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El Watan ÉCONOMIE Du lundi 21 au dimanche 27 décembre 2009 Supplément hebdomadaire n°223 - GRATUIT - Email : [email protected]/Tél. - Fax : 021 65 58 66 El Watan ÉCONOMIE LE CHIFFRE : 500 000 TONNES, VOLUME DE GASOIL IMPORTÉ PAR L’ALGÉRIE EN 2009 P. 15 lenteur dans la transition économique en algérie L ’économie informelle participe à la dégradation de l’envi- ronnement des affaires et son ampleur est aujourd’hui telle qu’elle constitue un danger pour la stabilité macroéconomique et la cohésion sociale du pays. L’économie informelle que d’aucuns désignent par d’autre concepts (économie parallèle, économie non déclarée, économie souterraine...) renvoie à tou- tes ces activités, notamment commerciales, devenues familiè- res bien qu’en rupture avec la légalité. Page 14 L’économie informelle dopée par la corruption PHOTO : B. SOUHIL PLUS DE 336 000 PME PRIVÉES 335 486 À LA FIN DU PREMIER SEMESTRE 2009 ET PUBLIQUES 598 EXISTENT ACTUELLEMENT ET QUELQUE 300 000 DEVRAIENT VOIR LE JOUR D’ICI LES CINQ PROCHAINES ANNÉES, selon le nouveau plan quinquennal du président de la République. L’ob- jectif est ambitieux, voire prétentieux si l’on considère les nombreuses difficultés auxquelles les entreprises doivent faire face en Algérie et en premier lieu le problème du financement. Lire pages 7-8 et 9 FNI, LEASING, CAPITAL RISQUE, BANQUE SPÉCIALISÉE Les retombées de la crise diplomatique avec l’Egypte, déclenchée à la suite de la qualification de notre équipe nationale de football au Mondial 2010, ne cessent de s’étendre à divers secteurs d’activités. En effet, des sour- ces sûres affirment que notre pays va assurément boycotter la 16e édition de la Conférence internationale annuelle de l’Association arabe des fertilisants (AFA) qui se tiendra début février 2010 au Caire (Egypte). 16E ÉDITION DE LA CONFÉRENCE DE L’AFA EN ÉGYPTE SUR LES FERTILISANTS L’enjeu d’un éventuel boycott de l’Algérie APRÈS 15 JOURS DE DÉBATS ET DE NÉGOCIATIONS, la conférence des Nations unies de Copenhague contre le réchauffement climatique s’est achevée samedi dernier sur un «échec». La presse interna- tionale n’a pas hésité à utiliser ce mot tant la rencontre n’a débouché que sur une simple «prise de notes» et qu’aucun accord formel n’a été signé par les 193 participants. Lire page 2 Lire également en pages 10 et 11 LE SOMMET DE COPENHAGUE SE TERMINE SANS RÉSULTAT CONCRET LA MONTAGNE ACCOUCHE D’UNE SOURIS QUELS OUTILS QUELS OUTILS DE FINANCEMENT DE FINANCEMENT POUR LES PME ? POUR LES PME ? SONATRACH DANS LA COUR DES GRANDS LA SOCIÉTÉ NATIONALE DES HYDROCARBURES SONATRACH A MAINTENU SA POSITION DE PREMIÈRE ENTREPRISE DANS LE CLASSEMENT 2010 DES 500 MEILLEURES ENTREPRISES AFRICAI NES, établi par l’hebdomadaire Jeune Afrique. Par ailleurs, en 2007, pour la troisième année consécutive, elle garde sa 12 e place au classement mondial des 100 pre- mières sociétés pétrolières que réalise chaque année l’agen- ce Petroleum Intelligence Weeky (PIW). Appelé Top 100 du PIW, ce classement mesure les performances opération- nelles des firmes pétrolières internationales pendant l’exer- cice considéré. Lire page 3 LES CHRONIQUES l’analyse d’el kadi ihsane repères économiques de abdelhak lamiri Qui a confié le climat à Chakib Khelil ? P2 Que faut-il penser des assainissements financiers ? P5 PHOTO : D. R.

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El Watan ÉCONOMIEDu lundi 21 au dimanche 27 décembre 2009 Supplément hebdomadaire n°223 - GRATUIT - Email : [email protected]/Tél. - Fax : 021 65 58 66

El Watan ÉCONOMIE

LE CHIFFRE : 500 000 TONNES, VOLUME DE GASOIL IMPORTÉ PAR L’ALGÉRIE EN 2009 P. 15

lenteur dans la transition économique en algérie

L ’économie informelle participe à la dégradation de l’envi-ronnement des affaires et son ampleur est aujourd’hui telle

qu’elle constitue un danger pour la stabilité macroéconomique et la cohésion sociale du pays. L’économie informelle que d’aucuns désignent par d’autre concepts (économie parallèle, économie non déclarée, économie souterraine...) renvoie à tou-tes ces activités, notamment commerciales, devenues familiè-res bien qu’en rupture avec la légalité. Page 14

L’économie informelle dopée par la corruption

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PLUS DE 336 000 PME PRIVÉES 335 486 À LA FIN DU PREMIER SEMESTRE 2009 ET PUBLIQUES 598 EXISTENT ACTUELLEMENT ET QUELQUE 300 000 DEVRAIENT VOIR LE JOUR D’ICI LES CINQ PROCHAINES ANNÉES, selon le nouveau plan quinquennal du président de la République. L’ob-jectif est ambitieux, voire prétentieux si l’on considère les nombreuses difficultés auxquelles les entreprises doivent faire face en Algérie et en premier lieu le problème du financement. Lire pages 7-8 et 9

FNI, LEASING, CAPITAL RISQUE, BANQUE SPÉCIALISÉE

Les retombées de la crise diplomatique avec l’Egypte, déclenchée à la suite de la qualification de notre équipe nationale de football au Mondial 2010, ne cessent de s’étendre à divers secteurs d’activités. En effet, des sour-ces sûres affirment que notre pays va assurément boycotter la 16e édition de la Conférence internationale annuelle de l’Association arabe des fertilisants (AFA) qui se tiendra début février 2010 au Caire (Egypte).

16E ÉDITION DE LA CONFÉRENCE DE L’AFA EN ÉGYPTE SUR LES FERTILISANTS

L’enjeu d’un éventuel boycott de l’Algérie

APRÈS 15 JOURS DE DÉBATS ET DE NÉGOCIATIONS, la conférence des Nations unies de Copenhague contre le réchauffement climatique s’est achevée samedi dernier sur un «échec». La presse interna-tionale n’a pas hésité à utiliser ce mot tant la rencontre n’a débouché que sur une simple «prise de notes» et qu’aucun accord formel n’a été signé par les 193 participants. Lire page 2

Lire également en pages 10 et 11

LE SOMMET DE COPENHAGUE SE TERMINE SANS RÉSULTAT CONCRET

LA MONTAGNE ACCOUCHE D’UNE SOURIS

QUELS OUTILS QUELS OUTILS DE FINANCEMENT DE FINANCEMENT POUR LES PME ?POUR LES PME ?

SONATRACH

DANS LA COUR DES GRANDSLA SOCIÉTÉ NATIONALE DES HYDROCARBURES SONATRACH A MAINTENU SA POSITION DE PREMIÈRE ENTREPRISE DANS LE CLASSEMENT 2010 DES 500 MEILLEURES ENTREPRISES AFRICAINES, établi par l’hebdomadaire Jeune Afrique.Par ailleurs, en 2007, pour la troisième année consécutive, elle garde sa 12e place au classement mondial des 100 pre-mières sociétés pétrolières que réalise chaque année l’agen-ce Petroleum Intelligence Weeky (PIW). Appelé Top 100 du PIW, ce classement mesure les performances opération-nelles des firmes pétrolières internationales pendant l’exer-cice considéré. Lire page 3

LES CHRONIQUES

■ l’analyse d’el kadi ihsane

■ repères économiques de abdelhak lamiri

Qui a confié le climat à Chakib Khelil ? P2

Que faut-il penser des assainissements financiers ? P5

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Les militants écologistes ont parlé de «honte» et de «désastre», alors que certains ont tenté de minimi-

ser l’ampleur du revers subi en affir-mant que «le fait de prendre note donne un statut légal suffisant pour rendre l’accord opérationnel sans avoir besoin de l’approbation des parties», comme l’a expliqué Alden Meyer, directeur de l’Union of concerned scientists. Vendredi, un accord avait été adopté par les chefs d’Etat d’une trentaine de pays industrialisés et émergents avant d’être présenté le lendemain aux 193 pays membres de la Convention climat de l’ONU. Le document de trois pages fixe comme objectif de limiter le réchauffe-ment planétaire à 2 degrés par rapport aux niveaux préindustriels d’ici à 2050. Le texte ne fixe pas d’objectifs chiffrés de réduction d’émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2050. Pour les pays industrialisés, les objectifs de réduction ne seront fixés qu’en janvier, après que chacun des pays industrialisés «aura donné par écrit» ses propres engage-ments, selon le président français, qui a précisé que l’Union européenne main-tiendrait son objectif de réduire ses émissions de 80% d’ici 2050. Cependant, l’UE ne reverra pas à la hausse son objectif de réduction à l’échéance 2020, qui sera de 20% et non de 30% comme l’espéraient certains négociateurs. Selon un calcul des Nations unies, l’addition des promesses faites à ce jour publique-ment par les différents pays conduirait à une hausse de la température moyenne

de la planète de 3 °C, bien au-delà de l’objectif souhaité des 2 °C. Le docu-ment appelle aussi les pays industriali-sés et les pays en développement à affirmer leurs engagements de réduc-tion de gaz à effet de serre par écrit d’ici à la fin janvier et prévoit des mécanis-mes garantissant la transparence de leur mise en œuvre. Mais il ne fixe pas de date pour un pic au-delà duquel les émissions commenceraient à décroître. Il prévoit également 30 milliards de dollars entre 2010 et 2012 et 100 mil-liards de dollars pas an d’ici à 2020, destinés en priorité aux pays les plus vulnérables afin de les aider à s’adapter aux impacts du dérèglement climatique. Le texte prévoit des mesures «incitati-ves» pour financer la protection des forêts avec des fonds des pays dévelop-pés. En revanche, il ne prévoit pas la création d’une Organisation mondiale de l’environnement qui aurait pu véri-fier la mise en œuvre des engagements de chacun, les contraignant légalement.

LES PAYS DÉVELOPPÉS RESPONSABLES DE L’ÉCHEC

Le texte avait été annoncé vendredi soir comme un accord par les présidents Barack Obama et Nicolas Sarkozy. Mais il a fait l’objet de débats agités entre les délégations dont plusieurs avaient laissé entendre qu’il n’était pas acceptable. Le Venezuela, la Bolivie, Cuba et le Nicaragua ont d’ailleurs dénoncé avec colère un projet ne per-mettant pas de répondre au défi du

changement climatique. Les négocia-tions se sont corsées quand d’un côté, l’Inde et la Chine réclamaient de forts engagements des pays riches à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, tout en refusant l’idée d’être soumis à des objectifs contraignants. Et de l’autre, les pays occidentaux, à com-mencer par les Etats-Unis, voulaient que les grands pays en développement accroissent leur effort de lutte contre le réchauffement, tout en réclamant la transparence de la part des pays du Sud. Autrement dit, le droit de vérifier si les engagements sont tenus, ce qui été jugé inacceptable par Pékin et New Delhi. Selon certains spécialistes du climat, les pays développés portent une grande part de responsabilité dans l’échec du sommet. «Les Etats-Unis sont venus avec rien. Les déclarations de Barack Obama n’ont pas permis de bouger d’un pouce. L’Europe et notamment la France ont fait preuve de beaucoup de volontarisme. Mais ce sont les pays développés qui sont à l’origine de cet échec. Je comprends la réaction des pays en développement qui refusent des mesures très strictes alors que les Etats-Unis et le Canada ne font aucun effort», a déclaré Jean Jouzel qui copréside le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Il a noté que le texte «ne comporte aucun objectif chiffré pour 2020, aucune véritable contrainte si ce n’est la limite du réchauffement à 2 °C. Or, nous sommes au pied du mur et certains pays sem-

blent ne pas en avoir pris conscience. Pour la communauté scientifique, c’est totalement insatisfaisant.»

L’AFRIQUE CATASTROPHÉE

La réaction africaine, représentée par le Soudan, a été très violente puisque son délégué, Lumumba Stanislas Dia-Ping, a estimé que l’accord proposé «appelle l’Afrique à signer un pacte suicidaire». «C’est une solution fondée sur des valeurs qui ont envoyé six millions de personnes dans les fours en Europe.»L’écologiste français Nicolas Hulot a, de son côté, jugé que le résultat de Copenhague est «affligeant et conster-nant.» «C’est de l’improvisation, cela faisait deux ans qu’on travaillait pour arriver à ce résultat», a-t-il déploréLe président américain a, quant à lui, parlé de résultats «insuffisants», esti-mant qu’un accord avec des engage-ments légalement contraignants serait «très difficile» à obtenir et prendrait du temps. Le président français, pour sa part, a affirmé que l’absence de l’objectif de 50% de réduction des émissions d’ici 2050 constituait une «déception». En revanche, la Grande-Bretagne, l’Aus-tralie et le Canada ont exprimé, leur «optimisme» sur l’adoption de la décla-ration de Copenhague, la qualifiant d’un accord «complet et réaliste», et d’«important progrès» vers un traité «global» sur le réchauffement climati-que. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a, quant à lui, jugé que le texte qui a été validé par la conférence constitue une première «étape essen-tielle», même si «ce n’est peut-être pas tout ce que nous espérions». Selon lui, il faut «maintenant transformer cet accord en traité contraignant» auquel il faudra arriver «le plus tôt possible en 2010», a-t-il ajouté. De nouvelles négociations auront lieu à Bonn en Allemagne «dans six mois» pour préparer la prochaine conférence sur le climat de Mexico fin 2010, a fait savoir le président français. S. B.

2 L’ACTUALITÉ El Watan ÉCONOMIE - Du 21 au 27 décembre 2009

analyse

L’Algérie va devoir s’engager formellement sur des réductions d’émissions de gaz à effet de serre (GES). C’est la première conséquence du sommet de Copenhague. «Désastreux échec» pour les ONG et l’opinion écologiste de la planète, il fait

sens pour un pays comme l’Algérie, non concerné par Kyoto. Il va falloir émettre moins de GES tout en se dévelop-pant plus. L’Algérie a représenté l’Afrique à ce rendez-vous de la dernière chance pour contenir le réchauffement à 2 degrés à l’horizon 2050. Elle s’est déployée pour une aide conséquente pour le continent noir. Il faudra renoncer aux «revenus» de la déforestation et à un «modèle énergétique amorti» pour se lancer dans de nouvelles dépenses. Afin de participer à l’effort planétaire de protection de l’environne-ment et du climat. Cela exige compensation. Très bien. Mais une fois les projecteurs de la conférence mondiale éteints, la question va débouler dans les couloirs de minis-tères : le gouvernement algérien a-t-il une feuille de route pour tenir les engagements qu’il va devoir prendre au bas des 12 paragraphes de l’accord de Copenhague ? Si elle existe, personne ne la connaît. Par contre, tous les plans à l’affiche annoncent clairement une hausse future des émis-sions : les investissements dans la pétrochimie, dans l’alumi-nium, dans le dessalement d’eau de mer, dans la produc-tion conventionnelle d’électricité, dans l’extension de la

sidérurgie, dans les transports aériens et ferroviaires. Sans parler de la marche inexorable des immatriculations auto-mobiles qu’il faudra croiser avec les kilomètres d’utilisation annuelle que l’explosion du réseau autoroutier va faire décoller. Cette très grande promesse de polluer plus est quantifiée, déclinée en programme politique : c’est le déve-loppement. Elle a un miroir prospectif dans les prévisions du CREG, le Comité de régulation de l’électricité et du gaz. Dans le scénario médian, de l’évolution de la demande interne du gaz naturel, l’Algérie pourrait consommer 48 milliards de m3 par an dès l’année 2016. Plus de deux tiers de ses exportations actuelles. C’est une perspective très précise de plus forte émission de GES. Que peut opposer en face de «cette flambée de carbone dans l’air» l’action du gouvernement ? Un programme de capture du CO

2 et de

son enfouissement dans le sol engagé avec BP dans les gisements gaziers d’In Salah ? Une piste, mais au résultat forcément marginal durant longtemps. L’objectif d’attein-dre en 2017, 5% de part d’origine renouvelable dans la production globale d’électricité en 2017 ? C’est l’objectif affiché, sans grande conviction, par le ministre de l’Energie et des Mines depuis trois ou quatre ans. Et il est très faible compte tenu des nouveaux défis. Bien sûr l’Algérie, comme les autres pays pollueurs, peut jouer la montre. Rien encore de juridiquement contraignant. Ce serait bien sûr pour

autant une grosse erreur. Car si la marche impulsée à Copenhague n’a pas le pris le bon rythme, le cap lui est bel et bien donné. Le monde sortira de l’énergie fossile beau-coup plus vite qu’il ne le pensait à Kyoto en 1997. Toutes les observations qui se sont déroulées depuis ont aggravé l’alarme. La question est donc la suivante : que va faire l’Algérie face à ses nouvelles responsabilités ? Un grenelle de l’environnement sur le modèle de la France ? Le pro-blème est plus ardu. Le gouvernement a cédé au ministre de l’Energie les clés de l’avenir sur cette question du climat et de ses contraintes futures. Or, Chakib Khelil est une machine du court terme. Doublé d’un vendeur de pétrole et de gaz. Aucun intérêt à anticiper le mouvement. D’ailleurs, son attitude très équivoque vis-à-vis du solaire le montre depuis deux ou trois ans. Pas de nouveaux investis-sements en dehors de la centrale solaire mixte de Hassi R’mel. Sur la pointe des pieds dans Desertec, à reculons dans le plan solaire Méditerranéen, l’Algérie conditionne ses nouveaux contrats au développement d’une industrie locale du solaire et du transfert de technologie. Et ne bouge pas. Les financements d’études sans frais de la Banque mondiale sont éconduits. Et pendant ce temps, la prospec-tion dans l’amont pétrolier va repartir de plus belle. Confier le climat à Chakib Khelil ? Un peu comme si le patron de Total se prenait pour José Bové en France.

Qui a confi é le climat à Chakib Khelil ?

D’EL KADI IHSANE

Le sommet de Copenhague se termine sans résultat concret

La montagne accouche d’une sourisAprès 15 jours de débats et de négociations, la conférence des Nations unies de Copenhague contre le réchauffement climatique s’est achevée samedi dernier sur un «échec». La presse internationale n’a pas hésité à utiliser ce mot tant la rencontre n’a débouché que sur une simple «prise de notes» et qu’aucun accord formel n’a été signé par les 193 participants.

ParSafi a Berkouk

L’empreinte carbone de la conférence de Copenhague sur le climat est estimée à 46 000 tonnes de CO2, selon une étude commandée par le gouvernement danois. Le sommet lui-même aura généré 5 700 tonnes de CO2, et les trajets aériens des participants 40 500. Ce qui équivaut à des émissions annuelles de 660 000 Ethiopiens, ou de 2300 Américains. Quelque 18 000 personnes ont franchi chaque jour les portes du Bella Centre où s’est tenue la conférence.

Une conférence plus polluante

que bénéfi que

ENTREPRISES 3 El Watan ÉCONOMIE - Du 21 au 27 décembre 2009

En 2007, et pour la troisième année consécutive, elle garde sa 12e place au classement mondial des

100 premières sociétés pétrolières que réalise chaque année l’agence Petroleum Intelligence Weeky (PIW). Appelé Top 100 du PIW, ce classement mesure les performances opérationnelles des fir-mes pétrolières internationales pendant l’exercice considéré. Selon le même classement, l’entreprise algérienne se positionne au 13e rang en matière de réserves en hydrocarbures liquides, avec 11,712 milliards de barils, au 10e en termes de production avec 1,934 million de barils par jour, et enfin au 37e en matière de capacités de raffinage avec 450 000 barils/jour. C’est là préci-sément, selon de nombreux experts, le talon d’Achille de notre entreprise nationale qualifiée à juste titre d’ailleurs par le guide spécialisé de KPMG Investir 2007 de «première puissance énergétique en Méditerranée». En effet, par ses performances, Sonatrach avec un chiffre d’affaires de 71,4 milliards de dollars (+5,5%), sur-classe toutes les entreprises africaines, tous secteurs confondus. Selon le même organe, la société angolaise de pétrole Sonagol, qui occupe la seconde place du classement, est largement derrière Sonatrach avec un chiffre d’affaires et un résultat net trois fois supérieur à celui de Sonagol l’angolaise (26,6 mil-liards USD de chiffre d’affaires) et la sud-africaine Sasol (13,7 milliards USD). Pour de nombreux spécialistes des questions énergétiques, cette constance et cette pérennité en haut du classement sont incontestablement dues à une stra-tégie de diversification, tant en national qu’à l’international, savamment mise en place depuis quelques années au point où, selon les déclarations de son premier responsable, Mohamed Meziane, «le groupe Sonatrach réali-sera d’ici l’année 2015, 30% de son chiffre d’affaires à l’international.»

UN HOLDING POUR LES ACTIVITÉS HORS HYDROCARBURES

Au niveau national, le groupe a créé un holding pour les projets hors hydrocar-bures confiés par l’Etat à Sonatrach par l’entremise du ministère de l’Energie et des Mines, notamment ceux relevant des domaines des mines, de l’électricité et du dessalement d’eau de mer seront confiés à une nouvelle entité économi-que dont les statuts ont été officielle-ment signés le 5 janvier 2008 à Alger. En effet, Sonatrach compte un plan de charge de plus en plus dense, notam-ment dans le dessalement d’eau de mer où on retiendra pas moins de 15 projets conclus. L’autre volet, non moins important, est relatif aux projets miniers. Pour ce qui est des projets conclus, on citera le pro-jet Mine de Zinc et Plomb d’El Abed - Tlemcen, le projet Mine Or Isselfène Sud1/2, Seldrar et Idereski dans le Hoggar et le projet d’exploration de Plomb et Zinc (Sétif). Les projets miniers planifiés sont le projet des Engrais superphosphates Simples et composés Bab El Assa (Tlemcen), le

projet Uranium et Or (Hoggar), le projet Pôle industriel des Engrais (Guelma), le projet Mine Or Amesmessa et Tirek (Tamanrasset) et enfin le projet mine de Cuivre et Or de Tifraouine (Ain Témouchent). Parallèlement à ces trois axes d’activi-tés, deux méga-projets ont été initiés : celui de la réalisation en partenariat avec les compagnies DUBAL et MUBADALA d’une aluminerie à Beni Saf, composée de d’une unité de pro-duction d’aluminium primaire de 700 000 t/an, d’une centrale thermique à cycle combiné de 2 000 MW, dédiée et couplée à une unité de dessalement d’eau de mer et d’un port dédié pouvant recevoir 1 750 000 t/an de matières premières. Le second méga-projet concerne l’exploitation du gisement de fer de Gara Djebilat pour la production de 20 à 40 millions de tonnes de mine-rai de fer par an, avec intégration d’un complexe sidérurgique au nord-ouest du pays pour la production d’acier des-tiné en priorité au marché national.Compte tenu du plan de charge actuel et futur et des missions particulières de la structure, le ministère de l’Energie et des Mines a, le 5 juillet 2007, donné son aval pour la création d’une filiale, appartenant à 100% à Sonatrach, devant prendre en charge les projets hors hydrocarbures dénommée «Holding Activités Industrielles Externes» au capital social de 6 459 209 milliards de DA et dont les statuts de création ont été signés samedi dernier à Alger, aura trois types de missions selon la nature des projets. Le développement, les négociations et la réalisation en partenariat, pour son propre compte et pour le compte de Sonatrach (selon le montant de l’inves-tissement) des projets miniers ; des centrales électriques ; des unités de dessalement d’eau de mer ; du projet aluminium de Béni Saf ; du pro-jet minier de Gara Djebilet. La gestion, pour le compte de Sonatrach des contrats d’achat d’eau conclus entre Sonatrach et les unités de dessalement, de cession d’eau entre Sonatrach avec l’Algérienne des eaux (ADE) et avec les unités du pôle industriel d’Arzew et des conventions de compensation finan-

cières entre Sonatrach et le ministère des Finances. Avec cette nouvelle filia-le, Sonatrach diversifie ses activités, ce qui lui permet, selon Mohamed Meziane, son PDG, «d’être présente sur toute la chaîne de valeur de l’éner-gie et de s’inscrire dans les tendances mondiales d’évolution des compagnies pétrolières en intervenant comme un acteur énergétique à part entière.»

UN REDÉPLOIEMENT À L’INTERNATIONAL

A l’international, le groupe se déploie pratiquement dans de très nombreux pays et segments d’activités et main-tient l’option stratégique du partenariat comme levier de son développement pour renforcer ses positions en interna-tional sur tous les segments de la chaîne des hydrocarbures et de l’énergieDans l’amont, de nombreux contrats d’exploration et de production sont signés en partenariat et ont permis à Sonatrach de se positionner comme un acteur majeur dans la région sahélienne en Afrique, notamment au Mali, en Mauritanie, au Niger, en Libye, et en Egypte (Delta du Nil) où Sonatrach opère en offshore en partenariat avec Statoil Hydro, mais aussi en Amérique du Sud, au Pérou, en s’intéressant éga-lement de près aux marchés vénézué-lien et brésilien.En tant qu’outil privilégié de la straté-gie du groupe, le réseau de transport de Sonatrach se caractérise par sa flexibi-lité, sa fiabilité, sa proximité du marché européen et sa compétitivité. Depuis la mise en service des deux gazoducs transcontinentaux - Enrico Mattei (reliant l’Algérie à l’Italie via la Tunisie) et Pedro Duran Farrel (reliant l’Algérie à l’Espagne via le Maroc) -, de nouvel-les routes d’exportation du gaz vers le marché européen sont en cours de réali-sation et cela afin de répondre à la demande croissante du marché euro-péen, notamment à travers les deux projets de liaison directe qui sont le Medgaz et le Galsi. Pour renforcer sa position dans l’aval gazier, Sonatrach vise à exploiter la convergence gaz électricité dans le domaine de la cogé-nération électrique. Cette stratégie de diversification adoptée par le groupe se

concrétise aujourd’hui à travers les pro-jets Propenchen, en partenariat avec BASF, et Reganosa pour la construction d’un terminal de regazéification de GNL en Espagne ainsi qu’au Portugal, en association avec EDP. Avec un objectif d’exportation de 85 milliards de m3/an de gaz naturel à l’horizon 2012, Sonatrach développe une straté-gie de pénétration de l’aval gazier euro-péen en France, en Italie et dans la Péninsule ibérique. Sonatrach, pion-nière de l’industrie du GNL dans le monde, s’investit de plus en plus dans la participation dans les terminaux de regazéification à travers le monde et cela par la politique adoptée par les nouvelles acquisitions, en partenariat avec plusieurs méthaniers afin de conquérir les marchés lointains. Sonatrach opère dans les terminaux de regazéification d’Isle of Grain, Reganosa et Montoir de Bretagne ainsi que d’autres projets en cours à travers différents MOU (Mémorandum of understanding) signés avec des parte-naires étrangers.«Aujourd’hui Sonatrach, selon ses res-ponsables, ne conçoit pas de dévelop-pement économique sans un développe-ment durable». Ceci étant dit, dans le classement sus-cité largement dominé par l’Afrique du Sud, il faut le reconnaître et dans lequel figurent 155 de ses entreprises, on relève la présence de 20 autres entrepri-ses nationales, publiques et privées occupant diverses places. Il s’agit entre autres de Naftal (34), Naftec (61), Sonelgaz (72), Algérie Télécom (143), Air Algérie (153), Cosider (165), ENTP (266), l’Entreprise nationale de géo-physique (394). Le groupe agroalimentaire Cevital occupe la 69e place alors que les deux opérateurs de téléphonie mobile, OTA et Watania sont classés respectivement à la 67e et à la 225e places. Dans un autre classement spécifique à chaque pays, outre Sonatrach qui demeure à la première place, les neuf meilleures entreprises nationales sont respective-ment Naftal (2), Naftec (3), OTA (4), Cevital (5), Sonelgaz (6), Algérie Télécom (7), Air Algérie (8), Cosider (9) et Watania Télécom (10). S. B.

Sonatrach

La société nationale des hydrocarbures Sonatrach a maintenu sa position de première entreprise dans le classement 2010 des 500 meilleures entreprises africaines, établi par l’hebdomadaire Jeune Afrique.

P ar Saou

Boudjemâa

Dans la cour des grands

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Sonatrach est la première puissance énergétique en Afrique et en Méditerranée

4 ENTREPRISES El Watan ÉCONOMIE - Du 21 au 27 décembre 2009

Société nationale des véhicules industriels (SNVI)

Les termes précis de cette décision indiquent que «la SNVI bénéfi-ciera de l’octroi des fonds néces-

saires pour son développement et fixera son traitement du découvert par le ministère des Finances». Selon Mokhtar Chehboub, PDG de l’entreprise, la décision comprendra l’effacement des 62 milliards de dinars de dettes et l’as-sainissement de la situation financière de la société. Cela va lui permettre de rétablir sa rela-tion avec la banque, sous réserve bien sûr qu’elle présente un plan de redres-sement. C’est ce qui a été d’ailleurs fait à travers un plan présenté au ministère de l’Industrie et au comité interministé-riel, puis au CPE qui a donné son avis favorable. Le plan prévoit de doter l’en-treprise d’un fonds de roulement pour lui permettre de bien fonctionner à l’avenir. Il est également prévu de don-ner à l’entreprise les moyens à même de renouer avec l’investissement, de développer ses capacités et de faire évoluer ses produits. Evalué approxi-mativement à 2 milliards de dinars, l’investissement devant être injecté per-mettra de régénérer la production et la renouveler. «A titre d’exemple, le renouvellement d’une cabine d’un véhi-cule nécessite un budget de pas moins 200 millions de dinars», explique M. Chahboub. Concrètement, tout le passif de la SNVI sera traité par un comité interministériel installé pour la circons-tance. L’objectif est de doter la société d’un fonds de roulement, lui permettre l’accès aux crédits pour son développe-ment et de faire en sorte que la SNVI redevienne une entreprise efficiente à même de se réapproprier les parts de marché perdues ces dernières années. Il faut savoir, à ce propos, que la capacité de production de l’entreprise est de 5000 véhicules (camions, cars et bus) par an, correspondant à un chiffre d’af-faires annuel de 25 milliards de dinars et un taux d’intégration dépassant les 50%. Quand le marché national com-prenait 2000 véhicules, la SNVI déte-nait une part de 40%. Depuis l’avène-ment des concessionnaires et l’ouver-ture du marché national, la part de marché de l’entreprise est tombée à 10% sur un total de 40 000 véhicules mis sur le marché, et ce, en raison de l’équipement devenu obsolète et de l’inexistence de programme de déve-loppement. Elle en a gardé tout de même 20 à 25% des parts dans sa gamme de production, à savoir les camions et engins industriels. Pour le

premier responsable de l’entreprise, l’idéal pour la SNVI aujourd’hui, serait de «parvenir à mettre en œuvre, en collaboration avec les institutions financières, un plan d’investissement qui devrait lui permettre de porter sa production à 9000 ou 10 000 véhicules par an».

UN SAUVETAGE EN DEUX PHASES

Concrètement, comment sera traité le cas de la SNVI ? En deux phases, selon M. Chahboub. La première consiste à engager un investissement à même de réhabiliter et de remettre à niveau les moyens existants. La deuxième com-prendra la mise en œuvre d’un proces-sus de développement avec le soutien d’un bon partenaire de renommée mondiale pour accompagner l’entre-prise et l’insérer dans le marché inter-national du véhicule industriel. «Il est vrai qu’aujourd’hui nous expor-tons nos produits vers des pays d’Afri-que, mais l’objectif d’une entreprise comme la nôtre est de s’ériger en société économique de développement, ou en société championne comme il est dit, et d’aller concurrencer même les entreprises occidentales en Europe ou ailleurs», souligne le PDG. Pour ce faire, des moyens financiers doivent être mis à la disposition de l’entreprise et une remise à niveau du management et de l’investissement doit être envisagée pour faire évoluer les capacités de production. Une autre condition est aujourd’hui à l’étude, celle de permettre à la SNVI de «s’ar-rimer à un grand constructeur pour bénéficier de cette tendance actuelle qui privilégie le regroupement entre constructeurs et la spécialisation». Ces conditions réunies aux avantages com-paratifs dont la SNVI bénéficie aujourd’hui (coût de la main d’œuvre, coût des énergies, avantages concédés par le code de l’investissement aux partenaires, etc.) devraient permettre à la société, aux yeux de son PDG, de retrouver sa gloire d’antan. D’autant qu’en matière de commandes, la socié-té ne souffre d’aucun problème. «Nous avons toujours eu un portefeuille de commandes supérieur à nos capacités. Nous n’avons pas pu répondre à ce plan parce que nous avions le handicap de l’endettement qui faisait qu’à cha-que fois qu’on négociait un finance-ment avec la banque, on ne disposait

pas de crédits nécessaires à temps. Cela a généré une grande perturbation de la production et on arrivait à peine à produire 2900 à 3000 véhicules sur un programme de 4000 à 4500 véhicu-les», soutient M. Chahboub. Il faut savoir aussi que la SNVI oriente sa production principalement vers les entreprises et les institutions, non seu-lement solvables, mais qui ont aussi un caractère stratégique en Algérie, à l’image du ministère de la Défense, le ministère de l’Intérieur, les entreprises de transport urbain et les grandes entre-prises publiques. Ainsi, dans le nou-veau processus de redressement de l’entreprise, l’Etat, du fait qu’il est le détenteur à 100% des parts de la socié-té, a décidé de favoriser la SNVI dans les marchés d’approvisionnement en véhicules. Ceci va lui permettre de se développer mais aussi de développer autour d’elle tout le tissu de PME et PMI du secteur de l’industrie mécani-que et de sous-traitants, au nombre de 200, qui produisent aujourd’hui des composants pour le compte de l’entre-prise. En matière d’exportation, le PDG de la SNVI affirme que le ministère de l’Industrie, à travers sa nouvelle straté-gie industrielle, a décidé d’ériger treize entités économiques de développement dont la SNVI fait partie. «Nous avons d’ailleurs travaillé avec un cabinet étranger pour présenter un plan à même de mettre l’entreprise dans une situation assainie, puis lui donner les moyens pour se hisser au niveau des entreprises internationales et aller faire de la compétition sur le marché inter-national», rappelle M. Chahboub. La privatisation est donc une option défi-nitivement abandonnée ? Certainement oui, répond notre interlocuteur. Et de préciser que «depuis l’année dernière, les autorités publiques on décidé de ne plus donner la majorité du capital au partenaire entrant. Dans le meilleur des cas, l’entreprise qui pourrait être partenaire de la SNVI ne pourra pas être majoritaire». Mais des partena-riats, l’entreprise en a fait avant l’avè-nement de cette décision gouverne-mentale. C’est le cas de la carrosserie de Tiaret avec BTK et des boîtes de vitesse avec ZF. «Personnellement, je pense que lorsqu’un partenaire se pré-sente, ce n’est pas pour investir et faire profiter l’environnement industriel algérien. C’est plutôt pour ramener son

produit et faire privilégier le montage à l’intégration», avoue-t-il.

FORMATION ET NOUVELLES COMPÉTENCES EN VUE

Evoquant le volet compétences, Mokhtar Chahboub rappelle que la SNVI a hérité d’une gestion qui a été mise en place en 1958 par un grand constructeur, en l’occurrence Berlier, devenu plus tard Renault véhicules industrielles, puis Renault Trucks. En 1970, les pouvoirs publics ont racheté les actifs de Berlier et ont initié un grand programme de formation au pro-fit du personnel. Aujourd’hui, le taux d’encadrement constitué du potentiel technique de la SNVI est de 11%. Cependant, dès le lancement en 1998 d’un dispositif de «dégraissement» des effectifs pléthoriques, l’entreprise se verra confrontée à une saignée des compétences qui ont basculé chez le privé. «Ce dispositif a ouvert la porte au départ de beaucoup de compétences et de techniciens chevronnés qu’on a mis 20 ans à former et qui se retrouvent aujourd’hui chez la concurrence», avoue le PDG. L’une des préoccupa-tions majeures de l’entreprise inscrite à l’ordre du jour du nouveau plan de redressement est de remettre à niveau les compétences dont dispose l’entre-prise et de lancer un grand programme de formation dans le domaine du mana-gement et des technologies. «Nous avons déjà un vivier de compétences qui s’est implanté à la SNVI à travers l’Ecole algérienne des technologies dont la première promotion est dédiée à l’industrie automobile», affirme M. Chahboub. Selon lui, grâce à ce pro-gramme, la SNVI pourra revenir, dans les trois prochaines années, au même niveau de qualification qu’on peut trou-ver chez n’importe quel autre grand constructeur. Il n’en demeure pas moins que des ingénieurs formés et dédiés spéciale-ment à la R & D (recherche et dévelop-pement), sont parvenus à concevoir de nouveaux modèles de véhicules et de cabines de véhicule, sans pour autant que l’entreprise puisse les réaliser par manque de moyens matériels et finan-ciers. «Nous espérons que tout cet effort de création et de développement sera pris en charge par le plan de déve-loppement qui vient d’être entériné», souhaite le PDG de la SNVI. L. M.

En butte à d’inextricables difficultés financières, la Société nationale des véhicules industriels (SNVI) vient de bénéficier d’un «plan de développement» de ses activités industrielles, entériné lors de la réunion du Conseil des participations de l’Etat tenue en octobre dernier. Le plan en question prévoit de mettre à la disposition de la SNVI des moyens financiers nécessaires pour la réalisation des plans d’investissement et l’amélioration des produits, le maintien des activités dites stratégiques et la prise en charge de l’endettement et du découvert financier de l’entreprise.

ParLyès Malki P

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Un fl euron qui veut renaître de ses cendres

La SNVI a conçu de nouveaux modèles de véhicules sans pour autant qu’elle puisse les réaliser

CHRONIQUE 5 El Watan ÉCONOMIE - Du 21 au 27 décembre 2009

Que faut-il penser des assainissements fi nanciers ?

Le retour des assainisse-ments financiers des grandes entreprises publiques constitue un développement majeur sur la scène économi-

que nationale. L’opération mérite un large débat entre experts, ONG, société civile, syndicats, patronat et pouvoirs publics. Même si la décision est déjà prise, il est de notre devoir de citoyens de nous intéresser sur sa pertinence afin de recommander son élargisse-ment si elle est appropriée, ou d’ar-rêter le processus dès la fin de cette première expérience. Les pouvoirs publics ont une volonté forte de créer les conditions d’un dévelop-pement durable. Ils ont besoin des points de vue de chacun d’entre nous. La problématique est la sui-vante : quand est-ce qu’une opéra-tion d’assainissement financier est justifiée ? Une réponse d’économis-te qui ne satisferait aucun citoyen serait la suivante : «Lorsque c’est la meilleure utilisation possible des res-sources disponibles». Autrement dit, lorsque c’est la meilleure alternative d’emploi des moyens à allouer.

«TOO BIG TO FAIL»

Les adeptes des assainissements à répétition, car il n’y a pas de fin au processus, évoquent les raisons sui-vantes :1. les pays les plus avancés recou-rent aux assainissements financiers, surtout en période de crise ;2. il faut sauvegarder l’outil de pro-duction et l’emploi ;3. nous devons aider à promouvoir des entreprises qui vont tirer la croissance économique par l’offre et devenir les fers de lance des exportations algériennes ;4. les assainissements passés n’ont fait qu’effacer des dettes, des régu-larisations comptables et très peu d’argent frais est rentré dans les caisses de l’Etat ;5. une grande partie des déséquili-bres est causée par les injonctions des pouvoirs publics.Voilà les principaux arguments développés par les partisans de cette opération. Nous allons voir de plus près les raisonnements avan-cés. En premier lieu, les pays déve-loppés ont de tout temps aidé des entreprises publiques et privées en situation difficile. Chrysler aurait fait

faillite au début des années quatre-vingts si ce n’était l’intervention de l’Etat fédéral. Mais il ne faut pas faire de confusion. La forme et les modalités d’intervention sont très différentes. Pour une entreprise économique qui n’a pas un rôle de service public, deux formes d’inter-vention existent dans les pays déve-loppés :A. la garantie de crédits bancaires par l’Etat en échange d’un plan de restructuration viable et validé par les experts du gouvernement ;B. la prise de participation de l’Etat au profit des cas de grandes ban-ques ou entreprises «too big to fail» (Ndlr : trop grosses pour les laisser faire faillite) dont les faillites auraient des conséquences énor-mes sur l’activité économique. Lorsque l’entreprise retrouve sa performance initiale, l’Etat revend ses actions et récupère ses deniers. Si la faillite s’avère inévitable, l’Etat récupère tout ou une partie de ses ressources à travers la vente des actifs de l’entreprise liquidée.Le lecteur aura remarqué que dans les deux cas, les pouvoirs publics espèrent recouvrer leurs ressources. Les citoyens n’ont pas à financer à fonds perdus ces entreprises. Pourtant, il n’y a pas de mécanis-mes de récupération des moyens consentis par l’Etat en Algérie. Depuis l’aube des temps, les res-sources octroyées n’ont jamais été récupérées. Il ne faut pas confon-dre les deux formes d’intervention. Elles sont diamétralement oppo-sées. La deuxième justification est plus subtile. Nous aurions beaucoup à perdre sans les assainissements financiers. On va mettre à la retrai-te l’outil de production et à la rue des milliers de personnes. Il faudrait être sadique pour demeurer insen-sible à ces conséquences. Analysons de plus près la situation. Le secteur public économique emploie à peu près 480 000 personnes. Il exporte hors hydrocarbures quelque 900 mil-lions de dollars. Sa production glo-bale est à peu près de 15 milliards de dollars hors hydrocarbures. Il est prévu d’injecter cette fois-ci plus de 45 milliards de dollars. Le total des assainissements depuis 1990 dépas-serait de très loin les 200 milliards de dollars. Une simple simulation sur les données réelles nous éclaire sur autre alternative. Injectée dans la création d’un nouveau tissu de PME, basée sur les NTIC, la substi-tution aux importations et le déve-loppement humain, cette somme aurait créé 2,5 millions d’emplois,

une capacité de production natio-nale de plus de 40 milliards de dol-lars et d’exportation d’au moins 12 milliards de dollars. Quel gâchis !

LES PAYS QUI ÉCHOUENT METTENT LEURS FONDS DANS L’ANCIENNE ÉCONOMIE

Les économistes de la transition ont tranché cette question : les pays qui réussissent mobilisent toutes leurs ressources pour créer une nouvelle économie et ceux qui échouent mettent leurs fonds dans l’ancienne économie. Il ne faut pas ignorer ce principe qui constitue la conclusion la plus importante de l’économie politique de la transi-tion. Nous sommes en train d’aller à contre-courant de la plus impor-tante découverte économique des trois dernières décennies. Il faut tout simplement mettre en place des mécanismes sociaux économi-ques de protection de l’emploi. Les personnes qui seront éjectées après privatisation (au profit des cadres et travailleurs algériens compétents et du secteur privé national) ou restructuration, devront bénéficier de crédits de création d’entreprises, de formation ré-emploi dans d’autres postes ou prise en charge jusqu’à trouver un emploi. Personne ne doit être laissé sans couverture sociale. De cette façon- là, on enlève l’excuse de l’emploi aux adeptes des assainissements.Une objection souvent avancée concerne la forme de l’intervention. Elle consiste à prendre en charge les découverts et d’autres formes de dettes, la revalorisation des actifs et la constitution d’un fonds de roulement à la disposition de l’entreprise. Les adeptes des assai-nissements considèrent que très peu de ressources liquides sont octroyées aux entreprises. Il n’est pas possible de décortiquer dans ce contexte la mécanique compta-ble. Disons simplement que les det-tes et les déficits effacés sont des fonds réels utilisés par l’entreprise dans le passé. Elle a donc dépensé effectivement ces ressources. J’ai une longue expérience dans le redressement d’entreprises dans le contexte des pays développés. Le processus consiste à réduire les effectifs et les actifs de l’entreprise de sorte qu’avec un rééchelonne-ment des dettes, l’entreprise devient bancable et peut continuer ses opérations. En Algérie, on demande en plus de l’argent frais disponible pour fonctionner sur fonds propres pendant de longues années. Je n’ai jamais vécu ni lu sur un processus de redressement pareil. Enfin, la dernière justification

concerne les injonctions de l’Etat qui produiraient des surcoûts. Cela existe. On peut l’évaluer et le Trésor doit payer toute sujétion de l’entre-prise pour service public. Mais on oublie souvent les crédits de com-plaisance et toutes sortes d’avanta-ges consentis par l’Etat. Par ailleurs, certaines entreprises sont en com-pétition avec des privés – notam-ment le bâtiment - les subventions introduisent des distorsions au principe de la concurrence. De sur-croît, une entreprise qui a besoin de subventions est en mauvaise posture. Son management stratégi-que et opérationnel, de même que son environnement, sont loin d’être performants. On ne peut pas compter sur elle pour faire partie de l’élite mondiale. Il faut plutôt choisir les entreprises publiques et privées qui réussissent déjà. Il faut beaucoup d’efforts, d’abnégation et de technicité pour réussir un tel pari. Par ailleurs, nul ne parle du facteur essentiel qui fera réussir ou échouer ces assainissements : le développement des ressources humaines. La plupart de ces entre-prises ont vu leurs meilleurs cadres partir et beaucoup le feront si les systèmes RH (ressources humaines) ne sont pas révolutionnés. Enfin, notons que beaucoup se situent dans des secteurs non stratégiques. Le BTPH est une activité privée dans la vaste majorité des pays. Il n’y a pas lieu d’assainir des entre-prises non stratégiques. De surcroît, une entreprise qui a développé la culture des assainisse-ments a une chance sur cent de devenir performante. Les firmes qui feront la croissance de demain sont des entités publiques et privées qui réussissent déjà (les cimenteries, l’agroalimentaire privé, etc.) et les nouvelles entreprises qui seront créées maintenant. Beaucoup reste à faire et à dire dans un dossier complexe et épi-neux. J’espère qu’un débat national aura lieu sur la question. Il y va de l’avenir économique de notre pays. Nul ne doit prétendre détenir à lui seul toute la vérité. Mais en dialo-guant ensemble, nous pouvons améliorer la décision et surtout identifier les conditions de réussite de toute l’opération. Si les assainis-sements sont une décision perti-nente, alors il faudrait réfléchir aux conditions à mettre en œuvre pour réussir une telle opération. Mais si elle est peu efficace, alors voyons comment en minimiser les ressour-ces allouées à ce programme. A. L.

PH. D. en sciences de gestion

REPÈRESÉCONOMIQUES

Par Abdelhak Lamiri

6 PRODUITS & MARCHÉS El Watan ÉCONOMIE - Du 21 au 27 décembre 2009

16e édition de la Conférence de l’AFA en Egypte sur les fertilisants

L’enjeu d’un éventuel boycott de l’Algérie

Au sein de l’AFA, fondée en 1975 sous l’égide du Conseil de l’unité économique arabe (CUEA) et

qui regroupe 23 pays arabes produc-teurs d’engrais membres, expliquent ces sources, notre pays est représenté par la société des fertilisants Fertial où sont associés l’espagnol Grupo Villar Mir (66%) et la société Holding Asmidal (34%). Si du côté espagnol, Jorge Requena Lavergne, directeur général de Fertial, le rendez-vous ne sera pas man-qué par son entreprise en indiquant : «En tout cas, Fertial sera présente, mais à la date d’aujourd’hui je ne peux pas vous dire si c’est moi ou le Directeur Marché Export qui représentera notre société.» En ce qui concerne la partie algérienne, des sources bien informées parlent d’un éventuel boycott de la ren-contre du Caire. Pour le confirmer, Miloud Louhichi, le PDG du holding Asmidal que l’on a contacté, s’est refu-sé à toute déclaration officielle et s’est limité à dire : «Du fait de son caractère très sensible, je ne peux me prononcer sur la question. Nous déciderons de notre participation suivant les instruc-tions de notre tutelle.» D’autres sources estiment pour leur part que la participation de l’Algérie à cette conférence est plus que nécessaire vu les enjeux que cela suppose. Et pour cause, l’objectif principal sur lequel va reposer cette 16e édition de l’AFA qui compte actuellement 200 membres dont 38 membres actifs, 137 membres asso-ciés et 25 correspondants, consiste à promouvoir les relations de coopération technique et commerciale entre les sociétés des pays membres, dont le Maroc, la Jordanie, les Emirats arabes unis, Bahreïn, la Tunisie, la Syrie, l’Arabie saoudite, l’Irak, le Qatar, le Koweït, la Libye, l’Egypte et le Liban. D’autant que la conjoncture actuelle sur le marché mondial des fertilisants est plus que favorable. En effet, les entre-prises arabes, notamment égyptiennes, s’attendent à une reprise de la demande mondiale d’engrais au cours des trois prochains mois, surtout après l’annonce de l’Inde, du Pakistan et du Bangladesh d’en importer de grandes quantités pouvant atteindre jusqu’à 800 000 ton-nes, ajoutent nos sources. Ainsi, «la date de la rencontre - février - coïncide avec la période de la reprise du marché des engrais. C’est une opportunité pour les producteurs arabes de décider com-ment se partager le gâteau. Notre pays doit être de la partie pour ne pas tom-ber dans le piège des Egyptiens», met-tent en garde nos sources. L’occasion sera, ainsi, donnée aux représentants algériens et espagnols de Fertial de s’enquérir des capacités de production des pays membres de l’AFA pour

convenir d’un business-plan à même de leur permettre de décrocher une part de ce marché asiatique et pourquoi pas d’autres, notamment dans les engrais phosphatés. D’autant que les capacités de production installées à Fertial sont de l’ordre de 600 000 tonnes, alors qu’elle n’en produit que 160 000 tonnes /an du fait de la faible demande sur le marché algérien qui est d’à peine 200 000 tonnes.

FERPHOS AURAIT PU ÊTRE LA FORCE DE FRAPPE DE LA FILIÈRE ENGRAIS

Toujours en matière d’engrais phospha-tés, avec cette reprise annoncée sur le marché mondial, il appartient aux par-ties qui sont derrière le blocage pour des raisons occultes du projet du com-plexe de Bouchegouf (Guelma) d’assu-mer leurs responsabilités. En cause, à partir de 2012, censée être la date de son entrée en production (les travaux de réalisation devaient être lancés en 2009), notre pays aurait été à même de placer plus de deux millions de tonnes d’engrais sur le marché extérieur et engranger des recettes nettes de plus de 500 millions de dollars/an. En effet, avec des perspectives de production de près de 3 millions de tonnes, les objec-tifs de Ferphos Group pouvaient aisé-ment être atteints, les marchés éven-

tuellement preneurs avaient déjà été ciblés, dont ceux des pays en voie de développement et asiatiques. L’option de l’ancienne équipe dirigeante de Ferphos - initiatrice du projet - pour ces marchés n’était pas fortuite. L’Asie du Sud et l’Asie de l’Est représentent à elles seules 49% de la consommation mondiale d’engrais. Elles sont suivies de l’Amérique du Nord et du Sud (25%), l’Europe et l’ex-Union soviéti-que (18%), le Moyen-Orient (5%) et enfin l’Afrique /Océanie avec 2 % cha-cune. En mettant sur rails, dans les délais impartis, le méga-complexe devant être doté d’une capacité de transformation de 4 millions de tonnes de phosphate, Ferphos serait devenue la force de frappe de la filière engrais de l’Algérie. La bonne conjoncture mondiale, le savoir-faire que devait lui apporter l’un des leaders mondiaux, le pakistanais Engro, la disponibilité des matières premières (des réserves de deux mil-liards de tonnes de phosphate), ainsi que des ressources énergétiques (gaz naturel) plaidaient en sa faveur. Le choix de 2012 comme date pour la concrétisation de ce qui restera toujours un projet par les ex-dirigeants du Groupe algérien du fer et du phosphate, tous «remerciés», n’était pas fortuit. Cette année coïncide avec les prévi-sions de l’Association internationale de l’industrie des fertilisants (IFA) concer-nant le comportement du marché mon-dial des fertilisants. D’après cette asso-ciation, les perspectives à l’horizon

2012 montrent que la demande sera de loin plus importante que l’offre. Les faits générateurs de cette situation sont : le délestage et la fermeture de quelques usines de production aux USA et en Europe dues à l’envolée des prix du gaz, l’augmentation du taux démo-graphique de la population mondiale, l’intensification de la production agro-industrielle et enfin la demande sans cesse croissante des bio-fuels. Elargir la vision, ouvrir de nouvelles frontières aux produits pétrochimiques algériens, tel est le challenge que Ferphos Group entendait gagner avec l’apport de son partenaire Engro. C’est dans ce même esprit que le pays ambitionnait de s’im-pliquer dans les marchés internationaux traditionnels des engrais et ceux nais-sants mais en rapides expansion.

L’ÉGYPTE NE VEUT PAS D’UNE ALGÉRIE LEADER DANS LES FERTILISANTS

Par ailleurs, mais toujours à propos de l’enjeu que constitue la participation à cette 16e conférence internationale du Caire, contacté, M. Chouiter, consultant international dans les domaines pétro-lier, minier et pétrochimique, travaillant notamment pour le compte d’un groupe anglais spécialisé dans tout ce qui a trait aux fertilisants, estime pour sa part que l’opportunité doit également être saisie

par notre pays pour proposer d’y abriter la 23e édition du Congrès Technique de l’AFA qui se tient au mois juillet de chaque année dans un des pays mem-bres. Car, toujours selon lui, lors dudit congrès, il sera entre autres question de débattre des défis que doit relever l’in-dustrie des engrais pour garantir son développement de façon à contribuer efficacement à la sécurité alimentaire. Dans ce cadre, il sera particulièrement axé sur la nécessité pour cette industrie d’utiliser les technologies de pointe, non seulement pour augmenter la pro-duction à l’échelle arabe mais aussi pour pouvoir mettre sur le marché des produits de qualité dans les meilleures conditions de sécurité et de protection de l’environnement. La concrétisation de tels objectifs demeure, d’après le consultant, condi-tionnée par l’aptitude de l’industrie des engrais à opérer dans le contexte de la mondialisation. Les pays membres de l’AFA, y compris l’Algérie, sont de ce fait appelés à se mobiliser davantage pour permettre à l’industrie des fertili-sants de jouer pleinement son rôle dans le cadre d’un développement durable, ajoute-il. Même son de cloche chez le patron de la Société Holding Asmidal pour qui le monde arabe dispose de tous les atouts pour jouer un rôle pion-nier en matière de production des ferti-lisants, surtout avec les énormes réser-ves de phosphate dont il dispose (70% du potentiel international), en plus du gaz naturel et du potasse notamment en mer Morte. M. Louhichi n’a pas man-

qué, dans ce sens, de mettre l’accent sur l’importance de ces trois composantes indispensables à la fabrication des ferti-lisants, estimant qu’il appartient au monde arabe, dont l’Algérie, de savoir utiliser tous ces atouts. Le pétrochi-miste parle ainsi des potentialités natu-relles que recèle le monde arabe et dont l’usage rationnel permettra non seule-ment de garantir la sécurité alimentaire pour tous les peuples de la région, mais aussi contribuera aux efforts déployés par la communauté internationale pour lutter contre la famine et la pauvreté. Chiffres à l’appui, il a indiqué que le monde arabe détient, à lui seul, 70% des réserves mondiales de phosphates, 35% du gaz naturel, outre des réserves importantes de potasse brut, les trois matières entrant dans le processus de fabrication des fertilisants. Dans cette communauté arabe des producteurs d’engrais, le pays des pharaons s’est engagé dans un vaste programme d’ex-tension de ses capacités de production. Son objectif est de prendre des parts plus consistantes sur le marché asiati-que. Il tente d’emboîter le pas à ce qu’il considère aujourd’hui comme l’un des plus redoutables ennemis et concur-rents. En rappelant ses ressortissants affectés sur les chantiers du projet du complexe ammoniac-urée d’Arzew (Oran), il manifeste clairement sa volonté de ralentir l’élan allant dans le sens de la propulsion de l’Algérie au rang des leaders des fertilisants à l’échelle méditerranéenne. Car, indi-quent des sources proches du dossier, au rythme où vont actuellement les chantiers des infrastructures de base, les délais impartis à la réalisation du nouveau complexe ammoniac/urée dans la zone industrielle d’Arzew ne seront assurément pas respectés. Et, c’est le groupe allemand UHDE qui avait décroché la même année (2007) un contrat de 120 milliards de dinars (1,28 milliard d’euros) pour la conception, le développement et la construction clés en main dudit complexe. Pour mémoire, ce projet né d’une association entre la compagnie nationale Sonatrach et le groupe égyptien Orascom, porte sur la mise sur pied d’une grande usine dotée de capacités de production de 1,32 mil-lion de tonnes d’ammoniac et 1,1 mil-lion de tonnes d’urée. Pour ce faire, il est attendu de consentir des investisse-ments de l’ordre de 1,6 milliard de dollars étalés sur 36 à 40 mois à comp-ter du 23 Juillet 2007, date de signature du contrat d’association. Le premier train devrait être réceptionné au mois de février 2011 et le deuxième au mois d’août 2011. La capacité de production destinée à l’exportation sera de deux fois 2200 tonnes/jour d’ammoniac et de 3450 tonnes/jour d’urée. Aussi, les deux par-tenaires avaient procédé à la création de deux sociétés de droit algérien, Sorfert Algérie et Sorfert Marketing. La pre-mière se chargera de la réalisation et de l’exploitation du complexe dont le capi-tal social sera partagé à hauteur de 49% pour Sonatrach et 51% pour Orascom. La seconde, Sorfert Marketing, s’occu-pera exclusivement de l’exportation et de la commercialisation des produits finis (ammoniac et urée) et dans laquel-le les prises de participations seront les mêmes qu’à Sorfert Algérie.

N. Benouaret

Les retombées de la crise diplomatique avec l’Egypte, déclenchée à la suite de la qualification de notre équipe nationale de football au mondial 2010, ne cessent de s’étendre à divers secteurs d’activités. En effet, des sources sûres affirment que notre pays va assurément boycotter la 16e édition de la Conférence internationale annuelle de l’Association arabe des fertilisants (AFA) qui se tiendra début février 2010 au Caire (Egypte).

AnnabaDe notre bureau

En rappelant ses ressortissants affectés sur les chantiers du projet du complexe ammoniac-urée d’Arzew (Oran),

l’Egypte manifeste clairement sa volonté de ralentir l’élan allant dans le sens de la propulsion de l’Algérie au rang des leaders des fertilisants à l’échelle méditerranéenne.

ENQUÊTE 7 El Watan ÉCONOMIE - Du 21 au 27 décembre 2009

FNI, leasing, capital risque, banque spécialisée

Quels outils de fi nancement pour les PME ?

L’objectif est ambitieux, voire pré-tentieux si l’on considère les nombreuses difficultés auxquel-

les les entreprises doivent faire face en Algérie et en premier lieu le problème du financement. Ce dernier a de tout temps été posé et est considéré aujourd’hui par les chefs d’entreprise comme l’une des entraves les plus sérieuses, sinon la plus sérieuse à leur développement. Avec le crédit bancaire et les fonds propres comme quasiment seuls instruments de financement dis-ponibles, les PME nationales n’ont pas vraiment le choix, même si depuis ces dernières années de nouveaux outils comme le leasing sont venus apporter une petite bouffée d’oxygène, visible-ment pas assez suffisante. En effet, chaque fois que l’opportunité leur a été offerte, les chefs d’entreprise n’ont pas manqué de souligner le pro-blème de l’accès au financement comme l’une des contraintes majeures, accusant les banques d’avoir des liqui-dités qu’elles préfèrent utiliser pour financer les activités d’importations, considérées comme plus rentables et moins risquées. Une accusation réfutée par les banques, chiffres à l’appui. Le délégué général de l’association des banques et des établissements finan-ciers (ABEF), Abderrahmane Benkhalfa, nous a déclaré à ce sujet, que sur les 2700 milliards de dinars de crédits à l’économie accordés par les banques en 2008, une part de « 90% est allée aux entreprises, toutes formes confondues, les PME représentant dans ce portefeuille 40% à 45% », soit plus de 1200 milliards de dinars.Ce chiffre n’a pourtant pas réussi à délaisser les banques de cette réputa-tion de frilosité qu’on leur colle quand il s’agit de prendre des risques en met-tant de l’argent dans des PME. Une réticence due au fait que «les banques nationales ne sont pas outillées pour être portées sur l’investissement», explique Zaïm Bensaci, président du Conseil national consultatif de promo-tion de la PME. D’abord, précise-t-il «ce sont des banques à vocation com-merciale, ensuite parce qu’il faudrait d’abord qu’elles aient les ressources humaines nécessaires pour ce travail de gestion du risque et enfin tant qu’il n’y aura pas de dépénalisation de l’acte de gestion, les dirigeants de ban-ques resteront frileux. Du coup, même si une caisse de garantie des crédits d’investissement et un fonds de garan-tie des crédits financé par le Trésor, ont été créés, les banques continuent de refuser des dossiers qui ont pourtant l’aval de ces organismes».

PAS DE BANQUE, MAIS PEUT-ÊTRE UNE CAISSE MUTUALISTE

Quelle solution préconiser dans ce cadre pour régler le problème du finan-cement ? Pendant longtemps, l’idée de la création d’une banque dédiée exclu-sivement aux PME, perçue comme la panacée, a été avancée, sans pour autant

voir le jour. Selon M. Bensaci qui se dit «sceptique», il y a d’ailleurs peu de chance qu’elle se concrétise un jour du fait de «l’absence d’une volonté politi-que en la matière. Les pouvoirs publics ne voient pas l’opportunité d’une telle démarche». Pourtant, le problème ne serait pas uniquement lié à une ques-tion de volonté politique. Il s’agit plutôt d’un problème de fonctionnement, selon le délégué général de l’ABEF. «Une banque ne peut exister avec un seul risque. C’est à travers un mixage

de ces risques qu’elle peut assurer sa pérennité. Or, quand elle est spéciali-sée dans un seul segment de marché ou une seule branche d’activité par exem-ple, elle est exposée car elle est face à une concentration de risques. C’est pour cela qu’il faut prendre des pré-cautions avec ce genre de pratiques», estime M. Benkhalfa. Mais le fait qu’il n’y ait pas de banque spécialisée dans la PME ne signifie pas que les banquiers doivent être limités dans leur soutien aux entreprises uni-quement au financement. «Il y a proba-blement quelque chose à apporter aux PME, à la périphérie du financement, comme le conseil et l’expertise en matière d’étude de projets par exemple, afin de rendre leurs dossiers bancables et donc éligibles aux financements ban-caires». C’est certes une proposition, mais il y en a d’autres pour régler le problème du financement. Ainsi, à défaut de banques, M. Bensaci propose la mise en place d’une «caisse mutua-liste». L’idée a été avancée «publique-ment et c’est aux institutions en charge du secteur de se pencher dessus». Selon

lui, cette option «a marché ailleurs dans le monde» et serait plus profita-ble qu’une banque des PME parce que cette caisse «aurait des fonds publics et privés et à partir de là, il y aurait des représentants des entreprises dans les commissions du crédit et du coup les engagements accordés se feraient d’une manière plus responsable». L’autre solution au financement, plus improba-ble celle-là, pourrait venir de la coopé-ration internationale. Le président du CNC nous a en effet indiqué que «dans

le cadre de l’Union pour la Méditerranée, il a été proposé la créa-tion d’une banque européenne destinée à la PME pour financer tout ce qui est investissement du côté nord et sud de la région. Evidemment, il ne s’agit pour l’instant que d’une idée mais qui fait petit à petit son chemin».

PLACE AUX NOUVEAUX OUTILS

En attendant, le gouvernement a pris en 2008 deux décisions qui pourraient soulager le souci de financement des PME, à condition que leur concrétisa-tion soit rapide et efficace. La première a été la création d’un Fonds national d’investissement (FNI) doté de 150 milliards de dinars qui sera suivi de 48 fonds régionaux, soit un fonds par wilaya. A l’occasion de son annonce, ce fonds a été présenté comme «une réponse aux besoins en ressources financières de long terme des entrepri-ses et un complément aux efforts des banques». Dans ce cadre, il financera les projets d’investissement publics ins-crits au budget de l’Etat, les opérations d’équipement public inscrites au bud-

get de l’Etat, les projets d’investisse-ments économiques et la mise à niveau du secteur public économique. Il pourra aussi être associé dans le co-finance-ment de projets du secteur public et ou économique, dans la participation au capital, en partenariat avec des entre-prises publiques, des investisseurs étrangers, des investisseurs nationaux privés et des sociétés mixtes chargées de la réalisation de projets de dévelop-pement. Il est éligible à des prêts à taux réduits et à des avances du Trésor public. Le fonds accordera donc beau-coup de place à l’investissement public, mais c’est la place du privé qui suscite des questions. M. Bensaci explique, à ce propos, que «ce fonds vise à finan-cer le secteur public et à encourager les investissements directs étrangers et nationaux, mais on se demande quelle place sera réservée aux PME. Nous ne le savons pas encore, comme nous ne savons pas quels types de montages seront opérés dans ce cadre et à quels genres de PME ce fonds va s’adresser. Nous n’avons pas de grosses PME. C’est pour toutes ces raisons que je pense que ça ne sera facile, au début, pour les PME d’accéder aux ressour-ces de ce fonds.» Un fonds, qui faut-il le rappeler, a prévu à moyen terme d’intervenir pour un montant minimum de plus de 1000 milliards de dinars. La seconde décision a été d’instruire les banques publiques pour créer des socié-tés de leasing et de capital investisse-ment afin de donner aux PME une alternative au crédit classique. «C’est une nouvelle culture de financement qui va prendre du temps pour se mettre en place, surtout pour ce qui est des sociétés de capital investissement», estime M. Bensaci. Quant au leasing, il existe depuis déjà quelques années, mais il a été développé «surtout par des sociétés étrangères auxquelles il a per-mis de gagner beaucoup d’argent». Quand aux sociétés algériennes, «elles arrivent timidement», reconnaît-il. S B.

Plus de 336 000 PME privées (335 486 à la fin du premier semestre 2009) et publiques (598) existent actuellement et quelque 300 000 devraient voir le jour d’ici les cinq prochaines années, selon le nouveau plan quinquennal du président de la République.

ParSafi a Berkouk

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Le gouvernement a pris, en 2008, deux décisions de financement des PME, à condition que leur concréti-

sation soit rapide et efficace.

Les entreprises souffrent d’un manque de financement accusant les banques de financer les activités d’importation

ENQUÊTE 9 El Watan ÉCONOMIE - Du 21 au 27 décembre 20098 ENQUÊTE

DÉVELOPPEMENT DES SOCIÉTÉS DE CAPITAL INVESTISSEMENT

ENCORE DES CONTRAINTES À LEVER

Malgré les cris de détresse des patrons algériens, les banques, plus précisément les banques publiques qui détiennent 90% du marché, sont pendant long-temps restées, selon eux, peu réactives

à leurs doléances en matière de facilitation de l’accès au financement. Il aura donc fallu l’intervention du gouvernement pour qu’elles s’apprêtent aujourd’hui à mettre en place de nouveaux outils de financement.Pour le délégué général de l’ABEF, Abderrahmane Bekhalfa, cela s’explique par le fait que «pendant des années, les banques avaient d’autres priorités : le problème de l’assainissement de leurs portefeuilles, l’extension des réseaux, le développement du système de paiement de masse, la dématérialisation, le déve-loppement de la monétique, ainsi que l’élargissement de la sphère du crédit classique (crédits bonifiés, syn-diqués, etc.). Maintenant que certaines de ces priori-tés sont accomplies et que d’autres sont à un stade avancé, il était devenu nécessaire d’aller vers d’autres alternatives de financement pour les PME en mettant en place des instruments nouveaux parmi lesquels le leasing et le capital investissement.» Si le leasing était déjà pratiqué depuis quelques années par des banques et des établissements finan-ciers privés, le capital investissement est quant à lui un

instrument nouveau qui nécessite beaucoup d’efforts aussi bien sur le plan réglementaire que managérial.

LE PROBLÈME DE L’ARTICLE 104 RÉSOLU

Il faut savoir que si une loi sur la création des sociétés de capital investissement existait depuis 2006, sa mise

en application était quasiment impossible jusqu’à juillet dernier, date de la publication de la loi de finan-ces complémentaire 2009. La loi du 24 juin 2006 relative à la société de capital investissement autorisait la création de telles sociétés qui étaient définies comme étant des entités ayant «pour objet la participation dans le capital social et toute opération consistant en des apports en fonds propres et en quasi-fonds propres dans les entreprises en création, en développement, en transmission ou en privatisation».Seulement, la mise en œuvre de ce texte se heurtait à l’article 104 de l’Ordonnance n° 03-11 en date du 26 août 2003 sur la monnaie et le crédit qui «interdit à une banque ou un établissement financier de consentir des crédits à ses dirigeants, à ses actionnaires ou aux entreprises du groupe de la banque ou de l’établisse-ment financier». Autrement dit, une banque ne peut avoir une double relation avec une même entreprise qui serait sa cliente, tout en y détenant des actions. Depuis le scandale de la banque Khalifa et les mil-liards qu’il a coûtés au Trésor et au contribuable, les autorités monétaires du pays ont voulu être plus pru-dentes, mettant ainsi fin aux financements entre socié-tés d’un même groupe. La situation qui en a résulté s'est avérée être plus tard «un frein» au développement des sociétés de capital investissement, selon M. Benkhalfa. Il aura fallu attendre cette année pour lever ce blocage après que la LFC 2009 ait abrogé l’article 104. Désormais, «une banque ou un établissement finan-cier peut consentir, dans la limite de 25% de ses fonds propres de base, des crédits à une entreprise dont elle/ ou il détient une participation au capital», même s’il est interdit à une banque ou à un établissement finan-cier de consentir des crédits à ses propres actionnaires et dirigeants et à leurs conjoints et parents. Depuis, seules la BADR et la CNEP Banque ont annoncé la création d’une société de capital investis-sement appelée El Djazaïr Istithmar dont le capital d’un milliard de dinars détenu à 70% par la première et à 30% par la seconde. La BEA a également annon-

cé son intention de s’inscrire dans la même démar-che.

LES SARL, L’AUTRE SOUCI

Malheureusement, l’abrogation de l’article 104 n’a pas tout résolu car d’autres obstacles subsistent. Selon M. Benkhalfa, «la création de société de capital investissement est une ouverture de capital qui exige de la part des chefs d’entreprise un nouveau compor-tement managérial. Il faut qu’ils acceptent l’entrée dans leur capital de partenaires externes. Il faut éga-lement une grande maîtrise de l’information et surtout des possibilités de sortie du capital pour les investis-seurs.» Or, sur ce dernier point, les choix ne sont pas nombreux, la bourse étant une option de sortie mais, son «faible développement» l'empêche d’être une option sérieuse, ce qui laisse une possibilité de sortie du capital «à travers le gré à gré», explique le délégué général. En fait, c’est la nature juridique de la majorité des entreprises algériennes qui pose aujourd’hui problè-me, car près de la moitié (49,28%) des sociétés inscri-tes au niveau du Centre national du registre du com-merce à la fin de l’année dernière sont des SARL (Société à responsabilité limitée), contrôlées et gérées essentiellement à un niveau familial, alors que les sociétés par action (SPA) ne représentent que 4,6% des entreprises inscrites au CNRC. Selon Djamel Djerrad, expert comptable, «cela induit une application restreinte de la loi, car le notion de SPA qui traduit la véritable volonté d’investissement est réduite par rapport à celle de la SARL qui repré-sente, en revanche, plus une forme de régulation familiale». En dépit de ces obstacles, le marché du capital inves-tissement peut être développé à condition qu’il soit accompagné par certaines mesures que M. Benkhalfa a résumé en trois points : «l’implication d’acteurs autres que les banques pour la création de ce type de société, le lancement de plans de communication intensifs afin que les entreprises qui ont visibilité à long terme s’orientent dans cette formule et enfin la dynamisation de la bourse.» S. B.

La difficulté pour les PME d’accéder aux financements, problématique récurrente soulevée par les chefs d’entreprise, commence à peine à connaître un début de solution. L’instruction donnée à la fin de l’année dernière par le gouvernement aux banques publiques d’investir dans la création de filiales de leasing et de capital investissement, a certes fait plaisir, mais sa mise en œuvre risque d’être très lente.

Ce n’est qu’à l’été 2006 que la banque BNP Paribas Al Djazair a pris la décision d’ouvrir un département leasing, un créneau dans lequel elle est leader en Europe, mais qui reste encore peu développé en Algérie. Le directeur de ce département, Philippe Perrin-Houdon, nous explique, dans cet entretien, les raisons qui ont poussé la banque à proposer ce nouveau produit, les bénéfices qu’elle en a tirés et ses perspectives dans un marché qui reste largement sous-exploité.

Par Safi a Berkouk

Propos recueillis par Safi a Berkouk

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Qu’est-ce qui a motivé la création d’un département leasing chez BNP Paribas Algérie ?Le leasing est un produit de financement destiné aux entreprises, principalement pour le finance-ment de leurs investissements. Il leur permet d’acquérir des biens avec une formule de finan-cement qui est relativement simple, à 100%, et qui répond donc bien à leurs besoins. Les lois sur le crédit bail en Algérie sont relativement favorables, entre autres l’amortissement sur la durée du bail qui permet d’amortir le matériel et de le renouveler plus rapidement. En Algérie, le financement des investissements pour les entre-prises est fait essentiellement de crédit. Il s’agis-sait donc pour nous d’apporter un autre crédit de financement et c’est cela qui a motivé le lance-ment de cette activité.

Que représente aujourd’hui le leasing, donc l’activité globale de la banque ?On a démarré l’activité réellement en juillet 2007 et les premiers six mois ont consisté en la mise en place des procédures et les outils du crédit bail. Donc, durant cette période, nous n’avons financé que quelques entreprises Corporate, clientes de la banque car les outils de gestion n’étaient pas encore complètement opérationnels, c’est pour cela que nous avons préféré limiter les opérations. Nous avons fait en 2007 environ 10% de parts de marché. En 2008, ça été le financement principalement de tout ce qui était Corporate, les centres d’affaires, plutôt sur les grandes entreprises et PME et depuis 2009 nous avons également diffusé le crédit bail dans l’activité retail chez les professionnels et les PME de petites taille. Pour ce qui est de la part du crédit bail dans les financements de la banque, nous avons depuis le début de l’activité financé pour un peu plus de 6 milliards de dinars de matériels et notre encours global sur le crédit bail est autour de 4 milliards. C’est un encours qui progresse régulièrement. S’agissant du nombre de clients de l’activité leasing, nous avons plus de 10% des clients de la ban-que qui sont concernés. L’activité leasing nous a par ailleurs permis de conquérir une nouvelle clientèle puisque 17% de la production de 2008 provient de nouveaux clients. Quant aux activités que nous finançons, elles sont diverses comme le transport, les travaux publics qui sont les deux principales, mais nous avons aussi des activités de production dans l’agro-alimentaire, le médical, les matériaux de construction.

On a quand même l’impression que le marché du leasing reste peu développé ?Oui, il est estimé à environ 20 milliards de dinars globalement. S’agissant des encours, on était à un peu plus de 21 milliards de dinars pour 2007 et 28 milliards en 2008. C’est effectivement un marché relativement faible parce qu’il y a peu d’intervenants. Il y en a environ 8 sur le marché actuel-lement. Avant 2006, il y avait ALC, Société Générale, Natexis, Sofinance et Albaraka Bank. Il y a des établissements qui sont véritablement des sociétés de leasing et pour les autres, ce n’est qu’un produit parmi d’autres dans le financement des entreprises. Cela dépend donc de la volonté des banques de développer ce produit.

N’y a-t-il pas, selon vous, des contraintes d’ordre réglementaire qui empêchent le développement de ce produit ?Aujourd’hui, non. Jusqu’à maintenant, les textes sont plutôt favorables aux crédits bail par rapport à d’autres pays, entre autres en ce qui concerne la propriété du matériel et le recouvrement puisqu’en cas de défaut du client, il est facile de récupérer le bien, il y a aussi les délais d’amortissements. Ce n’est pas un problème de réglementation.

Quel est le problème donc ce cas ?Premièrement, c’est un nouveau produit. Il est assez récent puisque son démarrage remonte à 2001 et 2002, il n’y avait pratiquement que deux sociétés qui développaient ce produit. Il faut donc que les entreprises apprennent à le connaître et qu’on puisse leur expliquer quel est son avantage par rapport à un autre. On a ten-dance à croire que c’est un produit coûteux, alors qu’il n’est pas plus cher qu’un crédit ordi-naire. Deuxièmement, le marché du crédit bail est développé par des banques privées. Mais celles-ci n’ont en Algérie qu’une part infime. A partir du moment où les établissements publics ne font pas du crédit bail, son développement reste restreint, car les entreprises publiques algériennes ne viennent pas prendre de finance-ment dans le secteur privé. On s’aperçoit néan-moins que les choses s’améliorent doucement puisque les progressions sont de l’ordre de 35% par an, ce qui n’est pas rien.

Quand je suis venu en Algérie, je pensais que le marché était plus impor-tant, mais le potentiel existe. Il faut savoir que pour les investissements en achat de matériels, très peu est financé par crédit-bail de production. Les entreprises ont souvent tendance à s’autofinancer ou à prendre des crédits fournisseurs sur des délais très courts. Toute la difficulté est de convaincre les entrepreneurs de financer leurs investissements à travers le crédit bail et non par des crédits de trésorerie.

Pensez-vous que ce marché peut progresser au même rythme que celui du crédit classique ?Cela devrait croître si les règles fiscales actuelles applicables au crédit bail sont améliorées.

C’est-à-dire…Pour le moment, je ne peux pas en dire davantage à ce sujet.

Est-ce que le projet de création de 300 000 PME d’ici à 2014 peut ser-vir de catalyseur pour développer le marché du leasing ?Je pense que ce sont les PME qui devraient profiter du crédit bail pour se développer et financer leurs investissements car le leasing est vraiment un produit destiné au financement des PME, même si les grandes entreprises en profitent aussi. Le développement de l’infrastructure industrielle de l’Algérie ne peut se faire que par le biais des PME car la base industrielle d’un pays, ce n’est pas les grandes entreprises mais la multitude de PME qui y travaillent. Il n’y a pas de tissu industriel lourd dans un pays sans les PME. Normalement, les banques ont des disponibilités très importantes qui peu-vent être utilisées, et entre le crédit, le crédit bail et les sociétés de partici-pation en capital, l’argent est là. Après, c’est une question de projets, de type de projets et d’opportunités de projets. Avec l’arrivée annoncée de nouveaux acteurs, peut-on connaître les ambitions de votre banque dans ce segment d’activité ?En Europe, nous sommes leaders dans ce domaine. En Algérie, notre ambi-tion est d’être dans le peloton de tête. Nous n’avons que deux ans d’exis-tence et nous tournons autour de 15% de parts de marché en 2008. En 2009, nous sommes sur les mêmes bases, peut-être un petit peu plus. A partir du moment où les banques publiques vont entrer sur le marché et vont y met-tre les moyens, la concurrence sera un peu plus difficile, mais nous avons quand même quelques années d’expérience dans ce domaine, et on peut espérer avoir des produits et une ressource humaine qui sera un peu plus formée qu’aujourd’hui. S. B.

Philippe Perrin-Houdon. Directeur département Leasing à BNP Paribas

«Il faut améliorer les règles fi scales pour développer le leasing»

Perspectives prometteuses pour le leasing

Un marché potentiel de 100 milliards DA

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Le marché du leasing est assurément plus mature que celui du capital investissement avec près d’une dizaine d’acteurs privés, essentiellement, y activant. Selon des sources bancaires, ce marché est estimé actuellement à 25 milliards de dinars, montant équivalent aux financements engagés jusque-là, mais son potentiel serait au moins quatre fois plus important, nous dit-on. Pourtant, si les perspectives sont aujourd’hui prometteuses, cela n’a pas toujours été le cas. «Depuis 1996, nous avons travaillé de concert avec le ministère des Finances afin de mettre en place un cadre fiscal adapté, favorisant le développement du leasing. Il y avait beaucoup de contraintes qui faisaient qu’il n’était pas compétitif comme produit, car il y avait notamment des problèmes d’amortissement, de la taxe sur la l’activité professionnelle, de droit d’enregistrement, d’avantages ANDI qui n’étaient pas perçus bien qu’étant accordés normalement, etc.», nous a expliqué M. Nacer Hider, membre de la commission d’études juridiques et

fiscales au niveau de l’ABEF. Aujourd’hui, ces problèmes ont été réglés et le dispositif fiscal appliqué au leasing, selon notre interlocuteur, «préserve sa compétitivité». Du moins, pour l’instant, puisque tout risque d’être remis en cause dès l’année prochaine avec l’entrée en vigueur du nouveau système comptable et financier (SCF) qui «impose qu’on revienne à une approche financière qui n’est pas adaptée au dispositif juridique algérien», explique-t-il. Selon lui, «l’application du nouveau système risque de poser un problème de discordance avec le dispositif fiscal actuel et perturber les opérations qui sont actuellement en cours.» Elle risque également de faire perdre au leasing son «attractivité», notamment parce que «les actifs en crédit bail ne seront plus comptabilisés dans le bilan de crédit bailleur, mais dans celui des crédit preneur». «On aurait préféré que le SCF ne soit pas appliqué à toutes les entreprises, mais à celles qui ont par exemple des opérations avec l’étranger ou qui sont cotées en bourse».

Pour Abderrahmane Benkhalfa, «le marché du leasing peut se multiplier rapidement à condition que les acteurs économiques se familiarisent avec ce produit, qu’il y ait une maîtrise du métier et que les avantages qu’il accorde soient préservés et pas remis en cause par le nouveau système.» Dans ce cadre-là, «le marché pourra atteindre 100 milliards de dinars d’ici les deux ou trois prochaines années», estime-t-il.En attendant, les banques publiques commencent à peine à se mobiliser avec la BDL et la BNA qui ont créé une société de leasing dotée d’un capital de 3,5 millions de dinars détenus à parts égales. La BEA leur a emboîté le pas en annonçant dernièrement la création d’une société de leasing en partenariat avec le groupe bancaire portugais Banco Espirito Santo (BES) et le fonds d’investissement multinational suisse Swicorp. Le capital de 3,5 milliards de dinars sera détenu à hauteur de 59 % par la BEA, de 35 % par BES et de 6 % par Swicorp,S.B.

Le marché du capital investissement peut être développé à condition qu’il soit accompagné par certaines mesures

Améliorer d’abord

Eh bien oui, c’est en tout cas ce qu’on veut bien nous faire croire avec, à l’appui, force démonstrations graves

et alarmantes rendues périodiquement par le GIEC, ce Groupe de sommités mondia-les constitué par les Nations unies pour ausculter notre planète et nous livrer un bilan de santé guère reluisant. Le dernier en date ne pouvait naturelle-ment être en reste : il est proposé ni plus ni moins d’éviter une augmentation de la température à la surface de la planète de plus de 2 degrés sous peine de catastrophes à répétition à l’échelle planétaire. C’est en fait un peu comme si on nous disait que les perturbations passées sont plus ou moins tolérables et que nos émissions de CO

2 et

autres gaz à effet de serre sont à un niveau acceptable, voire même en-dessous de ce fameux seuil critique des 2 degrés supplé-mentaires.

MENACES SUR LA PLANÈTE : IL N’Y A PAS QUE LE CO2

Je dois avouer, pour ma part, que la méthode et les voies et moyens utili-sés pour définir ce seuil critique ont fait naître chez moi un sentiment de perplexité. Ayant été confronté à la construction de modèles mathéma-tico-statistiques pour la prévision du temps, je ne peux en effet m’empêcher de constater que ces modèles, nourris principalement par des données sur l’aug-mentation des concentrations de CO

2, ne

tiennent pas compte de paramètres exter-nes - auxquels je ferai référence plus loin - et susceptibles d’influer eux aussi sur le climat. En substance, un modèle ne réagit qu’aux données qu’on veut bien lui injec-ter ! Une idée s’insinue alors dans mon esprit, qui m’autorise au moins à suppo-ser – pour ne pas dire plus - que nous sommes en présence d’un seuil accom-modant les uns et les autres. Une donnée passée à la pierre à poncer, histoire de ne pas trop effaroucher les tenants du tout développement, des lobbies puissamment activistes et capables de peser d’un poids très lourd dans la prise de décisions, à commencer par ceux puissants du pétrole, de l’industrie, de la finance, et j’en passe. Il va de soi qu’a travers ces déclara-tions de bonne foi (Honni soit qui mal y pense), c’est le constat d’échec qui est fait du Protocole de Kyoto, lequel, comme tout le monde le sait, n’a été qu’un patchwork de «mesurettes» desti-nées à se donner bonne conscience et que l’on s’affaire plutôt au chevet de la planè-te… Mais bon, qu’à cela ne tienne, cela peut procéder de bonnes intentions… Mais à vrai dire, mon propos est tout autre et mon esprit de météorologue incorrigible

me pousse à poser quelques questions lan-cinantes. En effet, il ne me viendrait nulle-ment à l’idée de contester que les gaz à effet de serre sont une menace sérieuse qui pèse sur la planète. Pourquoi encourir une accusation de crime de lèse-majesté qui me sortirait de l’orbite des têtes bien pensantes ? Qu’à cela ne tienne, je m’y risque car, à mes yeux, c’est une question fondamentale de savoir pourquoi, au jour d’aujourd’hui, le seul sujet crucial pour la survie de la planète est la réduction impé-rative des émissions de gaz à effet de serre, avec un sous-entendu effrayant de destruc-tion de notre terre… Etant entendu et martelé qu’il y va de notre survie et de celles de toutes les espèces vivantes…C’est la question mère qui doit guider toute notre réflexion en la matière et elle laisse peu de place à toutes les autres interroga-tions qui défigurent impunément notre planète, met une sourdine aux cris d’alar-me de toutes les organisations écologiques et autres quant aux pollutions massives, les dégradations répétées, l’épuisement de nos ressources naturelles, la disparition de milliers d’espèces végétales et animales, l’envahissement de nos espaces naturels par des projets de plus en plus gigantes-ques…Oui, oubliez tout cela, le CO

2 est infini-

ment plus dangereux que tout le reste et si notre climat est en train de changer dange-reusement, il est le seul responsable de la disparition annoncée de notre planète. La seule évocation

des problèmes mis sous l’éteignoir me fait de nouveau rebondir sur des questions autour desquelles il n’y a point, à ma connaissance, de débat sérieux, de confé-rences du gabarit de celle qui illumine en ce moment la capitale danoise. Le jeu en vaut la chandelle, car avant de parler des changements qui l’affectent, il n’est pas vain ni superflu de s’essayer à analyser quelques paramètres qui pourraient l’in-fluencer. Et pas en bien !

1-Le bilan radiatif solaire qui, pour tout météorologue ou climatologue, constitue un paramètre fondamental dans la construc-tion du temps et par voie de conséquence le climat : la réduction en moins de cent ans de plus d’un tiers de notre couverture forestière et qui au-delà de la capacité réduite d’absorption du CO

2 a un impact

infiniment plus important sur la réflexion du rayonnement solaire. Les nombreuses infrastructures telles que les mégalopoles, villes, aéroports, réseaux de transport, sur-faces agricoles … ont durablement changé le visage de notre planète et influent direc-tement sur le rayonnement solaire. Ne serait-il pas intéressant d’essayer au moins d’estimer l’impact du bilan radiatif solaire modifié, sur nos climats ?D’une égale importance serait le compor-tement des vents face à ces modifications profondes d’espaces lorsque l’on sait que leur dynamique varie selon la topographie

rencontrée. A titre d’exem-ple, les vents

r e m o n -tant

les flancs de montagne (tel que le foehn ayant inspiré le regretté Mouloud Mammeri) transportent de l’humidité en fonction de la nature des pentes qu’ils ren-contrent et influent en conséquence sur les conditions météorologiques induites. Pourtant, à ce jour, la forêt, au titre des changements climatiques, n’est définie qu’en tant que puits de carbone, mais a contrario non comme une donnée pouvant agir sur les paramètres météorologiques. Etrange…

2-Les sources de chaleur multiples rejetées quotidiennement à travers les mil-liers d’aéronefs qui survolent nos cieux, les centaines de millions de moyens de trans-port (allant des simples véhicules aux deux roues, aux grands ensembles de transport en commun), les innombrables industries de par le monde, les ensembles d’habita-tion et de travail pour des besoins de chauf-fage… Cette pollution thermique est largement responsable de la création de microclimats dans les grandes agglomérations.Aussi, la juxtaposition d’un nombre phé-noménal de ces microclimats n’induit-elle pas une influence sur le climat global ? Ce sont-là autant de constats avérés qui plaident pour une approche globale /globa-lisante de cette grande problématique du climat en devenir. Mais quel devenir !? 3-La désertification, de rampante dans certaines parties du globe, à galopante dans d’autres (par exemple, le Maghreb), au-delà du stress additionnel causé par l’augmentation de la température globale, est due pour large part à une surexploita-

tion des maigres ressources végétales et hydriques (exemple la zone subsaha-

rienne). Là, également, le comporte-ment des vents dominants, les profils de température, les taux d’humidité, la pression atmos-phérique, le bilan radiatif solaire… sont largement influencés et ne peuvent, à mon sens, qu’avoir un impact global.En dépit des nombreuses confé-

rences mondiales sur la déserti-fication tenues dans les années pas-

sées et des nombreux cris d’alarme entendus ici et là, la désertification est

subitement reléguée au rang de victime des changements climatiques et n’est pas perçue comme un facteur d’influence sur

ces mêmes changements climatiques. Et pourtant, l’extension de ces déserts durant le siècle dernier a atteint une

dimension régionale, voire planétai-re, surtout lorsque l’on sait qu’un désert tel que celui du Sahara a mis des milliers d’années à se consti-tuer, tandis que l’homme en une poignée de décades a réussi le prodige de l’étendre d’au moins 20% de sa superficie initiale.

4-Les dégradations de notre écosystème, en plus des forêts, à savoir des milieux tels que nos fleuves et nos rivières envahis par des rejets chimiques de plus en

plus importants, de plus en plus agressifs alors qu’ils sont considérés

à juste titre comme les artères et les veines de notre planète. Le constat est

ici des plus inquiétants. Nos terres agri-coles sont submergées par des pesticides,

engrais de toutes natures, à un degré tel que nombre d’entre elles sont stérilisées à jamais. Nos sols et sous-sols sont pollués par des dépôts de substances chimiques de

ParSidi Menad

Si Ahmed (*)

Avec ses 15 000 participants venus du monde entier, la méga-conférence de Copenhague sur le climat était d’emblée annoncée comme déterminante pour l’avenir de la planète, alors même que ses véritables enjeux n’arrivaient pas à masquer une toile de fond d’intérêts divergents. S’agit-il vraiment, comme on veut nous le faire croire, de sauver la planète à travers une magique formule de réduction des émissions de gaz à effet de serre et notamment la star de ces gaz, à savoir le «célébrissime» CO

2, présenté

quasiment comme la seule menace imminente sur le climat ?

10 DÉBATS DE L’HEURE El Watan ÉCONOMIE - Du 21 au 27 décembre 2009

Lutte contre le réchauffement

le climat politiquesynthèse qui, de surcroît, rendent le recours au nettoyage impossible en raison de coûts faramineux…Comment, dans ces conditions, éluder la question lancinante de savoir si la compo-sition chimique de nos milieux modifiée par tous nos rejets, par la dégradation lente de déchets de matières composées, prati-quement inconnues pendant l’ère préin-dustrielle, n’amènerait pas des change-ments de comportement de certains para-mètres météorologiques telle que l’ humi-dité ?

5-Notre pauvre atmosphère est le récep-tacle de multiples rejets gazeux générés majoritairement par l’industrie mondiale, et survolée quotidiennement par des mil-liers d’aéronefs qui sont sources de rejets chimiques tels que les dioxydes d’azote (qui faut-il le rappeler étaient un temps soupçonnés d’endommager la couche d’ozone). Cette atmosphère dont la com-position chimique a été soudainement modifiée, ne va-t-elle pas apporter sa contribution dans la dynamique du temps météorologique ? Comment occulter le rôle de ces noyaux de poussière aussi nombreux que diversifiés qui jouent un rôle prépondérant dans l’ac-crétion des gouttes de pluie et qui, grâce aux vents, les transportent à de très gran-des distances ? Ces poussières dont certai-nes sont issues d’activités humaines, n’ont-elles pas un impact sur des paramètres météorologiques ? A-t-on soudainement oublié les fameuses pluies acides qui ont affecté de grands ensembles forestiers ou encore endommagé des monuments millé-naires bien plus que ne l’aurait fait la marque du temps. 6-La perte de notre biodiversité par la disparition en un près d’un siècle de cen-taines d’espèces animales et végétales. Ne faut-il pas non plus s’interroger sur les effets probables de ces disparitions et non uniquement sur l’inverse ? Ces espèces constituant une donnée fondamentales de notre biodiversité ont certainement un rôle dans notre écosystème dont font partie intégrante les climats.

7-Que savons-nous des changements que pourraient provoquer nos océans et nos mers agressés de toutes parts, à com-mencer par les milliers de navires qui les traversent en permanence ou encore par les millions de tonnes de rejets chimiques et biologiques ? Il est, je crois, évident de se demander si la chimie de ces énormes étendues n’affecte pas nos climats lorsque l’on sait le rôle fondamental qu’elles jouent dans la circu-lation des vents transporteurs de masses d’eau gigantesques et dans les échanges thermiques avec la terre. Comment ignorer l’effet des grands courants marins dont la complexité n’est plus à démontrer et qui jouent un rôle primordial dans le climat mondial ? Véritables moteurs du régime général de la planète, ces courants et leur dynamique sont de formidables véhicules de plancton, lui-même indirectement responsable de la nucléation de vapeur d’eau et donc de la formation des nuages.Or, l’on constate à différentes latitudes des réductions de quantités de plancton dues a la fois à tous nos rejets et à la surexploita-tion de nos ressources halieutiques. Oui, la composition chimique complexe de notre planète est un élément déterminant dans sa dynamique, à commencer par son climat et ne peut donc en être raisonnable-ment dissociée.

ENJEU MAJEUR AUTOUR DES ÉNERGIES FOSSILES

En conclusion, les changements climati-ques sont une manifestation de notre pla-nète par rapport à plusieurs phénomènes aggravants, y compris les augmentations de concentrations de CO

2 dans l’atmos-

phère. La conjonction de toutes ces agres-sions avérées induit un changement du comportement de notre planète dont celui lié au climat.Que la température augmente à la surface de la terre ne fera qu’exacerber les boule-versements qui s’annoncent. Alors ramener les menaces graves sur notre planète aux seuls rejets de gaz à effet de serre, c’est certainement prendre un raccourci dangereux et se dire que les déci-sions qui pourraient être prises à Copenhague seraient forcément salutaires pour l’avenir de la planète. Ce serait faire preuve de légèreté coupable et ignorer des dimensions nullement moins importantes d’un problème d’ensemble que complexi-fient les facteurs d’intervention et les agents d’influence sur lesquels, fort heu-reusement, l’homme peut intervenir. Dans le bon sens s’entend.Il n’échappe à personne que l’équation CO

2 procède d’un enjeu majeur que sont

les énergies fossiles, véritables pilier de développement et élément incontournable de domination des puissances détentrices de la technologie. Ces énergies disponibles en majeure partie dans les parties du monde dites en déve-loppement et dont le contrôle est crucial ne peuvent que susciter un débat majeur, par-ticulièrement à un moment où un certain nombre de pays émergents, à leur tête la Chine et l’Inde, deviennent très gourmands en énergie. La nouvelle configuration géo-politique mondiale étant ce qu’elle est, voilà qui légitime une autre interrogation. Le spectre des bouleversements climati-ques avec son lot de catastrophes plus ou moins annoncées n’est-il pas le prétexte rêvé de revoir sur le fond la question des énergies fossiles, tout en introduisant des concepts d’économies d’énergies ?La disponibilité de ces ressources, avec un nombre grandissant de pays gros consom-mateurs, pose problème et la nécessité de les rationner est quelque part un motif suffisant pour mobiliser l’opinion mon-diale, notamment les populations des pays nantis. Mieux encore, l’idée de généraliser l’utilisation d’énergies nouvelles ou renou-velables est en soit une tromperie lorsque l’on sait la dépendance lourde vis-à-vis des énergies fossiles qui restent, en dépit de leur diabolisation feinte, les moins chères au regard d’une demande exponentielle. Les producteurs industriels ne démentiront pas, à part générer de l’électricité, le plus souvent à des prix élevés, ces énergies trop hâtivement présentées comme une panacée à portée de main, ne peuvent avoir, pour le moment du moins, l’ambition de rempla-cer le pétrole ou le gaz pour des activités indispensables à notre quotidien, au bien-être des citoyens du monde où qu’ils se trouvent, ceux du Sud en particulier qui s’accommoderaient bien de quelques effets de pollution en échange d’un peu de déve-loppement, entendre de hauts dignitaires. Faire des professions de foi, telles qu’aider l’Afrique à disposer de plus d’énergies renouvelables ne peut que faire diversion sur le sort qui attendrait alors ces laissés-pour-compte du progrès universel. L’éclairage et le chauffage non polluants leur offriront un peu de confort douillet, ils ne leur permettront certainement pas d’avoir accès à cette énergie, fossile, irrem-

plaçable pour longtemps encore, pour le développement industriel et économique. Quand j’entends des sommités mondiales déclarer doctement à qui veut les entendre que les pauvres parmi les pauvres se devraient de revenir par exemple à des pratiques ancestrales pour la cuisson des aliments pour réduire leurs rejets de CO

2,

je ne peux m’empêcher de penser qu’une fois de plus l’idée sous-jacente est le déni d’un vrai développement à ces popula-tions. Je me souviens avoir une fois interpellé une de ces têtes bien pensantes et à l’âme si généreuse : pourquoi ces mêmes prati-ques ancestrales ne sont-elles pas recom-mandées aux foyers des pays industrialises, ce qui à coup sûr se traduirait par des réductions substantielles d’émissions de CO

2 ? Mais comme disait Pascal, philoso-

phe et mathématicien : «Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà».

UN NOUVEL ORDRE ÉNERGÉTIQUE

Il est également curieux que l’on veuille remettre au goût du jour des énergies décriées telles que le nucléaire ou le char-bon dont les gisements demeurent considé-rables et disponibles dans les pays riches. Ce qui se profile, c’est que ces énergies, pour peu qu’elles se plient, pour l’une à des impératifs de sécurité draconienne et pour l’autre à des critères de production dépolluée, seront réhabilitées, avec la bénédiction de l’opinion publique. Pour toutes ces raisons - mais il y en a d’autres, nombreuses - il était donc impé-ratif d’engager un véritable débat dont les enjeux, me semble-t-il, ne devraient concerner le climat qu’à un deuxième degré. Le nouveau contexte, dans ses mul-tiples manifestations d’acuité, va orienter les efforts et les bonnes volontés vers l’or-ganisation d’un forum mondial où l’essen-tiel sera de consacrer un nouvel ordre énergétique qui bénéficierait du consente-ment et de l’approbation du monde entier. La réalité est criante, il n’y a pas un pays sur cette planète qui ne se sente soudaine-ment concerné, qui par des inondations dévastatrices, qui par des sécheresses meurtrières.Par ailleurs, l’augmentation annoncée du nombre de «réfugiés climatiques» ne peut que renforcer ces peurs latentes de voir arriver aux frontières du monde riche des cohortes par milliers de personnes affa-mées. Ne soyons pas naïfs, les pauvres déshérités qui rêvent de forcer les portes de l’Europe, de l’Amérique et de l’Océanie n’ont pas les yeux rivés sur Copenhague. Oui, notre planète retiendra son souffle lorsque les grands de ce monde se rencon-treront à Copenhague et gageons que si l’on s’accordait à ne pas dépasser le seuil fatidique, voire mythique d’augmentation des 2 degrés de réchauffement, nous pous-serons tous un «ouf» de soulagement. Seulement voilà, mis à part la réduction probable des émissions de gaz à effet de serre, qu’en sera-t-il de la gestion de notre planète ? Qu’est-il advenu des résolutions du sommet de la terre de Rio où il avait été question des ressources partagées de la planète, de la désertification, de la biodi-versité, de la dette des pays pauvres et autres problèmes majeurs ?Qu’allons-nous faire lorsque, dans un ave-nir peut-être proche, notre planète ne sera plus en mesure de nourrir les dix milliards d’habitants projetés pour la prochaine décennie, alors qu’en ce moment même un milliard d’individus sont menacés par la famine. Oui, quelles ressources naturelles, particulièrement l’eau, suffiraient à répon-dre à nos besoins grandissants, quand leur

rythme de consommation est désormais plus grande que celle de leur de renouvel-lement ? Ne sommes nous pas en train de consommer notre capital «TERRE» ?Qu’arrivera-t-il le jour où ces ressources seront beaucoup moins disponibles ? S’agissant de besoins vitaux, assisterons-nous à leur prise en charge directe par les plus forts et à une reconfiguration de la population mondiale ? Allons-nous confi-ner des populations entières dans des tâches de servitude ou encore gardiennes d’espaces naturels pour touristes en mal d’exotisme ? Le reste étant voué à disparaî-tre, car consommateurs exclusifs.Comment pourrait-il en être autrement lorsque l’on vole au secours du monde financier à coups de trillions de dollars alors qu’au même moment des problèmes humains dramatiques sont traités avec condescendance, voire paternalisme avec un saupoudrage savant de subsides pour éviter des tragédies à dimension planétaire ?Il serait inutile de reprendre la litanie des maux de l’humanité, mais si pour une fois on ajoutait à la sauvegarde de la planète, non seulement la sauvegarde des «damnés de la terre», mais aussi leur développement pour qu’ils participent à une gestion ration-nelle de notre planète, tout le monde s’en porterait mieux. Oui, la Planète est malade, oui la Planète est en danger, mais pas seulement des seuls rejets exclusifs de CO

2, mais bien davan-

tage des effets pervers de sa gestion égoïste et des agressions incessantes qui la fragilisent.Nos océans, notre atmosphère, nos sols, nos ressources, y compris le vivant, for-ment un tout indissociable de notre planète et nos climats sont une manifestation de sa dynamique et de sa vitalité.Alors quoi de plus naturel qu’elle s’em-balle quand toutes ses composantes sont agressées, mutilées, voire modifiées et ce dans un espace de temps si court que l’adaptation serait contre toutes les lois de la nature. Je pense pour ma part que nous ne sommes qu’au début d’un processus qui va échapper à tout contrôle, même si l’on devrait s’interdire toute forme de pessi-misme. Qui ne rêve pas que l’homme est tout aussi capable de trouver la clé au vrai développement durable, mais le veut-il réellement ? Je suis loin d’être un «cli-mato-sceptique», bien au contraire puisque je suis convaincu non seulement des chan-gements climatiques, mais bien plus enco-re des bouleversements à venir et qui pourraient menacer l’équilibre de notre planète. Croire qu’elle aura la capacité de s’adapter, c’est également faire preuve de négligence irresponsable, car ces boulever-sements seront si rapides et si profonds que l’inertie de la terre ne permettra pas cette adaptation chère à certains.L’homme a réussi la prouesse d’apporter en un siècle des changements à dimension planétaire que la nature ne sait faire qu’à travers des millénaires. Je serais certes heureux de voir aboutir à Copenhague un consensus sur la réduction des émissions globales de gaz à effet de serre et qui constituerait une amorce pour une prise en charge sérieuse de notre planète, mais plu-sieurs sommets à la «Copenhague» seront nécessaires pour prendre la mesure du formidable défi qui est de sauver la planè-te.Si nous sommes capables de nous accor-der sur un problème de dimension globale, nous le serons d’autant pour les autres enjeux planétaires pour peu que les intérêts des uns et des autres ne les diluent pas dans un accord minimaliste. S. M. S. A.

(*) Météorologue

DÉBATS DE L’HEURE 11 El Watan ÉCONOMIE - Du 21 au 27 décembre 2009

de la planète

12 L’INTERNATIONALE El Watan ÉCONOMIE - Du 21 au 27 décembre 2009

Perspectives économiques en Afrique

S elon des rapports élaborés au niveau mondial (FMI) et régional (banques centrales), ces trois

régions du continent noir enregistreront des taux de croissance d’au moins 4% en 2010, accompagné d’un recul de l’inflation.En Afrique subsaharienne, le rapport projette une croissance économique de l’ordre de 4,1% pour ce qui est de l’an-née prochaine. Le PIB des pays exporta-teurs de pétroles (Angola, Cameroun, Gabon, Guinée équatoriale, Nigeria et Tchad) connaîtra une croissance de 5,5% tandis que celui des autres pays sera à 3,3%. Ces chiffres sont nettement supérieurs aux précédentes prévisions qui annonçaient une variation du PIB de l’ordre de 1,1% seulement. Selon le FMI, ce serait un retour à la normale dans la mesure où l’Afrique subsaharienne, de 2005 à 2008, avait connu une croissance économique de 6% en moyenne (6,2 en 2005 ; 6,4 en 2006 ; 6,9 en 2007 et 5,5 en 2008). La reprise devrait s’appuyer sur trois prin-cipaux facteurs, à savoir la relance du commerce mondial incluant une reprise des exportations des pays africains au sud du Sahara, le redressement des cours mondiaux des matières premières et l’augmentation du flux de capitaux de l’étranger vers l’Afrique.

NET RECUL DE L’INFLATION EN AFRIQUE DE L’OUEST

S’agissant de l’Afrique de l’Ouest, l’Union économique monétaire ouest- africaine (UEMOA) a fait savoir que cette région connaîtra de meilleures perspectives économiques en 2010, notamment avec un taux d’inflation négatif de l’ordre de (-1%), à la fin du mois de décembre, «grâce à la bonne campagne agricole 2009-2010 et à la modération des prix des carburants». La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a indiqué dans ses prévisions publiées la semaine dernière que le taux de croissance du PIB de l’année 2009, au sein de l’espace UEMOA (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et le Togo) pourrait se situer en-dessous des prévisions, ajoutant que les pays de cette Union peuvent, toute-

fois, s’attendre à de «meilleures pers-pectives économiques au cours de l’an-née prochaine». Ainsi, «pour 2010, il est attendu un PIB de 4%, sous l’effet essentiellement de la bonne campagne agricole 2009/2010», a indiqué la BCEAO. Toutefois, les experts de la Banque ouest-africaine ont estimé que les effets positifs des signes de reprise de l’activité économique au plan inter-national «tardent à se manifester sur les performances économiques de l’UE-MOA», exhortant l’ensemble des Etats membres à «poursuivre et intensifier les efforts d’assainissement des finances publiques, à travers une maîtrise accrue des dépenses de l’Etat». L’institution financière a également encouragé les pays membres à mettre en œuvre de manière rapide les dispositions néces-saires pour «une meilleure coordination des émissions de titres publics et d’une couverture adéquate des besoins de tré-sorerie des Etats sur le marché».

LE FMI DÉLOQUE 130 MILLIONS DE DOLLARS

Au niveau des pays de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC), les chiffres sont tout aussi optimistes, puisque le gouverneur de la Banque des Etats d’Afrique cen-trale (BEAC), a estimé que ces écono-mies vont connaître un raffermissement de la croissance de l’ordre de 4% en 2010. Le communiqué publié à l’issue de la réunion du Comité de politique monétaire tenu jeudi dernier à Douala indique que «contrairement à l’année

2009, où l’activité économique a enre-gistré un taux de croissance de 2,4% contre 4,1% en 2008 avec des tensions inflationnistes de 4% en 2009 et 5,9% en 2008, les perspectives 2010 laissent entrevoir un taux de croissance de l’or-dre de 4 % et la poursuite du recul des tensions inflationnistes vers la norme communautaire de 3%». Notons que dans le but de soutenir davantage la croissance dans le continent, le FMI vient d’annoncer qu’il débloquait une enveloppe de 130 millions de dollars pour la mise en œuvre de la 3e phase du programme des centres régionaux d’as-

sistance technique en Afrique (AFRICAR). Trois de ces centres ont déjà été mis en place en Afrique centra-le, de l’Est et de l’Ouest. Selon le direc-teur général-adjoint du FMI, Murilo Portugal, ces programmes visaient à aider les pays d’Afrique subsaharienne en matière de «gouvernance économi-que et financière et à mettre en place des politiques macro- économiques soli-des». Selon un communiqué de la BAD, cette enveloppe servira notamment à financer la 3e phase du «programme des centres régionaux d’assistance techni-que en Afrique» (AFRICAR). S. B.

Les pays de l’Afrique de l’Ouest, de l’Afrique centrale et de l’Afrique subsaharienne devraient connaître l’année prochaine des perspectives de croissance positives, dans un contexte économique mondial marqué par la reprise et la prudence.

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Entrée en production d’un nouveau champ gazier

Le groupe britannique British Gas (BG) a annoncé vendredi dernier l’entrée en production d’un nouveau champ gazier offshore dans le sud de la Tunisie avec une capacité s’élevant à 16 000 barils/jour. Ce champ dit Hasdrubal est exploité en concession à parts égales par BG Tunisie, filiale du groupe britannique, et par l’Entreprise tunisienne des activités pétrolières (Etap). Premier producteur de gaz naturel en Tunisie, BG deviendra, avec la mise en production du champ Hasdrubal, le premier producteur de gaz de pétrole liquéfié assurant plus de la moitié de la demande du pays. Le gaz en provenance de Hasdrubal sera commercialisé sur le marché local à des quantités allant jusqu’à 100 millions de pieds cubes/jour, tandis que le pétrole et le condensat seront exportés.Le développement du champ a nécessité des «investissements importants» pour assurer des flux de production à partir de puits situés sur une plate-forme off-shore, a déclaré Ian Perks, président BG Tunisie. R.E.

Le Maroc et l’Union européenne viennent d’achever leurs négociations sur un accord de libéralisation de leurs échanges commerciaux dans le domaine de l’agroalimentaire et de la pêche. Selon une annonce faite par la Commission européenne et rapportée par l’AFP, l’accord, qui doit encore être ratifié par les partenaires, prévoit la suppression des droits de douane pour 55% des importations totales en provenance du Maroc. En échange, il permettra la libéralisation immédiate de 45% de la valeur des exportations des produits agricoles de l’UE vers le Maroc, une proportion qui sera portée à 70% en 10 ans.Pour les fruits et légumes, qui constituent 80% des importations en provenance du Maroc, «les calendriers de production ont été maintenus pour les produits considérés comme les plus sensibles» dans l’objectif de favoriser les complémentarités entre les systèmes de production, a précisé la CE. Il s’agit en particulier des tomates, fraises, courgettes, concombres, ail et clémentines. Les concessions consenties pour ces produits ont été faites sous forme de contingents tarifaires, souligne la Commission.Les exportations du secteur de la pêche seront également libéralisées pour les produits de l’UE (91% au bout de 5 ans et dans sa totalité dans les 10 ans). R.E.

La compagnie italienne Eni a annoncé mercredi dernier la mise en exploitation d’un nouveau champ au large du Nigeria, avec une capacité de production de 25.000 barils de brut par jour. «La compagnie nigériane Allied Energy Plc et Eni, par le biais de sa filiale nigériane Agip Production, ont démarré la production du champ Oyo», situé à environ 75 km des côtes sud, en offshore profond, indique un communiqué. «Le champ a la capacité de produire initialement 25.000 barils de pétrole par jour grâce à deux puits sous-marins à une profondeur de 400 mètres», a ajouté le communiqué. Le groupe Eni, présent au Nigeria depuis 50 ans, y a produit en moyenne 130 000 barils par jour (b/j) en 2009. Ce pays, qui se dispute avec l’Angola la place de premier producteur de brut en Afrique subsaharienne, produisait en 2006 quelque 2,6 millions de barils par jour (mb/j). Mais sa production a connu une forte baisse en raison d’attaques incessantes menées par des groupes armés dans le delta du Niger, la région pétrolifère dans le sud du pays. La production est remontée à la faveur d’une accalmie. Elle s’élevait en novembre à 1,98 mb/j selon le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie. APS

Tunisie

L’UE et le Maroc parviennent

à un accord commercial

Nigeria : un nouveau champ pétrolier

mis en exploitation

ParSafi a Berkouk

La croissance sera au rendez-vous en 2010

La reprise devrait s’appuyer sur trois principaux facteurs

L’INTERNATIONALE 13 El Watan ÉCONOMIE - Du 21 au 27 décembre 2009

Le confl it banane à l’OMC

C ette guerre opposait les produc-teurs de bananes des pays d’Amé-rique latine, soutenus par les

Etats-Unis, à l’Union européenne qui autorise ses anciennes colonies, les pays en développement dits ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique), à exporter sans droits de douanes en Europe grâce à un régime préférentiel. Ce régime permettait de protéger l’ac-cès des bananes du groupe ACP à hau-teur de 20% du marché européen et autant pour les bananes communautai-res. Il a ouvert la voie à une longue série de plaintes à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) des pays latino-amé-ricains (Brésil, Costa-Rica, Colombie, Equateur, Honduras, Guatemala, Nicaragua, Panama et Venezuela) qui ont, chaque fois, abouti à des condam-nations de l’UE à l’OMC pour des pra-tiques jugées discriminatoires. Le nouvel accord a permis néanmoins d’abaisser progressivement en sept éta-pes les tarifs douaniers européens de l’UE sur les bananes d’Amérique latine, qui passeraient à 148 euros la tonne, contre près de 176 euros actuellement. Ce tarif passera même à 114 euros la tonne d’ici 2017, offrant de nouvelles perspectives d’exportations pour les producteurs de bananes sud-américains. Une première étape se produira quatre mois après la signature de l’accord, soit en avril 2010, qui établira les taxes payées par les latino-américains à 148 euros la tonne. En contrepartie, les plaignants renon-cent à leur droit de poursuite. Quant aux

ACP, l’UE a prévu pour les soutenir une enveloppe allant jusqu’à 200 millions d’euros «pour les aider à s’ajuster à une concurrence plus sévère de l’Amérique latine». Cette contrepartie pourrait cependant ne pas avoir les effets escomptés, puisque une étude a été rendue publique par l’ONG International centre for trade and sustainable development (Ictsd) qui affirme que les exportations de bananes des ACP vers l’Europe chuteraient de 14% suite à cet accord, alors que celles en provenance d’outre-Atlantique pro-gresseraient de 17%. Actuellement, il existe un grand écart entre les volumes d’exportations vers l’UE des deux parties : 920 00 tonnes pour les ACP en 2008 contre 3,9 mil-lions de tonnes pour les principaux pro-ducteurs que sont le Brésil, le Costa Rica, l’Equateur, le Honduras ou le Guatemala.

LES NÉGOCIATIONS DE DOHA EN TOILE DE FOND

En cédant aux exigences des pays d’Amérique latine, Bruxelles compte débloquer en partie les négociations de Doha sur la libéralisation du commerce international. «L’accord trouvé donnera une impulsion importante dans le cadre des discussions de Doha», s’est réjouie la commissaire européenne au commer-ce, Benita Ferrero-Waldner. En effet, le dossier de la banane fait partie des dis-cussions plus larges portant sur les pro-duits agricoles tropicaux. Ce sujet épi-neux coince notamment sur l’accès au juteux marché européen. D’un côté, le groupe ACP bataille pour une très lente disparition de leur accès préférentiel. De l’autre, les pays d’Amérique latine réclament une libéralisation accélérée des échanges des produits tropicaux. Mais si le dossier de la banane est sur le

point d’être réglé, reste toujours la ques-tion des subventions américaines au coton qui pénalisent bon nombre de pays africains. Il y a quelques jours, les pays africains producteurs de coton ont brandi la menace d’une plainte contre les Etats-Unis à l’OMC si aucune issue n’est trouvée au conflit les opposant sur les subventions accordées par Washington à la filière américaine du coton. Ces pays réclament une baisse drastique de toutes les subventions amé-ricaines à leur filière de coton, qui plombent, selon eux, les cours mon-diaux et étouffent le secteur dans les pays pauvres. Selon eux, Washington débourse quelque 3 milliards de dollars par an pour ses cotonniers. L. M.

Les pays de l’Union européenne et les pays exportateurs de banane d’Amérique latine sont parvenus, la semaine dernière, à un accord qualifié d’historique qui met fin à quinze années de conflit sur les tarifs douaniers pour la banane. Cet accord permettra-t-il de débloquer les négociations de Doha sur la libéralisation du commerce international ? C’est ce que prévoient en tout cas des spécialistes à l’OMC.

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Vers le contrôle du commerce

international du thon rouge Un comité consultatif composé d’experts indépendants a recommandé, la semaine dernière, de contrôler le commerce international du thon rouge de l’Atlantique et de certaines espèces de requin, aux termes de la Convention sur le commerce international des espèces menacées de la faune et de la flore sauvages (CITES). La Convention CITES, précise l’Organisation onusienne pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sur son site, a été établie pour protéger les espèces sauvages dont le statut est directement affecté par le commerce international. Elle n’est pas conçue pour protéger les espèces qui sont menacées d’extinction pour d’autres raisons. Une fois qu’une espèce est répertoriée par la CITES, son commerce international est soumis à divers degrés de contrôle en fonction de son statut, allant du commerce contrôlé à des interdictions pures et simples. Le comité consultatif, composé de 22 experts internationaux en pêche de 15 pays différents, a été convoqué par la FAO pour évaluer des propositions selon les critères établis par la CITES et de formuler des recommandations indépendantes et impartiales fondées sur les connaissances des experts et sur les preuves scientifiques présentées dans chaque proposition. Les propositions seront prises en compte pour l’inscription à la 15e Conférence des parties à la CITES à Doha, en mars 2010. Par ailleurs, des organisations environnementales continuent de réclamer l’interdiction de la pêche au thon rouge et de son commerce international, tout en soutenant la proposition de Monaco afin de reconstituer les stocks de cette espèce dans l’Océan Atlantique mais aussi en Mer Méditerranée. «Le comité n’a pas atteint de consensus concernant l’inscription à la liste de l’annexe I de la CITES du thon rouge de l’Atlantique bien que, dans sa majorité, le comité ait convenu que des éléments de preuve tangibles validaient cette proposition»’, a expliqué la FAO. L. M.

A défaut d’intégrer en bonne et due forme l’Organisation mondiale du commerce, Moscou espère achever en 2010 le processus d’adhésion à l’OMC, a annoncé le conseiller de la présidence russe Arkadi Dvorkovitch, dans un entretien accordé à la chaîne de télévision russe Vesti-24. A la question de savoir si la Russie adhérerait à l’OMC en 2010 l’expert a répondu: «Nous sommes optimistes (...). Il est trop tôt pour prédire que l’adhésion technique aura lieu. La décision sera prise à l’issue des négociations». Selon l’expert, la mise en place le 1er janvier prochain de l’Union douanière (Russie, Biélorussie, Kazakhstan) n’empêchera nullement une adhésion groupée de ces trois pays à l’OMC. L’adhésion de l’Union «crée des difficultés organisationnelles pour l’OMC elle-même», a noté le conseiller de la présidence. Les trois pays concerteront pendant quelques mois leurs positions communes, a-t-il ajouté. A leur issue, on décidera s’il faut ou non adhérer séparément ou au sein de l’Union douanière, a ajouté M. Dvorkovitch. La Russie est en négociation avec l’OMC depuis 1993, plus que tout autre pays. Les principaux partenaires de Moscou - Washington et Bruxelles - n’ont cessé de produire depuis de nouvelles exigences, concernant notamment les taxes à l’exportation pour le bois, les vols transpolaires, le niveau de soutien à l’agriculture russe et les normes de contrôle phytosanitaire et vétérinaire. En juin 2009, la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan ont annoncé leur volonté de faire candidature commune pour l’OMC au sein de l’ «Union douanière», avant de revenir sur cette décision. Les trois pays ont signé en novembre dernier à Minsk des accords aux termes desquels l’Union douanière des trois pays doit être lancée le 1er janvier 2010. R. E

Russie /OMC Pêche

Moscou veut achever son processus

d’adhésion en 2010

ParLyès Malki

L’UE et l’Amérique latine trouvent un accord

Cet accord offre de nouvelles perspectives d’exportation pour les producteurs sud-

américains

14 POINT DE VUE El Watan ÉCONOMIE - Du 21 au 27 décembre 2009

Lenteur dans la transition économique en Algérie

L’économie informelle dopée par la corruption

L ’économie informelle que d’aucuns désignent par d’autre concepts (éco-nomie parallèle, économie non

déclarée, économie souterraine...) renvoie à toutes ces activités, notamment com-merciales, devenues familières bien qu’en rupture avec la légalité. Terrain de prédilection de la contrefaçon, du commerce à la sauvette, de l’emploi clandestin, du trafic de devises et autres activités relevant du code pénal, l’écono-mie informelle semble totalement échap-per au contrôle de l’Etat qui assiste quasi impuissant, depuis quelques années, à son prodigieux essor. Les manques à gagner fiscaux générés par ces activités non déclarées sont énormes (plus 500 milliards de dinars par an, selon les esti-mations de la direction nationale des douanes) et les dégâts occasionnés à l’économie en termes de mortalité d’en-treprises et de dégradation du climat des affaires, sont inestimables. Plus grave encore, la concurrence déloya-le pratiquée par les acteurs de l’informel, contraint les entreprises légales à contour-ner la réglementation pour se maintenir en vie face à ces concurrents, sans regis-tres de commerce, ni immatriculation fiscale, activant en marge de la légalité. A partir d’une petite expérience profession-nelle dans une PME de BTP activant dans la région de Tizi-Ouzou, nous avons, à titre d’exemple, constaté que le chef comptable de l’entreprise établit, sur ordre de son patron, trois bilans distincts au lieu d’un. Le premier, à destination

interne, reflétant la situation comptable réelle de l’entreprise est généralement établi pour aiguiller le patron sur l’état des lieux exact du patrimoine de sa société. Le second, présentant un résultat défici-taire ou, pour le moins, largement sous- estimé, est destiné aux agents du fisc. Le troisième, démesurément gonflé, est destiné à la banque domiciliataire pour susciter ses largesses en matière d’octroi

de crédits. Ces pratiques devenues cou-rantes sont, bien entendu, favorisées par la corruption qui permet de rendre le personnel des banques et autres agents des impôts et de la protection sociale, moins regardants sur les règles pruden-tielles et les réglementations en vigueur.

ÉCONOMIE DE BAZAR

Bien qu’ayant pris une ampleur démesu-rée à la faveur de l’ouverture commer-ciale débridée opérée au début des années 1990, l’économie informelle n’est, en réalité, pas un phénomène nouveau dans notre pays. Etroitement liée aux phénomènes de la pauvreté, de la croissance démographique et du chômage, l’Algérie en souffre depuis son indépendance. La planifica-tion centralisée des années 70 et 80, avec ses prix administrés ne résultant pas, comme ils auraient dû l’être d’un équili-bre entre l’offre et la demande, la fixation déconnectée des besoins du marché des volumes de production, les allocations des ressources orientés vers des investis-sements improductifs, la fixation admi-nistrative des taux d’intérêt et de change ont, à l’évidence, favorisé encore davan-tage son essor. Ils ont conduit à des phénomènes tels que le marché parallèle de la devise, la reven-te au marché parallèle des produits des monopoles d’Etat et l’exacerbation de la corruption pour accéder aux marchandi-ses et services raréfiés par les dysfonc-

tionnements des entreprises de distribu-tion. Le secteur informel est également le résultat de l’augmentation démesurée des prix à la consommation et de la compres-sion des salaires réels aujourd’hui encore trop faibles nécessitant des revenus com-plémentaires pour l’écrasante majorité des salariés, cadres moyens y compris, qu’on n’est plus étonnés de rencontrer sur les marchés en tant qu’opérateurs actifs du commerce informel. Les ajustements structurels opérés dans le milieu des années 1990 ont par ailleurs exacerbé les problèmes sociaux tels que le chômage, la précarité de l’em-ploi, l’érosion du pouvoir d’achat, le logement et autres. Le secteur informel apparaît, dans ce cas, comme une unité économique produisant des biens et ser-vices en vue de créer principalement des emplois pour les chômeurs et des revenus pour échapper à la pauvreté. L’ouverture sauvage de notre économie a provoqué une concurrence déloyale, dont les effets ravageurs ont été ressentis par l’ensemble des entreprises algériennes et, notam-ment, les plus vulnérables d’entre elles, en l’occurrence les PME du secteur privé. Même les grandes entreprises publiques avaient du mal à supporter les pressions des nouveaux concurrents étrangers faute de stratégies d’intégration qui les ont contraintes à abandonner des pans entiers de leurs activités. L’insuffisance de pro-tection tarifaire a par ailleurs engendré des pertes de parts de marché accaparées par les sociétés étrangères et les importa-teurs de produits bas de gamme et d’arti-cles contrefaits. Il est aujourd’hui plus avantageux d’importer que de produire et le plus grand des dangers qui guette l’économie algérienne est que les quel-ques industriels qui subsistent encore aujourd’hui en fassent leur credo et aban-donnent leurs activités utiles pour le pays pour des activités de bazar néfastes pour le pays.

ÉCONOMIE INFORMELLE, RÉSULTAT DE LA LENTEUR DE LA TRANSITION

La question qui se pose aujourd’hui avec acuité est de savoir quels sont les méca-nismes et ajustements à mettre en œuvre pour réduire l’intensité des effets de l’économie informelle et la contenir dans des proportions gérables. Il est urgent de le faire en édictant les mesures législati-ves et réglementaires susceptibles de l’empêcher de se propager en attendant de prendre les mesures visant carrément à éradiquer les zones commerciales de non- droit qui prolifèrent sur le territoire algé-rien. L’action est incontournable si on veut réduire la mortalité des PME et inciter à la création d’entreprises et à la promotion d’investissements directs étrangers. La poursuite des réformes économiques visant à améliorer l’environnement des affaires est, de ce fait, nécessaire pour donner aux opérateurs économiques les instruments de l’économie de marché (banques performantes, marché de chan-ge, bourse des valeurs mobilières, marché foncier, etc.) qui font actuellement défaut et dont l’absence est en grande partie responsables de l’essor de l’économie informelle. Notre conviction est que l’économie informelle n’est pas, comme nombreux ont tendance à le croire, le produit des réformes, mais bien au contraire le résul-tat de la lenteur de la transition de notre économie au système de marché qu’on cherche vainement à atteindre depuis 1988. L’enjeu capital pour les prochaines années devrait, nous en sommes convaincus, consister à accélérer cette transition en mettant en œuvre aussi rapidement que possible les réformes qui conditionnent l’émergence de ce système. D. F.(*) Post-graduante en gestion (Université

de Tizi Ouzou)

L’économie informelle participe à la dégradation de l’environnement des affaires et son ampleur est aujourd’hui telle qu’elle constitue un danger pour la stabilité macroéconomique et la cohésion sociale du pays.

ParDjamila

Fernane(*)

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D.

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L’économie informelle n’est pas, comme nombreux ont tendance à le croire, le produit des réformes, mais bien au contraire, le résultat de la lenteur de la transition de notre économie au système de marché qu’on cherche vainement à atteindre depuis 1988

TABLEAU DE BORD 15 El Watan ÉCONOMIE - Du 21 au 27 décembre 2009

statistiques LE CHIFFRE DE LA SEMAINE

L’Algérie a importé pas moins de 500 000 tonnes de gasoil pour un montant de 300 millions de dollars, a indiqué l’Autorité de régulation des hydrocarbures (ARH). L’ARH, qui propose une augmentation de 10% par an du prix du gasoil, souligne que le prix du litre du gasoil à la pompe pourrait atteindre 45 dinars à l’horizon 2019 si cette augmentation venait à être appliquée.

■ Production nationale de gasoil : 5,5 millions de tonnes/an

■ Consommation de gasoil en 2000 : 3,6 millions de tonnes en 2000

■ Consommation de gasoil en 2006 : 6,1 millions de tonnes

■ Evolution de la consommation : 9,7%

■ Prix actuel à la pompe : 13,70 dinars le litre

PRODUITS DE BASE

■ CAFÉ

Les prix du café ont légèrement progressé, soutenus par de solides fondamentaux de l’offre et de la demande. Malgré le renforcement du dollar, qui a atteint cette semaine des plus hauts en trois mois et demi face à l’euro, les prix du café «ont trouvé du soutien dans de bons niveaux de demande, notamment de la part d’acheteurs industriels», a expliqué un analyste. Sur le Liffe, le robusta pour livraison en mars valait 1.374 dollars la tonne vendredi dernier à 16h45 GMT, contre 1.388 dollars la tonne le vendredi précédent. Sur le NYBoT, l’arabica pour livraison en mars cotait 146,25 cents la livre contre 141,35 cents la livre la semaine d’avant. ■ SUCRE

Les cours du sucre ont continué leur progression pour atteindre de nouveau plus hauts depuis début 1981, soutenus par des craintes persistantes sur l’approvisionnement, face à une demande qui se renforce. «En plus des problèmes en Inde où les cultivateurs refusent de vendre aux bas prix locaux, les exportations chutent partout dans le monde», selon des analystes. La saison sèche en Australie (3e exportateur mondial), et les fortes pluies au Brésil (1er exportateur), vont engendrer une réduction des exportations, ajoutaient-t-il. Sur le Liffe de Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en mars valait

678,20 livres vendredi à 16h45 GMT contre 620,50 livres pour la même échéance une semaine plus tôt. Sur le NYBoT américain, la livre de sucre brut pour livraison en mars valait 26,27 cents contre 23,30 cents le vendredi précédent

■ CACAO

Sur le marché de Londres, le contrat de cacao livrable en mars, actuellement le plus échangé, a atteint 2.337 livres la tonne jeudi, son meilleur niveau depuis octobre 1977. A New York, le contrat de mars a grimpé jusqu’à 3.510 dollars mercredi dernier, à un plus haut depuis mars 1979. Selon les experts, «des indicateurs économiques meilleurs qu’attendu aux Etats-Unis et en Europe ont soutenu les perspective» pour la demande en 2010. Sur le Liffe, la tonne de cacao pour livraison en mai valait 2.265 livres sterling vendredi à 16H45 GMT, contre 2.293 livres une semaine plus tôt pour l’échéance de mai. Sur le NYBoT, le contrat pour livraison en mars valait 3.359 dollars contre 3.415 dollars le vendredi d’avant. ■ CÉRÉALES

Les prix du blé, du maïs et du soja ont reculé au cours de la semaine écoulée sur le marché à terme de Chicago, principalement à cause d’un net renforcement du dollar, même si le soja continuait de bénéficier d’une demande soutenue.

■ BLÉ

Plutôt bien orientés en début de semaine, les marchés de matières premières agricoles, notamment le blé, ont subi des pertes, causées par le net raffermissement du dollar, qui a repris environ 7 cents face à l’euro, en deux semaines. Le contrat de blé pour livraison en mars a fini à 5,28 dollars contre 5,3750 dollars sept jours plus tôt.

■ MAÏS

A l’instar du marché du blé, les analystes ont estimé que les prix du maïs n’avaient pas atteint dans un premier temps un niveau élevé en raison de la demande. «C’est en premier lieu la responsabilité du dollar, et la hausse des prix de l’énergie et des métaux», a-t-on observé. Le contrat de maïs à échéance mars s’est établi à 3,9775 dollars, contre 4,0450 dollars la semaine d’avant.

■ SOJA

Contrairement aux prix du blé et du maïs, «le seul marché influencé par la demande est le soja», ont estimé les analystes. La Chine ayant encore annoncé l’achat de 290.000 tonnes de soja américain. Le contrat de graines de soja pour livraison en mars, le plus échangé, a fini à 10,20 dollars le boisseau (environ 25 kg) vendredi, contre 10,43 dollars une semaine plus tôt.

■ MÉTAUX DE BASE

Les cours des métaux de base ont fortement rebondi la semaine dernière, profitant de l’optimisme économique insufflé par la Réserve fédérale américaine (FED), malgré le renforcement du dollar. La FED avait annoncé que l’économie continue de se «redresser» et «les marchés financiers sont devenus plus favorables à la croissance économique». Les analystes s’inquiètent néanmoins de la menace que fait peser sur les cours le renforcement récent du dollar. Sur le LME, une tonne de cuivre pour livraison dans trois mois valait 6881 dollars la tonne vendredi dernier à 13H00 GMT, l’aluminium valait 2256 dollars la tonne, le plomb valait 2346 dollars la tonne, l’étain valait 15,900 dollars, le nickel valait 17,200 dollars la tonne et le zinc valait 2440 dollars.

■ PLATINE/PALLADIUM

Les cours du platine se sont stabilisés vendredi dernier après leur petite baisse la semaine précédant, tandis que ceux du palladium rebondissaient légèrement. «L’hypothèse d’une amélioration des ventes et de la production dans le secteur automobile ont empêché les métaux du groupe platinoïde de chuter plus bas, malgré un dollar raffermi», a indiqué un analyste.Sur le London Platinum and Palladium Market, l’once de platine a fini à 1.417 dollars vendredi, alors. L’once de palladium a terminé à 365 dollars à la clôture.

■ MÉTAUX PRÉCIEUX

Les métaux précieux ont accentué leur repli la semaine dernière, érodés par le renforcement du dollar, qui a bondi à son niveau le plus élevé depuis trois mois, alors qu’il avait été le principal vecteur de la hausse de l’or et de l’argent depuis le mois de septembre.

■ OR

Les cours de l’or ont baissé pour la deuxième semaine d’affilée mais ils semblaient trouver un plancher vers les 1.100 dollars. «L’intérêt des investisseurs reste fort, sachant qu’ils ont lourdement investi sur le marché de l’or», expliquait un analyste. Sur le London Bullion Market, l’once d’or a fini à 1.104,50 dollars vendredi dernier.

■ ARGENT

Les cours de l’argent ont terminé en baisse, sans toutefois plonger en-deçà des seuils atteints la semaine précédente. L’once d’argent a fini vendredi à 17,31 dollars contre 17,51 dollars une semaine plus tôt.

500 000volume de gasoil importé par l’algérie en 2009

TONNES

Les prix du pétrole ont clôturé la semaine en hausse sur les marchés londonien et américain, , soutenus notamment par de nouvelles tensions entre l’Iran et l’Irak. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février, a progressé de 29 cents à 73,66 dollars sur l’InterContinental Exchange (ICE) de Londres. A New York, le pétrole a terminé en hausse de près de 1%, repassant au-dessus de la barre des 73

dollars le baril. Le contrat janvier sur le brut léger américain a fini sur une progression de 0,98% à 73,36 dollars le baril après avoir atteint en séance un pic de 74,69 dollars.Après son plus haut du jour, l’or noir a effacé une bonne partie de ses gains à la suite de la poussée du dollar, qui a atteint dans la journée un plus haut de trois mois et demi face à l’euro, Selon des analystes, l’évolution

positive des cours est due aux nouvelles tensions entre l’Iran et l’Irak, après que les forces iraniennes aient pris possession vendredi dernier d’un puits pétrolier dans le sud de l’Irak, dans un secteur disputé de la frontière entre les deux pays. Les considérations géopolitiques s’ajoutent à la pression haussière exercée par l’arrivée de l’hiver et la baisse des températures dans le nord-est des Etats-Unis,

première région consommatrice au monde.Après neuf séances de baisse, qui les avaient même brièvement ramenés sous le seuil de 70 dollars à New York, les cours du pétrole se sont installés entre 70 et 75 dollars, une fourchette de prix légèrement inférieure à la tranche des 75-80 dollars où les cours s’étaient échangés tout au long du mois de novembre. R.E.

L’euro est passé sous le seuil de 1,43 dollar vendredi dernier, pour la première fois depuis début septembre, pénalisé par les craintes persistantes pour la santé économique de la Grèce.Vers 22H00 GMT, l’euro valait 1,4343 dollar contre 1,4338 dollar la veille. Après s’être

repris en début de journée, la monnaie unique européenne est tombée à 1,4262 dollar vers 16H15 GMT, soit un plus bas depuis le 4 septembre, accentuant un mouvement de baisse initié au début du mois. «L’incapacité de l’euro à soutenir ses gains malgré des

indicateurs économiques favorables (...) est un signe alarmant que la confiance du marché en l’euro reste fragile et qu’il peut encore baisser», a estimé un expert. La devise n’a en effet pas profité de la progression plus nette qu’attendu de l’indice Ifo,

principal baromètre de confiance en Allemagne, au plus haut depuis juillet 2008. Par ailleurs, selon certains analystes, «le marché reste sceptique au sujet de l’état budgétaire de la Grèce qui devraient continuer à assombrir les perspectives de l’euro». R.E.

Le pétrole au-dessus de 70 dollars

L’euro s’affaiblit face au dollar

Les prix terminent la semaine en baisse

Marché des devises