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No 12. SION, 31 Mars 1940. PARAISSANT 14 FOIS PENDANT LE COURS SCOLAIRE ORGANE DE LA VALAISANNE D'EDUCATION ABONNEMENT ANNUEL: Fr. 6.- 59me Année. Les abonnements se règlent par chèque postal Il c 56 Sion. ou à ce défaut contre remboursement Tout ce qui concerne la publication doit être adressé directement à M. CI. BÉRARD, Instituteur, Siene --- Les annonces sont reçues exclusivement par --- PUBLlClTAS, Société Anonyme Suisse de Publicité, SION Avenue de la Gare Téléphone 2 12 36

L'Ecole primaire, 31 mars 1940

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Page 1: L'Ecole primaire, 31 mars 1940

AGETTES

P itteloud Barthélel11-Y, inst. 1,

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F lB (Ecole des Arts et lUétier~)

G Ecole technique pOUl' t echnici en,.:; électromécani ciens, tc ch­ni cien s-architect es , m aîtres t maîtl' es.'es de ,de sin, _Ecole. des arts et métiers pOUl' m écani cicn <;-électl'icicllS, m enuisier s-ébénist e.s, cheb d e chantier, p eintres- c1 écol'a ­teUl'S t dess inateurs d 'arts .gl'a,phiqu es, S,ectio": féminine pOUl' broc1 el ,ie. (l ent ell c cl ling't' ri e fin e, Inte'rna1s (Mai son d e famill e) , "-P endant le 'em_e,' tre d' ét é, cours pl'épal'a tQil'c (l e l a n!!u e ,fJ'ançai se pour élèv es d e langu e étra ngèr E" ', L

G;(J,'mmencement du semestre d'étê : 9 avril 1940. P1'ospectus et l' enseig n em nts par la Dir ection. Téléph, Z,~6

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No 12. SION, 31 Mars 1940.

PARAISSANT 14 FOIS PENDANT LE COURS SCOLAIRE

ORGANE DE LA SOC1~TÉ VALAISANNE

D'EDUCATION

ABONNEMENT ANNUEL: Fr. 6.-

59me Année.

Les abonnements se règlent par chèque postal Il c 56 Sion. ou à ce défaut contre remboursement Tout ce qui concerne la publication doit être adressé directement à M. CI. BÉRARD, Instituteur, Siene

--- Les annonces sont reçues exclusivement par ---PUBLlClTAS, Société Anonyme Suisse de Publicité, SION Avenue de la Gare Téléphone 2 12 36

Page 2: L'Ecole primaire, 31 mars 1940

FINLANDE 1940 (Je que j"ai vu et entendu

p al' ,l e Colonel HE'NRY V AJLLOTTO~

onseiller national

Un \'0 1 Lll 1 in-8 11, iW c 4·0 illu .'h'a tions, bl·och é . . . . . . Fr. :3,75

En janv iel' 1940, 10 Co lonel Hel1l'y Vallotton Cl entrepris un vo~ age d'étud e en Finland e; r eç u pal' 10 goU\ ' m ement finlandais il. Helsinki, pal' le MaJléchal i\lütlll1e-rl1eim et ]e Génél'a l Oesch a u Quartiel' gén éra l lll:) l' armée. il r aconte. Jan s un sty,le IJJ' écis et l'api le, . cs entretien !" avec :les minisTIPes. avec l e mal'échal et les généraux , sa visite ù l' armée, ,du Quartier général jusqu"l, l a prpmiè1'e li gn e, en pas.'ant pal' l es étatlS -majol", l E',3 hàpitaux, les dépàts, 10 ' po ·t e de comlllal1 -rl ements, etc.

Cette randonnée ,8 travers l' armé~ filllaJlLlais~ cn g ucll' e est d 'autant plus p.alpitant0 clïntérèt flu l' a uteur a cu le .rare pl'L\ ilège de visiter, elltl' c autres , le secteur de Carél'ie. Viipul'i-Vibord. où l'on s' cst battu avec acharnement ct cl' èt l'e Th ôte pe l'sonne l clu Li 'utenant­Gé néral Hell'olcl Ollqui::;t. commanda nt le:s 'll lmée , finlanc1èli~e:,; de Ca­r éli e, défent'eul' dt' Vi ipul'i l,t (l e la ligne "Y[rmnel'heim. SUl'pris par des bombardements sur 1- front et ù l'aLTière , contraint de sc réfugier rt:'ms Je:-; tranc'h ées ou dans Ips fOl'èi~, 1'.R ~lt Ul' allaeonté avec émo ­tion la \ ie de cc' peuple finlanc1ais q ui e 'r si près du peup le 3lüsse pal' ses m,wurs eL ses trad itions ,

Il a v isité des prisonnier:; l'U S.'·C ' qni \ en:::ti ent cl' ètre. pris et leur consacre un chaI)it.J!e particulièrement intél'C'ssant; puis il décrit ]'~l.r­mée finland aise, l'armée r ouge,. les Lottas(j eunes Finlandaises), le' victimes d e la. guerr.e. les alarmes. Et raconte ses entretien s 1:l\'ec l ' Marécha.l Mannel'lIeim, è~\'·ee le Génér,al Oesell, la visite au front, etc. C'est Je rédt d'un o.ffi cj el', mais aussi d'un homme cle ClBlll' , d'un grand voyagel1l', .(J'un vrai patriote.

Tous les Suisses qui ont .suivi 'le dr.ame de la Finlande tiendllont Ù acquéril' ce volume et iL colla,horer ,ainsi au .fond de l 'aide suisse à la Finlande. plus néces~aire qu e jamais, é1uqlH?·l ,l'auteur a cédé totalement ses d'roits.

LIBRAIRIE PAYOT Lausanne. Genève . Neuchâtel . Vevey. Montreux. Berne. Bâle

SION) 31 Mars 1940. No 12. 59me Année .

L'ÉCOLE PRIMAIRE ORGANE DE LA SOCIËTÉ VALAISANNE D'ÉDUCATION

S'ÜiV~iV]AIRE: CÜllVlJMUNICATIONS DIV'lDRSEIS: RapPoTt de gestion ·et Co,mptes de la .cais'se de retraite du IP . E. - Une autre sugges­tion. - ,PARTIIE PIE,DAGo.GIQUE: L'Enfant dans la üttératu.re fl'ançais e. - Lettre de mon Ecole, - 'L'enseignement de la leC'­ture par la: méthode -globale est-il réalisable dans nos classes? - Conseils .pédagogique,s, - En passa'nt... - :PARTIE PRATIQUE: Langue française, cE'ntres d 'intérêt" 1ère et 2ème semaines, Histoire. - Bibliographie, - Nécrologi e.

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t COJMJ1lUNJICA TJIONS DJIVERSES ~ ~ DÉP AJRTlEJMIlENt' (e So Vo lE. © SoIL Vo Ro @ UNION ~ ,~"""""":

Rapport de gestion de la Caisse de Retraite du Personnel enseignant

pour l'année 1939 L 'année 1939 s'est éeoulée sans que les Inem,bre~ de 1:1 .:.:nissc

de l'f traite ai(:nt été convoqnés en assemblée générale ainsi que le vellt le règlelnent de la Caisse.

La Conunission doit donc à ce sujet quelques lIlOts d'explica-tions ou de justification .

:\'f. le Dr Bays, professeur à l'Université de Fribourg avn!t ,été char.o'é d'établir le bilan technique de la caisse de retraite eOIl­

forménl~nt aux prescriptions réglementaires et en vue de Inodifier 'certaines dispositions du règlenlent notalnmen celles concernant les allocations ù verser aux Inelnbres. Une fois en possession de la documentation nécessaire pour cette inlportante étude, ~I. le Dr Bays avait laissé entendre que dans le courant du mois de septembre 1939 il serait en l1leSUre de déposer son rapport et ses conclusions. Pour cette raison donc l'asseIIlblée de pl'intenlp.':i fut renvoyée à l'autonlne et les 111elnbres furent ,avisés de cette décision par l' « Ecole Prinlaire ».

Survint la ouerre avec ses bouleversenlents; iM. le Dr Bays, b . .

,officier d'E . 1\11. fut 1110bilisé dès le début, ne pouvant aInSI nlener il. chef l'ouvrage cOlnmencé. Par ailleurs, durant le nlois de sep­tembre, bon nombre d'instituteurs étaient sous les drapeaux. En raison de ces circonstances, la Comnlission décida, avec l'appro-­bation de M. le Chef du Départeluent de l'Instruction publique, de ne pas convoquer l'assenlblée générale 19~9.. . , Malgré la Inalice des temps, la C.omIlllgsslO,n Jugea ~epe~ldal~~

lopportun de prier le Dr Rays de contInuer son etude, qUItte a VOIl

Page 3: L'Ecole primaire, 31 mars 1940

- 354-

:'t. quel moment on .pourrait envisager l es modifications ·p r9jetées. A lllOins de complications graves daris la situation internationale, nous avons l'impression que l'expert déposera ses conclusions dans le courant de cette année. La Comnlission les exalninera avec soin avant de somnettre des propositions à l'assemblée gé­né'rale.

Le développement réjouissant de la Caisse de retraite obligea la COInmission à envisager des changenlents importants dans la tenue de la comptabilité.

Notre gérant utilisait jusqu'à maintenant des registres pluiüt incomlnodes qui ont été avantageuselnent remplacés par des fi ~ ches. Chaque fiche contient les renseignelnents désirables sur la situation de l'assuré ainsi que sur ses cotisations et sa fortun e personnelle auprès de la Caisse, ce qui n 'était pas le cas jusqu'ici.

Ce travail de transcription est lnaintenant terminé ; la nouvel ­l e organiSation fonctionne depuis quelques mois et donne pleine. satisfaction.

Dans ses réunions ordinaires du .27 avril et du 24 octohre 1939, la Commission s'est occupée égalelnent des affa ires cou­rantes qui n'ont pas compronlis la situation de la Caisse.

Comptes Fortune n ette cIe la, Caisse cle Retraite

du Personnel en se igna n t RU 1er jan­vier 1939

HECETTE,S Verscments de l'Etat du Valais pOUl: coti­

~\ ations -retenues SU l' traitements (~ t part. de l'Etat .

Ver sements inclivicluE'J s de 19 membres Intérêts des titres et des Obligations . Bénéfices SUl' ach.ats cIe -5 obligatins .

Total

DEPENSES Pensions pay é,es en 1939 . Remboursements cl, 17 membl'es so rta.nts F'rai. généraux . Allocations spéciales selon art. 31. Impàts 'fédéraux, droit cie timbre, etc. Int érèts, pl'i'mes crachat, fr a i. ' de banque

E xcécleilt des l'ecett es

Fortune au 3'1 clécembre 19:39

ToU'll

Le Secl'étriat.

' 199,091.6-5 1,957.:35

98,214.30 268.50

299,531 80

49,356.70 10,819.40 5,399.70 1,267.45 6,006.90 8,08'5.15

80,93'5.30

2,609,870.-

21 ,596.Q():

2,828,466.50,

4

- 3'55 -

1. Compte de la Banque cantonale

Solda cl'édit em' au 1 el' janv iET 19:39 Titres et dépàts rembo ursés. Vûl"'emen b do l'Etat. pOUl' cot isat ions-

subsides . Verscments incli\ iduels de 17 membres In térè ts pOUl' l'année 1939 Ac.llat de 5Z5 obliigations Pensions p,ayées en 1939 Remboursements à 17 membres sortants Frais gén éra ux . Allocations spécia les selon a l't. 31 Impàt fédéral, fll'oti de timbre, etc. Solde créditeur au 31 décembl'e 1939

2. Compte des pensionnés

So ld0 du compte RU 1er janvier 1939 , Extoul'ne des ,assurés pOUl' 10 membres

pensionnés Pré.lèvements au Fon.ds de résel've i.ntirêts pour 1939 Fe-nsions payées en 1939 ' Extoul'l1e au Fonds pOUl' 1 m embre décédé So lde du compte au 31 cl écembl':o 1939 .

3. Compte des as'surés

Solde du Comp te au 1el' Janvier 19:39 'Cotisa ti c ll et. éq uiv,a lent de l'Etat \' el..semcn(s incli v irJ u els cie 17 l1iembrE's ExtOUl'no cln Fon d,s de Réserva pOUl' mem-

bl' es Intér êts pOUl' l',anneo 1939 Rûrnboll1'seme~1ts ~l 16 membres SO I' ta nts R emboursemen ts au Fonds de Réserve Extournes au (pte des p ens ionn és pOUl ' 10

m embres, . .Solde du Comp te au 31 décembre 1939

DOIT AVOIH 37,995.-

310,000.-

199,091.65 1,957.35

98,21/l.30 532,9!l1.65 49,356.70 10,819.40 5,399.70 1,399:70 6,006.90

41,466:50

647,258.30 647,258.30

DOIT AVOIR

49,356.70 1,386.20

2.85,982.95

·263,249.90

;J3,7:34.95 7,991.0:1

11 ,749.95

33'6,7Z5.85 33G,7.25.K

)(IIT AVOIH

10,819.40 15,388.45

53,734.95 2,13'7,256.3'5

1,98 1.871.,Jl H·'~,5.4:.:2.8()

1,957 . 3,~

1,747.95 83,079.25

2,217,199.15 2,ZI7,199.1 ;J

Page 4: L'Ecole primaire, 31 mars 1940

~ 356-

4. CGJUalte de l'Etat

Extounne du Compto d'Ordre Versements de l'année 1939 . Rembom'sements (lu Fonds da Cotisations pOUl' COUTS ] 938139

l'Etat . Compt'3 ·d·Ordl'e

Réserve ct ])8.1't

5. Compte des intérêts

de

Produit total des intérêts pour H}39 Intérêts pc!'yés .aucompte d·es assurés Intérêts pc!'yés au Compte des pem:ionnés Impôt féd·éral Droit de ti'1l1bl'le sur titres Droit de détachement Intérêts payés SUl' compte débiteur

6. Compte du Fonds de Réserve

Solde au 1er janvie·l' 1939 Extour.ne du Compte- des Assurés Extourne du ICompto des Pensionnés Bénéfice SUl' achats d'Obligati.ons Extom:ne au Compte des IPensionnés Extourne au Compte d.es' Assurés AHocat.ions spéci.a'les elon art.. 31 Paiement des Frais généraux I·ntérêts, c'ommissions, impôt .fédénal, etc. Paiement du solde des intérêts aux pen-

sionn és Remboursement au compte de l'Etat Solde au 31 décembr.e 1939

DOIT

148,5!f2.80 64,655.15

213,197.95

DOIT

83,079.25 . 9,1-28.15 4,039.30 1,128.-

151.40 688.20

98,214.30

DOIll

7,991.05 1,747.95 1,267.45 5,399.70 8,085.15

2,621.80 63:80

340,572.05

367,748.95

7. Détail des frais généraux Indemnités pour séa.ncE's de la: Commission . Achat de matériel et meubles de bureau . Noto d'expertise de IMr le Dl' Bays, Fribourg . . Note pOUl' travail de transcription de la .comptabilité Visa des bons ·(2 ans) et véI;ification des comptes. FI'ais du compte courant Traitement du caiss ier . Traitement des secrétaires

Tota.!

AVOIR 14,04'2.50'

199,091.6fp 63.80

213,197.95

AVOIR 9'8,214.30

98,2H.3'ü

AVOIR 350,705.80 . 15,388.45 1,3g6.20

268.50

367,748.95

468.65 1,377.90

170.-550.-161.20

21.95-1,800.-

900.-

5,399.70

- 357 ~

BILAN

ArCTIF P A,SSIF

4 Obligations à 4 % Bque cantonale. 1 » à 3 % % Bque eantona.'le 1 » à 3 7!! % Bque cantonale 2 » il 3 Y4 % BquE' cantonale 1 » Ù 3 % Bque cantonale 2 » à 3 % Défense Nationa.ie

319 » à 3 % % ProvIns . 244 » à 4 % Valais 1931 . 254 » à 4 % Valais 1934 . 80 » à 3 % % Valais 1937

Solde du Compte courant au 31 XII 193'9 .

Fonds des assurés Fonds des pensionnés Fonds de l"éserve Compte -d'or.dre .

720,000.-280,000.-300,000.-300,000.-,280,000.-

10,000.-319,000.-244,000.-254,000.-

80,000.-41,466.50

2,137,206.35 285,982.95 340,572.05 64,655.16

2,828,466.50 2,828,466.50

Mouvement sur l'effectif des membres

Assurés Total des membres au 1er! janvier 1939' Décès 1 Démissions 15 :Mises à la ·retraite 10

Nouveaux mE'mbres

Total des membres au 31 décembre 1939

Pensionnés Total des membres au 1er janvier 1939 Décès 1 Nouveaux membres la Total des membres au 31 déceIDJbre 1939

Bénéficiaires de pensions et secours

Pensionnés Veu.fs • Veuves Orpelins et enfants assistés

Sion, le 28 février '1940.

Le Caissier: S. M,EYTAIN.

808

26

782

48

830

77

9

86

69 4

13 61

Page 5: L'Ecole primaire, 31 mars 1940

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MARCHE ET DEVELOPPEMENT DE LA CAISSE DE RETRAI;rE de 1910 à 1940

Année Fonds des Assurés Fonds des Pens. Fonds de Réserve Cotisat. et part de l'Etat Intérêts Pensions versées FORTUNE TOTALE 1910 80,213.005 17,062.- 1,3;22.46 8,4'50.75 3,727.1'5 1,71601.- 10>7,085.45 1911 96,602.05 22,660.65 884.70 9,21,5.65 -4,43'0.- 837.- 1,24,419.'70 1912 127,236.20 20,976.3'5 352.90 13,5'96.'55 5,123.- 2,541.- 148,5'04.46 1913 128,,611.,60 31,194.3'0 4,623 .. 25 16,971.50 5,945.65 _ 2,485.40 164,329.15 1914 151,253.60 29,9'33.15 4,496.'95 17,776.7.0 7,029.55 2,4-84.- 18'5,683.70 1'915 170,089.95 3'3,626.90 4,511.3'5 3'6,708.,soO 7,96'6.30 2,859.- 208,228.20 191[6 19,6,.18'7.75 27,506.30 11,598.15 42,[519..20 9,680.305 2,37'6.- 235,29'2.20 1917 222,183.40 26,227.90 15,789.95 45,194.20 10,8'00.- 2,35'5.- 264,,201 .25 1~918 2515,94'9.90 21,411.605 21,[619.1'0 55,2.1-8.,3'0 12,768.05 5,'696.90 298,98.0.&5 1919 27'0,393.10 30,176:85 30,7[63.90' 52,230.20 1.4,3909:60 2,[68'0.- 331,333'.85 1920 2908,936.'95 3-6,512.'55 36,1163.95 59,'988.80 1'6,.026.05 3,234.40 370,-612.45 1921 326,583.- 34,706.35 4'6,954.5'5 ,6'0 ;6'66.2'0 109,638.705 3,234.40 407,883.90 1922 357,778.'66 32,261.15 '64,1.04.,20 64,,6908.90 21,875.05 3,415.- 454,144.-1923 3'9'2,.80'6.80 39,26'5.90 74,340.305 71,8'62.5'0 24,02'6.4'5 3,814.- 506,412.905 1924 !d9,54'6.25 51,262.3,5 8'6,4'35.25 79,102.12 24,894.70 4,834.- '557,243.86 1925 460,,667.95 48.4'30.40 106,605.- 80,447.10 3'1,155.95 4,.834.- -614,703.35 192,6 655,465.90 52;721.30 112,156.05 137,631.25 30,9416:36 7,236.,25 820,343.25 19,27 735,904.3'5 62,481.50 117,484.80 11.2,013.05 3.6,21'0.10 10,4'64.75 9047,83:6.95 10928 .g,22,385.05 ~6,OÔ2.05 145,'078.715 1108,,6,23.,60 45,081.95 9,9'04.80 1,054,749.7'5 1929 890,047.25 81,321.[65 177,422.70 1,24,.80.9.- 54,302.15 11,847.1ü 1,178,356.10 1930 96'6,757.10 87,159.'60 212,140.80 105,'5'64.50 58,930.70 13,591.50 1,28'3,000.-1931 1,064,,27,3.05 96,'6'64.95 2316,269.- 127,068.65 '64,456.90 15,'677 .'85 1,431,803.90 1932 1,186,826.35 97,874.90 ,269,257.80 129,15'5.30 69,112.35 116,097.45 1,597,500. -1933 1,3:09,,26'8.1';5 13:6,.1<87:25 281,63,1.25 1,3'5,:552.- 73,984:65 20,069.'65 1,771,'558.70 193!k 1,4'06,861.40 198,030.75 296,,680.25 136,87.2.- 75,137.3'0 24,554.1'0 1,940,211.0'5 1935 1,538,576.20 219,922.05 322,779.30 140,382.15 82,239.55 27,288.90 2,123,000.--193,6 1,680,7.84.80 215;631.15 3'44,444.85 125.821.05 87,363.55 30,294.15 2,3205/~24 .86 1937 1,785,017.70 265,,s,Z8.05 3'5'6,885.95 127;t670.95 83.234.25 35.396.85 2,47'6,370.30 193'8 1,981,871:80 263,249.90 3'50,70'5.80 H6,015.60 96,080,6 .1'5 34;013.60 2.60.9,870.-193-9 2,13'7,256.3:5 285,982.96 34'0,572.05 148,542.<80 98,214.30 __ 49,3156.70 2,828,466.50'

356,235.,25 Sion . le 9 mars 1940. S. MlEYTAIN, caissier.

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Page 6: L'Ecole primaire, 31 mars 1940

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Une autre suggestion Du choc des idées jaillit la hunière ...

C'est pourquoi Monsieur P. m.e pennettra certainement quel­ques réflexions au sujet de son article « Une suggestion » paru dans le No Il de l ' « Ecole Prinlaire ».

Je partage sans réserve les éloges que M. P. adresse à notre revue; mais où je ne puis le suivre, c'est quand il propose une augnlentation du prix de l'abonneruent. Me traitera-t-on d'avare? - Que ln'importe! Quand on laisse presque le traitelnent d'un IllOis en Îlnpôts et retenues de toute sorte, un tel reproche ne sau­rait être lnérité.

Aujourd'hui plus que jaBlais les sacrifices sont nécessaires. Le personnel enseignant, avec un esprit patriotique admirable les accepte sans broncher. Il accepte les sacrifices indispensables. Qu'on ne lui delnande pas ceux qui peuvent paraître utiles, Inais qu'on pourrait aussi appeler superflus.

La situation des instituteurs valaisans, bien que considérable­Inent arnéliorée grâce à l'énergie de notre chef vénéré :Monsieur Pitteloud, est loin d 'être brillante et plus d'un a dû déjà renoncer aux paquets de cigarettes que lV1. P. propose de supprimerpour l'é­tablir l'équilibre budgétaire.

l'es. N'oublions pas que les petits ruisseaux font les grandes riviè-

Si la situation actuelle est intenable, dans quelle partie de l' « Ecole Prinlaire » faut-il réduire le nOlllbre des pages?

Nous répondrons: Dans la partie pédagogique qui est en sonlnle la partie théorique. La plupart des articles qui s'y trouvent sont évidelnment très intéressants par les idées originales qu'ils renf ernlen t.

Mais ne pourrait-on pas les abréger considérableInent, con­denser, résumer en quelques phrases des considérations parfois bien subtiles et qui ne trouveront janlais une application pratique à l'école. Chacun connaît aussi bien que Inoi le fossé qui sépare les dissertations philosophiques du travail quotidien de l'école.

Je ne conteste pas l'utilité de la partie pédagogique lnais je l'estinle nloins inlportante.

Quelles réactions provoqueront ces quelques réflexions? Je l'ignore. J'ai exprimé franchement Inon opinion. Que chacun en fasse autant. 111., inst.

Le désir qLl'ont les nations cl 'ètl'e libres est rarement nuisible à la Hberté, -car il naît de l'oppression ou de la crainte d'être opprimé.

llVLachiaval.

PART][E PEDAGOG][QU~l

L'Enfant dans la littérature française (Suite et fin)

II

Tous, tant que nous sOllllnes, nous avons nourri dans notre première jeunesse des rêves dorés. Puis les déceptions sont ve­nues, la vie nous a meurtris; et, penché sur notre passé, nous avons cherché le bonheur à l'ombre des anciennes illusions.

Les écrivains font flèche de tout bois. Pourquoi ne point conter aux autres ce qui nous attendrit? Pourquoi ne point cher­cher dans notre m.élnoire notre visage d'autrefois et, l'ayant trou­vé, pourquoi ne pas le décrire? C'est le thèllle des confessions ~'o­lnantiques. C'est aussi l'instinct qui poussa Jules Silnon à écnre ses spirituelles Nlémoires des Autres.

Renan aussi éprouva le besoin de se raconter. COlnment ne serait-il pas heureux, ce sceptique, de songer à sa je~lll~sse de bre: ton lnystique? Et nous-Illênles, si nous ne connalsslOI?-s de .luI que ses « Souvenirs d'enfance et de jeunesse » nous senons bren prêts de nous laisser attendrir. Mais voilà. Il est devenu un grand honlnle et il a le tort de le trop faire sentir.

Plus gracieux sont les Souvenirs de Coppée ou, du Père Gra­try sans doute. :Mais, comlne toujours, ce sont deux fenlInes : ùVhne Adanl et Gyps qui nlirent les plus de ~hanne à évoquer ce qu'elles furent.

Gyps est elle-nlêlne la Inatière de tous ses ouvrages tandis que Mnle AdaIn se racontre directelnent dans le « Ro~~n ,d~ nlon enfance et de Ina jeunesse ». Elle ne ne manque pas d Interet c:r­tes cette fillette partagée conllne Georges Sand entre son pere qui la veut faire païenne et sa mère qui la désire 'p~euse, I~lême dévote. Elle souffre beaucoup de cette triste duahte car SI. e,ne nlanifeste une préférence on la bat. Mais en grandissant, les ,Idees socialistes de son père la séduisent de plus en plus. Et,la rev~1te qu'elle provoque au pensionnat où on l'a mise est une façon bIen originale de prendre congé de son enfance.

Barrès, Loti, J alnlnes, qui représentent assez cOlnplètelnent l'esprit fin de siècle ont _lnis passablement de iittérature e~ de souci de style dans leurs récits de jeunesse. Ce sont des art.Istes qui regardent avec élnotion ce qu'ils ont été et qui nous le dIsent en ciselant leurs phrases.

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Que faut-il enseigner aux jeunes d 'après soixante-dix, à ce jeune Philippe des « Al11itié française» ? Le sentÎlnent de l'hon­neur, l'ainour, l'héroïsme, la nature et la haine du Germain. Mais Barrès était trop fin, trop écrivain pour s'en tenir aux dogn'les. Et Philippe est bien un petit enfant qui préfère les boutons de cuivre du cocher au grand spectacle des Alpes soudain découvert.

« Le ~'Ol11an d 'un enfant» est celui d'une enfance heureuse n'lais pourtant Inélancolique. Déjà les sirènes ont attiré Loti vers la Iuer, Inais il est peureux et délicat. Il a grandi n'lalgré lui, cet exotique, parce que grandir c'~st étudier, se séparer d'une n'1èrE' aimée avec passion. Et d'ailleurs la vie de lycée est extrêlneluent désagréable. Les poètes, et les exceptions sont fort peu nOlll.­breuses, n'ont pas ain'lé la vie d'internat. Francis Jan'lmes fut de ceux pour qui la liberté est aussi nécessaire que l'air et le soleil. « De l'âge divin à l'âge ingrat » relate ses petites souffrances d'en­fants l11ais surtout les découvertes du petit observateur qu il est déjà. A 7 ans, ce bout d'hOlulue connaît 7 chos~s n'lerveilleuse" : Voici la première: « On souffre souvent sans savoir le dire. » C'est beaucoup de réflexion pour un enfant de 7 ans. lVIais qui sait ... le grand enfant qu'il est resté a peut-être aidé le petit ange savant qu'il était.

Il est toujours un peu désagréable de parler de soi devant un public. A n'loins que la gloire ne donne un caractère sacré :1 tout ce que l'on dit ou qu'une sainte hlunilité nous pousse ù une -confession. C'est pourquoi, des écrivains qui n 'étaient ni célè·­bres ni saints n'lais qui trouvaient pourtant que l'enfant le plus intéressant c'était celui qu'ils avaient été se sont servi pour se peindre de l'autobiographie ron'lancée.

Le genre est COBllnode et l'Enfant d'Austerlitz de Paul Adam est une bonne réussite du genre. Mais Anatole France trouva des accents plus sincères dans « Le livre de l110n an'li» ou « Petit Pierre ». Ce dilettante à la n'lord ante ironie se .con'lplaît a crayon­ner ce qu'il fut alors que « les n'lains dans les poches et la gibe­cière au dos il s 'en va au collège, en sautillant COll1.me un n1.oi­neau. »

Jean Perbal que créa Louis Bertrand est le vivant portrait de son auteur. Il est Il10ins alerte et vif que Petit Pierre mais il n'est pas sans channe. Et COll1Il1e nous compatissons à sa juste douleur lorsque,à 8 ans, repoussé par lVIin'li qui a les cheveux fri­sés pour une fête il doit se suffire à lui-n'lên'le en feuilletant des livres d'images ... C'est sous le coup de sa déception qu'il décou­vre les Contes de Scl1mid et Télémaque. La féerie COlUIuence que clora le collège.

Tous ceux-là furent de bien gentils enfants. D'autres de-vant la tristesse de la vie montante se sont révoltés et leur his­toire est parfois douloureuse, parfois amusante, selon l'intensité de leur rebellion. .

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. ~ouloureus~, celle d 'André Gide qui est obsédé par l'idée de ~lberte: P.o~lrquOl t~:mtes ~es ~ontraintes? Pourquoi l'obliger tou­Jours, a faIre ~e; bIen qUI hn déplaît alors que le null est là et que c .est ce g:UI 1 enchante. Une seule loi lui paraît légitüne : « Fais c~ q~ll ,~e plait. >: : 'est du bon Rabelais . Son enfance nous explique mnSI l ImI110rahte de son œuvre. Il a vécu ce qu 'il défend.

Jules Vallès a cOlisacré trois volumes à Jacques Vinotras l'anar~his.te, l 'ennen'li de la prière et de la société. Que de fielbda~~ ses. trOIS livres , que ?e persiflage, que de haine! Ce ·sont des pages qUI vous prennent a la gorge tant la vérité est dénlunie de fard. . « Je. ne n'le rappelle pas une CaI~esse du tClnps où j'étais pe-

ilt » . M~IS. ce ;lont Il ~e rappelle bien c'est des coups qu'il a re­çus. Il etaIt ne pour etre battu. Jacques 'ingtras a un frère en littérature du Iuoins, c'est Poil de Carotte . Mais Jules Renard' est Inoins haineux que Vallès et s 'il peint en enfant Iualheureux c'est sans désir personnel de vengeance.

Poil dé Carotte a un cœur tendre. Mais le secret de se faire aÎlner? On le déteste. Les friandises sont pour les autres en­Jants. Il s 'y habitue et affirme qu'il ne les l:\Ïme pas. Veux-tù une trom.pette ou un tanlbour ?

- Un talubour. C?n lui apporte une trompette. Tout h eureux, il s 'écrie qu 'il

voulaIt la trOlnpette. Alors tu as Inenti. Ni talubour ni trompette. Pauvre Poil de Carotte! La dernière philosophie tient en ces quelques Inots :

« Tout le Iuonde ne peut pas être orphelin. »

J acques dans « leur petit garçon » de Léon Cathlin n 'est guère plus heureux. Mais il a ceci de particulier qu'il est irrespec­tueux et cynique jusqu'à l 'odieux. D 'autres enfants tels que Charles Blanchard ou Ch::uupi-Tortu sont Iualheureux sans ré­volte. Le pauvre Chalupi Inême préfère la I110rt à son supplice.

La littérature fin de siècle fit une large place à la calupaglle. Parfois avec siInplicité et justesse. Plus souvent, avec beaucoup de convention.

F. Fabre a décrit le clergé cévenol, Mistral a évoqué la Pro­vence en ses Méu1.oires, Bazin avec Il était 4· petits enfants a peint la ferm e de Gerrivière et la pénétration de la terre dans le cœur des petits, tandis qu'Henri Bordeaux raconte une légende dorée dont les héros sont de petits Savoyards.

Mais peu d écrivains ont vraiment le sens de la terre. Celui qui 1 a pénétrée avec le plus d'aluour est sans doute Charles Sylveste et son SiInon cle Prodige de cœur vit dans l 'enchantement d 'une belle nature.

La tentative d 'écrire des enfances rustiques est d 'ailleurs Inal­aisée. L 'enfant des champs L1e se raconte pas volontiers. Il est

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taciturne. Et l'auteur a beau être très adroit, s'il n'a pas vécu lui-Inêlne dans les bois et dans les fernles sa copie restera péni­ble COlnme un pensum.

~ifarie-Claire 1) qui était une fille costaude, n'avait certes pas de belles nlanière. Mais élevée à la campagne, elle se con­fOrInait à son lnilieu. Tel n'est pas Bole ou Zett ou P·ounl. Ce sont de « channants lnal élevés» .

Bole est le citadin intelligent ù qui on ne la fait .pas. On lui dit de ne pas lnentir. Quelle hypocrisie quand autour de lui on nlent à journée faite. Gyp a lnis beaucoup de sincérité cependant à le raconter. Et Bole a fait école.

Pouln 2) et Zette~) n'ont pas lnoins de grâce et ce 'petit cou­ple inoubliable. POUln, à 5 ans, découvre une chose tout à fait extraordinaire à savoir qu'il est doux de faire ce :qui est défen­du. Zette est déjà feulme et coquette. C'est son droit. Elle est en plus l'anlie de Pounl. Mais parfois il y a des brouilles. Zette est tonlbée dans la pièce d'eau du parc. Voilà qui la grandit. Voudra-t-elle encore de Pounl ? En tout ·cas, elle ne lllanque pas de le lui dire, la cruelle: «Tu n'as pas été noyé, toi. »

On dit que les enfants sont égoïstes. Certainelnent. Mais pourquoi dire les enfants? Il y a tellement d'égoïstes panni les grandes personnes! Ce que je sais c'est que Patachon ne l'est point et que son créateur Tl'istan Derème ne doit pas l'être non plus. Patachon veut tout ce qu'il voit, il est vrai, les étoiles, la Iner et la girafe. Mais il va volontiers dormir pour prêter ainsi aux aveugles ses yeux Iqu'il n'utilise pas. Il y a dans son petit cœur beaucoup de tedresse pour les pauvres et dans ses yeux beaucoup de joie souriante.

·Mais s'il y .eut de bons enfants, il y eut aussi de bons papas. Au nloins certains ot cru l'être et ils l'ont écrit. Antoine Rédier enseigne un art qu'il est censé pratiquer, celui d'être un bon père dans « fMes garçons et vos filles» tandis que Jacques Péri­can nous conte le ronlan du papa dans: « J'ai 8 enfants».

Ce sont des livres agréables et les enfants dont il s'agit sont délicieux.

Moins délicieux pourtant que «TroU» . :{) Trott est l'enfant que rêve chaque nlanlan : espiègle, oui, mais si lnalin et si bon. Tout le nlonde Iconnaît Trott. Il faut avoir lu Trott.

Pierre Nlille qui est un fin humoriste n'a point rencontré tant de succès avec Cailloi et Tili ni Maurice N/ol'el avec Tibote .qui est pourtant bien charnlante lorsqu'elle delnande une récOlnpen­se parce qu'il fait beau temps. Paul Cazin par contre avec Décadi

1) IMarguerite Audaux: ilVlarie-iClai.re. 2) Paul et V. IMal~guerite: ,Poum et Zette. 3) Lichtenbergel': Mon petit TroU.

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ou la pieuse enfance a retrouvé le ton qu'il faut pour conquérir lous les lecteurs. Et ce livre est J)ien près d'être l'un des l11.eil­leurs que nous ayons sur l'enfant.

Georges DUhamel, dans Les plaisil's et les jeux clôt la série des enfances souriantes et joyeuses ..

Décadi et Trott furent charmants parce qu'ils étaient de leur temps et que la vie n'avait pas encore glissé en leur ânle le rayon gris de ses désillusions. Mais rquelques-uns de leurs petits frères parce. qu'ils grandirent dans un milieu moins clair ont appris la douleur trop tôt. Ils ont respiré dès le berceau l'atnlos­phère alnère de la souffrance et leur ânle a contracté pour ne plus s'en défaire le pli de la lnélancolie.

Les écrivains se devaient de s'attacher à ces enfants et le J11il'oir en éclats de .Jean Nesmy est une peinture bien touchante de cet Ambroise qui devait souffrir ' toute sa vie des inquiétudes ·de son enfance.

L'espace d'un nwiin de Geneviève Dl.llwmelet est un bien joli titre pour voiler beaucoup de nlélancolie et tout sourit autour de Claude 1), les fleurs et le soleil, tout sourit sauf sa Inaman qui toujours est triste et songeuse.

Le plus beau livre du genre est peut-être L'enfant à la balus­trade de René Boylesve. De la balustrade de sa nlaison, Riquet découvre la vie. ISa lnère est nlorte et cette fenlme ,que papa a re­prise n'est pas manlun. Il ne sait conllnent l'appeler. Alors, quand il l'embrasse, il rit tout haut pour faire du bruit:

- Bonjour! - Bonjour, qui? - Bonjour, ou, ou, et les mots s'étranglent dans sa gorge ... André Lafont a peint la vie de collège avec une justesse ja­

m.ais égalée. Son Elève Gilles est d'une vérité remuante et je ne sais rien de nlieux analysé que certaines scènes de cette tragédie romancée.

D'autres enfants ont souffert de la nlésentente de leurs pa­Tents. Léon Mersserel 2) est déchiré par les « scènes» fréquentes entre son père et sa mère. Il aime bien sa mère, il est vrai, nlais il ne cOlllprend pas, le pauvre, pourquoi sa mère le laisse si souvent seul en lui disant de ne pas raconter à papa qu'elle est sortie. Un jour, même, elle le bat en lui disant que tous les hommes sont égoïstes et le pauvret ,en reste blessé. Puis c'est l'orage terrible et le départ de sa n1ère. Et la douleur de rester .seul avec un père taciturne. Tous deux attendent, jour et nuit. Enfin, elle revint. Mais une âme ne lave jamais des souvenirs .aussi déchirants.

1) Maman et Claude de Guillaume Gaulène. 2) Edmond Jaloux: Le reste es't silence.

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Jacques Laurent y 1) devant les nlêmes disputes a pris peur, Il s'est réfugié chez son précepteur qu 'il croit bon et juste, Hélas , ce précepteur aussi est polisson. Et l'enfant ne trouvant autour de lui que des loups féroces se préeipite dans le vide.

Il est mort parce que, COlTIlne tant d'autres il avait ('Olll1U

trop tôt la lnisère humaine. Et l'enfant de la rue? Celui qui n 'a ni jouet ni friandise?

Celui du faubourg, qui ne connaît que le faubourg? On ne l'a pas négligé non plus. Les directeurs d 'œuvres, les chercheurs l'ont approché. De ce contact est né Belleville de Robert Garric qui est un livre un peu trop à l'avantage du petit prolétaire qui nous apparaît tout de noblessp. et de. générosité. D'autres , an contraire, ont noirci le tableau et les enfants qu'ils ont présentés sont odieux ..

Léon Fl'Clppié a étudié dans « La l1atel'nelle » l'action de J'école qui construit, qui innove, qui réforme, qui a le souci de 1 hygiène Inais qui est combattue par ]a Blaison , la famille qui défait et démolit. C'est un livre d 'une douloureuse réalité et qui va droit au cœur parce qu 'il y a beaucoup de tendresse dans ce journal de jeune surveillante.

Les histoires « gris-brun» d 'Henri Poulaille réunies daus « AInes neuves » ne Inanquent pas d 'intérêt et quoique certaines soient navrantes elles n 'ont rien de la boue qu 'Alfred Machard a n1Îs dans sa série d 'ouvrages sur la vie enfantine du faubour g. Les Nenesse, lvIiette ou Papo ont une odeur de relent bien exagé­r ée que Machard a cru nécessaire à son succès.

Voilà l 'enfant d 'hier. 11 appartenait aux artistes et aux écri­vains car il y aurait toute une ét ude ù consacrer à l 'enfant dans la peinture par exelnple ou à la Illusique enfantine. Aujourd'hui ? les savants s'en sont emparé. L 'enfant est devenu leur chose. Pe­dologues, psychologues, pédagogues et autres varités en gogues le dissèquent et le classent scielltifiquelnent. Grâce ù eux, nous avons appris que l'enfant n 'es t pas un devenir. Mais un être à part qui existe pour lui, qui :'t son langage à lui , auquel nous n e cOlnprenons, qui a ses signes, ses affections. Jusqu'à 11 . ans, Alors, il entre soudain dans nn nouveau royamne. Il est un holU­lne. Mais l'enfance fut un nlonde, son Inonde, son univers. C'est notre paradis .perdu.

Les rOluanciers ont croisé les savants. Les uns par intui­tion' les autres à l 'aide du nlicroscope ... sont arrivés à des con­clusions sensiblement les mênles.

Ce Inonde c'est l11éïpe par André Maurois. Méïpe c'est l'ail­leul'S, la terre du rêve, le royalune des enfants. A 8 heures, on y envoie les grandes personnes au lit cependant que les garçons par­tent au théâtre avec les petites filles.

1) Gilbert de Voisins: L ;Enfant qui prit p eur.

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Le Méïpe de Phili 1) c'est un royaLllne de croquen1Ïtaine, 1nais d 'un croqueluitaine ami des enfants.

Cette faculté d'évasion se retrouve dans Les Enfantins de Valéry Larbaud ou dans Nébuleuse d'André Berge. 1\1ais la réussite achevée, je crois bien que c'est le « Grand Meaulnes ». Alain Fournier qui l'écrivit a eu bien tort de nlourir à la guerre.

Des fenlnles de lettres aussi s'y sont Inises : Nhne Henriette Charasson, l\IfIne Franc Nohain, AInélie Murat... Mais le nloyen de tout dire? écrivait leur maîtresse à toutes, la douce marquise de Sévigné.

L'enfant est un roi. Iviais un roi qu'on ne veut plus . La dépo­pulation fait des ravages alarmants . Beaucoup de littérature, beaucoup d 'illustrés, beaucoup d 'illustrés et plus d 'enfants ... Quelle douloureuse histoire! i1/aurice Zermntten.

Lettre de mon Ecole XIlme LETTRE

Elu soir de Pâques

Mon cœur chante ce soir une hymne d'allégresse non con­tenue. Aériennes, légères comnle des alléluias, les strophes mon­tent sans heurt ni difficulté. Elles s 'é lèvent, et les n'lailles ténues de ces neumes iIuprovisés vont se perdre vers les hauteurs céru­léennes ,que peuplent les astres . Qui pourrait ne pas exulter au déclin d 'une si belle journée: c'est Pâques, Alleluia!

Le temps du Carême n'est plus. La crécelle du Vendredi-Saint peut dornlir une année entière dans la poussière de la sacristie 'et de l'oubli. Aux Ranleaux, l'Eglise nous avait fait entrer en com­munion avec :.sa liturgie des jours de grand deuil. Les Impropères se mêlaient aux Lalnentations 'et à l'Ecce lignLlm Cl'Llcis.

Puis l'aube du Samedi nous a fait tressaillir à l'Exultet, com­lne des h'Olnmes nouveaux. Et voici qu'après la cérénlonie Inagni­fique de la Bénédiction des Fonts baptismaux, les supplications des Litanies des Saints luontèrent, deux par deux, avec les rayons hmnides du soleil des frais matins de la Selnaine Sainte.

Tout à coup, les cloches ont sonné; le K~rie et le .Gloria p~s­cals ont surgi des profondeurs du tombeau ou dormaIt le Chnst, pour éclater en triOluphe avec Lui. Alleluia!

Et ce matin, la nature entière s 'associait à la joie chrétienne ~our~~luer le Ressus,cit~. Alleluia! Alleluia!

1) Gérard ·d 'Houville (Mme Henri de Regnier) lL'étr.ange petit gar­çon.

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. Dans. toutes nos églises, des cœurs ont retrouvé la paix du ChrIst, paIX profonde, paix sereine, paix précieuse. Le Sang n'a pas coulé en vain, le sang rédem_pteur, le sang innocent, le sang de la Vie éternelle. Des visages rassérénés se sont égaillés dans les. chemins bordés de vert tendre. Légers COlnme ,les -cloches reve­nues de leur pèlerinage lointain, ces gens !fatigués par le travauxs. du printemps ont relevé la tête, les yeux reflétant une in1nlense joie intérieure. Les hépatiques, piquées entre les feuilles lnortes des noisetiers et des saules, ont incliné leurs corolles in1lnaculées au passage de ces ân1es redevenues blanches et pures. Les tussi­lages ont ouvert leurs yeux jaunes, avec effort, pour n1Îeux con­tenlpler la souplesse de leur démarche. Les prelnières abeilles ont susurré quelque chose qui voulait dire: « Garde ta joie long­telnps ! »

Et, dans les Iuaisons de Iuélèze et de sapin, cuites au soleil,. con1lue dans celles de pierre des villes et des bourgs de la plaine, des casseroles ont jtinté plus clair, des odeurs culinaires odorifé­rantes se trouvent jointes aux parfunls de la terre en éveil. Alors, les oiseaux ont joué des cantatilles gr&cieuses, les trilles vibraient conune des violons tziganes. Partout, .sur cette branche de luar­ronnier aux bourgeons déjà gluants, à l'extréluité de cette brin­dille de pOlnmier, à la cime de ce cerisier, une Iuarche joyeuse, polka bohén1Îenne ou janta andalouse, partout a éclaté avec brio. Ces n1usiciens ailés ont sans doute inspiré l'organiste, car, les lnodulations savantes, ne furent jaluais plus délicaten1ent exé­cutées qu'entre deux parties de la nlesse en n1usique. Le prêtre lui-n1êule - et lui surtout - s'est n1Îs au diapason d'une telle harnlonie. Son sermon, comlnencé sur le ton funèbre de la Pas­sion, est resté grave en son exorde. Puis, les gestes se sont .ampli­fiés; la voix est luontée (p lus claire, en fusée, faisant penser à quelque chose de blanc qui nlonterait de la terre vers le ciel. SOli visage s'enlpourprait et vous n 'eussiez plus reconnu en lui l'hom­lue austère des lourds secrets . Mais,. un grand voile Imuineux était posé sur son visage tout entier, et Pierre ne devait pas avoir les yeux plus brillants sur le Thabor.

_Maintenant, je pense à toutes ces choses belles. J'essaie d 'en graver le souvenir le plus fidèle en luon être intin1e, afin qu'aux heures sombres des jours futurs, je puisse retrenlper n10n âlne. dans ce bain de IUlnière.

Demain, à la prelnière classe après Pâques, le lnaître sou rira avec une bonté toute nouvelle, le regard un peu luélancoli-que luais surnaturel du Christ ressuscité. Hon.

ORS AT, vins du Valais, vins de soleil et de santé.

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L'enseignement - de la lecture par la méthode globale est ... i1 _réalisable dans nos classes?

C'est avec un grand in térêt et une euriosi té sans cesse accrue que nous avons lu dans les Nos 8, 9 et 10 de notre Revue Ulk at­trayante étude sur « L'apprentissage de la Lecture par la Méthode Globale » 1\11' L. B. possède son sujet à fond et le fait connaÎ1re avec clarté et n1éthode au personnel enseignant.

Nous avons été particulièrement saisi par les idées qu'exp ri­lnait déjà en 1788 Nicolas Adam et que Ml' L. B. relate dans son article du No 9 de l ' « Ecole priInaire». L'enseignen1ellt de la lecture par la Inéthode globale n'est éviden1n1ent pas une utopie, sinon con1111ent admettre que les Alnéricains, gens pratiques avant tout, l'aient introduit dans l'ensen1ble des Etats-Unis?

Leur livre de lecture, qui forn1e , aux dires de Mgr Dévaud, une cathédrale grandiose de 8 volunles, six de lectures courantes destinées aux six pren1Îères années et deux de lllorceaux littérai­res pour les élèves de septièn1e et de huitièn1e, année, plus une plaquette introductive, « l'Avant Premier », est en effet basé sur le principe de la 111éthode globale.

Or, la Cathédrale constitue une œuvre rell1arquable dont le succès a sanctionné les idées et les efforts des auteurs. Car ces livres sont le fruit d'es':iais préalables soigneusell1ent éprouvés sur des n1Îlliers d 'élèves en de centaines de classes, à la ville et à la canIpagne. Les instituteurs ont présenté leurs 'rapports et ce .n:est qu'après de longues études pr~liIninaires ~lu'on :1. l~âti r~dlflce. Aujourd'hui, après n10ins de chx ans, p~USlellrS, nll~llOns d exem­plaires de ce livre ont passé entre les lnams des ecohers des Etats­Unis .

N'en faut-il pas conclure que la lnéthode globale a été large­nIent expérÎluentée et qu'elle n1érite de retenir 1 attention du Per­sonnel enseignant?

Cependant, il ne faut pas s'elnballer trop vite; il y a lieu d~ sonoer avant tout à nos classes valaisannes dont la structure est SI partiCUlière. C'est pourquoi, pour rester pratique.' n~us ain1erions que le distingué correspondant de l' .« Ecole. PrnuaHe », dans la suite de son étude, réponde aux questIons SUIvantes :

1) L 'enseigneluent de la lecture par la méthode ~lobale se heurterait-il à de sérieuses difficultés dans nos classes a tous les degrés?

2) Le personnel enseign~nt qui. n.'a pas. reçu les d~rectives voulues à l'Ecole Nonnale rIsqueraIt-lI de fane fausse Ioute en appliquant cette méthode?

3) N'y aurait-il pas danger, ~'introd~tire ce~te réfor:ne dans quelques écoles seulement? Les eleves qUI devraIent en~uIte. chan­ger de classe pour une raison ou pour une autre ne seraIent-lIs pas

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.sérieusement handicapés? Si l'on se décidait un jour à adopter cette lnéthode, ne faudrait-il pas l'appliquer simultanément dans toute la partie française du canton, et ne conviendrait-il pas en prenlier lieu de changer les 111anuels en usage aujourd'hui?

Nous espérons que l'éminent correspondant L. B. voudra bien nous COllllTlUniquer ses réflexions ù ce sujet. Nous attendons sa réponse avec une grande curiosité et nous la lirons avec beau-coup d'intérêt. B.

Conseils pédagogiques Enseignement simultané de la lecture et de l'écriture.

;-Jous nous 60n1mes propo è de chercher le :pourquoi de tel ou tel procédé, la raison de son succès pratique. Pour tl'a\ ailler avec ordre, va) ons d'a,bord ce qui, clans J'ensei,gnement du ,fmnçais, sol-1icite notre attention. L es leçons do lecture, d orthographe, de gram­mai l'e. de vocabulaire, la composition "françai6€' donneront li eu lit plus d'une interrogation. Etuclions aujourcl'l1ui c's qui justifie l' en­seignement simultané de la lecture et de l'écriture dans les écol.es maternelles.

Les jeunes enfants qui viennent directement de la famille ft l'école maternel.lC' ont en géné,L''al plus de facilité pour lire que .pour écril'e. Ils épl'ouvent de réelles difficultés à tracer les lettres il raids d 'un iCl'ayon. !C'est pour,quoi certains éducateurs enseignent successivement la lecture ct l 'écriture: l'enfant ap.prend d'abord il lire, puis ·quand les muscles de sa main se sont a.ffermi6, .forti,fiés, alors, il appl"end à écrire.

'CE'tte temporisation paraît sage. ,Le bon sens nous consei]].e de ne demander >à l'enfant 'qu 'un effort en relation avec 6es forces, Pal' contre, l'enseignement simultané de la lecture et de l'écriture n 'ex­pose-t-i.l pas l'enfant à n avoir qu 'une écriture illisible, défectueuse?

Il est vrai que l'enfant éprouve de la difficulté il ' tracE'r les let ­tres. Toutefois, gràce aux dessins et aux tl"avaux manue,l.s, on peut -donner là la main la 60uplesse et l'habileté désirables. D'ailleurs les r.llJfants instH"uits d'après lm méthodes montessoriennes savent écrire 'avant de lire, précisément ,parce qu'ils font tous .les jours des eXE'l'­cires manuels très variés. Veut-on .quelques exemples concernant C'es exercices? Avec la ;pointe d'un crayon l'enfant suit le contour intérieur d 'uncadl'e de .forme géométrique (carré, losange, triangle. etc.); PUi6 il ·enlève le cadre et remplit de traits au crayon l'intérieur ·de la Ifigure tra.cée. Avec le doigt, et dans le sens voulu par ,l'écriture, il suit le contour de lettres découpées en papier noir et 'collée,s SUl'

.du papier blanc. Un jour ( 1 l'en.fant, tenant un crayon dans la main, reproduit le mouvement qu 'il est halbitué à faill"e lorsqu'il suit du

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doigt le contour cl'une lettre·: il s'aperçoit qu'il sait écrire,» La. dif­ficulté signalée ,plu s haut .peut donc aisément être vaincue.

Cependa.nt la question subsiste tout entière. Pourquoi voulons nous va.incre cette difficulté? Qu 'est-ce qui justifi l'enseignement ..:i imultané de la .lecture e t de l'écriture?

La 'raison ·de ·cette préfér ence est fort simplE'. Quand l' enfant ap­prend à lir e, il apprend quels 60nt les signes éodts qui correspon­dent à telle ou telle émission de voix. Lui 'surfit-il de voir une let­tre écrite, de la voir plusieurs fois mème, pOUl' garder de ce d essin uno impression nettE' et durable? A qu els procédés pourrions-nou6 avoir l'·ecours .pour <lue cette impres. 'ion o'agne en n ettet é?

Quand les (\ (lultes eux-mèmes veul ent gJ'aver dan, ' leur m émoire le .-ouve·llil ' de tel -tracé, Jes contour.:; d'un fl euvC', pal' exemple, se contentent-ils cie. rE'gal'der ce dessin'? · Un regal'd attentif peut suffir e ù un visuel exercé et très bi,en doué, mai .. en gén éral il n e snf,fit pas. Nous clessinonf.:,les contours du fleuve; ainsi nous nous rendons comp­to cles ·détails ,qui, clans un. regarcl cl 'ensem ble, nous éclwppaient. Di­SO ll S, en empruntant le langag e technique, qu e poUl' donner plus d e netteté ct ci e fol'ct' ù l'image visuelle du dessin, nous le décompo­so ns en 10 l' epl'oduisant, nous associons à cette ima ge visu ell e l'i ­mago gl'aplliquc corre 'ponclante.

LOl'sque nous apprenons à lir e à un enfant, la r epl'odu ction gra­phique de la lettre est doubl ement important e. Le sens de la vu e est moins exercé, moins sûr chez l'enfant que chez l'adulte.

Dc' plu6, les impression s tactiles ct musculaires de l' enfant lui lai ' 'ent cl es souvenirs p.lus n ets et plus durabl es que ses impressions \ isuelles. Il est donc de touto nécessité cl'aide·r l' enfant ':\ bi en voir, la lettl' o étudi ée; 0]' il n e la verra bi en qu'en analysant les ·contouJ'S 'de cette lettr·e, en traçant lui-même cettE' lettl'e.

De cette étud e nous pouvons tirer les conclusions 'uivantes :

1. Pal' des eXN'cic'es appropriés, (tonnons do la ôouplesse et cle l 'habileté a ux petites m a ins enfantill es , Utilison .. le (le:'sin et les travaux manuels sans crainte d0 perte de temp6.

2. Faisons s uivre la leçon de lecturs sur d par exemple de ré­criture de cette m ême lettre. L'enfant gardera ainsi dE' cette lettre une image visuelle n ette; l'association de l 'imag,e g r aphiqu e à l'ima1ge vi6ue.lle contribuera à donnel' ~l celle-ci :plus de r elief et plus de durée. M. Smagghe.

Tiré de « L 'Ecole ».

Vins du Valais 0 R SA T dissipent la tristesse.

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En passant .. L'enfant face à l'avenir.

E.l~~"e s:lbUm.e et caTessante évocation d 'un âge d'or, un poète .. cl un s'leele 1l10ublié éCTivit une élé.gie . célèbre: « Le Paradis perdu»' un ,autre accorda sa: <lyre et immortalisa sa pensée dans un chant d~ cruelle nostaLgie: « LE'S Ténèbres ».

!Peintres de la vie réelle et chantres de ce qu'il y ,a de plus humain sur tenr'e, tous deux ,évoquent en un .langage divin cette lumière lointaine, qui commence à luire, dans le·s ténèbres, se rap­pr.oche, ·chasse le néant, Igr,andit et bientôt enve.lop'pe le, mondE' d'une cl.arté éblouissante et souveraine, VéritaJble âge d'or, doux ,prin­temps de joie ensevelissant :IelS ténnèbres dans la nuit des temps. _ Hélas! l'illusion ,dure peu. lL'automne ,arrive sans l'Ietard, la chute dE'S feuilles commence, 'les vertus de l'humanité s'effeuil.lent lentement le .crépuscule menace, apparaît, s'ache,mine vers 60n destin, vers S~ nUIt. ILe monde dès cet instant devint criminel et son crime, qui se perpétua cFigE' en àge fut d 'avoir fait un eHort dés'espéré pour chas­ser la olarté des cieux .qui devait l'envelopper '[1 t.out .iamais: vérita­hIe suicide consommé par l 'appe.l de la haine et de la violence.

Aujoullcl'hui aussi, en proie aux .fluctuations de cete même lu­mière, il y ,a le même univers, la même ,aurore, le même crépuscule. Entre l 'Eden ·et les ténèbres il y a toujours 'les nations; E'ntre le commencement et la .fin H y ,a: la vi.e, entre la vie et l'homme il y a la gue,ne, la guerre infâme ,qui souille, ruine et anéantit. Et au­dessus de tout, co,mme l'arche .qui surnage au déluge, i'l y a l'irré­sistible C'ourse vens un monde nouveau.

Cette courSE' -i:rrémissible se révèle paT la ,concrète manifestation des éléments cachés dans les cœurs, par la mystérieuse revanche que le Présent. cherche à 'Prendre sur la Passé. Elle se llit dans les 'yeux du vieillard, ,s'éclaire d'une .lueur dans les prune'lles lIOsées du jeune hom,me, s'observ'e .iusque dans la joie inconscientE' de la gent écolière qui se grise ,d'il.lusions et de chimères.

Les Juif.s e-rre·nt depuis de longs siècles à la recherc-he d'une patrie commune; ils ne ,J'ont pOi'llt trouvée : la malédiC'tion de Jéovah pèse toujours SUI' le ,peuple d 'Israël. En sera:-t-i'l de même pour notre .mondE:' désempallé? Espérons le contraire.

L'étude du passé nous a'pprend qu'il y ,a des ,constantes humaines qui demeurent, en dépit de tous les JJouleversements et de toutes les révolutions. .

Ce·s,t à cette espérance ,que se raccrochent ,aujourd'hui l'âme E.t la conscience du ilTIonde. !C'est vers cette es'pérance aussi que le maître doit diriger son enseignement.

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N'est-ce pas du reste une joie .de f.aire constater pal' l'enfant les points d'approche fontre les homm·es, SUI'tout en cette ,période où tant d'efforts sont ,ga-spiLlés 'paT des luttes inhumaines. :Mieux vaut en BHet faire voir c'es points communs que de refroidir son enthousias,me en mettant en re'lie.f les dissemlblances ,et les ,mutuels ress,entiments.

L'évo,cation du passé, le souvenir .des civilisations qui tour à tour ont éduqué :le monde fournissent aux peuplE's et ,aux hommes l'es­poir -d 'un prochain retour aux lois de .la paix et de la: compréJhen­sion universelles.

Le maÎtl'e se doit de mettre dans le cœur de la jeune génération ce ,levain de !réconfort et de courage afin que naisse la confi.ance en l'avenir,

L'enfant et la « vi.e de bohême»

L'E'nf.ant aime la vie de bohème . .c'est si ·char,mant. Quand je parle de la vie ,de bohème, je ne .pens-e 'pas à. cette vie que tout 1e mDnde .connaît, là :cette vie lamentable que le r!oman de Zschhoke a rendue falneuse en la sac-rant « Reine des Vies»; être bohème ce n'est ,pas mangE'r n'importe où, aimer toujours, ,chanter en tllessant -les corbeilles, en oubliant la misère, la ·maladie et la mort; non ce n'est p.as ,cela.

Au poi nt de vue sco'lair e, la vie dE' hohème (et encore faut-il lui donnel' un sens pédagogique), c'est la: vie désordonnée de 'l'écolier qui ne sait point discipliner ses appétits, ni stabiliser ses connais­sances, qui a:dore .les contes .dE' 'fées et les diversions .sensationnelles; c'est la vie du roseau qui 'penche là tous les vents, c'est la volonté fugitive, la ,pensée errante ,qui ne peut pas .se concentncr, qui craint l'effort, qui ,se trouve tantôt ,à :la maison, tantôt ,au j.eu, tantàt ,à l'a'lpage, ta,ntôt... au pays des chimères.

:La vie de ,bohème ainsi comprise est le plus grands ohstacle à J'.étudE', car la discipline de l'esprit, la méthode', a cédé le pas à la fantaisie. Or, la fantaisie, ,qu'est-ce sinon la: recherche ·de la réa.Jisation de toutes les exigences et de tous les caprices du ,cœUll humain?

Je n'irai pourtannt 'pas jusqu'a dire qu'une certaine fantaisi e ne soit pas permise. Aussi en classe je distingue de ,prime abord d·eux catégoriesd'èlèves: les uns, sérieux, qui, par crainte de toute fan­taisie, 'exa,gèl'e·nt la mét.hode; :les ,autres volages qui, Dubliant toute méthode, dépassent :les born€'s de la fantaisie . .c'est comp1i.qué, n'est.­ce pas·. Non, rassurez-vous. Simplifions. Appelons les 'premiers les ma­ni.a.ques, le·s méticuleux; et les ·seconds les linott.elS. Si j 'éta.blissais une autre distinction en m'élevant sur un autre plan je di-rais que la méthode n'est guère naturelle à Louis" qu'e.lle est « surnaturelle» ,à JDséphine. Pourquoi cela ? Parce que, sou.vent de IIlOS jours la Ifil­lette,protégée en général, peut s'offrir .de la .fantaisie à discnétion, tandis 'que le garçonnet doit ,avoir un peu de méthode par crainte de

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la. sévérité des parents et du maître. Ceei n' empêch er,a pas du l'este, dans queklu es années, de voir Pierre au ohemin etes « Amourette6 » « pommadé et frisé » courtisE'r Josépl1ine « boudée et poudJ'lée à ,sou~ hait ».

L'oétude, à l'encontre de ,la vie de bohème, e6t une volonté de cha'que minute, une concentration du jugement et de la; pensée sur ·la leçon là. ,apprendre, sur le devoir à faire. D',aucuns diront peut-être qu',elle dépend du ta.lent, du génie peut-être. Quelle trouvaille! ISi .clans le domain e de l" esprit le talent es t un ca'pital , il ne porte néanmoin6 du fruit qu 'a llié ,8, un travail méthodique. A l'origine de toute œuv lle humaine, de touto étude, fI yale talent, il yale travail, jJ y a la m éthod e, il y a un peu dïdéal, un peu de fantaisie.

L'un des pl'emiers dE'voir,' du maître est de savoir tirer pa'l'ti de cette eli position première do l"homme là la méthode ou ù la fan­taisie, Rfin quo son ense ign ement soit vr,aiment efficace .

C'est l'observation continuelle .des fa its .qui illustre .Ja vie écolièt'IE' qui ouvre au maître un grand champ d 'expérience et d '.éducatioll C'ol­lective. ,L a. vie scolaire abonde en faits transcendants, é.largissant les horizons, invitant san6 cesse l 'éducateur à observer les réalités quo­ticliennes pOUl' OUVl'il' ;\ .. on tour les i'eunes cœurs et 'form elt des ho mmes . Cett e obsc'n ation « forcée » deviendra bien vite de l 'auto­ma:ti6me.

Rien n o ser,a plu s facil e a lors que de remarquer L éo ll qui al'l'i­vo 'partout en retard avec un e « étonn ante exactitude », d'entendre J eanno qui n e sa it pas raisonnel"! dire à Jacques qu 'il n 'a; point de cœur. -:vla is voici qu'au Dr'emi ol' banc, un e voix ,féminine chuC'hotte: ( 1 Je t'a im e l'lvec fa ntaisi e» tandis qu'une autre' un p eu plus virile J' épond: « J e t'adore avec méthode ». - Conte de fée ? Non, réalité. - Vraie vio de bohème! ! Lucien Bouillet.

On 6e trompe lourde,ment, 'selon moi, lorsqu 'on s 'ima'g ine qu e l'autorité appuyée ,sur la crainte et plus durable qu e C'elle qui est fondée sur l'amiti é. L'enfant qui remplit ses devoirs ,par la ,crainte du chc\timent, croit-il qu e ses faute,s seront découvertE'." ? il s'observe; espèl' e-t- il les cachell.'? il r evient. ~l , 'Son p enchant. ,Celui qu e \ OU6 a tta­chez pal' les bienfaits remplit ,ses devoirs avec af'fectio.n; il tàch e (le répondre ,à votre tendresse; en votre .présence, en votre absence il est 1<.' mème. Un père doit accoutumer son fils à fair e le bien, plutôt de son propre mouv emenL qU·Q ... par une C'rainte étrangère. 'Celui qui n e peut ,pas 6e ,conduire ainsi c10it avouer cru'il n e sait pas gouveTnel' cl es enfants. Térence.

L'amour pl'o,pre est le plus délicat et le plus viva'cE' de nos dé-fauts; un ri en le bl e,sse. mais rien n e 10 tue. Petit-Senn.

1 PARTIE PRATIQUE ~ ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

LANGUE fRANÇAISE Centre d'intérêt: LA FENAISON

Premike semaine.

1. RECITATION

Matin de fenaison

... Avant que le soleil s'allunle Et que s'éveillent les oiseaux, J'entends partout le bruit des faux Résonnant sur la frêle enclunle; Les faucheurs au seuil attroupés Dans le grand clos doivent se rendre Et parmi l'air va .se répandre La bonne odeur des foins coupés ...

Eléonore Daubrée.

La Fenaison

Le jour baisse: les pins qu'un vent tiède balance Du couchant SUl' no~) fronts versent les reflets d'or' Le vallon se recueille, et le chanlp fait silence; Dans le pré cependant les faneurs sont encor.

Les laboureurs lassés, remontant ù la fernJ.e, Ramènent les grands bœufs au pesant attirail. Chacun songe au repos, chacun rentre et s'enferme ' Les faneurs dans le pré sont encore au travail.

Les voyez-vous là-bas au bord de la rivière, Marcher à pas égaux, d 'un rythll1e cadencé? Ils nlettent à profit ce reste de lumière Pour finir le travail dès l'aube conl111encé.

Sous le soleil de feu, sans trève ni relâche, Ils ont coupé les foins; ;:tu village attendus, Ils ne partiront pas sans achever leur tüche; Ils veulent qu'à la nuit tous leurs prés soient tondus.

Dans le calnle du soir, il fait bOll les entendre; Il fait bon d'aspirer, dans un air frais et doux, Ces odeurs de gazon, ces parfums d'herbe tendre, Qui du talus des prés s'élèvent jusqu'à nous .

Le jour s'efface au loin; ses lueurs étouffées Meurent sur les hauteurs, s'éteignent sur les eaux; Et chaque vent qui passe apporte par bouffées L'enivrante senteur des herbes en monceaux. Autl'Qn.

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II. VOCABULAIRE

NONIS. - On trouve dans les prés, les ]J1'wnes des herbes: sainfoin) trèfle, luzerne, des fleurs: pâquerettes, prilnevères, on fait des andains, des meules, des bottes, on voit des faucheurs, des faneuses, des charretiers, on se sert de la faux, du râteau, de fourche, de pierre à aiguiser. Le soleil, la chaleur sèche le four­l'age pour la nourriture du bétail: bœufs, vaches, chevaux, n10U­tons, chèvl'es, lapins en hiver. En juin se fait la fenaison, la cou­pe des foins. La faux se compose d'une IClIne en acier, d'un InCl11-che en bois de frêne avec deux poignées; l'herbe, herbivoire, her­bage, herbette, herboriste.

ADJECTIF S. - Les herbes hautes, coul'tes, fines, fournies, légères, épaisses, nourri~scmtes, juteuses, odorantes; les prairies vastes, étendues, arrosées, verdoyantes, fleul'ies. La faux bl'illan­te, tranchante, vieille, neuve, aiguisée, recoul'bée. Charrette hau­te,remplie, pleine, pètite. Le faucheur adroit, habile, travailleur, laborieu x , l1wtinal, actif, les faneuses gaies, rieuses, jeunes, vi­vantes, aimables.

VERBES. - j-?aucher, couper, tailler, arracher, cultiver, Clr­l'oser, séchel', faner, charger, l'entrer, fOl'mel') retourner, diriger, cueillir, parfUlner, sentir, aiguiser, fixer, tenir, porter, battl'e, tranchel', recourbeT, fournil', briller, herbol'iser, l'echercher, jon­chel', entassel', brasser, lieT) haleter) l'amasser, en1buLlD1er, ap­puyer, 111Cll'clzer, travailler, co.uler, transpirer, boire, n1Onter, cles­cenche, goûter, se coucher, s'allonger, clonnir, se reposer, aigui­ser, offiler.

III. ORTHOGRAPHE

Préparation: 1) Lecture du texte par le nlaître. 2) -Idée gé­nérale du nlorceau; situer l'action s'il y a lieu. 3) Explications: 0) des 1110ts; b) des idées; c) des règles de granunaire qui se ren­contrent dans le texte.

1. La chanson de la faux

Assis sur la terre battue de l'aire, les honllnes redressent à grands coups de marteau le trat1c;hant de leur faux. Le clou à grosse tête, fiché dans le sol, sert d'encllune, et les lalnes, lui­santes COlnIlle des poissons sortant de l'eau, chantent enselnble. Le nlatin, à nlidi, le soir, la chanson reconlnlence, toujours pa­reille, jamais la Iuêlne, tantôt cadencée, tantôt brisée et boîteuse.

R. EscllOlier.

2. De bon matin

Il est cinq heures. Une buée légère s 'élève du fond de la vallée. Le village s 'éveille; les portes s'ouvrent sur la rue; une femnle se rend à la fontaine; l'ombre des cuisines s'éclaire, les

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flalllllleS sc tordent sous la lIlannite et la fumée bleue nlonte au­dessus des toits. Et déjà, SUl' les prés, derrière les luaisons , chante le bruit cadencé des faux qn on aiguise . B. Vallotton.

3. Soir de fenaison

Le ciel est un peu rouge au-dessus de cette large et sonlbre cuvette que font les forêts -et les collines. Et ces colliqes sont ron­des -et alignées comnle les tas d 'herbe sur le pré ras. On voit le Illince sentier dessiné en vert au Inilieu clu chaInp jaune. Il lllonte du ruisseau bordé de grands arbres vers ces hommes et cette fenllne qui ratissent sur la pente.

Ils finissent de charger le char de foin. Avec leurs fourches , les trois hom.nles élèvent au-dessus de leur tête l'andain comme une grosse perruque. A genoux sur le haut du char, le jeune hOlTune étale l'herbe, la tasse comme il faut. La jeune fenlnle , dont le cou nu et fort sort du long tablier découpé en carré, ratis­se avec le râteau de fer, aux dents recourbées, les herbes échap­pées aux fourches. Ils travaillent sans rien dire, dans le silence de ce grand jour de travail qui finit. René 11lorox.

4. La chanson du foin

Etiennette ratisse le foin bien sec. qui jonnche la prairie. Un beau soleil de juin, auquel ies trous de son chapeau déchiré li­vrent passage, lui rougit les joues. Le foin fauché est dendu clans tont le ,chaInp . Elle le rassemhle en gerbes. Il y en a déjà qnel­ques nlottes de ci, de là, conl111e de grosses bosses. La jeune fille est toute seule, elle chante, e t sa chanson monte d~ns l'air pur. Tout ce coin du pays senlble chanter avec elle, le ruisseau qui déborde et s 'en va rafraîchir le gazoll, les grillons dans les haies, les oiseaux dans les branches. Et même quelques brebis tassées près du bois qui borde le pré font de temps à autre leur parUe danns ce concert. Henri Bordeaux.

5. Soir de fenaison.

C'était un Isoir de fenaison, le soir d 'une journée de travail et de chaleur. Le soleil descendait lentemellt sur l'horizoll, incen­diait les 1)r~S, la rivière lenle, Je lointain vaporeux, d 'une flmubée de ltunière rouge. L'air retombait 11loite, inllllobile, pamé, et la chaleur était suffocante. On se hütait dans l'incertitude du temps et dans la fièvre de la besogne qui s achève.

La prairie, tondue par endroits COlIlme une pelouse, effleu­rée de rayons obliques et chauds, était toute vibrante du susurre­ment des faux, du bruit aigu et lointain des faucheuses dévidant leurs engrenages . Les tas de foin anl0ncelés projetaient de gran­des ombres, qui, insensiblem.ent, s'allongeaient encore. A d'au­tres places, les foins prêts à être fauchés, renlplis de fleurs, sca­bieuses, de velours pMe et Iuarguerites blanches s'étalaient sous

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une nappe de hlluière chaude, pareill e à une buée où tourbillon-: naient pêle-mêle des vols de nloLlcherons, des pollens fécondants,. des aI'OlneS insaisissables.

Dans un grand pré qui descendait en pente vers, la rivière aux berges vaseuses, obstruées de roseaux et de joncs fins , UlL

hOilllne fauchait. ·Campé d'aplOlnb sur ses reins solides et les ge­noux ployés, son buste allait et venait de droite à gauche, d 'un nlouvenlent égal et cadencé, tandis que la faux coupante passait dans' l'herbe dure, Chaque fois , il avançait d 'un pas; derrière lui s'cunoncelait la jonc.hée odorante. S'étant arrêté pour respirer un peu il s'appuya sur le manche de sa faux . La sueur ruisselait à flots de son front hâlé. Alors, s'étant baissé, il prit . un baril de chêne caché dans une touffe d 'herbe et il but longuement, gou­lîllnent, la tête renversée en arrière, laissant tOlnber dans sa bouche grande ouverte le filet de vin rouge. Le col de sa che­lnise de toile rude, entr'ouvert, laissait voir sa poitrine velue, Jon gosier qui montait et descendait ; il souffla bruyanllnent.

E. Moselly. 6. Matin de juin

Une bande lunlÎneuse s'étend à l'horizon. Les n1erles, les pin­sons, les fauvettes saluent l 'aube tour à tour. Bientôt l'aurore suc­cède à l 'aube. Sous les premiers rayons de soleil, les gouttes de rosée suspendues aux feuilles r esplendissent d 'un éclat sans pa­reil. Une brise fraîche dissipe le léger voile de brume qui s'étend SUl' les prairies : il n e reste plus que quelques gouttelettes accro­chées conune des diamants aux branches fines des buissons.

La terr e se ranime; la vie recon11uence : les insectes se sont réveillés et s 'agitent sous les feuilles et la n10usse; les papillons prennent leur essor et butinent sur les prairies où les 111arguerites luêlent leurs cOl'o]]es blanches aux épis rosés des esparcettes. Déjà le paysan est au travail. Il fauche l 'herbe fraîch e et l)arfum.ée. De telnps en telnps, il regarde les chalnps qu'il a ensemencés. Il les adnlire en silenc.e, en songeant à la prochaine Inoisson.

(Neuchfltel: examen de sortie des classes.) Exercices d'application

1) Raisonner les accords s'il y a lieu. 2) Indiquer la fonc­tion de certains nlots . 3) Attirer l'attention sur l'orthographe' d'usage, sur les hynlonyn1es. 4) Analyse logique et gramnlaticale. 5) Permutions diverses. 6) Dérivés et cOlnposés. 7) Familles de nlots. 8) Conjugaisons. 9) Imitation de phrases. 10) Rédaction en rapport avec la dictée.

IV. COMPOSITION FRANÇAISE

La phrase - Le paragraphe - La rédaction

1) COll1poser des phrases avec les mots du vocabulaire: 2) Exercice de conjugaison avec les n10ts du vocabulalre_

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3) Le paragraphe. 4) Réda ction: 1. Les faucheurs au travail. - 2. La fenai­

son . - 3. Vous avez pris part ù une journée de fenaison, racontez ce que vous avez vu, entendu, senti. Quel plaisir avez-vous ép rou ­vé ? - 4 . '\ ous passez près d'une prairie en fleurs; le soir, cette mêlne prairie est fauchée, cOluparez les deux aspects qu 'elle pré­sente à l'un et à l 'autre mom ent de la journée. - 5. Décrivez les f an eurs r entrant le soir au village. - 6. Décrivez une fau­cheuse au nlÎli eu des champs . COlnparez le travail qu 'elle f oin'­nit à celui du faucheur . Qnelles réflexions cette comparaison vous suggère-t- elle ?

Deuxième semaine.

Centre d'intérêt: L'ÉTÉ

J. RECITATION

Eté

L'été rayonne! Des fruits, des roses Dans nos jardins ; De belles choses A pleines mains !

Les bois, les chan1ps Que juin couronne Sont triomphants !

Tout nous enivre! Tout nous ravit. ! Le cœur est ivre : On sent qu'on vit 1 Al1lwik Le Lértl'd.

L'été

L'été, la nuit bleue et profonde S'unit au jour IÎlnpide et elair; Le soleil est d'or, la plaine est blonde; On entend des chansons dans l'air.

L 'été, la nature éveillée Partout se répand en tous sens, Sur l'arbre, en épaisse feuill ée , Sur l'homme, en hienfaits caressan t.":i.

Alors, la lnasure, où la mousse Sur l'humble chaume a débordé, Montre avec fierté douce, Son vieux lnu!', d e roses brodé.

L'aube alors de clartés baignée Entrant dans le réduit profond Dore la toile d 'a raignée Entre les poutres du plafond. V. Hugo.

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Il. VOCABULAIRE

Les NOMS. - L 'été, l11essidoJ'; l'ardeur, l'éclat du soleil, la pureté de l'ail') l'intensité de l'azuJ', des couleUl's; la sieste, un parasol une insolation; la soif; des boissons d'été, l'accablem.ent de la n~ttul'e; les estivants, les spol'ts de plein air, la natation, le canotage.

Les ADJECTIFS. - La saison estivale; un ciel pUl', az uré;· le soleil éclatant, aux l'ayons implacables; une chaleur insuppor­table tOl'ride' une IUlnière dont l'éclat est insoutenable; l'Olubre l'are,' la siest~ prolongée; une soif inextinguible; un orage épou­vcmtable et subtil; les récoltes cumprom.ises, peJ'Clues; les distrac­tions chmnpêtl'es, saines.

Les VERBES. -- Le soleil luit, éblouit, rayonne, altère les hOlnlnes, tarit les sources, dessèche les plantes, purifie l'ail'; des senteurs chaudes s'exhalent du sol, les fleurs se flétrissent, les. herbes se fanent, les bêtes sOlnnolent, les hon1n1es recherchent l 'Olnbre fraîche ·des bois.

III. ORTHOGRAPHE

Con1lue au centre d 'intérêt précédent.

1. L'été au village

L e nlunuure du village peu à peu s'apaisa, s 'éteignit conllne étouffé pal' la chaleur de plus en plus écrasante. Les n1urs s 'ef­fritaient. Les briques s'alllunaient pareilles à des brai~es écarl~­tes. Les ardoises étincelaient connue des plaques de fer. La rI­

vière exhalait une bruIne de sueur. La route grise ardait, ainsi que la cendre. Et les vanniers cessèrent l'un après l'autre leurs. chansons, et s'étendirent sur les tas d 'osier frais. Alors, rien ne palpita plus dans le villa$e. La fluné~ ~ll~-mêm~, sortant de chaque toit, semblait dornur tant elle etaIt llnlnobIle.

J. Richepin.

2. L'orage

Le ciel a des lueurs violettes . De sourds grondements de tonnerre ébranlent la n10ntagne, éveillant des échos qui les re­doublent. La vallée devient sinistre: le ciel s 'appesantit, projetant une lun1Îère qui sculpte brutalem~nt le paysage. Les chaî~es .de n10nta a nes prennent des allures fantastIques. De grands eclaus 111auve~ zigzaguent, frappent les forêts sOlnbres. Sur l'étroite plate­forme, .Mathilde contenlple le ciel redoutable, dont les lnenaces se font plus proches; elle comprend les terreurs primi~ives .qu'au­jourd'hui les habitants des villes ne peuvent lnêlne llnagmer.

Frédériic LefèvJ'e.

3. Les fleurs de glais

Derrière la fenne, il y avait un fossé plein d'eau où crois:. saient de belles fleurs jaunes: c'étaient des fleurs de glais. J 'avais

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à peine quatre ou cinq ans : je portais encore les jupes. Par une belle après-lnidi d'août, je ln'en allai seul vers le fossé. Depuis quel'ques jours, les fleurs de glais conllnençaient à s 'épanouir et les Inains Ille dém.angeaient d'aller cueillir quelques-uns de ces beaux bouquets d'or .. J'arrive au fossé . Je descends bien dOllce­lnent sur le talus 1 Je place n1es petons bien ras, bien r3S de l'cau: j 'envoie la Inain; je m'étire tant que je peux ... et patatras ! je nl'étale dans la vase. Aïe 1 Aïe! Je lue dresse comlne je penx, je erie c.omme un perdu. Ma n1ère aceourt. Elle lue saisit~ elle 111 'a1'­l'ache tout noir de la boue et troussant ma petite robe: vlin! vlan! elle lu'applique une fessée retentissante. « Y retourneras­tu, entêté, aux fleurs de glais ? Y retourneras-tu pOllr te noyer? Une robe toute neuve que voilà perdue! Petit nlOnstre ! » Et crot­té, pleurant, je m'en revins à la fenne la tête basse. F. 111istl'01.

4. Le bain

Poil de Carotte conllnence de se déshabiller, à l 'écart. Tl ôte ses vêtements un à un et les pile avec soin sur l'herbe. Il noue ses cordons de souliers et n'en finit plus de les dénouer. Il lnet son caleçon, enlève sa cheluise, et, COn1l11e il transpire, il attend encore un peu.

Déjà, grand frère Félix a pris possession de la rivière et la saccage en lnaître. Il la bat à tour de bras, la frappe du talon, la fait éCluuer, et, terrible, au 111ilieu, chasse vers les bord"! le troupeau des vagues courroucées.

- Tu n'y penses plus, Poil de Carotte? deluande M. Lepic. -Je n1e séchais, dit Poil de Carotte.

Enfin, il se décide, il s'assied par terre et tâte l 'eau d'nu orteil... En lnême te111pS il se froUe l'estOluac qui p eut- être n ';1 pas fini de digérer. Puis il se laisse glisser le long des racines ... Quand il a de l'eau jusqu'au ventre, il va reluonter et se :muver. Il lui selnble qu'une ficelle lnouillée s 'enroule peu à peu autour de son corps comlue autour d'une toupie. Mais la nlotte où il s'appuie cède, et Poil de Carotte tOlube, disparaît, barbote et se redresse, toussant, crachant, suffoqué, aveuglé, étourdi.

Exercices d'application

Comnle au centre d'intérêt précédent.

Jules Renard.

IV. COMPOSITION FRANÇAISE

La phrase - Le paragraphe - La rédaction

1-2-3 conllue au centre d'.intérêt précédent. 4) Rédactions: 1. A la baignade. - Vous allez vous baigner. te lieu. Vou's

vous déshabill ez. A l'eau! Barbotage, nage, plongeon. Jeux dans l'eau.

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2. Sur le seuil des portes, un soir d 'été au village. Début. --­C'est l'heure du repos, des conversations entre voisins , dans la fraîcheur de la nuit sereine, sous le ciel piqué d 'étoiles. Devant toutes les Inaisons des groupes se sont formés. Description d es .groupes, les attitudes. rcL .. là ... etc.

3. Par un clair Inatin d'été vous avez entrepris, avec vos p:=t­l'ents, vos camarades, une excursion (canlpagne, forêt, 111onta­crne) qui s'annonce pleine de gaieté et d 'entrain. Mais, brusque­~ent, un orage survient. COlnUlent réagissent les différents 111e111-bres de votre petite troupe? Conlinent se termine l'aventure? Racontez.

4. Mettez en présence un citadin en vacances ù la campagnè et un paysan. Leur conversation roule sur les bienfaits et les Inéfaits de la chaleur. Rapportez leur dialogue de façon animée et justifiez, s'il se peut, l'opinion de l'un et d e l'autre.

Livre de lecture Nos 22, 57 , 178.

HISTOIRE

La vie aux tranchées (1915 .. 18)

1. L'oI.'g(lni~atioI1 du Iront.- Dès le début, l 'ennemi s ' or?(~­njsa puissamment: il lnultiplja les lignes de tranchées, constl'lllstt d e so lides abris, jeta des réseaux de fil de fer barbelé qu'il pla~a .sous le feu de mitrailleuses d e plus en plus nombreuses, tandIS qu'une artillerie spéciale pour tirs à courte d~s~al~ce faisait l?leu­voir d'énormes torpill es . Les obus allem.ands faISaI ent de ternbles ravacres dans ces nlasses d 'honnnes qu'on ne savait pas échelon­ner ~n profondeur. A la longue, cependant, tout espoir d 'une of­fensive (J'énérale étant ajourné, les Français s'organisèrent métho­diqueln~lt ù leur tour. ~!(atériel et n1l1l1ition~ cor~lnlencèr~nt à af­Jluer de l'arrière. Sur une longueur de 20 lolonletres enVIron, les deux fàrmidables systèmes de tranchées ennemies abritèrent deux peuples de soldats 'sans cesse exposés à la nl0rt. Voici quelques scènes de cette existence.

II. La relève. - Un régiInent qui est ·au repos dans un villa­ge ù l'arrière du front reçoit ~ ' ordre d~ se porter , en première ligne pour remplacer un autre régnnent qUI se reposera. a son tour. On .s'est préparé immédiatenlent après la soupe ~u SOlI' et l'on se nlet en route ù nünuit. Il pleut. Deux heures, trOIS heures de nlarche. On entend de plus en plus distinctement ~e c~aquenlent se? (~es fusils et le crépiteillent des rafales de nutraIlleuse. Des fusees éclairantes jaillissent et jalonnent la ligne de feu. Il faut entrer dans le pre~i " 1' « boyau », plein d 'une boue glissante: les hommes

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y descendent en file indienne. Des balles sifflent au-dessus des' têtes et frôlent les talus. L 'ennemi se douterait-il de quelque chose? Va-t-il déclencher un tir d 'artillerie? Ces relèves sont souvent aussi meurtrières que des attaques. Les guides fournis par le réginlent relevé conduisent enfin les diverses unités sur Leurs positions: voici les abris, les munitions; on transmet les consignes: ordre de la division de prolonger telle tranchée, de creuser tell e nline ... Au revoir et bonne chance. Les guetteurs prennent leurs postes, les officiers reconnaissent leur secteur, les hommes partent pour les premières corvées ou s'accroupissent Sur les banquettes. La longue et monotone garde des tranchées a reconuuencé pour eux.

III. En première ligne. - Avant le jour, les corvées revien­nent des cuisines: elles apportent le café dans des bidons de fer. Il arrive aussi que l'ennelni bOInbarde sans trève 1 itinéraire de ces corvées. Les hOInmes tombent. Le café et la soupe n 'arrivent plus et pas davantage les lettres toujours attendues. En de tels jours, Îlnpossible de se tenir nlême aux créneaux: des n1Îtrail­leurs, les tireurs d'élite guettent la nloindre iInprudence. Quel­que chose se prépare de l'autre côté.

IV. Le bOll1bClrdement. - Une première trombe d 'obus s'abat soudain sur la tranchée. Sifflelnents et explosions se succèdent à présent. Des 77, à profusion, et des gros qui ouvrent de profonds entonnoirs. Ils tombent en avant, en arrière, dans la tranchée aussi. Ils écrasent, ils broient, ils fracassent.

V. L'attaque. - Soudain une brusque accahnie. C'est l'at­taque. L es nlÏtrailleuses crachent, on tire presque ù bout portant.. Certains cherchent une brèche dans le réseau des barbelés; d 'au­tres tentent d e les franchir d'un bond ... Notre barrage n 'a pu être franchi. L 'ennemi recule et laisse ses morts sur le terrain. Il reviendra peut-être au petit jour. On répare en hâte les ef­fets du bOInbardell1ent. Le ravitaillement en cartouches arrive.

Attaque partielle qui intéresse une partie très restreinte du front. En Champagne, à Verdun, sur la SonlIne, les tranchées finirent par être nivelées sous les obus; des unités entières furent anéanties en quelques instants; les vagues d 'assaut sans cesse renouvelées amoncelèrent des cadavres que les deux artilleries adverses continuaient à délnelnbrer. Visions d 'horreur qu'aucune guerre n 'avait encore présentées pareillement à l 'imagination des hOlllll1es . .

VI. Vers le l'epo~. _ . Ce qui reste d un régiment est ~nfin re­levé à son tOUI". On voudrait conserver la lnémoire de ceux qui sont tombés sur place, et des autres qui ont agonisé au poste de secours, il. quelques pas de leurs camarades. Mais voici des ren­forts pour combler les vides. Au repos, on trouve un village avec

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des lnaisons encore debout, avec d es arbres, des civils , de l' eau propre, de la paille dans les granges . Et la nlisère de ces h0111-Ines est telle qu'ils oublient dans l'heure présente l' enfer où ils rentreront den1ain.

B IBLIOGRAPHIE

L'ELECTRICITE POUR TOUS

Tev ue trimestl'ieUe éditée 'p ar ,l'E lectrodiffusion à Zuri ch , en lia ison .a vec l 'OFEiL, à Lausanne, No 1/1940, l 08èm e année, 16 pages, 7 i.llus­tra tions. - Sommaire : « Ce cru e l'on n e voyait p.as en 1914 »; « .La coservation d es deluées p érissahl es)) ; « Notre approvisionnem ent ·en énergi e élec triqu8 )) ; « Eblouissem·ent )) ; (' La product ion d e la chaJeu l'l et le réglage de :la. tem pér ature)); .« IMots croisés)); « Recettes d e cuisina )); etc.

NÉCROLOGIE

t Madame Marie CHEVRIER-QUINODOZ (1907-1940)

Le 12 Iuars nous arrivait p ar la voix de la presse, la triste nouvelle du décès de MIne Marie Chevrier -Quinodoz, institutrice à St-Martin.

L'inexorable faucheuse a ravi , à 4 enfants, orphelins déj:) (l e leur père, une 1uère admirable de dévouelllent et si courageuse dans l 'épreuve.

Le personnel enseignant p erd en Mme Chevrier une ins tit~~­tri ce de valeur. Ses collègues pleurent une mnie au cœur d 'or, qu Il faisait bon rencontrer aux h eures de lassitude.

La lnaladie l'a terrassée en peu de tenlps. Après un n10is d'hô­pital où une pleurésie la tenait alitée , son nlal dégénéra bien vite en une 11léningite foudroyante.

-Dieu l 'a prise. Ses desseins sont insondables, nous devons nous incliner devant sa volonté.

Elle goûte maintenant le grand repos, la grande récompense promise au bon serviteur qui a cOlnbattu le bon cOlnbat.

Que tous ceux qui l'ont connue, aient une prière pour elle et un ,souvenir pour ses enfants .

Des amies de la défunte.

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