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Résonances, mensuel de l'Ecole valaisanne, janvier 1991

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Notre dossier : Les sites naturels du Valais

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- 2 -Le Valais des sciences naturelles par G. Fournier

- 3 -Vivre avec la nature par J .·CI. Praz

s

Les milieux naturels protégés du Valais par C. Werlen

RÉSONANCES . JANVIER 1991

o M M A l R E

CE MOIS - CI

T

Sites protégés en Valais Il L'historien, la nature et les hommes Le musée cantonal d'histoire naturelle par P. Dubllis 31 par J .·CI. Praz 13 L'église et la sallvegarde de la création La Fondation Jean·Marcel Aubeli par J. Favre 33 par M. F. Vouilloz 15 Plantes compagnes de notre société et Flore·Alpe ou la passion ethuobotaniQue valaisanne par D. Rognet 34 d'Edigio Anchisi par M.·F. Vouilloz 18 Agriculture et valeurs naturelles Le Jardin Alpin La Linnaea par C. Werlen 37 par G. de Haller 21 Une classe dans un milieu naturel Fondation Institut Kurt Bosch: valaisan par M. Audrey 39 la collection variétale par M.·F. VOllilloz 24 A la découverte du Valais par E. Peter 42 Projet d'éco·musée par J. Ritz 27 Projet.'l et perspectives par J. ·CI. Praz 43 Au Grand·St·Bernard: Bibliographie par C. Wellen 45 le musée et son regard sllr la nature La maison de la nature de Montolge par l. Raboud 29 par M.·F. Vouilloz 47

E D l T o R l A L PAR GI LBERT FOURNIER

«Le Valais des sciences naturelles» LŒ Mture, c'est IŒ vie hors de nous, le monde agissant par lui-même, C'est très exactement tout ce que l'activité la plus intelligente, l'organisation la plus efficace ne penvent produil'e, tout ce dont il faut attendre patiemment la croissance, tout ce qu'on ne pent que ménager, respecte/', j 'éSeTUe'/', (*)

Le Département de l'instruction publique mani feste, à juste titre, un grand intérêt pour un itinéraire valaisan des sites aménagés ou paysages remarquables dans divers domaines des sciences naturelles et de la protection de la nature, Notre canton mérite en effet une nouvelle mise en valeur de ses richesses naturelles ainsi que de nombreuses réalisations, anciennes ou ré­centes, visant cet objectif.

Des publics divers (écoliers, étudiants, touris· tes, spécialistes de diverses sciences) parcou· rent ou visitent chaque année ces lieux essen· tiels à la «cul ture de nos environnements», de plaine ou de montagne.

Le développement de nos relations avec les Hautes Ecoles nous a fait redécouvrir des va· leurs et sites de notre patrimoine qui émerveil· le, intrigue et passionne des chercheurs de nombreuses disciplines, Leurs observations, la curiosité des visiteurs méritaient bien qu'une facette nouvelle de l'image du « Valais des sciences naturelles» soit mise en lu· mière,

D'où l'idée de rassembler, en une publication, les repères nécessaires, et de proposer un cheminement original, du Léman à Gletsch,

Ce tableau, avec ses ombres et lumières, éveillera certaine· ment l'intérêt des autorités et promoteurs sensibles à la nécessité de renforcer la mise en valeur des richesses de nos sites, naturels ou aménagés,

Le présent parcours vise à offrir au grand public une nou· velle carte du Valais, apte à nous relier d'une manière positive à notre environnement.

Les auteurs de cet ouvrage présentent nos musées, nos jardins botaniques, nos sites protégés et des propositions originales capables de redéfinir les relations «homme -nature - culture»,

Ils «font le point» SUI' les activités déployées en Valais dans le domaine des sciences naturelles, sur l'importance des sites protégés et sur les projets actuellement à l'étude, A notre connaissance, un tel «état de la questio!1» n'a pas

été proposé à ce jour.

Plusieurs événements ou projets esquissés en 1989 et 1990 nous incitent à rassembler et résumer les informations disponibles sur les si· tes évoqués: renouveau de la Linnaea à Bourg· St· Pierre, projet de mise en valeur du parc du Château Mercier à Sierre, projet de constitution d'une collection variétale à l'Institut universi· taire Klilt Bosch à Sion, restl'llcturation du jar· din botanique « Flore·Alpe» à Champex, étude globale du site protégé de Montorge à Sion, etc.

La mise en valeur de ces lieux exige des études scientifiques, des dispositions légales et suggère de nouvel· les démarches éducatives.

Cette plaquette permet d'apprécier l'engagement et le tra· vail des fondations, ligues, universités, associations, commu· nes, sociétés scientifiques, et du canton du Valais, En effet, la création, le maintien, l'entretien, la sauvegarde ou l'exploitation de ces lieux ne va pas de soi.

Si la présente publication parvenait à leur donner un «se· cond souffle» - à les justifier si besoin était - elle aurait atteint son objectif,

Tel est notre souhait!

Gilbert Fournier Délégué aux questions universitaires· DIP

Sion

' lIAINARD, R, .Le miracle d'ê~'e, Sang de la terre" 1986,

R~.soNANCES - JANVIER 1991

Vivre avec la nature Personne n'aurait jamais pu prévoir le regard curieux qu'une sittelle vient de me jeter pa?' la fenêtre ouverte de mon bureau, Cette indétermination pa?'tieUe des événements est le terrain de jeu de la nature, C'est là qu'elle est en mesure de créer de l'inédit, C'est dans cet habitat naturel qu'on rencontre la liberté,

H. Reeves

Réapprendre à vivre avec la nature, à intégrer les activités humaines dans un ensemble de relations qui la respecte, associer le cycle des matériaux utilisés pal' nos sociétés technologiques à la vaste circulation des éléments sur notre planète et dans sa biosphère, porter le souci de l'eau, de l'ail', du sol et de la diversité biologique, voilà ce qui nous prépare un avenir rassuraut. Cela se traduit dans le choix des activités de loisirs, dans l'attention portée à la santé, à l'habi tat, à la nature, On consacre aussi du temps à décou· vrir la nature,

Dans nos régions alpines, et en particulier en Valais, les paysages sont remarquables, la vie sauvage très présente. Chaque région de notre canton abri te des éléments naturels irremplaçables, qui sont aussi les supports de son identité, La cul ture locale est imprégnée d'une relation avec la natu· re, Encore faut· i1 introduire cette dimension dans les actes quotidiens, en abandonnant le souvenir de la dépendance d'autrefois et le besoin de la domination d'aujourd'hui. Et apprendre à utiliser judicieusement les technologies actuel· les qui ont supprimé les anciennes contraintes qui étaient aussi des gardes· fous.

Les lois sur la protection de la nature

Aujourd'hui la conservation de la diversité biologique et des paysages caractéristiques impose des attitudes qui ont été précisées, définies au gré de l'extension des emprises sur les sites de valeur. Une législation a été élaborée qui règle les tâches de la protection nature, dont les points princi· paux sont cités dans le tableau page 5,

Les mesures de protection se sont souvent concrétisées par des contrats ou des arrêtés de protection: chacun connaît les s,ites protégés du Haut· Val de Bagnes, de Derborence ou d Aletsch qui sont grandioses, La nature ne peut pour· tant pas n'être qu 'enfermée dans des réserves, Elle a sa place partout autour des hommes, à l'intérieur des locali tés, dans les zones industrielles et agricoles, Il n'y a pas de

restriction à la protection de la diversité des espèces et à la richesse biologique, La fleur sauvage, la libellule et la mésange sont aussi importantes sur la promenade à proxi· mité du village qu'à Gletsch ou à Finges, La poule d'eau peut nicher aussi bien le long d'un canal en ville que dans la réserve de Pouta·Fontana à GrÔne. Encore faut· il leur laisser un peu de place et ne pas intervenir pendant le temps de fructification ou de nidification. On sait que 5 % de surface avec de la végétation naturelle suffisent à faire vivre une riche population d'insectes et d'oiseaux en zones agricoles; on sait que pour produire des fleurs puis des graines, pour assurer le gîte au lièvre et le repas au bruant, la végétation ne doit pas être fauchée trop souvent, une ou deux fois au maximum par année pour les herbes, tous les deux ans pour les roseaux, tous les 5 à 10 ans pour les arbustes, bosquets, rideaux brise·vent et végétation riverai· ne non forestière,

Respecter la nature, c'est tenir compte, lors d'aménage· ments et d'entretiens, des exigences de la faune et de la flore, On ne donne pas la même physionomie aux canaux, si l'on sait que le castor, le canard, la poule d'eau et la rousserolle y trouvent leur gîte; on ne pratique pas l'élevage du mouton de la même manière si des lynx habitent la

région ; peut-on imaginer qu'un jour l'ours hantera à nou­veau nos montagnes? Cette perspective suppose que nous lui aurons laissé des biotopes suffisants, de vastes régions sans route et sans dérangement.

Ainsi le chemin est- il long de l'esprit de la loi jusqu'à une protection efficace de la nature. Finalement, tout représen­tant de la diversité biologique, tant végétal qu'animal est un trésor de notre environnement que ces lois visent à main­tenir.

Initiation à la nature et recherche scientifique Pour avancer sur ce chemin, éveiller dans un public plus large l'attention envers la nature, pour acquérir plus de connaissances, la création de centres d'activités en Sciences naturelles est une nécessité pour le Valais. Nous désignons ces centres par l'appellation «Maisons de la nature ».

Les objectifs des «Maisons de la nature» Les «Maisons de la nature » permettront, dans différents lieux du Valais, de présenter, d'expliquer et d'étudier la nature, de guider ou d'animer des stages ou des excursions_ Les besoins existent, la demande actuelle dépasse de loin la disponibilité des rares personnes compétentes.

Le visiteur y apprendra à connaître une région, l'histoire de son occupation humaine, les valeurs naturelles qui s'y trou­vent, les recherches qui la concernent. Il pourra partager avec les spécialistes et les responsables les préoccupations passées, actuelles et futures de la région.

Chaque «Maison de la nature)>: - présente, sous forme d'expositions permanentes ou tem­

poraires, des informations générales sur le site, ses curio­sités, les manifestions qui s'y dérou lent, les excursions et visites intéressantes;

- propose des animations, des stages et d'autres possibili­tés de formation;

- coordonne les recherches scientifiques menées dans la région, leurs buts, les méthodes utilisées et les résultats obtenus, devenant un relai entre la population locale et les instituts et universités.

Dans chaque région de notre canton, une « Maison de la nature» pourrait proposer cet ensemble d'activités, en ac­cord avec les particularités locales et en complément à ce qui se fait dans le canton. Le but final est de construire des liens entre les hommes et leur environnement, d'instituer un partage, par la population locale et les visiteurs, d'un inté-

Les «Maisons de la nature» permettront au Valais de tirer parti de ses ressources naturelles attractives, d'élargir son offre et d'accuei ll ir les visiteurs même pendant les saisons défavorables et les hivers sans neige. Ce ne sont pas des projets utopiques: de tels «Centres» existent dans de nom­breuses régions d'Europe, et ils connaissent un grand suc­cès!

Certaines infrastructures existent déjà, de l'état embryon­naire à un niveau rodé de fonctionnement. Ici et là, des expositions temporaires témoignent de la volonté d'aborder ces thèmes. Ailleurs, seule la possibilité de faire quelques chose est imaginée_ Convaincre à ces tâches les autorités et l'économie locale est important: il s'agit de construire une nouvelle formule touristique, complémentaire aux impor­tants investissements consentis depuis bientôt quarante ans.

Nous vivons au seuil de _l'an 2000, la prise de conscience de la dimension limitée de la planète. L'inquiétude cosmi­que ainsi suscitée inaugure souhaitons- le, - c'est indispensa­ble - une ère où le respect de la nature trouvera naturelle­ment place dans l'esprit de l'homme. Pour prolonger cette réflexion, il est bon de lire et relire les auteurs suivants: R. Hainard, (Le miracle d'être, ... ) H. Reeves (L'heure de s'eni­vrer, Malicorne, .. . ), A. Jaccard.

Jean-Claude Praz Conservateur au ml/.sée d'histoire naturelle

Sion

rêt pour la connaissance et la compréhension de la région Malicorne. Réflexions d'un observateur de la lIature que l'on habite ou que l'on visite. Seuil 1990

Ri:SONANCIiS - JANVIER 1991

Les bases légales Les objectifs de la législation sont de: _ ménag({1' l'a.spect camctéristique des paysages

ainsi que les euriosités naturelles. Loi fédérale sur la protection de la nature et du paysage du 1" juillet 1966 (aIt. 1 et 18 pp);

_ p1'Otégel' la /lare et la faune indigènes ainsi que le'lil' espace vital naturel, .. . tout particntièl'tlntnt les li­ves, les roselières et les marais, les associations fo­restières raI'es, les haies, les bosquel.s, les pelollSes sèches et autres milie'l1X qui jOl/ent un rôle dans l'équilibre naturel ou présentent des conditions par­ticnlièrement favombtes pour les biocénoses;

- protéger tes bases natUl'eltes de . ta vie, tettes que le sol, l'ail', l'eau, la forêt et le paysage ("J . Loi fédéra­le sur l'aménagement du territoire du 22 juin 1979 (art. la);

- conserver la diversité des espèces, celle des biotopes des lIlammiferes et des oiseailX indigènes et migra­teul'!> vivant à l'état sauvage; préserver les espèces anilllaies 1Il.enacées. Loi fédérale sur la chasse et la protection des mammifères et des oiseaux sauvages du 20 juin 1986 (art. la, b).

La plupalt des tâches incombent au canton, qui:

- veille à la pmtection et à l'entretien des biotopes d'importance régionale et locale, (art. 18, LPNP) , règle ta protection et l'entretien des biotopes d'im­portance nationale (art. 18a, id.,);

- approuve les ptans d'affectation et leurs adapta­tions, déliInitant des zones à protéger qui compren­ntnt:

les COUI'S d'eau, les lacs et leil1'S lives; les paysages d'une beauté particnlière, d'un gmnd intérêt pour les sciences 011 d'une grande valeul' en tant qu'été­ment du patrimoine cnlturel; tes localités typiqu.es, les lieux hist01iques, les monUllltnl.s natul'ets ou cntturets; les biotopes des animailX et des ptantes dignes d'être protégés (LAT, 26, 17);

- assure une protection suffisante des mU'/nIniferes et des oiseai~'/: sauvages contI'e tes démnge'lntnts; règle en paI'ticnlier la protection des jeunes animau,'/: et de leur mère en péliade de chasse, ainsi que celle des oiseaux adultes pe'lldant la couvaison (LChP art. 3);

- veille à ce que les lIlesures apPl'opl'iées soient prises pOUl' te maintien et la C'l'éation des boisemenl.s

riverains et brise-vent (Loi forestière cantonale du 1" février 1985, art. 43) ;

Ces deux tâches fixées dans la Loi forestière cantonale incombent aux communes et bourgeoisies qui:

déterminent... les mesures propres à protéger et à aménager les biotopes particuliers en forêt (art_ 40); sont tenues de maintenir, dans la mesure du possible, un rideau boisé ou une plantation d'arbres SUI' les rives (art. 43).

'(Nom ,,'abordons pas du tout ici les problèmes de la protection de l'environnement qui s'occupe de ce qui est directement lié a"" activités et au", besoins de l'/w",,,,e, le so~ l'eau, l'ail', le bruit, les snbstances nocives on loa:iques. Cela fait l'objet d'nne législa­tion propre et a été abordi par Résonances en 1988. La natnre est ce qui existe de façon indépendante de l'/w,,,me, modifié ou non par lui.)

Les milieux naturels protégés du Valais

Qu'est-ce qu'un site protégé?

Le Valais est un pays privilégié pour la diversité de ses paysages et de ses milieux naturels. La richesse et la particularité de sa flore et de sa faune ont été signalées de tout temps par de nombreux scientifiques. Cet intérêt augmente avec la régression de plu· sieurs espèces dans les régions forte· ment exploitées. Par exemple, une liste rouge de 714 espèces de plantes rares a été publiée; de ce nombre, 321 exis· tent en Valais dont 55 absentes du res· te de la Suisse. Le Valais a donc la responsabilité de conserver cet impor· tant patrimoine national. Cet objectif peut être atteint par la délimitation de zones protégées.

En Valais, de nombreux sites sont ac· tuellement protégés; les plus impor· tants sont indiqués sur la carte présen· tée à la page 11. La surface ainsi mise sous protection représente environ le 25 % de l'aire totale du canton.

Les objectifs de mise sous protection varient beaucoup d'une région à l'au· tre. La zone de Tanay, la vallée de Binn, le vallon de Réchy, la vallée du Trient, le fonds de la vallée de Ba· gnes, etc. ont été protégés dans le but d'empêcher la construction d'installa· tions de remontées mécaniques qui abî· ment le paysage, et de permettre le développement d'un tourisme populai· .

re, le tourisme pédestre dans des sites pratiquement vierges. Pour d'autres endroits, l'objectif de protection est de conserver intacte une flore riche et spécifique comme par exemple aux Follatères, une partie du site de Zero matt, etc.

Comment protéger un site?

Un site peut être mis sous protection soit:

- sur le plan communal, par inscrip· tion dans le plan d'affectation et dans le règlement communal des constructions (zones protection de la nature et du paysage);

- sur le plan cantonal, par un arrêté ou par l'approbation d'un contrat de protection passé entre une commune et une association privée de protec· tion de la nature;

- sur le plan fédéral, par son inscrip· tion à l'inventaire fédéral des paysa· ges, sites et monuments naturels d'importance nationale comme objet IFP ou dans l'inventaire provisoire comme objet CPN (commission pour l'inventaire des paysages et des si· tes naturels d'importance nationa· le). La protection des objets IFP et CPN est valable pour toutes les tâ· ches de la Confédération, c'est·à· dire pour toutes les instances natio· nales ou cantonales appliquant le droit fédéral.

Les sites naturels inscrits à l'inventaire fédéral des paysages, sites

et monuments naturels d'importance nationale

(objet IFP)

Aletsch-Bitschhorn, 25 communes (3)

Objet IFP n' 1706, légalisé en 1983 et arrêté cantonal du 05.05.1933 concer· nant la protection de la forêt d'Alestch (commune de Ried· Morel) .

Le site d'Aletsch est sans doute l'un des plus beau des Alpes. C'est un pay· sage grandiose formé d'un glacier long de 24 km (le plus grand des Alpes!), d'un massif alpin imposant avec la Jungfrau, le Monch, l'Aletschhorn, etc. et, sur le flanc est, la forêt d'arolles. Ce massif boisé est une réserve abso· lue. Les scientifiques y font régulière· ment des mesures pour connaître le dynamisme de la forêt subalpine et l'évolution de la végétation sur les ter· ra ins libérés progressivement par la glace. Aletsch est un paradis didacti­que : le centre de la LSPN, la Villa Cassel, présente une exposition sur la nature de la région. L'excursion vers le glacier permet d'expliquer l'histoire du glacier, la vie de la forêt d'arolles, etc.

Vallée de Binn (2)

Objet IFP n" 1701 , légalisé en 1977

La vallée de Binn est connue avant tout pour ses cristaux et la présence de

lusieurs plantes rares dont le voilier ~u Valais, crucifère fragile à la corolle violette poussant dans les éboulis cal· caires. La protection de cette vallée a pour objectif le maintien d'un paysage naturel favorisé par une exploitation traditionnelle des terres et par le déve· loppement d'un tourisme doux.

L'association «Pro Binntal» qui gère l'hôtel Ofenhorn cherche à développer des activi tés touristiques liées à la na· ture, au paysage et aux valeurs tradi· tionnelles.

Dent Blanche, Cervin et Mont-Rose (15)

Objet IFP n' 1707, légalisé en 1983.

Le Cervin, dent énorme dominant Zero matt est, à l'étranger, le symbole du Valais et de la Suisse. La protection de ce site ne vise pas seulement la conservation d'un paysage célèbre mais également la protection d'une f10· re alpine riche et colorée. Le climat particulier de Zermatt favorise l'instal· lation d'espèces végétales rares telles le tabouret des alpes, le senecon de Haller, belle marguerite jaune aux feuill es cendrées, l'androsace de Dou· glas aux fleurs jaunes, le génépi des neiges, etc.

Haut Val de Bagnes (16)

Objet IFP n' 1703, légalisé en 1977.

La protection du haut Val de Bagnes cherche à maintenir l'état actuel de ' l'exploitation traditionnelle en interdi· sant avant tout le développement d'un tourisme industriel.

Des panneaux placés dans plusieurs endroits du site donnent aux prome· neurs des explications sur les valeurs naturelles du lieu. Cette région est sur· tout connue pour sa faune. C'est de la Cabane Mont·Fort que part le «sentier des chamois». Cet itinéraire traverse l'habitat naturel de nombreux chamois, bouquetins et marmottes. Ces animaux, h.abitués au passage régulier des tou· nstes, sont faciles à observer.

La granM d~uve, "ne plante rare que /'011

peut voir au marais d'Ardon

Valère et Tourbillon (22)

Objet IFP n" 1705, légalisé en 1977.

Les deux collines coiffées chacune d'un château constituent un paysage typique de la région sédunoise. Ce paysage, fa· çonné par l'histoire, se compose de fo· rêts sur les pentes Nord, de vignes et de prairies sèches sur les flancs expo­sés au soleil. L'aridité du Valais cen· tral s'exprime ici par la présence de nombreuses plantes typiques des step· pes telles que l'uvette qui ressemble à une prêle et qui, en été, se couvre de fruits oranges, la gagée des rochers, petite liliacée à corolle jaune s'épa· nouissant en mars, la pulsatille des montagnes aux pétales poilus violet foncé.

Blocs erratiques de Monthey et de Collombey (32)

Objet IFP n' 1709, légalisé en 1983.

C'est un jeune valaisan, Jean·Pierre Perraudin de Lourtier, qui expliqua le premier que les blocs granitiques loca· Iisés dans les zones calcaires avaient été transportés par les glaciers. C'est ce qui s'est passé pour la pierre des

Marmottes, la pierre à Dzo et la pierre des Muguets, les blocs les plus impor· tants de cette région.

Ce granit a été exploité durant plu· sieurs années pour la constmction. La mise sous protection de cette région doit permettre la conservation à long terme des blocs restants.

Une visite de ce site donnera l'occasion à l'enseignant d'illustrer un cours sur le mouvement des glaciers et fera dé· couvrir aux enfants la forêt de charmes où poussent, par endroit, la fougère langue de cerf.

Lac Tanay, Vouvry (33)

Objet IFP n' 1702, légalisé en 1977.

Le site de Tanay a été mis sous protec· tion au niveau communal en 1966 déjà et cela, afin d'empêcher l'installation de remontées mécaniques et de pro· mouvoir le tourisme estival. Le lac en· touré de montagnes est un paysage fa· bul eux pour le repo s et la promenade.

Le cachet du site a été conservé grâce à la mise sous terre des lignes télépho· niques et électriques. L'accès en voitu· re est interdit. Il faut laisser sa voiture au Fion et monter à pied. Tanay est un lieu idéal pour y organiser une course d'école.

Les sites naturels inscrits à l'inventaire provisoire

des objets naturels d'importance nationale

(objet CPN)

Le glacier du Rhône, Oberwald (1)

Objet CPN n' 3.44, inventaire provisoi· re de 1967.

Le site de Gletsch est un site naturel d'importance in ternationale. Les mou· vements du glacier du Rhône sont sui· vis depuis 1616 et fournissent ainsi des données importantes sur les flue· tuations du climat local. Le suivi de la recolonisation végétale de la plaine glaciaire après le retrait des glaciers,

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la présence de tourbières et de zones marécageuses donnent à cette région une très grande richesse naturelle et une grande valeur scientifique.

Un sentier nature créé en 1986 donne aux visiteurs de nombreuses explica· tions sur le mouvement du glacier, la géologie, la flore et l'histoire de la ré· gion.

Laggintal, Zwischenbergental, communes de Simplon et de Zwischbergen (7)

Objet CPN n' 3.76, inventaire provisoi· re de 1979.

Cet objet comprend tout le territoire valaisan situé au sud du Simplon. Cet· te région soumise au climat humide du Nord de l'Italie abrite une flore et une faune souvent absentes du reste du Va· lais. C'est là par exemple que vole un papillon très rare, le moiré du Sim· plon, protégé par un arrêté cantonal du 3 juillet 1985, ou que poussent la tulipe australe et la campanule incisée. Proche de Gondo, le promeneur pourra découvrir les vestiges d'anciennes mi· nes d'or!

Forêt de Finges, Illhorn (12)

Objet CPN n' 3.73, inventaire provisoi· re de 1967.

Chaque valaisan se sent attiré par Fin· ges, que ce soit par son histoire, sa forêt, son Rhône sauvage, ou par les pentes instables de l'III graben, etc.

Pour l'historien, Finges évoque une épopée importante de notre histoire: l'insurrection de 1799; le géologue imagine les éboulements énormes qui ont donné naissance à ces collines; le botaniste est en admiration devant la petite coronille à fleurs jaunes; l'ento· mologiste, assis au bord de l'étang, ob· serve les libellules tournant au·dessus de l'eau; le forestier est impressionné par cette vaste pinède de basse altitu· de, unique en Suisse; l'amoureux des espaces sauvages rêve devant le Rhône qui, encore par endroit, court libre· ment, façonnant à sa guise les !les et les berges; le promeneur écoute le

,La Flore,; P. Werner, Ed. Pillet, Martigny

chant de la cigale et remplit ses pou· mons d'air qui sent bon la résine chauffée par le soleil. Les personnes curieuses suivront le sentier nature où des panneaux leur expliqueront les merveilles de la nature et du paysage de ce site enchanteur.

Val de Réchy (14)

Objet CPN n' 3.77, inventaire provisoi· re de 1982.

Le Val de Réchy, pincé entre les vals d'Hérens et d'Anniviers a été oublié des hommes. La Rèche y a encore un aspect sauvage; elle saute de cascades en cascades, fait des méandres dans la plaine marécageuse de l'Ar du Tsan, arrose pâturages et forêts. Sur ses ri· ves encore vierges, les plantes et les animaux se développent en toute liber· té. Plusieurs espèces rares s'y sont maintenues.

La beauté de ce site attire beaucoup de promeneurs qui venant du Crêt du Midi, descendent la Rèche et rejoi· gnent Vercorin en suivant le bisse.

Les Follatères, Fully et Doréllaz (26)

Objet CPN n' 3.57, inventaire provisoi. re de 1967.

Les Follatères, paysage grandiose des. sinant le coude du Rhône, soumis aux influences du climat continental et du climat lémanique, est un véritable pa· radis de la nature où des espèces ani· males et végétales variées et peu corn· munes abondent. Ce site, l'un des plus riches de Suisse en espèces végétales, est visité par des scientifiques et par beaucoup d'universités. Le promeneur non spécialiste peut suivre de nom· breux sentiers qui lui feront découvrir le vignoble, la forêt de chênes où pous· sent le grémil rouge·bleu et l'acéras homme· pendu, la pinède abritant le cé· phalanthère rouge, la steppe rocheuse cachant la gagée des rochers, une forêt de houx sur Dorénaz et la prairie sèche avec ses nombreuses orchidées. Le li· vre «Les Follatères grandeur nature» permettra au visiteur de connaître les noms des plantes et des insectes les plus fréquents.

Gorges du Trient (27)

Objet CPN n' 3.59, inventaire provisoi· re de 1982.

Dans sa partie inférieure, le Trient for· me une gorge spectaculaire qui peut être visitée de Vernayaz. Le chemin suit des passerelles fixées dans le gra· nite. Les parois rocheuses verticales, noircies par l'humidité, se couvrent en avril de tâches rose dues à la floraison de la primevère hérissée.

Ces rochers escarpés sont des refuges pour les rapaces et pour de nombreux reptiles.

En amont de la gorge, dans les éboulis coulant des sommets se trouve une plante très rare, le galéopsis douteux, fleur de la famille des sauges à la co· rolle blanche et jaune.

Les sites naturels protégés selon un arrêté cantonal

Lac et colline de Montorge, Sion (23)

Arrêté cantonal de protection du 21 juin 1989.

Le lac de Montorge fait partie de l'ob· jet [FP n' 1704 légalisé en 1977.

Cette colline isolée à l'entrée ouest de Sion, recouverte de vignes, de prairies sèches, de forêts et d'un lac, est un élément paysager typique du Valais central.

Formé de milieux variés, soumis à un climat continental, ce lieu possède une faune et une flore très riches et parti· culières. Les prairies sèches hébergent plusieurs espèces végétales rares telles que l'uvette, le saxifrage bulbifère, l'armoise valaisanne, l'onosma, le cac· tus oponce, etc.

Le lac de Montorge héberge plusieurs batraciens, crapauds, grenouilles, tri· tons, ... et une flore aquatique précieu· se tels le nénuphar blanc, le plantain d'eau à feuilles étroites, le potamot à feuilles fines, etc.

La protection du site de Montorge vise à conserver les valeurs naturelles exis­tantes et à les utiliser à des fins didac· tiques. Dans ce cadre, la municipalité de Sion a ouvert dans l'ancienne gla· cière une maison de la nature dans la· quelle les élèves de la ville pourront voir des expositions sur les richesses de Montorge et y faire des expériences et observations.

Vallée de [a Borgne (20 et 21)

Arrêté cantonal de protection du 25 a· vril 1984.

Pour visiter la vallée de la Borgne, le plus simple est de suivre le sentier qui va sur le Château. Le sentier pénètre alors dans la pinède et descend en pente douce vers la Borine bordée de forêts d'aulnes. En face, sous le village de Suen, les moraines, recouveltes de prairies sèches, descendent jusqu'au torrent.

Vers la Dixence, le promeneur se trou· ve au pied des pyramides d'Euseigne classées comme site naturel d'impor· tance nationale (objet IFP n' 1708 lé· galisé en 1983).

La protection de cette vallée cherche à garder l'aspect naturel de ce site et à conserver un milieu naturel propice au développement des grands mammifè· res tels que le chevreuif ou le lynx et des rapaces diurnes, vautour, épervier, aigle royal, etc.

La forêt vierge et le lac de Derborence (25)

Arrêté cantonal de protection du 30 mars 1961.

C'est en 1714 qu'eut lieu le terrible éboulement de Derborence popularisé par le livre de C.·F. Ramuz puis par un film. Le lac né de cet éboulement, la forêt de sapins plusieurs fois centenai· re et les éboulis recouverts d'une pinè· de à bruyère constituent les éléments les plus importants de ce site protégé.

Depuis l'ouverture de la route de la vallée de la Lizerne achevée en 1966, de nombreux touristes viennent admi· rer le lac et la forêt de Derborence. La forêt vierge, formée de sapins attei· gnant 44 m de hauteur a été malheu· reusement endommagée par la tempê· te de février 1990. Le bois renversé a été laissé sur place!

.La Flore>; P. Werner, Ed. Pillet, Martigny

Site paléontologique du Vieux-Emosson, Finhaut (28)

Arrêté cantonal de protection du 9 no· vembre 1983.

En été 1976, M. Georges Brauner, géologue français, découvrait avec beaucoup d'émotion, dans des roches de 200 millions d'années des emprein· tes de reptiles dinosauriens et archo· sauriens.

Ce site comprend 200 empreintes envi· ron et il est considéré comme le gise· ment le plus intéressant d'Europe.

Le reptile qui a «passé» à Finhaut me· surait de quatre à six mètres et pesait 600 kg environ.

Pouta-Fontana, Grône (19)

Arrêté cantonal de protection du 9 juin 1959.

Pouta·Fontana, c'est une grande surfa· ce d'eau et de roseaux qui permet aux oiseaux de passage d'y séjourner; 160 espèces y ont été décrites jusqu'à ce jour dont le héron cendré, le canard colvert, la foulque, le balbuzard, etc. Pouta· Fontana est un lieu privilégié pour le castor qui a été réintroduit en 1973. Un poste d'observation a été créé dernièrement. Il permet aux scientifiques, aux amateurs et aux éco· les de suivre la vie des castors, des

batraciens et des oiseaux. Un endroit idéal pour sensibiliser les élèves au mystère et à la vie d'un marais.

Marais d'Ardon (24)

Arrêté cantonal de protection du 4 juil­let 1990.

Dans la plaine du Rhône, à cheval sur les communes d'Ardon et de Chamo­son, s'étend, perdu au milieu des ver­gers, un marais. Les 10 hectares de roseaux et de plans d'eau oubliés de· puis la première correction du Rhône en 1870 constituent un véritable té· moin de la plaine marécageuse ancien­ne.

L'intérêt de ce site est dû à la succes· sion complète de dix associations vé­gétales, allant des zones inondées à une prairie sèche à brome. Quelque 200 espèces végétales s'y trouvent, dont quelques-unes considérées comme rares en Valais, comme par exemple la renoncule langue (grande douve) et la lysimaque ponctuée.

De nombreux batraciens vivent dans ce biotope, tels que la grenouille verte, la grenouille rousse, le crapaud commun et, espèce déjà beaucoup plus rare, le sonneur à ventre jaune.

Les objectifs de ce classement sont de conserver à long terme les biotopes naturels tels que plans d'eau, roseliè­res, prairies sèches, d'agrandir les sur­faces occupées par les plans d'eau et de créer un cheminement permettant d'informer et de sensibiliser les en­fants des écoles et les adultes sur les richesses de ce site.

Les sites naturels protégés par des contrats privés

Plusieurs conventions ont été passées entre des propriétaires (privés, bour­geoisies, communes, .. . ) et des associa­tions privées de protection de la natu­re (CAS, LVPN, La Murithienne, ... ) pour protéger un biotope ou une ré­gion.

Souvent les milieux concernés par ces conventions ont été, plus tard, proté­gés au niveau fédéral (objet IFP ou CPN) ou au niveau cantonal.

Ainsi des sites déjà décrits ont fait l'objet de conventions de protection tels que: Binntal, Tanay, Bagnes, etc.

Les rigoles de Vionnaz (34)

Ce site est protégé par des conventions liant d'une part Ciba Geigy SA et la commune de Vionnaz et d'autre part, la Ligue valaisanne de la protection de la nature et La Murithienne.

Les rigoles de Vionnaz hébergent la seule tourbière de basse altitude du Valais. Une tourbière est un marais bombé qui est né dans une ancienne dépression étanche et qui s'est peu à peu comblée de déchets organiques dans lesquels apparaît une mousse spécialisée de ce milieu humide et très acide, la sphaigne. Dans les tapis de mousse pousse la rossalis à feuilles rondes qui est une plante carnivore in­digène.

Les sites naturels à protéger

Il existe encore en Valais de nombreux biotopes qui sont menacés et dont la protection est urgente. Le Service des forêts et du paysage du canton va continuer son effort dans ce sens en collaboration avec les communes et la Ligue valaisanne pour la protection de la nature. La première priorité est de prendre les mesures nécessaires à la protection des tourbières, des marais et des aulnaies entrant dans l'inventai­re des biotopes humides d'importance nationale telles que les tourbières de l'Arpille (Martigny-Combe), la tourbiè­re de Plex à Collonges, le marais de Thrtig à Rarogne, le marais de Nenda à Savièse, les gravières de Verney à Martigny, etc.

En deuxième priorité, il faudra, en col­laboration avec le Service d'agriculture cantonal élaborer une politique de conserv~tion des valeurs naturelles liée à une agriculture traditionnelle.

Christian Werlen Sm'Vice des forêts et du paysage

Sion

RP.80NANCF.8 . JANVIER 1991

JO

Sites protégés en Valais

PROCHAIN NUMÉRO

V LE DÉPLACEMENT

DES SOURCES D'INFORMATION

CAS CPN

IFP

LPP

LVPN

EPFZ

.... ...... " \. .. ___ ,jf _ Arrêt~s Cantonaux

ITIII11 Obje t s IFP

§ Objets CPN

D Contr ats privés

Explication des abréviations

Club alpin suisse Inventaire provisoire des paysages, sites et monuments naturels

Inventaire fédéral des paysages, sites et monuments naturels Ligue pour la protection du patrimoine national

Ligue valaisanne pour la protection de la nature Ecole polytechnique fédérale, Zurich

SITES

1. Rhonegletscher 2. Binntal

3. Aletsch·Bitschhorn 4. Marjelensee 5. Aletschwald 6. Site chapelle de Bettmeralp 7. Laggintal Zwischbergental 8. Grundberg 9. Co lline de Rarogne

10. Raron·Heidnisch Biel I l. Bergji· Platten 12. Forêt de Finges IIIhorn

13. Colline de Géronde, Plantzette 14. Val de Réchy, Sasseneire

15. Dent Blanche, Matterhorn, Monte Rosa

16. Val de Bagnes

17. Colline de St·Christophe, La Sage

IR Forêt du Môtot 19. Pouta·Fontana 20. Vallée de la Borgne

21. Pyramides d'Euseigne 22. Valère et Tourbillon 23. Lac de Mont d'Orge

24. Marais d'Ardon 25. Derborence

26. Les Follatères

27. Gorges du Trient

28. Vieux·Emosson 29. Dents du Midi 30. Montagne d'H iver 31. Lac de Morgins 32. Blocs erratiques 33. Lac de Tanay, Le Grammont

34. Les Rigoles

COMMUNES

Oberwald Binn

25 communes Fieschertal Ried·Miirel Betten Simplon Zwischbergen Saas·Grund Raron Raron Ausserberg Erschmatt, Leuk Sierre, Salgesch, Agarn, Leuk, Chan· dolin, St· Luc, Chippis Siem Chalais, Grimentz, Grône, Nax, Si· Martin

Evolène, Zermatt Bagnes

Evolène Hérémence Grône Vex, Hérémence, Nax, Vernamiège, Mase, St·Mm'tin Hérémence Sion Sion

Ardon, Chamoson Ardon, Conthey, Vétroz

Dorénaz, Fully

Finhaut, Salvan, Martigny, Martigny·Combe, Trient, Vernayaz Finhaut Val d'II liez Monthey Troistorrents Monthey, Collombey Vouvry

Vionnaz

BASES LÉGALES

CPN, 1967, n' 3.44 IFP, 1977, n' 1701 Contrat LVPN, CAS, 1964 IFP, 1983, n' 1706 Arrêté cantonal du 23.2.1938 Arrêté cantonal du 5.5.1933 Arrêté cantonal du 17.6.1970 CPN, 1979, n' 3.76 Contrat LVPN, CAS, 1976 Arrêté cantonal du 18.10.1963 CPN, 1967, n" 3.54 b. CPN, 1982, n' 3.54 a.

CPN, 1967, n' 3.73 Arrêté cantonal du 7.4 .1959

CPN, 1982, n' 3.77

IFP, 1983, n' 1707 IFP, 1977, n' 1703 Contrat LVPN, CAS, 19G8

Contrat LVPN, 1973 Contrat LVPN, 1970 Arrêté cantonal du 9.6.1 959

Arrêté cantonal du 25.4.1984 IFP, 1983, n' 1708 IFP, 1977, n' 1705 IFP, 1977, n' 1704 Arrêté cantonal du 22.6.1 989 Arrêté cantonal du 4.7.1990 CPN, 1979, n' 3.36 Arrêté cantonal du 30.3.1961 CPN, 1969, n' 3.57 Dorénaz, Contrat LVPN, 1969 Fully, Contrat EPFZ, 1969

CPN, 1982, n' 3.59 Arrêté cantonal du 10.11.1983 Contrat LVPN Contrat LVPN, 1973 Arrêté cantonal du 18.1.1978 IFP, 1983, n' 1709 IFP, 1977, n' 1702 Contrat LVPN, LPP, CAS, 1966 Contrat LVPN, Murithienne, 1980 et 1985

Le Musée cantonal d'histoire naturelle

La création du Musée cantonal d'his· toire nature lle a été l'œuvre du père jésuite Etienne Elearts (1793·1853). Son souci était de constituer des col· lections de références pour l'enseigne· ment de la minéralogie et de la botani· que, de montrer aussi au pnblic les curiosités des sciences naturelles. Peu de pièces nous restent de cette époque, l'ours, le lynx, quelques oiseaux, des collections de minéralogie qui ne sont pas inventoriées. Le développement du musée connut les viscissitudes des re· lations entre le père Elearts, la congrégation et les autori tés cantona· les et fédérales. Le chanoine Rion, éminent botaniste, qui lui succéda mourut rapidement. Il nous laisse son herbier et son nom lié à la renoncule de Rion, plante aquatique décrite de spécimens récol tés dans les étangs de Maladières, aujourd'hui disparus.

Le musée actuel est encore, pour une partie importante, celui de Pierre· Marie de Riedmatten (1·1906) Qui en a été le responsable de 1856 à 1902. Il augmente régulièrement les collec· tions, engage un préparateur, fait construire des vitrines et des armoires, fait rassembler des collections entomo· logiques par M. Paul (1·1898) et ins· talle le Musée dans ses nouveaux 10' caux du co llège. Pendant cette période, Ferdinand·Otton Wolf (1·1906). pro· fesseur et président de la Murithienne aménage un jardin botanique au sud d~ bâtiment qui sera entretenu par M. Ki· cker, professeur jusqu'à sa démission en 1930 à l'âge de 87 ans.

A partir de 1902, M. J. de Werra, le Chanoine Maurice Besse, le Dr. Wuil­loud et M. Kicker se succèdent comme responsables du musée et augmentent régulièrement les collections. Dès 1921, Charles Meckert s'emploie prin­cipalement à compléter les collections géologiques et botaniques. Le musée ne reçoit ni soutien, ni financement, il tombe un peu dans l'oubli, malgré son aménagement en 1947 dans les locaux actuels. Dès 1962, Maurice Deléglise, professeur de français et de biologie au collège, mettra tout en œuvre pour faire connaître et revivre le musée. n a été un animateur infatigable d'activi­tés extrascolaires pour les élèves qui purent s'adonner à la céramique, au théâtre et à la muséologie. Ces trois buts furent de maintenir le musée dans ses locaux, de rafraîchir la présenta­tion et d'introduire des collections de zoologie comparée, destinées à son en­seignement. JI obtint en 1979 que le Musée d'histoire naturelle soit rattaché à l'Office des Musées cantonaux. L'en-

semble du bâtiment lui fut affecté: la collection entomologique de M. Raphy Rappaz et une salle de paléontologie dont le thème principal était le site à empreinte de dinosaures du Vieux­Emosson trouvèrent leur place dans la partie ouest du bâtiment.

Le Musée cantonal d'histoire naturelle commence actuellement une nouvelle phase de son développement. Le poste à mi-temps de conservateur m'a été confié par le Conseil d'Etat qui a aussi engagé des dépenses importantes pour la réfection des locaux administratifs et leur équipement. A court terme, la tâche sera d'assurer la conservation, dans de bonnes conditions, des collec­tions scientifiques, d'animer le musée par des expositions temporaires et par une présentation plus attrayante de l'exposition permanente, de stimuler les activités scientifiques en Valais, en offrant une bibliothèque et un lieu de rencontre et de travail.

A plus long terme, nous espérons: - aménager un véri table musée mo·

derne, dans de nouveaux locaux, présentant de façon attrayante les richesses de la nature valaisanne.

- proposer des activités pédagogiques et didactiques dans le musée.

- faire du musée un centre d'activités scientifiques en sciences naturelles, un lieu où les spécialistes, profes­sionnels et amateurs, peuvent trou­ver une infrastructure de travail, avec laboratoire, bibliothèque et col· lections de références, en particulier pour la flore et la faune du Valais.

- participer à la mise en place d'un réseau de centres d'activités en sciences naturelles, ces lieux où les scientifiques viennent à la rencontre de la population, les « Maisons de la nature» te lles que présentées ci­dessus.

Jean-Claude Praz Consel'vateur au Musée

d'histoire naturelle Sion

La fondation Jean-Marcel Aubert*

Jardin alpin de Champex

L'Etat du Valais, en collaboration avec la commune d'Orsiè­res, envisage de participer à part entière à cette Fondation, créée en 1967, dont le siège est à Orsières, et dont le but est:

«a8Sllrm' la continuation de l'activité du jardin dit Jardin a lpin de Champex, par la eulture des plan­tes alpines, par l'étude sous fm'me d'essais et d'ac­clilnalation de dites plantes, le tout dans un cadre scientifique; développer l'activité actuelle du jal'din alpin, ce développemm!l pouvant allm' jusqu'à deve­nir une station de j'echm'ches sur les plantes alpi­nes. >

Cela étant, il est intéressant de rappeler ici les principales dispositions cantonales spécifiques et générales concernant la protection des plantes: - Arrêté du 5 juillet 1887 concernant la création de sta­

tions botaniques, dont les articles 1 et 2 ont la teneur suivante: Dans le but de conserver les plantes rares du pays el de fatiliter l'étude de la flore valaisanne, il sera élabli dan.s différentes zones du canton un cm'tain nombre de stations, soit jaj'dins botaniques. Ces slations sont placées sous la protee/ion de l'Elat, qui l'e,tw'ce par l'organe du Département de l'lm­lnlction publique. L'élablissmnent, la sul'veillance el la direction scientifique ml sonl confiés à «la MurithienlW >, soeiété valaisanne des seiences natu­relles. >

La participation du canton du Valais dans la Fondation Jean-Marcel Aubert est une des mesures concrètes rendues obligatoires par le droit fédéral. Il faut fé liciter l'Etat du Valais et la commune d'Orsières de leur intérêt.

Histoire d'une passion C',est en 1923 que Jean-Marce l Aubert, ingénieur et indus­tnel vaudois, découvrit la petite station de Champex, au­dessus d'Orsières.

Amoureux de la nature, passionné de botanique, Jean­Marcel Aubert, conquis par le site de Champex, décide d'y acquérir un terrain pour y construire un chalet, mais aussi et surtout pour y créer un jardin destiné à accueillir la flo re alpine.

La parcelle primitive, sise à 1466 m d'altitude, adossée au flanc du Catogne, exposée au Midi et surplombant le petit lac de Champex, avait une surface de 600 m'. A la suite d'aménagements et achats successifs, le jardin alpin « Flore­Alpe» a aujourd'hui une surface de 10 776 m'.

Les débuts de ce jardin botanique, jusqu 'en 1954, furent modestes. M. Aubert faisant appel à des horticulteurs de Genève, qui envoyaient, au gré des nécessités, des équipes pour planter, entretenir et agrand ir le jardin, que son pro­priétaire,considérait en premier lieu comme un ornement du chalet qu'il avait construit.

Mais, pris à son propre jeu, Jean-Marcel Aubert enrichissait son jardin non seulement d'espèces provenant des régions avoisinantes, mais aussi de contrées montagneuses lointai­nes: Caucase, Andes, Montagnes Rocheuses, Himalaya, etc .. .

C'est ainsi qu 'il engagea un jardinier à demeure. Le premier fut un monsieur Paul Kleiner, auquel succédèrent plusieurs autres. Mais la chance de M. Aubert fut d'engager, en 1954, celui qui est encore aujourd'hui le jardinier-chef, en fai t, le vrai administrateur du jardin: Egidio Anchisi, solide Pié­montais, amoureux des plantes alpines, dont le savoir et l'expérience font qu'il est parfois jalousé des professeurs de botanique eux-mêmes. Sans son fondateur évidemment, mais aussi et surtout sans Egidio, le jardin alpin de Cham­pex n'aurait pas acquis la renommée quasi internationale qu'il a aujourd'hui.

Cependant, au plan scientifique, la renommée du jardin est due surtout aux contacts d'abord, et à la collaboration ensui­te, qui furent créés entre, d'une part, Jean-Marcel Aubert et son jardin alpin et, d'autre part, le Conservatoire et Jardin botanique de Genève, et \'Institut botanique de Neuchâtel, collaboration qui se concrétisera dans la Fondation Jean-

Marcel Aubert, dont le but souhaité par le fondateur est de faire du jardin une station de recherches sur les plantes al­pines.

La Bourgeoisie d'Orsières nomma Jean-Marcel Aubert bour­geois d'honneur le 15 décembre 1963, en récompense des mérites acquis par la création du jardin alpin. Chacun donne ce qu'il peut. Aujourd'hui pourtant, Orsières va participer, avec l'Etat du Valais, aux frais de fonctionnement de la Fondation Jean-Marcel Aubert, lequel est décédé en 1968, à l'âge de 93 ans.

Le 22 mai 1967, Jean-Marcel Aubert faisait don à la Ville de Genève et à l'Etat de Neuchâtel du jardin alpin, immeu­ble aussitôt transféré à la «Fondation Jean-Marcel Aubert Champex», créée le même jour avec le concours de la Ville de Genève et l'Etat de Neuchâtel, Fondation à laquelle M. Aubert léguait la somme de Fr. 500 000.- dont les intérêts: «seront utilisés pour les travaux scientifiques et pour finan­cer la prospection botanique dans les différentes régions montagneuses du monde».

Les statuts de la Fondation prévoient:

Article 5:

La Fondation se devra d'offrir des visites commentées à des membres du corps enseignant primaire et secondaire. Des cours de perfectionnement en botanique alpine pourront y être donnés. Il sera fait en sorte que le jardin reste ouvert au public chaque jour, de II heures à midi, sauf le diman­che, durant les mois de juin à septembre ou dans des condi­tions déterminées par le comité.

Article 6:

Les frais courants d'exploitation comprenant entre autres les salaires du jardinier-chef et de son aide, l'entretien du jardin alpin, des bâtiments, les charges sociales, etc.

Le premier comité était composé de Messieurs Jacques Miè­ge, Directeur du Conservatoire et Jardin botanique de Genè­ve, désigné par la Ville de Genève, Claude Favarger, Direc­teur de l'Institut de botanique de l'Université de Neuchâtel désigné par l'Etat de Neuchâtel, Camille Crittin, désigné par M. Aubert. M. Jacques Miège en fut le premier prési. dent.

Aujourd'hui, le comité est composé de Messieurs Philippe Küpfer, Directeur de l'Institut de botanique de l'Université de Neuchâtel, président, Rodolphe Spichiger, Directeur des Conservatoires et Jardins botaniques de Genève, et d'Aloys Copt qui a remplacé feu Camille Crittin en 1973.

Vers une participation à part entière du Valais à la Fondation

Les frais d'exploitation du jardin augmentant, le comité de la Fondation interpelle, à fin 1975, M. Loretan, Chef du Département des Finances du Canton du Valais, pour obte­nir une subvention de l'Etat du Valais.

En séance du 23 février 1977, le Conseil d'Etat accorde une subvention, avec effet rétroactif pour 1976, de Fr. 5000.­par prélèvement sur ... le fonds des loteries.

Depuis lors, cette subvention fut régulièrement versée et portée à Fr. 7 000.-, puis 8 000.-, par le Département de l'Instruction publique, SUl' préavis du Conseil de la culture.

Depuis quelques années, des contacts et pourparlers ont eu lieu en vue de permettre la participation à part entière du Valais dans la Fondation, laquelle serait élevée au rang de centre de recherches alpines, par la création d'un Centre alpien de phytogéographie.

Ces pourparlers ont été concrétisés dans un document inti­tulé «Fondation J.·M. Aubert Champex, plan d'activité 1991-1994». Ce document a été complété par un plan qua­driennal 1991-1994 des charges de fonctionnement et de leur répartition en parts égales entre Genève, Neuchâtel et le Valais.

Lors d'une rencontre à Champex, le 8 juin 1990, entre une délégation de l'Etat du Valais présidée par M. Bernard Comby, chef du DIP, de la Commune d'Orsières et le comité de la Fondation, M. Comby annonça que l'Etat du Valais, en collaboration avec la Commune d'Orsières, était prêt à participer à part entière à la Fondation, sur la base des documents précités, plans d'activité et financier 1991-1994. L'organisation de la Fondation devant être modifiée en conséquence par acte authentique.

Centre alpien de phytogéographie (CAP)

La palticipation de l'Etat du Valais permettra de dévelop· per les activités scientifiques au jardin alpin et d'y installer un centre alpin de phytogéographie (CAP).

L'entrée à palt entière du Valais dans la Fondation doit permettre à celle-ci, selon le document plan d'activité 1991· 1994, de prendre un tournant décisif, existant en quelque sorte déjà en germe dans l'acte de constitution.

Les buts du centre alpien de phytogéographie sont:

_ d'accumuler des connaissances sur la flore et la végéta­tion du Valais ainsi que de l'ensemble de l'arc alpin, d'y trouver un expert pour les questions de conservation et de protection des espèces rares, de rassembler les don­nées en établissant une liste commentée de la flore de l'arc alpin.

- d'assurer des cours de botanique alpine aux enseignants primaires et secondaires, des cours de phytotaxonomie et de phytogéologie alpines pour chercheurs avancés, un cours inaugural de biogéographie alpine.

Conclusion

Ce projet ambitieux pourra se concrétiser notamment grâce à la participation financière et aussi scientifique du Valais.

Le chemin parcOJu'u est admirable. Jean-Marcel Aubert dont l'urne funéraire est scellée dans un rocher du jardin: et Egidio Anchisi, dont la fierté est notamment la publica· tlon annuelle d'un Index Seminum adressé à travers le mon­de aux instituts intéressés: jardins botaniques et instituts scientifiques (c'est sa carte de visite), peuvent être satis· faits.

Le lecteur qui voudrait en savoir plus lira avec profit un article paru dans le numéro de Treize Etoiles de juillet 1984, mais sllliout il ira visiter le jardin alpin de Champex, sous la conduite d'Egidio, auquel il achètera, pour un prix plus que modeste, la plaquette: «Le jardin alpin de la Fondati?n Jean-Marcel Aubert à ChampexlValais», par Jac· ques Mlège et Egidio Anchisi.

Marie-France Vouilloz Résonances

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Flore-Alpe ou la passion d'Edigio Anchisi

Né en 1927 à Orta dans le Piémont, Edigio Anchisi est un véritable autodidacte. Engagé au jardin de Champex comme jardinier chef en 1956, il dispose aujo1l7'd'hui à son actif de plus de 30 publications scientifiques de référence pour les botanistes. Durant toutes ces années, M. Anchisi a endossé le !'ôle de directl!1!!' technique du jardin sans jamais en avoir le titre; il a conçu les plans de change!Mnts, a pris lui-même les décisions de transformation et a réalisé, de ses mains, les plans qu'il avait imaginés. Pour Edigio, le jardin alpin de Champex signifie l'engage!ne!lt de toute sa !lie; il le connaît mi= que pe!'Sonne_

Dans quel but M. Aubert avait-il fondé le jardin de Champex?

Le jardin alpin de Champex a été fon­dé dans un but esthétique et non scien· tifique. M. Aubert n'était pas botaniste et ne disposait pas des connaissances essentielles, je dirai donc qu'il a ac· compli une œuvre de mécène non pas une œuvre scientifique et cela se re­marque sur plusieurs points; pour éta­blir un jardin botanique, il faut qu'un certain nombre de conditions soient remplies:

- Le sol doit avoir un fond de terre végétale (le jardin de Champex est construit sur un éboulis sans couche de terre).

- II doit y avoir de l'eau (le jardin ne dispose pas d'eau; on a aménagé des bassins et des circuits d'eau mais les plantes crèvent de soif à côté).

- L'exposition géographique doit être variée (le jardin alpin dispose d'un superbe point de vue mais est expo­sé plein sud du levant au cou­chant).

Pour ces trois raisons, le jardin de Champex présente des difficultés dues à son emplacement.

Etant donné ces graves difficultés le jardin alpin dispose-il de certaines

collections rares?

Plusieurs collections ont été structu­rées et mises en valeur au jardin alpin de Champex:

"" Une collection de conifères de plus de 1 00 espèces botaniques différen­tes avec leur origine (il s'agit de plantes issues de cultures par se­mis).

- Une collection de rosiers botaniques (églantiers) d'environ 110 espèces sauvages provenant du monde entier avec leur origine.

- Une collection de joubarbes qui pré­sente la totalité des espèces (sauf 2) avec toutes les variantes régiona­les. Cette collection a vu le jour en 1956.

- Une collection de saxifrages. - Une collection de primevères cueil-

lies sur le terrain; elle présente beaucoup d'albinos et d'hybrides na-

turels. Pour construire une telle col­lection, il faut compter un minimum de 15 ans.

- Une collection de rhododendrons bo­taniques d'altitude; il y a environ 70 espèces provenant des différents massifs montagneux du monde tels que les Alpes, le Caucase, etc.

- Des milliers de plantes alpines en général.

Quelle a été votre tâche ces dernières années?

Dans un but didactique et pour facili­ter la tâche des enseignants, j'ai déci­dé de restructurer celtaines présenta­tions: ici deux exemples de projets qui arrivent maintenant à terme:

- Etablir un étiquetage spécial (de nouvelles étiquettes de couleurs dif­férentes) de toutes les espèces ap­partenant à la flore suisse. Cela si­gnifie que pour chaque espèce on trouvera le nom scientifique, le nom vernaculaire (s'il existe), la famille, le genre, l'espèce, la distribution géographique et les palticularités qui lui sont liées (s'agit-il d'une plante médicinal e, toxique ou proté­gée?).

Il s'agit d'un travail de longue halei­ne qui sera prêt en mai 1991 pour l'ouverture du jardin. L'intérêt d'un tel travail repose sur la rencontre avec le public: cela permet à l'alpi­niste, à l'enseignant, à l'étudiant d'identifier rapidement les espèces indigènes, de leur donner un nom vernaculaire et de valoriser ainsi la flore du pays.

- Tout un secteur du jardin sera réser­vé pour la présentation des espèces protégées de la flore suisse; la liste est assez longue et, pour l'instant, le jardin alpin en compte 45. Cepen­dant, il faut être attentif au fait que celtaines plantes telles que « Drosé­ra» et «Sabot-de-Vénus» ne peuvent pas pousser dans les conditions cli­matiques du jardin (l'ensoleillement est beaucoup trop imllortant). Ce travail, commencé il y a 2 ans, touchera à sa fin pour le mois de mai. Cette innovation est d'une grande importance et remplit une tâche essentielle de l'Etat: l'infor­mation du public.

R~ONANCIlS - JANVIER 1991

Avez-vous d'autres projets? Sont-ils réalisables?

Les deux réalisations citées ont été possibles parce qu'elles n'exigeaient pas le recours à une main-d' œuvre sup­plémentaire_ Il existe quelques projets qui ne pourront voir le jour si la fonda­tion ne se décide pas à accorder de la main d' œuvre supplémentaire pour l'entretien et les innOvations du jardin.

Le travail au jardin alpin se concentre du mois de mai jusqu'à l'apparition de la neige. Le travail de désherbage et d'entretien est immense et il n'y a qu'une personne pour faire ce travail. Le jardin alpin s'étend sur une surface d'un peu plus d'un hectare; tous les jardins botaniques engagent un mini­mum de 4 personnes pour un hectare pendant 12 mois. Je dispose d'un aide durant quelques mois aussi les travaux de base ne peuvent-ils pas être accom­plis: la rocaille doit être restructurée chaque tant d'années car la terre de­vient dure et l'herbe prend toute la place. Il faut de la main-d'œuvre pour

restructurer la rocaille (l'illlnée derniè­re 2 100 pots en couche ont été jetés par impossibilité de les installer).

Quels sont ces projets difficilement réalisables pour le moment?

Parmi ces projets, je vous en livre deux:

- La création de milieux écologiques, c'est-à-dire des communautés de plantes vivant dans un même milieu. On a envisagé de créer un éboulis calcaire parce qu'il présente l'avan­tage de comporter des plantes Qu'on ne trouve pas dans les milieux sili­cieux. On pourrait donc cultiver un ensemble de plantes spécialisées poussant uniquement dans ce milieu mais pour cela, il faudrait constituer un fond de terrain calcaire.

- La présentation de la végétation steppique typique en Valais. Cette présentation serait possible à cause de l'implantation géographique du jardin qui représente l'idéal pour une végétation poussant en régions chaudes et sèches.

On ne pourra jamais faire à Cham­pex des combes à neige, creux hu­mides tournés au so leil couchant car elles ne s'adaptent pas à l'exposi­tion du jardin.

On m'a dit que vous publiiez un catalogue de graines?

En effet, toutes les années je publie un catalogue des graines récoltées dans le jardin alpin et dans la nature; cet outil de travail est destiné aux laboratoires et autres jardins botaniques, ce n'est pas un produit mercantile. Le catalo­gue contient 3 grandes subdivisions:

- Plus de la moitié du catalogue concerne la flore du Valais; il s'agit de graines de plantes sauvages ré­coltées dans l'ensemble du canton (montagnes et plaines) .

- Des graines récoltées en dehors du Valais (Tessin, Val d'Aoste, Dolomi­tes, Grisons, etc_)

Le but de telles récoltes consiste tout d'abord à établir des distinc-

Partout

tions catégorielles qui permettent au scientifique de ne pas tout mélan­ger, de disposer de matériel généti­quement pur, d'origine connue et ré­colté en uature.

Pour chaque graine sont indiqués l'endroit et l'altitude où elles ont été recueillies.

- Une liste de graines cultivées au jar­din. Il s'agit d'espèces dont je connais l'origine et que je peux met­tre à la disposition d'autres jardins ou instituts.

Je m'efforce d'offrir du matériel uti­lisable par les laboratoires: les grai­nes servent aux instituts, aux labo­ratoires de recherche, aux échanges: entre jardins botaniques mais elles: ne sont pas vendues aux mar­chands.

Quelles sont vos relations avec le monde botanique?

J'entretiens des relations en Suisse avec les responsables techniques des

jardins botaniques suisses; de plus, je suis le fondateur de l'Association inter­nationale des jardins botaniques al­pins. Cette association compte 60 à 70 membres, elle organise annuellement un congrès pendant lequel a lieu la visite guidée d'un jardin botanique, membre de l'association.

De plus, par volonté testamentaire, M. Aubert a voulu que le chalet héber­ge, accueille des botanistes et des chercheurs, en priorité ceux de Neu­châtel et de Genève et puis tous les botanistes qui en font la demande. Il s'agit d'un point d'appui pour des se­maines de travail organisées sur le ter­rain par des professeurs avec leurs étu­diants.

Marie-France Vouilloz Résonances

Pour tous Pour tout

~ BANQUE CANTONALE DU VALAIS A VOS CÔTÊS POUR RÊUSSIR

RÉSONANCES· JANVIER 1991

Jardin alpin «La Linnaea»

Le site dit « Le Château» à Bourg­Saint-Pierre dans l'Entremont occupe une position dominante sur une colline qui barre la vallée et domine tout l'alentour, en particulier la route du Grand-Saint-Bernard. Cela lui a valu pendant des siècles une importance stratégique considérable. Un château le coiffait. Actuellement, sa situation à 1700 !TI d'altitude, au départ du Valso­rey, non loin de la Combe de l'A et tout près du lac des Toules, en fait une base privilégiée pour l'étude de la flo­re, de la faune et de la géologie alpi­nes.

C'est ce qu'avait ressenti, il y a cent deux ans, Henry Correvon, horticulteur à Genève, qui en 1889 créa le jardin alpin de La Linnaea sur le plateau que constitue le sommet tronqué de la col­line. Avec l'appui du Club Alpin Suisse et de nombreuses personnalités suisses et étrangères, passionnées comme lui de flore alpestre, il avait constitué l'Association pour la protection des plantes, puis le Comité international du Jardin botanique alpin de La Lin­naea.

C'était un des premiers jardins botani­ques créés dans les Alpes. Très prisé par les botanistes anglais, qui avaient beaucoup encouragé Corre­von, le Jardin alpin de La Linnaea était aussi apprécié des clubs alpins de ~ute l'Europe. Au début de ce siècle, Il avait la renommée de posséder la plus grande collection de plantes d'al­titude.

RisoNANCES - JANVIER 1991

Les statuts adoptés le 20 juillet 1989 précisent dans leur article premier les buts assignés par le Comité internatio­nal à La Linnaea:

K Le Jardin botanique alpin «La Linnaea» établi à Bourg-Saint-Pierre (Valais), au lieu dit «Le Château», est destiné à la culture des plantes des régions montagneuses de l'Europe (en particulier de la Suisse) et éven­tuellement aussi des autres conti­nents, ainsi qu'à toutes les études et observations scientifiques y relati­ves_ .

En 1915 la propriété et la responsabi­lité de La Linnaea furent cédées à la Société Académique de Genève.

La commune de Bourg-Saint-Pierre pour sa part contribua dès le début à

l'aménagement et à l'entretien du jar­din. En 1896, Charles Dorsaz, institu­teur, fut chargé des travaux de botani­que et de conservation,et depuis, de père en fil s, cette famille de Bourg­Saint-Pierre s'en est occupée avec un dévouement et une compétence remar­quées. M. Fernand Dorsaz, actuel pré­sident de la commune de Bourg-Saint­Pierre et ancien instituteur lui aussi, a continué cette belle tradition.

Un chalet avait été transporté sur la colline du Château et permettait le sé­jour des chercheurs et de groupes d'étudiants. Léon Moret, de Bourg­Saint-Pierre, en a assumé le rôle de gardien jusqu'à son remplacement par son neveu M. Gabriel Moret qui rem­plit actuellement ces fonctions avec conscience et efficacité.

Cent ans après la fondation du jardin, la commune de Bourg·Saint· Pierre et la Société Académique de Genève ne se contentèrent pas de célébrer digne· ment ce jubilé, mais décidèrent de fai· re revivre le jardin, tombé en une rela· tive léthargie depuis bien des années. Par une quête de fonds qui a rencontré un succès réjouissant et par une action de parrainage, les moyens nécessaires à une complète remise en état ont été réunis. L'entretieu est aussi assuré pour l'avenir.

Durant les étés 1989 et 1990, d'an· ciennes rocailles, enfouies sous la vé· gétation adventice, ont été dégagées et replantées, grâce à la collaboration du Centre horticole de Lullier, à Genève, et du Jardin botanique de Genève sous l'experte direction de M. Raymond Tri· pod, son jardinier·chef. Puis, avec l'ai· de d'entreprises spécialisées, une peti· te zo ne humid e a été créée, comportant un côté enroché et un côté en tourbière. L'étiquetage des plantes a été repris et se poursuit. Des barriè· res de sécurité ont été placées aux en· droits dangereux, les sentiers ont été dégagés.

Le travail reprendra dès la saison pro· chaine et un nouveau type de biotope sera installé pour montrer la végéta· tion des moraines. En outre, une col· lection de minéraux permettra aux pero sonnes intéressées de se familiariser

avec les roches du pays. Le chalet sera restauré de même que les installations annexes. Il s'agit en palticulier d'un petit laboratoire et de deux mazots.

Ainsi le jardin alpin de La Linnaea pourra de nouveau répondre au vœu de ses fondateurs, vœu que la commune de Bourg·Saint· Pierre et la Société Académique de Genève ont fait leur: créer un lieu d'étude de la flore alpine destiné aux naturalistes, aux étudiants et au public amateur.

En effet, concentrés sur cette colline se trouvent des biotopes très divers: versant nord boisé, versant sud en prairie, pentes abruptes à l'est et falai· ses à l'ouest, rochers ensoleillés et ro· chers humides et ombragés, qui corn· piètent par leur état entièrement naturel le jardin aménagé sur le pla· teau.

Si un jardin alpin est par définition dédié en premier lieu à la botanique, les aspects zoologiques et géologiques ne sont pas négligeables. Du point de vue géologique, La Linnaea est située dans une région de grand intérêt. Le secteur du Val d'Entremont compris entre Liddes et le col du Grand· Saint· Bernard recèle plusieurs unités impor· tantes du domaine pennique alpin. Ce domaine forme l'ossature de la chaîne des Alpes occidentales dans notre pays et les régions voisines. De plus le val· Ion du Valsorey est fort intéressant du

point de vue de la géologie récente, en particulier de la morphoglaciolOgie (d'après R. Chessex, 1990).

Quant à l'intérêt zoologique de cette région, il faut mentionner tout spécia. lement la combe de l'A toute proche.

Ce n'est pas surprenant que de nom. breuses publications scientifiques té· moignent de l'intérêt suscité par cette situation favorable. La liste des arti· c1es parus jusque dans les années 30 à 40 est impressionnante. Il faut se rap· peler l'activité inlassable des profes· seurs Chodat, père et fils, et de leurs assistants. Sept thèses de doctorat ont été faites à La Linnaea. En 1950 et même en 1986 encore des travaux ont été publiés, qui avaient été effectués à partir de La Linnaea, notamment dans le Valsorey.

Récemment la colline a été déclarée zone protégée par la commune de Bourg·Saint· Pierre.

La Linnaea s'insère à sa manière dans l'ensemble des jardins alpins de Suisse et de l'arc alpin. Son altitude lui pero met d'héberger des arbres feuillus et des conifères de différents niveaux. Son exposition dans toutes les direc· tions et la diversité de sa couverture lui confèrent une variété de biotopes naturels qui, en plus de la partie amé· nagée du jardin en font un instrument didactique exceptionnel.

Elle est complémentaire d'autres jar· dins alpins tels que ceux de Champex, des Rochers·de· Naye, des Plans· sur· Bex, voire de la Schynige Platte ou du Lautaret. Elle peut facilement être in· tégrée dans des circuits botaniques, géologiques ou zoologiques organisés par des enseignants ou par les centres de formation en sciences de l'environ· nement.

Le chalet peut recevoir 20 personnes et met à leur disposition pour un prix modique des chambres avec lits de camp, une cuisine/chambre de séjour rustique mais bien équipée et des ins· tallations sanitaires actuellement enco· re un peu simples mais qui vont être

Rf:SONANCES . JANVIF.R 1991

aménagées. A côté se trouve le labora· toire que les groupes scientifiques peu· vent utiliser, à condition d'apporter leurs propres instruments, vu que La Linnaea n'a pas encore pu l'équiper de façon permanente. La bibliothèque de· vra aussi être complétée pour consti· tuer un instrument de travail valable.

La gestion du chalet a été confiée à la Société sportive universitaire de Genè· ve qui règle toutes les questions admi· nistratives.

Les demandes de réservation doivent être adressées à:

Sports universitaires, Université de Genève, 1211 Genève 4, té l. 0221705 71 11

Gérard de Haller Président de la Commission

pour le Jardin alpin La Linnaea de la Société Académique

de Genève

On trouvera des informations sur le Jardin alpin de La Linnaea dans les deux fascicules suivants :

A10ys Duperrex, «Les jardins botani· ques alpins, leur passé, leur présent et leur aven in., Saussurea 11 : 1·18, 1980.

La Linnaea 1889-1989, numéro spé· cial de «Musée de Genève» juin 1989, éd. Beaux·arts et Culture, Ville de Ge· nève.

Une liste des travaux scientifiques fai ts à La Linuaea peut être obtenue auprès de la Société Académique de Genève, case postale 234, 1211 Genève.

Je suis las de la ville

Je suis las de la ville Qui bruit comme tempête; Cette tourbe civile M'alourdit et entête: Allons cueillir la guigne, Allons voir les champs verts Les arbres tout couverts Et la fleur en la vigne.

Pour avoir attendu Un petit trop long temps, Je crains qu'ayons perdu Maints joyeux passetemps: Les rossignols gentils Ayant leurs œufs éclos, Ont jà le gosier clos, SOigneux de leurs petits.

Ri.soNANCP.s. JANVIP.R 199 1

Au Seigneur Pierre de Ronsard, l'invitant aux champs

Les fleurs d'odeur naïve Des arbres sont saillies: Roses de couleur vive Sont jà presque cueillies: Ces fausses bergerettes Par les prés et bosquets Pour faire leurs bouquets Ont pillé les fleurettes.

Sus donc, allons, à coup, Ce peu de temps durant, Ce nous sera beaucoup D'avoir leur demeurant: Le grain est dû à ceux Que diligence guide, La paille toute vide Est pour les paresseux.

Maints plaisirs sans cela Se montreront à nous, Nous verrons çà et là L'herbe jusqu'aux genoux: Chardonnets et linottes Tourtres' ès hauts ormeaux, Tarins' sur les rameaux Sonneront gayes notes.

Jacques Pelletier du Mans (1517·1582)

, Tourterelles ! Verdiers

Fondation Institut Kurt Bosch: la collection variétale

Entretien avec A. Darbellay directeur de l'Ecole d'agriculture et A. Ballestraz pomologue

1. Arboretum ou collection variétale: quelle différence peut-on établir entre l'un et l'autre? Comment définissez-vous votre entreprise?

Un arboretum, selon la définition du dictionnaire, est une pépinière destinée à la culture expérimentale d'arbres d'es· sences diverses. Dans cette mesure, il n'est pas possible de parler d'arboretum pour le cas qui nous occupe; il serait plus exact de parler de collection variétale puisqu'elle ne s'étend qu'à une seule variété d'arbres fruitiers, les poiriers. Notre collection, par ailleurs bien développée, compte une centaine de sortes de poires différentes.

Il me semble ici essentiel de préciser que ces poires por· tent des n011l$ évocateurs: _Général Leclerc» ou -Goliath. pour les plus belliqueuses, • Professeur Groudomage. ou . Conseiller de la Cour» pour les plus enU!tyeuses mais . Fondante de Chaineux. Olt . Colorée de Juillet. pour les plus coquines, . Belle Angevine. ou .Belle Guérandaise. pour les plus distantes, . Comtesse de Paris. ou . Joséphi· ne de Maleries. pour les plus troublantes ... Il faut ajouter qu'une poire prénommée Louise ne peut être que Bonne alors que celle dénommée Louis est assurément Pasteur.

2. Quel intérêt, voyez-vous, à créer une collection variéta­le en Valais?

L'in térêt se situe à plusieurs niveaux dont les plus impor· tants sont les suivants:

a) historique: la collection variétale a pour fonction la sau· vegarde du plus grand nombre de variétés locales d'ar· bres fruitiers. Actuellement, il ne reste en Valais que peu de sortes différentes de poiriers. On connaît la Williams et la Louise Bonne parce qu 'elles sont vendues sur les marchés, or chacun sait que de l'uniformité naît l'ennui .. .

b) le maintien d'un réservoir de gènes particuliers et de caractéristiques adaptées à la région. Le goût du consommateur évolue et la production doit présenter des

frui ts conformes à ce que l'acheteur attend, malheureuse· ment cela provoque aussi l'appauvrissement des diversi· tés proposées.

c) la sauvegarde de l'acquis car il existe là un potentiel pour la recherche et le développement de nouvelles va· riétés utilisées pour effectuer des croisements.

d) le nombre des différentes variétés qui existaient en Va· lais au début du siècle. On a dénombré plus de 140 variétés de poires et l'école d'agriculture a pu aujour· d'hui en récupérer une centaine.

3. Ne vous occuperez-vous que de la collection de poires? Pourquoi pas les autres arbres fruitiers?

Tout est une question de moyens financiers d'une part (il faudrait débloquer d'importants budgets pour faire de la sauvegarde), de surfaces cul tivables et de soins à apporter aux arbres d'autre part.

L'accent est d'abord mis sur la collection de poires car c'est la plus riche et aussi celle pour laquelle il a été possible de retrouver les anciennes variétés disparues. M. Ballestraz, pomologue de l'école d'agriculture de Châteauneuf, voyage beaucoup en France voisine et en Suisse romande pour récupérer des greffons de variétés qui étaient à l'honneur en Valais mais qui n'existent plus aujourd'hui.

4. Puisque la surface cultivable à trouver pose un problè­me, quelle surface vous propose ITnstitut Kurt Bosch? et de combien d'hectares auriez-vous besoin?

L'inslitut Kurt Bosch propose de mettre à notre disposition une surface suffisamment étendue pour développer notre collection variétale: 10000 à 20 000 m' répondent aux be· soins de base les plus urgents (à Maragnène).

1\ faut calculer que chaque arbre exige un minimum de 42 m' pour lui seul ; cela signifie que, lors de la plantation, il faudra prévoir une distance de 7 mètres entre chaque arbre et de 6 mètres entre chaque lignée d'arbres.

Rf:SONANCES - JANVŒR 1991

La plantation se fera sur des arbres mi·tige (1 01 20 de haut). Pour que la durée de vie de cette collection soit d'un minimum de 60 à 70 ans, il faut que le porte greffe soit réalisé sur du franc, obtenu par semi de pépins, et qui donne des arbres plus profondément enracinés dans le sol que ceux obtenus par marcottage.

De plus, lorsqu'on greffe sur du franc, l'arbre est plus résistant à la sèche, au gel et au dépérissement. En revan· che, l'attente du fruit se fait sentir plus longtemps.

Nous prévoyons également de planter deux arbres de cha· que variété pour être sûr que suivant les aléas, l'un deux, au moins, survive.

Du point de vue du financement, vous pouvez ' donc COol'

prendre que le projet est encore à l'étude. La seule chose dont nous sommes sûrs actuellement c'est que \'Institut Kurt Bosch met à notre disposition 10 000 à 20 000 m' de ter· rain pour faire notre plantation ainsi qu'un prêt. Rien n'est encore décidé de manière ferme pour le financement et l'entretien de la collection variétale.

5. Avez-vous établi des estimations budgétaires du prix de revient d'une telle entreprise? 6. Revenons à la collection elle-même:

pourriez-vous énumérer un certain nombre de caracté­ristiques particulières aux poires collectionnées? Nous avons prévu un budget d'environ Fr. 65000.- par

hectare pour la plantation des arbres sans oublier d'ajouter environ Fr. 12000.- par année pour l'entretien des arbres.

Or, il ne faut pas oublier que l'aménagement en terrasse du site lui· même apparaît comme essentiel à la fois pour facili­ter la culture et pour permettre aux visiteurs de déambuler au milieu des arbres. De plus, l'emplacement de cette col· lection variétale à \'Institut Kurt Bosch sur le versant de la montague de Vex nécessitera obligatoirement des barrières de protection contre le gibier.

En fait, chaque variété constitue un véritable réservoir de mill iers de caractéristiques. Ainsi une «Williams» est-elle très différente d'une poire d'hiver. Elles se distinguent sur plusieurs points: - la précocité; - la période de cueillette; - l'approvisionnement du marché le plus longtemps possi·

ble avec des produits frais; - les composantes du goût (patrimoine de l'espèce de poi·

res) ;

- la couleur, la form e, la présentation, la saveur ; - les caractères de résistances aux maladies, aux différents

prédateurs;

Voilà en quelques mots les caractéristiques les plus typiques de l'ensemble de notre collection.

Aujourd'hui, l'évolution de l'arboriculture va dans le sens d'une production intégrée c'est-à-dire de la production de plantes qui s'adaptent bien au milieu et qui exigent donc un minimum d'interventions. Or, les variétés de poires qui ré­sistent le mieux aux maladies ne sont pas celles qui plaisent au goût. On comprend donc que l'idéal se situe dans le fait de disposer de variétés qui à la fois plaisent au goût et résistent aux maladies: cela s'obtient évidemment par divers croisements et sélections qui permettent ainsi de combiner les différents facteurs.

Les pépiniéristes produisent de nouvelles sortes de poires selon deux modes: les semis de hasard (on sème des pé­pins) et les semis dirigés (croisement de 2 variétés connues dont les parents ont été préalablement sélectionnés). Sur des milliers de semis on en compte environ 1 sur 1000 qui présente un certain intérêt.

De plus, il ne faut pas négliger l'intérêt scientifique d'une te lle démarche: diminution des traitements des arbres et sélection de nouveaux caractères obtenus par des mélanges.

La collection variétale de l'Institut KUit Bosch offrira égaIe­ment à l'amateur d'anciennes variétés locales toutes les informations dont il aura besoin ainsi que la possibilité d'obtenir des greffons pour ses propres arbres; il faut préci­ser que les ' greffons des nouvelles variétés sont soumis à des «droits d'auteuP' dans la mesure Ol! il y a des brevets.

Nous profitons de l'occasion qui nous est offerte de pouvoir exposer nos projets dans Résonances pour lancer un appel aux instituteurs arboriculteurs. Ces derniers furent durant de longues années en première ligne du développement de l'agriculture et ils disposaient parfois de richesses inespé­rées dans des collections d'espèces de fru its.

Après avoir pris connaissance de toutes les variétés recueil­lies par le pomologue, que chacun annonce s' il dispose de variétés particulières qu i n'auraient pas été relevées dans la liste qui suit.

Marie-France Vouilloz Résonances

Collection de poires Châteauneuf Abbé Fétel Charles Ernest Guyot Précoce Pierre Corneille Alexandre Lucas Clapps Favorite Guyot Ordinaire Précoce de Morétinis Ananas de Coutrai Colorée de Juillet Highland

Président Drouard André Desportes Comtesse de Paris Président Héron

Belle Angévine Curé Jeanne D'Arc Président Lutreuil

Belle Guérandaïse Conférence Joséphine de Malines Président Mas

Beurré d'Amanlis Conseiller à la cour Le Lectier Président Rooswelt

Beurré d'Anjou De Tongre ou Durondeau Louise Bonne Professeur Groudomage

Beurré d'Avril Doyenné de Comice Louis Pasteur Rousselet de Reims Beurré Clairgeau Doyenné d'Hiver Madame Ballet Royal d'Hiver Beurré Diel Doyenné gris d'Hiver Madame Favre Saint Martin Beurré Giffard Doyenné de Juillet Madame Verte Saint Laurent Beurré d'Hardenpont Duc de Bordeaux Marguerite MaI'i1 lat Saint Rémy Beurré Hardi Duchesse Berrerd Marie-Louise Delcour Seigneur Espéren Beurré Le Brun Emile d'Heyst Martin Sec Soldat Laboureur Beurré Naghin

Figue d'Alençon Nelis d'Hiver Super Trévoux Beurré Sterkmann Nelis d'Hiver Spécial Souvenir des Congrés Beurré Superfin Fondante de Charneux

Fondante de Thiriot Notaire Lepin Trévoux ordinaire Beurré Van Mons

Forelten Nouveau Poiteau Triomphe de Vienne Bergamotte Esperen Botzi Général Leclerc Olivier de Semes Williams Bosc Goliath Packam's Williams d'Hiver

Catilliac Gorham Passe Colmar Charles Cognée Grand Champion Passe Crassanne

Ri:sONANCBS - JANVIER 1991

Un écomusée au Simplon

Remarques préliminaires

Dans la région de Brigue, située dans le Haut-Valais aléma­nique, un groupe de travail a été constitué en été 1987 pour élaborer les bases d'une fondation pour un «Ecomusée du Simplon ». Cette fondation s'adresse en premier lieu aux corporations locales,. aux communes et aux bourgeoisies, au canton du Valais et à la Confédération suisse, mais cherche à s'assurer également le soutien d'organisations qui poursui­vent les mêmes buts que le musée qui reste à fonder. Des négociations dans ce sens ont lieu actuellement avec la Société suisse pour la défense du patrimoine, la Ligue suis­se pour la protection de la nature, l'Académie suisse des sciences humaines, la Société suisse des sciences naturelles et le Club alpin suisse.

L'initiative pour un tel écomusée du Simplon est venue de l'Institut de géographie de l'université de Berne qui avait élaboré, sur demande de la Confédération suisse, l'Inventai­re des voies de communication historiques de la Suisse (IVS). Cet inventaire constitue l'une des trois bases utilisées pour atteindre les buts de la protection du patrimoine et de la nature. Les deux autres sont l'Inventaire fédéral des paysages dignes de protection et l'inventaire des sites à protéger. En plus de la pl'Otection d'objets intéressants, l'IVS vise à réaménager et à faire revivre les voies de communication historiques dans la perspective d'un touris­me de randonnées et de l'engouement pour les loisirs actifs.

L'imminence de la destruction d'une partie du tracé du sentier muletier du Simplon reconnu d'importance nationale a stimulé la volonté de créer un écomusée du Simplon .. La construction d'une route de campagne menaçait en effet de destruction le tracé historique du chemin muletier tombé en oubli et paltiellement tombé en ruines. L'intervention des responsables de l'IVS permit de stopper ce projet de cons­truction sur le territoire de la commune de Simplon-Village, et pour faire la preuve de leur volonté ne pas s'en tenir à une simple idéologie de conservation, les responsables de l'IVS ont proposé cette idée de reconstruire et de remettre

RBsoNANcr.s - JANVIER 1991

.en état l'ancien sentier muletier aménagé au XVII' siècle par le grand commerçant de Brigue, Caspar Jodok de Stockalper. Par la sui te, l'ethnologue Klaus Anderegg fut chargé par l'Office fédéral de l'environnement, des forêts et du paysage d'élargir cette proposition dans le sens d'un écomusée du Simplon. C'est pourquoi la fondation de l'éco­musée du Simplon vise, à l'heure actuelle, en premier lieu la conservation intégrale du paysage naturel et culturel au Simplon. La création d'un écomusée au Simplon pourra être considérée comme un acte pionnier dans le sens que, à notre connaissance, ce sera la première fois que cette conception sera mise en pratique dans une région linguisti­que allemande.

Idée de l'Ecomusée

L'idée de l'Ecomusée a été développée en France vers la fin des années soixante. La forme extérieure de l'Ecomusée ne se restreint pas à des immeubles isolés. Les objets cultu­rels et naturels représentatifs éparpillés comme des anten­nes dans le paysage représentent les piliers du projet. Tou­tes ces antennes sont reliées les unes aux autres pal' un système de sentiers accessibles au promeneur.

Dans le cadre de l'Ecomusée, le passé, le présent et l'avenir seront rendus compréh~nsibles en fonction de leur relation temporelle et locale. Tandis qu'il peut devenir comme un miroir pour les indigènes (dans lequel ils se reconnaissent et se délimitent) , il représente un instrument pour les visi· teurs afin de mieux comprendre les habitants d'une région ainsi Que leur comportement et leurs soucis quotidiens.

Le projet démontre les capacités «en matière d'enseigne­ment et d'apprentissage» d'un Ecomusée au Simplon et esquisse les conditions nécessaires à la création d'une telle institution.

Forme possible de l'Ecomusée au Simplon

L'ancien sentier muletier par-dessus le col représente le point élémentaire de l'Ecomusée en vue d'être créé. Lors d'une phase ultérieure, les sentiers «accessoires» devront également être intégrés.

L'ancienne auberge à Simplon-Village représentera le centre de l'institution. Elle servira entre autre comme centre d'ad­ministration et de documentation comprenant des locaux de travail pour écoles.

Dans les immeubles qui sont fonctionnellement et locale­ment liés de manière particulièrement étroite au sentier muletier, l'histoire événementielle et structurelle régionale sera démontrée et élaborée en une sorte de musée global.

Les antennes dispersées dans le paysage montrent sur place au moyen par exemple d'objets culturels choisis les activités

humaines dans leur relation avec .d'environnement» (au sens écologique comme relation réciproque entre l'Homme et l'espace naturel) .

Réalisation de l'Ecomusée au Simplon La fondation d'un Ecomusée au Simplon représente un pro­cessus. Etant donné qu'il demande une adaptation conti­nuelle au vu des circonstances toujours changeantes, son développement n'est donc pas une institution statique et fixe.

La réalisation de l'Ecomusée dépendra des possibilités fi­nancières et relatives au travail des autorités accordant des subventions ainsi que de la Fondation qui devra être créée. En tout et pour tout, l'exploi tation de l'auberge rénovée à Simplon-Village pourra probablement débuter dans 4 à 5 ans. L'Ecomusée devrait être alors. continuellement et annuellement complété par d'autres objets et antennes.

Importance d'un Ecomusée au Simplon La création d'un Ecomusée au Simplon ne sert pas unique­ment à la préservation du passé, mais encore à l'acceptation du passé en considération des développements actuels. C'est la raison pour laquelle, il peut devenir un moyen de recher­che de l'identité et de compréhension de l'environnement actuel avec tous ses processus de modifications.

Au point de vue économique, l'Ecomusée contribuerait à une remarquable attractivité de la région au Simplon au sens du «tourisme qualitatif» davantage propagé aujourd'hui.

J. Ritz

Au Grand-Saint-Bernard: le musée

et son regard sur la nature L'hospice du Grand-Saint-Bernard a ouvert au public un des premiers mu­sées du Valais. L'histoire naturelle et les trouvailles archéologiques en for­ment le noyau. En effet, dès la fin du XVIII' siècle, on trouve parmi les membres de la congrégation des cher­cheurs faisant oeuvre de pionniers. Dans le sillage du prieur L. Murith (1742-1816), les religieux participent à la découverte scientifique des Alpes. Ils sont en étroite relation avec les sa­vants de l'époque qu'ils accueillent à l'hospice.

Durant le XIX' siècle, la nature offre deux visages à l'hôte du col. A l'exté­rieur, c'est la nature des «affreux pré­cipices», du froid et de la mort. L'em­phase des récits vantant le passage de Napoléon contribuent à faire connaître une montagne dangereuse. La désola­tion des lieux contraste avec l'oeuvre secourable des religieux, dualité que l'iconographie et les récits romanti­ques ne cesseront d'amplifier.

A l'intérieur de l'hospice, la nature conquiert petit-à-petit une place de choix parmi les activités «culturelles» et les distractions offertes aux rési­dents. Les collections de minéraux et de plantes, comme celle des monnaies antiques trouvées au Plan de Jupiter, entrent à la bibliothèque. Sur les rayons, elles côtoient les manuscrits de la congrégation, les sommes théologi­ques et Quelque vase précieux reçu en don. Dans ce lieu feutré et raffiné

qu'est la bibliothèque, la nature est un objet scientifique que les chanoi· nes collectent, identifient et classent. Elle offre au regard des «raretés», des trouvailles et des séries dûment réper· toriées.

Les naturalistes du Grand·Saint·Ber· nard ne limitent pas leur activité aux environs de l'hospice. Une fois en pos· te dans les paroisses du Valais, ils poursuivent leurs inventaires. Les pu· blications et les collections rassem· blées dans ce qui devient progressive· ment un musée , concernent généralement le Valais.

Le passage au col de personnes voya· geant dans toute l'Europe enrichit aus· si les vitrines de curiosités diverses. C'est ainsi que la collection minéralo· gique présente, à côté des minerais de toutes les mines valaisannes, une rose des sables sahariens.

Le cabinet de curiosités se transforme progressivement en musée public. Pour s'adapter au flux croissant des touris· tes, on l'installe au rez-de·chaussée et la bibliothèque en est séparée. Des vi· trines protègent les collections des mains avides de souvenirs. L'exposition prend une tournure didactique. On y trouve progressivement des éléments de contexte, mais les collections d'in· sectes, d'animaux naturalisés, de miné· raux et de monnaies antiques occupent toujours la plus grande partie de l'es· pace. La nature reste alors présentée comme un vaste inventaire instructif. Elle est un terrain de choix pour dé­velopper un esprit systématique et minutieux.

Ce type de présentation, légèrement remodelée à chaque déménagement ou aggrandissement des collections dure· ra presque un siècle. En 1987 le Grand·Saint·Bernard inau· gure un nouveau musée. Cette fois l'exposition, conçue et réalisée en grande partie hors de la congrégation, englobe le chenil et s'établit dans le bâtiment annexe transformé en pôle touristique du col.

Ce musée présente l'environnement na· turel et historique, accordant une large place à ce qui s'y vit dans le quotidien. L'exposition renonce donc à plusieurs séries d'objets précédemment montrés. Si la nature y a toujours une place de choix, la notion d'environnement prend résolument le pas sur celle de collection. On découvre le relief, le cli· mat. Les espèces végétales et animales se présentent telles qu'elles s'adaptent au milieu de haute altitude. De même, les objets antiques trouvés au col sont présentés avec une reconstitution de leur contexte. On évoque leur fonction et leur signification.

L'ensemble des collections de l'hospice fait l'objet de nouveaux inventaires et se loge dans des dépôts. A cette occa· sion, les objets de la vie quotidienne, jusque là relégués au galetas, font leur entrée officielle dans le patrimoine du musée. Comme les archives, la biblio· thèque, le médaillier et la collection iconographique, les dépôts sont consul· tables sur demande. Contrairement à ce qui se pratiquait au siècle passé, on offre une vision différenciée aux nom· breux touristes souvent très pressés ou aux chercheurs. La collection ne s'identifie plus avec sa présentation.

L'hospitalité au Grand·Saint·Bernard s'est transformée à mesure que le rap· port entre les passants et la montagne

qu'ils parcourent s'est modifié. Au dé· but du XVrII' siècle, l'hospice offrait un abri aux piétons luttant avec la montagne {~t la neige pour poursuivre leur route. Pour les savants et les pre· miers touristes, la montagne devient au XIX' un lieu d'aventure et de curio· sité. Aujourd'hui l'hospice accueille ceux qui cherchent dans la montagne un lieu pour se ressourcer à l'abri des agitations de la vie urbaine. En face le musée informe ceux qui lors de leu; bref passage par le col cherchent à capter quelques bribes de ce lieu célè· bre.

Pour transmettre son image aux pas· sants, l'hospice modifie chaque fois sa vitrine. Ce musée·ci n'est actuellement nullement plus objectif que ses prédé· cesseurs. Il présente la nature et l'his· toire avec les lunettes de son époque. Sous les éclairages modernes, ne re· trouvons·nous pas des «curiosités» comme dans le musée du XIX'? Car pour un citadin voyageant sur la route des vacances, le col du Grand·Saint· Bernard est bien en soi un lieu non· ordinaire!

Bibliographie:

Isabelle Raboud Ethnologue/Martigny

Un. région, tln passage, L'Entremont de la fin du Moyen Aoe à nos jours. Contributions réunies par Pierre Dubuis. Edi· tions du Bimillénaire du Grand·Saint·Bernard, 1989.

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le monde des languet tf inl 1~liir" kole delil"~ 5

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Rf;sONANCES • JANVIER 1991

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L'historien, la nature et les hommes

Avec les musées, les réserves, les jar· dins et les parcours que propose ce fascicul e, il y a largement de quoi ap· prendre à connaître et à respecter l'en· vironnement «nature!». Que vient alors faire ici l'historien? Organiser le futur à la lumière des <<leçons du passé»? Naïveté désolante! Evoquer les beaux temps d'une humanité en symbiose avec la nature? Ignorance navrante! Minimiser les excès du présent en montant en épingle ceux du passé? Es· croquerie pure et simple! L'historien doit, beaucoup plus simplement, se contenter de l'apport spécifique de sa discipline à une meilleure compréhen· sion des rapports entre les hommes et le milieu.

Telle que je la conçois, l'histoire peut donner vie à des systèmes aussi im· muables en apparence que le paysage alpin. Le géographe, le botaniste, l'agronome, l'économiste, l'ethnologue et bien d'autres chercheurs «photogra· phient» l'état actuel ou récent du pay· sage, en quête des relations complexes qui existent entre le milieu et ses occu· pants. Si l'historien partage avec eux ce tr.ès large champ d'intérêt, sa pers­pective est toute différente. Il s'inté· resse en effet aux choses en tant qu 'el· les naissent, évoluent et disparaissent, en tant qu'elles sont dans la durée. ~tablissant les états successifs du mi· I:e~ et des populations qui en vivent, 1 historien enchaîne en quelque sorte ~es photographies pour en faire un film. Or seul le mouvement propre au Ilm permet de mettre en évidence ce

qui reste et ce qui change, et surtout comment s'articulent entre eux, d'une manière souple ou au contraire conflic· tuelle, les éléments du système.

Du fond de la vallée aux plus hauts alpages, l'Entremont n'offre plus rien aujourd'hui de virginellement naturel. Les paysages que nous admirons résul· tent au contraire de millénaires et pro· gressives transformations, elles· mêmes miroirs de révolution du milieu lui· même, de celle des populations qui

l'occupent de leur vision du monde, de leurs projets économiques et de leurs connaissances techniques.

Dans ses grands principes, l'organisa· tion-de ses terroirs montagnards trou· ve ses origines lointaines dans une mu· tation économique dont on mesure mal aujourd'hui le caractère incroyable· ment radical: la «révolution néolithi· que ». Auparavant, le chasseur·cueilleur se contentait de prélever directement dans le milieu ce dont il avait besoin. L'homme néolithique a cessé, lui, de courir après les animaux et les plan· tes: prenant résolument place' dans la chaine alimentaire, il a domestiqué quelques espèces choisies, pris leur parti pour leur adapter le milieu, grâce à des techniques progressivement amé· Iiorées. Le nomade est ainsi devenu paysan et villageois. Dès l'Age du Bronze, l'organisation du territoire en fonction d'une économie agro·sylvo· patoral semble être en place un peu partout dans les Alpes occidentales.

Si les grandes lignes de ce système ont subsisté jusqu'au début de notre siècle il serait totalement faux d'imaginer: comme on le fait encore trop souvent, une «histoire immobile ». Loin d'être clos et isolé, le monde alpin a toujours fait l'objet de fortes contraintes venues de l'extérieur, et seul un incessant pro· cessus de changement et d'adaptation a permis la subsistance du système économique. Un seul exemple suffira à le suggérer, même si la part de l'hypo· thèse y est encore grande.

Entre 1349 et les années 1420, une succession de violentes épidémies de peste ont réduit de moitié la popula­tion de l'Entremont. Dès la fin du XIV' siècle, les élites locales savent en profiter: les nombreuses terres qui ar­rivent alors sur le marché immobilier leur permettent d'arrondir leurs domai­nes déjà grands, pour constituer de vastes herbages_ Stimulés par le mar­ché qu'offrent les villes piémontaises et lombardes, ces «entrepreneurs» se lancent dans l'élevage spéculatif des bovins, alors que prédominait aupara­vant un élevage de subsistance, axé sur le mouton_ Cette évolution socio­économique a sur le paysage des conséquences importantes_ La deman­de de céréales ayant fortement dimi­nué, beaucoup de champs peuvent être transformés en prairies soigneusement cultivées; se constitue alors l'essentiel

du vaste réseau d'irrigation dont nous connaissons aujourd'hui les pauvres restes; de nouveaux défrichements étendent la zone des alpages_

Or voilà que, dans ce paysage façonné par le projet économique nouveau d'une partie restreinte mais influente de la population, le nombre des hom­mes recommence à croître énergique­ment dans le courant du XV, siècle_ Réorganisé dans une ambiance de bas­se pression démographique, le milieu ne parvient pas à nourrir autant de bouches_ On se met donc à ouvrir de nouvelles terres céréalières, dans les zones difficiles et pentues qu'avaient négligées les éleveurs en quête de ter­rains faciles à irriguer et à faucher. Dans le but de rompre une pente trop fDlte et de limiter les effets dévasta­teurs de l'eau de ruissellement, on met

alors en place, semble-t- il, l'un des as­pects les plus frappants du paysage agraire valaisan: les terrasses de cultu­re.

Attiourd'hui, les terrasses sont aban. -données aux moutons et les bisses aux randonneurs. Certes l'élevage a tou­jours sa place et les cultures maraîchè­res ne sont pas négligeables. Mais les hommes cherchent autre chose dans la montagne, et c'est pourquoi ils la <<li­sent» autrement. Les zones intéressan­tes sont celles qui peuvent accueillir les touristes, en hiver comme en été, et celles où l'on peut drainer et accu­muler les eaux nécessaires à l'hydro­électricité. Ainsi l'histoire continue.

Pierre Dubuis Université de LaW!anne

L'Eglise et la sauvegarde de la création

Le récit du premier chapitre de la Ge­nèse nous montre déjà la responsabili­té de l'homme envers la nature. Dieu la lui confie pour la faire fructifier.

Le peuple juif aussi respectait le repos de la terre. La loi permettait de culti­ver le sol durant six ans mais la sep­tième année le sol restait inculte (Lé­vitique 25 1-5).

Plus tard, de grandes figures ont tra· versé l'histoire de l'Eglise en _ procla­mant l'amour de la création. François d'Assise surtout, avec son «Cantique des créatures» nous laisse entrevoir l'étroite uniou de l'homme et de la na­ture, sa fraterni té même. Il ne fut sans doute pas toujours bien compris par ses supérieurs!

Et de nos jours?

C'est vrai que ces derniers siècles fu ­rent marqués par des guerres et l'évo­lutions de toutes sortes qui n'ont pas ménagé notre environnement. C'est vrai aussi que nos Eglises ne se sont pas trop élevées contre ces destruc­tions massives et aveugles.

Ce n'est que petit à petit que des voix se sont fait entendre pour défendre, d'abord, les droi ts de l'homme et en­suite son droit à vivre dans un environ­nement sain et harmonieux.

L'homme est bien au centre de la créa­lion, mais l'un dépend étroitement de l'autre.

C'est au début des années 80, à Van­couver, que les Eglises protestantes

ont pris officiellement et fermement, la décision de lutter activement en fa­veur de la paix, de la justice, et de la sauvegarde de la création. Ces trois grands principes étant liés, ils ont été pris comme «point fort» pour les 20 ans à venir.

En 1986, à Assise, Jean-Paul II a don­né le feu vert aux catholiques euro­péens leur permettant de se joindre à ce vaste mouvement qui a trouvé son apothéose à Bâle en mai 1989.

Là, plus de 700 délégués, prêtres et laïcs, ainsi que des milliers de croyants de toutes les Eglises d'Europe se sont réunis pour prier ensemble, procéder à des échanges et à une réflexion com­mune sur les devoirs des chrétiens dans le monde. L'idée d'une «Maison commune européenne» y fut lancée, reprise depuis pal' les dirigeants des pays de l'Est.

Depuis lors, de très nombreux groupes travaillent sur ces thèmes en collabora­tion avec un comité permanent qui maintient les contacts avec les diffé­rentes Eglises.

Une grande rencontre œcuménique, à l'échelle mondiale cette fois, a eu lieu à Séoul ce printemps 90. Les Eglises du monde entier ont, par un message commun, pris la résolution de s'enga­ger à travailler ensemble, partout où cela est possible afin de promouvoir la paix, la justice et l'intégrité de la créa­tion.

Les Eglises suisses ne restent pas en marge. Chaque paroisse a reçu un dos­sier de réfl exion SUI' les 3 thèmes, il s'agit de les utiliser dans chaque ré­gion pour faire ressortir les priorités, les tâches urgentes dans tous les do­maines. D'autres mouvements, en lien avec le comité suisse, travaillent ces 3 thèmes. L'Action de Carême et Pain pour le prochain, les catéchistes de Suisse romande, la Fraternité des ma­lades, etc.

Le 24 septembre, pour l'année du 700' anniversaire de la Confédération, sera lancé à Berne, un «Message de l'année jubilaire» proposant une année de réflexions différentes SUI' les tâches et le rôle de la Suisse dans le monde actuel.

Il s'agit aujourd'hui, de nous poser la question: «Dans quelle mesure pou­vons-nous encore nous réclamer de la bénédiction du Tout-Puissant que nous invoquons dans notre Constitution fé­dérale?», «Que faisons-nous pour ré­pandre autour de nous cette bénédic­tion?»

Ensemble nous pouvons faire le point sur les ombres et les lumières de nos agissements, privés et publics, pour tout ce qui touche la sauvegarde de notre mère la Terre.

Jeanine Favre

Plantes compagnes de notre société et ethnobotanique valaisanne

Introduction

Un folklore revivifié, l'amour du costume et des coutumes, des moulins qui fonctionnent à nouveau et des musées qui se réveillent, des projets de conservatoire et de maisons de la nature, pourquoi pas un parc national, voilà plein de bonnes raisons de croire à une prise de conscience des autorités et du public valaisan vis-à-vis des problèmes liés à la conservation du patrimoine et des ressources naturelles. De la poudre aux yeux, diront certains, des alibis démagogi­ques afin de calmer les esprits chagrins qui regretteraient le Valais d'autrefois. Eh bien, si tel est le cas, saisissons la balle au bond et faisons de cette résurgence un instrument au service de la conservation. Ne nous leurrons pas, nous ne retrouverons plus une vallée alpine à l'image de celle du début du siècle, qui accueillait les premiers touristes, décou­vrant émerveillés une nature modelée et utilisée par le pay­san, mais une nature remerciée et surtout respectée. Res­pect d'une culture ancestrale, traditionnelle et millénaire, qui n'a rien à voir avec un folklore pour touriste en mal d'exotisme et de cliché. Conservation active de cette tradi­tion, souvent orale, qui a malheureusement tendance à se consumer. Les notions de respect et de conservation sont deux des mots-clés qui sous-tendent notre démarche. Il nous manque le troisième: transmission, ou si vous préférez: éducation. Education du public et des scolaires, sans laquel­le notre travail de recherche n'aurait pas de sens, utilisant la vulgarisation comme porte-parole du savoir académique.

Vous avez dit ethnobotanique valaisanne?

Les botanistes possèdent un instrument fabuleux au service de cette «noble» cause: l'ethnobotanique. « Discipline in­terprétative et associative qui recherche, utilise, lie et inter· prète les faits de relations fonctionnelles entre les sociétés humaines et les plantes», voilà la définition précise qu'en donne l'ethnobotanique français Portères. Il s'agit en fait pour nous de compiler, à travers des enquêtes semi­directives auprès d'informateurs (grand-mères, guérisseurs,

bergers et autres herboristes), des renseignements ment!o~­nant une relation d'usage entre l'homme et le monde vege· tal sauvage. Il nous faut ensuite les analyser, en compr~n: dre la portée et le sens au niveau de l'histoire d'une socleté et en transmettre le contenu aux générations futures.

Ce patrimoine est encore bien vivant en Valais, bien qu'il tende à disparaître avec les personnes qui détiennent le savoir lié aux végétaux de cueillette. Il faut ici rappeler que si les gens de montagne menaient une vie rude et ne man­geaient pas toujours à leur faim, ils jouissaient pleinement de ce que voulait bien leur octroyer «Dame Nature». Une paysannerie cueilleuse, une paysannerie où la. mère trans­mettait à sa fille les secrets qui guérissent mais aussI ceux qui font une lessive plus blanche. La cendre et le Ii~rre, I.a saponaire et le marron d'Inde, voilà des leSSives ecologI' ques, qui n'avaient pas de secrets pour elles!

Une vie par la plante, pour la plante et avec elle, une. ~e symbiotique, loin de tout parasite. L'homme donnait a a

plante de quoi grainer et prospérer. Il ponctionnait ensuite sa dîme, une prédation mesurée, basée sur l'expérience et la tradition orale. L'homme bougeait, la plante migrait avec lui. Une relation commensale s'introduisait petit à petit, ouvrant la voie à une anthropophilie de la plante, qui débou· chait souvent sur une pseudo-domestication. Ne voit·on pas dans les jardinets potagers d'altitude de Saint-Jean, fleurir la bourrache, l'impératoire ou la rue, toute trois plantes sauvages domestiquées à des fins médicinales. Comment ne pas rester interrogatif devant cette vieille ferme d'alpage délabrée du val Louvie, que les plantes utilitaires sauvages encerclent et lorgnent du coin de leur corolle. Cette réma­nence ethnobotanique a survécu à l'abandon du lieu par l'homme et son bétail. Une mémoire du temps passé, fixée dans la pédologie du site. Sols gorgés d'engrais naturels provenant des nombreux troupeaux qui ont séjourné dans cet alpage, maintenant abandonné et qui favorisent la pous­se des plantes nitrophiles. Rumex, épinard des Alpes, orties, cresson, sureau, ail sauvage, chélidoine ou arnica, tout un monde profitant des bienfaits de l'homme et de son trou· peau, tout en jouant les pharmacies et les potagers sauva· ges. Tantôt soupe ou salade, tantôt cataplasme ou teinture, tantôt paillasse ou fourrage, le berger s'en était fait les complices de sa vie pastorale. Qui de l'homme ou du végétal a fait le premier pas? Nul ne peut le dire.

Les Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève avec leurs partenaires valaisans (la Murithienne, le Jardin Flore-Alpe à Champex) ont besoin de votre concours pour mener à bien ce travail de longue haleine, qui n'en est qu'à ses prémices. Quelques enquêtes préliminaires très en­courageantes ainsi que les travaux déjà publiés par certains auteurs, comme Schüle ou Nicollier, montrent une identité valaisanne quant aux usages des plantes sauvages. Une culture alpine est en train de disparaître et il nous semble prioritaire d'essayer de sauvegarder les savoirs qui lui étaient liés. Conception passéiste et muséologique? Non, notre démarche se veut active, participative et vivante. Il ne s'agit pas pour nous de se retourner et de dire: Oh, comme c'était beau! Mais bien plutôt de regarder résolument vers l'avenir en utilisant et en intégrant l'ethnoécologie, science multidisciplinaire en devenir, dont l'ethnobotanique est une des composantes, à des fins didactiques dans une approche nouvelle de la nature et du paysage. Pourquoi pas même, à moyen terme, penser à son intégration dans les programmes scolaires, hors des clivages traditionnels: sciences naturel­les, géographie, histoire. Education et conservation, un leit­motiv pour notre Institut, qui saisit à bras le corps l'ethno­botanique, un instrument essentiel pour l'éducateur afin de faire passer notre message : CONSERVER pour EDUQUER, EDUQUER pour CONSERVER!

Conclusion

A notre sens et ceci surtout dans des régions, comme les Alpes, gravement menacées par une pression anthropogène très forte, la protection de l'environnement passe certes par une connaissance du milieu, mais aussi par une connaissance des relations liant l'homme à son espace végétal. Utilisation du milieu assurément, mais beaucoup mieux: partage de celui-ci. De nos jours ce partage disparaît, il devient unila­téral, à sens unique, sans rétroactivité_ Les paysages et la nature souffrent et meurent, malmenés par les agressions incessantes de l'homme_ Nous pensons que le concept eth­nobotanique devrait jouer un rôle majeur, à travers une approche intégrée des habitants d'une région, dans la conservation de cette dernière. Cette éducation, car c'est bien de cela qu'il s'agit, doit se faire à travers une meilleure compréhension des rapports régissant les interrelations plante-homme, plus symbiotiques, moins parasitaires et des­tructrices. Une protection intégrale n'est valable que sur des espaces vierges de dimension suffisante, qui s'autogère et fonctionne selon un cycle naturel, peu ou pas perturbé. Ce n'est plus le cas pour nos Alpes, marquées depuis des millé­naires du sceau de l'homme et de son parcours civilisateur et culturel. Seule une valorisation et une intégration non folkloriste des traditions et du patrimoine, entre autre eth­nobotanique, dans un concept de conservation-participation, pourra jouer le rôle nécessaire de tampon éducatif. Ce rôle

Il se pourrait que bien des Suisses nous doivent une partie de leur instruction ...

équipements scolaires

hunzjkerlk\©1~ au service de l'instruction

Hunziker-Kal SA 1024 Ecublens Chemin des Champs-Courbes 6 Telephone 021-6918287 T61éfax 021-69164 83

de contre-pouvoir, où le patrimoine et sa conservation l'em. portent sur le lucre et le profit à COUlt terme, représente pour nous la seule voie de salut pour une société alpine vouée au tourisme. Cette société de consommation, avide d'espaces vierges à conquérir, l'est aussi de loisirs culturels qualitatifs: le succès du musée en plein air de Ballenberg en est un bon exemple. Nous pouvons et nous devons coha­biter avec le milieu sauvage alpin, gravement menacé en cette fin de XX, siècle ; cela dans le respect et la réciprocité. Si nous ne le fai sons pas, nous scierons la branche sur laquelle nous sommes assis.

Note: c'est merveilleux et très motivant de paItir à la re­cherche du temps jadis pour les générations futures. Vous en savez quelque chose! Alors aidez-nous! Nous sommes toujours à la recherche d'informateurs potentiels, qui connaissent les plantes sauvages et leur utilité_ Tous les usages de la plante sauvage nous intéressent: alimentai­res et médicinaux, bien sûr, mais aussi ménagers, fourra­gers, ludiques, textiles, tinctoriaux, magiques ou protec­teurs_ Questionnez les personnes âgées qui vous entourent et contactez-nous. Si vous le désirez nous rencontrerons ces personnes en votre présence, un entretien est toujours plus fructueux en compagnie d'une personne de confiance. Nous sommes à votre disposition pour tous renseignements com­plémentaires.

Didier Roguet

chargé de la florutique appliquée aux Consf:rvatoim

et JUI'din botaniques de la Ville de Genève

Bibliographie sélective

DUBUlS, P. (1990). Une économie alpine à la fin du Moyen Age, Orsières, l'Entremont et les régions voisines (1200-1500). Cahier de Vallesia, 1.

LIEUTAGHI, P. (1983) . Les simples entre nature et socié­té_ Histoire naturelle et thérapeutique, traditionnelle et actuelle, des plantes médicinales françaises_ Etudes popu­laires et initiatives, Mane.

LIEUTAGHI, P. (1 986). L'herbe qui renouvelle: un aspect de la médecine traditionnelle en Haute Provence_ La Mai­son des Sciences, Paris.

MEILLEUR, B. (1985). Gens de montagne, plantes et sai­sons. Savoirs écologiques de traditions à Termignon (Savoie). Le monde alpin et rhodanien 1: 10-78.

NICOLLIER F. & G. NICOLLIER (1984) . Les plantes dans la vie 'quotidienne à Bagnes: noms patois et utilisa­tions quotidiennes. Bull. Murithienne 102:129-158.

Agriculture et valeurs naturelles

Durant des siècles l'homme a modelé son environnement. Ces transforma­tions ont été douces, imperceptibles; elles se faisaient au rythme lent de l'homme de la terre qui, de génération en génération cultivait les céréales avec les mêmes gestes, les mêmes ou­tils.

La végétation et la faune se sont adap­tées aux activités de l'homme, elles ont pénétré dans ses cultures, dans ses friches, dans ses champs formant des milieux riches aux paysages variés.

Chaque valaisan connaît ces paysages traditionnels où les terres sont encore exploi tées selon les pratiques du pas­sé. C'est par exemple le vignoble de Visperterminen, les jardins tapissant les pentes en-dessous du village d'Isé­l'ables, les bocages de Grimisuat ou de Savièse, etc.

Et, ces activités humaines qui ont enri­chi la nature et diversifié les paysages engendrent soudain des menaces gra­ves sur ces richesses en créant des paysages monotones où la mauvaise herbe colorée et l'insecte brillant sont chassés. L'insecte disparaît et l'oiseau insectivore ne trouvant plus de nourri­ture s'en va. Alors, la huppe ou la pie grièche ne chantent plus guère dans nos champs. L'enlèvement des gros ar­bres fruitiers dans la plaine et sur le coteau accélère la disparition d'oiseaux se reproduisant dans de vieux troncs creux, tels que le hibou petit-duc, la chouette chevêche, etc.

La conversation des milieux agricoles exploités d'une façon traditionnelle est indispensable pour préserver l'attracti­vité de nos paysages et les richesses naturelles qui leurs sont liées. Les exemples présentés ci-dessous veulent montrer, pour quelques milieux, les mesures à prendre pour atteindre cet objectif.

La vigne

Un des plus beaux vignobles tradition­nels du Valais est celui de Vispertermi­nen qui produit le célèbre "Païen». L'attrait de ce site est dû aux murs de pierres sèches épousant les formes du terrain, à l'irrégularité du tablard, à la présence, au milieu des ceps, de blocs rocheux, d'i1ôts de prairies sèches, de quelques buissons. Ce paysage magni­fique, tout en courbes est une rigole pour le botaniste ou le zoologue. Les murs cachent plusieurs espèces de lé­zards, et dans les zones incultes on y voit le bruant fou , l'Oltolan, le merle des roches, etc. Sur les blocs silicieux et dans les steppes croissent plusieurs plantes rares te lles que la téléphie, le bugle jaune, la pulsatille des monta­gnes, etc.

Pour conserver ces valeurs, des contrats doivent être passés entre les propriétaires eL un organisme de pro­tection de la nature ou l'Etat: les vi­gnerons auront l'obligation de conser· ver la vigne dans l'état actuel, de ne pas utiliser d'herbicide, de réduire le plus possible l'utilisation d'insecticide et de fongicide.

Le bocage

Les plus beaux paysages de bocage du canton sont ceux du plateau de Saviè· se, de Grimisuat-Ayent, du cône de dé­jection de l'lIIgraben à la Souste. Le réseau de haies et d'allées d'arbres structure le paysage, le rend harmo­nieux, diversifié. Les oiseaux tels que le bruant jaune, le bruant zizi, la pie grièche, le torcol profitent beaucoup de ces arbres et buissons entrecoupés de prairies sèches.

Pour l'enseignant, ces régions sont for­midables pour faire découvrir aux en­fants un nombre impressionnant d'ar­bres et de buissons.

Les propriétaires et les autorités com­munales et cantonales ont la responsa­bilité de préserver ces richesses. Pour atteindre ce but, il faut que les régions de bocages soient inscrites dans les plans d'affectation des communes concernées en zones agricoles proté­gées et que le règlement y relatif don­ne des indications précises sur les acti­vités possibles et celles qui doivent être défendues.

Les prairies naturelles

Le climat sec du Valais central (à Sion, il ne tombe que 600 mm d'eau par année) lié à la pauvreté des sols engendrent naturellement des prairies sèches. Pour y produire de l'herbe, il faut les arroser et les fertiliser. Tradi­tionnellement, l'arrosage se fait par bisse. L'eau mouille le champ il1'égu­Iièrement eL crée ainsi des différences qui s'expriment par une diversité f10-ristique. L'épandage du fumier permet d'enrichir le sol en sels minéraux. Le pré est en général fauché 1 à 2 fois pal' année. Les plantes ont le temps de

fleurir, de former des graines. Les in­sectes et les oiseaux vivant dans l'her­be se reproduisent et nidifient en toute quiétude.

La production intensive d'herbe a tué ce cycle naturel. L'arrosage par jet mouille régulièrement la terre, les en­grais apportés en forte dose ne favori­sent que quelques espèces herbacées, les fauches rapprochées chassent les insectes et les oiseaux.

Imaginez que les prés fleuris pleins de papillons et de sauterelles disparais­sent de nos vallées. Impensable. Et pourtant, si aucune mesure n'est prise cette catastrophe arrivera peut-être un jour. D'où la nécessité urgente d'inter­venir pour freiner ce mouvement. La meilleure action possible est que l'Etat du Valais (le Service des forêts et du paysage et le Service de l'agriculture) donnent aux agriculteurs des subven­tions pour qu'ils continuent à exploiter leurs terres comme le faisaient leur père. Cette mesure est appliquée dans plusieurs cantons avec beaucoup de succès.

Christian Werlen Service des f01'êœ

et du paysage Sion

Une classe dans un milieu naturel valaisan

Le département de l'instruction publique lance un concours «Environnement"

Le Conseil de la Culture du Département de l'Instruction publique a organisé dans le cadre de l'Année Européenne de l'Environnement un concours qui a eu lieu au cours de l'année scolaire 1988-1989 et qui était ouvert à tous les élèves de 4P, 5P et 6P.

Son but était d'encourager les élèves à découvrir un milieu naturel de leur commune, à y observer les plantes et les animaux les plus caractéristiques, à comprendre l'intérêt et la valeur de ce milieu et à réfléchir à son devenir.

Les travaux présentés devaient être le fruit d'une explora­tion sur le terrain et non d'une compilation d'ouvrages exis­tants.

La présentation du travail pouvait revêtir plusieurs formes: - recueil d'observations, de mesures, de dénombrements,

de descriptions ... - dessins, schémas, modelages, sculptures ... - travaux manuels: collections, bricolages, constructions,

moulages ... - textes d'élèves ou autres textes littéraires ou poétiques.

La classe de Madame Renée Saudan participe et gagne

Passionnée de nature et de marches en montagnes, M- Renée Saudan, enseignante depuis une vingtaine d'an­nées à Ravoire et titulaire d'une classe à degrés multiples (2P-3P-4P-5P), se devait de répondre à cette invitation. Elle saisit donc l'occasion d'intéresser sa classe à un projet commun en Connaissance de l'Environnement.

Très vite, le choix de la classe s'est porté sur un milieu naturel bien connu des enfants et de leur enseignante: Le Cœur.

Ce milieu naturel semblait menacé par l'arrivée probable d'une route forestière qui amènera les touristes et pique­niqueurs de fin de semaine en ce lieu encore préservé.

Le travail sur le terrain commence à la fin du printemps. L'hiver, qui interdit l'accès au «CœUf» , offre un temps de réflexion aux enfants et à leur maîtresse: on prépare le grand jour.

Les étapes du travail 8. 9.

1. Préparation de la sortie, en classe: itinéraire, repérage sur la calie. 10.

2. Première sortie, visite du lieu: observation, prise de contact.

3. Préparation de la deuxième sortie, en classe: on s'orga-nise.

4. Deuxième sortie: inventaire du milieu: la flore et la faune.

5. Exploitation des récoltes: travail en classe. 6. Troisième sortie : avec un biologiste, à la recherche de

1. traces d'animaux. 7. Exploitation en classe, entretien avec le spécialiste. 8. Quatrième sortie de vérification: les larves deviennent

libellules. 9. Education à l'environnement: le futur du «Cœur».

Diverses activités de ce travail 2.

1. Travail de géographie: l'itinéraire, la carte. 2. Observation libre du milieu: dessin. 3. Enquête sur la gouille autrefois, travail d'histoire. 4. Observation dirigée, travail de sciences. 5. Inventaire du milieu. 3. 6. Dessin d'observation. 7. Recherche de renseignements par les documents, l'en-

quête ...

Détermination des espèces, des traces. Synthèses: expression orale lors du partage en classe des découvelies .. . Communication : travail en commun, le document col. lectif à présenter pour le concours.

Expression écrite: élaboration de petits textes explica. ti fs.

Journal de bord

Une invitation étai t lancée, notre classe se devait d'y répondre. Notre choix s'est très vite porté sur le «Creu)'» , situé à 1 h 30 à pied de l'école. La classe travaille l'itinéraire, d'abord de mémoire puis à l'aide de la calie au 25 000, puis on le dessine.

Lors de la première soliie de la classe au Cœur, il y a encore de la neige, l'observation est libre, les enfants dessinent le milieu. Les enfants découvrent un mur de pierre à l'intérieur de l'une des gouilles. L'enquête est menée auprès des personnes âgées du village.

En classe on partage ses observations, on termine les dessins, on communique les résul tats de l'enquête. Une vieille dame nous a donné les renseignements que nous cherchions.

4. La classe s'organise pour la deuxième sOliie, <<inventai­re du milieu»: _ que voulons nous y chercher? faune et flore; _ de quel matériel avons-nous besoin? bocaux, passoi­

res, livres de détermination, calions, feuilles à des­sin, crayons ...

5. Bien organisée, avec un matériel adéquat, notre deuxiè­me sortie nous apportera beaucoup d'éléments de tra­vail : - à l'aide de passoires, de bocaux, nous capturons les

animaux qui nous intéressent. Le temps d'un croquis, d'une détermination, et nous les relâchons.

Aucun des animaux du milieu n'a été amené à l'éco­le'

- à l'aide des compte-fils, des guides, nous observons, dessinons la flore du milieu et tentons de la détermi­ner.

6. La poursuite du travail d'inventaire du milieu se passe en classe, à l'aide des documents. Les divers travaux sont répartis pal' groupes, un panneau récoltera les dessins, les l'enseignements sur le sujet.

On peaufine alors les dessins d'observations, on récolte des l'enseignements, on les communique aux autres de façon informelle ou lors de la synthèse.

Une autre soliie est décidée. Son but: retrouver des trace d'animaux.

7. La troisième sottie sur le terrain a lieu en compagnie du biologiste Monsieur Jean-Claude Praz, qui va aider les élèves à repérer les traces d'animaux dans le mi­lieu.

C'est au cours de cette même sott ie que les élèves remarquent les larves de libell ules. Apparemment, elles sortiront dans peu de temps.

8. La classe a découvert quelques traces in téressantes et à l'aide de Monsieur Praz réussit à les identifier: les enfants se chargent du panneau.

Une quatrième sortie est décidée, en espérant assister au spectacle de l'éclosion des libellules.

9. La classe ne s'est pas trompée, et lors de sa quatrième sortie, elle ne peut qu'observer toutes ces larves vides accrochées aux herbes et parfois encore surmontées pal' les li be llules, qui n'osent prendre leur envol, transies par le froid de cette fin d'après-midi.

10. Après ce travail sur le milieu, la question du futur est posée. Un travail de réfl exion est mené avec la classe, un groupe se charge du panneau.

Propos recueillis pal' Marlyne Andrey Pm'lnanence mlvironnelllent, ORDP

RF.soNANCES . . JANVIER t99 J

La permanence de la Connaissance de l'environne­ment organise chaque année durant la session péda­gogique de juin un cours de trois jours sur les «mi­lieux naturels valaisans». Chaque jour, un milieu différent, et un spécialiste du milieu naturel choisi emmène le groupe d'enseignants à le parcourir et à le découvrir.

Permanence de la Connaissance de l'Enml'onnmnent

Marlyne Andl'e/J ORDP - GravelOll!! 5 - 1950 Sion

Bibliographie: connaître la nature en Valais (pillet).

A la décolNerte du Valais

Si la célébrité du Cervin et des monta­gnes valaisannes dépasse les frontières cantonales et même nationales, il reste bien des richesses naturelles inconnues du grand public. Quelle importance ont·elles pour le tourisme de notre canton et comment diffuser l'informa­tion qui les ferait connaître? C'est la question que je me propose de traiter après avoir décrit les lieux que l'on peut considérer comme «préservés».

Un des plus grands cantons de par son étendue, le Valais comporte certes ses passages obligés: les barrages, en par­ticulier celui de la Grande-Dixence, le lac souterrain de Saint-Léonard, les stations comme Verbier, Crans-Monta­na ou Zermatt ... mais aussi: la région de Derborence, la réserve naturelle de Pouta Fontana, le site de Mont-d'Orge, la région du Sanetsch avec l'arête de Moutons, le lac de Champex, l'Aletsch­gebiet... Ces endroits peu connus ga­gnent à l'être plus puisqu'ils recèlent des trésors de faune ou de flore, com­me ceux de Pouta Fontana, coincé en­tre la route Bramois-Grône et le Rhône et par conséquent d'une approche dif­ficile. Il faut noter que c'est justement la raison pour laquelle la réserve est peu fréquentée si ce n'est par les bota­nistes ou autre zoologues amateurs ou professionnels ... Il faudrait donc, sans procéder à un aménagement de la zone, mettre l'accent sur l'information en éditant une brochure faite par un professionnel et s'adressant à des pro­fessionnels et surtout à des amateurs

de tous les jours et bien sûr aux touris­tes. D'autre part, un support plus vi­suel, tel que montage diapositives, et pourquoi pas un film vidéo, pourrait accompagner les cours de botanique de nos écoliers, les rendant ainsi plus sen­sibles à la nature valaisanne encore protégée.

Suivons les bisses: les bisses sont nés de la volonté paysanne d'échapper aux conséquences de la sécheresse. Il a donc fallu aller capter l'eau sur le cours des rivières et des torrents, les dévier artificiellement sur les coteaux par le flanc des pentes et adapter la construction de ces canaux au relief

tourmenté et à la nature du terrain, tantôt rocailleux, tantôt rocheux, tan· tôt doux ou friable. De ces bisses, les principaux sont encore là. Les sentiers qui les longent ont l'avantage d'être doucement inclinés, de traverser des sites très variés, de fournir des échap­pées toujours surprenantes sur les val­lées, les villages et les montagnes et, de temps en temps, de procurer de petites émotions quand ils se trouvent sur des à pic ou pénètrent dans des gorges sauvages et profondes. Voilà pourquoi ces petits chemins, sans tra­fic motorisé, constituent des randon· nées très appréciées et permettent de découvrir un des aspects les plus pitto­resques du Valais.

RÉSONANCES. JANVIER 1991

Les régions naturelles pourvues d'un lac peuvent intéresser les pêcheurs mais une stricte réglementation semble nécessaire, c'est le cas pour Derboren­ce Champex, Mont-d'Orge ... Ainsi, des ex'plications concernant les poissons vi­vant dans leurs eaux de même que d'éventuels concours sont à diffuser, par voie orale ou écrite.

chissante et toute l'infrastructure adéquate attend le visiteur: amoureux de la nature ou chercheur, chacun trou­ve son bonheur grâce au centre écolo­gique d'Aletsch situé au pied du gla­cier. Cependant, l'information n'atteint qu'un public restreint. Il serait bon d'éditer un livre traitant de tous ces petits «coins de paradis» bien valai· sans et qui deviendraient alors indis­pensables à tout circuit touristique dans notre canton ... dont l'attrait es­sentiel ne se limiterait plus essentielle-

ment aux 4000 mètres ou à la neige de nos stations, mais aussi à la faune ou à la flore exceptionnelles préservées des outrages de la construction.

La région d'Aletsch semble plus ap­proprié aux longues randonnées, l'ob­servation y est particulièrement enri-

Eddy Peter Dh'eeteur

de t'office du tourisme Sion

Projets et perspectives Des «Maisons de la nature» en Valais

Nous avons connaissance des activités suivantes qui se déroulent en Valais:

Où? Qui? Quoi? Comment?

Gletsch Fondation suisse pour la Glaciologie, végétation, Chemin didactique existant protection du paysage histoire des sciences, etc. Le projet pourrait être

développé Aletsch-Riederalp Ligue suisse pour la Centre écologique Villa En activité depuis 1976,

protection de la nature Cassel, Naturetum cours, stages, expositions, excursions

Binn Stéphane Graser Minéralogie En activité Simplon Communes et organes 10- Route et bâtiments Stockal- Projet d'Eco-Musée déposé,

caux per, histoire, etc. aspects sciences naturelles encore à développer

Loèche-Salquenen Ligue valaisanne pour la Finges, Leukerfeld, Cul tures pour plantes protection de la nature Bergjii-Platten, Brentjong adventices à Brentjong,

sentier nature à Finges, au-cun projet pour le reste

Sierre Etat du Valais et commune Château Mercier, A l'étude de Sierre horticulture, parc, jardins,

flore des vallées internes des Alpes

Grône et Sierre Etat du Valais, communes Marais et forêt de la plai-ne, réserve de Pouta-Fonta-na

Anniviers Société de développement, Sentier des planètes, communes observation du ciel

Les Haudères, Evolène Société de développement, Animation dans le domaine commune d'Evolène de la géologie alpine

Sion Commune de Sion Maison de la nature La Glacière-Montorge

Sion Institut Kurt Bosch, Les plantes cultivées: Ecole d'agriculture collection des variétés an-

ciennes, banque de gènes

Grand-Saint-Bernard Hospice Musée de l'Hospice

Bourg-Saint-Pierre Société Académique de Ancien jardin botanique Genève

Finhaut Société de développement, Sites des empreintes de commune de Finhaut dinosaures

Champéry Station ornithologique suis- Etude des migrations au se Sempach, Musée zoolo- col de Bretolet, observatoi-gique de Lausanne re biologique alpin

Bouveret Etat du Valais, commune Le Léman: l'eau et les du Bouveret poissons

Les Marécottes, Sai van Parc zoologique La faune de montagne

Champex Fondation J.-M. Aubert Jardin botanique alpin Flore-Alpe

. La Filtre.; P. Werner, Ed. Pillet, Martigl/y

Protégé depuis 1965, observatoire, sentier nature

En fonction

1" exposition en 1990, développement prévu

Mise en activité en 1991

Projet à l'étude

Existant

En rénovation

Exposition en 1990, exposition permanente à l'étude

Recherches dès 1955, observatoire, programmes annuels d'études

Projet à l'étude

Existant Existant, projet d'un «Centre alpin de phytogéo-graphie»

Bibliographie Les particularités naturelles du Valais ont atti1'é depuis longtemps les scientifiques; plusieul's études ont été entreprises SUl' la flore, la faune et la géologie; les résultats sont publiés dans des l'evues spécialisées qui sont souvent difficiles d'accès pour le gmnd public.

Le bulletin de la Murithienne, pm' exemple, publie depuis 1868 des articles scientifiques sur la natU1'e valaisanne; aujourd'hui 107 numéros ont déjà paru.

Ci-dessous sont présentés les ouvmges de vulgarisation les plus importants ainsi que quelques articles sur les zones protégées présentées.

Ouvrages généraux

- Arlettaz, R., 1989: Sauvons le hibou petit-duc! Editions Horus, Martigny, 17 pages.

- Burri, M., 1987: Les Roches. Collection connaître la na­ture en Valais. Edition Pillet, Martigny, 159 pages.

- Desfayes, M., 1986: Inventaire des oiseaux du Valais: Mise à jour 1986. Bulletin de la Murithienne n' 104: 3 à 23.

- Pillet, J. -M., Gard, N., 1979: Les reptiles du Valais. Bulletin de la Murithienne n" 96: 85 à 113.

- Praz, J. -CI., et AI., 1983: Les espèces végétales et anima­les menacées et rares en Valais. Bulletin de la Muri­thienne n' 100: 169 à 211.

- Rappaz, R., 1979: Les Papillons du Valais (Macrolipi­doptères) . Editions Pillet, Martigny.

- Rey, A., et AI., 1985: Inventaire des batraciens du Valais. Bulletin de la Murithienne n' 103: 3 à 38,

- Werner, Ph., 1989: Valais des réserves naturelles. LVPN, Info-Nature n' 22, 15 pages.

- Werner, Ph., 1988: La Flore. Collection connaître la na­ture en Valais. Editions Pillet, Martigny, 259 pages.

Aletsch

- Bulletin de la Murithienne, 1983: 50 ans de la réserve de la forêt d'Aletsch: articles divers, bibliographie. Bulle­tin de la Murithienne n' 101, 202 pages.

- Halder, U., 1978: Villa Cassel. LSPN, Bâle, 69 pages, - Hess, E., 1934: La Forêt d'Aletsch, monument naturel.

Bulletin de la Murithienne n' 52: 78 à 111. - LSPN, 1982 : Aletsch, une introduction à son histoire

naturelle. LSPN, Bâle, 88 pages.

- Maseli, D. , 1990: Rampe Sud du Liitschberg. Collection Les richesses de la nature en Valais. Editions Pillet, Martigny et Rotten Verlag AG, Visp, 182 pages.

- Them'iIIat, J.-P., 1986: Carte de la végétation Morel­Hoflue (Valais - Suisse). Bulletin de la Murithienne n]04: 113-224 + carte en couleur.

Binntal

- Richard, J.-L., 1984: Quelques associations végétales xé­rophiles du Val de Binn, VS, Botanica Helvetica n' 94/1: 161 à 176.

Derborence

- Mariétan, 1., 1960: Le Val de Derborence. Bulletin de la Murithienne n' 77: 92-126.

- Richard, J.-L., 1978: La forêt naturelle et sa flore: Der­borence, Finges. Dans «Nos Forêts, un monde à décou­vrir». Office fédéral du livre SA, Fribourg, pages 61 à 86.

Emosson, Finhaut

- Demathieu, G., 1978: Aperçu sur l'étude des empreintes du trias appliqué au gisement du Vieux Emosson. Bulle­tin de la Murithienne n' 95: 21-34.

Finges

- Bille, R.-P, et AI., 1980: Le Bois de Finges et son Rhône, l'une des plus belles pinèdes d'Europe. Art gra­phique, Schockli, Sierre, 96 pages,

- Bille, R.-P. et Werner, Ph., 1986: Trésors naturels du Bois de Finges, SSTMRS, Liestal, 144 pages,

- Gard, F. et AI., 1980: Finges, L'Ecole valaisanne n' 2, 53 pages.

- LSPN, 1986: Bois de Finges, guide du sentier nature. LSPN, Bâle, 12 pages.

- Stockli, F., 1982: Une sortie au bois de Finges. WWF, section vaudoise, journal d'information n' 15: 16 pages.

- Werner Ph., 1985 : La végétation de Finges et de son Rhône ~auvage . Bulletin de la Murithienne n' 103: 39· 84 + carte.

Follatères

- Aubert, J., 1983: Les Follatères, hier et aujourd'hui. Bul­letin de la Murithienne n" 100: 147·150.

- Deslarzes, R., et Werner, Ph., 1986: Etude botanique des Follatères (Dorénaz et Fully, Valais). Bulletin de la Mu­rithienne n' 104: 89·112.

- Deslarzes, R., 1988: Les Follatères grandeur nature. Collection les richesses de la nature en Valais du Dépar· tement de l'environnement et de l'aménagement du terri· toire du canton du Valais. Editions Pillet, Maltigny, 63 pages.

Jardin alpin, La Linnaea, Bourg-St-Pierre

- Comellini, A., 1989: La Linnaea 1889·1989. Numéro spé· cial de la revue «Musées de Genève», 56 pages.

Marais d'Ardon

- Werner Ph. et Rey, Ch., 1979: La végétation du marais de St· p'ierre:de-Clages (VS). Bulletin de la Murithienne n' 96: 43-53 + tableaux.

Pouta-Fontana, Grône

- Bressous, B., et Oggier, P.·A., 1977: Etude botanique de la réserve de Pouta·Fontana, Grône (VS). Bulletin de la Murithienne n' 94: 85 à 117.

- Desfayes, M., 1967: Les oiseaux des marais de Grône (VS). Bulletin de la Murithienne n' 67: 191 à 196.

Les Rigoles, Vionnaz

- Giugni, J.-F., 1987: Les Rigoles de Vionnaz. lnfo-Nature n' 12. LVPN, Sion, 11 pages.

Vallon de Réchy

- Bille, R.- P., et AI., 1984: Les richesses naturelles du Vallon de Réchy en vue de sa protection. WWF Valais, 126 pages.

Les Verneys, Martigny

- Keim, Ch., 1989: Les gravières du Verney. Info-Nature n' 23 LVPN, Sion, 15 pages.

Zermatt

- Richard, J.-L., 1989: Nouvelles observations sur la végé· tation alpine et subnivale des environs de Zermatt (Va­lais, Suisse). Botanica Helvetica, n' 99/1, pages 1 à 19.

Christian Werlen Service des (m'ê[s et du paysage

Sion

La maison de la nature de Montorge*

La Confédération a déclaré Montorge site protégé (objet IFP 1704) en 1977. Il s'agit d'un milieu naturel va­rié comprenant le lac, des marais, des forêts de feuillus et de pins, des prai· ries sèches et des cultures (vignes en tablards etc.) .

La commune de Sion a entrepris des travaux d'aménagement des alentours du lac et la mise en valeur du site. En 1980, la commune a acheté la maison dite de la Glacière à la brasserie valai­sanne pour la rénover et la transformer en maison de la nature à laquelle on a attribué trois fonctions essentielles:

- ce local est destiné à l'accueil des visiteurs et à des expositions fixes sur le site de Montorge et la région du centre du Valais;

- une deuxième partie centrale avec un auditorium et une galerie peut recevoir des expositions intéressan· tes'

- un~ dei1lière partie est destinée aux écoles et à l'enseignement avec un équipement permettant des travaux en environnement.

La deuxième étape de cet aménage­ment est constituée de l'élaboration d'un arrêté cantonal qui donne des in­dications importantes sur la gestion du site ainsi que les buts principaux de la Protection de cette région. Les buts sont au nombre de cinq:

1. Maintenir des biotopes naturels te ls que prairies sèches, forêts de basse altitude, marais, lacs.

2. Protéger et promouvoir les espèces végétales et animales.

3. Conserver dans leur état actuel les milieux cultivés existants tels que vignes, prai ries de fauche, etc.

4. Créer une zone de détente pour le public.

5. Sensibiliser et former la popula· tion.

A la suite de l'acceptation de l'arrêté cantonal, une expertise écologique de base a été demandée et pour cela deux mandats ont été confiés à deux spécia­listes: l'un à M- Perraudin pour l'étu­de hydrobiologique du lac et l'autre à M. Werner pour l'étude de la flore et l'étude partielle de la faune. Ces deux types d'études sont actuellement en cours.

L'animation d'une te lle maison deman­de un minimum d'organisation, c'est pourquoi la commission de gestion a

décidé de mettre un poste d'animateur à mi-temps au concours: cela constitue la troisième étape de la mise en route du projet.

Pour la suite des travaux, la commis­sion pense confier la gestion et l'ani­mation du site de Montorge à une fon­dation. Le projet est actuellement à l'étude.

Le site de Montorge mérite autant d'égards qu'un monument historique; en effet, il permet à chacun de retrou­ver un milieu naturel et d'apprendre le respect de la nature. Il s'agit bien d'of­fir à la population un lieu exception­nel.

Marie-France Vouilloz Résonances

• Nos remerciements à M. P. Mermoud pour sa collaboration.

RÉSONANCES Mensuel de l'école valaisanne.

Edition, administration. rédaction Département de l'instruction publique (DlP) Office de recherthe et de documentation pédagogiques (ORDP)

Directeur Jean·Pierre Salamin Gravelone fi 1950 SION 1!lé,hone (G21) 21 62 85.

Rédactrice de • RÉSONANCES. Mane· Prance VouillOl.

Photographe Olivier Devènes.

Données tedmiques Surface de composition: l7f1 x 245 mm. Format de la revue: 21 0 x 280 mm. Impresswn en offset cn noir et une te inte vi ve. photo­lithO! loumies ou frais de reprodudion facturés sépa· rément pour documents fournis prêts à la reproduc­tion.

Parution Le 15 de chaque mois salir jllilleL et août.

Délai de remise des tellw et des annonces Le 20 dll mois précédent

RÉGIE DES ANNONCES PUBLICITAS. 1951 Sion 'I1iléphone (021) 29 51 51 'I1ilUax (027) 236760.

Impression, expédition VALPRINT SA. 1951 Sion 'I1iléphonc (021) 22 23 70 'I1iléfnx (021) 2207.1.

RÉSONANCES

Sion: 12, rue de Lausanne Téléphone (027) 22 12 14

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