TABLE RONDE

MÉTIERS DU SPORT ET FILIÈRES UNIVERSITAIRES ACTIVITE PHY

Formation universitaire en Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives Filière « Activité Physique Adaptée (APA) »

Le concept d'Activité Physique Adaptée (APA) défini au Canada (1977) fédère depuis 1989 les filières de formation en Sciences et Techniques des Activités Phy­siques et Sportives (STAPS), spécialisées dans les domaines du handicap et de l'in­adaptation sociale. Il traduit une dyna­mique universitaire européenne, et inscrit les préoccupations fran­çaises relatives à l'inté­gration sociale par le moyen des activités phy­siques et sportives, dans les problématiques inter­nationales du même type. Les filières universitaires Activités Physiques Adaptées sont l'expres­sion actuelle d'une évolu­tion historique et concernent des secteurs d'emplois sociaux en mutations. Un regard rétrospectif vers le début du siècle montre le changement des politiques sociales de la charité aux droits des personnes handica­pées, l'ouverture des secteurs de prise en charge de l'hôpital aux collectivités locales, l'évolution des conceptions de l'action sociale de la rééducation à la mise en place ou à la restauration du lien social. Sur les plans de la formation et de la pro-fessionnalisation des étudiants en éduca­tion physique, ces évolutions sociales sont marquées par les passages respectifs de la gymnastique corrective aux activités phy­siques adaptées, des centres de rééducation physique aux milieux ouverts. Les formations en APA. en fonction des spécialisations et des niveaux de diplômes propres à chaque université, ont pour fina­

lité de rendre les étudiants capables d'exer­cer des responsabilités de conception et d'animation d'activités physiques et spor­tives, pour des personnes en situation de handicap. Plus précisément, il s'agit d'identifier et de traiter une demande sociale (gestion de l'éducation physique pour établissements spécialisés, stratégie d'intervention sportive en milieu ouvert, programme de réentraînement à l'effort pour handicaps fonctionnels, organisation de loisirs sportifs...) dans des secteurs d'ac­tivités très variés (le milieu médico-social, le milieu hospitalier, l'école, les collectivités locales et territoriales, les associations sportives, la formation de cadres...), avec

des publics en difficultés d'adaptation (déficience motrice, sensorielle, mentale, inadaptation ou exclusion sociale, personnes âgées). Les formations en APA sont organisées selon des visées professionnelles et de recherches ; elles associent à partir d'un repérage et d'une analyse de la demande sociale

les applications pratiques des activités phy­siques et sportives aux validations théo­riques des effets produits par l'interven­tion. Elles s'adressent en ce sens aux étudiants en STAPS. aux professionnels du travail social ou du milieu paramédical ou encore aux enseignants d'EPS confrontés dans leurs établissements aux problèmes du handicap et de l'inadaptation sociale.

THÈME 1 LES FORMATIONS

Quelle est la place de la filière Activité P h y s i q u e A d a p t é e d a n s le cursus universitaire STAPS ? La première formation universitaire de cette filière date de 1982 avec l'habilitation d'une Maîtrise à Montpellier puis d'un DEA en 1983. Initialement, elle est apparue sous le terme de réhabilitation. Actuellement, elle s'appelle la filière Activité Physique Adaptée. Depuis 10 ans. le nombre des UFR STAPS dispensant des enseignements en APA est resté stable. Le tableau 1 montre la place de cette filière au sein de l'ensemble du cursus STAPS.

Quels sont les établissements où sont d i s p e n s é s les ense i ­gnements en Activité Physique Adaptée ? Comme le montre le tableau 2. nous pouvons constater que toutes les UFR STAPS ne délivrent pas l'ensemble des diplômes possibles de la filière APA. Cette hétérogénéité provient des différences d'orientation dans la diversification des formations STAPS ou de la jeunesse de la création des UFR STAPS qui parfois ne possè­dent pas un cursus complet de formation. Cependant, les diplômes préparés sont le diplôme d'université (DU) puis à BAC + 2

Cette table ronde a réuni : • Jean Bilard (Université de Montpellier I et François Courtine (Université de Nancy I) -Coordonateurs du thème Débouchés. • Yvette Demesmay (Université de Franche-Comté - Coordonatrice du thème Formations. • Yves Eberhard (Université de Grenoble) -Coordonateur du thème Recherche. • Michel Fodimbi (Université de Lyon I) -Coordonateur pour le texte d'Introduction. • Jean-Paul Genolini (Université de Lille II). • Éric Predine (Université de Franche-Comté) - Coordonateur du thème Forma­tions. • Didier Seguillon (Université de Paris V).

1. Le cursus universitaire STAPS dans les facultés, UFR et divisions STAPS

MICHEL FODIMBI

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SIQUE ADAPTEE diplôme d'études scientifiques et techniques (DEUST). Ils se poursuivent par une option en licence et une maîtrise STAPS mention APA pour aboutir à un 3e cycle avec des diplômes d'études supérieures spécialisées (DESS) et des diplômes d'études approfondies (DEA) et enfin à un doctorat STAPS. Il faut également signaler la possibilité d'obtenir dans certaines Universités un diplôme Européen en Activité Physique Adaptée (EMDAPA : European Master Degree in APA) (tableau 2).

Quel l e s sont l e s principales caractéristiques de la formation en Activité Physique Adaptée ? Pour illustrer ces caractéristiques, nous nous appuierons sur l'année de maîtrise comme étant l'année charnière de la formation en APA puis­qu'elle termine un cursus universitaire pouvant déboucher sur une professionnalisation ou ouvrir la voie à un 3e cycle. Les formations sont assu­rées en partie en collaboration avec des per­sonnes extérieures aux Universités, leurs connaissances pré­cises du milieu du handicap apportent une richesse supplé­mentaire à la forma­tion. Les personnels qui assurent les ensei­gnements sont à titre d'exemple : - des équipes d'ensei­gnants universitaires STAPS et du second degré en poste dans l'ensei­gnement supérieur. - des professionnels et des cadres des établisse­ments et services spécialisés, - des responsables et cadres de fédérations spor­tives et d'associations spécialisées, - des cadres des établissements nationaux des ministères de la jeunesse et des sports, de la jus­tice et de la santé... Le cursus type d'une maîtrise STAPS mention APA se compose de 4 à 6 modules, d'un mémoire et d'un stage pour un total maximum de 550 heures. Bien qu'il existe quelques particu­larités au sein des diffé­rentes UFR STAPS délivrant ce diplôme, voici la trame des modules que l'on ren­contre dans la majorité des cas : - un module dont le thème est « connais­sances théoriques et pratiques de l'Activité Physique Adaptée », - un module permettant « d'approfondir les connaissances des dif­férents handicaps et inadaptations ainsi que le cadre institutionnel et législatif des APA ».

- un module qui s'articule autour de « l'orienta­tion et des techniques de professionnalisation ». - un module « d'approche scientifique des APA » (initiation aux méthodes de la recherche). En fonction des UFR STAPS l'étudiant a le choix entre un stage à finalité professionnelle ou un stage d'initiation à la recherche. Dans les deux cas. le travail effectué donne lieu à la rédac­tion et la soutenance d'un mémoire.

Avec l'Europe, quelles sont les poss ibi l i tés de formation en APA ? Tout naturellement, ces formations universi­taires nationales APA intégrées dans la disci­pline STAPS. se sont trouvées concernées par les objectifs européens de l'organisme ERASMUS. Créée au milieu des années 1980, la mission d 'ERASMUS fut de provoquer les échanges entre enseignants-chercheurs, pour permettre la constitution des réseaux d'individus désireux de faire circuler informations, programmes, connais­

sances, etc. en suggérant des échanges basés sur la mobilité des étudiants. Dès 1988. l'APA a non seulement initié le processus dans la discipline universitaire de l 'É ­ducation Physique (la 74e section CNU, appelée STAPS) . mais elle a eu réellement une pôle position en ce domaine. Comment ? En 1986. l'European Association for Research in Adapted Physical Activity

(EARAPA) est fondée par 9 représentants de 9 universités européennes qui deviennent les pro­moteurs du projet de Master européen en APA (European Master Degree in Adapted Physical Activity. ou EMDAPA). diplôme post-gradué qui accueille les premiers étudiants en 1991. En 1994, va suivre la création du Programme Intensif de Coopération en Activité Physique Adaptée (PICAPA), programme intensif de 60 h de cours visant à mieux préparer les futurs ins­crits au Master. Ces 2 formations obtenues avec le soutien finan­

cier d'ERASMUS sont les fruits récoltés par les réseaux APA européen d'une part (1986. EARAPA). et français d'autre part, ce dernier étant soutenu par la Conférence des Directeurs d'UFR APS (dès 1989). En résumé : - le programme intensif est donné en français à l'Université Libre de Bruxelles les deux pre­mières semaines de septembre. Il s'adresse aux étudiants titulaires de la Licence STAPS. souhai­tant approfondir leurs connaissances vis-à-vis des APA pour personnes inadaptées, déficitaires ou handicapées, ou les confronter à d'autres pro­grammes créés en Europe. A ce jour, le PICAPA a inscrit 61 étudiants venant de 19 universités de 5 pays de la communauté européenne, - le Master est une formation de type 3e cycle DEA (diplôme européen de niveau V+). dont le tronc commun de formation (210 h) est donné en anglais à la KatholiCke Universiteil de Leuven

de septembre à décembre. Ce contenu est préalable à la phase de recherche spécifique d'un secteur consti­tuant l'ensemble des personnes inadap­tées, déficitaires ou handicapées menée dans un laboratoire

universitaire européen durant 6 mois. A ce jour, le Master a inscrit plus de 100 étudiants venant de 27 universités de 12 pays de la communauté européenne. Dans la perspective des évolutions suggérées par le programme SOCRATES qui succédera à ERASMUS en 1997. le PICAPA pourrait évo­luer vers la création d'un diplôme européen de niveau V en APA, de modèle type DESS en réfé­rence à la structuration du diplôme... français.

T H È M E 2 LES D É B O U C H É S

Quel est le potentiel d'emplois à la sortie de la filière APA ? Un potentiel d'emplois important On peut sans conteste affirmer qu'il existe dans le secteur médico-social un gisement d'emplois important, insuffisamment exploité, mais pro­metteur. • Parce que la culture sportive pénètre le milieu médical comme celui de l'éducation spécialisée. • Parce que les Activités Physiques et/ou Spor­tives sont pratiquées dans la plupart des établis­sements ou associations prenant en charge les personnes en difficulté d'adaptation. • Parce que le droit à l'éducation physique et à la pratique des activités sportives est fortement exprimé par les personnes présentant certaines déficiences comme par leurs familles qui exigent la reconnaissance de leurs besoins d'éducation et de loisirs éléments majeurs de leur dignité. P

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FRANÇOIS COURTINE

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• Parce que ces droits sont continués par les textes législatifs (Loi de 1975 sur les personnes handicapées. Loi de 1984 sur le sport) et qu'au niveau des établissements de soins ou de réédu­cation i l est précisé que « la prise en charge des enfants doit comporter une éducation phy­sique adaptée assurée par des professeurs d'EPS, titulaires des diplômés requis » (Annexe 24 BOEN 1989).

Quels sont les profils d'em­ploi ? Des profils d'emploi très variés Les emplois du secteur médico-social se caracté­risent par l'hétérogénéité des niveaux de recrute­ment possibles. Les chefs d'établissement ou de service, les présidents d'associations peuvent en effet recruter des animateurs sportifs du niveau 1 au niveau 5 en fonction de leurs objectifs et de la population prise en charge. Nos étudiants ren­trent donc en concurrence au niveau des emplois de niveau 4 et 5 avec d'autres professionnels titu­laires d'un diplôme fédéral ou brevetés d'état. Les étudiants diplômés en APA peuvent tra­vailler dans des secteurs extrêmement variés dans un spectre allant de l'hôpital aux associa­tions de quartier.

Les secteurs d'intervention les plus développés sont : - les déficiences mentales, - les déficiences motrices, - les déficiences sensorielles. - les déficiences organiques (maladies respira­toires, cardio-vasculaires. vasculaires métabo­liques), - les populations en grande difficulté d'adapta­tion sociale ou scolaire, - les personnes âgées... Les secteurs d'intervention sont en perpétuelle évolution en fonction des crises sociales, de la mise en place des dispositifs de politique de la ville et des demandes des acteurs. Les étudiants ayant une formation S T A P S men­tion APA de niveau Licence ou Maîtrise sont amenés à postuler sur des emplois de catégorie A ou niveau 2 et 3 qui cor­respondent à des postes de responsabilité au niveau de la concep­tion, l'organisation, la promotion des Activi­tés Physiques Adap­tées. De niveau cadre, ces étu­diants doivent savoir : • Analyser la demande en APA au niveau d'une région, d'un départe­ment, d'un établissement, d'un service, d'une association... • Élaborer une politique, un projet en matière de pratique des activités physiques et sportives adaptées. • Coordonner l'utilisation des installations de l'institution avec les structures extérieures. • Conduire une stratégie d'échange et d'ouver­ture par la médiation de l'association culturelle et sportive. • Organiser et gérer des événements sportifs (stage de sk i , de plein air. manifestations spor­tives annuelles). • Concevoir et animer les activités physiques adaptées dans toutes leurs dimensions : éduca­tive, de santé, de loisir ou de compétition.

Ces compétences peuvent conduire les étudiants aux emplois de : Chef de projet d'insertion. Chef de service des APA. Conseiller technique pour les APA, Professeur d ' E P S (Conven­tion 66 des établissements relevant du secteur de l'en­fance et de l'adolescence inadaptée, même niveau de salaire, même condi­tion de travail que dans l'Education Nationale). Éducateur physique et spor t i f de niveau 3 (convention 51 des établissements de soins), Conseiller territorial des APA (convention des collectivités territoriales). Formateur en APA (enseignement dans les bre­vets fédéraux et d'état). Responsable de secteur (coordination des anima­teurs sportifs municipaux ou éducateurs territo­riaux)... Dans le secteur sani­taire et social les titres et les statuts des spécia­listes en APA sont régis par les conventions col­lectives nationales aux­quelles sont affiliés les employeurs. La diver­sité des conventions collectives explique les situations complexes vécues par les étudiants qui avec un même niveau de formation, peuvent avoir des salaires et des obliga­tions de service totale­ment différents. Face à cette diversité des sta­tuts, les professionnels en APA ont ressenti la nécessité de se regrouper dans une association pour faire reconnaître leur identité professionnelle (l).

La formation universitaire de niveau maîtrise permet également l'accès au troisième cycle et à l'élaboration d'une nouvelle thèse d'Université

qui permet l'accès au concours de Maître de Conférences des Universi­tés. La plupart des titulaires d'une thèse dans le domaine des APA ont été recrutés en tant qu'enseignant-cher­cheurs en STAPS ou responsables de services. Actuellement on estime que 50 % des étudiants ayant suivi cette filière sont professionnalisés ; 25 % ont tenté un troisième cycle universitaire. 25 % ont

suivi un cursus complémentaire (kinésithérapie, psychomotricité, psychologie...) ou ont bifurqué vers un autre secteur de professionnalisation (édu­cation nationale, travail social, secteur privé...).

Quelles compétences doivent p o s s é d e r les étudiants de la filière APA ? Un métier particulier, des compétences indis­pensables S'engager auprès des personnes en difficulté, trouver un emploi dans le secteur médico-social nécessite une forte motivation et une rupture vis-à-vis des cadres de pensée classiques dans le milieu de l ' E P S .

Nos étudiants doivent dans leur stage démontrer leurs compé­tences à : - élaborer un projet or ig inal d'APA par rapport aux objectifs de l'institution. - travailler en équipe, échanger avec tous les acteurs de la prise en charge de la personne défi­ciente (réunions de synthèse), - faire preuve d'une disponibilité

réelle par rapport à leur spécificité (intervention durant les week-end. les vacances scolaires), - apporter une dimension nouvelle à l'institution, aux personnes déficientes... La formation APA est riche de potentialités et d'ouvertures par rapport aux crises individuelles et sociales que traversent nos sociétés, le bassin d'emploi est réel en France mais encore plus dans une perspective européenne. Le droit à l'éducation et aux lo is i rs sportifs dont étaient

exclues les personnes déficientes ne fera que s'accentuer, i l nous appartient donc de répondre à cette demande en formant des spécialistes de haut niveau. Notre principal handicap dans cet enjeu n'est-il pas la résistance de nos institutions universitaires à s'ouvrir à la différence '?

T H È M E 3 RECHERCHE

On dit que la recherche en APA est dynamique. . . Pourquoi ? Comment expliquer ce dyna­misme ? L'origine officielle du concept Activité Physique Adaptée (APA) est francophone. El le date de l'année 1977 quand les québécois organisèrent, à Québec, le 1 e r congrès international. D'ailleurs le titre donné aux actes du congrès est « activité physique adaptée, processus de la réadapta­tion ». Les communicants vinrent d'horizons divers. Que les pionniers Clermont Simard, Fernand Caron, Denis Drouin. Jean-Claude Pageot... invitèrent le seul français : Guy Azémar, à parler dans les communications professionnelles sur « Le jeu dans les processus de réadaptation » n'a que l'importance de l'histoire, qui retiendra, par exemple, que ce sont nos collègues québécois

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qui ont défendu la francophonie en créant au départ une fédération internationale bilingue devant s'exprimer en français et en anglais. Par contre, que des chercheurs internationalement connus et/ou reconnus depuis. comme Ronald Ferguson. François Péronnet. Roy Shephard. ou Claude Bouchard... contribuèrent, à cette époque, à l'éclosion d'un champ nouveau trai­tant des premières « adaptations » en Éducation Physique (rééducation cardiaque. 3e âge. diabète, obésité, femme enceinte,...), situe bien l'importance de ce qui suivra : - développement de l'audience par la venue massive des profes­sionnels des secteurs traitant de l'anormalité au sens large, - par faute de participation fran­cophone (pour ne pas dire fran­çaise), disparition des traductions en français dès 1983. - récupération de l'idée et main-mise des améri­cains dès 1985. - au début des années 1990. émergence et consti­tution des mouvements européens, nord-améri­cain, asiatique, australien, en APA. fédérés par l'International Federation in Adapted Physical Activity (1FAPA) qui s'attribue une nouvelle charte statutaire en même temps que les services contractuels d'une revue référenciée au Current appelée Adapted Physical Activity Quaterly (APAQ). - etc.. mais, force est de constater depuis bientôt 20 ans. la permanence du déroulement régulier de congrès mondiaux APA tous les 2 ans. la seule alternance respectée étant le lieu : une fois l'Europe : la fois suivante ailleurs dans le monde. La réussite de l'entreprise réside justement dans la combinaison heureuse « hommes de terrain -hommes de sciences » qui trouvent, à l'occasion des rendez-vous nationaux ou internationaux, ce qu' i ls viennent y chercher. A la différence du chercheur disciplinaire qui prend un intérêt à une recherche sur le handicap dans la mesure où la pathologie renforce son paradigme, le chercheur APA est plus philanthrope : ce qu'il déduit i l le met au service d'une cause et se motive, voire se passionne pour améliorer, par exemple, la pra­tique encore trop empirique des éducateurs char­g e s des populations dites « spéciales ». En fait. « i l renvoie l'ascenseur ». I l semble d'ailleurs qu'un fort pourcentage de chercheurs qui ani­ment le domaine de international de l ' A P A soient investis et militent, parallèlement à leurs travaux, dans les associations pour personnes handicapées. C'est cette notion de recherche utile à l'évolution des mentalités sociales qui semble prévaloir, à l'heure actuelle, dans la motivation des acteurs de la recherche. Enfin, i l semblerait que. dans les années à venir, les asso­ciations représentatives des personnes handica­pées aient un plus grand rôle à jouer dans les demandes vis-à-vis de la recherche universitaire en APA. à défaut de se faire entendre concrète­ment de l 'INSERM ou du CNRS, organismes plus mobilisés sur les grands fléaux de notre temps (cancer. SIDA).

Et en France , que l l e e s t la situation actuelle ? Les laboratoires issus des STAPS semblent doré-navant intégrer des problématiques APA de plus en plus nombreuses. Voici quelques exemples, quelques tendances, qui sont repérables en 1996 :

- Besançon : réentraînement à l'effort dans les centres de rééducation fonctionnelle : paralysies spastiques ; équilibration de jeunes malenten­dants : - Clermont-Ferrand : études sur la posture et la biomécanique du fauteuil roulant ; - Grenoble : contrôle moteur, posture, métabo-lismes d'effort chez les sujets trisomiques 21 ; - Lille : marche des sujets infirmes moteurs céré­braux ; représentations sociales et personnes

handicapées ; - Lyon : intégration par le lien social de jeunes en diffi­culté ; personne handicapée physique, bien être et qualité de vie ; - Montpellier : interactions bio-psycho-sociales et APA : - Nancy : posture, équilibra­tion et personnes du 3e âge : techniques d'intervention.

rôle des APS vis-à-vis des autistes, des épilep-tiques : effets de l'exercice physique sur les enfants cancéreux en phase de chimiothérapie : - Nice : études appliquées aux athlètes en fau­teuil ; - Paris V : asthme et santé ; intégration des enfants et adultes handicapés sensoriels : - Po i t ie rs : autisme, handicaps sensor ie ls , vieillissement : - Strasbourg : difficultés d'apprentissage moteur, évaluation, intégration.

La recherche en APA semble n'être qu'un carrefour de divers champs d'application... Elle ne peut donc pas être une disci­pline ! Quelle crédibilité peut-el le prétendre avoir d a n s le futur ? L'affirmation précédant la question est juste, i l faut en convenir, et elle a déjà été formulée... mais on peut en dire tout autant des STAPS et/ou de l 'EPS qui n'ont pas encore une aura scientifique incontestée ! Et puis, le développement des connaissances humaines ne se fait-il toujours que d'après les résultats disciplinaires ? Par exemple, heureusement que les médecins les plus ouverts ont accepté l'aide des mathématiciens, informati­ciens, physiciens pour développer la chirurgie du cerveau assistée par ordinateur... Lorsqu'on fait marcher, courir ou pédaler de jeunes sujets trisomiques 21 (T21), peut-on se douter qu'on peut influencer par l'effort phy­sique leur taux d'enzyme Super Oxyde Dismu-tase (SOD-1) surdosée au repos car tripliquée au niveau de la portion de chromosome surnémé-raire 21q22-l... Qu'est-ce qui est le plus impor­tant pour ces sujets et la crédibilité de notre dis­cipline ?

Avoir réussi à faire marcher, courir, pédaler les sujets T21 caractérisés par une certaine apathie naturelle (rôle attendu d'un psycho-pédagogue spécialisé)... ou sont-ce les variations constatées de l'enzyme SOD-1 soumis à l'influence de l'en­traînement d'endurance ? Autre exemple. Lorsque des chercheurs issus de notre discipline montrent, chez des sujets jeunes et entraînés, qu'à 120 % V02 max. du glucose

peut sortir du muscle et non du foie remettant fondamentalement en cause des concepts phy­siologiques classiques, qu'est-ce qui est le plus important pour la connaissance de l'homme en mouvement et la crédibilité de notre discipline : réuss i r à préparer physiquement ces sujets capables de pédaler à 120 % VO2 max. jusqu'à l'épuisement (rôle classique d'un entraîneur), ou bien est-ce d'avoir osé émettre l'hypothèse « hérétique » que le foie n'est pas le seul organe régulateur de la glycémie dans certaines condi­tions d'exercice ?

S i l'on fait un choix dans la réponse, on introduit de fait la recherche à 2 vitesses : celle qui essaiera de mériter les colonnes des revues scien­tifiques prestigieuses, l'autre qui décrira les méthodologies de mise en situation d'exercice physique dans les revues d'application. C'est pourquoi, en complément de l'exemple évoqué par l'un d'entre-nous tout à l'heure sur les effets de la pratique sportive sur les jeunes patients cancéreux, i l est du ressort du chercheur en APA qui réfléchit sur l'organisation de la pra­tique de s'intéresser aussi (et de se former) à l'évaluation moléculaire des oncogènes. S i grâce à la méthodologie d'activité physique qu'il a « adaptée » aux jeunes cancéreux, i l pense influen­cer positivement le moral psychologique des patients qui. par des « feed-back » biologiques encore peu connus, pourraient contrer l'évolu­tion de leur maladie, ce chercheur en APA doit être capable de parler du sujet sur la même base scientifique que le cancérologue. Donc, domaine dit fondamental et domaine appliqué ne doivent pas être dissociés dans le champ pluriel de l 'APA. sinon on revient à ce que nous avons connus : ceux qui pensent qui utiliseront ceux qui font.

Enfin, pour ce qui est du futur, que pouvons-nous deviner ? Les effets posi t i fs transitoires de l'exercice physique sont établis ou en voie d'être démontrés pour la majorité des étiologies des déficiences, inadaptations et handicaps d'ici la fin du siècle. Ou encore, dit en d'autres termes.

on ne voit pas quel est le déficit qui résisterait aux effets régulateurs béné­fiques de l'activité phy­sique !

Ce qui est plus difficile à cerner sont les effets à long terme de l'activité physique en relation avec le v iei l l issement biolo­gique des diverses per­

sonnes. Au Québec les organismes publics favo­risent les recherches qui tendraient à objectiver les modifications naturelles durables induites par l'exercice physique, au détriment de l'argent versé aux lobbies pharmaceutiques, ce qui n'est pas sans poser un certain nombre de problèmes par ailleurs. I l n'est pas raisonnablement pensable qu'un chercheur APA isolé puisse prétendre seul à ce type de contrat. La voie la plus probable sera qu'il s'intègre à des regroupements d'équipes plu­ridisciplinaires (APA, médecins, paramédicaux rééducateurs, kinésithérapeutes...) dont l'objectif sera de montrer que l'activité physique régulière et permanente participe à l'équilibre « bio-psycho­social » de l'humain (référence Dégoute, A. 1994) y compris pour les plus défavorisés. •

( 1 ) APAPSS - 11, rue de La Baule - 72190 Coulaines.

NDLR : Pour les filières M a n a g e m e n t et Perfor­mance, voir « EP.S » 2 5 4 et 259.

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JEAN-PAUL GENOLINI

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