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L'Ecole primaire, 15 mars 1929

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.JEMALT «Je puis affirmer que l'efficacité de cette préparation

m'a grandement étonné».

«Le Jemalt est llne trouvaille appelée à remporter un brillant succès».

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4:8me année 15 Mars 1929

Organ e de la Société V'alaisanne d'éducation

SOMMAIRE. - Les m embres dù Ch r ist. - La préoccupation des exa m en8·. - La composibon fra nçaise par la lecture. _ L'induction et la déduction. - Exposi tion d 'h ygièn e. - Chronique . de l'Union. - Les Confér enc·es. - En glan a nt. - NOS PAGES : L 'Exposition.

~ Les membres du Christ ~

Jésus est parmi vous) chrétiens; je vous le dis. N e levez plus les yeu x si haut: le paradis) Où vous voyez qu )il trôn e à la droite du Père) Lui plait moins, Olle notre humble et misérable sphère. Nuit et jour) cl Ila ville) (lU X champs; Jésus est là. Tout cl 1) h eure) une voix doucem ent vous héla . Dans l'ombre) une voix sourde et comme agonisante : Cétait lui) mais non point C0111m e on le représente D )ordinaire) ni111bé de gloire et d e clcwté. Peut-être cl votre insu ) l'avez-vous rebuté) Il est celui qu )on l'aille et celui qu )on Inalmène ; Et) dans l'immensité de la misère hlllnaine) Son corps divin qll e V O lI S ch el'chez mz f irmament) S' est comme dilllé Inystérieliseln ent. o chrétiens) appren ez à Ile connaître; Pareils cl ces maisons qui n )ont pas de fen êtl'es) V ous n e voulez pas voir qu)il vient SUI' le chelnin) Trist e) traînant la gll êtr e) un bâton cl la main) Qu)il est légion) lui qui n )a pas un dis ciple) Et que vous l'av ez là présent) un et 111ultiplc) Mieux qLZ'en sa gloire) mieux qu'en ([ )éClatants tisslls) Dans les pauvres) qui sont 'les m embres de Jésus.

Ch. Le Goffic.

La préoccupation. des examens On se plaint parfoi s de la mult'iplicité des exa m ens . C'est peut- .

ê tre. à tort ; il faut bien qu e les vocations soient éprmn ées, gue les aptitudes se ré, èlent , que les étu des a ient une san c tio~l,

lVla-is ce que nous regrettons, c'es t que les préoccupations

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d'examen dirigent les . études :et dominent les programme~ avec l'éducation elle-même .

. Il arrive que les exanllens occasionnent un véritable,désé.quili­bre dans les enseignements; qu'ici la dictée, là les mathemahques, ailleurs encore les subtilités grammaticales occupent u~: pla:e prépondérante; que sur tel point, ·les progra~mes sont ·depasses, tandis que sur tel autre ils ~ont effleurés, ~~fln q~e tel~: ];l~anchet pÔlutant impor~ante au pomt de vue de 1 educahon genel ale es à peine touchée. ,

L'examen, encore l'examen, toujours l'examen, toujours les exigenées de la commission, de l'inspecteur 1 . . . .

Qui délivrera les maîtres et les maîtresses de ces fatales :t désastreuses préoccupations? Qui leur persuadera que le succes dans les examens doit être un résultat, non un but?

Prenons pour exemple le modest~ exam\en d 'émancipation .. Voici~, dans une école ou une clrusse, un groupe d'élè~res ~IUI,

à la fin de l'année scolaire, devra subir l'épreuve de l'émanCIpah?n. Ce groupe est souvent, de la part du Inaître, l'objet d'une attent~on particulière. Les élèves qui le composent entreront dans la lIce, il faut que tous réussissent. Et voilà qu'on les couve. des yeux, qu'on leur donne le meilleur de son temps et de se.s forces; on cherche à deviner sur quoi' ils pourraient bien échouer.

Ils lais-sent échapper des fautes d'orthographe? ... bon: to.us les jours des dictées. Ils ne brill~nt p~s en rédaction? ... C?n e,pUls: pour eux tous les sujets de redachon que servent lelS . .lOlUnaux pédagogiques. On redoute pour el~x l'e;a~er: oral ? ~es . ~nter~·oga­tions incessantes sur la grammall'e, 1 histoll'e, la geogl aphle, .la civiqll~ vont les a1ssouplir, ,les .e?hardü:,e,t f~xer ?~n~ le~n' nlémOJr~ des clIchés sauveurs. - L .annee derl1lele Il a ete pose telle ques tions . on sera en mesuI:e d'y répondre si elles se renouvellent.

Tel' inspecteur ou tel examinateur a pour marotte le participe, tel autre, les cols ou les sommités alpestres; tel autre e~c.ore les menus détails de l'histoire? Il s'agit ,de soigner le partIcIpe, ~e l'étudier dans toutes les positions; on s'attachera à faire retenu

. les moindres pasisages, même ceux .qui ne sont prati,qués q~e par les contrebandiers, les -sommités passeront les unes a la smte des autres comme ,les vues cinématographiques, .on sel:a ~~ m~suI:e d'énumérer les causes, les conséquences de chaque InCIdent polI­tique, les stipulations de chaque traité de paix. Pend,ant .?e temp's-là, que ~eviennent les programmes ~t .la marche regulIere <;lu Ils ont eu pour but d'assurer? Que deVIent surtout la culture In~el­lectuelle et morale, l'éducation de l'esprit et du cœur? C'est bIen de cela qu'il s'agit, vraiment 1 L'~xamen av~nt .tout ;t par~dessus tout. De bonnes notes dans le hvret scolaue, la :r,eputahQn .du maître et la gloriole de l'élève. Evidemment qlle_l l :appré~ensJon f '

pOUl' un lnaître d 'avoir des résultats peu honorables part d un sen-

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ti~ent louable en lui-même ': en somme, c'est de l'émulation t qlU n'est pas déjà de si mauvais aloi. Mais si pendant sept ou hu~t ans, un maître a ·eu ces' enfants entre' les mains, si au cours de c~t~e. péri?de: ~l. leur .a bièr:' !ait . employer le temps, si, dans les dIVISIOns . InferIeures, Il a VIse, non au savoir ' immédiat mais au dé~reloppement ?aI:monique. d~ toutes les facultés, prépa~'ant mer­veIlleusement amsi aux enseIgnements quelque peu sérieux du C?lUS rr:oyen , aux enseignements vraiment sérieux du· cours supé­n.eur, SI les méthodes et les procédés ·ont été rationnels, les leçons bIen graduées, bien équilibrées, bien faites à leur h eure et dans la mesure qui leur convenait, croit-on -que le~ élèves, au mom~ent de quitter l'école ne seront. p~s en état de subir avec honneur les ~preuves finales? d'écrire correctement de vingt à ,;ingt-cinq lIgnes de composition, de résoudre quelques petits problèmes pra­tiques? Et à l'examen oral, de rendre compte de quelques lignes de lecture, de donner quelques répànses sensées sur l'histoire la géographie, etc? Mais le fruit sera nlûr, il se détachera sans eff~rt, sans que l'arbre ait besoin d'être violemment sec·oué. S'il en est autrement, c'est que, sauf de rares' exceptions, le temps ' a été mal employé et que les petites études primaires ont été mal con­duites.

.Et ce que nous disons Ide l'écol~ phmaire, nous le dirions aUSSI de l'école secondaire. Nous voudrions que dans tous nos établissements où les études ont pour sanction un examen on voulût bien non pas perdre de vue cet examen, mais en fair~ dé­rendre le succès ?'une tàche consciencieusement accomplie chaque JOu~', chaque mOlS, chaque année; de la loyale et intelligente exé­cutIon ?e~ prQgra~mes donnés; que les 'professeurs s'inspirassent de l~ devIse: «FalS ce que dois, advienne que pourra », et qu 'ils se dIsent: j'ai une mission à accomplir, l'éducation physique, intel ­lectuelle et morale de c~tte jeunesse qui m 'est confiée; je fais marcher de front cette trIple éducation et je suis pour cela la voie tracée par les vrais maître de la pédagogie. Pour les études les programmes établis par l'autorité compétente sont ma loi et 'mes prophètes, .. et je m 'y oonforme de mon mieux. Que sortira-t-il de tout cela.? je ne veux pas trop le prévoir; d'autres l'ont prévu pour mm et, de ce chef, ma responsabilité ' est à couvert. .

Mais mon bon sens m'assure au moins d'un résultat général: quelques uns de mes élèves brilleront, d'autres seront ordinaires'

ainsi le veut la sage où capticieuse nature. Mais l'immense ma~ jorité sortira de mes mains éleyée et, certainenlent assez instruite pour satisfaire aux conditions 'des divers exam'ens à subir à moins toutefois qu'il ·n'y ait pas de commune mesure entre l~s études prescrites et les épreuves qui doivent en être la constatation. Or ce fait n'arrive guère, CÉlr les ' commissions d'examen sont générale­m~nt'!qwllifiéè'S pour les 'füüction-s qu 'on en exige.

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La composition francaise , par la lecture Dans notre dernier article sur la composition française, nous

avons insisté , sur l 'importance capitale selon nous, ùes exercices d'olJscl'vation, qui s,ont certainement la route la p~us sûre pql~r arriver au succès dans l'enseignement de cette bl:anche.

Amener l 'enfant cl penser et à l'Clisomier d'abord, à exprimer ensuite ses iàées par écrit d'une façon un peu correcte, c'est là toute [a question de l'enseignement du français à l'école.

Nous avons montré, à l'aiàe d 'un exelnple, ,cominent on 1net l'ohservation en acti, ité dans · la recherche des matériaux (lU

idées, en utilisant, à cet effet les cinq sens, l'étude des impres­sions oü sentiments que fait éprouver la perception des choses sensibles.

Avec cette méthode, un jeune homme même médiocrem(~nt doué, r:>arYÏendra toujours à rédiger convenablement UH ljetit ~ra vail sur un sujet quelconque tiré de son milieu .

j 1 Après l'exercice fréquent et méthodique de . l'esprit d'ohser· vation, de la réflexion et du jugement, nous signalerons un autre moyen, excellent lui aussi, mais àont l'efficacité dépend préc.isé~ ment, en grande paratie du moins , du degré d 'attention et de raisonnement auquel est arrivé l'enl"ant. Ce moyen, c 'est la lec­ture, que dans plusieurs des conférences qui viennent d'n voir lieu, on a désiré voir prendre beaucoup plus d'extensic)l1 et J'im­portance par l'établisselnent ou le développement de bihlÏ'Jéhè­ques sco;[Clil'es) indépendamment de celles des paroisses nH des cercles d 'études. Nous sommes parfaitement d'avis qne les lec ·· tures assidues et hien conduites constituent un facteur puissant de réussite dans l'art si difficile de la composition.

, La bonne lecture, celle qui, (~ la honté morale, jOlnt la va ­leur Jittéraire, élève l'ânle, fonne le cn.'ur, enrichit l'esprit, délas-se agréablement et utilelnent. .

D 'abord elle élève J'âme en éveillant ou en 'développ :ult les nohles aspir~tions, en présentant un idéal il la jeunes'ie éprise d 'idées grandes, généteuses, en montrant la voie qui eonduit :1 cet idéal, voie qui la détourne en l11pme temps des has-fon~ls <le la sensualité où risqùent de la précipiter les passions l1aissante3 , les appétits inférieurs.

Ensuite elle eultive le cœur en y fortifian t et en y ' dévelop­pant les germes des sentiments de générosité, de courage., ,d'ah­négation, de sacrifice, de hien, eillance par le spectacle récunïor ­tant des exemples qu'ont laissés tant ,d'hommes respeclables, hé ­roïques mên'le.

Puis elle enrichit l'esprit en lui fOlunissanl une ~ul':lhon<1fll1-cc de matériaux 011 d ' idées de discussion , de con ·ersation; en

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entr..etenant ou en augmentant les connaissances, en perfection ­nant l'instruction ['echnique.

Ajoutons qu 'eHe familiarise peu ù peu, presque ~jal1S eHf'rt apparent, avec les formes correctes, élégant:es mêm:e du langage; en lisant on s 'habitue à l'expression soignée des idées eomn'le quand on fréquente les g~ns qui parlent bien.

La ledure est donc un agréable et surtout utile passe-temps qui, de plus, éloigne de bieu des distractions Inalsaines ou dan ~ gereuses.

Au point de vue style ou composition, les lectures donnent des résultats réjouissants, surprenants parfois. Comment, en ef­fet' . ne pas, à la 10I1lg~le, prendre quelque chose dé la l.nanière de penser, de juger, de raisonner et de s'exprimer de ceux nvec qui nous vivons habituellement dans une sorte d'intiInité? Nous entrons d 'une certaine façon en communication avec lenr âme. Aussi, tous les grands écrivains, poètes ou prosateurs, qui ont enrichi la littérature d 'innOlnbrables chefs-d'œuvre ont été de grands liseurs; ils ont étudié des n'lodèles pour les imiter , tout en y Inettant la craètéristique 'de leur génie personnel.

Les artistes du XVIlme siècle ont consulté les Grecs, les La­tins; les auteurs plus récents, ont puisé aux sources antiques,

'médiévales et à celles de nos trois grands siècles littéraires . Com ment J . J. Rouss~au s 'est-il fait un nom dans la litté­

rature, lui que sa jeunesse aventureuse, "agabonde, elnpêchait de recevoir un emseignement réguiier? C'est par la ledure .

Tout jeune, il savait d~jà les Vies de Plutarque presque par cœur. '

Mme de Sévigné était littéralement une dévoTeuse de livres et ell e" a, ait étudié plusieurs langues vivantes, afin de pouvoir lire les auteurs étrangers. Dans notre carrière d 'enseignement, nous avons con.staté de façon tangible l'efficacité des lectures au point de vue de la clnuposition. Et une large part des résultats satisfaisants que nous a VOllS ohtenus et ohtenons encore, nous l'attribuons à la lecture régulihe des lneilleures paiges d ' écri~ains classiques ou autres, que nOlis mettons ou avons mis à la disp'Osi­tion des élèves.

:Malheureusement , heaucoup de jeunes gens, disons la plu ­part, abandonnent avec l'école un m,oyen de formation et de per­fectionnement particulièrement utile, nécessaire ' même. Ils ar­gu1ent de l'absence de bibliothèques, du n'lanque de livres de leur goùt, du défaut de temps ou de loisir, etc., elc.

Et sitôt qu'on délaisse la lecture proprement dite, qu 'on n 'en fait plus un exercice régulier , on descend rapidement la pente df~ la décadence intellectuelle.

Les facultés s'engourdissent; les connaissances 'acquises de­viennent vagues, nuageuses , et finissent 'par s'oblitérer. '

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Nous nous sommes déjà dema.ndé pourquoi les écrits ' ~t les discour& de certains hommes, q~i, pourtant, ont fait leurs études complèt,e's et Cionquis leur diplôme · prof~ssio.nnel renferment sou­vent quantité d'incorrections, de négligences, de loul'deurs de ~t>r ­le. Nous sommes persuadés que ces hom\llles, une fois entrés dans la- vie pratique, ne 'se soucient plllS de con~inue~- ' leur fonnation littéraire ou de la conserver, par la lecture régul~ère et fréquen.te des bons auteurs. ' ' . , .

La nécessité de la le~t~re pour nOs élèves implique l'utilité ou plutât la nécessité aussi de bibliothèques scolaires bien composées et doit faire rechercher les moyens pi-a tiques de les organiser à peu de frais, dans le plus gi.-and' nombre possible d'écoles.

La création d'une bibliothèque pour élèves d'écoles primai­res ou d'écoles indüstrielles inférieures ne doit pas, nous semble­t-il, rencontrer de trop grosses difficultés dans nos petites cités valaisannes où, du reste, il en existe déjà çà et là. .

Ces localités ont .d'abord des ressources financières plus abon­dan~es; puis, les gens y montrent en général plus de goût pour l'instruction, partant pour la lecture. Il faut dire qu'on y dispose aüssi de plus de tenlps pour les occupations intelIect.ue~les.

Dans les villages, dans ceux de la montagne surtout, ~l.Ux ~a­rneaux parfois nombreux et fort élolgnés les uns des autres, qUX

ressources modestes, il n'en va peut-être pa'S de lnême. Ici, nous doutons qu'on al'rive sans beaucoup de peine à des résu1tat~ en­courageants . On y est parfois déjà si mesquin, si ladre pour doter. l'école de ce qui lui est strictelnent nécessaire!

Nous ne voudrions pourtant pas sèm\er le découragement, ni prêcher le défaitisme. Que MM. les membres du corps . enseignant lancent l'idé~ et essayent d'y in,téresser .le pasteur de la paroisse, les autorités scolaires de la COlnmune, les pensonnes généreuses qui auraient le désir et le moyen de rel1'dre service à la jeunesse. Si cette tentative a un commencemellÎ de succès, on pourra y joindre la contribution des élèves eux-mêmes par des représenta­tions théâtrales ou des soirées récréatives en vue d'augmenter les fonds pour ·achat de livres.

Puis, on pOllrra ~ croyons-nollis, COJllpter aussi sur .l'aide fi ­nancière de l'Etat qui, su~: ce point ne demandera certainement pas mieux que de contribuer à la culture ·générale de notre jeu­nesse.

Celle-ci mérite dans tous les cas au moins autant, sinon plus, d 'intérêt que maintes sociétés auxquelles on accorde un appui financier . Qu'on 'se mette donc partout à l'œuvre .. C'est au corps enseignant, nous le répétons, à prendre les devants; il y est, du reste, directement intéressé puisque la lecture facilitera ~,a tâche dans l'enseignement si ardu du français.

Qu'au début on ne s'arrête pas à des questions d.e détail ;

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local, meuble, achat ,de livres·, règlement, bibliothécaire, etc. L'important, 'c'est d 'abord de lancer l'idée, de la faire agréer

par qui de droit, de la 'réaliser, comme on dit, le reste viendra 'plus tard. ' .

. Nous osons espérer 'que pour le prochain cours scolaire, l'idée d''une bibliothèque aura germé dans plus' d 'une commune et qu'un certain nombre d'écoles seront à bref délai pourvues d'un emhryon ou rudiment de ce que Montaigne appelait une d :ibrairie ».

L' « Ecole primaire » s~ra hèureuse de publier les noms des comnlunes progressistes q~lÎ auront consepti à c,ombler une lacune regrettable d::ms nos écoles primaires.

MIETTES PEDAGOGIQUES

. Une expérience de ' 35 ans, dit quelqu'~n, nous ~ c?nvaincu que la plupart des élèves ~e compr.ennent ,b~en un~ theone, quelle qu'elle 'Soit, qu'autan!t qU'lIs la VOlent pratIquer.

«Dans les arts dit le P. Girard, on ne se borne pas à donner des préceptes aux 'élèves. ' Qu'en f~raient-i~s? Ils n'en saisiraient pas la portée, ou bien, ils ne la comprendraIent pas. du . tO~lt. On leur met de bons modèles sous les yeux pour les faIre ImIter de mieux en mieux ».

«L e seul moyen d'acquérir du style, dit M. Roblot, c"est d'é-tudier les bons écrivains ». . . «Les esprits, dit M. Guizot, ne deviennent gran{~s qu'e~ ~e formant, -dès l'enfance, à goûter Jes chefs-d'œuvre, a recuelll1r les trésors du passé ». .. , , .

Un grand nombre d'auteurs, ég,~lemen~ dlstIngue~, ,af~Irm.~nt formellement que ce n'est que par J. etude cl; ~)ons ~o:leJes q~, o,n arrive directement et sûrement à fane acquenr des Idees aux elc­ves, à f'Ormer leur jugement et à les habituer ù bien écrire.

L'induction et la , déduction L'enseignement prim\aire, comme tous les autres enseigne­

ments, emploie surtout deux lnéthodes : ]a ll1éthode d'induction et la méthode de ' déduction. -

La nléthode inductive consiste à inférel d'un fait connu pa~' le raisonnement d'autres faits non connus encore. On appelle aUSSI cette manière de raisonner: méhtode analy~ique, in,tuitive et na­ture~le. L'e'riseighement par les yeux, par l'aspect, les leçons .de choses, et la méthode socratique se rattachent à la métho:de d'In-'duction. '

La pédagogie nous présente l'induction ,comme le seul . mo.de cIe ' démonstration pos'sible dans' l'enseignement de la gramJUa.lre

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152. -

et des sciences naturelles. Les règles, les lois et les principes se dérobent aux faibles connaissances de nos élèves seuls res cas p,arti?uliers, les, objets et les faits frappent suffis~~ment -l'ima­gmatIon. de nos écoliers . Il fal;lt donc dans l'enseignement de la gl'an:m~lre comme dans tout autre enseignement, s'élever des cas partIculIers' aux règles, aux lois et aux principes.

Nous trouvons, à notre humble avis, que cette méthode est à ~a .1?Ortée de nos élèves et la clef d'un enseigi1ement clair et in­tUItIf. Dons nos écoles à scolarité réduite, il vaut infiniment mieux comml~niquer à nos écoliers des connaissances précises ba­s~es sur ,l'intuition que de les faire heurter à des lois, à des l;rin­Clpes et a des règles pUrelY!ent abstraites.

L'enfant a une tendance invincible el topte naturelle à in ·· duire et à généraliser ;. Inais il le fait souvent étourdiment. Avec la méthode d'induction, on parvient à réguJariser cette tendance et, à l'ai1de de questions posées 'de façon à ce que J'élève donne la réponse que l'on désire, on ari:ive à faire trouver cette réponse sans étude préalable. , Ne perdons donc pas àe vue que dans tout enseign ement, il faut aller ~u connu à l'inconnu et du particulier au général. .

La methode pour synthèse ou de déduction consiste à tirer 8 ·l'aide du raisonnemelÙ, des conséquences d'un fait conune lorsqu'on descend d'une . proposition générale aux. conséquences qu'elle implique ou déduit. . ' La méth~de :lé:luctive est nécessaire pour appliquer , I~s rè· gles Oll les 100S generales aux cas ou faits particuliers. Malh e ll ­rel.lsement llO;; ' ~lèYes ne d isposent que d 'un petit llomhre ·de COll­llmss,ances g~ner~lIes. On conçoit aisén1ent que les enfants de nos ecoles prllnalres ne sont pas tOlljours à mêrnle de profiter a­,antage?Se~11ent de ~a méthode déductive. Le syllogisme, J!a for ­me ?rchnmre d~l r~lSOJlnemen t dédüctif Il 'est pas toujou es à la portee de nos ecohers. Il con, ient clone de se · servir avec eux , dans le plus grand nomhre de cas, des différentes luéLhodes in­ductives.

Dans ~out ense,i.gnem~nt, employo ns donc autant que possi­bl,e,. la . methode, clll1dllchon ; 'celle-ci répond tout à fait a ux deslrs 'cie nos enfants . Les règles de grammaire seront alors en­sejgnées d'une façon intuitive et pratjque et nous serons heureux de constater que, même dans nos écoles à scolarité réduite on peut arriver à de bons résulftats tout en employant la m~tl~ocle inductive. F. R. D.

Exposition d'Hygiène Pourquoi r Exposition cl' Hygiène intéresse spécialement F enfance

. et l'école. Les initiateurs de l'Exposition valaisanne d'Hygiène n 'enten-

- 1;)::3-

dent nulIem'ent restreindre l 'utilité de leur œuvre à une certaine classe d'âge. L 'homme mûr et même le vieillard payent leur tribut à la tuherculose et il est superflu d'insister sur la part du lion que s'arrogent les adultes dans la consommation des hoissons akooliqiIes.

Mais des raisons très fortes ont déterminé ' les organisateurs de l'expos'ition de tenir spécialement compte des besoins de l'éd ucation.

1. C'est d'abord une raison d' utilité , la valeur des intérêts engagés. Une vie qui COlnmence a , devant .elle, de riches promesses d 'a'venir ; tout effod pour en accro'itre la valeur est récompensé , par la longue répercussion qu'il pèut avoir sur toute une existence humaine. Il ne s'agit pas, bien entendu, de méconnaître le mérite des âmles dévouées qui consacrent leurs forces à atténuer l'es in­firmités de l'âge et à ren10nter un tuberculeux de cinquante ans, ni de refuser notre admiration à celui qui sauve un buveur invé­téré . . Le déclin d 'une vie avariée peut encore être illuminé p:1l' un bienfaisant rayon du soleil couchan( .

Mais au point de ' vue de l'utilité sociale, l'œuvre infantile est plus recommandable et plus f éconde.

2 . Elle est Clussi plus obligatoire . Tandis que l'expérience a généralement renseigné l 'adulte sur les risques de certaines ha­bitudes mals·aines et sur les dangers iné~Titables des abus , l'enfant ignore encore la triste paternité du maL De plus ,' les . conditions sociales néfastes, trop souvent les suites d 'actes coupables, réa­gissent sur les jeunes avec une vigueur inexorable. De nombr eu­ses existen,ces d 'enfants épuisés prématurém:ent par la phtisie pèsent sur le compte de la négligence des parents ou ,de conditions de milieu malsaines et la funeste hérédité alcoolique est entièrement imputable aux générations ascendantes.

3. Enfin, l'œuvre antituberculeuse et antialcoolique s 'accOln­plit plus facilelnent auprès des jeunes. La tuberculose s'est ré­pandue ~t maintenue en exp~oitant des façons vicieuses de se loger, de se nourrir, de travailler, de reposer, de dorn1ir , de cracher, de balayer , etc. ; l'alcoolisme s'est infiltré quasi inex­tricablement dans toutes nos habitudes fa miliales et sociales et a pris une elnpriase incontestée sur les âmes aussi bien que sur les corps . Il s'agit donc d'une œuvre de réforme Inorale et sociale qui ne peut jeter des racines profondes et vivaces que dans le sol fertile de la jeunesse. Le remède yient trop tard qu and le mal s'est invété,ré dans une longue habitude.

4. Ol~tre ces raisons d 'ordre pratique, nous avons ·une raison scientifique de songer dans notre effort d 'h ygiène, d 'abord à la jeunesse: L 'expérience, surtou't l'observation ll1édicale, nous . ren­seigne sur l'époque à laquelle chacun des deux maux signalés

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s'attaque à la vita1ité et à quel â\gie il déploie ses effets jusqu 'à l'issue fatale.

Pour ce qui concerne la tuberculose, aucun enfant n 'en est infecté à la naissance; elle se prend à longue au contact des aàultes contaminés. «Si le semeur est le tuberculeux adulte, le terrain, c 'est l'enfant». Mais l'a m,aladie reste longtemps à l'état latent, de sorte que «la tuberculose de l'adulte n 'est que le dernier couplet d 'une chanson chantée au berceau ».

Tandis qu 'un diagnostic sùr décèle la tuberculose infantile, les débuts de la déchéance alcoolique restent généralement voilés. Mais l'expérience quotidienne et les aveux fréquents des victimes elles-mêmes montrent que le germe d 'habitudes devenues tyran­niques , ont été le plus souvent semés avant l'âge mùr. La passion peut dormir longtemps au fond de l'âme; malheureusement, dans notre société proalcoolique, l'es nombreuses occasions de boire finissent par éveiller l'appétit pour les excès . Non seulement l'organislue de l'enfant s 'adapte jusqu'à un certain point à l'al­cool par une consommation précoce; mais à Ge moment où le raisonnement ne réagit pas encor'e, l 'esprit .lu, énÎl'e s'imprègne à son insu des nombreux préjugés proalcooNques.

Voilà quelques-unes des raisons qui militent en faveur d 'une exposition d 'hygiène où l'intérêt infantile /est mis en un relief frappant.

En réalité, il eut été peu judicieux de passer sous silence cet aspect particulièTement 'important d 'une Exi)osition d 'hygiène sociale., G.

Chronique de l'Union

Vouloir c'est pouvoir

Cette pensée, l'excellent article sur la composition française, dans le dernier numéro de l' «Ecole Primaire » nous la rappeNe. Nous la re'levons ici même, à cause de quelques réflexions que spontanémlent elle nous suggère.

A notre époque, que d'œuvres délaissées, que de belles théo ­ries inappliquées, que de problèmes nouveaux, pressants et dont on cherche en vain la solution . C'est qu 'un peu partout, dans toutes }es classes de la société, à tous les âges de la vie, on désapprend à vouloir . Notre pauvre nature humaine se rebute de plus en plus à livrer assaut à ses penchants égoïstes et voluptueux . Les hommes a!g:issent toujours, il est vrai , et aU.lourd 'hui plus que jan1ais, peut-être.

Mais l'activité fébrile que déploie notre génération actuelle n 'es t pas de celles qui exigent l'effort puissant de la volonté. La

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contrainte et lIa passion seules en sont les causes et l'origine. L 'acte de la volonté est avant tout méritoire lorsqu 'il agit libre­ment et qu 'il s'exerce en vue des biens supérieurs. Nos tendances nonchalantes ,et paresseuses lui créent des embûches et lui susci­tent des obstacles. Il s'applique à les combattre et à les vaincre, nous conduisant ainsi au bon usage et à la parfaite maîtrise de toutes nos facultés.

Malheureusement, Iles caractères bien trempés, les ,;olontés tenaces et invincibles, dirigées dans le droit chemin, se comptent de nos jours. Cette constatation transpire des agissements auxque,ls se livrent la plupart de nos contemporains . La sauvegarde de leurs intérêts, la jouis·sance de leurs passions tendent de plus en plus à devenir leur seule règle de conduite. Les lois de la charité et du dévouement sDnt m~éconnues, traitées avec n1épris même. En toutes choses on garde une prudente réserve, par crainte de se compromettre ou de s'alliéner la sympathie d 'autrui. Si l'on agit" ce n'est que poussé par l'espoir d 'un profit quelconque pour soi et non pour les autres. Nos populations ne constituent-elles pas à cette heure des masses inertes que les réformes social,es et les initiatives utiles font sourire et n 'émeuvent guère? Songeons donc un brin à la lutte contre l 'alcoolisme. Que d'obstacles , en effet, n 'a-t-elI'e pas à surmonter chez nous! Avec quelle peine, cette œuvre si utile ne se lnaintient-elle pas dans notre pays! Et cependant, est-il un, fléau qui exerce plus de ravages que l'abus des boissons distillées? N'est-il pas , sans aucun doute, à la base de la plupart de nos maux? Il ne devrait se trouver qu'un seul cœur et une seule ,; ol~onté dans tout le pays, pour tendre une lnain secourable et ferme à ces courageux pionniers de la tem­pérance et de l'abstinence.

Nous prévoyons aussi que l'acceptation de notre future loi scolaire n'aura de pire ennemie que l'énertie et l'égoïsme du peupl:e. Pourtant Dieu sait si cette réform1e s'impose aujourd'hui. Elle devient une nécessité pressante à cause de l'action éducative que l'école est appelée à exercer sur les génératioJ;1s futures. Il' n'est personne qui ne s'en rende compte. Cependant, il faudra compter en particu1ier SUT l'opposition acharnée de quelques céli­bataires , de quelques pères de famille sans enfants en âge de fréquenter l'école. L'effet de ('éducation, pour eux, est une ques­tion secondaire, négl~g'eable , ce~a regarde l'avenir, cela concerne la morale et la favorise au détrÏInent de la matière. Et ils dépo­seront dans l'urne un bulletin de vote négatif.

A cette pensée, nous sentirions notre courage se lasser sans la 'confiance que nous plaçons au Département. Si l'égoïsme para­lyse le peuple, rEtat, Dieu merci, est conscÏent de ses devoirs et force l 'admiration 'par ses actes désintéres'sés et prévoyants. «Là où il y a une yolonté, il y a un chemi~ » nous dit-on. Nous pou­vons donc chan ter victoire.

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Nos autorités, convaincues des besoins nouveaux .du p euple ne vont pas hésiter un instant a entr eprendre la réforn1e ,vigou­reuse de la loi scolaire. Nous pouvons d'ailleurs assurer à notre dist~ngué Chef du Département l'appui vigoureux et intel1igent du corps enseignant tout entier. Nous comptons en outre sur Je concours de l'élite de notre peuple et, en particulier , sur ceux qui ont charge d'âmes et qui sont conscients de la nécessité d'une action éducative intense par l'Ecole. M.

Conférence?des nstituteurs des districts de Monthey et de St .. Maurice à Troistorrents

Troistorrents, le preluier village du riant et fertile Val d 'IlIiez , accueillait d'un sourire amical ~es instituteurs du Valais occidental réunis en conférence, le lundi, 18 février. Le paysage hivernal se présentait dans toute sa splendeur; cependant , le froid iInpres­sionnait assez vivement nos éducateurs habitués aux chaüdes caresses d 'un calorifère.

Déjà à leur arrivée, un air de fête les environne. La vaillante fanfare ({ L'Echo de Morgins }) les ,salue de ses accents harmonieux; un vin couleur d 'or coule à flots et réjouit les cœurs; bientôt Je soleil leur envoie l'accolade de ses premiers rayons.

Selon l'usage, les instituteurs assistent à l'office divi'n pour se réunir ensuite dans une salle de cla'sse nouvellement restaurée où se tiendra leur laborieuse séance.

Nous honorent de leur présence: M. Louis Delalàye, secré­taire du Département de J'Instruction publique; M. Abbet, Révé­rend curé d 'Evionnaz, inspecteur d u district de St-Maurice; M. R<;>duit, Révérend Curé de F inhaut; .M. le Directeur des Ecoles de Monthey.

L 'athmosphère de la salle se révèle pleine de cordiaÜté et de douce sympathie.

MI le Révérend Curé Rey, Inspecteur du district de IVlonthey., rorn:~ule les souhaits d'une chaleureuse bienvenue, puis donne connaissance des tractanda .

M. Léonce Marclay donne lecture' du procès -verbal de la Conférence de Massungex. Son excellent travail suscite les applau­clÏssements de l'assemblée, les remerciements àe M. l'Inspecteur Rey et ceux de M. Clerc Germain , au nom de ses collègues .

Le sort impitoyable 'désigne les instituteurs appelés à lire leurs travaux envisagés sous un point de vue bien pratique. De nom­hreuses causes et remèdes sont énumér és. Signalons entr 'autres :

1. Le langage populaire n eutralise l'enseignement du nlaître .. 2. Les exercices préparatoires (vocabulaire; construction de

phrases) sont n égligés.

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, 3.Passivité de l'enfant dan s l'élaboration et. la correction. 4. Rôle exagéré de l'imagination. 5. Inattention de l'élève. 6. Peu de métho,de du maître: il hrouille l'idée avec son

expression; l.'el~fant , fin psychoh?gue, se rend compte de s,op désarroi.

Ren1èdes à eluployer : 1. Corriger l'enfant de son inattention. 2. Attéùuer ,l'influ ence du patois au m:oyen des leçons de

choses. 3. Les exei-cices préparatoires sei'ont nomhreux (élocution ,

vocabulaire, emb~llisselnent de la phrase). ,4. Grouper les sujets de manière à former une chaîne. 5. Encourager l 'e,nfant. 6. Se munir de bons manuels de rédactions. 7. Organiser des bibliothèques 'scolaires. Nul n e doute que cette étude sérieuse du sujet imposé , ne

produise d'heureux résultats pour le plus grand bien de notre chère jeunesse valaisanne.

Les heu'res s'envolent: voici midi: Les appétits sont aiguisés. L'Angélus nous convie au traditionnel banquet excellement servi. Bientôt les langues se délient; les causeries ,ont leur train. Des discours nombreux e't variés se succèdent sous l'experte direction de notre enjoué n1ajor de table, .M. l 'instituteur Défago . C'est la fête du cœur et des yeux.

L'heure du départ vient suspendre tant de douces délibéra­ti0l1S. Les mains se tendent et se serrent ' amicalement; mais le souvenir de cette radieuse journée demeurera impérissable.

Conférence ' des instituteurs du district de Sion

J eudi, 31 janvier, l 'accu eillante ville ele Sion recevait , dans ses murs le personnel enseignant du district. Après une cordia.le let in­time réeeption à l'Ecole normale, "nous assistons à la Mess,e et avof).s le bonheur d 'entendre les édifiantes paroles (le M. le Dr Evéquoz, Recteur du Collège, qui nous démontra la noblesse de notre mis~jio.n

d'éducateurs chrétiens.

De là, nous nous rendons dans- la belle salle de l'Hôtel de la Paix oùapr,ès un bref salut de bienvenue, notre sympathique Inspecteu r . M. le Dr IVI'angisch ouvre la séance. Plusieurs instituteurs désignés par le sort développent le sujet: « Quelles sont les. causes de la faj­blesse constatée dans la composition fra.nçaise et quels sOlit Jes , mo~

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yens .à , employer pour pa.rer : à cet état de choses? ... ». c'es ~:.uj ets trai­tés a.vec soin valurent à l eurs a uteurs les éloges de Monsieur nlll;­

prcte·ur.

Prépa.rer soigneusement les sujets de rédaction, les choisir rné­tilodiquement, ne la isser passer a ucune incorrection, inspirer i nos élèves i'a inour du langag·.e · simple et clair, bannir d€' notre bouche et de celle de nos élèves, tout mot de patois ou d 'argot, n 'admettre au ­cune r épons,e monosyllabiqu e, exiger toujours une phrase complôtp, telles sont les conclusions générales des sujets traités.

Dàl1S la discussion, Monsieur 1 Inspecteur, nous prouva q ll ' unû passion trop prononcée pour le sport, la crise du travail étaient des fact.eur~ . qui avaient une déplorable influence sur le l'endernE; n : des études.

Fai.so:o,s du français le centre d'intérêt de tout notre \; JJ ~3 e i gn p­ment, ne négligeons pas l 'analyse grammatica le. Choisissons C1<::f su ­jets de rédaction facile qui plaisent à l 'élève et soient dans son ch amp d'expérience. Dirigeons la recherche des idées pa l' d'habiles questions, n 'oublions pas qu 'on est bon l'naître dans la niesure où l'on est bon ·interrogate.ur.

'., L'e distingué directeur de 1 Ecole normale nous encourage ' à fall' ü parler les élèves, à leur faire apprendre des morceaux ' choisis qui ('n­l'ichis~,ent leur intelligence et leur vocabulaire. Malheureusement l'heùre ' avance, tous se rendent dans la salle à manger où les attend l111 succulent repas arrosé des meilleurs crus du terroir.

.. Tout' à coup, un silence impressionnant plane sur tous l ü~~ con­\1'Ïves: ô'est M. l'Inspecteur qui adr esse un chaleureux salut a ux au­torités qui ont bien voulu nous honorer de leur présence. Il relève la ,présence de M. le Conseiller d 'Etat "\Valpen, de M. le Ré\!. Curé de Sion, de M. ·Kuntschen, le très distingué président de la ville de 8ion, de M. le Préfet d~ TOITenté, etc. S'adressant aux institutears, Il It, S encourage viv em ent à être des hommes de conscience, à se per~,u .':.I . (kl'

que tout ce qui mérite d'être fait mérite d 'être bien fait. N'oubli ez pas, leur elit-il, que vous avez 'à form er des citoyens éclai rés, tra-­vailleurs, sobres et consciencieux.

Et, altern~nt avec les productions de la chorale et de cg181qu8s soliste's de talent, les di~cours se su C'cèden t variés, intcéessn.nts: conseils ' pratiques de M. ]e Conseiller d 'Etat vValpen, notre drv oLl é chef et ami, paroles éloqu entes de M. Kuntschen, l'éminent présicLmt de la ville de Sion, paroles aimables de 1. l e. Préfet, salu t vudique dE:' M. Juliel' à toute l'assemblée, toast vibrant à la r·atri8, cie lvJ. Hé­ritier, hommage de r econnaissance de M. Va l'one, à M. 16 chef de l 'I. P .

On .entend encor e M. Céles·tin Bonvin qui adl'usse un t)ast élevé à l'Eglise, .M. Exquis, le sympathique consei ller de la vilh de Sion, M. Meyta.in qui nous clonne un a.pel'çu réjouissant de la s itu ation 'de la caisse de r etl'aite.

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Malheureusement, dans cette atmosph ère de gaîté et (1'1fl: imité, le temps vole et s 'échappe et il faut songer au retour. Nous C['_litlons la capitale en rendant hommage à l'activité de ses a u L;ritê3' d ' ét:lai­rées et toujours si dévouées à la. caus~} de l 'ei1seignement et l ' )") l es remerciant pour l'excellent. accueil qu 'elles nous ont ml-~nagé . G.B.

l, 'f

~~) Croquis de mars ~

Sail' de m ·Cll'S. A mi-côte) une p etite ferme) Silencieuse et Ilasse ) au fond du clos s) enferme Entre ses chaumes bas et ses vieux appentis . Après un jOllr très dw' p({ssé sous Un ciel gl'is) Là-bas) clans les labours fouettés pal' les averses) On a l'entré- chevaux) bœ ufs) socs) rouleaux et h erses; ... · Et cJw cu J1.) âyant pris la plc~ce SUI' son banc) Attend la soupe aux choux qui bout au feu flambant ) Tandis qu )à coups de becs et d )OI1igies) .bl'usqu e et dru e) La grêle en vains assClllts ) sm' les vitr es se rlle.

Dans l'ail' glacé du sail' de cette fin d) hiver) Cinglé dl'll pal' la grêle au fouet grenu d e fer) Et mordu pal' lia clent hargneuse clu vent 1'Cll.lque~ Un saule en joie exulte ClLl bord de l'étang glauque . .. Comment est-il si gai le bon sClule et pourquoi) Sous le duvet de ses chatons) ce l'ose émoi? Ah! c)est qu)il vient cfente'r1.dl'e) entre deux giboulées) L e Inel'le cLUant-COl.ll'el.ll' du terme des gelées ) Resiffler l'ail' d )antan SUI' son vieux tronc bl'llni) En y marquant déjà la place d e son nid!

Adolphe Hardy.

~ La charité ~}>

T endre elle visitait sous leur toit de misère Tous ceux qu e la famin e abat ; L es malades pensifs gisant SUI' leur grabat) . , La mCmS(lN(e où languit l)indigence morose. Quand) pal' hasard) lTIoins pquvl'e) elle avait quelque chose) ENe le pal'tCl'geClit à tOIls COInm e une sœur; Quand elle n ~avait 'l'ien ) elle donnait son cœur.

Victor Hugo.

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~~ La chanson des chênes ~~ ChCLntez CLUX enfCLnts lCL .chCLnson des chênes! Nous CLvons poussé, les beCLux arbres verts, LiQres cm soleil, dCLns les forêts · frCLnches. Une âpre sCLnté fleurit dans nos branches, Nous buvons cl mêIne aux grCLnds cieux ouverts

Le sCLng cl e nos veines.

ChCLntez aux enfants la chanson des ' chênes! Nous avons sCLigné pal' bien des endroits, Quand les vents .1aloux nous livraicnt bataille; Mois i:ls n'ont pclS pu courber notre toille; Nos cœurs sont intacts, nos. fronts l'estent droits,

N os cimes hautaines.

Chantez aux enfonts la chanson des chênes! Nous SOlntmes debout; les veàts ont passé. Le courroux des vents ne dure qu'une heuré, ' La' f01'ce du chêne cl jamois demeure, Nnus avons grandi, nous avons poussé

Sans peul' et sans hoine.

Chantez aux enfants la chanson des chênes / Nous avons vieilli, les beaux arbres noirs, Que les blancs hivers ont vêtu cie givre; Contents de mourir, mais non las de vivre. De l'auguste poix, qui relnplit les soirs,

Nos âmes sont pleines.

Chantez ClUX enfants la chanson des chênes! Anatole Le Braz.

~ L'Aïeul .~

Ah / oui! Les fils de 'nos fils nous enchantent. Ce sont cles jeunes voix n1atinciles qui chantent,' Ils Saint dans nos logis lugubres le retoul' Des l'oses, du printen1ps, ,cie la vie et du jour; Leur l'ire nous clttiJ'e une larme aux pCLupières Et de notre vieux seuil fait tressaillir les pierres; De ICL tombe entr'ouverte et des cms lourds et frnids Leur regClrd l'adieux dissipe les effrois; \ Ils rCLmènent notre âme ClUX prelnières années; 'Ils font l'ouvrir en nous toutes nos fleul's fanées; . Nous nous retrouvons cloux, nCLzfs, heureux cie rien ; Le dœur serein se s'emplit d'un vClgue 'aérien ;

' 'En"qes voyant, on croit se voir soi-même éclore.; Oui, devenir aïeul, c'est l'entrer dans fW.Îrore.

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Le vieillal'd gai se mêle aux Inw'l1lOts triomphClnts. Nous 110US rapetissons dClns les petits enfants; Et cCLlmés, nous voyons s'envoler dans les branches Notre âme sombre avec toutes ces âl11CS blanches.

Victor Hugu.

~ Nos Pages ~0) <0 '~ COURRIER DES INSTITUTRICES ~

=============================== SOMMAIRE: Pax. - Retraite fermée. - Burea.u de placement.

Caisse crentr'aicle, - Péchés mignons. - Un bâton de vieillesse. -L 'Académie et le vote des femmes. - Pensée.

~ Pax ~,.~ Hélas! mon jJwLVre cœur, lorsque tu vas disant,' «J'ai la paix, Fai la paix /» Quelle erreur est la tien,ne! On a beau la chantcr la fo'lle et vieille antienne, Au fond, le cœur se dupe et meurt en s'abllsant.

Toute paix loin de Dieu n'est qu'un sommeil pesant. MCLis, qui nol.lS ['apprendrCL la paix clouee et chrétienne, La pCLix qlli vient d'en haut et la seule qlli tienne; Où l'nn va devant soi, calme et se ll1Clîtrisant ?

Peiner CIll fond cie fâme 'et sourire quancl même; Si Dieu frappe , criel' plLls fort: «Père, je t'aime, Je t'aime, il me suffit, le l'este est vanité /»

Puis, cachont cies deLlx mains so blessure profonde, S)en oNel' en clwtntant, pal'nli le bruit ciu monde, Cqnun'e une vision de lCl s.él'énité.

Retraite ferlt~ée La retraite annuelle aura lieu du 31 mar~ au 4 avril, à l'Eco­

le Normale des Institutrices. Elle sera prêchée par le Révérend Père Bonaventure Sodar et cummencera ' le soir de Pâqu'es, à 20 heures.

Les institutrices désirant y participer sont instamment priées d'arriver le 31 au soir et d'assister à tuus les exercic~s.

Le prix de pension et de logement pour les trois jours est . de 7 fI'. par personne.

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Jeudi 4 avril, assembMe générale. Les institutrices, nous n'en doutons pas, voudront toutes

jouir des précieux avantages d 'une. retraite ferm.ée ; toutes aussi tiendront à faire acte de présence à l'Assemblée générale.

Le Département nous a'ccorde à cette occasion 4 jours de congé. Le COlnité.

Bureau de placeme~t

Nous rappelons aux institutrices qui s'a'dressent au bureau de placement, qu 'à l 'assemblée générale de J'année dernière, il a été voté, une finance de fr. 1.- pour l 'inscription et de fI'. 5.-, après ~ ' obtention d 'uné place. Qu'on ne l'oublie pas .

Les personnes qui ont recoqrs au bure~u sont inst:;tmment priées de faire savoir si les démarches ont abouti. C'est un devoir · social; si une place ne vous convient pas, elle peut rendre grand service à une collègue.

Réclamez nos fonnulaires pour dem;ande d 'emploi.

M. Carraux.

Caisse d'entr'aide

L'année dernière à l 'assemblée générale, les institutrices eu­rent la charitable i·:::lée de fonder une caisse d 'entr 'aide destinée à secourir celles qui tomberaient :gravement malades . Celte caisse possède actuellement H13 frs dont 500 versés par la sO"ciété et 113 frs produit de la souscription qui reste ouverte.

Rubense Rey, fr . 5.- - Germaine Paschoud 20.- - Ida Au­hert 5.- - Marguerite Gav-Balmaz 5.- - Denise Bochatav 5.~ - Maria Ca~tel'li 5.- "- Julie Binando 10.- - Emm.a Gaillard 5.- - Alodie Puippe. 5.- - Stéphanie Rehord 10.- -Adelaïde Fellay 3.- - l\tlarie-Jeanne Clemenzo 5.- - Anna Ritller 10.- - Irma Pottier 5 ~- - Blanche Garny 10.- - Ma­rie Carraux 5.

,~Péchés . mignons"

Mme Alice f\'aymond , dans la dvlode illustrée» fait le procès des «péchés mignons» (oh! le vilain euphémisme!) pour lesquels Ide monde» se montre si plein d 'indulgence:

Un babas·, <l'eux babas ... - ces petits babas sont vraiment déli ­cieux ! - 'le ' sandwich à la lait.u e, le pain au foie gras, les gal ettes tartinées de sambayon, les petits fOUI 's appétissants dans leurs coll e-

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rettes plissées - oh! ces cerise~. glacées au kirsch! - le pannequet fourré de jambon ...

Tout cela tombe à tour de rôle dans l'assiette de la petite dame aux yeux innocents qui mange comme quatre, sans avoir l'air d 'y toucher, en picorant du bout de sa fourchette à trois dents.

Voilà, pensez-vous, un goùter qui va lui coûter 'cher? Rassurez­vous : la petite dame aux ain:, candides est chez une amie qui pratique largement l'hospitalité. Elle en profite sans discrétion, avec l'espoir qu on ne s 'en· apercevra pas trop. Si, d 'aventure, quelqu 'un la re­gante au moment où elle râfle prestement une friandise de plus, elle sourit et minaude de la façon la plus ingénue:

- C'est exquis .. . Je me laisse tenter r ·ar tout ce que je vois. La gourmandise est un de me~, péchés mignons.

Autour d 'elle, les caquets vont bon train: celles-ci parlent toilette et chiffons; celle-là grignotte en guise de bonbons la réputation d e son prochain; elle pique, elle déchiquette, elle chipote cette mar­chandise et, finalement, mord à. belles dents. Visiblement, elle en f.ait son régal, tout comme la petite dame aux yeux innocents se repaît de. toutes les délicatesse~, du buffet. Ainsi qUE l 'une mange, l 'autre parle: sans trêve. Jusqu 'à 1 instant où, jetant les yeux sur la montre de son bracelet, elle bondit vers la maîtresse d'e ma.ison :

- Chère amie, il faut que je me sauve! Comme le temps passe vite cl1ez vous! Le bavardage e~.t un dE mes péchés mignons!

A vec quelques variantes, la p1hrase se répète en toutes sortes de circonstances, lorsqu 'on se sent pris sur le fait , lors'qu 'on a laissé parfl.ître ouvertement des tendances, de~' . . défauts que l'on ne serait ras fâché de faite pas~·er pou~' de simples manies. Au fond, c'est une hypocrisie qui n e trompe personne: les péchés mignons, lorsqu 'on y regarde d 'assez près, ne sont pas mignons du tout. Ce sont de vilaines actions, de mauvaises habitudes que nous n 'avons pas le courage de combattre et que nous nous efforçons vainement de dé­guiser aux yeux d 'autrui - et mêmE" à ceux de notre propre cons­cienc'e. Lè diminutif n 'y change rien: le mot est précieux, affecté; la. chose reste laide. Notez, d 'ailleurs, que le terme semble réservé à certains manquements qui paraissent moh1s graves que d 'autres. La. coquetterie, la gourmandise, la pares~·e, lE" bavardage peuvent être r éputés péchés mignons; 011 ne qualifiera jamais ainsi l 'avarice, la colère, l 'orgueil ou l'envie. Et pourtant les suites n 'en sont J:'·as moins sérieuses: le bavardao'e engendre médisances, mensonges et calomnies; la coquetterie effrénée mène à . la ruine et parfois à la honte; la paresse et la gourmandise nous font perdre notre 'dignité et notre santé, ce qui est également regrettable.

En réalité, il n 'y a pas de péchés «mignons»; il n 'y a que des farceurs ou des farceuses qui voudraient fair e oubli er leurs vices et

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croire à leur vertu - sans esquis~,er le moindl'e effort pour sortil" de leur médiocrité morale. Mieux vaut humblemEnt convenir 'de nos faiblesses et travailler à nous en relever.,

1\11ais on ne songe en les qualifiant de la sorte qu'à les renelle moins apparents aux yeux d ' a;utl~ui , tout en trompant sa pl'opre cons­cience. Un gros péché, voire même un péché tout court, cela ne s'avouerait pas, en public sans , ma.nquer ' d 'élégance: un péché «mi­gnon», c€'la passe avec un clin d 'œil, un sourire qui rendent J'.aveu sympathique. Chacun n'en fait-il 1-"as autant?

Un bâton de vieillesse C'est un jonc à béquille d 'ivoire, assez fort ; et qui ne date 'pas

d 'aujourd'hui . Il pourrait passer pour une canne de fashionable, du temps qu'on portait l'habit bI'ell-baI;beau 'et le pantalon à sous-pieds. Mais la dernièl~e main qui s'en est accommodée était une main féminine . pour laquelle il était devenu bâton de vieil­lesse. Depuis qu'à la vieillesse a succédé la mort, la canne demeure ù poste fixe fixe , dans Tencoignure d 'une fe~être.

EUe n 'est pas seule. Un fauteuil de paille lui tient compagnie devant une table à ouvrage. Sur cette table' reste une pelote de reps, qui fut de zinzolin , qui garde accrochée une brüche, une broche de fjeh u qui est une croix de jais.

, Le fauteuil, la table, la pelote, la croix, étaient à l'usage d 'une vieille dame qui s'aidait du bâton accoté au mur, dès qu'elle voulait a vancer d'un pas. On a tout laissé en place, parce que les cœurs de céans sont des cœu~'s fidèles , et parce que le souvenir de la disparue flotte dans la maison comme une égide, CÛ'lnme une bénéàiction.

H y a plus .

Deux souvenirs se mêlent, se cunfundent. C'est le junc qui les évoque. 11 n 'avait }Jas toujours été bâton de vieillesse. Cel1~ qui s'en servait en dernière main ne l'avait pas élu sans réfléchir, sans se répéter qu 'i'l avait été l'objet de préférences anciennes, de la part de celui dont el1e portait l 'alliance" en alIé avant elle. Et donc, elle marchait vers la tombe, appuyée sur la m.émoire de l'époux défunt qui l'attendait sous sa pierre. Voilà comment ce coin de fenêtre se trouve consacré à deux figures, lCl1I t e ll marquant la place accoutumée d 'une grand 'mère, qui' achey'a saintement ses jours.

Le décor environnant 11 'a pas d 'importance. On y a touché. on y retouchera. Cela ira sans dOI?mage; le ton de la pièce est acquis. Le fauteuil, la table, la pelote, la croix et le bâton , ce

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siulple appareil suffit à rappeler une chère présence. Il prend 1f',S

yeux, il les attache. Ici, 'rien ne prévaut contre le coin de la grand' mère.

Elle avait accepté de s 'y confiner , impotente. Après une vI'e de mouvem,ent et de vigilance, elle ne bougeait plus guère. Elle prétendait · à ne retenir per'sonne ,; elle n 'entendait déranger que son bâton. A lui seul, celui-ci dit son histoire, du moins l'histoîre de sa fin. Le siège la dit aussi , la tahle encore et la nelote, et la croix. '

Quand elle dégrafait son fichu, elle piquait la broche à la pelote. Elle yenait de le faire, le jour qu'elle se sentit défaillir. La broche est restée, d 'abord entourée d 'épingles , qu 'on dut enlever plus tard, quand la rouille les prit.

Ces épingfes de toute taille décelaient ses travaux , révélaient qu'elle. conservait le doigt sensible, le regard sür et CJu~ sa table à ouvrage en était une vraiment. Par surcroît, les tiroirs en té ­moignent, les tiroirs légers où sont les ciseaux, le carnet à aigu,il­les, l'étui brun, lisse et hril1an t, qui sent le thuya ou le hois de violette.

A côté d 'échantillons, d 'écheveaux ' soyeux, se rencontrent la boîte à pastilles, des enveloppes jaunies et ' des feuillets pliés en quatre où sont transcrites jusqu'à des antiennes , jusqu'à des oraisons. Avec des retours:

«Tant d 'affections ont occupé 11'10n cœur! Que valent-elles pour l'éternité?

»Tant de paroles ont glissé sur mes lèvres! Que valent-elles pour l'éternité ?

»Tant de pensées ont tra\,ersé mon intelligence! Que \ alent-elles pour l'éternité? '

»Tant d 'actions ont épuisé mes minutes! Que valent-eUes pour l'éternité? »

Nous autres, gens de la , vie remuante, nous avons peine ,à nous représenter qu'un jour viendra peut-être où nous aurons pareillement besoin ,d 'un bâton de vieillesse. S'il n 'est pàs canne de jonc, il sera branche de coudrier. "Mais le choix de ce bâton, sans doute, nous semblera moins difficile que la r~signation, que faccoutumance aux jours incolores. Aurons-nous le sens médi ­tatif , ~e goüt des petits papiers et des paroles sages , tirées de li vres pieux ?

Des livres pieux il n 'en manquait pas sur la table, rangés à Pangle gauche, le plus près clela fenêtre. Ils n'y sont plus. Des ,

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mains de ' jeunes f'emmes s'en sont elnparées, de jeunes femni.es qui voulaient y lire, y découvrir le secret de ~a belle existence.

La belle existence est faite de vertus. La belle existence est ù ' la grâce de Dieu, La grâce de Dieu va aux âmes . loyales. Et quelles sont les âmes loyales? CeHes qui ne transigent pas avec les devoirs d'état.

Une loyauté de ce genre n'est pas toujours soupçonnée, Notre temps, pour son compte, serait tenté de la méconnaître. C'est surtout la littérature qui travaille à l'en détourner. DeI_.uis que la littérature a adopté les figures balzaCiennes, flaubertines, il n 'yen a que pour elles. Cela peut faire la fortune des marchands, cela ne fait pas le bonheur du monde. Voilà pourquoi les familles ont si grand besoin à'aide. Voilà pourquoi il est si heureux qu'on y vénère de hautes figures, en particulier celles des nobles fem­Ines qui ont quitté la terre, laissant une trainée lumineuse.

Leurs enfants ont partagé leur vie active, leur vie unie, leur \ ie transparente . Leurs petits-enfants ont bénéficié de leur hu­meur égale et de ces longs regards dont ceux qui vont partir caressent ceux qui aiTivent, regards qui versent la prudence. Auprès d'eUes, entre autres joies, il s on t appris à goûter l'ineffable saveur de la prière concel'tante.

La vieille dame, assise à la fenêtre, la dame à la pelote et à la croix, quand le jour baissait et qu'elle n'y voyait plus, ni à coudre ni à lire, et qu'un de ses petits-enfants se tenait à ses cc'>tés, proposa~t toujours la même chose. Elle ne proposait rien, eHe faisait un geste. Elie ouvrait un tiroir pour y prendre un chapelet de verre, un chapelet d'améthystes, qui n'avaient de pré­cieux que d'être des Ave, des Ave et des Notre Père. Elle enta­mait la prière, de sa voix toinbante, et l'autre répondait, de sa voix de plein jet. Dans les pièces voisines, on savait ce qui se passait, à heure dite, dans la chambre de grand'mère, au bord de la croisée survoilée d 'omhre. On n'entrait pas. Les deux voix concertaient à même. Alternant, priant sur deux timbres, les ré­citants ne faisaient qu'une âme, l'âme de la maison. Le duo ter ·, miné, l'enfant se levait pour incarner Ire bâton. Il attendait qu 'on lui mit la main sur l'épaule, ou qu 'on le prît à plein col, à plcin bras. Très doucment, très doucement, il amenait sa maîtresse de chapelet dans la pièce commune où on les attendait, où ils péné­traient comme une apparition hiblique.

Quelques-uns s'imaginent peut-être que la vieillesse et la sé­rénité ne font qu'un et. qu'elles \'ont toujours de pair, en l'in ,l' ex­périence. Ils s'abusent. Ils n'ignorent pas qu'il y a des 'vie illesses atrabilaires . La sérénité vespérale est une conséquence de l'œil vre du matin, de l'œuvre de midi. Il faut a\'oir accompli son œuvre, pour mériter d'ache\ el' sa journée en patience, avec I.e sourire,

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avec l'esquisse du 'nimbe autour du front. ' " t '

D'aventure, cette sérénité com.porte des ·scrupules. Mais les scrupules du grand âge sqnt la délicatesse suprême'. « Tanl d ' ;1C­tions ont épuisé mes minutes! Que valent"elles pour l'éternité? " A lnesure que l'éternité approche, on comprend mieux ce qu'e,-:t une créature et l'on de\ iue la face de Dieu. Mais sa miséricorde promise \; ous rassure. L 'espérance vous assiste. En confiance, on quitte le coin de 'sa fenêtre, pour expirer dan~ la logique ()e se5 amours, dans la logique de sa foi. On laiss e mieux qu 'un bfi ton, digne d'ull. tendre respect. On laisse un nç)m béni; ()In laisse lin

hel exemple.

Et d'autres en sont séduits, qui continuent ' la chaî·ne.

L'Académie et le vote des femmes

L 'Académie française est féministe. 1

En réponse à cette question, posée par un journal ,1,UX mem­bres de la docte Compagnie: « Convient-il de ·donner Je drnil de vote aux femmes? » , vingt-quatre acad'émiciens se sort Pl" )p.on­cés pour, deux se sont pr01?oncés contre, trois ~e sont abstenus.

Parmi les partisans de la réfonne, il faut sigilaler: Mgr Baudril1art, MM. Georges Goyau et Henry Bordeaux, aux CIJtés de qui se rangent notamment: MM. Louis Bertrand, Henri La­vedan, Clemenceau, Poincaré, Barthou, CamiHe Jullian, .1 nIes Cambon , Paléologue.

Les adversaires sont: MM. René Doumic et René Bazin, le~; deux René.

Les trois abstentionnistes, qui ont décliné leur incompétence, comprennent l'abbé Brémond, le maréchal Lyautey et M. Paul Bourget.

qJ~ Pensée ~

Pour les défauts cl 'autrui, support,

.Et sévérité pour les nôtœs ! , C'est ainsi qll 'on arrive au port

Content de soi et maître des autres.!

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Exposition d'H,ygiène infantile et sociale à Sion, du 23 mars, au 7 avril.

Les organisateurs de l'Exposition d 'Hygiène infantile et so­ciale, ont eu te souci de songer spécialem!ent aux intérêts de l'édu­cation dans leur initiation en faveur de la santé populaire.

Le matériel exposé a été choisi en partie dans cette intention. A côté de statistiques et de \graphiques destinés aux adultes, la collection contient des scènes dramatisées, des tableaux artisti­ques. et des moulages qui ne manqueront pas de parler aux jeunes esprIts.

C'est d'ailleurs pour faciliter la ,isite de l'Exposition par l'es écoles qu 'a été choisie l'époque pascale, de préférence à toute autre.

M. \Valpen, notre distingué Chef du Département de rlns­truction publique, a bien voulu accorder les autorisations néces­saires pour la visite de l 'ExpolSition.

Ces diverses circonstances constituent un appe,l ' pressant à l'adresse du personnel enseignant et des autorités scolaires. Que toutes les écoles assez rapprochées de Sion profitent d'une si excellente occasion pour l'enseignemen t de 1 hygiène.

Pour les visites collectives d 'écoles , on est prié de s'entendre avec M. Gribling, Sion, qui , dans la mesure du possible, mettra à la disposition des visiteurs une personne qualifiée pour le service de commentaire et d exp7ications .

Cahier de Documents commerciaux avec ou sans das5e u r

et instructions pour rem lir les formulaires chez Otto Eg'e,maîtr~se(ondair~, Go~sau SHi

Des protège-cahiers pour les élèves sont mis gratis et franco à la disposition des membres du corps enseignant par la maison DANIEL VOELCKER S. A. à B,ALE, Dép. Z (Chicoré D. V.). Il suffit d'indiquer pal' carte le nombre d élève~

Banque Cantonale du Val~ . Nouvelles ca$settes à disposition des

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S'adresser au SIÈCE DE SION,

aux Agences, Comptoirs et Représentants. ,