SPIRITUALITÉ « Etre Libre » N° 6 (Mai 1945)

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    8* anne. 15 m ai 1945 N 6

    SPIRITUALIT(revue mensuelle de culture humaine,

    fonde en 1936, sous le titre " Etre Libre '')

    Science, Religion, PhilosophieFondateur : Iwan KHOWSKY

    Directeur : Rdacteur en chef : R. LINSSSN

    JEA N PYCK, 11, rue Anoui, Correspondance et manuscrit :Ixelles-Brux. Tl. : 12.93.8! Bote Postale 827Compte Chques P. 3374.47 Bruxelles Centre

    SOMMAIRE

    Buchenwald et la Spiritualit.......................

    Han Ryner. L'Homme.............. ......................

    La grce ...................... . ..............................

    Solitude ...........................................................

    Spiritualit et Spontanit............................

    Charles Morgan (L'Art et l'Unit de l'Esprit](suite) ...................................... ........

    Prvisions astrologiques jusqu'au 4-7- i945 .

    Bibliographie ............................................

    Nouvelles diverses ... ... .... ..

    Quelques penses...................................... .... ..

    Ram Lins se a

    Hem Day

    Pierre d'Angkor

    Albert Toetanel

    Marg. Bangerter

    Serge Young

    Le Blier

    Rene Bagage

    Mo y < Krishnamurti,Kanta Gupta,Ram iinssan

    PRIX ; 15 fcrancs le numro.

    120 irancs labonnement annuel-

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    Buchenwald et la spiritualit

    par Ram. LINSSENLe monde frissonne dpouvante devant toute lhorreur des atrocits

    dont les tortionnaires nazis se sont rendus responsables. Buchenwald,Belsen et bien dautres encore peut-tre pires, sil est possible detrepire constituent autant de leons tragiques do se dgagent unemultitude denseignements trs importants, mais encore obscurs. Il estcependant dune imprieuse ncessit de les tirer au clair.

    La premire question que se pose tout homme est celle de savoircomment non seulement, deux ou trois individus, mais bien des centainesont pu en ce X X o sicle, en plein cur de l'Europe, procder des

    tortures qui dpassent en raffinement et.en cruaut ce que nauraientjamais pu rver les tyrans les plus sanguinaires du pass. Il est videntque le titre dhomme ne peut sappliquer aux auteurs dactes semblables ceux qui sont dcrits dans toute la presse et que nous confirment lesrescaps eux-mmes.

    Pratiquer une politique spirituelle de l autruche l gard des horreursrailises dans les camps de concentration allemands, serait tout faitinadmissible.

    Un problme aussi douloureux soulve des questions poignantes. Uneangoisse irrsistible nous treint lide que nous ne pourrions pas emp

    cher un jour le retour dune telle vision de cauchemar.La rponse au problme est double. Il importe dexaminer le traitement infliger aux tortionnaires. Il faut ensuite tudier quels sont leslments psychologiques, sociaux qui ont permis datteindre l'effarantedchance morale dont le monde actuel est le tmoin.

    A lgard des responsables de ces tortures une justice implacabledoit tre applique. Justice implacable mais parfaite. Et tout hommespirituel doit comprendre quil est possible de sanctionner svrementde tels actes, sans y mler les remous traditionnels de haine et de vengeance.

    Buchenwald constitue un avertissement pour le monde. Buchenwaldnous montre quen idpit de sa science, lhumanit est au seuil dun abme,et que si lvolution morale de lhomme ne subit pas une r-orientationcompltement diffrente, la faillite sera certaine. Si les horreurs deBuchenwald ne sont pour le monde quun prtexte faire dferler dansles coeurs plus de haine ajoute celle que les tortionnaires ont djassouvie, cette exprience naura servi rien. A vrai dire, une sommede souffrance aussi monstrueuse mriterait mieux.

    Pour lhomme spirituel, la froide condamnation mort desbourreaux ne fait pas lombre dun doute. Encore faut-il prciser que sielle tait immdiate, elle changerait fort peu de chose -aux causes pro

    fondes des maux qui psent sur la conscience des accuss. Il faudraitprcisment parvenir si la chose est possible rappeler ces derniersquils ont une conscience. Avant lexcution de la sentence de mort,inexorable celle-ci, une ultime tentative de r-ducation devrait tretente, si lon ne dsire pas, que les nergies psychiques prsidant de

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    telles dgradations morales, ne continuent ultrieurement leur travail des- >'tructeur.

    Quant aux lments psychologiques responsables de telles aberrations, ils sont multiples. Il faut y voir laboutissement dune dviation dusens moral dont les dbuts sont imperceptibles. Il serait trangementsimpliste de supposer quun simple changement de rgime politique ousocial puisse amener un changement durable dans les causes premiresde tels maux.

    Lorigine premire de cette dviation du sens moral se trouve dansle cur de lhomme. Elle est un rsultat de cette oblitration du jugementindividuel laquelle procdent invitablement tous les mouvements dits de masse . Le fascisme, en broyant les individus en srie , de faonrigide, suivant un modle standard, dans une atmosphre dintimidation,de chantage moral, aboutit la cration de ces automates invraisemblables capables dactes extrmes dans lhrosme ou la monstruosit, parce

    que frapps la base de la plus totale inintelligence et de la plus complteabsence de cur. Nous ne prtendons pas par cela nier lexistence dunhrosme vrai, intelligent, accompli dans la pleine possession de laconscience de soi, ou encore, par celle plus prcieuse de la ralit divinequi la transcende. Les actes auxquels prsident les mouvements de massesont presque toujours des actes irrflchis. A des officiers suprieurs delarme allemande, verss en sciences diverses, cultivs, aimant les arts,certains dentre nous ont pos la question de savoir ce quils pensaientde la guerre. Ils nous rpondirent avec le plus grand naturel du monde. Nous nen savons rien, le Fuehrer pense ces choses notre place.

    Cette obissance aveugle dune collectivit dindividus aux ordresdune autorit extrieure constitue une faillite dont la gravit se trouvesanctionne par lacuit des souffrances quont endures les millions devictimes de cette guerre. Lexprience de Buchenwald nous force dnoncer avec une vhmence exceptionnelle le danger des mouvements demasse tant prns par les idologies fascistes. La vie courante ne nousfournit-elle pas souvent dloquents exemples de lamplitude de la cruautque peuvent atteindre les foules des pays soi-disant civiliss , lorsquelles se laissent envoter par une psychologie collective obnubilantcompltement le jugement, le sens de mesure, la sensibilit des individusqui composent ces foules. Les cas de lynchages dadversaires politiques ou

    de criminels, les bagarres sont typiques cet gard. Les hommes ensocit, accomplissent souvent avec facilit des actes quils rprouveraientsils les confrontaient calmement la lumire de leur conscience.

    La conclusion qui simpose tout tre spirituel est celle de lurgentencessit dune rforme totale de lducation morale de 1homme. Leprogramme est double, car il concerne autant les adultes que les enfants.Il sagit donc pour les premiers dune vritable rducation dont lurgencene fait plus aucun doute, sauf pour les incorrigibles satisfaits , les optimistes bats, qui trouvent encore que tout est bien. ICette rducationtotale doit se faire au moyen de confrences, dcrits. Tous les moyensde propagande modernes pourraient y tre employs : presse, cinma,

    radio, thtre.Encore faut-il quil se trouve une lite suffisamment capable et agis

    sante pour entreprendre la tche colossale de cette reconstruction de

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    lhomme. Ce nest quen apprenant aux hommes se connatre, en contribuant en faire des tres responsables qui pensent par eux-mmesque lon tiendra en chec les tentatives sournoises denvotement despsychologies collectives. Lhomme, comme le dit Krishnamurti, doit travailler collectivement, mais il doit penser individuellement. Ce nest quenorientant lhomme vers la dcouverte des richesses spirituelles que lanature a dposes en lui-, ce nest quen aidant lhomme prendre pleinement possession de lui-mme que lon crera l'obstacle le plus durable,le plus srieux, lclosion possible de tous les fascismes.

    Toutes nos morales, nos religions, nos institutions sont bases surl gosme dont elles constituent un encouragement tacite. L'gosmehumain est la cause fondamentale de la carence des valeurs spirituelles.Et rciproquement.

    Ce nest que lorsque lhomme est spirituellement pauvre que desmouvements de masse, quels quils soient, trouvent en lui, leur victimeprdestine.

    Il faut faire table rase du pass. La faillite de tous les systmesreligieux, moraux, sociaux traditionnels nest que trop clatante. Lalzarde envahit le temple. Ne repltrons pas les fissures bantes de lavieille cit qui scroule. Allons de lavant. La section naturelle balayerace qui physiquement, moralement et spirituellement, est inadquat auxexigences de poque.

    Il faut doter les hommes de demain dun dynamisme, dune richessespirituelle, dune virilit mentale qui leur interdira dtre des suiveurs,

    des imitateurs, des esclaves aveugles mettant les destines du mondeentre les mains daventuriers et dexploiteurs. Une civilisation nouvelledoit sdifier sur des bases plus saines, dpouilles de lgosme traditionnel. Lessentiel de nos dcouvertes scientifiques nous montre quau deldes apparences limites et statiques de lunivers matriel existe une ralitextraordinairement vivante dynamique. Cest en cette ralit perptuellement mouvante, sorte dessence lumineuse commune, que les tres et leschoses se meuvent, prennent vie et disparaissent. Il s'agit dune prsencede profondeur sur laquelle se profile le perptuel va et vient de nos tresspars de surface. La perception de ce lien sous-jacent la multiplicitdes phnomnes, dont chaque tre porte lempreinte au plus intime de

    sa conscience ouvre la porte vers l're de laltruisme le plus fcond. Ellemet lhomme au seuil de cette dlivrance de la conscience de soi ,libration qui constitue la raison dtre de ses luttes. Trop lointaine cetteralisation ? Non, mille fois non. Elle est minemment simple, mais seulesles termes la compliquent. La vrit est toute simplicit. Mais parce quenous sommes complexes, il nous faut un effort inou pour accder au paradis perdu de notre spontanit et de notre simplicit premires.En cette ralisation rside la plus grande richesse qui soit. Dans la mesure o les hommes de demain salimenteront la source profonde quirside en lintimit de leur conscience, ils accderont lintensit dunevie nouvelle dont le seul prestige leur interdira tout jamais de procder ce culte dautrui, ce reniement complet de la dignit humaine auxquelsprocdent tous les fascismes, quils soient de droite ou de gauche.

    Il nest pas dtre au monde qui ne pense ni aime. Lhomme peutraliser la Vrit dans la mesur o il parvient exalter ses puissances

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    daimer et de penser vers leurs plus hauts sommets. Il nentre pas dansle cadre de ce manifeste spirituel de donner les dtails qui peuvent faciliter cette ascension, et moins encore den dmontrer le bien fond endpit de toutes les horreurs actuelles.

    Paralllement cette rducation des adultes, il faut procder celle des gnrations futures. Nous avons pour devoir de contribuer faire de nos enfants des hommes accomplis. Mais cette tche est bientrop immense pour pouvoir tre ralise dans sa totalit au cours duneseule gnration. Les enfants devront apprendre se connatre, se tenirdebouts tout seuls dans la vie. IJs devront tre mis en tat dapprhenderen eux cette sve spirituelle prcieuse qui salimente la source la plusprofonde de la Vie elle-mme, et dont lclosion leur apprendra sedpasser eux-mmes, pour le plus grand bien de tous. L'affranchissementprogressif de la conscience de soi , tel devra tre le but fondamental

    de lducation de demain. Elle devra sattacher la cration d'individusvritables ayant atteint cette maturit desprit et de cur qui leur permettra de se dpasser, limage de ces graines mres qui un jour, envertu de leur maturit mme, meurent leur propre vie de graine pouraccder la renaissance prodigieuse dune vie nouvelle.

    Lducation de demain doit aboutir lpanouissement des facultsintuitives, car seule lintuition permet lhomme daccder cette prisede conscience qui l'affranchit des limites de ilgosme. Cette ducationbase sur les tendances de chaque individu, parviendra dvelopper enchacun le maximum de dynamisme par lpanouissement des facultsoriginales et cratrices. De tels tres possderont en eux une richesse decur les garantissant de faon dfinitive contre les dchances horriblesdont nous sommes les tmoins actuellement.

    Les expriences de Buchenwald, de Belsen, de Dachau, de Lansberg,etc., ne doivent se traduire pour lhomme spirituel que par un bilan positif.Et pour quil soit positif, il faut quil soit affranchi de tout sentiment dehaine.

    Nous devons tre justes, svres, impitoyables mme, et tout cela,nous pouvons ltre sans haine. Une immense compassion doit sleverde nos curs vers la somme de souffrance monstrueuse quont endure desmillions dhommes, de femmes et denfants. Et paralllement cet lande notre cur, puisse surgir en nous la ferme dtermination daccomplirsur nous-mmes d'abord, et sur les autres ensuite, les rformes dont noussentons l'urgence. Soyons pratiques. A quoi bon ajouter de la haine, tant de souffrance, dj tant de haine assouvie. Si nous sommes submergs par les courants de haine qui tentent denvahir les collectivits, nouscontinuons sans le savoir, le processus diabolique amorc par les infmiesdes tortionnaires eux-mmes. Que notre premier geste soit un retour surnous-mmes ; et demandons-nous : quavons-nous fait pendant ce temps ?que faisons-nous ? quallons-nous faire ? Puisse lacuit des souffranceshorribles dont les rvlations plnent sur le monde comme une ombreimmense, nous dterminer nous arracher de notre gosme routinier, nous rviser de fond en comble, nous dpouiller de toutes les lchetsque nous sommes capables de commettre encore.

    Lacuit de la douleur qui sempare de nous en pensant aux supplices,aux massacres que nous connaissons doit nous arracher aux sphres

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    d'attraction pure o sc complaisent trop souvent un grand nombre demystiques. Elle doit aussi nous gurir d'un certain snobisme spirituel quienvisage trop facilement ces problmes du bout des doigts . Pensons

    l'attitude de Ramakrishna, ce grand sage de lInde, lorsquil nous conviait adorer Dieu dans le visage de nos semblables, LE servir ensoulageant les misres humaines. Nul ne peut rester insensible la douleur endure par tant de millions dhommes. Que tous ceux qui sententla possibilit de faire quelque chose dans limmense rvolution qui simpose senrlent dans la croisade de la renaissance spirituelle que les vnements nous commandent daccomplir. Le rle de lhomme spirituelest la fois individuel et social. Individuel par la dcouverte et lpanouissement progressifs des richesses dont il est le dpositaire. Social par lamise au service spontane de son acquis spirituel au profit de ses em-blables.

    Lordre social rclame de la discipline. Mais une discipline diffrentede celle que nous imposent les dictateurs daujourdhui. La paix et lharmonie rgneront dans le monde lorsque celui-ci sera dirig par des individus asservis lai discipline svre quils simposent eux-mmes. Etcomme dans les ultimes profondeurs de toutes les hommes demeure uneseule et mme prsence, de la fidlit aux suggestions de cette dernirene peut rsulter quune harmonie durable. Devant toute lhorreur deBuchenwald, aucun homme spirituel na le droit dtre dsempar. Samission reste toujours la mme : l o se trouvent les pires tnbres,introduire la plus blouissante Lumire, l o se trouvent les plus grandesdngations du Divin, matrialiser la surface, la perfection divine desprofondeurs qui doit surgir, en restant fidle, envers et contre tous, lternelle loi dAmour.

    Han Rynerl'Homme

    Je le savais assez souffrant... Au dbut de dcembre 1937, il sexcusait dans une lettre de son long retard apport me rpondre ensexprimant ainsi : Paresse chez moi signifie toujours mauvais tatde sant. Depuis trois mois, ce sont surtout mes yeux qui me gnent.

    Han Ryner nest plus. Une brve information de presse, six lignes peine, quelques mots htivement lancs la Radio entre deux communiqus mensongers ; cest ainsi que nous apprmes que celui qui pournous tait a sagesse vivante mme, tait dcd en son modeste appartement sur les bords de la Seine, au 38, Quai des Clestins, Paris.

    Il mavait trop appris garder devant la mort cette srnit magni

    fique qui animait toute la vie de sa pense pour quune douleur angoissant vnt me tenailler lannonce de sa fin.

    Laissons l nos douleurs intrieures pour courir vers dautres imprieux dsirs qui nous sollicitent, ceux qui nous conseillent de mieux lefaire connatre, de mieux le faire aimer par tous ceux qui ne layant point

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    approch, layant peine iu ou entendu, prouveront cet irrsistiblebesoin de mieux le connatre afin de s abreuver aux sources dinspirationpleines dun riche enseignement quil nous a offert dans une vie gnreuse, toute de bont, damour quagrmentait une rare sagesse.

    Si je lavais, en une ddicace publique, salu comme mon pre spirituel, cest qu' maintes reprises, au cours de ma vie, son uvre m'avait aid pour le dbrouillement de loriginal chaos intrieur . A ce sujet,dans une prface qu'il crivait pour mon Erasme, Han Ryner, mettantcependant les choses, au point, disait :

    ^ Quun naf dogmatique naille pas simaginer que nous sommes d accord en tout. Nous sommes daccord, au contraire, que pre et fils doivent avoir chacun sa vie, sa pense, son caractre indpen- dants ; que rpter "est une vertu de perroquet, non de l homme ; quimiter quelquun est aussi injurieux pour lan ridiculement affubl du titre de matre , que pour le cadet humili du titre de disciple . Nous nous aimons dans nos libres diffrences. Nous nous aimons d'tre deux sincrits et de raliser chacun, sans se proccuper de lautre, plus que des autres, son harmonie.

    De parents catalans, des environs de Perpignan et non fils dunpre norwgien et dune mre espagnole comme le veut, on ne sait troppourquoi, la lgende entretenue par son pseudonyme, peut-tre, HanRyner ; Ner Jacques, Elie, Henri, Ambroise est n Nemours en Algriele 7 dcembre 1861.

    Son pre tait employ des postes Millas, sa mre originaire de

    Thuir.Le petit Ner, a un mois peine, quand sa mre est envoy en

    France, Montluon (Allier). Sa famille y habitera jusquen 1865,ensuite successivement, il se voit transplant avec les siens1 Tarbes(Hautes Pyrnes) jusquen 1870, puis Rognac (Bouches du Rhne),sur les bords de cet tang de Berr que plus tard il dpeignit si passionnment dans ce roman : La Fille manque .

    Reber est une sorte doasis perdus dans un dsert. Un canal etla petite rivire dArc lui apportent de l'eau, permettent la valle unegrossire beaut verte et grasse, saine et banale. Mais des collines lenserrent, sches, rocheuses, exquises dlgance maigre. Elles slventpar gradins successifs, offrent, des hauteurs diverses, de petit plateaux sur lesquels on se retourne pour un spectacle chaque fois plus vaste.Il donne, le spectacle de plus en plus gnreux, une partie de l'tang ;puis ltang tout entier et ses admirables courbes ; puis, au del mmede l'tang, linfini de la grande mer . Plus on sloigne du petit coinfertile, plus on sent la beaut noble des grands espaces sans dtail, pluslesprit saccorde au rythme des chnes nains qui moutonnent sur ltendue des rocs dans la lumire blanche, saccorde au rythme des vaguesqui font de la mer sans bornes une harmonie dans le soleil.

    Enfin, Henri Ner, va en classe, sept kilomtres de chez lui. Il lit

    sur la route les petits livres de la Bibliothque Nationale , vingt-cinq centimes, qui ont fait, me disait-il lui-mme, en partie son ducation. Pour se les procurer, notre jeune colier conomise un sou sur lesdix centimes quil reoit de son pre pour le djeuner de midi.

    A quelque temps de l, Henri Ner commence ses tudes latines

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    Forcalquier, collge dirig par labb Saurin, et me raconta sa fille, bienque en arrivant, il ne sache pas un mot de latin la fin de lanne, il estclass lr, au bout de deux ans il en remonte son matre, qui, vrai

    dire, n'tait pas un latiniste .Henri Ner travaille avec ardeur, il obtient son baccalaurat et est

    dispens ainsi dtre soldat. Il termine ensuite ses tudes au Lyce dAix-en-Province, est reu boursier la Facult de. cette mme ville.

    En 1882, Henri Ner, est nomm Professeur de seconde Dragui-gnan, puis successivement son humeur inquite le conduit Sistron, Bray, Bourgoin, dans le dpartement de lIsre, pour enfin chouer Nogent-Je-Rotrou.

    Mais entretemps, Henri Ner sest fait recaler la licence de philosophie. Il nous a cont la chose dans son livre Chair vaincue non sansquelque talent. Cependant lanne suivante, pour avoir rpondu lamme question dans un esprit semhlable, il est reu et flicit par lexaminateur qui tait autre.

    Mais, nous dit Banville dHostel : Avant quil fut question de Chair Vaincue , Ryner, qui ntait alors que Henri Ner, commenaitdcrire des romans empreints dune observation aige et dun jugementdroit ; tels furent : Pauvre Petit Orgueilleux et Printemps fan ,rests indits. Mais il n'crivait pas que des romans. Sous le pseudonymede Louis Aloisius, il donnait au Radical des Alpes une srie de boutades anticlricales, qui nannonaient pas encore Psychodore. Il se

    plut mme intriguer les Aixois en signant, dans les journaux de lendroit, des articles trs informs du nom gracieux de Louise Carlau, cequi est assez piquant lorsquil sagit du futur pamphltaire du Massacredes Amazones .

    Il signera entretemps dautres articles sous les pseudonymes de certains des personnages de ses romans futurs, tels : Lo Charade, JeanSahac ou Pierre Dapr que nous retrouverons dans son Crimed'Obir .

    Cest vers cette poque que dans un villaige proche de Sisteron, lecholra se dclara. Henri Ner sy rendit pour suppler ,1a dsertion des

    notables qui avaient prfr dguerpir. On demandait des volontaires Amergues, Henri Ner dcide un officier de sant laccompagner etavec deux autres amis s'en allrent soigner les malades, enterrer lesvictimes, dsinfecter les habitations.

    Mais voici la chose raconte :

    Mais il fallait des aliments, Han Ryner se rend Sisteron et Digne, et, aprs avoir fait quelques reproches lgitimes au sous-prfet et au prfet, obtient finalement une charrette de denres quil amne Amergues.

    L pidmie est vite en dcroissance dans le petit village, mais elle svit avec fureur Sisteron, Han Ryner revient alors dans cette ville et fonde un Comit de secours qui bientt a raison du flau.

    A la rentre des classes car cette pidmie stait dclare pendant les vacances Han Ryner fut interpell par le principal du

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    collge qui lui reprocha d'avoir agi de sa propre initiative, sans detna.n- der lavis de l'Administration.-

    Mais le Recteur Acadmie, lui, plus intelligent, fit dcorer

    Han Ryner des palmes acadmiques ! Ce fut sa seule dcoration. Henri Ner gagna donc les palmes acadmiques, mais fut prservdu cholra et reut mme une lettre dloges signe dun ministredcd peu de temps avant la naissance de lpidmie.

    En 1889, sous son nom Henri Ner, parat -Chair Vaincue queprface Jean Aicard iqui dj a entrevu en lauteur un inquitantretourneur de mots et d'ides .

    Lautorit de la morale, crit Jean Aicard, tait hier encore dansla sanction objective : en Dieu. Elle nest plus que dans la conscience.La conscience se suffit-elle ?

    Question effrayante!... ce je ne sais quel charme intrieur, quelplaisir secret, contentement harmonieux, davoir agi ein conformit avecla direction des lois de lunivers, est-il, pour tous les hommes, un attraitsuffisant vers le bien ? et que fera lhomme libre dans ces cas o la loisociale contrarie la loi purement vitale, naturelle ? Nous voici au nudde la question, mon cher ami, et cest ici que je proclame volontiers,au point de vue social, cest--dire du dveloppement des civilisations,la supriorit dune morale usuelle, dune discipline, en dehors delaquelle lhomme qui mdite, soit insuffisance, soit surabondance dides,n'est, en effet, quun animal dprav !

    Que de temps perdu, pour un consciencieux, chercher sa voie, peser ses scrupules, sinterroger...

    .. .J e crois la justice de la conscience... pour ceux qui ont uneconscience!... Et voil un cercle vicieux.

    Dieu, cette figure fausse dune vrit absolue, c tait uneconscience pour tous ! LIde de Dieu donnait une conscience ceux quinen avaient pas, concrtait lide de conscience pour le regard desmoins subtils. En Dieu, la conscience du monde est atteinte... Aussila mort de Dieu est-elle lvnement le plus formidable de notre ge.

    ...Votre hros conclut deux vrits impossible et ncessaire

    et c'est lui qui a fait ma prface, car sa placer hardiment en face delAntinomie universelle, du Fait et de lAspiration, cest affirmer linconnaissable, cest--dire linconnu plus grand que lincapacit de connatre, cest se rserver pour les dieux. Sans la mort, et vouloir lactiondans la vie...

    Lanne 1895 lamne Paris, il est nomm professeur adjoint auLyce Louis le Grand puis au Lycie Charlemagne.

    Avec joie, Henri Ner verra cependant approcher sa retraite afinde pouvoir travailler, car si dj il nous a donn Chair Vaincue ,Chant du Divorce, Ce qui meurt, La Folie de Misre, qui

    caractrise si on peut dire sa premire tape, presque entirement ignorede beaucoup mme parmi ceux qui lont tudi, dj on sent natre l'HanRyner futur. Il parlera de tout cela comme de rognures .

    Au (dbut de ma dcouverte avec sa pense, comme je lui crivais

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    afin de minformer de lhomme et de son uvre crite jusqu cette date,il me rpondait aimablement son embarras pour donner suite ma lettre,vu que toute son uvre antrieure 1903 tait puis, introuvable, puis

    me parlant de sa vie il mapprenait : Quant ma vie rien qui vaille la peine d'tre cont. Et ce qui

    serait le moins loign d'offrir un vague intrt serait si long dire : petites perscutions ridicules dans l'Universit parce que jcrivais des choses peu universitaires, longue conspiration du silence dans toute la presse.

    Terminant sa lettre en me remerciant davance pour tout ce que jeproposais de faire en faveur de son uvre qu'il croyait peut-tre utile quelques-uns, il concluait : Lhistoire dun crivain, cest son uvre. E t qu'elle ait t plus ou moins contrarie par ,les circonstances, qu'im- porte ? S'il y a quelques fleurs, on les respire ; quelques fruits, on s en nourrit ; il ny a pas grand intrt savoir si larbre a subit plus ou moins de vent et si des maladroits ou des malintentionns ont cass quelques-unes de ses branches. Le rsultat compte seul.

    Hem DA Y .

    La grce

    De tes traits acrs, o doux archer divin, Tu transmutas ma chair et tu la remplis d'me,l Sublimant mon amour en une ardente flamm e[ Qui consum e jam ais lpr e dsir humain.

    Sous tes coups insistants, j'ai reni ma foi.Une fo i en la lettre et que la raison nie ;

    M ais tu me las rendue, intacte, rajeunie,Sa valeur, son esprit, interprts pa r To i !

    Les hommes ont voulu me couvrir d'anathmes.Visages irrits que lhorreur faisait blmes ;M ais Toi tu m'as combl de douceurs d e ta Grce.

    D pines et de fleurs, dessous mes pas tremblantsTu jonchas sans rpit, o matre de lextaseLe dur chemin qui monte aux sommets exaltants.

    Pierre D'ANGKO R.

    fp

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    Solitude

    Au fo nd, la Solitude es t la meilleure amie...Ce soir, le ciel est doux aprs la longue pluie,

    Les chemins sont boueux et tristes, es maisons'

    Referment leurs volets sur un bruit d chansons

    Et quelques toits penchs paisiblement senfument.

    La Ville, peu peu, s'entoure d une brume ;

    Les rverbres noirs, sous leurs chapeaux pointus.

    Allument des yeu x d or qui clignoten t, ttus,

    Et risquent des signaux aux derniers noctambules...

    Ce soir, mon cur est seul et te pass recule

    L horizon fam ilier d es m ornes souvenirs :

    A h ! j ai rv de vivre et j'avais cru partir

    Vers d'autres continents aux accueillants rivages,

    Et je n'ai point boug d'ici... Que de ravages

    L e doute im pitoyab le exerc e-t-il en nous !...

    J'ai voulu la victoire, et te Sort, dont tes coups

    Tombent aveuglment sur notre dos qui plie,

    M 'ordon na ta dro ute et la mlancolie...Je ne dem ande point d e piti ; mes soucis

    M accom pagnent partout comme des chiens fidles ;

    Adieu, le s longs essors, tes lans fous, les a iles !

    J e suis seut dan s la fo ute et c'est trs bien ainsi...

    Ce soir, le ciel est doux aprs la longue pluie,

    Et tandis que ma chair sinistrement s'ennuie.

    M on cur, grand vagabond des sentiers interdits,S'en va, silencieux, che rcher d es para dis !...

    A lb er t T O E T E N E L.

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    Spiritualit et spontanit

    par Marguerite Bangerler

    ( E X T R A I T D U N E L E T T R E . )

    La spiritualit rside en une ductilit, une plasticit de plus en plusgrande, une adhrence de plus en plus totale aux mouvements de la Vie.Chacune de nos journes doit sgrner au rythme de la Vie elle-mmeavec le seul souci de meubler le prsent dun maximum de perfection.Ce mode de vie interdit toute prfiguration.

    Nous sommes mille fois trop encombrs de rgles, de croyances,

    de craintes. Nous avons peur de mourir, peur davoir faim, peur davoirmal, peur de mal faire, peur de demain, peur de la misre, peur du pch,peur de lAmour, peur de la joie, peur des larmes, peur de tout. Et cespeurs nous transforment en un pt desclaves exploitables par toutesles erreurs. Elles nous rendent tout dsintressement impossible, car cestmoins par amour que nous pratiquons la bont et la justice que pourconjurer tout ce que nous craignons. Lacte pur, spontan, gratuit, divin,doit tre pos en toute libert, cest--dire sans crainte comme sans espoir, en gage de quoi il devient vraiment original et crateur. L gt lesecret de lultime simplicit laquelle nous exhortait Jsus quand il nousinvitait tre comme des enfants, libres, sans croyance et sans dogmes,

    sans appui, sans guide, mais entirement dans la main de Dieu, per-duement fondu en Lui. Et quest-ce que la main de Dieu sinon notreadhsion troite la Vie en laquelle nous avons l'tre et le mouvementet dont nous nous exilons force de sensations, dides, dintelligence,de limites.

    Alors s'clairera pour nous lhistoire de la pomme et du pchoriginel. Quand sinaugura dans lanimal qui nous servit danctre lergne de la conscience de soi, fruit de larbre de la connaissance, cetteconnaissance de soi lisola du Tout, dont il faisait partie intgrante.Pch ? Ainsi le pensons-nous pour tenter d'expliquer lopposition dubien et du mal. mais lun et lautre nexistent qu notre chelle. Danslabsolu il n'est ni bien, ni mal. Quand lhomme cesse de sidentifier aveclindividu isol que cette conscience de soi a cr, quand il saffranchitdes limites de son go, quand il se dpouille " du vieil homme ,, pour serevtir du nouveau qui se renouvelle en avanant dans la connaissancede Dieu alors il retrouve la plnitude du paradis perdu et entre en possession de l'hritage promis par les Ecritures. Il nest plus quand il atout donn, tout rendu que ,1a Vie totale, impersonnelle, indiffrencie. Cest bien a tort que nous faisons concider cette mort nous-mmes avec la mort du corps physique, et ce sacrifice, pour ultime quilsoit, simplifie par trop le problme.

    Le trpas met fin nos possibilits d'expriences et dvolutions.Cest de suite quil faut mourir la conscience de soi , pour sengagerdans ltat christique ou bouddhique o se trouvent raliss en une seulesynthse linfinitude de lAmour et de lIntelligence, Tous les textes

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    sacrs nous donnent pour cela mille recettes. Nous devons considrerque leurs enseignements doivent tre entendus comme conseils mais noncomme prceptes, car on ne peut riger la spiritualit en rgles, tout cequi est habitudes et statique, sexcluant par dfinition de la vrit,

    qui est spontanit, dynamisme et perptuelle cration.Notre procd de libration, notre rachat ne peut tre quexclu

    sivement personnel, secret, direct, souple, mouvant, de faon pouser chaque instant le maximum de nos possibilits, sans nous river unmodle quel quil soit.

    Garder les yeux fixs sur un modle, ft-il parfait, cest renforcerla conscience de soi en sappliquant la calquer sur quelque chosequi nous est extrieur. Ce processus statique, fait dimitation, consolidele vieil homme au lieu de lanantir.

    La perfection, nous devons chaque instant la devenir en linven

    tant, ce qui de plus en plus nous libre, nous affranchit, nous introniseau rang de Fils de Dieu , jusqu finalement nous incorporer, nousidentifier Lui. Ce but doit devenir notre unique raison dtre.

    Charles MorganL'Art et l'Unit de l'Esprit

    par Serge YOUNG.(suite)

    On a souvent confondu la contemplation et lunit de lesprit.MORGAN, lui-mme, nchappe pas toujours cette confusion. Nousy reviendrons dans un instant. Or cette erreur revient identifier la finet le moyen. Car lunit de lesprit est la contemplation ce que les couleurs et la palette sont lartiste. Un moyen dexpression. Ou pluttnon, une possibilit offerte lesprit de sexprimer. Quelquun qui ordonne silence au chaos de nos mille voix et qui dit lme : Toi seule

    est digne de te faire entendre . Voil bien lunit de lesprit : une gardienne de lhomme intrieur par lintermdiaire de laquelle la musiquede Jme slve dans la chair !

    La vie actuelle, la vie moderne semble avoir tout fait pour combattrelunit de lesprit. Elle a coul le rebut et les immondices de son existence ,lore de ce pur tunnel. Elle a plac son affolement ridicule, laroue perdue de sa rapidit et de son nant devant cette fentre quiouvrait sur la lumire. Mais cette heure a aussi sa fin. Demain, peut-tre le temps de la voie purifie et de la fentre ouverte larges battants.Cela ne dpend pas dautre chose que de notre qualit dattention. Cetteattention dont parle le monologueur de lInquitude, PASCAL, et qui estlunit de l esprit. E t quest-ce lattention sinon lamour ? Parce quelamour est ce qui nous prcipite hors de nous-mme et que lattentionest le silence impos au moi en faveur d'autre chose.

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    Par Junit de lesprit, cet amour de lattention et cette attention l'amour, lhomme retrouve le secret de son me. Et par son me il rejointla continuit spirituelle qui triomphe sous lapparente diversit matrielle.Il bondit hors de lui-mme et ne se connat plus de limites. Par lme,

    il enceint tout, il a accs tout. Cest la premire tape, cest le saisissement de la prsence divine en ce quelle est solidaire dune infinit departies !

    Reprenons maintenant ce problme que nous avons, semblerait-ilabandonn : celui de lart et de lunit de lesprit.

    Le travail crateur est essentiellement le rcit, la peinture, lvocation dune suite incalculable de choses extrieures lartiste. Mais il nesuffit pas de rciter, peindre ou voquer ces choses pour faire uvredart. Quelques conditions primordiales doivent tre satisfaites. Rappelons-nous quune cration nest durable et digne de lhumain que lors

    qu'elle dpasse la dure et les limites de l'humain. Elle ne simpose etne survit que dans la mesure o elle parvient rendre lessence ultimedes choses quelle contemple. La force et lapparence cde au temps et laccident. Seule lessence est immobile et invariable au-dessus de lavarit et du changement. Lart ternel est proprement parler lart del'Eternel.

    Mais semparer de l'essence des choses et sen emparer si troitementquil vous est loisible ensuite de les exprimer, est tche difficile pourlartiste. Car lessence des choses ne se conoit qu la lumire de sonessence lui. Autrement dit, c est par son me quil comprend ,1me deschoses. C'est par l'esprit quil approche la spiritualit projete et inclusedans toutes les parties de la nature.

    Lartiste est comme le commentateur d'une ineffable musique universelle. Cest en coutant son me quil entend tout le prisme de lasymphonie.

    Grce quoi peroit-on lme et son chant. Grce lunit de lesprit, comme nous lavons assez dit. Par l mme, lunit de lesprit estla source et la matrice de tout art. Et cest encore la source et la matricequi ont suscit la soif et le germe.

    Lon pourrait dire que lArt est le rcit dun grand Amour, cetteaffection que par son essence lme voue lidentit de toutes les autres.

    Rien ne pourrait mieux nous le montrer que FO N T A IN E etSPARKENBROKE pour en revenir eux qui ne sont pas seulementdes uvres nes de lunit de lesprit, mais encore le double aveu decette dpendance. Elles sont la louange de lunit de lesprit qui demeureen elles.

    A travers laventure de leurs personnages, travers H A R W IT Z , une des plus grandes figures de la littrature contemporaine travers JULIE, ALISON, MARY, PIERS, GEORGES, se droule leprodigieux pome- dune Nativit. Voici les livres de la gratitude. Voiciles journaux de lexploration spirituelle. Je1 dis que SPA RKEN -

    BROKE et FONTAINE sont dans lordre naturel et limit par leslisires de cet ordre, les quivalents du CHEMIN de la PERFECTIONde Ste T H E R E SE dAVIL A, des lettres de St BE RN A RD , des mditations de Guillaume de St T H IE R R Y , dans lordre surnaturel.

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    Cette affirmation nous mne notre dernier problme. Celui de lavaleur de ces romans sur le plan absolument spirituel.

    Nous avons dit plus haut quil ne faut en aucune faon confondrelunit de lesprit avec la contemplation, de peur d'identifier la fin avec

    son moyen. L'unit de lesprit est ,laudition de la musique universelle entant quelle est saisissibale par le canal de lme. La contemplation quilui est infiniment suprieure, est le contact avec la source musicale elle-mme, cest--dire avec Dieu. iPossder lunit de lesprit, cest connatrela possibilit dentendre la voix divine dans la mesure o toute chose,par son essence en est lcho. Accder la contemplation, cest jouirde lineffable prsence de Dieu, visitation indescriptible dont la souvenance est toute la joie et tout le dsespoir des mystiques.

    Bien que cette communication soit rserve de rares privilgis,nous ne pouvons abandonner une chelle de valeurs que nous serionstents de mconnatre. S il est vrai que laventure de l homme est unretour vers Dieu, il nous faut avouer que celui qui le ralise ici-bas, nefut-ce qu'un instant, est suprieur tout autre. Citer le POVERELLOdAssise ou St JEAN DE LA CROIX dpasse les cadres dune revendication idologique car lexprience de tels hommes chappe aux limitesdune Eglise et profite tous les hommes dans le sens de cette phrasedElisabeth LESEUR qui disait : Toute me qui slve, lve lele Monde . La vritable chelle des valeurs ne se doit pas tablir surun quilibre quantitatif mais bien qualitatif. Il suffit dun mystique comme BERULLE, comme JEANNE DARC pour dfinir la fusion avecDieu comme le sommet et le plus haut stade de laventure spirituelle de

    lme dans lenveloppe de la chair.Cest pourquoi en dehors de toutes considrations artistiquesqui ntaient point dans nos buts, ce soir, je dis que luvre deCharles MORGAN est ladmirable triomphe partir dune dfaite. Jemexplique. Admirable triomphe parce qu la non-accession du romancier au plan suprieur lunit de lesprit, nous devons les ouvrages d'unmerveilleux pote. Triomphe partir dune dfaite, parce que ses critssont le rcit de linfructueuse tentative de possder Dieu !

    MORGAN est un mystique, mais limit en cela quil na accsqu la musique universelle et non l'instrument qui en est la source.J oserais dire quil est un mystique panthiste parce quil trouve Dieudans la mesure o celui-ci est prsent en tant que marque du Crateursous l'aspect des formes et des apparences. M. Jacques MARITAINdans Action et Contemplation dfinit trs bien cette mystique quiappuye sur linstinct de base qui est un instinct transcendental, dcouvre Dieu et se borne au Dieu quil dcouvre dans l'univers cr :

    Abstraction faite des interventions de la Grce, dit-il, qui peuventse produire et mener plus loin, la contemplation de type platonicien peut-tre appele une mystique naturelle mystique en un sens impropre etlargi, parce quelle est donne comme linspiration du pote etparce quelle rpond une aspiration mystique naturelle la vision de

    labsolu. Or, ces deux restrictions celle de la grce et celle de la mystique

    naturelle assimile par le platonisme sont bien celles qui sappliquent

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    Charles MORGAN. Il ignore la grce et il est platonicien, commeM. Ren LALO U se plat le faire remarquer dans sa prface F O N T A IN E et comme l'auteur l'avoue lui-mme FrdricLEFEVRE. Cest PLATON qui lempche de voir JESUS. C'est lart,

    dans son besoin du temporel, rservoir symbole dans lexpression duspirituel, qui lempche de gravir le dernier chelon, celui qui nest plusau niveau de la Cration.

    Rptons quil lui manque la Grce. Quil est mystique mais sanselle. Et que sil est riche de toute lexprience possible travers les contraintes de la chair, il nest pas riche de lAmour. Il brle de l'amourde toute chose, mais ce nest point lAmour de Dieu qui brle en ,lui.

    Ecart le potentiel dinquitude qui lui est tranger, il peut trecomparable PASCAL, malgr que ce rapprochement peut avoir daudacieux. Car son impuissance est celle dont Lon BLOY scriait en parlant

    de lauteur des PROVINCIALES quil nen existait pas de pluspoignant : ntre pas un saint . La confusion de l'homme et de sonDieu, la communion intrieure, lenvole danima svadant danimusselon la formule! claudlienne, nest pas sa mesure. Sa maison nestpas ouverte toute entire et toute innocemment Dieu. Son moi est la porte qui demande aux visiteurs leur identit pour en prendre noteet en faire des romans.

    Ce sont les mille visages, les mille reflets de la divinit qui frappent sa porte, mais la divinit, elle, est absente. C'est par lart quil estprisonnier de l'univers. Sa gloire est de ne ltre que par lessence etnon par lapparence. Ce chanteur ne peut refuser sa voix limmensitqui l'entoure. Il saisit les immuabilits sous la forme, mais il ne peut lesdpasser. Charles MORGAN est un grand pote dans la mesure mmede cette incapacit. Il est pourvu des qualits et des impuissances ncessaires son chant.

    Ni trop prs du ciel, ni trop prs de la terre, mi-chemin, transcendant la seconde au sein du premier, il est dans le fleuve de notre sicleune des plus noble, une des plus pures lumires de la pense humaine.

    Son uvre nous indique la voie. A nous de l'entendre et de noussouvenir. Si notre propre vie spirituelle en dfinitive ne peut dpendreni de lui ni daucun autre, ils sont nombreux cependant qui lui doivent

    d'avoir dcouvert quelle existait.Jacques M A R IT A IN crit quelque part : Comme il y a des ani

    maux domestiques de lhomme qui participent davantage aux choses deson existence, on pourrait regarder les hommes qui atteignent un hautdegr de la mystique naturelle comme des esprits domestiques desanges .

    Je pense que ce n'est point diminuer Charles M ORGAN que de lejoindre ces hommes-J et que de faire de lui le compagnon de cesanges quil connat depuis longtemps pour les avoir vus en grappes delumires se suspendre aux agrs du navire qui un jour, lLucques, apportala Sainte Face.

    S . YOUNG.

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    Prvisions astrologiques

    Lundi 14 mai. Soleil semi-carr Saturne. Attention aux vnements imprvus, accidents, journe dangereuse, que parvient rtablirfaiblement un parallle Mercure Vnus.

    Jeudi 17 mai. Soleil semi-carr Mars, Saturne semi-sextile Pluton.Sans importance.

    Vendredi 18 mai. Mars Sextile Uranus : journe excellente pourles entreprises nouvelles, active les lans crateurs.

    M ard i 22 mai. Mercure carr Pluton. Mauvaise journe, ne rien

    commencer dimportant, le jugement peut tre fauss.

    M erc redi 23 mai. Mercure sextile Saturne. Trs favorable auxtravaux intellectuels, rcupration inattendue de bnfices relatifs d'anciens travaux.

    Vendredi 25 mai. Soleil Trigone Neptune, un des meilleurs joursdu mois, trs favorable aux travaux de l'esprit.

    Lundi 28 mai. Mercure Trigone Jupiter : trs bonne journe,

    favorable pour des associations financires.

    M ardi 29 mai. Mercure sesqui-carr Neptune.Faiblement dfavorable.

    M ercredi 30 mai. Soleil sextile Pluton, Mercure semi-sextileMars. Journe lgrement bnfique.

    Vendredi 1 juin. Mercure semi-carr Saturne. Prudence danstoutes dmarches commerciales.

    Samedi 2 juin. Vnus semi-carr Uranus. Dangereux dans ledomaine sentimental, ruptures imprvues.

    Lundi 4 juin. Soleil conjonction Uranus. Journe douteuse, confusion dans les ides.

    M ercredi 6 juin. Soleil parallle Saturne. Journe trs nfaste,prudence ncessaire.

    Vendredi 8 juin. Mercure sextile Pluton. Favorable aux opra

    tions financires.

    Samedi 9 juin. Grande prudence, journe douteuse.

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    Lundi 11 juin. Mercure semi-carr Mars. Jour dfavorable, viterla signature de contrats.

    M ard i 12 juin. Soleil parallle Mercure. Journe trs favorable,pour travaux intellectuels, dmarches commerciales et financires.

    M ercredi 13 juin. Mercure carr Jupiter. Eviter de commencerune procdure ou tout acte juridique important.

    Vendredi 15 juin. Soleil semi carr Pluton. Lune des plus mauvaises journes du mois, sabstenir de dcisions importantes dans tousles domaines, surtout sentimentalement et commercialement. Eviter lesoprations chirurgicales.

    Samedi 16 juin. Soleil conjonction Mercure. Journe favorable.

    Dimanche 17 juin. Mars sesqui-carr Jupiter. Journe douteuse.

    M ard i 19 juin. Vnus sextile Saturne. Excellente journe pourconclure un mariage.

    M ercred i 20 juin. Mercure carr Neptune, Saturne parallle Ura-nus, Mercure parallle Pluton. Journe trs mauvaise. Sabstenir de dcisions importantes dans tous les domaines.

    Jeudi 21 juin. Vnus semi-sextile Uranus. Plutt favorable auxrelations sentimentales.

    Vendredi 22 juin. Mars carr Pluton. Evitez les discussions dlicates, danger de violence.

    Dimanche 24 juin. Mercure conjonction Saturne. Aspect dfavorable pour lesprit et les questions financires.

    Lundi 25 juin. Soleil carr Neptune. Tendance se laisser duperet sillusionner.

    M ardi 26 juin. Vnus sesqui-carr Neptune. Grande prudenceen matire sentimentale.

    M ercred i 27 juin. Vnus Trigone Jupiter. Lune des meilleuresjournes du mois pour les questions sentimentales.

    Jeudi 28 juin. Mercure sextile Jupiter : l'une des journes les plus

    favorables pour les questions intellectuelles, contrats financiers.

    Vendredi 29 juin. Mars sextile Saturne. Influences contribuant la rparation dinjustices passes, Saturne tant la plante du Karma se trouve dynamise par Mars.

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    Samedi 30 juin. Soleil parallle Mercure. Aspect douteux.

    Dimanche 1er juillet. Soleil semi-sextile Pluton. (Jour favorable.

    Lundi 2 juiltet. Mercure parallle Saturne. Fausse le jugement,ides confuses.

    M ardi 3 juillet. Mercure semi carr Uranus. Idem.

    Jeudi 5 juillet. Mercure sextile Neptune. Il est bon de reviser cejour le rsultat des rflexions effectues au cours des journes prcdentes.

    Vendredi 6 juillet. Soleil conjoint Saturne. L'une des plus mauvaises journes du mois.

    Samedi 7 juillet. Journe aux configurations contradictoires. Laprudence est recommande.

    Lundi 9 juillet. - Journe dfavorable aux oprations financires.

    M ardi 10 juillet. Soleil parallle Saturne. Influences dangereuses.

    M ercre di 11 juillet. Lune des meilleures journes de lanne.Mercure parallle Vnus, et Vnus Trigone Neptune donne la possibilitde hautes inspirations spirituelles. Influences propices la mditation, la fondation de mouvements intellectuels d'avant garde.

    Jeudi 12 juillet. Linfluence prcdente persiste.

    Vendredi 13 juillet. Mercredi sextile Uranus. Excellent pour lesinnovations, stimule les plus beaux lans crateurs.

    Samedi 14 juillet. Mercure parallle Mars. Danger de violences,disputes, manifestations houleuses.

    Note gnrale. Ces pronostics sont gnraux. Ils indiquent un climat collectif, dans lequel doivent sinscrire les influences de chaqueindividu en particulier.

    L'avenir politique. Les influences en cours pendant les mois demai, juin et juillet 1945 nous montrent un ensemble defforts trs louablesen vue dune rorganisation politique et sociale du monde, mais les lments en prsence apportent avec eux des tendances absolument contradictoires. Un manque de cohsion grandissant tendra dcevoir lesbelles esprances que chacun est en droit de formuler. La situation politique, tant mondiale, queuropenne et belge se rvlera trs confuse, etlagitation rvolutionnaire ne peut quaugmenter.

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    L'avenir conomique et financier. Dans ce domaine galementrgne une grande confusion. Des efforts nombreux isont tents, maischouent les uns aprs les autres.

    Vrification de nos prcdents pronostics. (Nous attirons Jatten-

    tion de nos lecteurs sur le fait que Spiritualit a t le seul priodiqueannonant avec une prcision remarquable loffre de paix de lAllemagne.

    Voici ce qui se trouvait imprim dans le n 5 du 15 avril 1945, compos un mois avant : Jeudi 26 avril : Peut se rpercuter par dimportantes liquidations de comptes sur le plan mondial, et prparer unedclaration de paix, au cours des journes suivantes .

    C est le 27 avril, que lAllemagne a transmis aux Amricains et auxAnglais son offre de capitulation.

    LE BELIER.

    BIBLIOGRAPHIE

    La Science* la Religion et la Socitpar Jacques Ben RUBEN

    Edition Vinche, 10, rue David, VerviersLa science positive actuelle veut rgir la vie matrielle et morale de

    la socit. Pourtant les sciences de l'Esprit et les sciences de la nature

    ne sont pas deux ordres de Vrit, il ny a quune seule Vrit.La philosophie matrialiste conoit lorganisation sociale sous formede DEM O C R A TIE . L auteur la considre comme la neutralisation dela puissance de lindividualit ; il montre le communisme, le fascisme etle nazisme comme des ractions contre cette conception : le fascismechoue parce que bti sur le monde ancien, le nazisme parce que bassur le matrialisme absolu et limmolation de ,lindividu la nation.

    Si la doctrine religieuse est incapable ddifier un ordre social viable, la faute en est la rigidit du DOGME. La faillite du dogme estdue son incompatibilit avec lvolution de la science matrialiste. Lascience limite par le matrialisme et la religion enferme dans ses

    dogmes ne peuvent faire des hommes complets. Une science allie uneprofonde culture de lesprit collaborant avec une religion volutionnistepeuvent donner lhumanit lquilibre qui lui permettra datteindre laspiritualit.

    Lauteur fait ensuite un panorama de lvolution des races et descultes en passant par les druides, l'tablissement de RAM et dungroupe dlite au cur de lAsie. Dans lvolution apparat KRISHNApuis AKIA MOUNI. Simultanment l'Egypte atteint un degr dinitiation trs lev qui touche l'lite du pays (env. 5000 ans av. J.-C.).

    Douze sicles av. J.-C. apparaissent les Hbreux regroups etaffranchis par un Egyptien M O lS E , l'initiateur de la religion mono

    thiste.De ces trois promoteurs, RAM, KRISHNA et MOSE devaient

    natre une srie d'adaptations : la mythologie grecque, Pythagor et sonordre social, Platon et lcole dAlexandrie.

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    M O S E institue le prophtisme. Jsus fils d'initi veut rappelerIsral sa mission en linitiant aux mystres de Jhovah, mais son enseignement dgnre aprs sa mort.

    C est auprs de ceux qui ont pris part l initiation religieuse de l'humanit et dans la science exprimentale moderne que nous devons

    trouver la synthse de lordre spirituel et social.LA VERITE EST UNIQUE. La science doit voluer vers le

    spirituel car elle touchera les limites du connu et de lexplicable.Alors les hommes prendront conscience de leurs possibilits dvolu

    tions, de la ncessit de dpasser le matrialisme, lindiscipline.Il faut que lhumanit rponde la conscience divine pour que

    lordre social retrouve son quilibre.Rene BAGAGE.

    Offres et demandes de livres

    On cherche doccasion :

    RA M AKR ISH NA, de Romain Rolland ;LEVA N G ILE U N IVE R SE L, de Vivekananda ;Les G R A N D S-IN ITIE S, de Schur ;

    et dautres ouvrages de la collection des Trois Lotus .

    Adresser toute offre Jean PYCK, 11, rue Anoul, Bruxelles.

    Fonds de soutien

    Nous adressons un pressant appel tous nos lecteurs sympathisantsafin de contribuer la constitution d'un fonds de soutien de la revue Spiritualit .

    Les versements doivent seffectuer au C. C. P. 3374.47 de JeanPyck, diteur : 11, rue Anoul, Bruxelles.Report de souscription prcdente ........................................ fr. 150,Mme X. Bruxelles (anonyme) ............................................. ... 1.000,Mme G. (anonyme Bruxelles ......................................................... 250,M. R. Debecker (Bruxelles) .......................................................... 200 ,