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INSTITUT DE FORMATION EN MASSO-KINESITHERAPIE DE RENNES
INTERET DU RELEVE DU SOL DANS LA PRISE EN
CHARGE DE LA PEUR DE CHUTER EN
NEUROLOGIE CENTRALE
En vue de l’obtention du Diplôme d’Etat de Masseur-Kinésithérapeute
Léa CLISSON
Année scolaire 2013/2014
INSTITUT DE FORMATION EN MASSO-KINESITHERAPIE DE RENNES
INTERET DU RELEVE DU SOL DANS LA PRISE EN
CHARGE DE LA PEUR DE CHUTER EN
NEUROLOGIE CENTRALE:
Contexte et étude expérimentale.
En vue de l’obtention du Diplôme d’Etat de Masseur-Kinésithérapeute
Travail écrit de fin d’études réalisé par :
Léa CLISSON
Sous la direction de Mr Thierry Horrut, Directeur de mémoire.
Année scolaire 2013/2014
RESUME
Contexte et objectif de l’étude : Les chutes chez les personnes âgées sont à l’origine de
conséquences physiques et psychologiques. Alors que les premières sont connues et bien
prises en charge, les secondes, dont la peur de chuter, sont importantes et souvent négligées.
En effet, le développement d’une peur de chuter est un facteur de risque d’évolution vers un
syndrome post-chute caractérisé par un déconditionnement, une limitation des activités et une
perte d’autonomie favorisant la chute. Les patients atteints de pathologie neurologique
centrale, dut fait de leur troubles moteurs et/ou sensitifs sont aussi concernés par les chutes et
la peur de tomber.
Le but de cette étude était donc de proposer un moyen de prise en charge de la peur de chuter
chez ces patients. Le choix s’est porté sur l’apprentissage du relevé du sol car il est
recommandé chez la personne âgée chuteuse et qu’il permet un travail basé sur l’image de soi
et le schéma corporel. J’ai donc réalisé, une étude du corpus sur la peur de chuter et abordé la
place du relevé du sol dans la prise en charge kinésithérapique.
Ceci m’a permit d’aboutir à la formulation d’une problématique et au choix d’une hypothèse
que j’ai tenté de valider par une étude expérimentale.
Etude: Il s’agit d’une étude prospective et comparative réalisée sur 10 patients, présentant
une hémiplégie, une maladie de Parkinson ou une Sclérose en Plaques, séparés aléatoirement
en 2 groupes, un groupe RDS (relevé du sol) et un groupe contrôle. L’intervention RDS
consistait en une séance par semaine de 15 minutes d’apprentissage du relevé du sol, pendant
3 semaines, en plus des séances habituelles. La mesure de la peur de chuter a été réalisée au
début et la fin de l’intervention à l’aide de l’EVA adaptée (échelle visuelle analogique) et du
questionnaire FES.
Résultats : Il n’y a pas de différence significative entre les deux groupes suite à
l’intervention. Il y a une diminution significative de l’EVA en post intervention dans le
groupe RDS (p=0,03).
Discussion : L’intérêt clinique de ce résultats est à relativiser au regard des biais de l’étude.
Conclusion : L’apprentissage du relevé du sol semble être une piste de réflexion intéressante
comme moyen de prise en charge de la peur de chuter chez les patients atteints de pathologie
neurologique centrale mais cette étude présente trop de biais pour conclure sur un éventuel
effet ou non de l’intervention. D’autres études sont donc nécessaires sur le sujet.
Mots clés: Peur de chuter, relevé du sol, hémiplégie, sclérose en plaques, maladie de
Parkinson
ABSTACT
Background and aim of the study: Falls in the elderly are at the origin of physical and
psychological consequences. Whereas the first are known and well assumptions of
responsability, the seconds, of which the fear of falling, are important and are often
overlooked. Indeed, the development of a fear of falling is a risk factor of evolution towards
post- fall syndrome characterized by deconditioning , activity limitation , loss of autonomy
promoting fall. Patients with central neurological disease, had made their motor and / or
sensitive disorders are also affected by falls and fear of falling.
The aim of this study was therefore to provide a means of support for the fear of falling in
these patients. The choice was the learning how to rise from the ground because it is
recommended in the elderly who fall and allows work on self-image and body schema. I
realized thus, a study of corpus on the fear of falling and approached the place of the “rising
from the floor” in physiotherapy care.
This allowed me to lead to the formulation of a problem and the choice of a hypothesis that I
have tried to validate an experimental study.
Study : This is a prospective and comparative study of 10 patients with hemiplegia ,
Parkinson's disease or multiple sclerosis , separated randomly into two groups, one group
RDS ( rise from the floor) and a control group . Intervention RDS was one session of 15
minutes per week learning how to rise from the floom, for 3 weeks, besides the usual
meetings. The measurement of fear of falling sessions was carried out at the beginning and
end of the intervention using the adapted VAS (visual analogue scale) and the FES.
Results : There was no significant difference between the two groups after the intervention .
There is a significant decrease of VAS in post intervention in the RDS group (p = 0.03).
Discussion: The clinical relevance of the results is relative in relation to the skew of the
study.
Conclusion : The learning how to rise from the floor seems to be an interesting line of
thinking as a means of support for the fear of falling in patients with central neurological
disease but this study has too many skew to conclude on a possible or not intervention’s effect
. Further studies are needed on the subject.
Keywords : Fear of falling , rise from the floor , hemiplegia , multiple sclerosis , Parkinson's
disease
Remerciements
Pour la réalisation de ce TEFE, je tiens tout particulièrement à remercier :
- Mr Thierry HORRUT, mon directeur de TEFE, pour m’avoir guidé tout au long de ce
travail
- les masseurs-kinésithérapeutes de la maison médicale de Tinténiac pour m’avoir aidée
et conseillée lors de la mise en place de mon protocole au sein de leur cabinet
- mes proches et mes amis pour leur soutien et leurs relectures
Sommaire
I. Introduction ......................................................................................................................... 1
II. Partie 1 : Contexte de l’étude .............................................................................................. 2
A. La peur de chuter ......................................................................................................... 2
1. Syndrome post-chute et “cercle vicieux de la chute” .................................................. 2
2. Épidémiologie .............................................................................................................. 3
3. Particularité dans trois pathologies neurologiques centrales ....................................... 4
4. Prise en charge ............................................................................................................. 8
B. Le relevé du sol .......................................................................................................... 10
1. Des niveaux d’évolution motrice au relevé du sol .................................................... 10
2. Place du relevé du sol et des séquences de redressement dans la prise en charge
kinésithérapique ................................................................................................................ 11
C. Prise en charge de la peur de chuter par le relevé du sol ........................................... 12
1. Problématisation ........................................................................................................ 12
2. Formulation des hypothèses ...................................................................................... 13
III. Partie 2 : Etude expérimentale .......................................................................................... 14
A. Matériel et méthode ................................................................................................... 14
1. Population .................................................................................................................. 14
2. Intervention ................................................................................................................ 15
3. Mesures ...................................................................................................................... 15
B. Résultats et analyse des résultats ............................................................................... 16
1. Comparaison des deux groupes au départ de l’étude ................................................ 16
2. Peur de chuter ............................................................................................................ 18
C. Discussion .................................................................................................................. 20
D. Conclusion ................................................................................................................. 21
IV. Bibliographie ..................................................................................................................... 23
1
I. Introduction
Consciente de leur fréquence et de leurs répercussions sur la prise en charge kinésithérapique,
je me suis rapidement intéressée aux chutes au cours de mes stages. Tout d’abord, en
gériatrie, j’ai été confronté à la prise en charge d’une patiente âgée présentant un syndrome
post-chute. Ce syndrome, caractérisé par une diminution des activités lié à la peur de tomber,
peut avoir des conséquences dramatiques s’il n’est pas pris en charge de façon précoce.
Ensuite, lors de mes stages en neurologie, je me suis rendue compte que la fréquence des
chutes à domicile chez les patients ayant une pathologie neurologique centrale (hémiplégie,
SEP, parkinson..) était élevée et que bon nombre de ces patients étaient ré hospitalisés suites
aux complications de ces chutes (fractures..). Bien que souvent mis au second plan, j’ai
remarqué que ces patients exprimaient également une peur de la chute qui les conduisait à
réduire leurs activités. Aussi, une remarque d’une des patiente hémiplégique que j’avais en
charge m’a particulièrement interpellée : elle m’a confiée ne plus vouloir sortir de chez elle
par peur de tomber et de ne pas pouvoir se relever par la suite.
J’ai donc décidé de réaliser un travail autour de cet aspect psychologique de la chute chez les
patients atteints de pathologie neurologique centrale avec un questionnement de départ qui
était le suivant : « Quel moyen de prise en charge de la peur de chuter pourrait présenter un
intérêt chez les patients atteint de pathologie neurologique centrale ? ». L’apprentissage du
relevé du sol étant recommandé dans la prise en charge du syndrome post-chute, j’ai axé mes
recherches sur cette technique.
Ainsi, mon travail se compose de deux parties.
Une première partie « contexte de l’étude » dans laquelle j’aborderai deux notions.
Dans un premier temps, je parlerai de la peur de chuter dans la population âgée
générale ainsi que chez les patients hémiplégiques, atteints de sclérose en plaques ou
de la maladie de parkinson. Dans un second temps, j’évoquerai l’apprentissage du
relevé du sol, les séquences de redressement et leurs places dans la prise en charge
kinésithérapique. Cette première partie aboutit à la problématique suivante : « En quoi
l’apprentissage du relevé du sol peut-il être en lien avec la peur de chuter chez le
patient atteint de pathologie neurologique centrale ?»
Une deuxième partie « étude expérimentale » dans laquelle je tenterai de répondre à la
problématique précédemment énoncée à l’aide d’une étude prospective comparative.
2
II. Partie 1 : Contexte de l’étude
A. La peur de chuter
1. Syndrome post-chute et “cercle vicieux de la chute”
Les chutes chez les personnes âgées sont un vrai problème de santé publique. En effet, un
tiers des plus de 65 ans chutent au moins une fois par an. Ce chiffre passe à un sur deux chez
les plus de 85 ans. Outre les conséquences physiques qu’elles entraînent (fractures, blessures
superficielles) et qui ne sont présentes que dans 10% des cas, il ne faut pas négliger
l’importance des conséquences psychologiques de ces chutes (Bart et al, 2009).
La conséquence psychologique la plus fréquente est le syndrome post-chute qui survient dans
15 à 20% des cas. Il est défini par une diminution des activités et de l’autonomie, en
l’absence de cause d’origine neurologique ou traumatique, entrainant une sidération des
automatismes de l’équilibre et de la marche. Il se caractérise par un refus des transferts, une
angoisse à la mobilisation et une marche avec une rétropulsion et un flexum des genoux. On
retrouve également dans ce syndrome un « cercle vicieux de la chute » que l’on peut
schématiser ainsi (Delbaere et al, 2004):
Ce schéma met en évidence deux idées importantes. Premièrement, on comprend donc que le
syndrome post-chute est une urgence gériatrique. En effet, si on ne le prend pas en charge de
façon précoce, il y a un risque d’évolution vers une forme chronique qui s’installe
progressivement et peut aboutir à un état grabataire irréversible: le syndrome de désadaptation
psychomotrice. Deuxièmement, on remarque que la peur de chuter semble être un élément
déterminant du « cercle vicieux de la chute » favorisant l’entrée dans la chronicité. Il est donc
CHUTE Peur de tomber
Restrictions des activités Perte d’autonomie
Diminution de la force
musculaire et de
l’équilibre
3
judicieux, comme l’ont fait certaines auteurs, de d’intéresser à cette peur.
Elle est défini par Tinetti et Powell comme '' une préoccupation durable de tomber qui conduit
à un évitement des activités de la vie quotidienne qu'il / elle est en capacité d'effectuer ''
(Tinetti et al, 1993). Autrement dit, elle se réfère à l'appréhension de la chute ressentie par un
individu au cours de ses activités et peut avoir des conséquences dramatiques, notamment
chez le sujet âgé (Cumming et al, 2000).
Aussi, une étude de Friedman (voir fiche de lecture en annexe 5), qui cherche à établir une
corrélation entre la peur de chuter et la chute, nous montre qu’il existe bien un lien de
causalité et que ce lien est plus important dans le sens « peur de chuter » comme un facteur
de risque de chute que l’inverse. Aussi, ce risque semble majorer lorsque la crainte est
associée à une restriction des activités (Friedman et al, 2002).
2. Épidémiologie
En raison des différents outils de mesures utilisés et des caractéristiques de la population
testée, la prévalence de la peur de chuter varie entre 3 et 85% dans la population âgée. Le
développement de cette crainte est donc dépendant de plusieurs facteurs qu’il s’avère
intéressant de rechercher afin de cibler les populations les plus à risque. D’après les études
épidémiologiques, on peut classer les facteurs de risques selon trois catégories.
Premièrement, des facteurs physiques dont un âge avancé, l’incapacité de se lever d’une
chaise à hauteur des genoux, des problèmes d’équilibres, la nécessité d’une aide technique à
la marche, une santé physique ressentie comme mauvaise et un IMC élevé. Deuxièmement,
des facteurs sociaux tels que le sexe féminin, un salaire faible et un niveau d’éducation peu
élevé. Et enfin des facteurs psychologiques tels que la dépression, l’anxiété et l’expérience
d’une ou plusieurs chutes antérieures (Scheffer et al, 2008 ; Kim et al, 2013 ; Kumar et al,
2014). Aussi, la prise de plus de 3 médicaments journaliers semble augmenter de manière
significative la restriction d’activité liée à la peur de chuter (Guthrie et al, 2012).
Bien que l’expérience d’une chute antérieure semble majorer l’apparition de la peur de
tomber, une étude à également démontrer que cette crainte est aussi présente chez les sujets
n’ayant jamais chuté (Scheffer et al, 2012). Il est donc important de ne pas exclure cette
population de la prise en charge car elle est aussi susceptible de rentrer dans le cercle vicieux
de la chute.
4
Ces données ont été obtenues chez des personnes âgées ne présentant pas de troubles
neurologiques, or on sait que présenter une pathologie neurologique centrale est un facteur de
risque de chute important en lien avec les différents troubles de la marche et de l’équilibre qui
y sont associés.
Ainsi, dut fait de leur pathologie, les patients présentant une pathologie neurologique centrale
sont sujets à la chute et de surcroît à la peur de tomber. Toutefois, quelques questions se
posent : La peur de tomber à t- elle la même étiologie dans ces populations ? Quelle est la
prévalence et quelles sont les conséquences de cette peur chez ces patients ?
Dans la suite de cette première partie, je me suis intéressée à la peur de tomber dans trois
pathologies neurologiques centrales dont le tableau clinique comporte des troubles de la
marche et de l’équilibre : l'hémiplégie, la maladie de parkinson et la sclérose en plaques.
3. Particularité dans trois pathologies neurologiques
centrales
a) L’hémiplégie
L’hémiplégie est définie par la paralysie, soit une perte de la fonction motrice volontaire,
totale ou partielle d’un hémicorps en lien avec une lésion unilatérale de la voie pyramidale.
Elle est le plus souvent la conséquence d’un accident vasculaire cérébral (AVC) qui
représente la première cause de handicap acquis chez l’adulte. Il touche environ 130 000
personnes en France par an dont la moitié est âgée de plus de 75 ans. L’AVC peut être de
deux origines : ischémique ou hémorragique.
On retrouve dans cette pathologie un syndrome pyramidal caractérisé par un déficit moteur
sur les muscles les plus volitionnels, de la spasticité, une exagération des réflexes ostéo-
tendineux, une modification des réflexes cutanés dont le signe de Babinski, et des syncinésies.
L’atteinte motrice est généralement accompagnée de troubles sensitifs et cognitifs (De
Morand, 2010, Le Cavorzin 2000).
Ces déficiences sont fréquemment responsables de chutes et ce notamment au cours des
premiers mois qui suivent l’AVC. En effet, 55 % à 73 % des personnes chutent au moins une
fois dans l'année qui suit leur AVC dont 7% au cours de la première semaine (Gsaf, 2013).
Toutes les chutes ne sont pas suffisamment graves pour entraîner des conséquences
5
physiques, mais même les chutes sans gravité peuvent engendrer une peur de tomber. A
l’instar de la population âgé, chez le patient hémiplégique cette peur est un facteur de
prédiction des futures chutes et contribue à restreindre les activités de la vie quotidienne,
augmenter la dépendance fonctionnelle et réduire la qualité de vie (Buarque et al, 2013).
En ce qui concerne les facteurs prédictifs, bien que l’on retrouve des similitudes avec les
personnes âgées de la population générale tels que l'anxiété et la perte de force musculaire, la
phobie de la chute chez les patients hémiplégiques présente quelques particularités en lien
avec la pathologie (Kim et al, 2012). En 2007, une étude a été réalisée afin de déterminer les
facteurs favorisants le développement d’une peur de tomber dans les six mois qui suivent un
AVC et deux étiologies ressortent principalement. Premièrement, la perception par le sujet
des changements corporels générés par les atteintes motrices et sensitives sont responsables
du développement de cette crainte, et ce, pour deux raisons. D’une part, contrairement aux
pathologies neurodégénératives, les troubles apparaissent brusquement, il n’y a pas de notion
d’évolution et d'adaptation progressive. D’autre part, conscient de leurs déficiences motrices,
certains hémiplégiques décrivent une peur de tomber en lien avec l’incapacité de se relever du
sol. Deuxièmement, cette peur peut être le résultat d’une association par le patient entre la
chute et l’épisode de l’AVC. En effet, lors de l’accident vasculaire, la paralysie peut intervenir
brusquement et entraîner une chute, laissant l’individu sur le sol parfois pendant des heures.
Le patient exprime donc une crainte de chuter à nouveau qui reflète en réalité la peur d’être
victime d’un autre AVC. En outre, cette étude met en évidence un point important à savoir
qu’il n’existe pas de lien entre la peur de chuter post-AVC et la fréquence des chutes
(Schmid et al, 2007).
b) La maladie de parkinson
La maladie de parkinson (MP) est après la maladie d’Alzheimer, la pathologie
neurodégénérative la plus fréquente. On sait qu’elle touche en France environ 100 000
patients et que sa prévalence augmente avec l’âge mais son étiologie reste encore inconnue
malgré quelques hypothèses.
Elle se caractérise par la présence de corps de Lewy et la destruction progressive des neurones
au niveau du locus Niger entrainant, dans un premier temps, une carence dopaminergique.
Ensuite l’extension des lésions à d’autres noyaux du tronc cérébral sera responsable des
6
troubles moteurs tardifs et du déclin cognitif. La maladie est caractérisé par un tremblement
de repos et un syndrome akinéto-rigide.
Parmi les troubles de la motricité on retrouve une marche à petits pas, une festination
(tendance à courir après son centre de gravité en accélérant le pas), des difficultés à initier la
marche, à effectuer des demi-tours, à franchir une porte, un freezing (piétinement sur place
qui cède lorsque l’on demande au patient d’enjamber un obstacle réel ou virtuel), une posture
en flexion et des troubles de la statique.
Ces troubles expliquent que le patient parkinsonien soit lui aussi concerné par les chutes dont
les principaux facteurs de risques identifiés dans la littérature sont des antécédents de chute,
l’instabilité posturale, le freezing, la faiblesse musculaire des membres inférieurs, et une
déficience cognitive.
Aussi, ce qui caractérise cette pathologie, c’est la fréquence particulièrement élevée des
chutes chez certains patients. En effet, d'après les études statistiques, alors que dans la
population générale 15 % des personnes âgée sont considérés comme chuteurs récurrents,
chez le parkinsonien ce taux est de 50%, soit trois fois plus élevé. Par ailleurs, dans une
enquête auprès de 100 personnes atteintes de la MP, 13 % ont déclaré tomber plus d'une fois
par semaine, voire plusieurs fois par jour (Allen, 2013).
Ainsi, certains auteurs ont cherché à établir le profil du chuteur récurrent atteint de la maladie
de Parkinson. Il se caractérise par une plus grande sévérité de la maladie, un plus haut niveau
de déficience motrice et de handicap, des troubles de l’équilibre et de la coordination des
membres inférieurs, une incapacité à s'asseoir sur une chaise, des troubles de la marche, une
perte des réflexes posturaux et l’expression d’une peur de la chute (Dennison et al, 2007 ;
Cano-de-la Cuerda et al, 2004).
D'après ce profil, on peut dire que la peur de tomber est donc un élément favorisant la
fréquence des chutes or, contrairement aux patients hémiplégiques, il a été montré que cette
crainte est augmentée de manière significative chez les chuteurs récurrents (Mak et al, 2010 ;
Rahman et al, 2011). Il est donc important de la dépistée et de la prendre en charge
rapidement avant qu’un cercle vicieux ne s’installe.
Pour la prendre en charge, il convient de mettre en évidence les éléments prédisposant à
l’apparition de cette crainte de la chute. Dans la littérature on trouve que le facteur le plus
important contribuant au développement de la peur de tomber, retrouvé dans 68% des cas, est
la manifestation de troubles de l’équilibre et de la marche, et plus précisément lors de la
montée des escaliers et des demi tours. Elle est suivie par la fatigue, et le besoin d’une l'aide
7
dans les activités quotidiennes (Nilsson et al, 2012). Aussi, la force musculaire du genou
semble être un des déterminants de l’intensité de la peur (Mak et al, 2012).
Par ailleurs, l’augmentation des chutes, n’est pas la seule conséquence de la peur de tomber
dans le cadre de la maladie de parkinson. D’après une étude réalisée sur 74 patients
parkinsoniens, la peur de tomber semble être un des facteurs les plus important influant sur la
qualité de vie, et ce, d’avantage que l’expérience d’une chute antérieure (Grimbergen et al,
2013 ; Brozova et al, 2009). Aussi, il a été montré que les troubles de la marche et de
l’équilibre étaient plus marqués chez les patients exprimant une crainte plus importante de la
chute, indépendamment d’une éventuelle chute antérieure (Bryant et al, 2013). Enfin, une
étude montre que les problèmes d'équilibre et de contrôle postural chez les patients
parkinsoniens résultent d'interactions complexes entre la déficience motrice, les capacités
fonctionnelles et la peur de chuter (Franchignoni et al, 2005).
Ces résultats soulignent l'importance de traiter la peur de tomber dans la prise en charge de la
MP, et la nécessité d’intégrer des stratégies visant à réduire cette peur dans les programmes
d'intervention.
c) La sclérose en plaques
La sclérose en plaques (SEP) est une maladie auto immune démyélinisante, chronique et
évolutive. Elle est caractérisée par des lésions inflammatoires localisées dans substance
blanche du système nerveux central et disséminées dans le temps et dans l’espace (cerveau,
cervelet, tronc cérébral, moelle épinière..). L’expression de cette pathologie est très variée
d’un patient à l’autre car il existe différentes formes d’évolution (rémittente, primaire
progressive, secondairement progressive) et diverses formes cliniques (pyramidal,
cérébelleux, proprioceptif, visuel, vésico sphinctérien, cognitif) en fonction de la répartition
des lésions.
Il s’agit d’une pathologie fréquente qui touche environ 70 à 80 000 personnes en France et
son âge de début se situe entre 20 et 40 ans. Elle est ainsi la première cause de handicap
acquis non traumatique chez l’adulte jeune (De Morand, 2010).
Environ 75% des personnes ayant une sclérose en plaques présentent des troubles significatifs
de la marche et de l'équilibre (Hobart et al, 2001). Ces personnes identifient la perte de
mobilité comme l’une des principales difficultés rencontrées dans cette maladie suivie par les
8
chutes qui sont parmi leurs plus grandes préoccupations lors de leurs activités de la vie
quotidienne (Finlayson et al, 2004).
En effet, les chutes font également parti du quotidien des individus atteints de SEP comme le
démontre une étude réalisée en 2006 dans laquelle 52 % des participants déclarent avoir chuté
au cours des 6 derniers mois. Les facteurs associés à un risque accru de chute étaient le sexe
masculin, la peur de tomber, l’aggravation récente des symptômes, l’utilisation occasionnelle
ou nulle d'un fauteuil roulant, des troubles de l’équilibre ou de la mobilité, des troubles de la
concentration ou de la mémoire, et l'incontinence urinaire (Finlayson et al, 2006).
En ce qui concerne les facteurs favorisant le développement de la peur de tomber, il n’existe
que très peu d’études sur le sujet dans le cadre de la SEP. On note toutefois que certaines
études suggèrent que celle-ci est positivement corrélé avec une chute survenue au cours des 6
derniers mois, le sexe féminin, l'utilisation d'une aide à la marche et le niveau d'équilibre
ressentie (Peterson et al, 2007).
A l’inverse, les conséquences de cette peur ont fait l’objet de plusieurs études. Ainsi, certaines
ont mit en évidence la majoration de certains troubles chez les patients qui l’expriment en
comparaison avec ceux qui ne l’expriment pas. D’une part, des troubles spatio-temporels de la
marche à savoir une vitesse de marche plus faible, une longueur du pas rétrécit, une largeur du
pas augmentée associée à un polygone de sustentation élargit. D’autre part, des troubles de
l’équilibre statique tel qu’une variabilité plus élevée du centre de pression (Kalron et al,
2013). Aussi, une enquête réalisée auprès de personnes vivant dans la communauté avec la
SEP à démontré que cette crainte est responsable de limitation d’activités et ce, chez des
personnes ayant déjà chuté ou non (Matsuda et al, 2012).
En raison de la restriction d'activité qu’elle entraîne, la peur de tomber engendre un risque
élevé de perte de la force musculaire, de maladies cardio-vasculaires et de déconditionnement
physique, ce qui peut avoir des conséquences non négligeables chez l’individu atteint de SEP.
En effet, des études antérieures ont démontré que le déconditionnement affecte négativement
la fatigue, la spasticité, la dépression, et la qualité de vie des personnes atteintes de SEP
(Sandroff et al, 2012).
4. Prise en charge
En 2007, Gontier s’est posé la question d’un éventuel bénéfice de la prise en charge de la peur
9
de chuter au travers d’une étude réalisée sur des personnes âgées chuteuses vivant au domicile
(voir fiche de lecture en annexe 7). L’expérimentation consistait en une prise en charge
pluridisciplinaire incluant l’apprentissage du relevé du sol. Les conclusions de l’étude sont
une diminution de la peur de chuter de façon significative et une augmentation de la qualité de
vie. L’absence d’un groupe contrôle ne nous permet de conclure de façon certaine en faveur
d’un bénéfice en lien avec la prise en charge proposée, toutefois, les résultats sont une piste
de réflexion intéressante (Gonthier, 2007). Aussi, d’autres auteurs se sont également
intéressés à ce sujet. Ainsi, même si le nombre d’études avec des interventions visant à
réduire la peur de chuter est faible, certaines ont montré leur efficacité. En effet, des
programmes multifactoriels autour de la chute, un programme de tai-chi, et des programmes
d’exercices physiques ont permis de réduire de manière significative la peur de tomber
(Zijlstra et al, 2007 ; Oh et al, 2012). Il est intéressant de noté que certains de ces programmes
incluaient dans leur interventions des séances « relevé du sol » (Gitlin et al, 2007 ; Brouwer et
al, 2003). Aussi, un programme de yoga incluant des démonstrations « comment se relever
du sol » a permis de réduire de 6% la peur de tomber chez des personnes âgées. Toutefois,
cette diminution n’était significative en comparaison avec le groupe contrôle (Schmid et al,
2010). Enfin, une invention cognitivo-comportementale à montré des effets positifs et
durables sur la peur de tomber et l’évitement des activités de la vie quotidienne chez la
personne âgée vivant au domicile (Zijlstra et al, 2009).
En ce qui concerne la prise en charge de la peur de chuter en neurologie centrale, les données
de la littérature sont faibles. En effet, peu d’études existent sur le sujet et parmi elles, en post-
AVC, seule la pratique du Yoga semble avoir permis de diminuer la crainte. Aussi, il convient
de préciser que cette étude n’à démontrer qu’une diminution intra groupe en comparant les
mesures avant et après l’intervention (Schmid et al, 2012). Aussi, chez le patient
parkinsonien, bien qu’un certain nombre d’études aient mis en évidence la nécessité de
prendre en charge la peur de tomber, très peu de programme d’intervention ont été réalisés.
Seul un programme d’exercice à la maison a permis de diminuer la peur de tomber mais les
résultats ne sont pas significatifs par rapport au groupe contrôle (Allen et al, 2010). Enfin,
d’après mes recherches, il n’existe actuellement pas d’études ayant montré une diminution
significative de la peur de chuter chez le patient atteint de sclérose en plaques.
10
B. Le relevé du sol
1. Des niveaux d’évolution motrice au relevé du sol
Lors de son développement moteur, l’enfant effectue une succession de positions allant de la
position décubitus dorsal vers la station debout. Ces divers enchaînements, qui
s’accompagnent de transferts d’appui, de redressement, de maintien et de déplacements, sont
appelés niveaux d’évolution motrice (NEM) et conditionnent le bon développement
psychomoteur de l’enfant.
Ces acquisitions initialement faites lors de l’enfance sont intégrées dans une forme de
mémoire inconsciente qui regroupe tous les automatismes sensori-moteurs : la mémoire
procédurale.
L’ensemble des positions et des passages conduisant une personne de la position allongée à la
position debout sont utilisés en rééducation et regroupé sous le nom de séquences de
redressement (SDR). Elles présentent quelques étapes clés:
- Passage du décubitus dorsal au décubitus ventral: Le sujet est allongé sur le dos et procède à
un retournement incluant un passage par le décubitus latéral. A ce niveau, une guidance par la
tête ou par le membre inférieur peut être effectuée par le thérapeute. Dans la position
décubitus ventral, il peut être intéressant de travailler le ramper, pour permettre à la personne
au sol dans l’incapacité de se relever de se déplacer pour atteindre une chaise ou bien le
téléphone par exemple.
- Passage à quatre pattes: Ce passage peut se faire de deux manières.
La première se fait à partir du décubitus ventral: le sujet se positionne en appui sur ces deux
coudes, appelée position “sphinx”. Ensuite, la position quatre pattes est obtenue grâce au
dégagement latéral d’un membre inférieur en position ramper suivi d’une poussée des deux
membres supérieurs. Le thérapeute apporte une guidance au niveau du bassin.
La deuxième se fait par le passage par la voie latérale : à partir du décubitus latéral, genoux
fléchit, le sujet exerce une poussée à l’aide du membre supérieur coté sol et se retrouve en
position assise dite “amazone”. Ensuite, le masseur-kinésithérapeute peut aider le sujet à
rejoindre la position quatre pattes en accompagnant la rotation du bassin.
11
- Genoux dressés et chevalier servant : Grâce à une poussée des membres supérieurs, le sujet
passe en appui sur ses genoux, puis translate son centre de gravité afin de venir positionner un
pied en avant, en position chevalier servant. Cette étape peut être réalisée avec un appui
antérieur stable tel qu’une chaise ou un mur. Le thérapeute se positionne à l’arrière du sujet
afin d’aider à la translation et l’élévation du bassin.
- Position debout: A l’aide d’une poussée sur son pied avant et des membres supérieurs, le
sujet se redresse vers la station debout. Le thérapeute accompagne le sujet en cas de déficit de
force musculaire des membres inférieurs (Marsal et al, 2008).
La mémoire procédurale est très bien conservée chez la personne âgée ainsi que chez la
personne présentant des troubles neurologique et/ou cognitifs d’où l’intérêt d’utiliser les SDR
dans la prise en charge kinésithérapique.
Ainsi, on s’inspire notamment des SDR lors du travail du relevé du sol. En effet, cette
technique, basé sur une ré acquisition des automatismes de l’enfance, est un apprentissage
d’une succession de positions à l’aide de guidances verbales et physiques permettant au sujet
de se relever suite à une chute (Bart et al, 2009).
2. Place du relevé du sol et des séquences de redressement
dans la prise en charge kinésithérapique
L’apprentissage du relevé du sol est fréquemment utilisé dans la prise en charge gériatrique.
D’après l’HAS, “le relevé du sol est une des techniques essentielles utilisée dans la prévention
des chutes et plus particulièrement du syndrome de désadaptation motrice survenant chez le
sujet âgé chuteur » (HAS, 2005).
En effet, celui-ci présente plusieurs intérêts: il permet à la personne ayant chuté de retrouver
une bonne estime d’elle-même grâce au travail du schéma moteur et de l’image soi, car la
chute peut générer un sentiment de honte, de dépression qui peut évoluer vers un syndrome de
désadaptation psychomotrice. Aussi, même si la personne est dans l’incapacité de se relever
seul, il permet d’apporter des solutions adaptées à ses capacités comme par exemple le
déplacement au sol vers une chaise, le téléphone ou le téléalarme. Enfin, il permet également
12
de prévenir les chutes chez la personne n’ayant jamais chuté et présentant des troubles de
l’équilibre ou de la marche (Bart et al, 2009).
Par ailleurs, bien que le nombre d’études consacrées au relevé du sol soit très faible, certaines
mettent en évidence quelques points importants. D’une part, il a été prouvé que l’incapacité à
se relever était un marqueur de mauvaise santé chez la personne âgée et un facteur prédictif
important de blessures lors de chutes graves (Bergland et al, 2005). D’autre part, les résultats
d’une étude réalisée auprès de sujets jeunes et de sujets âgés ont montré que l’âge altérait les
capacités à restaurer dans l'ordre les différentes étapes nécessaire pour se relever à partir
d’une position assise sur le sol (Saimpont et al, 2010). Il semble donc important de répéter
régulièrement ces enchaînements avec les personnes âgées afin d’une part éviter qu’elles ne se
retrouvent dans une position prolongée au sol par perte des automatismes et d’autre part
limiter le risque de blessures.
Dans la prise en charge kinésithérapique, l’utilisation des séquences de redressement ne se
limite pas à l’apprentissage du relever du sol auprès la personne âgée car chaque position ou
passage peut être travaillé individuellement avec un objectif bien particulier. En effet, en
neurologie centrale par exemple, elles peuvent permettre de travailler l’équilibre, l’adaptation
posturale, la dissociation des ceintures ou encore le transfert d’appui. Elles peuvent également
être utilisées comme moyen de réentrainement à l’effort, notamment dans la prise en charge
de la sclérose en plaques.
Aussi, elles présentent un intérêt chez tout sujet présentant une déficience de l’appareil
locomoteur pour restaurer ses sensations et activités motrices (schéma corporel et moteur).
C. Prise en charge de la peur de chuter par le relevé du sol
1. Problématisation
Mon questionnement de départ était «Quel moyen de prise en charge de la peur de chuter
pourrait présenter un intérêt chez les patients atteint de pathologie neurologique centrale ? ».
Dans un premier temps, j’ai identifier les principaux facteurs de risques de la peur de tomber
dans trois pathologies à savoir la perception des changements corporels associé à une
incapacité à se relever chez l’hémiplégique et des troubles de l’équilibre et de la marche chez
les personnes atteintes de SEP ou de la MP.
13
Dans un second temps, j’ai mis en évidence que l’apprentissage du relevé du sol présentait
aussi bien un intérêt sur le plan moteur, comme le travail de l’équilibre, mais aussi
psychologique grâce au travail du schéma corporel et l’élaboration de solutions adaptées pour
se relever. Aussi, certaines études visant à réduire la peur de chuter nous montre que
l’intervention « relevé du sol » pourrait présenter un intérêt. En effet, l’étude de Brouwer et al
qui proposait deux types de programme auprès de personnes agées, un programme
d’éducation (incluant des séances relevé du sol) et l’autre basé sur l’activité physique, met en
évidence une diminution significative de la peur de chuter pour les des deux programmes. Ce
résultat est néanmoins à relativiser car l’étude présente quelque biais (fiche de lecture en
annexe 6).
Les séquences de redressement étant déjà utilisé auprès des patients en neurologie centrale
pour divers objectifs, je me suis demandé si l’apprentissage de leur enchainement à partir
d’une position allongée, soit le relevé du sol, pouvait également présenter un intérêt comme
moyen de prise en charge de la peur de chuter chez ces patients.
Enfin, les restrictions des activités liées à la peur de chuter concernant principalement les
patients vivant au domicile, je me suis intéressée uniquement à cette population dans mon
étude.
Mes questionnements et mes recherches m’ont permis d’aboutir à la problématique suivante :
« En quoi l'apprentissage du relevé du sol peut-il être en lien avec la peur de chuter chez le
patient ayant une pathologie neurologique centrale vivant à domicile? »
2. Formulation des hypothèses
A partir de ma problématique j’ai formulé des hypothèses de départ. Celle que j’ai choisi pour
mon expérimentation, est celle qui, à mon sens, présente un intérêt clinique à savoir :
L’apprentissage du relevé du sol permet de réduire la peur de chuter chez le patient ayant une
pathologie neurologique centrale vivant à domicile.
14
III. Partie 2 : Etude expérimentale
Afin de confirmer ou d’infirmer mon hypothèse de départ, j’ai réalisé une étude prospective,
comparative, randomisée, en simple aveugle.
A. Matériel et méthode
1. Population
L'étude a été réalisée sur 10 patients volontaires au cours de mon stage de janvier-février
2014, dans un cabinet libéral appartenant à la maison médicale de Tinténiac.
Pour participer au protocole, les patients devaient répondre aux critères suivants:
être atteint d'une maladie de Parkinson, avoir une sclérose en plaques ou bien
présenter une hémiplégie droite ou gauche post-AVC.
avoir vécu une expérience de la chute lors des 6 derniers mois ou exprimer une peur
de chuter au quotidien (soit un score supérieur à 1 sur l’échelle visuelle analogique de
la peur de chuter).
avoir une autonomie de marche au domicile, soit périmètre de marche supérieur à 20m
avec ou sans aide technique.
vivre a domicile avec ou sans aide ménagères
avoir la capacité de se relever avec ou sans aide
Les critères d'exclusions étaient les suivants:
présence de troubles cognitifs car l’un des outils de mesures des résultats est un
questionnaire qui nécessite la participation du patient.
Les sujets ont été répartis de manière aléatoire dans deux groupes de 5 personnes: un groupe
expérimental « Relevé du Sol » (RDS) et un groupe contrôle. Les patients n’ont eu
connaissance de leur appartenance à l’un ou l’autre groupe mais simplement de leur
participation à une étude.
Pour chaque groupe, à l’aide d’un questionnaire patient (voir annexe 4), les informations
suivantes ont été recueillis : Sexe, IMC, études supérieures, nom et ancienneté de la
pathologie, nombre de médicaments journaliers, présence ou non d’un étage au domicile,
15
présence ou non d’un conjoint, aide à domicile, périmètre de marche, aide technique à la
marche, nombre de chute dans les 6 derniers mois, capacité à se relever avec aide et sans aide.
2. Intervention
Le groupe RDS a bénéficié de séances axées sur l'apprentissage du relevé du sol, soit un
travail basé sur la répétition des enchainements des SDR de la position allongée à la position
debout. L’HAS recommandant des séances courtes accompagnées de temps de repos, les
interventions étaient au rythme de 15 minutes par semaine, pendant 3 semaines. Celles-ci ont
été réalisées en plus des séances de rééducation habituelles.
Durant ces séances, le patient était descendu au sol par le kiné en position de décubitus dorsal
pour simuler une position post-chute. Ensuite, à l'aide d'une guidance verbale et/ou physique
selon les capacités motrices du patient, ce dernier procédait successivement au retournement
décubitus dorsal vers ventral, position quatre pattes, genoux dressés, chevalier servant et enfin
position debout. Les trois dernières étapes étaient réalisée à l'aide d'un support matériel tel
qu'une chaise ou on fauteuil.
Ces séances ont été réalisées toujours dans les mêmes conditions pour un patient donné:
même jour, même heure, même thérapeute et même lieu. Toutefois, le lieu différait d’un
patient à l’autre, selon les habitudes de prise en charge: les séances on été réalisées soit au
cabinet dans la salle de psychomotricité (annexe 2), soit au domicile du patient (annexe 1).
Le groupe contrôle a continué la prise en charge habituelle qui consistait en une séance
hebdomadaire de 30 minutes pendant 3 semaines. Lors de ces séances, aucun travail du relevé
du sol n’a été effectué.
3. Mesures
La peur de chuter a été évaluée à l’aide de deux outils :
a) L’échelle visuelle analogique de la peur de chuter
(EVA)
Il s’agit d’une adaptation de l’échelle visuelle analogique de la douleur pour la peur de chuter.
A l'aide de la réglette habituellement utilisée pour la douleur, les patients devaient placer la
réglette entre deux extrêmes " pas de peur du tout" et " peur maximale" qui correspondent
16
respectivement au 0/10 et au 10/10. La question posée était « Comment évaluez-vous votre
peur de chuter au quotidien ?». Cet outil a été choisi pour sa simplicité et sa rapidité
d’utilisation (Scheffer et al, 2010). Il n’existe cependant aucune données sur sa validité.
b) Le questionnaire Fall Efficacy Scale (FES)
Ce questionnaire est une auto évaluation de la confiance ressentie par le patient dans la
réalisation de certaines activités de la vie quotidienne. Il se présente sous la forme de 10 items
faisant chacun référence à une activité ou tache de la vie quotidienne au domicile. Parmi ces
activités on retrouve par exemple « se lever d’une chaise », « faire le tour de la maison » ou
« prendre un bain ou une douche » (voir annexe 3). Pour chacun de ces items, le patient doit
évaluer par un chiffre en 1 et 10, la confiance qu’il ressent lors de l’exécution de l’activité,
sachant que 1 et 10 correspondent respectivement à « très confiant » et « pas confiant du
tout ».
Ce questionnaire, crée par Tinetti et al, à montrer une bonne fiabilité (coefficient de
corrélation de Pearson de 0,71) pour mesurer la peur de chuter chez la personne âgée sans
troubles cognitifs (Tinetti et al, 1990). Cet outil a également été validé dans le cadre de la
maladie de parkinson (Nilson et al, 2010). Chez les personnes atteintes de SEP, seul le FES-I
(Fall Efficacy Scale International) à été validé. Il s’agit d’une version modifiée du FES
incluant 6 items supplémentaires concernant des activités à l’extérieur (Van Vliet et al, 2013).
Dans le cadre d’une hémiplégie post-AVC il n’existe aujourd’hui aucune données quand à la
validité de ce questionnaire.
Mon étude incluait des patients qui n’effectuaient pas d’activité en extérieur, mon choix s’est
donc porté sur le FES car il me semblait être le plus adapté.
Bien qu’il s’agisse d’un auto-questionnaire, dans un souci de bonne compréhension des
questions et des modalités de réponse, j’ai choisi d’interroger moi-même les patients sur les
différents items du questionnaire.
B. Résultats et analyse des résultats
1. Comparaison des deux groupes au départ de l’étude
17
Les informations recueillis au départ de l’étude concernant les deux groupes ont été
regroupées dans les deux tableaux suivants (tableau 1 et tableau 2) :
Groupe contrôle (N=5)
Moyenne (Ecart type)
Groupe RDS (N=5)
Moyenne (Ecart type)
Age (en année) 68 (19,6) 60(12,2)
IMC 24,2 (2,1) 26,7 (5,6)
Ancienneté de la pathologie
(en années)
13,4 (10,1) 13,4 (7,9)
Nombre de médicaments
journaliers
4,2 (3,5) 3,4 (1,8)
Périmètre de marche (en m) 1720 (2198) 1060 (1653)
Nombre de chutes dans les 6
derniers mois
0,8 (0,5) 3,2 (3,9)
Tableau 1
Groupe contrôle (N=5)
Pourcentage
Groupe RDS (N=5)
Pourcentage en %
Sexe féminin 20% 20%
Etudes supérieures 20% 0%
Maladie de Parkinson 60% 20%
AVC 20% 40%
Sclérose en plaques 20% 20%
Présence d’un étage au
domicile
60% 40%
Présence d’un conjoint 80% 80%
Aide à domicile 20% 20%
Aide technique à la marche 60% 60%
Capacité à se relever avec
aide
100% 100%
Capacité à se relever sans aide 60% 20%
Tableau 2
18
La comparaison des moyennes et des pourcentages des tableaux 1 et 2 ne montrent aucune
différence significative entre les deux groupes pour chacun des paramètres (p>0,05).On peut
donc dire, qu’au départ de l’étude, les deux groupes sont identiques et comparables.
2. Peur de chuter
Les mesures de la peur de chuter avant (J=0) et après (J=3 semaines) l’intervention sont
répertoriées dans le tableau 3 :
Moyenne (écart
type)
EVA à J=0 EVA à J=3
semaines
FES à J=0 FES à J=3
semaines
Groupe contrôle 4,4 (2,2) 4,6 (2,3) 33,4 (10,8) 34,4 (15,8)
Groupe RDS 5,6 (0,5) 4,4 (0,9) 38,8 (14,4) 33,5 (9,7)
Tableau 3
a) Comparaison des moyennes entre les deux groupes
(avant et après l’intervention).
Pour la comparaison des moyennes, le test de Student était utilisé lorsque les valeurs suivaient
une loi normale et des tests non paramétriques dans le cas contraire (Wilcowon et Mann-
Whitney). Le seuil de significativité retenu était une valeur de la p value inférieure à 0,05.
L’exploitation des données a été réalisée à partir du tableur Excel® et le logiciel Sigma plot
11.0.
La comparaison des moyennes entre les groupes témoin et RDS à J=0 ne montre aucune
différence significative (p>0,005) pour les deux critères d’évaluation EVA et FES. Les deux
groupes sont donc statistiquement identiques pour le paramètre « peur de chuter » avant
l’intervention. Ceci nous permet de mesurer l’effet de l’intervention sur ce paramètre. à J=3
semaines.
La comparaison des moyennes entre les deux groupes à J=3 semaines ne révèle aucune
différence significative pour l’EVA et le FES. On peut donc dire qu’il n’y a pas d’effet
statistiquement significatif de l’intervention « relevé du sol » sur les deux mesures de la peur
de chuter. Toutefois, il peut être intéressant de mesurer l’effet clinique en comparant les
résultats intra groupe avant et après l’intervention.
19
b) Comparaison des moyennes au sein du même groupe
avant et après l’intervention
Pour le groupe contrôle, la comparaison des moyennes entre J=0 et J=3 semaines ne montre
aucune différence significative pour les deux mesures EVA et FES.
Graphique 1: Résultats des mesures du groupe contrôle avant et après l'intervention
Pour le groupe RDS, en ce qui concerne la mesure du questionnaire FES, on observe une
diminution du score entre J=0 et J=3 semaines mais la comparaison des moyennes nous
informe que cette différence n’est pas significative. A l’inverse, pour la mesure de l’EVA de
la peur de chuter, la comparaison des moyennes met en évidence une différence significative
entre J=0 et J=3 semaines (p=0,03).
Graphique 2: Résultats des mesures du groupe « RDS » avant et après l'intervention
0
5
10
15
20
25
30
35
40
EVA FES
Avant
Après
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
EVA FES
Avant
Après
20
C. Discussion
Cette étude met en évidence un point intéressant : bien que l’analyse des résultats ne montre
aucun effet statistiquement significatif de l’intervention « relevé du sol » sur la peur de chuter
en comparaison avec le groupe contrôle , la comparaison avant et après l’intervention suppose
qu’il existe néanmoins un intérêt sur le plan clinique. En effet, on observe une diminution
significative de 1,2 point sur l’EVA de la peur de chuter dans le groupe RDS, ce qui n’est pas
négligeable.
Toutefois, l’effet observé est à relativiser car bien que cette étude présente quelques points
positifs, il existe plusieurs biais sur le plan méthodologique qui sont à prendre en compte.
Parmi les points positifs, on peut noter la présence d’un groupe contrôle ce qui permet de
déterminer si l’effet observé est bien en lien avec l’intervention. Aussi, il est intéressant de
souligner que les patients étaient « en aveugle », en d’autres termes ils ne savaient pas si ils
faisaient parti du groupe contrôle ou du groupe intervention. Ainsi, leurs réponses à J=3
semaines n’ont pas été biaisées.
Parmi les biais on peut noter ceux en lien avec la sélection des patients. En effet, il existe un
biais de recrutement car tous les sujets qui ont participé à l’étude ont été choisis car ils
faisaient parti de la patientelle du cabinet. Ils ne sont donc peut-être pas représentatifs de la
population générale. Aussi, les patients ayant été choisis sur la base du volontariat, les
résultats auraient pu être différents chez des patients contraints de participer à l’étude.
On peut également évoquer quelques biais méthodologiques à commencer par celui en lien
avec la taille de l’échantillon. En effet, celui-ci était très faible, il y a un risque qu’il ne soit
pas représentatif de la population générale. Pour être représentatif, chaque groupe aurait du
être constitué d’un minimum de 30 patients.
Aussi, les populations de chaque groupe n’étaient pas homogènes et présentaient plusieurs
pathologies dans des proportions différentes. Or, nous avons vu dans la littérature que
chacune de ses pathologies présentes des particularités en ce qui concerne la peur de chuter. Il
conviendrait de réaliser trois études différentes afin de mesurer l’intérêt pour chacune d’elles.
21
Par ailleurs, on remarque que le thérapeute n’était pas en aveugle. En effet, étant la seule
intervenante dans l’étude, j’étais dans l’obligation de connaitre à quel groupe appartenait
chacun des patients. Aussi, pour cette même raison, l’intervention et la mesure des résultats
ont été effectué par la même personne. Ces deux éléments vont créer des biais de subjectivité
de l’intervenant qui peut interpréter plus ou moins les réponses données par les patients selon
leur appartenance à l’un ou l’autre groupe.
En outre, en ce qui concerne l’évaluation de la peur de chuter, il est important de souligner
que les outils de mesures utilisés sont subjectifs. L’échelle visuelle analogique et le
questionnaire FES ne sont pas des mesures directes car ils sont en lien avec le ressenti du
patient. Aussi, comme je l’avais précisé précédemment, le questionnaire FES n’a pas été
validé chez les personnes hémiplégiques suite à un AVC ou atteint d’une sclérose en plaques.
Enfin, la version française du FES n’ayant pas été validée, la traduction que je propose n’est
peut être pas aussi fiable que la version originale.
En ce qui concerne l’intervention, ayant réalisé le protocole au cours d’un stage, j’ai été
contrainte de l’établir sur une courte période et de ne réaliser qu’une seule séance par
semaine. Or, la technique du relevé du sol est un apprentissage basé sur la répétition des
gestes. Afin de mesurer l’effet, il conviendrait de réaliser une étude sur une période minimale
de 6 semaines avec des séances pluri hebdomadaires.
D. Conclusion
Etant intéressée par la prise en charge des patients en neurologie, j’ai rapidement observé que
les chutes étaient un problème récurrent lors du retour à domicile, et que les conséquences
psychologiques de ces chutes étaient souvent négligées. Pour ces diverses raisons, j’ai décidé
de réaliser mon travail autour de ce thème. En m’intéressant à la peur de chuter, je me suis
rendu compte que bien qu’elle soit responsable chez ces patients, comme chez la personne
âgée, d’une limitation des activités et une perte d’autonomie, il n’existait aucune
recommandation quand à sa prise en charge. En effet, à l’heure actuelle alors que le corpus est
riche en études portant sur les facteurs de risques et les conséquences de la peur de chuter, peu
d’entre elles proposent des moyens de prise en charge efficaces.
22
J’ai décidé de me penché sur l’apprentissage du relevé du sol, recommandé chez la personne
âgée chuteuse, qui m’a semblé, pour plusieurs raisons, être une technique approprié pour
prendre en charge le coté psychologique de la chute.
J’en suis arrivé à la problématique suivante : « En quoi l'apprentissage du relevé du sol peut-il
être en lien avec la peur de chuter chez le patient ayant une pathologie neurologique centrale
vivant à domicile? » à laquelle j’ai tenté de répondre en réalisant une étude expérimentale.
Mon étude ne montre aucune différence significative entre les deux groupes après
l’intervention, toutefois, dans le groupe « relevé du sol », on observe une diminution de la
peur de chuter. Bien entendu, cette diminution est à relativiser au regard des nombreux biais
de l’étude comme notamment la taille de l’échantillon. Aussi, la différence observée étant
intra-groupe, rien n’exclus quelle ne soit liée à un autre paramètre que l’intervention.
Ce résultat ne permet pas de conclure sur un effet positif de l’apprentissage du relevé du sol
sur la peur de chuter mais il constitue néanmoins, de part son intérêt clinique, une piste de
réflexion intéressante pour d’éventuelles recherches futures. En effet, il conviendrait de
réaliser une étude sur un échantillon plus grand et centré sur une pathologie afin de limiter les
disparités au sein des groupes.
Ce travail a été enrichissant et m’a permit de m’initier à la construction d’une démarche
scientifique. En effet, j’ai su, à partir d’un questionnement initial, poser une problématique et
tenter ensuite d’y répondre au travers d’un protocole expérimental. J’ai également su
développer un esprit critique sur la qualité méthodologique de certaines études et notamment
sur les différents biais, y étant moi-même été confronté lors de la réalisation de mon travail.
23
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LES ANNEXES
ANNEXE 1 : Exemple de séance de « relevé du sol » au domicile avec un patient
parkinsonien avec passage par la voie latérale avec guidance verbale et tactile:
Photo 1: Départ décubitus dorsal
Photo 2: Latérocubitus
Photo 3: Passage par la voie latérale
Photo 4: Quatre pattes
Photo 5: Genoux dressés
Photo 6: Chevalier servant
Photo 7: Passage chevalier servant à debout
Photo 8: Position debout
ANNEXE 2 : Exemple de séance au cabinet avec une patiente hémiplégique droite par le
passage en position sphinx avec guidance uniquement verbale :
Photo 1 : Départ décubitus dorsal
Photo 2 : Position sphinx
Photo 3 : Position du « ramper » pour le passage a quatre pattes
Photo 4 : Position genoux dressés
:
La station debout est ensuite obtenue comment précédemment par le passage par la position
chevalier servant et l’utilisation d’un appui antérieur (chaise).
ANNEXE 3: Le questionnaire Fall Efficacy Scale (FES)
ANNEXE 4 : Questionnaire patient
NOM : PRENOM
AGE : DATE :
PROFESSION (ancienne si retraité): Taille/Poids :
PATHOLOGIE ET TRAITEMENT:
Date du diagnostic ou de l’AVC :
Nombre de médicaments par jour :
DOMICILE :
Lieu de vie (maison, appartement…) : Etage :
Aide à domicile :
Situation familiale :
MARCHE :
Périmètre de marche : Aide technique :
ANTECEDENTS DE CHUTE :
Chutes antérieures : oui / non
Si oui : Combien dans les 6 derniers mois ?
Avez-vous réussi à vous relever ? Oui / Non
Si oui : Avec aide ? Oui/Non
Echelle visuelle analogique de la peur de chuter (EVA):
En règle générale, comment estimez-vous votre peur de chuter?
Réglette avec 0= Pas de peur 10= Peur maximale
FALLS EFFICACY SCALE
Quel niveau de confiance avez-vous en réalisant ces activités ? (entre 1 et 10)
Activités Score (1=Très confiant, 10=Pas confiant du tout)
Prendre un bain ou une douche
Ouvrir les armoires et les placards
Marcher autour de la maison
Préparer un repas ne nécessitant pas de porter des
objets lourds ou chauds
Se coucher et se lever du lit
Ouvrir la porte ou répondre au téléphone
S’assoir et se lever d’une chaise
S’habiller et se déshabiller
Faire sa toilette
S’assoir et se lever des WC
TOTAL
ANNEXE 5 Fiche de lecture 1
Référence FRIEDMAN S.M., MUNOZ B., WEST S.K. et al. Falls and fear of
falling: which comes first? A longitudinal prediction model suggests
strategies for primary and secondary prevention. Journal of the
American Geriatrics Society, 2002, vol 50, n°8, p 1329-35.
Localisation Lien :http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1046/j.1532-
5415.2002.50352.x/pdf
Sujet traité Cet article s’intéresse au lien entre les chutes et le développement d’une
peur de la chute chez le sujet âgé.
Résumé sélectif
Introduction :
Alors que l’on sait qu’il existe un lien entre la chute et la peur de tomber,
le but de cette étude est de déterminé si la peur de chuter à l’origine ou
bien une conséquence de la chute.
Méthode :
Il s’agit d’une étude observationnelle réalisée auprès de 2212 participants
âgés de 65 ans à 84 ans et vivant au domicile.
Un questionnaire a été donné à chacun des participants afin d’identifier les
antécédents de chutes, la peur de chuter et différents facteurs prédictifs de
chute exprimés à un instant donné. Ce même questionnaire a été rempli 20
mois plus tard dans le but de déterminer les éventuels liens de causalité
entre les différents facteurs.
Résultats :
En ce concerne le lien de causalité entre la chute et la peur de chuter, il
ressort de l’étude deux idées principales. Avoir chuté avant l’étude était un
facteur prédictif de développement d’une peur de chuter a posteriori plutôt
modeste. A l’inverse, l’expression d’une peur de tomber au début de
l’étude, associée ou non à une chute antérieure, semble être un important
facteur prédictif de chute et ce, d’autant plus si cette peur est accompagnée
de restrictions d’activités.
Par ailleurs, on peut noter également qu’un antécédent d’AVC favorise
l’apparition d’une chute et de la crainte de la chute. Aussi, la maladie de
Parkinson semble prédire d’éventuelles chutes dans les mois suivants.
Conclusion :
Les personnes qui sont concernés par un des deux facteurs de risques, les
chutes ou bien la peur de chuter, ont une grande probabilité de développer
l’autre facteur dans les mois à venir et ainsi de rentrer dans un cercle
vicieux de la chute et du déconditionnement.
Définition(s) Peur de chuter (fear of falling): Elle est définie comme une
préoccupation permanente de la chute qui conduit à un évitement,
par le sujet qui l’exprime, des activités de la vie quotidienne alors
que ce dernier est en capacité de les effectuer.
Source: Tinetti M, Powell L. Fear of falling and low self-efficacy:
a cause of dependence in elderly persons. J Gerontol 1993;48:35–
8
Citation(s) « Falls at baseline were an independent predictor for the onset of fear of
falling after 20 months, and fear of falling at baseline independently
predicted becoming a faller”
“Because each of risk factor for the other, an individual who has one of the
factors is at risk for developing the other.”
Mots clés Falls/chutes
Fear of falling/ Peur de chuter
Older adults/ Personnes agées
Prédictors/ prédicteurs
Pistes de lectures
complémentaires
Cumming RG, Salkeld G, Thomas L et al. Prospective study of the
impact of fear of falling on activities of daily living, SF-36 scores,
and nursing, home admission. J Gerontol A Biol Sci Med Sci,
2000, M299-M305
Walker JE, Howland J. Falls and fear of falling among elderly
persons living in the community : occupational therapy
interventions. Am J Occup Ther, 1991, 119-122
Commentaire Cette étude aborde un aspect intéressant du lien entre la chute et la peur de
chuter. Alors que le développement d’une crainte suite à la chute semble
logique, l’inverse est bien moins connu et sous estimé. En effet, cet article
met l’accent sur un point : le lien de causalité semble être plus important
dans le sens peur de chuter prédictif de chute que l’inverse. Aussi, il met
en évidence que la peur de tomber est également présente chez les
personnes n’ayant jamais chuté.
Il est donc important de la dépister, d’identifier les sujets à risques et de la
prendre en charge rapidement avant que la personne ne tombe dans la
spirale du déconditionnement.
ANNEXE 6 :Fiche de lecture 2
Référence BROUWER B.J., WALKER C., RYDAHL S.J. et al, Reducing fear of
falling in seniors through education and activity programs- a randomized
trial. Journal of the American Geriatrics Society, 2003, vol 51, n°6, p 829-
834
Localisation Lien: http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1046/j.1365-
2389.2003.51265.x/pdf
Sujet traité L’article porte sur l’intérêt de deux types d’intervention, un programme
d’éducation autour de la chute et un programme d’exercice physique, pour
réduire la peur de tomber chez la personne âgée.
Résumé sélectif
Introduction: L’objectif de l’étude est mettre en évidence l’effet de deux
programmes d’intervention, un centré sur l’activité physique et l’autre sur
l’éducation autour de la chute, sur la peur de tomber, l’équilibre, la force et
la santé.
Méthode: L’étude a été réalisée auprès de 38 personnes âgées vivant au
domicile sans troubles neurologiques. Chaque participant a reçu 1h
d’intervention une fois par semaine pendant 8 semaines.
Le programme d’intervention centré sur l’activité physique comprenait des
séances de stretching, des exercices à faible résistance. Le programme
d’éducation était basé sur des discussions autour de la chute et incluait des
séances sur le thème « comment se relever après une chute ».
Les mesures de la peur de chuter (balance confidence), du niveau
d’activité, de la force musculaire et de la santé mentale et physique ont été
réalisées trois fois (une fois avant et après l’intervention puis 6 semaines
plus tard) pour connaitre la persistance ou non de l’effet bénéfique à long
terme.
Résultats : Les deux programmes ont permit de réduire la peur de chuter
de manière significative. Les bénéfices semblent être maintenus à long
terme. Aussi, alors que le programme d’activité physique a permis
d’améliorer la santé physique, le programme d’éducation à montré un
intérêt dans l’amélioration de la santé mentale.
Conclusion: La peur de chuter a diminué au cours de l’étude mais sa
variation ne semble pas dépendre du type d’intervention.
Citation(s) “The education program engaged participants in discussions about their
concerns regarding falling an on topics pertaining to identifying and
reducing risk factors of falls, including environmental hazards in and out
the home, (…), and how to stand up after a fall”
“The major finding of the study was that fear of falling can be reduced
significantly by participating in education or activity programs, but the
effects accompanying improved balance confidence were program
specific”
Mots clés Peur de chuter/ Fear of falling
Confiance dans l’équilibre/ balance confidence
Health / santé
Piste de lectures
complémentaires
Tennstedt S, Howland J, Lachman M et al, A randomized,
controlled trial of a group intervention to reduce fear of falling and
associated activity restriction in older adults. J Gerontol B Psychol
Sci Soc Sci, 1998, 384-92
Commentaire A la lecture de cet article, on peut émettre quelques critiques : l’absence de
groupe contrôle ne nous permet pas d’écarter l’hypothèse que la
diminution de la peur peut n’être que le résultat de l’attention portés aux
participants pendant l’étude. Aussi, la comparaison est faite intra groupe et
non inter groupe ce qui ne nous permet pas de juger de l’efficacité de l’un
des programmes par rapport à l’autre.
Cette étude qui nous montre que deux programmes, un basé sur l’activité
physique et l’autre sur l’éducation autour de la chute, ont permis de réduire
la peur de chuter chez la personne âgée sans troubles neurologique nous
amène à nous poser plusieurs questions.
Tout d’abord, on peut se demander si l’effet d’un programme associant
éducation et activité physique ne permettrait-il pas de diminuer d’avantage
la crainte de la chute. Ce programme pourrait être basé sur un
apprentissage du relevé du sol.
Aussi, il conviendrait de réaliser une autre étude sur des sujets présentant
des troubles neurologiques afin de déterminer si les bénéfices apportés par
ces programmes peuvent se vérifient sur cette population également
concernée par la peur de chuter.
ANNEXE 7 : Fiche de lecture 3
Référence GONTHIER R. La prise en charge de la peur de tomber apporte-t-elle un
bénéfice au patient âgé chuteur vivant en milieu communautaire ? À
propos d’une étude pilote de 15 cas. Psychologie et NeuroPsychiatrie du
vieillissement, 2007, Vol 5, n° 3, p 225-34.
Sujet traité
L’article traite un problème de santé publique à savoir la chute de la personne
âgée et plus particulièrement la prise en charge de l’une de ses conséquences
psychologiques: la peur de tomber.
Résumé sélectif
Introduction : Alors que les conséquences physiques des chutes chez la
personne âgée sont bien prises en charge, les conséquences psychologiques,
et notamment la peur de tomber, sont parfois négligées. Pourtant, elles
peuvent être responsables du basculement vers un « syndrome de
désadaptation motrice » chez la personne âgée fragile. Il convient donc
s’intéresser aux effets bénéfiques d’une prise en charge pluridisciplinaire de
la peur de chuter.
Méthode : Il s’agit étude pilote réalisée sur des personnes âgées ayant chutés
dans les 6 derniers mois et vivant au domicile. Chaque patient a reçu une
prise en charge pluridisciplinaire comprenant : un programme
kinésithérapique centré sur l’équilibre et la peur de la chute avec travail du
relever du sol, un programme ergothérapique, un programme de reprise au
quotidien de stratégies d’équilibre et une prise en charge psychologique par le
photolangage. Des mesures des capacités fonctionnelles (échelle ADL et
IADL), de la qualité de vie (SF36) et de la peur de chuter (échelle SAFFE,
échelle visuelle analogique et verbale de la peur de chuter) ont été réalisées
avant et après l’intervention.
Résultats : Il y a une amélioration de la peur de la chute objectivée de
manière significative par les 3 échelles utilisées (p < 0,001). Aussi, on
observe une amélioration significative du score IADL, qui mesure les
capacités à utiliser les instruments de la vie courante, ainsi que de certaines
catégories de la SF 36 sur la qualité de vie.
Discussion : Cette étude met en évidence l’intérêt de d’une prise en charge
de la peur de tomber par un programme pluridisciplinaire. En effet, ce dernier
a permis de diminuer la peur de tomber et de maintenir voire d’augmenter la
qualité de vie des sujets âgés incluent dans l’étude.
Définition(s) Photolangage : « Méthode de travail en groupe de formation,
c’est la proposition qui est faite à chaque participant de
répondre à une question par des photographies(…) Chaque
participant a ainsi la possibilité de relier, dans un registre
personnel, des éléments de son expérience en fonction du thème
choisi avec ce qui lui suggère telle ou telle photographie. »
Source : http://www.photolangage.com/presentation.php
Citation(s) « En effet, la chute peut-être à l’origine d’un syndrome post-chute caractérisé
par une sidération des automatismes acquis avec perte des réactions
d’adaptation posturale et confinement au lit et au fauteuil. »
« La chute est un évènement qui constitue une rupture dans la vie su sujet
âgé, sur le plan physique, mais aussi psychique(…). Y répondre tôt, de façon
adaptée et plurielle, sans omettre la composante psychologique fondamentale,
nous parait une nécessité des services de gériatrie aujourd’hui. »
Mots clés Chute
Peur de chuter
Sujet âgé
Qualité de vie
Piste de lectures
complémentaires
Bejhassen S. Conséquences du maintien prolongé au sol. In : Jacquot
JM, Strubel D, PelissierJ., eds. La chute de la personne âgée. Paris :
Masson, 1999 : 185-90
Brouwer B.J., Walker C., Rydahl S.J. et al, Reducing fear of falling
in seniors through education and activity programs- a randomized
trial. Journal of the American Geriatrics Society, June 2003, 829-834
Tennstedt S, Howland J, Lachman M et al, A randomized, controlled
trial of a group intervention to reduce fear of falling and associated
activity restriction in older adults. J Gerontol B Psychol Sci Soc Sci,
1998, 384-92
Commentaire Cet article est intéressant car il traite du versant psychologique des chutes,
peu étudié jusqu’à présent. Ces résultats suggèrent que la prise en charge de
la peur de tomber semble être bénéfique chez le sujet âgé.
Sur le plan méthodologique on peut toutefois émettre quelques critiques
notamment sur l’absence d’un groupe contrôle. En effet, les mesures de la
peur de chuter ainsi que de la qualité de vie ont été réalisée intra-groupe avant
et après l’intervention. Ainsi, rien ne permet d’écarter l’éventualité que les
améliorations observées ne soient dut qu’à l’intérêt porté par les soignants
aux personnes âgées au cours de l’étude.
Par ailleurs, cette étude nous montre l’effet d’une prise en charge
multidisciplinaire comprenant quatre programmes d’interventions différents.
Il pourrait être intéressant de réaliser quatre études différentes afin
d’objectiver l’intérêt de chaque programme de manière individuel.