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48m e Année no 3 15 Février 1929 «lI!R{ Gll\lJJJ Il DE LA S'oejété d c t l'ECOLE PRIMAIRE paraît 14 fois pendant le cours scolaire Abonnement annuel: Fr. 4.50 Les abonnements se règlent par chèque postal IIc 56 Sion, ou à ce défaut contre remboursement. Tout ce qui concerne la publication doit être adressé directement à M. LOUIS DELALOYE, Secrétaire au Dé- partement de l'Instruction pUblique à Sion. Les annonces sont reçues exclusivement par PUBLICITAS, Société Anonyme Suisse de Publicité, Sion Rue de Lausanne 4 - Téléphone 2.36

L'Ecole primaire, 15 février 1929

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Page 1: L'Ecole primaire, 15 février 1929

NI. P ro ssard A Ihert . , lnst.

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Régie des annonees (le 1" "Ecole PriulaÎlee" Renseignements gratuits

48me Année no 3 15 Février 1929

«lI!R{ Gll\lJJJ Il DE LA

S'oejété v<falai~at)"e -d c €du~-ation

_· t l'ECOLE PRIMAIRE

paraît 14 fois pendant le cours scolaire

Abonnement annuel: Fr. 4.50

Les abonnements se règlent par chèque postal IIc 56 Sion, ou à ce défaut contre remboursement.

Tout ce qui concerne la publication doit être adressé directement à M. LOUIS DELALOYE, Secrétaire au Dé­

partement de l'Instruction pUblique à Sion.

Les annonces sont reçues exclusivement par PUBLICITAS, Société Anonyme Suisse de Publicité, Sion

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FORMITROL L'appréciation d'un instituteur

« Vous m'avez adressé un tube de pastilles de For­« mitrol que .ïai pu utiliser immédiatement. Précisément à « cette époque régnait dam:, la contrée une épidéIPie de « rougeole qui nécessita la fermeture de trois écoles voi­« sines. J'exigeai sw'-le-c'hamp des parents l'usage des « pastilles de Formitrol, si bien qu'aucun cas de maladie « ne s'est dé{'lar~ dans notre école et pourtant les enfants « n'avaient }?·as interrompu leur~· leçons.

« A quelque temps de là, je constatai un cas <le variole. « Après quelques jours, un deuxième élève tombe malade. « suivi un peu plus tard de ses frères et sœUl'S que j'ai « pu préserver de la maladie. a insi que tous les autres « élèves. grâce au Formitrol».

L'instituteur est certainement le plus exposé aux maladies contagieuses. Les refroidissements le guettent sans cesse. C' st pourquoi un remède contre les affec­tions catarrhales est pour lui le hienvenu. Ce remèd'e, il le trouvera dans les pastilles de Formitrol qui con­tiennent. c.'omme suhstance active, 0,01 gr. de formal­déhyde par' pastille. substance qui constitue un excel­lent désinfectant interne.

ECHANTILLONS ET LITTERATURE A DISPOSITION

DES INTERESSES.

Dr. A. WANDER S. A., BERNE

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48me année No 3 15 Féyrirr 1929

Organe de la Société valaisanne d'éducation

SOM.MAIRE. - Manuel de gymna8.ti q~l e , - Confér ences pédagogiques, - Sou de Géronde. - Des dessins au tableau noir au cours des l eçons orales. - Chronique de l 'Union. - En glanant. - Hygiène. - Ecoles et parents . - L e foyer. - NOS PAGES. - La coéduca~ tion des sexes. '

Nouveau manuel de gymnastique.

MM. les Instituteurs qui n 'ont pas reçu le nouveau «Manuel . de gymnastique » sont avi,sé que le ' Département le l'eur remet gratuitem'ent. Il suffit d 'écrire une carte au Département de l'Ins-

, truction Publique pour l'obtenir.

Conférence des Instituteurs du district d'Hérens

Elle aura lieu à Ayent, le 27 février , avec l'ordre du jour suivant:

9 h . 9 h. 30

12 h,

Messe à l'église paroissiale. Séance:

1. Rapport de la dernière réunion. 2. Questions admini,str'atives. 3. Lecture d'es travaux sur le sujet mis

(Ecole primair.e, page 1 de 1929), 4. Discussion sur les questions traitées. 5. Propositions idividuelles. Dîner,

à l'étude.

L'Inspecteur scolaire.

DISTRICT DE ISIERRE.

La Conférence des instituteurs du district de Sierre aura lieu à Randogne et non à Granges , com.me annoncée précédemment " jeudi 21 février , à 9 heures 30, après l'arri, ée d'u finiculaire. '

(Communiqué ).

CHORALE DES INSTITUTEURS.

Répétition, mardi, 19 février , à 14 heures , au local ord~naire , à Saxon. Mên'le itinéraire.

Le Con1ité.

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Sou de Céronde Résultats des souscriptions du 16 décembre 1928 au 31 janvier 1929.

Fully, Eglise, enf. 8.50 . -,- Chamoson, école de Mlle Aubert, 9.10. - Vétroz, fiUes, 10. - Epinassey, filles, 3. - Sierre, filles, 43 .80. - Collombey , filles, 8 . - Saxon , G. 6.9;). - Grünentz, écoles, 4.50. ~ Bürchen, filles 2. - Conthey-Place, 3.50. - Martigny-Ville, école de Mlle Pillet, 15.50. - Miège G., 5.80. - Martigny-Ville, école àe M. Puippe, 6. - Nendaz, Sadentz, 7. - Grengiols , 4. -Saxon, classes, 35.85. - Euseigne, 4. - Orsières-Som-Ia-Proz, 5.15 . - _ Orsières-Champex, 6. - Bürchen, 1.50. --'- Fully-Branson, 1.80. ~ Bouveret, f. ô. - Fully, Fontaine, 2. ~ Chamoson F III 6. - Monthey, F. 5.80. ~ Orsières-Ia-Douay 3. - St-Jean-Pinsec, M. 5.50. ~ Conthey-Bourg, 8. - Vérossaz, F. 4. - !lIiez, G. 6 . . -Les Neyrres , M. 4. - Mex , M. 6. - Riddes, F. 5.50. - Conthey­Erde, F. 6. ~ Grône, G. 10. - Charrat G. 7.50. - Orsières , Cerlaches, 2.20. - St-Maurice, G III 20. - Nendaz-Clèbes, 2.60 -Kippel, G. 3.60. - Conthey-Sensine, f. 6. - Bagnes, Prareyer m . 3.65. -~ Fully, Eglise, G. moy . 7. - Levron-Vollèges, f. 5.40. -. Agettes, F. 4.05. - Hérémence, Villà, 9. - Riddes, F . 2.30 . -Bagnes-Châbles, 3. - St-Luc, 6. - Ardon, Ecoles, 28. - Illarsaz, 2. - Champéry, F. 14. - Bagnes, Lourtier, G. 6. - Fully Eglise, G. III 4.10. - Bagne,s Bruson, 13. -

Des dessins au tableau noir au cours des lecons orales .,

On a dit souvent que la meilleure école, c'est celle où l'on use le plus de craie. Il y a certainement une part de véfité dans cette assertion présentée sous une forme quelque peu bizarre.

Il est certain que le dessin en général est un langage plus clair, plus précis, plus expr,essif et surtout plus rapide que le langage parlé; c'est par excellence le langage po'Ul' les yeux) sur­tout ,dans la leçon par les yeux) quand' on manque des objets matériels dont on parle.

C'est un auxiliaire précieux de la parole et il supplée dans une large mesure à la difficulté de donner par des explications ou des descriptions purement verbales, l'idée, la forme, les di­mensions relatives de quantité de choses; de plus, il aide singu -

. Iièrement à la précision des d·étails . Dans l'enseignement oral, le dessin peut intervenir de deux

manières: par des images présentées et expliquées aux enfants; par des figures exécutées au tableau, sous leurs yeux, au cours de la leçon.

Aujourd'hui, nous laisserons de côté les imwges pour ne nous occuper que des dessins improvisés au tableau noir, car ils sont

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d 'un usage plus facile et plus général queles images dont l'achat. même à un prix relativement peu élevé, fait reculer la plupart des municipalités.

L'art de se servir du tableau est un don de la plus haute importanoe pour l'instituteur d'es classes primaires à qui ce talent, soit naturel, soit acquis par une éducation suffisante offre des ressources inappréciables et donne une supériorité considérable sur ceùx qui ne le possèdent pas.

Dans les classes enfantines ou du degré inférieur, cet art est plus nécessaire encore, nous dirons qu 'il y est aussi plus difficile et plus exigeant.

Parler avec la craie, improviser pour les yeux, donner en quelques coups une idée nette des choses, faire sentir le relief que l'on ne .dessine pas et laisser deviner les détails qu'on ne marque pas, c'est un talent que ne possèdent pas toujours des dessinateurs d'ailleurs très habiles. Cela s'acquiert, comme tout le reste, par l'étude et surtout par la pratique en présence des enfants.

Pour s'initier à . cet art, il faut s'exercer à dessiner au i1'ait) d'après nature) beaucoup d)objets usuels) de forme très simple, en prenant l'habitude de comparer leurs contours aux form,es élémentaires) géométriques dont ils se rapprochent, puis en in­sistant sur les traits essentie'ls et en supprimant les détails.

Il est superflu de dire que dans les commencements, alors que Te maître n'est pas encore suffisalument familiarisé avec ce dessin schématique) il évitera d'improviser devant ses élèves et qu'il aura soin de s'y exercer à"avance au moment de la prépara­tion de sa leçon .

Les dessins exécutés au tabl,eau pendant la leçon doivent être très sommaires et nous insistons sur ceUe qualité . On se contentera donc des grandes lignes, largement h'acées, même un peu exagérées; on négligera quantité de détails, car ce sont des figures de démonstration, des schémas, des diagrammes qu'on demande et non des dessins propr,ement dits.

En bien des cas ils ne seront alors que plus parlants. Du reste, comme le temps de la leçon orale, surtout dans le degré inférieur, est généralement court, ces dessins veulent être faits très rapidement ret le plus souvent au fur et à m'esure que se suivent les explications. On n'aurait donc pas le temps matériel de les exécüter avec beaucoup de fini et de détails.

Ces sortes de tracés sOlnt excellents pour l 'explication des détails d'une chose, des parties à'étachées d'un tout d'un organe considéré à part, et pour cela , ils l'emportent sur des dessins faits d'avance, plus détaillés , donc plus complets.

Comme on les exécute à mesure que se déroule la leçon, ils offrent l'avantage que l'enfant les voit ~e form~T ~t se développer

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en même temps que "les idées s 'expriment et s 'enchaînent. Or, il suffit d'avoir étudié, par exemple, la igéométrie sur des figures , pOur savoir combien cette circonstance du tracé fait à meSU1"e, donne d'e clarté à la démonstration et facilite l'intelligence de ces figures.

En général, un dessin au tableau appartient au genre du dessin purement linéaire. Il n'a que des lignes, c'est-à -dire des contours, des limites. On fera donc le plus souvent abstraction des reliefs, c'est à dire des traits d 'ombre, et si parfois on tiendra à les représenter, on se contentera de quelques hachures.

Ce que nous recommandons spécial1ement aussi, c'est de d'on­ner à oes dessins des dimensions aussi grandes que possible; donc pas de ces figures rapetissées, étriquées . Quand on dessine au tableau noir ce n'est pas seulement la main ou les doigts qui doivent se mouvoir, mais tout le bras.

Avec de jeunes enfants, il sera peut-être utile de leur donner l'idée des surfaces qu'on enferme d'ans des contours.

Supposons qu'on les ait mis en face d'un rectangle ou d'un triangle dessiné à la craie au tableau noir. Ils ne verront d'abord que quatre ou trois lignes qui se joignent deux à deux; mais ils ne se représenteront pas toujours la surface rectangulaire ou h'Îan­gulaire enfermée dans ces lignes ou côtés.

Il suffira de donner à ces surfaces une teinte grise ou blanche en les frottant avec un morceau de craie couché dans sa longueur , ce qui sera très vite fait.

Le caractère d"un dessin au tableau, c'est l'impromptu. Et c'est là aussi son mérite: l'à propos.

Prévu ou non dans la préparation , il apparaît sans pré­ambule, il éclaire et simplifie, il supplée à de longues descriptions verbales. «Tenez, enfants, voilà comme c'est fait. - Voici telle partie de l'objet; elle a telle forme . - Regardez ce trait: il représente ceci, cela, etc ..... »

On peut aussi fort bien, en certains cas, exécuter à i'avance, sur le tableau des dessins qui exigeraient trop de temps et de soin Pour être tracés au cours de la leçon. Ils auront l'avantage d'être mieux faits, car il n'importe de ne mettre devant les yeux des enfants que des formes exactes et agréables.

Malheureusement, ils présentent un inconvénient : ils exigent beaucoup de temps, et puis le tableau n'est pas toujours libre ; on en a souvent besoin pour d'autres exercices, surtout dans les classes de plusieurs divisions.

Terminons par le désir que chaque instituteur ait à sa dis· position une boîte de craie assortie) c'est-à-dire d'e différentes couleurs. Cela lui permettra d'illustrer ses explications de manière à y intéresser davantage les enfants qui aiment les coulelU~s i de

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plus, certains détails gagnent ~ être Illarqués d 'une teinte diffé­rente.

Puisqu'on achète de la craie blanche en boîtes , pourquoi n 'en commanderait-on pas de temps en temps une de couleurs assorties: ce ne serait pas une grosse dépense. Le plus souvent, il suffit d'y penser ou d'en donner l'idée à ceux q ui sont préposés il l'achat ues fournitures scolaires.

Chro -que d? PU ion

Le sujet des conférences pédagogiques La Commission cantonale de l'enseignenlent primaire nou~

propose donc, cette année-ci, pour nos conférences pédagogiques. l'étude des causes de l'affaihlissement du français chez nous et des moyens d'y remédier.

Le sujet est fécond et d'une actualité indiscutable. Aussi bien nos" collègues enthousiastes de la partie romande.

à tour de rôle, dans les différents districts, ont réfléch i et fureté en vue de la découverte du Inal et des remèdes ù lui appliquer. Puis sont venues les conférences avec les discussions, les échan­ges d'idées et leurs conclusions qui sont la résultante de comhien d'efforts, de cOlnbien de peines.

Or, nous ne pouvons en ce 1110ment même réprimer "en nous un sentiment de compassion et de pitié, pour leur auteur d'abord' et pour elles-mêmes ensuite. QueUe s'era leur destinée? N'iront­elles 'point les pauvres! dans leur infortune, rejoindre leurs sœurs poussiéreuses aujourd'hui , des assemblées antérieures, et jouir ensemble, Dieu sait où, dans quelques casiers onhliés peut­être, d'un repos éternel et bien immérité.

Cependant, par esprit d'obéissance et à cause d'un vag Ut'

espoir de changement de régime dans notre patrimoine pédagogi­que, jetons à la hâte quelques idées.

La crise du français ne date pas d'aujourd'hui. Elle est déjà ancienne. Seulement elle a atteint de nos jours S011 maximum d'in­tensité. Fait incontestable et incontesté, nos élèves ne respectent ni la fonne ni le fond de notre admirabl1e langue. Cette crise dé­sole toutes les régions où le français est en usage. Et pourquoi ? La réponse en est aisée. Les causes en sont multiples et surgissent en foule dans notre esprit. Elles sont d'essence différente, d'ori­gine d'iverse selon les pays; principales ici, secondaires ailleurs . Elles regardent à la fois le sujet et l'objet, le milieu ambiant " dans lequel vit l'enfant, les llléthodes d'enseignement, l'organisation de l'école populaire.

L'étude de n otre langue est difficile; eUe est difficile clans de fond et" dans la forme .

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L'acquisition des idées, leur dépendance, leur cl'éveluppement, les rapports que présentent les différents objets entre eux, le choix des détails caractéristiques, leur agencement en vue de la création d'un sentiment général, suppos'e déjà une maturité d'es­prit qui, règle générale, n'est pas le lot de notre jeunesse scolaire, puisque l'adulte même manifeste une certaine répulsion à écrire et à composer.

L'on s'est plu d'ailleurs et l'on se plait encore à rendre cet enseianement inattrayant et confus. A l'école primaire, ailleurs

b . . , com.me chez nous, notre langue n'est peut-être pOlnt enselgne,e d 'une façon rationnelle et méthodique. Dans bon nombre de classes, ]a mémoire entre pour une bien trop large part, croyons­nous dans l'acquisition des idées. Elle a son importance, sa grande jmportance évidemment, mais ne peut suppléer ft t?ut. Or, souve~t. cette faculté seule, s'exerce dans les divers exerCIces de françaIS. On se 'contente de sujets choisis au hasard et dictés par l'inspira­tion du nlomenl. Toute la préparation tient à la lecture d'un mo­dè:e type qui chaque année est s'ervi à nouveau et que les élèves r,eproduisent alors plus Ou moins fid'è1ement.

A ce régime, les intel!igences les plus vives se rebutent et en -Viennent à détester tout exercice de composition. Et le résultat? Il est insi~nifiant : l'acquisition de quelques idées impersonnelles sans aucune valeur, de quelques tournures particulières, unifor­mes servies à foison dans tous Jes travaux écrits et leur donnant cett~ apparence de correction sous laquelle s'enveloppent l'igno-rance et la sécheresse d'esprit. .

Ainsi donc }tes exercices d'int~lligence , du jugement, de rai ­sonnement sont trop déJaissés : voilà une des causes principales de la pauvreté d'e fon d ch ez nos élèves .

Et que dire de la forme ? Le \'ocabulaire de la pl upart de n os élèves est r éduit à sa

plu s simple express ion. E cou tons le langa,ge d'un gosse de dix à douze ans, dr essons l 'inventaire des mots qu'il emploie. A p eine arriverons-n ous à u n total de deux cents à tr ois cents m ots . Peut­on, avec une telle pauvr eté de m a tériaux s'atten dre à des com ­positions intéressantes, consolantes m ême. La lecture seule est appelée à enrichir le lexique d'e l'enfant. Point d 'exercices appro­priés à cet effet et ordonnés avec méthode, point non plus de contrôle sérieux dans l'enchâssement des mots dans la phrase. Les termes impropres ; incolores par eux-mêmes, sont servis à satiété sans que l'on sache remédier au mal. Et que dire de l'a phraséologie? Tout est à l'avenant. Le langage souffre lui-aussi d'une crise de respect. ~''Ûn parle mal aujourd'hui en farni'le dans' la rue~ au jeu,. dans les assemblées; l'école a elle aussi peut­être sa part des responabilités, Insiste-t-ene snffismnment sur la correction du langage? Oblig'e-t-elle toujours l'enfant à s'exprimer souvent et en phrases complètes 'J. Ajoutons à cela les méf4i~ du

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patois, les tournures vjcieuses que ce jargon implante d'an s n os régions, l'obscurité, les équivoques qu'il introduit dans ]es jeunes esprits .

Pourtant tou~es les causes que nous venons d'énulnérer et qui font obstacle au développement de notre langue si be:le, si r ich e -;1 claire, si harmonieuse, sont démasquées aujourd'hui.

Une réaction se dessine. On s'emploie à les combattre, à en atténuer le p ~us possible les effets néfastes. Et à ce point dè vue il /est intéressant de suivre les efforts qui s'accomplissent chez nos \'oisins de J'Ouest: les Français .

Là-bas, l'enseignement de la lan gue a été réformé. Ne s'ap· plique-t-on pas à rendre la composition attrayante, sous !a forme des centres d 'intérêt. Des heures nombreuses d 'élocutIon sont introduites d'ans les program.mes. Les enfants ont alors la grosse part de l'effort. On ies pousse à la recherche de la vérité, on l~~r inculque ce goüt, cette ardeur qui devient pour eux un ~laI~lr délicieux. ,Une idée en appeJe une autre. Toutes sont expnmees en un langage préeis et correct. Les exercices de conjugaison et de vocabulair-e viennent à leur secours, ils se multiplient, non pas Ù l'oceasion d'une lecture seulement, mais comme tels et adéquats ù leur lin. Le français littéraire devient lui-aussi l'objet d'un en-seignement ex-professo. .

Les expressions colorées , vivantes, nettes, expreSSIves, sont servies à l'é.ève et proposées à sa mémoire. Les m aîtres s'erforcent en outre de lui faire toucher du doigt les qualités et les beautés des textes puisés d'ans les œuvres des grands auteurs.

D'autre part, les diverses branches du programme coopè~ent toutes à l'enseignement du français par les eXiercices de réf1exIOn , cie jugement et de raisonnement au xquels ils donnent lieu .

Un développenlent p~us long des moyens de remédier au mal dépasserait l'espace consacré à notre chronique, nous nous em.­pressons d'en arriver à la conclusion du sujet.

E lle n'est point diaiciI'e à trouveI;, elle nous ébloui t, elle nou ' accable même. Qu e nos lecteurs et, en particulier, ceux qui ont la responsabilité du d'éveloppement intellectuel et moral de n otre canton s'en imprègnent.

Les moyens préconisés p lus hau t et en usage déjà chez nos voisins pour combattre la crise du français, sont inapplicables en Valais dans les circonstances actuelles. Nous disons m ieux. .

Tant que la scolarité de no.s classes prim aires continue à garder des pr'Û'portions si modestes et aussi longtemps que les traitements alloués aux membres du personnel ens1eignant ne leur permettent point de faire de faire de l'enseignement une profes­sion, toute réforme pour parer à la crise actuelle du français .res­tera inefficace, ülopérante, inutile chez nous. Qu'on se le dIse! Là seulem·ent est la prenlière racine du Inal. Inutile d'e chercher

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ailleurs . PourquOI luême nous avoir proposé un tel sUJet? Celte idée fait-elle l'ombre d'un doute?

, Consultons le plan d'études. Il attribue aux différents co ur:.; élémentaire, nloyen et supérieur, des classes à six 1110is, pour. l'enseignement de la langue, une luoyenne totale de trois cent .. heures par année. Comnlent dans un temps aussi cour t tenter même Ge Iuettre en pratique les nloyens préconisés pour l'enseigne­ment efficace du français. Quel . temps les méthodes inductives -ry.'exigenl-elles pas? Combien de questions pour dirig~r l'enfant dans la voie de la . vérité, quel travail lahorieux et long pour les réponses? Les nlaîtres seuls le savent.

Et que sont ces trois cent.s heures de français par année. en regard du nombre d'exerCIces que comporte cette hranche ? Voyons un peu: lecture courante, exp:iquée, expressive, conju­gaisons écrites et orales, leçons de choses , élocution et phraséolo­gie, vocabulaire, règle de grammaire, exercices d'application, pré ­paration de compositIons 6crites, correction des devoirs, etc., etc. Quinze heures par semaine seraient-elles suffisantes? A peine. Et il y en a huit I·out au plus , et cela pendant six Iuois .

Ajoutons à cel'a le lemps consacré aux répétitions, les heures l!erdues à cause des fêtes, des déménagements, des circonstances fortuites. Et que de fois n'avons-nous pas entendu les doléances de nos collègues SUl~ l'influence néfaste des longues' vacances d'été. La plupart affirment que les trois premiers mois en entiers son t consacrés à la répétition du program.me de l'année précédente.

Comment d'one avec ce régime, arriver ù un résultat concret .? De quelle manière exercer une influence prépondérante sur l'en­fant, faire passer en lui, dans ses habitudes, un langage clair. correct et précis? Nous avons tenté nous-même l'expérience, nous appliquant à suivre dans les nloindres détails, les Inéthodes ra ­tionnelles proposées par la pédagogie. Malheureusement, le l't'­

sultat a été pitoyable et nous a découragé. La situation créée à l'instituteur est également une des causes

non moins importante de la déchéance du français dans nos classes.

Rien n'est à la · fois plus délicat et pills difficile que les pré­parations d'es leçons, mais rien n'est aussi plus utHe et plus indis­pensable. Elles 'exigent un travail de réflexion puissant, des recherches constantes , ainsi que du temps, de la patience , un labeur acharné en dehors des heures de classe. .

Malheureusement, il faut vhre; bon nonlbre de HiaJtre~ doivent élever une famille, et pour cette raison se créer des res­sources. Celles que procure l'école sont insignifiantes, ridicules même. Vient d'abord Je COlnmerce ou l'exploitation agricole, puis l'agence, le secrétariat, les charges municipales, ètc.,etc. Il est ainsi impossihle au maître de se tenir au courant d'es découvertes

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modernes . ni de dé, elopper son langage, ses connaissances sc ien ­.!Iifiques.

On laisse son instruction s'envelopper de brUIne e t forcémen t r enseignement s'en ressent, il perd en clarté et en précision.

Nous somines donc à nous demander, à cette heure, si l'ap­plie::! tion des Inéthodes lnodern es, avec. un e scolar~té si Téduite n 'est p as une erreur chez nous . E l, au ~lsque de YOH .notre b;lIe lano'ue , ouée à une irrénlédiable décadence, ne vaut-Il peut-elre pas

b lllieux de retourner au règn e exclu sif de la lnémoire et ù

renseignement déductif. Us sont d'un emploi p ]ns facile , d'un rés ultat plus direct,

quoique plus superficiels et p ermettent un lueillellr usag'e du temps cnnsacré ~l J'école! ! M.

,~ L'égo ste ~ Sans ami) comme sans famill e, 1 ci-bas, vivre en étrange1'; Se reti1'e1' dans sa coquille Au signal du Inoindl'e danger ; S'all11el' d' une wnitié sans b01'11es De soi seul e1nplil' sa 111aison ; En s01'tir) suivant la saison, POUl' faire cl son prochain les cornes; Signaler ses pas dest1'ucteul's Pal' les traces les plus iI11pUl'eS ; Out1'ager les plus belles fleu1's Pal' ses baisas ou ses morsures ; Enfin chez soi) comme en prison ) V ieillir, de ,tOU1' en .10U1' pllls triste C'est l'histoire de Fé'(Jolste) Et celle . dl1 colimaçon.

Arnault.

~~ La Rose de noël :.~~~.

D'un vaste 111antecw blanc de neige et de bl'uine La terre s'enveloppe: et 'le regard plongeant A l'infini ne voit que dentelure fine, Sur les (Il' bl'es pl aql.1 és cl e 10111 ell es cl' argent.

Page 7: L'Ecole primaire, 15 février 1929

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Le petit oisillon. pressé pal' la faminc De tout côté voltige et son œil diligent Cherche le grain llUJUl que son instinct devine Sous la soyeuse ouate entassée en neigeant .

Moi le voudrais tl'OUVCZ' Slll' cette nappe blanche Une simple fleu relle au bout d une humble bUtrlche, POUl' égayer l'ennui de ce linceul lTIm'tel .

01', renc~arl1 que Jésus , COUVel't d'un pauvl'e lange, Gl'elottmt sous la neige, on vit passel' un ange. Qlli fil tomber des cieux la l'ose de Noël.

Alherl BrinteL

V~Dène

Voici Dix règles fondamentales d'hygiène publiées dans lt' Schweizerische Gewerbekalender de 1895 par M. le D. E. Jordy. professeur , ~'hY&!,ièn~ à l'Ecole normale de Berne et reproduitel-i p~r M, Fell.X Beguln, dans son étude: «La Péda~olgie de l'hy­gIene» parue dans l'Annuaire de l'Instruction publique en Suisse de 1928.

. Ce~ dix règles pourront être commentées, exp1iquées par MM les Inshtut~ur'S dans leurs leçons d'hygiène ; c'est pourquoi nous les tranSCflvons dans «L'Ecole primaire».

. !. I~e jour et l~. nuit, air pur, exempt de poussières et Ùf' tUlnee, c est la conditIon essentielle d'une bonne sanlp el la meil­leure garantie contre les maladies pulmonaire ... . 2. ,Le mOlive~en~ entretient la vie, Les exercices corporels Journal~ers en pleIn .au, qu'il s'agisse de travail, de promenades ou de Jeux' gymnastIques constitent le meilleur moyen de com­battre l'influence néfaste d'une prof'€'ssion sédentaire malsaine exercé dans un mauvais air surchauffé. _

3. La simplicité et la modération dans le manaer et le boire ~ont la l~ei!leure gar~~tie ?'une lon~ue vie norm;le. Celui qui 1 enoI?ce a 1 ale,ool nUISIble a la so.nté, et le rem place par 1 eau. J ~ laI"t, les frUIts, s'assufle une source die santé, d'énergie et dt' blen-etre.

. , 4, L es soins consciencieux de la peau et l'endul'cissemen l r aIsonn able du corps (ablutions journalières à l'eau froide de lout le corps: en hiver comme en été, et un bain chaud e~tier chaque semame) cont ribuent beaucoup à entfietenir une bonne santé, ~t garantissen t le plus ·sûrement des maladies dues au x. refrOIdIssements .

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5. Les vêteluents ne doivent être ni trop chauds, ni trop étroits. Ils doivent être simples, servir à protéger le corps et non à attirer les :regards, à entretenir la santé et le bien-être et non ù refléter la mode.

6. Comme demeure, cherche-toi une chambre située au solei], sèche et facile à aérer, même s'il le faut payer plus que pour une pièce privée de ces gros avantages. Au lieu de sacrifier une partÎ>p de ton temps et de ton argent à l'auberge emploie-les à te récréer en plein air et à embellir ton foyer.

7. La plus grande propreté en toutes choses (air , nourriture . eau, peau, linge, vêtements, habitation) ainsi qu'une conduite morale constituent avec la modération, le plus sûr moyen de protection conLre toutes les maladies contagieuses.

8. Un travail régulier et assidu est un bienfait pour le corps et pour l'esprit, un refuge et une consolation dans le plus grand ehagrin et le bonheur le plus pur de la vie.

9. Le repos et la récréation nécessaires au corps et à l'esprit ne se trouvent pas dans les fêtes assourdissantes ou dans la re­cherche des plaisirs, Réserve la nuit au sommeil, le~ heures de loisir et le dimanche à la culture de l'âme, de l'esprit et du corps.

10. Une vie remplie par un travail utile, d:e bonnes actions et des joies pures, c'est là le but de la véritable hygiène. La noble ambition de d'e,enir un maître dans sa profesion, d'être pour sa patrie et pour l'humanité un homme de devoir, assure une vie digne et bien rempHe,

Voici les huit principes essentiels que la section de 'la ,;eunesse de la Croix-Rouge genevoise cherche à populariser chez les éc{)-

. liers : 1. Se laver tous les jours et ayoü' un lavage ~omplet au moins

une fois pal' .. emaine; 2. Se hrosser lés dents une on deux fois par jour (en tous cas

le soir) . 3. Manger si possible beaucoup de 1égumes et de fruHs ;

4. Manger lentement; 5. Boire du lait chaque jour; 6. Ne jamais boire d'alcool; 7, Jouer ou faire des exercices en plein air, tous les jours' 8, Se coucher tôt, dormir la f en être ouverte et longtemps (au

moini dix. heures de somm.eil avant douze .ans .)

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'100 -

Ecoles et parents

Dès le début, dès le premie'l' joUI' où 'l'enfant entre à l" cole; il faut que les parents s'intéressent vraiment à ses études et à tout ce qui touche à l'école. Ce sera facile au début, mais à mesure que leB années pa~,gent et que les travaux deviennent plus séri'eux, les pa­nmts devront redoubler d'ardeur et se remettre à leurs études. Lelir enfant est toujours disposé à causer de ce qui l 'intéresse et ce sera une joie pour lui de pouvoir parler de littérature, sci ence, ete., avec son père. l es parents devront aus~i s'astreindre à lire les. historiettes, romans, etc., que lisent leurs enfants, toujours clans 10 but d 'en causer et de corriger peut-être certaines idées fausses qui germent Jans les jeunes cerveaux. Ceri demande beaucoup de tacte et de patience. - Cependant, il faut vivre de la intellectuelle' et morale de nos enfants, afin que persistent les préoccupai ions semblables et la communauté. des idées, car n 'oublions pas que la véritable amitié n'existe que lorsque cette communauté d 'idées est réelle. Surtout, n'a1'­rêtons pas les éranchements d 'une jeune âme; éc'outons religieuse-­ment, sans sourire et sans railler, les confidences de nos enfants. Ne nous moquons pas de leurs petits chagrins ces ces chagrins enfantine; <'fui nous paraissent insignifiants sont, au contraire, très douloureux pour les cœurs qui s'ouvrent à ]a vie; les premières déceptions sont peut-être 18s plus amèr es. M. DeshumberL

le foyer

L'idéal à poursuivre pal' les parents est que leurs enfant::; se trou­vent plus heureux clans la famille flue partout ailleurs, qu'ils y soienl' constamment entourés de l'atmosphère calme et s,ereine si nécessaire n,u ' bon développement de leur système nerveux. Une saine vie de famille sera tou.iours la base, non seulement cl'une bonne éducation , mais aussi fle la santé social e en général. Malheureusement, de nos .iours, elle tend à passel' à l 'état d,e mythe, les réunions de toute sorte, concert.s, conférences théH, soupers" théâtre, cultes du soir, sI'{)rts (li:ve1's, conseils et comités, toutes choses bonnes ou indifférentes ell soi , je le, veux bien, ne laissent plus aux parents qui sont «dans le train» le ,loisir de l'es,ter à la maison. Les sorties, pOUl' beaucoup, deviennent vH e un besoin, il semble que, suivant une expression bien vraie, les pla nchers de leur (lemeure leur brùlent la pla.nte des pieds.

C'est là, sans contredit, une des plus graves erreurs de la vi e' mocl erne dans certaines cla.sses de la société. Chatelain.

1

- 10'1 -

I~~

COURRIER DES IN~~~:TRIC~ ~ ~OMMAIRE. - L'affection. - Le goût de l'étude. - La noble ambitioH.

,--.:.. Les mendiants.

I!l'~ L'affection ~

Près de nous, aujoul'd' hui) nutre Inère est assise; Elle parte, et l'on daigne à peine l'écouta; Nous ne songeons pas, tant l' habitude est prise, Que demain , pOUl' tOllfours , elle peut nous quitter.

Nous seNans en l'Ïant - le geste est si vulgaire, -Lol'S d'un départ la lTIain d'un frère ou d'un ami; Les retoul'S sont peu sûrs, ITIais l'on n'y pense guère, En disant: Au Revoil', nos cœul'S n'ont pas frémi.

Ils meUl'ent . .. C'est alors que fan con1pI'end trop brèves Les heures où leurs yeux étaient fixés SUl' nous! C'est alors que ,sans fin, ils passent dans nos rêves~ Et que leur souvenir nous est poignant et doux!

Ah ! grand Dieu, donnez-nous la pleine c.;onnaissrmce, Si ['011 n'en fouit pas, à quoi bOIl ~le tréso1' ? Ces êtres dont un foU]' nous bl'iserait l'absence, Faites-nous les aimeZ' quand il est temps encore -' .. ,

X,

«MOIl ôlève n'aime pas l'éLude; s'in::;Ll'uil'e lui esL un fardeau, }) Quelle étude? quel genre (l'ins.truction? Manque-t-ill d'intelligel C'B.

cm de mémoire, ou d'attention'? Avez-vous cherc'hé à le convaincl't', par des exemples, par votre propre expérience, des avantages cl ' un~

application soutenue? «Gardons-nous de donner dans l'erreul' du siècle actuel. On s'i­

magine pouvoir faire marcher les intelli gences comme un bataillon de soldats. On proclame qu 'à seize ans ou à vingt a ns un esprit doit être arrivé à tel degré de développement intellectuel et scientifique; 0 .11

pose une barrière à l'un de ces termes, et lors même qU'ulfe intelli­Œence d'élite , retardée par je ne sais quelles circonstances, demande à la franchir pour rendre ,service à son pa.ys, une voix impitoyahle.

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inïlexible comme la sentinelle SUl' son n~mpal'L, ::;'écl'ie: On n8 passl~

r·as. - Un enfant n avance pas quelcluefois parce qu'on lui donne un tr avail supérieur à son mtelligenc'e ; il ne comprend pas et se décou­rage. Les p lantes, modérément 2rrosées croisse11t facilement, mais une eau ' trop abondante en étouffe le germe. Ainsi l'âme se nourrit et SI:'

fortifie par un travail habilement. mènagé ; l'excès l'accable et éteint ses facultés». (R. P. de Damas) .

L'éducation du Grand Dauphin est un exemple l1istol'ique el irréfutable de l 'exactitude de ces réflexions. Mme de Maint non dit. : «Feu Monseigneur savait à cinq ou six ans mille mots latins, et pas un seul quand il fut maître de lui.» _ Et .Mme de Caylu8 : «La ma­nière r ude avec laquelle on le forçait d'é tudier lui donna un si grand dégoût pour les livres, qu 'il prit la résolution de n 'en jamais ouvrir rr ua nd il serait grand; il a tenu parole.» . .

Il faut mesurer à la capacité (l'un enfant la charge qu'on ve ut lUI faire portel'; il est essentiel de donner à son éducation une base so­lide, et de permettre le développement de ses facultés intellectuelles suivant un rythme normal, sans l'étouffer, :::,ans chercher à lutter c'ontre les lois de la nature. C est la métl10de conseillée pal' le bon sens; employer la violence., non seulement c'est compromettl'e le r ésultat, ma is c'est aussi opprimer odieusement la fnil1l essp. Contrain­dre n'est pas convaincre.

la noble ambition L'ètl'e ambitieu,' cherche à ::;.·élever; doit-on le blâmer? rloit-on

l ' llcouragel'? tout. dépend du genre d'élévation qu'il vise. S'il méprise le milieu dans lequel il est né, s'il renie son ol'lgme .

s i, en dépit de tou e justicE et de toute charité, il lutte conÜ'e ses con­currents pOUl' les dépasser en luxe ou en puissauc , s'il veut a tteilldr:' un sommet social pour écraser sef'. fl'ères, son ambition est crueUp.. égoïste, laide, mesquine.

Au contraire, s'il souhaite de d~vellir meilleur, de par enü' à hl maîtrise de ses pasisons, s'il s'acharne à combattre sa cupidité, sa vanité jusqu'à les terrass·er, son ambition est belle et désintéressé.

Nous sommes tous animés d'tm instinctif éJRll vers quelque eho::, (~ de mieux que notre état présent, c'est là, d'ailleurs, une condIti~n nécessaire du progl'ès, mais il importe d'orienter sagement ce besoll1 (l'élévation et de déterminer quel sont les biens clignes (le uos efforts ascensionnels.

Le courant de ce siècle est tout particulièrement dirigé vers les ava.n tage::; positifs, vers la richesse, le ['ouvoir. Sans cesse on vant.e autour de nous «celui qui sait se débrouiller» , «cel ui qui ne :-!o'embar­rasse pas de scrupu'es gênqnts». Les grimpeurs ont une bonne presse et l 'on par donne volontiers à «l'arriviste» de manquer de

. culture et d 'éducation pour vu qU 'il «arrive». Si nous n 'y prenons pas garde, nous serons entraîn és par ce tourbillon , nous en viendrons à

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rlésü'el' frénétiquement. les hoc'ilets brillants que tau cl'humains con voitent, sans avoir examiné s ils valent la peine d'être désirés.

Ecartons-nous des surench ères qui nous influencent, es.sayons de voir par nous-mêmes ce qui fait la grandeur de l'homme. Est-ce parc qu'il commande à un groupe de ses semblables qu'il est grand? est-ce parce qu'il traverse la foule en auto? est-ce parce que son personnel est nombreux, parce qu il a de~ immeubles, des bijoux, parce que ses vêtements sont de bonne couJ:·e et ses souliers vernis? . . je n'ose continuel' la liste des distinctions recherchées par la vanité ... les mille riens qu'il faudrait énumérer dans cette voie font sourire.

Not.re concIu..:·ion sera rapide : la véritable gralldeur de l 'hommfl réside dans la culture méthodique et. tenace de ses facultés, dans la lutte contre ses mauvais penchants et ses tares, voilà. les résulta.ts dignes de son ambition.

Dès que nous serons parIaHrment convaincus de l a supériorité d e cé dessein , une splendide révolution intime s'opérera en nous. Aban­(lonnant les rêves de puissance, de fortune , de luxe, de frivolité, de fainéantise, de tous les avantages extérieurs qui flatLent l'orgueil, nous songerons à remporter des victoire..:· SUl' nous-mêmes.

Dans ce domaine, nous ne sommes plus en C'ompétitioll CI vec nos 'emblables, nous n'avons plus à livrer d'odieuses Illtte~, fratricide s, nous n'avons plus à commettre de cruautés et d 'injustices; dans lè calme de la conscience, nous cultivons l'homme intérieur t l'embel­li ~sons chaque jour davantage.

Quel que soit Je lieu où la Providence nous ait pJacés, que ls quI:' . oienL notre rang, notre labeur, notre si'llon, nous pouvons satisfaire cette noble ambition qui ne réclame ni apparat, ni complicatiowi mondaines et s'accomode de toutes les. simplicités.

E8t-ce à dire qu 'à cau::;e d'un tel état d'est 'l'it, 1l0US n'aurons, for cément, ni argent, ni pouvoir, ni distinctions sociaJes? nOll! ces bien.; peuvent nous etre dévolus en héritage, ils peuvent a us si être I I:'

fruit normal de notre activité; mais nous sam'on::; en jouir &ans faste , les éVF\.luant à leur .i~ste prix et n 'éUmt jamais disposés. à sacrifier l e

moindre de nos t1eV01rs pour les conserver, pas plus que pour les fj,cquéril'.

Les cœurs rempli~ de bonne volonté, le::; intelligences qui réflé­chissent, qui apprécient sérieusement les choses, ahoutissent touiours, tôt ou tard, à cet étRt de sagesse; à foree de mesurer Je dFtngel' moral des compétitions humAines, à force de sentir le néant de la va nité HE~ sont amenés, infFti11ib1 ement, à concentrel' leurs désirs vers les seuls résultats qui méritent de tenter leur activité.

Pour n ous, amies lectrices, tâchons de ne pRS arriver trop üud ;\ cette étape; ce serait vrajment domma.ge de n'avoir plus ciue IFissitude , dégoût, fa tigue d:=tns l'âme, a.u moment où nous entreprendrons. ce" la.beur digne de tous les enthousia~mes, digne cle remplir toute une vi d'énergie.

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Le mendiants

Dans ce quartier isolé, peuplé surtout dïndiigènes et d'où l'on dOlnine la blanche ,ille, les traîne-misère sernhlent s'être donné rendez-vous .

A toutes les heures du jour - el même de la nuit . . . - ils 'irculent de porte ·en porte, égrenant des l11élopées: répertoire

varié pittoresque avant tout. NIais sous l'originalité dll spectacle. que de misère est cachée! ...

Au matin passe un grand noir , d'ans toute la force de S:j

jeunesse. Il est vêtu, drapé plutôt, d'une de ces couvertures in­digènes aux mille éclatantes rayures, et porte orgueilleuseluent autour du cou un long collier de coquillages. Il récite, d'une voix de tonnerre, 'une sourate monotone, et C0111me je ne l'ai ni vu ni entendu venir, cette clameur subite sous Ina fenêtre me fait cha­que fois sursauter. Sous l'enroulement du tm'han, la face sombre ne lnanque pas de noblesse; on s'étonne, au premier abord, de voir mendier ce grand gaillard dont la poitrine énlet de si beller-; notes profondes . Mais dès que l'on regarde mieux, On s'aperçoit qu'il appuie sa Inain snr l'épaule d'un gamin déguenillé et fmné ­lique. On s'aperçoit que, sous les paupières lentr'ou\ ertes, roulent deux affreux globes tout blancs . Il est aveugle, hélas! .' .. le grann. nègre qui possèd'e une si helle voix et qui chante chaque m,atin Les louanges d 'Allah soUs ma fenêtre! ... Et lorsque nl0n aumônE tombe dans sa main, il dil au hasard dans ]e vide, lm InerCl na­sillard' qui ~el11ble s'adresser n toutes les plantes du jardin .

Les Aïssaouas sont des mendiants d'un autre genre . " Et d'abord, leur saleté repoussante, leur mine farouche , leur l'e~:Jrd sombre et têtu de, fanatiques, ne dispo~ent guère en leur faveur, Munis d'un haillon blanc en guise de drapeau et suivis d'un ùlle étique, au garrot saignant, ils quêtent pour quelque zaouïa nù s'abrite leur confrérie. Un énorme tambour, sauvagement frappl\ , résonne sourdement pour accompagner la vocifération stridente qu'ils jettent aux échos. Ils ne s'arrêtent pas de, ant le seui 1 df' la «chrétienne», et n'Ion fils In'elnpêche d'ouvrir la fenêtre.

- Je t 'assure, Inanlan l ... Je t'assure que le \rieux qui 101lcht

I,' a regardée «à quarante-cinq » . . . Je ne sais pas ce que ce chiffre, en jargol1 d'écolier, pe ul

bien :noir de fatidique. Mais \'olontiers, j'é, ite la rel.lconrte de!-.i homlnes à la tignasse crépue, mangeurs de scorpions et huveur<..; de sang chaud . ..

Je garde la meilleur part de 111es aumônes ù la pauvre femme muette qui pousse un affreux cri de bête en me l110ntrànt sa bou~ che affamée, et qui reste accroupie des heures entières ù la porte du jardin, lnannottant des choses incompréhensibles , tandis q u' ù deu x m a ins elle gratte la terr e mach inalement. Elle cède lu

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place et s'en \'a, hargneuse, dès qu apparaît sa sœur en n11sere: la femme aux mains brûlées. Celle-là n 'a au bout de ses bras que d'informes Inoignons noirâtres, et elle gémit dolente, l'éteTnelle lamentation de sa vie inutile et misérahle: « Je ne peux plus faire le pain. . . je ne peux plus puiser d'e l'eau .. . , je ne peux plus tisser la laine, ni laver le linlge, ni même ramasser par terre l ' aumône qu'on Ille jette . . . »

. .. Cal' il ,s 'en trouve, panni les Arabes, de ces cruels qui jettent devant elle sur le sol la pièce de ulOnnaie qu'elle ne peut saisir! . . . Et ils rient aux larmes de la voir se prosterner, se pencher conune pour baiser la terre, pr·enc1re la pièce entre ses lèvres et se relever tranquillement, la houche souillée de poussière ::linsi que le nez et le n"lenton . ..

o Inentnlité singulière de ces riches humiliant le pauvre, de 'es pauvres qui Qcceptent l'injure et ne s'en offensent point! ...

Le défilé de la nl.isère dure toute la journée. Il vient des­enfants aussi, de petits enfants squelettiques, étalant. toutes les tares physiologiques qu'il soit possible d'imaginer . Et ce sont des (:hancres hideux, des membres déformés, des teignes suppurantes. Loin de cacher cela sous leurs haillons, ils les exhibent avec une morbide complaisance; j'en sais un à qui l'on offrait de le soigner , de le guérir. Il refusa.

- Si je guéris, qui me fera l'aumône ensuite? ... dit-il. Et il traîne encore sa hideuse plaie-gagne-pain .. . . . . Vers le soir, ce sont les vieillards qui passent. Tout le

jour ils ont dormi dans quelque coin, le long d 'un mur ou bien à l'ombl~e de ces grands cactus enchevêtrés qui se hérissent d'é­pines mordantes. Au crépuscule, la faim les éveille . Alors, rame­nant leurs loques sur leur corps décharné, ils commencent la ronde lamentable qui dure toute la nuit.

On les entend, dans le grand silen<..:e paisiLle, psalmodier de lungues prières qui montent vers la sérénité des étoiles, Les vieilles voix cassé,es se répondent d'un bout à l'autre de la ville, insistent devant ra lnaison du riche, s'éternisent désespérément près d'un seuil désert qu'elles croient habité, et se font familières , plus insinuantes aussi alentour des nouallas de c.haume, d'où s' évade l'odeur du thé ...

Dans la nuit, ces voix implorantes prennent une singulière ~loquence. Elle transperoent le sOll"lmeil, semblant crier aux

heureux de la terre que la souffrance ne connaît pas le repos, et mêle sa plainte éternelle aux rêves fortunés des hommes ...

Quant la prière du nlatin tonlbe du haut des mosquées, les vieux mendiants emportant l'eur butin nocturne vont vite, vite se cacher: on dirait qu'ils redoutent le soleil! ... Ils retournent à leur muraille hantée de tarentes, à l'ombre hospitalière des cactus

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épineux, Là, ils dévorent leur maigre pitance; et puis surtout ils dorment, ils ' donnent pour oublier leur jeunesse enfuie avec. peut-être, des jours qui furent heureux? , , ,

. E~ ils y meurent aussi. Au matin, l'agent de police indigène qUl faIt sa tournée avise un corps raidi d'où s'évade la vermine: loutes ces bêtes grouillantes ont peur du froid . Alors on roule le cadavre dans ses haillons , on remporte, et, après une brève halte ~l. l'in finneri~, le docteur constate que la ville compte un men­chant de mOIns; c'est l'enfouissement rapide au cimetière, sans qu'une seule voix psahnodie la sainte sourate d'es défu.nts ! , . .

. : ,Le mort, en chemin, croise peut-être le nègpe aveugle , la Inuette affamée et la femnle sans doigts. Et ni les unes ni les autres ne se doutent que ce fardeau lugnbre qui les frôle en passant est un de leurs frères de misère, riche enfin, puisqu 'il n'aura janluis plus ni faim ni soif ...

Marie Barrère-Affre.

ét Coéducati 11'1 des sexes

Le Père de l'a Vaissière vient de pubHer d'ans les Archives de Philosophie, une étude intéressante, dont nous voudrions mettre les parties essentielles sous les yeux des lecteurs de l'Ecole primaire, Il examine le problème de la coéducation des sexes aux seules

' lumières de la science positive; et sa conclusion est une con ­damnation très nette du procédé de coéducation.

Il faut assurélnent distinguer la coinstruction de la coédu­cation; la seconde surtout, et particulièrement ù l'époque de la puberté, donc dans l'enseignement seoondaire, est illogique et dangereuse; mais la coinstruction ne va pas asns une certaine co­éducation; en elle-nlêm.e d'ailleurs, elle mérite les reproches que l'on peut faire à la coéducation intégrale.

La thèse de l'auteur peut se formuler ainsi. L 'homme et la femme constituent des types psychologiques distincts, naturels, do ­minateurs, harmoniquement ordonnés à se contempler l'un l'autre.

Or, l'éducation a pour but d'e développer les facultés d'un être da ns le sens de sa finalité.

Mais la coéducation ne tient compte ni des différences natu­relles profondes qui existent entre l 'homme et la felTlm'e ni de la différence de leur destinée . '

Donc la coéd'ucation est un procédé pédagogique condam­nable.

10 Le type psychologique. - Dans l'exercice de leur activité psychique, les hommes, tous composés d'un corps el' d'une âme, sont sO~lmis à des lois générales. Mais chacun a sa manière propre de senhr, de penser, de vouToir, de réagir aux impulsions du de-

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dans et aux impressions du dehors . Les influences de l'hérédité ne sont pas les Blêmes cllez tous et ne se font pas sentir avec la Inênle lorÜe; les insnncts ne rel,;oivent pdS cnez tous, la mêlne specialisation Ïllltla1C; les chrecti" es impnmées par l'eù'ucation et la !inerte personnelle sont dIt erenles. lJ en reSLl1te que cieux êtres humaIns ne saunuent se resselnDler parlaItement.

Au seIn cie la prodIgieuse CÜ'lnple;~ite des VIes psychologiques, il est cependant posslDle de dlscel'ner des groupes llumams telS que les n~emJ)res de cllacun de ces groupes, si on les considère sui­vant une ligne pSjC110J.oglque deLer111J.nee, réagIssent tous de la lnême manlere. 11S se ressemhlent donc sous cet aspect et sous, cet aspect également, diI1èrent de tous les autres. NOUS sommes ici en presence de types psycHologiques.

lJonnons un e,' empJ.e . Lî10l11111e a nesoin d'images pour pen­sel'. Mais les uns se servent d 'images IntlutIves, vécues,; ce sont les types concrets; les autres aiment a penser par mots, par scnèn1es formelS: ce sont les types aDstraiLs. 11 est certaIn que le type concret apputera parroJ.s son Idee sur les mots; que le type aj)­stnnt se servira queJ.quelOls ci images inLUitlVes . l\'lais , il y a chez l'un une tendance que l 'on ne renconrre pas chez l'autre. C'est cette tendance qui constitue le type psychologIque.

Les caractères sont aussi des types pSjcno.'0giques: ils disent la manlère Clont fa VOlonté réagIt à des nlOllts donnes.

2() Le tyj,e psychologi,que naturel. - Les types psychologi­ques sont dIlS nature.s quand ils son t innés; il's semblent irrélor­maD.es dans J.eur land. Les types actluis se Ionnent sous l'inrluen­ce de l'éducatIOn, âu Inilieu, de la direction linrement donnée aux 'onnaissances et aux tendances.

30 Le type dominateur. - Les types psychologiques sont par­ticuliers ou dominaleurs. 11s sont d0l111nateUrs quand Ls induent sur toute l'activité psychique du sujet; si l'on parvient à les mo­dLie!', c est la CO IH.1Ulle tout entIère qui s'en trouve transionnée. Le type particulier n 'a pas de r épercuss:ion sur toute l'activité psychique. Le type visuel, par exemp~e, n 'a guère, comme tel, de conélation avec les autpes modes de penser, et les modes d 'a,gir .

. :1: * * 10 Le type psychologique masculin et le type psychologique

féminin sont distincts. - L 'affirmation se prouve: a) P ar l'observation vulgaire . Considérez pour un Inoment,

COlnme du sexe masculin toutes les femmes de l'ancien et du nou­. y-eau T1estament et dites si ces figures ne deviennent pas ridicules.

b) Par l'observation scientitique. Elle a révélé dans les deux types une orientation permanente vers des intérêts différents, et par conséquent leur diseontinuité radicale.

c) Par la théorie freudienne. Sigismond Freud a sans doute exagéré; mais on peut admettre que les tendanc,es s'ordonnent

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auto ur de l'instinct de la conservation de l'espèce. PUiSç\le le rôle du père et celui de la lnère sont très distincts en ce qui concerne la conservation de l'espèce, on doit s'attendre ft ce que le groupe­ment des tendances ch ez l'homme soit tout autre qu e le groupe­ment des tendances ch ez la fen1lne.

cl ) Par des résultats de différentes enquêtes . 2/) L es types psychologiques) mascu lin et fén1inin) sont n o ­

l laels. - Les dift érences entre garçons et filles, entre hommes ,et femmes, sont les mêmes clans tous les tempo 'et dans tous le ' lieu x.

3° Les t y pes ps ych ologiques) Inascu lin et fémin in) sont do­m inateul's . - Chacun de ces deux types affecte )'ensemhle de la y j e

psychiqu e. Le P . de la Vaissière apporte ici le témoignage de divers oh­

servateurs . Il cite notamn'lent ce lexle de G. Lombroso dans «( L'âme de

la femme». La felnlne est altérocentriste, en ce sens qu'elle place .le centre de son plaisir, de son ambition, non en elle-mên'le, l'uais dans une autre personne, qu'elle aime et. de qui elle veut être aimée. L'homlne est égocentriste, en ce sens qu'il tend' à faire de lui-même, de son intérêt, de ses plaisirs, de ses occupations , le centre du monde où il vit.

4° Ces deux types sont natUl'ellelnent ordonnés (l sr compléter hal'monieusement. - Ils se complètent:

a ) Dans la vie intérieure. Sans T'homme, la fenllne est le lierre qui dépérit, faute de l'attache qui lui convient; et l'homme, sans la femme, est un de ces murs crevassés privés du lierre qui faisait leur ornement et leur soutien.

b ) Dans la vie de famille . L'éducateur naturel des enfants, ce , n'est pas le père, ce n'est pas la mère; c'est le père et la mère.

c) Dans la vie sociale. Il est clair que la société n'a .lainai ' ~ütendu et qu'elle n'attend pas encore les mêmes services des grands hommes et des f.emmes supérieures.

* :!: :i:

L'auteur examine ensuite le~ ob,;eCtions qU'OB pourrait lni faire et s'attache à les réfuter.

La plus spécieuse est assurément celTe-ci: La famille est le milieu naturel de l'éducation. Or, dans ce luilieu, frères et sœurs s'élèvent ensemble. IVlais l'école est le prolongement de la famille.

Il y a une distinction essentielle à faire entre la farnille et l'école. Dans la famille, l'influence paternelle et l'influence ma­ternelle se conjuguent et s'ordonnent à la formation d'un typ e ffi q.sculin chez le garçon et d'un type féminin ch ez la fi lle. Dans nne école mixte, avec un personnel enseignant m ixte, les influences

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masculines e t féluinines se juxtaposent; et les élèves subissent l'action de deux psychologies , non .seulement distinctes , mais sé­parées.

De même, l'interaction psychologiq~Je des fr~res et d~s sœurs n 'est pas c0111parable à cel1e des garçons et des filles de la .mêl~e école mixte.

* * :j: L:1 coédllcation des sexes ne favorise pas de développemeùt

du type psychologique naturel de l'homm1e. Elle ne favo'rise pas non plus le développement du type psychologique naturel de 18 femme.

Or ces types sont dominateurs et ordonnés à se cOIl;1pléter run l'autre.

La coéducation ne répond donc pas à·la saine notion de l'édu· cation. Sacrifier le perfectionnement de ces types à des raisons secondaires d"économie et de simplicité, c'est hOl,lleveTser la hié~ ral'chie des valeurs .

Plus l'homme sera viril; plus la femme sera femme et plus aussi la société conjugale sera dche en ressources pour. le bien des enfants , plus aussi la société humaine renfermera des gerp1es de bonheur et de prospérité. ' , .

Notes complémentaires

1. L'Eglise et la coéducation.

En ~ plaçant au seul point de vue scientifique, l 'avis de l'Eglise oatholique possède une va leur exc'eptionnelle. Elle veut à la fois le dé­veloppement de l 'espèce humaine et la pratique de la morale, 'non seulem ent de cette moral e qui sauvegarde la correction extérieuré, m'aïs de celle qui veille sur les pensées les plus secrètes.

, -Un libre penseur, un \ membre d'une a utre seete ,religieuse

ne se rangera pa s à l 'avis d e l 'Eglise ca tholique parce qu 'elle Ast l'Eglii3,e, m ais s il est sincèr e et instruit, il n 'affifrmer a pas à la légère qu 'elle manque d 'esprit d 'observation; à ce ti tre l'enseignement et l'aVIS de l'Eglise ont leur va leur dan s un traité de s·cience positive.

Or, l'Eglise ca tholiquè se montre défavorable, hosti'le ' même à-la coeducation, cda sans aucune r estri ction pour l'enseignement se­condaire. Ce n est pas, comme on l' a parfois insinué par ignorance ou mauvaise foi , qu'elle désappro1,lv e les études solicles , et même supé­ri eures pour les femmes : elle a ccepte qu e les femmes suivent les cours des universités , et en 1899 ' Rom e a donné son approbation à l' établissement d'un collège dans l'Université de ivlunster pOUl' la. for­mat jon cles r eligieuses enseignan tes,. Mais l'Eglise voit clans la CO'E' -

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clucation un danger pour la moralité de l 'élève à l 'âge où se donne renseignement secondaire (13 à 17 an~,).

II. L'idéal de la femme. Comme psychologue, j'envie tendrement la dévotion à Marie de

mes amis catholiques. Qui s'est jamais demandé s,i la Sainte Mère vénérée par les 'Mhges connaissa,it, l'astronomie chaldéenne, avait étudié l 'égyptien et le babylonien , ou même savait lire et écrire sa propre langue? Qui a ajmais eu l 'idée de se poser de pareilles ques­tions? Nous repousserions comme inconcevable, la pensée qu'elle se soit plainte de l 'infériorité de son sexe. Mais tous les siècles lui ont spontanément rendu un culte, parce qu'elle a glorifié la fetnme , en la montrant plus riche que l'homme, en amour, en pitié, en dévouement désintéressé: L'idéal de la madone exaltée prouv'e qu'il e'st plus grand et plus saint d'être une femme que d'être un artiste, un orateur, un professeur, et elle suggère à notre propre sexe que c'est plus d'etre un homme que d 'être un gentleman, un philosophe, un général, un prési­dent ou un millionnaire ... Je ne peux m'empêcher de ressentir en mon cœur une crainte toujours grandissante, c'est que' la femme mo­derne, en bien des lieux et sur bien des routes, ne soit en danger de décliner de son orbite, et ne mette plus sa confiance et son hôi1neur en ce qu'elle est femme; qu'elle ne soit en péril de courir les voie:-', et de suivre les méthodes masculines, de v ~~ ,er l 'idéal de l 'homme, jus­qu'à ce que sa divine origine s 'en trouve obscurcie.

De ce que la: coéducation des sexes est condamnable, il ne suit pas lIu'il faut, toujours et en toute circonstance, tenir le jeune homme éloigné de la jeune fille.

III. Le jeune homme et la jeune fille, en dehors de l'école. Nous avons entendu conter autrefois cette histoire du curé de

Saint-Liou. Il avait un frère qui perdit sa femme à la nai~.gance de son pre­

mier fils Jean. Lui-même, quelques années plus tard, s'en alla l'ejoin­dre au ciel, celle qu'il n 'avait cessé de pleurer ici-bas. Mais avant d' entreprendte le grand voyage, il confia son unique enfant, alors âgé de douze ans, à la, sollitude de son frère l'abbé. L'enfant fut appliqué aux humanités sous la direction de son oncle, et comme il était intelligent et travailleur, des progrès remarquables ne tardèrent pas à réc-om­penser son zèle et celui du professeur. Son mentor s'attacha surtout. à. lui faire pratiquer la vertu et à. le tenir dans l 'ignorance des choses qu'il n'avait pas besoin de savoir. Il avait ,dès le début, liquidé le per­sonnel féminin du presbytère. Jean ne sortait de sa retraite qu 'en corn, pagnie de son onde. Leurs itinéraires étaient si bien combinés, et les moments si bien choisis, que le danger n'apparaissait jamais. D'ail­leurs les distractions ne manquaient p'as dans la' ~ainte maison: l'oncle et le neuveu cultivaient le chant et la musique et s'adonnaient, comme tant d'autres aujourd 'hui, à la douce manie des collections. Un timbre rare suffisait à combler les cœurs, le jeune et le vieux, au moins pen­dant. quelques jours. Parfois même, mais rarement, deux ou trois

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jeu'nes gens de la paroisse venaient tenir compagnie au doux captif , et avec lui, prendre leurs ébats dans le jardin de la cure. Le curé était toujours là d'ail1eurs, l'œil aux a.guet.s et l 'oreille tendue.

Jean , grandissait a.insi dans la chaud e a tmosphère qu'on lui avait faite, soigneu~,ement chaperonné, comme l 'étaient les jeunes filles dans les couvents de l'époque. Son esprit était aux études, et son cœur au ciel, où des êtres chers continuaient à l'aimer. Son cœur était a ussi SUl' la terre : à cet oncle dont la tendresse inquiète n 'avait en­('ore pour lui rien d 'onéreux; un peu sans doute aussi aux babioles qui servaient à s,es amusements.

Il avait alors seize ans. Un jour de pl'intemrs, le bon curé égara ses pas dans le village, et, sans trop s 'en rendre compte, se trouva tout-à-coup à cinquante mètres du lavoir communal.

Des jeunes filles aux bras nus y battaient le linge en échangeant de gais propos. Les trilles de leurs rires, s'harmonisant au clapotis des eaux, mettaient dans l 'air des vibrations joyeuses, qui s'en al­laient mourir à l 'horizon. Une brise toute chargée du parfum des pre­mières fleurs, soulevait les boucles de leurs cheveux et leur faisait comme un nimbe autour de la tête. Aux instants de repos, l'onde effaçait. s,es rides et reflétait de grands morceaux de ciel, avec, pour étoiles, les yeux rieurs des lessiveuses.

L'adolescent sent son cœur battre en vitesse; sa joue s'empourpre comme sous le frôlement d:une invisible caresse, et le regard figé dans la direction du «bac», il s'écrie:

_ Mon oncle, mon onde, qu ' e~,t-ce que c'est que ça? Sa voix vibre d'un accent nouveau. Le bon curé, distrait sans dou­

ter par quelque préoccupation de sa charge, n'avait pas pris garde au spectcle. Le cri de Jean le rappelle à. la réalité. Il est secoué d'épou­vante: c'est, pense-t-il, l'amour qui s'infiltre dans le cœur de son pupille! ...

Pris au dépourvu, n'ayant pas eu, cette fois, le loisir de préparer sa leçon, il balbutie: _

_ Ce n'est rien, Jean, ce n 'est rien! .. Ce S,Ql1t .. Ce sont des oies! . Et d'un geste brusque il tourne court, et. ramène par la main, son

neveu au presbytère. Sous la clarté blafarde de la lampe, il y eut, ce soir-là, des

silences lourds, pleins d'interrogations, ou pleins d 'angoisses.

Le lendemain on se remit au labeur aecoutumé. La grammaire s'ouvrit à l 'endroit où l 'on était resté la: veille, aux propos,itions in­tentionnelles.

«Proficiscar ut saner ,ne aegrotem ». - Je partirai afin de me guérir, de peul' de tomber malade.

Cette fois l 'abbé ne laissa pas à son élève le temps de traduire l'exemple du manuel; il lui en proposa tout de suite un autre d'applica­tion moins facile à la réalité présente. Jean s,'efforça de comprendre. Mais à partir de ce jour, son application faiblit. Au cours des leçons, il fallait le rappeler à lui: son regard se fixait dans le vague, et sa

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prunelle alors, Cl va it comme des reflets d es eaux du lavoü·. Il riait encore, mais c'était pOUr fair e plaisir à son oncle D'ailleurs l e timbre de son rire était changé: le& harmoniques n 'étaient plus les mêmes. Et pourtant, que d e soins, que d'attentions généreuses et délicat,es , qu e d 'ingénieuses inv entions pour le distraire, pour lui rendre comme autrefois agréabl e le sejour au presbytère. Le cœur du saint curé était à bout de r essouees. N'avait-il pas pOUl' son Jean l'amour et le dévouement du meilleur des pères? N'a vait-il pas multiplié autour de l,ui les joies innocentes et les pieux d élassements. Ah! s'il pouvait savoir ce par quoi le cœur de Jean pourrait être h euréux ! ...

Un jour qu 'il lui faisait d e t.endres reproches, Jean l 'interrompit: - Mon oncle? - Eh bien, quoi ) ean ? -Mon oncl e .i e voudrais bien ...

. Le bon abbé tressaillit. Il allait enfin savoir .. . il n 'hésiterait pas lu-i f-allùt-il sacrifjer la moitié de ses petitee· économies.

~ Et bi en , mon Jean , que voudrais-tu? -Je voudrai s bien avoir, .. Et le jeune homme h ésitait. POUl'-

vait-il demander cela? ... L 'oncle n 'allait-il pas se fâcher? ... L 'oncle insista: - Quoi, donc, Jean ? - Dis-moi bien vite ce que tu désires. - "Eh bien, mon oncle ,fit Jean ,avec une voix qui tremblait, comme

l \~iltre soir auprès du .«bac», je voudrais avoir ... une oie! . . .

Ni l'oncle ni l e neveu n 'ont jamais existé. NIais lïmpossible histoire que je viens d e rac'onter mont.re bien qu 'il n e faut pas vouloir faire échec aux lois de la nature.

Le rapprochement entre jeunes gens et jeunes filles , même à l'é­cole, peut donner dan s des conditions, rarement réalisées, il est vrai, de bons ' ré~mltats. Il faudrait alors se demander, dit le Père de la Vaissière, si ces av a ntages peuvent compenser les inconvénients sé­rieux et certains que nous avons signalés. La réronse sera presque toujours négativ e. iais en dehors d e l 'école, il reste assez d 'occasions aux jeunes gens de rencontrer les jeunes filles. Et c'est faire leur édu­cation que de leùr apprendre comment ils doivent. alors se comporter, et quelles sont les r ègles d e prudence humaine et de modestie chré­tienne qu'ils ont à garder. Le saint état du mari age, auquel la plupart sont appelés, doit leur apparaître 8'OUS son vrai .iour: il est un sacre­ment qui donne à l'homme et à la femm e les grâces nécessaires pour vivre ensemble chrétiennement et. pour élever leurs enfants dans la crainte de Dieu. Quand un jeune homme aborde une jeune fille en vue du mariage et qu'il a, du mariage, la notion élevée CJue I10US donne le catéchisme, le sentiment qui domin e dans son cœur, c'est le respect; mais un res.pect qui n 'enlève rien aux chastes d élices de l'amour chré­tien.

Les affections humaines n 'ont vraiment. tout leur prix que lors­qu'elles sont dans l ordre, que lorsqu 'elles se fondent - sans se con­fondre ~ dans l 'a.mour de Dieu!

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