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SION, 31 Décembre 1941. No 6 PARAISSANT 14 FOIS PENDANT LE COURS SCOLAIRE ORGANE DE LA VALAISANNE D'EDUCATION : ' • 1 ., " J. .. , '.: •• 4,. 1 : : ,. l , AB 0 N N E MEN TAN NUE L: Fr. 7.50 61me Année. Les abonnements se règlent par chèque postal" c 56 Sion, ou à ce défaut contre remboursement .Tout ce qui concerne la publication doit être adre$sé directement à M. CI. BÉRARD. Instituteur, Sierra __ Les annonces sont reçues exclusivement par -- PU BliCITAS, Société Anonyme Suisse de Publicité, SION Avenue de 10 Gare Téléphone 2 12 36

L'Ecole primaire, 31 décembre 1941

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Page 1: L'Ecole primaire, 31 décembre 1941

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SION, 31 Décembre 1941. No 6

PARAISSANT 14 FOIS PENDANT LE COURS SCOLAIRE

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D'EDUCATION : ' • 1 ., " J. .. , '.: ~' • • 4,. • 1 • : : ,. l ,

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Page 2: L'Ecole primaire, 31 décembre 1941

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SION, 31 Décembre 1941. No 6. 61 ème Année.

L'ÉCOLE PRIMAIRE ORGANI !"-~ LA SOCIFTË VALAISANNE D'ÉDUCATION

SOMMAIRE: ,COMlMlU:NICATIONS D.rVEIRtSE6': Concours s-colaire ode la « Sen1aine Su'isse «. - Cours de ski. - Histoire d'un vieux ré­.gent « oublié» ... - A provos de ~'hy.giène scolaire. - Renvoi. -PARTIE PEDAGOGIQUE: Void ·l€' temps favorable. - L'enrl'a:nt Ipaysan. - La bonne tenue. - Le rôle de la femme. - PARTIE PIRATIQUE : Langue française, -centres d'intérêt, 1ère et 2ème se­maines. - Leçon de choses. - Histoire.. - Bibliogra'Phie.

présente

à ses collaborateurs et à la grande famille de ses abonnés

ses -vœux les meilleurs pour 1942

Concours scolaire de la « Semaine Suisse»

Ave l'assentiment bienveillant des directions cantonales de l'Instruction publique, l'Association de la « Semaine Suisse» a organisé durant le dernier trimestre de l'année 1941 un concours scolaire de 'composition. Le sujet proposé se rapporte à l'indus­trie suisse du papier et porte le titre: « Notre papier».

Toutes les écoles du pays ont été conviées à ce concours. Une très belle brochure documentaire a été remise aux membres du corps enseignant pour leur permettre d'organiser facilement ce concours qui doit intéresser tous les écoliers du pays. Les deux

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m~ill~urs travau~ de chaque classe, désign'és par le maître, sont pr:unes et leurs Jeunes auteurs recevront un petit souvenir utile et agréable.

Dans le but de favoriser une plus large participation des . écoles de la Suisse romande, l'Association de la ({ Semaine Suis­se.» prolonge à leur intention la durée du -concours. Le dernier dé­~al ~our l'envoi des compositions est fixé définitivement au 31 ]anVler 1942.

Cours de slii.

Elu PersoneI Enseignant du \7aIais Romand

. ~ous ~vons le plaisir de vous inviter à un cours de ski d'une Jou.rnee qUI aura lieu aux endroits, dates et heures indiqués ci-des­sous:

ORSIERE~ : le 17 j~nvier, directeur: Darbellay Paul,rassemble­ment a la gare, a 9 heures.

FINHAUT: le 17 janvier, directeur: Vouilloz René rassemble-ment à la maison d'école, à 9 heures. '

VISSOIE : le 16 janvier, directeur: Pont André rassemblement à la maison d'école, à 9 heures. '

MONTANA-STATION: le 17 janvier, directeur: Pont André. MAYENS DE SION: le 17 janvier, directeur: Pitteloud Marius

rassemblement à l'Hôtel des Plans, à 8 heures 30. ' VAL D'ILLIEZ : le 17 janvier, directeur: Vaud an Louis rassem-

blement à la maison d'école, à 9 heures. '

1:e congé a été aimablement accordé par Monsieur le Chef du Departement de l'Instruction publique, il espère que tout le personnel en profitera.

Les membres de notre association recevront une indelunité de fr. 3.-.

.Nous n?us, permettons d'inviter tous les membres du Corps e~s,elg?ant a regler sans retard la cotisation de 1942 qui reste flxee a fr. 5.- et peut être versée sans frais au compte de ehè­que postal IIc 838. Nous savons que les temps sont durs mais notre Associ~tion qui continue son activité et permet ainsi à tous nos collegues de se retrouver pour parfaire leur forulation et retremper leurs énergies mérite d'être encore Inieux soutenue.

Le Comité .

Vins du Valais ORSAT dissipent la tristesse.

- 171-

Histoire d'un vieux régent «( oublié» qui est certainement celle de plusieurs

Deux ou trois années après cette merveilleuse éclosion de vocations pédagogiques . correspondant à la dernière amélioration des traitements des instituteurs, il fut « relevé de ses fonctions» avec (0 ironie) « remerciements pour les services rendus ~. Le motif? Des jeunes demandaient la place. Pour le reste, satIsfac­tion sur toute la ligne, rapports d'inspection élogieux même. Fils aîné d'une nombreuse famille pauvre, orphelin à 22 ans, il dut lutter de toutes ses forces; enseignant en hiver, faisant des « sai­sons» en été afin de faire honneur à son père et de le remplacer de son mieux. Avec ses trois cents francs de traitement annuel, il ne lui fut pas possible de prélever même la modeste cotisa­tion exigée pour faire partie de la Caisse de retraite. Sur le tard, quand ses frères et sœurs n'eurent plus besoin de lui, il se .maria et eut à son tour une très nombreuse famille dont les plus jeunes membres étaient encore aux études ou en apprentissage où, en pleine force et, au bénéfice d'une longue expérience, il dut quit­ter l'enseignement.

Aujourd'hui, six de ses fils sont incorporés dans l'élite de la milice céleste ou terrestre. Presque seul à la maison, il doit, en été, faire des journées de 15 heures et, en hiver, soigner le bétail lnatin et soir, faire du bois, conduire fourrages et engrais, bref, sortir par tous les telnps et accomplir les travaux les plus pénibles, heureux encore si, grâce à un demi-carême de 365 jours, au « boycott» Itotal des cafés, à quelques congés .d~s militaires et à quelques éclaircies dans le chôn'lage de ceUX-Cl, Il peut payer impôt de guerre, impôt de crise, sacrifice pour la dé­fense nationale, assurances, etc., etc.

C'est dire qu'une demi-retraite pour 48 ans de dévouement serait plus que la bienvenue pour lui. C'est dire par conséquent qu'après avoir lu dans le numéro 5 de « l'Ecole primaire» le très judicieux article « Les oubliés», il adhérerait volontiers aux démarches à entreprendre pOUl' aider 1I1onsieul' le conseiller d'Etat Pitteloud à nous aider, car celui qui écrit ces lignes sait de source directe et sûre que, pour notre Chef nous ne sommes pas des {( oubliés», si nous le 'sommes peut-être de quelques-uns d~ ceux qui nous ont ren'lplacés. X.

AUTHENTIQUE

Cueilli dans une cOlnposition d'agriculture; - Qu'est-ce qu'un syndicat? - Un syndicat est une réunion de belles bêtes!

ORS AT, vins du Valais, vins de soleil et de santé.

Page 4: L'Ecole primaire, 31 décembre 1941

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El propos de l'hNgiène scolaire Une leçon de choses .

«Mes chers enfants, vous avez le bonheur d'habiter une grande et belle commune du Valais où vous trouvez de plantu­reux vergers, des champs fertiles et de magnifiques forêts. Vous devez aimer tout cela, même votre très petite salle d'école, une ancienne cuisine. Elle surtout. Elle est bien exiguë, sans doute, mais cela ne doit pas vous empêcher de la chérir parce que nous voyons ici des choses qu'aucune autre école du canton n'a le privilège de 'posséder et que toutes ces choses sont pour nous un symbole.

Le vieux manteau de cheminée qui couvre le tableau noir de son ombre protectrice est là pour vous apprendrè à écarquil­ler les yeux lorsque quelqu'un d'entre vous exécute un travail de­vant la classe. D'autre part, il vous incite à aimer ce qui est ancien, presque toujours si beau, et à détester le moderne sou­vent si laid. L'évier du coin opposé vous dit, qu'à l'instar de la bonne cuisinière qui lave en cet endroit durant l'été, vous de':' vez toujours être bien propres. Et ces fenêtres démesurément pe­tites avec' leurs solides barreaux de fer, que vous disent-elles? Eh bien... que vous êtes des oiseaux en cage et que la folle du logis ne doit pas s'aventurer plus loin que ces barres. Les murs épais vous font peut-être penser à la... forteresse de Portalet où quelques grands hommes d'Etat sont en train d'expier leurs fau­tes; mais vous, nies ·chers amis, vous n'avez rien ·à expier; vous êtes ici pour tremper votre caractère; on veut faire de vous des hommes, me comprenez-vous? Le bétonnage qui est sous vos pieds vous rappelle que vous habitez un. pays chaud en été. Vous avez chacun 1 m3 692 d'air à respirer! rassurez-vous, cela aussi a son ÏII.Ilportance. Le chauffage se fait ainsi avec moins de frais; comme auh~efois le bœuf et l'âne à l'étable de Bethléem, à nous tous nous parvenons sans trop de peine à élever la température, de quelques degrés. « Economie », c'est le slogan à l'ordre du jour. Même aux dépens de la santé? N'importe: économie quand même! Aimez donc tout .ce qui vous entoure comme vos pères l'ont aimé. Et si les réactions « de Moro» agissent sur certains d'entre vous, à qui 'clonc en . imputer la faute? D'ailleurs, soyez tranquilles, on vous radiographiera ... Surtout, soyez fiers d'habi­ter une grande et :belle commune où l'hygiène est si bien com­prise et où l'on nous entoure d'une sollicitude toute maternelle. »

X., inst.

Renvoi Afin de permettre la publication des copies composées de­

puis quelque temps déjà, l'article de la Rédaction est renvoyé au prochain numéro.

Voici le temps favorable Nos jeunes ne sont pas des -lecteurs a,ssidus et ·atte-ntilfs de·s jour­

naux. Sont-ils pour autant étrange·rs à la tragédie mondiale? Il~ ,paIlcourent les titres E't la ,chronique r.égionale ·de- .la ,feu.lle tenue a la ·maison. Ils voient les affic:hes des kios'ques, entendent 1e·s services quotidiens .de la radio et ass,istent aux ·conversations des adu1tes.

Toutes ,ces 'sources d 'information ahmentent bien :la cU'l'iosité. Qu"est~ce qui Iles if'l'a.ppe dans les faits qui ~gitent le ,monde? Il n 'y a 'qu à voir ,co-mmoot la moyennE' des l'e'cteurs aJctulte·s réa,git; ils che,r­,chent -l'à une iPâture, une sorte de :f1riandise inteLlectuelle, pèsent :1es chances 'comme de·s joueurs au IPa:ri ,mutuel et songent à l,eurs pro­,pres affajres·. Peut-on même demander autamt aux eil1lfants?

Sans doute [es é.motions ,plus !profondes ne lIeur sont pas tout à fait inconnues. Ell€'8 sont tro!) fugitives pour ,lais,ser une tra.ce du­ra.ble.

Voici le temps favorable de percer la croûte de la curiosité super­ficielle pOUl' pénétrer profondément dans les jeunes âmes . .sous la rapide succ·ession des .faits mi.litaire,s, odesco,mbinaisons ,politiques et des 'coups diplomatiques, il y a des ·destinées humaines ·engagées : des morts, des blessés et dE's -deui'ls !par centaines de mUle, des mil­-lions ode familles et d'enifants d ,ans l'a détresse, des ,dizaines de mil­lions ,chass·és ode ileurs foy,eIls, tous les hommes devant un avenir in­certain.

Faut-il meUre la jeunesse en face de cette gr,ande souffrance? Ne vaut-il ,pas ;mieux jeter ,lE! voUe de l'i,gnor,ance sur les ·champs de bataiMe étoufier les ,cris ode doulleur et détourner ;}es esprits insou­'ciants .de certaines' réfJ.e·xions qui risquent, dit-on, -d'ass-ombrir leurs jou'rs?

Ce ne serait ni sa.ge ni 'courag'eux. La Pro'Vidence nous éprouve 'pour nous faire rentrer en nous-m,ê.mes. Si nous omettions de faire béné­ficier les enfants de la leçon salutaire des événements, nous com­mettrions un péché d'omission.

C'est d'aiilleurs mal ·connaître les réserves de générosité que la grâce du baptême a ,d.éposées dans les jeunes âmes que de ,craindre l'effet fâcheux da ,pareilles ,leçons. Nous llisons -dams la vie du mi­nistre hollan-dais Ruys de Bee·renbro~ck que son ,père l'emmenait aVE'C lui ·dès l'âge de onze ans 'pour. visiter des prosonniers; c'est à cette vue précoce des sOUiffrances sous la sage ,conduite de son [père que cet hom·me d'Etat ,catholique dut sa vocation soc.iale.

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Le grand drame mondial est un donné concret dont nous devons dégager la signification chrétienne, pédagogique. Les manifestations de,s autorités religieuses et ,civiles, Iles réflexions d'e-sp,rit éminents qui chE·rche.nt la vérité peuvent nous guider 'd·ans lIa Ipréparation de ces leçons très l1Jctuelles pOli'f que nous 'puissions guide-r à notre tour les jeunes âm,es qui, abaJ}!donnée,s à ·e:lles-.mêmes, restent att8!chées aux bagatelles faslCÎnatrices.

Il n'est pas inutile de dénoncer les dieux vermoulus au~quels a sacrifié un sièc:le de déchristianisation ,croissante. Dans ·des considé­rations de fin dE' l'.?-nnée 194-0, M. Oscar de Chastonay a signalé q:uel­ques-ünes des valeurs que nous avons .lais·sé se dévaluer et qu'j,l est de notre devoir d.e revaloriser:

Le sens ' de [a liberté:

« La liberté est devenue licence par le mépris que les classes dirigeantes . .. , et après elles les masses ont délibéI'é­ment manifesté pour les valeurs spirituelles et morales ... L a trop fameuse déclaration des Droits de l'Homme s'est vidée de subs­tance réelle par l'oubli des devoirs. Le dogme de la liberté ne re­Couvre que les décombres d'un individualisme égoïste indiscipli-né et libertin. » ,

L'usage des biens matériels:

« La prospérité n'a été conçue qu'en fonction d'un bas 1na­tériali sme ... Le Veau d'Or a régné en InaUl'e universel.. . El' le vœu unanime et puéril se l'éSUlnait en ces mots imprudents: Pour­vu que cela dure. »

,Les illusions dans 'lesque,lUes nous continuons .à nous berceil'; car beaucoup

« s'in-wginenl' enCOl'e que les l'emps de facilité et d'abondance ne sont pas révolus, pour eux aussi, et que le beurre est pour eux, et, pour les autres .. le pain sec. »

La cause fondamentale dE' cet état ,de choses:

, «rL~s peuples ont perdu la lo~: la foi religieuse d'abord qui. ' s est eteznte, lentemenl', dans les ecoles, dans les ateliers, sur le fo rum, dans les palais des gouvernelnents. Ils sont maintenant désaxés et ne cToient même plus à leur propre destin. »

Enfin Il ',insoudance ,de ta ,fou}e:

« Un monde s'écroule, une l'évolution est en marche. L'Eu­~'ope ~e t~'ansfor:ne;. !!ll; s~ule pense encore au passé et songe à c~nseIvel ce quz ~eJa n exzste plus .... La guerre qui est une con­s~quence esl' au~sl une rupture. Il est des conceptions, des sys-temes et des methodes qui ne reviendront pas. » .

Voilà quelques \"érités austères' dont les jeunes aussi ont besoin. J,1 est inutile de s'attarder là ,de's reg-rets enfantins. U est hUlprude'l1t d'étab.lir là tout Ipro'pros dE'S ,comparaison.s énervantes entre l'aJbondance

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du passé, les restr.ictions du ,présent et îles ,perspectives d'un avenir

sombre. Cultivons plutôt chez les jeunes l'attitude courageuse, athlétique

dont beaucoup de Ipéda.gogues ont eu peur de parler de,pui:::; un tiers de siècle. Taisons . romm.e d.es faiblesses nos IprolPres 'p.lainte·s ridicules et n'E,ssayon's pas, surtout, ,de ,maintenir les iUliIsiqns des jeunes Ipar un train de fête qui jure ave,c ,le temps ,présent.

« La seule ·chose qui nous console de nos misère'8 est ,le divertis­ement, et ·,ce.pendant c'est .la plus .g.ran,de de :110S misères, » (pas·cal) parce que c'est de la .fantasm.agorie. Il faut le redire: la P.rovidence veut ameneI' les hO:Inmes et surtout .les ,chrétiens, les jE'unes COlTiime les vieux, à rentrer en eux-llbêmes; nous contribuerions à faire avorm

ter . ~tes plans providentiels si nous laissions s'écouler stérilement ces jours de salut ou si nous nous cDntentions de jeter sur le drame mondial la lueur trompreuse de nos préjugés et de nos passions.

Après avoir d.émasqué Jes dieux VeI"J.TIÜ'ulus, i,1 faut suglg'érer au'x âmes inexpérimentées .l'attitude ·,ohrétienne. Dans les ·mêmes c.onsidé­rations, M. Oscar de Chastonay ajoute:

« Ayons le courage de la sincérité et soumettons-nous au'x l'éalités. Au lieu de procéder à des jugements sommaires SUl' lës événements du jour et SUl' les responsabilités, plutôt que de cons­truire, sans objectivité, des plans pour d'autres peuples et d'es­compter pour eux,victoires ou défaites, cessons un jeu puéril et semé d'embûches et regardons chez nous ce qui se passe et se prépm'e. »

Dans sonap,pel ,du 25 juin 1940., le Conseil fédéral a esquissé e,n traits vigoureux 1 attitude qli.ti répond ·à l'heure présente et qui COill­tient tout un pro,gram'm.e ,d'éducation nationale ,confol'me au sens chrétien dE' -la vie et dont nous extrayons 'quelques lignes:

« Nous laisser aller à des illusions d'insouciant bonheur, se­rait dangereux.

Le redressement indispensable exigera de puissants efforts ... Cela ne se fera pas sans douloureux renoncements et sans durs sacrifices.

Les temps . que nous vivons nous al'l'acheront à nombre d' ha­bitudes anciennes, confortables, indolentes ...

Le moment n'est pas de regarder nlélancoliquement en ar­rière, nwis avec résolution en avant, pour contl'ibuer de toutes nos forces, nlOdestes et utiles à la lois, à la restaul'ation du mon-de disloqué.

Nous devrons nous restl'eindre. li faudra, avant cie penser à soi, cl soi seulement, penser aux azztres - au dehors et au de­dans - aux déshérités, aux faibles, aux misérables.

Nous reprendrons l'habitude de peiner beaucoup pour . lin modeste résultat, alors que nous nous étions bercés de l'espoir

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d'obtenir un gros résultat sans grand' peine. Comme si l'effort seul n'était pas générateur de joie.

Les divergences particulières, régionales ou partisanes, vont se fondre dans le creuset de l'intérêt national, loi suprême. »

Et voici unecons1dération .finale de cet appel:

« Courage et résolution, esprit de sacrifice, don de soi, voilà les vertus salvatrices. Par elles notre patrie libre, aimée, compré­hensive, accueillante, poursuivra sa mission fraternelle, qu'ins­pirent les grandes civilisations européennes. »

C'est là un programme ·d'éducation nationale chrétienne qui mé­Tite ·de rester 'présent ,à notre regaTd, intérieur com'me extérieur, durant l'an de grâce 1942. C. G.

L'Enfant pONsan Notre seule raison d'espérer, d'avoir confiance, c'est l'enfant.

~elui qui chaque nlatin arrive à l'école. Il vient peut-être d'un village éloigné; il a Inarché dans la neige avec d es souliers troués; il a froid; dan s sa poche, il a mis un quignon de pain noir qu'il mangera à la récréation. .

Il vient de loin 'parce que lè village qu'il habite est trop petit pour qu'il y ait une école. Quelques familles en tas les unes sur les .autres, des greniers, des granges, un sentier qui y mène. Et c'est tout. L 'univers se limite pour lui à ce petit morceau du mon­de.

A luidi, il y reviendra pour le dîner, en repar tira pour l'école du soir, fera ainsi quatre fois par jour ce chemin, par tous les temps, par la neige, la rafale, alors qu'il ne sera qu'une petite présence humaine au milieu de la nature irritée.

Les premiers contacts avec la vie; les Dremières luttes con­tre sa destinée paysanne. Là où il faut être davantage un homme qu'un enfant pour ne pas faillir à sa tâche.

Pour ne pas être vaincu. Et j'en ai même vu qui, à côté de leur coffre renfermant les

livres, transportaient une « brante» de lait. L'ustensile aux douves de mélèze les pliait vers la terre.

J'en ai vu d'autres qui, le jeudi après midi, quand ils avaient congé, passaient des bandes molletières et s'en allaient à la forêt avec leur père, chercher du bois pour la maisonnée. '

Il n'y a pas d'enfance pour l'enfant paysan. A l'âge où il commence son école, l'homme qu'il sera appa­

raît déjà. On n'a pas le temps de subir une lente transition. Il faut se dépêcher d'être utile, apprendre à dompter la vie, à chas­ser la misère.

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On n'a pas -le temps non plus de recevoir des caresses .A cet âge, d'ailleurs, on ne les connaît plus. Les a-t-on jamais con­nues.

Ce petit être sent déjà la grandeur qui est en lui, a conscien­ce du rôle qu'il doit jouer. Il apprend à être seul, à palper dans ses mains les formes rugueuses de son existence. Il vit déjà.

D'ailleurs, on ne le traite plus tout à fait comme un enfant. On sait qu'il pourra s'occuper d'une centaine de moutons toute la journée et les ramener au complet le soir. On le laissera un été durant sur l'alpe. Il couchera seul dans des abris naturels, dis­sipera la peur qui au début gonfle son cœur. Puis il se sentira grand, très grand déjà . Ce qu'il mange chaque jour, il l'a déjà en partie gagné.

Et qu'il se contente, comme les grandes personnes, de son m orceau de pain n oir et de f romage. L es fr iandises arrivent p ar­f~.)Ïs à la m aison, le samedi soir, quand le pèr e descend à la ville.

A l'école, il parler a p eu , s'ouvrira difficilement. C'est tou-· jours un ll1.0rCeau de solitude qui est en lui, un peu de ces lon­gues heu res où au tour de lui aucune présence humaine ne vivait. Ma is il cherchera à tout compren dre, par lui-même, comme le fait u ne grande person ne.

Et très souvent , p en dant que le maître lu i expliquera les . rudÎlnents des connaissances humaines, lui songera à ce mer­vei lleux été qui vient de mourir, quand les moutons passent sur l'immensité de l'alpe .. .

Cet enfant, souvent, nous échappe. Il nous devance. L'enfant ne peut pas être dans la ll1.aison paysanne une

p résence in utile. Il faut qu'il aide à construire, qu'il aide à tout le monde à n~ pas mourir de faÏln .

Inutile de parler des six mois de vacances. Quelles vacances ! Se lever avec l'aube, accO'nlpagner le père au pré, à la vigne Inême, étendre les andains, ratel el', porter le foin; arracher l'her­be entre les ceps, remonter le raidillon qui mène au village quand la nuit tombe.

J'ai été cet enfant, autrefois. Et ceci n'est pas tille simple dissertation poétique. C'est une

réalité, la réalité de chaque jour, de chaque instant... Il ne su ffit pas de consulter une carte postale et de le regarder dans son cos­tume local, un sou r ire aux lèvres, pour comprendre l'enfant pa y­san. Car il est plus souvent grave que rieur ; il voit peut-être plus loin que le p résent. Elle n'est pas pittoresque, sa vie, elle est tra ­gique ; elle est lou rde à porter pour lui à l'âge où tant d 'autres ne sont encore qu'un peu de chair rose.

Je n e suis pas de l'avis de tous les promeneurs qui trouvent « joli » ce galnin avec une faux , cette fillette en costume, surveil­lant un bébé, le portant peut-être. Ce n'est pas l'attendrisselnent

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qu'il faut. Toutes ces exclamations gratuites ne sont qu'une for­me de plaisanterie, de l'égoïsme. Que dirait-on si ce garçon d 'une dizaine d'années auquel on donne la Inain pour qu'il n e tOlnbe pas, pour qu'il n'aille pas dans le talus ou des épines pourraient le piquer,- se trouvait à la place de ce jeune paysan qui peut-être leur a souri au passage?

Qu'on s'étonne alors si nos montagnards, parfois, sont durs envers les autres, terribles mêJ1ne. Connaissent-ils la douceur de l'âge où tout n'est que tendresse! Qu'on songe au marteau qui façonna cette vie, dès l'enfance, qu'on ait le courage de se placer franchement devant la réalité. Alors , on cü:lnprendra. Le pay­san remplit sa nlission. Il le sait et se donne entièrement à sa tâche. Il porte peut-être un message au pays, et que nouscom­prendrons un jour. Il est fidèle à sa terre, fidèle à lui-mêlne. Il est un exemple de tous les jours, de toutes les heures. Il sènle la vie. Il tient, parce qu'il a beaucoup confiance et qu'il travaille.

Et toutes les forces neuves qui montent continueront de fen:. dre la peau du champ avec la charrue pour avoir de quoi man­ger. Ces enfants paysans sont une promesse de durée, parce qu'ils connaissent déjà la valeur d'un morceau de pain. Ils sont gr,ands par leur âme, par leur aJlnour.

Ces enfants qui sont pour nous des promesses Ïlnmortelles, un acte de foi en la destinée de notre pays.

C'est ainsi que nous devons aimer l'enfant paysan. Mieux que cela, parfois. Nous en inspirer. Jean Follonier.

ùa bonne tenue Il y a quelques décades, il ne faisait pas bon parler gymnas­

tique dans nos écoles de la campagne. L'argument.:massue que l'on opposait aux premiers timides essais de quelques maîtres scrupuleux d'observer la loi dans tous ses détails était: Comme si nos enfants ne faisaient pas assez de gymnastique pendant les grands travaux des champs! Résultats: tenue défectueuse en classe avec dos voûtés, déviation fréquente de la colonne verté­brale, poitrine enfoncée accompagnée d'anémies rebelles et de prédisposition à la phtisie, démarche et mouvements la plupart du temps gauches et lourds, bref tout un cortège de précoces in­firmités, car la culture physique n'étant pas pratiquée durant les heures réglern,entaires était d'autant plus exposée à ne comp­ter pour rien durant les autres heures de classe.

Maintenant, la gymnastique scolaire, pratiquée d'une façon méthodique et suivie, a corrigé bien des choses en classe, au de­hors et même dans la famille, au point ,de vue de l'hygiène et de la santé, mais, ne remarque-t-on pas encore quelques lacunes

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dans la tenue des enfants à l'église? Il est vrai qu'ici le bon exem-le n'est pas toujours donné par toutes les gran~es personnes sur

~ui les enfants ont tendance à modeler leur attItude et leurs ges,­tes. Il nous souvient, ' par exemple, d'une messe solennelle a laquelle certaine autorité munic~pale a~sistait en co~p~. Proba­blement dans la crainte de se sIngulanser, ces maglsh ats, tous catholique!$ convaincus, se tenaient assis ou debout ~an~ ~n~ ~~­titude ,peu en rapport avec leuI: sit.uation e~, l~ur . dlgnIte, eples qu'ils étaient par une foule d'ecohers. A 1 elevatI~n, ces. Me~­sieurs daignèrent s'accroupir un inst?nt dev~nt le D~eu trOIS fOlS saint dont ils croyaient fermement a la presence reelle dans la sainte hostie et pour lequel ils auraient donné leur sang.! ~ o~s ne voulons certes pas faire un crime aux ({ grands» qUI neg~I­gent trop souvent les manifestation.s extérieur~s d,u res~ect; Ils ont l'essentiel: une foi solide et agIssante. MalS, SI. ce n es~ p~s de notre devoir et de notre 'compétence de. leur falr~ de .dls~r~­tes observations, nous ne pouvons nous dIspenser d av01~ ~ œIl ouvert sur la tenue de nos élèves à l'église surtout, car ICI, la question d'hygiène et d'élégance se double d'une question de mo­rale et de gratitude envers Dieu. Nos élèves ont tous, probable­ment assisté à une messe militaire, et l'impressionnant « garde à vo~s ! » du Sanctus les a sans doute émus. On peut leur don­ner en exemple l'attitude des soldats et des officiers durant le saint sacrifice. . M,ais, indulgents lecteurs de « l'Ecole primaire», si vous me rétorquez: ({ Vous qui avez vu tant de choses pendant la messe, vous n'avez pas toujours le nez dans votre mIssel», vo~s au.rez raison! Veuillez m'excuser: je cours de ce pas chez 1 oculIs~e tenter de me faire arracher l'énorme poutre qui est dans mon œIl. Réussira-t-il? j'en doute. N., inst,

ECOLE NORMALE DES FILLES SION -

Le rôle de la Pemme Pour quoi s'exclamait unE' jeune fille, -ai-je été ,créée f.emmt· '? Bi'3-n

d'autres se s~nt ,peut-être auS'si pÜ'sécette question. 'Monse,igneur Dé­vaud leur en donne la réponse dans un ex'r.ellent petit livre, intitulé: ,« Prépar.ation d·e ,la jeune fUIe à son rôle .de f.E,mme. » *

En des pages substantieNes, toutes !pénétrées d 'une profondE' pSY­,chologie et marquées du s'c'eau de ,l'observation, Mgr Dévau'd s'atta.cl:13 à m'Üntrer ,le l'Me de toute femme: rô.le ·de maternité, quelle que SOIt, du reste, la vocation particulière à laquelle Dieu l'a,ppelle; beaucoll,p

• En vente ·au Dépôt du Matériel &colaire, Fribourg.

Page 8: L'Ecole primaire, 31 décembre 1941

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ne seront jamais 'mamans (y,:; d 'a;près IE'S statist.iques ne se marient pas), mais toutes sont a'Ppe-Iées à réa.lis,er une œuvre éminente de vie.

L'auteur montre co,mment l.a femme fait fausse route à vOl,1loir imiter l'homme. A 'cette copie ,lamentahle, el,le peTrI tout ce qui la ·caractérise, tout c-e qui fait son charme.

Le rôle essentiE.l de la fe'mme dit Mgr Dévaud est de civilis ~r

l'homme: elle ciYilise le ;petit enfant qu'elle éduque, cet enfant venu au monde avec sa nature humaine à l'état brut. EHe civilise rhum·m.e fait qui a besoin de l'influence de la fem'me 'pour ,corr1ger 'ce qu'il a de tro'p âpre dans sa nature, de trop rude' dans ,ses manière ::>.

La civilisation -païenne a été une ,civilisation bruta,le, J'inf.iuencè de la femme s'y étant ,peu fait sentir. Ce n 'est pas à une civii:sation purement -matérielle, - qui du reste -n'en est ipas un~, les événoments actuels le prouvent bien -, ni à ,la civilisation inteUectue11E', - in­e,omplète par elile-même, - ,que l,a fe'mme est aplpelée surtout à tra­vainer, c'est à la ,civilisation profonde qui consiste « à vivre d'une meilleure et .plus e.f,ficace vie d'a;mour s'ûus forme -de f.raternité, d'entr'aide, d'égards, de politess-e; C'E·st à réaliser de 'mieux en mieux l'unité dans un amour toujours !plus ,profond, toujours p'lus e.ffectif se donnant et s'enrichissant à se donneT. yoillà rra \raie ,civilisation.

Mais ,pour que la fe,mme remplisse son rôle, eUe doit rester elle­même; à l 'émanC'Îlpation de la famme a touj'Ûurs .coTrespondu li'n -abais­sement de la :Civilisation. Pour refaire Ile monde qui se melurt, tué par son propre 'progrès, une des cpre,mières tâches sera de rendre la femme :à son rôle de -civilis-ation, l'Me qui s'exercera surtout et avant tout dans la famille.

Dire que [e rôle de la ,femme est de civiliser l'hom-me' ne signifie pas que la feJThme s'oit ,supérieure ,à l'hom1me, e;lle est autre, elle le complète. L'homme a la supériorité -de la f'Ûr(oe, du Tai sonn e'm Emt, fla femme a celJe de la dé.licatesse, lifllcertain 'SEmS du vrai qu'eUe saisit très bien sans ,pouvoir toujours l'exip liqu el'. ,P.our l'aider :a rempair son rôle, Dieu a -fait à "la tf-emme des ,dons ,merveilleux, -d'une extraor­dinaire -puissance: sa tel1'dres8e d'abor,d ,qui !lui donne dans .la fa­mi/Ue un si grand ascendant. Elle 'sait réconforter, créer ,la ,confiance en soi et l'espoir en Dieu. L'amouT de la IÎE'mme se traduit en Id.é­vouement. Déyouée elle ,devient beJle même ,si rra nature lui a refu'Sé les char·mes extérieurs. Egoï,ste eHe ,s'anlaidit. La vr.aie beauté de la fem-me ne diminue 'pas avec l'âge, e11e Ipourra au ,contraire, ,croître .à mesure que grandira en eUe J'oubli de 'soi.

L~ finesse, autre p!Uissance de lIa femme, grâ:ce ,à laquelle eU.le sent ce qu'i,l faut dire et voit lüe ,qru'il faut Ifaire. 'La fe·mme ne se trom­perait ,donc jamais? Qu'Ï oserait .le !pr.étendre? IMjgr Dévaud af,fiI'me que, dans ,son do'maine prop!!'e, le d·om'aine du concret familia,l, de l'éducation, neuf fois sur dix, e·lle a raison. Mais en dehors de son domaine, ,eille se trompe iparJois lourde.ment, elle se trompe surtout lorsqu'à son .flair natureU. se 'mêlent des influences ,moins ,pures:

- 181-

3i~no'Ur-propre, anti,patJhie, sympathie. La fe,mme devra d~lnc se ~ar­der de ces influences et 'ne 'pas s'aventurer ,dans Iles affaIres qUI ne sont pas dE' -son re-s-sort._ Mais dans le -domaine .familial FhomI?-e aura toujours intérêt à collsli'lter une fe-mme .fine et sensée. A souhaIter que toutes le süient! ' -

Dans rl'édiucation des .petits co,mme des grands enfants, l'influence de la mère ' est im,mense; il manque,ra toujour.s quelque ,cho-se là qui n'a pas reçu la ,première éducation sur les genoux de sa -mère.

GénéralemE.nt plus aücessib[e au sentiment ;religieux que l'homme ,la femme ali'ra ,plus d'influerwe .que ,lui au point de vue ,piété. S~ns doute le minisü~re extérieur .lui est interdit se.lon la parole de Samt Paul: elle ne ,doit pas ,par~e,r à J'église; mais elle pe,ut, mais elle -~oit parler à la maison, ,à l'école, sans 'Pr,êcher, par ,que.lque~ paro,le,s '~l,tes à propos, pa!!' son exemple surtout, ,E'lle pourra fal're aJ.m~r. la .. pleté, ,cette ,piété vraie qui ne -consiste 'pas dans .la monotone recltatlO~ de formuJe,s ennuyeuses, 'mais dans les raJP,ports simples et , ,conflants d'un enfant avec son père, dans la pratique surtout de l'humble de­voir qu'otidien 8Jocompli .par ,amour et avec une intention 'surnatu-,reMe.

Un point sur -lequell -l'auteur appuie avec unE' IréeLle insistance: re gentil ,bavardage des ' femmes. Il veut -qu'on le cultive. Ne ,nous récrions pas, il s'agit du « genti.l» ,~avard,age, non :pas du Icomlmerage dans les coins de rue ou .autolur du bassin.

Il s'agit d'animer [a taihle fa'miliale, de créer üet esprit de co~~dia­,lité qui -récrée le ,père soucieux ou fatigué et le retient à la maIson. c~ ,gentil bavar.dage est lecoIIllPllément d'un intérieur bien ten.u où tout rit et ,chante: « Oh, ,qu'on est bien, qu'on est bien ,chez nous!

Dans la seconde 'Partie de ,son l'Î";re ':MJgJ.' Dévaud traite plus parti­culièr.ement du rôle des maîtresse d'écüle ,ménagère. 'Ce rôle ~'e&t ,pas, avant tout, d'enseigner .le :ménage, ,mais dE' former des menag8Jres, ,ce ,qmi est ,fort difféTent. Soucieux de ['école Ipour ,la vie tl en vie~t à des ap,pücations des plus ,pratiques et ne 'craint pas ,d'apI>81ler « ,CI­

gales retentissantes» les Imaîtresses -ménagères 'qui ne réussissent !pas a faire appliquer dans les familles c,e ,qui s'est ,fait tà J'écolE',

Si pratique et 'si ,profond, ,ce .petit llivre nous -convainc qli'e le bonheur de la femme est dans l,e ,dévouement, dévouement aux humhles tâches avec un gra;nd amour. 'Le don de .soi apportè ,ce bon­heur pro,fol!1d 'que ne goûteront ja,mais Iles évaporée-s, dont ,la dE'Vise est: « Ne .pas s',oo Ifaire. »

Les jeunes ,f.111es liront avec p'laisir et surtout ave,r. 'prolfit ce petit ,livre si bien écrit et si pro,pr.e à 'maintenir ,en elles où là leur redonner l'amour de leur grande miss,ion. Le-s ho,mmes y puiseraient peut-être ,plus de reconnaissance 'Pour la ,compagne ,de leur vie, ,plus de com­préhension, plus d'estime de sa nOlble tâ'Che tro.p s'Ûuvent méconu,e.

Et si c,e bienvenu petit IhTe 'tombait d.ans le « taudis de quelqUe< vieux garçon» - l'exipression est de Mgr Dévaud - il :polur,rait y éveiLIE'r qUellque tardif re.gret.

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PARTJIE JPRATJIQ.UE

LANGUE fRANÇAISE

Première semaine

Centre d'intérêt: VOYAGES

1. RECITATION

Un grand vfSlyageur: Christophe Colomb

Cieux inconnus, mer inconnue: Colonlb vogue depuis des jours; Nulle terre n'est apparue. L'espoir dans les cœurs diminue; Pourtant, Colomb vogue toujours.

Assis à l'avant, son œil plonge Sur cet océan qui s'allonge Et le roule indéfiniment : Serait-ce le calcul qui ment ? Colomb est anxieux et songe.

Là-bas s'étend un nouveau monde Que son esprit devine et sonde ... ,Mais l'eau, mais les vivres à bord Vont manquer ... Horreur! c'est la mort. L'équipage, autour de lui, gronde.

Il reste ,sourd et solitaire. Mais soudain, son grand front s'éclaire: <1. Debout tous! » Là-bas, sous les cieux, Montrant un point mystérieux, Une vigie a crié: «Terre!» Afaurice Morel.

Le vagabond

Ce vieux, poilu comme un lapin, Qui s'en va mendiant son pain, Clopin-clopant, clopant-clopin, Où va-t-il? D'où vient-il? Qu'importe! Suivant le hasard qui l'emporte, Il chemine de porte en porte.

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Le pied nu, l'autre sans soulier, Sur son bâton de cornouiller, Il fait p~us de pas qu'un roulier,

Il dévore en rêvant les lieues Sur les routes à longues queues Qui vont vers les collines bleues.

Là-bas, là-bas dans ce lointain Qui recule chaque matin Et qui le soir n'est pas atteint.

II. VOCABULAIRE

J. Richepin.

NOMS. - Les déplacements, les voyages d'affaires, d'agré­ment, un voyage à pied, à cheval, en automobile, en chemin de fer, en paquebot, en avion; une villégiature; l'organisation d'un voyage; une agence de voyages, de tourisme; une réduction; un permis de circulation; un laisser-passer; un passeport. Un convoi, une rame de wagons, le confort, la sécurité ... Une randonnée, un trajet, un parcours, un itinéraire; la signalisation, le permis de conduire ... Une croisière, une traversée. Une promenade, une ex­cursion, un tour, le départ, les haltes, les étapes, une croisière. Un promeneur, un excursionniste, un voyageur, l'enregistrement des malles, des valises, des colis.

ADJECTIFS. - Des déplacements fréquents, rapides. Une réduction importante. 'Ue permis temporaire, permanent. Des transports rapides, des communications faciles, directes. Un itiné­raire prévu, intéressant. Une croisière africaine. Une traversée calme. Une longue promenade, une dangereuse, excursion, un lointain voyage, un départ précipité, un itinéraire précis, de cour­tes haltes. Un promeneur solitaire, un excursionniste entraîné, un voyageur complaisant. Des malles lourdes, encombrantes, de nombreux colis. Un court trajet, un séjour agréable.

VERBES. - Consulter un indicateur, établir un horaire, or­ganiser un voyage. Villégiaturer, circuler dans une région, mar­quer des étapes, fixer des souvenirs. Se promener, excursionner, voyager, partir, établir un itinéraire, prévoir des haltes, brûler une étape, enregistrer ses bagages, les assurer, s'embarquer; fai­re une traversée, séjourner, être de retour; partir, s'absenter, s'ex­patrier; abréger ou prolonger son séjour; ajourner un départ; an­noncer son retour, effectuer un voyage d'études; s'établir dans les colonies, donner de ses nouvelles; avoir la nostalgie, le mal du pays.

Vins du Valais ORSAT bonnes bouteilles.

Page 10: L'Ecole primaire, 31 décembre 1941

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III. ORTHOGRAPHE

Préparation: Voir le numéro du 15 octobre.

Les voyages d'autrefois

Pour se rendre de la ville à leur domaine, mon père et ma mère montaient à ·califourchon sur la 'même JUInent blanche et trottant quelquefois, marchant le plus souvent au pas, ch~mi~ naient entre les haies de ronces qui accrochaient parfois le fichu que ma mère se mettait au cou. René Bazin.

Voyage d'une tribu arabe

Les tribus voyagent en caravane; les cham eaux cheminent à la file. Le chaineau de tête est attaché au cou d'un âne, qui est le guide de la troupe: celui-ci, 'comme chef , est exempt de tout far deau; chez les tribus rich es, les chan1.eaux sont ornés de fr an-ges, de banderoles et d e plumes. Châteaubriand.

Un vovage imaginaire

C'était un JOUI; de p luie. J'avais reçu en cadeau tout un atti­rail de postillon, casquette, fouet, guides et grelots. Il y avait beau­coup de grelots. J'attelai: c'est nl oi que j'attelai à moi-même car j'étais tout en semble le postillon, les chevaux et la voiture. Mon p~rcours s'étendait de la cuisine à la salle à n1.anger par un cou­l~ll' . Cette salle à nlanger nle représentait très bien une place de vIllage. Le buffet d'acajou où je relayais me sen1.blait sans diffi­culté l'auberge du' Cheval-Blanc. Le couloir m'était une grande route avec ses. r~nc?nt~es ~mprévues. C?nfiné dans un petit es­pace sombre, Je JOUIssaIS d un vaste hOflzon et j'éprouvais, entre des murs connus, ces surprises qui font le charme des voyages.

A. France .

Un voyageur illustre

Christophe Colonlb était le fils d'un 'pauvre cardeur de laine de Gênes; il, s'e·mbarqua vers l 'âge de quatorze ans et passa de long~les annees ~n mer, .comm.e matelot. A force d'énergie, il avait ~C9UlS ~uelque lJ:structlOn. ~ou.t jeune, il avait été frappé d'une Idee <:lUI ne le quItta p lus . Il etaIt persuadé qu e la terre était ron­de: SI elle ~st ronde comIl1e une boule, il est clair qu'on doit pou­VOIr en faIre le tour . Et, p ar exemple, pour aller aux In des qui sont à l'est de l'E urope, on p eut se diriger vers l'ouest et a ller dev.ant soi, ..iusqu'~ ce q~:on. rejoi~n~ les ,In~es . Ce ser a p lu s long, malS on dOIt y arrIver. C etaIt une Idee tres sImple. Il ne se rendait ·pas compte de la longueur du voyage; il ne prévoyait pas que tout un contInent, l'Amérique, lui barrerait la route à mi-chemin.

F. Buisson.

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Mon premier voyage en chemin de fer

Oh ! ce premier v,<?yage, je m'en souviens avec bonheur! Le train filait à toute vapeur à travers des paysages sans cesse re­nouvelés; les arbres, les champs de blé qui semblaient fuir de èhaque côté de la voie; les vallées profondes traversées par les hautes arches des viaducs, la nuit subite des tunnels, puis le brus­que retour à la lumière; les villages disparus aussitôt qu'entrevus; les paysans aux bar rières des stations; les villes aperçues de très loin sur un ciel d'un bleu soyeux, et où l'on entendait parfois, aux arrêts, des sonner ies de cloches ; p u is ies bois f rissonnants sur lesquels la vapeur d e la locomotive venait se balancer et len-tement se dissou?re, j'admir ais tout. A. Theuriet.

Voyager à pied

Je ne conçois qu'une manière de voyager plus agréab le que d'aller à cheval, c'est d'aller à rpied. On part à ce m oment , on s' arrête à sa volonté, on fait tant et si peu d'exercice qu'on veut. On observe tout le p ays. Aperçois-je une rivière, je la côtoie; un bois touffu, je vais sous son ombre; une grotte, je la visite ... . Par­tout où je me plais, j'y reste·. Je n'ai pas besoin de choisir des chemins tout faits, des routes commodes. J.-J. Rousseau.

Un voyage en voiture

La route que nous suivions pendant six lieues n'avait rien de particulièrement enchanteur. A l'extréInité des bois, elle mon­tait ou dévalait parmi de monotones champs de blé, avec çà et là un bouquet de taillis ou une toiture de ferme à l'horizon. De loin en loin nous traversions un village aux maisons basses, bordées de tas de fUll1ier; nous apercevions comme une vision l'église trapue où bourdonnait la psaln1.odie des vêpres, la place plantée de tilleuls où des garçons en blouse bleue jouaient aux quilles; puis nous retombions dans la plate solitude des jachères et des enlblaves qu'égayaient seuls d'aériens gazouillelnents d'alouettes.

A. T heuriet.

Exercices d'21pplicaUon

S'en référer au numéro du 15 octobre.

IV. COMPOSITION FRANÇAISE

La phrase - Le paragraphe - La rédaction

1. . Si vous aviez le ch oix , quel est le voyage que vous vou­driez effectuer et quel mode de locomotion voudriez-vous eIl1-ployer? Justiifez votre préférenec.

Page 11: L'Ecole primaire, 31 décembre 1941

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Conseils. ~ Le choix dépend de chacun de vouS". A notre épo­que, il est évident que les voyages à pied ont perdu de leur char­me. Choisissons par exemple l'automobile, voire même l'avion.

Quant au choix du voyage, il variera suivant le mode de lo­comotion employé. Il se linlitera probablement à la Suisse s'il s'agit de l'automobile, aux contrées plus 10intaines s'il s'agit de l'avion.

Raisons justifiant la préférence. - C'est le sujet essentiel du devoir: l'imagination satisfaite (l'évocation des contrées par­courues); la curiosité aussi; le plaisir de conduire; les sensations fortes de la vitesse, de l'ascension, de la descente, etc.

2. Une famille de voyageurs cOlnposée du père, de la mère et des enfants va prendre le train. Elle se trouve en retard. Dé­crivez la scène, en essayant de la rendre aussi vivante que pos­sible.

3. Racontez un voyage que vous avez fait en chemin de fer. 4. Racontez un voyage que vous avez fait en automobile. 5. Racontez une excursion en montagne. 6. En voyage: composition libre. 7. Dites ce que vous savez de quelques explorateurs célèbres. 8. Voyages d'aujourd'hui, voyages d'autrefois.

Deuxième semaine

Centre d'intérêt: LA ROUTE

1. RECITATION

Les routes

Qu'à les voir s'en aller, par les couchants vermeils, Les grand'routes, dès le matin, partent d'accord

Sous les rameaux et les ombrages, Vers les prés et les eaux, les 'bourgs et les villages,

Et sans fatigue et sans repos Elles longent le mur et le fossé des dos;

Elles se haussent et s'inclinent A contourner les flancs inégaux des collines. Elles tardent soudain à s'en aller plus loin Quand embaunle le trèfle ou que fleure le foin.

Parfois, l'ombre grande des nues FloUe seule à midi sur leur surface nue.

- 1:87-

On les voit traverser les clairs arpents de blé Où s'activent les bras d'un travail rassemblé; L'une s'éloigne 'à droite et puis sinue à gauche Vers un fernlier qui bine ou vers un gars qui fauche; L'autre descend très humblement tracer un rond Autour de la cabane où vit un bûcheron.

Les plus hautes et les plus larges Transportent sur leur dos de si compactes charg~s Qu'à les voir s'en aller, par les couchants vermeIls, Avec leurs charrois pleins et leurs lourds attelages, On croirait que les tours et les toits d'un village

Sont en marche vers le soleil. E. Verhaeren.

Le grand chemin

-Matin et soir à ma fenêtre Assis, le menton dans ma main, Je vois tourner et disparaître Au flanc des monts un grand chemin Sous le ciel de brume ou de braise Où le couchant met sa rougeur, Il monte et longe la falaise, Suivi par mon regard songeur.

,Comme un vieux ruban qu'on déroule, Il serpente et fuit. Où va-t-il ? Loin des méchants, loin de la foule, Est-ce au bonheur, est-ce à l'exil ?

Sa pente m'invite au voyage, M'annonçant les meilleurs destins. La route est la sœur du nuage, Tous deux vont aux pays lointains.

,Mais, engourdi par le bien-être, On dit: « Pas aujourd'hui... demain 1 » Et l'on demeure à la fenêtre Assis devant le grand chemin. J. Lorrain~

IL VOCABULAIRE

NOMS. - La route, le bord, le caillou, le gravier, le gou-· dron la chaussée, le talus, la haie, le fossé, la houe, l'ornière, le carr~four, un croisement, un chemin, un sentier. Le piéton, le promeneur, ,le cavalier, le cycliste, l'automobile, la voiture, le cheval, le cantonnier, un mendiant. La voie, la promenade, l'ave­nue, le boulevard, une artère, une rue, un passage, une allée, un sentier, une sente, un lacet, un raidillon, une venelle, une ruel­le, un chemin de traverse, une impasse, un carrefour, une bifur-· cation, un chemin de grande communication.

Page 12: L'Ecole primaire, 31 décembre 1941

- 188-

ADJECTIFS. - Une route large, étroite, entretenue défon­cée, nationale, cantonale, internationale, goudronnée. Un' chemin vicinal, caillouteux, sablonneux; le talus vert, frais, fleuri, élevé; la haie vive, épineuse, verte; le fossé profond, boueux; un tour­nant dangereux; un sentier tortueux, étroit, impraticable.

VERBES. - Marcher le long de la route; suivre un sentier; empr~nter la route nationale; choisir le côté ombragé; franchir la hale; rouler dans le fossé; entretenir la route; l'empierrer; la goudronner; la route s'allonge, se déroule, s'étend; le sentier serpente, grimpe, se perd; on suit la route, on prend le chemin.

. Exercices. - Quelles sont les différentes sortes de routes? Les classer, par ordre d'ÏJlllportance. Quels noms peut-on don­ner à des chemins peu importants? Comment appelle-t-on le point où plusieurs routes se croisent? Que voit-on le long des routes? Quelles qualités peut avoir une route? Quels verbes peut-on employer pour indiquer l'action de marcher sur une route?

Les ingénieurs des ponts et chaussées étudient le tr~cé -lè­ven~ les plans, établissent les profils en long, en large; on opère le plq~etage; on met les travaux en soumission après avoir établi le . cahIer des charges et déterminé les -devis; les entrepreneurs SUIvent avec d.es terrassiers, des mineurs, des maçons; ils ou­vrent un chantIer; on creuse des tranchées; on fait des remblais o~ nivelle, on élève des ~urs de soutènement, on fait des travau~ d art, des tunnels, des VIaducs; on procède à l'empierrement· le ~acadam, le rouleau com.presseur, le goudronnage. Le cant~n­nIer, etc. Le Dr Goudron, de Brigue (GuglieNl1etti).

Préparation: Voir le numéro du 15 octobre.

lU. ORTHOGRAPHE

Le sentier rocailleux

. Petite F~ançoise, ~e matin-là suivait joyeusement le sentier roc~Illeux 9UI s~rpentaIt à travers la montagne. Ce n'était qu'un petIt chemIn gnmpant et ensoleillé; Françoise savait bien qu'il y avait d'autres chemins plus grands, plus larges, des routes sil­lonnées de lourde~ voitures emmenant de nombreux voyageurs vers les grandes VIlles. Grand'maman lui avait raconté l'histoire de que~ques-unes de c~s grandes routes, très vieilles, construites autrefOIS par les Romams, on les appelait des voies .

Elle savait aussi qu'il y avait de grandes routes et de très petits chemins de Palestine qui avaient vu passer le Divin Maî­tre et que des petites filles comme elles se précipitaient sur son passage.

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La construction de la route

La route partit ··de Saint-André à travers les praules et les pommiers en rampe douce, puis elle entra dans la vallée étroite pour grimper en lacets vers les hautes crêtes.

Des équipes marchaient avec elle, remuaient la terre, cou­paient les arbres, creusaient la roche à coups de mine, bâtis­saient des ponts sur les torrents et sur les précipices. La longue bande de terre s'aplanissait et s'allongeait devant ces hommes solides et rudes.

Le chantier s'avançait en corniche sur une pente raide. Après chaque coup de mine, une ·pluie de pierres balayait les espaces libres, et si, par hasard, un manœuvre passait par là, alourdi par une charge, il n'avait ;pas le temps de s'accroupir, les bras sur la tête, collé au salau roulé en boule, et il sentait glisser sur lui les éclats coupants des pierres. André Chamson.

Les routes

Les routes que j'aime le mieux sont les humbles routes com­munales. Elles sont étroites. Elles ne se hasardent à traverser que de petites rivières, mais elles ne craignent point de tourner brusquement, de monter ou de descendre les coteaux les plus abrupts . Tout au long de leur parcours, au milieu de leurs fossés pleins d'herbe, elles paraissent tenir conversation avec les champs. Et chaque village, chaque ferme isolée semble leur être un point d'arrivée. Les lièvres, les lapins s'y sentent chez eux, et les oi­seaux construisent leur nid dans les haies qui les bordent. Certes, il y a des automobiles audacieuses et de lourds camions qui se risquent à les emprunter. Mais comme elles se vengent!

En promenade

Pour aller voir un ami, les quatre enfants ont pris la route nationale qui déroule au soleil, le long des prés et des champs, son joli ruban jaune, traverse ,les bourgs et les hameaux et con­duit, dit-on, jusqu'à la Iller où sont les navires .

Les voilà partis. On les a laissés seuls, sur la foi de leurs promesses; ils se sont engagés à marcher sagement, à ne point s'écarter du droit chemin, oÙ éviter les ·chevaux et les voitures.

Anatole France.

Les belles routes

Les routes ressemblent à des rivières. Cela tient à ce que les nVleres sont des routes; ce sont des routes naturelles sur les­quelles on voyage avec des bottes de sept lieues; quel autre .nom conviendrait mieux à des barques ? Et les routes sont comme des Irivières que l'homme a faites pour l'homme. Les routes, les bel-

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les rO'utes aussi (~nies que la su~face d'un f~euve et sur lesquelles '!a rO'ue. de l~ VOIture et la semelle du sO'ulIer trO'uvent un appui a ~a fOlS sO'lIde et dO'",!x, ce sO'nt les chefs-d'œuvre de nO's pères qUI sO'nt mO'rts sans laIsser leurs nO'ms et que nO'us ne cO'nnaissO'ns que par leurs bienfaits, Qu'elles sO'ient bénies ces rO'utes par les­quelles les fruits de la terre nO'us viennent abO'ndamment et qui rapprO'chent les amis. Anatole France.

Les chemins fous

. Il y a de~ chemins fO'us qui tO'uchent à tO'ut, ne pensent à ne.n, et dO'nt Il semble que la seule préO'ccupatiO'n - s'ils pO'u­valent en avO'ir une - serait de n'aller nulle part. Il n'en faut attendre rien de sérieux: habillés 'cO'mme des seigneurs l'été cO'm­me ?es mendiants l'hiver, ils grimpent aux cO'llines, cO'm~e les gamIns aux arbres, et s'en laissent ' glisser à VO'us rO'mpre les O'S ~t'.,natu:r:el~em.ent, ils finissent mal; les uns se perdent dans un~ nVlere O'U ils se sO'nt jetés un sO'ir sans lune, les autres se per­dent dans une f~,)fêt O'Ù ils ne .se retrO'uvent plus. QuelquefO'is ils se rencO'ntrent a quatre O'U CInq, tO'ut aussi chenapans les uns que les autres, et pO'ur rien ils se baissent, s'accrO'chent, s'é-tranglent. Jacques Deval.

Exercices d'application

VO'ir le numérO' du 15 O'ctO'bre.

IV. COMPOSITION FRANÇAISE

La phrase - Le paragraphe - La rédaction

,VO'us .déc:iv~z un sentier que VO'us cO'nnaissez O'U une rO'ute. Apres aVOIr depelnt les animaux et les persO'nnes qui y ,circulent vO'us n~us di~e~ si VO'us aimez VO'us y rendre, et pO'urquO'i. '

SUI.et tr~lt~; .~ I~ y a, tO'ut près du jardin de nO'tre maisO'n, un ~enhe!' ~u J aIme a me prO'mener pendant la belle saisO'n. ,Ce sent~er degnngO'le les pentes qui mènent à la rivière, tantôt res­serre entre deux talus escarpés, tantôt s'élargissant au vO'isinage de grands prés, O'mbragé par de beaux arbres dO'nt les branches VO',?s caressent au passage, parfumé par tO'utes les petites fleurs qUI se cachent SO'us l'herbe et dans les , buissO'ns accO'mpagné dans sa cO'urse par le chant des O'iseaux. "

On rencO'ntre peu de mO'nde dans ce sentier. De temps à au­tre, une laveuse q~i, gravit lent~~ent la pente, la hO'tte sur l'é­paule, les bras c~OIses su~· la pOltnne, avec un léger balancemen{ des hanch.es; pUIS, un patre, pO'ussant devant lui deux O'U trO'is vaches 'qUI en~O'mbrent le passage, brO'utant de-ci de-là, ce en-, d~nt que le ~hIen, la langue pendante, ,cherche l'eau dans le; 0'1'-,

nlères pO'ur ~tancher, sa sO'if. ParfO'is aussi, le dimanche, des prO'­meneurs endImanches, bras dessus, bras dessO'us, s'en vO'nt jus-.

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qu'à la nVIere en chant~nt. Le sentier, sO'litaire d 'habitude, s'a­nime alO'rs et p'rend un petit air de fête, égayé par les chansO'ns et les taches viv'es dês rO'bes claires.

Décrivez la vie de la grande route que vous connaissez. Exemple: Il la cO'nnaissait à fO'nd cette rO'ute blanche, vrai

panO'rama O'Ù ses petits yeux assidus et patients savaient décou­vrir mille détails que les autres ne sO'upçO'nnaient pas.

L'été, quand le cantO'nnier Robin rangeait sa b rO'uette dans l'O'mbre cO'urte du mur en face, à côté de la fO'ntaine, l'enfant songeait tO'ut haut: « Le déjeûner de RO'bin... Il est une heure. »

De mêm.e quand' les feInmes remO'ntaient du lavO'ir, que sO'us le grand pO'rtail de la ferme vO'isine le trO'upeau s'engO'uffrait avec un ruisseIlem.ent de pluie, O'U encO're quand les enfants, revenant de l'écO'le, se séparaient au tO'urnant de la fO'ntaine, Richard sa­vait qu'il était quatre ... , cinq ... , six heures.

CO'mme elle lui tenait lieu d'hO'rlO'ge, la rO'ute lui servait de calendrier. Le lundi, les pauvres en un lent défilé se mO'ntraient au guichet de la grande pO'rte du château pO'ur recevO'ir deux so'us et un mO'rceau de pajn. Le samedi, les nO'ces, à la mO'de de l'ancienne France. Les mardis et jeudis, veille de marché, pas­saient de grands trO'upeaux ...

L'autO'mne amenait -le passage des trO'upes, et de grands breaks de chasse partaient vers la fO'rêt SO'us le ciel rO'ux.

A. Daudet.

En un paragraphe, décrivez une belle rO'ute. Exemple: L'autO'mO'bile lâchée bO'ndit et rO'ule ' sur la rO'ute.

Ah ! quelle rO'ute ! Elle était bO'rdée d'une dO'uble rangée d'O'rmes .magnifiques ... Elle était large, étalée cO'mme une belle avenue, dO'uce et unie cO'mme une étO'ffe de sO'ie, et si droite, ,que je n'en vO'yais pas le bO'ut, sinO'n là-'bas, tO'ut là-bas: un tO'ut mince ru­ban jaune que je ne pO'uvais atteindre, sur ce sO'l merveilleux. La machine, empO'rtée au rythme d'un rO'nflement léger, régulier, infiniment dO'ux, glissait. O. Mirbeau.

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LEÇONS DE CHOSES

ùa route Allons étudier sur place la réfection d'une route. Avant de partir, faisons un peu de géographie humaine.

Cette route que nous allons parcourir a bien une histoire. Elle a vu des événelnents se dérouler. Peut-être a-t-elle été une route d'invasion au cours des siècles et, du point de vue stratégique, elle a son importance. Peut-elle a-t-elle été foulée par des Inarchands au temps des grandes foires de Moyen Age. Elle a été le trait d'union entre les centres importants. Il se peut aussi qu'elle soit une route pittoresque, touristique. Parfois, elle a appelé les vil­lages sur son parcours ou, phénonlène inverse, elle les a vus s'é­loigner sur les hauteurs avoisinantes comIne pour la surveiller. En tous cas, son tracé n'est pas arbitraire. Il répond sûrement à des préoccupations géographiques pour joindre certains points fixes en suivant une vallée, en contournant une colline ou en franchissant un col.

Il ne faut pas Inanquer de dire à nos jeunes élèves que l'art de construire les routes a été très développé chez certains peuples de l 'antiquité, en particulier chez les ROlnains. De toute façon, les enfants sauront que les voies rOl1laines étaient tou­jours tracées en ligne droite, très solidement construites, ave.c une chaussée de 4 m. 13 à 4 nl. 70 'permettant à deux chars de se croiser, avec trottoirs, et qu'aux abords des grandes villes, elles s'élargissaient jusqu'à 20 m. Elles s'éloignaient des rivières et les Romains utilisaient toujours pour leur construction les (matériaux locaux: bois, pierres, . lave et pilotis, afin d'éviter les transports onéreux.

Tous les 18 nl., on trouvait un escalier (Inontoir) pour per­mettre de nlonter à cheval ou en voiture. Des bornes milliaires indiquaient les distances et étaient éloignées, les tUles des au­tres, de 1,481 m. 50. Des relais étaient prévus et, de place en place, étaient dressées des hôtelleries. (Mentionner les bornes de Bourg St-Pierre, etc.) ,

Afin de bien marquer la similitude de construction des voies romaines et des routes actuelles, nous dirons que le sol était creu­sé jusqu'au terrain résistant, puis venaient les opérations de pi­lonnage, nivelage et cylindrage, avec consolidation par -des pieux. Une couche de mortier de 10 à 15 'CIn. d'épaisseur s'étalait en­suite, pilonnée également, et des couches alternées de béton, de cailloux et de briques supportaient, pour finir, le revêtenlent de dalles ou pavés. Chez nous, pour finir, venait toujours une cou­che de dalles.

Nous Inontrerons que les voies romain~s formaie~t. un ré­seau savamment combiné aux buts commerCIaux et I?oht:ques ~t constituaient un instrum.ent d'impérialisme et de dormnatlOn.

Le départ. - Nous partons. N'oublions pas d'emporter mè­tres pliants, chaînes d'arpenteur, cartes routières ou autres.

Nous voici à l'enlplacement de notre observation: Si nous somnles en Inontagne, nous nlontrerons la route qUI escalade les pentes avec ses lacets enroulés c?nlI~e un ruba~, l~s ,murs de soutènement les ouvrages de consolzdatLOn et de securIte, les pa­rapets. Nous' ferons mesurer et comparer les largeurs de la r~ute en liane droite et dans les virages. Nous dirons que la SUIsse est située au carrefour de l'Europe et qu'elle a tout un réseau de routes reliant le nord au sud.

S'il y a :un chantier pour la réf:ction de la route, no~s allon~ constater que les matériaux du revetement de la chaussee sont. les pavés (grès), les cailloux, les graviers, le goudron. Le rr:aca-danl (du nom de l'inventeur . anglais Mac Adam) est faIt de pierres concassées, roulées et agglutinées à l'aide d'~n goudron. Quelquefois, on emploie le béton (ciment, ~able ,e~ graVIer) et quel­quefois aussi le tarmacadam (goudron melange a chau~, avec des pierres) et qui a la propriété de supprimer la pousslere et de rendre la route très résistante.

Pour construire la route, on procède co mIne - faisaient les Romains: fouilles, grosses pierres au fond, couches de matériaux divers, puis pavage.

Peut-être pourrons-nous voir sur place les outils suivants: perforateurs pneumatiques, dame à pavés ou « vieille» pour le tassement des Illlatériaux, rouleau compresseur à vapeur, gou­dronneuses autOlnobiles. Peut-être avons-nous rencontré un de ces récipients à goudron disposés de distance en distance.

Nous faisons observer que la route cOlnporte trois parties: au Inilieu, la chaussée, partie roulante; les accotements qui, 'pro: tègent à droite et à gauche les bords de la chaussée, les f~sses .qUI reçoivent les eaux pluviales et qui sont tantôt perpendIculaIres et tantôt parallèles à la route (cunettes).

Parfois un trottoir cycliste court le long de la route. Celle-ci est générale~ent bordée par des af'bres : arbres fruitiers ou d'es­sences résistantes. Nous ferons distinguer aux enfants les va­riétés de ces plantations et nous en fixerons approxinlativenlent l'âge.

Les usagers de la l'oute. - Observons aussi ce que l'on ap­pelle les usagers de la route. Regardons passer les piétons, l~s cy­clistes, les motocyclistes, les automobilistes, les cars, les vOltures à chevaux, qui ne se ressemblent pas dans tous les pays, les ca­mions de tl'ansport, etc.

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Faisons observer lln virage relevé, une voiture qui prend ce virage à la çorde, ou, au contraire, sur son développement le plus grand. Dans certaines régions au trafic' intense, on élargit les routes de faoçn à permettre le passage à 3 voitures de front. Sou­vent deux lignes parallèles séparent en 3 zones les espaces ré­servés aux véhicules.

Les journaux parlent souvent de la concurrence du rail et de la route. On pourra faire dresser un état des véhicules de trans­port qui auront passé, sur une route fréquentée, dans un sens et dans l'autre, en un temps donné.

Si l'on a la chance de rencontrer le cantonnier, on ne man­quera pas de questionner en lui faisant préciser son travail d'entretien et de répa~ation. Un cantonnier est un fonctionnaire de l'Etat. Il nous montrera ses outils, nous dira les avantages et les inconvénients de son métier. .

Et nous passerons aux enseignements de la route; nous indi­querons aux enfants la manière dont on doit se comporter sur la route. Pour mieux illustrer notre enseignement, nous les exer­cerons à traverser la chaussée. Nous ferons usage de l'abondant matériel distribué au personnel enseignant par le T. C. S.

Route et rail . . '. La route, Iqui fut abandonnée, depuis la construction des che­

mins de fer, aux promeneu rs suburbains, au x chemineaux et aux carrioles des march és h eb domadaires, la route la belle Foute des grands siècles, a ret rouvé sa .vie et sa fécondité: Grâce à l'au­tomobile!

Chacun de nous, enfant, le jeudi ou le dimanche dans ses promenades accom pagn ées, piétina d 'un pas innocent ie cadavre de la route Inorte. Aujourd'hui elle est ressuscitée.

E lle est bien si bien r essuscitée que déja naissent autour d'elle des disputes d'amour eux ja loux. Appartient-elle au piéton au char ou à l'autom obile? '

, SOl~ passé r épo;nd ... ~a rout~ fut" de tout temps, u n e ligne amenagee pour la CIrculatIOn r apIde d une ville à une autre. L es bâti~se~rs !a destinè~ent non au . r iverain, mais au voyageur. Son trace dedaIgna les VIllages, et SI elle-même fit naître des bour­gades ou des relais, elles les créa pour :son service.

~~ route appartient de droit à la vitesse, Blasphème? Non, conSIderez les origines de la route.

* * *

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Depuis que les hommes voyagent, ils s'arrêtent de préfé­rence à l'entrée deS: passages difficiles et aux carrefours.

Le «passage», l'ancien «détroit», est lè site par où le voyageur réussit avec le moins de risque, de fatigue et de temps, à franchir un obstacle, montagne, rivière, forêt, marécage.

Le carrefour est un lieu où la disposition des passages na­turels amène les voyageurs, venus de plusieurs parts, à se ren­contrer nécessairement.

Bâtis par la nature, les passages et les carrefours précèdent, dominent et ·commandent la route construite par l'homme. La route n'a .d'autre fonction que de conduire sûrement les honl.lues aux passages et aux carrefours, sans qu'ils s'engagent dans les impasses. Les agglomérations humaines, les villes, naissent au x passa ges et aux carrefours, et ne se .développent norm.alement que là, parce qu e les passages et les car refours, points de rencon­tre forcés, sont les n œ uds de la [puissance et des échanges.

La route, ligne de circulation f ixe, se substitua aux pistes éparses : elle vint après ·coup r elier les passages, les carrefours et les villes, tan dis que les chemins ou sentiers desservaient les femnes et les villages.

Le voyageur 'pressé est donc chez lui sur la route. Elle n'existe que p our lui; sans lui, personne n'eût songé à la cons­truire .

La vieille hostilité entre le passant et 'habitant résulte d'un malentendu sur la propriété de la route.

*** Au jourd'hui on ne den1ande plus à la route ,que d'être bien

construite et entretenue. Nos pères se Inontraient ,plus difficiles : ils voulaient qu'une route fût courte, conunode et sûre.

De là les particularités des anciennes routes . D'ordinaire, le plus court chemin pour aller d'une ville à lune autre est, dans une même vallée, le fond de la vallée, et, entre deux vallées, soit un col, soit u n plateau ou une plaine ondulée. Il y a donc, en p rincipe, deux grandes catégories de rou tes : les routes basses et les rou tes hautes . lVIais, pour des raisons de COlTIIDodité et de sé-:­cur ité, n os p ères ch erchèrent presque toujou rs la moyenne entre ces deux types. L a r ou te ancienne s'écarte du fond, d'une val­lée, par crainte des risques. Elle su it le flanc de la vallée, et do ­mine !souvent de haut le lit de la rivière. P ar contre, les routes de plateau, de montagne ou de plaine recherch ent, par sou ci du moindre effort, la facilité des petites dépr essions. On peut donc établir en l~i qu'une route ancienne traverse le pays à son alti­tude moyenne dans la ligne générale des dépressions .

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Dans l'ensemble, le système des vieilles routes se présente comme un réseau dont les fils s'étendraient sur les plateaux et les collines à . mi-hauteur, et se noueraient ou plus bas ou plus haut, aux défilés, aux cols de montagnes et aux carrefours des val­lées. Toutes les routes anciennes descendent ou montent à l'en­trée d'une ville.

Mais les causes d'insécurité ayant disparu et l'art de l'ingé­nieur progressé, les routes modernes, comme les chemins .de fer, suivent de préférence le fond des vallées. D'où la récente nais­sance, dans le fond des vallées, de localités et quartiers qui cor­respondent aux carrefours nouveaux des routes nouvelles.

* * * Le changement rend obscur au .premier ~abord l'aspect de

l'ancienne France. En effet, depuis le moyen âge, la ville et le bourg n'ont cessé

de descendre. L'agglomération primitive se serrait, pour des rai­sons de séculiité, sur une positition défensive, à l'abri d'une en­ceinte ou près d'un château. Puis, à mesure 'que la sécurité aug­menta, les hommes cherchèrent, à mi-côte, l'aisance .des sources individuelles, des basses-cours et des cultures. Enfin, le chemin de fer et la route nloderne ayant am.ené le trafic :dans 'le fond des vallées, les échanges y attirèrent la population active.

Le . phénomène est manifeste dans la plupart des villes. As­sez souvent trois localités existent distinctes: l'une haute avec un château-fort, l'autre sur un plateau, la troisiènle dans la vallee, cette dernière absorbant peu à peu la substance des deux autres.

Le glissement des loca lités vers le fon d des vallées fut la conséquence surtout de l'installation des chemins de fer, attachés à la moindre pente et captant le gros trafic, qui contraignirent le commerce à descendre. ; .

La résurrection des routes anciennes, grâce à l'autOlnobile, contrarie déjà, et .arrêtera bientôt cette évolution. Les bourgs des plateaux recouvrent leur animation d'autrefois, et, dans les villes mêmes, les quartiers de moyenne altitude s'égaient.

Sous le régime exclusif des chemins de fer, 1'hôtel du Cheval Blanc tombait en ruines; seul prospérait l'hôtel de la Gare. Au­jourd'hui, l'hôtel du Cheval Blanc, repeint à neuf, dédaigne la dé­mocratique fortune de son concurrent.

Le réveil des vieilles routes restitue 'à nos villes ou bourga­des leur 'physionomie historique et nous rend à nous-rrn.êmes le sens exact du passé.

Les chemins de fer n'avaient pas seulement détourné l'activi­té des agglomérations, ils avaient faussé leur aspect et changé

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l'axe de leur vie intim~. Le voyage, par l'avenue de la Gare, abor­dait la ville de travers, sans qu'il pût deviner. autrement qu'à force d'observation,' comment cette ville était née, pourquoi sa c: place » et ses monuments se trouvaient à tel endroit et non ailleurs. Les pensées, les soucis, les rêves mêmes de la ville se détachaient de son vieux site et de ses rapports naturels pour s'orienter vers la .gare. A l'écart de cette plate bâtisse par où af­fluait la vie, les grands témoins du passé, l'église, l'hôtel de ville, le ·château, l'abbaye, le champ de foire semblaient les vestiges d'âges barbares. iLes chemins de fer ont plus contribué que n'im­porte quoi, avec leurs gares excentriques et leur mouvement ar­tificiel, à briser le rythme de nos provinces, à troubler l'imagina-tion du peuple et à favoriser son exode. .

La renaissance de la route, au contraire, remet la ville en son assiette. La vie revient, par les ;artères naturelles, de tous les côtés à la fois. L'agglomération reprend sa fonction de « centre» d'un pays et de carrefour; elle n'est plus ce poids .mort accroché à un fil de fer ...

Surprise par le retour imprévu de sa jeunesse, la ville ne s'y prête pas tout de suite. On la sent gênée, incert~ine, encore som­meillante et presque grincheuse. Elle hésite à rouvrir son cœur. Mais, d'ici à quelques années, nous la verrons se faire plus ave­nante. Elle soignera son accueil. Elle enlbellira ses entrées.

Nos anciennes routes pénétraient autrefois dans les villes par des portes ornées et fortifiées. Près de ces portes, au dedans et au dehors foisonnaient les auberges, les boutiques et les passe­temps pour le voyageur. Les chemins de fer .venus et les routes abandonnées, tout cela tomba en ruines, disparut. On démolit les portes. Chaque commune dépensa ses économies à construire « l'avenue de la Gare». Les entrées de nos 'plus coquettes bourga­des prirent cet aspect sordide dont les barrières de Paris offrent le repoussant modèle ...

Les agréments renaîtront. On aménagera des entrées gran­dioses, vaniteuses ou charnlantes. Et les architectes qui bâtiront des portes adaptées à la vie moderne des routes, nous feront ou­'blier la hideur des gares.

Peut-être alors aÏ'm·erons-nous notre maison ou notre village pour ses harmonies intimes, et non plus, comme disent les agen­ces de location, pour « la proximité du train». Lucien Romier.

(Explication de notre temps, Paris, 1925, Grasset, éditeur.)

En Suisse, la route du Simplon fut construite par Napoléon en 1806; celles 'du Bernardin et du Splügen de 1818 à 1823; celle du Julier en 1826; celle de la Maloja en 1828; celle du Gothard en 1830; celle de la Furka en 1866; celle du :Grand St-Bernard en 1905, celle du Grimsel en 1895, celle du Klausen en 1898, celle

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de l'Umbrail en 1900; c'est la plus élevée puisqu'elle. atteint 2505 m. (Grand St-Bernard 2472). En Valais, des routes de montagne ont été créées dans toutes les régions durant ces dernières an­nées; en faire nommer; montrer les avantages qu'il en est résulté pour le village ou la commune.

HISTC>IRE

Les premiers \7o~ages autour du .monde

Les grands voyages nlaritÏlnes ont été longtenlps Ïlnpossi­bles en raison de la difficulté éprouvée par les marins pour se diriger (absence de points de repère). On s'orientait d'après la position du soleil, ou, la nuit, de l'étoile polaire; on s'éloignait peu des côtes, ou on naviguait d'île en île (par exemple dans la Méditerranée) .

La boussole. _. Une invention va changer tout cela. Depuis longtemps, les Chinois connaissaient la propriété qu'a l'aiguille aÏlnantée de se diriger toujours vers le nord. Au COlnlnencement du XIVrne siècle, on a l'idée d'enfenner cette aiguille, après l'avoir placée sur un pivot, dans une boîte au couvercle de verre: la boussole est inventée. Dès lors, les homlnes pourront entrepl~en­dre de gr ands voyages puisque, la nuit comme le jour, ils sau: ront la direction à suivre pour atteindre le port choisi.

La découverte de [' Amél'ique. - Christophe Colomb, un Gé­nois, fut un des premiers grands navigateurs. Il était convaincu que la terre était ronde, et qu'en partant, en bateau, vers l'ouest, on devait atteindre les Indes, pays des épices et de grandes ri­chesses. Il réussit à convaincre la reine d'Espagne, qui lui con­fia trois vaisseaux et une centaine de marins. L'embarquement a lieu en août 1492. Bientôt les nlarins ne voient plus la côte et la peur s'enlpare d'eux. A grand'peine leur chef peut leur faire continuer leur voyage. Enfin des signes divers (branchages, bandes d'oiseaux) semblent annoncer le voisinage de la terre. Trente-trois jours après son départ, Colonlb aborde dans pne île habitée par des hommes minces, grands; aux cheveux noirs, au teint cuivré: il les appelle Indiens , croyant avoir atteint les Indes. En réalité, il a découvert un continent inconnu: l'Alné­rique.

Vasco de Gama,. 11lagellall. - Les grands voyages se multi­plient. Colomb avait ouvert, en cherchant les Indes à l'ouest, une grande voie maritime. Vasco de Gaana en trace une nouvelle, en descendant vers .le sud, en doublant le cap de Bonne-Espérance

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et en atteignant les IJ?des par l'est (1498). Une vingtaine d'années plus tard des hommes font, pour la première fois, le tour du monde. C'est l'expérience de Magellan, qui traverse l'Atlantique, longe les côtes de l'Amérique du 'Sud, passe dans l'océan Paci­fique et rentre en Espagne 'par l'Inde et le cap de Bonne-Espé­rance. Le voyage dure trois ans: sur cinq bateaux de 230 hom­mes d'équipage partis pour l'aventure, un seul vaisseau, monté par dix-huit marins, peut regagner le port de départ. 'Magellan lui-même ne revoit plus l'Espagne: il périt dans un combat con­tre des indigènes. Son expédition a un immense retentissement, elle montre que la terre est ronde.

Les grandes découvertes mettront de nouvelles richesses à la disposition des hommes. Elles augmenteront beaucoup leurs connaissances. Tout cela aura des conséquences énormes.

BIBLIOGRAPHIE

JO ET PAT, deux enfants heureux 1)

Il est beaucoup :plus dif.fi.cille qu 'on l'üna,gine d 'écrire des livre-s 'pOUl' la Jeunesse. Les auteü'l's de « Jo et Pat », Mmes Pellaux-<Cousin et Wase·m ·ont ·co;Ha:bor.é de façon heureuse et ont trouvé la ·bonne .:for­mule ·pour ér.rire une histoire attachante, simp.le et intéressante 'pour les jeunE·s. Bien des Jecteur.s retrouveront dans .ces .pages vivantes et 'Pittoresques, des souvenirs de leur enfance. Ils ,pourront mettr~ des nO'lTI/3 qui ,leur sont ·chers ·à tel village et aux ,personnages qui ne sont point des fanto'ches n'lais des ·caractères bien E-'lürdiés du 'point de vue psy·chologique et de chez nous. Les auteurs ;:"t.uent s.imp.lE'­ment ù'histoire: C'est un village heur.eux, vivant quiètement g')l1 bon­heur à l'ombre de ses pom·miers. Il y a la maison de Jo et Pat, et celle des tantes; et le co.llège, vieux de c'ent ans, avnc ses escaili;:'rs en bancs ·de pierre, et la cure a:ux volets "Yerts et blancs ; ·;es bois de Ball ­m·ette, et le'8 cham1ps d'é'Pilobes roseR Voiriles princ~pnux .personna­ges: Pat, un garçon de onze ans, Jo, une fi.lIette j",. huit ans ~t la toute petite sœütr .. Et le livre tient s·es promes'ses. On ~l!Lit ces ('nfalit;

en 'clas'se, -à la rpetite guerre, .éLans .la maison de granrl 'ma'man, i ln,

fête .de l'AJbbaya, en ,co'UTse, même lorsqu 'ils sont sUl1pris pa.r le garde-·champêtre. Jo et Pat, d·eux enfants h€'ureux, est IJll livre agréa.· ble, diveTtissant, dont la 'lecture pro·cure u.n plaisir 1'0pOsant. IJ. peut être lu ·aux a,dultes, ils en apprécieront l'es·prit -délh~~ttcment nuancé.

1) M. P ,elLlaux-Cousin et J. Wiase·m - JO ET PAT, deux en fants heureux. Un vo,lume in-l'6 F·r. 3 . .50. Labrairie Payot, Lausanrne.

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RUTH LA M;OABITE

poème biblique en cinq tableaux par le Chanoine M. Michelet.

Oeuvre St-Ali'gustin, St-tMaurice (Suisse). Prix 2 rfr.

La Bible e,st d'une richE'sse de beruuté inco.ffilparable.

D'une S'cène pal'ticulièrement émouvante, l'auteur tire un dTame liturgique analogue aux ' mystères du moy.eln-âge. On songe surtout aux plus anciens, ,comme cet admirable jeu d'Adam et Eve, si ,pro­fondément humain daM sa s i·mplid té. C'est pOl.1f 'cela qu'il em,ploie Iles paroles mê·mes de l'Ecriture Sainte, ajo~tant ,à peine une intrigue. plus profane, qui d'ailleurs ne distrait guère de la 'méditation.

La l'eprésentation (qui n'est ,pas de rigueur 1) demanderait une scène médiévale, où la terre se voit en son vrai lieu, entre le ciel et l'enfer. Une musique re'ligieuse lpourr,ait remplir le'8 entr'actesl

Mais la seUile Ilecture procUTe une émotion aussi rare, d'une har­monieuse pureté.

Sur la couverture, œuvre de lM. ,Ile Chanoine Voirol, la IMoabite vient à nous avec. sa moisson de bJé. Son visage d'espérance et d·e paix nous fait entrevoir celui de ,Marie, qui nous apportera l'e vrai Pain VE'nu du deI. -

Les lecteurs qui ont aimé l'atmosphère humble et reposée des « Béatitudes}) et du ({ VD,lage endormi» trOli'\eront id le même ·char-me bienfaisant. S. D.

Lee livres nous charme·nt jusqu'à la mœelle, nous parlent, nous donnent des ,conseils, et sont unis à nous par une s-orte de f.amiliarité vivantE" et harmonieuse. Pétra~que.

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