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·.:=====================================r:=;;;=======.• .. ; .. J"C Année. - 4 PRIX 4 f fanes' 5 Mars 1930 REVUE ILLUSTRÉE BI-MENSUE:LLE Oil-ection et AdtninilJtration EDITIONS fE.L1XMONCHO -t< Rue de la MalUounia ,.- RABAT Direction de la Publicité Robert LECHAT . t05, Boulevard de Lorraine CASABLANCA •. :==============================================::•. •• ••

r:=;;;=======.. .•..bnm.bnrm.ma:86/clientbin/images/book298089/doc.pdfMAROC Le Miroir d'Eau, à la Résidence de la Marsa, à Tunis Galerie du bord de l'eau à la Résidence fie

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  • ·.:=====================================r:=;;;=======.•.. ; ..J"C Année. - ~o 4 PRIX 4 f fanes' 5 Mars 1930

    REVUE ILLUSTRÉEBI-MENSUE:LLE

    Oil-ection et AdtninilJtration

    EDITIONS fE.L1XMONCHO-t< Rue de la MalUounia ,.-

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    Madame LUCIEN SAINT

    d'après une photographie prise à la Marsa (Tunis)

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    5

    MARS

    1930

  • MAROC

    LES ŒUVRES DE MADAME SAINT

    L'entrée du Miroir d'Eau à la Résidence de la Marsa (Tunis)

    Le patio de la Résidenee Générale, à Rabat

    être confiée qu'à un personnel d'élite.

    Mais aussi, vous voyez les avantages que

    nos protégés pourront tirer de cette aide

    discrète, et, par contre-coup, les avanta-

    ges qui en résulteront pour la cause

    française. _

    Il faut enfin créer partout des Goutles

    de Lait. Je compte avant peu faire des

    voyages pour me rendre compte des

    besoins sur place, J'établirai celle

    œuvre à Taza, el, qui sait? à Bou-DeniL.

    ce qu'on doit déjà, dans ce sens, à cerLai-

    nes initiatives privées qui sont dignes

    des plus grands él~ges. Mais de tels

    efforts ne produisent tous .les résultats

    qu'on est en droit d'en attendre que

    lorsqu'ils sont coordonnés et systémati-

    sés. Pénétrer dans l'intimité des familles

    indigènes sans blesser leurs croyances

    et leurs susceptibilités, est une tâche

    qui demande au moins autant de tact_

    que de dévouement, et qui ne salirait

    « Seule, masanté, m'aditMadameSaint,

    m'a elllpê.;héedurant trois longs mois de

    me vouer dès ma venue, ainsi que je

    l'espérais, aux œuvres de bienfaisance

    marocaines. Mais au fond, si je regrette

    ce délai, il m'aura été utile. Le Maroc

    est si différent du pays d'où je viens,

    que, sans une adaptation nécessaire,

    mon expérience tunisienne ne m'aurail

    été d'aucun secours. Et puis, il faut bien

    le dire, je devais moins mE' préoccuper

    de créer ici du nouveau que de continuer

    ct de compléter l'œuvre admirable entre-

    prise par Madame la maréchale Lyautey.

    Tout de suite, _mon attention a été

    attirée !'lur Fez et j'ai projeté d'y établir,

    dans le plus bref délai, une mat'3rnité

    identique à celle qui, à Rabat, rend de

    si grands services. L'hôpital de Fez ne

    saurait suffire: les soins qu'on y donne

    sont excellents, mais ses salles sont trop

    peLit~s. Il fa~lait à tout prix .ÏnstiJ.uer

    un service spécial de maternité, digne

    d'une ville dont la croissance est vrai·

    ment prodigieuse, digne d'une région

    dont l'importance ne fait que grandir.

    Il fallait transporter, au cœur même de

    la vie indigène, notre sollicitude éclairée

    et ct:llte sauvegarde, par l'hygiène, des~

    frêles existences qui sont si propl'es

    à nous gagner les ~œurs. Ajoutez que le

    besoin de soulager la maternité de Rabat,

    dans laquelle soixanh'-treize accouche-

    ments ont eu lieu durant le mois de

    Janvier dernier, se faisait impél'ieuse-

    ment sentir. Quand nOlis HUI'ons aIl

    Maroc trois maternités: l'une il Rabat.

    l'ilul!-e à Fez, l'autre à Marl'llkech, nous

    aurons déjà fait une bonne besogn(' et

    nous serons en état de parer aux néces-

    sités les plus urgentes.

    Mais la maternité de Fez sera en étal

    de remplir son office d'ici un an, et je

    compte bien, au début de Mai prochain,

    en poser la première pierre.

    Du reste, mon entrée ne se bornera pas

    là. Il faut aller au devant des misères.

    J'ai la ferme intenlion de conslttuer

    un corps d'infil'miëres-visileuses. Je sais

  • MAROC

    Le Miroir d'Eau, à la Résidence de la Marsa, à Tunis

    Galerie du bord de l'eau

    à la Résidence fie la Marsa (Tunis)

    R. B.

    C'est sur ces paro-

    lesque prit fin mon

    entretien avec Mada-

    me Lucien Saint, et

    je partis avec l'im-

    pression que le meil-

    leur de notre race

    et de nous - mêmes,

    notre humaine géné-

    rosilé et notre goût

    de l'élégance, ne pé-

    ricliterait pas entre

    ses mains.

    plu à les embellir. Un bassin bleu, de

    mfm invention, auquel je tenais beau-

    coup, n'a pu être terminé que huit jours

    av ,Hl t mon départ. »

    heureusement dégagée des jardins de la

    Bésidence, « J'ai toujouriil, ml' dil-pllt',

    beaucoup aimé les jardins. En Tunisie,

    au palais d'été de la Marsa, je me suis

    La distance ne m'effraie l'as, et quel

    meilleur moyen d'appuyer notre politi-

    que pacifique que de propager nos

    œuvrbS de bienfaisance aux lisières

    mêmes des pays qui ne nous sont pas

    encore ralliés? Avec le Sous et la région

    d'Agadir, un vaste champ d'action s'ou-

    vre à nos entreprises. J'entends bien,

    dans la mesurc de mes forces, seconder

    par les œuvres charitables notre politique

    de concorde et de conciliation. Ainsi, ni

    l'humanité, ni la France n'y perdront

    leurs droits.

    Il restera encore à S'ol:cuper des nour:-

    rissons, à créer des dispensaires, à don-

    ner encore plus de vigueur il la lutte

    contre la TUberculose. C'est là, vous le

    voyez, un vaste programme à remplir.

    Ce qui m'encourage, du reste, dans la

    tâche que je me suis tracée, c'est la

    faveur dont jouissent auprès de tous, au

    Maroc, les œuvres charitables. Ni celles

    ou ceux qui l~s patronnent ne se lassent

    de prodi~uer leur peine, ni le public de

    leur montrer sa générosité. Il

    - J'admire comme vous, Madame

    la Residente, ce large esprit de bienfai-

    sance de nos compatriotes, mais ne

    trouvez-vous pas qu'en celle matière

    comme dans d'autres, nos efforts gag~c

    raient à être coordonnés, systématisés,

    et que des fêles de bienfaisance plus

    . rares, mais dt' plus d'ampleur, et dans

    lesquelles les groupements uniraient

    leurs bonnes volontés, seraient d'un plus

    grand profit pour les œuvres?

    - « Vous flattez là mon goût de

    l'ordre, de l'organisation, et mon désir

    d'obtenir le plus grand rendement pour

    des réalisations qui me sont chères. Mais

    je ne puis vous répondre pour l'instant.

    La question mérite d'être étudiéesérieu-

    sement. Soyez sûr, en tous cas, que

    nulle autre considération ne me guidera

    que celle de l'intérêt des œuvres dont

    j'ai pris la charge et dans lesquelles je

    vois le moyen le plus haut et, par consé-

    quent, le meilleur, de nous attirer les

    âmes.

    Comme j'admirais, en prenant congé

    de Madame Lucien Saint, la perspective

  • Bénédiction de bateaux sardiniers à lUazagan

    L'INDUSTRIE DE LA PÊCHE AU MAROC

    Alors que nos colons, encouragés ja-dis à faire croitre les beau~ blés d'or surla terre d'Afrique, gf~.oier de Rome, sevoient disputer à présent qu'ils sontmûrs, le droit de les vt:ndre en France,alors que nos viticulteurs sont d'avanceprévenus qu'on ne tolèrera pas que leurvin sorte du Maroc, il n'est pas sans in-térêt de jeter un coup d'œil sur nos pos-sibilités maritimes.

    Car l'expérience prouve qu'il n'est pasinutile pour nous, Français du Maroc,d'avoir plu!:'ieurs cOl'des à notre arc etde nous préparer à en USeI' de notremieux si nous voulons vivre, malgrétous les intérêts qu'on nous porte.

    ••Ces possibilités ne sont pas négligea-

    bles puisque, avec des organisations en-core dans l'œuf, la quantité de pOIssonpêché sur les côtes du Protectorat estpassé de 4 millions de kilos en 1926, à 6millions LI demie en 1928 et finalement,il plus de 10 millions en 1929 (èxacte-ment 10.467.000 kilos).

    Où va ce poisson? Où pourra -t· il al-ler si celle progression continue, commeil faut l'espérer?

    Sa consommation à l'état frais,commepoisson de table, peu't s'ôlendre, assuré-ment mais dans des proportions que l'onconçoit sans peine limitées. L'usine, parcontre, dispose pour ses conserves dumarché mondiale, pratiquement indéfinid'autant que les conditions actuelles dela vie, en retenant beaucoup de femmeshors de leurs foyers, multiplient les be-soins en aliments tout préparés.

    C'est donc vers la fabrication et l'ex-portation des conserves que le Marocdoit s'orienter s'il veut tirer un largeparti de ses ressources maritimes.

    Une telle fabrication -il n'est pas inu-Lilede le noter-n'ariende mystérieux etle même poisson, traité avec les mêmesappareils, les mêmes méthodes et lesmêmes huiles, ne saurait' donner de ré-sultats différents, que l'usinage en aitlieu ici ou ailleurs.

    ..Pourquoi donc les déjà nombreuses

    sociétés qui se sont créées dans ce but auMaroc, en particulier au cOUrs de cesdernières années, et qui représentent unemise de fonds non inférieure à une ving-taine de millions, en sont-elles encore iltotaliser, dans leur ensemble, des résul-tats financiers peu encourag-eants?

    Manque de poisson? Certainement pas

    MAROC

    si l'on considère la richesse intrinsèquede nos eaux. Oui, si l'on considère aucontraire l'exploitation de celle richesse,c'est-à-dire l'organisation matérielle dela pêche.

    Car le Maroc n'a pas de marins. 11 n'aque des pêcheurs, et peu, ce qui n'estpas la même chose. Des hommes de mercomm,e nos Bretons, nosPro,rê~çaux etnos Normands, nous n'en avons pas ici.Tout au moins nous Il'enavons pas encoreet on ne voit pas biell,à vrai dire,ee qui aété accompli de substantiel, jusqu'à cejour, en vue de préparer celle formationévidemment indispensable à un paysmaritime, s'il veut tirer profit de sescôtes.

    Privés de ports avant notl'e arrivée,

    donc sans hérp-diLé; sans formationtechnique, mal équipés, mal encadl'és,mal protégps - nous n'avons pas encol'eun seul garde-côte et l'ulliqve exem-plaire, assez modeste, que nous devons.recevoir, aura peine à faire senlir ~on ef-ficacité SUI' les 700 kilomètres de notreliLloral - nos indigèlles vivent plusieUl'sjours de leur guin d'une marée; Iravail-lant crautant moins qu'il gagnent pl us.tandis que l'usine, pOUl' utiliser son per-sonnel à terre et él alel' ses frais géné-raux, a besoin au conlrail'e de travaillertous les jours.

    Là sans doute réside le vice capital. Ilen est. d'autres. Faute de cl'édits, malgréle dévouement du professeUl' Gr'Uvel et dudocteur Liouville, nos fonds restent malconnus, ainsi que les migrations des es-pèces. Nous ~l'avonspas de ports de pê-

    che organisés. A Casa, qui tient la têteduprogr.ès, point de téléphone sur lesquais pour relier les acheteurs aux usi-nes, un éclairage déficitaire pour le lI'a-vail de nuit, pourtant usuel. Ailleurs,moins encore,' ou' rien.

    Pour aider celle industrie naissante àse faire une place dans Je monde, alorsque tous les pays industriels défendentleurs entreprises, soutiennent leUl's pro-duits, quel est l'appui dont nous jouis-sons au Maroc? Des droits de sortie,pl'o-tection à reboms, existaient jusqu'aumois dernier. Ils viennent d'être sup-primés, au moins en partie, puisqu'uneLaxe ad ualorem, dite de statistique-deuxexpressions qui ne vont guère ensemble- est en même temps créée. Restent lesdroits de portes, institution anachroni-

    Photo FLA~DRJN

    que.qui frappent à l'entrép, à la "ortie, uusimple transit, et plulôL deux fois qu'une.

    Reslent aussi trop de formalités doua-nières, facilement vexatoires, lourde-ment onéreui"es, sources de tem ps perduct de contesta Lions.

    SeHlS doute le Prolecloralnc sedésin-tércsse point de ces questioni:'. dont lasolution n'est pas toujours aisée. Toule-fois, on le voil, il l'este fOl,t à faire.

    ..Et puis, il faut le reconnaitre, en ma-

    tière d'.lffaires comme en matières desport. l'esprit d'équipe n'est pas notlefort il nons FI'an~:ais.

    On nous parle de pêche scientifique,d'armement moderne, de bateaux- frigo-rifiques, de traitements perfectionnés.D'accord. Mais avec quoi les pa~'er '?

  • MAROC

    Une bene prise de sardines à Casablanca

    Qu'esl· cc qu'un million d'aujourd'hui 'lDeux cenl mille franc~ -or, ou un peumoins. Quelle induslrie e(lI- on manIéea"anl-gllel'l'c avec 200.000 fl's? Peul·êlre nos induslrie marocaincs onl - ellesqueIfluefois pcntu ce,L1e vériLé de vucalors qne, précisément, l'illduslr;e mo-del'l1e exige des moyens de plus en plusvasles.

    Concentrés elllTe les mains dc deux oulrois enlrcprises puis"'anlc,:, Ics vingtmillion,; donl nous pl"II'!ions plus haut elquc se partagenl unc douzainc d'af1'airc',auraient apportl' Jes moyens de résoudreles problèmes mulLiplics que pose J'ins-tallaliond'une induslrie J:ou\"elle dam unpays neuf, de posséder des cadres élof1'ésdes labol'atoires, des aJ'lIlemenls llJoder-nes, des insla1Jalions scientifiques, desdépal'lemenls de sous· produil8, des or-ganismes puissanls de venle et d'achalsla possibililé de produire en un molbeaucoup, au moindre prix, el de lameilleure qualiLé. Car la concurrence parla qualité est la seule qui, à la longue,se révèle irrésistible, el qui paie.

    CHRONiQUE MÉDiCALE

    DEFENSE DE LA PLACE FORTE'(Suite)

    Ayez une bonne table, des mels vaneset nalurels, épicés sansexagémlion. Sup-pI'imez systémaliquement les alimenlsindigesles, les conservessouvenl avariées,la charculerie souvout douteuse. Pas deptomaïnes, ces alcaloïdcs dangereux desviandcs pulI'éfiées; pas de poisons de

    De petites sociélés ne sauraient ordi·nairement prétendrc' à réaliser un leIprogramme.

    ..L'union fail la force, Ce n'esl pas en

    se liranl muluellemenl dans les jambes,en praliquant la surenchère des prix derevien l et la sous-cnchèl'e des prix devente, qu'une industrie devienl prospèreOn aurail peitH' à le croil'e.

    Si la région d'Agadir nouvellement ou-verle - et où assurémenl de nouveaux pro-blèmes se posel'onl, qu'il faudra d'abor'!résoudl'e - inléresse les iniliatives coura-geuses qui 80nl l'honneur de ce pays etforment la base de son merveilleux essoril esl donc à souhaitcr;semble-t-iI.qu'el-les s'inspirenl "(le ces l·éf1exions. Ce n'estpoinl par l'épm'pillement des moyens eldes capacités, mais ,bien au eontl'aire parleur concenlration cn solide faisceau,-que s'@uvre aujourd'hui la voie du suc-cès,

    P. HENGNET

    luxe, ces ingrédienls chimiques de l'ali-menlation modeme, N'oubliez pas que lasophisticalion élend de plus en plus sonempire SUl' notre nOUI'ritUI'e quotidienneet que c'est peut-êlre là, enlre autl'es,une cause insoupçonnèe de la fl'équenceactuelle du cancer c1es voies digeslives.La farine e,;1 lrop blanche, les légumessont l'evel'dis el les fruils blancllis (avecdes sels de cuivrc ou d'étain); le beurrerance est rafraîchi avec la nitrobenzine;

    les épices éventées, régénérées avec l'a-

    cide benzoYque ; les produits dits « de fan-taisie », qui évoquent l' idée de r « ersat z »allemand, sont· antiseptisés, colorés,« fruilés» grâce à de savantes synthèseschimiques, Les vitamines indispensablesde l'alimenl sont délruiles par l'usinier,si bien que devant des carences évidenles,le médecin est obligé de les IJroscriredepuis que nous connaissons mieux leurrôle.

    Faîtes donc la police de voIre table;rejetez les conserves el les produits d'OI'i-gine douleuse, les aliments aigl'is et« tournés» pour ne consommer que dufrais el du naturel. Si votre appélit faiblit,prenez une demi-heure avanl le repasune tasse de bouillon froid, dégraissé.C'est un slimulanl remarquable de l'es-lomac, dont il active la secrètion, et, àlout prendre, il vaul mieux pour voireorganisme qu'un verre Je vermouth, depicon ou d'aniselle.

    Mais avoir une bonne lable ne signifiepas manger beaucoup, se gaver, C'est làun excès également dangereux, car ilproduit vile la congeslion du foie. Etvous présenleriez à ce régime des p-m-barras gastriques répélés, fébriles, qUIpourraient bien êlre pris pour du palu-disme pal' voire médecin, en l'absenced'examen de laboratoire, El ceLLe phraseme remet en mémoire un petil fait mé-dical, que j'estime forl instructif pour ladémonstration présenle: lorsque lesAnglais occupèrent les Indes, ils ne pen-sèrent pas pour si peu devoir modifierleur genre cie vie, On vécut clans l'airchaud et lourd de CalcuUa comme dansles brouillaI'ds glacés de Londres, c'est-à-dire avec force viandes saignantes.pickles, ale, gin et wisky.... , Le résultaine se fit guère allendre : des fièvres ter-rassérent ces arrivanls, gros mangeurset grands buveurs et les médecins d'alorsqui ne connaissaienl pas la quinine (dé-couverte en 1820) donnèrenl à leurs ma-Jades du calomel: à leur grand éton-nement, car ils prenaient ces fièvres pourdes fièvres du pays, la pluparl dispa-rurenl car elles provenaienl d'un embar-ras gaslr-hépatique, si je puis, dire etuniquemenl de fautes de régime.

    Pour résumer el condenser tous cesconseils simples, je terminerai en vousdisant: votre résistance ici, dans ce paysoù presque toutes les affections réagis-senl sur le foie, dépend de la valeur decet organe que j'ai qualifié «place forte».Hespectez-la de grâce et, pour ne pas ladiminuer, n'abusez pas des viandes forles,supprimez les alcools el les apérilifs, lesmels fermenlés, faisandés ou conservés;lenez par ailleUI's bonne table, variée,saine el gardez jalousemenl votre appélit,sans oublier cel excellent apéritif, qu'estle consommé froid. »

    Dr L. AHNAUP,

  • Le géDéral ~'Amade eD ChaouïaEn décembre 1907, Casablanca élait

    dans le marasme. Son commerce d'ex-porLation, jadis florissant, éLaiL tombé lizéro, eL sa population, confinée dans sesmurailles, ne vivait plus que du corpsde débarquement. Le jeune Kunzer avaitéLé assassiné à deux kilomètres de laville; Ll'ois officiers avaient failli êtreenlevés à la plage, à dix minu tes de SidiBelliouL; une caravane avait été captu.,rée à Aïn Cebâa eL une au tre, la dernièreassaillie à quelques centaines de mètresde nos avant· postes.

    Le général Drudc, en soldaL disciplinéobéissant aux ordres de Par'is, se conten·tait de baLtre les environs immédiatsdans un rayon assez ·faible pour per-meLLre ~ ses troupes de revenir coucherà Casablanca, Dans celle zone, où il nerestait plus un douar, plus une tête debétail, nos reconnaissances n'aperce-vaient devant elles que des groupes decavaliers hors de portée et refusant lecombat; mais, au momenL de faire demi-tourpour renLrer au camp, elles élaientharcelées eL ramenées à coups de fusiljusque sous les mitrailleuses de nospostes.

    Les buLs .que l'on s'élaienL proposésen débarquanL, le châLi~enL des bé-douins coupables de l'aLtelllaL du :WjuilleL, la pacification de la région eL lerétablissement du pres Lige europt'en,n'étaient pas aLLeinLs : ils ne pouvaientl'êLre par les moyens employés jus-qu'alors; et le gouvernement, s'en élanteufin rendu compte, avait dér,idé de ren-forcer notre corps d'occupation et dedonner plus d'ampleur à ses opérationsA celte situation nouvelle, il fallait unhomme nouveau, d'autant que le généralDrude, malade, avait demandé il êtrerplevé de son ~ommandement. Il put ce-pendanL inaugurer le nouveau program·me, le 1er janvier 1908, en occupant lakasba de Médiouna, où il laissa une gar'-nison de mille hommes; Ce furent lespremiers qui découchèrenL de Casa-blanca,

    Le 5 janvier, le général d' :\made dé-barqua à Casablanca et priL le comman-demenL du COI'pS d'occupaLion, Né en1856, sorti de SainL-Cyr en 187G, il avaiLété promu général de bl'igade en ]907,apl'ès une carrière brillante eL bien rem·plie passée en grande partie bol'S deFrance; en Algérie d'abord, au Tonkinensuite, puis comme al taché militaire enChine el, enfin, au Transvaal cn qualitéde représentanL de l'armée françaiseaurl'ès des troupes brilanniqnes. Ce fu-

    MAROC

    renL surLout ses rapporLs remarquablessur la guerre des Boers qui l'avaientdésigné au choix·du gouvel'nement.

    Dans les huit jours qui suivirent son

    débarquement, il occupa les kasbas de

    Ferlhala, Bouznika et Ber-Rechid puis,

    ayant obLenu la soumission des tribus

    voisines de Casablanca (Médiouna, Ou-

    lad Zyân, Zenata, Oulad Harriz), fon-

    çant sur tous les rassemblements qUI

    lui étaient signalés, il s'atlacha à répri-

    mer l'insurrection des Chaoura de l'in té-

    térieur et à disperser les bandes hafidis-

    tes de Moulay Rechid, de Seklani, de

    Bou-Azzaoui, ff'appant vile eL fort, don-

    nant aux indigènes le sentiment d'uneubi4uité et d'une supériorité irrésisLibles.

    Ayant occupé Dar Ber Rechid le ]3janvier, il livra, jusqu'au 16 mai, seizecombaLs dont sept, échelonnés entre le15 janvier et le 17 avril, amenèrenL lasoumission des tribus du secLeur sud-ouest des Chaouia (Mzamza, Oulad Sa'id,Oulad Bouziri, Oulad Si Ben Daouel) etles neuf aulres, du 24 janvier ail 16 mai,brisèrent la résistance des Lribus du sec-teur sud-est (Zyarda, Oulad Ali, Mzab,l\Idakra) et achevèrent la pacification desChaou'ia.

    Ainsi qu'il ressort des dates, il nes'agit pas là de deux sél'ies d'opérationsdistinctcs cL succcs5ivcs mais d'aclions

    simultanées menées à bonne fin grâce àl'extrême mobilité quele général d'Ama-de avait réussi à donner à ses ,colonnes,au dévouement absolu qu'il avait su ins·pirer à ses officiers eL aux qualités d'en-durance eL d'élan des troupes sous sesorch'es, qui, presque touLes, apparLenaienL à l'Armée d'Afrique.

    Parmi les nombreux et brillants faitsde guerre de (;eLLe époque nous ne pou-vons rappeler ici que ceux qui, à lii-Vt'l'S Litres, mérilent une mention spé-ciale. La première renconLre avec l'en-nemi euL lieu le]5 janvier, il rentrée dudéfilé de SellaI. Elle nous liVl'a ce cenlredont le" ordres de Paris empêchèrent

    alors l'occupaLion. Les combats de DarRçibat eL Zaourat El-Mekki (2 eL 5 fé-vrier) furenL les premiers où les Maro-cains, se sentant en fMce, s'engagèrentà fond et subirent de grosses pertes.

    Le combat de Rfakha (29 févricr) fuL

    le premier contact avec les Mdakra. Il

    com.mença à huit heures 0U maLin~ parune attaque exLrêmement violente d'un

    ennemi nombreux el. mordant repoussée

    par une bellé charge de cavalerie. et ne 1

    se termina qu'à la nuiL, par la déroute de

    l'ennemi. Le 8 mars, nouveau combat

    avec les Mdakra qui, pris dans le ravin

    de l'oued Açila sous le feu de noire al'·

    LIllcl'ic, étaicnL voués il unc cxtermina-

  • tion complète, si le général n'avait faitcesspr le feu.

    Par son opération du 15 mars dans lesOulad Saïd, le général d'Amade étouffadans l'œuf. un de ces mouvements étran-ges comme il s'en pr:oduil parfois dansles pays musulmans. Le nommé Moham-medben Abdallah, surnommé Bou Nouàla(l'homme à la paillolle), était un de cesilluminés qui surgissent parfOIS des fou-les islamiques et s'imposent à elles parleur genre de vie, leurs prédictions etleurs prétendus miracles. Bou Nouàladevait son surnom et sa réputation de

    .fJoJte.J J'ra/J(:J9Js. .J

    o

    .1'!Jii;t:I /rJ:BêIIo", •CoCA

    '""))r"".$" 1.I/é10~iM"}:'

    1 : 18 Août 1907, Assaut général dc CasablalJca2 : 21 - Route de Settat:1 : 28 - Route de Médiounaft: 3 Sept. Jij;idi Moumenb: Il - Teddert6: 21 - Sidi Brahim7: 1 Janv. 1908 - Médioun,18: 2 Sidi Alssa!I: li> - Défilé de Setta.t

    10: 24 - Ain M'KoûnIl : 2 Févr. J{çibat12: f) Sidi EI-lJ1ckki

    MAROC

    marabout à la vie d'ermite qu;il avait

    menée pendant de longues années, tou-

    jours voilé, dans une misérable nouâla

    d'un douar perdu des Oulad Saïd. Ses

    prophéties el l'avance de nos troupes

    amenèrent de nombreux dounrs à se

    grouper sous sa protection et à le pro-

    clamer imam el-mahdi, précurseur du

    Messie; et il se fOl'ma ainsi, à cinquante

    kilomètres de Casablanca, un rassemble-

    ment menaçant de quinze mille fannti-

    ques. L'allaque brusquée du 17 mars

    le dispersa et mit un terme à l'activité de

    13 16 Févr'. 1908 - Ber-Rehàa14: 18 - Sidi Abdelkerim15: 29 - IfFal~lw

    16: 8 Mar~ Oued Açila17: 15 - Sid EI-Ghrimi18: 29 - Souk EI-KlJemis19: 7 Avril Setta20: 12 - Sidi Er·Rglwi21: 17 - Dar Ou/d Tounsa22: 28 - M'Gartou23: Il Mai Oued El-A tich2'.: Hi - Oued Dillia

    Bou Nouâla qui se réfugiachez les Doukkala.

    Les opérations du 7 au17 avril entre SeUat etles confins des Beni Mes-kin brisèrent définitive-ment la résistence des tri-bus de ce secteur et cellesdu 28 avril au 16 mai, quiconduisirent nos Lroupesjusqu'au cœur dela régionjusqu'alors inexplorée eLrrpuLée inaccessible desMdakra, achevèrent la pa-cificaLion des Chaouia ...

    Il s'agissaiL mainLenanLde consolider les résu1Lat:;des opérations et d'assurerla paix. Le général d'Ama-de, s'inspirant de la mé-Lhode que le général Lyau-Ley venaiL d'employer avectant de succès, chez lesBeni Snassen, enLoura larégion pacifiée d'une cein-ture de postes fortifiésoccupés par des détache-mprlls de troupes françai-ses et des goums marocainsen formatioll, destinés àsurveiller eL à contenir lestr:bus soumises aussi bienqu'à les défendre contretouLe agression possiblede l'extérieur.

    Commencée dès le 8lwril, par l'installaLiond'un déLachement régionalà SeUat, celle organisaLionse poursui viL par l'occu-paLion eL l'aménagementde Dar Ben Ahmed, lacréation des camps duBoucheron (Gara des Mda·kra) et Boulhaut ~Sidi BenSliman) et l'occupation deDar EI-Ayyachi, kasba desOuled Saïd, par undéLa-chement de SeUaL. Aucentre géographique etstratégique de la région,Dar Ber-Rechid avec uneforte garnison et des ma-gasins. Tous ces postesfurenL reliés enLre eux et ùla base de Casablanca ,siègedes réserves, des dépôtset des services, pal' unréseau de pistes aména-gées, doublées de lignestélégraphiques et jalon-nées de gUes d'élapes plusou moins forLement occu-

  • pés: Fédhala et Bouznika, sur la route

    de Rabat, Médiouna sur celle de Ber-

    Rechid, Dar Miloudi sur celle des Mda-

    kra. Au centre de ce dispositif, les bri-

    gades mobiles Moinier et Boule~ourd se

    lenaient prêles à se porter rapidement

    SUl' les poinls menacés.

    Celle armure, solide et complète à

    l'est et au sud, présenlait encore un dé-

    faut il l'ouest où, depuis Dar El Ayya-

    chi jusqu'à la mer, la région occupée

    n'élait couverle 'lue par la vallée de

    l'Oum El'-Rebia, puis, à pal'lir de Sidi

    Said Maàchou, par la limite impn"cise

    enlre les Chaouia et les Doukkala. 01.,les Chiadma et les Chlouka, tribus

    Doukkala Inslallées sllr la l'ive droile du

    fleuve, avaient figuré parmi les plus fer-

    , venls ciisciples de Bou Nouflla, et landis

    que les premiers avaient repris leurs re-

    lations avec Casablanca, les seconds,

    poussés par Azemmour elles con' illgen ls

    hafidisles de Si Hassi Glaoui qui y le-

    naient garnison, les aLlaquaienl et res-

    laienl une menace pcrlllHncnle au flanc

    c1es Chaouia pacifiés.

    Fin juin, obéissant à la nécessilé de

    meLlI'c un lerme il celle situa lion et d'as-

    surel' noire sécurité de ce côté, le géné-

    rai d'Amade fil occuper Azemmour après

    en avoir délogé sans combat la méhalla

    hafidiste, Rappelé sur la rive droite de

    rOum-Rr-Rebin" par un ordre de Paris,

    il cl'éa alors le posle de Sidi-Boubeker,

    dernier mailloll dc la chaîne de ~ ül'etédont il avail enloUl'é les Chaouïa,

    La répression, la pacificalion et l'orga-

    nisation défensive des Chaouia élaient.

    achevées et la brillante revue du 14 juil-

    lel1908, à Casablauca, cn présence du

    corps consulaiJ'e el de Loules les colo-

    nies eUl'opéennes, termina dignement

    la phaseessenliellement militaire de

    l'œuvre du général d'Amade. Il l'estait ilol'ganiser, administrativement et écono·

    miquement, une région de ] 1.000 kilo-

    mèlres,carrés peuplée de 400.000 habi-

    lanls.

    Ayanlrendu la confiance et le goûl de

    l'ordre à celle population qui vivait de

    puis des années dans l'anarchie la pIns

    complète, il fallait lui faire comprendre

    les avantages qui résullaient pour elle

    du régime que nous lui avions imposé.

    Lors de l'arrivée du général d'Amade,

    la région étail vidée de la majeure par-lie de ses habitanls émigrés au loin avec

    MAROC

    leurs troupeaux. Lès cadres administra-

    tifs et sociaux étaient détruits, les kas-

    bas el les gollàs en ruines, les champs

    ll1culLes, les silos vides, les marchés

    abandonnés, les pistes désertes. Six

    mois après, la campagne se repeuplait;

    les tribus, les fractions, les douars se

    reconstituaient snI' leurs territoires res-

    peclifs, sous l'aulorIlé de caids réguliè-

    rement investis par Je mal,hzen ; les ca-

    dis reprenaienl leur acLivité; tous les

    rouages de l'administration chél'Ïfienne

    recommençaient à fonctionner normale-

    Illent sous le contrôle des officiers de

    noire service des affaires indigènes.

    Les kasbas, relevées de leurs ruines

    par nos soldats, élaient devennes des

    centres d'allraction : des aggloméralions

    des marchés naissaient autour de nos

    postes; les bédouins vaqua~ent paisible-

    nH'nt à lems travaux agricoles et fai-

    saient paîlre leul's lroupeaux le long des

    pistes sillonnées pal' les convois militai-

    res, les diligences, les automobiles, les

    caravanes sc pressant vers Casablanca

    qui se développait il vue d'œil.

    Sous l'impulsion puissante du .chef, les

    ll'avaux d'utilité publique et les œuvres

    d'assislance se mulLipliaienL Toules les

    pisles de gl'Unde circulalion étaient

  • '.

    ..

    ....

    .........

    DEVINETTES"'-,'

    "IUlIllIllIlIlIIOIIIIIIII"

    - Cette éniyme pour tlii sera déconcertante :

    Un lion opulent, sans craindre le chasseur,

    Qui descend dans la plaine et qu'aucun agresseur

    N'attaque? - 1;e chérif qui transporte sa tente.

    - Et celle-ci: Le poulain gris chargé de bois!

    - le porc-épie est le poulain et ses épines

    Font la charge du bois. - Conteur, si tu det:Jines

    La suivante, tu prends un de mes veaux, au cho"xo

    Un vieil individu mène SlX domestiques ?

    Si t'énigme te plaît, cherche quelle est la clé.

    - 0 chantre, c'est mon cœur, mon Vleux cœur essoufU

    Qui commande à mes yeux, à mes membres étiques.

    - Je pose cette énzgme, ô, conteur: Sans amant,

    Une veuve à qui Dieu permet d'~tre féconde ?

    Tu veux parler des glands que l'yeuse met au monde.

    Conteur, réponds encor cette fois savamment :

    Une orp!wline en pleurs? L'énigme te consterne...

    la voÏl-tu toute blanche au milieu de sa tour '!

    - La bougie allumée et qui, tout alentour,

    Ayant coulé le suif, a sali sa lanterne.

    François ONFFROY

  • Une belle partie où l'Olympiqne triompha

    ------------------------------------=~======

    LA OUINZAINE SPORTIVE

    Foot-Bali Association

    Le championnat Casa - Rabat est terminétout au moins sur le terrain car certainappel en instance devant le bUl'eau de laFédération française pOUl'raient bien modi-fier le classement des clubs casablancais etrbàtis.

    La ligue marocaine, qui doit faire' con-naître au plus tùt ses repl'ésentants dansla coupe Steeg, a décidé de faire pourdimanche dernier les quatre rencontrescomptant pour les demi-Hnales de cham-pionnat du Mal'oc. Elle n'a tenu compte,pour le classement des Clubs de la poule deCasa-Rabat, que du nombre de points ob-tenus par chacun des clubs conformémentaux dôcisions d 'homologal ion prises pal'elle. Logiquement, elle ne pouvait procrderautrement. Le seul repl'oche qu'on puisselui adressCl', c'est qu'elle n'ait pas reportéau dimanche:l mar~ les quarts de finale,elle aurait connu ainsi la décision de laFédération rt aurait évité des contestationspossibles à la suite de cette décision.

    L'Olympique Marocain, classé premier,devait rencontrer le second du Sud ou duNord. Le tirage au sort lui fut défavorableet il eut pour son lot à défendre sa chancecontre l'Unio~ Sportive de Fès.

    Le Stade Marocain ct le Hacing occu-paient la deuxième place. Si la nécessitéde terminer les cham pionnats il une dateassez rapprochée l'avait permis, un matchde ban'age s'imposait. Devant celle impos-sibilité, le tirage au SOl't l'ut proposé etadopté. De ce fait, le Hacing, qui pl'enaitla deuxiilme place, recevait chez luil'CnionSportive de Safi, ct le Stade rencontrait, àFès, l'Association Sportive des P. T. T.classée première du championnat du Nord,

    L'Union Sportive Athlétique rencontraitenfîn l'Association Sportive de lVIalTakech,il MalTakech.

    A l'exception du match Hacing-UnionSportive de Safî, toutes les rencontres fu-rent àpl'ement disputées.

    Le rllsultat le plus slll'prenant fut celui. qui clùtura le match Stade-P.T.T. de Fès.On s'accordait à donnel' la victoire auStade. Les verts, après avoir dominé enpl'emièl'e mi-temps et obtenu deux buts àzél'o à la tin des quarante-cinq pl'emièl'esminutes, sc laissaient remonter.

    La partie et les pl'olongations sc tel'lui-naient sans que le SCOl'e fCtt modi fié ct lesdeux équipes étaient l'envoyées dos il dos.

    Nous devons loyalementrrconnaître toutle mérite de l'équipe du Nord, dont lascience rudimentaire eslloin de valoir cellede l'équipe du Stade, mais qui, décidée àtenir, fit mieux que de sc défendre devantune des meilleures formations du lVhn'oc.

    A Marrakech, l'U. S. A. ne parvenai t àobtenir II' gain du match que dans lesdeux dernières minutes de la partie ct alorsque tout le monde croyait au match nulds'apprêtait il voir jouer les prolongations.C'est une belle performance qu'a réalisé leclub cher à Paolini.

    A Casablanca, le Hacing rencontrai tl'Union Sportive de Safî. Partie sans his-toire eu égard à la différence de classe quiséparait les deux équipes. Le seul reprocheque je ferais au Racing, c'est qu'au lieu defaire un entraînement sérieux, il se mit. àmodifier sa formation d'une façon stupide.Le Racing n'aurait-il plus besoin d'entraî-nement? Ou bien a-t-il voulu rendre ridi-cule son adversaire? Ce ne serait pas trèsélégant.

    L'Union Sporti,:e de San n'a certes pasla classe du Racmg, et n'arrive pas à lahauteur d'aucun ùes clubs classés après lesquatre premiers dans la poule Casa-Rabat.

    Sans vouloir le moins du monde mépri-SIW les Clubs dc l'inV'l'icnl' qui n'ont pasles mèmes facilités VOUI' rencontrer des

    MAROC

    formations plus fortes au contact desquel-les elles acquèreraient une meilleure tech-nique, je crois qu'il faudra modifier laformule du Championnat du Maroc l'an-née prochaine.

    Pourquoi ne ferait-on pas rencontrerles 5" et 6- de Casa-Rabat avec les secondsdu Nord et du Sud'! Les deux premiersclassés participeraient alors aux demi-finales du Championnat du Maroc avec lesquatre premiers de Casa-Rabat et les cham-pions du Nord et du Sud.

    Je sais qu'on va me dire que je ne cher-che qu'à favoriser les clubs de la côte. Jem'élève contre cette affirmation. Si l'onveut bien jeter un coup d'œil sur les com-pétitions du Sud ct du Nord, qu 'y trou-l'ons-nous?

    Dans le Sud, les deux clubs de Marra-kech, Safi et Mogador; dans le Nord, lesdeux clubs de Fès, Meknès, et le club deSouk-el-Arba. Chacune de ces compétitionsqualifie deux clubs. Croyez-vous que lechampionnat Casa-Rabat, avec ses qua-torze rencontres pour chacun des clubsengagés, ll'est pas autrement difficile '!

    Enfin, à Rabat, l'Olymvique recevaitl'Union Sportive de Fès.

    Je ne voudrais pas faire de peine ilYloynat, mais il voudra bien reconnaîtrecomme moi que ses poulains jouèl'ent au-dessous de leur forme ordinaire. Certes,l'(). M. se présentait sur le terrain, handi-capé. Son capitaine Bru, fortement touchécontre le Hacing, traînait encore la jambeau moment de son entrée sur le terrain et

  • le malJGhe, s'indivenl, de 'loin en loin,aveG lnssi lude. Des taxis .110US con vien t àun nouv('au départ. Pour aller où enGore ?Nans !l'avons qu'un désir': reprendre le .train. Mais il n'ya plus de train aujour-d'hui: force nous est donc de l'esler.

    Le tourisle. d'ailleurs, apprend vitequ'il est iGi dans la ville fl'ançaise duGuéliz el qu'il n'a rien à y voir, Marra-kech est loin de là, au boul de longnesavenues où le5 autos s'enfoncent, .con-fianles en leurs molel1rsillsensibles à lafatigue. Et, en etl'et, quelques kilomètresfranchis, l'espoir renaîLDe belles gerbesde palmes, dbS oliveraies, de vieux mursd'argile rosée fOl~t au prisme élancé de

    TOURiSME

    MARRAKECH

    l'ious avons parlé de Casablanca et deRabat. Pour le tourisle en appélit deMaroc, ce ne sonLlà que des hors-d'œuvre.Il ne fixera son jugement sur ce paystant vanté, qu'après avoir vu Fez etl\Jar-rakech.

    Le chemin de fer est le moyen de tranE-port le plus confortable, sino~ le plus ra-pide, pour franchir les troIs cents elquelques kilomètres qui séparent Mar-rakech de Rabat. Malheureusement,seuls. aujourd'hui, les condamnés à mOl'ls'éveillent à l'heure où doit se leverl'homme courageux qui a résolu de pre?-dre le train avenue Dar-El-Maghzen lIhnde se rendre dans l'ancienne capitale def'A Imohades et des Saadiens. Cel'lains,plulôt que de s'arracher au somm~il,entre trois et quatre heures du malIn,préfèrent passer la nuit. à veiller ?ansquelque dancing. AUSSI, ne serail-ccqu'au nom de la moralité ~t de la ,sauve-garde des mœurs bourgeOIses: la Con~pagnie des Chemins de fer feraIt c~rlalllement une bonne œuvre en étaLlissant unhoraire plus clément pour les voyageurs.

    Comme il serait réconfortant, en hiverau moins, de se mettre en route aprèsun bon déjeuner 1 Comme on sesentirait ainSI acmé d'un plus grand cou-rage pour affronter la traversée de .laBeauce Marocaine et des déSel ts de caIl-loux qui s'étendent au nord et au sud 'del'Oum Er-Rebia! On y gagnerait enfinde n'arriver qu'à la nuit et de rien voiren débarquant.

    Vais-je médire de Marrakech? Je n'en ainulle envie. Je l'aime trop poùr cela, J'aigardé un trop beau souvenir des premièresvisites quej 'y fis, quand, après une journéede tangage en auto, on voyait apparaîtreune lagune de palmes au pied de l'Atlasdiaphane et qu'on entrait, poudreux,brûlé et ébloui, dans la cilé crouhmlcaux jardins parfumés. J'aime trop Marra-kech, et c'est pourquoi je crois qlle je vaisen parler gravement, comme une de nosplus belles conquêtes, comme un de nosplus grands trésors, un de ceux qui mé-ritent d'être le plus jalousement défen-dus.

    . J'y étais il y a trois jours et rentre, im-prf>ssionné par les paroles de deux per-sunnes de condition et d'esprit bien diffé-rents : un grand touriste, hôte du plussomptueux palace de l'endroit et un pein-tre. Tous deux connaissaient Marrakech,tous deux y él aient venus, attirés parleurs souvenirs, tous deux m'ont déclaré :« Jamais plus nous n'y reviendrons! Il

    Que s'est-il donc passé? Comment l'en-chanteresse dont les charmes poursui-vaient au loin ceux qui l'avaient quittée,peut-elle, aujourd'hui, décevoÏl' ainsi levoyageur? C'est ce qu'il est impossible dene pas chercher à comprendre, à l'heureoù l'on veut faire de Marrakech la plus

    MAROC

    MARRAKECH. - La Kouloubia

    gt'Hude station hivernaie de l'Afl'ique du:\ol'd.

    Si j'ai dit qu'on devait y arrivel' lanuil, c'est qu'en effet, la première visionofferle à celui qui débanque à la gare, enplein jour, est des plus pénil,les. Ellcorelou 1 Il ltristé par la plaint de 13en-(; uérirel par l'enfer des Djebilets, il chercheunc oasis el ne trouve qu'un faubourg,où des hangars d'avions, des pylônesélectriques, des dislributeurs d'essenceet des laits en luiles ronges dispensentune ombre stérile aux cailloux des ter-rains vagues, Balais désespérés de nepouvoir écarter une poussière trop épais-se, quelques palmiers, fichés en terre par

    ltIARRAKEt::H. - Les conteu.·s su." le souk

    Pbot, FÉLIX

    Ph\llo FELIX

  • Marrakech. - Une rue de la "ille indigène. PholoFÉLIX

    la Koutoubia dont les émaux s'efi'euillent,un calire exotique tL joyl'ux. Des troupesli indig'ènes balancent leurs masses blan-châtres, à la cadence de leur marche as·souplie. Au loin, on entend déjù deschanis et des tambourin". Entrons-nousdans le Paruliis des seigneurs de l'A LIas '?Et la féerie du Sud va-t-elle surgirenfin?

    Nous sommes au CfEUI' de la ville, Qu'yvoyons-nous '? A vrai dire, nous Hvonsd'ahol'd quelflue peinc à nous en rendrecompte: de vieilles voitures de place,des automobiles, des évenl ail'es de mar-clwnds de fmits, des camions, des ga-\1'1'ies il piliers, des mlll's qui s'eilont!ren1.des 'bùtimenls neuf,;, des carés av{'c

    orc\t('str'c, dcs maisons de rapport, desbicyclettes, une mosquée, des maga-sins modernes à vitrines, des sorciersaccroupis parmi des becs d'oiseaux,des élégantes à la mude de PUt'is, desmendianls mi nus, des acrob,iles en py-ramides, des c0uples à moto, des fon~lionnaires lrisles, des monlreùrs dp-sin-ges, un souk saharien, un sqlwre. Toutcela fait un bruit de claxons, d'invoca-tions musulmanes, de jazz et de hau l-pal'Ieurs.

    Si nous suivons au hasard quelqu'unedes rues qui nous présentent leur courlepel'spective, nous avons l'impression delong-er les clo~ks cl'un port d'où lamer se seraiL retirée, avec promesse

    MAROC

    de retour. Partout, nous buLLons dansles fers à béton al'mé, dans les sacs à ci-ment, Jans les pierres, dans les balles depeau, Jans [es caisses d'essence, dans lesbarils en tôle -et dans les madriers, Lesoleil de févl'ier calcine la poussière tlueles ânes et les chameaux arrosent avec

    1

    compassion.

    On m'accuserait de parLi-pris si je nedisais maintenant qu'on peut aussi voirau lre chose.

    Sans doute, Marntl\Cch n'est pas touledans ce qUal,tier hétéroclite qui part deJàmaa-EI-Fena pour s'~tendre confusé-ment vers le Mellah elle Guéliz. Il y aencore les souks avcc leur cohue anti~Jlle

    et barbare, pailletée d'étincelles sous lesclaies de roseaux.; il ya tous les quartiersde l'Est; il Y a surtout l'Aguedal avecses orangeraies, ses pièces d'eau el sonsilence presque amsi pur que les crêlesazurées de la montagne el. que le ciel oùvolent les piqu>"l~bœufs.

    Mais je n'exagère pa.,; en dismll que,dès mainlenant, où que l'on soit, on sentun danger menacer la beauté qu'on ad-mire. Nulle parl on ne peut se dire avecconfiance: « Si je reviens ici l'an pl'O-chain, .i'y retrouverai ces échoppes char-mantes, l'eau de cette fontaine sous l'eUevoûte, ce kiosque de miniature persane,ces toits morclorés couronnanl ces mu-railles couleur de chair. » Trop de choses

    ont déjà chan~é, d.. la plus stricte ma-nière, en des lit'ux qu'on croyait à l'abridu changement. Et celui qui respecte lesvisions qu'il emporte refuse de les rafraî-chir en retournant à leur source, de peul'de la trouver tarie.

    Tel est le premier mal dont souffreMarrakech.

    Il en est un second tou t aussi grave.C'est que la ville nouvelle (lui se formedu càté de l'ouest, celle qui annoncel'avenir et devrait attirer déjà les hiver-nants el les touristes, s'étale ct se dis-perse sur un si grand espace qu'on nepeut imaginer commenl elle pourraitêtre achevée ni quelle fîgure lui donnerale temps. Là encore, quelque chose dé-concerte le voyageur, l'inquiète et l'éloi-gne. L'aspect désordonné qui caractériseaujourd'hui le quartier de la Koutouhian'esl-il que provisoire'! On peut l'espé-I·er. Mais quand les milliers d'hectares,qui s'élendent depuis Jùmaa El Fna jus-qu'uu camp d'aviation, seront-ils cou-ver's d'une ville moderne homogène,pl'Opre, tl'ès ombragée l'été, ensoleilléel'hiver, exotique comme il convienl ;digne enfin du cadre admirable que luil'ail la narure? Cela on n'ose se le de-mandel'.

    Il faudrait, semble~t-il, que, d.ms unef1'ort raisonné, Marral,ech s'appliquât àse bien connaitre, à mesurer sa forced'extension, à choisir enfin la place oùelle veut, où elle doit devenir elle-même.Alors, réglementant sévèrement son ar-chitecture, respectant et développantses jardins qui seuls y ahaissent un peuune chaleur torride, elle pourrait s'ache-ver logiquement.

    Quant à la ville indigène, ce dont ellea le plus besoin, c'est d'être, une foispour toutes, délimitée. On voudrait qu'unnouveau rempart pût marquer, entreelle et les quartiers européens, une fron-tière inviolable. QII'OII n'aille pas croiresurtout qu'il s'ag'l~sed'une frontière mo-l'HIe l'aile pour éloigner de II0US nos pro-tégés; non, ~imple l'routière d'ul'b.mismequi, au contraire, aurait pour eil'el d'at-tirer dans la ville française les indigènescomplètement-évolués.

    Ceux qui ont suivi, depuis l'origine,l'histoire des transformations de Mar-rakech, me reprocheront peut-être depréconiser ce qui a fait depuis longtempsdéjà l'objet de lois el de règlements. Cer-les, je ne l'ignore pas! - Et pourtantj'ai le sentiment, en dépit de ces mesu-res prescrites, de la nécessité d'un nou-veau cri d'alarme.

    Et il est peut-être opportun de pousserce cri au moment où MonsieUl' LucienSaint, Résidenl Général, se prépare àpartir pour le Sud. L'homme qui a, silongtemps, veillé sur Tunis, modèle decité double au pittoresque respecté, nesnurait, dans sa compréhension claire etdélicate des choses, manquer de trouverlà-bas une formule de salut pour répon-dre nIl message qui nons vien t de Mar-rakech: S.O.S....S.O.S. pour la villeJes artistes, des hivernants el des touris-tes,

    JEAN GALLÇ1TTI

  • NOS ARTISTES

    MAROC

    FEZ. - Place Nedjarine, par PONTOY

    PONTOY

    Pontoy est un peintre Fasi. Après avoir

    parcouru le cycle prestigieux des villes

    de la côte et du Sud, il considéra que la

    vieille capitale du Nord était celle où ses

    possibilités p0uvaient être réalisées avec

    le plus de plénitude.

    Il se fixa donc à Fez où l'émerveille-

    ment qu'il avait ressenti en y pénétrant

    avait pris pour lui le sens d'une destinée

    spirituelle mystérieusement annoncée.

    . Peintre, en France, des orr.bres de ca-

    thédralljs, il ne pouvait échapper au grand

    charme mystérieux de ceLLe ville; il son

    ombre dense, étalée, épaisse, qui noie

    toul, que l'on sent sur la peau et les lè-

    vres comme un parfum ou un sirop.

    Il retrouvait les sensations de Reims

    ou de Chartres, l'lOUS les arcatures bas-

    seo, dans les ruelles profondes, où la lu-

    mière a rel3ché :,son étreinte: dans les

    souks où des éparpillements de soleil

    . chatoient à travers les clayonnages de

    roseaux, comme à travers les plombs d'un

    vitrail, assourdissant davanlage les reIl-

    l'oncemf'nls d'ombr·e.

    Aquafol,tiste passionné, il ful conquis

    par Fez, celle ville qu'eut aimé Rem-

    hrandt.

    Il eut l'émotion de retrouv~r dans les

    méandres de ses rues 'là sensation des

    cloîtres el des cr'yptes, les lueurs sourdes

    des candélabres de cuivre dans l'ombre

    bleue toute moir'ée de fumées d'encens;

    des bois anciens, patiné!> par les siècles

    et travaillés comme des l'étables; celle

    atmosphère nédiévale dont nous nous

    étonnons de retrouver l'image accentuée

    du mystère de l'âme close et des prunel-

    les sans reflet de ses habitants aux cccurs

    secrets.

    CeLLe sensation tl'Ouble, à Fez, d'é-

    treinte d'ombre englolltissante, Pontoy

    l'a rendue avec un art vigoureux dans

    les eaux-fortes.

    .·On sent sn personnaliL6 nrtisliqllc em-

    preiute fortement d'une expérience pro-

    fondémenl vécue, d'un conlact" continuel

    el passionné avec celle Médina dont l'in-

    fluence a été sur lui des plus marquée.

    Sa peinture est le fruil d'une observa Lion

    tenace et paliente el c'est pour cela qu'elle

    agit avec vigueur.

    Elle l'ail loujours une impression spon-

    tanée, sereine, aisée. On ne senl pas en

    elle de contrainte, de crispa lion, ni de

    tourment.

    C'esl IInc ŒU vrc sincère, elle esl la

    traduction immédiate de sa vision el de

    sa pens(\c cl elle sc drgage rnyonnanlc,

    ne sem hIanl souhaiter que d'exprimer

    la force des conslructions et des êtres el

    l'amhiance dans laquelle ils agissenl.

    II transparait dans son dessin une sur-

    prenante ~ensualilé des couleurs et de

    l'harmonie des formes exactes el vivan-

    les. C'est lIueorigin"litéd'ayoil'sudonller

    aux moindres traits de la physionomie

    de Fez une forme pl'écise, En lui conser-

    vanl Je contraste de ses chlÎl'S·oL'scurs el

    de son côlé chatoynnt ; d'en avoir rendu

    le sens profonu el en même temps l'a~

    pect coloré.

    Avec un arl d

  • t

    1

    1

    ,J

    MAROC

    FEZ. - Bab Guissa, par PONTOY

    FEZ. - Bab Segma, par PONTOV

    vrerie cl d'une exactilude où l'on sent la

    justesse de nolalion intuilive et de pre-

    mier réflexe; sans se laisser griser par

    la liqueur enivrante qu'est le mot

    « Orienl», Ponloy a su voir que dans

    toute celle ombre, dan& ces ruelles con-

    tournées, élroiles, coulait avec la chan-

    son de l'cau, une foule musulmane, une

    vie orien laIe, avec sa bigarrure et ses

    rulilances.

    Une foule qui se coudoie, s'interpelle,

    se dispute et marchande, une grande vie

    colorée enfin, source incessante d'ensei·

    gnements artistiques, d'observations mi-

    nùLieuses, d'apparitions caractéristiques.

    La fécondilé d'imagination et le souci

    prononcé de la traduction exacle de la

    réalité ne s'est pas borné à celle seule

    interprélation dans l'œuvre de Pontoy.

    Il csl encore un fin psychologue du

    pays:lge. Mais dans une nature exubé-

    raule de couleurs il sail élimi~ler les ri-

    gueurs trop prononcées el Ile saisir que

    ses :Aspecls adoucis et mélancoliques.

    Il se souvienl devnnl un soir du Maroc

    de l'enchant~menlde ceux qu'il a vécu

    el peinl en lLalie, de l'atmosphère es-

    lompée, des valeurs claires, amorties.

    des ciels de Florence.

    Gilbert F. BONS.

  • LE PÉRIPLE D'HANNONpar illallrice LE GLA Y

    (juand llégésippe NavéJrre passa devie il trépas, la question se posa en HautLieu du sort qUI serail dévolu à son àmed' Immorlel,

    Des Voix ullramontaines préeolüsèrentl'applieaLion des chàtiments réservés auxchretiens défaillants. D'autres remar-yuaient que le défuntu'avait, en somme,jamais fail de mal à son prochain, queson orgueil enfalltin l'avall surtuut en-traîné à se moquer de ses contempOl'UlllS,ce qui étall « pain béni ", ajoutèrt:ntde saintes âmes scandalisées pal' les éclwsdes erreurs du temps. Oe nombreuxEsprils voulurent qu'il lui fût tenueompte du l'ail qu'il étail académicien.Quelquef: chérubins rosses proposèrentl1e l'envoyer dans les limbes où vont lesàmes des petils enfants. L'avis du plusgrand nombre fut de l'admettre rapide-ment au Paradis après un purgatoire depure forme,

    Somme toute, le cas du grand aémolis-seur émut peu l'opilllon céleste et tout s~f:erail pas~é de la façon la plus banale SIun parti d'anges CUI"Jeux et frondeurs nes'étaient avisé de demander qu'Il eut, unefois admis au radieux séjour, ses entréesauprès deux.

    Celle démard1e inquiétante déterminaceux qui dirigeaient le débat à le clorepéremptoirement. Le ciel chrétien quientretient Légions et Phalanges a essen-tiellement besoin de celle discipline dontest faite la force des armés.

    Saint-Pierre futlout simplement invi-té à signifier polim: égales, Loute passéeenfin d'un passé sans histoire, sa robenoil'e à longue traîne avait grand ait'Une capuce de laine pourpre couvrait lechef de l'inconnu, encadrant le visage aufront barré d'une plaque d'or, aux oreil-les chargées' de boucles ciselées, et dontsans doute la barbe, jadis courte et bientaillée, toute blanche >:'allongeall.lJ parutil Hégésippe Navarre quel'omhre le consI-dérait, sinon avec curiosité, car ce Eeuti-,nent est de ceux qui l'estent sur la terre,tout au moins sans cet aÎl' maussade donttant d'autres l'avaient accueilli. Il s'en-hardit donc el, glisbanl vers elle, senomma. DéjiJ fixé sur' le peu de cas qu'onfaisait chez Plulon de ses mérite:" ter-restres, il ne s'étonlla point de l'indifl'é-rence fatiguée avec laquelle on luirépondit :

    - Et moi, Hannon.,. de Carthage.- Serait-il vrai, fit il, Hannon.,. du

    Périple? Et sans s'inquiéter d'un gestede dénégation fùchée. il ajouta: '

    - Ah! Monsieur, ceLLe triste rive medevient helll'euse de vous y l'en con trer.Je vois donc enfin ce célèbre voyagenrdont les exploits ont, à travers les âges,occupé les savants et soulevé leurscontroverses ardentes...

    - Je vous en prie, dit Hannon ...- Votre modestie, reprit Hégésippe

    Navarre, ne saurait vous dôfendre demon admil'Ution. Je vous la voue toute

    entièl'e, encore que la science des tempspassés et surtout de celui-ci, où la crili-'que' historique dispose de méthodesd'investigation nouveHes et sûres, encoreque l'érudition, disais je, ne "ous soitpoint entièrement favorable. '

    - Enfin, Monsieur,in terrom pi t Hannondont la toge s'agita d'un floLLt'mel11 d'in-quiétude.

    - Mais,continua Hégésippe,laconquê-le par les Francs de toute l'Afrique Mineu-re a, dans le dernier siècle, favorisp votremerveilleux périple d'un regain de jeu-nesse et d'acl ualité. Je sais bien que leproconsul qui règnait en Tingitane, unde mes collègues de l'Académie, quali-fie d'inutile science livresque les impor-tants travaux faits SUI' votre voyage.M:üs c'est pure jalousie de conquérantenvers un précurseur lointain. Les mili-taires ont de ces rancunes. Peu patientà déehifl'rer les document s antiques, ilnierait même, m'a - t - on dit, la fameuseinscription du temple de Melquart, l'ins-cription sur une peau de gorIlle femellepar quoi la postérité devait connaitre vosexploits.

    - En voilà assez, Monsieur, dit Hannontout à fait fâché, laissez· moi en paix.

    Et il fit mine de s'enfuir. Mais Hégé-sippe Navarre s'entêta. Tout contrit en-core de ses échecs successifs auprès desombres rencontrées, une sorte de colèrelui vînt de sa voix partout méconnu, re-poussé, d'autant que l'aménité flaLLeusede ses discours aurait dû, semblait - il,lui gagner la sympathie de ses interlocu-teurs, Ces sentiments s'exagéraient elllui d'une sorle de rage d'érudition quiavait besoin de s'épancher. 11 ne laissapoint Hat!non s'échapper et le saisissantpar un des plis de sa tôge, comme il pre-nait jadis au bouton de jaqueLLe, sur lepont des Arts, les confrères aLlardésqu'il accablait ensuite des plus savantesdibserlalions, il objurga le punique ences termes.

    - Jenesaurais,mon cher Hannon,ayanteu l'heur de vous joindre, vous quitteraussitôt. J'ai trop de choses à vous direet il vous demander. Par ailleurs, lesGrecs el les Latins m'ont si mal reçuqu'il serait vraiment impolitique à unroi de Carthage de les imiter. Voudriez-vous me pousser dans les bras de CaLonl'Ancien? El puis il y a des comples qui serèglent. Le vôtre est lourdement chargépuis(IUe, par l'ef1'et d'unc inscription quimanquait de etarte, vous avez durantvingt cinq siècles provoqué un énormetravail d'interprétation, de calculs nauti-ques et Lenesl l'es, de spéculations et hni-ques, linguistiques, pln'siques et géolo-giques, fait naître les plus violentes con-tl'overses, intrigué les sociétés les plussa vantes, vous avez hâ té la calvitie demaints crânes respectables, amené l'usu-'re des yeux lei mieux exercés aux plusardus déchifl'rempnts, noyé des généra-tions d'érudits dans des flots d'encre,poussé f'nfin à la comommation d'uneefl'arente quontité (te matière cérébrale.

    On ne doit p

  • lui parlant latin, je vous rappellerais quel'épithète de laudalor lemporis acli estcelle qui sied le mieux au savant de tousles âges, ce qui veut dire qu'il sufIit àune chose d'être ancienne pour plaire. Ace titre, votre voyage a soulevé l'enthou-siasme des génératIOns. Mais les espritscritiques tels que le mien réagissentcontre cet emballement du vulgaire. 01'donc croyez-vous qu'au moment qu'ilm'est donné, par chance singulière, deconnaître la solution d'un tel problèmeje vous laisserai échapper? Pouvez-vousconcevoir que, vous ayant à ma portée,je ne vous sommerai point de me dire,par exemple, comment ayant doublé lecap Cantin vous avez vogué vingt qua-tre heures cap à l'Est? .

    Ayant esquissé en vain un dernier ges-te de dénégalion, l'ombre d'Hannon ~erassit SUI' la pierre du rivage, résignée,vaincue pal' la faconde autoritaire de cenouveau mort qui, évidemment, gardaitencore de son passage parmi les savantsdu monde sublunaire une énergie polé-mique redoutable. Hégésippe Navarrecontinuait cn l'fret.

    - El je ne cite de Yotl'e relalion qu'uneseule des nombreuses anomalies qui de-vaieut jeter les siècles dans l'inquiét ude,les discussions, les controverses les plusabstl'Uses et infécondes. Malgré le res-pect qui s'accorde sur terre aux tf\xtesanciens il faut convenil'. si vous avezd'abord marché vel's l'E-t après le capCanlin, puis réellement vu des fleuveslà où brûlent les sables du désert, deslacs à éléphants où s'élèvent des monla-gnes, que la partie du globe telTaquéqui s'étend des, colonnes d'Hercule augolfe de l;uinée a subi, depuis voiretemps. des modifications pl'Ofondes Orcelà sc saurait, se verl'ait. La géologiene commence à ener dans ses dédu~lionsqu'au delà d'un nombl'e d'années bienplus grand que les vingt cinq petits siè-cles qui nous séparent. Vous n'êtes mê-me pas contemporain du détl'oit SudRifrain que mon collègue le pl'OfesseurGentil ... révdé d'une façon, croit-il, pé-l'l'Ill ptoll·e.

    - Je vois à votre gesle inquiet, à vo-tre silence, continua Hégésippe Navarre,que vous ignorez évidemment, encoreque bIen flaLLeuse pour vous, l'afl'olarrterépercussion qu'eut dans le domaine ge-néral des sciences le fait, par vous jugéun beau jour opportun, de suspendre unepeau de gOl'ille femelle, en ex voto, dansle temple de Melquart. PermeLlez doncque je YOUS éclaire. ,J'y apporterai cesens profond de l'érudition sûre auquelnul de mes contemporains, je dirai mêmede mes prédécesseurs, ne saurait préten-dl'e.

    C'est Pline, comme par hasal'(l, quivous a lancé réellement dans l'histoire.Je n'accorde pas à son geste une mali·gnitéspéciale. De son temps, l'imprécisionen matière de géographie était permise.Aujourd'hui, monsieuJ', votl'e relationfantaisiste d'une telle cil'cumnavigationne vous aurc1it pas valu une médaille enbronze.

    D'autres d'ailleurs padèrent de vousavant l'auteur cie l'Histoire Naturelle.Tout d'abord le gl'ec inconnu qui voustraduisit. Et ici commence la veine ral'equi, au long des âges, s'est allachée à vo-tre élucubraLioil. Car les élrangetés déjàsignalées par Pline, les c?casseries, lesimpossibilités de votre récll, dont aucune

    MAROC

    d'ailleurs n'a fait reculer les savants,sont aujourd'hui imputées à la trahisondu traducleur. Je cile encore Eudoxe,Aristote, Ephore, Vint par la suite touteune longue série d'auteurs qui ont encais-sé, déformé, plagié ou endossé quelquedétail de votre narration, à tel enseignequ'on ne sail plus qui a voyagé, l'ail lepér'iple, combien de périples il y a eu, (fUia menti, faussé l'histoire ou mystifié eshistoriens, Je ne m'altal'derai pas à vousrépéter ce qu'ont écrit, à votre décoll/:er-lauL sujet, Polybe, Strabon, Marciend'Hémclée, Denys de Milet. Théophras-te, Emtosthène, Xénophon de Lampsa-que, Cornélius Népos, StaLÏus Sébosus,Pomponnius Méla, Arrien, Elius Aristi-de, Solin, et le doux Paloephatus quivous classe, Monsieur, je ne juge pas jecite, dans ses « Incredibilia ,) !

    - J'en passe. Ma modestie bien con-nue s'oppose àce que je pl'enne sur vousl'avantage auquel mon écrasante érudi·tion me donne quelques droits. Je n'aid'ailleurs d'autre but que de vous rensei-gner en vous laissant tout loisir de retor-quel' les arguments de il'hisLoire ou deme donner la clef d'un problème exacer-bant.

    - Mais,je .....- Permellez-moi de continuer en

    vous ciLant, pOUl' simple mémoire, carvous ne saul'Ïez fournir SUI' ce point au·cun avis, vos imitateurs: Menippe dePergame, Ophellas tyran de Cyrène,les deux Charon dont on dispute poursavoir s'ils ont réellement voyagé oucopié votre œuvre. Voyez le ti'ouble jetédans la critique par volre relatioll et lafaçon, plutôt étrange, dont vous 1expo-sâtes à l'entendement des générations.

    Mais ceci n'est rien Des sièclespassent, des milliers et des milliers deJOurs ont YU l'orbe du soleil plongerdans la mel' Océane, et durant leur coursune civilisation, qui avait d'ailleurs mê-me berceau que la vôtre, refoula profon-'dément dans les ténèbres et dans l'oublila beauté païenne. Et, cependant, ceux-là mêmes qui représentaient ces tempsnouveaux ayant à rebatir le monde, àrefaire l'ordre des sciences dont nul nese d'l:>ulaiL plus, durent chercher dans lescendres de vo~ siècles l'étincelle qui ycouvait et de laquelle devait surgir lalumière et la vérité .•. .' .'

    Et c'est Ici, Monsi.eur': que\otrèrespon-sabilité me paraît gravement engagée.La boussole, apparClI nautique et emblê-me de la snge raison u'exislnit pas de vo-tre temrs. Je ne puis douc avan('ci' quela perle de cet illsll'unJ

  • MAROC

    dues plus sombres, le volume des sonsaccru avec la tenarité du thème et leurétendue formant comme une étoffc pour-pre où folâtre sàns cesse, le caprice desarabesques.

    C'est encore ce même art assuré, puis-san t,qui nous réjouil aux études en sixteset en oclaves.

    Après cet effort d'exéculion et de créa-tion, Magdeleine Du Carp ne se reposepas. A peine si elle allend que les accla-malions de ses admirateurs aienl cessé.Ellt", n'a poinl de hâle, sans doule, maiselle n'esl chez elle que dans le royaume

    des sons el elle pense qu'el-le nous répondra le mieuxpar la musique. Ses remel'-ciemenls sonl mélodieux ..

    El qui n'a pas entendulapolonaise en la majeur deChopin, exécutée par Mag-deleine Du Carp, ne peutconnaÎ trela fierléagressivede celle danse, le rylhmevif ct dm, son allure ma-jes l ueuse, le corps ol'gueil-leux qui se meul, provo-cnnl, d'ulle gaiclé bollée,un peu lourde, joic agresledes membres bien plusque L!mil'rè de I"espril, ilne peul savoir commcnlladm'lé mélodique, l'essor'de l'ùme, pcuvenl êlremaintenusd.ll.S les limilesque le mOllVeme Il illlpo:'e,commenl le l'yi hme mordsur la vie.

    Après celle suile: étudesel polonaise, grùce à lap:'obiLé musicale, il l'éncr-gie virile el sUI'loul il lapuissan('e créntriee deMagtleleinc Du Carp, si onne pOllvail connnîlre legénie enlier de Chopin,bien plus vaste encore, onélail sûr du moins d'avoirentendu sa voix, de l'avoir

    approché, lui (ü son pays. On ne subit poio tcelte lamentalion déplorable, ces larmesde concierge bouffie, ces rêves divers elloujours les mêmes que si souvenl onnous impose, musique de mélodl'3me. Cefulla volonlé d'un poèle, d'un crl~aleurpar conséquent, qui, à travers ses pas-sions, ses gotils, au moyen des sons, deleurs valeurs, de leurs limbres, de leurssui les. exprimaille jaillissemenl premierde la vie. Ce n'élail pas un joucurd'orguede barbarie qu:, à force de concessions ànolre médiocrilé nalurelle, cherchait àgagner notre appl'obalion, mais un maî-lre autorilaire qu'il fuut écouter avant

    qui se termine en chant de triomphe,grave encore, où il entre plus de soumis-sion que de joie déliée.

    Ce drame, Magdeleine Du Carp nous, le fit entendre.

    Ecoulez encore les 12 études de Chopin,opus 25, que maintenant,elle joue. Cha-

    ,cun sait l'effort physique qu'il faut dé-penser pom exécuter ces cinquanle pagesde musique où les l1ifficultés sont accu-mulées et variées à dessein. C'élailunegageure de les faire entendl'e et celleartiste, donlles qualiLés lechniques sont,on le savait et on venait de le constater

    à l'exécution de lu très difficile sonale deBeethoven, dont les qualités techniquessont extraordinaires, nous révéla alorsson âme de poèle, sa sensibililé humaine.Sous son toucher agile, les sons sc cou-vraient de fleurs, un sourire juvénile, unejoie printanière élail pal'toul dans l'écou-lemenl des lierces (éludes VI), grâce àune liaison sÛI'e, juste, constante desélemenls musicaux. Quelle âpre poésiecelle femme sul éveiller dans la XIII'"élude, avec le molif si simple, si expres-sif, loujours présenl el qui s'impose,lêlu, imporlun, à la sonorité fougueuse el .

    ,jeune des noles aigul's, les basses ren-

    Magdeleine DU CARP

    CHRONIQUE MUSICALE

    II pleuvail honorablemenl avec persis-tance. Comme il aurait l'ail bon entendrede chez soi la pluie elles taxis. On lessoupçonnail dans la nuil toute couvertcd'eau, pressés vers leurs buts di'verschargés de gens heureux, salisfails, elsuffisants en proportion des piétonsaperçus, ombres mobiles et désolées. Ilfaisait froid. La fatigue d'une quinzainesurchargée de bals, de chanls russes, deplaisirs de toutes sorteB,conseillait à chacun lerepos.

    On devait donc craindre.que Magdeleine Du Carpn'eul pas, eLde beaucoup,le nombreux public qu'elleméritait.

    A l'heure dile cepen-dant, on ne sail comment,les ombres mullipliées,anxieuses, pleines de désirsavaient pris leur place authéâtre municipal de Casa-blanca. L'al'lisle, à sonlour, parul, plus gracieuseque vigoureuse, plus aima-ble que vraimenl gaie,même un peu trisle, decelte lrislesse qui est laparure de la modestie. Onallendait donc celle jeunefemme un jeu pâle, frêle,doux, un rylhme ~ans dOI1-te alangui, aux artlles effa-cées.

    Mais écoulez, voiciqu'ellecommencela sonaleopus 110 de Beelhoven,œuvre magnifique, il estvrai, mais plus volonlairequ'inspirée, plus intelli-gente que fantaisiste, quecolorée,plus composée quemélodieuse. On n'y relrou-·ve peut-être pas là saveur, ni l'aisancedes sonales de la seconde manière, del'opus 57 oude l'opus53.Cependanl,I'oreil-le habituée, y découvre la voiedouleureusede Beethoven, à quel poinl il en est desa marche à l'élernelle silence. On suitla calme indifférence du premier mouve-ment où une joie vague circule, maisbientôl de noires doubles croches annon-cent l'arrivée de l'implacable incantationdu malhem. Il s'agil de vaincre nous ditl'arioso dolenle. Après de sombms re-prises, une sérénité fragile, toujoursmenacée par quelque endroit, s'exprimeen une fugue irrégulière, effort continu

  • de l'entendre, qui impose sa passion per-sonnelle. Tant pis aux sots qui se déro-

    bent à sa beauté, tant pis pour ceux qui

    ne s'émeuvent qu'à la liquéfaction de la

    musique.

    :\. ce moment du concert, Magdeleine

    Du Carp avait, je ne dirai pas cause ga-

    gnée, il y a longtemps que sa cause est

    gagnée et en Amérique et en Europe et

    que nous aussi l'admirons et l'aimons,

    mais n'avait plus la possibilité de nous

    décevoir.

    Aussi, la ronde de Roussel, l'auteur

    moderne du Festin de l'Araignée, au jeu

    compliqué, aux suites inallendues quela mémoire retient à peine, lecture pleine

    de surprises, marquee de difficulLés

    nombreuses, ne pouvait être un o},stacle

    à l'aisance technique de la virtuose, ni

    1'riana qu'Albeniz pensait impossible à

    jouer. - J'ai failli hier soir, disait-il à

    Manuel de Falla et à Hicardo Vines, j'ai

    failli détl'Uire les manuscrits d' lbéria,

    car je m'aperçois que mon œuvre est

    injouable, ni la Maja et le Rossignole de

    Granados, tl'Ois œuvres de mérite inégalsans doule, où l'on voit, pat'aH-il, dans

    1'rialla et la Maia les couleurs de l' Es-

    pagne et celles de Goya, on y entend,

    couverles d'une mulLitude de sons im-

    portuns et de dissonances al'rogantes,

    les mélodies populaires espagnoles.

    Mais où Magdeleine Du Carp triompha

    de nouveau, autant que dans la Polonaise

    et danscel'taines élmles de Chopin, ce

    fut dans la Danse rituelle du Feil de De

    Falla. Elle est extraite de l'Amour Sor-

    cier, ballet pantomime, composé pour

    une célèbre danseuse gitane espagnole:

    Pasterio Imperia. Ce n'est que sOl'cel-

    lerie, ce n'est que mystère, rien ne se

    passe que la nuil, une cave est le lieu de

    l'action. La gitane, Candelas, com me

    notr~ Carmen, veut, par des sortilèges,

    conna1:lre les destins, les joies et lesmisères qui, cachés dans l'avenir,

    Vers le lit de sa vigilance

    Procèdent muets et glacés.

    Les cartes, pal' une arith rnét ique sin-

    gulièt'e, par une vie éphémère, le lui di-l'Ont. Elle les anime donc, mais elles

    n'ont pas enCOl'e répondu qne, du monde

    du soleil, pénNre dans la cave «lIlle chan-

    son du chagrin d'amolli' ». Elle s'étend,

    elle enveloppe les pensées et les choses

    d'une tristesse sans espoir, quand appa-

    rail, venant, lui, du monde des morts,

    MAROC

    le spectre de son ancien amant. Que

    peut-elle danser, sinon:« la danse de lafrayeUt' » ? Efforts vains, l'apparition est

    . toujours là. Ni le mouvement ni la plainte

    ne l'émeuvent. Celle demi-obscurité, la

    présence de sa maîtresse, lui plaisent.

    Le feu sans doute, sera plus efficace?En effet, Candelas jette sur un brasero

    de l'encens, le parfum pénètre la nuit, à

    la lueur de la flamme, la femme volon-

    taire exécute« la danse rituelle du feu ".

    Magdeleine du Carp doit donc évoquet'

    à son tour, ces âmes tourmentées, cesces actions ténébreuses. Il ne suffit pas

    de jouer à la cadence voulue les notes

    indiquées. Il faut à la basse élargir lessons, en faire croîLre l' ombre mysté~

    rieuse et le feu sauveur; il faut qu'au

    milieu de cet effroi constant s'entendentles pas nus, frémissants, de la gitane

    habituée à vaincre, il faut que: les par-

    fums, les couleut's el les sons se ré·

    pondent.

    Comme Magdeleine du Carp anime le

    terrible drame, comme de celle musique

    magnifique, elle crée, déesse terrible,les spectres et les menaces, comme le jetde feu et sa couleur cuivrée tournentet bondissent, comme l'émoi amoureux,

    le mouvement autoritaire de la giLane

    nerveuse dominent, comme la victoireinconstante, allant du ciel aux enfers, de

    l'amour à la mort, ne sait où poser sespieds v~nérés.

    Nous n'avons plus le goût d'entendrealors Napolt. La virtuosité ne peut nous

    satisfaire. Ces noLes, qui accourent de

    tous côtés pour soutenir de leUt' bruit uneligne mélodique faible et presque vul-

    gaire ne peuvent plus suffire. Sans doute

    l'artiste donnera au mouvement une telle

    allure qu'il en jaillit'a comme une sorted'allégresse, mais qui ne résistera ni à la

    réflexion, ni au Lemps. Sitôt fini, sitôt

    oublié. Liszt a fait mieux et a souventété plus heureux.

    Le concert était fini. De magnifiquesfleurs furent offertes·à l'artiste. De longs

    applaudissements et personne ne se déci-

    dant à quiller sa place. Les ombres

    mouillées du début s'étaient illuminées,des mouvements nombreux les agilaient;

    elles ne se lassaient pas, par de menus

    gestes, d'exprimer leur désir incoerciblede musique.

    Alors, la majestueuse Heine des sons,pour apaiser ces ombres tumultueuses,

    fil entendre un schel'zo de lVIendelsohll etla Méplzisto- Vals de Liszt.

    Le concert, cèlle fois, était achevé. On

    retrouva la rue où la pluie ne tombait

    plus. La nuit n'éLait pas accueillante;mais chacun, consolé, s'en allait chez

    soi, bénissant Magdeleine du Carp delouange immortelle.

    Raoul DUPRÉ.

  • LA

    MAROC

    MODE

    Photo WIDE WORLD

    « Le temps a laissé son manleau de venl, dé froyJm'c et Jepluie » bientôt vont paraître avec leur attrait de chosesneuves et aussi, hélas! de fleurs défendues quant à leurprix, les collections des grands couturiers; et le IIIOt d'ol'dl'equi se chuchotait cet hivel', timidement, sous le manteau, vadevenir cel.te fois·( l'impératif catégorique» - oh combien? -auquel chacune de nous ne saurait. se dérobel'.

    Réjouissez-vDus, mânes de Rubens! après les mill':) ct. Ulfchangements des siècles révolus... , et du nôt.re, lïd(~al f(~lIlininredevient enfin celui qu'en de si cUl'ieux aphorismes l'OUS évo'-quâtes 1. ..

    « De la figure de la femme, il faut observer que lestraits ct. les c(mtoul's de ses museles, la ïaçon de sc posel', dc

    Phpto WIDf WORLO

    marcher, de s'asseoÎI', tons SèS mouvements, Ioule!'; scs adionssoient repl'ésentés de Inanière qu'on n'y apCl'(;oiI'C' rien quitienne de l'homme... quelle soit. enfin ronde (?) délicate et. sou-ple, entièrèment. opposée à la fOl'mc robuste et yil'ile »...

    Pins, en efret., de ces COl'p" taillés - scIon les lois d'une pl'étcn-duc esthétique \IIoder'fle - al'ec une hache d'abordage! plus desilhouettes ambignüs donl on n'aurait Sil dire si elles étaienthommes, felülllcs ...

    Des tùlonnemcnts de cet :mtollllw, des hésitations de ccthil'er se dégage un type J'émÏllin lJoveau dans son eXIJ1'cssionoù la beauté, se dérobant. à l'absolu de la ligne droite, s'anime,s'affine dans la transfig'Ul'aliou du visage allqupl on rpud (mlînunc vic iutense, lluUtlCée, spirituelle.

  • Subissant directement l'influence de cette nouvelle esthé-tique, la mode s'est renouvelée et a fixé, en ce qu'elles eurentde plus gracieux et de plus expressif, le souvenir des parures lesplus seyantes que la femme ait portées.

    Et en manière de spirituelle protestation, contre la note« sport" si longtemps la seule adoptée par l'élégante, à « touteheure du jour, quelque chose qu'elle fit ", la mode nouvelle afrappé d'interdit les lignes trop droites, les vêtements tropstricts, les coupes trop géométriques. Pas tuut a fait d'ail-leurs, car, dans son judicieux renouvellement elle laisse, à peupl'ès semblables à ce qu'elles furent dans leur ensemble, nostenues de sport ou du matin. Témoin ce simple et strict tailleurde Jane Regny, en tweed anglais très lin beige et blanc, avecblouse de crèpe de Chine jaune. La jupe droite, descend bienau dessous du genou; la veste à empiècement en pointe estsans col ni parements, la ceinture marquant très nettement lataille.

    Pour les heures de l'après midi ou du soir, ce ne sont quejupes longues et amples, corsages assez ajustés pour qu'à lamoindre flexion du buste, on puisse de\'iner l'emplacement dela taille, celle-ci définitivement revenue (je me plais à le sup-poser) à la place que lui donna le Créateur... comme disaitBernardin de Saint Pierre 1. Et puisque nous parlons du Créa""teur, laissez-moi le bénir, bénissf\z-le avec moi, de nous avoirdélivré à tout jamais - je le pense du moins - de ces robesd'après midi et du soir qui ressemblaient - ô horreur! - à unmaillot de bain en belle étoffe dans le bus duquel, on auraitcousu Ull volant!

    Cette mode nouvelle, toute faite d'exquise féminité, de rienscharmants nesemble-t-elle pas spécialement élaborée pour pa-

    MAROC

    rel' la jeunesse et la grâce? (Oui, dans les chroniques de mode,ça va ensemble ces deux mots-là .... pour nous consoler un peude leur divorce ailleurs.) Certes si, et elle me paraît, à cet effet,pleine des plus excellentes suggestions.... mais aussi des pires!La taille marquée à sa place, la jupe longue, la recherche dansles détails, voilà bien de quoi faire valoir la grâce charmantedes jeunes filles ou des très j.mnes femmes; mais quel doigté,quelle habileté ne faut-il pas aux couturiers... car la moindreexagération nuit à la simplicité qu'il importe de ne pas oublierou détruit le charme en alourdissant la juvénile silhouette.Souvenez vous, lectrices, des belles de :\fytens, de Miervelt, de Ve-lasquez, qui malgré l'attrait de leur sourire, avaient des airsde ... bastions inprenables... et admirons ensemble l'adresse deTollman dans cette ravissante robe de printemps en crèpe satinmarine. Sous le bolél'O, dont la vogue ira croissant (mais qui neconvient qu'aux jeunes tilles ou aux très jeunes femmes), unepetite blouse de linon bleu pâle est l'entrée dans la jupe trèsallongée sur les côtés, et dont l'ampleur, afin de ne pas alourdirla silhouette pal't seulement des hanches.

    Comme il se devait, un changement aussi complet dans laligne a entraîné une rénovation complète dans l'art de nouscoiffer. Le bonnet ajusté, emprisonnant la chevelure dont il nelaissait dépasser la mOllldre mèche (à croire que nous sOl.tionstoutes d'un hammam) Gst tillé rejoindre la robe du soir - cos-tume de baiu ainsi que le chapeau à mouvement de suroit oude bavolet.

    Les coiffures nouvelles, quelle que soit leur forme, seront enharmonie avec l'expression du visage, laissant à chacun son ori-

    ginalité propre. Les pailles plusou moins mélangées au feutre,ou ajourées seront toujours trèssouples pour donner aux coit1'uresdes lignes plus compliquées, plusseyantes. ücwis' nous propose cetrès nouveau chapeau de bengalenoir très souple encadrant délicieu-sement le visage. La calotte basse.les bords drapés de très près à latête, mais laissant dépasser les che-veux en mèches lloues, voilà ce quenous offriront sur cent thèmes diversles collections printannières.

    La plupart des pailles, classiquespailles exotiques comme le bengale,le hakou ou plus nouvelles comlllele bogata, sont mates et, à peu pl'ès.seuls, le panamalaque et la cello-phane sont brillants. S'il faut louersans réserves le changement apporlédans la ligne de uos chapeaux,lJourquoi faut-il qu'un regret viennese mêler à ces louanges ?... l'egretde voir, encore! le noir omnipré-sent !... surtout pour nous qui, plusque nos sœurs de la métropole,vivons dans l'incomparable éclat dela lumière, que viennent faire dans« un décor d'azur, de pourpre etd'or" la lug1Jbl'e monotonie du noir,les beiges mélancolique!>, les grisles plus anonymes? Laissons à d'au-tres plus occidenteaux, ces « cou-leurs de pauvres" si nous ne you-Ions pas sombrer « dans un mondeoù ne chantera plus la viVe chansonde la couleur ".

    Photo WIDE WORLD .JO.

  • Réflexions sur le droit pénal musulmanet le droit pénal ooutumier

    par M. Georges SURDONCommissaire du Gouvernement Chérifien

    près le Tribunal du Pacha de RabatMaître de conférence de Droit musulman

    et de Droit coutumier Berbèreà l'Institut des Hautes Études Marocaines

    (suite)

    On a l'impression très nelle, en lisantavec soin les coutumiers patiemment re-cueillis par messieurs Bendaoud et Mon-tagne, que les tolbas rédacteurs ont prisleurs désirs pour la réalité, C'est ain~ique, dans bien des coutumiers, aprèsavoir déclaré que tout ce que l'on allaitlire était conforme au Chraù, le rédac-teur nous donne froidement des disposi-tions en contradiction caractérisée avecles règles coraniques.

    Pour rétablir la coutume dans son as-pect réel, il faudrait l'éprendre ces cou-tumiers un à un et interl'Oger, en ber-bère, directement, ks « ineflass» quil'ont jadis élaboré. HOl'sla présence dutaleb qui leur faisait honte de leur man-que d'erthodoxie, ils diront, sans nuldoute, ce qu'était la coutume en payschleuh.

    L'arabisation de la coutume pénale esten effet tout à fait superficielle; lesdeux points marquants de celle influen-ce sont caractéristiques. On voit d'uncôté apparaître deux peines portant at-teinte à l'intégrité physique du coupa-ble et d'inspiration nellement arabe: l'é-nucléation des yeux et le talion. Onconstate par ailleurs que les co-jureursont tendance, par leur nombre qui se ré-duit à douze ( les douze témoins laW' dudroit musulman) et la défaveur qui en-toure le serment, à devenir de simplestémoins.

    Par contre, nous rencontrerons enpays chleuh, deux législations coutu-mières pénales, spéciales à ce groupeet quasi inconnues en pays lmaziren :Une législation de l'eau et lUle législa-des Il igoudar » ou magasins fOl'leressp-sà grains. Elles n'ont, et pour cause,SUbI aucune influence arabisante.

    Mais qu'il s'agisse du groupe lmazirenou du groupe chleuh, nous n'avons plusque fort peu de temps pour rechercheret fixer la coutume. Si, par une pruden-ce très légitime, nous n'avons pas donnéau pays berbère un statut légal qui per-mette de sauvegarder la coutume pouren assurer le respect conformément auxdispositions du dahir du onze septembre1914, il n'en existe pas moins qu'avecnotre avance en pays berbère et à la fa-veur de la paix que nous y faisons ré-gner, les tolbas et les fouqahas ont prisune influence qui n'a fait que s'accroîtreun peu tous les jours.

    Par ailleurs, c'est au caïd seul quenous avon