl ù la meillcure connais­sance des imllvidus el des l'aces,

l10land LEBEL.

MAROC

SAINTS MUSULMANS DU MAROCpat' J. PIPY:\,

Combien sonl-ils, dam; les lrés sainls cimelières, ou

isolés SUl' la letTC nue du bled marocain, ces sancluaires

où reposenlles sainls vénérables d'Islam -? Des cenlaines,

dcs milliers, on ne saurait dire !...

Pat'lout, on en rencontre: blanches koubbas adossées

aux l'emparls ou émergeant de l'uniformité des stèlcs,

dans les gt'amis cimetièrcs, bàlis en dehors dcs murs, où

loul autour du sainl, dort une infinité de morts, infiniment

oubliés.

Combien dc carrcfours, d'impasses nous révèlcnt un

coin myslérieux et sombt'e, où, pal' l'étroite fenêtre gril-

Celà esl dû, sans doutc, il lu prédominance tl'ès mar­

quée, dans la formation ethniquc du Maroc, de l'élémcnt

bcrbère, En clret, lot'sque l'islamisme s'imposa aux Ber­

bères, ceux-ci nc renil~rcnl pas leurs antiques tradilions

sacrées; el leurs sorcicrs, leul's prophélesses, dcvinrcnl

aulanl dc sainls el dc sainlcs dc la rcligion naissanle.

Pour ccs nouvcaux converlis, Allah élait lrop nouveau,

trop loinlain, trop invisible, aussi adressèrent-ils Icurs

prièrcs au sorciet' - devenu muraboul - qui manifcslail

pat' des miracles sa loute puissance,

L'anlhropolatrie berbl~re étail lrop profonde pour

..

Fez - Cimelièrc Sidi Bou Bail,er

lugée (à laquclle dcs malllS pieuses ont accroché tles

lambeaux d'étoffc;', nous pouvons voir, dans un décor de

pénombre, le gmnd catafalque recouvert de soie lamée aux

teintes fanées, ou bien de simples dalles el des stèles où

les Ot's brillenl seuls encore dans le suprême délaissement

d'alentoUl' !

Ailleurs, en pays berbère, les oliviers, les arganiel's

aux branches chargées de pietTes ou d'ex-voto divers,

Ics innombrables kerl\Ours (1) ou les haouitas massivcs

sonl aulant de tombeaux _. réels ou supposés - des

« saints» légcndaires.

P01U' qui vient de l'Est, d'Algérie ou de Tunisie, un

si grand nombre de sainls vénérés sur la lerre marocainc

est chose très frappante, car nulle parl ailleurs, en pa)s

d'Islam, ou n'en rcncontt'e unc telle infinité.

(1) J{erkoul' : las de pierres, en forme de pyramide, ayant

1111 car':lc!CI'C ,;aCI't\ ou servant tic nH'Iu~olee il un "ain!.

que la nouvelle religion ait balayé, suns rien en garder,

le culLe millénairc primitif.

Allssi, dc mème (lue dans l'blam oriental, certains

sainls sont inconlestablemenlles successeurs des divinités

du paganisme gréco-romain, un grand nombre de saints

musulmans du Maroc sont nés du culLe rendu à une divi­

nité païenne, el n'ont exislé (lue pour légitimet' la conti­

nuation de t'iles plus anciens,

D'autres eauscs plus génémles ont contribué au

développement du eulte dcs saints dans tout le Moglll'eb

ct au l\lat'oc en particulier, Unc des principales l'ut le

grand mouvemenl, la grande poussée religieuse qui sou­

leva le Moghreb au XVIe siècle, Le triomphe des chré­

ttens en Eut'Ope pt'Oduisil dans loule l'Afrique du Nord

unc cll'et'vcsccnce rcligicuse qui se manifesta pat' un

accroissemenl tt'ès marqué du nombre des saints. A celle

même époque, un mouvemenl, parallèle à celui qui créa

cn EUt'Op0 l'ordt'e d0s .Jésuitcs pour lultcl' ('01)I,'C lc pl'O-

lcslanlismc, donna naissance aux confl'él'ies religieuses

tlui se développèrenl ll'L'S l'Hpidemenl, "i mpidemcnl

même quc les sullans s:ladiens - amcnés ccpellliant au

pouvoir par ces confl'érics - cherchèl'cnt à se débal'l'as~

senies plusgènanles. La foi musulmane fut alors ('alluméc

pal' une foule de prédicalcurs, (lui cssaimi))'cnl du Sous,

du Dr:\, de la Scguiat-el-lIanll'a SUl'toul.

Certains onl pensé aussi (IU'il fallail voir dans la

rigueur du monothéïsme islamique, qui fait d'Allah un

Dieu si éloigné du fidèle, une autre cause du développe­

ment du culle des saints: Il Il n'y a de Dieu que Dieu .. , »

Ccl a est possibl~, mais non cerlain; cal' au Inilieu dcs

supcrstilions les plus grossièl'cs, l'I"lam pcrsistc dans

son monothéïsme fondamenlal. el le culLe des saillls n'a

jamais été, pour celte raison même, ce que cerlains onl

dil: « une importation de l'Inde panlhéisle »,

MAROC

Dicu! El il faul bicn rcconnailrc quc landis IIU',lI11cllrS

lc nom de Dieu cl du Prophèle résonne paI'toul : dans Ics

mos1luécs, du haul des nlinarels, aussi bicn quc dans les

souks ou sur les lil\'l'cS du mcndiaul sordidc, « illlini.

obsédant, élcrncl)) au \laroc, lc plus souvcnl, c'cslle

Illal'aboullùcal 'lui csl invoqué pal' lcs masses populaires,

Ici « )'ombrc du sainl pèse SUI' l'homme, pleine d'éncrgies

rcdoulablcs hcUl' ou malhcur, baraka ou bùs, suinlilt

)',II'1'èl des deslin'~es clIc souhail du saint »,

Quclle est l'origine du mot « maraboul )\ el quelle nc

cst l'élymologie '?

Cerlains cn fonlllll dérivé de « mer'bout » (aLlach(~,

lié) ct pcnscnt il élablir unc corrélation cnlre cc mot et Ic

mot fran'.1ais « rcligicux » (du mol latin « rcligal'e » Icqucl

signifie aussi aLLaché, lié.) Mais, aussi séduisanl quc

puisse être ce rapprochement, il constiluc, suivanll'avis

très aulorisé dc 1\1. Doullé, une en'cur gl'ossièrc.

Sidi Roudnane dans le Zerhoun - :\llU'abou 1

Il lI'en est pas molUS vraI que l'Islam, comme le

chrislianisme, a dû saLisfaire au besoin qu'a l'homme de

sentir un intermédiaire entre la Divinité cL lui et accep­

ter le culledes saints.

Bien que le PI'ophèle (prévoyant sans doule les abus

auxqucls ponrl'aiL conr!ltil'C ln dévolion aux sainls; Sf\ fui

l'ésel'vé le pouvoil' d'inlcl'ccssion (la chaftla;, l'hommc

qui, par nalure, sc plaît" à fOl'ger mille plaibantes socié­

téz cntl'c Dicu cl lui» épmuva Ic bcsoin d'aulrcs inler­

cesscUl's privilégiés: Ics sainls. Ce pouvoir d'inlerccssion

est unc gràcc qJ.le Dieu seul pcuL accordcr: II Qui peut

intervenir auprès dc lui sans sa permission? » (Coran,

verset du trône.)

Il semble que la pamle de MahomeL n'aiL poinl été

observée cl qnc celle Il permii'sion » :lil élé acconlée à

bcaueoup, pl'odiguéc mème, ù leI point rplC souvcnt la

masse populaire ne dislinguant plus lri's bien le dispeni'a­

lcur de l'inlcITcsscul', s'adresse ... aux sninls plutôl (IU'Ù

L'éLymologie de « marabouL », que le musulman Pl'O­

nonce Il merabêt » ou « merabàl », estloule difTpl'enle ;

merabêL dérive de (( ribal » dont il a conscrvé la mcine.

Les ribaL' étaicnl des forLs bùlis durimlles premiers

siècles de l'hégire loul Ic long de la ctHc Atlantique on

dans l'inlél'iclll' dcs Icrres pOUl' défendrc Ic lerriloire eon­

Il'c les incursions possiblcs dc l'infidèle, Cclle lullc pOUl'

l'inviolabilité dntel'l'iloirc é/nnl considéréc par les musul­

mans commc nnc forme du (1 djihad)) - de la guerrc sainte

-- ils s'cn l'urenl uonl!H'cux da us ('cs ribal' (où d'ailleurs

on sc Livrail il des excrciccs dc piélé cn mème lemps qu'à

la guerrc) pour couquérir la faveur divine,

Le nom de l'ibal' ou r'bal rcsla ainsi il quelques

villes où fUl'cnl consll'llils ces l'oris: Taza se nomma

longlemps Il H'Imt Taza» cl Haba! « n'Iml el Falh ))

(1(' 1'01'1 dl' la \ïeloil'e). A ~ari, Ù l\I,lzagnn, exislcnl

dcs l'luncs de ccs l'orls : Ù quclques kilomi-lres de ecllc

dCl'llii'rc ville, sc ll'o)l\"('nllrs v('sliges d'une vaslc enccinlc

lem mission de pl'Opagnnde religieuse, de leur action

loule pacifique. les musulmans OIll-ils fait de ces mHl'a­

bouts de véritables sainls. Bien plus, la masse populaire

Ile se servit_plus d'autre lenne pour désigller un sailll

personnage; elle appliqua cc vocable il tuule espèce de

sainls, aux sainls véllél'ables cOlllme aux idiols, aux fous,

aux illuminés, el, allant plus loin encorp, ù lout ce (lui

peut avoir un l~aracti're sacré, ù des animaux pal' excmple.

Ainsi la cigogne est "maraboule)) et des Irgendes

expliquenl POIII"luoi elle c1allue du hec et pourqnoi celui­

ci esl si loug: " La cigogne élail autrefois un cadi que

les procès ennuyaient. aussi, pour sc distraire, il avait

enduil de "avoll les degrés du prétoire, en ~ortc que les

pL.ideurs qui se pl'ésentaienl il son tribun,d glissaient et

tombaient SUI' le dos, ce qui faisuil ('dater de l'ire le

Jnugistml facétieux. Pour le punir', Dieu le changea en

cigogne cl ses claquements de bec l'appellent les éclals

de l'ire de l'ancien cadi, ))

Le corbeau, le hérisson. le pOl'c-épie, la grenouille,

l'hil'Ondelle, onl égalemenl un c,\I'acli'I'c sacré el sont

l'objet de légendes semblables .

Aussi les lelll't>s musulmans senlant combien celle

dénominat ion de marabout " recouvre de croyances

r'épl'Ouvi'es pal' l'Islam )), emploient-ils plutôt, pour dési­

gner un sainl, le mol de « ouali )), celui qui est près (de

Dieu),

Si les saints mu,ullllans n'onl pas de signes distinc­

l il'" extél'iellrs, ils out, du moins, des titres spéciaux: on

le~ désigne du IWlm de" Siyid », Sidi : (Sidi Abd-el-Kader

el Djilani, Sidi Bel Ahbès-cs-Sebti) ou bien encore de

moulù. Ce demier lilre ful illustré depuis lrois siècles

par' les chérifs, qui nn XVI" sih'le fondèrent l'empll'e du

Maroc, el qui l'àyaient, en quelque sorle, " monopolisé Il

(on les désignail souvent sous le nom de majesté Il mou­

louycnne »). Mais Lous les marabouts se prélendant plus

ou moins chérifs, l'ui:iag-e a prévalu de les appeler égale­

ment « moulàya )l (lui esl devenu Moulay: Moulay Abdes­

siam, 1\Ioulay ldriss.

Très nombreux, puisque chaliue village. chaque

lribu, chaque cimeLière, en possède parfois plusieurs, les

sainls musulmans appal,tiennenl il des époques, à des

castes, il des races très dill'él'entes. Il y a des saints lJui

furenl - ou qui sonl, puisllu'il y a des sainls vivants ­

de tl'ès grands seigneurs, d'autres de pauvres diables

couverls de la Khü'qua en lambeaux, des sainls lri~s

savants, d'autres parfaitemenl illelll'és; des sainLs qui

pUt'ent se dil'0 les compagnons du ProphHe, el d'autres

qui demeurelll pour Lous les croyanls C( Sidi cl 1\I0kii ))

Monseigneur l'lnconllu, Tous l'CS sainls Ile furellt pas

mèrne toujours musulmans puisllu'il y cuL parmi eux des

dll'éliens ren{'gals et lJue, tians le Sud marocaill en par­

ticul ier, on renconLre de nombreux sainl s j udco musul­

mans, vénérés il la fois pal' les juifs et les musulman;;.

!\lais Lant <le voies mi'nenl ù la sainleté !...

..

qui fut le r'bat de Tf1, consll'Uil pt'Obablemenl au milieu

du XIIe siècle: les pOl'les, lcs baslions, les loUt'S subsis-­

lenl encore; au cenlrc, un minarel demeure deboul,

mal'llutll1ll'emplacemcnl de la musquée disparue cl indi.

quanl bien quc les musulmaus pieux venaienl dans le,;

ribalnon seulemenl PUUI' guerroyer, nl<Iis ponr « .' chcl'­

chel' un enseignemenl rcligieux cl des exelllples ascéli­

ques )),

Dans les croyanees populaires, ccs lieux sonl d'ail­

leUl's l'es lés une lerre sain Le; ils sonl vénérés non seu­

lemenl il cause des nombreux lombeaux de marahouls

qui se trouvenl dans l'enceinle, mais <Jussi ù cause du

pouvoit' sUl'l1aturel que la dévulion populaire confère aux

ruines elles-mêmes; les cailloux, les lambeaux d'élofi'es,

Lous les ex-volo divers témoignentquïci, les deux culles

se sonljuxlnposé,.; : le culle islamique el Je- culLe païen

pl'imiliL

Plus lard, IOl'sque l'inlidi'le ful déliuilivelllenl chassé

du l\loghrcb cl Aql:a, le l'ibal', perdil sa destination

Fez - i\larubout de Bab Ségmu

p.'emière el Ile ful plus liu'un lieu Je relt'aile, Je prières,

un peu analogue ù un couvenl ; ceux qui s'y relirl~rent

rel,;urent le nom de merab'tin ou mourab'tin, Cc n~ot

rlevenu populaire lors du grand l'éveil religieux du XVI"sii'cle, se lnlllSfol'nla en « membl\l)) el le ribal' lui-même

changea de nom: on l'appela une znouïa.

Les merab'tin ne furenl plus, dils celle époque, que

ùes apalres chargés avanlloul d'islamiser les populalions

llu'ib trouvaienl snI' leur chemin, Aussi, en raison de

MAROC

(Li suivre) ,I. PIPYN.

#

LE PRIX LITTERAIRE

DU MAROCpal' Hl'my llEAUIUEC\

Le Prix du ~Iarol:, deslinl~ l:clle annl'e Ù lin ouyragelill('rairc, a l'lé d("l'ernl~ Ù ;\1. "\Iphonse ~Idl'rié, pOlir sonlinc " Pelit il/aro:: )) publil' pal' l'l'dilcur \)11 l'al', il ;\Iar­rakech.

:\olre Hcnlc a parlé cn son Lemps de l:clle Wllyrespiriluelle el délil:alc, dans laquelle la scnsibilill' laplus fine s'allie il la plus ilTl'sislible (l1,ùlcrie. ~ous

ayons dil aussi cc llu'il fallail penser d'Ilne présenlalionbibliogTaphique l"i's soignl'e, ll'i's adaplt'~c au l'al'adi'red'un line YOUll Ù fait'c le diycrlissclllcnl dc Lous clIc rl'galdes délil:als.

Il esl un peu scabreux pOlIl' lm meln!JI'c du jUl'Y desembler s'applaudir lui-m(\me en lèmoignanl haulemenlsa salisfaclion du l:hoix qui a dé l'ail. Cependanl il le peuld'aulanl mieux qu'il a jadis formulé dans L:es mèmescolonnes cerlaines réserves SUl' le li\Te de ~l. i\ldl'ri(;, elque cc concours lui fOlll'nit une o('casion IIniqlle, commcon dil, de s'expliquer en loule franchise cl en loule lihcrll'SUI' les l'oncollrs elles concurrcnls.

Quand il esl qucsli0n d'lm prix lilll-raire, cela yculdire, que le jury doi 1 sc monll'cl' aŒnl loul sensi­ble aux ml~rilcs pllremcnl lilll'raircs des concul'l'enls,Celle allil'lualion, qu'on pourrail croire inspirl-e pal' ~l. dela Palisse, n'csl pas si inulile <tu'ellc le parail. Hien n'cslsi l'acile il perdre de yue que l'objet cl que de se laissel' déler­miner pOli!' loules sorles de dl-raisons pal' loules sOl'les deL:onlingcnces. C'esl le deslin ordinairc des jllrys, malgréICllr,.; IJOnncs inlenlions, el c'csl L:e qlli l'ail qll'en cellemalière, je pI'(;l'i'!'e encore le public ù Lous les jllrys.Un jour viendra sans doule qui yelTa la lin dc Lous lesconcours cl prix Iilléraires dl'finiliyemelll aYilis cl quireplacera l'l'criyain cn l'nec du ledeur sans aulre publicilécl sans aulre ballagc que son laIen!.

Heeonnaissons l'ependanl que cellc annl~e, ainsi dllresle que l'année llIème de la fondalion du prix, lluand ils'esl abslenu de couronncr des œU'Tes insullisanles, lejury s'csl bicn compol'l(',.

Il antil pOllrlanl du lnl\ail. ~ans parle!' d'aulcurs delalcnl (qrangers au ~Ial'Oc, ~1. "M(;rié sc ll'Ollvail en con­CUlTence avee deux ("cri,'aills 'Illi pomaielll l'aire h("silCI'les jllges. Le l'l'sllllal aUl'ail d,', bicn dOlllcux si 1\1. Hcnl'Euloge, donllcs " Fils de l'Omure)) (,laicnl sUl'lcs rangs,avail su joindre ù sa connaissanec peu COlllllllllle dcsmœUl'S cl coulumes IJcrl,i'!'es cl ail senlillH'nl sOllyellll!'i's jllsle de la "il' el des inslincts pI'inlilifs IInc luullbleparl dc cellc é1émcnlail'e habilelé 'lui l'ail llu'unc O'U\Tedoeumcnlnire puisse drc considt'rl~e l'ommc documenlail'ecl comme lilll'rairc il la l'ois. POUl' moi, il, m'a loujoUl'spa!'u dél'onecrlanl de yoir sonlnl'llre Ù des .iu!'.'s dils "Iil­h\l'ail'cs)l des oll\Tagcs d'nn slyle approximalif cl d'uncsynlaxe incel'lainc. Cl'S n<"gligPllccs ne sc pcn\'eIJl CXl'usel'qll'cn l'aH'ur dll gl;nie. :-;i M. Ellloge eonselll il s'obsel'\:erdayanlage, s'il rcnonel'. ('Oll1llle l'l'In lui a dt'jil l'lé dil, ùl'halJilude plll~I'ilc cl dl,~u"~le dc ll'ull'cr son fmn<;ais de1ll0ls bcrlJioJ'es donlla n("cessill' nI.' s"impose pas, il pouna

MAROC

sans doule un jour aspirer ù mieux qu'uu prix li.llél'aire dll~[al'ol': je le dis comme je le pl'nse, en loule fnllll:hise,l'al', di·s mainlenanl, ù dél'aul de slyle, il a loul cc qu'ilfaul pour relenir l'allenlioll.

Le « Chant ([1)/'2,.; la CO/l(Juète )) de 1\1. ()nl'I'oy, donlnous l'egTellons fOl'l de n'avoil' pu pa dei' dans « AJ(/l'oC »

lors de sa puLlicalion, le sel'Vice de l'ouvrage ne nousayanl pas l'lé l'ail, comme il eùl dé normal de l'espérer,ayail anssi de l'orles chanees. Les vers lr"'s correcls elconformes aux plus sll!'es lradilions classiqucs cl parnas­siennes de M. Onfroy avaienl en clrel de quoi sl'duire llll

jur}. Si les quelques experls h\unis lem onl I)J'él'l'd~ lesdélicales élégies ou les ironiques fanlaisies donl il a plu à1\1. l\Idérié de couper pal' momenls sa prose, qlle 1\1. Onl'rovne s'en prenne ni à ses mériles, <lui sonl grands, ni il so;\inl'onlcslaLle habilcll' lechnique, mais simplemenl aumalheur des Lemps 'lui veul que les sensibililés d'aujour­d'hui ne soienl plus gui're aceonl(\es ù son illspimlioll el ùsonrylhme. Bien Sill', il csl bon qu'cn loul poèle, mêlnele plus rérolll", il y nilllll pnl'llassien qui sommeille, maisil faul bien conslalcr 'Ille, dans noll'e hisloire lill<''I'ail'c, lel'al'w\sse a dt, lin lllouH'nH'nl sans 1endenIain, el 1lI01'i­bond aussilôlque né. On lui doil les ceuvres impeeeablesde Leconte de Lisle cl de l/prédia pour ne parlerfJne de ceux-là, mais cc sonllil des œuvres qu'il esl pré­cisémenl assez dangereux d'imiler.

Il serail Hill de conlesler il l\l. Onfroy ses noblesgOIÎls cl ses diflieiles modi.'!es, mais puisqu'il a, en se pré­senlant au pl'ix lillérairc du 1\Iaroc, sollieil(; l'adh(;sion 011,

si vous voulez, ln majoril(; d'Ull puLlic resll'cinl de huilmemlH'es, il aul'H pu se rendl'e comple que, ml\me aupri'sde [ellrés, plus disposés poul'lanl que (['aulees il suineleurs ehemins coulumiers el il savoul'er de glorieux souve­Ilir:.;, la perfeclion lradilionnelle de sa forme n'a pas ren­eonlré le succès qu'il aurail sans doule espéré.

Il seraillelllps de parlcr du laul',;al lui-même. mais jen'en yeux poinllrop parler. J'aurais peur de m(,\lel' l't'pineaux lauriers, cl 1\I. l\1élérié possède une ùme si sensiLle elsi féminine, qu'on n'ose l'el11eurer qu'avec d'illfinies pré­eaulions. Si je lui dis que son succès me ravil parce queje suis eonvaincu qu'il élaille plus mérilanl il eause de safanlaisie, de son émolion, de son invenlion el de sonslyle, mais li ue cerlains passages cl mème, si j'ose ainsiparler, l'almosphi.'re de « Pelilll1aroc )) m'horripilenl, ilya me reproeher d'èlre il double face comme Janus. l\laismèllle si eelle disposilion lui Naïl éll'Ungèrc il lui, i\ld("ril~,

eerlains hommes ne peuvenl-ils avoir en lellres, en poli­lique, en je ne sais quoi encore des goü ls el des lendanceseonll'e les([uels la l'aison leur Ol'donne de l'l,agir? II cslvi!'il de décide!' eonll'e soi-même el de pd'férer il sonimpulsion ou ee qui semble avoir dl' la yaleur, ou cc qnipamil s,"I'ienx, jusle cl vrai. ~e soyez pas Li'op exigeanl,1\ldérit~, vous arcz déjù bealll'oup de moi, mais lllème aveecc « Petit Maroc)) qne je me l'l,jouis fOl'l de voir eoul'onné,vous n'avez pas encol'e mon CWUI', Croyez-moi, on s'cnl'ail nisl'menlune mison, clIc seul inconsolable en eellemalii'I'e e'esl moi qui ne ll'Ouve pas souvenl en moi-m<\medes molifs de m'aimer eOlIllllC je Ic souhailerais, Il l'nulrous résiguer, el lrouver aulre ehose pour me séduire.Sinon, il foul me laisser grogner ·Jalls mon coin eonlre lesdMauls IluC je vous ll'Ouye cl donl l'énuméra lion publiquene suiwa pas aujounl'hui voll'e char lriomphaI.

H...·my BEAL:H1ECX.

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Nos Peintres Marocains

pur .Jeun de NISMES

SI l'on ponvaiL raire des chel's-d'ceuvl'es avec desLhéories, cOlllbiell noLre épo(lue serail féconde en ceuHesd'al'L! La "nouvelle école» nous a apporlé en parLiculiel'plus de LhéOl'iciens que de Hais al'LisLes; aussi éprouve­L-on un plaisir Ll'l'S l'éel devanL l'œuvre d'un peintre comme?llaLLéo Brondy, qui, ne s'embarrassant poinL de théoriesnoval1'ices, suil son inspiration el ulilise son arl avec foi.Dans ce domaine, comme ailleurs, les théories ont, cerLes,leur valeur de combat, el ne sonl pas Loujours vaincs;mais elles reliennenl peu le passanl.

L'œuvre d'un inlérêl si puissant d'un MaUéo Brondy,beau lravailleur, en possession d'un mélier sûr, agissanldans une discipline acLive qui ne s'improvise pas, captive,enchanLe, reLient.

\\1. MaLLéo Brandy esl un vieux M3I'ocain. ou pluLôtun vieil AI'I'icain, cal' il a parcoul'U non seulement le Maroc,mais aussi l'Algérie, du Sud au Nord. Je dirai même qu'ilesl le type du peinLre marocain, non de ces bohèmes quiaLLendenlla visite du génie parmi le désordl'e ell'exallationartificielle, mais de celui qu'anime la claire volonlé defaire par lui-même, sans se laisser détoumer par letl'Om pe-l'œil conven tionne!.

D'une curiosité saos cesse rn éveil, il a l'ail de lapeinllll'e le mode nalurel d'expression de sa pensée quinail .le l'inLeliigence sensible, dil'ecte eL insLinclive. SonœUVI'e, pleine d'une humanité réelle, s'inspire de l'inlérêlnaLurel des choses, de leur rel1el émouvanl el de leurcomplexité changeante.

11 s'esl nppliqué il l'ecueillir les images de la viemal'Ocuine, il les l'e1ier enlI'e elles avec clarté, il lescomposel' ave/"; amolli"

- ici, la vie tmnquille, de travail ou de rêve dans un"inLél'ieuI'Il, ou dans l'omLH'e des" loggia» de la zaouïa,qui abriLent des centaines de « tolbas,,; ailleurs, la vie desl'urs el df's souks, la vie du bled, la vie paisible du fellah,la vie dl' gmnde tente, où l'on partage le temps entre« la guerre et l'amour».

\\lais, quel que soil le thème choisi, MuLLéo Brondyvcul nous communiquel' avec fOl'ce l'impression qu'ilressent; il meL dans sou expression un enthousiasme réelen l11ême temps qu'une sérénité de compréhension qui,loin d'afl'niblir son inspiration, la soutiennent el laguic'enl.

Celle possibilité de sentir, d'exprimer cL de résumerles valeurs significatives exige une scienl'c (lui, il elleseule, classe les peinlres véritables; elle métier, chez unarliste comme celui-ci, n'esl qu'une coméquence logiquede sa pensée.

l\lalléo B.'on,)y jouiL tles beaux Lons, des belles l'onnes,tles belles composiLions~ et celle lriple beauté, il l'a ex­primée dans ses loiles.

S'il élndie et peinl un « morceau Il avec beaucoupd'arl, il n'ignore pas que lu gmnde œuvre sc compose,c'esl-à-dire s'éql~ilibre, cherche la convergence deslignes ct le jeu harmonieux tics plans.

Ses fantasias, qui font songer à celles de Flasschœn,sont à mon avis très représentatives de son talent, elmm'quent la possession parfaile d'un slyle qui réussit às'affirmer avec une puissance de réalisme très personnel,dans des sujets si reballus qu'ils ne supportent plus lamédiocrilé.

L'artiste meL dans ces « fantasias» l'éclal chanlanldes belles harmonies colorées el la «solidilé fondamentaledcs compositions aux lignes pures Il.

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MATTÉO BRONDY

MAROC

Chevaux qui se eaill'enl et bondissent comme pourd'incroyables chevauchées, dans un galop incef'sanl, quipassenl dans un nuage de poussière blonde; bêtes em­porlées par un indomptable élan, (lue le cavalier presseencore, penché sur l'encolure ou deboul SUI' !'es largesélriers; chatoiemenl d'dolres, scinlillemcnt du méla!,parmi des tourbillons de poudre ct de poussii'n" tandisque les fusils parlent ou volligent : il y a dans ces pagesmag-istrales comme une ilTésisl ible ivresse du mouvemenl,comme un désir de ce qu'il y a d'insaisissable dans lafanlaisie et dans l'espace.

Elles nous montrent d'éclalante façon le don de«colorisle» (dont on a beaucoup pal'!é) de ce peinlre.l\latléo Brondy eonçoil le problème de la couleUl' de lafa\:on lu plus inlelligente cL la plus pen,olllielle. Lecoloriste n'esL pas celui (lui jongle avec des couleUl's,mais celui qui l'ail vibrer lu couleur, InlpI.sc ou discrde,elle vibre intensément ici; peu d'arlistes marocains onlpoussé plus loin la science et l'instincl dl' l'accord deschauds (l'ouges, jaunes, bl'Uns) et des tons froids (bleus,verts, noir),

Malléo Brondy esl aussi le peintre de la lumière,lumière difl'use ou éclatan le selon l'heure et le lieu, Surle nuage el SUI' la montagne, sur les murs biancs ou ocresdes maisons et sur les terrasses, sur les terrains muels eldans la palmel'aie bl'Uissante, la lumière dit un monologueinlassnble, mais qui jamais ne lasse, parfois dialoguantavec l'ombre à la faveur de hardis conlre-jours,

Mattéo Brondy vit depuis de longues années il Meknès:la ville des hauts chérifs alaouites, dont le sultan MoulayIsmaël voulut l'aire un « Vel'sailles marocain», l'a conquisel gardé; on sent qu'il aime celle terre chaude, le Zerhounmauve ou bistre selon l'heme, la vieille ville toutevibranle et que nulle part ailleurs il nc sent mieux vivre,

"Sur les hauteurs de Meknès Il esl une page bienallachante. « Les teITasses» (effel de maLin) à l'heure dulever du soleil, il « l'heure exquise», comme dirall Vel'!aine.Disons, avcc un peintl'c commc celui-ci, (lue celle heureexquise esl pUl' excellence l'heUl'e simplificaLive qui,noyanl les déLails oiseux, dégage le caractère vrai d'unsite,

A côté de ces « paysages)) brossés avec maUrise, un« chaouch li el des cavaliol's du maghzen synthétist\s dansleur geste de garde, un «cavalier il l'étendard", qui n'estautre que le chef vénéré de la puissante confrérie desAïssaoua, élulle lI'ès vi vante cL très poussée, nous montrenlque les dons du peinlre se complèlenl mel'veilleusementles uns les autl'es; aueun d-eux ne supporte la médiocrité,ellous se réclament d'une aisance exceptionnelle.

Peu de peintres au Muroc sc sont allaehés à peindredes « Lypes", des visages, il brossel' des scènes de la vied'ici; il ~;emble que le paysage, l'enchantement de lalumièrt' aient seuls agi sur eux. Il faul un homme bienoutillé, une prospection allcntive de tous les inslanls,pour voil' outre, comprclllh'e la race, sentir la vie, MalléoBrandy n'est pas de ceux qui se eroienl quilles envers « lanature el la vie" quand ils ont campé un pol de travers etmis une LabIe de guinguois,,; il se mêle, lui, il la vie d'ici,en lI'anspose pOUl' nolre joie les 1I1 ille aspects et cc qui enl'ail la puissauee elle mystère.

Son œUVI'e, vivanle entre toutes, mûremenl méditée,puissamment écrite, esl une force el un enseignement.Aussi, nombreux sonl ceux qui, à l'occasion de semexposition, sonl venus apporter Un hommage d'ad­miration uu grand talent du peintre et de sympathie ill'homme qui, aimant seulemenl son &l't, les êlres et leschoses de son enlourage, s'esl contenté d'être lui·mêmeel. a fui les succès faciles de ceux qui tlail'l~nt le vent ou ~e

lJül'llelll il le suivre, .Jean de .\IS~IES,

LA

MAROC

GASCOGNEpal' ,1 canne LAYEH<;:\ E

La (;aseo"ne! cc tWill sonne cOlllme lin clail'on!M

Quand on le pl'Ononce, les Yisages s'{~clain'nt d'un sOlll'il'Cil'onique ou joyeux! Beau nom, évoeateul' de soleil, depanaches, de noblesse besogneuse, de spÏI ituel bon sens!

Le monde entier les connail, ces Gascons « menteul'set bl'elleul's sans vergogne ", grùce sUI'tolll 11 Dllmas et ùHostand; mais les romanciers et les poi~tes ne sont-i]:;pas les vél'itables créateurs de la poplllal'ité de certainshéros, mieux tlue ces héros eux-mèmes bien plus que

- « 'ladame, il )' a lù, slIr l'Odet, llll lJateall chal'g{'d'orangcs (Jlli atTi"e de chez VOliS.

- Un bateau chal'g{' d'oranges ~ ... C'est étonnant~...Et quel est le nom de ce bateau ~

- l,a Caialogne.- Ah? mais vous conrondez, mon pays, c'est la

(;ascogne et non la Catalogne!- Comme YOUS voudrez; C;ascogne, Catalogne, c'est

tOlljOlll'S le Midi, pas ~ "

Vieille rue à AuchAqllal'clle inédite de J, Laco11lllle

r Histoire impartiale et froide '! AUI'éolée de gloire el Jechansons, sous le voile léger de ses yignes blondes, ou lesombl'e manteau de ses fOl'èts de pins, dans la sour'derumeUl' des tOl'l'ents pyrélH\ens, ou la molle complaintedes riYièl'es paresseuses du Lannemezan, elle est Lien unpell la l'eine des proYinces de France, ceLLe (iascognelégelHlail'e !

Tri's connue, oui mais peul-am allssi tl'i's malconnIle des Fmnçais moyens, tant ail point ùe vue sli'ieLc­ment g{'ographique qu'au point de YUC de sa race il laréputation exagérée. - La ~.;ascogne '! c'est vaste. Beau­coup englobent sous le nom de Gascog'ne tout le Sud­Ouest de la France, mélangeant en une agréable saladem{'I'idionale P{'rigol'd, Querc)', Guyenne, B('al'n ct unepartie du Lang'uedoc. Cela me fait penser ù la lmnepatronne d'un petit hôtel de Quimpel' où j'étais descend Ileau début de la guerre, l:n JOUI', triomphalement, en sel'­~'unt mon peLit Uéjeunel', elle me dil :

Comme pout' celle naïve brelonne, pour bien Jesgens, la Gascogne, c'est quelque part, là-bHs, dans leMidi! ... Certains de nos aeLeurs parisiens ne pl'ennenL-ilspas le plus PUI' accent marseillais pour interpréter desrôles de Gascons'! '

Oui la Ciascog'ne est vasLe, mais pas autant quc vousvoulez le cI'oil'e, mes hons amis! En fermant les yeux,évotl'lCz en votl'e fidôle mémoire une carte hal'monieuse denotre Fmnce; c'est lù, au Sud-Uuest, SUI' la l'ive gauchede la (;al'onne (SUI' la l'ive gauche seulement, Toulouseet la l'ive tit'oite, c'est le Languedoc) voici Yl'aiment laGascogno: LimiLée à l'Est pal' la Garonne, du Pont duHoi, bien au-delù de Marmande; au Sud, par les PYI'{~­

Il{~es, mais seulement jusqu'aux souI'ces du (;ave de Puu,(c<\I' la l'ive gauche du Gave, c'est le Béal'll) elle compl'endau ceutl'e le Get's, le plus Gascon de tous les pays Gascons,le GCI'S avec ses vignes l'osées, son pitJIICpoull capiteux,son al'magnac dont l'odeul' seule e"t un poi'me ... cc bon

..

YÏvanl el lraditionalisle pays d'Armagnac que José dePesquilloux céll~bl'e avec Lant d'l'mol ion dans une langue1~la,.;,.;ique ct eolol'{'e, La ('apilale du (;el'''; cl de la (;a,.;co­gne c'e,.;t .\ueh, la ville lIl{~di{,Y<tlc qui snl'l'lolldle le (;ersde toute la hautcul' de son eseal iCI' monumental. Auch,l'atl'ie du poi,tc du Bartas, Elle c{'li'IJl'el'a en \Iai pl'O­chain pal' de belles fl\tes liLll'rail'cs, cl l'inauguration d'une,.;tatue, IL\I'tagnan nt~ "ers 1~)71 tout pl'i~s il Il kilomèLl'esde Vic Fezensac, d'.\rtagnan, incarnation du (~ascon

d'autl'efoi,.;, Aujoul'dhui nous avons d'autl'es mousque­taires: l'un d'eux, Pivola, l'elletier d'Oisy, n'est-il pas unmousquetaire de l'ail', plus réel, plus paeilique, mais aussibmvc, et plus modeste que son fri're aint' '!

A l'Oucst du (;crs, les Landes: la Chalosse ct les'gl'asses 1)l'aiJ'ies de L\doul', ses cOlll'ses landaises, véri ta-

MAROC

auslère : le plateau de Lannemezan, l'oueLLé des vents,eingV' de neige .. ,

(}U(~ de ,'aril',tl"s, que de contrastes!Ces petites patl'ies qui fOl'menl la Gaseogne, et qui

sonl aujolll'([ïllli 1111 l'cu de la FI'ance, élaient sépal'ées clhostiles an débul de l'époque l't~odale, Au .\ 1V" sii.~de

(;aston Phébus comle de Foix el de Béarn, IH' pul jamaisréunil' ces deux belles l)l'ovinees l'une au Sud-Esl, l'autl'eauSud-Ouest de la Gascogne, à cause de ce lrait de désunion,l'onDé par ces tl'Ois pelits comtés batailleUl's ct indépen­dauts, Neb()lI:'Ill, COllllllinges, l1igo/'/'c, Le BigolTe sUl,toulsi longtemps Il'l'lidudiblc avec sa terl'ihle l'cine Pdronille,une barbe bleue, l'usée, ambitieuse, ardente - à la manii~l'e

de la (;l'ande Cathel'ine - et devant laquelle tl'emblaienttous les IJal'Ons d'alentour, y compris de l'autl'e eùté des

Vieillé l'ue (Granùe Pousterle)Aqua/'elle inédite de J, Lacomme.

-1

..."1

bIcs jeux d'adresse, de souplesse el de braYoul'l', ~ans

cruauté, Ses oies aux l'oies monstrueux el l'oudants, elenfin les Landes Yéri laules, l'orèts apaisantes où l'on n'en tendque le crissement des aiguilles de pins, et le roucoulementdes palombes,.,

Au :\ol'll du Gers "oiei le pays d'AIIJl'el-:\éral' 011 lastalue de FleUl'eLle éyollue les premii.'I'es amoUl'S d'Ilelll'i 1\'-les yergers de l'Agenais, 'Tai jal'din de la Fl'Hnel', cl dela poésie gasconne ayec le trouLadoul' Jasmin!

Euliu ail Sud-Est, c'est le \éllOuzan, ses pàturagesc.oupés de peupliel's el de poulllliel's plus ehal'gés de l'mits(1l1C ceux de :\ol'lnandie, mais il quoi bon le cidre, quand leviu abonde ct pétille'! le Comlllinges SUI' les l"'emiers COIl­trel'orts pyrénéens, dressanl sa catht'drale l'orteresse deSaiut-Bel'traud au-dessus de la rianle plaine de Hivii.'re.Enlin tout ù rait eOllll'e les Pyrt'ul-es, les pl\nMl'Hnt mèmepal' des yallées ètl'Oites ct pittoresques, c'est le Bigol'l'e;Bagnères, Tarbes, Vic ... et Lourdes ... pays des roug-es ca­pulets ct des chansons sonores. Entre ces contrées heu­reuses cl ri l'he::; ct le Gcrs, une séparalion étrang-e, l'Ulle

Uionlagiles, le belliqucux P'~I'e d'Aragon,Maintenant sur ceLLe vaste )ll'ovince, ad oSl"ée aux

Pyrénées, el deseendanl en pen les molles ou urusques, àl'Esl vers la Garonne, à l'Ouesl vers l'Océan, SUI' celteprovince long-lemps ennemie des Francs, si laLine par sarace, sa langue, son ciel, où Homains, Sarrasins el aussi\ïsigoths, ont laissé tant de souvenil's cl d'empI'cinles, llll

gl'tlnd sOllflle d'union ct de paix a passé. Elle ne conservede ses lllLtes d'antan que l'amoUl' de la gloire, de l'aventUl'edes rOllwnesques l'qllipécs, Ellc est diverse, mais une, com­ml' notl'e Fl'Hnce, el le (iascon - (du CoulIninges, desLandes, du (;el'S ou de Bigorrc) - eslloujours le jo)'euxcadet, pt·tri d'esprit et d'audace, beau-pariCUI' ct galant.Dans le passé, dans le présent des noms symbolisent uupa~'s, une l'ace: d'AI·tag-nan, Cyrano, Foch, Poeymirau(t),Pelletier d'Oisy ...

Hien de plus éloquenl que l'eLLe lilanie ~

Jeanne L\VEIHi:\E.

(1) Poeymir:m né il Pau, d'une ramill,' g"lI8l'Ollnl', ,,' ,'lIlel'l't'Cil Gascog'lIe, il Estang près d'Eauze,

Une Œuvre philanthropique admirable

LB SOGIETE mOSOlJIIBJE DE BIEJFAISAJGEde Casablanca

par Il. HOBY

Ce n'esl pas un des moindl'es mél'iles, cl c'est hien

ù COllP sil l' un des plus appréciables l'ésuIL;lls de l'ell'orl

civilisaleul' de la Fmnce au Maroc, (lue la cl'èalion cl

le développemenl des œuvres philanthropiques. 11 }" avail

dans cel « Empire fOI'luné)) - ainsi nommé sans doute

par anliphl'ase -- lant de misères ù soulager, [. limiler,

MAROC

mnl'quises el les portes cochères, Ils sonl tl'emblants et

crainlifs, cl cependanl éhonL('s el hal'tlis, car l'inslincl de

la consel'valion esl plus forl (lue fouI. Ils onl vile appris

il mentir, à mendier, il voler, il loul subir cl il toul oser

ponr « sorlil' leUl' venlre de la mlsi~re)), Devenus gmnds,

les uns sel'onl voleurs, souleucurs, criminels; les autres

il'Onl exercer 1f\t1rs lalenls au quarlier réservé, Lamenlable

perspeclive sur l'avenir.

()uelques hommes généreux onl eslimé qu'uu pareil

élal de choses esl incompatible avec la uotion même

de nolre Protecloral, d qu'il nous apparlenail, ù nous

Français, de créer un mouvemeul de hienf3isance, de

chari lé, de soltdari lé (1 ous ces termes ici sc confondeul j

pOUl' sauver lanL de malheureux du naufrage. Et l'enlre­

prise, d'aulanl plus redonlable qu'elle se heUl'lail padois

au falalisme égoïste el rigoureux de quelques. uns, a été

mise SUI' pied, a pris CMpS, vil, se Jéveloppe el rend déjù

t"n gl'Otlp~ ~'orphelins avec le D'" Suberbielle du Sel'vicc (\'lIygii'nc de la ville el:\Illle Bertrand 111l1l'nuèl'e chargée du bon élat sanilait'c des pupilles de la SOCil~Lé,

à prévenir, à la fois dans l'ordre physiologique el mOI'al,que, dès les pl'emiers Lemps du Protectorat, des Sociétés

de Bienfaisance se sonl formée:3 el fonctionnent, grâce

il la collaboration étroite des pouvoirs publics el des

inilialives privées, poU\' le plus gl'alH.! bien de ces dés­

hél'ilés de loules sortes, de ces « misérables)) donl le

nombre inquiète el ell'are,Nous aUil'ons aujourd'hui l'aLlention SUI' une des plus

l'écenles : « La Société Musulmane de Bienfaisance de

Casablanca.)) C'est essentiellcmenl une (l'uvre de rc­

dressemcnl de l'enfance abandonnée, jetée il la rue, vouée

au vice, ù la proslitulion, au nime. Qui de nous n'a pas

cu l'occasion de voir, le jour ou la nuit, lrainer par les

rues ou sur les places de nutre ville, à demi nus,

faméliques, malades, porteurs de tares mlllliples, ('es

garçonnels cl ces fillelLes donl on sc demande combien

de fois ils ont il mnnger par semaine el où ils couchenl

quand il l'ail froid ? Ils videnl les ooiLes il ordures

en ({uête de quelque rogaton, Ils s'abritelll sous les

des services dont on feconnallm la valeur pal' l'énu­méralion dl' faits précis:

En l!J2U, la Sociélé a l'e~ueilli ct noul'I'i, dans son

cenlre d'hébergemenl, 2:{.700 hommes ou femmes, soil

une moyenne journalière de 65 crève-la-faim ou sans logis.

J\lais l'en'orl pl'Încipal s'est porlé sur l'enfance, el il

jusLe mison : cm' il vaul loujolll's mieux prévenir la

délresse qu'avoil' il la soulager, cl si l'on parvient il

l'emeUre cenl individus dans le bon chemin, si on 10Ul'

foul'llilles moyens de vivre un jouI' pal' eux-mêmo, sans

le secollrs des aulres, c'esl aulanl de gugné pour l'aven il'.

:\ous devons tendl'e vel's la formalion d'une humanité

indépendante el Jibl'e.

A ccl en'el, la Société musulmane de bienfaisance a

l'ait aménager', au DCl'b Sidna, un vasle fondouk, un

orphelinat, el une école d'appre"tis"~(/ge : cela pour les

jeunes garçons qne l'on l'amasse, la Huil, dans la rue,

el qui ne peuvenl dire s'ils ont un glle cl des parents,

Là, les orphelins sont logés, nourris, vêtus et soignés, et

l'on opère entreenx, avec pmdence, unc sélection. Les plus

intelligents et les moins vicieux - ils conslituent les

truis quarts environ de l'ell'ectif - suivent les cuurs

de l'école professionnelle du Det'b Sidna, où ils apprennent

un métier. Les autres, il qui la paresse, le vice, les lares

héréditaires inlenlisent l'accès de celte école, apprennent

sous la surveillance d'un « mùallem 'l il confeclionnet· des

chouaris et il tisser des nalles. rn f(lih est allaché il

la maisun, et ('haque soir, pendanl deux ou tt'ois heures

il s'ell'urce de leut' inculquer quelques préceptes de morale

pour luller contre leurs mauvais instincts, les amender,

les rendre meilleurs. Besogne ingrate, certes! et entre

prise qui fem hausser les épaules aux sceptiques. Et

pourtant les résuILats obtenus jusqu'alors sont mer­

veilleux. On constale la transformation rapide et radicale

de ces petils, surlout de ceux (lui fréquentent l'école: ils

écrivenl, lisent couramment, calculent bien, et sont

considérés pat· leurs maUres comme des élèves polis,

travaillems et disciplinés. Les récompenses - il en faut

loujuurs - ce sonL (IUelques dons de livres, très chers à

ces enfanLs (lui adorent la lecture, ct les parLies de

foot-bail, qui ont lieu sans spectatems dans un Lerrain

vague siLué près de l'école.

La Sociélé, ainsi qu'il convenail, ne s'intéresse pas

moins aux IiIlelles abandonnées qu'aux gat·çons. Bien

plus! ELendanL son action jusqu'aux extrêmes limites, elle

recueille les filles et les peLites domestiques des prostit uées

du quarlier rISset'vé, dvec le noble espoir d'en faire un

jour dèS femmes honnêtes. Dans ceL orphelinat, cunligu il

celui des gal'l;on~, fonctionne une é"ole d'I'nseignement

m(\ndgl't' où, sous la direclioq d'une mailresse française,

e\les s'initient à lous les travaux de la maison: lavage et

r"passage du liuge, raccommodage et couture, cui::-ine

même. Et le temps n'est pas loin, sans doute, où ceUe

école pout'ra foumir un personnel domestique choisi,

pour la plus gt'Unde joie de nos ménagères.

Enviroll 30 gat'çons eL 30 fillelles constituent l'd'­

fecLif acluel des pupilles de la Société musulmane dc

bienfaisance. La noutTiture est simple, mais abondanle :

le matin, une réconfortanLe « harit'a »; il midi, une soupe

de légumes; le soir, une soupe ellCOt'e, et du thé. Chaque

enfant t'eçoiL deux boules de pain pat' joUI'; il ya un repas

de \'iande deux fois pat' semaine. Les dortoirs sont pOUt'vus

de hamacs. Les salles d'élude ont une LilJliolhèque gamie

d'ouvrages attlul'uttls ct ittslructifs, voisinant avec tluel·

ques jeux de dames, d'échccs et de dominos.

Ittutile dc dire qu'un dispettsairc a été installé dès la

premIère heure, pour les soitts médicaux et le service de

prophylaxie. Chaque jour une infirmière dévouée vient

panset' les plaies, soignet' les lètes des teigneux, meUre

du collyre dans les yeux malades, en un mot "eillet' au bon

élat sanilaire des orphelins, sous le controle d'un médecin

hygiénisle de la ville, donl les visites régulières ont lieu

deux fois pat' semaine. Enfin, ~J. le docteut' Lèpinay

MAROC

pI'Ocède périodiquemenl sur chaque enfant il des prises

de sang, et SOiglw ceux (lui sont t'econnus syphilitiques.

Pour ces dernil,t,s, une liche médicale est temw, pet'­

meLLant de suivre d'unc fa'.;on précise les l'ésullals du

tt'ailemenl.

Les ressources Iinancit~resde la Sociélé comprennent:

une subvention du ProtectoraL, une subvenlion de la Ville,

quelques dons anonymes, eL les cotisations des membres

fondateUl's, bienfailcurs et adhérents. Les pt'évisions

budgélaires pour l'année lœO alleignaient :'>60.UOO francsil peine.

Chifi't'e dérisoire, si l'on songe il la grandeur de

l'ccuvt'e entrept'ise, :lUX misères secourues, aux exislences

t'cndues pOSSibles, saines, hOtlttêles el mème heurenses.

Comment ne pas applaudir il celte œuvre de redressement

physiologique, intelleeluel et moral, fondée en faveur des

petits indigènes, nos protégl's, si confot'me à notre idéal

français d'Humanité et de Justice? Et comment ne pas

désirer devenit' un de ces « colisants » dont la modeste

obole ne manquera pas de faciliter la tàche singulièrement

ardue des organisatems,

A. ROBY.

Voici la composition du Bureau de la Société

l\lusulmane de Bienfaisance:

Président. Si Taïeb el l\1olui, Pacha de Casablanca.

Vice-Président: Si El Kadir ben Mohammed Larhizi.

Sl'crétail'e : M. Bayloc, interprète civil.

Secrétaire-adjoint: Si El Hadj MokLar ben Abdesslem.

Trésorier: M, Provo, percepteur.

Trésorier·adjoint : Si Ali el Karouani.

. .L'œuvre dont M. A. Rohy, proviseur au Lycée

Lyautey à Casablanca, a bien voulu nous entretenirci-dessus est digne du plus grand intérêt, et nous

espérons qu'il aura suffi de la signaler au public et

cl nos lecteurs pour trouver parmi eux des personnes

généreuses qui voudront bien lui apporter l'appui de

leur sollicitude et de leur charité,

Les œuvres de secours cl l'Enfance, que celles·ci

s'occupent de pupilles européens ou indigènes,

méritent au-delû de toute expression cette sollicitude

particulière qui ne saurait avoir besoin d'être qué­

mandée pour s'exercer.

Nous avons nommé plus haut les membres du

Bureau de la Société musulmane de bienfaisance deCasablanca et cité ses dévoués collaborateurs. Les

personnes qui voudront bien s'intéresser cl cette belle

œuvre philanthropique - dont nous avons révélé aussiles difficultés d'existence - voudront bien s'adresser cl

eux pour leur faire parvenir leurs dons.

JEU X

MAROC

D'ENFANTSLe viellx cillleti(~l'e où j'hal.ite est le jardin des enfants, LClll'S rubes de couleul's voltigent

(lU soleil. Ils se poussent et se l'oulent; ou hien font des eouleuvl'es avec des lanii'n~s d'('~COl,(,(' pour

croire fi u'ils s'effrayent et pouvoir criel',

Les plus sages posent une bl'andle SUI' une stde et jouent. il la balançoire; tandis que deux

grands s'installent Slll' unc tombe, comme sur un divan pl'ofond, pt jdtl'llt d('s (',u'tes sans

parler,

Cependant les tout-petits courent sans hut dans l'herbe haute; ct leur queue de cheveux

qll(~ soulève le vent a l'air de ramper senle, parmi les fleul's de moutal't\(',

Marrakech - Jeux l!'clIfaIlLs : lcs balanf.;oil'cs

TOITS BLANCS

Février mu;,

C'est un ciel de coquillage, où l'heure met de la lllOrt) où l'on entend la mer.

Et tachés de cigognes, toits pointus et terrasses, sous la chaux d les mousses, font une

blême image qui se dissout dans le soir, comme, dans le matin, la lune.

Muula)' Idriss - ToiLs ail t'l'l'puseule

1

MAROC

SOIR A SALÉEta Ilg P('() fo Ild de 1'(lllllll'eS, 1('s .i (\ l'd iIl S

ville,

Les degrés des terrasses montent jusqu'à

la lUlle. Bielle colllllJe UIIC rllll\('~e, elk iri:-;e

Rabat - Yue des Oudaïus SUl' Salé

Rabat - YIII' de la TOlll' Hassall sur l'oued BOIl-Hegl'C'g

chants des ellfallts SOIlS les hrallches, il la

VOIX de la mer, au bellglemellt des trou-

peallx.

."1(tic) Octoure 1!J1(i.

PÊCHEURS

Par un SOlI' dc nacre et de SOlC, les

falllles sous des capucholls de laille, passellt

au pied des l'emparts,

Trempés encore d'écume, ils vont à

pas d(~ chat, la hotte :-;Ul' 1<' dos; et leurs

gaules salis fill, (\('~passallt les tTéneaux, dall-

sent au ciel et agacent la lune.

•J('lU] C~\L()TTI.

(1)/III!os dl' JI.)

1':11' 1111 ,",oi,' dp '1<\<'I't' pt d,- soit' les pèdlC'llrs ;\ la ligIlP, ..

(HaLaI, la falaise sur l'ulled Dou-H"g'l'C'g)

VIEUX CANONS,VIEUX SOUVENIRS

par Henri RABANlT

Les viellx canons qui, du haut des remparts des villes ,tonnaient à grand renfort de bruit et de fuml~e, contreles l'régales chrétiennes, se sont Lus depuis nombre d'an­nées, et leurs gueules encore Lournées vers la haute mer nemenacent plus personne.

Parfois, las de supporler le poids trop lourd de lapièce, trop lourd pour son bois vermoulu, le primitifafl'ùt sur lequel elle reposait, les a laissé choir, el ilsgisent à présent inofl'ensifs dans la poussière q IIi lesentoure. D'antres restés sur place s'inclinent lamentable­ment vers la terl'e, comme s'ils y vou!ni(,llt l'eLourner,ou se dressent encore orgueilleux vers le l:iel quïb sem·

MAROC

Cerlaines villes, il cet invenlaire, en élaienl p:llIVI'es,qu'on se plaisait il imaginer pourvues d'une artillerie for­midable. Ainsi Salé, refuge des pirates redoutés des siè­cles passés, ne possédait en tout et pour tout que deuxcanons de bronze, huit de l'cret deux obusiers sans gl'andsol'llements les uns l'l les autres. Trois de l:es pièl:es Maientdans le ci:nelii~re de Sidi Ah ben Achir, cinq dans le cime­tièl'e du 13ordj-el-Kébil', les obusiers étant seuls en placesur la plate fOl'me du dit bOl'dj.

A Babat, on a dénombré trente-neuf canons debronze, hnit de fer et lrois morliers de bronze. Quel­ques-uns de ceux qui gal'llissaient le l'l'ont de mer, s'al­longeant parallèlement au boulevard El Alou, ont éll~ reti­rés de lems emplacemenls primitifs pour l:onl:ourir àl'ornementation des porles de la ville, ou des monumenls.Dans lout ce nombre, deux seuls sont français et por­tent sm' leur volée les fleurs de lys dc l'ancienne 1ll0IJaI'­

chie; ils sont placés ù l'enlrl'e de 13ab cl Had. A Bab cl

Les eunons sur le tel'l'e-plein de l'Institut des Hautes-Etu,les l\IHl'oeaincs(Photo Chambon)

..

"

blent vouloir prendre il témoin de leur décrépitude et deleurs splendeurs passées.

Tous ces canons, ces tl'ès vieux canons, sontlo1ll'dsaussi de souvenirs. Ils ont vécu l'Hisloire marocaine,D'aucuns dressés sur d'aILiers navires ont été la proiedes corsaires, d'autres abandonnés par lCUl'S maUres chré­tiens sont passés aux mains des Maures. Tous ont eu unpassé agité, Les uns, il Tanger, il Mogador, ont riposté aufeu des hùtiments du prince de Joinville, les l\lllres ont ré­pondu aux bombanlements muILiples dont les /loUes dessouverains d'Europe gl'atifiaient Babat et Salé. ASafli,ils ont tonné contre Chateau-Henaud et du Chalard, avuntque de donner le signal des salves d'honneur tirées il ladescente de 1\1. de Breugnon venant en amb'lssadeur signerune paix désÎl'ée de part et d'autre.

Ces canons épars, hérilage du passé, la France pro­tectrice les a recueillis, inventoriés, catalogués, en lesclassan t, et avec raison, au nombre des monuments histori­ques. La plupart sont restés il leur posle de guet, pour leplus gmnd pillûresque des remparts qu'ils conLribuentil orner.

Alou, sont postés deux canons porlant trois écussons cha­cun et qui sont d'origine portugaise. Pl'Obablemelltleur provenance est-elle une d.es places l'orles qu'cccu­paient jadis les Portugais sur le litloral et qu'ils abnndoll­nèl'ent successivement, avec le malùnel.

A l'entrée dn jardin des Ondaïas, sont deux pièces qUiporlent en arahe le nom du sullan Sidi Mohammed, avecl'indication de l'an 118~1 d.e l'IIi'gire. l'ne des pii'cPs pla­côes devant le IIammam, est un souvenir du Lemps oùpour obtenir sur mer des corsaires une paix d'ailleun;toute relative, certains souverains d'Europe ne rougi:,;­saient pas de foumir des armes il leul's ennemis. Et c'c:,;/ainsi qu'on trouve le nom du roi Guslave III dl' Suèdesur ce canon ofl'el't en « hommage» au Sllllan du l\laroc,

Le bordj SUI' l'oued Bou Regreg, contient encore huitcanons dont CilHl sont portugais et trois anglais, ct sonldat·~s de la fin du XVIII" siècle. Il nous souvient ici,qu'en HlÛ7, la petite lour crônelée qui est au ras de l'eausur le /leuve conlenait plusieurs coulcuvrincs il belle pa­tine verte, et qui ne figurent pas dans la nomendal ure.

Yingt aulres pit·ccs, toules portugaises, on}('nl l'CII-

trée de la Chambre d'Agriculture sur le boulevard El Alou,ou sont en face de l'Institut des Hautes-Etudes Maro­caines, tandis qu'un mortier de même origine, daté de1641, est en face du bureau des Arts. Il est encore deuxcanons que les R'batis connaissent bien pour les avoirentendus: cc sont ceux qui, sur le terre-plein au bas de laporle des Oudaïas, servent à donner le si~nal attendu dela rupture du jeQne, tous les soirs du mois deramadan.Ils sont en fer et sans ornements.

Les canons qui sont à Méhédiya ont été rassemblésau Bureau des Renseignements; ils sont d'origine espa­gnole et parmi les plus ornés. Ils portent dans un cartou­che rectangulaire, respectivement les noms ~e « Felipe IV,rey de Espllna, 1618, Don Carlos Il, 1629 ,) avec l'agneaude la Toison d'Or et l'indication du nom et des titres dugrand mailre de J'artillerie d'Espagne. Un autre, d'origineinconnue, montre quatre gros anneaux de portage, avecdes motifs décoratifs faits de fers de lances et de grec­ques, l'inscription en est effacée.

A Casablanca, il n) avait que quelques pièces defer, peut-être est-ce une de celles-ci qui, à la mort de SidiMohamed, quand les tribus vinrent assiéger Dar BeIda,.ainsi que le lapporte Lemprière dans son ouvrage sur .le Maroc', ouvrille. feu sur elles. La ville était dépourvuede soldats, et ce ftirent des résidents espagnols qui· sechargèrent de la défense. Ils hissèrent à grand peine uncanon sur les murailles et tirèrent un coup à blanc quin'effraya pas forl les assiégeants, mais un second à mi­traille, en en tuant .quelques uns, leur donna à réfléchir elles fit lever le siège. Safi était richement pourvue enartillerie: vingt-quatre pièces de bronze, lrente-et·unede fonle, sept.obusiers de bronze et trois couleuvrines.

Dans ce nombre, il n'en est aucune de française,mais par contre, nombre pe hollandaises provenant de

. prises ou de cadeaux au Sulla: Ellbs remontent au débutdu XVIIIe siècl,e, des inscriptions en arabe y ont été ajou­tées. .

A Mogador, trente canons de bronze sont pr~8que

tous espagnols, le plus ancien remonte à 1595 et portele nom de Felipe II.

La nomenclature, pour être complète, devrait portersur les pièces trouvées dans les villes de l'intérieur;elle est mUelle sur Fez, Meknès et autres localites, parcontre elle relève un canon à Sellat, échoué là onue saitni pourquoi, ni comment; c'est un holll\ndais fabriquéen 1797.

A Marrakech,' il Ya un grand nombre de pièces espa­gnoles, la plupart de la fin du :XVIIIe siècle,· et deux hol­landaises richement décorées d'arabesques. Deux deces pièces espagnoles portent l'indication qu'eUes ont étéfondues avec du cuivre d'Amérique et du Mexique.

Il resterait pour finir à donner la succeSsion des piè.ces de Cl{non de Tanger, c'est ce que nous ferons quel­que autre jour. Là aussi les vieux canons de la batteriedes saluls se sont endormis probablement à jamais. Siclran.il ...

Henri RABANIT.

MAROC

LA RADE

Sur la ,'ade tout ume

Peinte en bleue violemment,

Passent en cé1'émonie·

Et remorqueurs et chalands.

·A leurs postes de mou#lage

Les vapeurs bien amarrés,

Se reposent des vo.yages,

Sur leurs flancs tout bigarrés:

De loin en loin, quelques grues

Se balancent sur les quaÛi,

Entassant jusques aux nues

Des montagnes de paquets.

O'll, soudain, une vedette

Passe comme un trait, laiSsant

Derrière sa silhouette

Un sil/age ébluuissant.

Tous· ces grf)s engins qui bougent,

Gentiment peinturlurés,

. Sont, de loin, .des jouets rouges

Par des /icelles tirés. "

Vincent CERDAN

..

[réc dp la Cllambre d'Agricult lire sur le boulevard El Alou,ou sonl en face dc nnstitul des Hautes-Etudes Maro­caines, tundi" qu 'un mortier de même origine, daté de)(-i41, est en l'ace du bureau des Arts. Il esl encore deuxcallons que le,; R'batis connaissent bien pour les avoirenlendu,; : cc sonl ccux qui, sur le terrc-plcin au bas de lapode de,; Oudaïas, servent à donner le signal attendu dela rupl ure du jeùne, tous les soÏl's du mois de ramadan.Ils sont cn fer el sans ornements.

Les canons (lui sont à Méhédiyu ont été rassemblésau Bureau des Hen:;eignements ; ils sont d'origine espa­gnole el parmi les plus ornés. Ils pOI'lent dans un cartou­chc rectangulaire, respectivement les noms de « Felipe IV,rey de Espan<l, 1618, Don Carlos II, 1629 ,) avec l'agneaude la Toison d'Or et l'indication du nom et des titres dugrand maître de J'artillerie d'Espagne. Un autre, d'origineinconnue, montre quatre gros anneaux de portage, avecdes mol ifs décoratifs faits de fers de lances et de grec­qucs, l'inscription en est efracée.

A Casablanca, il n) avait que quelques pièces del'el', peut-êlre est-ce unc de celles-ci qui, à la mort de Sirlil\lohamed, quand les tribus vinrent assiéger Dar Beïda,ainsi que le 1apporle Lelllprière dans son ouvrage surle i\laroc', oU\TiL le feu SUl' elles. La ville était dépourvueue solda ts, el ce furent des résidents espagnols qui sechargèrent de la défense. Ils hissèrcnt à grand peine uncanon SUl' les mUl'ailles et tirèrcnt un coup à blanc quin'efTra)'a pas fal'l les 3ssiégeants, mais un ~econd à mi­traille, en en tuanlquelques uns, leur douna à réfléchir ellcs lit lever Je sil~ge. Safi était l'lchement pOUl'vue enartillerie: vi1lgl.-qualre pièces de bronze, trente-el-unede fonte, sept obusiers de bronze el trois couleuvrines.

Dans cc nombre, il n'en est aucune de française,mais par 001ltre, nombre de hollandaises provenanl de

. prisps ou de cadeaux au Sultan. Enes l'emontcnt au débutdu XVIIIe siècle, des inscriptions en amDc y ont été ajou­lees.

A l\Iogador, trente canons de bl'Onze sont presquetous espagnols, le plus ancien rcmonte à 1595 et portele nom de Felipe II.

La nomenclature, pour être complète, devrait porlersûr les pièces trouvées dans les villes de l'intérieur;elle est mueLle sur Fez, Meknès et autres localités, parcontre elle relf)ve un canon à SeUat, échoué là on ne saitni pOUl'quoi, IIi commcnl; c'est un hollandais fabriquéen 1797.

A l\larrakech, il y a un grand nombre de pièces espa­gnoles, la plupart de la fin du XVIIIe siècle, et deux hol­landaises richement décorées d'arabesques. Deux deces pièces espagnoles portent l'indication qu'elles ont étéfondues avec du cuivre d'Amérique et du Mexique.

Il l'est erait pour finir à donner la succession des piè­ccs de canon de Tanger, c'est ce que nous ferons quel­(lue aulre jOUl'. Là aussi les vieux canons de la batteriedes saluts se sont endormis probablement à jamais. Sictrallsit ...

Henri RABANIT.

~Q--

MAROC

LA RADE

Sur la 1'ade tout ume

Peinte en bltnte violemment,

Passent en cél'énwnie

Et remorqueurs et cltalands.

A leurs postes de mouillage

Les vapeurs bien amarrés,

Se reposent des vo,yages,

Sur lew's flancs tout bigarrés.

De loin en loin, quelques grues

Se balancent SU1' lèS quaù;,

Entassant jusques aux nues

Des montagnes de paquets.

Ou, soudain, une vedette

Passe comme u'n trait, l(l'issant

Derriète sa sz'lhouette

Un sillage éblouissant.

J'ous ces gros engzns qui bougent,

aentiment peinturlurés)

Sont, de loin, des jouets ,'ouges

Par des ficelles tirés.

Vincent CERDAN

Le Prisonnier.

« La letlre sociale écrite avec le fer.))ALFRED DE VU;NY.

J'ai rêvé que des .qens au parler rude et bref

Brusquement débarqués sur ma Cl)te natale

M'emmenaient prisonnier sur le bord de leur nef,

Et puis qu'ayant prescrit une lointaine escale,

Celui d'entre eux qui paraissait être leur chef

M'avait fait mettre aux fers dans le fond de la cale.

Là, j'usais ma fureur en sursauts énervés

Pour dégager mes mains fébriles des cordages

Et mes pieds douloureux à la barre rivés.

L'âpre relent des flots à travers les bordages

M'apportant le regret des horizons rêvés

Ravivait ma colère et mes élans sauvages ,.

Et sous moi je sentais, ivre de désespoir,

Une ondulation monotone et farouche

Monter de l'Océan que je ne pouvais 7)oir.

Sitdt que paraissait le mousse au geste louche,

Qui venait m'apporter l'eau do,!ce et le pain noir,

Sombre, je le toisais et n'ouvrais point la bouche.

Tandisqz/il descendait l'échelle d'un pied sûr,

Un peu de brise entrant avec lui par la trappe

Emplissait mon réduit du goût frais de l'azur,

« Va! Serre les liens de peur qu'il ne s'échappe

« Et qu'il ne monte au jour, le pt'isonnier obscur.

Il S'il fait un mouvement ou 05 'il résiste, frappe.

« Vous prétendez mener les nefs en haute mer,

l( Mais vous ne savez pas, ô marins de fortune,

« Les maUres-mots qui commandent au gouffre amer,.

« Vous ignorez les chants qu'on chante de la hune

« A la lueur blafarde el brusque de l'éclair

« Et dont le charme rend la temp~te opportune.

« Vraiment, qui vous a fait ainsi 'ZJOus hasarder?

« Les cieux au fond'desquels VObS cherchez votre route

,< N'auront qu'à peine asse.: d'astres pOllr vous 9uider.

« Su/fit-il de raidir ou de molli,. l'écoute.

« Et de tenir le 90uvernail sans embarder,

« Et d'écoper à temps l'eau qui remplit la soute?

« Toute une immensité de force et de fureur

« Se rit de vos calculs et de vos efforts vagues

Il Et joue insolemment avec votre terreur.

« Vous serez ramenés un jour au.l. c.rocs des dragues

« Et vous soulèverez l'épouvante et l'horreur,

« Vous qui n'avez point l'âme à l'image des va!/ues 1

« Moi, l'homme aux fers, je sais qu'en ce monde il n'est rien.f

« Rien qu'un déchalnement sans but et sans limites

« Pareil à cette mer qui nous sert de soutien.

« Vous, vous avez vos dieux, vos devoùs et vos rites,

\( Accommodez-vous en! J'ai pour unique bien

« Ce cœur toujours comblé de ce que vous maudites.

« Vous faites de mes jours d'intolérables nuits,

« Ah! Si mes rudes mains pouvaient saisir la barre,

\! Vous sentiriez alors que vous seriez conduits,

Il Au lieu de louvoyer sans astres et sans phare,

tl Au lieu de vous héler au milieu d'affreux bruits,

« B~lant de peur, ainsi qu'un bétail qu'on effare.

" Mais vous redoutez trop de lire dans mes yeux

« Cet émerveillement inlassable d'un monde

« Qui, dans sa nudité. vous parait odieux.

« 6t vous me maintenez dans la sentine immonde,

« Le carcan à la gorge et les poiqnets aux pieux.

« Craignant à chaque instant que la mer ne réponde

. « A l'appel de celui dont le courage admet

« Que l'Univers ne soit qu'un chaos frénétique,

« Et qui voit s'affronter les forces sans regret. »

Ainsi je méditais, plein d'une ardeur mystique,

Et tandis que ma chair sous l'entrave saignait.

L'équipage entonnait quelque absurde cantique.

o Seigneur! Est-ce bien un rêve que ïa~ fait?

RtMY BEAURIEUX·

MAROC

Dans la préface de son « Offrande à la Musique", I!)

M. Jean-Richard Bloch regrette pour la littérature

d'avoir à employer cet outil qu'est le lang'age vulgaire,

d'avoir il sc servir des mots usuels. «Anloinelte, apporlez­

moi mes panloullles», dit-il, ou quelque chose d'ap­

prochant, il n'y a pas deux manières d'exprimer cela.

Et de déduire que la littérature doil, si elle veut s'élcvel'

au rang d'un art, se faire la mendiante d'autres arts, pal'

exemple, selon lui, de la peinlure et de la musique.

Cette proposition, que je n'ai pas voulu prendre trop

au sérieux, s'explique cependant pal' l'l'action contre la

tendance à l'abus fréquent d'une langue relâchée dans la

littérature. Cet abus est une perversion du même ordre

que celle qui consiste, pour un homme du monde, à jouer

le vulgaire. Le tout est de savoir que l'on joue. Toutefois

un jeu trop souvent répété, qui se refuse à l'effort, mais

simule de préférence l'instinct ou la brutalité, vous l'amène

assez facilement à ce niveau inférieur. Ce snobisme a assez

duré. Les gens en mal de spontanéité et de nudisme moral

qui sont allés jeter leur germe malsain dans un domaine où

ils n'avaienl que faire doivent êlre remis à leur place.

M. Bloch est un arlisle très sensible, non sans

grandeur, mais un peu confus el mystique. Il nous l'ail

passer ici à côlé de la queslion et glisser vers l'erreur.

La musique esl l'aile avec des noles, mais avec des

noles, on écrit: «Viens, Titine ", ou la «Symphonie Pas­

torale ll. Le langage est fait avec des mots à l'aide desquels

on peut énoncer vulgairement une pensée malpropre, ex­

primer un désiI' ulilitaire ou composer la prose de Valéry.

Affaire de tempéramenl, d'ambiance, de momenl el de fin

qu'on se propose. Chaque chose a sa valeur, mise à sa place,

rien n'esl indifférent, mais tout n'est pas égal.

Le langage, lui aussi, se mel à la forme. ((Tout art

suppose le choix d'une matière à soumettre à la forme»,

dit justement 1\1. Etienne Souriau. Celte' forme est

délerminée dans chaque cas pal' une harmonie à réalise"

avep- l'idée, avec le mouvement de la pensée, C'esl gl'àce à

celte harmonie formelle que le langage, malièl'e commune,

deviendra parfait symbole et arl.

~on, je ne suis pas de l'avis de M. Bloch.

\( Anloinette, apporlez-moi mes panloufnes,» A la scène,

par exemple, un acleur tirerail de ceUe phrase même

un eliet surprenanl. Mais voilà, l'en'el ne viendrail sans

doule pas des seuls mots; il viendrait d'une l'uptlll'e

d'équilibre, d'une opposilion tle tons, d'un jeu d'idées ...

Ce mépris désenchanté d'un artiste pour le langage el les

(1) Paris Librairie Gallimard (t'dition" dl" III NOUI'l'l1e !levu..

Française).

par Jean GOEVAERS

Jean GOEVAERS.

.e

mots usuels ne serail-il pas aussi la conséquence de rex­

cessif engouement qu'a eu le Romantisme. «( Car le mot,

qu'on le sache, esl un êlre vivanl)l, enseignait Hugo. ,.• lres

vivanls qui, pour les symbolisles, « nous observent avec des

regards familiers». Et Baudelail'e écrivait: « 11 y a dans le

mot, dans le verbe, quelque chose de sacré qui nous défend

d'en faire un jeu de hasal'd.» Et cel être vivant, cct

êlre sacré a subi toutes les déformations que les

fanaliques ont coutume d'inlliger à ce qu'ils adorenl. Un

l'econnaîl aujoul"Cl'hui quc les mots ne sont que des signes,

et des signes sans mystère. Juste remarque, sans doute;

puisse-t-elle nous garder de cet autrc mystère inquiétant où

le mot risque de tomber, celui de l'impropriété, fùcheuse

conséquence d'une culture négligée. Mieux le mot sera

défini, plus l'altention pourra se délournel' de lui et se

reporter SUI' l'idée qui seule imporle la stylisation et

permelle symbole. C'est HU delà du mot que s'établissent

les constructions intelligentes et idéales que sonl les

multiples formes de l'arl littéraire, De eeci d'ailleurs,

soit dit en passant, r« Offrande,. de ;\1. Bloch est

est une heureuse pl'euve, sans qu'il soit nécessaire de

savoir que son recueil esl placé sous le signc d'Euterpe.

La diJl'érenee est dans la qualité enlre le naturel d 'url

slyle el les licences équivoques du langage parlé. L'éco­

nomie nH~callique tlu langage résulle d'illt1uences con­

tingentes qui agissent d'une façon assez confuse; elle a

une fin !ll1111édiate et ulilitaire, mais nous eonduit aus"j

vers d'autres fins éloignées qui nous échappenl, et lout

n'a rien à voir avec l'af'l, mais avec la vie. Que l'art lende

à s'idenlifier avec la vie, ou réciproquement, la lentative

esl aussi slél·ile. L'Esthétisme à la Ruskin, les essais Il'un

Réalisme absolu et rarement atteint, me semLlent ignorer

un onh'e dans les choses de l'espril sans lequel nous ne

pouvons être satisfail. Car la vie c'est, d'un certain point

de vue, tout ce qui esl donné, et d'autre part, cc qui esl

nécessaire; mais l'art, lui, ne peut commencer qu'à parlir

de ce qui est proposé au-delà du nécessaire. <;'est pourquoi

l'arl esl en quelque sorte indépendant de son pl'élexle el

peul être supporté par n'impol'le quel objet; il n'esl que

variations SUI' les données de la connaissance.

Inslrumentle plus souple de la connaissance, dernier

venu sans Joute au monde des arts, apl'ès les sons, les

l'ormes et les couleurs, le langage esl aple aux plus haules

de ces variations, car c'est dans l'exp,'ession la plus intel­

ligible de la pensée qu'il porle l'arl. Le Verbe est la duire

idée en aclion. Il conduit encore l'action de la pensée, el.

c'est dans l'ordonnance de celle action supérieure que

nous voyons l'art.

préfaced'uneA propos

'.

MAROC.

L'ÉOOLE DE LA LOIREExtrait de CAILLOUTE' par Rémy BEAURIEUX, illustré par Jean HAI~AUT. - Félix MONCHû, Éditeur, RABAT

Au moment où il fut bien SÙl' que la peur du couteaude Ladoué tenait dUl'ablement Tutave au ventre, Caillouteaccomplit sa pl'omesse. Il vint dans les premiers jours duprintemps, alors que les martinets commençaient il noueret à dénouer autour de notre toit lems rondes stridentes.Eugénie, a,~coUl'UO à un coup de sonnette impél'ieux, ne

Sans doute, le cœur m'eùt battu si j'avais pu devinerque c'était ce Cailloute dont j'avais à cette époque oubliéla promesse, mais dont les yeux gris aux flammes viveshantaient souvent mes souvenirs, Ma surprise n'en fut queplus aigue quand, prié de descendre dans le cabinet demon père, je vis en face de la table, droit el svelte comme

•..

put se donner le plaisir d'épier par l'entrebaillemenl de laporte cochère ouverte avec parcimonie ce client nouveaupour elle.

Cailloute lui poussa au visage le ballant et se mani­festa tout à coup dans son insolite éclat. Devant ce grandgars dont le chef s'ornait d'une casquette il la visièremiroitante ct qui, sur une chemise sauvagement empeséeau cartonnage perforé de tibis d'os, étalait une cravate desatin glacé couleur sang de bœuf brodée d'élégiaquespetites fleurettes bleues, Eugénie, béante de stupeur, nesut que rompre pas à pas faee il l'intrus, toute à ~on rôleing'l'at. de servante au grand eœur, jusqu'au seuil de lasalle d'attente. Elle eut le bonheur, après une adroiteesquive sous l'aiselle de l'ennemi, d'y enfermer ce singu­lier malade, lurge d'épaules et libre de gestes; et nousfûmes pas longs il apprendre, ma mère et moi, que Mon­sieur avail présentement la visite d'un drôle de corps.

• Eu \'cnte da us toutes lcs Librairies du Maro".

Un jonc, celUi que j'avais connu accroché au pelit trapèzedes convalescents,

- Il Le voilà, fit mon père quand j'entrai. )l

Nous nous dévisageâmes longuement; moi, stupided'ahurissement devant l'imprévu de ce Cailloute endi­manché que su cravate et son éternelle ceinture bleuepavoisaient de vif, lui avec celte même expression depitié un peu méprisante qui m'avail déplu si fort autrefois.Son examen terminé, Cailloute se tourna vers mon père:

- « Il a encore poussé, dit-il, mais pas en large. ))Il me toisa de nouveau; son rapide regard se posa sur

la bibliothèque, sur la tapisserie des murs, SUl' -les meu­bles, revint à mon père, et brusquement, avec une sorlede dureté dans l'accent:

- Il Alors comm' ça, m'sieur ,}' Major, vous vouleztoujours bien m' confier l' petil ? ".

- Il Oui! aux conditions que je t'ai dites. Rien que

du grand air, ct pas dc sales histoires. L'école de la Loir!',tant que tu voudras, mais rien que cellc-ln. Cesl c0mpris '?))

Cailloute eut un sOUt'ire jovial; sous la moussc de sesmoustaches, ses dents brillèrent clair taudis que scsyeux s'allumaient.

- " Oh! M'sieur l' Major, dirait-on pa;.;, déclara-t-ilavec sa désinvolture retrouvée, vous lIl'cn faite:,; uneréputation! l'lais sapristi! Les mauvais coups jusqu'icivous n'IlIavez jamais vu quO les encaisser. Quand à ceuxque j'ai pu arranger par-ci par là." »

- « lis ne s'en sont jamais vanlés, n'est-ce pas'? coupafroidement mon père, C'est ce que lu voulais dire sansdoutc '? TanL mieux pOUl' toi s'ils avaieut tarI, c'esL duresle parce que je le crois que je le fais confiance. MaisLrève de discours, Himbaud !

EL devanL Cailloute interpellé de son nom, mon piTedebouL soudain développa ses larg8 épaules. )) - Souviem­Loi que si je m'entends à rafistoler les hommes, je saisaussi le8 défaire quand ils me manquent. SUI' ce, emmènemon garçon; Il est libre, cl fichez-llloi lous les deux lapaix, j'ai du travail. 'l

l\laintewlllL nous étions dans la l'Ue et lIatUt'cllementHOUS descendions vers la Laires l'un et l'autre ravis, silell­cieux, et g'ênés. Cailloute m'avait d'abord dUllné la main,l'avait lâchée, s'dait décidé enfin à la reprendre. A samain sèche, habituée à serrer utilemenL ce (lu't'lIe telHiit,j'<l.vais l'impression d'être amarré comIlle par un grappinà ce compagnon sans doute séduisant, mais si lkconcer­tanL de costume ct d'allures! Cailloute, que la confiancede mon père dilatait, aurait bien voulu m'adresser laparole, mais les souliers qu'il avait chausi'és pour lacirconstance l'empêchait de trouver le~ mols qui pouvaient.convenir aux Hl'es de ma sorte. Il s'énervait, lui, le mar­cheur aux muelles espadrilles, d'entendre crier sur le grèsSl'S pas ferrés. A la fin, il n'y tient plus.

- « Y a pas, mon p'Iit gan;, déclara-t-il, faul d'abordrallier ma C<lgna, rapport à mes pompes, Elles me fonttrop d'mal aux arpiolls, ))

Celle phrase il laquelle je n'avl:lis ricn compris me fitouvrir de tels yeux que Cailloute se l'l"ul obligé d'userd'autres termes.

- « l\les grolles me fonl mal, tu saisis '? »

Hélas! je ne saisissais pl:lS davantagc, et nous n'enétions pas, Cailloul.e ct moi, à notre demier malentendu,Nous padions en etret des dialectes élrangers, et si Cail­loute condescendait dédaigneuscmelli. à comprendre etmême à pader mon ll:lngage le cas échéant, il me fut dansles débuts de notre compagnonnage beaucoup plus malaiséde m'adapter à son vocabulaire à lui. l'iolre mutuelle in­compréhension éclata dès le premiel' jour à propos d'ul!détail en apparence insignifiant, mais d'une telle impor­Lance pour Cailloute que je mesure aujourd'hui il l'indul­gence dont il lit preuve l'aUrait que dès ce momenLj'exerçais sur lui.

Comme nous étions alTivés sur le quui à hauLeurs denatation, eL comme IIOUS nous étions arrètb;, allenLifs uuxexploits difficiles de pêcheurs à la Jo{rande volée, Guillouleme confia:

- « Faudra que j'l'enseigne c'te pratique, mon p'Iitgars, Une fois qu' tu la connais lu SOI'S tout ce que tu veuxde la rivière. »

- « La rivièl'e, interl'Ompis-jc, quelle rivière,monsieur '? Mais la Loil'e est Ull fleuve, voyons! C'est leLoiret qui est une rivière. ))

Cailloute me toisa du coup d'œil à la fois méfiant eLpitoyable qu'on a pour les aliénés, Puis, il haussa lesépaule.. ,

MAROC

- « Fleuvc ou l'ivière, je m'en fous, proféra-t-il avecautorité. Tout c' que j' sais, c'cst qu'tout c' qu'y a d'eaud'vant toi, ça s'appelle la rivière. El j'le conseille pasd' l'appeler autrement d'vanl ceux (lui sont à la couIc, tul' ferais prendre pour une bille, ))

Sot que j'élais, quand j'y pense, d'avoir pu croire quepOUl' satisfaire il la hiéral'l:hie géographique Cailloute eLses semblaules allaient nommer d'un mot masculin ceLLeLoir'e il laquelle ils étaient al tach{~s d'une si ùpre, d'uncsi jalouse passion. Maintcnanl qu'ils m'on appris à dire« la rivièrc \) comme eux, avec leur accent ehnntanl, eniusistant SUI' le son ouverL jusqu'il en avoir la uouchepleine pOUl' ;,;aVOUI'er la douceur de l'eau vive jusque dansson nom, je reyois toulle chemin que je parcourus jadisSUI' les traces de Cailloute, toules les étapes difficiles eldélicieuses de mon initiation.

Et d'abord, ce vnste paysage plein de ciel cl de ventau milieu duquel divague la LoiI'e, ce paysage 'Ille jeu'aITroutais qu'en de rares circonslauces dans de sagespromenades el qui élail pour moi désert ct comme sché­matique Cailloute sut à la fois l'agrandil' dl'meusur(mlCutet le retrécir à ma Illesul'l~. Grùee à lui, toute ceLLe videétendue devint foul'lnillante de noms, et j'eus tot fuis dedislilJg'lCl' par leUl' nomenclature ces grèves el ces riosmonoLones où les yeux des pl'Ofanes cherchellt en vainun poin t de repaire.

J'appris avec ravissemenL (Iu'au débouché du pont JeVierzon le faux bras de l'Ile Charlemag'ue rejoint la Loirecu un lieu dil. l'Amérique; qu'au Cabinet Vert succèdel'Orbette, il l'Orbell.e, le CalTé, au Carré le Pnl. Outl'e lesmouilles qui tiI'ent la plupart du temps leur uom du paysriveraill, je sus les appellalions plus secrètes des calles,cL là où les lermes manquaient, je pus, comme les mari­niel's, cametériser les régions de la l'Ïvière pal' les pal'li­eulaI'ilés de son cours ou dc son IiI. .Je d iseel'llai lesHoches Blanches, les Sables Mouvants, les Failles, là oùje n'avais auparavanL connu qU'lm fleuve pour ainsi direanonyme sous un tl'OP grand nom.

Celte extrême précision me donna le sentiment desdistances (lue j'évaluais mal aul.refois et me fit eompren­dre l'amplclll' réelle de ces paysages daus lc:;qucls rien nelimilait les rcgards. i\hl.ls aussi l'immensité se tl'OuvaiLréparlie Cil canLons, ct chacun d'eux vivait pOUl' moid'une vie partieuli(~regrâce aujars (1), au sable des grèvesil l'odeur du vent, à la couleur de l'eau. J'érigeai,; ceuxque je préfémis il l'exclusion des autres en autant d'em­pires chimériques dont Cailloute et moi éLions les souve­rains ct que je peuplais d'imaginaires aventures COlUmesi ma vie nouvelle n'avait pas oITl'rt d'alimenls suffisantsà Illon ardeul', Cal' désormais, durant mes loisirs, je nc'1uillais guère Cailloute. La classe finie et mes devoirsbâclés, je prenais ma cOUl'se vers l'OrLeUe. Sans affronterLadoué 'lui me faisait peur, je descendais slIr la peliLegrève et je me faumais jusqu'à la ririère sous les lingcstoul'lnentés du venl. J'avais souvent la chance d'y trouverCailloute; (IlHllld il n'y Mait pas, je scrulais l'horizonpour y déeouvl'ir la silhouelle familière de son bachot etje le hélais à pleine voix comme ceux qui voulaient l'as­SeI' la Loire.

En effet, à ses nombreux métiers, Caillou le joignaitcelui de passeur, Mais il ne l'exerçait régulièrement queles dimanches el,jours t'él'iés pOlll' transporter les amateursde l'Ol'belle ù l'l'pi de la digue qui ('sL llll endroit rt'JlulépèchanL. Les aulres jours, Cailloule occupé il lirer poUl'son compte sable ou poisson, ne sc dérangeait guère qu'cnl'honneur de ceux donl la voix et l'allure lui rcvenaient.

(1) JlI.l''';; g'I'IIVil'I', glllr'\,.; .

...

Devenu SOli matelot el investi de sa confiance au poin~ desauter SUI' l'enrochement le premier et de raidir l'amarrepOUl' aider au débarquement, j'admirflis dunmtla traver­sée la rneneilleuse économie de ses gesles cl son habiletéil l'user alec Je courant, lalllùtmarchant toul le 10llg dubateau, la bourde sous l'aiselle elles mains au bordage,lalllôt poussant ù l'alTière a petits coups, allentif <'t main­tenir le nez de la barque dans le sens de l'amonL Au­dessous de nous l'eau transparenle coumit SUl' un gravierfauve qui, se dérobant brusquement par endroits, nouslais"ait porlb sUl' une onde opaque el glauque dans la­quelle la bourde de Cailloute enfonçait.

_ « Ici, aIlIlonçait-il viclorieusemen t, y a de la floUe! 0

Il monlrait il l'appui sa bourde ruisselanle et les fem­riaient un peu llerveusemellL Au resle, quand ellesétaient jeulJcs el bien l'ailes, Cailloute se chargeait volon­tiers lui-même du soiu de les me LIre il tene. Enlevéesd'autorilé, il les passaient ,lUX ho'omes déjà d~barqués

avec des plai:::anteries dont malgré tous les progrès quej'avais l'ails dam; sa lang'ue je ne saisissait pas très bienle sel mais qui les faisaient l'ire cn protestalll comme sion les ,n'ait chatouillées.

Hien pourt~llil ne valüilles jours où 1I0US étions seuls,Cailloute el moi, lorsque nous allions recollnaîlre dalls dt'sbancs de barL dlolls ou des coulées de jars très loin parfoisjusqu'au large de Combleux, et même au-delà. C'est dansces expéditions (lue j'appl'cnais il comprendre son parlercomposite et pilloresfluc, œ sabir (lui charriait pèle-mèlel'al'got du milieu, celui des mariniers, des clochard, desmarsouins, avec Ics beaux mol;; paysans cueillis sur lesri l'es au ltasal'd des escales enlre la Touraine et Bourbon­nais, Il y fallait ajouter ceux que Cailloule, poète <'t samanière, iuventait parfois, ct si heureusement qu'ils scmonlnlient viables et qu'on les entendait répéter sur larivière pal' d'autres bouches que la sienne.

D'ailleurs, notre l'éelle intimité !le data que du mo·Illent où je pariai la même langue que lui. Cela Ille valutaussi dl'oil de cité pal'lni les hmcos (lu'il fréfjlICnlait, casteméprisante et fermée, qui ne sou\T"il, conllne Sésame,(pt':l de certains mols habilellle!lt plaf;t~s ct il des formulesobslinément rép(~l('es. Surtout, c'est dans ces cl'oisières àdeux que Cailloute ll1'apprenaitla Loire, heureux d'avoil'avec lui 1111 compagnon facile à élnet'l'eiller. Au Leau mi­lieu d'un remous, il immobilisait son bachot.

- Il H'garde voir à droile, pHI' dessus le bordage! Tu

vois-t-i' au fOlld! »

A tmvers l' cau je disceruais UIIC masse noire à peuprès rOllde, un tronc d'arbre entraîné par les crues d'hiveret sans doute engagé dans les pierres sur le lit du fleuH~,

- Il Alors, disaiL Cailloute, c'est '.IDe bill' de IJois,t'es ben SÛl' '? Ben tu vas la voir, e'te bille. »

De sa iJOurde, illteurlaillégèrement la masse sombreque je voyais soudain à ma grallde stupeUl' remonler avecune lente majesté, Cailloute triomphail.

- « Tul'as vue, ta bille"! V'là qu'a remonte il conll'ecourant il c'l'heure, A s'ra ù Combleux avant nous. Tu::;ais mon p'lit gars, des brochets comme çà, en a pasbcaucoup d' pareils, mais y en a tout de mème dans larivière. \,:a va dtlllS les trent' livres et plus, et tu peuxt'imaginer c' que ça détruil. Et i' sont malins, ces pépèreslù, lu m' croire. J'ai mainles fois essayés d'en sodir un,Blais t'ien :\ raire: corde il guitare, fil d'acier, I;a coupeLoul, c'tc vermine. ,J'en ai vu un qu'une fois sur un' grèveà l'embouchure du canal. Les loulres, tu sais, mais elless'éLaient mises ù deux püur le crocher, mâle et femelle, etpour le lil'er su' l' sable, j'ai vn leurs empreintes. Quandon les a dél'ang'ées, clics lui avaicnl déjil croClté la moitié

MAROC

des reins, et il pesait trente livres encore, tu t' rendscomple, à la balance du boulanger où qu'on l'a porté 1D'ailleurs, ya sa tèle au lllUSt)C ; lu parles d'un oulil, etqu'est-ce qu'on n'a pas trouvé d'daus comme poiscaillequand on l'a ouvprt ! Ça ravage tout, c't'engeance ! )1

l\lais cc n'Hait qu'un dépit de concurrent qui faisaitainsi pader Caillou le, car dans la hiérarchie des habitanlsde la rivière l\lablie par ses pal'cils et par lui, les In'ochetsvenaient en bonne place immédiatement après les aloseset les saumolls ; ct tous n'étaient pas impossibles à pren­dre, En tous cas, tous ceux qui frèquentaientune mouille,Cailloute les connaissait; il savait les pal'ages qu'ilshantaient, leUl' parcours de chasse, et illeu1'(lounait desnoms.

Il y avait le Broclzel-du-t:uuranl-de-la-poinle-de-l'ile,celui d'EnlT'e-deux-yrèves et le Gendarme ainsi nommépal'ce qu'il portait des éhevrons dun bleu plus marqué,Qu'il sût nous donner du fil à retordre, ce Gendarme !Quinze jours durant - c'élaient alors les vacances - nousposâmes il son intentions des collets de laiton dans sespassages ordinaires, ces rigoles que lors des basses eauxles brochets lracent en traîllantleur ventre SUl' le sablemou des grèves quand ils vont chasser, Nous essa'yâmesde l'assommer à coup de Lourde, un jour qu'il se manifes­tait en sUlofacc au milieu d'un éclaboussement d'abletteséperdues. Nous nous résignâmes enfin à le pêcher régu­lièrement avec une ligne à vif tendue à l'a1'l'ière de lIotrebateau. t:ailloute enrugeait.

- Il Nom de Dieu! c'te grande vache! j' finirai bienpal' le poirer! l' peut êt' malin, mais j' sUis'col'e plusmalin qu' lui. "

i\lisère! le Gendarme se trufl'ait de nous, Tantôt ilfaisait ricochcr le fretin sous notre nez et nous pouvionsvoÏl' entre deux eaux son grand corps filer comme uneombre; tantùt il poussaill'impudence jusqu'à tuer notrevif sans se pl'l~ndre au triple hameçon, Mais le pis, et ce(lui faillil exaspérer Cailloute) c'est qu'nn autre que luifut sur le poiut de prendre le Gendarme, V Il autl'e .. , et(Iuel autre! lHème pas un ma1'Ïnier, un braco, un hommede la l'ivièré, enfin! mais un bourgeois, un PariSien, unde ceux que Cailloute m'avait appris à nommer Il lesbilles ,l, un de ces pacifiques bourgeois qui pêchent dubord avec juste engins, sottement respectueux des lois etdes règles, et (IU'il convient de mépriser parce qu'ils nesavent pas y faire ct parcequ'il n'aiment la rivière qued'une molle tendresse.

Quelle alerte à parLil' du moment où quelqu'un criadu bord

- « Vn bloc à la ligne du père Pouget!» Brusque­Illcntretourné dans son bateau, Cailloute regardait, l'œildur, les narines ollvel'les, la bouche mauvaise,

- l( Nom de Dieu 1 mon p'tit gars, c'est le Gendarmequ'a mordu; ça n' peut êl' que que l'Gendarme! Et direque c'est c 'te bille qui va s' lenvoyer ! »

- « Il est monlé solide'? Il

- « Cte malice! sur de la corde il puits, comm' pourtirer un cheval. Tiens II' second floUeUl' qui fout l' camp 1JI

Mais le père Pougetll'é!ail pas de ceux auxquels laLoirc abandonne parfois en offl'llndc des brochets pareilsau Gendarme. Affolé par un si beau bloc, il avait saisi sagaule à pleines mains, et au lieu de laisser enfoncerjusqu'au qualriéme flotteur, il tirail, les mains rivées aubambou, le malheureux! impatient d'amener en surfaceune aussi belle proie. Cailloute fil entendre un petit siffiot­tement l'aSSUl'é.

- Il Tire comm' ça, tu vas l'avoir; c'est pesé! »

Ce ne fut pas long: une secousse rageuse secoua lelil, le scion 1evint brusquement comme un élashque et Je

Pouget pileux ramena jusqu'à l'enrochement son vif coupéen deux par les cisailles du Gendarme. Cailloute exullait :

_ « T'as vu, c'l' bille, non, mais, lu l'as vu '! Au lieud'laisser filer, ça s'énerve comme un gosse el ça part pourprend' des gibiers comm' v'là c'lui qui cavale à c't' heure.Ah malheureux! si j'avais été au bout du f1l !... )l

Poudant il lança courtoisement SUl' la rivièrc un« pas d' chance! Il dont le père Pouget était bIen incapa­ble de savourer l'ironie triomphante. Et c'est à nous fina­lement, comme c'était justice, qu'échut le Gendarme.

Un jour, nous le suprimes en amont de la mouille,tandis que, raide comme un ringard, il dormait au soleilpar trente centimètres de fond. Cailloute, toujours auxaguets, l'aperçut de loin et preste, me passant la grande

MAROC

bon. « Allons: allons 1 tu y es, vieux camarade, j' lavaisbien dit qu' çà serait moi l' plus malin. Il Et Cailloute,avec une sorte de tend l'esse, lissait doucement de sonorteil nu l'écaille encore palpitante comme pour endormirplus doucement dans la mort cet adversaire digne de lui.

Cailloute m'emmenait aussi dans les grèves quis'étendent de l'autre côté du dua, Semées de flaques etcoupées de rios peu profonds, balayées par le courant d'airde la vallée, elles donnent l'illusion de la mer. Une odeurde marée s'exhale d'elles; au-dessus, les moueUes fontentendre lems cris rouillés; des courlis emplissent parintervalles leurs lointains d'un chant nostalgique et surleU!' sable, les mulettes, qui sont les moules d'eau douce,tl'acent de capricieux festons à la recherchent de l'eau

t

rame amarrée avec un câble qui servait à la fois Je gou~

vemail et de godille à sa barque:- « A laisser porter, p'tit gars, comme si on dérivail,

mais gouverne droit. Il

Déjà parvenu à l'avant, il avait ramassé sa fouène. Jevis luire au bout de son bras le trident d'aciel'. Un bruitsec foueUée, et maintenant au haut de la perche, lcs reinscloués par les pointcs, le Gendarme brandi se tordait surle champ d'azur du ciel comme un animal de blason. Cail­loute le jeta sans cérémonie sur le plancher de la bnrque.Nous vîmes s'ouvrir convulsivement la gueule béunle etson sang rose les fameux chevrons blells se foneel' cts'éteindre. Cailloute évalua:

« Il fait bien ses quinze livres. Dommage que j'ai ôtéforcé de l'amocher; il ne vaudra que son poids. »

Et r,omme un soulH'esaul d'ilgonie soulevait le mori-

qui baisse. Nous y faisions de longues et fatigantes pro­menades, arrachant nos semelles des profondeurs du sablesous un implacnble soleil. Je m'arrêtais soudain devantd'indéfinissables lanières noirâtres et tordues desquelles,souvent, une guêpe rageuse s'envolait.

- l( Encore une, disait Cailloute, qui n'a pu rallier larivière! Et il m'expliquait :

- DUliS ces flaques que tu vois, mon p'tit gars, ill'c'ile de, poi.N)ns sUl'pI'is pal' la décrue. Y a d' tout làd'dans: brochets, perches, blanchaille, et j'y ai donnésonvent d' fameux coups d' filet. Une vraie résel've pourbracos, tu compl'ends, ct pas moycn d' cavaler. Mais sil'été dUl'e, faut vi vre. l'ont ça s' boulotte, allons.allon! (1).

Rémy BEAURIEUX,

(1) Allolllol-allollR : hl'allr.oIlJl.

l\lAROC

pat' Hl~my DEAlTU EU.\

La Comédie animale. pal' And l'l' DE\L\I::-;O\

(Hllilio/ls lJel'1/(//'1i G/'(/ssel) Heures JUIves au

Maroc. pal' l''''"'t:ale ~Al~~ET (I_es Hdilio/ls Riedel')

- Un précurseur de la Pléiade : Hugues Salelde Cazals-en-Quercy. pat' L.-A. BEHGOU(;\OU.\

(Editio/ls Occilallia, E.-Il Gl/ilard, édilwr),

~Iadame l'asl'all' ~aissel entl'epl'elld de l't-habiliter le"ist'al"lill's Illal'lWaills, .le dis: l'l''habilitel', t:al' au prt~jUgl"

dont il esL jJien dil1ieile de se dUcndrc quand on eslt{~nlOin

du l1Ièpl'is dont les accablent leurs t'I'i'res de racc musul­mane s'ajoute la tel'l'ible condamnatioll prononcée jadiscOlll1'e eux pal' Il' Pi'l'e de Foucauld. qui a (\cl-it dans uncde ses PI'l"t'al'es 'I"e le" ./uif" mal'ocains l\(ail'nl au del'Iliel'cll'u't'(', dl' l'{'l'!ll'Ik dl's t\lt'e,;, l\ladaull' l'a,;t,ak ~aissl'l fait

""a i';l"1l1l'1l 1 ju"lil'l' d'une erl'Cur qui ue s'cxplique gu,\re de lapat't d'ull O!lsl't'yall'Ul' :lIIssi avisé l't d'ullc ;Im(' aussi hauleque celle du l'l'I'e dl' Foul'auld, il tlloitls IIU'OIl Ill' Yl'uille

Biell que 1'Olljel dl' SI',", t'oLudl's 1l0US Cil tl'a Ille assez loiude la vie colo:liale el "III'louL dll \Ial'ol', je IlC p"is lII'Clll­[)(\chel' dl' "igun\cl' aux lecteurs dc celte Henle le linl'impOt'l<1I1t quI' \1. L.-.\, Bet'g'ollg'noux, pl'ol'esscul' au Lydl'Hegllault Ù Tallgcl', viellt de ('onsal't'el' il lIugues Salel.pOl'll' favol'i Ile Fl'alll:ois l'" el Pl't-cul'seut' de la PI{-iade,

\1. Bel'gouglloux a rait pl',\c,\der d'ulle Ilolice IJio­gl'aphique trl~s détaillt'e et dablie "elon Jcs ri'glcs lesplus sll'idl's de la cl'ilique modcrne, qui conslitue Ulll'Y{'l'itable lllisl' au POillt, Ull(' ,"dition allnotl"e dl'S O'U\TeSd'lIug'es Salel, suivie d'ull lexique tOUjOlll'" PI,,"ciellx pOUl'l'illtelligellec des œU\l'es des éCl'iyains du .\\ï'·IIl" sii,ele.

Ceux qui s'intt-l'essellt aux périodes de tl'ansilioll el depl'l'paration des gnltldcs {,poques littt~raires liront ayet: Ullyît' illlt"J'(\t ecs pOl'llles d'inspil'Lltion et de forme sans douLcClleOl'e marotique, mais quc ]'abondallu~ des "OUU'llil'Smythologiques et H'Jssi un sout:i asscz neut' de t:OInpositionct de eonecntration de la pcnst'e apparenlc dt-jil aux O~U\Tes

de du Bellay el de Homard,Il nous e"t pal'tinJ!ii,I'ement agréable d'attircr l'at­

lention du publit: ll1al'Oeain SUI' 111I oU\î'age de cc genre.Ll's travaux eonsat:I't:" il la eonllai"sallCe du l'Im'ol'. sidignes d't\tre l'm,oul'agl"s, si loual,les l'l si Ill''t'e,;sail'l:S,Ile doivent. P,lS 11011., fail'e oublil,t' qlll' notre paLl'ie Il'l'Stpas etll'Ol'e toLdelllcllt explol'ée, eL qu'il l'e,,t.e, Illl\llle pOUl'cellX dl' ses lils qui l1a!Jilcnt!'Afl'iqul' du \Ol'd, dl' belk"décoll\'cl'tes Ù fail'e dans SOIl histoit'(' lillèrair(', ~aehons

gr't' Ù \1. Bel'goug'noux dl' nous !';HOÏI' ral.pelè.

JJI/I'OC cnl'egistl'e aVcc peÎne la 1l1OI'l de ~Iademoiselle

Sainl, sœul'lle noire H,\sidellt (;'\lIt'l'al, dt:eédée cn France,

(}ue Madame et l\lonsicul' Llll'ieli Saint veuillent hien

trouver ici, cn cellc circolls\allce douloureuse, l'expression

de nos condoléant:cs rcspcclueuses et émues.

La mOl't du l\lal'l~t:haI Jolhc a fr;'ppé la France d'un

grand deuilualiollal dont le souvcnil' esltoujours yibrant.

Maroc ,,'associe à l'expression unanime de ce deuil ct

,,'inclille ù son lour bieu bas dt'vallt la tombe du <'iralld

Com ha llall l.

penscr que les mœurs auxquelles il a fait allusion soient('elle" dl' lluelque" mellahs du bled, aITi{'I'és cl alJl'uli,", pnt'lcs pm's{'l'utioll", ignod's de ~lndall1e ~aissel.

\ous Ile pouvons qu'ôtre sellsilJll's il lT qu'elle 1l0U';dit de la vie patl'ialTale el paisible des mellahs, du l'hal'nll'des ('imetiôres l'OUI me celui dl' ~lckui's qui a consel'Vl" je Ill'sais quel pal'I'um d(' Challaall,de Louchanlcs 1,1 ll<ÙVCS supet's­ti tions talmud iq ues. el sUl'toul de la noble soi l' d'illstl'lldiollcl de savoir d'ullc r;\('c plus épl'isl', quoi qu'on en pCIl"e,d'idl"es que dc pl'Olils, tl'l'S l'at:ilemellt a"similabll' cl tl'l-",'econllai"sanl(' Ù l:eux qui lui fUIlL l'oldialll'c l'l sau'lll luidonnel' I:C qu'elle allelld d'eux,

Les Fl'anl;ais du \lal'Ot: Ile peuvelltque t'ai 1'1' le meillcuraccueil il un lin'C ill"pir'(" pat' les sellLimellls les' plus l'('S­pedalJ!es d dalls le" pag'cs douloul','use" ou l'iaisalllesduquel t:il't:llie celle tl1l1011nlllte chaleur' de telldresse '1"'011

trouve dalls le" lIIeillcUl'S l'OlllallS d'Elissa Hhaïs.

BIBLIOGRAPHIQUECHRONIQUE

l\I. André Demaison n'est t:ertes pas un lllconnupOUl' no,", ledeul's. Le premier oll\Tage de la sene ill­Litnll"e : « La Comt~die animall''', en l'e,",pl'l'e : « Le Livredes IJl\tcs qll'on appelle Sall\;lg'l'S n, a ml"riLt' ulle hauted'compense : le (;l'and l'rix dll l'onHIll de L\t:adt'mieFI'ançaise, ce qui est bicn, el un gros sut:ci's a,uprès dupllblic, t:e qui estilliellx cnt:ol'e. J'ose pd'dirc, sans risll'wrde me trom pel' iJeaucou p, la nH\me chant:e il (( La Coméd ieanimale ", l'nline pareil dissipe Loutes les méfiances qu'onpeut concevoir It'gitimement il l'endroiL de la lillératlll'ecoloniale 011 exoliqlle, Il ne chert:he pas ù séduire leledeUl' pal' lin pi llol'cHI ne fat:ilc 011 pal' des rét:its scall­dalellx d'aiJel't'alions ll'Opicales, mais il lui propose de,",tll'iellse,", ct pl'Oli la bics Illédi laI ions cn III i l'aisan t meSUl'el'la distant:e qlli sl"pal'c l'EIII'Opt'cn, Slll' dl' son elllpire SUI'les autres t:réalUl'es et Slll' la maLil,re, du pl'imitif, in·eel'lain, inqlliel, sans ee,",se nll'nal'/', lremblant sanscesse pour une dignittl humaine dont il a il peinet:onsciencc,

En dlOyant un jcunc t:himpanzt", le jeune dil'edeul'd'une plantation du t:entre de j'Afriquc ameute cOlill'elui les noirs parmi lesqucls il vit, paree qu'ils se figurentqu'cn eomnulllilluant il la bde les pouvoirs illimités del'hommc blanc, ou simplement Cil l'amenant il plus det:onseienee, t:elui-ci mt'dite de rendre allx singes la terredont ils étaient le,", antillues po,",se,",sellrs el de leur aSSUl'erSUI' les hommes un empil'c llu'ils po,",s,"daient alltl'efois,

Le li\Te de \1. llemaison sc l'ecolllnHlIll1e autant pal'une pénétration peu communc de )';1me primitive ctpal' IIne ,",Ylllpathie intelligente pour l'eux de nos fl'i'l'CSinfél'icUl's qui sont les plus pl'Oches de l'homme, que pal'un scntiment trios rat'e de t:C qllc la natul'c tl'opicale a dedéme,",III't' el d'ext:essil', des illllsions ct dl' l'inst~etjl'ittl

qll'clle CI't'e, des vertige,", auxquels clic enlraine. OngOlltel'a au,",si ia fl'ant:hise d'un slyle parfailement adapt,'~

au sujet, auquel, Cil sc IllOntl'allt Ull peu dil1ieile t:omnwil l'oll\'ient eIlU'I'S un laul'l'at de L\l'ad{'mic, on ne saul'Hitl'l'pl'oehel' qu'ulll' sOl'te ,Ill mol abandon qui nI' ya du t'l'sIejamais ju"qu'ù la Id'gligl'tll'e,

MAROC

pour Madame

t

L" ro~'"r, la lill'lIl' dl'tJill' d" la lallll)(',

La l't'vel'ie aH'e 1" ,loigl c()nll't~ la "·lllIH.·,

L'h"lII'" du tl,é l'ulllanl pl tl,,~ livI'p8 r"rIUt·'~,

La dOlW"lIl' dl' ~"nlil' la lin d" la ~oil't··t· ...

avec l'ongle l'Ion su<;ait le ~doigl saus

I\olle ('II Illollsselille illlpt'illlt"(' ol'allg'l"eCol el. poig'ul'ls l'ornl('s pDI' des petits

biai" l'eli,',s pal' des jOlll'S, ,'II ti"su ulli,aiu"j que la bandp du dU\'anl.

La jllpc esl luoul(;e pal' d('s plis platsdl' 1 elll ; la ccinllll'c nouèt' derrii'l'c cslt'~galelllPIII pliss('p.

vcrgogne,

De c:cs c:ortle[,.; de 1Jonhons au couvercle

de c:al'lon l'abattu et clos d'Un l'ouge

ruban échevelé, j'ai gardé un SOll\'elllr

vol uptlleux d tend re q Il 'a ueUlle

digestion laborieuse Ile me lit jalliaiB

renier,

Toutc la rigucur de nos hi\ers prl~sents

vient de ee que l'on dit radialenl' au lieu

de dire ;\Lre, et llue l'on dél'ende allx

petits enfants, SOIIS lin prélexte d'hy­

gii~ne, de léchel' leur doigt poisseux,

Lcs délices de l'!ti\'er, les \oilù biell,

Mada 1Il(', gl'Ù2C:\ q ncltlllCS vers ébauc!tps,

\'os oC:Lllpations de grandes pel'sonnes

sont plus graVl~s ail c:oin du l'cu:

ic:i hcrmincpas avec dl' la neige

gl'llH'e",

supcrl1ue - nIais avcc: son m:lllteall dc

vcnt, de froidure ct de pluie, qui l'st

SOIIS tous les climats scmblablc, ù

quclques Ol'llcmcnts pd's, nous nous

trouvons pm'eilles ù la c:igale, fris­

sonnante ct IOllle marl'l (k son im-

cl quand l'hiver \'innt pour dc bon, 1I01l

A\'ez-volls nppréc:ié ln dOIlC:cul' de c:e

gesle que l'on l'ait ù genoux au seuil de

l'hiver'! Du loyer déc:ouvel'l des c:eudrcs

s'l~c:happclll et volligent 'lui ont 1odeul'

et le c:al'adèr'e impalpable. irritant du

souvenir, Souvenirs d'ènrance, .. L'hiver

appartient ù elle mieux lIllC le~ saIsons

peuplées dc jardins 1Jrùlants et de

chemins buissonniers, SUI' les cendres

éteintes, on l'el l'ouve la trace des

souliers de Noi'! et le pal'1'um du sapin

l'aussi pal' mille petites bougies lJUI ont

de la peine il se tenir droites au Lout

d'un fil de l'cr adroitement entortillé,

Oh! ces peliles lJOugies de NOl'!, en

"pit'ales, anne1t"es c:omme des Loudes

puériles .. , il semule qu'elles s'allument

loutes en IIH\me temps a\'ec: la premii're

l1amilée de l'ltivel', et une joie secrNe,

IInl' en!'antinc espénlllce illutl1ille le

C:(CU1' comme la clJanI!Jl'e,

Lcs maisons sonl llIal c:haUl1...·b, rnrrs

sonl les architectes qlli ont prévu le

c:llHutl'age central en mèllle temps que

le Ke1Yinator, les C:<llTeaux du sol gi'lellt

1<, plante des pieds, les jointures des

portes et des l'endres laissent passel'

des vcnts cOldis, et SUl' la prol'olldeur

nOire d'Ilne c:heillinée on li'\,e avec

prl'c:ipilnlion un rideau l'ouillé qlll

Une papillole llui enveloppait IIne

friandise brille enCOl'e au lond de la

cheminée, et l'on se souvient du goùt

des l"~slius de Janvier, A\'ec (luelles

inlas,.;ahlcs dl~lices, quaud ou avail douze

ans, la langlll~ t'Ùpait ce papier ('(~l'he,

argenté. qni entoure un malTon glal'é

011 tlll l'h()('olal; on le lissait ensuitc

Causerie

Le froid qui séviL depuis IltlCllIlles

jours avec nne l'igneut' depuis longtemps

ignorée au ~laroc nous laisse apercevoir,

chère leetl'iee, avec constel'llation, qu'en

matière de vètements ehauds 1I0US

sommes fort dépourvues quand la bise

est \'enuc,

Ail pays du paradoxe, on IIC saurait

natmellcmenl qu'avoit' froid, puisqu'il

cst l'épnté pays challd; mais ce paradoxe.

Hobc (hl IilleLtl' cn TolJl'ako itlllJrilll('petite ceintul'c en daim de couleur assor­tie au tOIl dcs I1clIl'elt('S,

Col cl l'CVCI'S dl's mallches l'Il l'obra!coblanc,

le plus élonnant qlli soil, s'l'xplilluC

assez aisemenl de pal' sa natul'e 11Ième,

Ail Mm'oc, (lui jouil pl'esque d'un bout ù

l'autl'e dc l'année d'llll ciel c:lémcnt ct

d'unc tempél'atme idéale (les mois de

canicule ne comptent pas, puisque vous

les passez en Fi'ancc), 011 ne saul'ait

songel' sél'icusemcn t ù l' hi ver, p(~I'iodc

négligeable, hiver d'opl'reLLe ('0 III me ('es

déc:ol's dc papier pcinl où l'on l'ait

lomher de la neig.' en a('ide horillue,

MAROC

t

lelld l'evoluplueux

Huile CL) mOI1Sselill(~ illlPl'illlt"c UI',llIgo',cCol et poig'II('ls l'UI'L11l'S pnl' dcs pl'iits

hi ai" l'l'Iii,,, pal' de" JOIlI's, ('II lissll uLli,aill"i qlle la hande <Ill dm'alli..

La jllpe est IIIUlltl'C pnr (lPs plis platsde 1 CIII; la l'eilltll/'e nouéc c!cl'l'ii're estl~galcLII('lIt plis>il'C.

vcrgogne.

L(, ro~'('r, la ItlCUl' dl'uill' dl, la lalllp",

La l'('vel'ie av('c le doigl coull'e la lelllpe,

(,'hpl\I'c du Ihe l'ulllaul pl (lp~ livl'('H r('rlll"'~,

La dOlll'('UI' dl' ~el1lil' la lill dl' la ~Oil'"·'·'''

avec l'ongle et on su<.;ait le rdoigt sans

digeslion labol'ieuse ne Ille lit jallllli;.;

reUlel',

De ces eol'tlels de boubons au couvcrcle

de carton raballu ct clos d'uu l'ouge

ruban échevclé, j'ai gardé un souvenir

Toute la rigueur de nos hi vers pl'll:.ienls

vient de ee que l'on dit radialeLlI' au lieu

de dire ;Ure, et (11lC \"on d(Sl'ende aux

petits enfants, sous 11II pl'élexle d'hy­

giilne, de léchel' leul' doigl poisseLlx,

Lm; délices dc IÎlivel', les voila bien,

Malla ml', gl':I2C il q lle!flllCS \'el'S ébauchl's,

"os occupations de gran(les personnes

sonl plus grav(~s Hli coin dn l'cu:

ici hel'minepas avcc de la neige

Les maisolls sonl III al chall[1'0c" rarrs

sont les archilectes qlli ont prévu le

dWlIll'age cenll'al en mème temps qlle

le l\eh'inalor, les carl'eaux dll sol gi'\ellt

la piaille des pieds, les joilll urcs des

pOl'tes el des l'eIH~tres laissellt passel'

de,; veLlts cOlilis, ct SUI' la pl'l\l'olldeul'

nOll'e d'lIlie chelilillée 011 li've a\'(~c

pl'l~cipilation Illl l'ideau l'ollillé qlll

gl'lnce",

cl quand l'hiver \'innl pour de bon, lIon

superllue - luais avec son manleall de

venl, de froidure cl de pluie, qui est

sons Lous les climals semblable, il

qnelqlles omemenls pl'i's. nous nouS

ll'ouvons pal'eilles il la cigale, l'ris­

sonnanle cl [alite nWITI dl~ son Im-

A vez-vous a ppr('cié la dOllceul' de cc

gesle que l'on rail il gelloux ail srllil de

l'hivel' ~ Du (oyer découvert des cendres

s'échappelll cl voltigent 'illi Ollt l odeur

ct le cal'aclèl'e impalpable, ilTilaut du

,.:ouvenir', Souvenirs d'ênl'ance ... L'hiver

appal'lienl il elle mieux que lcs saIsons

peuplées de jardins }Jl'ùlants ct de

chemius buissonniers. SUI' les ceudres

éleintes, on l'cl l'ouve la tl'ace des

souliers de ~oi" ct le parl'lIm du sapiu

roussi pal' mille petites bougies (lUI onl

de la peine il sc tenil' droites au bout

d'tm fil de fer adl'oilement entortillé,

Olt! ces pel iles bougies de Noi'i, ell

spinl!es, anllelt'~es comme des Doucies

puériles ... il selllLlc (IU'elles s'ailulllelli

Ioules en ml~me lemps a\'ec la pl'emii'l'e

Ilalllbée de I"hivel" el ulle joie secl'i·te,

une' enfanline espél'tlnce illumiue le

CleUI' comme la elta111 l)\'e.

ulle papillote qui ellveloppail ulle

l'rialldise brille encore au lond de la

clteminée, ct l'on se souvient du goùl

des l'eslins de Janvier, Avee quelles

inlassables dl~lices, qllalld on avail douze

HIIS, la lHllgUP n\pait ce papiel' l'ôche,

arg"ilnlé, (illi enloul'e UII marl'on glacé

011 tlll chol'olal; on lc lissait ensuile

pour Madame

1•ilil

iliiIlIl'1

Causerie

An pays du paradoxe, on Ile saul'aÏl

nalul'ellement qu'avait- l'roid, puisqu'il

est répulé pays chaud; mais ec pal'adoxe,

Bobe dll HUdt(· eu Tobl'ako illl pri III l'pelite ceinture en daim de couleur assor­tie au tou dcs nelll'cLLes.

Col el revers des manches en TobralcoblaIH;.

Le l'roitl qui sévit depuis (ltlCl(llies

joul's avec une rigueUl' depuis longtemps

ignorée au :\laroc nous laisse apercevoir,

chèl'e lectl'ice, avec constemalion, qu'en

malière de vèlements challds nous

sommes fort dépourvues quand la bise

est venue,

le plus élonnanl qui soit, s'cxplique

assez aisemenl de pal' sa nature mème.

Au Mal'Oc, IJui jouit p"esque d'un bout il

l'aull'e de l'année d'lllI ciel clément el

d'unc lempél'alUl'e idéale (les mois de

canicule ne complenl pas, puisque vous

les passez en FI'ance), Oll ne saUl'ail

songcl' sél'icusement il l' h ivel', plll'iode

négli geable, hi vel' ll'0pl"reLle COlllllle ('CS

décol's de papier peint où l'on l'ail

101111)('1' dl' la neige rn a('idr horilllll',

ces bonheut'~donl on pl'Q(ile::;i mal el qui

sonl grands cl sages avec uu ail' pelit.

L'hiver, les visilc~, les sorlies l'I'ileu~e,.;

cl la maitl gaulée sc chaulfanl il une

Hamme élrangi're ,f~'anl que de sc tendre

vel's ul1e l'l'agile lasse de Chine qui Il'a

l,as l'arôme l'amilier .. , les obligalions

mondaines, hélas ~

Mais les délices de la fl'Oide saison sc

oomenl, ~!adame, il ces choses poéliques

ou frivoles, ct je dois vous parlel' main-

Hohe pOUl' gralld(' lilldll' l'II ('l'(\P(' d('l:hin(' 011 lal1'das l'ose,

Petits plissés boulous perles l'oses,

tenanl des moyens pratiql1es de nous

défendre coulre le froid qui uous pn'Ild

en suqH'ise cl désarmées devant ses lances

aigue::;,

.l'entends di'jù le cli(IUcli~ des aiguilles

froissant la doul:e laine de i\légiwe, il la

mode parce qu'elle ('~V(H(lW les sporls

d'hiver cl la Suisse, .. i\lais Ilulle Il'a

le conl'age d'é\'(lquer \l'ralle, \l'rane, qui

serl ù d('ux tins, cl quc 1'011 complolait de

ll'ausl'l,rIUCI' l'Il une cOlluette slation

d'hivel', ,;'euorgueillira-l-elle de cc

souple chandail ,;porlil' aux ligne,;

g(~om(·tri(lul's, bario\(' comme le devoir

d'uu pOlache qui sc sct'ait anllIS(~ Ù

peindre la ligure de sa démonstralioll '?

,"ous ayez bien raison, 'J:ldam(', de

l\lAHOC

tricotel' acli\'emenl, Cela réchuuf1'era vos

doigts goun\s el \'OUS donnem UII vê­

lemeIlt confortable, le seul ù parler en

celle sai~on, a \'(~c de gl'OS soulier~ lac('s

SUI' des liaS saus lransparelH:e, Ainsi

l'duc, vous .llOulTez oU\Tir la porte

d'une main hardie, gantée sans mièvrerie

ct vous enfoncer dans le grand ,lIr

coupant d'un beau malin de gel. Ah,

la baIl ne selJsation d'avoir les joues

peintes au vermillon sous le pinceau

un peu vif dc la Lise où semLle s'êlre

glissé trois poils de criIl .. , la Lonne

sensalion " tandis que d'un pas alerte

on martèle la tenc dlll'cie où déjil les

odeUl's du p,inlt'mps se composenl

auloul' des Jeunes pOlbSCS ensevelics,

Ici l'lli\'er esl cout't el déconcertant; il

a des faccs multiples, lanlôt pluvieux,

humide ct morne comme nïmporle quel

hivel' dans une :-;omLre petile ville du

:'101'11, Llnlôl (\datant, avec un beau ciel

dur, nui, l'lIlgur:lIlt comme une SO\(:

glad'(' de haut prix, hivcl' de Cllte

d'Azur cl de :\l(~ditel'I'alli~t', Ces hivers

lit nOlis n"sen'ent l'un el l'autl'c des

joul'llées tri''; l'l'aides où le besoin de

se cOll\Tir primc taule coquel.terie,

devienl le dWl'manl instinct primitif'

un peu animal de retl'Ouver la chaleur

coùte (Ille coùle ct rejoint le gesle

pud iq uc de l' E ve frissonnante,

Ll'S beaux cndll';helnenl.s dans la che­

Iniut',c ou 11I(~nW la l1al11111e Illelie dunc

Iilnlpc it pétrole - on ll'ouve maintenal,l

dcs modi'lcs si p('rl'ed ionnés qUI

nous l'pal'gnclll l'cnnuyeuse IJesog'ne de

tlsOllllt'r ct le souci de l'ciller ù cc que

Ir, bùche\' soittoujoul's gal'lli, ne sul1isenl

pas il nous donne\' celle chaleur récon­

forlante - on Ile peul pas l'ester élel'llel­

ment aupr('s du l'cu n'est-ce pas! - ~\os

occupations, deplusen plus, nous appel­

lent dehors ct il al'l'ivc souvenlque :\!on­

sieur ct l\ladame rentranl en,;emble de

leur tùdw quotidiennc s'exdaIllent au

scuil du logis glacial: « Hrr.. , qu'il l'ait

donc froid", »

Il faul ,;onger it nous munil' de vète­

ment s pl'a liq ues (lU i nou,; pCl'lllellronl. de

bravet' lous le,; ICIIlP';, Lcs ("pais ('hall­

dail,; qllc l'on pcul rendre si coqllcls

avec un peu de goùt d'invenlion el d'a­

dresse sOlll tout indi(llIt~S avec la jllpe de

gros lainage d'ulle allure ,;porlive, sous

l'indispensahle manteau inlperm('abili"é

- on en l'ait ;llIssi desijolis, cn ('l'(''pe de

Chine pOlit' l'ecevoir l'eau dll ci(01 .. ,

.l'avais dOliC l~spéré vous lin,,?r celle

tlolH' dll soir ('II (,l''\P!' s,dill "Jall'" 01'11(',('

dl~ lllh(~.; dl' !ll:rl,'s pl d(' slriiSs l'orlll:llllIII 0 1il'.

l'oi~-ci les l'oints llOuv('aux des tricot:-;

de Jaine pour vous perlllellre la con­

fedion de pull-ovel' seyants Pl douillets,

mais l'atelier de modl~ lilti s'oecupe toul

spécialement de vous il Paris a dt':\:lIIllOIl

allente cl Ill'a envoyé pOUl' vous sen'ir

de Illodi'les l'CS jeunes femmes gra­

CIeuses, ces Illignollnes lilleUe,;; elles

ne craignenl pas d'all'l'OIlter en robes dé­

col1eté<'s cl <'n llHlIlChcs courtes l'atmos-

ph(~re glacée de nw causeric d'hiver .. ,

~IICIIELl:'lE.

I~~L~N~:. \ 11... ] !<:;'S

\ ous appn'llons an'(' plai,;Îl' lesl,ia\\(:ail1es d~~ :'Ilad('nwiselle IlayolI, pro­lcSS(~III' d(' ';IXli'Ill(' au L\('("(~ (;olll'aud ÙHabal, l'l dl' :'II, (:IcI'nwlI'n, atll'il'n adllli­Ilisll'atelll' de la l'e\ll(' lIJa/,(J(', adtlell("Illelll dil,(,('tellt' dl' l'Ulli('1' de PllolieiU'et de Rl'llI'l'spnlalioll;\ (:asaldanca, \OIlSndrpssolls allx d<'Il'\ fialll'("';, 1I0S Yin's dSilll'i'1'i_'s f('licilHtiullCi,

#

MONDANITESLe mariage DAILLIER-CORDIER

Le 10 lk('ellllJl'c dl'l'niel' a ('LI) 1'1'./1'./' d, Ù l\ahaL leIllal'iag'l' dc \ladl'Illoisl'Ik \Iadelcine Cordier, lille dl'

\1. (:ol,d leI', Prcmier Pd'sidcnt dc la COUI' d',\ppcl de l'eUe

ville, aVCl' le lientell<\nt Piel'I'e Ilaillil'l', du :-;el'vicc dcs

,\Il'aires Indigi'lIl's du \l<trlll',

l\lAROC

les jeuncs l~pOUX, fiL cnLendrc ensuiLe scs accents ('10·

qnenLs, aUcntivenwnl snivis pal' 1lIH' t'onle 1"IllUt', dans

une atnlOsphi'l'e de sympathic d dc l'('I'ueillcllll'nL.

lin gl'al'icux COl'Li'gc de jl'uncs filles el d'cnfants l"tail

la gardc d'holllH'UI' de la nlarjl"l', l'avissantc 1~1 chal'Illank

dans sa toi!eL\e ]1\;lIlciw d'nnc 1"ll"ganll' silllplil'ili'"

.\ la sortie de la (:allll"dl'ale, SOIiS le porche oil SI'

prcssait eill'Ol'C \In pliidil' nOlullI'l'nx, Il's jl'lIn!'s IIl,II'il"S

Le cOl'Lège dholllleUl' du mariage Daillier-Col'llicl'

La cérémonie t:ivile avaiL

eu lieu le Ç) décembre, aux

Scnit:es \lunicipaux, cn

pd'scnt:e dcs LtmlOills el, des

PI'Ot:iH'S parcnLs. l\l. Habaud,

(:hef dcs Scniccs \Iunici­

panx, remplissaiL les fone­

1iOlls d'o!ïil'icr d't-LaL-civil.

La l'l'rl'monil' l'el igicuse

.;'csL dt\roldl"e enla Cathl"lIJ'alc

:-;t-Piel'l'l" devanL 11lle nonl­

breuse assislance qui rt"'tlllis­

sait tonks les pCI'sonnalitl;s

l'iviles elluiiiLail'c",; dl' la vil"'.

()n ren)arqllail la pn",..;elll,c

de \1. Lucil'n :-;aint, rési·

dent g'l"ul"ral dl' Fi'alwe ,III

\Ial'Oc, al,.,olllpaglll"de \1. Yoi­

zard, l'ill'!' dl' ,..;on (:ahinl~1

(:i\il, el du lieutcnant dl'

vai",;sl'an BI'lln, aIL.wlll" naval.

Au l'olll'S dll sel'vicl' l'eli­

gieux, dcs plus imposants, SI'

lil'cn t appI'l,clcr, alLcrnan La vce

les sons gl'aves cl Illajestueux

des gl'alldcs orgues, des soli

de \iolon cL dl' \'iolon('l'ile

l'Xl'TII1 1"S an'e 1111 gTalld 1<111'111.

La helle al1oeuLion d n

n, P. Colombiej', qui IlnilLe jeune con pie Daillil'r-Cortiit'I'

sourianls passt'-!'enl sous la

vOIHc d'aeicl' l'OI'!ll('C pal' les

sabres HU clail' d'ullC dou­

bit- haic de jeullcs ol'liciel's,

l'oIllpagllolls el amis dll lieu­

lellallL Uailliel'.

A lïssllc de la bl"nédidioll

IlllpLiall'. lin IlIlIch t'ut ollel'L

dalls Il''''; salolls dl's :-;el'viees

;\llIlIie:pallx pal'Ie,..; pal'l'Ills du

jeulle l,OU l'Il'. (:eLLc l'l'l'eptioll,

ljui t'III dl''''; plu,..; I,,'illallles el

dl's plus allillll"I'''';, l'etillL 1'01'1,

tard daus la soil'l:e Ull gl'alld

lIollll,,'e dïll\ill""';.

(}IIC ~ladall)(' cl :\1. 1('

1jl'uLellalll Pit'I'j'l' Ilaillil'I'

\cllillelll hiell ll'oun'l' leI,

a\el' 1I0S vœllx de \JOu!leul',

UII {'c!lo tardit' mais loujouI's

ehall'ul'eux dl' la sympalhie

ljui les l'IIlolll'a cl sc llIHIIέ

l't-sla ullalliml'lIlelllie jouI' de

leIll' ullioll. i\os sillei'l'cs fl'Ii­

('ilatiolls \0111 aussi ù Il'UI'S

t'amilles. :\Iadallll' t'l i\1. Ilail­

lil'I', \Iadallll' ('\ \1. (:Ol'di('I',

,.,i IJÎcll COI1I1I1S t'l cslillll'S.

t

La Protection des Animaux

(:'esllil IlIIe qlleslion dl\jù \Ïeilk, Illl~nle dans nolreEmpirc d'inl'orluIH' animale, el ou ue lui a pas ellL:Ore dou­nI'· dl' solulion salisl'aisante,

()ui de UCHlS ue ,;'e,.;l l·tIlU ù yoir rouel' dl' L:OUPS dcI"Hou uu pau\!'c bOUI'I'iL:ol pliaul ,.;ous le tH\rda, ou il yoil'a\"l'C qud dl"ploiemeul de ml'lhodiquc sauyagerie un l'on­dudelll' d'amba l'mppe Illl nlllicl ou lin cheyal ù lJOul dl'1'01'CC"; '? II ml' ,.;ouyienl a\"llil' YU al'l'iycI' un jOlll' aux abal­loirs un nlOulon que le IJel'ger ayaill"!wrgnl' d"tlll L:OUP dell'ili'le, Lc speeLa!>le de l'elle Illaihelll'cuse bc~le, alJrulie,cnsanglanU'e, le globe oeulaire dc'~ehiquell' el pendanl,dail absolumenl hideux, De lelles sci'ncs 1'l'\ollenL il jusleliU'e Lous ceux qlll, mème sans aimer pal'liutiih'cment lesanimaux, ont au C'(l'ur un pell de bonlé el d'espril de jus lice,Elles sonl, ail ",laroe, d'une fh"qllence regreLLable, lllalgrl'les ell'mL,.; dcs pou\"llil's publics el l'eux de J'inilialiye priYc"c,(:ela esl dl'plol\lble ù bien des c'~gal'ds : qllelles llue soienlJellr apalhic, klll' apparenle indill'c"renL:e, Lous les animauxressentent el'lll'ikmenl les nlauyais lmilemenls, C'esll'in­diL:e d'une Illenlalill~ nHllIyaise on bien l'msle que de mal­lmilel' des èLres qlli ne nous sonl inl'él'ieur,.; 'lue de bienpeu \11, qui aidenL cl,JaquI' jour il nolre ll'aqlil, si habile­menl parl'ois, d que la doul'l'ur rail" rl'll<lre » danHllage,presque loujoul's,

Cerles, ilesl des animaux rl'lil',.;, dilliciles, lille l'on eslobligé de cOl'l'igel', II l'aul alors le fail'e ,l'ee calme, modl"­raLion, cl ne sc jamais laisser enlraînel' pal' la coli'l'e, D'ail­leurs la rc"li\ill~ 011 la llll'cham;ell\ des auilllaux proYienl leplus sou\'enl de nl<lIlnlis lrailemenls anlèl'ieurs ou dell'Oublcs physiolog'ili'ws di yers :. sll\'(l i lé, alléra lions de la\ision, hypereslhesie g'l"nl'rale, Ce n'esl pas en l'rappanl 1111

chentllllyope 'J1l\JIl remlH~cllem d'anJil' pelll' ~

En dehOl's des l'aisons d'htlluanill'· qui mililenl en fa­\'(~UI' des animaux, on ne peul niel' que le speeLalJle desl~yice,.; exerel's publiql\('menl SUl' eux ne ,.;oil pas d'un lri'sIltall\·ai,.; exemple poul'le,.; eul'anls, souyenl indill'él'enls ùla soull'muce de,.; bèll'S, crue),; pa l'roi,.; , conlllll' l'a anli're­menl eonslaLt'· Illlgo, AlIll'e raison, d qui n'esL pa" Ù

lH"gliger Ille sendJle-l-il, e'esl le l';kheux ell'eL 'lue produi­senl de lelles ,.;!'i'nes Slll' Il'S \'isiteuI's el lOllrisles surloulanglo-saxons, Il ne l'auL pas oublier '[ue dans la 'majorilédes pa y,.; de langue anglai,.;e ks animaux ,.;onL lmill"s aYe(~

nH"nagelllL'lIl eL dOlleelll'l'lljlle de~ loi~ St"vi'I'e~ Illlni,.;senl11',; bl'ulaux, l'iIre~ d'aillelll's, (:ela Ill' conlribue pas Ù lIolrebon l'l'Ilom il ]('ll',lIlgCl' cl expos!' il dl'''; l'c'dlcxions désa­gn'~able,.;, ('Olllllle m'en lil lin jour IInL' dame anglais!' :elle conslala que nons étion~ sa 11\ ages sou,.; cc rnpporl :On me n;!lOndm 'lUL' les Anghus ne ~onl pa" ù eiler (;Olllmemodi'les de doneeul' en malil're I~oloniale, mais eeei eslIIne alllrc hisloire,

A I~Ùll" de" anilllallx llIallraiU's il y Cil a d'alllres plusnOlllbl'ellx elleOl'e : (;ellX qll'on ne soigne pas, les ble,,;sl's,le,.; malade,.; ~ Sans qu'on plli,.;,.;!' le,.; laxer de (;l'lUlULl', IJcall­COllp d'indigi'ues ne donnenl aUCllU soins ù leuI's bdeslorsqll'ellL's onl des bles";IlI'es de hal'lwehelllelll 011 qu'ellessonL malade~, l'al' l'alalismL', pal' insolH'ianee paree qlleDiell .Y pOIll'\"oil'a, il,.; (~onlinuenl ù les Illilisel' ainsi, El ilfalll allx anilllallx uWl'oeains IOllle lelll' l'Ilslicil<'~, lOllle 11'111'élonnanl(~ eudlll'alll:e pOlll' qll'il pllissenl continllel' il ll'a­vaillL'r dan,.; dl' kll(',; ('ondilions, C('ux-lit aw-;,.;i ,.;onl inLl'rL',;­sanls el il l'aul S'l'n pl'I'·oecllper.

Il apparalL dom: q'w la prokdion des anilllallx ail~Iamc, soil IIne n"I'ilable nt"ees,;iV' sociale; IIne œllVI'e ilmenL'I' Ù bien pamllillemenl il lanl d'allll'es,

1'0111' (;('.Ia, qll'a-I-on rail ot1kiellem!'lIl:) Hien si l'onsc lie IllliqIl!'lI11'n1 allx dahirs pl'onlll1gllt"s depllis l'dabli,;­sellwnl dl~ l'ml('doraL. En j'l"alilt'·, Il'S pOllvoil'S pnldic,; sesonl dl'lJllls IOllglelllps ,"mil"; de ('('1 étaL dl' clw,.;es el ontl'~Sil'yl" d'y appol'lej' un l'emi'de, Ill''; I\tlï le (;rand Yizil'adressail aux Paehas une eirl'Illaire 11'111' recommandanlde veiller ù ~e qlle les animaux ne soienl pas l'objel denlall\·ai,.; lnlllemenls, l'eeommalldalion d'aillelll's inspiréc

(1) Ceux ([ue la ,[uestion in\,',,'csse tl'ollvet'ont la thèsc delïnteilig-('lIl'e des IH'Il's 1'1' Il ln "f(ua hl c III l'Ill l'xposép Pl déf('IHlnc (lallSl'oll\'l'ag-I' du v"""I'illail'l~-('0101111(,1 Il,,,''l<'g'lIil'l' : (1 [.'at'li,'ilt',ps)'chi([ue chez les animaux )l,

MAROC

de pl'escriplions coraniques, Le,.; l\IohlasseL élaienl plusparlil~lIli(\remenlcharg('s de l'appliealion de eeLLc eirCII­Jail'e el devaienl, ail (~Olll'S dl' l'rt'quenlcs LOIll'nl'es, ,.;ignalel'le,; animallx malade,; 011 maill'aill's clic,; faire conduil'e enfOIlI'l'ii'l'l' le l'as <'~cltt";lIll 1\) mai I\llï),

(:es disposilions inslll'li,;anll',; 011 lomb("es (~n d"'SIIt'-!.lIIleolll dt'· l'appel'''es el l'''nl'ol'c'',(,,; ;', plllsiellrs l'l'prises pal' Il'Hc"sideul (;ènl'ral el pal' la Ilil'(~clion de la Sl''ellrill''(;lm<'~I'ale, POUl' les ressorli,.;sanl,.; fran\:ai,;, l'aule d'unell'~gislalion spl'ciale, on a l'ecommallll<'~ l'applieation desarlides -l-ï\) ct -JHO dll (:ode 1't'~nal, nwi,.; ils sonl peuappl'opl'il'S l'l prl~tl'nl il de nllllLiples illlel'I)J'<"lalions,

Tellc,; qU'l'lie,.; ,.;onl, ees meSUj'es onl n<'~anmoins donnc'~

la possibiliLl~ d'agir, ,;an" allel' il l'eneonlrl' des el'Ovanee,.;el des lisages d'ablis, sans heu l'leI' 1I's susceplibilfLés dellOS pl'ol<"gt'~s, Elles pel'llleLLenl aux agents ds L\UtOl'ilc" de~igllaler les illlli\'idus coupables de mauvais lmjlemeuLs oude nl"gligenee cl de le,.; dl~l'él'er aux Pachas (lui appl'l~eienl

leur eouduile, Chaque Illois lu poliL:e étublil ullrupport surles cas de mauvais lrai lemenls, les L:oIIII i lious dans les­lluelles ils oul éll' exercés el la suile llui leur a étl~ donlll~e

pal' la juridieLiou eompélcnLe, Les c;Qupables peuvenl ôlrerrappc'~s d'umendes; les allimaux, eOIlc1uils l'Il fourrii're, vSOli L soignés j uSlJ u 'il guéri,.;on eoml'Ide aux l'l'a is d IIpropriétaire, (:erluines villes onl mc\me pris des dis­posilions spéciales pour la !'((pl'ession de,.; sl\viees exereésslll'ies animaux: e'e,.;l le ea,.; pOUl' (:asalJlanea el J\.lal'l'akech,

Ces mesul'es onl donlll~ des rl·,.;u!Lals ll'i's apprl~,~iables

depuis longtemps: on voil moins d'animaux mallrailt'~s ouIJle,.;sé,;, dans les villes ,.;urlouL. Les rapporls mensuels l'Ilfonl foi el les per,.;onnes rc'~sidalll depuis llueltlue Lemps au:\Iaroe onl pu apprt"c;ier elles-rlH~mcs ceLLe améliorulioll,

, , 1,),1' leur ~ùlé les pa~'lic;ulier,.;ne sOlll pas re,.;lés non plusIlHlltlerenls a la IluesllOn, Ils olll cherché à soulager lamisèl'e animale, cL e'esl dans ee bul qu'a élé créée l'Cnion~Ial'oc;aine pOlll' la l'rolecLion des Animuux, il va (11IClques;lIlnt~e,.;, Celle associalioll, donl le siilge se trouve à Casa­bianca, esl acluellemcnL pl'é"idôe par l\l" Marzue, Elle,.;'el1'ol'c;e pal' (,les conl'érences publiques, ù développcrl'amolli' des atllmaux el ù apprendre à le,.; bien lrailer,~lalhellI'eusemenl, vu ses l'aibles moyens limlllc;icrs, vu,il l'aul le dil'e au,.;si, l'indill'él'Cncc du public fran!:ais POUI'('elle teu \Te, ses rl"ali sa lion,.; n' 011 1 pas pu prendre jusq u' àpl't'~senl un gmnd déyeloppemenl.

Au ~Im'oc C;Olllnle d;tlls beaucoup d'aull'es pays, cc sonlsUl'loul les ol'gauisalions anglnise,.; el 'lllH''l'ieaine,.; qui fonlteU\Te ulile, parce Ilue gc"nèra1emenl lri's l'iches el pour­vues de moyens d'acLion pui,.;sanls, C'esl aiu,.;i llOlammenllJu'ù la suile d'une c;ampugne cnlreprise en HJ2G par MissCOOPCI', prol'c,.;scur ù l'UniversiV' de :\ew-York, el avecl'appui de l'Il' Charles A, \\ïlliams, a élt'~ c;réé il Fl's un« Poste de secours aux animaux)J, dirigl'~ pal' nolre cou l'l''''' l'ele ,dOcleUl' (;rimprel. Cc posle l'l'cueille el soigne lesalllmaux blessés ou malades, les hospilalise jusqu'ilguérison, loul cela graluitL'lllellL. Il e,;l inconleslaulequ'uu lei ol'gauislllc rende d't"norllles ,.;ervices, el onne peul l'egrdler qU'lllle chose, e'esl qu'il soil le seulde c;eLLc impol'lanL:e au Maroc, :"c"alllnoins, dans d'aulresvilles, l'illilialive Ill'ivl'e a su \'l'nir en aide aux bêles desomme el allH"liorer qucllJue peu Icut' sorL.

,Enfin nou,.; ne pOll\'ons passer sous ,.;ilellc;e l'œuvre~THlmen1ellkace ac;compl ie dans le LIed parle,.; vélérinairesIIlSpeeLeul'''; Ik l'éleyage c1rarg("s du ,.;cniee des eon­su!lalions indigi'nes, Ces consullatiOlls dOlllH(es gm­lUIlcmenl aux indigi'nc,.; nl"l'cssileux onl eonlriulll" dansun? bu'ge nH'SlllT au bien-NI'e cl ù la proleeLion des:u,1I Illau x , Lù L'IICOI'e, nOlis ne pouvons quI' (!t"plorerl'lIlsut1i'';,llll'e l'elalive du PCl''';Ollllel cOlnpélenL.

'l'clic l'sl, dan,; ,;es grulHles 1ig'nes, J'OI'ganisalionac~uelle, lanl publique que pri\ée, de la proleeLion desanlmallX au Mal'oc, lIans lin Ill'lH'hain Hl'lic!e, nous('ludil'I'OIIS le~ moyens qui nOIl"; sl'lIlblL'nl P1'0 pre,; Ùj'l'lIdl'C plu,.; l'i'lieaces le,.; disposilions exislanles cl ùeomblel' le,.; laeunes (l'l'elles nou,.; puraissenl pI'èsenler,

J)oeLeUl' 1'1.-(;, DEYIHAS,Vétérinaire,

LES FAITS DE LA QUINZAINEpal' HAVAS

Jeudi 1 .'" Janvier envol deetOO.OOO l'ranc:,; (':,;l commis au Casino deSice,

- La tempête règne SUI' les côtes deFrance et s'étend dans l'intéricuI' de laFmnce.

- Dans un discours radiodill'usé ~l.

i\Iussolini afl1rmc, en français el en an­glaIs, son hOlTeUl' de la guerre cl sondésil' d'uu prochain désarmement.

- Vingt lrois mil)eUrS sonl victimesd'un éboulemenldans la mine Easl-Hand,

Vendredi 2 -- Une révolullOn éclale à

Panama; le présidenl cl plusieurs hautsf,llIclionnaires sonl arrêtés.

- Un entretien a lieu enlre les rerJl'é­senlanls des Trésor~l'les l'l'anl,;aise cl an­glaise, à Pal'is, SUI' la coopéralion desmarchés monétaires,

- La Banque de France ramène il 2";"le Laux de son escomple,

- Soixanle ll'Ois posliers révotlués illa suile de la gTl'vedu 15 mai l~);m,sonl

réinlégrés.

Samedi 3 - Le maréchal Joll're, levainque Ill' de la i\larne, décl'dc il ~ h. :!;{,

- Des agenls communisles provo­quenl des grèves dans les usines de laPrusse Hhénane; de violenls incidentssc produissenl il i\Ioers,

-- M, Lucien Saint interrompt son séjour

à Marrakech pour se rendre auprès de sa

sœur gravement malade à Paris.

Dimanche.f - D'innomLraLles lélé­grammes venus de Lous les poinls dumonde, appol'lenl au gouvel'llemenlfrançais les condoléances des gouvel'lle­menls élrangel's il l'occasion du déc, sdu maréchal JoJl're,

- D'aprl's un joul'llal anglais un cr<lnevieux d'un million d'années anrail élélrou \'é p!'i's de Pekin pal' un pl'Ofesseuranglais.

- La princesse \ïdol'ia, sœur du roid' Anglelcne décl'de il Londres.

Lundi.5 - l' ne l'oule immense défilealec l'ecncillclllent devant le corps duvaillliueur de la i\larne qui a élé lrans­porlé ù l'Ecole de Guene.

- Un djich a attaqué un groupe de tirail­

leurs sur le front de l'Oued el Abib, Nous

avons un officier, un sergent et 11 tirailleurs

indigènes tués et 7 blessés,

MAnoc

- Un raz-de-marée enlève une grue du

Port de Tanger et endommage l'extrémité de

la jetée en construction,

- La commission d'elllluôle parle­mentaire sc refuse il poursui \Te ses ll'a­vaux avant d'avoir communicalion de lacomplabilité d'Ouslric,

Mardi 6 -;\1 Leygues, minislre dede l'InlérieuI' l'ail signer un importanlmouvemenl prél'eclol'al.

- L'all'ail'e Ouslric l'ail boule de nei­ge. L..l juge d'insll'Uclion l'ail arrêlel' M,(;inludon, in,lustriel, ellallce un mandal

d'arrêl con ll'e M. LagrosiJ ièl'e, ancienlkpuLé de la Mal'Linique el Séjoul'llè, an­cien candidal ;1 la ~lal'linÎllue, i\1. Leder­lin, sénaleUt' de la COI'se,esl inculpé d'a­bus de conliance el d'escl'Oquerie,

- On al'l'êLe il Bouen des Chinois qUirecevaienl de l'opium en proveuance dei\!arseille el le dil'igeail SUl' les EtaLs­li nis.

Mercredi 7 - Les oLsl~<lues naliona­les du maré('hal.Jo/l'r'e onl été célébrée::;solennellement. Ulle foule immense asuivi le corLège. 1\1. BarLhou, minislre dela guene a prononcé un beau discoursau nom du Gouvernemenl el de l'Acadé­mie Fraul,;aise.

- La crise économique bal son pleinaux Etals-Unis; le nombre des chômeursalLeignail :!,(;~O.OOO lc :n décemlJl'e; on

cl'ainl un lock-oul dans les liIaLul'es <luial1'eclel'ail 500.000 oUYl'iers,

- Les av;aleurs iLaliens arrivenl il Hiode Janeiro où ils reçoivenl nn aecueilenthousiaste.

Jeudi S - Un complot esl dt~couverl

il CUkl, ayanl pour liul la deslructionpar l'incendie des planlations de cannesù sucre de CuLa,

- Dans son message de nouvelleannée, l'archevêque de Breslau répl'Ouvele nalionalisme fanali<lue.

- Deux avions ilaliens sonl entrés encollision il leur déparl de Bolama. Il y acin<1 morts,

- On annonce la morl de M, Molle,député el ma ir'e d 'Ol'Hn.

- Le généml Ber'lheloL esl ampulé dela cuis;;e,

Vendredi 9 - M, Rolland, chef de servi­

ce à la Conservation Foncière du Maroc, est

nommé chevalier de la Légion d'Honneur,

- 1\1. Allier'l Sarraul, visile la baseua va le de Toulon,

- Des ca;; de pesle sonl signalt's dansla pl'Ovince dc Conslantiue,

- Un scaudale sans précédenl se pro-

duil il Xe\\' York où Ti jeunes :\e\\'-,\or­kai"cs onl t'l'~ en\'oy(',CS dans nne m;\I:,;ondc cOI'l'eelion, sans jugemenL; de nOIll­breux juges cl policemen sont conl­pronlls.

Samedi 10 - L'alLel'l'iss<lge d'avionspolonais en Allemagne provoque de nou­veaux incidents enlre les denx pa):,;.

- Les négocia lions enlre pl'Opriélaircsel mineul's du Sud du pa)s de (;alles:,;onl de nouveau inlerrompues, Les tis­sel'Hnds de l'Ubler refusenl toule dimi­nulion de salaires,

- Les obsèques de Mlle Louise Saint, sœur

du Résident Général de France au Maroc,

sont célébrées à Paris,

~. La lemp0Le rl'gne snI' les ctHes deProvence el la neige el 1<1 grippe sévis­senl il ~lar"eille,

Dimanche Il - Cosles ct Bellonlefonl une conférence.i1 Bruxelles,

- Un incendie se déclare dans lescombles de l'hôpital. Laennec il Paris;une salle dc mdlades peuL êLr'e rapide­menl éV<leuée; il n'y a pas de victimes.

- Au tribunal de Booklyu un hercule,devenu subilemenl fou lue il l'aide d'unebarre de l'CI' qualorze inculpés cl deuxgardiens,

Lundi 12 - M. Bordes, <lncien gou­vel'lleur de l'Algérit', ne sc pr'ésenlerapas ù la députalion il Cérel par suiLe dej'a~gl'a\'nLion de son élal de sanLé.

- La neige lomLe cn abondance cnOl'anie, la circulaLion esl inlerrompue endivers endroils,

- L'aviou 1\IA.\ américain TrI/de­\\' ind, parli des Bermudes pour lesA\:ores depuis deux jours, n'esl sigualénulle parI. On erainl qu'il soil perdu CIlmer.

- 1\1. ChéroIl, soufl'l'aut, doit garder leIiI.

Mardi 13 - 1\1. Bouisson esl rééluprésidenl de la Chambre.

- La Chambre elle S(\rwl suspendenlleur sé'lnces en sigue de deuil, apri'sl'éloge dn mal'échal Jofrre, prononcé pal'les deux lH'<\sidellls.

- La rechel'ehe des causes de l'ébou­lemcllllragique de Foul'Vii'rcs, ù Lyon,rar l lroll ver uu lac soulel'win ù ~OO n\.de l'hùpilal de Chazeaux,

- On all!lünce la 1ll00'l dc 1\1. (;aulhier­Villars (Willy), <pli ful le collaboraleurde Mille Cole lie.

- En Anglelel'l'e, un avion capote,dellx aulres se heurlenl dans l'ail' cl unhydravion couic; d<lns la UH\me jOllI'IH;e,liualre mOl'ls,

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sur les conflit,; ouvriers, défaile qui en­

lrainerai la démission du cabinet.

- Li ue panne d 't~lcclriei ll' i IIInlObil isepenflanl-IO minutes un demi million devoyageurs sous les lunnels du mélro

londonnien ..

Samedi 2-/. - 1\1. Briand n'acceplepas de formel' le nouveau cabinet; 1\1. La­

vaI, sénaleuI' de la Scine accepte la mis­sion que lui oll'rc ~1. Doumergue.

- \\1. Buyal eslnommé rappol'leur del'a Irai re de la S.:\ .L\. Viscosa. Il déclare

qu'il esl disposé il appuyer une proposi­lion lendanl il l'envoyer celle a1l'aire de­vanlla commission spéciale de la Haule­

COl\l' du Sénat.

- L'éqnipe de France se fait LaUre il

Edimbourg par li poinls il 4 par les rug­

bymen écossais.- Le financier (iualino, l'ami d'Ouslric

est condamné il 5 ans de l'éclusion dansIlle de Lipari pour avoir causé de gmves

dommages à l'économie de la nalion.Dimanche 25. - Les a via leurs ilalieus

sonl parlis de Hio de J aueiro par le lmin

pour se rendre il Sao·Paulo.-- Le roi d'Espagne a signé un décrel

a ugmenlanl les droils de douane pour lespays n'ayanl pas de lrailé commercialavec l'Espagne. Celle mesure vise nolam­

menl le dumping soviélique.-1\\. Laval a commencé ses consulLa­

lions; l'opinion générale, dans les eou­loil's de la Chambre, esl qu'il esl néces­

saire d'aboulil' il un l\linislère de conCi­

lialion ayanl une l'orle majorité.

AU FIN GOURMET

Allez AUflN GOURMET!

H.I1JST'.i~ CH. \ ~ rI'"111111111111111111 Madame Veuve LESUR. 111111111111111111

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France il \Vashinglon, remel au colonel

Lindbergh la cl'avale de commandeurdc la Légion d'honncur.

Mardi 20 Janvier. - Le (iouvct'lle­menl américain envisage Illle série dcmesures énergifjllCs Cil vue de l'élimina­lion des communisles aux Elals-l'nis.

- Le rapporl de la commission prépa­raloire du désannemenl csl adopL\~ il

l'unanimilé pal' le Conseil de la S.D.:\.- La Chambrc adople le budgel des

Finances cl aIJOl'de celui de la Sanlé

Publique.- Tl'Ois IJombes fonl explosion dans

le mélro de Buenos-Ayres, tuanl l:~ per­sonnes; il y a de lr(~s nO:T.breux blessés.

Mercredi 21· - De violenls séis'~es

se produisenl dans le cenll'e de .Java; ilya de nombreuses desll'Uclions.

- De viol en les lempêles sévissenl f'nTurquif~ el dans la ~Ier :\'oil'e: les eom­mnnicaliolls enlre Ankara cl SlamlJOulsonl inlerl'Om pues.

- A la S.D.:\T. on discule les incidenlsde la lIaule-Sill'sie.

- La fulure conslilulion de l'Inde,

élabo~'ée par la conférence de Londres,conlienl lrop de réserves, d'après lesnalionalisles.

Jeudi 22· - Le minisli're Sleeg eslrenversé PaI' 2~)3 voix conlre 2H:{ il lasuile de l'inlerpellalion de \\1. Buyal; ilavail duré 40 jours.

- A la chambre des Communes le

minisll're Mac Donald esl misenminorilé.

- Le créaleur de la S.N.1.A, Viscosa,

1\1. GlIalino, esl an'dé il Turin.

- Le maréchall'daiu, successeur dumaréchal Foch il l' ,\ eadémie Française,

esl re\:u par M. Paul Yalél'Y.

Vendredi 23. - Les éludianls espa­gnols décidenlla grève géuérale.

- Les journaux anglais pr(~voienl que

le cabinellravaillisle sem ballu lors duvole, en lroisième leclUl'e du pl'Ojel de

Mercredi 1-/ .- ~I. Briand, ayanl depal'lir pOUl' (icnè\-e, rc(:oil la ,-isile de

1\1. IIenderson.- M. Steeg a reçu M Lucien Saint.

- l'ne mission scieulili(llIe (Iuille

Alger pour sc rendre par voie de lerre

dans l'Oubanghi-Chari.- Des fermiers canadiens 011'I'enl il

~1. ~Iac Donald le choix enll'e la sécession

ou des mesUl'CS prolégcanl leuI' pro­

duclion de blé.

Jeudi 15 - ~L Doumer esl réélu

présidenl du Sénat.- La région de Mexico csl éprouvée

par un violenl lremblemenl de lerre qui

a d lll'é deux minu les.- La ~hambre dcs dépulés réinlègre

les dépu lés comm unisles ~Iarly, quiétail en prison, cl Duclos, (lui esl en

fuiLe.c_ l'ne lempéLe de nelge s'abal sur

l'Oranie, où la monlagne s'al1"aisse SUI' la

roule de ~lers-el··Kebil'.

Vendredi 16. - A Gen('ve 1\1. Brianddéclare que la France avail résolumenl

accompli les gesles les plus larges enYlIC d'assurer le renouvellement de l'al­

mosphère (lui pl~se SUI' l'Eumpe.- L'ancien député de la 1\larlinique,

M. L<lgrosillièl'e, esl arrèlé au large du

Havre; il sera lransféré il Paris.- La lempèle soullle avec \Ïolence

SUI' les cùles d'Algérie, landis que lapluie el la neige sévissenl il l'inlérieur

du pays.- Les lremlJlelllcnls de lenc sc muI­

liplenl au Mexique; la ville d'Oaxaca esl

délruite.

Samedi li. - Un incidenl sc produilenlre 1\1. Borel, minislrc de l'Agricul­Lure, el 1\1. Meyer, sous-secrélaire d'Elal

il l'Economie Salionale.- La Chambre des dépulés adople il

l'unanimilé un crédil de (j7ü millions pour

les lravaux urgenls des roules, pol'ls el

campagnes.- l'ne ralllC du Inélro ncw-YOl'kais

déraille sous un lunnel, el le premierwagon S'(;CI'aSC conlre llll mur; une cen­laine de personnes sOlll I)lcsst~ps.

Dimanche IS. - Lc Heich fèle le liO"'"anniversaire de la fondalion de l'Empire.

- Le rapide" PYI'I;nt'cs-Cùle d'Ar­genl, "d(~l'Uille dans les Landes, il n'y a

pas dl' vidimes, mais les lrains sulJisscnlde longs I·clal'lis.

Lundi 19. - li ne locomoli ve prellden écharpe un lrain de voyageurs enPologne. On comple Hués el 41 blessé!5,

- La ChamlJl'e des dépulés abordel'examen du budgel cl lermine dans la

mèmc sL;ance la dis.:ussion génél'ale.-1\1. Palll Claudel, amlHlssadel\l' de

La promotion du 1cr JanYiBr 1931 dans l'ordre du OUISSRro RLAOUITE

M. ANDRÉ"Joseph, prulIlu COlllnHllldeul'

M. LAKANAL Jean, prulIlu CUIIIIIl<lllll('lIr

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mus dans l'ordre chérifien du

Ouissalli Alaouite nous rele­

l'ons Ul'ec plaisir les noms

suivall/s:

Au grade de Commandeur:

Hégion de Habal :

1\1. LE~ HAHDT Edgard.

DirecleUl' Général Adjoinl de

l'Office Chérifien dcs Phos­

phdtes à Rabal.

Hégion du Gharb:

1\1. DECflAUD Edouard,

M, BOSCH, ,\ Hakd, prullIu C!Il,v,l!il'I'

Sc{;rélaire de la Chambre dc

Commerce de Kénilra.

Région de Meknès:

1\1. LAKANAL Jcan, entre­

preneur cl colon il Mcknès.

Conlrôle Civil des Abda­

Ahmar:

M. A;\DIÜ~ Joseph, colon

à Safi,

NOlis adressons aux nou­

veaux décorés nos vivcs féli-

cilaliolls.

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M. Ceorges GODDlrIN, il Habat,pl'O III Il Ot1iri!'('

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l'Admillistmtioll Supérieure Cl homologué le nou\'el horaire ci-aprl's sur les lignes de CASA­BLAl\'CA il PETITJEAN, FES et TANGER.

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