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SION, 30 No:vembre 1939. No 4. PARAISSANT 14 FOIS PENDANT LE COURS SCOLAIRE ORGANE DE LA VALAISANNE D'EDUCATION .', " 1'"'· '. •• :. . ". ',.. ..1 " t,:"'." \ l'''' .' . ': . 59me Année. . ABONNEMENT ANNUEL: Fr. 6.- Les:abonnements se règlent par chèque postal Il c 56 Sion. ou à ce défaut contre remboursement Tout ce qui concerne la publication doit être adressé directement à M, CI. BÉRARD, Instituteur, Sierre -- Les onnonces sont reçues exclusivement par -- PUBLICITAS, Société Anonyme Suisse de Publicité, SION Avenue de la Gare Téléphone 2 12 36

L'Ecole primaire, 30 novembre 1939

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Page 1: L'Ecole primaire, 30 novembre 1939

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SION, 30 No:vembre 1939. No 4.

PARAISSANT 14 FOIS PENDANT LE COURS SCOLAIRE

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Page 2: L'Ecole primaire, 30 novembre 1939

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SOMMAIRE: Le jubilé de .M. le l) r ofesS-Blltl l Lu tten;]) aC'h e,r. - P ARTIE PEDAGOGIQUE : Lire, ,par ler, rédiger . - LetS enfa.n ts arri érés. - L e sou f'fle de ViE' dans les écoles rura.les. - L es fa its et les prin­cipes . - Pédagogie .américain e. -- PARTIE PRATIQUE: Langu e fra.nçaise, ·centr·e·s c1ï ntél'êt 1ère· et 2ème semaines. - Histoire. -Leçon de 'chose..s: le ar bres de la fo r êt, le fo-lklo,re des animaux. - Infol"mations pédagogiques. - Bibliographi e.

Le iubiIé de rn. le Professeur LIuttenbacher Un entrefilet paru dans les journau x nous a appris, trop

tard p our pouvoir le rel ater dans n otre dernier nUIl1éro, que M. Luttenbacher a fêté dernièreIl1ent son cinqu anten aire con1.n1.e p rofesseu r à l'Ecole non nale. Un den1.i-siècle au service de la jeunesse! Saura-t -on jan1.ais la son1.n1.e de travail, de patience et de dévou en1.ent que représente un tel apostolat? Et .pourtant l 'heureu x jubilaire a réussi ce tou r de fo rce de con server toute sa Verdelll', son allant, son entrain des p reru ières années. Voici 30 an s ' en effet qu e n ous avons eu l 'avantage d'êtr e son élève; or, chaque fois que nou s avons le plaisir de le rencontrer, nou s en­tendons les Inêll1eS rép ar t ies spir it uelles, n ous retrouvon s le inêlne hun1.our , la n1.ên1.e jovia lité, la n~êlne b oh on1.ie souriante, le Inên1.e f ranc-p arler. IVI. Lu ttenbacher voudr a it-il , p a r la voie de l' « E cole Prin1.aire », faire connaître à ceux qui fu rent ses élèves quel est le secret d 'une lucidité d 'esp r it et d 'une puissance de travail que l'âge n 'arrive pas à mnoindrir.

Oui, M. le p r ofesseur, dites-nous donc à quelle fontaine de Joùvence vous vous r etren1.pez pour conserver, dans toute leur plénitude, ces dons heureux que ' la Providence vous a si généreu ­sement départis . Confiez-n ous ce secret afin qu'à votre exemple nous puissions nous 'renouveler· pour donner un -enseign ement pratique et sûr à: l 'instar du vôtre.

Car c'est bîen ·ce qui fut la . caradél:istique de vo~ 'leçQns d'histoire et de. géograph~~. Faire saisir la cause des ~vénements qui ont boulervers~ le~ natipI1s, . renversé .les . el1.1.pire~, .transforn1.~ les conceptions politIques et soëiales des phiple$, dégager d.e l'hi~ ­toire upe sereine philosophie et . en tir.er .q((S l'eçon,s éternel1~~,' tel fùt votre bu.t .. Vos · exempl~.$ pittoresques :que :i1ous . ~ous remémo­·rons encore après de si ·loilgties aÎuiées, ·comme'"'s'ils étaient d'.l:tJer, avaient.le . privilège de fixer d.~ns les p1.émoires les pl~s· . tebelie§ les · caI:açtèr~s çles gran.ds . ho'Wriie"s'· et ·ie solivenlr dé leurs ·œüvres.

• • 1 ' . • .~. " , ': '-.' . ,r / ~ . : ; ,-. \ ' .... :

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Vous avez eu le don de savoir évoquer devant l'intelligence naïve d'élèves venus de tous les milieux campagnards valaisans l'histoire, la vie, les mœurs, les coutumes de peuples et de race~ qui ont successivement ·exercé leur influence sur quelque point de notre planète, et vous l'avez fait de telle sorte que les imagps en restent vivaces durant toute une vie! N'est-ce pas la preuve la plus éclatante d'un talent pédagogique fécond et sûr auquel on ne saurait assez rendre hommage.

Votre connaissance approfondie de notre pays et de ses ~ommes, et surtput l'admiration et le respect que vous avec tou­Jours professés pour nos institutions politiques, témoignent que vous vous êtes attaché à votre seconde patrie par toutes les fibres ?'un cœur capable, selon le mot du poète, ·de se donner en entier a ,chacune de nos deux nations amies.

Voilà pourquoi si, dans votre longue carrière il vous est peut-être arrivé, :Monsieur le Professeur, de recevoir indirectelnent quelques peti~es égratignures - et qui donc en est exempt dans notre profes,slOn ? - ce. fut par ceux qui, n'ayant pas assisté à ,:o~ ~Olll~S, n ont connu III votre haute compétence, ni votre objec­tIvIte, nI ?ette délicatesse d'appréciation qui vous permettait de porter un Jugenlent sur certains événements de notre vie nationale sans blesser l~s sen~Îlnents patriotiques de vos jeunes auditeurs. Nous tenons a le declarer en toute sincérité à l'occasion de cet heureux jubilé qui groupe autour de vous, en pensée du Iuoins tous ceux qui ont eu le privilège de profiter ,de vos leçons nlagis~ traIes.

, .C'est pourquoi l' «Ecole Prinlaire» vous présente aujour­?, h~ll les homluages, les renlercienients et les félicitations des lnsh~uteurs que vous avez formés, et elle espère que les élèves de 1 Ecole normale ~uront le b.onheur de bénéficier longtelups encore de votre enseIgnement VIvant, intéressant et pratique.

Cl. B.

UN DILETTANTE. Victor de Balabine, secrétaire de l'ambassade de Russie à Paris

q:ui vivait au siècle dernier, assiS'tait un jour à un des f.astueux .con.: certs qu'offll'Iait, dans son hôte1 de la rue Laffitte, J.ames de Rotschild. Entr~ autres artistes en vogue, on entendait, ce soir-1à, ,Mme Viardot­GarCIa (1-821-1910), sœur dE< la célèbre Ma,libran, cantatrice en renom gui modUol~it ·des aiT~ nationaux et des romance:s ,deo "divers pay,s. L~ grande artIste :passalt avec aisance de l'allemand ,à l'iiaUen de la barcarol,le à la balla'de, de la cha:nson française ,à la tYll"l()1ienn'e. Mais elle- .n'était ,pa.s !beBe. " .

Al~-rs . B,~la:~in~!~ qu'~b.louiss~ierit, la 'gd,ce et la beauté de' la je.~~~~ duch~sse . , ~'I~trje, . de: m~rmunel~. à .VoreiÜe do . son voisin" ole duc:, '.de Gal1ie·ra : ' "

., ~ : J • "' , ~, ,; :", . .' . " 1 .' ,' . _

- Faîtes comme ·ml?~~ , .. e~outeJ d?un. c,ô,té ,et r,e.garde.z de liaJltre. - -. -.... . .. ' . . J « Le Petit Echo de la Mode');.

i~T][E PEDAGOG][QU~l ~~~~~~~~~~~~~~~G~~~~~~~~~~~

Lire Parler ~ 'Rédiger

Travaux des Candidats au Brevet de capacité ' ( Suite)

La lecture pel'sonnelle et silencieuse.

Si la lecture collective et silencieuse senlble avoir obtenu gain de cause auprès de tous les maîtres qui en ont fait l'e~s~i,. la lec­ture personnelle et silencieuse est jugée cornille plus dIfflcIleluellt réalisable, actuellel1lel1t, dans les écoles valaisannes. On se l'end conlpte de l'inlportance .de cette lecture; on estil1le a,:ec Mgr . D~­vaud qu'elle doit être « le couronnelnent de la lecture a haute von et de {a lecture collective et silencieuse » et qu'elle a sa place nor­Inale surtout au degré supérieur; convaincus qu'il faut habituer les enfants à travailler .de plus en plus individuellenlent, les Inaîtres voudraient pratiquer la lecture personnelle et silencieuse., sinon d 'une facon habituelle à l'instar de ce qui se passe .dans les écoles américaines, du moins de tem.ps en telups; nlais beaucoup hésitept parce qu'il leur manque un facteur essentiel de réussite: une riche bibliothèque scolaire. Sur les rayons de cette bibliothè­que,. les élèves devraient trouver, en plus d'ou,vrages adaptés à leur Iuentalité et 'à leur force, un nombre conSIdérable de « far­des» préparées par le nlaître, fardes' comportant un article in~­tructif en rapport avec les branches d'enseignem.ent de l'Ecole PrI­maire et un questionnaire penuettant un contrôle oral ou écrit de"la i lecture.

. Onl soupire après ces bibliothèques: « Comme il serait à sou-l ' 1 4' haiterj ecrit · une Révérende Sœur, que nous ayons : pour e eme

degï'é une' série de brochures, de fiches, de dossiers ~oUl' la lec,ture personnelle dè nos élèves! Ces brochur'es se iapporter,ai-ént 'aux leçons d'histoire, de géographie, d'écono1!lie dbme~tiÇjlie, d'hy:. giène, de , puériculture pour~ nos écoles ménagères .. AiIJsi les élè­Ves .' s~habitueràfeIit à ' completer -ll'ars cbnnaissanc'es " 'comm-eils doivent le faire plus tar.d. » (Sr G.) , .

" / ~faii~' : q~i fé'r:if'les l!~~~ .~~ lâ hll:Üiôthèqù~ '?'-< " > i :<:1, • .' =. .. J , ,1 l ~ .: . . ';' '\ . :. i' ~ ,,:1 ,

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Une institutrice répond: « Nos écoles ne sont pas dotées du matériel nécessaire; et j'estime que les instituteurs et les institu­trices, mêlne les plus zélés, ne peuvent pas faire aux classes des dons aussi considérables» . (A. 1\1.)

Sans doute, les nlaÎtres ne peuvent pas tout faire, soit par défaut ,de temps, soit par manque d'argent; ils auront besoin de l'aide de l'Etat, des conlmunes et des falnilles. Toutefois, ils ob­tiendront des résultats inespérés en y mettant le zèle, la patience et le temps voulus, conlme en ténloigne cette déclaration : « POUl' qui veut se donner la peine de se dévouer à la cause de l'enfant: il n'est pas difficile de créer une bibliothèque appelée à rendre de grands services . En cinq ans, j'ai réuni environ 200 volulnes) quantité de brochures, revues, etc. Le tout est à la disposition des élèves . Il y a de quoi satisfaire tous les goûts. Pour occuper les meilleurs élèves qui attendent que leurs camarades aient fini leur tâche, j'ai fait un certain nombre de billets pOl·tant un sujet à traiter verbalement ou pal' écrit. Ils trouveront égalenlent le titre d 'un livre où ils pourront glaner quelques renseignenlents. C'est pour ainsi dire un concours où les meilleurs élèves sont fiers de donner toute leur attention. » (P P.)

Rappelons que la bibliothèque scolaire sera conlposée en gran­de partie de «.fardes» préparées par le nlaÎtre. Cela entraînera pour lui un gros travail; c'est entendu, et :Mgr Dévaud ne le ,cache pas : « la lecture individuelle et silencieuse, dit-il, impose au Inaî­tre une lourde corvée, celle de préparer un vaste appareil de fiches et de doculnents, de le tenir à jour et en ordre»; nlais il ajoute aussitôt: « Cette besogne s'acquitte petit à petit; une fois faite, c'est pour toujours». (P. 32.)

Encouragés par les exhortations de Mgr Dévaud, certains candidats se sont mis au travail, non sans succès; d'un devoir nous extrayons les lignes suivantes: « Après quelques exercices de lecture silencieuse soigneusement préparés, les élèves prirent goût à cette nouvelle méthode ... Les 120 fardes préparées à cette intention furent vite épuisées. Il fallut multiplier leur nombre sur la denwnde des enfants. Les fardes avaient été détachées des re­vues missionnaires, Echos illustés, et pages enfantines du «-Cour­rier de Genève». (B. C.) Et l'on est tenté de conclure comnle St­Bernard, je crois, parlant des saints: « Ce que ceux-ci ou ,celles­là ont fait, pourquoi ne le pourrais-je pas? »

Mgr Dévaud écrit, page 18: «Si l'école n'a pas' failli . à sa plissioil" les, grands du 4me degré doivent pouvoir préparer par le~è'tureet "étude silencie:uses la plupart de leurs leçons, histoire, kéog~aphîe, (sciences, hygiène. On s'y exerce à se. cultiver. soi­même conime on le fera dans la vie ... A cet âge, les élèves sont à tnême ' dèse set'vir d;un livre à leur portée; il faut les entraîùer à le comprendre, à le résumer; ~ réfléchir sur les i~~es qu;~l"con-tient, à s'instruire en lisant.» . f.

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Dans une classe à plusieurs degrés, la pratique de la lecturE silencieuse permettra donc au Inaître de s'occuper davantage des plus jeunes sans que les aînés perdent leur tenlps. Mais n'oublions pas que la technique de cette lecture ne s'acquiert que par un en-' traînement progressif et contrôlé: ce serait se faire illusion que de croire qu'on pourrait y appliquer ses grands élèves sans les y avoil' préparés. Aussi n'est-ce pas sans raison qu'une institutrice écrit: « N'avons-nous pas remarqué que dans bien des écoles ' il plusieurs degrés, la méthode de 111gr Dévcmd est appliquée dans toute la ligne pOl.lr les plus grands, nlais cela sans bon résultai; parce que ces mêmes élèves n'y ont pas été préparés »; elle ajoute: « Si la lecture silencieuse aux degrés inférieurs inlpose aux maî­tres une lourde corvée, n'oublions pas que les l'ares demi-helZres que nous y consacrerons nous seront rendues plus tard pal' la fa­cilité qu'auront les grandes filles et les grands garçons de pré­parer eu;x:.-mêmes toutes les leçons des bronches-s_avoirs. » (A. M. )

De qu.elques exercices.

Dans un chapitre spécial, :Mgr Dévaud expose quelques exer­cices destinés à favoriser la lecture silencieuse et une plus gran­de assiInilation d 'un texte: ieux de lecture - cOlllpte rendu pal' le dessin - cOlnpte rendu pal' le rytlune et le geste - cOlllpte ren­du pal' interrogation des condisciples.

A tort ou à raison, l'expérience le dira, beaucoup de rappor­teurs se nlontrent réservés , sceptiques nlênle, à l'égard de ces divers exercices, non pas qu'ils leur dénient une certaine valeur pédagogique, Blais pour des raisons d 'ordre disciplinaire et de bon enlploi d 'un tell1pS si parcimonieusement mesuré aux écoles de la nlontagne.

Les jeux de lecture ? . Ils intéresseront follelnent les enfants; si follement, peut-être

que ceux-ci ne voudront plus s'occuper à autre chose et par réac­tion les nlaÎtres seront amenés à supprinler ces jeux. Les institu­trices chargées d'une école enfantine se décl,arent enchantées :. « POUl' nous, écrit l'une d'elles, qui dirigeons une école gardienne. de 9 Inois, les jeux de lecture proposés pal' 111gr Dévaud sOT}-i une véritable révélation. Nous retiendrons spécialelnent les loto~ et dominos, ainsi que les autres' écrits SUI' fiches. » - « llfais el dominos, ainsi que les autres écrits SUI' fiches, à tous les degrés ) à. une scolarité de six mois, avec un programme très chargé, ces exercices ne peuvent être pratiqués ... Si les petits enfants s'amu­sent à ces ieux, que feront les grands élèves, souvent dérangés par les rires, les cris de ces petits marmots? Le travail en souffre et la discipline au.ssi. » (E M.) Ce serait sans doute le cas pour h~ jeu des « ordres» décrU à la page 34 de «Lire, parler, rédiger »., mais 'non pour les jeux décrits aux pages ·, 35 ' et 36. Des expérien­ces réussies permettent, en effet, à Mgr Dévaudd'affirmer 'què

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ces jeux « occupent utiieinent une divisjon, sans bruit, sans dé­rangenlent }), et l'auteur ajoute su~' un ton d'aveu narquois: « J'ai la faiblesse d'attribuer à ces jeux de donlinos une valeur d'éduca-tion digne d'être considérée. }) . .

Si le compte rendu pal' le dessin est diversem~nt apprécié, accepté par les uns, écarté par les autres, pour des raisons peut­être plus subjectives qu'objectives, le COll1pte rèndu pal' le rythme ei le geste ne senlble plus avoir conquis les lecteurs, InêIne pas les lectrices. Un instituteur écrit assez rondement: « Je ne vois gr;-ère la portée éducative de ce travail qui me paraît peu profita­ble, voire ridicule. Il apportera de la variété dans les classes où Fon (l le tell1ps de s}ennuyer, 111ais .t'estime qu'on peut le laisser de côté sans dommage pour notre enseignement. }) (P. C.) Une ins~itutrice croit d'ailleurs qu'il n'aurait pas grand succès, du InOIns à la nlontagne : « Ce compte rendu pal' la mimique, écrit­elle, apprécié en plaine, ne recontreralt pas le même ' succès chez les petits montagnards, car, pour autant que je les connais, ils portent en eux un fond de fierté ou plutôt d'orgueil qui les em­pêche de se produire devant les autres. }) (R. G.) Bref, on a le sentiInent que certains candidats ne voudraient pas se charo'er l' • 0

Ct. organIser un tel cOlnpte rendu dans une classe à tous les de-grés, de peur « qu'avec les rythmes, la classe ne finisse pal' des fou-1'Ïres I}) (Y. M.)

Q,~lant au cOl1}pte rendu pal' inter~'ogation des condisciples tel qu Il est expose par l'auteur de « LIre, parler, rédiger }) , sur­tout aux pages 43 et 44, il est en général chaleureusenlent accepté et les expériences qui en ont été faites par quelques Inaîtres sont des plus encourageantes. « C'est sans doute le meilleur exercice remarque l'un d'eux. Le sens de la cl'itique est le propre de l'en~ f~n~ et du 11 alaisan aussi 1 ... Les enfants se passionnent à ce jeu er lis ne manqueront pas de chercher à comprendre les textes les plus difficiles pour poser des questions qui embalTassent leurs camarades. Ils sont fiers alors de donner les explications désirées. Si le maître sait user de ce facteur éducatif, les élèves en tireront grand profit. }) (F. P.) Tenninons par cette affirnlation d'une candidate: « Le compte rendu pal' interrogation des condisciples a soulevé l'enthousiasme des élèves. }) (M. B.)

(A suivre.)

Les enfants arriérés 1) Dans notre dernier article consacré aux mau~ais ' élèves nous

disions que 70 % des enfants qui nous sont signalés pour j~suffi,. sance. ,scolair~ .. sont ~des ar~iérés çle l'intellig~nce. Après les avoir grondes, punI~, a'pres aVOIr atteI).du que :le temps les .change et leur: J~sse faire }les., p[ogrès,Qns.'esl enfin iI}quiété . d~ leur état , et

on nous les amène pour que nous les guenssions. Malheureuse­nIent, à part quelques cas qui peuvent être alnéliorés par un traite­ment glandulaire, les arriérés ne sont pas « guérissables}), en ce sens qu'on ne peut leur insuffler l'intelligence qui leur nlanque; Inais ils sont « éducables}) à condition qu'on leur applique les méthodes pédagogiques adaptées à leurs facultés restreintes. Il est donc indispensable, si l'on veut les développer dans une cer­taine nlesure, de s'y prendre au plus tôt, l'idéal serait de pouvoir les dépister dès leur entrée à l'école et de les Inettre ft ce Inomeht­là dans une classe spéciale.

l\1ais au lieu de cela que se passe-t-il ? Le débile mental dou­ble sa classe, quelques fois la triple puis, en désespoir de cause, on le passe dans la classe suivante sans qu'il ait fait de progrès notables. Dans certaines écoles, les 2 ou 3 petites classes sont vé­ritablenlent enconlbrées par ces « cancres}) qui ne parviennent pas à atteindre un niveau supérieur. Ce n'est que lorsque leur retard conunence à devenir par trop manifeste et encombrant que, dans les COIninunes où travaille le Service Médico-Pédagogi(lue, on nous les signale. Hélas! il est bien tard. Un arriéré n'est dé­veloppable que jusqu'à 12 ans. De précieuses années ont été per­dues qui auraient pu être einployées à d.évelopper au maximuln ses possibilités. Au lieu de cela, nous voici en présence d'un élève ignare qui n'a rien appris d'un enseignelnent qui n'était pas à sa portée. De ses nOIubreuses années d'école, il n'a rien retiré et risque fort d'être incapable d'apprendre un nlétier et de rester pour le restant de ses jours à la charge de la commune. Il est temps que les parents, les nlaÎtres et les autorités se rendent COInp­te de la lourde responsabilité qui leur incOIube en ce qui con­cerne l'enfance déficiente et qu'ils collaborent pour prendre les mesures propres à résoudre ce problèIne.

Actuellement en Valais, à part la classe spéciale de Sion, il n'existe qu'un internat: l'Institut des enfants sourds-muets et arriérés du Bouveret qui puisse donner aux débiles nlentaux l'é­ducation spécialisée qui leur faut.. Mais un internat n'est pas une solution pratique. Bien des fainilles ne peuvent faire les frais de la pension et la commune ne peut pas toujours assumer cette char­ge. Ce qu'il faudrait dans chaque école, c'est une classe spéciale, tenue par un Inaître ayant fait des études dans ce but et où l'on mettrait non seulement les arriérés moyens ou . profonds pour toute la durée de leur scolarité, mais encore les arriérés légers et les lents d'esprit qui, souvent, après une ou -deux années d'en­seignelnent individualisé pourraient suivre à nouveau une classe ordinaire. Ces' classes auraient au maximum une quinzaine d'é­lèves ce. qui· permettraH-o a~ ' nÙI.Îtie de' consacrer beau~oup de temps à chàctln d'eux. Quelle décharge pour les -autres classes"! Et qùel service '· rendu ·à ces enfants qui' auiaient ·alors la possi­bilité ' d'a'c<lliérii' :1es, connaissanèes:' élémentâires hidispensables: ~à chacun pour se tirer d'affaire dans la vie.

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Qu'est-ce au juste que l'arriération? COll1Inent peut-on la diagnostiquer? Quelles sont les '111éthodes pédagogiques incli­quées dans ce cas? Autant de questions que le maître doit con­naître à fond pour pouvoir, le cas échéant, donner aux parents tous conseils utiles.

On considère cornille arriéré un enfant présentant un retard scolaire de deux ans s'il a moins de 9 ans, de 3 ans s' il a plus de 9 ans, à condition que ce retard n e soit pas dÎt à une insuffisance de scolarité. Un e a rriération peut être légère, moyenne ou pro­fonde selon que ce retard est plus ou Inoins accentué. P ratique­ment il peut être assez difficile d 'évaluer ce retard. ComIne nous l'avons vu dernièrenlent certains facteurs d 'ordre p sychologique eptr?-.vent quelquefois le développenlent d 'un enfant sans qu'il puisse être question de déficience de l 'intelligence. C'est pour pou­voir termIner exactelnent le degré d 'un déveJoppenlent inlelleetuel que les Français Binet et Sünon et ensuite l'Anléricain T erman ont nlis au point une échelle métrique de l 'intellig'ence qui se con1-pose d'épreuves ou « tests » corresp ond ant au niveau in tellectuel nl0yen de chaque âge .

Ces tests ont é té étahlis de la façon sui, ante : des séries de questions faisant appel à l'observation, à la 111énl0ire, 9U juge-111. en t, au raisonnelnent (et le Inoins p ossible à des connaissan ces scolaires) ont été posées à ,des grou pes d 'enfants du 111êm e üge . Chaque groupe éta it cOlnposé de plusieurs centaines d 'enfants considérés COlllme norm.aux par leurs éducateurs et a ppa rten ant a~lX ~ilieux sociaux les plus .diver s. Lorsqu'une épreuve était reUSSle par les 75 % des enfants d'un groupe, on la considérait comme caractéristique du niveau de cet â ge. On en est ainsi venu à établir des séries de questions correspondant à chaque âge. Ces tests lorsqu'ils sont appliqués par des personnes expériI~entées connaissant à fond leur technique pernlettent d'évaluer assez exact~ment . le degré de développement d 'un enfant par rapport au nIveau Intellectuel nloyen de son âge. Si on découvre par exemple qu'un enfant de 10 ans a un âge mental de 6 ans 1/2, on pourra diagnostiquer une arriération et conseiller son placelnent dans une classe spéciale.

La classe spéciale n'est pas basée sur les n1êmes principes que la classe ordinaire. Tenant compte de la compréhension limi­tée de l'arrriéré, de son incapacité d'abstraction de son attention très vite dispe.rsée et de son r[\isonnen1ent défidient, elle fait ap­pel aux fonchons les plus élémentaires de l'intelligence. Solide­ment ancrée dans la réalité concrète, elle s'efforce de faire péné­t;er chaque connaissance par les cinq sens, ces « portes de l'intel­lIgence » com~e ,les n~mme de façon~i heureuse la grande péda-:­gogue des ~rneres. Ahce Descœu~re. ) Les mots sont la plupart du. teInp~ vIdes de seps pour les ~:lTiér'és, ils ne comprennent, et ne retIennent qué 'ce qu'il~· . on_t . pu yoir, . se.ntjr, toucher. C'est pou.r-

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quoi une éducation sensorielle systéInatique est à la base de l~ur pédagogie. On est ém.erveillé lorsqu'on assiste à une leçon dans une classe spéciale par la variété du nlatériel éducatif, .par l'ingé­niosité des exercices et par l'Îlnagination de la n1aÎtressè qui par­vient à concrétiser les notions les plus abstraites et ainsi à Jes rendre assimilables à l'enfant.

La notion de nombre par exemple est l'une de celles que l'ar­riéré a le plus de peine à acquérir. Il faut souvent des lnoi..;, quel­quefois n1ên1e des années pour :lui appredre à con"lpter. Pour at­teindre ce but on fait appel à des exercices s 'adressant :\ ! 011S les sens. Mettons qu'ils s'agisse d 'apprendre le chiffre ,5. Ce chiffre est n0l1l111é à l 'enfant en Iuên1e tenlpS qu'on lui montre un groupe de 5 objets: 5 crayons .par .exenlple, on lui delnande de constituer d'autres groupes de 5 pomnles, 5 livres, 5 boîtes, etc., puis il doit dessiner ces groupes d 'objets sur son Icahier, écrire au dessous leur n0111b1'e, le dire à haute voix, le frapper dans ses Illains, reconnaître le nombre de coups que la 1111aÎtresse frapp e sur le pu­pitre avec une règle. Fialen1eITt à l'aide des yeux, des or.eilles, du toucher, la notion 5 se précise, prend corps et est assinlilée. Cha­que connaissance est laborieuse à acquérir et ne se fixe que très lenteillellt, il s'agit de la lier à toutes celles que l'élève possède dé­jà et de la répéter sous toutes les for111.es possibles jusqu'à ce qu'elle soit solidement ancrée dans son esprit. Un tel enseigne­ment est forcél11ent très individualisé puisqu'il doit s 'adapter aux possibilités et au ryth111e de chacun.

L 'éducation ,des arriérés doit se faire en union étroite avec la vie. Alice Descœudres sort beaucoup avec ses élèves, elle . leur apprend la botanique dans les chaInp, leur fait visiter des usines , des ateliers, leur apprend à r egarder ce qu'il se passe autour d 'eux, à tenir un journal de ces observations. Si les sphères élevées de l'intelligence leur sont fern1ées :par contre la vie dans ses n1anέfestations concrètes leur est largelnent ouverte. Dans la classe spé­ciale U11e grande place est faite naturellenlent aux travaux 111a­nuels; ces enfants qui seront appelés à travailler de leurs Inains acquièrent ainsi une habileté qui plus tard leur sera précieuse.

Du progran1me de la classe spéciale toute étude trop abstrai­te, tout luxe éducatif est banni, l'enseigneIllent a un caractère nettement utilitaire. Il ne denlande guère à l'enfant que des con­naissances en relation directe avec la vie et qui lui seront indis­pensables dans sa vie; mais ce résultat, il l'obtient alors que la classe ordinaire, elle, n'en obtient aucun. '

Savoir lire, écrire, compter, observer, savoir se servir de ses doigts, voilà qui n'est pas si Inal pour un · aIT~éré. Ce s~ra la 'plupart du temps un bagage suffisant pour lui ,pern1ettre de gagner sa ~vie plus tard. Grâce à cela il ne sera pas à la charge de~ autres, il sera moins malheureux de son infériorité qui, d'ailleurs,

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aura été diminuée dans la luesure du possible. La société aura fait pour lui quelques sacrifices, lnais elle récupérera en échange une valeur sociale et humaine.

M. THOMAS, Service 111 éclico-Péclagogique Vataisan.

1) Des renseignements sur les enfants arTiérés nous ayant été de­mandés dediffér,ents -côtés, nous ferons passe-r ,ce sujet avant « .l'in­térêt et !l'effo!ft là .l'ècoJe » Ique nous avions annoncé dans notre dernier article.

2) A tous ceux qui ,s'intéressent à .la ,pédagogie des arriérés nous ne saurions trop conseill,ler la ,lecture du -livre si ,riche d'exp ériences d'Alice Descœudres: « L 'éducation des e·nfants arriérés, ses principes et ses méthodes: ce que tous les enfants en peuvent retire-r ». Dela­chaux et Niestlé, éditeurs, Neuchâtel.

Le souffle de vie dans récole rurale . Il y aurait à ,fa ire une enquête révélatrice sur la vitalité de l'école

ruraJe, co,mme ,d'ai'Heurs de d'éducation rurale en général: Dans quelle Imesure parvienn8Jnt-elles ,à inculquer à .la jeune génération 'l'es-prit qui m'aintient parmi .la population de la: Call1ipagne ·une ré­servo de valeur s chrétiennes et nationales?

Pour répondre à cette ,que'stion -on pourrait E'xaminer dans quelle mesure ·ceux qui, de gré ou par nécessité, quitte-nt le vilvlage, l'estent fidèles a ux vertus paysa nnes: simp-licité, endurance, patience, 10.i robuste. Et par'mi ce·ux qui -continuent de vivre sur ,le so.l nata,l, n 'yen a-t-il 'pas trop ,qui ressentent leur s-ort comme une situation in1é­lPieure et s 'y résignent à contrE'-Icœur? Enfin l'attitude de ce.ux qui reviennent clans le ,pays de leur enfance fournirait cIe,s indications utiles: Veulent-Hs reprendre leur pla'ce dans la ·com'munauté rurale ou .cherchent-ids à vivre en marge de -l'e-xi6tence villageoise?

Dans ,les « Dossiers de l'Action Ipo,pulaill'e », un e.nquêteur, là pro­pos de lIa ·désertion Ide la campagne par les jeunes filles, met aussi l'école en c,tause: « Dès ,qu'un garçon ou même une petite fille mon­tre de bonnes dispositions aux -études, -on ,pairle ,d'en faire 'un maître ou une maître·sse d 'écQ'le-, un fonctionnaire, un -comilnerçant, etc. Ainsi on arrive .à sèlectionner, à èCUlilliE-r Inos campagnes de. ·ce qu'il ,pourrait y avoir de c'OlTIlpétent. H ne reste plus que de « pauvres ty­pes ». ,Comment VOUlIez-vous qu'11sse défendent? Au ·contraire, Us -arrivent à avnir honte .parce qu'ils ont été 'laissés de côté; alors ils s'isole.nt, ils s'amoindrissent.»

« Le paysan est ,clétoUllné de ,l 'agriculture dès l'école-,.... et ceci ,provient moins du .fait des instituteurs eux-'illêmes .que d'une o'1'ien­tation antiruralE.' de l'enseignement.»

H saute aux yeux que ces ,critiques ne s'appliquent pas sans' autre à ,l'école de chez nous, et -les enfants ,de la ·ca'mpagne qui, après qU8ll­que,s années d'études, ;retournent parmi ;la population rurale !pour y

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enseigner, exercer üe ministère paroissiwl ou ,quelque autre -proJes­sion .libérale, ne sont -pas des pE-rtes, tout au contraire.

,Mai s nous pouvons pro:fi ter de ces réflexions pOUl' nous rendre . compte des -da:ngers ,qui guettent tous les v1ll'ages.

Dans une .feuüle jaciste, on parle du -matériaolisme qui ,courbe no,s paysans sur .la te.rrequ'Hs la,bourent, ne ,leur laissant d 'autre idéal que ,ceilui de bi en vendre leurs ,produits. Pour réveille1" l'âme paysan­ne~ cette -fe'uille propose le travail suivant :

(1 Christianiser ,la 'pro,fession agri'cOlle, donner aux jeunes 'paysans la fierté ·de leur métier, l'amour de la terre, ,ffiultiplier -dans nos cam­pagnes les c,heJs,. les .compéte.nces professionne.lles, ,prépall"e-r lIa fonda­tion de foy-ers paysans où ,l'on s'aime et s 'entr'aid.e ,chrétienneol'ent. )}

Ce sont là ,des tâches dont lIa réa.lisation a·ccroîtrait la puissance de rayonne·ment de l'école rurale; une éducation 'non seulement pré­ventiv-e (il :l;a faut, certe.s), mais constructive et conquéra-nte e,st la me.illeure ·défense 9piritue'l<le -de la jeunesse.

Dans ·cette œuvre de vie·, l'esprit animateur, la mystique de l'école rurale ou Ja mystique paysanne tout court doit inspirer, vivifier la ViE! scolaire.

Nous n'aimons ,peut~être .guère ce terme qu 'on a mêlé à tant de choses. ,Mais i,J désigne très Ibien la grande idée vraie, simple, puissante qui anime tout organis-me social vigoure·ux, ainsi que l'institution qui ,lui -prépare les re,crues. Pesta'loz'zi, Don Boscn, tous ,les éducateurs ,qui ont laissé une empreinte ·profonde, pédagogues ,par la grâce de Dieu,alimentaient sans cesse ,la flamme de leur dévouelIment à une mystique, foyer de (lumière et de -cha,leurl". Ils ont .agi, non pas tant grâce ·à leur lillléthode ou à quel'que Iprocédé ,inédit, mais par leur p er­sonalité, :leul' idée ·maîtresse, leur n"lystique.

Dans le nive.J.lement sC'olaire l1"lo'clerne, on s 'est ,laissé fasciner paT le 'miroitement de l'école passe-partant, ·de 1'écolie,r interchangeable; du futur inteUectueil .qui doit réuss:ÏJr quelque exame.n d 'entrée. Comme si un jeune rural là l'a « teste bien faiete» était incapable de passer au besoin dans une autre écolle ou ·cl 'e.ntrer clans un établissement où il continuera: sa formation! Lorsque de pareilles préoccu-patiol1B acces­soires ou m ême parasites parviennent à s'im.poser jusqu'là 'prédominer, H -faut craindre une déformation de l',éco,l e Ir'urale.

C'e·st une mystique paysanne saine qui maintiendra J'éducation .à la camprugne dans la ligne ·droite et rendra à la jeune. gènération ru­rÈùle sa physionomie dans ,le ,concert des g roupements professionne.Js nationaux .

Loin de moi l 'idée de préconiser une excitation fact~,ce, un feu de paille qui s 'éteint sous une poignée de cendre. Il s'agit d 'un état d'fume l'>!"ofo,nd ët durable qui ' réveille des énergies endormies, !rani'il"le -la vi­gùeul' paysan~1e et pousse 'les -travai.ueurs de ,la terre à recOllquérir ,leur part 'Cl'Î'l1'flüenc'e dans la vie -du peuplé:

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Dans ,cette 'mystique paysa:nnE', il y a lieu de distinguer .une com­'posante rationne,Me" réfléchie et une compo,sante sentimentale.

Une ,composante 'l'ationneUe, ·c'est Ull ,ensemble de raisons, de penY sées, l'de réflexions. Jr1 faut /l 'ev.oir Ile -rôle .du paysan dans ·l'a !longue histoire n ationale, rèle qui, 'ela,ns ,l 'enseignement courant, paraît trèG E'ffacé derrière les ,faits cliplo.matiques, ·politiques et milita-ires; il es t bon que le jeune l'ur ail connaisse l es for c'es a dv emes qui ont en­tamé ,l' existe·nce terrienne, r évolution bienfaisante qui ,lui dicte· Ull e sage adaptation et .les resso urces d'une exploita tion ,p.rog·r essiste, En­fin il est nécessaire de fa iTe entrevoir R.llX polus grands élèves pourquoi le maintien et Ile tClé, eloppE'ment d 'une fOll'te raC'e paysanne s 'impose pOUl' sauvegarder L".. santé, la vigueur morale et Ir; bon esprit n.1. tio,­nal du pe-up,le·, bre'f, que da vie .rur~le 1'f:~te toujours digne d 'être vé­cue intensé.ment

Héccmment une revue pérlagogique suisse (clie. neue Schu,lpraxis) ;1, esquissé le plan ,d'une série de .leçons un.e synthèse suggestive de l'activité multiple, des aptitudes variées et de l'importante contri~

bution du paysan comme il faut dans la vie nationale. L'au teLlr de ceLte synth èse a .c:lloisi 'pour son tr avail le· titr e. quel,que peu hyberbo­lique, mais néanmoins significatif: « Del' ,Ba'u er kann alles », Le ~a~Ban es t capar))ile de tout faire. Dans ,la partie pratiquE' d'un lexiclue, J a l rencontré un ta.bt18au l'écapitulatif sais issant de la S0111'111e de travail que Ifournit jour n eill ement une ménrugère rUil'a.le active. Et il n 'y a pas seule'll1ent les vadeurs éoonomi.qu es. Il me semble que d8~)

centres d'intérêt .de 'ce ,genre comp.létés avec r ::\ge alimenteraient ChE'Z les jeunes' campagnards des réflexions sa,luta irqs.

L 'exposition nationa'le aUl'a r évélé ,à maint ,citadin o'bservateur et sa~1s doute aussi à plus d'un campa,gna.rd :le vaste do,maine du paysan SUlsse, Et si, pour ,l' ensemb.le de la ,Confédération un ·citoyen sur~'

qua.tre est 'paysa,n , cette proportion, pour le Valais, e·st 'rlc un ù deux.

.. UnE' i~ée n ette de .ra par t rura le dans l'existen ce nationale, la VISIon claIre de ce que doit être la paysanne:ri e dans la vie s ociale voUa .l'élément rationnel de lIa mystique qui insuffle à récol e rul'?..l(; son esprit ·propre·.

Et l'élém.ent affectif, sentimental? Ce~t l'échauffel:I:lent de ridé i'> pal' lB C'œur. POUl' 'l' être- intuiti'f qu'p~t ,l'homme de la terre, le cœur a be.aucoup de raisons qUE' IR: raison ne ccnnaît pas. L 'idée dirige, ,le sentIment pousse, pl'OvoquB .l'attc:l.Chenlent, suscite le dévoueme,nt en-genc1-re ,l 'action. Le dynamisme jail~lit -du cœur. '

Au milieu de .la tâche souvent dure, en :face des éternels recom­n~e~1cemen.ts e.t des dé~~ills monotones, apparemment insignirfia nts, il Il e._ t ·pas mutIle que ,1 educat(xll' rural se rappell e. des pensées te.Hes que ce~les-ci:

« Enseigner ·à de,s .petits campagnards les éléments du savoir: parler, :lire, écrire, ·ca,lcule-r, 'c'est une ·occupation bien utile.

Leur inculquer queLques -règles de sagesse., leur donner des ha'-

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bit\J,des de trava i1, d 'exact itude·, de di scipline, leur montrer les sOl~r­CE'3 des bonnes joi es, c'est un noble métier.

Leur faire a imer Ile sol natrul, la ·contrée de letl.lr enfance·, la petite et la grande patrie, c'est une douce satis,f,action.

Cultiver en eu x Ile désh' d 'être bons, s incèr es, po/lis, dévoués, c'est une Imission que peut envier toute âme génér.eu se.

Enfin, imprégn er toute cette humble activité d 'un es'prit chrétiE'n, surnaturel, c est pre·ndre une ,part honorable a u ministère des âmes. »

L"école rUI'ale, la modeste école du viHage, vue sous son vrai jour, vaut la peine qu'on en a~'croisse l'efficience, le rayonne,ment.

La mystique! ,paysanne, à l'é:co,le. comme en cleholl"s, ne VE'ut êtr e que l' expression forte et vivante de ,la réalité, esprit 'et matière. Q1..l8'l domnlage si, abandonnant ce tern'l.Ïn solidE' , nOLlS avions l' ambit:on dl" lo.rmer qnelque. ·chose de, mieux qu e de simples campagnards! 'Sans dou.te la terre. continuera d'être 'le rései'voir d11ommE'3 où viei1Clront se re,c.rutell' cl au t r es pro.fes.s ions. Mais est-il donc mauvais que toutes les classer, sociales reçoivent incessamment un apport de sang paysan, j 0 veux dire cl' ap'pre.ntis,d 'étu.cliants, de stagia ires ,qui aient ·commen­cé par être 'Cleo jeunes l'm'aux dont l'âme, mê1110 loin du .sol natal, Teste c'nl'acin.ée clans ,le berceSl.u spirituel ? Les pays industriallisés, L1.rbaniaés ont besoin de 'cette sèv e vigoureuse.

Jadis la vie publique était assez saine- pour qu e l' a'mbiance, la cOInmunauté de vie, incu,~quât aux jeunes campaignar·ds les 'habitu­de.s de trav ai.! , de s implicit é, de patience, de l'espe·ct, de moralité et de f.oi chrétienne. Aujourd'hui trop d'inf,luences étrangères ' se disputE'nt aussi .la jeunesse rurale. POUl' rester maître chez ,lui , le village, l 'écolle du vülage doit cultiver à d,essin et avec insistance Il'esprit paysan de bon alloi p'ui sé aux meilleures sources,

J. IDassonviolle, parlant du foy er ·clo.mestique, disait: ({ ,La 111.ysti­que fa:nülia:le est soutenue dans son éllan pal' ces dE'uX ailes : une doc­trine et un ,rêve, le Ù)eau Il"êve d'un amour digne .du cœur huma1n,»

Il n 'est pas diffÎtCe de transpose·r cette pensée pour l'app,liquer là

l a famille sco.laire Turale. G. C.

ùes faits et les principes C'est une petite salle de classe aux parois étroites, où, com­

me dans toutes les classes, pendent les cartes de notre pays, puis celle de l'Europe tourmentée, celle du Traité de Versailles. Sou­venez-vous, en ce n'lois de novembre, de la Tchécoslovaquie à la forme trop effilée, de la malheureuse Pologne aux lignes bien dessinées pourtant, de l'Autriche, de l'Albanie, de tant de pays qui ne voulaient pas mourir. Seront-ils hélas les dernières victi­mes de l'espace vital déchaîné?

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Des yeux d'enfants tout grands ouverts sont là qui nous interrogent. Suivons le Rhin, notre beau Rhin, qui, au sortir de chez nous a, seInble-t-il, l'ardu devoir de séparer deux races en­nelnies. Son rôle paraît être celui d'un gendarme qui se jette dans la Inêlée pour arrêter la bagarre. Est-ce bien là la nlission que lui a assignée le 'Créateur ?

Mais que se passe-t-il là-bas après Bâle, dans ce pays de lourds mystères où doivent se jouer des dranles poignants ? Il~ connaissent ceux, qui sot la génération de delnain, la terIninolo­gie guerrière pour l'avoir entendue dans leur entourage. Ils savent qu'un tank est une nlachine quasi diabolique, que, canons auto­matiques, lance-Inines, avions de tous genres, etc., sont des en­gins de destruction qui ne figuraient pas jusqu'à présent dan:: leur manuel d'histoire. Les anciens respectaient Inieux la bra . voure. Heureusement, pour ces jeunes ânles l'horreur du carnagE: n'ap.paraît peut être pas dans toute sa réalité hideuse. Mais dan~ les cerveaux règne un affreux anlalgame de contradictions qui brouille leur petit entendelnent. Rien d'étonnant à cela puiSqUE les diplOlnates eux-mêInes ne se retrouvent plus dans le drame eu­ropéen.

Que voilà donc notre tâche bien compliquée, éducateurs? Ferons-nous des hOlnmes-citoyens ou des hOlnmes-O'uerriers dE . ~

ces petIts spectateurs décontenancés? Le chemin bifurque sitai conunencé et la patrie veut que nous suivions les deux. Pourrons­nous réunir toutes les qualités du guerrier chez l'homnle et vice. versa? La volonté, le courage, l'esprit ,de décision seront certes l~ti}es à tous les deux mais la sensibilité et toutes les belles qua­htes du cœur ne sont guère prisées par certains conlbattants Ino­dernes.

. « Tu ne tueras pas; tu ne voleras point. » Alors quoi ? ... Mais Il y a des guerres défensives et justes répondrons-nous, et puis nécessité oblige . . Mais tout cela convaincra difficilement les en. fants et ne pourra effacer de leur Inénloire les inlages qu'ils SE

fornlent des scènes de brutalité dont nous sommes téIlloins. Et pl~lS loin. la parole de l'écrivain: « La guerre est un mal néce')­saIre » rIsquera de produire des effets pernicieux et découra. geants sur les je~nes âInes. En face de l'éternel recommencemen1 dû J'histoire, nous verrons-nous peut-être obli O'és d'en faire de~ résignés, des . désespérés, des esprits chagrins? b Des résiO'nés cl la volonté de Dieu oui, nlais des dése$pérés janlais. b

.n nous fal~dI'a dqnc nl~intenant, plus qu'en temps nOrInàux enseIgner. ~ouve.I?.t des :principes opposés .. aux faits du jour. Nous voulons faue de nos élèves de petits amis de la nature. Nous leUI re~OI~lllland,o~s. quand vient le print~lnps ~ert de re,specter . la çQl:l.ye~~ de J Ol.~Illon, .de ne rien détériorer dqns les alentours; etc, Les fm!s. du Jour .. s.e_ .~~~rgent, e.üx, .. de . p.3'ouver que _ l'l~omIll~ f?i~ le contraIre et dans quel donlame grand Dieu!

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Mais j'oublie, chers collègues, que nous vivons dans unE Suisse libr~ et indépendante, le Seigneur qui nous a protégés jus­qu'ici pourrait bien ne pas nous abandonner si nous l'invoquons avec ferveur. X., inst.

Pédagogie américaine Mgr Eugène Dévaud, professeur à l'Université de Fribourg,

s'est évidenlnlent spécialisé dans la nléthodologie de la lecture. Ce sujet lui tient au cœur: il l'a traité dans nlainte conférence, dans Inaint ouvrage, faisant ressortir la supréInatie de la bran­che - clé de tous les savoirs, qui COnl'lllenCe avec la preInière an­née d'école, se développe au cours des classes et accOlnpagne l'homnle pour la vie entière. Après l'avoir fait naître à la vie de l'esprit, elle lui donne part aux biens spirituels de l'humanité d'hier et d'aujourd'hui, le pourvoit d'idées, de vocables, d'ÏInages , de connaissances de toute nature.

Nous pouvons citer, de M. le Professeur Dévaud : « La lecture intelligente à l'Ecole priInaire », essai de technique pédagogique, paru déjà en 1914, et l'opuscule « Lire, parler, rédiger », de 1935 , dont on peut dire, conlnle des matières précieuses, qu'il repré­sente une grande valeur sous un faible poids. Notre Départelnent l'a d'ailleurs inlposé conlme sujet d'analyse aux candidats au brevet de capacité. Suivent en 1937 « Quarante exercices de lec­ture silencieuse» pour les degrés Inoyen et supérieur priInaires, et, cette année nlême, les « Leçons de pédagogie d'un ~lanuel de lectuI'e américain». *)

Ces trois derniers ouvrages ne devraient manquer dans au­cune bibliothèque d'instituteur. Ils abondent en aperçus nou­veaux, en suggestions fécondes, en procédés applicables dans tous les Inilieux où souffle quelque vent de saine réforme.

Parlons un peu du dernier venu, des leçons de pédagogie aInéricaine. Que voilà bien, dira-t-on, une étrange tentative d'inl­périalisIne anglo-saxon, au sein même de nos nl0ntagnes! Et quelle prétention de vouloir rapetisser, à la mesure de nos mo­destes chapelles, la vaste « Cathédrale» que constitue le nouveau manuel américain !

Oui, une cathédrale, un grandiose vaisseau de huit volumes, .six de lectures courantes, destinés aux six premières années, deux de morceaux littéraires pour les élèves de septième et de huitiènle .années, le tout enrichi de nombreux guides du maître, de cahiers d'exercices pour les élèves, et d'une plaquette introductive: « Avant que nous lisions».

Il est ·manifeste que, pour les auteurs américains, l'enseigne­ment de la langue maternelle consiste d'abord et surtout dans

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l'ehseio'nèment de la lecture. Celui-ci apparaît nlOins con1lne unI:: fin en °soi, une technique 'd'exercices à haute voix, que COIl1nle un nloyen de prendre contact avec l'universalité des biens intellec­tuels, par la lecture silencieuse, soit individuelle, sOIt collective. Pour dresser un tel édifi.ce, il leur a fallu conlpulser des Inasse~ d'études et de manuels de réputation consacrée.

La pédagogie aInéricaine compte six conditions préalables à la prenlière lecture: la connaissance des choses fanlilières et de~ mots qui les désignent, une certaine aptitude à penser, une autre à parler, un vocabulaire un peu copieux, une voix dont l'ém.ission soit franche et claire et une prononciation correcte, enfin le désir de lire, habilelnent excité par les inscriptions qui frappent l'élève dans la salle de classe et ailleurs. Tout, dans la cathédrale, s'or­donne à cette fin: provoquer chez l'enfant un inll1lenSe appétit de lecture.

Les six conditions renlplies, avec ou sans l'aide de l' « Avant que nous lisions », l'élève ouvrira non point le Prenlier livre nIais seulelnent l'A vant-premier. Cet A vant-prenlier corrrespond à notr~ syllabaire, nIais avec. des objectifs fort . différents, longuenlent num,érotés, selon le goût anléricain, et dont voici le ch. 3 : « faire connaître à J'œil, dans leur contour glof?al environ 70 nlotS » et parmi les perfectionnelnents souhaitables: « l'aptitude à noter ële l'œil et de nlémoire intelligente tel détail caractérisant la gra­phie d'un mot ». L'élève est élnollstillé, stinll11é à lire, de son chef tout ce qui peut être lu, en classe et hors de' classe : il ne sait pas tout évidemment, Inais il essaye, déchiffre en partie, devine le reste; bref, il apprend ,à lire conlnle il apprend à nager, en se d~­battant dans la difficulté.

Au bout de 6 à 10 seIl1aines, l'Avant-prenlier a dû donner tout son fruit de formation , et l'on p asse an Pren1Ïer, livre éléll1entaire de lecture globale dont la matière plonge dans l'expérience de l'enfant, dans ses aventures à la Inaison, dans ses jeux, etc., tout en poussant quelques reconnaissances vers le nlonde du dehors.

Après quatre nlois, l'Avant-pren1Ïer et le Premier doivent avoir été lus, et les cinq nlois qui restent à courir sont consacrés au Livre 1 qui clôt le premier degré de lecture.

Le deuxièIlle degré comprend les livres II et III. Au troÎsièlne liv're, l'élève âgé de 9 ans se passe déjà du 111aître qui l'introduisait à la signification de la lecture; quelques lignes d'explication au' seuil des chapitres y suppléent. Le cycle achevé, l'élève sait d~­chiffrer la pensée . sous des signes écrits. Jusqu'ici son intel1i- . gel1-ce allait au texte, dorénavant, ce sera le retour du texte à l'intelligence, â. l'intelligence motrice de. l'action, au service du pays, du bien commun. . .

Le troisièm~ flegré de lecture 'débute en quatrIème année d'écol~ où tout s'élargit: ~e, champ des lectures, le matériel de lecture, l'initiative personnelle. 'L'élève est apte à s'instruire déjà:

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par lui-nlênle, dans toutes les bral~ches, ~u.Inoyeh des lh~res dO'l~~ il s'approvisionne non seulenlent ~ la blbllOtheqt!e scolalr~, InatS aux bibliothèques publiques, Les lIvres IV, V ,et v 1 appartIennent à ce degré qui, jusqu'à la sixièlne année incluse, embrasse l'en­senlbJe de la fornlation prinlaire. L'auteur en donne une analyse détaillée avec des échant.illons de textes, des séries d'exercices, des spécinlens de leçons. Un lecteur attentif, .d~ué de savoir-faire, peut en tirel' parti, mênle dans nos écoles valaIsannes.

Il existe enfin pour la septiènle année d'école et l~ hui.tièn:-e, qui correspondent à ce qu'on pourrait appeler le degre pnn~aIre supérieur, des lectures dites littéraires, tirées d'a:üeurs angl~Is et américains d'authentique renom. Ces lectures dOlvent parfaIre .la formation générflle de l'hOInme et du citoyen des Etats-UnIs, visée dès le prell1ier livre., particulièrenlent accentuée dès le livre IV.

Les volumes littéraires n'ont paru qu'en édition neutre, tan­dis que les autres comportent une édition catholique, s: préoc?u­-pant de l'éducation religieuse de l'élève, à laquelle se refere, l:nen entendu, l'étude de Mgr Dévaud.

Nous voudrions suivre l'auteur, pas à pas, dans l'exam.en dé­taillé de la plantureuse matière anléricaine, lliais nous déborde­rions le cadre qui nous est assigné. La lecture est bien le SOl1lnlct de la fOrInation prÎInaire : des deux ' outils -dont l'école disp?se, la parole et le livre, celle-là s'éteint, celui~ci dure et. pour J.~ VI~. O~ y peut toujours recourÎl', on peut contInuer son InstructIOn Ind~­fininlent, et ,c'est à créer pareille aptitude chez l'élève que dmt tendre l'effort du maître.

Prenlier des «pouvoirs», l'art de lire conduit à l'acquisition de tous les « savoirs ». A l'européenne, on enseigne en parlant l'histoire, la géographie, le civisnle, les sèiences; à l'all1éricaine, on enseigne les nlêlnes branches en faisant lire des liv'res, des re­vues des nlaO'azines. L'élève s'instruit lui-nlême, le nlaître s'ef­face.' .. D'où 11nlportance hors ligne de la bibliothèque scolaire ' « le cœur de l'école ». Qu'on y réfléchisse un peu chez nous!

La disposition de la matière par unités, sur un thème central , est digne d'éloge. Au clenleurant, la marche de la leçon ne s'écarte pas de celle que nous suivons ··déjà : introduction ex~ita~te, lectu­rE) visuelle d'abOl'd, puis orale aux camarades, applIcatIOn.

MOT Dévaud se dit vivelnent. Îll1pressionné par la riehesse, la variété·~ l'ingéniosité des exercices proposés. Mais il fait des ~é- , serves sur « l'imagination vraÎll1ent effarante d'illogisme et d'Ir­réalisme qui remplit les prelniers livres et s'étale jt:s5Iue d~ns l~s derniers i). Nos 111anuels, observe-t-il, sont trop pOSItIfs, trop nu­ç;onnants, trop « adnltes ». Ceux de Chicago sont pas' trop faI:-tài­sisles et d'une fantaisie trop échevelée. Si gentilles qu'elles ~Olent, il y ~ aussi trop d'histoires d'aninlaux et de fort sing~lières, au gré de l'auteur qui en -reproduit quelques-ùnes . A foree de vou-

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loir être concrète, la pédagogie aluéricaine a dépassé la mesure. Il est pourtant utile de donner ,aux enfants des lectures où des idées sont exposées pour elles-luêmes. Dans l'ensen1ble toutefois , les pages de la Cathédrale de lecture sont dignes d'adn1Ïration.

Cette Cathédrale, nons savons gré à Mgr Dévaud de nous l'avoir fait visiter. Nous invitons chaleureusement les n1aîtres va­laisans à entreprendre le n1ên1e pèlerinage, ne serait-ce que pour comparer, avec fruit, ce qui se fait là-bas et ce qui se fait ici, et tenter, pellt-être, dans nos classes et avec nos Iuanuels, quelques ,adaptations fécondes des procédés an1éricains... Dl' M.

*) Les ,leçons de Pédagogie cl'un M,éltnue,l de iLectu re américa in, E. Dévaud, chez P ayo t et ,Cie, LausannE',

~-eriP~~~~ i PARTIE PRATJ[QUE~ ~ ~ ~~~ - --- --.

LANGUE fRANÇAISE Première semaine.

Centre d'intérêt: EN FORÊT

1. RECITATION

1. La chanson de l'arbre

... Entendez-vous l'arbre qui pleure Tout au fond de l'âtre elubrasé ? C'est l'hiver, et. dans la delueure, Chacun, frileux, s'est enfenné. Il faut, pour nous" que l'arbre lueure, Et des larn1es selublent couler Du pauvre être qu'on fait brûler: Entendez-vous l'arbre qui pleure? J. Gondoin.

2. La mort d'un chêne

Quand l'hOIume te frappe de sa lâche cognée, o toi qu'hier le mont portait avec orgueil, Mon · âme, au premier coup, retentit indignée Et dans la forêt sainte il se fit un grand deuil.

Un murmure éclata sous ses ombres paisibles' J'entendis des sanglots et des bruits menaçants: Je vis errer des bois les hôtes invisibles ' Pour te défendre, hélas! contre l'homm'e impuissant.

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Tout un peuple effrayé partit de ton feuillage, Et n1ille oiseaux chanteurs, troublés dans leurs amours, Planèrent sur ton front comme un pâle nuage, Perçant de cris aigus les géIuissen1ents sourds.

Le flot triste hésita dans l'urne des fontaines. Le haut du n10nt trembla sous les pins chancelants, Et l'aquilon roula dans les gorges laintaines L'écho des grands soupirs arraehés à tes flancs.

Ta chute laboure, comiue un coup de tonnerre, Un ,arpent tout entier sur le sol paternel; Et quand son sein n1eurtri reçut ton corps, la terre Eut un rugissement terrible et solennel...

Oh ! ne p;rodigue plus la sève à ces racines, Ne verse pas ton sang à ce fils expiré, Mère, garde-le tout pour les plantes voisines; Le chêne ne boit plus ce breuvage sacré. V. de Laprade ..

II. VOCABULAIRE

1. NOIUS. - Une futaie , un bosquet, l'orée du bois, la l'amure, un. baliveau, les essences; un arboriculteur; une sapinière: une pinède, une chênaie, une cépée; le bûch.eron, Je scieur de long, le garde forestier, l'inspecteur forestier, le garde de triage.

2. Adjectifs. - Une forêt domaniale, légendaire, la forêt vierge, équatoriale, inexplorée, un chêne majestueux aux bran­ches noueuses, le svelte peuplier au tronc lisse et argenté; les feuil­les persistantes ou caduques, la végétation forestière , les essences' l'ares, un. feuillage mobile, une forêt mise à ban.

3. Verbes. - Elaguer les taillis, pratiquer une coupe, greffer un sujet, déraciner un arbre, le jeter bas , le découper en rondins; les arbres sen1blent tour à tour IIlLZrmurer, chanter ou géInir dans le vent; leurs racines se cramponnent à la roche ou s'enfoncent dans la terre grasse.

1. Les non1S. - La forêt, les bois, les taillis, les sous-bois, une clairière, les chênes, les châtaigniers, les D1élèzes, les épicéas, les m'oies, les pins sylvestres, les hêtres , les frênes, les ormes, les tilleuls, les InCllTonniers, les sapins; la pépinière, le tronc des ar­bres, les rameaux, le feuillage, les aiguilles; le bûcheron.

2. Les adjectifs. - Une forêt épaisse, touffue, sCll.lvage; un cheu1in forestier, un chêne centenaire; un tronc robuste ou grêle: lis se ou rugueux; des bra!lches fle x ibles, un feuill~ge léger.

3. Les verbes. - Déb9~Se.1' et reboiser une forêt; abattre les arbres , entailler le tronc, le débiter en planc~es;, les arbres pous­sent, croissent, s~élèvent? $emblent .s:élqncer vers la . lumièr~; leurs branches ploierÙ; leur feuillage fl'issonne.

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III. ORTHOGRAPHE

Prépal'ation : 1 Lecture du texte par le 'l11aître, 2) Idée gene­l'ale du morceau; situer l'action s'il y a lieu. 3) Explications: a) des IllOtS; b) des idées; c) des règles de gramlnaire qui se ren­contrent dans le texte.

1. Les bois coupés

Les grands arbres abattus dans les herbes, jonchent le sol; leurs branches brisées et leurs feuilles froissées pendent vers la terre. La sève rouge saigne sur leurs blessures. Parmi les buis­sons verts et hunlides on aperçoit les troncs lourds qui nlontrent la large plaie de la terrible hache. H. Taine.

2. Le bùcheron

Plusieurs sapins portaient des entailles par où coulait la ré­sine. Le bûcheron attaqua le plus proche; d'une nl-ain vigoureuse, il brandissait sa hache qui s'abattait sur le tronc. Il ne s'arrêta que lorsque l'arbre comnlença à branler; alors, jetant une corde dans le sonlInet, il le tira à lui. Le sapin, génlit; les arbres voisins , de leurs branches étendues, voulurent retenir leur camarade dans sa chute; mais il les fouetta violemlnent au passage et tOlnba en-tre leurs troncs. D'après Ernest Zah11.

3. On abat dans la futaie

D'abord les ébrancheurs grimpaient le long du tronc. Liés à lui ,par un collier de corde, ils l'enlacent d'abord de leurs bras, puis, levant une janlbe, ils le frappent fOliement d'un coup de pointe d 'acier fixée ft leur semelle. La pointe entre dans le bois ... ·et l'hOlnnle s'élève dessus connne sur une nlaI'che pour frapper de l'autre pointe sur laquelle il se soutiendra de nouveau en re­conlnlençant avec la prelnière.

Il grÎlnpe tout doucenlent, attaquant le géant; il nlonte le long de l'imlnense colonne, l'embrassant et l'éperonnant pour aller le décapiter.

Dès qu'il arrive aux premières branches, il s'arrête, frappe avec lenteur, et, soudain, la branche craque, fléchit, s'incline, s'ar­rache et s'abat en frôlant dans sa chute les arbres voisins. Puis elle s'écrase sur le sol avec un grand bruit de bois brisé.

Et, quand l'~brancheur avait fini sa besogne, quand la bles­sure du pied selnblait assez profonde, quelques hommes tiraient, en poussant un cri cadencé, sur la corde fixée au sommet, et l'im­mense mât soudain craquait et tombait sur le sol avec le bruit sourd et la secousse d'un coup de ·canon lointain. III aupassant.

4. La forêt

Passant, si tu es triste, ne va point dans la ville: tu n'y con­'nais personne, tu te sentirais plus seul et plus triste encore. Viens ·dans mon ombre et dans ma fraîcheur. .

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Je suis la nlère de tout le pays. Jè l'ai jadis couvert des riva~ ges de l'Océan à Ia limite des neiges. Aux honlnles qui sont venus, j'ai enseigné l'art de se construire des delneures stables; long­temps, je les ai vêtus des peaux de mes ours et de Ines cerfs; longtenlps je les ai nourris de la chair de mes oiseaux et de nles lièvres, et de nTes fruits sauvages, et de Ines chanlpignons séchés au soleil.

Respire nlon odeur forte: tu la retrouveras sur tes nlains et dDns to' b ',il 5 ' C'e':; L îcdeul' même cIe 1:1 race ,, ' ~i,!X qU1 , au prÎ,\­tenlps, auront mâché les bourgeons de Ines :::; apins, éprouveront <l 'üpres désirs: les maisons closes leur sembleront étouffantes, ils voudront escalader les roches, ils se t·ailleront dans mes troncs des épieux et des Inasses, ils rêveront de conqu{!ri r Ja terre.

G. df Reynolcl .

Exercices d'application

1) Raisonner les accords s'il y a lieu. 2) Indiquer la fonction de certains Inots. 3) Attirer l'attention sur 1 orthographe d 'usage, sur les hOlnonynles , les synonynles, les familles de Inots. :1) Per­nlutations diverses. 5) Analyse logique et granlInaticale. 6) Conju-I gaison. 7) InlÎtation de phrases. 8) Rédaction en rapport avec la ·dictée.

IV. COMPOSITION FRANÇAISE

La phI'lase - Le paragraphe - La rédaction

1) Faire entrer les nlots du vocabulaire dans des phrases. 2) Faire conjuguer quelques verbes du voclabulaire. 3) Enrichir les ' phrases suivantes, les cOlnpléter : le bruit de

'la cognée - la .grosse branche tonlbe - le bûcheron grinlpe -le vent dans les arbres - le soleil dans les feuilles - l'oiseau ·dans le feuillage - la forêt silencieuse - l'arbre s'abat - assis à l'Olnbre d'un arbre - l'arbre Inort - l'arbre en fleur.

4) Faire réunir quelques phras·es dans un ordre logique pour fonner un paragraphe.

5) Construire les paragraphes suivants: J'aÎlne le silence de la forêt - Les bruits de la forêt - Le bûcheron cogne - Le sol de la forêt - Dernières feuilles - Une feuille se détache -'Le vent agite les arbres.

Exemple. - Les vents balancent sur 'nla tête l·es cimes Ina­jestueuses des arbres. Le retroussis de leur feuillage fait paraître chaque espèce de deux verts différents. Le chêne au tronc roide -ne courbe pas ses branches, l'élastique sapin balance sa haute pyrmnide, le peuplier robuste agite son feuillage mobile, et le 'bouleau laisse flotter le sien dans les airs comme une longue che­'velure.

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V. RE'DACTION

1. Si vous avez assisté à l'abatage d'un arbre, racontez-en les diverses phases et dites les sentiments que vous avez éprouvés .. - 2. Vous avez passé une journée dans les bois. Dites le plaisir que vous y avez eu .. - 2. Ailuez-vous les arbres? Quels sont ceux que vous préférez: décrivez-les. - 4. Une forêt de pins, de sapins. - 5. Dialogue de l'arbre et du bûcheron. - 6. Le vieux ,chêne parle la nuit et raconte ses souvenirs aux jeunes 'arbres. - 7. Utilité de la forêt. - 8. Les enneluis de la forêt. - 9. La chèvre ennenlie de la forêt. - 10. Conlposition libre.

Deuxième semaine.

Centre d'intérêt: LE LOGIS, LE FOYER

l, RECITATI.ON

1. Le grillon des foyers

En hiver, Quand la bûche chante Dans la cheluinée, Le petit grillon des foyers Vient écouter la chanson légère Et si touchante Que dit le bois qui nleurt. A son tour, le grillon entonne Son petit couplet luonotone ...

2:. Sombre veillée

Daniel Tlwly .

Il est nuit. La cabane est pauvre, mais bien close. Le logis est plein d'Olubre, et l'on sent ,quelque chose Qui rayonne à travers ·ce crépuscule obscur. Des filets de pêcheur sont aocrochés au nlur. Au fond, dans l'encoignure, où ,quelque humble vaisselle Aux planches d'un bahut v'aguem.ent étincelle On distingue un grand lit aux longs rideaux tOlubants . Tout près, ,un luatelas s'étend sur de vieux bancs, Et cinq petits enfants, nids d'âlues, y sÜ'lunleillent. La haute cheminée où quelques flanlnles veillent Rougit le plafond sOlubre, et, le front sur le lit, Une femnle à genoux, prie, et songe et pâlit. C'est la nlère. Elle est seule. Et dehors, blanc d'écunle, Au ciel, .,aux vents; aux rocs, à la nuit, à la brmue, . Le sinistre océan jette son noir sanglot. Victor Hugo.

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II VOCABULAIRE

1. NOlUS . - Le bâtiznent, la demeure, le logis, les hôtes du lo­gis, les membres de la fCllnille, les repas pris en COlUUlun, les pei­nes, les joies, les discussions, les gl'onderies, la tendresse, les ca­l'esses de la nlaluan.

2. Adjectifs. - La luaison avenante; la denleure familiale , le logis paternel; les repas siznples, réconfortants et gais; la lectu­re amusante, instructive; la tendresse filiale, les ,caresses llwter­nelles.

3. Verbes. - Demeurer, loger, l'entrer dans son foyer, pren­dl'e pari' à une réunion de faluille, se reposer chez soi, s'y sentil heureux, choyé, gâté; aizner son intérieur, se plaire dans son foyer .

1. Nonls . - Les gl'cwds-parents , les souvenirs, les infil'lnités de la vieillesse)' la lampe à pétrole, le rouet, la quenouille, le fu­seau) le chanvre, la filasse, les veillées.

2. Adjectifs. - De vieilles gçns, une voix chevrotante, la tête branlante, les 1l1ains noueuses, des doigts malhabiles et trem­blants, le dos voûté; des vêtemets à l'ancienne l1IOde : un bonnet gaufré, un tablier brodé, de chers vieux souvenirs, le cuivre étin­celant des casseroles, le chanvre blond, la robe d'étoffe grossière .

3. Verbes. - Les vieilles gens marchent avec précaution chemineni' lenteluent, trottinent, branlent la tête. - Au greniel où l'on remise les .vieux objets, la poussière s'accUlnule; dans la l11aison abandonnée, l'hunlidité pénètre, le toit fléchit, -puis la 111.aison elle-mênle tombe en ruines.

III. ORTHOGRAPHE

Préparation: comme au centre ·d'intérêt précédent.

1. Intérieur de famille

En face ,de la cheminée, le coude appuyé sur la table, un homme assis tient un livre à la luain. Sa taille est élevée, ses melU­bres robustes. C'est mon père. Il lit à haute 'Voix. Ma nlère, la tête un peu penchée, écoute en rêvant. Moi, le visage tourné vers luon père et le bras 'appuyé sur un de ses genoux, je bois chaque parole.

Lamartine.

2. Au coin du feu en hiver

On n'entendit plus que les mille petites voix qui bruissent dans le bois embrasé: le chant plaintif de la bûche qui s'échauffe et se dilate, le craquement de l'écorce qui se crispe et éclate et les légères explosions qui s'échappent de l'aubier en faisant jaillir une flamme bleuâtre. De temps à autre, le hurlement d'un chien venait se mêler au faible sifflement de la bise qui se glissait dans les fentes de la porte et au bruit -de la pluie qui fouettait les vi-tres. Georges Sand.

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-- 1.20 -'-

3. Près du feu

Dans la vieille maison, qu.e ,de gens vinrent s'as,seoir à la place où nous voilà assis! C'étaIent des selneurs de. ble, des co~­peurs de chêne des meneurs de charrue, des effeuIlleuses de VI­gne, des valets: des beI:gers. ApI~ès l~ journée aCC:0Hlplie .ou . de-· vant l 'orage iInminent, Ils se depechaIent vers le ~Ite. Ils Jeta~ent à la porte leur charge d'~1erbe Ol~ ,leur fagot de bo!s. Il~ raclaIent leurs souliers sur le seuIl. Et, s etant accomlnodes pres du feu, ils y delneuraient comn1e nous. Comn1e nous, ils voyaient Inon­ter au lon a de la crén1aillère le filet de fUInée. Et tandis que l'a-l verse tan1])ourinait contre la vitre avec ses doigts de pluie, le coquemar leur chantait la n1ême ,chanson qu'à nous .

D'après Ph. 111onnier.

4. UnEl soirée ,en famille

Il est nuit. Les portes de la petite Inaison sont fennée,s. Un chien jette de temps en temps un aboiement dans la cour. La pluie d'automne tinte contre les vitres et le vent souffle par rafa­les.

La chambre est grande et presque nue. Au fond est une alcô­ve profonde avec un lit ; les rideaux du lit sont de serge blanche à carreaux bleus; c'est le lit de Ina Inère. Il y a deux berceaux sur des chaises de bois au pied ,du lit; l 'un grand, l'autre petit; ce sont les berceaux de m es plus jeunes sœurs qui dorment déjà de­puis 10ngten1ps. Un grand feu de ceps de vigne brûle au fondl d'une cheminée de pierres blanches; de grosses poutres noircies par la ftllnée forment le plafond. Sur la table, deux chandelles de suif jettent un p eu de lueur et de grandes Olnbres agitées pal~ l'air sur les n1urs blanchis de l' apparten1eI1t. Lamartine.

5. Maison paternelle

La résidence de Ina fan1ille était une petite maison basse< lnassive, surgissant à l'extérmité d'un jal din ombragé de grands arbres que n10n père avait vu planter. Voilà bien les chambres où le sOInlneil a fern1é tant ,de fois mes yeux, les corridors où nous' avons joué et la cuisine où il était rare qu'on ne vit des paysans attablés, car la nappe y était toujours n1ise pour les voyageurs qui s'étaient aventurés dans ces campagnes éloignées des villes où l'on ne trouve ni auberge, ni cabaret.

Voilà le nid qui nous a abrités tant d'années de la pluie, du froid, du souffle du monde, le nid où la n10rt est venue prendre' tour à tour le père et la mère, et d'où les enfants se sont succes-. sivement envolés: ceux-ci poùr un lieu, ceux-là pçmr un a4tre, . quelques-uns pOlIr l'éternité. Bien que ce lieu soit Inaintenant vide, désert, et refroidi de toutes ces délicieuses tendresses qui' l'animaient, j'aime à le revoir, j'aime à y coucher encore quel p •

quefois COlnme si je devais y retrouver à n10n réveil la voix aimée de n1a D1ère, le pas de Inon père, les cris joyeux .de ,n1es sœurs: et tout ce bruit de jeunesse, de vie et d'an10ur, ,qm res~nne pou~' m.oi seul sous ces vieilles poutres que le telnps a rongees et qWj

n'a plus que m.oi pour l'entendre et le perpétuer. ' (Neuchütel: examen de classes prÎlnaires, 1923.)

Exercices d'application

ConlIne au centre d'intérêt précédent.

IV, COM'POSITION FRANÇAISE

La phrase - Le 'paragraphe - La rédaction

1) Faire entrer les n'lots du vocabulaire dans des phrases. 2) Faire conjuguer quelques verbes du vocabulaire .. 3) Faire réunir quelques phrases dans un ordre logIque pour

forn1er un paragraphe. . 4) Rédactions : La soirée . en famill e. - Inst~llatlOn et occu­

pation des enfants. - 2. Installation et occupah~n des J?a~·ents. - Les bêtes dOlnestiques (chiens et chats). - 3. Fln de veIllee: -10 Le 1110111ent : attitude de chacun des n1en1bres de la famIlle; 20 « les enfants, il faut aller se coucher»; 3° 10 coucher. - 4. Histoire de la veillée . - 1° Qüi raconte? 2° Ce qu'il raconte: at-titude, gestes, etc ... 3° C0111111ent vous écoutez. .

2) Faites la description de votre chan1bre. de fanulle. -:- 3) Votre o'!'and'n1ère durant la veillée. - 4) FaItes ]e portraIt de votre p~tit frère ou de votre petite sœur. - 5) Décrivez votre mai­son s avec ses particularités. - G) COluposition libre.

Livre de lecture : No 48, GG, 97 ,114, 103 et suivants .

1. La voie l'omaine. - COllllnent circulait-on en Helvétie? Les chen'lins étaient Inallvais , les cOil1Inunications difficiles Les Romains défrichèrent la forêt, comblèrent ou ~sséchèrent

1es marais et construisirent ces fan1euses voies dont nous avons encore les vestiges: « routes nlassives, bâties pour des siècles profondément Inaçonnées sur deux mètres » .. - COlnpar~r ce ré s'eau, qui se raIÎlifie, à notre réseau de chen1ll1s de fer; due quel­'ques mots de la cir.culation. Pierres n'lilliaires conservées à Bour~-St-Pierre, Martigny, etc. , ..

. II. La villa. - Elle est faite en pierre, agrémentée de colon nes d'une terrasse à balustrade, de statues nonlbreuses. '- L~ vill~ est spacieuse, commode, richement aménagée; elle a ?~~ jar

:dins, . des jets d'eau, des bains, une bibliothèque .. - CombIcn ell~ .est 'différente de la hutte des Helvètes .

_ . . ~' ..

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III. L'aqueduc. - Faire trouver ou donner le sens du mot. -Il amenait les eaux d'une source très distante. - C'est un lnonu ment énorme, construit en grosses pierres, sans ciInent : il a f al lu de longues années pour l'édifier. Rapprocher ces constructions des bisses du Valais. - Certains bisses renlonteraient à l'époque rOlnaine : Visperterminen, Rkard près Sierre.

IV. Les arènes. - COlnparer les arènes à un de nos cirques - COlllllle dans le cirque, il y a une piste, des bancs en gradins .. Ici, les Romains donnaient des spectacles: cOlnbats de gladia teurs, cOJnbats de bêtes féroces ... Conlme l'aqueduc, le nlonument est imposant par ses dimensions: les arènes avaient de 5000 à 8000 places. Il y en avait à Vindonissa, à Augst, peut-être à Oc­todure.

V. Autres manuments. - Les Romains construisirent aussi des tenlples et des arcs de triomphe, bien souvent, en l'honneul de leurs empereurs; des thennes, ou établissenlents de bains.

Ils furent à la fois de grands ingénieurs, de grands architec­tes, de grands bâtisseurs. Parlez des fouilles récentes d'Octodure, des objets qui se trouvent à Valère, et, s'il y a lieu, des découver­tes locales: nlonnaies, inscriptions, etc.

LEÇON DE CHOSES

Les arbres de la forêt

Matériel. - Dessins montrant différentes forilles d'arbres isolés ou groupés en forêt; branches et fruits des principaux al' bres de nos forêts.

Qu"est-ce qu'un arbre?

De certaines plantes nous disons sans hésiter: c'est un arbre A quoi les reconnaît-on ?

Elles vivent longtemps, et leur âge se compte par dizaines d'années, parfois même par siècles comme pour certains chênes et tilleuls. Ce sont des plantes rigides qui se soutiennent d'elles­mêmes. Sous une écorce, leurs 'tiges et leurs rameaux sont fonnés de bois comprenant un ensemble de vaisseaux et de fibres ré­sistants dont le nombre augmente sans cesse. Aussi les arbres s'ac­croissent tous les ans en hauteur et en épaisseur, et certains in­dividus atteignent des dimensions gigantesques (Séquoias ' de 140 m.) Reconnaître l'âge d'un arbre abattu. . .

La tige principale d'un i àrbre s' éJ ève vertîcalement sans se ra­mifier "d'abord. C'est le tronc: Au-'dessus, l'ensemble dés branèhes et des· rameaux. feui~us forme la couronne. Les arbres .qui ne ' dé~ passent 'pas quelques ·mètres · sont des ' arbustes. 'Ex" .: ·le ,1ilas~ Les plantes ligneuses qui n'ont ; pas···.de >trOITC 'et- ·se" ramifient,· dès· -la base sont des arbrisseaux. Ex. : le noisetier.

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Le port des .arbres

Chaque espèce d'arbre qui pousse lib l'en lent prend une for me caractéristique. Les sapins, les épicéas ont la fonne d'un côn( où les branches horizontales sont groupées en étage. Le peupHel dont les rmneaux sont dressés contre le tronc a l'aspect pyrmlli dal. Das la plupart des -arbres (hêtres, chênes, châtaigniers), les branches issues du tronc sont peu nOlnbreuses et n'ont pas unt distribution géonlétrique régulière, lllais cepen.dant chaque sort< d'arbre a une silhouette caractéristique.

La forêt

Certains arbres, comnle les arbres ,fruitiers, les tilleuls, les frênes, les érables, vivent isolés et ne peuvent se grouper sans _ se gêner. D'autres a'u contraire prospèrent mieux quand ils sont groupés; ils fornlent alors les bois ou les forêts.

En général, une forêt ne renfenne qu'une seule essence d'al' ])res dont l'espèce dépend de l'altitude ·de la région. Panni les résineux, certains pins, occupent les plaines, Finges, Ardon, etc L'épicéa, le pin sylvestre préfèrent les altitudes nloyennes; le sa­pin, le lnélèze habitent jusqu'à 2000 nl. en Valais. L 'arole ne ·croît qu'en haute nlontagne. Le hêtre croît dans le Bas-Valais.

Les divers états de la forêt

La forêt présente différents aspects suivant le degré de déve 10ppenleIit des arbres. Quand ils sont très jeunes, ils sont serrés et leurs rmneaux sont enchevêtrés: c'est le fourré. Plus tard, les arbres qui se privent mutuellenlent de lunlière s'allongent en pel' ches très élancées. Plus tard enfin, les arbres devenus très grands nlais plus dispersés, ont un tronc vigoureux supportant à grande hauteur leur couronne. feuillue. La forêt est devenue une futaie.

Sur le sol, l'accunll11ation des débris tOlnbés des arbres a donné une épaisse couche d' hUfl1l..lS où se développent les plantes du sous-bois: chmnpignons, Inousses, fougères et arbustes tels que les noisetiers, les aubépines, etc ... L'huIllUS, constamnlent enrichi par la chute des feuilles et des ramilles, assure, sans apport d'en grais, la nutrition azotées des arbres. Son pouvoir absorbant pOUl l'eau des pluies explique le rôle prépondérant des forêts dans l~ Tégularisation du débit des sources et des cours d'eau.

Citez quelques arbres historiques (Fribourg, Trons). Traitez les nlodes d'exploitation d.es forêts, le reboisement des

montagnes, etc. Dites l'utilisation des pri.nçipaux arbres. parle;; de la forêt d'Aletsch. .

Exercices. - Apprendre à reconna:îtr.e les arbres : 1; de loin d'a,près leur . silhouette; 2. , de près 9.~après leurs feuilles dont on fera ·lIn. herbier·. - . Reconnaître la . nature des bois . ouvré. les plus communs.' Faire, observer div.erses espèces de ,côJ;1.es; attirer l'attention .·sur· .les . écailles et :la graine. . ":' ~;,. ., ,,'

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Le folklore des animaux Les phénOluènes de la vie aniInale intéressent vivement les

h01u111es. On est étonné de constater c01ubien les légendes et les · erreurs sont nombreuses à ce sujet, dans notre canton du Valais. Cela tient sans doute à des raisons diverses: il y a l'ignorance, on · néglige trop d'apprendre aux jeunes à ?onnaître nos aniIual~x et leur O'enre de vie, et alors comme, Slllvant une tendance tres · humain~, on donne toujours une explication vraie ou fausse il. tous les phénOluènes de la vie animale, on t01ube dans toutes sor­tes d'erreurs.

On retrouve dans ces erreurs qu'il est très intéressant d'ana­lysei', le besoin de mystérieux, si profond et si général chez les, hommes et aussi la tendance d'attribuer aux anhuaux certains pouvoirs' que les honlnles n'ont pas, et qu'ils désirent vivenlent posséder comnle la connaissance de l'avenir.

Les raisonneluents hUlnains sont souvent attribués aux ani- · Inaux.

Et enfin ce qui a dû contribuer beaucoup à répandre ces cr- ' relUS, ce sont les naturalistes d'autrefois qui raisonnaient sur la vie et les mœurs des aninlaux sans les observer, acceptant tous les récits les plus extravagants, les publiant en laissant entendre souvent nlême qu'il s'agissait de faits observés.

On est étonné de la persistance de ces indications : dans telle vallée de chez nous on retrouve, en plein vingtième siècle, des idées énlises par Pline il y a 18 siècles, ou d'autres auteurs ' an- · ciens.

Depuis quelques années nous avons réuni ces légendes et ces erreurs, notre collection est déjà riche; nous voudrions dans cet article citer quelques exeluples pour attirer l'attention du per­sonnel enseignant du Valais sur l'intérêt que présentent ces questions et pour lui deluander de nous comnluniquer tout ce qu'il aurait l'occasion de recueillir sur ce sujet.

On pourrait être tenté de se nloquer de ces croyances, notre mission de fornler et d'instruire la jeunesse doit nous interdire cette attitude. Disons-nous bien que nos connaissances scienti-· fiques actuelle du Inonde animal sont encore très iInparfaites, et que, dans ces erreurs, il y tant de choses intéressantes concernant la mentaiité shuple et naïve du peuple, et l'influence de nos nlon- · tagnes sur la conservation du passé.

Il est bon d'habituer les jeunes à observer et à noter les faits et gestes de la vie animale avec une grande précision, sans ' chercher à y placer la note explicative d'utilité ou de merveil-­leux. Ainsi on fera œuvre utile pour aider à la compréhension des animaux, ce qui contribuera à . leur protection. . '.

Nous avons entendu · des montagnards de chez nous affir.:.. mer que, pour transporter les h~rbes sèches . dans -leurs terriers~

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les ManuoUes s'y prennent de la façon suivante: l'une se renverse SUl' le dos, l'autre la charge d'herbes nlaintenues avec ses pattes, puis la saisit par· la queue avec les dents, et la traîne dans le ter­rier. Les Manuottes transportent leurs herbes sèches dans la bouche, tout naturelleI11ent; cette légende a eu la vie dure puis­qu.'on la trouve déjà exprÏl11ée dans Pline.

On a prétendu qu'une sentinelle était désignée dans un. groupe de Marmottes, et que celle-ci se tenait debout sur un bloc, surveillant le voisinage, pendant que les autres cherchaient leur nourriture. La réalité est plus sinlple, il n'y a pas de sentinelle désignée, chacune observe, lève souvent la tête, et donne le signal d'alarnle. Toutes vérifient alors le danger et ne se cachent que si elles estiment qu'il est grave.

L'histoire d'un ChaInois sentinelle, vieux nlâle chargé spé­cialement de surveiller le troupeau, est égalenlent une légende, tous les chanlois surveillent en levant fréqueI11nleIlt la tête. Quand une harde est dérangée c'est une femelle d'un certain âge et janlais le nlâle, qui prend la tête pour diriger la fuite.

Les bézoards des Chamois, boules de poils trouvés dans l'es­tomac, COI11Iue chez les autres rtllninants, ont donné lieu à des légendes anlusantes. On les croyait -fornlées d'une plante de montagne : le doronic, que les Chanlois nlangeaient pour se pré-· servel' du vertige. Alors ces · bézoards étaient utilisés par les h01n­mes contre le vertige.

Il y a quelques années, lors d'un tremblenlent de terre, on m'a dit qu'à Sierre un chat l'avait pressenti et qu'il avait quitté la maison plusieurs heures auparavant. Il s'agit ·d'une simple coïncidence car la préscience des animaux, si souvent invoquée lors des trenlblenlents de terre, est une pure légende.

Lorsque le chat passe sa patte plusieurs fois derrière l'oreille il fera nlauvais teInps dit-on, et aussi s'il nlange de l'herbe. (Evo­lène, Bas-Valais.) .

La belette et l'hennine sont encore considérées parfois conl-' 111e venÏl11euses. Si on les ennuie elles se vengent en 1110rdant le bétail, si on siffle elles viennent en nonlbre, elles se défendent" contre leurs agresseurs en ' projetant un liquide acide qui brûle le cuir des souliers et attaque violemment la peau. Elles sont va­niteuses dit-on, ne trav.ersent jamais un marécage de peur de se salir; lorsqu'on voit -une belette il faut se dire: « danse Ina belle», alors elle part en sautillant; si quelqu'un lui dit: «danse ma vilaine »., elle le pOl1rsuit et peut lui faire du mal à distance.

Si le renard aboie sur une propriété e' est un présage de Inort très ' prochaine pour le propriétaire. .

Quand le renard veut se débarrasser des puces, il .prend unf2' touffe ' d'herbe dans sa bouche, se plonge lentement dans l'/2,au en, commençant pa~' l'extrémité .de la queue. Les puces finissent

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-pal' se ralnasser dans la touffe d'herbe et le renard la laisse tonl-ber lnalicieusement dans l'eau. .. ,

On est surpris de trouver, .luêlue dans Buffon, des affirma­tions COlnme celle-ci: l'écureuil craint l'eau encore plus que la terre . ~t l'on assure que lorsq,u 'il faut · la passer, il se sert d'une écor~e ; ponr vaisseau et de sa queue pour voile et pour gouvernail. (Cité dans le livre de lecture des écoles prinlaires du Valais).

. La chauve-souris par son organisation spéciale et par sa vie nocturne donne . lieu à des idées étranges. On ]a croit veniineuse , on dit qu'elle a des griffes pour s'accrocher aux cheveux. Si elle a des griffes, c'est pour se suspendre 'aux parois rocheuses, ja­lnais 'cette bestiole tinlide et craintive n'ose approcher de l'hom­lne, et l'adresse de son vol ]a lnet à l'abri de pareilles lnal-adresses . (A suivre.)

Dr 1. MARIETAN.

'~. '. ,~(){Of~

i KNlFORMA1f][ONS ~ # PEDAGOGIQUES ~ ~~cx§~~~~~

NEUCHATEL. Réduction des tI'aitelnents. - Les institu­teurs neuchâtelois dont le traitelnent avait été réduit de 8 % en 1936, puis de 6 % et finalenlent de 5 % attendaient pour 1940 un dégrèvenlent nouveau, sinon intégral. Par contre, le Conseil d'Etat propose de revenir au point de départ, soit à une réduction de 8 %.

GLARIS . - Le gouvernelnent a lnodifié récemlnent le rè­glenlent des exanlens d'aptitudes des maîtres glaronnais. A l'a­venir, tous les candidats qui auront subi les exanlens avec succès obtiendront une pièce justificative, portant les notes obtenues dans les différentes branches; le certificat d'éligibilité par contre ne sera délivré qu'aux candidats habitant le canton, et à ceux des autres cantons qui accordent la réciprocité.

SCHWYTZ. - Enseignement D1énager. - Diverses associa­tions de femmes ont adressé au Conseil d'éducation une requête delllandant l'introduction de l'enseignement ménager dès la sep­tième année d'école; elles demandent en ouh~e que cet enseigne­ment S,oit déclaré. obligatoire pour les jeunes filles entre 16 et 18 aQs. Le Conseil ~,'éducation a accepté la requête pour étuq.e.

THURGOVIE. - RéforDu de teriseignement -complémentai­re. ;-:- Des modifications d'une aSsez vaste portée sont à . l'étude dans renseignement .complémentaire. :On. prévoit une ··distinction ~ntre " les ' «" Ecoles: complémentaires 'rurales »" et les ',« Ecotes cdm­p.iéIIl,~ntajf.~~ .. 'générale~ >y;' . Celles.:.ci, selon le 'projet, formera'Ïent 25 arrondissements et les premières 37. De l'Educateur.

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BIBLIOGRAPHIE

Un manuel de pédagogie ancienne et nouvelle

Ce qu'il a d'ancien, lllais non de vieilli ni de penulé, c'est la dcotrine chrétienne gui en constitue le fond inébranlable et nourrissant. Ce qu'il a de nouveau, ce sont les nonlbreux résul­tats qu'on peut tenir pour assurés des expériences et des expéri­mentations de ces quelC(ues cinquante dernières années, non seule­ment en Europe, lnais en Alnérique. C'est pourquoi ce traité porte le nOUl un peu surprenant au premier abord de Pédagogie expél'imentale chrétienne. Il a pour auteur M. l'abbé Léon Bar­bey, ,professeur à l'Ecole nonnale d'Hauteriv'e, près Fribourg.

L'ouvrage est actuellenlent en hnpression. Il se présentera comlne un assez gros volUlne de 320 pages in-8°, coûtant 4 fI'. prix lnodique conlparé à celui .d'autres livres de mênles dimen­sions Îlnprimés en Suisse.

Mais M. l'abbé Barbey tient à faire bénéficier le personnel enseignant du Valais, et en général ceux qui s' intéressent aux questions de pédagogie, d'un prix de faveur: 3 fr., port cOlnpris mais en souscription et payable d'avance. Ceux qui souhaitent le recevoir dès sa publication, soit dans la seconde quinzaine dE janvier 1940, peuvent envoyer, d'ici au 15 janvier, au compte dE chèque de l'Ecole normale de Hauterive lIa 339, Hauterive (Po­siez.zx), cette somnle de 3 fr., avec la mention, au dos du fornlu­laire : souscription à l'ouvrage de M. l'abbé Barbey. Qu'on profitE de l'aubaine 1

L'INSTRUCTION PUBLIQUE EN SUISSE 1)

L'édition ,de 1939, la 3üème depuis la création de l 'Annuair,e, s'ou­vre par un artiole jubilaire rédigé par M. le .conseHler d'Etat PaUlI rP err et, che,f -du Dèpaœtt!illIent vaudois de 11'I,nstJ'uction puhlique. A l'o'ccasion de ,cet anniversaire, le volume a 'p,ris un nouvel et plus agréable aspe,ct. Il présente .comme d'habitude, des études ,pédago.gi­que·s et so-cio.lolgi,ques de toute actualité, des chronilque,s ,bien -docunl'en­tées Telatant les .faits ,qui ont marqué dans ,la viescOilaire des cantons romands et de la Suiss'e .a.lémani,que, et un app€'ndice bitblio.graphique dû à -la. ,p!lume autorisée -de lM. Cheva.l.laz, directeur des Elcolles nOT­·males de 'Lausanne. ·La partie se l'appolr'tant .au Valais est d'ue comme d'habitude à .la iplume alerte d.e M. le Dr 'Miangisch. 1 .

. A signle,r pa-rmi .les ;PI'indpaux sujets tr.aités: Le Mouvement pé­dagogique et les tendances actuelles de l'enseignement, parM. le ,éôn­seiflier di'Etat A. -Bore.l, là . ;N~.uchâtel. ·L'att~nUoD" pa,.:r le ' Dr !Wlintà~h, ·médecin 'de's .. écofles" tà Laus8Jnn~. ~ · Le vocabulaire de : l'enla~t; ~par M.

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.... -.. ' . ~

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L. BanDey professeur 'à. Fribourg. La méthode des centr·es d'intérêt ap­pliquée à l'enseignement de la langue maternelle, par M. Paul Aubert, inspecteur .scolaire, ,à. Lausanne. L'orientation professionnelle· en Suis. se, par M. J . SCilnval', insp ecteur scola ir e ,à tLausanne, che-f du bureau cantonal pOUl' l'ori entation prO'fessionne11e et le plaC'em.ent en appren­tissa'ge. Cet intéressan t ouvrage est ,publié sous l E'3 au spice's de 'la Conférence int ercantona'le des Chefs des Département6 de . l'Instruction publique cl e, .l a Sui sse r ot:rtande a '\ ec l'a,ppui de IR ·Confédér a tion. 1,1 s e -recommande ,a l' attention 'du corps enseignant romand et de toute's les p eTsonnes que préoccupent les questioIlIS 'd é ducation.

1) L'Instruction publique en Sui sse, Annua irE' 1939, par L. Jac­C'élJl~d. Un volum e in-8° bro·ché, fI'. 5.-. Libl'a iri e P ayo t, Lau sann e.

LES ENFANTS DELINQUANTS 1)

Les qu estions d' h ygièn e infan t ile et mentale que t raite i ni le m é d ecin des écoles lau sannoises, a,pp elé à exam ine.l' qu antité d' enfa nts cliffici.l es et à s' occuper d e lE'ur av·enir, sont envisagées sur les r a p ports des fact eurs constitutionnels , h érités , per.sonnetls et SUl' l' angl~ ,des facteur s conditionnels, pal' quoi i.l faut entendre les influ ence: pédagog i.ques , ceil·les de la .famille, d e la rue, du mi1i eu anllJiant. Aussi e,st··on amené, :par une do'cumentation concise à voir ·que l es enfan t; d élinquants sont d 'esp èces t r ès -diffél' ente.s, tl'etleva nt de ca u ses soit h éritées, soit incurables, soit acqui ses. 'oit conirg ibl es impliquant une di\ ersité de tTteSUres judiC'iaires, a d'ministra tives, p édagogiques, mé­cUcales et sociales, qu'il ·faut envisager dorén avant dans ch aque cas p articulier.

On ne p eut g uère E'Dficac em ent lutteT contre ,la délinquance in­·fa ntirle ·qui sévit avec instance, sans une collaboration mét.hodique des pédagogues, juriste6 et médecins psy,chologues. En tout ·cas, étudier et r étg.leJ' ,le SO:T't d es enfants délinquants . ·c'est diminuer en quelque proportion les souffrance's de ces mallheureux, les chagrins de ,leurs parents, et d els t ·éviter 'E'n outre qu'ils deviennent des délinqua nts adul­tes. IJ. s'agit tout spécialement de surveiller d 'une ,part les arriérés scolaires, et par aUleurs de patr 'e.!' là l'insUf,fisance 'pédagogique de certains parents. III paraît ,certain, ,à suivr'e Il'auteur dans son exposé fait d'expérience et de 'com,pétence, que ,la tendance à .l'a·cte délictue'Ll)( n'entraîne pas la fatalité ·de ,l'action. C'est donc ave,e plus de com préhension ,dans des questiol16 ·difficiles et inquiétantes qu 'on fermerr ce livre de 'psyehotlogie appliquée, clair et humain.

1) Pro.f. Dl' J. Wlintseh : LEts enfants délinquants. Un volume in-8 Fl'. ,2.50. 'Librairie Payont.

,~ :-: - :-Ilni,'Y'r~ ri:e-n; ~·u mo.nele qui 'sc· ' farsse- ·-t,ant admirer qu'un homme ,qui sait êtpe malheureux avec c.ourage Lacordaire.