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QUI N°94 - Prix : 10 DA - France : 1 € Pp 19, 20 et 23 RETROUVEZ VOTRE CAHIER SPORTS [email protected] www.elwatan.com El Watan Vendredi 14 janvier 2011 PUBLICITÉ ILLUSTRATION : SAÂD Les Tunisiens veulent chasser Ben Ali Pages 6, 7 et 9 Week-end APRÈS LES ÉMEUTES PHOTO :SAMI K. PHOTO : H. LYÈS Pages 6, 7 et 9 PHOTO : H. LYÈS BARONS DE L'INFORMEL : 1 SOCIÉTÉ CIVILE : 0 VEUT LA PEAU DE REBRAB ? P 2 Pp 10-11

El-Watan 20110114

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QUI

N°94 - Prix : 10 DA - France : 1 €

Pp 19, 20 et 23

RETROUVEZ

VOTRE CAHIER

SPORTS

[email protected] www.elwatan.com

El Watan Vendredi 14 janvier 2011

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Les Tunisiens veulent chasser Ben Ali

Pages 6, 7 et 9

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El Watan Week-end - Vendredi 14 janvier 2011 7 JOURS2 El Watan Week-end - Vendredi 14 janvier 2011 7 JOURS 3

fort

fatigué

MUSTAPHA BENBADA

Ministre du Commerce

Le groupe agroalimentaire Cevital a été sommé, mercredi, par le ministère du Commerce de se conformer à l’accord conclu dimanche dernier avec les opérateurs économiques du sucre et de l’huile pour faire baisser les prix de ces deux produits. Le président du groupe, Issad Rebrab, a affirmé que Cevital a appliqué strictement l’accord. Ce groupe dérangerait-il les importateurs du sucre et de l’huile en appliquant la loi ?

ALGÉRIENS SOLIDAIRES

DES TUNISIENS

Malgré le climat d’émeutes en Algérie, plusieurs internautes algériens se sont mobilisés sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, etc.) pour soutenir la révolte en Tunisie. Messages de solidarité, médiatisation des informations et des vidéos : un formidable lien entre les deux jeunesses.

YOUCEF MERAHI

SG du Haut-Commissariat à l’amazighité

Dans un entretien accordé au quotidien La Dépêche de Kabylie, le secrétaire général du Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA), Youcef Merahi, a réitéré sa revendication d’institutionnaliser Yennayer comme fête légale et journée chômée et payée, au même titre que Awal Mouharram et le 1er janvier.

DAHO OULD KABLIA

Ministre de l’Intérieur

Le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, a considéré dimanche, dans un entretien avec l’AFP, que la récente période de violences était close, même si des incidents étaient encore signalés. «Nous considérons, de notre côté, que la page est tournée», a estimé le ministre après les dernières émeutes dans le pays. Drôle

d’optimisme.

Tout le monde en parle et chacun se pose la question : la simultanéité et la violence des émeutes sur tout le territoire national sont-elles le fruit d’un ras-le-bol national et contagieux ou de l’allumage de foyers, au même moment, dans différentes régions ? Comme pour octobre 1988, la problématique de l’origine, émeutes spontanées ou manipulation, a trouvé un large écho dans la société, de même qu’au sein du régime, qui se confond en explications contradictoires. En tout état de cause, les conditions de l’émeute étaient bien là, malaise social, nouvelle année sans horizons, pouvoir d’achat en baisse, harga, destructions de constructions illicites et problématique du logement, abus policiers, corruption e t chômage , au t i sme gouvernemental et absence d’ouverture politique et médiatique. Les Algériens peuvent-ils déclarer une émeute sans personne derrière ? Il semble que oui, les services de la gendarmerie ont officiellement dénombré pour l’année précédente 11 500 émeutes, manifestations publiques et autres rassemblements à travers le territoire national. Ce qui en dit long sur les capacités de la jeunesse à protester. Restent ces émeutes de ce janvier 2011, où plusieurs jeunes des quartiers ont dénoncé l’apparition de groupes indéterminés venus casser et saccager, et dans certaines localités, on a affirmé que des gens ont été payés pour «agresser» la population. Ce qui montrerait qu’il s’agit d’une véritable révolte qu’il fallait absolument faire déraper et passer pour un violent «chahut de gamins», ce qu’ont d’ailleurs fait l’ENTV et les médias officiels en ne montrant que des dégâts matériels, sur des biens publics et privés. Pourtant, au sein même du régime, les explications sont discordantes. Pour Abdelaziz Belkhadem, patron du FLN, il n’y a pas grand-chose, il ne croit «ni à un complot ni à une manipulation» mais juste à un mouvement de colère illégitime, qu’il a comparé à «une sortie de match» lorsqu’une équipe perd. Pour Miloud Chorfi,

porte-parole du RND, il a dénoncé «la provocation» et «les lobbies économiques», tout en expliquant qu’ils ont été «touchés par les mesures du gouvernement prises dans le cadre de l’organisation du marché et la protection de l’économie nationale». Autre son de cloche chez le MSP, pour Mohamed Djemaâ, porte-parole du parti, il s’agit de «la hausse des prix» qui a déclenché ce mouvement. Enfin, pour Louisa Hanoune, que l’on peut associer au camp officiel, le fauteur de troubles n’est autre que «Rebrab, le patron de Cevital», qui détient le quasi-monopole de l’importation du sucre et de l’huile. Trois partis de l’Alliance, trois versions différentes, à laquelle on peut ajouter celle du PT, Parti des travailleurs. Où est la vérité ? Quelles sont les réelles raisons de la révolte ? Cinq scénarii sont mis en avant. ■

Décryptage. De l’origine des émeutes

l’essentiel de la semaine Arrestation d’un journaliste et d’un dirigeant du MDS

Mustapha Benfodil et Hamid Ferhi, respectivement, journaliste au quotidien El Watan et membre dirigeant au sein du Mouvement démocratique et social (MDS), ont été interpellés dimanche par la police à Staouéli, lors d’un rassemblement de jeunes citoyens. Mustapha Benfodil a été relâché le jour même à 21 h. Quant à Hamid Ferhi en compagnie de ses deux fils, ils ont été relâchés mardi par le tribunal de Chéraga.

c’est le nombre d’écoles endommagées à travers le pays lors des dernières émeutes.

Le RCD ne pourra pas marcher à Alger mardi prochain. Le ministère de l’Intérieur «vient d’opposer, sans la moindre explication, un refus catégorique à la demande d’autorisation de marche du RCD», a indiqué hier le parti à TSA.

Le lourd bilan des émeutes

Le bilan du mouvement de protestation populaire, dans une vingtaine de wilayas du pays, a fait officiellement trois morts parmi les manifestants, plus de 800 blessés, dont 763 policiers, et plus de 1100 arrestations. Parmi les interpellés, figurent de nombreux mineurs

Des centaines de personnes ont participé, mercredi à Tizi Ouzou, à la marche à laquelle a appelé le Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK). A Béjaïa, près d’un millier d’étudiants ont marché, le même jour, pour tenter de «donner un sens politique» à la contestation populaire qui a ébranlé le pays. Aucun incident n’a émaillé ces manifestations.

D’anciens délégués du mouvement citoyen des archs ont organisé, mercredi, un meeting à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, devant plusieurs centaines de personnes. Les animateurs ont lancé un appel à tous les anciens délégués des archs, dont Belaïd Abrika, pour la réunification des rangs en plaçant l’intérêt suprême de la plateforme d’El Kseur au-dessus de toute autre considération.

Manifestations en Kabylie

Otage : manif’ géante

à M’chedallah

Jeudi 13 janvier. Il est 10h. Des marées humaines déferlaient sur la localité Ath Vouaklan, commune de M’chedallah, une cinquantaine de kilomètres à l’est de Bouira. Tout ce monde est venu participer à la marche populaire pour exiger la libération inconditionnelle et immédiate du jeune Ahmanache Toufik, 35 ans, enlevé le 6 janvier dernier près de chez lui à M’chedallah. Ainsi, ces personnes sont aussi venues pour dénoncer le phénomène de kidnapping qui défraie la chronique ces derniers mois en Kabylie. Le boulevard qui mène depuis la localité Ath Vouaklan jusqu’au chef-lieu communal grouillait de monde. Certains estiment à 10 000 personnes le nombre de marcheurs. Les élus locaux de toute la région ont répondu à l’appel qui a été lancé, lundi dernier, par le comité populaire de crise mis en place suite à cette affaire de l’enlèvement. Les deux parlementaires de la région, Ali Brahimi et Dalila Saoudi, ont également participé à cette marche de mobilisation. «Libérez Toufik», scandait la foule à l’adresse des ravisseurs dont l’identité n’a pas encore été connue. Le vaste boulevard s’avérait trop étroit pour contenir les milliers de personnes qui sont venues de toutes les communes et localités de la daïra de M’chedallah, ainsi que d’autres communes de la wilaya. «Dorénavant, les populations dans tous les villages doivent faire très attention. Il ne faut pas baisser la garde. La vigilance doit être renforcée pour que ces actes ne se reproduisent plus», appelait un organisateur à l’aide d’un mégaphone le long de la marche. Après quelques dizaines de minutes, la foule a atteint la placette située devant le siège de l’APC. A l’aide du haut-parleur de la mosquée juxtaposant la mairie de M’chedallah, la voix du responsable du comité populaire de crise, qui est de la famille de l’otage, a exigé des ravisseurs la libération immédiate de Toufik. «Nous demandons des ravisseurs de relâcher notre fils Toufik», tonnait la voix du haut du minaret. Le responsable du comité de crise a également appelé la population à se mobiliser pour retrouver l’otage. Les autorités ont été aussi interpellées afin de mettre tous les moyens possibles pour mettre fin au calvaire de la famille de la victime. La foule s’est dispersée dans le calme. Il est à préciser par ailleurs qu’aucune rançon n’a été demandée par les ravisseurs jusqu’à présent.

Ali Cherarak

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Alger : un rassemblement citoyen à la place du 1er Mai

Place du 1er Mai, 12h30, plusieurs petits groupes de jeunes tournent autour de l’horloge face à l’entrée de l’hôpital Mustapha Pacha. Ils se regardent, se guettent avant de s’identifier. Ils ne se connaissent pas mais ils ont tous répondus à l’appel d’un rassemblement pacifique lancé sur facebook. Objectif de la manifestation : exiger le changement, la liberté, l’ouverture et le respect. 13h30, plus d’une cinquantaine de personnes se réunissent autour de quelques drapeaux. Le rassemblement a, à peine, le temps de s’organiser, qu’un officier de la police vient disperser la foule. D’ un ton ferme et intransigeant, il lance : «Vous n’avez rien à faire ici, les rassemblements sont interdits, dispersez-vous.» Un participant lui explique que ce rassemblement est pacifique et qu’aucun débordement n’aura lieu. L’officier s’emporte et tente de lui arracher le drapeau des mains. Usant d’un peu d’humour, le manifestant retient le drapeau et tente de négocier dans le calme. L’officier s’emporte. Une dame arrache le drapeau et crie de colère que ce drapeau est le sien et qu’il n’a pas à le saisir de force. L’officier hausse le ton quelques secondes puis finit par se résigner. Le moment de contestation commence alors. Les jeunes s’assoient et se mettent à scander : «Vous ne voulez pas des casseurs, nous on vient s’exprimer pacifiquement», «Nous voulons du changement », « Une Algérie libre ». Le rassemblement prend de l’ampleur, ils sont un peu plus d’une centaine à crier : «Djazair horra dimokratya» («Algérie libre et démocratique»). Les policiers s’énervent et traînent violemment un jeune. Des cris d’indignation viennent renforcer le mouvement de solidarité. Les slogans se précisent alors : «La soucor la zite nehiwelna el parasites !» («ni sucre ni huile, éliminez juste les parasites»). Le cordon sécuritaire prend ses distances. Le rassemblement atteint son apogée avec quelques moments de silence, entrecoupés de youyous et d’autres slogans : «Rendez-nous notre liberté », «Hommage aux émeutiers tués ». Après un bref discours d’un des initiateurs du rassemblement, le sit-in est levé. Pendant que les manifestants se dispersent, un impressionnant cortège de blindés antiémeute, sirènes hurlantes, envahit la place du 1er Mai, semant le trouble dans la circulation routière. La bastonnade a, cependant, été évitée in extremis. Fella Bouredji

Bouira : «Libérez nos enfants !»

Profitant de la célébration de Yennayer 2961, des délégués de la Coordination des comités citoyens de la wilaya de Bouira (CCCWB) ont organisé, mercredi dernier, au niveau de la place publique un meeting populaire. Les animateurs de la CCCWB exigent des pouvoirs publics la libération immédiate des détenus, tout en les enjoignant d’annuler les poursuites judiciaires contre ces jeunes. Les délégués de Bouira, pour leur part, ont dénoncé l’interpellation par la police du reporter d’El Watan, Mustapha Benfodil, et demandent par la même la libération du militant du MDS, Hamid Ferhi, arrêté à Staouéli. Amar Fedjkhi

Chlef : le jeune immigré ne verra plus son père

Double drame pour la famille Belkebir. Le fils Azzedine a été écroué à Chlef, après les derniers événements qu’a connus le pays, et son père est décédé peu après chez lui, à Alger, en apprenant la nouvelle de l’incarcération de son fils. C’est ce qu’on a appris, hier, par leurs proches à Chlef. Le jeune Azzedine, incarcéré à la prison de Chlef depuis samedi dernier, n’a pu assister à l’enterrement de son père, qui devait avoir lieu hier à Alger où réside sa famille. Rappelons que Azzedine est un jeune émigré installé en Espagne. Il s’était déplacé à Chlef pour rendre visite à sa sœur. Il a été arrêté en compagnie de son beau-frère à proximité de la radio locale. On lui reprocherait une tentative de jets de pierres sur cette station, alors que le jeune en question a rejeté catégoriquement cette accusation, selon ses proches. Il s’apprêtait, nous dit-on, à rejoindre le domicile de sa belle-famille, en compagnie de son beau-frère. Rappelons que 23 jeunes issus des communes voisines de Chlef et de Chettia ont été écroués samedi dernier. A. Yechkour

La LADDH signale la disparition d’un jeune

«Une famille est à la recherche de son fils, Lamali Mustapha, dont elle n’a plus de nouvelles depuis son interpellation par la police le soir du samedi 8 janvier 2011», a rapporté, hier, un communiqué de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH). Le jeune Mustapha, âgé de 25 ans, a été arrêté par des policiers directement au domicile familial se trouvant dans un quartier près du cimetière d’El Alia, à El Harrach, à l’est d’Alger. Le jeune homme, selon la LADDH, a été interpellé avec son jeune frère âgé de 18 ans. Ce dernier a été relâché tard dans la nuit. D’après sa mère, «le jeune frère aurait été tabassé au commissariat et refusé d’aller à l’hôpital par peur. Les policiers étaient à la recherche d’une troisième personne qui serait connue de leurs services», peut-on lire dans le communiqué. La LADDH affirme s’inquiéter du sort de Lamali Mustapha et se mobilise, en ce moment, pour le localiser. L. T.

A qui profite la destruction des groupes industriels algériens ?

Cevital n’a pas le droit de baisser les prix. Même si le groupe industriel de Issad Rebrab se retrouve dans ses comptes, il ne peut pas offrir aux consommateurs algé-riens du sucre et des huiles moins cher. C’est, paraît-il, la loi. C’est là, également, la lo-gique d’un Etat qui a complè-tement failli à réguler le mar-ché et qui reprend des réflexes autoritaires. Au lieu de s’atta-quer aux importateurs et aux grossistes, qui foulent aux pieds loi et règlements, le gouvernement cible les créa-teurs de richesses. Un gou-vernement tellement aveugle qu’il n’arrive pas à voir que le monopole n’est pas dans la production mais dans l’im-portation. Qui importe le su-cre roux ou blanc ? Et qui sont les grossistes dominant le marché ? Le ministère du Commerce, qui donne des si-gnes inquiétants d’amateu-risme, a-t-il les moyens de contrôler les grossistes et les importateurs ? Peut-il les obliger à respecter l’usage de la facture comme le veut la loi qu’il prétend appliquer ?

LOGIQUE DE L’À-PEU-PRÈS«La notification adressée à Cevital est une procédure administrative dont le but est d’obtenir des éclaircisse-ments de la part du groupe agroalimentaire concernant les nouveaux prix qu’il prati-que sur le sucre et l’huile», a dit le ministre, Mustapha Benbada. Devant l’opinion publique, le gouvernement s’est mis à nu. Si des produc-teurs sont capables d’offrir un kilo de sucre à moins de 90 DA pourquoi les en empê-cher ? A écouter les officiels, qui meublent les ondes de la télévision et de la radio étati-ques dans un discours à sens unique, le prix de 90 DA le kilo de sucre est parfait. Ce n’est pas l’avis des ménages. Ce prix est élevé par rapport au pouvoir érodé par l’infla-tion. Idem pour celui de la bonbonne de cinq litres d’huile. Les prix des pro-duits, composés d’huile ou de sucre, comme les biscuits ou les chocolats, ont égale-ment augmenté. Mais là, le gouvernement n’a rien vu. Aucun rappel à l’ordre. L’Al-gérie est probablement le seul pays au monde qui «in-terdit» aux privés de vendre à

perte. Comme si l’économie algérienne, pilotée par la lo-gique de l’à-peu-près, ne fonctionnait pas, à plusieurs niveaux, à perte. Des man-ques à gagner chiffrés en milliards de dinars. Il n’y a qu’à citer l’exemple de la gi-gantesque évasion fiscale que le gouvernement n’arrive pas à quantifier. Un gouverne-ment, qui, malgré ses appa-reils sécuritaires, est incapa-ble de mettre fin à l’informel ou de tracer les fonds détour-nés vers l’étranger. L’échec, aujourd’hui largement établi, des réformes bancaires peut être traduit par «une volonté politique» de ne pas secouer les palais de la spéculation ni de troubler ceux qui vivent «à l’ombre» du système.

GESTION POLITISÉEIl en est de même pour l’inexistence de bureaux de change. L’absence d’un im-pôt sur les grosses fortunes est une autre illustration de cette tendance endémique dans la gestion «politisée» de l’économie du pays. Le har-cèlement que subit aujourd’hui le groupe algé-rien Cevital, sous prétexte de lutte contre «le monopole», pour reprendre l’expression comique actuel, semble ré-pondre à une action concertée pour mettre au pas l’industriel algérien, en faire une exem-ple pour que le royaume de l’importation soit rassuré. Les médias étatiques, radio, télévision et APS, se sont mis en ordre de marche pour atta-quer Cevital, interdisant à Is-sad Rebrab toute possibilité de défense. Sauf qu’en agis-sant de la sorte, Issad Rebrab est aujourd’hui apprécié au niveau populaire pour la sim-ple raison qu’auprès de l’opi-nion nationale, il passe pour un industriel qui a voulu of-frir du sucre et de l’huile moins chers aux Algériens et que le gouvernement l’a em-pêché de le faire ! Voilà à quoi peut aboutir la communica-

tion stalinienne de ceux qui n’ont rien compris aux aver-tissements lancés dernière-ment par la rue algérienne. Le Parti des travailleurs, qui a cessé d’être un parti d’oppo-sition, et l’UGTA, qui, contrairement à son homolo-gue tunisienne, l’UGTT, a choisi de se ranger du côté des autorités, se sont curieu-sement «réunis» pour s’atta-quer «au monopole destruc-teur de certains opérateurs privés qui fragilisent le tissu social».

POSITION À LA CARTELe PT et l’UGTA ont évoqué «les actes de spéculation» donnant l’impression de ne s’attaquer qu’à Cevital, un groupe qui compte des mil-liers de salariés, et d’oublier les importateurs. Cette posi-tion «à la carte» banalise da-vantage un parti et un syndi-cat qui, hier, étaient quelque peu crédibles et qui ne sont devenus que des amplifica-teurs du discours dominant d’aujourd’hui. Un petit bilan de ces dix dernières suffit à montrer que l’Algérie est de-venue un cimetière immense pour ses groupes industriels. Il n’y avait aucune raison pour détruire le groupe Kha-lifa même si son patron était impliqué dans des malversa-tions. Les pays avancés pour-suivent en justice les patrons coupables d’actes de gestion contraires à la loi mais main-tiennent en vie les entreprises dont ils étaient responsables pour ne pas perdre les em-plois ou les parts de marché. Après Khalifa, les pouvoirs publics ont mis à genoux les groupes Tonic et Blanky. Qu’ont-ils gagné en contre-partie ? Rien. Sauf des chô-meurs en plus. Pour conclure, les autorités algériennes sem-blent agir contre l’intérêt na-tional. C’est peut-être la seule façon de comprendre cette tentation de vouloir casser les ressorts les plus efficaces de l’économie du pays. ■

L’acquisition de Djezzy par l’Etat algérien sera accompagnée par le cabinet Sherman & Sterling LLP France, dont l’expertise devrait permettre de déterminer, dans un délai de trois mois environ, la valeur de l’entreprise de téléphonie mobile Orascom Télécom Algérie (OTA). La procédure avait été initiée par le gouvernement en novembre 2010 en vue de déterminer la valeur d’OTA et de mettre fin à la surenchère.

L’évaluation de Djezzy confiée à Sherman & Sterling

Le retour des archs ?

Fayçal Mé[email protected]

Chawki [email protected]

Votre avis sur elwatan.com

◗ Scénario 1

L’AUGMENTATION DES PRIX DES PRODUITS ALIMENTAIRES DE BASELe dysfonctionnement des chaînes de distribution a déréglé la machine alimentaire. En ce début d’année, le gouvernement a décidé d’en finir avec l’informel et a obligé tous les grossistes à facturer leurs opérations. Résultat, des grossistes et des revendeurs ont arrêté leurs transactions, la plupart n’ayant même pas de registre du commerce. A Semmar, quartier d’Alger qui rassemble la majorité des grossistes, l’activité a considérablement ralenti, et du fait de la rareté des produits, les prix ont flambé et tout le monde s’est révolté, quartier par quartier, ville par ville. Par contagion, comme une traînée de poudre. En sucre.

◗ Scénario 2

LA GUERRE CONTRE L’INFORMELEn ce début d’année, un ordre donné à tous les walis du pays d’en finir avec les constructions illicites et les vendeurs à la sauvette. Impératif, détruire les premières sans avis et déloger les seconds sans négociation. Comme à Oued Ouchayeh et Baraki, où les émeutiers ont affronté les forces de sécurité pendant des jours avant même le déclenchement de la protestation à l’échelle nationale, le même scénario s’est déroulé la semaine dernière à Bab El Oued, où une rumeur a fait état d’une descente de police pour évacuer tous les étalages sauvages. Il n’en fallait pas plus aux jeunes pour s’en prendre aux policiers par «guerre préventive». D’ailleurs, les émeutes ont commencé par de longs affrontements entre les policiers et les jeunes, et à Bab El Oued, c’est le commissariat du quartier qui a été la première cible, bien avant le dérapage global, où tout le monde s’en est pris à tout.

◗ Scénario 3

UNE VÉRITABLE RÉVOLTE POPULAIREPlusieurs facteurs étaient déjà là pour déclencher une émeute à caractère national. En ce début d’année, la population a réalisé que rien n’avait changé dans leurs conditions socioéconomiques, toutes les promesses gouvernementales n’ayant eu aucun effet sur la réalité, baisse du pouvoir d’achat, chômage, crise du logement et corruption à tous les étages, tout comme l’absence de canaux d’expression et d’espace de débats, dans un pays totalement verrouillé, où chacun sait que l’Etat dispose de moyens financiers considérables très mal répartis. Il a suffi d’une goutte pour faire déborder le vase. Hausse des prix et abus d’autorité ont mis le feu aux poudres.

◗ Scénario 4

UNE GUERRE ENTRE LA PRÉSIDENCE ET LES SERVICESC’est le scénario préféré du paranoïaque algérien. Déjà présente d’ailleurs pour les émeutes d’Octobre 1988, la thèse d’une guerre larvée entre les institutions les plus puissantes en Algérie expliquerait le déclenchement de ces émeutes à caractère national. Ce n’est un secret pour personne que le président Bouteflika, après avoir évincé le général-major Lamari, tente depuis des années de déloger le général de corps d’armée Toufik, ou de le mettre gentiment à la retraite. Ce n’est pas non plus un secret que le général Toufik aurait l’idée de passer rapidement à l’ère post-Bouteflika, très irrité par les tentatives acharnées de succession de son frère. Le général ayant la main sur tout ce qui se passe en Algérie, des comités de quartier aux lobbies économiques alimentaires, il aurait déclenché des émeutes, ras-le-bol social aidant. Cette thèse a l’avantage d’être étayée a posteriori, comme dans les bons romans policiers. A qui ne profite pas le crime ? Le principal perdant de ces émeutes est le président Bouteflika, premier responsable de la politique actuelle. Et donc des émeutes.

◗ Scénario 5

LES LOBBIES ÉCONOMIQUESPlusieurs personnalités officielles ont soulevé cette thèse. Devant les tentatives du gouvernement de réorganiser l’économie et de juguler l’informel, les lobbies économiques qui agissent dans les mondes parallèles de la finance se sont rebellés, par jeunesse interposée, en allumant le feu. Quand on sait que l’économie informelle pèse des milliards de dollars, contrôlée par de puissants opérateurs qui ont un pied dans l’Etat et une main dans la rue, cette explication tient la route, du fait de la nature féodale des circuits économiques ; tout le monde le sait, quand on a de l’argent en Algérie, on peut tout faire, même déclencher une émeute. Là encore, à qui profite le crime ? Aux importateurs, dont les taxes ont été supprimées, et aux opérateurs illégaux, dont les transactions vont être grandement facilitées, avec ou sans papiers, au noir ou au blanc, pour calmer les tensions sur les produits alimentaires. Quel est le bon scénario ? L’un d’eux, peut-être tous en même temps, peut-être aucun d’entre eux. Il ne faut pas attendre les gouvernants, aveugles et autistes, secrets et paranoïaques pour apporter des éclaircissement à une population désemparée. Chacun se doit de se faire une opinion.

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Une semaine durant, le pays a vécu au rythme

de la colère d’une jeunesse désespérée

Sidi Bel Abbès : procès des émeutiers cette semaine

Le procès des jeunes interpellés lors des émeutes qui ont secoué les localités de Sidi Bel Abbès et Sidi Lahcen est prévu à partir du 17 janvier prochain, selon des avocats interrogés hier. Après trois jours de violentes émeutes, les arrestations parmi les jeunes se comptent par dizaines. Le dernier bilan dressé par les services de police fait état de 141 arrestations et de 129 personnes déférées devant le parquet. Jusqu’à mardi soir, 69 jeunes ont été placés sous mandat de dépôt, 35 sous contrôle judiciaire alors que 32 autres ont bénéficié de la liberté provisoire. La violence des émeutes a non seulement donné lieu à une grande confusion mais à des «arrestations arbitraires», selon des parents de détenus. Selon leurs déclarations, plusieurs personnes interpellées ont été «tabassées» et «maltraitées» dans les commissariats de police. M. Abdelkrim

Pas de marche pour le RCD

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Dans la tête d’un

Samir, 29 ans, vient d’échapper à une énième course-poursuite avec des policiers sur les hauteurs d’Alger. «Oui, j’ai cassé, j’ai brûlé, j’ai caillassé», lance-t-il en un souffle chargé de relents de whisky bon marché. «Mais tout ça – il exhibe sa cicatrice puis son abri de fortune – c’est le consulat, mon frère, c’est le consulat !» Depuis plus de trois jours, Samir et ses copains d’un quartier populaire perché sur une des collines d’Alger n’ont quasiment pas dormi. Ces jeunes de 25 à 30 ans ont fait éclaté leur colère – «Non ! notre désespoir», corrige Samir – lors des dernières émeutes. «Nous vivons à huit dans un deux pièces-cuisine. On nous promet le relogement depuis dix ans. J’ai travaillé comme agent de sécurité dans une boîte privée, pour un salaire de 15 000 DA. Qu’est-ce que je vais faire avec cette somme ? Quand je rentre le soir, je ne trouve pour dîner que des œufs

bouillis, et si mon grand frère veut se marier, il n’a qu’à construire une baraque dans un bidonville avec le risque d’une démolition express ! J’arrive même pas regarder mon père dans les yeux tellement il a honte de sa situation : ancien employé d’une entreprise publique, il touche pour sa retraite 9000 DA ! Il ne peut plus être l’homme de la maison», constate-t-il amèrement. «Mes frères tentent d’arrondir leurs fins de mois en vendant à la sauvette, mais la houkouma viennent d’interdire d’lala. Alors moi je pète les plombs, je vois que d’autres jeunes vivent mieux parce que ce sont les fils d’un tel ou d’un tel. Ça, je ne peux pas le supporter, je veux partir, loin, très loin.» Samir allume en tremblant une cigarette et se tient la tête. «C’est le consulat, c’est le consulat», répète-t-il frénétiquement en écrasant sa cigarette. «L’été dernier, j’ai tenté la harga à partir de

la Turquie pour joindre la Grèce. J’avais économisé en me privant de tout durant une année. Mais je me suis fait arrêter en Turquie et, en prison, ils nous ont tabassés. Les clandestins tunisiens et libyens ont été sauvés par leur consulat qui les a libérés et leur a payé le billet de retour. On a alors appelé notre consulat en Turquie. Il nous ont répondu : «Parce que c’est nous qui t’avons ramené ici ?!» Ils nous ont lâchés ! Mon pays m’a lâché. Je n’ai pu fuir l’enfer de cette prison qu’en me débrouillant grâce à des compatriotes à Istanbul. Je suis alors rentré, en perdant tout ce que j’avais économisé. Et là, je n’ai rien, mais vraiment rien à perdre. Ils nous ont lâchés ici, ils nous lâchent à l’étranger, ils ne veulent pas de nous.» Il regarde autour de lui comme si les policiers allaient, là, tout de suite débarquer, mais la colère est plus forte que sa paranoïa

dopée au whisky : «Alors oui, je casse, je caillasse… Là, dehors, ils me cherchent, il paraît qu’on a été filmés en train de piller la caisse du concessionnaire auto… Moi je n’ai pris que 40 000 DA. J’ai acheté un téléphone portable et une bouteille de whisky pour tromper la fatigue…» Samir reprend son souffle et la cicatrice enfle avec la lourde respiration. «Avec l’argent du casse, je vais vous dire à tous salam alikoum, au revoir, je retente une autre harga et je vous laisse l’Algérie.» D’un geste de la main, il fait un signe d’au revoir et lâche, au fond de cette cave d’immeuble puant l’urine et la colère : «De retour de Turquie, j’ai essayé de me pendre, mais je me suis raté. Même la mort ne veut pas de moi.» Adlène Meddi

Ils sont quatre, adossés à un mur du quartier Haï Ali Amar, dit «Château». Leurs regards sont suspicieux et méfiants. Adel, casquette sur la tête assombrissant un visage pâle, est le seul à être assis, sur une brique. Son regard, à lui, est moins sceptique. Il n’a pas peur de parler. Vingt-huit ans, habitant du quartier, Adel est fier d’avoir participé aux émeutes qui ont soulevé la localité de Fouka la semaine dernière. Signe particulier : Adel n’est pas chômeur et avoue même très bien s’en sortir. Il n’a jamais signé de contrat de sa vie mais il multiplie les activités : manœuvre, chauffeur, revendeur, entre autres : «Pour être franc, je ne suis pas dans le besoin, et j’active très bien pour boucler mes fin de mois.» Adel se démarque des autres jeunes du quartier, dans leur majorité chômeurs, tourmentés par l’absence de perspectives et la pauvreté, il a été pourtant un des leaders du mouvement de contestation. «Si je suis sorti dans la rue, c’est parce que je ne supporte pas l’injustice et la mal-vie des gens de Fouka», explique-t-il. Le prix du sucre et de l’huile ne l’intéresse pas. Il préfère parler de l’indifférence des autorités locales, même s’il précise fermement qu’il ne veut pas faire de politique. Un de ses amis rejoint la conversation : «Sur ce même mur, on a écrit tous nos slogans, ils l’ont repeint le lendemain, comme quoi quand ils veulent repeindre les murs, les moyens ne manquent pas!» Adel reprend : «Grâce à ces émeutes, on a réussi à transmettre notre message, on existe ;

nous sommes nous aussi capables d’user de la force ! On a affronté la police jusqu’à ce qu’elle renonce, on a même réussi à contourner les deux blindés antiémeute appelés «Moustache» dont l’un d’eux a failli prendre feu. Quand les brigades se sont retirées, on a chanté, on a crié, on s’est défoulé». C’est donc plus une rage de vivre qu’une question de sucre et d’huile ? «Oui ! Et nous ne sommes pas des vandales. On a pensé à tous», répond-t-il. «On a pas brûlé la poste pour que l’argent de nos parents ne parte pas

en fumée, on ne s’en est pas pris à la mairie pour ne pas perdre nos papiers. On a juste ciblé les symboles de l’Etat. Quoi de mieux que les bus de Ouyahia qu’on a brûlés avec joie ?» ajoute-t-il. Il en n’a apparemment pas assez dit mais s’arrête là. Il se retourne vers ses amis pour se joindre à leur discussion. Ils parlent d’un de leurs amis de Douaouda, Amine, dont le

petit frère a été arrêté lors des émeutes. «Il a acheté du kiff et s’est arrangé pour se faire arrêter par la police et rejoindre son petit frère en prison… pour le protéger», confie l’un d’entre eux. Fella Bouredji

SAMIR, 29 ans. Fugitif Je n’arrive même pas regarder mon père dans les yeux

ACHOUR, 39 ans. Vendeur de chaussure dans la rueSi ce pouvoir ne veut pas de nous,

il n’a qu’à le direAchour s’agite dès qu’on lui demande de revenir sur ce qu’il a vécu le mercredi 5 janvier dans son quartier de Bab El Oued. Il a les mains qui vont dans tous les sens et le visage qui s’empourpre de colère. A 39 ans, il partage un trois-pièces en compagnie de douze de ses frères et sœurs. Alors, quand ça a commencé à chauffer dans le quartier des Trois-Horloges, il a rangé son étal de vente de chaussures et rejoint les émeutiers pour harceler les policiers du 5e arrondissement, jusqu’à 1h du matin, un foulard autour du visage pour se protéger des gaz lacrymogènes. «Je leur ai balancé tout ce que j’ai pu trouver sous la main. J’avais la rage. C’est des hagarine. Il faut que ce pouvoir nous dise ce qu’il attend de nous. Quand on veut partir, on nous met en prison. Si

on vend, on se fait saisir la marchandise. Qu’est-ce qu’ils veulent ? Qu’on vole ? Qu’on se drogue ? Qu’on tue ?» lâche-t-il. Il refuse qu’on ramène les dernières émeutes à une histoire d’huile et de sucre. Pour lui, le

problème est ailleurs. Il est dans la revendication d’une population d’un meilleur partage des richesses du pays. «Ils se trompent s’ils croient qu’il suffit de baisser le prix de l’huile et du

sucre pour régler le problème. On veut avoir notre part du gâteau. Une partie des 150 milliards qui dorment dans les caisses de l’Etat.» Avant d’ajouter : «Ils disent qu’on ne veut pas travailler, qu’on est des feignants. C’est faux. Moi, j’installe ma marchandise à 7h et je remballe à 23h. Je travaille douze heures par jour comme les Chinois !» Achour a repris depuis trois jours sa place habituelle à l’ex-place Jean Jaurès, convaincu que le calme précaire qui règne dans le quartier peut s’embraser à tout moment si le pouvoir continue à ignorer les revendications des gens. «Si ce pouvoir ne veut pas de nous, il n’a qu’à le dire. Qu’il nous expulse vers un autre pays. On est prêts à lui laisser celui-ci.»

Salim Mesbah

«Hors-la-loi», «en fracture totale par rapport à la société», «nihiliste» : c’est ce que pense le ministre de l’Intérieur des émeutiers. Même certains médias donnent dans les «voleurs» et les «casseurs violents». El Watan Week-end a donné la parole à ces jeunes stigmatisés. Ecoutons-les.

HALIM, 24 ans. Etudiant à l’INPS, émeutier de Kahwat Chergui

Ma lettre à Daho Ould Kablia

De retour de Turquie, j’ai essayé de me pendre, mais je

me suis raté. Même la mort ne veut pas de moi.

Ils disent qu’on ne veut pas travailler, qu’on

est des feignants. C’est faux. Moi, j’installe ma marchandise à 7h et je

remballe à 23h.

On a affronté la police jusqu’à ce qu’elle

renonce, on a même réussi à contourner les

deux blindés antiémeute.

ADEL, 28 ans. Leader du mouvement de FoukaNous ne sommes pas des vandales

WALID, 23 ans. ChômeurLe gouvernement nous traite

comme des chiens«Mon vécu est plus lourd que ce que peuvent porter mes 23 années de vie, d’horreur. Ma vie est un malheur !» Ce ne sont pas les propos d’un condamné à mort mais c’est un cri qui sort d’une gorge nouée d’un… jeune Algérien. Enfant d’un vieux quartier d’Alger, Walid ne garde pas de souvenirs d’enfance, car, comme il l’assure, «il ne l’a jamais connue». L’aîné d’une fratrie de cinq enfants, Walid quitte l’école très jeune pour travailler et aider son père. «Mon père est salarié dans une société publique. Il arrive difficilement à nourrir toute la famille», raconte-t-il. Le jeune Algérois est obligé de travailler à un âge précoce. Il fait du commerce informel son gagne-pain. «Je vends tout ce qui me tombe sous la main : vêtements, chaussures, nourriture… L’essentiel pour moi est de parvenir à satisfaire mes petits frères et sœurs.» Ces derniers ont tous quitté l’école excepté la plus jeune. Nerveux, il ne peut finir une phrase sans passer à un autre sujet. Il sourit, rougit et hausse le ton : «Même si je n’ai pas percé

dans les études, je peux travailler car je suis intelligent et je sais faire beaucoup de choses, mais le gouvernement nous traite comme des chiens, nous les jeunes !» Vivant dans un appartement F4 avec 21 membres de sa famille, Walid reconnaît

passer la grande partie de son temps dehors. «Lorsque je rentre à la maison vers 2h du matin, il m’arrive de marcher sur mes petits frères, dans le noir. S’ils se réveillent et commencent à se plaindre, je claque la porte et je ressors en colère pour passer encore quelques heures dans le quartier», raconte-t-il comme pour justifier le périple judiciaire qu’il endure depuis l’âge de 17 ans. Ayant fait la prison de Serkadji deux fois, Walid en garde de mauvais souvenirs. «En prison, on n’apprend pas de bonnes choses. Au contraire, on devient plus violent. J’ai fait l’objet de torture, j’ai partagé une cellule avec un condamné à mort et j’ai rencontré des gens infréquentables», se souvient le jeune homme. «Si on m’avait donné l’occasion de travailler, je n’aurais pas récidivé, mais le chômage m’a fait rater la vie.» Walid, qui ne recule devant rien pour sortir la tête de l’eau, a essayé de traverser la mer à bord d’une barque de fortune mais les policiers ont avorté la tentative d’immigration. A la question de savoir quelle est sa vision du pays et de son avenir, le jeune ébauche un sourire et lance avec un regard insistant : «L’Algérie ne changera pas et les jeunes n’ont plus d’espoir dans ce pays, ils ne cherchent qu’à planer avec n’importe quel moyen, même au prix de leur vie.» Lamia Tagzout

Si on m’avait donné l’occasion de travailler, je n’aurais pas récidivé, mais le chômage m’a fait rater la vie.

PH

OTO

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Certains sont au chômage,

d’autres travaillent. Tous en

ont marre de la vie qu’ils

mènent.

«De quels voyages parlez-vous monsieur Daho Ould Kablia ? Des heures que passent les étudiants dans les bouchons d’Alger chaque matin ? Alors qu’à l’institut où j’étudie (institut des statistiques de Ben Aknoun), des étudiants de ma classe arrivent en Audi A4, la musique à fond. Non, monsieur

le ministre, nous ne sommes pas des casseurs ni des pilleurs. Nous sommes

sortis, en solidarité avec le reste du peuple algérien, dans la rue pour exprimer notre rage, notre soif de liberté, de justice et de plus d’équité sociale. La police nous a provoqués et a sorti la matraque. Pourtant, nous n’avons fait que marcher et scander des slogans contre l’ordre établi. Je peux vous assurer, monsieur le ministre, que mes amis et moi n’avons que crié à l’injustice, à la corruption, au chômage et à la cherté de la vie. Nous sommes victimes de cette situation et nos familles risquent de

sombrer dans l’incertitude si ce n’est dans le déchirement. Le premier jour des émeutes, dans mon quartier, aucun dégât n’ a été signalé. C’est au deuxième jour des événements que nous nous sommes aperçus que d’autres jeunes étrangers à notre quartier se mêlaient à la foule. C’était le début des affrontements violents, du saccage et du pillage des magasins. Pendant que nous continuions à affronter les policiers, eux exécutaient leur plan, comme s’ils avaient un listing de locaux ou d’endroits précis à attaquer. C’était la confusion totale. On ne se reconnaissait plus et les policiers nous couvraient alors de gaz lacrymogène. L’air était devenu irrespirable, certains étouffaient, ce sont ceux-là mêmes qui furent arrêtés, violentés et mis en prison. Dans ces conditions opaques, nous arrêtons les confrontations. La manipulation n’a plus de place. Ce n’est pas en pourrissant les choses que vous diminuerez notre détermination d’aller de l’avant, jusqu’au bout de nos revendications. Permettez ma maladresse. C’est vous qui devriez partir, messieurs les gouverneurs. L’Algérie appartient à ses jeunes. Nous restons ici tous mobilisés ». Z. A. M.

Ce n’est pas en pourrissant les choses que vous diminuerez notre détermination d’aller de l’avant.

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Pourquoi n’a-t-on pas entendu la société civile lors de ces émeutes ? Aucune organisation ou association n’a bougé. Ou alors, elles se sont contentés de diffuser des communiqués. Un constat établi même par Fayçal, qui en veut aux organisations et associations «d’avoir fermer leurs portes depuis des années face aux jeunes avides de renseignement et d’orientation». Rachid Malaoui explique cela par la politique des pouvoirs publics «qui ont d’abord cassé toutes les organisations structurées, ce qui nous a déstabilisés». Puis les restrictions dans la liberté d’expression. Abdelmoumène Khelil explique qu’il n’est vraiment pas possible d’être actif sur le terrain à l’écoute des jeunes «alors que la Ligue elle-même n’arrive pas à se réunir, reprenant ainsi une expression de Me Bouchachi lorsqu’il a été interdit d’organiser une rencontre sur la peine capitale en disant que dans un pays de 2 millions de mètres carrés, il n’y avait pas 500 m2 pour se réunir. Au rythme où vont les choses, il n’y aura plus d’organisation et même celles existantes ne peuvent pas se régénérer et elles disparaîtront au fil du temps. Il ne faut donc pas tomber

dans le piège du discours officiel en incriminant la société pour son absence.»Sofiane Limane explique l’inertie de la société civile par «son incapacité à concevoir toute idée de changement. C’est un état d’esprit, un désespoir peut-être ? Une démotivation… essentiellement due à l’environnement hostile. Si vous n’êtes pas dans une association qui soutient le pouvoir, quel média serait prêt de vous recevoir pour véhiculer votre message ?» Et d’accuser les pseudo-contre-pouvoirs : «Croyez-vous que les associations inculquent l’esprit de Novembre à notre jeunesse ? Non. La plupart ne sont là que pour être les garantes d’une assiette électorale.» Pour Abdelmalek Rahmani, «la société civile est beaucoup plus préoccupée par d’autres détails. L’élite cherche un statut social mais pas intellectuel…» En affirmant que les jeunes ont désormais perdu confiance de la société civile, le coordinateur du CNES revient sur la question de la division de la société civile en expliquant que ce «jeu» semble plaire à certains qui y trouvent leur compte. Les intervenants évoquent également le problème de la formation. «Les syndicats s’impliquent seulement dans des revendications salariales et pas plus», regrette Rachid Malaoui. ■

Plus de 1300 personnes passées devant les juges, dont 900 sont déjà derrière les barreaux : le gouvernement a imaginé que la solution serait de punir ces jeunes qu’il considère comme délinquants. « C o m p l è t e m e n t absurde», s’indignent les participants. Moumène Khelil, assure que la solution

aux problèmes de la société serait d’abord de rendre des comptes, assurer une transparence. «Et en priorité, lever l’état d’urgence.» Et d’ajouter : «Il faut que les jeunes émeutiers soient libérés.» Rachid Malaoui partage son avis, puisqu’il insiste : «Notre première revendication sera de demander la libération de ces jeunes et de les amnistier. Il faudrait que leur casier judiciaire soit vierge, un jeune qui a été en colère à cause d’une injustice sociale ne peut pas être emprisonné, car plus tard, il sera délinquant.» Il affirme qu’il serait prêt à appeler à une grève générale. De son côté, Ahmed Khaled assure qu’il faut que les jeunes se rapprochent de la société civile et que donc «l’Etat doit donner plus de prérogatives aux associations afin de convaincre les jeunes. C’est aussi une question d’éducation parentale». Pour Abdelmalek Rahmani, «l’autonomie de la société civile épargnera à l’Algérie ces crises cycliques. Les jeunes représentent

la population la plus vulnérable. Il faut voir émerger une conscience citoyenne». Il dénonce la pression que subit la société. «Le seul moyen de la rendre efficace, c’est de lui offrir une liberté d’expression», la solution serait donc, selon lui, «une mobilisation générale». Selon Fayçal, président du comité du quartier de Bab El Oued, il faut «créer de comités de quartier à travers les wilayas du pays et travailler en coordination», ce qui contribuera, selon lui, à «établir un dialogue entre la population, notamment les jeunes et les représentants du gouvernement. Pour porter le message de la société». Selon Sofiane Limane, «il faudrait l’union de toute la partie civile : associations, syndicats, partis, avocats, médecins, journalistes, militants des droits de l’homme, enseignants... autour d’un seul projet de changement, un projet clair, daté et concret avec des objectifs qui sont : la levée de l’état d’urgence, l’ouverture du champ audiovisuel en Algérie et l’instauration d’un Etat de droit avec une justice indépendante». Et pour obtenir tout cela, il prône «la désobéissance sociale ! Marcher, occuper les rues... pacifiquement pour porter notre cause sur tous les supports médiatiques beaucoup de volonté et plus d’action». ■

La Tunisie est, depuis, presque un mois le théâtre d’une contestation sans précédent violemment réprimée. Les manifestations dans ce pays voisin ont commencé après le suicide d’un jeune suite à la saisie des marchandises qu’il vendait sur un marché. D’autres suicides ont suivi ce triste événement. Depuis, les Tunisiens ne désertent plus les rues pour dénoncer, entre autres, le chômage, l’injustice et la cherté de la vie. Les jeunes manifestants ont, aussitôt, été rejoints, dans leur rébellion, par le reste de la société, notamment l’élite. «Nos émeutes sont aveugles et irréfléchies !,

s’emporte Sofiane Limane. Les leurs sont encadrées et visent un projet de société bien défini. Ceci répond au degré de civisme du peuple tunisien. Je ne sous-estime pas, par-là, le civisme de notre société, mais disons que les contextes sont différents et aussi que la motivation fait défaut chez

nous, contrairement à eux ! Nous sommes jeunes, et nous sommes prêts à suivre l’exemple. Hélas pour une grande partie, la représentation de la société civile repose sur al charia al thawria,et non pas la compétence et la sagesse !»Pour expliquer l’absence de la société civile aux côtés des émeutiers en Algérie, Rachid Malaoui évoque la stratégie de division du pouvoir. «Chez nous, la peur du régime et des lois ont fait des syndicats des syndicats digestifs. Le gouvernement algérien a

réussi à diviser les segments de la société et à miner les militants. Certains ont même refusé de signer le communiqué que nous avons rendu public, il y a quelques jours, portant notre soutien à la contestation contre les injustices sociales», dénonce le président du Snapap. Abdelmoumène Khelil rebondit sur la question de l’opinion publique en s’interrogeant sur «la raison du changement de position du peuple algérien vis-à-vis du mouvement de colère des jeunes qu’il cautionnait à ses débuts». ■

El Watan Week-end - Vendredi 14 janvier 2011CONTRECHAMP6 El Watan Week-end - Vendredi 14 janvier 2011 CONTRECHAMP 7

Des solutions et… de la «désobéissance sociale» !

En Tunisie, les émeutes sont

«portées par un projet de société»

Une société civile «incapable de penser

le changement»

On ne les pas entendus ni avant, ni pendant, ni après les émeutes. Mais que font les représentants de notre société civile ? Pour comprendre, El Watan Week-end a organisé une table ronde avec Abdelmoumène Khelil, secrétaire général de la Ligue algérienne des droits de l’homme, Fayçal, président du Comité de quartier de Bab El Oued, Abdelmalek Rahmani, coordinateur national du Conseil national de l’enseignement supérieur, Ahmed Khaled, président de l’Union nationale des associations des parents d’élèves, Rachid Malaoui, président du Syndicat national autonome du personnel de l’administration publique, et Sofiane Limane, initiateur du groupe Action pour le changement en Algérie. Ils savent d’où vient le problème et ont accepté le débat.

Société civile,

Face à la mobilisation Internet, aux différents groupes qui se créent sur Facebook et Twitter mais aussi sur Youtube, et appellent à une mobilisation dans les rues, à des marches et des

protestations, Abdelmalek Rahmani juge qu’à «l’ère de la technologie, il faut réformer, tout repenser. Les institutions de l’Etat classique sont décalées, alors soit on suit le rythme, soit on paie cash». Pour Rachid Malaoui, le fait que des internautes rapportent une certaine censure sur le Net est une preuve que la mobilisation en ligne arrive à faire pression grâce au poids qu’elle a acquis. «Internet est un peu le dernier recours de ces jeunes qui ne peuvent pas s’exprimer librement ailleurs.» Et d’ajouter : «Cette nouvelle génération de militants doit être encouragée et soutenue» car, selon lui, «les jeunes ont besoin d’un espace de liberté adéquat avec notre esprit, notre volonté et notre espérance !» Quant à Sofiane Limane (lui-même initiateur d’un groupe militant sur Facebook qui a d’ailleurs appelé à une marche hier à

13h30, place du 1er Mai à Alger-Centre), il juge qu’«il est temps pour nous, nouvelle génération algérienne, que nous soyons enfin pourvus d’un espace de rencontre et d’échange qui nous permettra de surpasser

les canaux classiques de l’opposition, qui se trouvent aujourd’hui dans notre si cher pays, essoufflés par le manque d’efforts et d’idées neuves, étouffés par la matrice dirigeante ou même gangrenés par la corruption». Et de préciser : «La nouvelle tendance serait d’exporter cette volonté de changement au-delà des claviers pour se placer sur la scène politique et participer à la construction de l’Algérie de demain, une Algérie différente… Une Algérie plurielle.» Il insiste sur le fait qu’en plus de se mobiliser sur le Net, il faut mener des combats sur le terrain. «Chaque investissement dégage une rentabilité, et la nôtre serait d’exporter notre révolte pacifique sur le terrain concret pour toucher les centres de décisions.» ■

Une rencontre pour des solutions

Une rencontre réunissant des représentants des diff érents syndicats (tous secteurs confondus), des associations, de la Ligue pour la défense des droits de l’homme, des organisations estudiantines, des partis politiques ainsi que des militants autonomes, aura lieu dans les prochains jours à Alger. Objectif : donner un nouveau souffl e à leurs revendications et trouver un nouveau mécanisme pour atteindre les centres de décision. Les architectes de ce rendez-vous reviendront aussi sur la façon de militer pour les droits des citoyens afi n d’accomplir un travail de proximité plus effi cace.

La LADDH vient en aide aux familles

des prisonniers

La LADDH vient d’entamer des démarches pour aider et sensibiliser les familles des jeunes emprisonnés. Elle lance un appel aux autres familles concernées afi n qu’elles se présentent à la Ligue. Un travail de recherche et de collecte d’informations a commencé. Des dépassements graves auraient été commis dans les commissariats et des certifi cats médicaux auraient été falsifi és. L’aide juridique est gratuite. Contact : 021 23 80 86 ou [email protected].

Après le souci de la sécurité, place

aux droits fondamentaux

Lamia Tagzout, Nassima Oulebsir, Nina Sellés [email protected]

L’augmentation des prix de l’huile et du sucre : telle serait, d’après la version officielle, la seule raison des émeutes qui ont ébranlé le pays la semaine dernière ? Rachid Malaoui évoque d’autres facteurs plus «profonds». «Le problème ne se résume pas à la perturbation des prix des produits de large consommation, le mal est plus grave. Les syndicalistes et les représentants de la société civile, censés revendiquer les droits des citoyens sont réprimés à la moindre manifestation (pacifique), pour ceux qui ne se sont pas faits corrompre par le gouvernement.» Et d’ajouter : «Les jeunes se sont retrouvés, donc, seuls, sans encadrement et usant de la violence comme dernier recours». De son côté, Fayçal soulève le problème de «l’absence de dialogue entre les jeunes et les responsables». Selon lui, «une certaine frustration les fait sombrer dans la

délinquance et la vengeance de la manière la plus violente. Les jeunes constatent que la loi n’est pas appliquée à tout le monde. Ils se disent permis de casser une vitrine et de voler un magasin car, selon leur

discours, «ceux qui ont volé des milliards dans des affaires de corruption demeurent impunis !» Sofiane Limane pense que ces émeutes ne sont qu’«une énième preuve du ras-le-bol de la population algérienne et un signal parmi tant d’autres, qui avertissent ce pouvoir, briseur de rêves. Il faut chercher les causes dans l’injustice que vit la société au quotidien, la corruption qui a gangréné l’environnement, la marginalisation que vit la population depuis... toujours !» Abdelmalek Rahmani reconnaît que «les luttes intestines» au sein même de la société civile ont fragilisé sont impact. «Celle-ci s’est effritée et a perdu la confiance des jeunes», déplore-t-il. A ce sujet, le coordinateur national du CNES ne manque pas de proposer aux différentes associations et représentants de la société civile de s’autocritiquer afin d’accomplir leur mission en mettant de côté leurs ambitions

p e r s o n n e l l e s . Abdelmoumène Khelil, «ce qui se passe aujourd’hui en Algérie est le fruit d’une accumulation de dix années de malvie. Au sortir de la période du terrorisme, le citoyen algérien a pris conscience de la légitimité de réclamer ses droits f o n d a m e n t a u x , contrairement à la période précédente où il se contentait

d’être en sécurité». Par ailleurs, la question cruciale du chômage «serait à l’origine de ce marasme que vit la société algérienne depuis des années», selon Ahmed Khaled. ■

à la barre !

Un programme de rattrapage pour les élèves

Les élèves ayant eu des cours perturbés suite aux émeutes vont suivre un programme de rattrapage tracé par le ministère, selon Ahmed Khaled. En attendant de défi nir précisément ce programme, le secteur essaie de se remettre des dégâts occasionnés : 45 établissements scolaires saccagés à l’échelle nationale dont 10 à Alger. Ahmed Khaled appelle les parents d’élèves à contrecarrer certains chefs d’établissement refusant la création des associations des parents d’élèves.

Abdelmoumène Khelil

Abdelmalek Rahmani

Ahmed Khaled

Internet pour «surpasser les canaux classiques de l’opposition »

Sofiane Limane

Rachid Malaoui

Fayçal

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OTO

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8 El Watan Week-end - Vendredi14 janvier 2011 AUJOURD’HUI

FOUKA Moha, pris en otage pour un retour au calme

«Les mesures du gouvernement sont dérisoires et ne règlent pas nos problèmes. On s’est calmés, mais je vous promets que ça va reprendre très vite et de plus belle», annonce brutalement Hakim, 25 ans, émeutier du Quartier Communal de Fouka. Lundi, en début d’après-midi, le calme s’est réinstallé dans cette localité de la région de Tipasa, au point précis du premier embrasement de colère qui a contaminé les autres villes du pays. Un calme trompeur. Si les émeutes qui ont débuté le lundi 3 janvier se sont atténuées le vendredi 7, la menace continue de planer dans le coin. Capuche sur la tête, veste en cuir recouvrant un survêtement défraîchi, Hakim n’est pas près d’en dire plus pour l’instant. Sa véhémence l’empêche d’avoir un discours récapitulatif clair ou quelques projections précises sur la situation. Il faudra attendre. Difficile de reprendre son souffle après des soirées entières à crier sa révolte, à coups de jets de pierre contre la police et de pneus brûlés pour bloquer la route. Au Quartier Communal, Haï Ali Amar, dit «Château», les émeutes ont été propres et n’ont ciblé aucun bien privé. «Notre ennemi, c’est l’Etat, explique Farouk, habitant du quartier. On s’est donc limités à brûler les bus de Ouyahia (de l’Office national des œuvres universitaires, ndlr) pour l’exprimer. Les gens n’ont pas été agressés et les biens privés ont été sauvegardés, on n’est pas des vandales.» Le phénomène des émeutes n’est pas nouveau, notamment dans cette même région où, en 2006, de violents affrontements ont eu lieu pour des histoires de logements mal attribués. Diar Echems (Alger), devenu l’emblème de la protestation violente sur le logement, mais aussi dans plusieurs autres régions du pays où le ras-le-bol citoyen mène souvent à l’émeute.

DES ÉMEUTES PAYANTESMais ces émeutes qui apparaissaient jusque-là de façon sporadique ont pris une autre tournure depuis l’explosion de colère à Fouka le 3

janvier dernier, qui, pour la première fois depuis plus d’une décennie, a réussi à créer un impressionnant effet dominos, de ville en ville. Hausse des prix de l’huile et du sucre, mal-vie, chômage, crise du logement, manque de perspectives, rupture avec les dirigeants… la liste est longue. Mais comment les émeutes de Haï Ali Amar se sont précisément déclenchées ? Hakim, reprend son souffle et raconte : «Ce sont les vieux du quartier qui nous ont poussés à nous révolter mais sans faire de mal à quiconque. Il était juste question de faire

entendre nos voix. On s’est organisés, on a cotisé - chacun a vidé ce qu’il avait dans la poche - pour payer le transporteur d’un container, puis on s’est servis chez le vulcanisateur pour les pneus avec lesquels on a bloqué la route. Et tout le monde nous a rejoints pour scander nos slogans contre Ouyahia, lihabbel ezawalya (qui a rendu fou les pauvres)». A première vue, Hakim peut paraître désoeuvré et aveuglé par la colère, mais plus il confie ses impressions, plus son discours gagne en sagesse et clairvoyance. «Les

jeunes du quartier sont des gens bien et ils ne veulent de mal à personne, mais l’injustice nous pousse à bout. L’émeute est le seul moyen d’exprimer notre révolte.» Un de ses amis prend la relève : «On a de l’eau une fois tous les cinq jours. En été, c’est une fois par mois, pas de boulot. Pas de mariage. On s’entasse dans nos appartements et en plus il faut supporter que le maire vienne nous narguer avec son indifférence ?!», raconte Imad, avec un sourire qui mêle subtilement ironie et tristesse.

100 000 DA POUR NOUS DÉSTABILISERLes langues se délient et les détresses se font écho. Ali baisse la capuche de Hakim pour montrer sa blessure à la tête. Il donne en spectacle ses mains écorchées par les jets de pierres puis explique : «Vous croyez que ça nous fait plaisir d’en arriver là ? Ils peuvent continuer à nous faire passer pour des casseurs, mais nous, nous avons bien compris ce qu’il se passe. A Koléa, quelqu’un que je connais a perçu la somme de 100 000 DA pour organiser la casse et les agressions qui visent à

déstabiliser notre mouvement de contestation.» Ces jeunes déterminés et tenaces ont fait entendre leur voix mais n’ont pas eu gain de cause, et pourtant ils ont cessé leur mouvement de contestation. Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Mercredi 5, une heure du matin, Moha, 27 ans, s’est réfugié dans la R4 de son frère à l’entrée de la maison pour parler au téléphone, à sa fiancée. Une impasse parallèle à la route bloquée par les révoltés du quartier Haï Ali Amar. Les jeunes continuaient à jouer avec les nerfs des flics qu’ils semaient à chaque fois qu’une tentative de les arrêter était entreprise, pendant que Moha, résigné, en marge, refaisait probablement le monde grâce aux échos de voix de sa bien-aimée. Samir raconte : «Un groupe de cinq jeunes a emprunté l’impasse pour prendre la fuite. Ils ont réussi, les flics sont tombés sur Moha.» Un voisin a assisté à la scène mais n’a pas osé sortir le secourir, de peur d’être, lui aussi, embarqué : «Ils l’ont battu et entraîné jusqu’à la route principale.» La sœur de Moha, le regard plein de larmes qu’elle retient avec fierté, poursuit : «Il ne faisait pas partie des émeutiers, quand on est sortis pour le chercher, on a retrouvé la porte de la voiture ouverte, ses deux téléphones sur le siège et son bonnet jeté par terre un peu plus loin. Ça fait déjà une semaine et on refuse de nous laisser le voir au commissariat. Nous sommes morts d’inquiétude.» Le père de Moha aura finalement réussi à le voir hier :«Il a effetivement été battu», confirmait-il au téléphone.

BOUTEF ATTENDU SUR L’ENTVSes larmes tombent, mais Safia, 29 ans, précise quand même : «C’est nous qui avons imploré les jeunes du quartier de cesser les émeutes, parce que certains contacts nous ont confirmé que Moha était maltraité et que ça risquait d’empirer si les émeutes ne prenaient pas fin.» Hakim confirme : «Nous avons cessé notre mouvement vendredi dès qu’on a su qu’on lui faisait subir des supplices. On s’est dit qu’il fallait qu’ils le relâchent. Une fois fait, on leur montrera de quel bois se chauffent les jeunes de Fouka !» Vendredi a justement été une journée décisive dans le quartier. Après l’appel de la prière, les jeunes ont décidé de reprendre leur contestation. Encore une fois, des pneus brûlés pour bloquer les routes et des slogans pour fustiger Ouyahia, qu’ils ont choisi comme fort symbole de l’Etat à abattre. Après deux heures d’affrontements désespérés, une rumeur

annonce que le Président ferait un discours au JT de 20h. La contestation cesse, tous les regards se tournent alors vers l’écran fade et inanimé de l’ENTV. Non, pas de Boutef au JT ni de Ouyahia d’ailleurs. Scandalisés par ce qu’ils interprètent comme du mépris, les jeunes réinvestissent la rue. Puis, la rumeur folle, entre deux jets de pierres : «Moha serait torturé si on n’arrête pas l’émeute», explique Hadji, 23 ans. Ils poursuivent leur démonstration de colère jusqu’à 1h du matin et décident que ce sera la dernière, jusqu’à la libération de Moha. Hadji promet d’ailleurs : «Quand Moha sera libéré, on reprendra nos émeutes et tous ces flics qui n’ont pas hésité à tirer sur les tuyaux de gaz pour mettre le feu verront.»

UN STADE POUR 600 MILLIONS DE CENTIMESIl reprend son souffle et se corrige : «Non, ce n’est pas vrai, on ne leur en veut même pas. Ce sont des zawalya (pauvres) comme nous et on le leur a dit ! Cela dit, un des officiers paiera quand même, un d’entre eux qui n’est pas comme les autres.» Qui est cet officier ? Hakim répond avec une colère qui redouble d’intensité : «Il est là depuis cinq ans, et il fait sa loi dans le quartier, il ne paye rien et nous méprise tous. Au premier soir des émeutes, il est venu négocier notre silence avec le maire, et comme nous avons été intraitables, on a eu droit à des insultes inaudibles, inacceptables. Etant donné qu’il n’y a pas de justice pour nous défendre, nous nous défendrons seuls.» Dans ce quartier, exemple représentatif de plusieurs autres, oubliés par les politiques, le pain est introuvable depuis des jours, le lait n’est disponible qu’en petite quantité, l’huile et le sucre ne sont plus sur la liste des achats. Les routes sont mal goudronnées, et des ordures jonchent le sol à chaque encablure. «Une absence totale de l’Etat, réplique Ali, la trentaine. Juste avant les émeutes, on a appris que le stade du quartier a été refait pour 600 millions de centimes. Vous vous imaginez, quatre projecteurs et un grillage pour cette somme ! On est livrés à nous-mêmes, au chômage, et ils nous prennent pour des débiles. Comment ne pas se soulever ?» Rien n’est réglé mais le calme est revenu à Fouka depuis quelques jours. Ce calme ne tient qu’à un fil, que ces jeunes couperont certainement lorsque Moha sera libéré. ■

Fouka. Fella Bouredji [email protected]

Fouka, localité marquée par la pauvreté, le chômage et le désoeuvrement, a été le point de départ des émeutes qui ont bouleversé le pays en ce début de mois. Si le calme est revenu dans le Quartier Communal, théâtre d’affrontements violents avec les forces de l’ordre pendant des jours, les émeutes menacent de reprendre très vite, dès que Moha, un non-émeutier arrêté par la police, sera libéré.

Rien n’est réglé mais le calme est revenu à

Fouka depuis quelques jours.

Ce calme ne tient qu’à un fil.

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El Watan Week-end - Vendredi 14 janvier 2011 AUJOURD’HUI 9

L’incroyable saga d’un baron de l’informel

PH

OTO

D. R

.

Mon âge, peu importe, je le compte en jours, non pas en années, car les jours pour moi ont une signification importante. A chaque jour son virage et pour d’autres, leurs tourments. Mon enfance ne m’évoque pas de souvenirs, à part celui de mon village. Je suis natif de Ferdjioua. Ma jeunesse, en revanche, est pleine d’aventures. A chaque jour, une rencontre. Et à chaque rencontre, une péripétie nouvelle. Peu avant les événements d’Octobre 88, je marchandais, rue de Chartres à la Basse-Casbah. Comme chaque matin, j’étalais ma marchandise, je saluais mes voisins et je hélais les clients : «Six serviettes à 1 DA !» Ce n’était pas chose facile, affronter ces regards, ces dames distinguées et ces vieux délicats. En 1989, j’ai été contacté par un officier de la Sécurité militaire qui se présenta alors comme émigré. Il me proposa une nouvelle activité, le change de devises, et de laisser tomber mon étal à la Basse-Casbah. Un business juteux puisque cela me permettait de gagner 1000 DA par jour. Une fortune inespérée pour moi qui gagnais à peine 200 DA la journée, somme insuffisante pour subvenir aux besoins de ma petite famille. La place de l’Opéra (square Port Saïd) devint mon nouveau territoire, la place financière la plus forte de toute l’Algérie, juste à côté du Palais de justice d’Alger. Le choix de la place n’était pas fortuit : c’est le carrefour entre la sortie de la gare routière, la gare des taxis et, le plus important, la sortie du quai des voyageurs du port d’Alger.

2 MILLIONS EN URGENCEJe me suis installé au café mitoyen de l’hôtel Terminus, pas loin de la rue de la Liberté. Drôle ! Ou étrange. Une symbolique qui fera de cette place le signe du commerce informel où tout s’échange, se négocie, où tous les coups bas sont permis aussi. L’affaire devint florissante. Mon carnet d’adresses était rempli de clients potentiels, avec qui les rencontres étaient programmées à l’avance. Mon parrain venait en fin de semaine récupérer ses dividendes. Avant de disparaître. Un ami m’a alors prévenu : «Fais attention, c’est un agent !» Je décida de reprendre seul l’affaire, en recrutant autour de moi. J’ai rendu visite à mes anciens amis du marché de la rue de Chartres et je leur ai proposé l’affaire. Un soir maussade, mon parrain refit surface et me déclara : «Il faut arrêter de vendre les devises !» Sans la moindre explication. «Mon supérieur a besoin de deux millions de francs en urgence», m’a-t-il ensuite ordonné. Je me suis tout de suite exécuté. Une semaine après, j’ai remis le sac des «Pascals» à l’agent qui me proposa de partir à Marseille dans la semaine. Visa en

poche, j’embarquai sur un vol Alger-Marseille d’Air France. A mon arrivée, une personne m’approcha et me demanda de le suivre. Il m’expliqua que je devais prendre attache avec des grossistes et envoyer la marchandise en Algérie. Il prit le soin de m’indiquer la liste et les adresses de commerçants.

UN TERRAIN EN CADEAUJ’ai pris la commande, quarante conteneurs de café. Mon contact me ramena un sac d’argent : «Tu payes avec ça, le compte est bon.» A mon retour à Alger, j’ai rendu visite à mes employés au square Port-Saïd et j’ai fait les calculs de mon business. La récolte était bonne : dix millions de francs français. Je n’ai plus revu mon premier contact. Un autre a pris le relais, Daoud. J’ai appris plus tard que Daoud était commandant dans l’armée. Je recevais les ordres et j’appliquais à la lettre ses instructions. En guise de remerciement, un lot de terrain à Kouba m’a été offert. Malgré tout, je n’étais pas tranquille. Mais je devais continuer, je ne pouvais plus faire marche arrière. J’ai multiplié les déplacements à Marseille, d’autres agents prenaient attache avec moi. Ce n’était en vérité que des intermédiaires de généraux que j’allais rencontrer plus tard. J’importais mes premiers conteneurs de café et de légumes secs sans déranger le business des généraux. Eux, à coup de milliards, déversaient des tonnes de sucre, de blé, de bois au port d’Alger. Je me suis aperçu qu’à Marseille je n’étais pas le seul à faire ce «travail» pour le compte des hauts gradés. Je voulais voler de mes propres ailes. Alors avec des associés, nous avons recruté des proches et nous les avons placés à des postes sensibles, dans la justice, la police, les douanes, les ministères et au sein même de l’armée. Les généraux pour lesquels nous sous-traitions n’ont affiché aucun refus et se sont mis à les installer dans leur nouveau poste.

IMPOSSIBLE DE RECULERIls étaient trop occupés pour se rendre compte de ce que nous complotions. Les opérations d’importation continuaient et nous nous occupions de l’écoulement des marchandises dans le marché. Pour cela, on avait mis en place un vrai circuit de distribution. Les marchés de Tadjenent, El Eulma, El Hamiz, Barika et Semar recevaient des marchandises importées du monde entier. Nous les gérions par la manière forte et personne ne pouvait nous concurrencer. Nous bénéficions des largesses du pouvoir et nous, nous nous servions comme nous voulions en lots de terrain et en

appartements. Et pour couronner le tout, des permis de port d’arme nous ont été délivrés par la police, terrorisme oblige, mais aussi pour les affaires. Au square Port Saïd, nous recrutions des jeunes de nos patelins. Nous montions en grade et nos noms étaient sur toutes les lèvres. Des hommes politiques de toutes les obédiences et même des hauts responsables de l’Etat s’ajoutaient à notre cercle de connaissances. Nous déléguions leurs transactions à des personnes tiers. Pour protéger nos clients et garantir leur anonymat, nous avons établi des registres de commerce sous de faux noms, de fausses adresses, au nom de personnes décédées ou qui souffrent de troubles mentaux ! Je sais, je sais, nous avons trahi le peuple. Mais nous ne pouvions pas reculer, le coup est parti. Un jour, je rendis visite à un général qui n’est plus de ce monde aujourd’hui. Ce jour de brume, il me parla politique, d’un général pour lequel les affaires semblaient ne plus marcher, d’une bourde qu’il aurait commise, d’un président mou et gênant. Des intrigues, encore des intrigues. Je ne comprenais pas son discours, ni ses confessions ni d’ailleurs la raison qui l’a poussé à me parler de cela. J’appris plus tard, en Suisse, que Liamine Zeroual

avait démissionné. Un agent de l’ambassade est venu me voir et me demanda de procéder comme prévu au versement. Une berline grise fut mise à ma disposition. J’ai été hébergé chez un ami importateur qui venait d’acquérir un hôtel à Genève. Je suis resté quatre mois dans sa maison, où confort et luxe s’entremêlaient.

CEVITAL ET KHALIFAJ’ai eu droit à un massage thaïlandais, des sensations auxquelles mon corps et mon esprit n’avaient jamais goûté. Maintien ou limogeage du président, cela ne m’évoquait plus rien. Mais devant l’insistance de mon ami, je compris l’enjeu, moi qui n’étais pas politisé. «As-tu entendu parler de Bouteflika ?» me demande le haut gradé. «Non», ai-je répondu tout de suite. «Si le vent le ramène par là, je te le présenterai», me dit-il. Cela ne s’est jamais passé. De retour à Alger, j’ai rendu visite à ma mère, très malade. Grâce à mes connaissances, elle a été hospitalisée à l’hôpital militaire de Aïn Naâdja. Mes enfants avaient grandi, ils avaient quitté l’école et je leur ai confié la gestion des stocks et la vente directe aux

grossistes. Ils ont pris la température et ont compris que leur père n’était qu’un grand baron du change de devises et de l’importation. De quoi leur donner fierté et orgueil. Mais au fond, j’étais toujours morose. J’ai accompli le hadj avec un général de l’armée. Depuis, je m’appelle «El Hadj». C’était à l’époque la mode, tout le monde avait pour nom «El Hadj». Se faire appeler ainsi était devenu une protection et assure l’anonymat. Dans les salons, on ne parlait que de Bouteflika, futur président. Il nous a été présenté comme le messie. «Ne craignez rien, vos affaires sont à l’abri», nous rassurait-on. Justement, on parlait beaucoup de business en haut lieu. Des groupes industriels et financiers émergeaient et prenaient de l’ampleur : Blanky, Cevital et Khalifa étaient considérés pour nous comme une menace. Ce qui s’est confirmé par la suite.

«AMIS» PROTECTEURSCertains ont commencé à parler investissement et cela nous a beaucoup dérangés ! Nous avons décidé alors d’agir et de surveiller toutes les transactions aux ports et d’identifier leurs fournisseurs à l’étranger. Entre-temps, nous avons inondé le marché de marchandises à bas prix. Pas de place pour les intrus.

Nous avons fait de Dubaï notre nouvel Eldorado. En France, le jeu était devenu trop dangereux et de nouveaux acteurs arrivèrent. On parlait de gros investissements français en Algérie et nos «amis» généraux se tournaient leurs pourvoyeurs. Khalifa est ensuite devenu le copain des hauts responsables de l’Etat. Quelque chose se tramait alors que nos contacts commençaient à nous lâcher. Nous l’avons vécu comme une trahison, un drame. L’entourage du président avait fermé le jeu. Mais nous avons vite réagi. Une crise alimentaire se profilait alors à l’horizon, l’arrêt de l’importation en masse des produits de première nécessité allait provoquer une crise, surtout à la veille du Ramadhan. Nous avons relancé nos circuits et l’équation du jeu du pouvoir ne pouvait plus se faire sans notre consentement. Khalifa a été notre premier

objectif. Grâce à nos contacts, nous avons réussi à prendre attache avec l’entourage du président et ses conseillers les plus proches. Khalifa, suite au lobbying d’un conseiller à la Présidence ainsi que d’un haut responsable militaire, ouvrit la ligne Alger-Dubaï.

DUBAÏ BUSINESSUne nouvelle aubaine, le transfert d’argent vers l’étranger allait enfin reprendre, les milliards que nous avions engrangés pouvaient enfin circuler ailleurs. Le vol inaugural avait connu un engouement particulier. Sur la liste des voyageurs, il y avait des noms, bien connus, qui sont devenus nos amis. Les réseaux ainsi tissés, le business reprenait de plus belle. Nous avons alors effectué des placements dans des banques et avons procédé à l’achat de biens immobiliers. Nous avions tous des téléphones cellulaires ATM. Nous avons consolidé les marchés

sous notre houlette. L’Algérie ne manquait de rien. Nos informateurs, placés un peu partout dans l’administration, nous ont appris que de nouvelles têtes émergeaient dans le business. Il ne s’agissait en fait que des conseillers du président, des chefs et des décideurs politiques. L’essence de leur politique : «L’argent est le pouvoir». Nous avons alors participé à leur financement, le RND, le FLN et le MSP. Ces derniers étaient les plus loyaux, leur business passait par nous. Les politiques étaient là pour nous défendre. Et même si le gouvernement tentait de promulguer des lois à l’encontre de nos intérêts, ça bloquait, grâce à nos amis, qui é taient en contrepart ie généreusement remerciés.

«UN SALE JEU»Mais l’entourage du Président, ambigu et barricadé, était difficile d’accès. Heureusement que nos amis militaires étaient là pour nous aider. Entre-temps, Abdelmoumen Khalifa prenait de l’ampleur et dérangeait : on le vit à la télévision en compagnie du Président. Du jamais vu ! Pendant ce temps, la Kabylie était en feu (événements de 2001), nos amis militaires étaient préoccupés par la situation et ne donnaient aucun signe. Après la Kabylie, il «fallait en finir avec la bête». L’affaire Khalifa a alors éclaté. Nous avons appris que Khalifa s’était trop éloigné des deux clans au pouvoir et avait échappé à leur contrôle. Il fallait des boucs émissaires et la justice s’en est occupée. C’était le début de la guerre des clans. Mais pour nous, les affaires reprenaient dans l’ombre. Nous tenions toujours debout, car, au pouvoir, ils ont tous compris que sans nos services le trafic et les affaires n’auraient pas lieu. Au square Port-Saïd, des nouveaux clients apparaissaient, des investisseurs étrangers pour la plupart (tunisiens, syriens, égyptiens, libanais...), tous liés à Djezzy, pour acheter des euros. De très hauts cadres de l’Etat continuaient à nous solliciter pour le transfert d’importantes sommes d’argent… Mais le jeu est devenu de plus en plus sale. Dangereux. J’ai alors décidé de me montrer plus discret et j’ai accompli un autre hadj. Je voulais être loin. Maintenant, la location de mes biens immobiliers me suffit. Mes enfants ont pris le relais, mais ils ont été rattrapés par d’autres gens, beaucoup plus féroces. Ils font à leur tour ce que leur père n’aurait jamais dû faire : le business de l’argent sale ! Le jour où vous ne verrez plus de «cambistes» au square Port-Saïd, on pourra alors dire que l’Algérie a changé ! ■

Après les émeutes et les «solutions» du gouvernement, qui sort gagnant de ce bras de fer ? L'informel, selon plusieurs experts qui pointent la puissance de ses réseaux. «El Hadj», 56 ans, l'un des plus grands barons de l'informel algérien, se dévoile et met à nu un gigantesque engrenage mafieux. El Watan Week-end l'a rencontré. Il nous livre en brut ses explosives confessions.

Pour en savoirL’enquête publiée le 2 avril 2010 par El Watan Week-end «Blanchiment d’argent : Dubaï Connection au square Port-Saïd».

Zouheir Aït Mouhoub [email protected]

Page 7: El-Watan 20110114

El Watan Week-end - Vendredi 14 janvier 2011 GÉO10 El Watan Week-end - Vendredi 14 janvier 2011 GÉO 11

INFO

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D

ils ont déclaré

HILLARY CLINTON (secrétaire d’Etat, Etats-Unis)«Nous sommes inquiets quant aux troubles et à

l’instabilité qui touchent la Tunisie. Nous ne prenons pas partie, mais nous espérons qu’il y aura une solution pacifique. Tunis doit se concentrer sur la création d’emplois pour les jeunes.»

MAJA KOCIJANCIK (porte-parole de la diplomatie, UE)«Nous appelons à la retenue dans le recours à la force et au respect des libertés fondamentales. Nous appelons en particulier à la libération immédiate des bloggeurs, journalistes, avocats et autres personnes détenues, qui manifestaient pacifiquement en Tunisie.»

JEAN-MARC AYRAULT (France, PS)«Je crois que c’est inévitable. Il faut que le président Ben Ali parte, mais dans le cadre

d’une solution démocratique. Parce que si c’est pour mettre en place une solution encore plus dure, encore plus autoritaire, ce serait une catastrophe. La voix de la France devrait être une parole claire et aujourd’hui elle est totalement embarrassée, comme s’il fallait que ça s’arrange avec le président Ben Ali et le régime qui est le sien.»

FRANCO FRATTINI (ministre des Affaires étrangères, Italie)«Nous devons condamner, sans si et sans mais, toute forme de violence contre des civils innocents, mais nous devons aussi soutenir un gouvernement, tel que le gouvernement tunisien, qui a payé un prix sanglant pour le terrorisme. Nous sommes toujours du côté de ceux qui luttent contre le terrorisme.»

FRANCOIS FILLON. (Premier ministre, France)«Je m’alarme de l’utilisation

disproportionnée de la violence en Tunisie et appelle l’ensemble des parties à faire preuve de retenue et à choisir la voie du dialogue.»

100 km 2 km

Av. Habib Bourguiba

Radio-télévision

Ministère de l’Intérieur

Campusuniversitaire

Ambassadede FranceCité Ezzouhour

QuartierLa Fayette

Cités Ettadhamen,Intilaka, El Mnihla

Aéroport

Sebkhet el Sijouni

Lacde Tunis

Méd

iterr

anée

Plus de cinquante mortsdepuis le débutdes violences

Couvre-feu nocturne dans la capitale et sa banlieueTunisie

LIBYE

ALGÉRIE

TUNIS

Chebba

Kairouan

Affrontements

Situation mercredià 19h00 GMT

Affrontements police-manifestants

Jbéniana

Métlaoui

Gafsa Sfax

Thala

Kasserine

Tunis

TUNIS

Carthage

Ben Arous

Douz

Selon la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme.

Jeudi 13 à 20h30, le nombre de morts

Selon le gouvernement tunisien

Les Tunisiens veulent

TAOUFIK BEN BRIK. Journaliste et opposant tunisien

● Le mouvement perdure et ga-gne en intensité malgré la répres-sion. Jusqu’où peut-il aller ? Le pouvoir est-il réellement menacé ?

On assiste à un cataclysme sans pareil en Tunisie. Malgré le couvre-feu mis en place, hier, dans la capita-le, des manifestations énormes conti-nuent d’avoir lieu à Tunis. Aujourd’hui, personne ne peut arrê-ter ce mouvement. Le président Ben Ali avait les moyens auparavant de négocier avec quelques individus de la société civile. Désormais, la rue campe sur des positions non négocia-bles et n’a plus qu’une seule revendi-cation : «Vingt-trois ans, basta ! Ben Ali berra !» Ce sont des villes entiè-res qui sortent dans les rues, et ce, dans toute la Tunisie. Le mouvement a même atteint l’immense quartier populaire Ettadamoun, qui compte 800 000 habitants, surnommé les poudrières de Tunis. Le mouvement

est parti pour ne pas s’éteindre, il s’agit d’une révolution. Le président peut faire une énième apparition télé-visée, son départ est inévitable.

● Est-ce que la question de

l’après-Ben Ali se pose ?L’Occident s’obstine à poser cette

question totalement inappropriée. On veut une Tunisie docile. Or, les Tuni-siens, eux, veulent d’abord sortir de ce cauchemar qui dure depuis vingt-trois ans. Ce qui se passera après, on verra ! Je crois en cette jeunesse, en ces hommes et ces femmes qui ont décidé de défier un tyran qu’on croyait invincible. L’après-Ben Ali ? On y est déjà ! Pour une fois qu’un peuple se réveille et de cette façon-là, il faut le soutenir. Le peuple en ce moment même se gouverne alors que le pouvoir est en vacances. Faisons confiance au peuple. Il s’est fait notre guide, suivons-le, même si nous ne

savons pas exactement où il nous emmènera. Et koul chay mabrouk.

● Le parti démocrate a parlé

d’un éventuel gouvernement du sa-lut comme issue à la crise, qu’en pensez-vous ?

Il faudra peut-être créer une convention nationale, mais à l’heure actuelle, le peuple n’entend les décla-rations d’aucune partie, il s’exprime et c’est lui que nous devons écouter.

● Comment jugez-vous la réac-

tion de la communauté internatio-nale et de la France en particulier ?

Cette réaction timide était prévisi-ble. On souhaite voir en la Tunisie un partenaire docile. La France, en par-ticulier, se trompe. Ses intérêts sont réellement menacés, elle sera chassée un de ces jours de la Tunisie et du Maghreb entier.

Avec toute ta force, toute ta volonté et toute ton authenticité, et malgré ta blessure béante, tu as refusé qu’on résume ta tragédie et ta colère dans ton droit au logement et au pain… Tu as lancé un cri qui a fait le tour du monde : on n’humilie pas le peuple, et sa dignité passe avant le pain ! Que tu es grand peuple de Tunisie ! Ils ont cru que tu étais lâche et passif devant l’humiliation. Mais tu riais de leurs certitudes. Tu es un peuple superbe-ment patient. Et aujourd’hui, tu leur montres que la lâcheté n’est pas de ton tempérament et que même la patience a des limites et un rempart qui s’appelle «Dignité». Leur erreur fatale est qu’ils t’ont minoré et qu’ils t’ont spolié. Ils pensaient qu’ils pouvaient t’agenouiller en usant de la ter-reur. Mais leur rêve a été brisé et ton cri a fait trembler les palais des corrompus et leurs trônes vides.Où sont les institutions de l’Etat ? Où est la loi ? Où est la Constitution du pays ? Où sont le Parle-ment et ses députés censés représenter le peu-ple ? Où est la justice indépendante ? Où sont la République et tous les droits arrachés grâce aux sacrifices des Tunisiens ? Tout cela n’est que mots dont la valeur est moindre que l’encre avec laquelle j’écris. Seule l’armée a sauvegardé sa crédibilité et sa position comme expression de l’âme du peuple. C’est pour cela que l’armée a été bien accueillie par les citoyens, qu’ils consi-dèrent comme leur protecteur et leur support.Ce qu’il faut, aujourd’hui, pour réformer la situa-

tion en Tunisie, ce n’est pas seulement quelques mesures superficielles ! Il faut redonner confian-ce aux Tunisiens dans les institutions de l’Etat. Il faut un changement radical dans le système poli-tique du pays qui rende à l’Etat sa stature, à la loi sa sacralité et au citoyen son respect. Et en finir ainsi avec la corruption et les corrompus.Pour ce, il faudrait que les manifestations pacifi-ques se poursuivent. Face au pouvoir qui montre des «casseurs criminels», qui tire à balles réelles, et alors que se pour-suivent les cortèges des mar-tyrs, nous devons répondre à la violence sauvage par du jasmin. Du jasmin pour les enfants du peuple qui ont été chargés de nous ré-primer. Parce que ces poli-ciers sont aussi nos en-fants. La dignité des Tunisiens est indivisible, et ont tous le même rêve. Aucu-ne puissance sur Terre ne pourra s’opposer à leur désir de di-gnité et de liberté.

Propos recueillis par Zine Cherfaoui

Répondre à la violence sauvage par du jasmin

ZIED EL-HENI. Membre de la direction du syndicat tunisien des journalistes

On a réussi à leur parler en ligne

Amel : «Les pays arabes ont peur que leurs peuples suivent notre exemple»Les émeutes, selon moi, sont un passage obligé pour, enfin, décrocher notre liberté. J’ai peur, mais en même temps, je suis soulagée. On comptait essentiellement sur le soutien de la France, mais on entend qu’elle ne veut pas intervenir dans la politique interne du pays et qu’elle reste «vigilante», comme l’a dit François Fillon. On a compris qu’il y a des intérêts communs entre la puissance tunisienne et les hommes politiques français. En ce qui concerne les pays arabes, on ne veut rien d’eux, qu’ils s’occupent de leurs problèmes internes d’abord, et puis ils ne feront rien, car ils ont peur que leurs peuples suivent notre révolution. J’espère que ce régime tombera. Que les voleurs seront présentés devant les tribunaux. Qu’ils soient jugés et punis.

Fatima : «Honte à la France»Honte à la France, pays des droits de l’homme, qui, au lieu de dénoncer les comportements de ce régime assassin, propose de l’aider à assurer la sécurité aussi bien de la Tunisie que des manifestants. Si ce n’est pas de l’ingérence, alors c’est quoi ? Actuellement, la Tunisie est signataire de nombreuses conventions internationales concernant le respect des droits de l’homme et des libertés individuelles. C’est le rôle de la communauté internationale, entre autres, et surtout de la France, vu l’histoire commune des deux pays et les accords économiques actuels, de lui rappeler ces engagements.

Rad : «Les jeunes n’acceptent plus Ben Ali»La situation est frustrante, on ne comprend plus rien, les manifestants pacifiques sont toujours tabassés, les casseurs inconnus ne le sont jamais. On nous dit qu’il y a un couvre-feu, mais en réalité, il y a un ouvre-feu. Les sources des médias qui en parlent sont les internautes, la censure n’existe pas qu’en Tunisie. Peut-être que les manifestations en Tunisie ne sont pas considérées comme dangereuses parce qu’il n’y a pas d’islamistes ? Je m’inquiète pour la Tunisie. A chaque fois que l’on se dit que c’est la fin, le gouvernement prend des décisions qui nous frustrent, l’armée s’installe puis se retire. Les jeunes n’acceptent plus Ben Ali comme président et ils sont prêts à tout pour cela. Ils sont blessés et arrêtés partout, les flics nous traitent comme des animaux, lors des manifs. Il faut que Ben Ali parte.

Heni Hnana : «Les dégâts économiques feront bouger les choses»C’est le ras-le-bol général, la révolution est un vase que l’injustice fait déborder. Chacun milite a sa façon (rue, Facebook, blog, journal...) pour une raison qui lui est propre. Les Tunisiens sont victimes d’injustices quotidiennes. Aujourd’hui le peuple a eu le courage de sortir dans la rue, parce qu’il n’en peut plus. Notre seul problème aujourd’hui, c’est que les revendications ne sont pas organisées et qu’il n y’a pas de leaders dans l’opposition ! Personne pour fédérer, personne pour guider, personne ! Certains noms circulent sur d’éventuels successeurs, mais ils sont pour la plupart à l’étranger : Moncef Marzouki, Chebbi, Tarek Mekki... Il faut traduire la belle famille de Ben Ali en justice. La Tunisie meurt. Nina Sellés et Mehdia Belkadi

Ils sont injoignables au téléphone, n’ont parfois plus de mail, ils mais arrivent encore à déjouer la censure internet. Paroles de Tunisiens en colère.

Lire l’ intégralité des réactions sur www. elwatan.com

Ben Ali

● Pouvez-vous faire le point sur le climat qui règne en cette soirée de jeudi ?

Les manifestations continuent d’avoir lieu dans la majorité des villes tunisiennes. Beaucoup d’entre elles mènent à des affrontements avec la police et plusieurs morts et blessés sont à déplorer. Toutefois, des manifestations grandioses et pacifiques où toutes les composantes de la société civile sont représentées se déroulent également. Je citerai en exemple celle de Sfax mercredi, encadrée par les syndicats et qui a compté 40 000 participants, ou celle d’hier à Sousse, qui a duré deux heures et s’est déroulée dans le calme. Les principaux affrontements ont lieu dans les banlieues de Tunis. L’appel des hôpitaux, débordés, à cesser les tirs à balles réelles témoigne de la violence

de certaines manifestations. Cependant, le récent recours au pillage et à la destruction des biens publics reste incompréhensible. Certains attribuent ces actions à des cagoulés proches du pouvoir ou appartenant aux forces de l’ordre.

● Jusqu’où peut aller ce

mouvement encore ?Difficile de le dire. Si les choses

continuent dans le même sens, cela peut mener à un carnage qui chambardera toutes les structures de l’Etat. Ce que nous espérons, nous Tunisiens, c’est que les 70 (voire plus) victimes de ce mouvement puissent nous apporter un réel changement, le vrai, mais aussi le travail, la liberté et la dignité. Qu’on mette fin à la corruption qui ronge le pays Nous voulons une vraie vie politique et démocratique, où

toutes les parties de la société tunisienne sont représentées. Quelle que soit l’issue de cette contestation, départ de Ben Ali ou pas, on veut le changement

● Croyez-vous que même si Ben

Ali ne quitte pas le pouvoir, les choses ne seront plus pareilles ?

Absolument ! Le changement a déjà eu lieu. Après un demi-siècle de peur intériorisée, le Tunisien aujourd’hui n’a plus peur, il ose sortir dans la rue et s’exprimer. J’espère que les violences, les tirs à balles réelles et les pillages cesseront, afin de concrétiser ce changement. On attend les prochaines mesures du pouvoir qui pourraient, cette fois-ci, mettre fin aux violences. L’armée pourrait éventuellement maîtriser un peu plus la situation, mais pour l’instant, elle observe seulement et n’agit pas, mis à part son déploiement

JAMEL MSELEM. Militant tunisien des droits de l’hommependant la nuit de mercredi à jeudi dans le Grand Tunis.

● Quel est le rôle de l’armée ? Sa

présence semble plus tolérée par les Tunisiens que celle de la police, pourquoi ?

Il paraît que pour beaucoup de Tunisiens, l’armée symboliserait le salut du chaos que vit le pays. Seule l’armée aurait ce pouvoir.

● En tant que militant des droits de

l’homme, quelle est votre réaction par rapport à la position de la France, «pays des droits de l’homme» ?

La réaction de la France a été tardive et les propos de la ministre des Affaires étrangères nous ont étonnés. Les liens qu’entretient la France avec le régime Ben Ali ne sont un secret pour personne, mais face au grand nombre de morts et de blessés, la situation relève de l’humanitaire, nous attendons des positions fermes et réelles, notamment celle de l’Algérie, le pays le plus proche.

L’appel des hôpitaux à cesser les tirs à balles réelles

témoigne de la violence des manifestations

L’après-Ben Ali ? On y est !

Le discours télévisé du président Ben Ali, hier soir, promettant notamment l’ouverture du champ politique et médiatique et la fin du «mandat à vie», suffira-t-il à effacer un bilan de 67 victimes civiles et la féroce répression ? Mais la rue tunisienne, l’élite et les politiques semblent plus que jamais décidés à en finir avec l’occupant du palais de Carthage.

Mehdia Belkadi [email protected]

Lire aussi le témoignage d’Ismaël, 29 ans, vidéaste et écrivain : «Le peuple tunisien s’est levé pour prendre sa liberté»sur www. elwatan.com

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■ L’ENTV est très zen. Les commentateurs ont le sourire large, la langue de bois complètement artificielle, pas de problèmes, l’Algérie va très bien. L’ENTV est juste bonne pour ma mère qui suit les feuilletons algériens. Le gouvernement n’a même pas honte à voir ce qu’il se passe sur le satellite et sur Internet. Les chaînes satellitaires trouvent là l’occasion de capter l ’audience algérienne, notamment MediI Tv pour faire passer toute la propagande marocaine sur le Sahara occidental. Qu’attendent nos gouvernants pour démissionner et laisser ce peuple tranquille afin qu’il puisse faire ses propres choix par les urnes non

opaques et non bourrées à l’avance ?

■ La dynamique de l’émeute (au sens large) est désormais bien documentée. A moins qu’elles ne soient dûment instrumentalisées par un quelconque cabinet fantôme, elles devraient naturellement s’essouffler comme un feu de brousse, après avoir culminé dans leur phase paroxystique. Mais les médias qui relaient en temps réel de tels événements doivent prendre garde à ne pas devenir des vecteurs de propagation du «frisson de l’émeute» sur tout le territoire. Tout n’est que question de responsabilité déontologique ou de volonté machiavélique !

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NOS LECTEURS NOUS ÉCRIVENT

El Watan Week-end - Vendredi 14 janvier 2011 FORUM

Le silence offi ciel comblé par

le web et les TV satellitaires

■ Avec l’émeute, c’est toute la frustration des Algériens qui est exposée au monde entier d’une manière anarchique ! Le pouvoir a trop travaillé pour la division des Algériens pour ne pas se frotter les mains de voir cette manière inconsciente de revendiquer. Le climat d’émeutes ne fera qu’ajouter une autre pénibilité, une de plus au quotidien de ces populations. Quant au pouvoir, il peut dormir tranquillisé, cette anarchie sera sans lendemain ! ■ La thérapie du chaos ! Le principal indicateur d’immaturité politique et de l’absence de potentiel alternatif : c’est le recours systématique à l’émeute pour protester en toute légitimité. Le pouvoir a compris et a préparé et renforcé l’armada antiémeute et augmenté le salaire des policiers. Comme d’hab, et depuis 62, les émeutes se succèdent et se ressemblent, mais rien de nouveau. Les émeutes de la faim, ils ont dit. Si cela ne relève pas de la gastroentérologie, qu’est-ce que c’est alors ? Et moi qui la ramène et qui sais pourtant que ventre affamé n’a pas d’oreilles. Ces élans cathartiques ou suicidaires vont de pair avec la harga ou les manifestions de mioches de 12 ans dont on ne peut pas dire qu’il n’y a rien d’infantile ou de primaire dans leur révolte. Le pouvoir joue sur tout ça en empêchant toute genèse de conscience sociale, en multipliant les concessions à l’intégrisme. Tout cela nous le savons, et en haut fakou beli feqna lhoum. En tout cas, ce n’est pas le printemps, et les gros oiseaux qui planent sur nos têtes ne sont pas des hirondelles mais des vautours.

■ Les dérapages rusés dans un climat politique marqué de délinquance et de déliquescence ont un prix ! Ces émeutes enregistrées ça et là ne sont qu’un signe d’une grogne et d’un ras-le-bol longtemps couvés et portés aussi bien par le simple citoyen que par une élite avant-gardiste honnête (existant même au sein du régime ou dans le camp des vrais républicains nationalistes démocrates) qui, heureusement, n’est pas tentée par la corruption et la rapine... Le régime algérien s’est trompé d’hommes et de pouvoir durant une longue décennie, un pouvoir taché de gabegie, d’absentéisme, de

bouffonneries, de dilapidation et de la non-gouvernance outrancière (inutile d’évoquer la mal gouvernance)… Ainsi, il est temps au régime qu’il se démarque définitivement et rompe avec la tribu des truands et roublards venue de je ne sais où… constitués de corsaires-coopérants arrogants et irresponsables qui ont dévalorisé et dévasté à la fois et le régime et surtout toute une nation… Les hommes libres et lucides (qu’ils soient de l’intérieur du régime ou appartenant à l’opposition fertile et mature) qui ont dit et averti haut et fort courageusement des 1001 dépassements antinationaux et anticonstitutionnels d’une équipe de ratés et consorts qui sévit toute honte bue au nom de la République, ne se sont jamais trompés ni d’opinion, ni de pays, encore moins de peuple… D’autant qu’ils sont appelés à mobiliser davantage leurs troupes et leur potentiel du moment que le patriotisme nous interpelle tous.

■ La démocratie s’imposera, on est à l’âge d’Internet. Le bluff c’est fini et les vieilles recettes du FLN sont révolues ! Rien ne se cache, tout se sait en un clic de souris et pourtant l’ENTV ne dit rien, comme si de rien n’était, et pourtant ! La mauvaise gestion c’est ça ! Et on n’a rien vu ! Il y a un ras-le-bol général. Il va falloir procéder à un changement radical dans la politique du pays, et cette corruption doit cesser ; aucun centime ne doit être dépensé sans l’aval du Parlement, pas les beni oui oui ! Rien que dans la culture, c’est à coup de 100 millions d’euros tous les ans que Khalida nous organise des festivals sans aucun intérêt ! Que reste-t-il du Panaf, de l’Année de l’Algérie en France ou d’Alger capitale de la culture Arabe sous la patronage de fakhamatouha Khalida ! C’est dingue ! Et cette année, c’est un défilé de la clique à Qaradaoui à Tlemcen avec 100 millions d’euros aussi. Il y a des priorités : tous ces jeunes qui se jettent à la mer et tous ces suicides ! Ils se moquent du peuple ! Les gens sont malheureux ils veulent tous partir c’est invraisemblable ! Un pays riche avec un peuple pauvre ! Barakat et parfois j’ai envie de crier !

■ Grand clerc pour dire que les émeutes sont le reflet de

l’impuissance de l’Etat. Incapable d’assurer et de gérer les moyens basiques de subsistance, d’anticiper les éventuels soubresauts de la société, d’assurer la sécurité des biens et des personnes, il se trouve fatalement dans le collimateur du dernier des manifestants. Il est regrettable de voir des manifestations se dérouler avec de tels dégâts, ce qui dénature les motifs même de leur déclenchement. Evidemment, partout dans le monde, il y a toujours des voyous et des caïds qui s’engouffrent dans ces espaces de non-droit pour saccager et voler les biens d’autrui et ceux-là doivent être traduits devant la justice et lourdement condamnés. Il reste qu’il y a bien d’autres moyens pacifiques pour manifester son mécontentement face à l’adversité, mais le pouvoir ayant tant muselé l’expression qu’elle en devient forcément violente. De cet état ont émergé des ressentiments profonds des populations. Il doit tirer les conclusions de son échec et en conséquence, laisser place à plus compétent que lui, incapable d’avoir anticipé pour mieux gérer. ■ La leçon de 1988 n’a pas été apprise par nos gouvernants qui se complaisent dans la mal-gouvernance. Alors que le pays dort sur un matelas de centaines de milliards de dollars, le peuple, lui, crève la dalle. Et l’argent part à l’étranger alimentant les comptes des barons du régime. Et pendant ce temps-là, les prix augmentent à une vitesse vertigineuse sans que nos responsables réagissent pour y mettre le holà.

■ Nous attentons une intervention de Bouteflika pour présenter sa démission et celle de son gouvernement. L’échec est cuisant, il est temps de rentrer chez soi.

Émeutes : l’embrasement

Retrouvez toutes les réactions surwww. elwatan.com et sur Facebook

Facebook

Sur le mur

■ Le peuple a montré son mécontentement. Stop, il faut en finir maintenant ou bien cela finira dans un bain de sang. Il y a déjà eu trop de morts. Le Président en tirera les conséquences.

■ Il faut un rassemblement des intellos algériens, vivant en Algérie ou à l’étranger. Il faut commencer par le commencement. Il faut avoir de la force, pas physique mais intellectuelle. L’anarchie est une occasion au pouvoir de tout manipuler, il faut agir au plus vite, c’est très délicat.

■ C’est vrai, le gouvernement est là mais il ne fait rien, et ça ne date pas d’aujourd’hui. Un bon gouvernement serait le bienvenu en Algérie.

■ Algériens et Tunisiens sont appelés à utiliser Cacerolazo (nom de la forme populaire de protestation argentine et islandaise depuis peu qui consiste à faire du bruit en frappant des pots, casseroles...) afin de réclamer l’attention des pouvoirs. Signe pacifique pour éviter des émeutes mortelles. Et que les manifestations n’aient lieu qu’en journée pour demander que les casseroles soient remplies.

Rien ne va plus

■ Prenez-vous le peuple pour des analphabètes ? Prenez-vous le peuple pour des illettrés incultes et ignares ou alors vous regardez-vous tout simplement dans un miroir pour penser cela ? Ceci me fait penser à une histoire du temps du FLN lors d’une réunion extraordinaire à la Coupole. Dans un dessin humoristique ,on pouvait lire : les Algériens savent que les envahisseurs sont là. Oui, le peuple sait quand un ministre est plus préoccupé par ses affaires qu’autre chose, quand un président est plus préoccupé par son image qu’autre chose, quand un DRS est plus puissant qu’un président, qu’un C. Khelil rit à la face de 35 millions d‘Algériens. Oui, on le sait, pas besoin d’un étranger pour voir comment on vit, ou alors il faut vraiment être aveugle, sourd et muet ou mort. Je vous prête 48 heures de ma vie contre 48 heures de la vôtre et là vous verrez les choses d’une autre façon.

Rebrab : «Nous n’avons

pas augmenté les prix»

■ Avec l’argent qu’on est en train de donner à des gens épaulés, pourquoi on n’est pas en mesure de créer plusieurs Rebrab ? (avec tous mes respects à ce grand monsieur).

■ Je suis d’accord avec N. Djabi. La faillite des intervenants est pire que celle de l’Etat. Les émeutes non encadrées, canalisées, orientées se retournent à chaque fois contre nous. Et cela n’est pas le rôle de l’Etat, mais des syndicats, des partis, des personnalités, de l’intelligentsia. En Algérie, ils se limitent à jouir de la détresse du haut de leurs strapontins octroyés par ce même Etat qu’ils dénigrent quand ils ne peuvent pas faire autrement. Tout le monde sait que l’Etat ne répond pas aux besoins des citoyens. Mais l’opposition, les syndicats, etc. ne sont-ils pas aussi méprisants à l’égard de ces désespérés ? Qui parmi eux est descendu dans la rue et a été accueilli et reconnu par les jeunes ? Ça c’est l’opposition, être considéré comme un leader dans les coups durs, dans la furie de l’émeute se

faire entendre. Qu’on ne prétende pas que les médias sont verrouillés, car les révolutions dans le monde n’ont pas eu besoin de téléphone mobile, SMS, email, Internet, facebook, etc.

■ Si je comprends bien, le mouvement social en Algérie restera toujours suspect car il y a des islamistes en Algérie... Nacer Djabi est sociologue et il doit savoir que les islamistes sont «là»... donc tout mouvement social sera suspect... Le pouvoir qui la joue, selon les besoins, laïc ou islamiste, joue sur du velours. Tant que des intellos qui savent que les islamistes sont là se refusent à les penser comme des acteurs, on continuera à tourner en rond...

Ce qu’en disent les sociologues

Les partis politiques

réagissent

■ Quels partis politiques ? En Algérie, tout le monde sait qu’il n’y pas de partis politiques dignes de ce nom, capables de dire les choses et de dénoncer le fonctionnement mafieux dans ce pays ; ils préfèrent en faire partie. Le vrai pouvoir c’est le peuple. Comme pour la Tunisie, les jeunes sont le fer de lance du changement dans un pays où malheureusement on demande tout à Dieu et n’importe quoi. Les partis politiques sont aux ordres du pouvoir, comme dans tous les pays totalitaires. Que la justice passe (bien sûr celle des hommes avant celle de Dieu). Justice !

■ C’est de votre faute si on est arrivés là où nous sommes. Vous défondez uniquement vos intérêts personnels. A l’APN vous applaudissez, vous cautionnez, vous huez, vous faites même la sieste, et quand le peuple décide de parler (bien sûr manipulé comme d’habitude), vous sortez de vos niches et commencez à réagir avec des phrases toutes faites et des discours que vous avez déjà appris auparavant. Ce n’est pas comme ça que l’Algérie se portera bien, un tel comportement définit un pays voué à l’échec, peut-être même un pays qui risque d’être irakisé.

■ Ils devraient inventer autre chose, car les «petits jeunes» le savent, le rôle des partis n’est pas de regarder de loin et de pointer du doigt, mais d’encadrer et de diriger la contestation et le mécontentement afin d’éviter les émeutes. Des partis d’opposition organisent des actions et ne se limitent pas à jouir de la détresse du peuple dans le but de dénigrer l’Etat qui, faute d’opposition réelle, n’est pas contrôlé et arrive à pousser la population à bout, à force d’abus, d’interdits, de répression, etc. D’après ces supers partis, quel est leur rôle en dehors du fait de jouir des privilèges, octroyés par cet Etat qu’ils dénigrent, alors qu’ils font pareil ? En plus, comment le parti de l’Alliance présidentielle peut-il être dans l’opposition ? C’est ça qui révolte aussi,

être méprisé, ignoré et si on s’adresse à nous, nous

sommes considérés comme des débiles incapables de discernement.

■ Vous n’avez pas le droit de parler maintenant. Retournez à vous casernes !

■ Où étiez-vous quand ils ont changé la Constitution

pour permetre au président actuel de se présenter autant de fois qu’il

le veut ? Où êtiez-vous, hein ?

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El Watan

PROPAGANDEAvec les émeutes, l’ouverture à la télé, c’est bien fini

ONE MAN SHOWKamel Zouaoui demainà Tlemcen P15

n tede poche

Par Nawel Louerrad

visuell

Récup

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BONNE ACTION Des concerts au profit des malades ce week-end à Alger

P14P17

BATNA Les artistes se rebiffent

BÉCHAR La palmeraie

de Mougheul en dangerL’assèchement de la source de Mougheul, à une quarantaine de kilomètres au nord de Béchar, met en danger son imposante palmeraie, ont signalé des représentants de la population et des responsables de cette commune. Le tarissement de la principale source qui irriguait l’immense palmeraie de la localité de Mougheul, qui compte plus de 200 000 palmiers dattiers, met en péril cet espace oasien. Cette préoccupation, qui a été soulevée lors d’une récente visite du chef de l’exécutif de wilaya à cette commune, est un phénomène naturel et seules de fortes précipitations pourraient régénérer cette source et réalimenter les puits de la région, a précisé le directeur local du secteur des ressources en eau. Actuellement et après le tarissement de cette source et d’une douzaine de puits, seul un forage débitant 25 litres/seconde est consacré à l’approvisionnement en eau potable de la population locale, dont les représentants souhaitent la réalisation de nouveaux forages dans cette région à fortes potentialités hydriques souterraines. Des projets de forages sont en cours d’inscription pour tenter de remédier à ce phénomène naturel, a-t-on fait savoir. La palmeraie millénaire de Mougheul est l’une des plus anciennes de la région et constitue une source économique importante pour plusieurs familles d’agriculteurs de cette commune. Elle est également un site naturel d’une grande importance pour les activités touristiques en réel développement dans cette région ksourienne de la wilaya de Béchar. APS

Sous une pluie fine et une brise glaciale, des artistes venus de tous les horizons (arts plastiques, musique, théâtre, danse) ont occupé hier le centre-ville de Batna, sur la place face au théâtre, pour exprimer dans une ambiance bon enfant leur colère. Ils sont venus pour dire à leur manière : «halte à la marginalisation !» Les premiers à leur rendre visite étaient les policiers, suivis juste après du P/APC, Ali Melkhsou, venu sur les lieux s’enquérir de l’événement. Abdelmounâam Berkane, scénariste, endossant l’armure de Don Quichotte, un bidon à la main pour dire «bidoun taâlik» (sans commentaire, ndlr), a essayé de lui transmettre le message : «Nous sommes venus occuper cet espace, car les infrastructures de la culture nous sont hypocritement fermées.» Deux musiciens entonnant quelques airs étaient aussi de la partie pour dire leur colère vis-à-vis de la maison de la culture, qui exige un paiement préalable pour tout spectacle. Khaled El Biar s’interrogera à cet effet : «D’où est-ce que je peux avoir 3 à 4 millions de centimes ?» Hocine Houara, artiste peintre, ex-enseignant de l’Ecole des beaux-arts, également venu exprimer sa solidarité, s’est insurgé. «L’activité culturelle se limite à l’organisation de salons et les projets sont distribués aux proches», a-t-il lancé devant les journalistes. Djenane Zeid, représentant un groupe de danseurs, se plaint de ne pas avoir un espace pour les répétitions : «La

maison de la culture nous a accueillis pour quelques jours et, d’un coup, on change d’avis pour nous informer de la venue d’un chorégraphe d’Alger. En attendant, on a plus le droit d’y accéder !» Ali Mehira, artiste plasticien, est venu pour dénoncer la gestion de l’Ecole des beaux-arts. «Dans cette école, constate-t-il, les étudiants sont exploités, les travaux qu’ils réalisent sont confisqués par l’établissement. Je considère

qu’il faut tout revoir dans cette école.» Khaled Bouali remarque, quant à lui, que «les artistes de Batna sont écartés par toutes les instances culturelles de la ville et particulièrement la direction de la culture, la maison de la culture, le théâtre et l’Ecole des beaux-arts. La situation va de mal en pis». Ils ne demandent qu’une seule chose : «Nous voulons être reçus par le wali.»

Lounes Gribissa

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LES MANIFESTANTS FACE AU THÉÂTRE

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dont plusieurs inédites. Au MaMa, rue Larbi Ben M’hidi.

Oran. L’artiste peintre Abdelkader Belkhorissat, actuellement directeur de l’Ecole des beaux-arts de Sidi Bel Abbès, expose à Oran une palette de ses œuvres au titre d’une rétrospective. Il a participé à des expositions collectives et personnelles en Algérie, en France, aux Pays-Bas, au Yémen, en Tunisie ou encore en Russie. Il a reçu le deuxième prix de peinture au Grand Prix de peinture de la ville d’Alger (1994) ainsi que le deuxième prix de peinture au Grand Prix de la ville d’Oran (1998). A l’espace Lotus. En savoir plus : www.espace.lotus.sitew.com.

CONFÉRENCES

Samedi 15 à 15h. Oran. «Metzeouedj fi otla ou la réconciliation théâtre-public en Algérie : une expérience en débat». Conférence présentée par Mourad Senouci, auteur-dramaturge, doctorant en sociologie de la culture à l’Université d’Oran et Samir Bouanani, comédien et metteur en scène, doctorant en lettres et arts à l’université de Sidi Bel Abbès. Salle des Conférences Mahmoud Darwich, IDRH, 18A, rue Zighout Youcef, Canastel. www.idrhalgerie.com.

Samedi 15 à 10h. Alger. Conférence sur l’armement et l’approvisionnement durant la guerre de Libération. Hommage au défunt Mahmoud Chérif, chef de la Wilaya I et ministre de l’Armement et de l’Approvisionnement du GPRA. Avec l’association Machaâl Chahid. Au centre de presse d’El Moudjahid.

Dimanche 16 à 19h. Annaba. «La communication» par Pierre Guilbert. Au CCF, 8, bd du 1er Novembre 1954. Tél. : 038 86 45 40/038 80 22 59.

Lundi 17 à 9h30. «Sociabilité de quartier et compétition militante. Le PPA à Alger, entre

Casbah et Belcourt, 1939-1954», conférence présentée par le Pr Omar Carlier, historien, Université Paris VII. Cette conférence s’inscrit dans le cadre du cycle d’activités intitulé «La conférence d’Oran», organisée conjointement par le Centre d’études maghrébines en Algérie et la Faculté des sciences sociales de l’université d’Oran. CEMA, cité du Chercheur (ex-IAP), université d’Oran Es Senia. Tél. : 041 58 19 29, www.cema-northafrica.org.

Lundi 17 à 15h. Constantine. «Le

management centré sur l’humain», conférence de Pierre Guilbert. A l’heure de la mondialisation et de la diminution des marges, les entreprises qui s’en sortiront ne sont pas celles qui auront les meilleurs logiciels ou procédures, mais celles qui pourront le mieux possible bénéficier de la motivation de leurs équipes. Une machine ne fera jamais que ce pour quoi elle a été programmée. L’être humain, lui, est capable de beaucoup plus... Au CCF. 1, boulevard de l’Indépendance. Tél. : 021 31 91 25 91

Mercredi 19 à 17h. Alger. «Processus de développement : finances, le rôle de la banque» par le docteur Abdelkader Abid, facilitateur. A la bibliothèque du palais Moufdi-Zakaria.

Jeudi 20 à 9h. Alger. «La sécurité des documents professionnels» avec El Indjaz. A l’auditorium du palais Moufdi Zakaria.

Jeudi 20. Bordj El Bahri (Alger). Journée de vulgarisation sur la créativité et l’innovation au sein des entreprises. A l’hôtel Raïs, El Marsa.

SPECTACLES

Samedi 15 à 16h. Annaba. Les piments givrés et leur tour du monde en 33 tours. Au CCF. 8, bd du 1er Novembre 1954. Tél. : 038 86 45 40/038 80 22 59.

Samedi 15 à 19h. Tlemcen. One man show de Kamel Zouaoui. Les contes prennent place dans son vignoble, sa maison, au hammam ou sur la place du marché. Impliqué dans de nombreuses situations quotidiennes, Nasredine propose alors un raisonnement, si naïf qu’il en devient philosophique, sur l’injustice sociale, la paresse, l’étroitesse d’esprit, la gourmandise, l’égoïsme, l’ignorance, les privilèges des classes, la mort, les mystères de la vie… Les personnages qu’il campe proviennent de tous milieux sociaux, le prince ou le mendiant, l’érudit ou l’ignorant, le jeune ou le vieux. Au CCF, 1, rue Commandant Djeber. Tél. : 043 26 17 15/043 26 17 22.

RENCONTRES

Lundi 17 à 15h. Alger. Atelier d’arts plastiques avec l’artiste Babane Abderrezak, qui réalisera une toile sur le thème «Le climat et le réchauffement climatique». Salle Atlas, 27, rue Mohamed Seghir Saâdaouil, Bab el Oued.

SALONS

Jusqu’au mardi 25. Alger. Salon du collectionneur. Philatélie, photos, cartes postales… Au centre des loisirs scientifiques, rue Didouche Mourad.

DÉDICACES

Samedi 15 à 14h. Alger. L’auteur et journaliste Zoubir Souissi signe son nouveau livre Caméléon, paru aux éditions Casbah. A la librairie Point-Virgule, 4, route de Zouaoua, Chéraga.

Samedi 15 à 15h. Alger. Mahieddine Ammimour dédicace son livre, paru chez Dar Houma. A la bibliothèque nationale.

Samedi 15 à 13h30. Tizi Ouzou. L’auteur Mohammed Attar dédicace son roman La Sainte, paru aux éditions Achab. A la librairie Multi-Livres, 19 rue Abane Ramdane.

Samedi 15. Béjaïa. Le café littéraire de Béjaïa accueille Mohamed-Brahim Salhi, sociologue et anthropologue, pour une rencontre autour de son livre Algérie, citoyenneté et identité, paru aux éditions Achab. Au Théâtre régional Malek Bouguermouh.

MUSIQUE

Vendredi 14 et samedi 15 à 20h30. Paris. «Héritage d’Alep», avec Omar Sarmini et son ensemble d’Alep, spécialiste du chant classique et des airs alepins. A la Maison des cultures du monde. Contact : IMA. 1, rue des Fossés Saint-Bernard, place Mohammed V. Tél. : 01 40 51 38 38. Serveur vocal : 01 40 51 38 11.

Samedi 15 à 20h30. Paris. Concert de Kamel Zaïdi, entrée : 13 euros. Au Centre culturel algérien. 171, rue de la Croix-Nivert. Tél. : 01 45 54 95 31.

Lundi 17 à 19h. Alger. Musique classique : Quatuor Voce. Avec Cécile Roubin : violon ; Guillaume Becker : alto ; Florian Frère : violoncelle ; Sarah Dayan : violon. Soutenus par le Quatuor Ysaÿe, les Voce remportent en quelques années seulement de nombreux prix aux concours internationaux de Genève, Crémone, Vienne, Bordeaux, Graz et Londres. Ils s’imposent rapidement sur la scène internationale, en quatuor. Au CCF. 7, rue Hassani Issad. Tél. : 021 73 78 20/21.

ENFANTS

Vendredi 14 à 10h. Alger. Sheherazed, par l’association du théâtre Abderrahmane Kaki de Mostaganem, mis en scène par Mohamed Oukrit. Salle El Mouggar, 2, rue Asselah Hocine.

Vendredi 14 à 15h. Aïn Benian. Spectacle pour enfants. A la bibliothèque Dar El Anis.

Samedi 15 à 15h. Oran. El assouad ou el hattaba, de Mourad Senouci, mis en scène par Samir Bouanani. A 17h. Lahla Izid Ktar, de Bouziane Benachour, mis en scène par Azzedine Abbare. Au Théâtre régional d’Oran. Place du 1er Novembre 1954. Tél. : 041 39 70 89.

Samedi 15 à 10h. Alger. Amî Slimane, par par l’association du théâtre Abderrahmane Kaki de Mostaganem, mis en scène par Mohamed Oukrit. Salle Atlas, 27, rue Mohamed Seghir Saâdaouil, Bab el Oued.

Mardi 18 à 14h30. Alger. El assouad ou el hattaba du Théâtre régional d’Oran. A l’auditorium du palais Moufdi Zakaria.

THÉÂTRE

Vendredi 14 à 17h. Oran. Harragas. Théâtre. Neuf Algériens montent dans une barque pour partir en Europe clandestinement. Puis, une vague féroce et neuf épaves d’histoires flottent sur l’eau. L’irréel apparaît, des nez rouges tombent du ciel. L’absurde arrive avec les courants de la mer, déchiqueté et essoré au bord d’une plage inconnue. Neuf histoires se racontent en flash, en mouvement, en musique, en scènes hilarantes et ironiques. Contact : [email protected]. Tél. : 0798 410 443. Au Théâtre régional d’Oran. Place du 1er Novembre 1954.

Mercredi 19 et jeudi 20 à 17h. Oran. Jeu du mariage, de Mourad Senouci, mis en scène par Ghaouti Azri. Au Théâtre régional d’Oran. Place du 1er Novembre 1954. Tél. : 041 39 70 89.

Jeudi 20 à 18h. Oran. Roudn Vitez. Théâtre : Cie Garence. Cette création est le fruit d’une

recherche sur les grands metteurs en scène français mis en place par le Laboratoire de la compagnie Garance depuis 2009. Romain Fohr installe son ring au Théâtre, pas de mise en scène, pas de costumes, pas de maquillage, juste les mots d’Antoine Vitez. Au CCF. 112, rue Larbi Ben M’hidi. Tél : 041 40 35 41.

EXPOS

Jusqu’au vendredi 14. Béjaïa. Expo de peintures dédiée à l’artiste Salah Aït Mehdi. Au Théâtre régional Abdelamlek Bouguermouh.

Jusqu’au vendredi 14 janvier. Paris. Exposition des œuvres de l’artiste peintre Mohamed Aksouh. Au Centre culturel algérien, 171, rue de la Croix-Nivert. Tél. : 01 45 54 95 31.

Du jeudi 20 au samedi 29. Paris. Exposition de photos retraçant l’ascension de l’Everest. A 18h30 : présentation du livre de Nadir Dendoune Un tocard sur le toit du monde. Au Centre culturel algérien. 171, rue de la Croix-Nivert. Tél. : 01 45 54 95 31.

Jusqu’au samedi 29. Alger. Exposition de peintures de Zohra Sellal. Galerie Mohamed-Racim, rue Didouche Mourad.

Jusqu’au dimanche 30 janvier. Alger. 3e Salon d’automne (peintures, photos...). Aupalais de la culture Moufdi Zakaria.

Jusqu’au dimanche 31 janvier. Alger. 25e anniversaire de la disparition de M’hamed Issiakhem. Une centaine d’œuvres de l’artiste,

El Watan Week-end - Vendredi 14 janvier 2011SORTIR14 El Watan Week-end - Vendredi 14 janvier 2011 SORTIR 15

MAÏSSA BEY

Mardi 18 à 17h. Alger. Rencontre avec Maïssa Bey, auteur de Puisque mon cœur est mort. En partenariat avec les éditions Barzakh. Elle a, entre autres, obtenu le Prix des libraires algériens en 2005, pour l’ensemble de son œuvre. Au CCF. 7, rue Hassani Issad. Tél. : 021 73 78 20/21.

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ABOU FALL

Mardi 18 à 17h. Constantine. Soirée de contes avec Abou Fall. Gratuit sur réservation. Initié au conte par sa grand-mère Rokhaya Sy, qu’il appelait «Bouche du monde», Abou Fall mène de front un double travail de recherche et de création artistique autour des récits. Initiation familiale qu’il renforce par des études de cinéma, des travaux et des recherches autour de l’oralité. Au CCF, 1, boulevard de l’Indépendance. Tél. : 021 31 91 25 91.

Festival de la solidarité 2011 : Nedhra Jdida. Pour la première fois en Algérie. L’initiative existe dans plusieurs pays, sous le nom de Solidays et consiste à faire des journées solidaires. Le message : «Portons un regard nouveau sur les malades» à travers cette série de concerts. Les artistes s’adresseront au public au nom des personnes malades pour dire : «Que je sois malade ne change rien, je suis une personne comme les autres.» Au nom de la solidarité, Zahra et ses jeunes ont rassemblé leurs idées et leurs efforts pour apporter une aide aux cancéreux, orphelins et malades dans les hôpitaux. La totalité des dons iront au profit de personnes malades.

Vendredi 14 à partir de 16h. BB Blues, Nazim Zyriab, Reda SikaSamedi 15. Amel Zen et Maghreb Fusion, Cameleon, TataFull, Wled Haussa

Accès : 300 DA. Salle Ibn Zeydoun, Riadh El Feth, Alger.

Jusqu’au jeudi 20 janvier. Alger. «Les Phéniciens d’Alger, les routes de commerce entre la mer Méditerranée et l’Afrique du Nord» : exposition d’objets relatifs à la civilisation phénicienne. Au palais de la culture Moufdi Zakaria.

FILMS CINÉ SÉANCES GENRE

Quantum of Solace, de Marc Foster Salle El Mouggar, Alger Vendredi 14 janvier à 14h, 17h et 20h Film d’action

Voyage à Alger, de Abdelkrim Bahloul Salle El Mouggar, AlgerTous les jours du 17 au 29 janvier à 14h, 16h, 18h et 20h, sauf les 20, 27 et 29 à 14h et 16h

Drame

Pays de la montagne, de Rabah Bouberras Cinémathèque d’Oran Samedi 15 à 14h30 Documentaire

Mimezrane, la fille aux tresses, de Ali Mouzaoui Cinémathèque d’Oran Samedi 15 à 16h30 Drame

The Social Network, de Marc Zukerberg Salle Cosmos, Riadh El Feth, Alger Jusqu’au 31 janvier à 19h30 Comédie

dramatique

Harry Potter et les reliques de la mort, de David YatesFilmathèque Mohamed Zinet, Riadh El FethCinéma Cosmos, Alger

Tous les jours à 10h30 et 13h

Vendredi à 15h30 et 18h, samedi à 13h, 15h30 et 18h

Science-fi ction

Looking for Eric, de Ken Loach Salle Cosmos, Riadh El Feth, Alger Tous les jours à 14h et 17h Comédie

dramatique

à l’algérienne !F

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TAMANRASSET VIBRE AU SON DES MUSIQUES DU SUD

Jusqu’au lundi 17. Tamanrasset. 2e Festival international des arts de l’AhaggarCONCERTS au campement. Vendredi 14 : Joe Batouri, El Ferda, Shtima et Hamda Adjela, Miloudi, Tindé de Tazrouk, Bab Merzoug. Samedi 15 n: Shena et Adjela,

Aghrib, Tindé d’Amsel, Ahellil. Dimanche 16 : El Badr de Tindouf. Lundi 17 : Ganga, Tbal de Ain Salah.ATELIERS. Supervisés par Arezki Larbi, plasticien, ces ateliers seront animés par des créateurs contemporains à l’instar de Djahida Haouadef pour l’atelier dessin, Nabila Kalache pour l’atelier vannerie, Hassiba Boufedji, pour l’atelier cuir et bois et Rafik Zaïdi pour celui de la

photographie, Sabine Pakora animera les ateliers danse et chorégraphie. Quant aux autres ateliers, il s’agira de rencontre et de fusion entre le geste traditionnel des artisans de Tamanrasset et celui des designers contemporains. Tous les travaux réalisés feront l’objet d’expositions pendant le festival. Contact : www.festival-tamanrasset-ahaggar.co

Sol days

Jusqu’au jeudi 20 janvier. Alger. «LesPhéniciens d’Alger, les routes de commerce entre la mer Méditerranée etl’Afrique du Nord» : exposition d’objets relatifs à la civilisation phénicienne. Aupalais de la culture Moufdi Zakaria.

Les Phéniciens, commerçants de la Méditerranée

Joe Batoury

Page 11: El-Watan 20110114

El Watan Week-end - Vendredi 14 janvier 2011TENDANCES16

Il n’y a pas que de la casse. Après les émeutes, plusieurs artistes algériens de la

Toile se sont exprimés selon leur propre vision sur ce qu’il s’est passé. Peinture sur huile, sucre, natures mortes et dirigeants,

filtrage du réseau Internet. Sans commentaire.

L’émeute visuelleRécup

Merci à tous les artistes connus ou

anonymes , dont les images ont été

utilisées pour monter cette page.

Chawki Amari [email protected]

Page 12: El-Watan 20110114

Après 48 heures de flottement médiatique, et pour contrer la couverture de la chaîne qata-rie Al Jazeera, la direction de l’ENTV aurait décidé, de sa propre initiative, de couvrir les émeutes qui secouaient l’Algérie depuis lun-di 3. Les journalistes ont été priés de tourner des sujets pour les différents journaux, mais en évitant soigneusement d’aborder les rai-sons qui ont conduit aux émeutes. Ordre leur est donné d’axer leurs reportages sur les dé-gradations occasionnées et de privilégier les intervenants qui condamnent les saccages. Au siège de l’ENTV, on reste droit dans ses bottes et on assume cette couverture médiati-que et l’orientation donnée par la direction dans le traitement des évènements. «Nous assumons notre parti pris, déclare un journa-liste de la rédaction. Nous avons privilégié une couverture où nous donnions la parole aux citoyens qui dénonçaient les nombreux pillages et dégradations commis durant les événements. On ne voulait pas verser de l’huile sur le feu. Pour une fois il n’y a eu ni intervention ministérielle ni celle de la Pré-sidence pour nous dicter ce qu’on devait fai-re…» Cette couverture confirme en réalité la fin de l’ouverture telle que voulue par Nacer Mehal, ministre de la Communication, qui avait exigé de la direction de la télévision de couvrir les problèmes de la société algérien-ne, dès son arrivée à son poste. Cette ouverture avait fait grincer des dents au sein de la direction de la chaîne qui plaidait pour une ouverture graduée de l’antenne, alors que le ministre était pour le passage en force. «Ça devenait trop dangereux pour le pouvoir, confirme une source pro-che de la direction de la télévi-sion. Les reportages que nous diffusions mettaient en lumière les ratés de certains ministres dans la gestion de leur dépar-tement.» Le coup de grâce est arrivé lors du Conseil du gouvernement du mois de décembre, au cours duquel le ministre de la Communi-cation aurait essuyé de très fortes critiques de la part de ses collègues du gou-vernement. Ces derniers se se-raient plaints du traitement qui leur était réser-vé dans les su-jets diffusés au cours du jour-nal télévisé.

THOURAYA ZARFAOUI BIENTÔT EN PRIMEFace à cette bronca ministérielle, déci-sion est prise de met-tre l’ouverture aux oubliettes. «La di-rection de l’ENTV a été instruite de cette décision, confirme un journaliste de la chaîne. Au cours de la confé-rence de rédaction, on nous a demandé de ne diffuser qu’un seul reportage au cours du journal télévisé au lieu des trois habituels et de supprimer, au montage, tout ce qui pou-vait gêner les responsables.» Le ministre a dû, par ailleurs, au cours du mois de décembre, affronter un autre revers avec la nomination d’Abdelhamid Kacha à la tête de l’Agence presse ser-

vice alors qu’il avait bataillé en coulisses pour qu’El Hadi Benyekhlef qui assurait l’intérim, depuis sa nomination à la com-munication, soit confirmé dans ses fonc-tions. «Entre le nouveau DG de l’APS et le ministre, le courant n’est jamais passé quand il travaillait ensemble à l’APS, confie un journaliste de l’agence. Ils ne se sont jamais appréciés.» Nacer Mehal pourra au moins se consoler avec la nou-velle émission politique qui devrait être lancée ces jours-ci dans la grille des pro-grammes de l’ENTV. Une émission que le ministre, un habitué des effets d’an-nonce, avait dévoilée à l’Assemblée na-tionale. Selon nos informations, cette émission est fin prête et n’attend plus que le feu vert du ministre pour être diffusée. Elle devrait s’intituler «Saat Hiwar» et être animée par Thouraya Zarfaoui, ac-compagnée d’un journaliste de la presse publique et de deux du privé. Elle serait programmée en prime time, le mardi. La direction de la télévision a, aussi, planché sur une autre émission, de débat cette fois-ci, et qui devrait permettre d’aborder tous les problèmes que connaît la société algérienne. L’émission serait présentée par Samia Azzi et s’appellerait «Ahouel Ness». L’émission serait bimensuelle et diffusée en seconde partie de soirée, le mercredi. ■

El Watan Week-end - Vendredi 14 janvier 2011 17MÉDIAS

Facebook et

Twitter

difficilement

accessibles Depuis

l’éclatement des émeutes dans plusieurs régions du pays, Facebook, le réseau social favori des Algériens ainsi que Twitter sont difficilement accessibles, voire carrément bloqués des heures durant. Filtrage, espionnage, début de censure, plusieurs thèses viennent s’étoffer autour de cette perturbation dans le monde du web algérien.

Hnawelhik, le foyer

de toute une

cultureHnawelhik, ou «Ici et là-bas» est une radio-web associative qui propose d’innombrable genres musicaux, des podcasts pris d’un peu partout, des portraits d’artistes algériens, amateurs ou maîtres dans leur domaine. Une véritable source de talents, riche en informations et en sons, un site prometteur pour la culture algérienne. http://radiohnawelhik.co.cc/.

La drôle de vie d’une

AlgérienneLa fraîcheur du blog de Mamzelle Namous, une sorte de journal presque intime d’une Algérienne pleine d’humour qui ose parler de tout et qui n’a pas peur des mots. Elle aborde avec légèreté et pertinence des

thèmes et problèmes auxquels tout le

monde fait face durant son quotidien.

Un zoom sur la vie d’une Algérienne tout aussi attachante que son blog.http://jeuneviealgeroise.blogspot.com/.

Mobilisation

sur le webAprès la vague d’émeutes qui a secoué le pays en ce début de

mois, les internautes algériens se sont activés

sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook où

ils ont créé plusieurs groupes de débat et de mobilisation :

Sérénité Algérie, Emeutes 2011, Contre la violence en Algérie, Algérie plurielle, Action pour le

changement, entre autres. A visiter pour rester à la pointe.

Quora, un

nouveau

réseau socialUn nouveau réseau

a fait son entrée sur le web en juin dernier. Il n’a pas encore eu le temps de bien se faire connaître mais les experts IT s’accordent à dire que ce site est plus que prometteur. Il associe un service utile à toutes les particularités des réseaux sociaux.

ENTV L’ouverture, c’est terminé !

Salim [email protected]

Après les attaques des ministres qui se seraient plaints du traitement infligé par les reportages, l’ouverture décidée par Nacer Mehal a été définitivement enterrée par les émeutes. En compensation, la direc-tion promet deux nouvelles émissions au franc-parler dès ce mois-ci. Les émeutes, qui ont éclaté la semaine dernière,

ont suscité bien des réactions sur le web algérien. Ismaïl Chaïb, blogueur assidu, dont le blog www.idontfixyourpc.com est très connu sur la websphère algérienne, nous propose un sondage réalisé sur le web qui essaie de refléter l’opinion des internautes algériens.

SONDAGE Le regard des internautes sur les émeutes

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Sondage réalisé auprès de 124 personnes

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mots croisésHORIZONTALEMENT

1- Traverse Hyde Park. 2- Disciple d'Arius. Bisons. 3- Degré. Participe. 4- Note. Epaisses. 5- Féeriques. 6- Unique. Liaison. 7- Préfixe. Sultans. 8- Fleuve. Soleil.9- Liaison. Lober.10- Bois précieux. Mesures.

VERTICALEMENT

1- Immolées. 2- Vagabonder. Possessif 3- Vallée envahie. Ruisseau. 4- Bijou. 5- Dans. Brame. Article. 6- Néant. Entrée d'Italie. 7- Pronom. Tué. 8- Diapré. Tour. 9- Issue. Etreinte.10- Crochet. Monarques.

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

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El Watan Week-end - Vendredi 14 janvier 2011RELAX18

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ku El Watan Week-end

édité par la SPA “El Watan Presse” au capital social de 61 008 000 DA. Directeur de la publication : Omar

BelhouchetDirection - Rédaction - Administration

Maison de la Presse : Tahar Djaout - 1, rue Bachir Attar 16 016 Alger

Place du 1er MaiTél : 021 65 33 17 - 021 68 21 83 -

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Les manuscrits, photographies ou tout autre document et illustration adressés

ou remis à la rédaction ne seront pas rendus et ne feront l’objet d’aucune

réclamation. Reproduction interdite de tous articles

sauf accord de la rédaction.

EL WATAN WEEK-END se fait chaque vendredi le relais d’«Un Toit pour Chat. Un Chat

pour Toi !», groupement constitué d'un petit nombre de particuliers qui recueillent, soignent,

vaccinent et stérilisent autant d'animaux que leurs moyens personnels le permettent. La stérilisation constitue le point d'orgue de leur action. Les animaux sociables sont proposés à

l'adoption sur leur page Facebook après un moyen séjour en famille d'accueil et les autres sont réintroduits dans leur environnement habituel et deviennent ainsi des chats libres complètement sous contrôle. «Un Toit pour Chat. Un Chat pour Toi !» n'est pas un refuge et ne fonctionne que grâce à l'aide que représente la prise en charge des animaux par des familles d'accueil temporaires. Ils encouragent tous les citoyens responsables à faire de même au niveau de leur quartier et les invitent à s'aider de la page Facebook afin de trouver des familles d'accueil/foyers à leurs protégés. Aucune participation financière ne vous sera demandée !

Contact: 0774 760 301

Page Facebook : (ALGER) Un Toit pour Chat.

Un Chat pour Toi!

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- On voit un seul bout du foulard de la dame- Une mèche sort de son foulard (sur le front) - La chaussure droite de l’homme est trouée- On ne voit plus son bras droit- Son pantalon est troué au niveau du genou- Il porte un tricot plus long- La bouteille dans le panier n’a plus d’étiquette

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Blanco est un chiot de couleur blanche d'un mois et demi. Très câlin, doux et parfaitement propre. Blanco a subi une intervention à une patte et est en convalescence mais se porte très bien.

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El Watan Week-end - Vendredi 14 janvier 2011 FOOT INTER 19

Le meneur de jeu brésilien de l’AC Milan, Ronaldinho, qui a annoncé avoir signé avec Flamengo, a déclaré qu’il revenait au Brésil et avait choisi le club de Rio de Janeiro pour «donner le maximum» et dans l’espoir de «retrou-ver la sélection». «J’imagine déjà les supporters de Fla-mengo dans le stade plein à craquer. Ils peuvent compter sur moi pour que je donne le maximum. Je suis revenu au Brésil et je viens à Flamengo pour ça», a assuré le cham-pion du monde 2002 sur le site internet de son nouveau club. L’ancien joueur du Paris SG et du FC Barcelone a également fait part de ses espoirs de revenir en sélection en vue du Mondial-2014, organisé dans son pays. «Il est certain que j’espère que mon travail me permettra de re-trouver la sélection», a déclaré le joueur, absent du der-nier Mondial sud-africain. Ronaldinho, qui aura 31 ans en mars, avait indiqué, lundi soir, sur son site internet, avoir signé un contrat de trois ans et demi avec Flamen-go, pour un salaire mensuel avoisinant les 900 000 dol-lars (770 000 euros environ). Depuis une dizaine de jours, son premier club, le Gremio de Porto Alegre et le club de Sao Paulo, Palmeiras, étaient également sur les rangs pour s’offrir les services de la star brésilienne. Son futur entraîneur à Flamengo et ancien sélectionneur du Brésil, Vanderlei Luxemburgo, a estimé mardi que ce transfert était «le plus grand de l’histoire du football bré-silien». «Flamengo est en fête, c’est le plus grand trans-fert du football brésilien de tous les temps. Il s’agit d’un projet, pas seulement d’un contrat», a souligné Luxem-burgo devant les médias, à Londrina (sud-est), où Fla-mengo est en stage de pré saison jusqu’au 17 jan-vier. «Nous commençons déjà à organiser les choses. Il y aura une présentation, quelques discussions (...) Nous ne pouvons pas encore vous indiquer quand il fera ses dé-buts», a déclaré Luxemburgo. La présidente de Flamen-go, Patricia Amorim, a assuré que Ronaldinho était «un joueur comme les autres dans l’effectif». «Dans son contrat, rien ne stipule qu’il jouera seulement les mat-ches importants», a-t-elle ajouté, répondant ainsi aux doutes de la presse brésilienne sur le degré d’implication de Ronaldinho dans sa future équipe. AFP

Flamengo (Brésil)

Ronaldinho pour «retrouver la sélection»

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Coupe du Roi Messi s’offre un triplé

pour fêter son Ballon

d’or

L’Argentin Lionel Messi, sacré Ballon d’or pour la deuxième fois lundi, a fêté dignement sa distinction, mercredi, en s’offrant un coup du chapeau (hat-trick) à l’occasion du large succès (5-0) du FC Barcelone contre le Bétis Séville, un club de deuxième division, en quarts de finale aller de la Coupe du Roi. Irrésistibles en Championnat (16 victoires, 1 nul, 1 défaite), les Catalans et leur trio magique Xavi-Iniesta-Messi n’ont fait qu’une bouchée du Bétis, relégué en D2 à la fin de la saison 2008-2009 et ils ont pratiquement leur billet pour les demi-finales en poche. Messi a mis son équipe sur orbite en inscrivant les trois premiers buts avec son aisance habituelle (45’, 62’ et 73’). Pedro (76’) puis Keita (82’) n’ont plus eu qu’à parachever le travail. Le FC Séville, tenant du titre, a réussi une bonne opération en allant faire match nul 3-3 sur le terrain de Villarreal, après avoir pourtant été mené 2-0 puis 3-1. Un doublé de Negredo (39’, 60’) a remis les Sévillans dans le sens de la marche avant qu’Alexis n’offre l’égalisation à quelques minutes de la fin (88’). Hier, le Real Madrid recevait son voisin, l’Atletico, 6e en Championnat mais qui reste sur une gifle 4-1, infligée lundi par Hercules Alicante, promu cette saison. Le dernier quart de finale mettra aux prises deux équipes de la deuxième partie de classement, Almeria (19e) et le Deportivo La Corogne (13e).

AFP

STEVANOVIC.Entraîneurdes Black StarsLe Ghana fait partie

des cinq meilleures

équipes du monde

Le nouvel entraîneur du Ghana, le Serbe Goran Stanovic, a estimé que la sélection ghanéenne de football fait partie des cinq meilleures équipes du monde et qu’il allait faire en sorte qu’elle le reste, selon la presse locale de jeudi. «Je suis très heureux et reconnaissant d’avoir été choisi pour entraîner cette équipe très respectée du Ghana. Je sais que de nombreux entraîneurs auraient aimé être à ma place et je suis très excité par le challenge qui m’attend», a déclaré Goran Stevanovic. L’ex-entraîneur du Partizan Belgrade, 44 ans, a été présenté mercredi à la presse, lors d’une cérémonie à Accra. «Pour moi, le Ghana fait partie des cinq meilleures équipes du monde et je vais faire en sorte qu’elle le reste», a-t-il ajouté. «Cette tâche ne sera pas facile, mais elle est très motivante. Mon plus grand défi consistera à convaincre les joueurs qu’ils peuvent faire encore mieux, parce qu’ils en ont déjà fait beaucoup. Je tiens aussi à féliciter mon prédécesseur pour le travail effectué», a conclu Stevanovic qui a remplacé son compatriote Milovan Rajevac. Ce dernier a choisi de ne pas prolonger son contrat qui a expiré en septembre 2010. Rajevac avait conclu son bail de deux ans avec les Black Stars après les avoir qualifiés à la finale de la Coupe d’Afrique des nations 2010, en Angola et en quarts de finale de la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud. APS

Ronaldinho espère désormais retrouver la sélection avec

son retour au championnat brésilien

Page 15: El-Watan 20110114

El Watan Week-end - Vendredi 14 janvier 2011OMNISPORTS20

22e Championnat du monde de handball Algérie-Serbie (ce soir à 20h45)

Un défi difficile pour les Algériens

Le cross national du chahid Ahmed Klouch aura lieu demain sur le parcours de Mouafkia, à la sortie nord de la ville de Chlef. La présente édition, la 38e du genre, a un caractère maghrébin, puisqu’elle verra la participation d’athlètes tunisiens et marocains ayant confirmé leur présence. Ces derniers devaient arriver hier à Chlef. Environ 1400 athlètes, toutes catégories confondues, sont attendus à ce grand rendez-vous du cross national.

Ce sont les meilleurs crossmen du pays qui prendront part à cette compétition, selon un membre fédéral. Celle-ci constitue non seulement une parfaite épreuve de préparation mais aussi une occasion idéale pour la détection de jeunes talents dans cette discipline. Les organisateurs, à leur tête l’APC de Chlef, la DJS et la ligue d’athlétisme, ont pris toutes les dispositions nécessaires pour garantir le bon déroulement de cette manifestation. A. Yechkour

Après le coup d’envoi de la 22e édition du Championnat du monde de handball, hier soir, mettant aux prises la Suède, le pays hôte, et le Chili (groupe D), match comptant pour le tour préliminaire, l’équipe nationale algérienne, qui évolue dans la poule C, débutera ce soir la compétition, en croisant une vieille connaissance, la Serbie. Pour l e compte de ce t t e p remiè re confrontation, les hommes du revenant Salah Bouchekriou retrouveront le Mondial avec l’esprit de faire mieux que le précédent Mondial de Croatie en 2009. Un objectif difficile à concrétiser face à des nations qui aspirent à jouer les premiers rôles dans cette compétition. La Croatie, finaliste du dernier Mondial ou le Danemark qui jouera presque chez lui, vont annoncer d’entrée la couleur pour passer au prochain tour. En effet, dans un groupe constitué de six équipes, seules trois sélections peuvent prétendre à une qualification. Dans la soirée d’aujourd’hui les camarades du «vétéran» Abderazak Hammad, qui affronteront la Serbie, sont avertis que l’adversité sera de taille. Dans ce genre de compétitions, la volonté et l’expérience ne sont pas les seuls critères pour chambouler la hiérarchie mondiale. Il faut avouer que l’équipe nationale renferme six joueurs professionnels, dont deux en fin de carrière, comme Abderazak Hammad et Tahar Labane, qui en sont respectivement à leur 6e et 5e Mondial.

PAS DE CALCULDans la salle de Lund, le sept national, qui s’est toujours incliné devant la Serbie, n’a pas intérêt à faire de calculs, comme nous l’affirme l’ancien joueur de l’équipe nationale et DTN, Abdesalam Benmeghsoula qui a participé à trois Mondiaux. «En principe notre équipe nationale réagira bien lors de son premier match. Il faut juste revenir un peu en arrière pour se rappeler que les équipes algériennes seniors ont toujours entamé les compétitions en trombe. Car, physiquement, l’équipe n’est pas usée. En principe, c’est avec un tel engagement que les Verts affronteront leurs adversaires. Une entrée en la matière à ne pas manquer. Je ne peux pronostiquer sur un succès des Verts si ce n’est de disputer cette rencontre à fond. En clair, il ne faut pas faire de calculs, si on veut aller au prochain tour. On a de la chance que l’équipe algérienne ouvrira le bal face à la Serbie. Car si nous avions

inauguré le rendez-vous contre la Croatie, les joueurs auraient été épuisés», explique le coach Benmeghsoula. Dans le même groupe, la Croatie rencontrera la Roumanie (18h), tout comme le Danemark croisera l’Australie (20h15). A noter que le staff et les joueurs ont visionné, mercredi, quelques

matches de leurs adversaires. Hier, les Verts ont effectué un entraînement léger qui correspondait à l’horaire de la rencontre face à la Serbie prévu à 20h 45.

Chafik Boukabes

TennisLe Grand Chelem commence

à Melbourne

Cette fois, la saison de tennis est bel et bien lancée avec l’Open d’Australie, qui se jouera du 17 au 30 janvier. Les qualifications messieurs et dames ont commencé mardi dernier. Le Marocain Réda El Amrani, seul représentant du Mazghreb en l’absence de l’Algérien Lamine Ouahab, handicapé ces derniers mois par une blessure persistante, s’est qualifié pour le second tour en battant le Slovaque Marek Semian, en deux manches. L’Open d’Australie est la première levée du Grand Chelem. Cette prestigieuse compétition est composée de quatre tournois majeurs. Outre l’Open d’Australie, les trois autres levées sont les suivantes : Roland-Garros (17 mai-5 juin), Wimbledon (20 juin-3 juillet) et l’US Open (30 août-13 septembre). En 2010, deux joueurs seulement, Rafael Nadal et Roger Federer, ont pu inscrire leurs nom au palmarès. L’Espagnol s’était offert Roland-Garros, Wimbledon et l’US Open. Sa quête, jamais avouée publiquement, du Grand Chelem (remporter les quatre tournois dans la même année), a été contrariée dès le début de saison par le Suisse, son rival intime. Les deux joueurs occupent les deux premières places du classement mondial de l’ATP, Nadal en tête, Federer en qualité de dauphin exceptionnel. Ces deux champions hors norme sont appelés à se livrer, une nouvelle fois, une lutte implacable mais toujours en respectant l’autre. Une correction exemplaire citée très souvent en exemple à certains joueurs qui, pour un rien, s’en prennent au monde entier. A Melbourne, Federer devra défendre son titre, face à la concurrence, et les 2000 points du classement mondial qui vont avec. Nadal, par contre, aura à préserver les 6000 points que lui a rapportés son magistral triplé de l’an dernier. Au classement mondial, le taureau de Manacor a 3145 points d’avance sur son illustre adversaire. Mais elle peut fondre comme neige au soleil s’il n’y prend pas garde. Contre un joueur de la trempe de Federer, qui l’a battu, ne l’oublions pas, au Masters de Londres 2010, où les meilleurs joueurs du monde étaient présents, Nadal sait pertinemment qu’il n’a pas droit à l’erreur. Il sera, tout comme Federer, l’un des favoris à Melbourne. Toutefois, il y a des joueurs qui pourraient mettre leur grain de sel en s’opposant à une énième finale entre les deux hommes. Nous pouvons citer le Serbe Novak Djokovic, le Britannique Andy Murray et, surtout, le Suédois Robin Soderling. Celui-là est capable de brouiller toutes les cartes. L.O.B.

Karaté KoshikiChampionnat à Bordj

El Bahri

La Fédération algérienne de karaté-do organisera demain le premier championnat national de karaté koshiki des catégories benjamins et minimes, garçons et filles, dans les épreuves du kata et du kumiti individuel. Les épreuves débuteront demain matin à la salle OMS de Bordj El Bahri. K. G.

Le sept national affronte ce soir sa bête noire, la Serbie

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22e

Le paréditparpréathvou

Tennis

Le cross Klouch ce samedi à Chlef : les Tunisiens et Marocains au rendez-vous

Le trophée international Beraudier, considéré par les professionnels de la boule lyonnaise comme un mini-Championnat du monde, a rassemblé l’élite mondiale lors de la 30e édition qui s’est déroulée les 9 et 10 de ce mois à Lyon (France). Notre joueuse de l’équipe nationale algérienne, Nassima Khetab née Aissioui a pris part à cette coompétition en doublette avec une partenaire marocaine, Fathie Targhaoui, affrontant ainsi les ténors des équipes nationales de France, de Croatie et d’Italie. La paire maghrébine, qui a perdu sa première rencontre face à l’Italie 13 à 4, s’est ressaisie en gagnant contre la Croatie 13 à 7, puis en battant la France championne du monde par 10 à 6 et enfin a pris sa revanche sur l’équipe italienne en finale par un score de 13 à 7. Cette doublette maghrébine n’a pu être placée en situation de compétition que suite aux recommandations faites lors de la dernière réunion de l’Union maghrébine des sports boules, tenue en juin 2010 à Agadir. Enfin, pour rappel, la joueuse algérienne Aissioui s’est illustrée lors du dernier Mondial féminin en novembre 2010 à Saint-Vulbas, en France, en obtenant la 7e place mondiale dans l’épreuve du tir simple, malgré sa participation en solo, suite au refus des services consulaires français à Alger de délivrer des visas pour la délégation algérienne participante à une compétition officielle internationale. S. R. O.

Trophée international de Lyon de boulesL’Algérie et le Maroc s’adjugent le titre féminin

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Le programme du groupe C ce soirCroatie-Roumanie (18h)D a n e m a r k – A u s t ra l i e (20h45)Serbie – Algérie (20h 45)

Dimanche 16 janvier Roumanie – Danemark (18h)Algérie – Croatie (18h) Australie-Serbie (20h15)

Lundi 17 janvier Roumanie – Algérie (18h)Danemark – Serbie (18h00)Croatie – Australie (20h15)

Mercredi 19 janvier Serbie – Croatie (18h)Danemark – Algérie (20h 15)A u s t r a l i e – Ro u m a n i e

(20h30) Jeudi 20 janvier Algérie – Australie (18h)Serbie – Roumanie (20h 15)C r o a t i e – D a n e m a r k (20h 30)

Le famille Grim a la douleur d’annoncer le décès de

SAMIA GRIM, née BELKACEM

épouse de Rachid Grim.Les obsèques auront lieu aujourd’hui à 13 heures

au cimetière de Bordj El Kiff an.Puisse Dieu le Très-Haut accueillir la regrettée

défunte dans Son Vaste Paradis

DECES

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El Watan Week-end - Vendredi 14 janvier 2011MI-TEMPS22

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El Watan Week-end - Vendredi 14 janvier 2011 23FOOT

ASO CHLEF

Le leader, champion d’hiver ?

L’ASO Chlef peut-elle prétendre au titre de champion d’hiver sachant que le championnat est en trêve avancée depuis le 10 janvier dernier ? Toujours est-il que le club chélifien est pour le moment le leader incontesté de la Ligue 1, avec deux longueurs d’avance sur son poursuivant immédiat l’ESS, et ce, à l’issue de la 13e journée du championnat.Il lui reste deux matches, l’un face à l’USM Alger en déplacement et l’autre contre le WAT à domicile, pour clôturer la phase aller. D’aucuns estiment que le groupe est bien parti pour décrocher la consécration hivernale, eu égard à son excellent parcours et à ses réelles dispositions physiques et techniques. En effet, hormis la défaite concédée lors du premier match du championnat face à la JSM Béjaïa, l’ASO s’est bien ressaisie et a aligné une série de bons résultats. Pour beaucoup, cela n’est pas le fruit du hasard mais bien

le résultat d’un travail bien significatif accompli sous la conduite du nouvel entraîneur, Meziane Ighil. Celui-ci a, de l’avis de tout le monde, métamorphosé le club au point de le hisser à un niveau supérieur jamais atteint auparavant.

LE GRAND RETOURIl est en train de concrétiser son pari, celui de revenir sur la scène footballistique par la grande porte et de réussir son challenge sportif avec l’ASO Chlef. Le président du club, Abdelkrim Medouar, a ainsi vu juste en enrôlant ce technicien de grande valeur. Aux côtés d’Ighil, il y a aussi des entraîneurs expérimentés et compétents qui ont apporté leur touche à l’équipe. Il s’agit du coach adjoint, Mohamed Benchouia, du DTS, Rachid Aït Mohamed et de l’entraîneur des gardiens de but, Hadj Youcef. L’autre point positif est sans conteste le

recrutement judicieux de joueurs chevronnés comme Djediat, Zazou, Abdesselem, Ghalem, Segguer et Mellouli. Ceux-ci alliés aux anciens de l’équipe, tels que Zaoui, Messaoud, Soudani, Zaouèche et consorts, forment un ensemble soudé et solide, capable de jouer les premiers rôles dans le championnat de Ligue 1. La direction du club n’est pas en reste puisqu’elle a mobilisé les moyens nécessaires à l’évolution de l’équipe sur tous les plans. D’ailleurs, pour la trêve en cours, elle a programmé un second stage de préparation au Maroc après celui effectué à l’intersaison dans ce dernier pays. Pour sa part, le public espère fermement voir l’équipe remporter le titre de champion d’Algérie cette saison. C’est le rêve de tous les Chélifiens et des admirateurs de ce grand club.

A. Yechkour

EN OLYMPIQUELes espoirs en stage dès demain

La sélection nationale algérienne olympique de football, effectuera un stage de préparation du 15 au 20 janvier 2011, le deuxième en ce mois de janvier après celui qui a eu lieu du 8 au 11 de ce mois, au Centre national technique de la FAF à Sidi Moussa. Un stage de préparation en prévision des éliminatoires des JO 2012 de Londres, pour lequel le sélectionneur national Azzedine Aït Djoudi à convoqué 26 joueurs : Sayah Saïd, Meklouche Mouaouya, Mazouzi Sid Ahmed Rafik, Benaldjia Mehdi (USM Al), Ali Guechi Abdelaziz (USMAn), Bitam Abderrezak (MSPB), Megueni Mokhtar (MCS), Ziti Mohamed Khoutir (JSK), Boulanceur Rafik (JSMB), Bekhiter Mokhtar (USMB), Belaïli Mohamed Youcef, Aouadj Sid Ahmed (MCO), Mesfar Oussama (ASK), Dahmane Hamza, Anane Merouane (CRB), Benlamri Djamel Eddine, Derrardja Walid, Khelili Sofiane (NAHD), Benmalek Boualem (ESS), Boudebouda Brahim, Daoud Farid , Amroune Mohamed (MCA), Limane Houssam, Kabla Salim Ryad et Touahri Amine (USMH), Lakhdari Adel (USB). K. G.

RC KOUBASérie de démissions

Après les décisions de la LNFP qui a suspendu plusieurs joueurs du RC Kouba, ce dernier vient de subir un nouveau coup dur après l’annonce de la démission du dirigeant Sofiane Mecheri. Motivant sa décision, il dira : «Je suis fatigué de faire tout à la fois et écœuré par ce qui se trame dans mon dos.» Et de renchérir : «Beaucoup de facteurs m’empêchent de poursuivre ma mission. Dernièrement, le président du conseil d’administration m’a chargé d’une mission, celle de ramener de l’argent. J’ai répondu par la négative. Il m’a ensuite informé que des gens veulent intégrer le conseil d’administration mais conditionnent leur arrivée par mon départ. Pour moi, il est très clair que quelque chose se tramait dans mon dos. Je suis démissionnaire.» De son côté, le président du conseil d’administration, Hadj Bouzid, décide de se retirer. Décidément rien ne va plus au sein du Raed de Kouba.

M. A.

MO BÉJAÏAUn stage d’une semaine à Batna

Voulant assurer une bonne préparation durant cette trêve que le championnat va observer jusqu’au 10 février prochain, les dirigeants du MOB, en collaboration avec le staff technique, ont décidé de programmer un stage bloqué d’une semaine à Batna. Celui-ci devrait être ponctué par des matches amicaux contre des clubs locaux. D’ailleurs, ce stage débutera la semaine prochaine et sera consacré à la préparation de l’équipe sur tous les plans. Toutefois, et dans le but de combler le vide que le championnat va observer durant un mois, les Crabes du MO Béjaïa vont disputer une joute amicale ce vendredi devant la formation de CA Batna évoluant en division de la Ligue 2. Cette rencontre sera consacrée par le staff technique aux correctifs qui s’imposent afin de permettre aux joueurs de livrer de meilleures prestations en prévision des prochains matchs. Sur un autre volet, les dirigeants du MOB et comme d’autres d’ailleurs, attendent toujours une dérogation de la FAF pour renforcer leur effectif au cours de cette période des transferts, et ce, étant donné qu’ils ne peuvent pas se permettre de recruter sans avoir l’autorisation des instances concernées.

L. HamaL’entraîneur Benchadli, recruté par l’ESM depuis le match face à l’USMBA, n’a pas obtenu sa licence. Toujours lié par contrat avec son ancien club, l’IRB Meghnia, avec lequel il a débuté la saison, refusée par ses anciens dirigeants. Selon le président de l’ESM, en l’occurrence M. Kheirat Abdallah, «la direction a déposé un dossier auprès de la LNF, mais les dirigeants de l’IRB Maghnia se sont opposés à sa qualification. Celui-ci est toujours lié à ce club». Pour sa part, l’entraîneur Benchadli dira à ce propos : «J’ai travaillé trois mois et dix jours avec mon ancien club où j’ai été régularisé. J’ai démissionné le plus normalement du monde et maintenant on me demande de retourner à Maghnia. Ce n’est pas normal. Je viens d’entamer mon travail à Mostaganem et, normalement, tout sera réglé dans les jours qui viennent.» A ce sujet, le président de Maghnia, Hadj Mbarek, estime qu’il ne comprend pas l’attitude de l’entraîneur et encore plus celle des

dirigeants de Mostaganem. «Benchadli est lié avec nous par contrat en bonne et due forme. Il a pris l’équipe en main l’été dernier et il a travaillé trois mois. De plus, on l’a pris en charge durant un mois à la plage Marsat Benmhidi avec sa famille, en plus du mois de Ramadhan. Il a touché son argent au dernier centime. A la fin, il nous quitte sans préavis. On a ét obligé de saisir un huissier de justice pour qu’il reprenne ses fonctions», affirmera le président de l’IRBM. Et d’ajouter : «Nous avons de bonnes relations avec nos amis de l’ESM et il doivent savoir que celui-ci ne pourra pas entraîner leur équipe. On a été auditionné par la Ligue nationale. Et l’affaire est claire. Soit les dirigeants du club espérantiste viennent pour trouver des solutions pour la résiliation de son contrat, soit Benchadli revient à l’IRBM», conclut le premier responsable de l’IRBM.

A. Taoui

ES MOSTAGANEM Benchadli bloqué par l’IRB Meghnia

Le milieu de terrain algérien, Medhi Lacen, a décidé d’entamer une procédure judiciaire contre son ancien club, le Deportivo Alavès, pour non-paiement de plusieurs salaires qui datent de 2007, a rapporté jeudi le site Afrik Foot

citant la presse espagnole. L’international algérien et trois autres anciens joueurs d’Alavès ont décidé de recourir à la justice pour réclamer leur dû après avoir attendu vainement une régularisation loin des tribunaux,

écrit Afrik Foot. Selon la même source, le milieu de terrain défensif du Racing Santander réclamerait environ 130 000 euros pour les deux saisons passées au club.

Equipe nationale : Medhi Lacen poursuit en justice Alavès pour non-paiement de salaires

Mme Krim Messaâd et ses enfants, les familles Krim, Saïdi, Belahcène, parents et alliés, ont l'immense douleur de faire part du décès de leur cher époux, père, frère et gendre

Dr KRIM ALIsurvenu le 11 janvier 2011 à lâge de 62 ans. La levée du corps se fera du domic le familial sis résidence Serapi, rue Mohamed Kious, Birkhadem, aujourd'hui, samedi 15 janvier 2011 à 12h30. L'enterrement aura lieu au cimetière de Birkhadem, route du Kaddous, Tixeraïne.«A Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons.»

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L’ASO Chlef mène le bal cette saison

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Ronaldinho de retour au Brésil... P. 19 Le sept national affronte la Serbie ce soir... P. 20

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TunisieLes compétitions

gelées

Toutes les compétitions sportives dans les différentes disciplines et catégories programmées ce week-end en Tunisie ont été reportées à une date ultérieure, a annoncé hier le ministère tunisien de la Jeunesse et des Sports. Ainsi, la 15e journée du championnat de football de Ligue 1, prévue samedi et dimanche, est reportée sine die. La Tunisie vit depuis plus de trois semaines une tension populaire et des affrontements violents dans certaines de ses régions qui ont fait plusieurs morts et blessés. Les autorités tunisiennes ont décrété un couvre-feu nocturne dans la capitale et sa banlieue. APS

L’heure de vérité approche pour la sélection nationale A’ de football. Celle-ci doit entamer, demain à Alger, son ultime stage d’une durée de deux semaines avant de s'envoler à destination de Khartoum (Soudan) pour prendre part, pour la première f o i s , à l a pha se f i na l e du Championnat d’Afrique des nations (CHAN), tournoi réservé aux joueurs

locaux, prévu le mois prochain (du 4 au 25 février 2011). Dans cette perspective, le sélectionneur national, Abdelhak Benchikha, a fait appel à 23 joueurs , dont 11 pensionnaires de l’Entente de Sétif. Les sélectionnés disputeront sur la pelouse synthétique du stade du 20 Août 55 d’Alger deux matches amicaux qui devraient constituer les derniers tests avant l’épreuve soudanaise. Le premier match amical verra les coéquipiers du revenant

Hadj Aïssa donner la réplique, le 22 janvier, à la sélection nigérienne. Le deuxième match est prévu, une semaine plus tard, face à la sélection luxembourgeoise. Mais cette joute risque fort d’être annulée dans la mesure où les Luxembourgeois émettent des réserves après les émeutes enregistrées dans le pays. Si le Luxembourg venait à déclarer forfait, la FAF fera appel à un club local pour meubler la préparation de l’EN A', la trêve décrétée par la

fédération étant un facteur aidant. Le coach nat ional exploi tera ce regroupement pour mettre ses joueurs dans l’ambiance du CHAN. Au Soudan, les Verts visent le carré d’or. Un objectif d’autant plus réalisable que les hommes de Benchikha ne vont pas lésiner sur les efforts pour l’atteindre. Avant, il faudra d’abord passer avec succès la phase des poules. L’Algérie devra se mesurer, à Omdourman (Khartoum), consécutivement au Gabon (5

février), à l’Ouganda (8 février) et au pays organisateur, le Soudan (12 février). Dans ses différentes sorties médiatiques, Benchikha a beaucoup insisté sur la difficulté de la mission, mais il a toujours précisé que ses poulains sont en mesure de faire honneur au football algérien. D’après lui, une entrée en lice réussie contre les Panthères gabonais permettrait aux joueurs de prendre confiance et de poursuivre sereinement le parcours. ■

Equipe nationale A’

Ultime stage avant le CHAN

K. [email protected]

El WatanVendredi 14 janvier 2011

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La sélection algérienne ambitionne d’atteindre les

demi-finales lors du CHAN. Un objectif

réalisable eu égard aux talents que renferme

l’équipe.

Plus que trois semaines avant le coup d'envoi

du 2e Championnat d'Afrique des nations