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DONNER LA VIE SANS ÊTRE EN PÉRIL BIMESTRIEL BELGE FRANCOPHONE D’AMNESTY INTERNATIONAL AVRIL / MAI 2010 N°2 PÉRIODIQUE BIMESTRIEL Rue Berckmans 9, 1060 Bruxelles Éditrice responsable : Christine Bika Bureau de dépôt : Bruxelles X N° agréation : P901135 BELGIQUE-BELGIË P.P. - P.B. 1/23456

Le Fil Avril-Mai 2010

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Le bimestriel d'Amnesty International Belgique francophone

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DONNERLA VIE SANSÊTRE EN PÉRIL

B I M E S T R I E L B E L G E F R A N C O P H O N E D ’ A M N E S T Y I N T E R N AT I O N A LAVRIL / MAI 2010 N°2

PÉRIODIQUE BIMESTRIELRue Berckmans 9, 1060 Bruxelles Éditrice responsable : Christine BikaBureau de dépôt : Bruxelles X N° agréation : P901135

BELGIQUE-BELGIË

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Levez-vous plus tôt trois fois par an pour aider Amnesty!À trois reprises par an, nous allons àla rencontre du grand public endistribuant ce que nous avons baptiséun « dazibao », c'est-à-dire unjournal-affiche, similaire à celui quevous trouverez au centre de cenuméro.Le 8 mars (journée du droits desfemmes), le 26 juin (journée desolidarité avec les victimes de latorture) et le 17 octobre (journée delutte contre la pauvreté), nousdistribuons donc dans les principalesgares du pays, et parfois aux sortiesd'autoroutes, ce dépliant qui nonseulement informe et propose desactions concrètes, mais aussi peutêtre affiché au bureau, à la maison,au Centre culturel, etc.Nous sommes toujours à la recherchede distributeurs. Si vous pouvez nousaider (allons, il faut se lever tôtseulement trois fois par an!), prenezcontact avec Jehona Krenzi([email protected]), ou inscrivez-voussur http://www.amnesty.be/dazibaos

© Amnesty International Publications 2010www.amnesty.org

AIBF et ÉFAI pour la version belge francophone9, rue Berckmans • 1060 Bruxelles Tel.: 02/538.81.77 • Compte: 001-0520520-94www.amnesty.beImprimé par Remy Roto sur papier recyclé.

Tous droits de reproduction réservés.Cette publication ne peut faire l’objet, en toutou en partie, d’aucune forme de reproduction, d’archivageou de transmission, quels que soient les moyens utilisés(électroniques, mécaniques, par photocopie, parenregistrement ou autres), sans l’accord préalable deséditeurs.

Photo de couverture : Hawa (ce n’est pas son vrai nom) 23ans, avait eu des difficultés lors de son accouchementtrois jours auparavant et avait été envoyée dans unhôpital régional pour y subir une césarienne. On lui a alorsdiagnostiqué une anémie. Comme elle ne récupérait passuite à la césarienne, l’hôpital l’a référée deux jours plustard à l’hôpital Yalgado (à Ouagadougou). Là, les médecinsont diagnostiqué une anémie, de l’hypertension et uneinsuffisance rénale aiguë (IRA). Elle est restéeinconsciente durant une bonne partie de son séjour àYalgado et lorsqu’elle a recouvré ses esprits, elle étaitdésorientée. Elle est morte huit jours plus tard le 1er juillet2009. © Anna Kari

Sur cette page : Fin de journée. Mamounata, 55 (enbleu/orange) et Fatimata (portant un bébé dans le dos) entrain d’aller chercher de l’eau. © Anna Kari

Nombreux sont celles et ceux — moi y compris — qui se sont demandéce qu'Amnesty allait bien pouvoir dire, et surtout faire concrètement,pour participer à l'éradication de la mortalité maternelle. Ce fléau quitue une femme chaque minute dans le monde fait déjà l'objet d'uneattention soutenue de la communauté internationale puisqu'il est lesujet d'un des Objectifs du Millénaire, ces objectifs que la communauté

internationale s'est donnés en 2000. Alors, à la veille de l'évaluation que vont mener les Nations unies enseptembre de ces Objectifs, que reste-t-il à faire? Beaucoup. Dix ans plus tard, le taux de mortalitématernelle n'a pas diminué, loin de là, en Afrique de l'Ouest, par exemple. Une femme sur huit meurt endonnant naissance au Sierra Leone. C'est là que nous intervenons, en faisant pression sur les gouvernementstant occidentaux que locaux pour qu'ils prennent les choses au sérieux et se décident à écouter les femmes,et surtout les plus pauvres et les plus démunies. Vous pourrez le voir prochainement dans un petit film quenous avons tourné sur notre action au Burkina Faso. Mais à y regarder de plus près, il ne s'agit pas seulementd'un manque d'argent, ou même d'argent mal utilisé. Une femme américaine court cinq fois plus de risquesde mourir en donnant naissance qu'une femme grecque... Et en parlant avec des femmes burkinabé, je mesuis rendu compte que si elles étaient évidemment ravies qu'on ne leur fasse plus payer leur accouchement,elles ne voulaient pas que leur mari en profite pour les obliger à faire neuf enfants au lieu de sept... Bref,elles voulaient bénéficier de leurs droits sexuels et reproductifs. Et cette revendication-là, Amnesty la connaîtbien et va la rappeler aux gouvernements en septembre. Ce sera notre valeur ajoutée.

Philippe Hensmans, directeur d'AIBF

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DÉTENUS DE GUANTÁNAMO : CAMPAGNEPOUR LA PROTECTION INTERNATIONALEAmnesty International fait appel aux États pour qu’ils soient plusnombreux à offrir leur protection aux détenus de Guantánamorisquant de subir des violations des droits fondamentaux dansleur pays. Pour en savoir plus sur cette campagne, rendez-vousen PAGE 23.

DONNER LA VIE SANS ÊTRE EN PÉRIL Chaque année, au Burkina Faso, plus de2 000 femmes succombent à des complicationsliées à la grossesse et à l’accouchement. Aux États-Unis, plus de deux femmes meurentchaque jour pour ces mêmes raisons. Pourquoide tels drames se produisent-ils encore, alorsque, dans bien des cas, ces morts auraient pu être évitées ? PAGE 4

SUIV

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LA BONNE FAÇON DE COMBATTRE LA PAUVRETÉLes Objectifs du millénaire pour le développement définis parles Nations unies doivent faire du respect des droits humainsune priorité absolue dans la lutte contre la pauvreté.Découvrez pourquoi en PAGE 24.

JOURNÉE MONDIALEDE LA LIBERTÉ DE LA PRESSEDes journalistes continuent à être tués, emprisonnés etharcelés pour avoir fait leur travail. Informez-vous sur larépression infligée aux médias indépendants en Somalie(PAGE 9), à Cuba (PAGE 10), au Yémen (PAGE 10), et passez à l’action.

APPELSMONDIAUXLISEZ,DIFFUSEZ,AGISSEZ VOIR L’ENCART

ET PUIS ENCORE :Nous vous proposons trois CARTES POSTALES à signer et à envoyer : dites halte aux atteintes aux droits fondamentaux des migrants au Mexique (plus de détails en PAGE 30); ; demandez aux autoritésitaliennes d’abandonner un nouveau plan de relogementqui a un caractère discriminatoire envers les Roms (PAGE 9) et engagez le gouvernement malaisien à mettreun termeà toutes les formes de châtiments corporels(PAGE 30). Faites connaissance avec la GuatémaltèqueIduvina Hernández, journaliste et défenseure des droitshumains, en lisant son interview (Q&R, PAGES 21-22), et découvrez des actions à mener face à la torture auKazakhstan, aux persécutions contre les membres dela communauté ahmadiyya en Indonésie (PAGE 28), et aux mauvais traitements policiers en France (PAGE 29).

AGENDA D’AMNESTY INTERNATIONALBELGIQUE FRANCOPHONE

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TROIS AFFICHES EN PAGES CENTRALES

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ORTALITÉ MATERNELLE

Une semaine après la naissance de ses jumeaux,Mariam, qui vit à Ouagadougou, au BurkinaFaso, a commencé à souffrir de vertiges et de

violents maux de tête. Ali, son mari, l’a ramenée àl’hôpital. « Mariam gémissait et tremblait énor-mément. Plusieurs soignants m’ont demandé depayer pour différents produits, je ne sais paslesquels, explique-t-il. J’ai payé plusieurs fois ».Le lendemain, il a fallu conduire de nouveauMariam au service des urgences. Son mari a reçuune autre ordonnance et a dû payer une boîtede gants chirurgicaux.

« Après deux heures d’attente, je suis allédemander pourquoi ma femme n’avait toujours reçuaucun traitement. On m’a répondu qu’il y avait desgens plus malades à soigner avant elle. J’ai continuéà attendre, puis je leur ai demandé pourquoi ils nes’occupaient toujours pas de ma femme. On m’arépondu : “C’est d’abord à vous de vous occuperde votre patiente.” J’ai alors compris que je devaispayer pour qu’on s’occupe de ma femme.J’ai donné plus de 5 000 francs CFA (environ7,50 €) et on s’est enfin occupé de ma femme. »Ali a reçu une nouvelle ordonnance, mais sa femmeest morte avant de pouvoir en bénéficier. « Ma sœurest morte faute de moyens et de soins suffisants, a

souligné le frère aîné de Mariam. L’hôpital, c’estcomme une chambre de commerce. Si vous êtespauvre, on vous néglige ; si vous pouvez payer, ons’occupe de vous. »

Chaque année, au Burkina Faso, plus de2 000 femmes succombent à des complicationsliées à la grossesse et à l’accouchement. La plupartde ces décès pourraient être évités. Certainesfemmes n’ont pas pu rejoindre l’établissementoù elles auraient pu recevoir des soins, ou y par-viennent trop tard. De nombreuses femmesmeurent parce que leur famille ne peut pas payerles frais exigés par le personnel médical. Pourd’autres, l’issue fatale est due à une pénurie deproduits sanguins, de médicaments, d’équipementou de personnel médical qualifié.

La santé maternelle est une question de droitshumains. La mortalité maternelle évitable résultede différentes violations des droits humains –citons le droit à la vie, le droit de ne pas subir dediscrimination et le droit de jouir du meilleur état desanté susceptible d’être atteint. Lorsqu’une femmemeurt pendant une grossesse ou un accou-chement parce que son pays n’a rien fait pouréliminer les causes évitables de mortalitématernelle, c’est l’État qui viole son droit à la vie.

LES FEMMES N’ONT PAS LEUR MOT À DIRELes femmes du Burkina Faso subissent desdiscriminations dans tous les aspects de leur vie,notamment en ce qui concerne l’accès à l’éduca-tion, aux soins de santé et à l’emploi. Dans les zonesrurales, en particulier, les femmes ne décident engénéral ni d’avoir des enfants, ni du moment oùelles les auront, ni de leur nombre. Si elles n’ont pasd’enfants, elles subissent souvent abandon et rejet.Les décisions dans ce domaine leur échappent,mais elles les paient de leur vie. La discrimination vaplus loin : ce sont les femmes les plus pauvres, lesmoins instruites et celles qui vivent dans des zonesrurales (à savoir 80 % de la population) qui risquentle plus de mourir de complications liées à la gros-sesse et à l’accouchement.

Le gouvernement du Burkina Faso a adopté desmesures pour mettre fin à cette injustice. En février2010, le président s’est engagé à lever tous les

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Lorsqu’une femme meurt de causes évitables pendant une grossesse ou en accouchant, l’État dont elle dépend viole son droit à la vie. Certaines femmes ne peuvent pas accéder à des soins de santé satisfaisants en raison de leur pauvreté ; d’autres font face à des obstacles liés à leur origine ethnique ou à leur nationalité. La discrimination nuit à la santé des femmes dans le monde entier.LE FIL examine la situation au Burkina Faso et aux États-Unis, deux pays que tout sembleséparer, mais qui pratiquent l’un commel’autre une négation mortelle des droits des femmes enceintes.

Photo : Des complications sont survenues lors del’accouchement de Korotoumou O dans un centrede santé local. Elle a été conduite à l’hôpital,mais un de ses jumeaux était mort-né. Ouahigouya, Burkina Faso (juin 2009).

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obstacles financiers aux soins obstétricaux d’ur-gence et à l’accès à la planification familiale, dansle cadre d’une stratégie de réduction de lamortalité maternelle dans le pays. Auparavant, legouvernement subventionnait le coût de la santématernelle à hauteur de 80 % et accordait lagratuité des soins aux femmes vivant dans uneextrême pauvreté (femmes indigentes). Cepen-dant, le coût des soins empêche encore desfemmes de bénéficier de traitements qui lessauveraient, et les familles se voient presquetoujours demander des sommes supérieures à latarification officielle. Souvent, des professionnelsde santé exigent des paiements informels enéchange de soins, de fournitures ou de pres-tations de transport. Amnesty International estimeque la gratuité des soins de santé maternellepermettrait à toutes les femmes enceintes –notamment pour les moins fortunées, – d’enbénéficier.

UNE CRISE SANS FRONTIÈRES

Le Burkina Faso est un des pays les plus pauvresdu monde. Mais, si le manque de ressources posedes problèmes, il arrive aussi qu’un État ne fassepas de son mieux, avec des ressources bienréelles, pour permettre à toute la population dejouir du droit à la santé (y compris la santésexuelle et reproductive). Aux États-Unis, parexemple, les dépenses de santé sont les plusfortes du monde, et la santé maternelle est l’objetde frais plus élevés que tout autre type de soinhospitalier. Pourtant, les femmes des États-Uniscourent plus de risques de mourir de compli-cations liées à la grossesse que dans 40 autrespays. Aux États-Unis, plus de deux femmesmeurent chaque jour de compli-cations liées à lagrossesse et à l’accouchement. Environ la moitiéde ces décès pourraient être évités si les soinsde santé maternelle étaient disponibles, acces-sibles et de bonne qualité pour toutes lesfemmes du pays.

Pour de nombreuses femmes, notammentcelles qui ont de faibles revenus et en particulierdans les zones rurales et les quartiers défavorisés,les soins de santé ne sont pas abordables.

Près de 13 millions de femmes en âge deprocréer (15 à 44 ans) – soit une sur cinq – n’ontpas d’assurance maladie. Environ 42 % desaccouchements sont couverts par Medicaid, unprogramme financé par les pouvoirs publics etdestiné aux personnes à faible revenu. Cependant,en raison d’un parcours bureaucratique difficile à suivre, les femmes remplissant les conditionspour en bénéficier tardent souvent à recevoir dessoins pendant la grossesse. Dans certains cas,parce que les frais sont élevés et les rémunéra-tions minimes, ou parce que le système Medicaidest trop compliqué, les médecins ne veulent pasou ne peuvent pas dispenser des soins de santématernelle.

Malgré les sommes considérables investies dansla santé aux États-Unis, les pouvoirs publicscontinuent de ne pas faire le nécessaire pour cellesqui ont besoin de soins de santé maternelle. Lesprofessionnels de santé ne sont pas assez nom-breux, il n’existe pas de protocoles normalisés sur leplan national pour traiter les causes principales demort, et l’information sur les signes de compli-cations et les risques d’interventions telles que lesaccouchements déclenchés et les césariennes est insuffisante. Enfin, il n’existe aucune obligation

Issaka Nabole et deux de ses fils. Une de ses troisfemmes est morte en accouchant. Burkina Faso (juin 2009).

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ORTALITÉ MATERNELLEfédérale de signaler les décès liés à la maternité –

29 États, ainsi que le District de Columbia, nerecensent même pas les cas de mortalité maternelle.

Aux États-Unis, étant donné les carences dusystème de santé, la mauvaise santé est relative-ment fréquente chez les femmes vivant dans lapauvreté qui entament une grossesse et ellesreçoivent souvent des soins prénatals tardifs ou peuappropriés. L’attention dont elles bénéficientpendant l’accouchement est insuffisante ou inadap-tée et leur accès aux soins après la naissance estlimité. Les conséquences peuvent être désas-treuses. Les femmes qui ne bénéficient pas de soinsprénatals courent trois à quatre fois plus de risquesde mourir de complications liées à la grossesse quecelles qui en reçoivent. La mortalité des femmes quivivent une grossesse à risque est multipliée par 5,3en l’absence de soins prénatals.

LA DISCRIMINATIONEST PARFOIS MEURTRIÈREAux États-Unis, de nombreuses femmes subissentdes discriminations en raison de la couleur de leurpeau, de leur origine ethnique, de leur situation demigrantes, de leur appartenance à un peupleautochtone, de leurs faibles revenus ou parcequ’elles vivent dans une zone rurale. Dans tous lescas, ces discriminations diminuent leur chanced’accéder à des services de santé maternelleconvenables. Le risque de mourir des suites decomplications liées à la grossesse est presquequatre fois plus élevé pour les Afro-Américaines quepour les Blanches. Cette disparité est restée fixedepuis plus de 20 ans. En comparaison desBlanches, il est 3,6 fois plus fréquent que lesAmérindiennes et les autochtones de l’Alaskareçoivent des soins prénatals tardifs, voire qu’ellesn’en reçoivent pas du tout, tandis que cette situa-tion se présente 2,5 fois plus souvent pour lesAfro-Américaines et les Hispano-Américaines. Lesfemmes issues de ces minorités courent un risqueplus élevé de recevoir des soins de qualité inférieure

et de subir des comportements discriminatoires ouune prise en charge inadaptée à leur culture.

Inamarie Stith-Rouse, une Afro-Américaine de33 ans, a subi en urgence une césarienne et donnénaissance à une petite fille en bonne santé, Trinity,dans un hôpital de Boston (Massachusetts), en juin2003. Selon son mari, Andre Rouse, après lanaissance, elle éprouvait de l’angoisse et desdifficultés respiratoires, mais le personnel n’a pastenu compte de leurs appels à l’aide, affirmant quece n’était « pas grave » et qu’ils étaient « tropimpressionnables ». Andre Rouse s’est ouvert àAmnesty International de son sentiment : selon lui,des facteurs raciaux ont joué un rôle dans l’absencede réaction du personnel. Plusieurs heures ontpassé avant que les examens nécessaires ne soienteffectués, et il était alors déjà trop tard. InamarieStith-Rouse est tombée dans le coma ; elle est mortequatre jours après. Andre Rouse se rappelle : « Lesdernières paroles qu’elle m’a adressées, c’était :“Andre, j’ai peur.” »

Depuis plus de 20 ans, les autorités américainesn’ont remédié ni aux disparités en matière de santématernelle, ni à leurs conséquences. Il est essentielque le débat sur le système de santé aux États-Unisne se limite pas à la question de la couverturemaladie et aborde la nécessité de l’accès à dessoins de qualité pour tous, sur la base des principesd’égalité et de non-discrimination.

AGISSEZÀ l’occasion de la Journée mondiale de la santé, le 7 avril,rendez-vous sur le site www.amnesty.be/dignite, où voustrouverez plus d’informations sur cette question. Le rapport d’Amnesty International intitulé Donner la vie, risquer la mort. La mortalité maternelle au Burkina Fasopeut être consulté en ligne à l’adresse suivante : www.amnesty.be/mortaliteburkina. Le document Deadly Delivery:The maternal health care crisis in the USA est disponible sur http://snipr.com/v6bvg.

INTÉGRER LES FEMMES DANSLA RECHERCHE DE SOLUTIONSDarleen San Jose-Estuart est gynécologue-obstétricienne à Davao, dans le sud desPhilippines. Spécialisée dans les droits relatifs à la santé en matière de procréation, elles’efforce de faire mieux connaître les droitsdans le cadre du système de santé de son pays.Elle explique au FIL comment les praticienspeuvent aider les femmes à influer davantagesur les décisions qui concernent leur vie et leur santé.

« Dans le système de santé en vigueuraux Philippines, les établissements publics ne fournissent pas de services gratuits à lapopulation, la plupart des gens n’ont pasd’assurance maladie et les soins médicauxprivés sont coûteux. Dans ces conditions, les femmes vivant dans la pauvreté n’accèdentpas facilement aux services de santé. Pour accroître encore les difficultés dont elles souffrent, plus leur pauvreté est grande,plus leur santé est fragilisée par plusieursfacteurs : malnutrition, manque d’éducation,conditions de vie insalubres.

« En fournissant directement à certainesfemmes un ensemble de services de santéreproductive, je renforce leur capacité d’agir et je défends leurs droits. Je fais attention à leurs problèmes, je leur pose des questionsjudicieuses. Je leur explique les choix quis’offrent à elles, je les fais participer à la prise de décisions concernant leur santé et je respecte les décisions qu’elles prennentensuite en connaissance de cause. Dans uncontexte où la santé coûte cher, nous trouvonsdes moyens de répondre à leurs besoins. Je donne des informations et je les laisseposer des questions. Je tiens absolument à intégrer leur mari ou compagnon et les membres de leur famille aux entretiens,surtout lorsqu’ils ne sont pas d’accord avec leurs décisions. Si une femme refuse un traitement, je respecte sa décision. »

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En haut : Aux États-Unis, à Boston, dans leMassachusetts, Inamarie Stith-Rouse est morte quatrejours après avoir mis au monde sa fille (juin 2003).

À gauche : Aux États-Unis, à Troy, dans l’État de New York, la mère et les enfants de Diane RizkMcCabe tiennent une photo de la jeune femme(juillet 2009). En septembre 2007, Diane est mortedes suites d’une forte hémorragie, après avoir mis aumonde une fillette en bonne santé.

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DANS LES CAMPEMENTS HAÏTIENS, CHAQUE JOUR EST UN COMBATPar Gerardo Ducos, délégué d’AmnestyInternational à Port-au-Prince (Haïti)

« Deux mois après le séisme, des milliers de personnes, à Port-au-Prince et ailleurs,n’ont pas encore reçu la moindre aidehumanitaire. Dans les quatre campementsde fortune où nous sommes allés au débutde notre séjour en Haïti, chaque jour est uncombat et les conditions sont pour le moinsdéplorables. Les gens n’ont ni eau, ninourriture, ni installations sanitaires ni abri.La résilience et la solidarité qui les unitsont les seules choses sur lesquelles ilspeuvent compter. Il y a des campementspartout. Chaque espace libre, que le terrainsoit public ou privé, est occupé par descentaines, voire des milliers de personnes.Les résidents s’abritent pour la plupart sous des draps et des serviettes de toilette, des tentes, des bâches ou, pour les plusindustrieux, dans des cabanes en bois et en tôle de récupération. »Pour en savoir plus, rendez-vous surhttp://sn.im/uvdpn

FACE AUX CRITIQUES DU GOUVERNEMENTFRANÇAIS, AMNESTY INTERNATIONAL DÉFENDLES RECHERCHES MENÉES EN GUINÉEPar Mike Lewis, chercheur pour lacampagne Contrôlez les armes et pour lesdomaines militaire, policier et de sécuritéà Amnesty International

« En novembre et décembre 2009, des chercheurs d’Amnesty International se sont rendus à Conakry, en Guinée. Noussouhaitions recueillir des informations sur unépisode de violence et de violation des droitshumains qui compte parmi les plus gravessurvenus en Afrique de l’Ouest ces dernièresannées : le massacre du “Lundi sanglant”, le 28 septembre 2009, au cours duquel lesforces de sécurité guinéennes ont envoyé dugaz lacrymogène et tiré à balles réelles surdes manifestants enfermés dans le stade deConakry, tuant plus de 150 personnes etviolant plus de 40 femmes en public.

Nous avons mené des dizaines d’entretiensavec des victimes, des témoins, desprofessionnels de la santé, des responsablesgouvernementaux et des militaires. Nous noussommes procuré des séquences filmées etdes photos des événements. Puis nous avonsrecoupé ces informations avec les registresdes hôpitaux, des documents militairesconfidentiels, des éléments matériels et desrenseignements obtenus auprès d’entreprisesde sécurité privées dans le monde entier.

« Nous sommes arrivés à des conclusionsinquiétantes, constatant notamment que lalivraison des munitions, du gaz lacrymogène,des véhicules militaires et d’autres équipementsutilisés lors du “Lundi sanglant” a été autori-sée au cours de ces dernières années par desgouvernements du monde entier, entre autresle gouvernement français, alors même que lesforces de sécurité guinéennes, depuis unedizaine d’années, mettaient ce type d’armesau service d’une répression violente. »Pour en savoir plus, rendez-vous à cetteadresse : http://sn.im/uvdsg

FAIRE LE BILAN DU COMBATEN FAVEUR DES DROITS DES FEMMESTina Musuya, qui milite pour les droits desfemmes en Ouganda, a rédigé un billetdepuis la Commission de la condition de lafemme (CSW) des Nations unies, à New York.

« J’assiste à ma première CSW et c’est aussi ma première visite au siège de l’ONU à New York. Je pense que les forums nouspermettent de prendre le recul nécessairepour voir où nous en sommes vraiment dansle combat pour l’égalité des genres. Quandde grandes organisations internationales etde petites associations actives sur le terrainse rencontrent, on a l’occasion d’examinerl’ensemble des programmes et traitésinternationaux et de comparer leursdéclarations avec ce qui se passe réellement.

« Le vendredi 5 mars, j’ai pris la parole lorsd’un rassemblement animé par AmnestyInternational où l’on cherchait à voir commentles femmes qui ont subi des violencessexuelles peuvent obtenir justice et bénéficierdes services nécessaires. J’ai évoqué lasituation en Ouganda, où je travaille ; leniveau de violence sexuelle y est élevé et lesfemmes qui ont été violées n’ont guère d’autresolution que d’essayer d’oublier ce qui leur estarrivé. Elles font face à des obstacles quipeuvent sembler insignifiants – pressionsexercées par des membres de leur famille pourleur faire accepter un règlement à l’amiable,ou absence de confidentialité dans les postesde police – mais qui se dressent sur leurchemin et les empêchent d’obtenir justice. »Pour en savoir plus, rendez-vous à cetteadresse : http://sn.im/uvdr9

Campement de fortune accueillant despersonnes déplacées, à Delmas, en Haïti(mars 2010). La distribution de tentes et debâches n’a pas profité à tous les résidents.

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RENDEZ-VOUS SUR WWW.AMNESTY.ORG/LIVEWIRE POUR SUIVRE LE BLOG D’AMNESTY INTERNATIONAL

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AI 10 ]COUP DE PROJECTEUR

María Dumitru et MariusAlexandru, deux Roms d’origi-ne roumaine, ont trois jeunes

enfants. Depuis son arrivée en Italieen 2004, cette famille a subi sixexpulsions forcées mais ne s’estjamais vu proposer un logement deremplacement. Le 11 novembre2009, ils ont été expulsés de forced’un campement près de Via Cento-celle, à Rome. « Maintenant, on vadormir dans la rue. Qu’est-ce qu’onpeut faire ? commente MariusAlexan-dru. Nous sommes passéspar sept campements différents encinq ans. »

Le site de Via Centocelle faisaitpartie de la centaine de campementsroms de la capitale italienne. Lesautorités italiennes ont élaboré unprojet consistant à les fermerpresque tous et à reloger certains deleurs résidents dans 13 camps situésà la périphérie de la ville.

En vertu de ce projet, le PlanNomades, élaboré sans consultationréelle des personnes concernées aupremier chef, des milliers de Romsseront expulsés de leur habitationactuelle. Certains – les critères restentflous – se verront proposer unlogement de remplacement dansd’autres camps, mais aucune solutionpermanente. D’autres n’auront pascette chance. Ils devront faire de leurmieux pour trouver un abri, là où celas'avère possible, jusqu’à ce qu’on les contraigne de nouveau à quitter les lieux.

L’Italie est tenue, en vertu deplusieurs traités internationauxrelatifs aux droits humains, des’abstenir de recourir aux expulsionsforcées et même de les empêcher.Amnesty International estime que lePlan Nomades entraînera toute unesérie de violations des droitshumains, qui enfermeront les Roms

dans le cercle vicieux de la discrimi-nation, de la marginalisation et de lapauvreté. Les Roms éprouvent déjàdes difficultés à trouver un emploistable ; ils se débrouillent généra-lement seuls pour joindre les deuxbouts, la plupart du temps en recy-clant de la ferraille ou commetravailleurs manuels occasionnels. LePlan Nomades risque d’aggraverencore la situation en raréfiant pourles Roms les occasions de trouver unemploi, et en réduisant la possibilitéd'une intégration dans la sociétéitalienne.

AGISSEZVeuillez signer la carte postale (voir encart)et l’envoyer aux autorités italiennes.

Demandez-leur de reporter la mise en œuvre du Plan Nomades, de le remanier en se fondant sur une authentique consultation auprès de ceux qu’il vise, et de faire en sorte qu’il respecte et protège les droits humains.

LES AUTORITÉS ITALIENNESPORTENT ATTEINTE AU DROITAU LOGEMENT DES ROMS

María Dumitru, Marius Alexandru et leur fille chez eux, dans le campementde Via Centocelle à Rome, en septembre2009. Leur habitation a été détruite parles autorités deux mois plus tard.

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A li Yusuf Adan, correspondant deRadio Somaliweyn, a été enlevé le21 février 2010 à Wanleweyn par

le groupe armé Al Shabab, vraisem-blablement à la suite de la diffusiond’un reportage sur un homicide com-mis dans la région. Son cas n’est pasisolé : d’autres journalistes ont étéharcelés, voire tués.

La Somalie reste l’un des endroitsles plus dangereux au monde pour lesjournalistes. Au cours de la seuleannée 2009, neuf d’entre eux ont ététués – dont trois intentionnellement,par balle. Depuis 1991, jamais lenombre annuel d’homicides de jour-nalistes n’avait été aussi élevé. Face à cette situation, beaucoup de

professionnels des médias ont quittéle pays. Ceux qui restent, peunombreux, s’exposent au risque d’êtretués ou blessés lors d’attaquesaveugles ou délibérées.

En février 2009, Said TahlilAhmed, directeur de la station deradio indépendante HornAfrik, a étéabattu sur le marché de Bakara, àMogadiscio, la capitale. Il avait étéconvoqué, avec d’autres journalistes,pour rencontrer des membres d’AlShabab qui étaient mécontents de lafaçon dont les médias locaux avaientcouvert la nomination du nouveauprésident du gouvernement fédéral detransition. Al Shabab avait dénoncél’élection et considérait le présidentnouvellement élu comme illégitime.

Des groupes armés opposés augouvernement somalien contrôlentmaintenant de nombreuses villes. Ilslimitent les sujets sur lesquels lesmédias locaux peuvent travailler,ferment des stations de radio et

menacent les journalistes qui refusentde les soutenir sans pour autantquitter le pays. Il est devenu presqueimpossible de diffuser des informa-tions essentielles sur la situation dupays, tant à l’intérieur de la Somaliequ’à l’étranger. Jusqu’au début del’année 2009, le gouvernement fédé-ral de transition, lui aussi, harcelait etattaquait régulièrement les journalistes.

En janvier 2009, Hassan MayowHassan, 36 ans, correspondant deRadio Shabelle, a été abattu dans laville d’Afgoye, à 30 km au sud deMogadiscio. Il aurait été arrêté par dessoldats de l’armée régulière, quil’auraient accusé de collaborer avecdes groupes armés et lui auraient tirédeux balles dans la tête.

AGISSEZLe gouvernement fédéral de transition s’est engagé à promouvoir la justice et la réconciliation aux termes de l’accord de

paix de Djibouti de 2008. Exhortez-leà prendre des mesures pour que des enquêtes efficaces et indépendantes soient menées sans délai sur tous les homicides illégaux de journalistes somaliens et que les responsables présumés soient traduits en justice.Peu d’ambassades somaliennes sont actuellement opérationnelles. Envoyez vos appels à l’un ou l’autre des représentants du gouvernement fédéral de transition ci-après :Excellency Nur Hassan HusseinAmbassador Extraordinary andPlenipotentiaryVia dei Gracchi, 305 00192 Rome - Italie

Excellency Dr Elmi Ahmed DualeAmbassador Extraordinary andPlenipotentiaryPermanent Mission of the Somali Republicto the United Nations 425 East 61st Street, Suite 702 New York, N.Y. 10021 - États-Unis

LES JOURNALISTESSOMALIENSEN DANGER

JOURNÉE MONDIALE DE LA LIBERTÉ DE LA PRESSE

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R Des événements récemmentsurvenus au Yémen illustrentl’attitude de plus en plus intolé-

rante des autorités envers la presse,notamment en ce qui concerne lacouverture du conflit dans le gou-vernorat de Saada et des mouvementsqui se poursuivent dans le sud du pays.

Hisham Bashraheel, rédacteur duquotidien yéménite Al Ayyam, a étéarrêté en janvier 2010 avec deux deses fils. Tous trois sont toujours endétention. Ils ont été appréhendés àAden, dans les locaux du journal,après un rassemblement de protes-tation contre les mesures prises huitmois plus tôt par les autorités, quiavaient interdit l’impression et ladiffusion d’Al Ayyam. Selon certainessources, les forces armées ont ouvertle feu sur les manifestants et lesvigiles du journal ont riposté.L’échange de tirs a fait deux mortschez ces derniers.

Al Ayyam a été visé dès le 30 avril2009 par les autorités, qui ont saisi cejour-là des exemplaires du quotidien.Elles ont appliqué la même mesurepeu après à d’autres journaux. Legouvernement a ensuite annoncé qu’ilinterdirait tout journal exprimant sonsoutien à des activités jugées dom-mageables pour l’unité du pays,notamment les appels à la sécessiondu sud du pays.

Muhammad al Maqalih, journalisteet rédacteur du site Internet du Partisocialiste yéménite (www.aleshteraki.net),a été enlevé le 17 septembre 2009dans une rue de Sanaa, la capitale. Endécembre, les autorités ont enfinreconnu qu’il se trouvait entre leursmains. Autorisée à lui rendre visite le7 février 2010 dans la prison de laSécurité politique, à Sanaa, sa famillene l’a pas trouvé en bonne santé. Lemême jour, il a été interrogé sur desinformations qu’il avait publiées au

sujet du conflit dans le gouvernorat deSaada. Des infractions liées à lasécurité lui ont été imputées.

Le 16 janvier 2010, Anissa Uthman,journaliste de l’hebdomadaire al Wassat,a été condamnée par défaut à troismois de prison pour diffamation enversle président Ali Abdullah Saleh. D’aprèsles médias, elle était poursuivie pouravoir dénoncé, dans certains de sesarticles, l’emprisonnement de défenseursdes droits humains. Cette femme etplusieurs autres personnes ont étéjugées par un tribunal spécialisé dansles affaires liées aux médias, à Sanaa.La création de cette instance, en mai2009, était un nouveau signe dudurcissement de la répression enversles médias au Yémen.

AGISSEZ Dites au président du Yémen, Ali Abdullah Saleh, que Muhammad al Maqalih ainsi qu’Hisham Bashraheel et ses fils Hani et Muhammad Bashraheel doivent être libérés immédiatement et sans condition s’ils sont détenus uniquement pour avoir exercé pacifiquement leur droit à la liberté d’expression. Soulignez que tous les détenus doivent être protégés contre la torture et les autres formes de mauvais traitements et pouvoir régulièrement consulter un avocat, voir leurs proches et bénéficier de tous les soins médicaux nécessaires. Faites également état de votre inquiétude face à la condamnation d’Anissa Uthman.

Veuillez envoyer vos appels à :President - His Excellency Ali Abdullah SalehOffice of the President of the Republic of Yemen, Sana’a, Republic of YemenFax : +967 1 274 147Formule d’appel : Your Excellency, /Monsieur le Président, Vous trouverez davantage d’informations àl’adresse suivante : http://snipr.com/uso0e(en anglais et en arabe).

YÉMEN : RÉPRESSIONDES MÉDIAS INDÉPENDANTS

JOURNÉE MONDIALE DE LA LIBERTÉ DE LA PRESSE

JOURNÉE MONDIALE DE LA LIBERTÉ DE LA PRESSE

Plus de 50 prisonniers d’opinionsont incarcérés à Cuba pouravoir critiqué le gouvernement

et demandé un meilleur respect deslibertés fondamentales. Plusieursjournalistes indépendants figurentparmi eux. De nombreux autrespoursuivent leur activité journalistiquemalgré ce risque.

Yosvani Anzardo Hernández, directeur du journal en ligne Candonga,a été maintenu en détention arbi-traire pendant 14 jours en septembre2009, dans sa province, Holguín. Parailleurs correspondant d'un site

Internet d'information basé à Miami,Payo Libre, il aurait, dit-il, étémenacé de poursuites en vertu de laLoi n° 88 relative à la protection del'indé-pendance nationale et del'économie cubaine. Cette loi érigeen infraction les échanges avec lapresse étrangère et prévoit dessanctions pouvant aller jusqu'à 20ans d'emprisonnement.

Yosvani Anzardo Hernández afinalement été remis en liberté sansinculpation. La police avait confisquéson ordinateur personnel et désactivéle serveur permettant d'accéder à

son site, www.candonga.org, qui estindisponible depuis lors. Lors d’unentretien avec Amnesty International,Yosvani Anzardo Hernández a fait cecommentaire sur les restrictionsauxquelles ils sont soumis, lui et sescollègues : « Nous espérions que legouvernement comprendrait quenous ne faisions rien d’autre qu'exer-cer un droit ; nous ne faisions de malà personne, […] nous nous conten-tions de relater ce qui se passaitdans le pays mais [le gouvernement]a considéré que c'était dangereux. »

À Cuba, tous les médias appar-tiennent à l’État, et le gouvernement,déterminé à juguler la critique et àmaintenir sa mainmise sur tous lesaspects de la vie des Cubains, usede tactiques répressives et lance despoursuites pénales afin de res-treindre et de punir la libre expressiondes opinions. Journalistes indépen-dants et blogueurs sont constamment

exposés au harcè-lement, auxplacements en détention arbitraires,voire à des peines de prison à l’issuede procès iniques, pour avoirsimplement tenté d’exercer pacifi-quement leur droit à la libertéd’expression.

Les Cubains n’ont donc pas lapossibilité de jouir de leur droit derechercher, de recevoir et de diffuserdes informations. La liberté d’expres-sion est essentielle à la dignité et audéveloppement personnel de toutepersonne, et conditionne le pleinexercice d’autres droits univer-sellement reconnus. Le gouvernementcubain doit donc prendre les mesu-res qui s’imposent afin de lever lesrestrictions à la liberté d’expression,et ainsi veiller au respect et à laprotection de tous les droits humainsà Cuba.

CUBA : LES RESTRICTIONSA LA LIBERTÉ D’EXPRESSIONCONTINUENT

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Muhammad al Maqalih

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AI 10 ]LA BOUTIQUE

Référence Quantité Prix à l’unité Montant totalL’ennemi L 8 6 1 1 6 , 0 0L’illustration universelle… L 7 5 6 2 0 , 0 0Tant que je serai noire L 6 7 3 2 4 , 0 0Laveuse de chiens L 8 6 1 2 0 , 5 0Ma guerre contre la guerre… L 8 3 8 0 6 , 0 0Participation aux frais postaux et administratifs 5 , 0 0Pour soutenir Amnesty, je fais un don complémentaire de MONTANT TOTAL en euros

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L’ENNEMI 16€C’est la guerre. On voitquelque chose qui pour-rait être un désert, danslequel il y a deux trous.Dans les trous, deux sol-dats. Ils sont ennemis.S’informer, utiliser sonesprit critique, agir indi-viduellement et collecti-vement sont les

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lustrations d’articles de la DUDH. Autant d’his-toires différentes qui disent l’absence de liberté, laréalité des discriminations, la torture… mais aussiles luttes pour la liberté et la dignité humaine.

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d’un exil douloureux. En 2004 – les taliban ont étéchassés, l’Afghanistan se relève de ses ruines etdes élections se préparent – Aryana décide de re-tourner dans son pays natal pour mettre ses com-pétences au service de la reconstruction et del’action humanitaire.

MA GUERRE CONTRE LA GUERRE AUTERRORISME 6€Bon sang mais, bien sûr!Pour combattre le terro-risme il faut absolumentlarguer des bombes surl’Afghanistan et l’Irak!Chroniques de TerryJones, l’ex-Monty Pythonpasse au crible les men-songes des politiciens:une arme de dérisionmassive.

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UN JOB DE MILITANTS À PORTÉE DE TOUS : RECRUTER DES MEMBRES POUR AMNESTY !

YÉKÉS

UN JOB DE MILITANTS À PORTÉE DE TOUS : RECRUTER DES MEMBRES POUR AMNESTY !

Tu partages nos valeurs de solidarité, tu es contre toutes les

discriminations, tu aspires à un monde où tous les hommes et les femmes

vivent libres et égaux en droit ? Tu souhaites œuvrer de façon rémunérée

au travail d’une des plus importantes associations internationales de

défense des droits humains ? Toi aussi, tu peux ajouter ta pierre à l’édifice

en recrutant des nouveaux membres pour Amnesty.

Parce que ce qui fait la force d’une telle organisation, ce sont ses

nombreux membres. Parce que nous ne fonctionnons que grâce à leur

don, pour rester volontairement indépendant de tout gouvernement ou de

toute couleur politique, religieuse ou économique.

D’avril à octobre, tu iras à la rencontre du public dans les rues, les gares,

stations de métro, etc. Tu leur présenteras notre campagne Exigeons la

Dignité, et le travail de notre organisation sur des thématiques comme la

responsabilité sociale des entreprises et la mortalité maternelle en Afrique,

aux USA. Tu leur proposeras ensuite de nous soutenir via un formulaire

d’ordre permanent.

Tu atteindras un objectif réalisable en

termes de collecte de fonds.

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n Un vif intérêt pour la défense des droits humains

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n Une information sur l’actualité des violations des droits humains

n Une formation sur nos campagnes

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personnes discriminées

Si tu es intéressé(e), envoie ton CV accompagné d’une lettre de motivation

à Amnesty International Belgique francophone

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LA SANTÉ MATERNELLE,C'EST UN DROIT HUMAIN

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© Payam Abdolsamadi, www.khtt.net/person/3719/en

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LA MORTALITÉ MATERNELLETOUTES LES 60 SECONDES, UNE FEMMEMEURT EN DONNANT LA VIEEncore de nos jours, 530.000 femmes meurent chaque année – soit une femme par minute – à la suite de complications liées àla grossesse ou à l’accouchement. 99 % de ces décès surviennent dans les pays en voie de développement et plus de la moitiéen Afrique subsaharienne. On entend par “ mortalité maternelle ” le décès d’une femme pendant sa grossesse, pendantl’accouchement ou dans un délai de 42 jours suivant celui-ci. Une volonté politique décidant d’octroyer des soins de santé dequalité, abordables et dispensés à temps permettrait d’éviter la plupart des décès.

DAZIBAO** Les dazibao sont des journaux muraux chinois qui ontnotamment servi à faire connaître le combat desétudiants et des dissidents pour la démocratie.

ON PEUT METTRE FIN À CES VIOLATIONS DES DROITS HUMAINSLa plupart des décès sont dus à une hémorragie, une infection ou encore, à un avortement pratiqué dans desconditions précaires. De simples mesures comme l’accès aux centres de santé et la diffusion d’informations sur lasanté sexuelle et reproductive, ainsi que la mise en place de procédures sanitaires minimales diminueraient le tauxde mortalité maternelle. La pauvreté a une incidence significative sur le taux de mortalité. Souvent, le décès de la mère enfonce davantagela famille dans la pauvreté. Plus d’un million d’enfants perdent ainsi leur mère chaque année.

CE N’EST PAS UNE FATALITÉ, C’EST LE RÉSULTAT DE CHOIX POLITIQUESAux termes du droit international relatif aux droits humains, tout gouvernement a l’obligation d’agir promptementpour « éliminer tous les facteurs qui restreignent l’accès des femmes aux soins […] notamment dans le domaine dela santé, en matière de sexualité et de reproduction ». Ces obstacles peuvent être, entre autres, des critères ou desconditions qui empêchent les femmes de se faire soigner, comme des honoraires trop élevés, la mauvaise qualitédes soins, l’éloignement des établissements de santé ou l’absence de transports publics pratiques et abordables.Pour inciter les femmes à aller accoucher dans des centres de soins et empêcher des morts évitables, il faut à lafois améliorer la qualité des soins et supprimer les obstacles financiers. Par ailleurs, pour que les droits humains soient respectés, il est indispensable de disposer de mécanismes decontrôle accessibles, transparents et efficaces, ainsi qu’une obligation de rendre des comptes de la part des États,mais également des professionnels concernés.

LA SANTÉ, C’EST UN DROIT FONDAMENTAL L’amélioration de la santé maternelle est le 5e Objectif du Millénaire pour le Développement défini par l’Organisationdes Nations Unies en l’an 2000. Il s’agit de réduire le taux de mortalité maternelle de 75 % entre 1990 et 2015.Aujourd’hui, on est loin de ce résultat. Le problème fondamental est sans doute l’absence d’obligation pour les Étatsde rendre des comptes. Ce programme mondial contre la pauvreté ne se préoccupe pas suffisamment des atteintesaux droits humains qui maintiennent des personnes dans la pauvreté et constituent des obstacles à la réalisationdes Objectifs du Millénaire pour le Développement. Au Burkina Faso, plus de 2.000 femmes meurent chaque annéede complications liées à la grossesse, c’est-à-dire 5 à 6 femmes chaque jour. Malgré les efforts déployés par le gouvernement burkinabé, la mortalité maternelle reste trop élevée, car lespolitiques en matière de santé reproductive et de planification familiale présentent encore d’importantes lacunes.• les soins de santé maternelle ne sont pas accessibles à toutes les femmes ; • de nombreux centres de santé présentent des conditions d’hygiène déplorables ;• les stocks de sang sont insuffisants ;• il y a pénurie de médicaments et de personnel médical qualifié.En outre, les professionnels de la santé sous-payés et travaillant dans de mauvaises conditions demandent souventde l’argent aux patientes et les traitent parfois sans respect.Le taux de mortalité maternelle burkinabé indique que les droits fondamentaux des femmes sont violés. Le BurkinaFaso est l’un des pays les plus pauvres au monde. Cependant, cela ne saurait justifier que le gouvernement neprenne pas toutes les décisions nécessaires pour concrétiser le droit à la santé. La mortalité maternelle est uneviolation grave du droit des femmes à la santé, à l’égalité, à la non discrimination et à la vie.

ON PEUT TOUS FAIREQUELQUE CHOSE• Affichez ce dazibao* à votre fenêtre, au

travail, à la pharmacie… Commandez-en chez Amnesty : 02 538 81 77.

• Agissez en un clic pour impulser deschangements politiques, au Burkina Faso,en Sierra Leone, au Nicaragua, au Pérou etdans plusieurs autres pays sur le sited’action d’Amnesty : www.isavelives.be

• Inscrivez-vous au service d’actions parSMS. Vous souhaitez agir ET soutenirAmnesty financièrement dans un mêmemouvement ?  Recevez une fois parsemaine, une pétition par SMS et répondezavec vos coordonnées. Pour rejoindre leréseau, envoyez le message « AU » aunuméro 3313. Activation gratuite. SMS reçu :gratuit. SMS envoyé : 2 €.

• Faites un don ou devenez membre d’AmnestyInternational. Chaque soutien est important.N° de compte : 001-2000070-06.

LE FIL[ AVRIL/M

AI 10 ]DAZIBAO

: MORTALITÉ M

ATERNELLE

Dani Klein : “ Les femmesdonnent la vie, trouvez-vous normalqu’aujourd’hui encoreelles en meurent ?Je joins ma voix àAmnesty pour luttercontre lamortalitématernelle. ”

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« ELLE CRAIGNAIT LECOÛT DES SOINSMÉDICAUX. C’EST CEQUI L’A EMPÊCHÉED’OBTENIRL’ASSISTANCE DONTELLE AVAIT BESOIN. »Sarah Kabbia, à proposde sa sœur, AdamaTuray, qui est morteplusieurs heures aprèsavoir donné naissanceà son premier enfant,en décembre 2008.

UN PROJET BELGE La Caravane de la Dignité au Burkina Faso a été priseen charge par le bureau international de Londres, pourun montant total de 230 000 € (recherches, tracts,brochures, documents, rapports, outils desensibilisation, mise sur pied de la Caravane, t-shirts,affiches, campagnes de lobby, etc.). Elle a été financéepar différentes sections du Mouvement.

Mais savez-vous que c’estAmnesty Belgiquefrancophone qui a eul’initiative de mettre surpied cette Caravane ?

Et que nous avons financéla production du reportagediponible sur DVD EcoDisc

(www.amnesty.be ou par téléphone au02/543.79.80) pour en assurer une large

diffusion sur le web, les médias, dans lesécoles et les sections locales. Parce qu’ilfaut d’abord éveiller les consciences surles droits des femmes pour réduire lefléau de la mortalité maternelle.

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LUTTER CONTRE LA MORTALITÉ MATERNELLE EST UN COMBAT POUR LES DROITS HUMAINS ET PAS UN ACTE DE CHARITÉ.

La responsabilité des États est mise en jeu. Amnesty agit sans relâche pour demander aux gouvernements :• de rendre compte de l’application de leurs politiques de santé ;• d’allouer des ressources adéquates aux soins de santé en matière de sexualité et de procréation ;• de réduire systématiquement les obstacles économiques, physiques et culturels qui empêchent les

femmes pauvres d’accéder aux soins vitaux ; • d’assurer la participation active des femmes au processus de décision concernant les soins de santé

maternelle ;• de reconnaître, de respecter et de vulgariser les droits humains de toutes et tous, en particulier les

droits sexuels et reproductifs des femmes.

EN SIERRA LEONE, UNE FEMME SUR HUIT MEURT EN ACCOUCHANTOU DES COMPLICATIONS QUI S’EN SUIVENT

En Sierra Leone, les établissements de soins de santé, souvent très éloignés, manquent de personnel,d’équipements et de médicaments essentiels. Les femmes enceintes et leur famille ont des difficultés àpayer les frais de transport à l’hôpital, ainsi que les soins médicaux requis. La Sierra Leone sort d’uneguerre civile qui a duré onze ans et s’est terminée en 2002. Il faudra beaucoup de temps et d’aideextérieure pour reconstruire ce qui était de toute manière un système de santé gravement carencé enressources. En revanche, il est déjà possible de commencer à réduire la mortalité maternelle et il faut lefaire immédiatement. Le gouvernement est le premier responsable des mesures à prendre : il doitmontrer une grande détermination dans la lutte contre la mortalité maternelle.

LE BURKINA FASO EN QUELQUES CHIFFRES• 46,4 % de la population vit sous le seuil de pauvreté

national et 80 % dans des zones rurales où lesinfrastructures sont souvent insuffisantes.

• En 2007, le taux d’alphabétisation était de 21 % chez lesfemmes et de 36,7 % chez les hommes.

• Dans les zones rurales, le taux de fécondité est de6,9 enfants par femme, contre 3,7 dans les villes. Lamoyenne nationale est de 6,2 enfants par femme.

• Une récente enquête officielle a montré que l’âge dumariage se situait le plus souvent entre 10 et 19 ans, lamajorité des adolescents vivant en couple s’étant cependantmariés entre 14 et 19 ans.

• Les jeunes femmes vivant dans les zones rurales sont plussusceptibles d’avoir des enfants tôt (c’est le cas de 157adolescentes sur 1.000 en zone rurale, contre 64 sur 1.000en ville).

• La part du budget consacrée à la santé est passée de 6,3 %en 2001 à 8,42 % en 2008. C’est encore loin de l’objectif de15 % fixé par les chefs d’États africains lors du sommet del’Union africaine à Abuja (Nigeria) en 2001.

• La distance moyenne à parcourir pour parvenir à un centre desoins est passée de 9,4 km en 2000 à 7,5 km en 2008.

Burkina FasoPrésident : Blaise CompaoréCapitale : OuagadougouPopulation : 14.017.262 habitants en2006 dont 51,7 % de femmes.Densité : 48 hab./km2

Langue officielle : le français

DAZIBAO*

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Cette affiche est l’œuvre du graphiste iranien Payam Abdolsamadi. En décembre 2008, après avoir collaboré avecl’association des écrivains iraniens, PayamAbdolsamadi a été interpellé par des agentsdes services de sécurité et incarcéré pendant70 jours. Selon son récit, il a subi pendant sadétention des interrogatoires et même des

actes de torture, faisant l’objet d’accusationsd’« espionnage ». De plus, les autorités ontgelé son compte en banque. Actuellement, safemme et lui ont demandé asile à la Finlande.De nombreux journalistes et blogueursiraniens ont été arrêtés depuis l’électionprésidentielle contestée de juin 2009. Dansbien des cas, ils ont été condamnés à de

lourdes peines de prison à l’issue de procèsd’une iniquité flagrante. La répression de laliberté d’expression a pris différentes formes: restrictions imposées aux journalistesétrangers, blocage de sites web, interdictionde journaux, perturbation des servicesd’Internet et du téléphone. De nouvelles lois,par exemple une loi sur la « cyber-sécurité »,

ont été adoptées pour que des activitésrelevant de l’exercice pacifique du droit à laliberté d’expression tombent sous le coup desanctions pénales plus lourdes. Une nouvelleunité a été créée pour surveiller les sites etles blogueurs qui ne se situent pas dans leslimites très étroites assignées par lesautorités à la prise de parole publique.

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À Kiembara, au Burkina Faso, Fatimata N., 20 ans,tient son nouveau-né dans ses bras (juin 2009).Chaque année, dans ce pays, plus de 2 000 femmessuccombent à des complications liées à la grossesse et à l’accouchement.

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LE FIL[ AVRIL/M

AI 10 ]

Q Comment est né votre intérêt pourles droits humains ?

R Il est né pendant les années 70, alors que le Guatemala était plongé dans un conflitinterne d’une grande brutalité. Déclenché audébut de la décennie précédente, ce conflits’est conclu par la signature des Accords depaix, en 1996. Pendant cette période, lesmembres du mouvement étudiant ont décidé de lutter pour la défense et la protection desdroits humains au Guatemala, l'État faisantalors preuve d’un mépris total pour le droit le plus fondamental, le droit à la vie.

Pendant les années 80, j’ai dû m’exiler, mais j’ai continué à œuvrer en faveur des droitshumains en tant que journaliste. Je me suisconcentrée sur les persécutions infligées auxexilés et aux réfugiés d'Amérique centrale. De retour au Guatemala, j’ai continué lejournalisme et j’ai travaillé pour plusieursorganisations de la société civile jusqu’en 2000,lorsque mes collègues et moi-même avons fondél’Association pour l'étude et la promotion de lasécurité en démocratie (SEDEM). Nous voulionsnous centrer sur les droits humains et lutter

pour les défendre. Nous voulions que lapopulation comprenne que l'État avait le devoirde protéger tout le monde. Et que chacun devaitavoir la possibilité d’exercer ses droits sanssubir de menaces ni se mettre en danger. Nous sommes attachés à la défense de la mémoire, de la vérité et de la justice.

Q Quels sont, selon vous, les principauxobstacles rencontrés dans la lutte pour lerespect des droits humains au Guatemala ?

R Notre principal défi consiste probablement à en finir avec l’impunité. Au Guatemala, pas un seul des officiers supérieurs responsables du génocide de plus de 200 000 personnes ou de la disparition forcée de 50 000 autres n’a été jugé, et encore moins condamné. Dans d’autres pays, l’Argentine par exemple,des auteurs de crimes de ce genre ont été jugéset condamnés. Cela ne s’est pas produit auGuatemala, car les personnes qui ont commisces crimes ont énormément de pouvoir. Elles contrôlent la justice, les forces de l’ordre,les partis politiques, le monde des affaires et la presse. L’impunité dont bénéficient ces

criminels profite également aux nouveauxdélinquants. Il est très difficile de faire ladistinction entre les groupes qui ont bafoué les droits humains durant le conflit armé et les groupes proches des trafiquants de drogue,des marchands d’armes et des réseaux de traitedes êtres humains, qui financent désormais les partis politiques. Le défi consiste donc à éradiquer cette culture de l'impunité,profondément enracinée au Guatemala. C’est une entreprise gigantesque qui nous fait courir des risques énormes, mais noussommes toujours animés d’un grand espoir.

Q Si vous pouviez changer unechose à la situation du Guatemala, que feriez-vous ?

R J’autoriserais le libre accès aux archivescontenant des informations sur les violationspassées des droits humains. Cela nouspermettrait d’établir les faits, de savoir ce quis’est passé et qui est responsable. Je feraiségalement le nécessaire pour renforcer lesystème judiciaire afin que les victimes puissentobtenir justice.

IDUVINA HERNÁNDEZ Iduvina Hernández œuvre en faveur des droits humainsau Guatemala depuis les années 1970. Fondatrice etdirectrice d’une organisation appelée la SEDEM, ellepousse le gouvernement guatémaltèque à révéler la véritésur les violations des droits humains commises pendantles trois décennies du conflit armé interne. Elle saitqu’elle n’est pas seule et cela lui donne le courage depoursuivre son travail malgré les risques que celaentraîne pour elle et sa famille.

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Q Quelles conséquences votre action a-t-elle sur votre vie et votre famille ?

R Tout d’abord, cela m’a donné la satisfactionde faire ce en quoi je crois et de contribuer auchangement – c’est un but auquel j’ai déjàconsacré plus de la moitié de ma vie.M’acquitter de ce que je dois à ceux qui ontdonné leur vie pour faire évoluer les réalitésquotidiennes au Guatemala – cela est de la plushaute importance pour moi. Ma famille craintbien sûr pour ma sécurité, surtout moncompagnon. Mais il se réjouit quand mêmechaque fois que mon travail me rend heureuse.

Mes parents et toute ma famille ont toujours dûsupporter les conséquences de mon activité etdes persécutions que je subis. Ils m’ont toujoursmontré que leur solidarité envers moi étaitinébranlable. Ils me donnent beaucoup de force.

Q Qu’est-ce qui vous permet de restermotivée quand les temps sont difficiles ?

R Le fait de savoir que je ne suis pas seule. Et qu’il n’y a pas d’autre moyen de construire le genre de démocratie que nous voulons au Guatemala.

Q Que représente Amnesty Internationalpour vous ?

R Des milliers de bougies allumées dans desmilliers d'endroits à travers le monde, éclairant,soutenant et accompagnant ceux qui sontpersécutés en raison de l’amour qu’ils portent àl’humanité. Une main tendue qui se multipliechaque fois que quelqu'un en a besoin. AmnestyInternational est une voix qui s’élève en faveurde ceux qui sont réduits au silence.

Q Avez-vous un message pournos lecteurs ?

R Merci d’apporter votre soutien, quelle quesoit la forme qu’il prend, aux défenseurs desdroits humains du monde entier.

Q Quel est l’enseignement le plusimportant que vous ayez retiré de votreaction militante ?

R Que la solidarité humaine peut surmonter tous les obstacles, abattre toutes les murailles etconstitue le meilleur bouclier contre les attaques.

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Le rite maya célébré par ces femmes a pour but de communiquer avec les morts et de soutenir lesefforts en vue d’exhumer les restes de victimes duconflit armé interne au Guatemala (avril 2008).

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L e 3 février 2010, le Conseil fédéral suisse a accepté de fournir un nouveau lieu de vie à deux frères ouïghours qui ont été maintenus

en détention à Guantánamo sans inculpation nijugement pendant près de huit ans.

Arkin et Bahtiyar Mahmud, qui viennent de larégion autonome ouïghoure du Xinjiang, en Chine,auraient couru le risque d’être torturés ou mêmeexécutés s’ils avaient été renvoyés en Chine.

La Suisse a pris cette décision après des annéesd’action de la section suisse d’Amnesty Inter-national, qui s’est mobilisée dans le cadre du projetsur la protection internationale lancé par l’orga-nisation de défense des droits humains. Participentà ce projet des militants d’Europe et d’ailleurs, quidemandent à leurs gouvernements d’accorder uneprotection aux détenus de Guantánamo quandceux-ci risquent de subir des violations des droitshumains en cas de renvoi dans leur pays d’origine.

Les autres pays ayant accueilli d'anciensdétenus de Guantánamo incluent l'Albanie, laBelgique, la France, la Hongrie, l’Irlande, le Portugalet la Slovaquie. Dans de nombreux cas, cesdécisions ont été prises après un fort travail depression, des démarches auprès des médias et uneaction associative menés par Amnesty Internationalet d’autres. Dix autres Ouïghours se sontrécemment vu offrir une nouvelle résidenceprovisoire aux Bermudes et aux Palaos.

Malgré ces initiatives positives, il reste àGuantánamo plus de 40 hommes ayant toujoursbesoin d’une protection humanitaire. Ils sontoriginaires de Chine, de Libye, de Russie, de Syrieet de Tunisie. Si aucun pays ne se propose pour lesaider, certains d’entre eux pourraient être renvoyéschez eux et y subir des sévices, ou passer des mois,

voire des années supplémentaires en détentionillimitée sous la responsabilité des autoritésaméricaines.

Il s’agit d’hommes que les autorités américainesn’ont, à la connaissance d’Amnesty International,aucune intention d'inculper ni de juger. La seuleraison pour laquelle ils sont maintenus en détentiontient au manque de lieux sûrs pour les accueillir.Certains d’entre eux sont libérables. Dans les faits,ces hommes ont été abandonnés à Guantánamo.

En janvier 2010, Amnesty International, leCentre for Constitutional Rights, Reprieve etMoazzam Begg, ancien détenu de Guantánamo quidirige désormais l’organisation Cageprisoners, ontentamé une tournée européenne afin de demanderà d’autres États d’accepter des détenus deGuantánamo. La tournée est notamment passée parl’Allemagne, le Luxembourg et la Suède.

Certains États, surtout en Europe, ont demandéavec insistance la fermeture de Guantánamo maisn’ont pas fait le nécessaire pour transformer cetobjectif en réalité. Pourtant, dans l’accord conjointsur la fermeture du centre de détention conclu parles États-Unis et l’Union européenne en juin 2009,certains États membres de l’UE s’étaient dits prêtsà contribuer à l’accueil d’anciens détenus, lasélection se faisant au cas par cas.

Consciente que l’adaptation d’anciens détenusde Guantánamo à la vie dans un pays inconnu peuts’avérer difficile, Amnesty International demandeaussi aux gouvernements de proposer à ceshommes des mécanismes de soutien pour qu’ilss’habituent mieux à ces conditions nouvelles. Celasuppose notamment de mettre à leur dispositionune assistance médicale, juridique, psychologiqueet sociale. Les sections d’Amnesty International

contribuent à ces efforts en contactant les ONGconcernées dans leur pays, afin qu’elles prodiguentdes conseils d’experts et une aide pratique à ceshommes.

Lakhdar Boumediene, ressortissant algérien,vivait en Bosnie-Herzégovine avant d’y être arrêté.Il a été incarcéré à Guantánamo pendant près dehuit ans sans inculpation ni jugement. En mai 2009,il lui a été proposé de vivre avec sa famille enFrance. Près d’un an plus tard, s’il lui est encoredifficile de s’adapter à une situation qui succède àdes années de détention, il se fait à sa nouvelle vieavec l’aide d’Amnesty International France. Il adéclaré à Amnesty International : « Ça a été très durpour moi […] J’ai essayé de me construire une vie.Et maintenant j’ai l’impression d’être comme tout lemonde. Je me sens humain. »

Si d’autres pays acceptent de fournir uneprotection humanitaire à ceux qui se trouventencore à Guantánamo, d’autres hommes tels queLakhdar Boumediene auront la possibilité de sereconstruire une vie stable en toute sécurité, et nousnous rapprocherons de la fermeture définitive deGuantánamo.

AGISSEZPour en savoir plus, regardez la vidéo à l’adresse ci-après,dans laquelle Lakhdar Boumediene et des défenseurs des droits humains s’expriment : www.amnesty.be/audiovideo

DÉTENUS DE GUANTÁNAMO :CAMPAGNE POURLA PROTECTIONINTERNATIONALEDe nombreux détenus restent à Guantánamo parce qu’ilsne savent pas où aller. Ils s’exposent à des persécutionss’ils repartent dans leur pays d’origine et ne parviennentpas à trouver refuge ailleurs. Amnesty Internationaldemande aux États de contribuer à la fermeturedéfinitive de Guantánamo en accueillant ces détenus et en leur donnant la possibilité d’une vie nouvelle.

France : l’ancien détenu de Guantánamo LakhdarBoumediene en compagnie de Natacha Mension,déléguée d’Amnesty International (février 2010).

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ILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT

En établissant les Objectifs du millénaire pourle développement (OMD), les Nations uniesont lancé la plus grande initiative mondiale de

lutte contre la pauvreté. Énoncés dans laDéclaration du millénaire adoptée par l’Assembléegénérale des Nations unies en septembre 2000,les OMD définissent les buts que la communautéinternationale espère atteindre d’ici 2015.

C’est en partie à cause des OMD que lapauvreté a enfin trouvé place dans le programmedes priorités mondiales. Mais ces objectifs neprennent pas suffisamment en compte les viola-tions des droits humains, alors que la défense deces droits est essentielle à la réduction de lapauvreté. Respecter les droits, voilà qui entraînepour les États une série d’obligations : s’attaquer àla discrimination et faire progresser l’égalité ; ac-corder toute l’attention nécessaire aux personnesparticulièrement marginalisées et vulnérables ;chercher, de façon prioritaire, à réaliser pour tousles droits économiques, sociaux et culturels à unniveau minimal essentiel ; enfin, permettre à tousde participer activement aux décisions ayant uneincidence sur leurs droits.

Or, on voit que les États ne parviennent pas àprogresser réellement en ce qui concerne certainsdes principaux symptômes de la pauvreté – par exemple, et entre autres, les bidonvilles outaudis et la mortalité maternelle évitable. Il devientévident qu’il n’y aura pas d’avancées vers laréalisation des OMD dans des conditions d’équitéet de durabilité si les droits humains ne font paspartie du programme.

LES DROITS HUMAINSNE PEUVENT ÊTRE OUBLIÉS Les États doivent se rappeler que les violations des droits humains constituent des obstacles sur lavoie menant à la réalisation des OMD. Au Pérou, la

discrimination infligée aux femmes indigènes nuit auxefforts visant à assurer des soins de santé maternelle.Ces femmes ont du mal à bénéficier de services desanté car elles ne possèdent pas les papiers d'identitérequis, n'ont pas les moyens de payer les soins desanté et ne reçoivent pas assez d’informations sur lesujet dans une langue qu'elles comprennent.

Les buts fixés aux États par les OMD se situentparfois en-dessous de ce que le droit internationalrelatif aux droits humains leur impose déjà. En ce quiconcerne les habitants des bidonvilles, par exemple,les OMD s’engagent à améliorer d’ici 2020 l’existencede 100 millions d’entre eux. Un tel objectif ne tient pascompte des chiffres actuels, car plus d’un milliard depersonnes vivent déjà dans des bidonvilles : les Étatsont l’obligation immédiate de les protéger toutes contreles expulsions forcées et toute autre violation de leursdroits fondamentaux. Les OMD ne prennent pas nonplus en main la question des droits des femmes, et lecaractère étriqué des buts concernant l'égalité desgenres et l'autonomisation des femmes est inac-ceptable. Aux termes du droit international, les Étatsne sauraient réaliser les OMD sans combattre ladiscrimination fondée sur le genre et garantir l’égalitédans l’ensemble des mesures qu’ils prennent. Parailleurs, les États, bien souvent, ne défendent pasréellement les droits à la liberté d'expression,d'information, de réunion et d'association, qui sontessentiels pour que la population puisse participer à laprise de décision et amener les autorités à répondrede la réalisation des obligations qui leur incombent.

Les gouvernements des pays développés se sontengagés à aider les pays en développement à atteindreleurs objectifs. Mais le système des OMD ne les forcepas à rendre cette participation conforme aux normesen matière de droits humains. Par exemple, il ne dit motsur la mise en place de garanties destinées à empêcherque les grands chantiers immobiliers se soldent par desexpulsions forcées.

CONSOLIDER L’OBLIGATIONDE RENDRE DES COMPTES Il ne faut pas que le seul recours des personnes vivantdans la pauvreté soit le bon vouloir des autorités ;elles doivent aussi pouvoir demander des comptes àleur gouvernement lorsque leurs droits sont bafoués.Dans les faits, elles ont rarement la possibilité de lefaire. Ces mêmes gouvernements ne sont pas nonplus tenus pour responsables des violations des droitshumains lorsqu’ils rendent compte des progrèseffectués dans leur pays vers la réalisation des OMD.

La plupart ne précisent pas si les mesures qu’ilsprennent tiennent compte des normes en matière dedroits humains, ni s'ils font le nécessaire face à desquestions comme les expulsions forcées ou ladiscrimination fondée sur le genre.

Les gouvernements doivent veiller à ce que lestribunaux, les commissions nationales des droitshumains et les autres mécanismes de défense de ces

droits soient accessibles à tous, et puissent êtresaisis de plaintes en relation avec l’ensemble desdroits fondamentaux – civils, culturels, écono-miques, sociaux et politiques. Par exemple, lesautorités de Sierra Leone doivent prendre desmesures pour que les femmes de ce pays qui sevoient refuser des soins de santé alors que leur vieest en jeu puissent demander réparation à la justice.Tous les États doivent en outre ratifier le Protocolefacultatif se rapportant au Pacte international relatifaux droits économiques, sociaux et culturels, etainsi permettre à leurs citoyens de bénéficier del’aide d’un mécanisme international habilité àrecevoir les plaintes relatives aux violations desdroits économiques, sociaux et culturels.

En septembre 2010, les dirigeants mondiaux seréuniront lors d’un Sommet des Nations unies, afind’évaluer les progrès effectués concernant les OMD.Amnesty International demande aux gouvernementsde s’engager à mettre leurs politiques concernantles OMD en conformité avec leurs obligations enmatière de droits humains. Par le biais de lacampagne Exigeons la dignité, Amnesty Interna-tional mène des recherches et des actions visant àobtenir l’introduction de changements dans lesplans nationaux spécifiques aux OMD, afin queceux-ci soient en conformité avec les obligations despays relatives aux droits humains.

AGISSEZ Pour en savoir plus sur la campagne Exigeons la dignité, rendez-vous sur www.amnesty.be/dignite

LES OBJECTIFS DU MILLÉNAIREPOUR LE DÉVELOPPEMENT

Objectif 1 : Réduire l’extrême pauvreté et la faim

Objectif 2 : Assurer l'éducation primaire pour tous

Objectif 3 : Promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes

Objectif 4 : Réduire la mortalité infantile

Objectif 5 : Améliorer la santé maternelle

Objectif 6 : Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d’autres maladies

Objectif 7 : Préserver l'environnement

Objectif 8 : Mettre en place un partenariatmondial pour le développement

LE RESPECT DES DROITS HUMAINS DOITÊTRE AU CŒUR DU COMBAT MONDIALCONTRE LA PAUVRETÉ. IL FAUT QUE LES DIRIGEANTS MONDIAUX EN AIENTUNE CLAIRE CONSCIENCE, EUX QUI, EN SEPTEMBRE 2010, VONT ÉVALUERL’AVANCEMENT DE LA RÉALISATIONDES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT.

Page de gauche : À Jacmel, en Haïti, une fillettedans le campement de Penchinat, où des personnesdéplacées par le récent séisme s’abritent dans des habitations de fortune.©

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SOUTIEN AUX RÉFUGIÉS Chaque jour, de graves raisons poussent des milliers depersonnes à prendre la difficile décision de quitter leurpays et leur famille pour se mettre en sécurité dans unautre pays. Amnesty International Belgique francophonepublie chaque mois une lettre électronique sur lesdernières actualités belges, européennes etinternationales en matière de réfugiés. Pour rester informé et soutenir ces personnes,remplissez le formulaire d'abonnement gratuit etchoisissez « la lettre réfugiés » surhttp://www.isavelives.be/fr/newsletter/

SERVICE APRÈS-VENTE Amnesty International est unmouvement démocratique. Celas’est vu, encore, ce 24 avril, àBruxelles. Près de 22 000membres y étaient invités àl’Assemblée générale. Tous nesont pas venus. Ceux qui étaientlà ont discuté, débattu, décidé.Ils ont notamment demandé à dixd’entre eux de les représenterpour deux ans, au Conseild’administration. Ces dix-là sontcomme vous et moi : ils saventque la démocratie ne s’arrête pasà des votes. La démocratie, c’estd’abord la participation, lesopinions qui s’expriment et seconfrontent. Cela se construitchaque jour.Aussi, si vous avez un avis, uneinterpellation, une suggestion,une idée, une colère, contactezces administrateurs. Ils vousappartiennent. Une adresse :Conseil d’administration, AIBF,Rue Berckmans 9 à 1060Bruxelles ou [email protected] : Brian May

CAFÉ-PÉTITION DE ARLONUne fois par mois, le groupe Amnesty d'Arlonoffre une tasse de café et propose des pétitionset des informations sur les campagnes encours et son travail en faveur des droitshumains. Chaque premier dimanche du moisde 10h à 12h, à l’épicerie La Fée Verte à Anlier(www.epicerielafeeverte.be).Infos : Philippe Lannoy – [email protected] –063/42 35 95.

PROGRAMME DES FORMATIONS D’AMNESTYLa section belge francophone d’Amnesty organise diverses formationsprochainnement :15 mai, de 9h30 à 16h30, à Bruxelles : Mission et fonctionnement d’Amnesty29 mai, de 9h30 à 16h45, à Bruxelles : Cycle « Exigeons la dignité » (2e jour)3 juin, de 19h30 à 21h, à Bruxelles : 1001 façons de soutenir les droitshumains avec Amnesty5 juin, de 9h30 à 13h, à Bruxelles : Protection des réfugiés et droits des migrants5 juin, de 14h30 à 17h30, à Bruxelles : Combattre la torture9 juin, de 19h30 à 21h, à Liège : Militant-e des droits humains et fier-e del’être… Comment en parler et défendre ses positions ?12 juin, de 10h à 15h, à Bruxelles : Union européenne et droits humainsLa version détaillée du catalogue des formations (au format pdf) et le bulletind’inscription sont sur www.amnesty.be/formationsPlus d’infos : [email protected] ou le 02/538 81 77.

MARCHÉ AUX LIVRES D’OCCASION 15 000 livres seront vendus à prix d’amis au profitd’Amnesty International, le samedi 26 juin, de 9 à18 h, à l’Athénée Royal de Namur (rue du Collège[près de l’église Saint Loup] à Namur). Infos : Daniel Clarembeaux (081/73 05 66)ou Jacques Marchal ([email protected])

L’AGE

NDA D’AMNESTY INTERNATIONAL

BELGIQUE FRANCOPHONE

[email protected] Vous organisez uneexposition, une conférence,une projection, un concert,une fête en lien avecAmnesty ? Envoyez uncommuniqué détaillé à[email protected], nous enferons la promotion Le Fil.

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SI VOUS SOUHAITEZ FAIRE UNE DONATION Une donation est un contrat par lequel le donateur(= celui qui donne) transmet un bien au donataire(= celui qui reçoit), dans un but désintéressé.Consultez votre notaire ou le site www.notaire.bepour connaître tous les détails des conditionslégales d’une donation.

LORSQUE VOUS SOUSCRIVEZ UNE ASSURANCE-VIEAu moment de souscrire une assurance-vie, vous êtes totalement libre de déciderqui en sera bénéficiaire(1). Pourquoi ne pas inscrire AmnestyInternational Belgique francophone parmi ces

bénéficiaires ? Ainsi, votreengagement en faveur des droitshumains se poursuivra mêmeaprès la fin de votre vie. (1) Loi du 25 juin 1992 sur lecontrat d’assuranceterrestre, Art. 106.

SI VOUS ENVISAGEZ DE RÉDIGER UN TESTAMENT Quelle sera la situation des droits humains dans50 ans ? Nul ne peut le prédire aujourd’hui,mais on peut être à peu près certain que lemonde aura encore besoin de défenseurs desdroits humains. Vous pouvez agir pour que laflamme de l’espoir continue de brûler dans lefutur : en rédigeant un testament pour vosproches et en incluant Amnesty parmi leshéritiers. Vos héritiers légaux directs (époux/se, enfants,ascendants si vous n’avez pas d’enfant)bénéficient d’une part légale de l’héritage,appelée part réservataire. Mais vous pouvezdisposer librement de la part qui n’entre pas

dans cette réserve : la quotité disponible.

De plus, la formule du legs en duo permetd’éviter que des parents plus éloignés (frères etsœurs, cousins, etc.) ne paient des droits desuccession élevés, tout en réservant une partd’héritage à Amnesty : celle-ci paie les droitsde succession des premiers, tout ens’acquittant de ses propres droits desuccession (actuellement de 7 à 12,5% selon larégion où résidait le défunt). Pour en savoirplus sur les différentes formules detestament, nous mettons à votre disposition unebrochure.

Jean-Marie Pierlot (coordonnées ci-contre)vous renseignera en toute discrétion et, bienentendu, sans engagement de votre part. Ilpourra également vous aider à réaliser unesimulation du legs en duo.

POUR RECEVOIR PLUS D’INFOS OU DES BROCHURES :N’hésitez pas à contacter Jean-Marie Pierlot :

02/543 79 80 (ligne directe) – [email protected].

REJOINDRE LE CERCLE DE CONSCIENCELe Cercle de Conscience comporte quelques personnes qui, dans le monde entier, souhaitents’engager pour l’avenir des droits humains. Comment ? En s’investissant à long terme pourAmnesty International, qui souffle sa cinquantième bougie d’anniversaire en 2011.

EXEMPLE DE LEGS EN DUO Vous léguez à un parent éloigné (cousine, petit-neveu par ex.)ou à un ami un montant de 100.000 €. Ses droits desuccession s’élèvent à 50.000 €. Si vous optez pour le legs enduo, vous léguez un montant net de 60.000 € à votre parentéloigné ou à votre ami, et 40.000 € à Amnesty. Celle-ci règle30.500 € de droits de succession et reçoit 9.500 €.

AU CŒUR DES MOMENTS IMPORTANTS DE VOTRE VIEEntrez dans une chaîne de dons : à l’occasion d’un anniversaire, d’un mariage, d’une naissance ou detoute autre circonstance importante de votre vie, invitez ceux qui vous aiment à soutenir en votrehonneur l’action d’Amnesty !

Proposez-leur de faire un don sur le compte 001-2000070-06 d’AIBF, avec une communicationreprenant l’événement ainsi que votre nom et prénom (par ex : Anniversaire Nom Prénom).Communiquez vos coordonnées en contactant Michèle Ligot (tél. 02/543 79 06, e-mail [email protected])et nous vous enverrons la liste des personnes qui auront répondu à votre appel. Si vous le souhaitez,nous pourrons remercier chaque donateur en votre nom.

COMMENT SOUTENIRL’ACTION D’AMNESTY

EN FAVEUR DES DROITS HUMAINS

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Lorsque Rassim Baïramov a étéconduit au poste de police deson quartier, en juillet 2008, des

policiers lui ont dit qu’ils « avaientà lui parler ».

Mais, selon le récit de cet homme,ils ne se sont pas contentés deparoles. Ils lui auraient donné sur toutle corps des coups de poing et depied, l’auraient frappé avec une chai-se et lui auraient mis un masque à gazdont ils auraient coupé l’alimen-tationen air. Les policiers de Rudni, dans lenord du Kazakhstan, voulaient faireavouer à Rassim Baïramov et à sonami Alexandre Bruikhanov qu’ilsavaient dérobé de l’argent et troisbouteilles de bière dans un magasindes environs, ce que les deux hommesniaient. Toutefois, après 48 heures depassages à tabac, de privation desommeil et de menaces envers leurfamille, les jeunes gens ont signé des« aveux ». Alors, enfin, leur détentiona été officiellement enregistrée et ilsont été informés de leurs droits.

En octobre 2008, Dmitri Tian a été

convoqué à un poste de police d’Astanapour être interrogé comme témoindans une affaire de meurtre. D’aprèsson témoignage, les policiers l’ontdéshabillé, ne lui laissant que sessous-vêtements, et l’ont frappé àcoups de bouteille en plastique et dematraque pour lui faire avouer lemeurtre d’une femme et de ses troisenfants. Les policiers ne l’ont pasinformé de ses droits et sa détentionn’a pas été enregistrée. Il aurait été ànouveau battu lorsqu’il a tenté deprotester.

Aux termes du droit kazakh, lapolice est tenue d’enregistrer lesplacements en garde à vue dans lestrois heures, mais elle ne le fait pastoujours. La plupart des cas présumésde torture ou d’autres mauvaistraitements recensés par AmnestyInternational se produisent au coursdes premières heures qui suiventl’arrestation. Il arrive que despersonnes appréhendées ne soientenregistrées qu’au bout de 36 heures,voire plus. Pendant cette période, les

personnes en détention non reconnuene peuvent ni consulter un avocat, nibénéficier de soins médicaux nirecevoir la visite de leurs proches.Beaucoup d’entre elles « avouent »des infractions qu’elles n’ont pascommises. Ces « aveux » serventensuite de preuve devant lestribunaux. Dans le cas de Dmitri Tian,leur utilisation a débouché sur une peine de 25 ans de réclusion.

AGISSEZDemandez instamment au ministre de l’Intérieur de veiller à ce que les droits des personnes placées en garde à vue soient respectés et de prendre des dispositions pour mettre fin à la pratique de la détention non enregistrée.

Veuillez envoyer vos appels à :

Serik BaïmagambetovMinister of Internal Affairsul. Manasa, 4Astana 010000KAZAKHSTANFax : +7 (7172) 71 43 33 Courriel : [email protected]

En décembre 2009, des person-nes dont certaines disaientappartenir au Front des défen-

seurs de l'islam ont mené un raiddans une maison de Tebet (sudde Djakarta) où des membres dumouve-ment religieux ahmadiyya di-saient la prière du vendredi. D’aprèsdes témoins, la police n’a rien faitpour stopper les agresseurs, allantmême jusqu’à arrêter six ahmadis« pour les protéger ».

Les ahmadis sont un groupereligieux qui se réclame de l’islam,bien que nombre de formationsmusulmanes traditionnelles considèrentleurs croyances comme déviantes. Ils disent compter 200 000 adeptesen Indonésie. Ces dernières années,ils ont été pris pour cible, certainsgroupes les désignant comme des

hérétiques. Des pressions croissantesont été exercées sur les autoritésindonésiennes pour qu’elles prennentdes mesures contre les ahmadis.

En juin 2009, à Kebayoran Lama(sud de Djakarta), deux hommesavaient tenté d’incendier un lieu deculte où des ahmadis faisaient laprière de l’aube. Le mois suivant, dansla ville de Tangerang (province deBanten), un autre lieu de culte ahmadiavait été partiellement détruit dans unincendie allumé par deux inconnus.

En 2008, le gouvernement aadopté un décret ministériel conjointinterdisant aux ahmadis de promouvoirleurs activités. Les autorités se sontégalement appuyées sur le Code pénalpour pour-suivre des membres deminorités religieuses pour blasphème,infraction passible de cinq ans de prison.

La police ne protège pas suffisam-ment les ahmadis, et ceux qui se livrentà des violences à leur égard restentsouvent impunis. Tant que le gouver-nement indonésien ne protègera pasles droits des minorités religieuses, cesattaques risquent de se répéter.

AGISSEZAppelez les autorités indonésiennes à :

n protéger et garantir le droit des ahmadis à pratiquer leur religion sans crainte, intimidation ni persécution ; n veiller à ce que les auteurs présumés d’actes d’intimidation et de violence contre les ahmadis et leurs lieux de culte soient déférés sans délai à la justice, et que les victimes bénéficient de réparations ;n abroger toutes les dispositions législatives et réglementaires qui restreignent le droit à la liberté de religion tel qu’il est garanti par l’article 18 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), auquel l’Indonésie est partie.

Veuillez envoyer vos appels à :

Gamawan FauziHome Affairs MinisterJl. Medan Merdeka Utara No. 7Central Jakarta, IndonésieFax : +62-21-3851193Courriel : [email protected]

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UN GROUPE RELIGIEUXPERSÉCUTÉ EN INDONÉSIE

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Dmitri Tian avec sa femme et son fils. Des policiers d’Astana, au Kazakhstan, ontinfligé à Dmitri Tian des mauvais traitementsallant jusqu’à la torture ; le 16 juin 2009, le jeune homme a été condamné à 25 ansd’emprisonnement à l’issue d’un procès inique.

Actes de vandalisme dans des locaux appartenant à la communautéahmadiyya à Tangerang, province de Banten (janvier 2009). Les graffitis disent : « Ceci n’estpas un lieu de culte. Démantelonsl’ahmadiyya hérétique. »

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Les femmes et jeunes filles qui ontquitté le Soudan pour le Tchad,espérant y trouver la sécu-rité,

continuent à être victimes de viols etd’autres formes de violence. Dans l’estdu Tchad, dans les camps de réfugiésou hors de ces camps, ellesn’échappent pas aux atteintes auxdroits humains si fréquentes au Darfour.

Lorsque les réfugiées s'aventurenthors des camps pour aller chercherde l’eau, du bois à brûler et d’autresbiens indispensables, elles risquentde se faire harceler, menacer, attaquerou violer. Les auteurs de ces agis-sements appartiennent à des groupesd’opposition armés ou aux forcestchadiennes de sécurité, ou ce sontdes bandits. Dans les camps, il leurarrive de subir des agressionssexuelles commises par d’autres réfu-giés, parfois membres de leur proprefamille, ou, dans certains cas, par desemployés d’organisations humanitaires.

Les hommes qui commettent cescrimes sont rarement traduits enjustice, ce qui perpétue la culture del’impunité. La justice pénale tchadienneest faible, les policiers sont peu forméset il n’existe qu’un petit nombre detribunaux, juges et procureurs pourtoute la région orientale. Au camp deFarchana, par exemple, une réfugiée de13 ans a été violée par un infirmiertchadien employé dans ce camp.Enceinte à la suite du viol, l’adolescentea accouché en janvier 2009. L’infirmiera d’abord reconnu sa responsabilitémais a ensuite pris la fuite. Malgré lesplaintes déposées auprès des autoritéstchadiennes, aucune sanction, semble-t-il, n’a été prise envers lui et aucuneffort n’a été fait pour retrouver sa trace.

La violence contre les femmes acontinué malgré le déploiement de lamission des Nations unies en Républi-que centrafricaine et au Tchad(MINURCAT) et du Détachement intégré

de sécurité (DIS), une unité de policetchadienne soutenue et formée par laMINURCAT, et habilitée à sécuriserl’intérieur du camp et les alentours.« Les policiers du DIS s’occupent sur-tout d’assurer leur propre protection,soulignait une réfugiée du camp deGaga. Même les soldats de l’ONU doi-vent les protéger. Personne ne sembleavoir beaucoup de temps à consacrer ànotre protection. »

Le gouvernement tchadien a ledevoir de protéger celles et ceux quivivent sur son territoire, y compris les

réfugiés et les personnes déplacées àl’intérieur du pays. Le gouvernementtchadien et la communauté internationaledoivent prendre des mesures effectivespour assurer la protection des femmes etdes filles. Les personnes responsables deviolations des droits humains dans l’estdu Tchad doivent être traduites en justice.Les rescapées et leurs familles doiventêtre soignées, soutenues et aidées.

AGISSEZSignez la pétition (à l’adresse suivante : www.amnesty.org) engageant le président tchadien, Idriss Déby Itno, à faire le nécessaire pour que toutes les réfugiéesdans l'est du Tchad bénéficient d'une meilleure protection.

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COUP DE PROJECTEUR

A bdelhakim Ajimi est mort étoufféà 22 ans, après avoir été maîtrisépar des policiers lors de son

arrestation à Grasse le 9 mai 2008. Enmars 2009, cinq des policiers ayantpris part à cette interpellation ont étémis en examen pour non-assistance àpersonne en danger.

À l’époque, les juges d'instructionn’avaient pas mis en examen les deuxpoliciers qui seraient directement res-ponsables de la mort du jeunehomme. Ces policiers ont enfin été misen examen pour « homicide involon-taire » en février 2010, comme l’avaitordonné la Cour d’appel d’Aix-en-Provence quatre mois auparavant.L’un d’eux est également mis enexamen pour non-assistance à per-sonne en danger. La famille d’HakimAjimi attend toujours d’être informéed’une date pour le procès.

Ce même week-end, dans la nuitdu 8 mai 2008, Lamba Soukouna,aujourd’hui âgé de 31 ans, a été rouéde coups par des policiers devant sonimmeuble en banlieue parisienne. Ilest atteint de drépanocytose, unemaladie génétique grave, et soninvalidité partielle est reconnue. Il a étéinterpellé alors qu’il tentait de serendre au poste de police le plusproche ; il a par la suite été hospitalisépendant trois jours pour ses blessureset parce qu'il avait été privé de sesmédicaments lorsqu'il se trouvait engarde à vue. La plainte qu’il a déposéecontre plusieurs policiers auprès del'Inspection générale des services a étéclassée sans avoir donné lieu à uneenquête. Deux ans plus tard, LambaSoukouna poursuit sa quête de justice.

Le rapport d’Amnesty Interna-tional intitulé France. Des policiers

au-dessus des lois (EUR 21/003/2009)présentait ces cas et plusieurs autresaffaires de mauvais traitements imputésà des policiers français. Il soulignaitl’impunité de fait dont bénéficient lespoliciers français, qui sont rarementtraduits en justice au terme de vérita-bles enquêtes indépendantes, impar-tiales et réalisées dans les meilleursdélais. Comme le montrent les casd'Hakim Ajimi et de Lamba Soukouna,les enquêtes internes et judiciaires dansce type d’affaires sont souvent lentes,dérogent aux règles ou aboutissent à une impasse.

En juin 2009, Michèle Alliot-Marie,alors ministre de l’Intérieur, a promis derendre publics les rapports des mécanis-mes internes d'inspection examinantles plaintes déposées contre desrespon-sables de l’application des lois.Cette promesse n’a toujours pas été tenue.

AGISSEZ Demandez aux autorités françaises de veiller à ce que la mort d’Abdelhakim Ajimiet les blessures infligées à Lamba Soukouna donnent lieu à des enquêtes indépendantes et approfondies, et à ce que les responsables présumés soient déférés à la justice. Vous trouverez toutes les informations dont vous avez besoin auxadresses suivantes :

http://www.isavelives.be/fr/ajimi et http://www.isavelives.be/fr/soukouna

DÉNI DE JUSTICE POUR DES VICTIMES DEMAUVAIS TRAITEMENTS POLICIERS EN FRANCE

EST DU TCHAD : « IL N'Y A PAS DE LIEUSÛR POUR LES FEMMES »

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En France, une banderole et desphotos à la mémoire d’Hakim Ajimi(mai 2008).

Une femme du camp de réfugiés deFarchana va chercher de l’eau (mai 2009).

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CARTES POSTALES À SIGNER ET ENVOYER

Halte aux peines de flagellation en Malaisie

La flagellation [bastonnade] est l’un des châtiments appliqués enMalaisie pour punir l'entrée illégalesur le territoire national. Près de35 000 migrants en ont fait l’expé-rience entre 2002 et 2008, d’aprèsles registres des autorités carcérales.Châtiment cruel, inhumain et dégra-dant, la flagellation est interdite auxtermes du droit international relatifaux droits humains. Il s’agit d’unesanction humiliante et très doulou-reuse, qui laisse souvent des sé-quelles psychologiques et phy-siques, pendant des années. Voustrouverez en encart la carte postale àsigner et à envoyer au Premierministre malaisien.

Protégez les migrants au MexiqueAu Mexique, des milliers de migrantssans papiers, dont des femmes etdes enfants, voient leurs droitsfonda-mentaux bafoués. Des gangscriminels les rouent de coups, selivrent à des enlèvements,commettent des viols et même desmeurtres de migrants. Mais desreprésentants de l’État se sontégalement vu imputer des exactions.Utilisez notre carte postale (en pagecentrale) pour demander au ministrede l’Intérieur d’affirmer haut et clairque les autorités mexicaines nesauraient tolérer de tels abus.

COUPE DU MONDE 2010 :IL EST TEMPS D’AGIR

Alors que la fièvre commence à mon-ter en prévision de la Coupe dumonde de football de 2010, qui auralieu en Afrique du Sud, AmnestyInternational fait entrer sur le terrainStand Up United, une équipe dedéfenseurs des droits humains quis’en prend aux violations dans lemonde entier. Le numéro du FIL dejuin-juillet aura pour thème la Coupedu monde, présentera l’équipe et vousdemandera, à vous et à vos amis,de la rejoindre.

Stand-Up United est composée de11 défenseurs des droits humains desquatre coins du monde. Ils ont un buten commun – l’égalité, la dignité et lajustice pour tous. Qu’ils luttent enfaveur du droit au logement au Kenya,des droits des femmes en Iran ou desdroits des migrants au Mexique, lesdéfenseurs mènent une action déci-sive là où ils vivent. Ils sont nombreuxà subir des actes d’intimidation et desmenaces, et risquent même leur vie,mais trouvent la force de continuerparce qu’ils savent qu’un peu partoutdes gens les soutiennent.

Dans le numéro de juin-juillet, les11 défenseurs évoqueront leur travailet leurs motivations, et expliquerontcomment vous pouvez les soutenir. Denombreuses actions vous serontproposées, ainsi que des idées pourvous aider à organiser vos matchs defootball sous l’égide d’AmnestyInternational et d’autres activitésdestinées à promouvoir les droitshumains. Rassemblez vos amis et vosvoisins et joignez-vous aux défenseursdans le prochain numéro du FIL !

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NOTRE MILITANTE AUX CENT PRINTEMPSDepuis plus de trente ans, Marguerite Ruelle milite au sein du groupeAmnesty de Mons. Ce 21 mars, elle a célébré son 100e anniversaire ! Parmodestie, Marguerite a souhaité ce jour-là mettre son engagement en avant.En résulte une récolte de près de 1000€ au profit d’Amnesty International etd’Oxfam grâce à la vente de verres gravés par ses soins. Car Marguerite estaussi artisante, mais ça c’est une autre belle histoire…

De la part de tous, merci Marguerite pour ton admirable dévouement.

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Photos de la Caravane contre la mortalitématernelle au Burkina Faso (janvier2010). Les délégués d’AmnestyInternational ont abordé des questionsrelatives à la mortalité maternelle dansles villages de la région du Sahel où lacaravane a marqué des arrêts. C’est danscette région du Burkina Faso que le tauxde mortalité maternelle est le plus élevé.© Amnesty International pour toutes lesphotos

LES CAMPAGNES D'AMNESTY INTERNATIONALS’EFFORCENT D’OBTENIR LA JUSTICE ET LALIBERTÉ POUR TOUS ET DE MOBILISERL’OPINION PUBLIQUE POUR UN MONDEMEILLEUR, QUE CE SOIT LORS DE CONFLITSTRÈS MÉDIATISÉS OU DANS DES ENDROITSOUBLIÉS DE LA PLANÈTE.

QUE POUVEZ-VOUS FAIRE ? Dans le monde entier, des militants font la preuve qu’ilest possible de résister aux forces qui bafouent lesdroits humains. Rejoignez ce mouvement mondial.Combattez les marchands de peur et de haine.

Adhérez à Amnesty International et participez, au seind’un mouvement mondial, à la lutte contre lesatteintes aux droits fondamentaux. Vous pouvez nousaider à changer les choses.

Ensemble, nous pouvons faire entendre notre voix.

Je désire recevoir des renseignements complémentaires sur lesconditions d’adhésion à Amnesty International.

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Veuillez retourner le formulaire ci-dessus à AmnestyInternational, rue Berckmans, 9 à 1060 Bruxelles, ou parfax au 02/537.37.29.

Vous pouvez aussi vous inscrire en ligne, en allant sur http://www.amnesty.be/membres

Vous pouvez agir tous les jours pour des individusen danger en vous rendant sur :http://www.isavelives.be

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Je change d’adresse (inscrire uniquement la nouvelle adresse).Bulletin à renvoyer à Amnesty International, rue Berckmans, 9 à1060 Bruxelles, ou par mail à Michèle Ligot - [email protected].

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ENVOYEZ «AUF»AU 3313Activation gratuiteSms reçu : gratuitSms envoyé : 2 €

VOTRE GSMPEUT SAUVERDES VIES

n Inscription : envoyez le message "AUF" au numéro "3313".

n La pétition vous sera envoyée par sms le mercredi à 14h.

n Répondez au message avec votre nom, prénom etcoordonnées au numéro "3313" pour signer la pétition.

n Envoyez autant de réponses que vous le souhaitez. Uneseule réponse avec vos coordonnées sera reprise pour lapétition, les autres seront considérées comme don.

n Les signatures récoltées sont envoyées vers les autorités chaque mercredi suivant.

n Pour se désabonner : envoyer le message "STOP" au"3313". Votre désabonnement sera effectif sans délai.

n Coût :- Activation et abonnement : gratuit. - Le message que nous vous envoyons : gratuit.- Le message lorsque vous nous répondez : 2 €.

Ce coût permet de financer le service et de soutenir Amnesty pour l'ensemble de ses activités.

Agir par sms, c'est à la fois signer les pétitions d’Amnesty et soutenir financièrement son action.

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