28
QUI DISPOSE DE VOTRE CORPS ? POUR TOUS CEUX QUI ONT La PaSSION DES DROITS HUMaINS MARS/AVRIL 2014 VOLUME 44 N° 002

Le Fil, Mars Avril 14

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Le magazine d'Amnesty International en français.

Citation preview

Page 1: Le Fil, Mars Avril 14

QUI DISPOSE DE VOTRE CORPS ?

POUR TOUS CEUX QUI OnT la PaSSIOn DES DROITS HUMaInSMARS/AVRIL 2014 VOLUME 44 N° 002

Page 2: Le Fil, Mars Avril 14

QUI DISPOSE DE VOTRE CORPS ?L'État exerce sur votre vie privée un contrôle bien plus grand que ceque vous imaginez. Découvrez ce que vous pouvez faire PagE 6.

SUPPRIMER Un FaRDEaU InUTIlEDépossédées du contrôle sur leur corps, leur santé et leur vie, lesNépalaises sont prêtes pour le changement. Faites connaissanceavec Kapila en PagE 8.

QUI DÉCIDE ?C'est la question posée par ce photoreportage sur l'Argentine, où laplupart des avortements sont illégaux. PagE 10.

CHangER lES CŒURS ET lES ESPRITS En InDEEn Inde l’opinion est plutôt favorable à la peine de mort, mais desmilitants locaux d'Amnesty ont eu l'idée de moyens efficaces pourrenverser la tendance. PagE 14.

S.O.S. EUROPE : nE laISSEZ PaS lES gEnS MOURIR ÀVOTRE PORTE !Les États de l'UE doivent protéger la vie des gens avant de protégerleurs frontières. Participez à notre campagne : ensemble, nouspouvons changer les choses. PagE 16.

l'ESPOIR EST PlUS FORT QUE la PEURDes réfugiés se noient en mer alors que l'UE ne fait rien face à lapire catastrophe humanitaire de notre temps : la Syrie. PagE 18.

PIÉgÉS PaR lE SYSTÈMELa Bulgarie est le nouveau terrain de bataille de la forteresseEurope. L'histoire de Faiz en témoigne : les politiques de l'UE enmatière d'asile et d'immigration ne font qu'écarter les gens sansrien résoudre PagE 20.

ÉgalEMEnT DanS CE nUMÉROLa crise des droits humains en République centrafricaine (PagE 3) ;Former les futurs militants en Mongolie (PagE 12) ; Comment êtrelibéré de prison grâce à un manuel d'Amnesty (PagE 13) ; Écrivez unelettre, changez une vie (PagE 22) ; et un immense merci à tous ceuxqui ont fait de l'édition 2013 d'Écrire pour les droits un succès d'uneampleur inégalée ! (PagE 24)

En COUVERTUREVous avez le droit de nepas être victime de violou d'autres violencessexuelles : Œuvre debody art créée enexclusivité pour lacampagne d'AmnestyMon corps, mes droitspar Choo San, une artisteinstallée au Japon.Gagnez une œuvre etinformez-vous en PagE 4.

© RomanP

ankratov.ru

DanS CE nUMÉRO DU FIl

© amnesty International ltdwww.amnesty.orgIndex : nWS 21/002/2014ISSn : 1472-443XaIlRC-FR pour la version française47, rue de Paradis - 75010 ParisImprimé sur papier recycléBanbury litho - Oxon - Royaume-Uni.

Tous droits de reproduction réservés.Cette publication ne peut fairel’objet, en tout ou en partie, d’aucuneforme de reproduction, d’archivageou de transmission, quels que soientles moyens utilisés (électroniques,mécaniques, par photocopie, parenregistrement ou autres), sansl’accord préalable des éditeurs.

Wire, Editorial and PublishingProgramme, amnesty International,International Secretariat, PeterBenenson House, 1 Easton Streetlondon WC1X 0DW, Royaume-Uni

Photo de couverture : © amnestyInternational (artiste : HikaruCho/Photo : Jim Marks)

Recevoir lE FIllE FIl peut être téléchargé à cetteadresse : www.amnesty.org/en/stay-informed/enewsletters/the-wire

les particuliers peuvent recevoir 6 numérosannuels du FIl pour 15 £/24 $/17 €Pour les institutions, le tarif est de 35 £,54 $ ou 41 €.

les sections et structures d’amnestyInternational peuvent acquérir desexemplaires à prix réduit.Contactez-nous par [email protected] ou partéléphone : + 44 207 413 5814/5507.

Pour rejoindre amnesty Internationalrendez-vous surhttp://www.amnesty.org/en/join

Page 3: Le Fil, Mars Avril 14

ÉDITORIal : DEUX OCCaSIOnS DE CHangER lE MOnDEles vraies occasions de changer le monde ne se présentent pas très souvent. Et soudain, deux peuvent surgir aumême moment.En avril des responsables des États vont se rencontrer pour débattre de notre vie privée. les décisions qu'ils vontprendre pourraient avoir de dures conséquences au quotidien, comme le montrent l'article sur les femmes aunépal et celui sur l'avortement en argentine (pages 8-11). Parler ouvertement de ces histoires si personnelles estl'occasion d'entamer un débat important. Rejoignez-nous dans la campagne Mon corps, mes droits : avec desmillions d'autres personnes, vous agirez pour changer les choses, dans le monde entier (pages 4-7).Et dès maintenant, nous avons aussi une occasion unique d'apporter notre soutien aux migrants et aux réfugiés quirisquent tout ce qu'ils ont pour gagner l'Europe. Il n'est pas normal que des gens meurent en mer, soient enferméspendant des années ou soient renvoyés brutalement. notre campagne SOS Europe demande aux gouvernements del'UE de traiter les gens avec équité et dignité (p. 16-21). Certes, on n'entend pas toujours leur voix, mais cespersonnes ont pourtant des droits fondamentaux. nous nous tenons à leurs côtés, pour que personne n'oubliejamais cela.Pour lire lE FIl en ligne, ainsi que notre blog lIVEWIRE, rendez-vous sur livewire.amnesty.org

Menottes aux poignets, la danseuse russe AlexandraPortiannikova brave le froid polaire de l'hivermoscovite le 30 janvier 2014. Les militants d'Amnestyà ses côtés ont remis au président Poutine plus de330 000 signatures de personnes de 112 paysdifférents. Lors de notre campagne menée à l'occasiondes Jeux olympiques d'hiver de Sotchi, en février, nousavons protesté contre la répression de la liberté deparole et d'expression en Russie.

Page 4: Le Fil, Mars Avril 14

À la MÉMOIRE DE JEan-ClaUDE ROgER MBÉDÉ

Dans le monde entier on a appris avecstupeur la mort de Jean-Claude RogerMbédé, ancien prisonnier d'opiniondéfendu par Amnesty International, le10 janvier dans sa ville natale deNgoumou, au Cameroun. Il avait34 ans. Jean-Claude Roger Mbédéavait été arrêté en mars 2011 aprèsavoir envoyé un message d’amour à unhomme. Il avait été condamné à troisannées d'emprisonnement pour«homosexualité et tentatived'homosexualité». Régulièrement battuen prison, il avait souffert demalnutrition. On se souviendra de luicomme d'un militant courageux, aularge sourire, dont le seul «crime» auraété d'exprimer son amour.

Lisez notre billet de blog sur Jean-Claude etsur les ravages de l'homophobie en Afrique :http://bit.ly/LivingForLove (choisir Français dans le menu déroulant à droite)

DÉFEnDRE lES DÉFEnSEURSSelon Danna Ingleton et James Savage,deux responsables d'Amnesty, undéveloppement de la recherchecollaborative pourrait améliorer laprotection des défenseurs des droitshumains dans le monde. L'article dontils sont co-auteurs commémore le15e anniversaire de la Déclaration surles défenseurs des droits de l'homme.Téléchargeable gratuitement dansplusieurs langues, il préconise denouvelles manières de penser et denouvelles approches sur certainesquestions, notamment la perception

2lE FIl [ MaR/aPR 2014 ]

des risques, de la sécurité et de laprotection ; la culture, le genre et ladiversité ; les mécanismes juridiques etadministratifs utilisés pour larépression ; les stratégies et lesméthodes de protection des personneset de leurs droits ; la technologie et lasécurité informatique.

Lisez l'article ici : http://bit.ly/HRDefs

MERCI D'ÊTRE REVEnUS !L'an dernier, lorsque nous sommesallés dans le KwaZulu-Natal, provincesud-africaine rurale, nous avonsconstaté que le mauvais état des routesmettait en danger la vie des femmesenceintes et des nouveaux-nés. Lesgens là-bas nous avaient suppliés derevenir en janvier, à la saison despluies, lorsque les routes sontimpraticables. Nous sommes doncrevenus en amenant avec nous lacinéaste primée Annalet Steenkamp.Le film qu'elle a tourné sera projeté enAfrique du Sud en mai prochain, avantd'être diffusé dans le monde entier aumois d'août, parallèlement à la sortie

d'un important rapport. De plus amplesdétails suivront bientôt.

Suivez Amnesty Afrique du Sud sur Facebook : http://bit.ly/amnesty-southafrica

HOMMagE À aMInaÀ quelques semaines du deuxièmeanniversaire du suicide d'Amina Filali auMaroc, une décision historique deslégislateurs honore sa mémoire etcouronne la campagne menée après samort. Amina Filali n'avait que 16 anslorsque, en mars 2012, elle a mis fin à sesjours en avalant de la mort-aux-rats aprèsavoir été mariée de force à un hommequ'elle accusait de l'avoir violée. L'article475 du Code pénal marocain prévoyait lapossibilité pour les violeurs d'épouser leurvictime mais, le 23 janvier, le Parlement aaboli à l'unanimité cette disposition – unevictoire pour les militants des droits desfemmes dans le pays. Mais des loissimilaires existent toujours en Tunisie et enAlgérie. Nous allons nous servir de lacampagne Mon corps, mes droits pourfaire pression en 2014 et 2015 afinqu'elles soient modifiées.

nOUS DISOnS nOn À laPROPOSITIOn DE lOI COnTREl'HOMOSEXUalITÉ En OUganDaDes membres d'Amnesty de trèsnombreux pays ont participé en févrierà une journée d'action mondiale lancéepar des militants ougandais. Nous

© Amnesty International/R

achel Banfield

Bonnes nouvelles et information sur l'action et les campagnes d'Amnesty InternationalActualitéNotre

Page 5: Le Fil, Mars Avril 14

nOTRE aCTUalITÉ

3lE FIl [ MaR/aVR 2014 ]

Conseillère principale sur les situationsde crise, Joanne Mariner livre un aperçude son activité récente en Républiquecentrafricaine.

Nous roulions vers le sud dans un 4x4 plein à craquer,espérant arriver à la capitale, Bangui, avant le couvre-feu de 18heures, quand nous avons croisé des miliciens en tenue decombat. Dépenaillés, ils étaient équipés d’armes à feu artisanaleset malcommodes, de vieux fusils de chasse, de couteaux,d’épieux et de machettes. Mais leur nombre compensait lapauvreté de leur équipement. Et ces armes rudimentaires n’enétaient pas moins mortelles.

Pays d’une extrême pauvreté, mal gouverné, la Républiquecentrafricaine (RCA) traverse aujourd’hui la pire crise des droitshumains de son histoire. Les hommes que nous avons rencontrésfont partie d’un groupe majoritairement chrétien connu sous lenom d’anti-balaka, l’un des principaux acteurs de cette crise.

Il s’est formé pour lutter contre un gouvernementessentiellement musulman qui multipliait les abus. Mais les anti-balaka s’en sont pris autant – sinon plus – aux civils qu’à desforces gouvernementales mieux armées. Depuis la chute dugouvernement, le 10 janvier 2014, ils ont lancé une offensive degrande envergure contre les musulmans, qui ont été trèsnombreux à fuir.

Les anciennes forces gouvernementales ne se sont pasretirées de bonne grâce. Ces troupes qu’on appelle ex-Séléka ontsillonné le pays, tuant et pillant sans discernement.

Lorsque ma collègue Donatella Rovera et moi-même sommesarrivées en RCA pour enquêter sur ces violations et les recenser,nous avons trouvé une situation explosive qui s’envenimaitrapidement. Ce que nous avions vu sur la route de Bangui endonnait un aperçu.

Les anti-balaka contrôlaient presque toute la route : ilsinstallaient des postes de contrôle et arrêtaient les véhicules. Ilsne voyaient aucune raison de dissimuler leurs objectifs. Ils avaientle visage barbouillé de peinture noire et le corps décoré detalismans – des porte-bonheur auxquels certains prêtaient la vertude rendre invulnérables aux balles. Ils venaient d’attaquer unvillage musulman voisin.

Le travail de crise est différent des enquêtes habituelles surles droits humains. Au lieu de mener d’abord des recherches etde les utiliser ensuite pour notre travail de plaidoyer et decampagne, nous avons passé beaucoup de temps à exercer despressions en faveur de mesures de prévention immédiates.

En l’occurrence, sachant que les forces anti-balakarepartiraient à l’attaque, nous avons alerté les forcesinternationales de maintien de la paix stationnées dans le pays etles médias. Et, tandis que la crise se poursuit, nous restons encontact quotidien avec des villages en danger, faisant le maximumpour recueillir des informations, avertir des dangers imminents etmettre les personnes à l’abri.

Suivez Joanne sur Twitter @jgmariner et consultez notre blogsur la crise en RCA à l’adresse http://livewire.amnesty.org/fr/

©

au président Yoweri Museveni demettre son véto à la loi et de respecterles engagements de l'Ouganda enmatière de droits humains. Ce texteprévoit des peines très dures pour lespersonnes ayant des rapports sexuelsavec une personne de même sexe oufaisant la «promotion del'homosexualité».

http://bit.ly/UgandaAHB

« Les cartes de solidaritéétaient extraordinaires. J'aipleuré quand je les ai reçues.Les messages personnels nousdonnent la force de continuer.Ils sont vraiment arrivés aubon moment. Merci, un grandmerci. »

Message d'une militante ougandaise auxsympathisants d'Amnesty, juste après l'adoption de laproposition de loi de répression de l'homosexualité enOuganda, en décembre 2013.

Malala, UnE SOURCED'InSPIRaTIOn POUR DESlYCÉEnS nÉO-ZÉlanDaISDes lycéens néo-zélandais ont créécette fresque (à gauche) pendant leursvacances. Elle est inspirée par l'actionde Malala Yousafzai, militantepakistanaise pour les droits àl'éducation et lauréate du prixAmbassadeur de la conscienced'Amnesty. Nardos Tilahun, principaleartisane de l'œuvre, a déclaré : «Lafresque représente l'émancipation desjeunes femmes et le fait qu'elles ont lesmoyens d'impulser et de conduire lechangement.» Le concours de fresquesorganisé dans son lycée a coïncidéavec la campagne d'AI Nouvelle-Zélande qui s'appuie sur l'art urbainpour attirer l'attention sur les droits desfemmes. D'autres artistes néo-zélandais célèbrent la libertéd'expression et vendent aux enchèresdes œuvres créées sur des boîtesd'allumettes.

Pour en savoir plus sur l'opération Strike – this is the match that lights the candle : www.amnesty.org.nz/strike

Saccage et incendie de biens appartenant àdes musulmans et d'une mosquée dans lenord de Bangui, la capitale centrafricaine,le 23 janvier 2014. Dans une autre localité,des chercheuses d'Amnesty ont recueillides éléments attestant de la mort de plusde 50 musulmans lors de deux attaquesmenées à peu près à la même période. Laplus jeune victime était une enfant de18 mois, la plus âgée un homme de70 ans. Selon Joanne Mariner, conseillèred'Amnesty pour les situations de crise, « lesforces internationales de maintien de lapaix manquent à leurs obligations envers lacommunauté musulmane». Lisez sontémoignage dans la rubrique En premièreligne (ci-contre), ainsi que notre dernierrapport sur la crise en Républiquecentrafricaine : http://bit.ly/CAR-Killings

© Karen H

atch Photography

avons dénoncé la loi de répression del'homosexualité gravementdiscriminatoire que vient d'adopter leParlement ougandais. Plus de86000 personnes ont signé notrepétition et lancé une action sur lesmédias sociaux. Nous avons demandé

© Amnesty International

En première ligneProtéger les personnes pendantune crise des droits humains

COURRIERVous souhaitezque vosopinions etcommentairessoient publiéssur cette page?Adressez uncourriel à[email protected]

Page 6: Le Fil, Mars Avril 14

MOn CORPS MES DROITS

4lE FIl [ MaR/aVR 2014 ]

> > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > >

Nous avons tous et toutes le droit de prendre desdécisions concernant notre santé, notre sexualité, etle choix d'avoir des enfants, sans peur et sans subirde pressions, de violences ou de discriminations.Mais, dans le monde entier, ces décisions d'ordrepersonnel sont régentées par l'État, les professionnelsde la santé ou même notre famille.

Notre campagne Mon corps, mes droits a pourbut de combattre le contrôle et à la criminalisation dela sexualité et de la reproduction. Au long des deuxannées à venir, nous œuvrerons en faveur dechangements réels dans la vie des femmes et deshommes du Népal, du Burkina Faso, du Salvador,d'Algérie, du Maroc et du Sahara occidental, deTunisie et d'Irlande, nous lutterons contre le rejetsocial et nous briserons le silence qui entouresouvent ces questions.

Pour lancer la campagne, nous nous associons àChoo San, une artiste en plein essor qui travaille auJapon. Elle a créé une série d'images saisissantes enexclusivité pour nous, afin de susciter uneconversation en ligne sur le droit de prendre desdécisions concernant nos corps et nos vies.

Prenez part à la conversation ! Cinq d'entre vousvont pouvoir gagner une de ses œuvres, signée de samain.

MOn CORPS MES DROITSMOn aVEnIR

Dites-nous ce que signifie pour vous « Moncorps, mes droits » en créant votre propre œuvred'art. Dessinez sur votre bras, prenez un selfie,peignez un tableau sur toile. Quelle que soit votrecréation, mettez-la en ligne sur http://mb-mr.tumblr.com ou postez-la sur Instagram, Facebookou Twitter en y associant le mot-clé#MyBodyMyRights.

Nous posterons nos œuvres préférées sur notrepage Facebook et ferons connaître le nom deslauréats dans le courant du mois de mars.

Pour savoir comment vous pourriez influencerdes décisions politiques qui affecteront votre viesexuelle, lisez l'article suivant !

En exclusivité, les œuvres de l'artiste Choo San, qui travaille auJapon, donnent le coup d'envoi de la campagne mondiale d'amnestyMon corps, mes droits, consacrée aux droits sexuels et reproductifs.le lancement a lieu le 8 mars, Journée internationale de la femme.

À droite : Des œuvres d'art corporel de Choo San quiillustrent nos droits sexuels et reproductifs. Dans le sens des aiguilles d’une montre, depuis en hautà gauche : Vous avez le droit de choisir votre partenaire.Vous avez le droit de prendre des décisions concernantvotre corps et votre santé. Vous avez le droit de recevoirdes informations sur votre corps, votre santé et vosrapports sexuels.

Conditions générales : 1. L'organisateur de ce concours est Amnesty International, Secrétariat international, Peter Benenson House, 1 Easton Street,Londres WC1X 0DW, Royaume-Uni 2. Une seule œuvre par participant. Le prix n'est pas cessible. Aucun équivalent en espèces n'est prévu. 3. Cinqlauréats seront sélectionnés par un collège de juges d'Amnesty International, qui évalueront les images en fonction de leur force et de leur caractèrenovateur. 4. Les lauréats seront avertis dans les 28 jours suivant la sélection opérée. 5. La décision des juges est définitive et aucune correspondance nesera engagée. 6. La participation à ce concours suppose que les participants reconnaissent le caractère définitif de son règlement et en respectent lesdispositions. 7. Aucun achat n'est requis. 8. On pourra obtenir les noms des lauréats sur demande par courrier à : Amnesty International, Secrétariatinternational, Peter Benenson House, 1 Easton Street, Londres WC1X 0DW, Royaume-Uni.

Page 7: Le Fil, Mars Avril 14

5lE FIl [ MaR/aVR 2014 ]

> > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > >

MOn CORPS MES DROITS

55

© Amnesty International (A

rtiste : Hikaru C

ho / Photo : Jim

Marks)

© Amnesty International (A

rtiste : Hikaru C

ho / Photo : Jim

Marks)

© Amnesty International (A

rtiste : Hikaru C

ho / Photo : Jim

Marks)

Page 8: Le Fil, Mars Avril 14

MOn CORPS MES DROITS

6lE FIl [ MaR/aVR 2014 ]

> > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > >

QUI DISPOSE DE VOTRE CORPS ?les autorités se mêlent de votre vieprivée plus que vous ne le pensez.

© REUTER

S/Erik De Castro

Page 9: Le Fil, Mars Avril 14

7lE FIl [ MaR/aVR 2014 ]

MOn CORPS MES DROITS

En quoi cela me concerne-t-il ? Cette conférence des Nations unies porte sur vosdroits humains, votre corps et votre avenir. En vousimpliquant, vous pouvez contribuer à empêcher larégression de nos droits sexuels et reproductifs – quel’on constate déjà dans le monde entier (voir encadréà droite). Et il est difficile de faire la sourde oreille àun chœur de voix appelant au changement.

Et de quoi parle cette conférence ? Elle porte le nom de Commission internationale sur lapopulation et le développement et aura lieu auxNations unies en avril. Son nom est abrégé enCIPD+20 parce qu’elle dresse le bilan d’un documenthistorique signé par 179 États voilà 20 ans.

Pourquoi cet accord est-il important ? Certes, ce ne sont que quelques mots couchés surdu papier. Mais ce sont des mots importants, quiont le pouvoir de définir les priorités des politiqueset programmes de financement dans le domaine dela santé sexuelle et reproductive. Des militants etdes associations de défense des droits des femmess’appuient sur cet accord pour influer sur les Étatset faire campagne en faveur du progrès.

En quoi consistent exactement mes droitssexuels et reproductifs ? Vous avez le droit de...n Prendre vous-même les décisions qui concernentvotre santé

n Demander des informations sur les services desanté et en obtenir

n Décider si vous voulez des enfants et à quel momentn Choisir de vous marier ou nonn Accéder aux services de santé sexuelle etreproductive

n Ne pas subir de violences sexuelles

Le premier accord de la CIPD a réaffirmé cesdroits, déjà consacrés dans plusieurs traitésinternationaux relatifs aux droits humains, et fixédes normes régissant leur mise en œuvre.

Tout cela est plutôt positif, non ? En effet – l’évaluation bisannuelle de l’accord adéjà permis de constater quelques très bellesavancées. Ensemble, des milliers de jeunesmilitants de 180 pays ont rédigé une Déclarationde la jeunesse à l’occasion d’un forum organisé àBali en 2012. Celle-ci réaffirme les droits sexuelset reproductifs des jeunes et adresse aux États desrecommandations claires sur la prise en compte deces droits dans leurs politiques de développement.

«Nous avons vu et senti que nous n’étions passeuls, a déclaré Sabrina Frydman, venued’Argentine, l’une des participantes au Forum desjeunes. Et le fait de livrer une grande bataille auxcôtés d’alliés aussi formidables est l’une desmeilleures motivations qui soient pour un militantdes droits humains au quotidien. »

Dans ce cas, pourquoi cet appel urgentd’Amnesty ? Parce que tous les États ne sont pas d’accord sur lesavancées à faire. Depuis le premier accord de laCIPD, certains États et groupes de pression se sontsystématiquement opposés au droit des jeunes àl’éducation en matière de sexualité et de relations, audroit des femmes à disposer librement de leur corpset à la légitimation des relations homosexuelles.

Nos droits sexuels et reproductifs régressent dans lemonde entier (voir encadré à droite). À l’issue d’unecampagne fallacieuse menée par des mouvementsconservateurs, par exemple, le Parlement européen arefusé en décembre dernier d’adopter une positioncommune forte sur les droits sexuels et reproductifs.À la place, il a adopté une résolution affirmant queces domaines politiques étaient laissés àl’appréciation de chaque État membre de l’UE. Or,une position commune progressiste aurait permisd’espérer un avenir meilleur pour des millions dejeunes du monde entier. Nous voulons donc saisircette occasion pour inverser les tendances négativesde ce type et défendre les droits humainsfondamentaux de millions de personnes à travers lemonde.

Et maintenant ? La prochaine étape décisive de l’évaluation de laCIPD+20 est la session des Nations unies en avril.Les décisions qui y seront prises détermineront laforme à venir des politiques et des programmes de

PaSSEZ À l’aCTIOn >>>Les droits sexuels et reproductifs de près de 1,8 milliardde jeunes du monde entier risquent d’être bafoués. Ditesaux dirigeants de ce monde de protéger ces droitsmaintenant et pour la génération suivante. Signez notrepétition et renseignez-vous sur notre campagneMon corps, mes droits à l’adressewww.amnesty.org/mybodymyrights#MyBodyMyRights ou #Moncorpsmesdroits

DES DROITS En COURS DE RÉgRESSIOn

n Au Nigeria, où une loi draconienne surl’interdiction du mariage entre personnes de mêmesexe a été adoptée, de nombreuses personnes ontété arrêtées au seul motif qu’elles étaienthomosexuelles. n En Inde, la Cour suprême a annulé unedécision de la Haute Cour selon laquelle lacriminalisation des relations homosexuelles étaitanticonstitutionnelle.n En Espagne, le ministre de la Justice arécemment soumis un projet de loi qui limiteraitfortement l’accès des femmes à l’avortement.n D’autres pays – notamment la Lituanie, laMacédoine, la Turquie et les États-Unis – ontégalement tenté l’an dernier de limiter l’accès àl’avortement.

votre gouvernement. Cette session aura aussi uneincidence sur les nouveaux objectifs dedéveloppement internationaux convenus pour lesdeux prochaines années. Dans le monde entier, despersonnes réclament que l’éducation sexuelle etles services de santé bénéficient de ressourcessuffisantes et soient accessibles au plus grandnombre, notamment aux jeunes. Les chances deparvenir à cet objectif seront meilleures si les Étatss’engagent en avril à préserver et à améliorer lesnormes.

En ce moment, des gens que vous ne connaissez même pas sont entrain de débattre de tout, du droit des jeunes à l’éducation sexuelleet du droit des femmes à disposer librement de leur corps à lalégitimité des relations homosexuelles. Et nous avons une occasionrare d’influer sur leurs décisions.

> > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > >

QUI DISPOSE DE VOTRE CORPS ? ©

UN Photo

Ci-dessus à droite : Délégués à la première Conférenceinternationale sur la population et le développement auCaire (Égypte), 1994. La Conférence se réunira de nouveauen avril 2014. Leurs décisions auront des conséquencesqui nous concernent tous et toutes, y compris ces femmes(à gauche) qui amènent leurs enfants dans un centre desoins pour un bilan de santé à Manille (Philippines).

Page 10: Le Fil, Mars Avril 14

MOn CORPS MES DROITSnÉPal

À 24 ans, Kopila venait d’accoucher de sonquatrième enfant lorsque sa vie, déjà difficile, s’estencore compliquée.

«Douze jours après la naissance, je coupais dubois à la hache, a-t-elle confié à Amnesty en avril2013. Mon mari m’a demandé de l’eau et nous noussommes disputés. Il m’a rouée de coups. Je ne saispas si mon utérus est sorti pendant que je coupais dubois ou après que j’ai été battue. Après la dispute, j’aicommencé à avoir mal au dos et au ventre, et je nepouvais plus me tenir droite, ni rester assise, nitravailler. Lorsque j’éternue, mon utérus sort. »

Kopila souffre de prolapsus utérin, une pathologiedouloureuse et invalidante qui survient lorsque lesmuscles pelviens ne parviennent plus à soutenirl'utérus, lequel descend dans le vagin. Aujourd’huiâgée de 30 ans, elle assume toujours sa charge detravail harassante – s’occuper des quatre enfants,travailler aux champs, soigner les bêtes et s’acquitterdes tâches ménagères – malgré des douleurs qui nela quittent pas. Elle ne s’est jamais arrêtée pendantses grossesses, portant de lourdes charges de bois,d’herbe et de bouses de vache.

Kopila n’est guère maîtresse de son corps et de sasanté. Chez elle, elle est la dernière à manger, après sesenfants et son mari. Quand elle est malade, c’est lui quidécide si elle peut voir un médecin. Et puis Kopilaexplique qu’elle n’a guère de pouvoir de décision sur savie sexuelle, car son mari lui impose des relationssexuelles même lorsqu’elle n’en a pas envie.

UnE HISTOIRE BanalEPorter des charges lourdes pendant ou juste après lagrossesse, avoir des enfants très jeune, avoirplusieurs enfants d’affilée et accoucher sans l’aided’un professionnel de santé qualifié font partie descauses courantes de prolapsus utérin.

L’histoire de Kopila est bien trop banale au Népal.Beaucoup de femmes ont raconté à Amnesty qu’ellesn’avaient pas vraiment leur mot à dire sur lesdécisions qui concernent leur propre corps. Etcertaines de celles qui souffrent d’un prolapsus utérinont confié que ce n’était pas leur seul problème.

Souvent, elles sont trop gênées pour s’ouvrir àquiconque de leur pathologie ou pensent que cela seproduit chez toutes les femmes qui ont un enfant.Elles vivent donc ainsi pendant des années avant definir par demander de l’aide.

À l’origine de cette situation, la discrimination quesubissent de nombreuses femmes et filles du Népaldu simple fait de leur sexe. Fondée sur l’idée que lesfemmes et les filles valent moins que les hommes etles garçons, cette discrimination s’exerce dans biendes domaines, empêchant les femmes, par exemple,de choisir le moment où elles auront des enfants oude décider de consulter un médecin.

SUPPRIMER lE FaRDEaULe prolapsus utérin pose un problème de droitshumains. L’État se trouve dans l’obligation juridiquede mettre un terme à la discrimination structurelleliée au genre et de faire le nécessaire pour que lesfemmes et les filles du Népal puissent prendre elles-mêmes les décisions qui concernent leur corps etleur vie.

Cela implique que les femmes et les fillesprennent leurs décisions relatives à la sexualité, aumariage, à la contraception et à la santé sansl’ingérence de leurs parents, de leur mari ou de leurbelle-famille. Cela implique de permettre aux femmesde décider du temps de repos dont elles ont besoinpendant et après la grossesse et de pouvoir refuserde porter des charges pesantes. Cela implique demettre un terme à la honte associée à cette

pathologie, de sorte que les femmes puissent enparler entre elles sans craindre de se sentirhumiliées. Cela implique également que les hommeset les garçons comprennent et défendent ces droits.

Les droits des femmes et des filles de vivre àl’abri de toute discrimination, d’avoir la maîtrise deleur sexualité et de prendre des décisions éclairées etsans contrainte sur leur santé reproductive sontprotégés par un grand nombre de traités

8lE FIl [ MaR/aVR 2014 ]

> > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > >

SUPPRIMER Un FaRDEaUInUTIlEPrivées du contrôle de leur corps, de leur santé et de leur vie, les femmes et les filles du népal sont prêtes pour le changement.

© Bikas R

auniar/DFID

Page 11: Le Fil, Mars Avril 14

internationaux dont le Népal est signataire. Ils sontégalement protégés par la Constitution provisoire duNépal.

À ce jour, l'État népalais s’est essentiellementcontenté de proposer une solution chirurgicale auprolapsus utérin – plutôt que de le prévenir encombattant la discrimination. Amnesty Internationalsoutient le mouvement des femmes népalaises, quise bat pour le changement. Avec votre aide, nous

pouvons convaincre les dirigeants népalais que leprolapsus utérin est une question de droits humainset un problème urgent, et les prier instamment d’agirpour éradiquer la discrimination liée au genre, qui està l’origine de cette pathologie particulièrementdouloureuse.

Rejoignez notre campagne et aidez-nous àsupprimer ce fardeau inutile

9lE FIl [ MaR/aVR 2014 ]

> > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > >

MOn CORPS MES DROITSnÉPal

agISSEZ >>>Signez notre pétition à l’adressewww.amnesty.org/unnecessaryburden. Le Népal est lapremière des cinq zones sur lesquelles nous axons notreaction dans le cadre de la campagne Mon corps, mes droits.Pour en savoir plus, rendez-vous à l’adressewww.amnesty.org/fr/mybodymyrights.

Au Népal, les femmes continuent souvent de porter descharges – qui peuvent peser jusqu’à 50 kilos – pendantleur grossesse et peu après l’accouchement, multipliantainsi les risques de prolapsus utérin.

Page 12: Le Fil, Mars Avril 14

MOn CORPS MES DROITSaRgEnTInE

10lE FIl [ MaR/aVR 2014 ]

> > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > >

« Il existe d’innombrables raisons d’avorter, affirme-t-elle. Des raisons et des motivations que personne nedevrait juger.

«Or, qui décide à notre place ?» demande-t-elle,avant de répondre : «Les autres.» C’estparticulièrement vrai en Argentine, où il est illégald’avorter dans la plupart des cas.

Voici une sélection de photos tirées d’uneexposition d’Amnesty Argentine qui donne à réfléchir,11 semaines, 23 heures, 59 minutes (délai aprèslequel l’avortement est interdit dans la plupart descas), inaugurée en août 2013 dans la capitale,Buenos Aires. Les femmes que présente l'exposition,parfois accompagnées d'hommes, ont recouru à unavortement clandestin ou secret plutôt que de laisserl’État décider à leur place. Ces portraits les montrenttels qu’ils sont – des êtres humains libérés par leurdroit à disposer librement de leur corps, de leur vie,de leur avenir.

1

© Amnesty International

QUI DÉCIDE ?«Ma plus grande frayeur était que cela nemarche pas», confie Eluney, qui a eu uneinterruption volontaire de grossesse en2012, à l'âge de 21 ans. L’avortement estillégal en Argentine, sauf si la grossesseest le résultat d’un viol ou si la vie de lafemme est en danger. Même dans ces cas-là, les femmes ont parfois du mal àaccéder à l’avortement.

Gisela et Nicolas. «J’ai su que j’étais enceinte lelendemain du 10e anniversaire de ma fille, raconteGisela. Pouvoir avorter chez moi avec des pilules,cela m’a donné le sentiment d’être totalementmaîtresse de mon corps – un sentiment de libertétrès proche de celui que j’ai ressenti lorsque j’aidécidé de devenir mère.»

POUR En SaVOIR PlUS >>>

Consultez http://bit.ly/argbooklet (en anglais)Visionnez un film sur l’exposition surhttp://bit.ly/argfilm (en espagnol)

Pedro a prêté assistance à un avortement clandestin en2012, à l’âge de 24 ans.

«J’ai pu en parler avec des gensde confiance… des amis quipouvaient me donner desrenseignements sur l’avortement,confie-t-il. Le but était de réunirplus d’informations. Celles quiveulent avorter passent pour descriminelles. Sans le manuel, nousn’aurions pas pu le faire.» C’estsur Internet qu’il a trouvé unmanuel qui expliquait commentavorter avec des pilules.

Telle est la question pressanteque pose la photographeargentine guadalupe gómezVerdi. avec ses consœurs léaMeurice et lisa Franz et lesoutien d’amnesty, elle a montéune exposition sur l’avortement.

Page 13: Le Fil, Mars Avril 14

11lE FIl [ MaR/aVR 2014 ]

> > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > >

MOn CORPS MES DROITSaRgEnTInE

2

© Amnesty International

«Parce que chacune de ces femmes a unevie propre, une expérience personnelle,chaque avortement est différent, et il estdonc très difficile de résumer ce quevivent les femmes qui avortent, c’estextrêmement complexe, expliquent desmembres de l’association féministe LaRevuelta. Nous essayons d’aider lesfemmes à devenir autonomes».

«Je suis issue d’une génération marquée par troisphénomènes : les abus sexuels, l’avortement et lesviolences conjugales», explique Mabel Belucci. Elle asubi trois avortements clandestins à la fin des années1960 et au début des années 1970. Environ 80 femmesmeurent chaque année des suites d’un avortementclandestin en Argentine. Près de 60000 autres sonthospitalisées pour des complications.

Toutes les photos © Guadalupe Gómez Verdi, Lisa Franz et Léa Meurice

Page 14: Le Fil, Mars Avril 14

ÉDUCaTIOn aUX DROITS HUMaInSMOngOlIE

12lE FIl [ MaR/aVR 2014 ]

«CEla M’aaPPRIS ÀM’aFFIRMER»Une méthode d’apprentissageinédite inspire les militants desdroits humains de demain.

Le projet Écoles amies des droits humains d’Amnestyn’est pas une méthode d’apprentissage comme lesautres, où les élèves écoutent le professeur ensilence. Les écoles concernées ne se contentent pasde faire la classe mais donnent à leurs élèves et àleur personnel les moyens de vivre les droits humainsdans la vie scolaire de tous les jours.

À l’heure où nous parlons, 84000 élèves et5000 enseignants du monde entier font de leur écoleune collectivité dans laquelle chacun comprend,chérit et protège les droits humains.

Ensemble, ils créent des lieux dynamiques etpleins de vie pour apprendre et grandir : «Au début,je ne savais rien des droits humains ni d’AmnestyInternational, explique Tim, ancien élève del’enseignement secondaire en Mongolie.

«Grâce à ce projet, les élèves de ma classe sesont fortement impliqués et se sont préoccupés desquestions de droits humains dans le monde. Cela achangé ma façon de voir les choses et m’a appris àm’affirmer avec force face aux violations des droitshumains.»

«Je pense que, dans l’ensemble, nous sommesplus heureux et plus gentils les uns avec les autres,souligne Auygarb, élève d’une autre école deMongolie. Les élèves subissaient des brimades et lesprofesseurs n’y prêtaient pas vraiment attention.Aujourd’hui, nos professeurs se préoccupentdavantage du bien-être des élèves.

« Il est très important que les élèves soientproches de leurs professeurs, ajoute-t-elle. Nousdevrions tous pouvoir nous appuyer sur certainsadultes, et certains n’ont pas cette possibilité endehors de l’école.»

Le projet concerne actuellement trois écoles deMongolie et s’étendra à huit autres en 2014. Il aconnu un rayonnement international jusqu’à toucher92 écoles de 20 pays en l’espace de cinq ans

POUR En SaVOIR DaVanTagE >>>Rendez-vous sur http://bit.ly/rightsfriendly

En haut : L’école Erdenet Bayan-Undur, en Mongolie,célèbre son projet Écoles amies des droits humains.Ci-dessus : Logo réalisé à la main pour le projet Écolesamies des droits humains par des élèves de Mongolie.

seulement. Son succès est sans doute lié à sasimplicité et à sa souplesse d’adaptation auxdifférents contextes locaux.

Parce que chaque établissement est unique,chacun élabore son propre plan d’action pour lesdroits humains en fonction de ses besoins et de sesobjectifs. Le personnel d’Amnesty peut égalementapporter son soutien et ses conseils sur la manièred’intégrer les droits humains dans tous les domainesde la vie scolaire.

En se fondant sur les valeurs fondamentalesd’égalité, de dignité, de respect, de non-discrimination, d’intégration et de participation, lesétablissements s’emploient à améliorer quatredomaines de la vie scolaire : la gestion de l’école ; lesinteractions entre les personnes ; la créationd’occasions favorables à la sensibilisation aux droitshumains ; et la transformation physique de l’école enun lieu respectueux des droits humains.

Le projet a permis aux jeunes de développer leuraptitude à prendre des initiatives. Beaucoup ontégalement participé aux campagnes d’Amnesty,notamment notre marathon des lettres Écrire pour lesdroits en décembre.

Les enseignants y trouvent aussi une sourced’inspiration : «Ma méthodologie a changé du tout autout, indique Gantigmaa, professeur d’anglais enMongolie. Avant, j’axais surtout mes cours sur lagrammaire et les exercices des manuels. Aujourd’hui,j’essaie de faire des liens avec des questions socialeset d’articuler davantage mes cours autour desexpériences vécues.»

« Grâce à ce projet, les élèves de maclasse se sont fortement impliqués et sesont préoccupés des questions de droitshumains dans le monde. »

© Amnesty International

© Amnesty International

Page 15: Le Fil, Mars Avril 14

PROCÈS ÉQUITaBlES KOSOVO

13lE FIl [ MaR/aVR 2014 ]

POUR En SaVOIR PlUS >>>La nouvelle édition mise à jour du manuel Pour desprocès équitables, paru pour la première fois en 1998,sera publiée en avril. Pour en savoir plus et téléchargerun exemplaire gratuit, rendez-vous à l’adresseamnesty.org/fairtrials (en anglais)

lE POUVOIR DE l’InSISTanCEPrisonnier politique, albin Kurtis’est représenté lui-même devantun tribunal des nations unies auKosovo en s’aidant du manueld’amnesty Pour des procèséquitables et a été remis en liberté.Des militants, des avocats, des juges, desobservateurs et les Nations unies elles-mêmes sesont servis du manuel d’Amnesty Pour des procèséquitables dans le monde entier pour défendre lesdroits humains. Des prisonniers politiques, dont AlbinKurti au Kosovo, ont également mis l’ouvrage à profitpour se représenter eux-mêmes devant un tribunal.

Albin est le chef de file du mouvement kosovarVETËVENDOSJE! (auto-détermination). Arrêté lorsd’une manifestation pacifique en 2007, il a été jugépar la mission intérimaire des Nations unies auKosovo (MINUK). Il nous a raconté son histoire.

«VETËVENDOSJE! manifestait pacifiquementcontre le plan Ahtisaari pour l’avenir du Kosovo en2007, nous a-t-il relaté. Nous pensions qu’il étaitnéfaste et qu’il allait aggraver la misère sociale.

«La police de la MINUK nous a tiré dessus avecdes balles en caoutchouc. Certaines personnes ontété touchées au visage. Deux manifestants sont mortset plus de 80 ont été blessés. Plusieurs militants,dont moi-même, ont reçu des coups de poings et descoups de pied et ont été aspergés de gaz poivre. Unefemme a été assommée. Au total, 16 d’entre nous ontété arrêtés et placés en détention.

«Étant le leader du mouvement, j’étais une cible.J’ai passé cinq mois en prison et cinq autres assignéà résidence. Je n’ai été interrogé qu’une fois, pendantune demi-heure. La priorité était de m’isoler, et nond’enquêter sur mes agissements. Mes conditions dedétention laissaient à désirer ; j’ai été classéprisonnier de “catégorie A” et détenu avec des gensqui purgeaient des peines allant de 25 à 30 ans.

« Quand mon procès a débuté, un ami m’adonné le manuel d’Amnesty International Pour desprocès équitables. Je l’ai lu d’un bout à l’autre et j’aicommencé à ne plus me considérer seulement

comme un militant politique victime de l’injustice dusystème, mais aussi comme un être humain, avecdes droits et des libertés. Cela m’a donné les outilsnécessaires pour ma lutte.

« Mon procès était entaché de nombreusesirrégularités, notamment le fait que tous les avocatsde la défense étaient désignés par la MINUK.Autrement dit, la MINUK me poursuivait, me jugeaitet me défendait en même temps. J’ai donc refusél’avocat qu’on me proposait pour m’assister et j’ai finipar me représenter moi-même.

«Le manuel Pour des procès équitables m’a faitprendre conscience qu’il existait une multitude de casanalogues au mien dans le monde entier. J’en ai tiréde nombreux enseignements précieux. J’ai égalementconstaté que des lois et dispositifs de protection desdroits humains m’avaient été refusés. Le manuel m’apermis de bien mieux me préparer à interroger lestémoins à charge et à suivre les audiences.

«Au bout du compte, sept avocats différents ontrenoncé à me défendre lorsqu’ils se sont aperçusqu’il s’agissait d’un procès “pour l’exemple”. Leurdésobéissance civile m’a libéré.

«Le groupe Top Media m’a élu “personnalité del’année” en 2011. La même année, VETËVENDOSJE!remportait 14 sièges aux élections législatives duKosovo, preuve du succès que rencontre notremouvement.

«Ma détention et mon procès m’ont aidé à mieuxcomprendre les mécanismes internationaux à l’œuvreau Kosovo et à me battre plus efficacement. Aux autresmilitants, j’ai envie de dire : Organisez-vous, agissez etne sous-estimez jamais le pouvoir de l’insistance.»

Ci-dessus : Albin Kurti prend la parole lors d’uneconférence en 2013. Cet ancien prisonnier politiques’est représenté lui-même devant un tribunal desNations unies au Kosovo en s’aidant du manueld’Amnesty Pour des procès équitables et a été remis enliberté.

«Organisez-vous, agissez et ne sous-estimez jamais le pouvoir de l’insistance.»

© Lëvizja VETËVEN

DOSJE!

Page 16: Le Fil, Mars Avril 14

PEInE DE MORTInDE

«Exécuter un meurtrier n’est pas rendre la justice»,m’a confié Mani tandis que nous longions le couloirde l’école qu’il fréquentait avec son ami Simon voilà40 ans. Mani vit toujours dans le même village ;Simon se trouve dans le couloir de la mort depuisprès de 10 ans. Mani n’est pas un bavard, maiscertains sujets – tels que la peine de mort –l’entraînent dans de longues et rares conversations.

Marthalli, dans le district de Chamrajnagar, a dûlivrer plus d’une bataille contre la peine de mort. En2002, quatre hommes originaires de ce district del’État de Karnataka, dans le sud de l’Inde, ont étécondamnés à mort – Simon, Bilavendran, Madaiah etGnanapragasam.

Les quatre hommes ont été reconnus coupableset condamnés à perpétuité en 2001 pour leurimplication dans l’explosion, en 1992, d’une mine

En InDE, CHangER lES CŒURS ET lES ESPRITS

terrestre qui a causé la mort de 22 personnes, dontdes policiers qui allaient procéder à l’arrestation deVeerappan, un contrebandier de bois de santalnotoire. Chose inhabituelle, la Cour suprême a alourdileur sanction en 2004 et les a condamnés à mort. Lesquatre hommes ont passé 20 ans en prison, dontprès de 10 dans le couloir de la mort. Depuisquelques années, Mani milite aux côtés de certaineséglises locales pour exhorter le gouvernement indienà ne pas exécuter Simon et les trois autresprisonniers.

UnE RÉalITÉ PlUS TangIBlEFin 2013, je suis allée dans le village de Mani pourtourner des portraits vidéo destinés à la campagned’Amnesty Inde contre la peine de mort. Même s’ilssont en prison depuis des années, les quatre

hommes font toujours partie intégrante de la sociétélocale. Leur condamnation a rendu la réalité de lapeine de mort plus tangible.

Amnesty Inde milite contre la peine capitaledepuis des années. Il est difficile d’aller à rebours desappels à la peine de mort émanant de certainsmilieux après des affaires de violences contre lesfemmes largement relayées dans les médias.Pourtant, en 2013, 65000 personnes ont soutenunotre appel à abolir la peine capitale. L’existence d’unsoutien manifeste à l’abolition sur le terrain n’avaitjamais été établie aussi clairement auparavant.

Ayant quitté Amnesty Nouvelle-Zélande pourrejoindre Amnesty Inde, j’ai vite compris que cettecampagne apporterait son lot de controverses. Le faitde rencontrer tous les jours des militants quipartagent ma passion et mes convictions me motive.

14lE FIl [ MaR/aVR 2014 ]

l’opinion publique indienne est de plus en plus favorable à la peinede mort. la cinéaste indépendante Kadambari gladding, qui faitcampagne aux côtés d’amnesty en Inde, explique que leur actioncommence à faire évoluer les cœurs et les esprits. «Quand on pend une personne, elle meurt

peut-être en cinq minutes, mais safamille continue de sentir la douleurprovoquée par sa mort. »

© Amnesty International/K

adambari G

ladding 2013

© Amnesty International/K

adambari G

ladding 2013

Page 17: Le Fil, Mars Avril 14

PEInE DE MORTInDE

Mais, lorsqu’on mène une campagne de défense desdroits humains, il faut entrer en rapport avec les êtreshumains pour comprendre réellement de quoi ils’agit. Le simple fait d’entendre de première mainune histoire d’atteinte aux droits humains a le pouvoirde vous pousser à l’action.

Nous avons tourné trois petits films sur troisfamilles de Chamrajnagar, interviewant les sœurs, lesmères et les enfants des condamnés à mort. L’onéprouve toujours du respect et de l’empathie pour lessentiments et les droits des familles des victimesd’homicides. Mais entendre ce que les proches desprisonniers ont à dire, cela vous fait prendreimmédiatement conscience de l’absurdité de la peinede mort. «Personne ne devrait être condamné à mort,nous a affirmé Aruldas, le fils de Gnanapragasam. Celafait presque 21 ans que mon père est en prison. Rienque cela, c’est comme s’il était mort. »

Selvamary, l’épouse de Gnanapragasam, aajouté : «Comme nous sommes pauvres, nous nepouvons pas nous permettre d’avoir une assistancejuridique onéreuse. Pourtant, la vie a autant de prixpour un pauvre que pour un riche. Et il estprofondément cruel de la prendre.»

En InDE, CHangER lES CŒURS ET lES ESPRITS

15lE FIl [ MaR/aVR 2014 ]

la DÉCISIOn DE la COUR SUPRÊMEAu matin du 21 janvier 2014, tous les membres desbureaux d’Amnesty en Inde et à Londres ont attendula décision de la Cour suprême relative à lacondamnation de 15 prisonniers, dont les quatrehommes de Marthalli. L’Inde ayant repris sesexécutions en 2012 – après huit ans de suspensioneffective – les espoirs semblaient minces.

Mais voilà : Simon, Bilavendran, Madaiah etGnanapragasam ont tous vu leur peine commuée enprison à perpétuité.En prononçant cet arrêt historiqueet décisif, la Cour suprême indienne nous a redonnéfoi dans l’appareil judiciaire indien. Cette décision aravivé l’espoir que l’Inde se dirige lentement versl’abolition complète de la peine de mort.

Mais si ces commutations sont un pas dans labonne direction, notre lutte ne s’arrête pas là. Lescouloirs de la mort indiens sont loin d’être vides. Tantque l’impulsion donnée par cette décision neconduira pas à l’instauration d’un moratoire, tant quela peine de mort n’aura pas été abolie en Inde, notrecampagne continuera.

PaSSEZ À l’aCTIOn >>>Guettez la publication, fin mars, du rapport annueld’Amnesty sur la peine de mort, Condamnations à mort etexécutions en 2013. Rendez-vous surwww.amnesty.org/fr/death-penalty.Visionnez les films aux adresses : http://bit.ly/dpfilmindia(en anglais) et http://bit.ly/dpfilmindia2 (en anglais) Signez notre pétition contre la peine de mort en Trinité-et-Tobago et à la Barbade sur http://bit.ly/stopdpcarib

De gauche à droite : Des membres du personneld'Amnesty en Inde s'entretiennent avec la famille deGnanapragasam, un des quatre hommes condamnés àmort en 2002 dans le Karnataka, dans le sud de l'Inde.Ils ont vu tous les quatre leur peine commuée enemprisonnement à perpétuité le 21 janvier 2014.Mani dans l'exploitation agricole de la sœur de Simonau village de Marthalli, dans le Karnataka. Comme pourGnanapragasam, la peine capitale de Simon a étécommuée en janvier 2014. Jeyamary, la sœur cadette de Simon, tenant une photode famille vieille de 30 ans pendant le tournage d’unevidéo par Amnesty International en Inde.

© Amnesty International/K

adambari G

ladding 2013

Page 18: Le Fil, Mars Avril 14

S.O.S. EUROPE

16lE FIl [ MaR/aVR 2014 ]

Terre d'opportunités, terre de refuge en temps deguerre, l'Europe est une destination vers laquelle sesont portés les rêves de bien des voyageurs au fil dessiècles. Les chemins variés suivis par les uns et lesautres ont créé une riche mosaïque de langues et decultures, un continent d'une belle diversité.

Mais franchir les frontières de l'Europe devient unrêve de plus en plus irréalisable. Lentement maissûrement, à mesure que la crise mondiales'aggravait, l'UE est devenue une forteresse. Les Étatsconstruisent des murs – réels ou invisibles – pourtenir tout le monde à l'écart, ceux qui viennent pleind'espoir comme ceux qui sont au bout du rouleau.

Pour les migrants et les réfugiés il ne resteaujourd'hui pratiquement plus aucun moyen sûr etlégal de pénétrer dans la forteresse Europe.

Mais cela ne dissuade pas les gens de venir. Lesêtres humains continueront de tout faire pour fuir laguerre et la pauvreté. Ils continueront de chercher unendroit sûr où vivre en paix.

La majorité des migrants et des réfugiés dans lemonde ne s'approchent pas de l'Europe. Par exempleplus de 90% des 2,4 millions de réfugiés syriensvivent toujours dans la région. À la fin de 2013, moinsde 80000 d'entre eux avaient déposé une demanded'asile en Europe. C'est au Kenya que se trouve leplus grand camp de réfugiés du monde, Dadaab, quiabrite plus de 500000 personnes.

Celles et ceux qui parviennent à atteindre lesfrontières de l'UE sont en butte à de graves violationsde leurs droits humains.

Des hommes et des femmes sont frappés etdévalisés, renvoyés vers l'endroit d'où ils viennent ouabandonnés en pleine mer. Beaucoup se voient

refuser la possibilité d'expliquer leur cas ou dedéposer une demande d'asile. Certains périssentnoyés pendant que les pays se querellent pour savoirà qui il incombe d'aller les secourir.

Ceux qui atteignent le sol européen sont biensouvent placés en détention, dans des conditionsparfois épouvantables, dont on a du mal à imaginerqu'elles puissent exister dans un pays européen.

Et pendant ce temps, les États de l'UE dépensentdes sommes toujours plus grandes pour assurer lecontrôle aux frontières (voir page 20).

Nous pensons que la politique de la forteresseEurope en matière d'immigration et de réfugiés estmauvaise et inhumaine. En outre elle ne résout rien.On ne fait que déplacer les gens d'une case à l'autre,comme des pions sur un échiquier. Les États de l'UEdevraient au contraire protéger les personnesprésentes à leurs frontières, et réserver un traitementhumain et équitable aux migrants et aux réfugiés.

Ils peuvent ainsi renforcer les opérations derecherche et de secours pour empêcher que desgens meurent en mer. Ils doivent aussi faire en sorteque les réfugiés puissent gagner l'UE par des moyenssûrs et légaux. Et ils doivent s'abstenir d'externaliserle contrôle de l'immigration en le confiant à des payspeu respectueux des droits humains.

La tradition séculaire d'accueil des étrangers afait de l'Europe un grand continent. Les gens nedevraient pas avoir à souffrir et à risquer leur vie poury pénétrer.

En SaVOIR PlUS >>>Aidez-nous à dessiner l'avenir de l'immigration et del'asile dans l'UE : participez à notre campagne SOSEurope (voir page 19).

A L G E R I A

T U N I S I A

LampedusaMalta

L I B Y A

I T A L Y

S.O.S. EUROPE nE laISSEZ PaS lES gEnS MOURIR À VOTRE PORTE !

DES ITInÉRaIRESnOUVEaUX ETDangEREUX VERS laFORTERESSE EUROPE

Ci-dessous : Des sauveteurs près des corps de migrantsnoyés, Sicile (Italie), septembre 2013.

© REUTER

S/Gianni M

ania

Page 19: Le Fil, Mars Avril 14

S.O.S. EUROPE

17lE FIl [ MaR/aVR 2014 ]

L I B Y A

T U R K E Y

E G Y P T

A L G E R I A

S Y R I A

T U R K E Y

LesvosG R E E C E

I T A L Y

BU L G A R I A

1646personnes interceptées en 2012.

11512 personnes interceptées en 2013. (Source : ministère bulgare de l'Intérieur).

Une barrière est en construction– fin de chantier prévue enmars 2014.

10,5 kmlongueur de la barrièrefrontalière qui contraint lesgens à passer plus au nordou plus au sud, par la mer.

2000nouveaux gardes-frontièresdéployés depuis 2012.

181 personnesmortes oudisparues entre août 2012 et janvier 2014.

(Source : médias)

Au moins

2600 personnessont mortes en traversant la Méditerranée vers l'Europe depuis 2011.

(Source : HCR)

FRONTIÈRE GRÈCE-TURQUIE

FRONTIÈRE BULGARIE-TURQUIE

MER ÉGÉE

FRONTIÈRE AFRIQUE DU NORD-UE

From Egypt

Cette carte n'est pas exhaustive et est simplementdestinée à illustrer les articles des pages suivantes.

65,71% baisse globale du nombre de migrants.

254,09%hausse du nombre de migrants interceptésen mer pendant la même période.

(Période considérée : nov. 2012 – nov. 2013.Source : site Internet de la police grecque)

96,90% baisse du nombre de migrantsinterceptés à la frontière terrestre.

FRONTIÈRE GRÈCE-TURQUIE

Page 20: Le Fil, Mars Avril 14

S.O.S. EUROPESYRIE

Par Charlotte Phillips, chargée de campagne sur lesdroits des réfugiés et des migrants à Amnesty

Les pays voisins de la Syrie recueillent plus de 90%des 2,4 millions de réfugiés syriens, ce qui représenteun coût financier énorme.

Mais beaucoup de Syriens ont l’impression queleur survie n’est plus assurée dans la région. Ils sontépuisés par une vie de misère sous de frêles toiles detente, par la discrimination, par l’impossibilité detravailler. Ils ont compris que la fin du conflit n’étaitpas pour demain. Et ils ont déjà tout perdu.

Les gens veulent de la stabilité : une école pourleurs enfants, un travail, une maison où ils peuventvivre en paix.

Un SYMBOlE D’ESPOIRBeaucoup pensent que les pays européens leurviendront en aide. La Suède, par exemple, arécemment proposé aux Syriens un titre de séjourpermanent – s’ils arrivent jusqu’à elle. L’Europe estainsi devenue symbole d’espoir et, pour beaucoup,l’espoir est plus fort que la peur.

Sur les 10 premiers mois de 2013, plus de10000 réfugiés syriens – parmi lesquels denombreuses familles – auraient débarqué en Italiepar bateau, pour la plupart en provenance d’Égypteet de Libye.

En l’espace de neuf jours seulement, en octobre2013, au moins 395 – mais peut-être plus de 650 –réfugiés et migrants ont perdu la vie lorsque troisembarcations ont fait naufrage en Méditerranée. Desrescapés ont raconté être restés dans l’eau pendantdes heures.

l’ESPOIR ESTPlUS FORTQUE la PEUR

Ceux qui montent à bord ne se font guèred’illusions. Ils nous disent : «On n’aurait jamais cruen réchapper.» Mais il n’existe aucune voie d’accèslégale et sûre à l’Europe. Le seul autre itinéraireconsiste à passer par la Turquie pour gagner la Grèceou la Bulgarie, où la police des frontières refoule deplus en plus de migrants ou les détient dans desconditions épouvantables (voir l’histoire de Faiz enpage 20 et la carte en page 17).

la FIn DU VOYagELes gens versent de fortes sommes aux passeurs –souvent plus de 700 euros – pour traverser laMéditerranée. Ils naviguent pendant des jours avecdes réserves très limitées d’eau et de nourriture,souvent sans gilet de sauvetage. Ils ont beaucoup dechance s’ils arrivent à se faufiler par les rares brèchesde la forteresse Europe.

Lorsqu’ils se font attraper par les garde-côtes, ilssont généralement emmenés dans le sud de l’Italieoù l’on relève leurs empreintes avant de les relâcher.

Beaucoup d’hommes que nous avons rencontrésen Italie ont expliqué que leurs proches – toujoursassiégés dans des localités comme Homs – lespriaient avec beaucoup d’insistance de faire unedemande d’asile, d’obtenir le statut de réfugié et dechercher à obtenir le regroupement familial. Résultat :la plupart continuent vers le nord, vers des pays qui,pensent-ils, leur feront bon accueil.

Milan est un point de départ des trains versl’Europe du Nord. En octobre, entre 150 et200 personnes y dormaient à la dure dans la garecentrale. La municipalité et les ONG locales ontrapidement ouvert deux centres d’accueil proposant

18lE FIl [ MaR/aVR 2014 ]

trois repas chauds par jour, un lit et un endroit pourse reposer. Les responsables de ces centres nous ontraconté que certains migrants étaient si traumatisésque la simple vue d’un homme passant le balai, vêtud’une tenue qui évoquait un uniforme, les affolait.

Mais pour beaucoup d’entre eux, c’est la fin duvoyage. Bien souvent, la police les intercepte aucours de leur trajet en Europe du Nord et les renvoieen Italie. Beaucoup d’entre eux sont dépouillés detout l’argent qu’ils possèdent par des trafiquants oudes passeurs.

la HOnTE DE l’EUROPEIl est honteux que des personnes qui ont perdu leurmaison, leurs moyens de subsistance, leur emploi etdes membres de leur famille n’aient aucun moyensûr et légal d’entrer en Europe. Les disparitions enmer sont le résultat de cette politique qui ne leurlaisse pas d’autre choix.

Pendant que des réfugiés se noient en Méditerranée, lesgouvernements de l’UE restent les bras croisés devant la pirecatastrophe humanitaire de notre temps : la Syrie.

Certains migrants étaient si traumatisésque la simple vue d’un homme passant lebalai, vêtu d’une tenue qui évoquait ununiforme, les affolait.

Page 21: Le Fil, Mars Avril 14

S.O.S. EUROPE

19lE FIl [ MaR/aVR 2014 ]

SYRIE : QUElQUES CHIFFRES6,5 millions : personnes déplacées en Syrie4,1 millions : réfugiés syriens qui aurontbesoin d’aide avant la fin de 2014Plus de 90 % : pourcentage de réfugiéssyriens accueillis au Liban, en Jordanie, enTurquie, en Irak et en Égypte1,5 million : nombre prévu de réfugiéssyriens accueillis au Liban (avant la fin de2014)30 000 : nombre de réfugiés syriens ensituation de grande vulnérabilité que lesNations unies entendent réinstaller avant lafin de 201410 000 : nombre de places offertes enAllemagne17 : nombre de pays européens qui ne sesont engagés à fournir aucune place deréinstallation ni à accueillir des Syrienspour motifs humanitaires0,6 % : le pourcentage de réfugiés syriensque toute l’UE réunie se propose deréinstaller.

(Source : ONU)

Une belle occasion d'améliorer les politiques européennes enmatière d'asile et d'immigration s'offre à nous en 2014. LesÉtats membres ont déjà entamé les discussions sur leprogramme pour l'asile et l'immigration en Europe jusqu'en2019. Leur stratégie commune sera décidée en juin.

Sous le slogan S.O.S. Europe, Amnesty fait campagne pourmettre un terme à la crise silencieuse des migrants et desréfugiés qui risquent tout, y compris leur vie, pour rejoindrel'Europe, synonyme de sécurité. Nous menons nos rechercheset écoutons les récits d'hommes, de femmes et d'enfants dansde lointaines zones frontalières, des camps de réfugiés et descentres de détention.

Le 20 mars, nous allons créer une plage à Bruxelles (Belgique)devant le bâtiment où se tiendra un sommet européen. Nousvoulons rappeler aux gouvernements que la Méditerranée n'estpas qu'une destination de vacances. Ses plages de sableservent aussi de décor à des scènes de mort et de souffrance.Nous allons organiser des manifestations similaires danstoute l'Union européenne, en ciblant les gouvernementsnationaux.

PaRTICIPEZ À nOTRE CaMPagnE >>>Participez à notre campagne et envoyez un S.O.S. aux dirigeantspolitiques européens. Ensemble, nous pouvons saisir cetteoccasion majeure de sauver des vies et de dessiner l'avenir del'Europe.Pour en savoir plus, rejoignez-nous sur Facebookhttp://bit.ly/WhenYouDontExistet suivez @dontexisteurope sur Twitter

Certains pays européens ont répondu à l’appelhumanitaire des Nations unies en débloquant desfonds importants. Mais l’argent seul ne suffit pas.

La réinstallation est l’une des trois solutionsdurables proposées par les Nations unies en faveurdes réfugiés les plus vulnérables. Mais, là aussi,l’Europe a été très loin de se montrer à la hauteur.Les pays européens n’ont accepté d’accueillir que0,54% des réfugiés syriens. Beaucoup n’ont encoreproposé aucune place de réinstallation.

C’est pourquoi nous devons, d’une même voixforte, demander aux dirigeants européens de venir enaide aux réfugiés en les réinstallant. C’est unesolution qui peut sauver des vies. Et c’est ce qu’il esthumain de faire.

les responsables politiques del'UE ne semblent vraiment passe sentir forcés d'améliorer lasituation dans le domaine del'asile et de l'immigration. C'estce que nous voulons changer.

PROTÉgEZ lES gEnSPlUTôT QUE lESFROnTIÈRES

Ci-dessus : Mahmoud, réfugié syrien, vit avec safamille dans un abri souterrain à El Akbiya, au Liban.Ses parents, lui-même et ses huit frères et sœurs separtagent une pièce de 2,5m x 3,5m(septembre 2013).

© UNHCR/S. B

aldwin

Page 22: Le Fil, Mars Avril 14

S.O.S. EUROPEBUlgaRIE

Cela fait 10 ans que Faiz secherche une nouvelle vie au seinde la « forteresse Europe ». Sonhistoire montre que le combat del’UE pour empêcher les migrantsd’entrer se déplace simplementd’une frontière à une autre, sansrien résoudre.

Par Giorgos Kosmopoulous, chargé de campagne pourl’UE au sein d’Amnesty.

Par un beau matin d’hiver, je me suis rendu dans leslocaux de la police des frontières d’Elhovo, petitvillage proche de la frontière turco-bulgare. C’était unsimple gymnase, crasseux et bondé de migrants et deréfugiés arrivés de fraîche date qui attendaientl’examen de leur dossier.

Le nombre de nouveaux arrivants a bondi en2013. La Grèce ayant intensifié les contrôles à safrontière avec la Turquie, ceux qui voulaient lafranchir ont été repoussés vers le nord (voir carte enpage 17). La plupart viennent de pays où la guerrefait rage, comme la Syrie ou l’Afghanistan.

J’ai remarqué un jeune homme seul, debout aumilieu de la petite cour bondée. Curieusement, iltenait un livre en grec – ma langue maternelle. Peuaprès l’avoir salué, j’ai renvoyé mon interprète : Faiz[le nom a été changé], Afghan de 33 ans né en Iran,parlait couramment le grec.

UnE EnFanCE SaCRIFIÉENous nous sommes assis, il a allumé une cigarette eta commencé à me raconter sa vie. « Il n’y avait rienpour nous [les Afghans] en Iran, m’a-t-il dit. On noustraite comme des êtres humains de deuxième ordre.Je ne me souviens même pas de mon enfance – jetravaillais sans arrêt. Je suis passé à côté.»

Il a fui l’Iran en 2004 pour entreprendre un longpériple semé d’embûches vers la Grèce. Sur place, ilexplique avoir été pris au piège d’un régime d’asileinefficace et injuste. Près de huit ans plus tard, iln’avait toujours pas reçu de réponse définitive à sademande.

Sa vie était entre parenthèses pendant que lesagressions racistes se multipliaient et que la Grècesubissait une crise financière profonde. Faiz a décidéde partir début 2012, en quête d’un nouvel endroitoù faire sa vie. Cela n’a pas marché et il a essayé deretourner en Grèce depuis la Turquie en octobre2013.

Peu après que Faiz et son groupe eurent franchila frontière, la police grecque les a interceptés et les arenvoyés de l'autre côté. « Ils n’ont pas posé dequestions, m’a raconté Faiz. Ils nous ont simplementobligés à retraverser le fleuve dans l’autre sens. Ils enont frappé un qui essayait de résister. »

DES VIES En DangERJ’ai entendu de nombreuses histoires du mêmegenre. La police et les garde-côtes grecs refoulentsystématiquement vers la Turquie des personnes àbout de forces, les maltraitant et niant leur droitfondamental à demander l’asile. Il s’agit d’uneviolation flagrante du droit international et européen.Les refoulements eux-mêmes accroissent les risquesqui pèsent sur la vie de ces personnes, par exemple

PIÉgÉ PaR lE SYSTÈME

20lE FIl [ MaR/aVR 2014 ]

© Jodi H

ilton/NurP

hoto

Page 23: Le Fil, Mars Avril 14

21lE FIl [ MaR/aVR 2014 ]

S.O.S. EUROPE BUlgaRIE

lorsqu’elles sont en pleine mer dans un bateau sansmoteur.

Faiz était néanmoins déterminé à se frayer unchemin dans la forteresse Europe : « Il doit y avoirquelque chose pour moi», m’a-t-il assuré. Cette fois,il est allé au nord, à la frontière turco-bulgare, oùnous nous sommes rencontrés. La police l’a arrêtésans tarder et l’a amené à Elhovo.

La Bulgarie n’est pas prête ni disposée à lesaccueillir. Elle offre peu d’espoir à des gens commeFaiz. Comme en Grèce, ses autorités s’empressent deverrouiller ses frontières, ce qui leur coûte desmillions d’euros avec le soutien de l’UE.

Comme la Grèce, la Bulgarie a lancé laconstruction d’une barrière le long de sa frontièreavec la Turquie. Les agressions racistes se multiplient

et sèment la terreur chez les étrangers. Une nouvelleloi menace désormais de placer les réfugiés endétention en attendant l’examen de leur demande. Cequi peut prendre des mois.

lE DERnIER CHaMP DE BaTaIllE DE la FORTERESSE EUROPELa Bulgarie est devenue le dernier champ de bataillede la forteresse Europe. D’un bout à l’autre de l’UE,on recourt aux mêmes politiques et aux mêmespratiques pour empêcher les gens d’entrer. Résultat :il est quasiment impossible pour les migrants, lesréfugiés et les demandeurs d’asile d’entrerlégalement en Europe.

Le déplacement du problème de la Grèce à laBulgarie ne fait que prouver l’inefficacité de cette

À gauche : En attendant l'avenir : un Afghan et sonpetit-fils détenus au centre de répartition de la policedes frontières à Elhovo (Bulgarie), en octobre 2013.

PaSSEZ À l’aCTIOn >>>Participez à notre campagne S.O.S Europe – plusd’informations en page 19.

perspective. On ne fait que passer d'un pays à l'autresur la carte, sans rien résoudre. Et les migrants sontforcés de tenter des itinéraires de plus en plusdangereux. Onze naufrages survenus depuis août2012 ont coûté la vie à plus de 130 réfugiés, pour laplupart des Syriens et des Afghans, qui essayaient degagner la Grèce par bateau depuis la Turquie. Noussavons que des centaines d’entre eux disparaissentchaque année en Méditerranée. Ce qui n’empêchepas d’autres de risquer leur vie en essayant degagner l’Italie dans des embarcations de fortunedepuis l’Égypte ou la Libye (voir l’article en page 18).

À Elhovo, Faiz savait qu’il allait devoir reprendrela route pour fuir le régime d’asile inopérant de laBulgarie. «Où que j’aille, on me chasse, m’a-t-ilconfié. Parfois, je me demande d’où je viens.»

J’ai entendu de nombreux récits évoquant desconduites aussi courageuses que la sienne au coursde mes recherches sur la migration dans la région.Des personnes qui ont tout perdu dans des conflits etqui sont particulièrement mal traitées, mais qui ne selaissent jamais abattre par les épreuves.

La Bulgarie pourrait les aider simplement enaméliorant sa façon de recevoir et de traiter leursdemandes. La Grèce doit immédiatement mettre unterme à ses opérations de refoulement dangereuseset illégales. Et l’UE dans son ensemble doit répartirplus équitablement les responsabilités entre sesmembres et ouvrir des voies d’accès légales àl’Europe pour les personnes qui tentent de fuir laguerre.

Tandis que je prenais congé de Faiz, j’ai vu le titredu livre qu’il était en train de lire : Le guerrier de lalumière, de Paulo Coelho. On y lit notamment ceci :«Un guerrier ne peut pas baisser la tête – sinon ilperd de vue l’horizon de ses rêves.» Pour moi, Faizest l’une de ces nombreuses personnes qui nebaissent jamais la tête et qui continuent à se battrepour leur vie, leur avenir et leurs droits humains.

J’ai demandé à Faiz s’il avait besoin de quoi quece soit : «Tout ce dont j’ai besoin, c’est d’un endroitoù poser mes pieds, a-t-il répondu, et que quelqu’unpense à nous, pour une fois. »

« Tout ce dont j’ai besoin, c’est d’unendroit où poser mes pieds et quequelqu’un pense à nous, pour une fois. »

Page 24: Le Fil, Mars Avril 14

22lE FIl [ MaR/aVR 2014 ]

nOM : Liu XialIEU : Chine

CRaInTES POUR la SanTÉD’UnE POÉTESSE IllÉgalEMEnTaSSIgnÉE À RÉSIDEnCE

nOMS : El Khadim Ould Semane, SidiOuld Sidna, Mohamed Ould Chabarnou,Maarouf Ould Haiba, Mohamed AbdellahiOuld Ahmednah Ould Mohamed Salem,Mohamed Ould Abdou, AbderrahmaneOuld Areda, Mohamed Ould Chbih, AmarOuld Mohamed Saleh, Taghi Ould Yous-souf, Salem Ould Hemmod, Tiyeb OuldSaleck, Mohamed Mahmoud Ould Sebtydit Dahoud Sebty et Mohamed Khaled.lIEU : Mauritanie

QUaTORZE PRISOnnIERS VICTIMESDE DISPaRITIOnS FORCÉES

nOM : Mohamed al QahtanilIEU : États-Unis

Un RESCaPÉ DE la TORTUREEnTaME Sa 13E annÉE DEDÉTEnTIOn SanS PROCÈS

>>

La poétesse et artiste Liu Xia (à droite sur la photo)a eu une crise cardiaque en janvier et un diagnostica conclu à l’existence d’une maladie de cœur. Ellea été empêchée de recevoir à l’hôpital le traitementdont elle a besoin, et sa santé physique et mentalenous inspire une inquiétude de plus en plus vive.Non seulement elle a le cœur malade, mais nousavons des raisons de penser qu’elle souffre d’unegrave dépression.Liu Xia est illégalement assignée à résidencedepuis le 8 octobre 2010. Le même jour, son épouxLiu Xiaobo, qui est en prison, a reçu le prix Nobel dela paix pour son action en faveur des droitshumains. Quelques heures après cette annonce, lapolice a confisqué le téléphone de Liu Xia. Ils l’ontemmenée dans la province du Liaoning rendre visiteà son époux en prison. Liu Xia a fait savoir ensuitesur un réseau social que Liu Xiaobo avait fondu enlarmes.Des agents des forces de sécurité ont raccompagnéLiu Xia à Pékin le jour même. Depuis lors, elle estemprisonnée chez elle. Elle ne peut pas sortir et ellen’a pas le droit de recevoir des visiteurs.

Votre message peut contribuer à changer leschoses : Liu Xia aura 53 ans le 1er avril. Merci de luienvoyer des messages de soutien pour sonanniversaire à partir du sitehttp://messagesforliuxia.tumblr.com/(en anglais).Demandez également aux autorités chinoises deveiller à ce que Liu Xia bénéficie sans délai dutraitement médical qui lui est nécessaire, quelqu’il soit, et d’annuler toutes les restrictions à saliberté de mouvement et d’expression.

Utilisez la formule d’appel «Your Excellency/Excellence» President Xi JinpingThe State Council General Office 2 Fuyoujie, Xichengqu Beijingshi 100017 République populaire de Chine

Quatorze hommes condamnés pour desinfractions liées au terrorisme et incarcérés àNouakchott, capitale de la Mauritanie, ont étévictimes de disparitions forcées le 23 mai 2011.(Deux proches figurent sur la photo ci-dessus). Aumoins six d’entre eux avaient précédemmentconfié à Amnesty qu’ils avaient été torturés etprivés du droit de voir un avocat, leur famille ouun médecin.À 3 heures du matin, des policiers au visagedissimulé seraient arrivés à la prison avec uneliste de noms : « Ils ont appelé les noms etdemandé aux détenus de venir avec eux. Personnene savait ce qui se passait », a rapporté uncodétenu à Amnesty. La police militaire a ensuiteemmené les 14 hommes.Un mois plus tard, les effets personnels desprisonniers, notamment les matelas, les livres etles vêtements, ont été restitués à leur famillesans explication. Alors que les familles ont dernièrement reçu deslettres en provenance des détenus après deux ansde silence, les autorités refusent toujours de direoù ils se trouvent et pourquoi ils ont été emmenés.Gaëtan Mootoo, chercheur à Amnesty, arécemment rencontré les familles : « Nouspouvions voir leur détresse. Souvent, elles avaientdu mal à parler tant elles étaient bouleversées. »

Votre lettre peut contribuer à protéger les14 hommes. Demandez instamment au président de révéler lelieu de détention des 14 prisonniers, de leurpermettre de voir leur famille et un avocat, et derecevoir des soins médicaux le cas échéant.

Utilisez la formule d’appel « Monsieur lePrésident » et envoyez votre lettre à : Général Mohamed Ould Abdel Aziz, Président dela République islamique de Mauritanie,Secrétaire du Président, Ely Kyakh, Présidence,BP 184 NouakchottMauritanie

Ressortissant saoudien, Mohamed al Qahtani estdétenu par l’armée américaine depuis plus de12 ans sans avoir été jugé. En décembre 2001,après 11 jours entre les mains des autoritéspakistanaises, il a été remis aux forcesaméricaines en Afghanistan. Depuis le 13 février2002, il est incarcéré à la base navale américainede Guantánamo, à Cuba.En 2002, les autorités américaines ont soupçonnéMohamed al Qahtani d’avoir eu une connaissancepréalable des attentats du 11 septembre. Il a étéplacé à l’isolement pendant six mois, enfermé24 heures sur 24 dans une cellule froide, éclairéeen permanence et privée de la lumière du jour. Il aégalement dû subir des techniquesd’interrogatoire qui comportaient la privation desommeil, l’exposition à une musiqueassourdissante et à des lumières aveuglantes,l’adoption forcée de positions douloureuses,l’utilisation de chiens visant à inspirer la peur, leshumiliations sexuelles et la nudité forcée.Mohamed al Qahtani a été inculpé de faitspassibles de la peine capitale par unecommission militaire en 2008, mais les chargesretenues contre lui ont rapidement étéabandonnées. « Nous avons torturé Qahtani, areconnu une haute responsable en 2009. Letraitement qu’il a subi correspond à la définitionjuridique de la torture. » Or, personne n’a eu àrépondre de ces actes devant la justice.Le gouvernement Obama a déclaré que « despoursuites avaient été engagées » contreMohamed al Qahtani en janvier 2010. Pourtant, iln’a pas fait l’objet d’une nouvelle inculpation etaucune décision n’a été rendue sur le recoursformé en 2005 pour contester son placement endétention. En décembre 2013, un juge fédéralaméricain a suspendu le procès en invoquant lefait que Mohamed al Qahtani semblait « toujoursincompétent et incapable d’apporter efficacementson concours dans cette affaire ».Votre lettre peut contribuer à le protéger :Demandez que Mohamed al Qahtani soit libéréimmédiatement ou qu’il soit inculpé rapidement etjugé dans le cadre d’un procès équitable devantun tribunal fédéral. Demandez également que lesresponsables d’actes de torture et d’autresmauvais traitements soient traduits en justice.Utilisez la formule d’appel « Dear PresidentObama/ Monsieur le Président » et envoyezvotre lettre à : President Barack ObamaThe White House1600 Pennsylvania AvenueWashington, DC 20500États-Unis

aPPElSMOnDIaUX

ÉCRIVEZ UNELETTRE, CHANGEZUNE VIE !

Votre lettre peut contribuer àfaire libérer un prisonnier, àempêcher une exécution, àce qu’une famille en deuilobtienne justice.

aPPElS MOnDIaUX

© US D

oD

© Amnesty International

© DR

Page 25: Le Fil, Mars Avril 14

aPPElS MOnDIaUX

23lE FIl [ MaR/aVR 2014 ]

nOMS : Jehad Sadeq Aziz Salman etEbrahim Ahmed Radi al MoqdadlIEU : Bahreïn

DEUX ManIFESTanTS DE 15 anSCOnDaMnÉS À 10 anS DE PRISOn

nOM : Mykalau StatkevichlIEU : Bélarus

Un RESPOnSaBlE POlITIQUEDÉTEnU SUR la BaSE DE FaUSSESaCCUSaTIOnS

nOMS: Bakhtiyar Guliyev, MahammadAzizov et Shahin NovruzlulIEU : Azerbaïdjan

DE JEUnES MIlITanTS aRRÊTÉS ET BaTTUS

Tous deux âgés de 15 ans, Jehad et Ebrahim ontété arrêtés le 23 juillet 2012 au cours d’unemanifestation antigouvernementale à Manama,capitale du Bahreïn. Ils se sont vu interdire deparler à leur famille ou à leurs avocats pendantprès de 48 heures après leur arrestation et ont étéinterrogés en l’absence d’un avocat. Jehad a confié plus tard à sa famille qu’il avaitété frappé avec une arme à feu pendant le trajetjusqu’au poste de police. Ebrahim, lui aussi, adéclaré avoir été frappé. Tous deux ont indiquéavoir été forcés de signer des « aveux » enl’absence d’un avocat ou d’un membre de leurfamille. Ils ont été incarcérés dans une prisonpour adultes dès le 24 juillet.Leur procès – aux côtés d’adultes – a débuté enoctobre 2012. Les deux adolescents ont étécondamnés à 10 ans de prison en avril 2013.Leurs familles n’ont pas été autorisées à accéderà la salle d’audience pour entendre le verdict. Ilsont été transférés dans une autre prison pouradultes le soir même et leur condamnation a étéconfirmée en appel en septembre 2013.Une rixe a éclaté dans la cellule de Jehad etEbrahim le 14 mai 2013. Un éminent défenseurdes droits humains, Nabeel Rajab, égalementdétenu dans la prison, a rapporté avoir vu desgardiens frapper plusieurs jeunes prisonniers.Jehad et 13 autres détenus ont alors été placés àl’isolement et privés des visites de leur famille.Jehad a raconté plus tard à son père que lesautres détenus et lui avaient été ramenés dansleur cellule habituelle.

Votre message peut contribuer à les protéger :Demandez aux autorités de Bahreïn d’annuler lescondamnations des deux adolescents, jugéscomme des adultes alors qu’ils avaient moins de18 ans. Exigez qu’ils soient placés dans unétablissement pénitentiaire pour mineurs jusqu’àleur jugement devant un tribunal pour mineurs etqu’ils soient mis à l’abri de la torture et d’autresmauvais traitements.

Utilisez la formule d'appel « Your Excellency/Excellence » et envoyez votre lettre à : Ministerof Justice and Islamic Affairs, Shaikh Khaled binAli Al Khalifa, P.O. Box 450, al-Manama, Bahreïn

Fax : +973 1753 1284 ou +973 1753 6343Twitter : @Khaled_Bin_Ali Email : [email protected]

Mykalau Statkevich s’est opposé au régime enplace au Bélarus en se présentant à l’électionprésidentielle de 2010. En mai 2011, il a étécondamné à six ans de travaux forcés pour avoir« organisé des troubles à l’ordre public de grandeampleur ». Il est toujours en prison.Après avoir travaillé dans une scierie à la coloniepénitentiaire n° 17, Mykalau Statkevich a ététransféré en janvier 2012 dans un établissementsoumis à un régime plus sévère, la prison n° 4, enraison d’infractions présumées au règlement de laprison. Moins d’un mois plus tard, le directeur dela prison déclarait que le prisonnier manifestaitdes tendances suicidaires. Aucun élément nevient étayer cette affirmation. Mykalau Statkevichet sa famille craignent que les autorités de laprison ne se préparent à invoquer ce prétexte aucas où il lui arriverait quelque chose en détention. Son épouse, Marina Adamovich, n’est autorisée àle voir que quatre heures par an. Elle peut luiparler au téléphone une fois par mois. « Même sije vis dans l’attente de ces appels, ils meprennent toujours par surprise », nous a-t-elleconfié. « Il essaie de dire qu’il va bien ou de fairepasser des informations importantes de la partd’autres détenus. Je suis submergée parl’émotion, c’est une joie immense. »

Envoyez à Mykalau un message de solidarité enbélarussien, en russe ou dans votre proprelangue. Suggestion : Gardez le moral ! Nous pensons àvous.

Envoyez vos lettres et vos cartes à : Mykalau StatkevichPrison No.4 99a Krupskaya Street Mahiliou212011 Bélarus

Fax : +375 172 26 06 10 ou +375 172 22 38 72

Deux hommes, Bakhtiyar Guliyev (photo de droite) etMahammad Azizov (photo de gauche), et unadolescent de 17 ans, Shahin Novruzlu, ont étéarrêtés en mars 2013 après avoir participéactivement à l’organisation de manifestationsantigouvernementales. La police les a placés endétention et ils ont été inculpés de détention illégalede stupéfiants et d’armes. Les policiers ont ensuiteperquisitionné leur domicile et ont déclaré y avoirdécouvert des stupéfiants illégaux ainsi que descocktails Molotov. Les familles des trois hommesaffirment que c’est la police qui les y a placéssubrepticement.Bakhtiyar, Mahammad, Shanin et cinq autresmembres de NIDA – un mouvement de jeunes quimilitent pour la mise en œuvre de réformespolitiques et sociales – ont été inculpés enseptembre 2013. Parmi les faits qui leur sontimputés, citons l’organisation de troubles à l’ordrepublic et l’utilisation de cocktails Molotov lors d’unemanifestation ayant eu lieu le 10 mars 2013. Or, cerassemblement s’est déroulé de manière pacifiquejusqu’à ce que la police fasse usage d’une forceexcessive pour le disperser. Selon des associationslocales de défense des droits humains, sur le millierde manifestants présents, plus de 90 personnes ontété arrêtées et maltraitées.Shahin, Bakhtiyar et Mahammad affirment qu’ils ontété frappés pendant leur premier interrogatoire etque leurs dépositions leur ont été arrachées aumoyen de violences physiques et de pressionspsychologiques. Shahin – qui était mineur aumoment de son arrestation – a révélé le nom del’auteur de ces violations en ajoutant : « Lorsque j’aiété interrogé, mes parents n’étaient pas avec moi.Ils m’ont frappé et m’ont cassé quatre dents. »

Votre message peut les aider à retrouver laliberté et à obtenir la justice : Demandez auxautorités de libérer les huit jeunes militantsimmédiatement et sans condition. Il s’agit deprisonniers d’opinion, détenus uniquement pouravoir exercé pacifiquement leurs droits à laliberté d’expression, d’association et de réunion.Les autorités devraient ordonner sans délail’ouverture d’une enquête impartiale et efficacesur l’ensemble des allégations de torture etd’autres mauvais traitements et en traduire lesresponsables en justice.Utilisez la formule d’appel « Dear President/Monsieur le Président » et envoyez votre lettreà : President Ilham Aliyev, Office of the Presidentof the Republic of Azerbaijan, 18 IstiqlaliyyatStreet, Baku AZ1066, Azerbaïdjan

© DR

© DR

© RFE/R

L (Svaboda.org)

© DR

© DR

Page 26: Le Fil, Mars Avril 14

ÉCRIRE POUR lES DROITS 2013

Nous avons également atteint – incroyable maisvrai – 2,3 millions de lettres, SMS, fax, tweets etsignatures de pétition. Et lorsque l’excellente nouvelleest tombée que deux personnes figurant dans notrecampagne avaient été relâchées – Yorm Bopha, quimilite en faveur du droit au logement au Cambodge,et Vladimir Akimenkov, prisonnier d’opinion en Russie– nous avons fait la fête. Les hommes et les femmesqui font l’objet de notre campagne sont les véritablessuperhéros de cet événement annuel, en premièreligne du combat pour les droits humains.

Ensemble, nous avons montré une nouvelle fois aumonde que la plume et le clavier étaient plus forts quel’épée. Nous renouvellerons l’opération en décembre.En attendant, nous espérons que vous resterez à noscôtés et poursuivrez la lutte pour les droits humains.

Déjà deux prisonniers libérés et 2,3 millions demessages envoyés depuis 80 pays : Écrire pour lesdroits 2013 est un succès sans précédent.

Des centaines de milliers de simples citoyens sesont transformés en superhéros des droits humainsen décembre 2013.

Ensemble, nous avons bravé le froid pourorganiser des mobilisations éclair dans les rues enRussie, nous avons recueilli des signatures enparticipant à de véritables marathons en Guinée,nous avons chanté à tue-tête dans des concerts auBrésil, nous avons fait entendre notre voix lors deréunions avec des représentants gouvernementaux,nous avons monté des performances publiques enIsraël et nous avons organisé de superbes projectionslumineuses à Istanbul, Paris et Amsterdam.

24lE FIl [ MaR/aVR 2014 ]

la plume et le clavier plus forts que l’épée

UnIR nOS FORCESGrégoire Kauli Moket est avocat en République démocratiquedu Congo (RDC). C’est l’un des membres internationauxd’Amnesty les plus actifs (voir encadré à droite). Les actionsqu’il a organisées dans le cadre de la campagne Écrire pourles droits ont suscité 1 800 lettres et signatures.« Je voulais que la RDC prenne part à Écrire pour les droitsafin de défendre les personnes en danger, par le simplepouvoir d’une lettre, et faire pression sur lesgouvernements, nous a-t-il expliqué. Je veux égalementaccroître le nombre de membres internationaux dans notrepays. En étant plus nombreux, nous pouvons mieuxdéfendre les droits humains.

« En décembre 2013, j’ai organisé cinq débats dansdes universités et des lycées de Lubumbashi, dans leKatanga. J’ai parlé de l’action d’Amnesty, de sa mission, deson histoire, d’Écrire pour les droits et des résultats que lacampagne avait obtenus.

« J'étais heureux que l’on me donne l’occasion dedemander aux gens d’unir nos forces pour défendre desinconnus. Voilà pourquoi mon appartenance à AmnestyInternational compte tellement à mes yeux.

« L’action qui a rencontré le plus de succès a eu lieuau lycée Salama, qui enseigne les technologies del’information à Lubumbashi, avec la participation de244 élèves. Nous avons demandé à chacun d’envoyer desmessages de solidarité à quatre personnes en danger auNigeria, en Éthiopie, en Tunisie et dans les territoirespalestiniens occupés. L’ambiance était sympathique. Ladistance géographique ne m'empêchait pas de me sentirproche des victimes.

« Beaucoup de gens connaissaient assez mal Amnesty,et nous devons poursuivre notre action de sensibilisationpar le biais de l’éducation aux droits humains. Je suispersuadé que la protection des droits humains varencontrer un enthousiasme croissant.

« Si j’ai adhéré à Amnesty, c’est à cause de laréputation de l’organisation et parce que c’était l’occasionde rejoindre un mouvement qui réunissait des centaines demilliers de militants. Amnesty unit les forces d’hommes etde femmes d’origines très diverses. Les droits humainsdevraient être protégés à l’échelle internationale – ce n’estpas une action que l’on peut mener dans son coin. »

lES SUPERHÉROSDES DROITSHUMaInS ©

Amnesty International

© Christian O

uedraogo

© Amnesty International

Page 27: Le Fil, Mars Avril 14

ÉCRIRE POUR lES DROITS 2013

25lE FIl [ MaR/aVR 2014 ]

REJOIgnEZ-nOUS ! >>>Les habitants des pays qui n’ont pas de bureau d’Amnestypeuvent rejoindre notre organisation en plein essor endevenant membre international. Nous comptonsactuellement plus de 70 000 membres internationauxdisséminés dans plus de 120 pays. Ils participent à noscampagnes mondiales, s’informent sur les droits humains etse portent volontaires pour mener des campagnes d’Amnestyà l’échelon local (voir l’histoire de Grégoire à gauche).Rejoignez-nous ! Retrouvez l’adresse du bureau d’Amnestydans votre pays ou devenez membre international en vousrendant à l’adresse : www.amnesty.org/fr/join.

Dans le sens des aiguilles d'une montre, depuis en hautà gauche : Écrire pour les droits 2013 à Taiwan, auBurkina Faso, en France, en Guinée, en Algérie, enMongolie ; une lettre envoyée de Thaïlande à MiriamLópez, rescapée de la torture au Mexique ; danse auBrésil, lanternes allumées au Chili.

© Amnesty International

© Amnesty International

© Amnesty International

© AF R

odrigues/Amnesty International

© Amnesty International

© Pierre H

uault

© Amnesty International

Page 28: Le Fil, Mars Avril 14

C'EST VOTRE CORPS VOS DROITS VOTRE VIE #MYBODYMYRIgHTS