SPIRITUALITÉ « Etre Libre » N° 60-61-62 (Novembre-Décembre-Janvier-Février 1949-50)

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    I 4me anne Novembre- Dcembre 1949 N 60- 6 1- 62.Janvier- Fvrier 1950.

    SPIRITUALITRevue mondiale de culture humaine fonde en 1936,sous le titre Etre LibreAffilie l'Union de la Presse Priodique Belge

    Science, Religion, Philosophie

    Pdagogi, Posie

    Fondateur : RAM LINSSEN

    Rdactrice :M. BANGERTER

    86, avenue BuysdelleUccle'- Bruxelles

    *France :Dr. J . KALMAR

    6, square des PostesGrenoble

    SOMMAIRE

    Appel aux L ecteurs.............................................Pour une ducation la conscience mondialeLe rle de la pense selon Krishnamurti.Le non- dualisme de Shankara et de lOccidentNotes sur lA r t .............................................Bibliographie h in d o u .................................Krishnamurti Paris.Camps de Spir itualit 1950.Rapport dactivit 1949.Livres nouveaux.

    Suisse :

    M. BUBLIN!, rue Tolsto

    Genve

    Canada :Paul LEGRAND

    504 I , av. KensingtonMontral

    M. Bangerter.Dr. C. Gattegno.R. Linssen.J . Herbert.Elsa Schools.Vishvabandhu.

    Prix : 25 fr. belges 150 fr. franais 2 fr. 50 suissesABONNEMENT S : Belgique : 100 fr. belges - Suisse : 11 fr. suisses

    France : 600 fr. franais.

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    REV U E SPIRIT UA LIT E

    Sige : 20, rue Pre Dedeken, Bruxelles.

    Directeur : Ram Linssen.Rdactrice : Marguerite Bangerter.Directrice de la Section Pdagogique: Ghislaine de Lalande, Rgente.Directeur de la Section dOrientalisme :Jean Herbert.Directeur de la Section Potique : Marcel Hennart.Directeur de la Section des Jeunes : Paul Genton, Et. en droit U.L.B.Secrtaire : Mlle Aurlie de Limbourg.

    AVIS IMPORTANT

    Le fait que la revue Spiritualit est publie sous lu direction deMonsieur Ram Linssen, il'implique aucun rapport direct ou indirect avecle Krishnamurti Writings Inc. , dont les publications sont strictementindpendantes, malgr la cordialit rciproque de leurs relations.

    ABONNEMENTS

    ABONNEMENT S : Belgique, 100 fr. belges Suisse, 10 fr. suissesSuprieur de Science et Philosophie, a.s.b.l., 20, rue PreDedeken, Bruxelles.

    FRANGE : 600 fr. par an verser au C.C.P. 4207.47 des EditionsAdyar, 4, square Rapp, Paris (7).

    SUISSE : 10 fr. suisses, verser M. Bublin, I, rue Tolsto, Genve.P. S. Les versements postaux internationaux xont de nouveau autoriss.

    Buts de la revue Spiritualit

    1. Rgnrer le monde par la transformation spirituelle de lindividu.

    2. Librer lhomme en li fournissant les lments qui lui permettrontde se surpasser, de prendre conscience des richesses caches desa nature profonde,

    3. Orienter l humanit vers un nouvel ordre spirituel et matriel, enlibrant lhomme des limitations engendres par 1ignorance etlgosme.

    4. Raliser lre du triomphe de l'esprit sur la matire, de lamoursur la haine, par la synthse de la spiritualit dOrient et de laculture occidentale.

    5. Crer dans cet esprit un courant mondial dchanges de confrences et darticles.

    6. Former un noyau dhommes libres, sans aucune distinction de

    classe, de nationalit, dont la similitude de pense peut offrir uneopportunit de ralisation commune de cet idal.

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    CHERS ABONNS

    A u moment du renouvellement de l'abonnement, la Revue vousdoit des excuses en mme temps que quelques explications.

    Nous navons p, lanne dernire, faire paratre que cinq numros, les fonds nous ayant totalement fait dfaut pour couvrir laparution du sixime.

    Le dficit permanent que la Revue accuse sest en effet toujours compens par les dons et les participations aux cours et confrences que nous organisons lInstitut Suprieur de Sciences et Philosophie, confrences dont la plupart sont publies dans la Revue.Mais un ensemble de circonstances a concouru lanne dernire rduire pratiquement rien cet appui financier. Les trs nombreusesconfrences que notre dynamique directeur Monsieur Linssen a faites ltranger, ont laiss notre tribune souvent inoccupe, et la prsencede Krishnamurti Londres o beaucoup dentre- nous se sont rendus,a si vivement captiv notre intrt et notre attention, que duranttoute cette priode, nous navons pas eu de runions, partant aucunerentre de fonds. Pendant ce temps, le loyer de notre local achevaitde vider la caisse, de telfe~sorte quau dbut de novembre le niveaude notre avoir se trouvait dans la zone fatale qui avoisine zro.

    Ds la fin septembre dj, nous avons renonc notre local,mais le bail nous en laissait la charge jusquau I er janvier. Aussinavons- nous pas p, en novembre- dcembre, affronter la dpensed'une mise sous presse.

    L hsitation qui sest empare de nous avant dentreprendre unnouveau dpart a t emporte grce vous, Amis Lecteurs, dont leslettres rclament cette Revue laquelle vous tenez. Ce que vousnous dites, nous apporte le tmoignage quentre nous tous, chercheursisols, autonomes et si terriblement perdus dans la foule inattentive,nos modestes pages crent un lien, fragile sans J oute, mais prcieux.

    Toute organisation de lesprit est un pige o notre originalitcratrice steint si nous ny apportons bonne garde. Nous devonsrester seuls pour dmler ce qui se passe en nous- mme et essayerde comprendre ce qui se meut autour de nous. Nanmoins notre effort

    a besoin de se soutenir par lcho des efforts voisins et il nous fautlire ou entendre des paroles qui ensemencent notre recherche. LaRevue enferme en ses pages ces paroles et cet cho. Nous tous,lecteurs de v Spiritualit , cherchons nous librer par la comprhension de tout ce qui nous spare de lUnit. Telle une flamme,et cest bien en effet une grande flamme intrieure, cette aspirationvers lInfini nous dvore. Nous la voulons tout prix convaincueque notre vritable destine ne saccomplira que de cette faon.Pourtant cette ralisation exige une telle vigilance, un quilibre siardu entre le cur e tla pense, la matire et lesprit, quen dpitde la radieuse plnitude qui la couronne, elle ne saurait hlas pas

    sionner un trs grand nombre de nos contemporains, plus occupsdavoir que dtre.Toutefois, pour vous tous qui tes sur 'la voie et dont chaque

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    courrier nous apporte les penses fraternelles, nous voulons continuerla tche entreprise. Srs de votre appui, cest avec joie et confianceque nous larguerons nouveau les voiles. C est non seulement ennous continuant votre fidlit, mais aussi en diffusant la Revue

    autour de vous que vous nous aiderez efficacement.Pour faciliter notre travail, nous vous demandons de bien vouloirverser le montant de votre abonnement et des versements de soutienventuels, sans autre rappel de notre part, au compte chque postaln 62.04 de lInstitut Suprieur de Sciences et Philosophie, 20, ruePre Dedeken, Bruxelles. Nos abonns de ltranger voudront bieneffectuer leur paiement la mme adresse en utilisant des virementsou mandats internationaux, quils pourront dposer directement laposte.

    La Rdactrice,Marguerite BANGERT ER.

    Pour une Education la Conscience mondiale

    par le Eh-. C. GA T T EGNO.

    Institut dEducation, Universit de Londres.

    En de nombreuses sphres, il est question de lducation lacitoyennet du monde (world citizenship, en anglais). De quelle faonon conoit cette citoyennet et cette ducation, c'est une autre question. Nous nous proposons de prciser ici quelques aspects essentielsdu problme et de mettre en avant notre vision personnelle.

    T out dabord nous devons dire qu l origine de toutes lesrponses ce problme dducation se trouvent les mmes faits. Nonseulement la Terre est entirement connue et ne prsente plus de mystre , mais dabord par mer, par avion ensuite, on peut encouvrir la surface en quelques jours, en une fraction infime d'une viehumaine. D autre part, non seulement gographiquement, biologique-

    ment, mais aussi sociologiquement, nous avons fait linventaire de ceque porte la Terre. Nous connaissons toutes les socits qui aujourdhui peuplent notre plante. Nous en avons des descriptions non pluscurieuses, mais systmatiques et nous savons attribuer un niveau chaque groupe dans lensemble des civilisations existantes. Nous connaissons toutes les religions, leurs rites, leurs symboles. Nous savonscomment vivent, se nourrissent, s'habillent, se logent, se comportenttous les hommes du monde. Nous connaissons leurs manires de penser, leurs expressions intellectuelles, artistiques, techniques, folkloriques.

    Mais nous ne nous sommes pas limits aux manifestations adultes et

    normales. Nous avons tudi les enfants et les anormaux, les contemporains et les anctres et jusquaux restes fossiles. Nous avons tendule temps vers le plus lointain pass aprs avoir tendu lespace (ou en

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    meme temps) jusqu'au coin le plus recul ou cach. T outes les sciencesdescriptives sont devenues volutives.

    Mme les sciences de la nature ont intgr le facteur temps aprsla biologie et les sciences humaines. A ujourdhui la physique est ma

    tresse de la force mme de la nature dans son aspect dynamique,nergtique, donc temporel. Cest lvolution des systmes dynamiques nuclaires qutudient les physiciens et quils transfoj- ment enmoteurs producteurs dnergie industrielle ouBalistique.

    L astronomie a conquis les espaces extra- stellires, extra- galactiques et conu un univers fini dont nous pouvons atteindre les limites,bien que tout lUnivers soit en extension, cest- - dire fonction dutemps.

    Mais cela nest pas tout.L tude de lunivers naturel et humain dans le cadre du temps,

    de l volution, nous a conduits entrevoir lunit de la matire, delnergie et postuler lunit de la nature humaine. Unit et universalit simultanes, rendues relatives par l volution. Le Temps est lavariable suprme. Le temps mis en vidence, la diversit napparatplus que comme signe de relativit temporelle dans le sein dunemme unit, universelle, ternelle.

    Nous retrouvons au sein mme de la science ce .que la science arpudi dans les religions, les philosophies, quelle a rpudi causede ses mthodes propres, cause de son ida4- de rigueur et de raison,mais qu elle a reconquis aujourdhui justement grce ce mme idalde raison et de rigueur. C'est lobjectivation du temps; cest linclusion

    de l'ide d volution dans la science qui ont rendu possible cette conqute nouvelle de lunit de la matire, de lnergie et la redcouvertede lhumain dans lhomme.

    Et cette fois de tout l'humain.Et dans chaque homme.

    Mais il sen faut de beaucoup que laction dans le monde relsuive de si prs la science.

    Dans le domaine de lducation, les factions du pass continuent

    rgner.Le pass a dcouvert lentement ses universaux, . Dabord lafoi religieuse. Cette foi dans une glise est devenue la Foi; cette glise,la Religion. Et on a cru et affirm quduquer lhomme tait duquerle fidle de cette glise lexclusion de tous les autres. Et on continue entendre aujourdhui dans certains cercles cette mme affirmation.

    Puis on a dcouvert luniversalit de la raison. Et lon a cru quelducation de lintellect tait la seule ducation universaliste. 11fallaitduquer lintelligence analytique exclusivement. Le reste suivraitautomatiquement. La civilisation occidentale sattribua une suprioritque seule sa dfinition lui donnait. Les peuples qui navaient pas

    dvelopp leur intellect furent reidus esclaves et exploits sous prtexte dtre des sous- hommes.La raison cessait en fait ainsi dtre universelle et posait un

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    problme nouveau quabordait Rousseau et les Romantiques : lgalitdes hommes ltat de nature.

    La civilisation devenait fautive. Eduquer tait la fonction univer-saliste de la nature qui, par ses lois, formait les hommes et par le

    contrat social les groupes humains.Les socits taient les aspects divers du fonctionnement de ces

    lois naturelles et l'conomie de chaque groupe, le niveau naturel quepouvaient lui faire atteindre ces lois.

    Le nouvel universel tait le social. L homme n'tait plus unanimal raisonnable, mais un animal social. Eduquer, ctait mettre envidence le caractre social de chaque action humaine, ctait prparerles enfants non pas au simple usage de la raison raisonnante, mais leur rle dans le groupe.

    Diverses visions du social furent historiquement dcouvertes,chacune concrtise dans un parti politique qui voulait lidentifier 1 universel social.

    Pour caractriser les groupes sociaux, une forme statique futpropose et on l'appela culture. 11y eut, non pas une culture, mais descultures, juxtaposes dans lespace et dans le temps.

    Aujourdhui, la plupart des solutions offertes pour rsoudre leconflit d la pluralit des visions du social consistent dans une fusiondes cultures, ou dans une compntration des cultures tout en lesgardant distinctes. On nous propose lancien conflit (compris parHgel) de supprimer tout en maintenant, et on croit le rsoudre parune opration effectue sur les cultures plutt que sur la conscience.

    Ici, nous touchons au cur du problme.Cest lintrieur du social, cration de lhomme, et fonctionhumaine que nous trouvons que se meuvent la plupart des consciencescontmporaines. Cest dans le social que nous atteignons le plus facilement les consciences et cest dans le social que nous voyons mergerles solutions aux conflits prsents.

    L ducation, dans le cadre national, ayant abouti lducationsociale et luniversalit du social ayant t accepte, en ce moment,le mme processus se trouve transfr lchelle mondiale. On nouspropose simultanment lducation sociale lintrieur des nations etpour la citoyennet mondiale. On envisage celle- ci comme un

    simple prolongement de celle- l. 11 ne sagit que dchelle de grandeur.Si le social est vraiment universel et lducation sociale possible

    dans les groupes nationaux, il sensuit quon se doit de baser lducation nouvelle mondiale sur lducation sociale et donc de crer laconscience mondiale par ltude compare des cultures. T el est lidalde lUNESCO par exemple.

    Mais le social a t relativis comme la raison et depuis quenous savons toute la vrit des apprhensions par les hommes delexistence dautrui, nous avons remplac labsolu social par un complexe de composantes humaines qui sont diversement matrises,

    comprises, utilises. Cest dans la vision de lhumanit de ces composantes que se trouve la conscience mondiale nouvelle. Cest la rela

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    tivit du dosage de ces composantes qui donne naissance la diversitet lgitime cette diversit.

    En particulier, il est vident que lducation sociale elle- mmea pour fondement lducation affective et rationnelle. Sans amour,

    pas de lien social durable et bnfique, sans raison, pas de comprhension des lois conomiques et juridiques qui permettent le progrsmatriel du groupe.

    Concevoir lducation mondiale sans ducation affective intgrale est un non- sens aujourd'hui. Cest par 1ducation 1amouruniversel, par lducation de toutes les varits collectives que lducation mondiale apparat aujourdhui comme seule raisonnable, seulevraie, et seule possible.

    Croire quon puisse arriver lducation humaine sans duquer lamour du prochain par une vie en commun harmonieuse, parexemple, c'est prolonger les erreurs du pass o par le verbe on aessay de rapprocher les consciences. Cest encore une erreur que demettre cte cte des cultures et dattendre de leurs vertus scientifiques, artistiques ou techniques linspiration unifiante.

    Une forme active et nouvelle nous appelle : la cration duneconscience mondiale vraie et pour tout le monde.

    Cest d'un renouvellement de la conscience sociale, de la conscience rationnelle, de la conscience pure et simple qui doivent trefondues dans une affectivit vraie et humaine et qui intgre toutlhomme, quil sagit. Cest cette unit, seulement concevable aujourdhui, et conue aujourdhui par les habitants de la Terre pour les

    habitants de la Terre que nous sommes devenus, qui est notre butdans lducation la conscience mondiale.

    Eclaires par cette conscience mondiale, les ducations du pass, tour de rle universalistes, actives, analytiques, sociales, deviendront enrichies de lhumaine affectivit, l EDU CAT ION HUMAINE,la seule ayant droit de cit maintenant et la seule qui ne forme pasles barbares modernes, exclusivistes de toute dnomination, la seulequi cadre avec lmergence de l homme dans l Univers spatio- temporel plein dhumanit.

    La conscience mondiale ne peut se manifester exclusivement nisous la forme de citoyennet mondiale, laquelle nen est quun aspect,

    ni sous la forme du rationalisme scientifique ou celle de la foi religieuse; elle doit se manifester par toutes les crations humaines, tous les chelons de lvolution humaine. C'est dembrasser toutes cesvarits de l'exprience humaine qui assure la possession de la conscience humaine universelle par essence et simplement humaine enactuation.

    Seuls ceux qui vivent cette conscience mondiale sont les ducateurs de lavenir, les vrais ducateurs daujourdhui. Ils assurerontque demain sera fait damour, dentente et de la cration de cette(unit relle de la Terre et de la science du monde porte; de notremain.

    Dr. C. GAT T EGNO.

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    Le rle de la pense selon Krishnamurti

    L enseignement de Krishnamurti assigne la pense un rle et

    une place trs diffrents de ceux que lui ont confrs les disciplinestraditionnelles. 11 est difficile de faire admettre que lactivit mentalene constitue pas le sommet de la vie spirituelle et que la pense, decoordinatrice quelle tait, doit intervenir titre second et drivdevant une facult qui la dpasse.

    Pour une civil isation comme la ntre, qui a difi la pensedepuis plusieurs sicles, cette position fait scandale.

    Est- ce dire que Krishnamurti condamne purement et simplement lactivit mentale ? Evidemment non. Mais il assigne la pensela juste place quelle doit occuper dans la hirarchie complexe desfonctions psychiques.

    L enseignement de Krishnamurti est en lui- mme trs simple.Mais si les vrits ternelles sont simples en elles- mmes, il est difficile den discourir. De plus, les vrits simples et profondes contiennent toujours leur part de paradoxe. Elles sont foncirement supra-rationnelles ou supra- logiques.

    Le simple fait que durant trente minutes je me suis propos devous faire penser, afin de vous faire entrevoir limpuissance et 1inutilit de la pense devant les problmes transcendantaux, est un paradoxe.

    La mission suprme de la pense est de se dmontrer elle-mme le bien- fond de son silence et la ncessit de son dpassementpar la V IE. La mission suprme de la logique est de se dmontrer elle- mme la fragilit, les limitations et la rigidit mcanique de sonprocessus oprationnel.

    Les No- platoniciens, P lotin en Grce, les Vdantins de lIndeantique, et les grands matres du Boudhisme T hibtain ont abonddans le mme sens.

    L tude de luvre krishnamurtienne nous rvle cependant uneprofondeur et une prcision sans prcdents l'gard du rle de lapense.

    Il ne suffit pas, en effet, daffirmer que la pense est une entrave

    la libration spirituelle de lhomme. 11est ncessaire de dfinir sonorigine, les mobiles profonds qui prsident son existence, sa structure et son fonctionnement.

    En un mot, il est indispensable que nous sachions POU RQUOInous pensons, COM MENT nous pensons et CE que nous pensons.

    Car dans la mesure o nous navons pas saisi clairement lesprocessus qui commandent nos penses, nos motions et nos actes,nous sommes irresponsables.

    La connaissance de nous- mmes, laquelle nous invite Krishnamurti, na dautre but que de nous faire accder cette pleine responsabilit.

    Le problme du monde est le problme de lindividu, nous dit- il,et parce que nous sommes individuellement dans la confusion, parce

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    que nous sommes gostes, avides, sans amour et sans gnrosit, laguerre existe.

    L humanit a perdu une certaine norme dexistence. En dpitde son progrs technique et de ses raffinements superficiels, lhomme

    moderne reste souvent un barbare, et le monde moderne prend souvent lallure dun monde de fous.Krishnamurti nous invite retrouver la norme perdue dun

    rythme de vie simple, naturel, spontan, vcu dans la plnitude delintelligence et de lamour, rsultant de la dlivrance du souci desoi- mme.

    Mais avant d'en arriver l, il faut que stablisse en nous- mmesune clart et une transparence, dont nous sommes loigns. Krishnamurti nous prend tels que nous sommes, avec nos passions, nos aspi

    rations, nos limites. Mais comme la plupart des psychologues, ilinsiste sur le rle capital' de linconscient.

    Il compare notre activit psychologique un iceberg. Si nousobservons un iceberg flottant la surface des eaux, nous napercevonsquune faible partie de sa masse totale. La plus importante part setrouve masque nos yeux par la surface de locan. De mme, lapartie de nous- mmes que nous voyons avec clart, ne constitue quuninfime fragment de notre moi total. Autrement dit, le conscientnoccupe quune place infiniment rduite dans le vaste secteur de nosactivits psychologiques.

    Ainsi que l exprime lminent psychologue suisse J ung, leconscient nest quun rejeton tardif de linconscient .

    Krishnamurti nous enseigne que la pleine connaissance de nousmmes ne peut tre ralise que par la descente progressive et totalede notre inconscient dans le conscient. 11 rejoint en cela les donnesde la psychologie moderne.

    Nous portons dans les couches multiples de notre inconscientdes secteurs inexplors constituant de vritables gupiers. Dautressecteurs refouls se grossisent chaque instant et exercent sur notreexistence entire une influence considrable et dautant plus dangereuse que totalement insouponne.

    Krishnamurti souhaite que chacun de nous fasse de son tre uneentit harmonieuse, cohrente, responsable. Il insiste sur lquilibreentre la raison et lamour.

    La position krishnamurtienne diffre cependant de celle de lamajorit des psychologues actuels. T andis que la plupart de ceux- ciconsidrent le moi , la pense et lgosme comme des fins ensoi , Krishnamurti considre le moi , la pense et l gosmecomme des moments provisoires, comme des bornes jalonnant uneroute sans fin.

    Il est cependant ncessaire que le moi se connaisse pleinement avant daccder sa dlivrance. Une semence arrache prmaturment ne peut germer.

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    Nous diviserons lvolution psychologique de lhomme en troisphases :

    1 Une phase de naissance o sbauche le moi ;

    2 Une phase de maturit o saffirme le moi ;3 Une phase de libration.

    Au cours de la premire phase, la conscience de soi nat peine.Chez les primitifs, linitiative et le sens critique font dfaut. Nousretrouvons actuellement encore des individualits naissantes de cetordre dans les mouvements dits de masse ou subsiste lesprit detroupeau, l imitation, lobissance aveugle aux mots dordre.

    Au cours de la seconde phase, le moi saffirme. 11 prendconscience de lui- mme et ne se laisse plus aussi facilement enrgimenter par des mots dordre, que ceux- ci soient grossiers et barbares

    comme ceux des domaines militaires ou politiques, ou que ces motsdordre soient subtils, comme ceux que tentent d'imposer les dogmatismes de lesprit.

    Dans la phase daffirmation, le jugement individuel sveille. Lesens critique et la soif dautonomie progressive rpugnent sinclinerdevant le fait accompli des conventions et des thories aussi respectables fussent- elles considres. Dimitateur quil tait, lhomme devient crateur. La stricte dpendance dans laquelle il se trouvait lgard des contraintes du milieu ambiant subit une mtamorphosecomplte.

    La pesanteur des traditions millnaires, des routines et des pr

    jugs lui semble insupportable. Telle est la priode rvolutionnaire delindividualisme avec tout ce qu elle comporte la fois de crateuret de destructeur.

    Cest la transposition dans le domaine de lesprit des lois quiprsident lhistoire des rgnes de la matire. Dans la mesure o lavie sinstalle dans la matire, elle introduit des comportements nouveaux, sopposant radicalement ceux de la matire brute. Lasubstance des tres vivants subit une rgradation de lnergie sopposant nettement aux principes de Carnot. L a croissance des plantes,par exemple, s'effectue contrairement aux lois de la pesanteur.

    Nous pourrions dire quavec la phase de maturit du moi ,

    lesprit 'imitateur des individualits naissantes subit une transformation analogue. 11 ne suit plus la voie de la moindre rsistance, sortprogressivement de son inertie et ne sincline plus devant les rythmesde lhabitude.

    11 tend saffranchir des courants de pense de la norme, nonparce quil rige la contradiction en systme, mais parce quil estdsireux de scruter profondment la vrit des choses.

    Cest cette attitude que Krishnamurti nous invitait, il y aquelque vingt ans, lorsquil nous demandait de douter de tout, ycompris de lui- mme.

    La phase de maturit du moi , phase critique par excellence,ainsi que nous venons de le voir est suivie de la phase de librationdu moi .

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    Cette tape est en ralit celle quont parcouru tous les grandsprcurseurs du rgne de lesprit. Encore faut- il dire que rgne delesprit, ici, ne signifie aucunement rgne de la pense.

    A u sommet de la maturit du moi , l me mcontente se

    trouve sursature de tout. Elle a obscurment conscience de limpassedans laquelle elle se trouve. Elle peroit avec un certain curementle caractre triqu de son moi . C'est la nause sartrienne : sortede vision nette et soudaine de labsurdit de lexistence personnelle.

    Encore faut- il dire que si le dnouement du drame Sartrien seffectue dans un en soi pteux et insipide , celui de Krishnamurtise ralise dans une plnitude dAmour et dintelligence.

    Pralablement cette ralisation lme prend conscience de sescontradictions, de la strilit de ses aspirations. Elle effectue un retoursoudain sur elle- mme et peroit dans une fulgurante clart lampleurde la comdie qu'elle se joue elle- mme chaque instant. Elle

    ralise limmobilisation de son devenir psychologique . C est levide crateur de Krishnamurti correspondant dailleurs au Sunyatades Boudhistes Thibtains.

    Cest aussi la transparence mentale et ltat de souveraine simplicit intrieure auxquels Jsus faisait allusion dans son Sermon surla Montagne.

    A labdication consciente du fini humain succde le rgne delinfini. Loin dtre une faillite, cette exprience constitue pour Krishnamurti la plus fondamentale des victoires.

    Encore faut- il savoir comment se manifeste en nous cette insatiable soif de devenir, de possder, de durer, de dominer ?

    La pense, nous dit Krishnamurti, est la manifestation fondamentale de notre avidit de devenir . Elle est fondamentalementune lutte, une tension et par consquent, nous dit- il, l activit mentaleest lessence mme de la violence,

    i Le sujet pourrait tre clarifi dune faon plus suggestive.Tous les tres vivants sont dirigs leur insu par une force toute

    puissante : l instinct de conservation. Sans instinct de conservation,

    ni vous, ni moi, ne serions prsents dans cette salle.Quest- ce que linstinct de conservation ? C est le dsir de se

    conserver et d'assurer tout prix la perptuation de son entit. Cestaussi la peur fondamentale de se perdre. Chaque homme porte inscritedans lintimit de ses cellules et de sa structure psychique, lhistoirede millions de sicles d'effort persvrant de la Nature. T ant dchecs,tant de souffrances, tant de victoires anonymes nous ont prcddepuis des ges sans nombre, quil semble lgitime ltre complexeque nous sommes, de se continuer, ne fut-ce que par vitesse acquise.

    Pourquoi K rishnamurti dsigne- t- il lactivit mentale comme manifestation spcifique de linstinct de conservation sur le plan psychique ?

    Par la pense, nous dit- il, le moi se recre chaque instant.

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    L activit mentale incessante donne au moi une impression dedure trs nette.

    Cette notion de dure est par ailleurs voisine de celle dunecontinuit parfaite de la conscience.

    Lorsque nous nous pensons distraitement, nous avons de notrevie intrieure une impression continue. 11 semble que nous glissionsuniformment dans la dure, en venant dun pass et passant par leprsent qui nous ouvre la porte de l avenir.

    Cette impression de continuit est illusoire. Les psychologuesindous nous enseignent quil existe entre les penses des vides interstitiels, dont nous navons pas conscience, tellement ils sont courts etrapidement cachs notre attention.

    Ces moments de silence mental sont dsigns par Krishnamurticomme tant ltat dintervalle n.

    Dans cet tat, il ny a plus de conscience individuelle, plus detemps, plus de sparativit : lhomme peroit lunit essentielle delUnivers. 11 la peroit et il l'est la fois, au cours dune indiciblecommunion. La dualit du spectacle et du spectateur cesse totalement.Mais cessons demployer ce langage dangereux, car les mots sont iciimpuissants dcrire un tat dtre qui dpasse la pense, et chaqueaffirmation dans ce domaine est un pige bourr de paradoxes irritantla logique qui s'nerve !

    Ne parlons donc plus de lexprience krishnamurtienne pourlinstant, mais examinons plutt les facteurs qui nous empchent dela raliser.

    Pourquoi navons- nous pas conscience des vides interstitiels quise situent entre les penses? Pourquoi cet tat dintervalle est- il jalousement masqu nos yeux par quelque puissance aussi mystrieusequirrsistible ?

    Cette force, nous lavons dj nomme : cest linstinct de conservation. Elle sait parfaitement que si nous devions tre un seulinstant, face face avec ltat dintervalle, lillusion de notre continuit individuelle serait dmasque et les jours du rgne du moi seraient compts. Le rle essentiel de lactivit mentale consiste nous cacher minutieusement ltat dintervalle et les richesses quipeuvent sy rvler nous sont de ce fait rendues inaccessibles. Le

    vieil homme , dont parlent les anciennes critures, symbolise cetteforce obscure dun instinct de conservation millnaire, masquant nos yeux de faon constante les issues possibles hors de la prison du moi

    Le dpouillement du vieil homme consiste en laffranchissement de la magie quexerce sur nous linstinct de conservation du moi . Cest laffranchissement pur et simple de la peur, de la peurde se perdre et de toutes les peurs.

    Nous voici en demeure de rpondre la premire question :Pourquoi pensons- nous? Nous pensons parce que nous avons inconsciemment peur de nous perdre, peur de ne pas durer, et par la

    pense, le sentiment de continuit nous donne la scurit.Examinons maintenant comment nous pensons.

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    Nous pourrions employer ici limage suggestive de la structurede la matire.

    L image premire dun fragment de marbre poli nous donne uneimpression de continuit, dimmobilit, de solidit. 11 nen nest rien.

    Les atomes constitutifs de ce marbre sont spars entre eux par desespaces, qui sont, toutes proportions gardes, aussi considrables queceux existant entre les toiles. L apparente continuit de la matireest donc illusoire. De plus, les lectrons effectuent chaque secondedes milliards de tours autour des noyaux atomiques. L immobilitapparente de la matire est tout aussi mensongre. Si nous voulonsnous rendre compte de la nature exacte des corpuscules atomiques,nous dcouvrons avec tonnement qu'ils ne sont plus solides, maisrevtent laspect fluide et surprenant de tourbillons de force , dezones dinfluences, de paquets dondes.

    L univers entier se rsume finalement n'tre quun immense

    ocan dnergie.Cette nergie- une , qui na pas de proprits particulires, sematrialise en grains rsultant du mouvement de sa propre puissance,et acquire par lignieux artifice des dispositions lectroniques, desproprits et des formes particulires.

    Ainsi que l exprimait le professeur Leroy, lunivers est unimmense difice dtages vibratoires . Edifice trange, form par desmouvements relativement lents, reposant sur des mouvements de plusen plus rapides.

    La continuit et limmobilit apparentes dun fragment de marbre rsultent uniquement dune superposition extraordinairement com

    plexe et rapide de mouvements dnergie essentiellemnt discontinus.Retenons une fois pour toutes que les processus responsables de

    lapparente continuit de la matire sont les mmes que ceux confrant lapparente continuit de lesprit.

    L impression de continuit de la vie psychique rsulte dunesuccession trs rapide de moments discontinus.

    Succession de quoi, demanderont certains)Succession des penses meublant ldifice mental. Penses qui

    naissent et qui meurent, mais entre lesquelles existent dimperceptibles intervalles.

    Krishnamurti souhaite que nous prenions clairement conscience,en nous- mmes, et par nous- mmes, du processus responsable de l apparente continuit de la vie psychique. Il nous sera donn de constaterpar exprience directe, le pourquoi et le comment de nos pensesconformment aux indications qui prcdent.

    11 nous faudrait rpondre maintenant la question Quest-ceque la pense ?

    A cette question Krishnamurti rpondait : La pense est uneraction de la mmoire devant les faits du prsent . Qutes- vous,nous demande- t- il, sinon que des paquets de mmoire ?

    Le complexe conscient et inconscient de lhomme est une vasteplage o saccumulent les dchets apports par les vagues mentalesqui dferlent sans cesse. Ces vagues mentales que nous croyons trele sommet de la vie intrieure, ne forment en ralit que dimpercep

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    tibles rides la surface dun ocan insondable. Nommez cet ocan,comme celui de lEtre Pur, ou de linfinitude divine ou de la VIE.Peu importent les termes.

    T oujours est- il que les hommes passent ct de la V IE , quoique la Vie soit en eux.

    Le problme crucial pour Krishnmurti est le suivant :Ou nous subirons lenvotement de notre pass en restant sous

    la domination de notre moi et de l inconscient collectif, ou nousbriserons le rve de notre existence limite pour plonger dans locande la V IE et nous abreuver son infinitude de force, de beaut etdamour.

    En chacun de nous saffrontent les deux aspects de lUnivers :Dune part, le pass avec ses mmoires, ses habitudes et ses

    aspects statiques et conservateurs, dautre part un Prsent Eternel,toujours renouvel, de nature dynamique.

    Dune part, un monde matriel multiforme o rgnent le temps,la causalit, la naissance, la mort et la sparativit, dautre part unePlnitude de Vie sans forme, affranchie du Temps et de lEspace orgne lUnit.

    Dune part, lgosme humain fort de ses penses .acquises ouhrites et surtout le vaste inconscient collectif et, dautre part, laV IE sans cesse renouvele dune nergie spontane, infinie, ternelle.

    S'il est un mot qui est insparable de la pense de Krishnmurti,et sans lequel tout expos qui le concerne serait incomplet, cest lemot Spontanit .

    Krishnmurti a un respect infini de la condition de spontanit

    de lET RE.Tout son enseignement sefforce de nous librer de nos rsistances psychologiques, de nos tensions, de nos cristallisations, de nosdogmes afin que stablissent en nous une dtente intrieure profondment naturelle, une transparence, une souplesse qui permettront laspontanit de lET RE de rvler en nous l enchantement de Sesrythmes.

    Quoique Krishnmurti soppose aux exposs dualistes, nouspourrions pour la clart de l'ide insister sur diffrentes antinomiesfondamentales.

    La pense dune part nest que calcul, intrt, analyse et fonc

    tion du pass.La Vie ou lET RE, dautre part, est pure spontanit; jaillissement, cration et activit gratuite.

    D une part, la pense qui est un devenir dans le temps et aspire crer la dure; dautre part, lET RE, oppos au devenir, l'Eternitau del du temps, l ternit que Krishnmurti dsigne sans dure.

    En conclusion de ce qui prcde, K rishnmurti nous demande si, laide de la pense qui nest quun rsultat du pass ne se rfrantquau pass, il est possible dapprocher l ET RE, qui nest le rsultatde rien, et qui se renouvelant chaque instant ne se rfre rien.

    Il est parfaitement clair que si la pense peut raliser des

    miracles dans la technique, elle est incapable de nous faire accder l'ETRE.

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    Ainsi que lexprimait Bergson : L intelligence qui n'est quunemanation de la VIE, ne peut embrasser le mouvement volutif quil a dpos en cours de route.

    Quelles sont pour Krishnamurti les consquences des limitations

    de la pense?Lorsquun homme a profondment compris et senti linutilit de

    sa pense lgard_ des problmes du Rel, cette comprhensionmme entrane une immobilisation progressive de lactivit mentale.Cest cet tat de vide crateur que succde lexprience dune plnitude dont rien ne peut tre dit.

    Pour rsumer, nous dirons que lhomme ordinaire est entirementpossd par ses penses et ses dsirs.

    L homme libr au lieu dtre possd par ses penses, possdeses penses. Elles sont devenues pour lui un instrument qui peut tremerveilleusement adapt des fins mcaniques, automatiques et techniques, mais non spirituelles.

    L homme libr, nous dit K rishnamurti, est le plus pratique quisoit, car il discerne la ralit profonde des tres et des choses. De plus,il vit chaque instant, profondment centr sur le Prsent, libr desprjugs du pass. Une telle attitude confre une objectivit exceptionnelle. J ointe la souplesse dune dtente de plus en plus totale,elle donne ceux qui ladopte une rapidit de rflexe, une profondeurde pense et une intuition que ne peuvent donner aucune des colesdites dentranement spcialis .

    Loin dapporter une dshumanisation de lhumain, lenseigne

    ment de Krishnamurti permet de raliser son accomplissement intgral.Accomplissement intgral, car dans lexprience Krishnamur-

    tienne se ralisent les plus hauts sommets de lintelligence par les vuesde synthse et lactivit originale et cratrice dune vie intrieure selibrant chaque instant des fardeaux du pass.

    Accomplissement intgral de lhomme surtout dans la Plnitude de lAmour.

    Car le propre de lAmour nest- il pas la spontanit, la gratuit,le don de soi et labsence du souci de soi- mme. Cest cette plnitude de Vie que Krishnamurti nous invite. Nous pouvons la raliser,

    l o nous somme. Au milieu du monde et de son cortge de souffrances, il nous est possible de devenir un foyer de comprhension etdAmour.

    Maintenant,^nous dit Krishnamurti, nos esprits sont remplis etnos curs sont vides. Clarifions nos esprits et remplissons nos curs.Nous retrouverons une richesse que le monde semble avoir perdue :la JOIE de V IV RE, car tout tre qui saccomplit pleinement selon lesplus hautes possibilits de sa nature, saccomplit dans la J OIE.

    Cest cette J OIE PROFON DE , mergeant au del des peines etdes plaisirs, que je vous souhaite tous, de tout cur, de raliser un

    jour.

    / Ram LINSSEN.

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    L e N o n -d u a l i s m e d e S h a n k a r a e t l O c c i d e n tpar Jean HERBERT .

    Le systme philosophique non- dualiste (advata), tel quil futexpos en particulier au dbut de lre chrtienne ou mme auparavant, par Shankara (1), est considr par la plupart des hindouscomme le point culminant de la pense classique indienne. Ce systmeprsente pour llite intellectuelle de lOccident, un attrait considrable; diffrents groupes vdantiques le diffusent actuellementavec succs, en particulier dans les universits europennes. Il estdonc utile dexaminer de prs ce quil peut nous apporter, et pourcela il est intressant de voir dabord ce quil a donn lInde.

    Les hindous ont pour le monisme shankarien une reconnaissance

    dordre sentimental, puisque cest grce lui que l hindouisme a reprisdans leur pays sa prpondrance gravement compromise par la Rforme bouddhiste, et a mme pu ensuite sannexer Bouddha dansle Panthon hindou, en tant quAvatar de Vishnou.

    Ce mme monisme a aussi droit leur gratitude pour avoircorrig et continu encore de corriger la tendance des hindous uneattitude religieuse presque exclusivement motive, o lamour dlirantpour Dieu relguerait facilement un lointain arrire- plan le servicedu prochain et les exigences de la raison.

    Mais il a eu pour lInde un effet peut- tre plus prcieux encoreen ce sens quil a fourni lattitude de tolrance religieuse et de

    mutuel respect inhrente aux conceptions vdiques et upanishadiquesune confirmation rationnelle irrfutable. L inde possde, en effet, duDivin dinnombrables reprsentations diffrentes. Shiva. Rma,Krishna, Dourg, Kl, Sarasvat, Lakshm, Sury, Mnasa, Ganesha,Hanuman et des milliers dautres ont chacun des foules dadorateursfervents et passionns prts non seulement sacrifier leur vie, mais en consacrer tous les instants au service de leur divinit dlection.Partout ailleurs que dans lInde, il en rsulterait invitablement desrivalits violentes aboutissant des guerres de religion. Or, quoiqu'endisent certains voyageurs mal- intentionns, il nen est absolument

    rien. La conception advatique dun Absolu ineffable et inconnaissable, en dehors de toute dualit, Brahman, conduit naturellement admettre que l'homme, pour satisfaire ses aspirations religieuses, doitse contenter dans la pratique dune vision incomplte et dforme dece Brahman. Cela donne par consquent ladorateur la fois le droitet le devoir de se choisir dans limmense multiplicit des visionspossibles, celle qui lui convient le mieux, lui individuellement, sonishta devat, et de se consacrer entirement au culte de celle- ci.Do impossibilit de fanatisme jaloux et querelleur, et profondrespect pour la divinit dlection du prochain.

    Enfin, ce systme, parfaitement compatible avec les plus grandesexigences de la science moderne et de la logique occidentale sion le prend isolment protge lInde contre la contagion de ce qui

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    est probablement la base de nos difficults actuelles : L isolementlune de lautre en dqs compartiments tanches de la science, la religion, la philosophie, la morale et la vie pratique.

    Dans quelle mesure ce non- dualisme peut- il tre bnfique pour

    l Occident ? Pour cela voyons dabord sous quelle forme il nous estprsent. D aprs le non- dualiste, Brahman, Conscience pure, estla seule ralit; lunivers des noms et des formes est irrel, et lhommedans son essence vritable est un avec Brahman. (3) Selon lesnon- dualistes extrmes, comme Gaudapda, il ny a mme jamais eude Cration... Si un homme dit quil voit lunivers de la multiplicit,il est victime dune illusion. (4) Sous laspect purement intellectuel,dit Myvda, voie de My , que nous prsentent le.plus souventses adeptes, le non- dualisme te au monde dans la conscience duquelnous vivons, non seulement toute ralit, mais aussi toute signification. Le retour au Non- tre ou lAbsolu sans relations, fournit la

    seule issue rationnelle lenchevtrement dpourvu de sens de la viedans le monde du phnomne. (5) Le Moi muet et inerte de Shan-kara et sa My aux noms et aux formes multiples sont des entitsdisparates et inconciliables; leur antagonisme rigide ne peut cesserque par la dissolution de l'illusion de multiplicit dans la seule Vritdun ternel Silence. (6)

    Sans doute notre extraversin quasi- intgrale nous protge- t- elle) efficacement contre le renoncement toute action auquel beaucoup

    dhindous se laissrent pousser au cours des sicles par leur souci deX logique une fois qu'ils taient persuads de l'irralit du monde. Il ne

    fallut rien moins que la voix tonnante de Dynanda et de Vivek-

    nanda pour arracher llite spirituelle de lInde cette terrible tentation.

    Mais il y a pour nous dans cet enseignement dautres prils aumoins aussi graves. Si lhindou est souvent desequilibr par une motivit religieuse envahissante, l'Occidental 1est tout autant, en senscontraire, par son culte idoltre de la raison raisonnante, de la logique cartsienne et de la science matrielle, qui lui fait rejeter dans desrenlis presque inavouables de son tre tout ce qui prend sa sourceailleurs que dans lintellect le plus aride. En nous apportant un systme philosophique de plus (au sens que nous donnons en Occident

    cette expression), les non- dualistes accentuent dautfcnt plus cettetendance que le systme nouveau est infiniment tentant par sa construction logique et consquente, et par les rponses quil offre biendes problmes fondamentaux. Par le fait mme quil affirme lirralitdu monde perceptible et mme de notre ego diffrenci et individua- 'lis, le non- dualisme aggrave encore le divorce fatal entre la philosophie quil nous offre et la vie pratique dans la conscience de laquelle nous continuons de nous mouvoir." Il porte un coup de plus lesprit religieux dj si chancelant chez nous. Il encourage et dveloppe notre complexe de supriorit base intellectuelle ou pseud-intellectuelle.

    La faute en est- elle Shankara ou ceux qui nous le prsententavec un zle intempestif et peut- tre indiscret ?

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    Constatons d'abord que, dans lInde mme, infiniment rares sontceux qui cherchent progresser spirituellement par la voie exclusivedu monisme shankarien, et plus rares encore ceux qui y russissent.11est gnralement admis que cette voie est la plus difficile de toutes.

    Rmakrishna, qui lavait suivie jusqu son aboutissement final et quiparlait donc en connaissance de cause, disait quon nen trouvaitgure quun par sicle.

    Observons ensuite que Shankara lui- mme na jamais enseignle non- dualisme isolment de lexercice de la religion la plus ritua-liste et la plus dvote et de la moralit la plus intransigeante. 11 estlauteur de certains des hymnes les plus magnifiques Shiva (7) et dautres dieux, et mme la Mre Divine (8). Certes nous sommestents de voir l une grave inconsquence, mais nous rserveronspeut- tre notre jugement en pensant que Saint T homas dAquin, lun

    des plus puissants logiciens d'Occident, tait aussi le docteur anglique et ne semblait voir entre les deux aucune incompatibilit. Ceuxqui montrent Shankara uniquement comme Fauteur des traits philosophiques qui portent son nom trahissent sa mmoire et son message (9). Et lorsquon reprsente la voie sur laquelle il poussait sesdisciples comme exclusivement intellectuelle (cest ainsi que la comprennent presque tous les occidentaux), on commet une bvue lourdede consquences. Pour lui comme pour tous les matres spirituels hindous, toute discipline spirituelle embrasse l tre entier, dans sa pense, sa volont, ses dsirs, ses motions, son action et mme son corps.Sauf dinfiniment rares exceptions, celui qui rejette les injonctions de

    la morale ou se refuse au culte de Dieu, se met dans lincapacit decomprendre les vrits les plus hautes de la mtaphysique.

    Dautre part, le non- dualisme nest que lun des aspects duVdnta, cette apoge spirituelle de lhindouisme philosophique. Ledualisme de Madhva et le non- dualisme mitig de Rmnuja sont auxveux des hindous sur un pied dgalit avec le non- dualisme de Shankara et ont infiniment plus dadeptes. Et, si contradictoires quils semblent nos yeux, ils sont pour les hindous parfaitement compatibles,et vrais tour tour et simultanment, selon le plan de conscience surlequel on se place. Shr Rmakrishna rptait souvent : L explica

    tion que Shankara a donne dif Vdnta est parfaitement exacte,mais ce que Rmnuja en dit est juste aussi (10). Quand il disait : La connaissance parfaite est la connaissance de lUnit, dune seuleRalit derrire la multiplicit, dun seul Dieu derrire lunivers duphnomne , il ajoutait aussitt Celui qui SAIT voit galementque cette Ralit, Ame universelle, Sest diffrencie en tres vivants,en lunivers (11).

    Les hindous relvent volontiers aue ces diffrentes conceptionsse retrouvent mme cte cte dans lEvangile chrtien. Mon preet moi sommes un , correspondrait la vision non- dualiste, NotrePre qui tes aux cieux la vision dualiste et J e suis le cep etvous tes les sarments , la vision non- dualiste mitige.

    Si l enseignement de la philosophie non- dualiste de Shankara,

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    ce sommet de la sagesse hindoue, risque ainsi de faire en Occidentplus de mal que de bien, en quoi ltude de cette mme sagesse hindoue peut- elle nous aider rsoudre les problmes qui se posent nous? Nous le verrons dans un prochain article (12).

    J ean HERBERT .

    (1) L a critique occidentale le situe plus volontiers au V II Ie sicle,mais la tradition est unanime le placer soit au I I I e sicle avant J.- C.,soit au Ier sicle de notre re. L, comme en beaucoup dautres matires,il est fort possible que la dcouverte de donnes nouvelles amne nossavants considrer avec plus de respect les conceptions traditionnelles.

    (3) Swmi Nikhilnanda, Self- Knowledge (New- York, 1946), p. 14.

    (4) Ibid. p. 46.

    (5) Shr Aurobindo, The Life Divine (Calcutta, 1939), vol. I, p. 30.

    (6) Ibid. p. 10.(7) Shankara, Hymnes Shiva, avec texte sanskrit, mot- - mot,

    traduction et commentaire (Lyon, Derain, 1944).

    (8) Hymnes la Desse (Paris, Bossard).

    (9) Dans son livre cit ci- dessus, Swmi Nikhilnanda, aprs latraduction de l Atm- Bodha, a judicieusement ajout celle de certainshymnes, fournissant ainsi l'quilibre ncessaire.

    (10) L Enseignement de Rmakrishna (Paris, 3e dition, 1942), paragraphe 698.

    (11) Ibid, paragraphe 1255.

    (12) Dans notre prochain numro Ce que peut nous donner l'hindouisme .

    Notes sur lArt

    L enfantement artistique est la fois joie et souffrance. Un tat

    complexe. Des interrogations coupent les ralisations. On passe parles limbes, on traverse des labyrinthes... Puis un beau moment toutse clarifie. L lan crateur a pris substance.

    Les arts sont un . 11y a une parent troite dans leur gense.Telle page musicale voque directement un paysage, ou un

    difice. Un pastel ou une aquarelle peuvent tre comme une musiqueintime, un lied qui chante doucement dans le fondu ou la limpiditdu coloris.

    *

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    Dans certaines interprtations musicales on a limpression de couler pic et datteindre les toiles tour tour. Cela s'applique surtout aux uvres de Beethoven. D autres interprtationssurtout les modernes, font jaill ir des tincelles des masses sombres

    du subconscient .

    Nature inspiratrice. Riche polyphonie du vent. Vent des cimes,vent des sous- bois. Souffle furtif qui rase le sol. Haleine qui zigzaguedans lherbe.

    Des thmes palpitent avec le vent, s'abattent avec la pluie.Les concerts, les spectacles de tous les lments. Le feu qui

    flambe. Cette ardeur... Les flammes crpitent, slancent. Les clapotis,les cascades... leau. Bruissements de vie imptueuse.

    Vapeurs lourdes. Erotiques, bacchanale. Fracheur subtile.

    Extase divine.

    Curieux comme certains procds qui semblent devoir tre uneconception du cerveau humain se retrouvent dans les chants desoiseaux. Les rudiments dimitation y abondent. 11 y a l origine ducontrepoint beaucoup de spontanit.

    La musique mozartienne est faite dlans radieux. Floraisons

    panouies la lumire cosmique et fixant leurs racines dans le terrainchaud de l me.

    Le critique dart retient par son allure dsinvolte, ses proposars. C est une sorte de visionnaire sympathisant qui nous prend parla main et nous mne dans une fort mystrieuse do il nous montrediverses chappes lumineuses.

    Par les interprtations musicales lme vibre au contact dusouffle de la phalange de crateurs que la terre a porte. Contactvivifiant.

    Messe en si mineur de J . S. Bach. Chaque pisode est une pageunique. Varit et richesse des moyens sonores. Charme des intermdes. Les masses chorales et instrumentales, les lignes superposes,entrecroises de la polyphonie font surgir ldifice musical colossal,o lhumanit douloureuse voque le Dieu incarn pour lui donner lavie suprme. Impression^ plastiques intenses. Vigueur, quilibre,

    beaut dcorative. Une re- cration cosmique.

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    Excution musicale un rite. > Jouer quelques pages de J . S.Bach donne une perception universelle harmonieuse. Le monde apparat baign de lumire, damour et de paix.

    La- rvlation de Mozart est telle lapproche dun sommetprintanier, frais, fleuri, lger et enivrant. Rminescences deniques.A loccasion de certaines courbes mlodiques on pense une nuitde mai... La vote cleste est dun bleu ineffable, mille toiles scintillent, lair embaume... Qui peut se tremper dans cette extase se lavede toutes les misres.

    Charmes.

    Une manifestation sensorielle rvlatrice dune beaut, d'uneharmonie secrte, et tenant notre tre captif. Euphorie, ravissementsinsurgeant au trfonds de nous- mmes.

    Ralit enchanteresse vibrant travers nous.

    T out artiste consciemment ou inconsciemment se dirige vers lalibration de la magie quil porte en lui.

    Il y a des moments o la Beaut enlace si troitement, si amoureusement... et alors luvre est naissante.

    Par del ce monde tangible la fusion des esprits jubile en unchant dune joie sans bornes et dune paix de toute scurit... Chantqui ne frappe aucun tympan, mais qui lorsque la conscience y accdetransfigure lexistence. Ceci est le grand secret de tous les artistes,

    potes, sages et mystiques.

    L envotement que lart exerce ? Un chant, une belle toile, unestatue, empoignent les sens et compriment vers lintrieur.

    Le complexe de lart est identique au complexe de la vie. Lagermination et lclosion de luvre se rsume une lucidit s'aigui-sant sans trve, plongeant au- dedans, un dynamisme invincible, agissant au dehors.

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    Soif de l'esprit.Ce livre tendra- t- il la clef du secret ultime ? Cette page de

    musique permettra- t- elle la communion avec lesprit cosmique ? Ni cesphrases magiques, ni ces rsonnances ineffables. Ici. La voix du

    Silence : mission du Tout, rcepteur : toi- mme. Eisa SCHOOLS.

    BIBLIOGRAPHIE HINDOUEpar VISHVABANDHU (I) .

    Parmi les trs nombreux ouvrages parus rcemment sur Gandhi,

    il en est deux quil convient de signaler :T he M ind of Mahatma Gandhi, compiled by R. K. Prabhu et

    U. R. Rao (2), est, ma connaissance, le meilleur recueil publi cejour de courts extraits, crits et paroles de Gandhi sur les sujets lesplus divers. 11ne contient rien de nouveau et comporte forcment degraves lacunes, mais il constitue un excellent aide- mmoire de lenseignement du Matre. Et il a cet avantage, rare dans les publicationsindiennes, de fournir pour chaque passage des rfrences exactes etprcises.

    Glimpsea of Gandhiji, par Rajendra Diwakar (2), modeste plaquette trs bien illustre, nous fournit un des meilleurs portraits du

    Mahatma. Parsem danecdotes, dont la plupart sont pour nous indites, il nous montre ce que Gandhi a reprsent pour un de ses plusproches collaborateurs.

    (1) Voir le dbut dans les livraisons.

    (2) Madras, Oxford University Press, 1946, 226 pages.

    (3) Bombay, Hind Kitals, 1949, 90 pages. Rajendra Diwakar taitdj lauteur dun ouvrage remarquable : Satyagraha, its technique andhistory (Bombay, Hind Kitals, 226 pages.)

    Dans lavalanche des publications qui paraissent sous linspiration directe de Swami Sivnanda Sarasvati, relevons les suivantes :

    Brahma- Sutras, Part. 1 (I). Cest une traduction nouvelle desfameuses Brahma- Stras de Badarayana, chapitres I et II, avec mot mot, texte sanskrit en devanagari et translittration (cette derniremalheureusement plus que fantaisiste), et dabondants commentairespar Swmi Sivnanda. Aux ides personnelles, toujours fort intres

    santes, du commentateur, ce volume mle quantit de citations importantes tires des matres qui lont prcd dans ce travail, des Upanis-hads, etc.

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    V edanta J yoti (L ight of V edanta) (2) est un recueil de pomesdu Swmi, prsentant, sous forme souvent assez humoristique, certainsaspects fondamentaux de lenseignement vdantique.

    Yogic Home Exercises (3) est un manuel lmentaire de Hatha-

    Yoga, rsumant les indications classiques sur les sanas, mudras, band- has, kriyas et prnymas.

    Malheureusement, il est fort craindre que la plupart des lecteurs europens glissent rapidement sur la premire partie, o sontexposes les conditions pralables (tre vgtarien, rester chaste, etc.)et se jettent immdiatement dans la pratique de tous ces exercices,avec les consquences dsastreuses qui rsultent invitablement dunetelle erreur.

    L ight, Power and Wisdom (4) est un recueil de prceptes, fortsalutaires, groups sous chacune des trois rubriques quindique le titre.

    Sivananda the Enlightened (5), de T . N. V . Rajan, est un bouquet dhommages, les uns en vers et les autres en prose, offerts auSwmi par lun de ses disciples. On peut y glaner quelques indicationsutiles, mais ce genre de dithyrambe est difficile accepter pour desesprits occidentaux.

    (1) Rishikesh, 1949, 543 pages.

    i (2) Ibid., 1949, 63 pages.(3) T araparevala, Bombay, s. d., 104 pages, avec 22 photographies

    pleine page.

    (4) Rikhikesh, 1948, 135 pages, format de poche.

    (5) Ananda Kutir, 1949, 64 pages.

    Pour les nombreux occidentaux quattire la puissante personnalit de Rmana Maharshi, signalons les publications rcentes ci-aprs :

    Golden J ubilee Souvenir (I), est un imppospant recueil dhommages, dintrt fort ingal, quont envoy des disciples et admirateurs. On regrette que la plupart des plus anciens et fidles disciplesdu Matre aient t exclus de cet album, tout comme ils avaient tchasss de lashram, souvent coups de bton, par ceux qui soumettent maintenant la gloire du Maharshi une honteuse exploitationcommerciale.

    Sri Ramana the Sage of A runagiri (2), par Aksharajna est unebrve biographie, suivie dun expos systmatique de lenseignementdu Matre, sous forme de recueil de paroles. Un excellent petit

    manuel.Anmachala (3), par Anant Narayan Rao, donne une bonne des

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    cription de la ville de T iruvanuamalai, prs de laquelle habite le sage,et de lhistoire du pays.

    Dans le cadre des publications de lshram de Shr Aurobindo,relevons :

    Nine pictures (4). A lbum de neuf peintures par L a Mre, Krish-nalal, J ayantilal et Franois Sommer, dune trs grande varit destyles. On a plaisir y retrouver, en couleurs cette fois, le Purushador . qui figure en frontispice aux Trois Upanishads de ShrAurobindo.

    Word* of the Mother (second sries) (5). Aussi prcieux que lapremire srie. Sections : Amour; Calme, galit et ouverture; Foi,patience et sincrit; Travail; Difficult et souffrance; Nourriture etsommeil.

    A Message to America (6), de Shr Aurobindo, qui contientdimportantes considrations sur lOrient et lOccident.

    Le troisime fascicule du Bulletin dEducation physique (7), contient un article fondamental indit de Shr Aurobindo sur Le corpsdivin (en anglais et en franais).

    (1) P ubli par Tshram, 1949, 376 pages.

    (2) Ibid., 3edition 1948, 92 pages.

    (3) Chez l auteur, T iruvanuamalai, 1947, 85 pages.

    (4) A l shram : 9 planches et 1 feuille de texte, 1949.(5) Bombay, Shr Aurobindo Circle, 1949, 39 pages.

    (6) A lshram, 4 pages.

    (7) A l'shram, 52 pages et 32 planches de magnifiques photographies.

    Et pour finir, une grande nouvelle pour tous ceux qui aimentlInde et veulent la connatre. Le Kalyana Kalpataru, cette tonnanterevue mensuelle Ddie la gloire de Dieu , que publie Hanu-manprasad Poddar, entreprend la publication du Rmyana hindi deGoswmi Tulsds. Cet ouvrage, inspir directement du pome sanskrit de mme nom, compos par Vlmki, jouit dans lInde dunprestige plus grand encore.- Ses images, ses mtaphores, ses descriptions sont peut- tre plus brillantes mme que celles de loriginal, sapsychologie plus fine et plus dtaille, sa haute inspiration plus accessible. 11est peu prs impossible de comprendre l me de l'Inde tantquon ne connat pas luvre de Tulsds.

    Or la seule tentative srieuse et dailleurs avorte qui futjamais faite, ma connaissance, pour traduire ce Rmyana dans unelangue nous accessible fut celle de F. S. Growse, qui en 1876 enpublia un volume en anglais, malheureusement dans une totale incomprhension de son sens profond. La traduction anonyme, selon

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    les bonnes traditions que nous offre aujourdhui le Kalyana Kal-pataru est au contraire conue dans le sentiment de total respectindispensable ce genre de travail (I). Destine avant tout auxadorateurs, ceux qui veulent chercher dans Shr Rmacharitamnasa

    (le lac Mnasa, qui contient les exploits de Shr Rma) un puissantstimulant spirituel, elle ne sembarrasse pas du fatras' habituel denotes drudition qui obscurcissent tout, mais donne au lecteur, defaon claire et concise, les explications mythologiques ncessairespour comprendre les nombreuses allusions. Le texte devanagar estremarquablement net, les translittrations partielles rigoureuses etlanglais excellent.

    Nous ne pouvons que souhaiter que les volumes suivants (celui-ci ne comprend que la partie I, ou, comme il est dit plus exactement,la premire Descente , Balakanda, la jeunesse), et souhaiter noslecteurs de sassurer sans tarder de leurs exemplaires, car le volume

    spuisera certainement trs vite (2).

    (1) Imaginerait- on une traduction du Nouveau Testament ou del Imitation de Jsus- Christ, prsente sur un ton persifleur, avec en notedes exelamEtions de surprise dun matrialisme obtus ?

    (2) Numro d'aot 1949, 291 pages. 9 illustrations en couleurs,pleine page. P rix 5 shilings anglais. Ecrire The Manager, KalyanaKalpataru, Gorakhpur, Inde.

    Krishnamurti ParisAV RIL - M AI 1950

    Nous avons le plaisir dannoncer la venue Paris de Krishnamurti pour les mois davril- mai 1950. Pendant son sjour, il fer cinqcauseries et huit causeries- discussions comme suit :

    Causeries :

    Le dimanche 9 avril, 10 h. 30, la Salle Pleyel, 252, rue du Faubourg Saint- Honor (mtro Ternes - autobus 30, 31, 43 et 83);

    Le dimanche 16 avril, 10 h. 30, la Maison de la Mutualit, 24 rueSaint- Victor (mtro Cardinal Lemoine - autobus 67);

    Les dimanches 23 et 30 avril et le 7 mai, 10 h. 30, lAmphithtre Richelieu la Sorbonne, entre rue de la Sorbonne(mtro Odon - autobus 27, 38, 77, 84 et 85).

    Causeries- discussions : ;

    Les mardis et jeudis 11, 13, 18, 20, 25, 27 avril et les 2 et 4 mai, 19 h. 30, lAmphithtre de lInstitut Paseur, 26, rue du Docteur Roux (mtro Pasteur et Volontaires - autobus 48).

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    Pendant son sjour, Krishnamurti ne donnera aucune autrecauserie ou confrence, ni Paris, ni dans aucune autre ville deFrance.

    Il ne sera peru aucun droit dentre aucune de ces manifes

    tations, mais nous prions ceux de nos amis qui sont en mesure de lefaire, de nous envoyer des dons gnreux pour nous aider faire faceaux frais de location de salles, ddition des traductions, de causeries,etc. Ces dons devront (de prfrence) tre adresss au compte chquepostal Paris 180.032, mais nous vous prions davertir Madame A.Duch, 88bis, avenue Mozart, Paris- 16, des dons envoys en indiquant votre nom. Pour la Belgique, les dons seront adresss au comptechque postal Bruxelles 15.01.73 de M. R. Linssen, 20, rue Pre \Dedeken, Bruxelles.

    Toutes les causeries et causeries- discussions seront donnes enanglais. Les causeries du dimanche seront traduites en franais sur- le-

    champ par un interprte. 11 ny aura pas dinterprte pour les causeries- discussions des mardis et jeudis; on pourra poser des questionsen franais, il y sera rpondu en anglais.

    Nous regr.ettons de ne pouvoir nous charger de trouver Parisde logement pour nos amis venant de ltranger. Nous les prions ausside ne pas sattendre recevoir de rponse immdiate leurs lettres,car nous ne disposons que d'un personnel rduit.

    La Salle Pleyel et la Salle de la Mutualit tant vastes, il serainutile denvoyer des cartes dadmission pour les 9 et ! 6 avril. Surdemande et selon les disponibilits, nous envoyons des cartes dadmission pour les causeries des 23 et 30 avril et celle du 7 mai. Celles- ciseront valables jusqu 20 minutes avant le commencement de lacauserie. Les places ne seront pas numrotes. Il n'y aura pas decartes pour les causeries- discussions des mardis et jeudis.

    Camps Spiritualit 1950

    Diffrents

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    Institut de Science et Philosophie

    RA PP ORT D ACT IVIT E 1949.APP ORT S DE L ET RANGER.

    Fidle son programme et aux buts qu'il poursuit, l'Institut sestefforc, au cours de lanne coule, d inviter sa tribune des confrenciers de grande valeur. Le si rudit et minent indianiste J eanHerbert, est venu chez nous en janvier, en mars et en septembre;lcrivain Ren Four est venu en mars, avril et juin; en mars et

    juin nous avons eu l auteur Henri Mangin; en juillet le secrtaire deGanghi, M. Agarwal, et en avril le trs intressant Dr. Kalmar deGrenoble; enfin en dcembre, le Dr. de Marquette, charg de cours

    la Sorbonne.APP ORT S A L ET RANGER.

    Dautre part notre directeur, M. Linssen, sest rendu ltrangero ses confrences sont suivies par un public trs nombreux et fortintress" Il sest rendu, en mars, en France et en Suisse (le 8 mars ilparlait Lausanne devant une salle de 1.500 personnes et le 9 marsil occupait la tribune de la Radio Nationale Suisse).

    En mai de nouveau en Suisse : Genve, Lausanne, Neuchtel.En juillet, du I 2 au 29, il organise un camp Chapareillan,

    dans lIsre; nombreuses confrences : Grenoble, Nimes, Nice, Monte-

    Carie, Marseille.De fin septembre la mi- octobre, plusieurs membres de notreComit se transportent Londres pour y suivre les confrences etcauseries de lminent psychologue Krishnamurti, venu dAmrique Londres pour un mois.

    Du 20 octobre au 9 novembre, M. L inssen fait nouveau unelongue srie de confrences trs suivies et trs coutes en France eten Suisse.

    Par ce courant dchanges, aussi bien que par les sujets dvelopps, lInstitut croit avoir bien servi les buts quil sest assigns :culture humaine dans le sens de la revalorisation des valeurs morales

    et spirituelles, en proscrivant tout esprit de chapelle par une information aussi large que possible, dans un esprit duniversalisme, delucidit et de comprhension, non seulement de soi et des autres,mais encore du fonctionnement de la pense et de tous les phnomnes psychologiques en gnral.

    En dehors des confrences, nous avons tenu quelques runionsamicales de conversations et d'changes, trs apprcies de ceux quiy prenaient part, ainsi quun cours de chirosophie donne par unedoctoresse en mdecine, spcialiste denfants, qui avait pu au coursde sa carrire faire de nombreuses et intressantes observations surles mains de ses malades, aussi bien que dans les prisons et chez lesmalades mentaux.

    Le Secrtaire de lInstitut.

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    Livres nouveaux

    Approche de lInde (tradition et incidences). Textes recueillis etprsents par J acques Masui.

    Principaux collaborateurs : Shr Aurobindo, Ren Gunon,Ananda K. Coomaraswamy, P. Masson- Oursel, Jean Herbert, Hein-rich Zimmer, C. G. J ung, A lain Danilou, R. ;P. Gathier, s. j., OlivierLacombe, Mahendranath Sircar, Mircea Eliade, Ren Daumal.

    L Inde vient de fter le deuxime anniversaire de son indpendance. Chaque jour elle prend une importance plus grande dans lapolitique mondiale, en raison de sa situation gographique et de sonimmense population. Mais son prestige vritable est avant tout

    spirituel et celui- ci ne fera que crotre lorsque sa culture, plusieurs foismillnaire, et toujours vivante, sera mieux connue en Occident. Cestpour contribuer la connaissance dune des plus hautes sphres spirituelles que l'humanit ait connues, que nous nous sommes efforcs derunir dans Approches de lInde une suite dtudes et darticles parles spcialistes les plus qualifis.

    L Occident sort de son isolement moral. 11 ne considre plusdtenir le monopole de la civilisation. 11 reprend enfin contact avecdes cultures trangres, que lAntiquit navait point ignores. Uninventaire universel des connaissances humaines, sbauche. Peut- treen sortira- t- il un jour cette unit sans laquelle lhumanit ne saurait

    vivre ?Longtemps la pense de lInde est demeure lapanage de quel

    ques spcialistes lorsquelle ntait pas grossirement dforme. Cetemps sloigne. Dj en 1941, les Cahiers du Sud staient efforcde contribuer une meilleure connaissance de la culture hindoue;vivante par Message Actuel de lInde. Aujourdhui, avec Approchesde lInde, publi sous la direction de Jacques Masui, nous avons tentde prsenter et dapprofondir certains aspects moins ou mal connusde la T radition Hindoue. Les noms et la qualit des collaborateursconstituent nos meilleurs garants. T outefois, ces approche nauraient

    pas t compltes sans quelques confrontations ni les "opinions despcialistes, comparant le gnie hindou la pense occidentale etchrtienne.

    11 semblerait que seule la pense la plus traditionnelle soit capable d'apporter quelque chose de tout fait neuf et dternel la fois,-cest-- dire lexpression mme de la Ralit. L Inde, selon nous, possde les clefs du futur. Elle possde la tradition qui a su le mieuxprserver un contact vivant et perptuellement renouvel avec ce quiconstitue la trame de la religion, de la philosophie et de la science.Prendre contact avec ces principes, c'est faire retour aux sourcesmmes du gnie spirituel de lOccident, pour en obtenir une renais

    sance. Rien ne paraissait plus urgent quune nouvelle introduction cette pense hindoue. Les nouvelles approches, vers ces sources sem-

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    tient seules pouvoir redonner un sens une humanit qui senfoncedans le chaos.

    UN V OLU M E IN- 8 CA RRE , DE 368 PA GES, 120 FRANCSBELGES (port compris), verser au compte chque postal 62.04 deL Institut de Science et Philosophie, a.s.b.l., 20, rue Pre Dedeken, Bruxelles.

    T ABLE DES MAT IE RES

    Jacques Masui : L Inde dans notre destin (notes liminaires). Jacques Masui et Ren Daumal : T ableau du dveloppement de latradition hindoue.

    I. Approches de la tradition. Ren Gunon : Santana Dhar-ma. - - Shr Aurobindo : La clef du Vda. Jean Herbert : Intro

    duction la Mythologie hindoue. Shr Aurobindo : Les Mthodesde la Connaissance vdntique. Mahendranath Sircar : Les Upa-nishads. Ren Allar : Shankara et la Dialectique. - - OJivier La-combe : Rmnoudja. A.- M. Esnoul : Le "Smkhya. MirceaEliade : Le Tantrisme. Shankara : L Ocan de flicit du dlivrvivant.

    II. Aspects particuliers et interprtations. Alain Danilou :Le Thorie mtaphysique du Verbe et son application dans le langageet la musique. Lizelle Reymond : La Shakti. Heinrich Zimmer :Le My de Vishnou (Etude sur le Symbolisme de My). PaulMasson- Oursel : Le temps et lespace dans la Pense hindoue. -

    Ren Daumal : Pour approcher l art potique hindou. HeinrichZimmer : Aspects de la psychothrapeutie hindoue. Ananda K.Coormaraswamy : Le fondement religieux des formes de la socitindienne. . J ean Filliozat : La science de lInde ancienne. Franois Le Lionnais : Message mathmatique de lInde. : C. R. Srinivasa Aiyangar : L'aspect culturel de la musique et de la danse hindoues. Radhakumud Mookerji : Les systmes dducation hindous. Prabhat Chandra Chakravarty : La perspective spirituelle de lagrammaire sanskrite. Jules Monchanin : Enigmes dravidiennes.

    III. Incidences et confrontations (appendice). Dr. ThrseBrosse : La science exprimentale de Yoga et le problme de la civilisation contemporaine. C. G. J ung : Le Yoga et lOccident. Pre Emile Gathier, S.J . : Hindouisme et pense chrtienne. Ga.briel Germain : L Inde et le monde celtique. Alain Danilou :L avenir spirituel de lInde. Nos collaborateurs et leurs contributions.

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