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1
UNIVERSITE PIERRE ET MARIE CURIE
(PARIS 6)
FACULTE DE MEDECINE PIERRE ET MARIE CURIE
Année 2016 THESE No 2016PA06G039
Pour le
DIPLOME D’ETAT DE DOCTEUR EN MEDECINE
MEDECINE GENERALE
Par
Victoire SEGOND Née le 21 septembre 1987 à Paris 14ème
Présentée et soutenue publiquement le jeudi 16 juin 2016
Réaction et communication des médecins généralistes en
Ile-de-France face à des parents s’opposant aux vaccins
pour leur enfant.
Etude qualitative par entretiens semi-dirigés.
Directrice de thèse
Dr. Hélène CHAPPUY (MCU-PH)
Président du jury
Pr. Emmanuel GRIMPREL (PU-PH)
Membres du jury
Dr. Gilles LAZIMI (MCU)
Dr. Magali STEINECKER (chef de clinique de MG)
2
Liste des abréviations :
AAP : Académie Américaine de Pédiatrie
AME : Aide Médicale d’Etat
APM : Agence de Presse Médicale
ARS : Agence Régionale de Santé
BEH : Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire
CHU : Centre Hospitalier Universitaire
CMU : Couverture Maladie Universelle
CRIP : Comité de Recueil et d’Information Préoccupante
CTV : Comité Technique des Vaccinations
CV : Couverture Vaccinale
DPC : Développement Professionnel Continue
DREES : Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statis-
tiques
DTP : Diphtérie-Tétanos-Poliomyélite
FMC : Formation Médicale Continue
HAS : Haute Autorité de Santé
HCSP : Haut Conseil de la Santé Publique
HPV : Human Papilloma Virus
IDR : Intradermoréaction
3
INPES : Institut National de Prévention et d’Education
InVS : Institut de Veille Sanitaire
IST : Infection Sexuellement Transmissible
MECSS : Mission d’Evaluation et de Contrôle de la Sécurité Sociale
MG : Médecin Généraliste
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
ONIAM : Office National d’Indemnisation des Accidents Médicaux
PMI : Protection Maternelle et Infantile
ROR : Rougeole-Oreillons-Rubéole
4
Remerciements :
En tout premier lieu, je tiens à remercier chaleureusement Hélène Chappuy : de m’avoir
montré pendant six mois comment être un bon médecin aux urgences pédiatriques de Trous-
seau, de m’avoir proposé ce sujet passionnant, un joyeux soir de garde commune, et enfin
d’avoir accepté de diriger ce travail, avec la patience et la gentillesse qui te caractérisent.
Je remercie également vivement le Professeur Emmanuel Grimprel d’avoir aussi spon-
tanément et rapidement accepté de présider ce jury. J’ai pu profiter de vos immenses connais-
sances à ce sujet, notamment lors des cours que vous avez donnés dans le cadre du DIU d’ur-
gences pédiatriques, qui m’avaient donné l’envie d’être incollable en infectiologie !
Merci également à Gilles Lazimi d’être présent à ce jury, je garde un excellent souvenir
de mon stage ambulatoire au sein de votre centre municipal de santé. Et merci enfin à Magali
Steinecker d’avoir gentiment accepté de participer à ce jury.
Je remercie mille fois mes parents, qui m’ont portée, pendant toutes ces années d’étude,
supportant tempêtes et accalmies, avec la même motivation. Après toutes ces années où je ne
vous ai pas toujours épargnés, je vous dois de tout faire, maintenant, pour être un bon médecin,
usant chaque jour des valeurs que vous m’avez inculquées.
Merci à ma chère famille sans qui je ne serai pas l’adulte accomplie d’aujourd’hui :
merci à mes trois sisters, Géraldine, Constance, Priscille, et à leurs familles, mes beaufs’ et leurs
petits bouts de chou dont je suis fan !
Merci à chaque personne rencontrée lors de mes stages d’interne : de la première géné-
ration, forcément exceptionnelle, à la sixième, chaque « famille » de co-internes m’a permis
d’avancer à vos côtés vers la pratique la plus noble de la médecine : soutien, amitié, écoute,
5
bonne humeur, travail, collégialité et don de soi pour ce si beau métier que nous apprenions
ensemble ! Merci également à mes maîtres de stage, et aux chefs qui m’auront marquée, et qui
m’auront montré un aperçu de ce que je veux être aujourd’hui.
Merci à mes relecteurs, merci d’avoir pris de votre temps pour vous pencher sur ce tra-
vail qui me tient tant à cœur.
Merci aux quinze médecins ayant accepté d’être interviewés sur leur lieu de travail,
chacun m’ayant énormément appris sur leur pratique, leur ressenti et leur expérience, et grâce
à qui ce travail a pu être complet, en tout cas réalisé avec grand intérêt.
Merci beaucoup à mes vieilles amies du collège, du lycée et de la fac, pour votre soutien
et votre présence permanente : à Frédou, Momo, Couz, Zaza, mes chères témouines ! Evidem-
ment, un immense merci à mon cher groupe de la fac de Bordeaux, grâce à qui le stress des
examens et des concours a été vécu ensemble, de façon studieuse mais joyeuse ! Vous serez
toutes d’excellents médecins, je suis très fière de vous, et j’ai hâte de repartir en vacances avec
vous, pendant de nombreuses années encore !
Merci à tous mes amis de Paris, de Bordeaux ou d’ailleurs, en espérant tous vous revoir
d’ici quelques semaines pour le D-day…
Hugues, merci pour ton amour, ta présence indispensable à mon bonheur. Merci pour la
vie que nous allons bientôt construire ensemble, je te promets d’avoir comme priorité de te
rendre heureux et fier de ta future femme !
6
« La douceur et la persuasion sont les moyens les plus efficaces pour
faire le succès de la nouvelle inoculation ». Joseph Fouché, 1808.
7
Sommaire :
Liste des abréviations……………………………………………………………….........…...2
Remerciements………………………………………………………………..........…………4
Sommaire ……………………………………………………………………………….….....7
1) Introduction………………………………………………………………………….........12
2) Vaccinations et opposition parentale………………………………......………………..14
A) BREF APERÇU HISTORIQUE SUR LES VACCINS : ............................................ 14
1. 1er vaccin en 1796 contre la variole :……………………………….…...………….14
2. Pasteur invente le premier vaccin vivant atténué en 1879:……………….………...15
3. Ses élèves créent à leur tour le BCG en 1921 :………….………………………….15
4. Les nouvelles techniques du 20ème siècle :………………….………………………15
B) COUVERTURE VACCINALE VERSUS OBJECTIFS VACCINAUX EN
FRANCE :……………………………………………………………………………….16
1. Objectifs vaccinaux :………………………….…………………………………….16
2. Couverture vaccinale pour chaque vaccin :………………………………………...17
C) LÉGISLATION VACCINALE : ................................................................................. 18
1. Les obligations vaccinales :………………………………………………………...18
2. Les sanctions pénales en cas de non-respect des obligations :……………………..20
3. L’indemnisation des effets secondaires :…………………………………………...21
D) COMPARAISON DES OBLIGATIONS ENTRE PAYS ........................................... 21
8
E) REVUE DE LITTERATURE CONCERNANT LES RAISONS DE REFUS
PARENTAL……………………………………………………………………………..23
1. Raisons liées à l’environnement :…………………………………………………..24
2. Raisons liées aux vaccins :…………….……………………………………………29
3. Raisons liées aux parents :…………….……………...…………………………….34
3) Méthode………………………………………………………….......……………………39
A) CHOIX DE LA MÉTHODE : ..................................................................................... 39
B) POPULATION D’ÉTUDE ET ÉCHANTILLONNAGE : .......................................... 40
1. Type d’échantillonnage :………………………….………………………………...40
2. Mode d’échantillonnage :………………………………….………………………..40
3. Raisons des refus :………………….……………………………………………….41
4. Saturation des données :………………….…………………………………………41
5. Critères d’inclusion :……………….……………………………………………….41
C) GUIDE D’ENTRETIEN : ............................................................................................ 42
D) PROCESSUS DE RECUEIL DES INFORMATIONS : ............................................. 44
E) CONFIDENTIALITÉ DES DONNÉES : .................................................................... 45
F) RETRANSCRIPTION ET ANALYSE : ...................................................................... 45
G) VALIDATION DE LA MÉTHODE PAR UN COMITÉ D’ÉTHIQUE:………...….46
4) Résultats:…………………………….....…………………………………………………47
A) DESCRIPTION DE LA POPULATION INTERROGÉE : ....................................... 47
1. Description démographique et professionnelle :…………...………………………47
2. Proportion représentée par la pédiatrie dans leur pratique: ……………....………...47
9
3. Place des vaccins dans les consultations pédiatriques: …………………………….48
4. Durée de l’interview :………………………………………………………………48
B) AVIS DES MG SUR LA VACCINATION DE L’ENFANT : .................................. 48
1. A propos de chaque vaccin :……………………….....………………...…………..48
2. Connaissance et opinion sur le calendrier vaccinal 2015 :……………...…………53
3. En accord avec le fait que certains soient obligatoires et d’autres recomman-
dés?.................................................................................................................................56
4. Connaissances sur la législation existante face au refus vaccinal:….……….…...…60
5. Sources utilisées pour s’informer sur les vaccins:…………….………….....….......60
6. Avis des MG sur les arguments évoqués par les parents opposants:…………...…..61
C) RÉCIT DE LA SCÈNE VÉCUE : ............................................................................... 71
1. Le type de vaccin en cause dans la scène…………….………………...…………...72
2. La réaction du médecin lors de la consultation:…………...……….……………….72
3. Conséquences de la consultation a posteriori:……………………………..……….75
D) ATTITUDE GLOBALE DU MG FACE À CETTE SITUATION : ........................... 75
1. La pratique du décalage des vaccins :…………………….………………………..75
2. Une identification des différents types parentaux ?...................................................77
3. Après identification, une adaptation de l’attitude du médecin en fonction du type pa-
rental ?............................................................................................................................79
4. Un ressenti négatif personnellement vécu par le médecin ?......................................81
5. Quelle importance pour les MG de convaincre les parents ?.....................................83
10
E) LES MOYENS PROPOSÉS PAR LES MG POUR AMÉLIORER L’OPINION
PARENTALE SUR LES VACCINS : .............................................................................. 84
1. Informations par le corps médical :……………………..…………………………84
2. Support papier, vidéos et sites internet :…………………………………………...87
3. Médias : messagers d’informations trop souvent négatives :……………………...88
4. Campagnes nationales d’information……………………….………...…………….88
5. Autres propositions…………………………………………………………………89
4) Discussion:………………………….....………………………………………………..…91
A) RÉSUME DES RÉSULTATS : ................................................................................... 91
1. Leur avis personnel à propos des vaccins pédiatriques :……….…………………..91
2. La scène vécue avec des parents opposants:………………………………………..92
3. La réaction globale des médecins :…………………………………………………93
4. Les moyens proposés pour améliorer l’opinion parentale sur les vaccins pédia-
triques :………………………………………………………………………………...93
B) METHODOLOGIE : ................................................................................................... 95
1. Les forces :………………….………………………………………………………95
2. Les faiblesses :…………………….………………………………………………..97
C) ANALYSE ET DISCUSSION DES RÉSULTATS :………...………………………99
1. L’avis personnel des médecins :……………………………………………………99
2. Les connaissances des MG sur les vaccins pédiatriques :……...…………………109
3. La scène vécue en consultation :………………….……………………………….112
11
4. Les moyens proposés pour améliorer la conviction parentale sur la vaccination de
leur enfant :……….………………………………………………………………….121
6) Conclusion………………………………………………………………………........….142
Bibliographie……………………………………………………………………………….144
Annexes……………………………………………………………………………………..150
1. ANNEXE 1: CALENDRIER VACCINAL 2015…………………………………150
2. ANNEXE 2 : TABLEAUX REGROUPANT LES ETUDES ANALYSEES SUR
LES MOYENS D’AMELIORATION DE LA CONVICTION VACCINALE…….151
Serment d'Hippocrate…………………………………………………………………….153
Liste des MCU et PU-PH de l'université Paris VI……………………………………….154
12
1) INTRODUCTION :
A l’heure où les patients consultent de plus en plus souvent leur généraliste (1), ce sont
pourtant une méfiance et une contestation face à leurs recommandations qui se constatent au
cours de ces dernières années. Cette observation est faite par de nombreux praticiens de ville,
en particulier lorsque la consultation au cabinet s’oriente vers le sujet de plus en plus polémique
des vaccinations pédiatriques. Une étude à travers les médias montre d’ailleurs à quel point
l’opinion française à propos des vaccins est l’une des plus négatives au monde (2). Cette mé-
fiance croissante envers les vaccins engendre des conséquences directes sur les objectifs de
Santé Publique. Par exemple, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) avait prévu une éra-
dication de la rougeole dans toute l’Europe pour fin 2015 (3). Or la diminution franche de la
vaccination a, au contraire, entraîné une réapparition massive, épidémique, de la rougeole, no-
tamment en France, depuis 2008 (4).
Si les raisons du scepticisme parental à ce sujet ont été largement étudiées depuis 2007,
la réaction du généraliste face à cette opposition l’est, en revanche, beaucoup moins. C’est
pourtant au sein du cabinet de ville, à travers la communication du médecin traitant, que la
décision fondamentale de vacciner leur enfant ou non, se construit dans l’esprit des parents.
D’ailleurs, le Sénat a rédigé un rapport sur les enjeux de la vaccination en France en
2006 (5), avec la mise en place d’un « plan national de santé publique en faveur de la vaccina-
tion, dès 2009 », dont un des objectifs est de « renforcer la place centrale du médecin dans le
dispositif vaccinal » et un autre de « renforcer la communication sur les vaccins auprès du grand
public.»
Trois thèses se sont penchées sur le sujet (6) , (7) et (8), en parlant respectivement des
vaccins en général donc également chez les adultes, de celui contre l’hépatite B, et du vaccin
contre la grippe H1N1. Mais comme nous le verrons, la communication du généraliste face à
des parents opposants est tout à fait spécifique et peut varier en fonction du degré d’opposition.
13
Notre étude se penche également sur l’avis personnel du généraliste par rapport aux vaccins, au
calendrier vaccinal et aux arguments les plus souvent avancés par les parents. Enfin, elle ana-
lyse également les différents moyens d’amélioration de l’opinion parentale sur la vaccination
pédiatrique, proposés par les généralistes au sein du cabinet de ville.
14
2) VACCINATIONS ET OPPOSITION PARENTALE :
A) BREF APERÇU HISTORIQUE SUR LES VACCINS :
1. Premier vaccin en 1796 contre la variole :
Pour pallier une pandémie mondiale particulièrement virulente, de nombreux essais non
probants d’immunisation contre la variole, également appelée petite vérole, ont été réalisés
au cours du 17ème siècle par d’étranges expériences (9), comme le dépôt de pus ou de
squames sur la muqueuse nasale des enfants d’Asie ou l’injection sous-cutanée d’exsudat
de plaie, en Afrique ou en Perse.
En 1718, une femme d’ambassadeur, Lady Mary Mortley Wortley, va introduire cette
notion en Angleterre, en racontant ce qu’elle a vu en Turquie (10) : « Les gens se demandent
les uns aux autres s’il y a quelqu’un dans leur famille qui a envie d’attraper la petite vérole. À
la suite de quoi ils organisent une réunion et quand ils sont tous là (en général quinze ou seize),
une vieille femme se présente avec une coquille de noix pleine de petite vérole du meilleur cru,
et elle demande quelle veine il vous plairait de faire ouvrir. Elle perce aussitôt avec une grosse
aiguille celle que vous lui offrez (ce qui ne vous fait pas plus de mal qu’une égratignure) et elle
introduit dans la veine la quantité de venin qui tient sur la pointe d’une aiguille… »
C’est finalement un anglais, Edward Jenner, qui réalise que la vaccine animale peut
protéger l’homme d’une maladie, sans la développer. L’idée n’est pas nouvelle mais la mise
en pratique est enfin un succès : nous sommes en 1796. L’inoculation de vaccine bovine de
variole par scarification superficielle se répand très rapidement dans toute l’Europe, grâce aux
premières campagnes de vaccinations.
Moins de deux cents ans plus tard, en 1976, après des décennies d’épidémies drama-
tiques, l’OMS annonce l’éradication mondiale de la variole grâce à ce fabuleux progrès. Si la
15
vaccination est bien respectée, la poliomyélite sera la deuxième maladie éradiquée au niveau
mondial, grâce au vaccin.
2. Pasteur invente le premier vaccin vivant atténué en 1879:
En 1879, en inoculant des germes frais de choléra à ses poules, Pasteur crée le premier
vaccin artificiel, après avoir identifié pour la première fois des germes comme le staphylocoque
et le streptocoque. C’est lui-même qui explique le principe de la vaccination (10) : « des virus
affaiblis ayant le caractère de ne jamais tuer, de donner une maladie bénigne qui préserve de la
maladie mortelle. »
En 1885, il crée le premier vaccin vivant atténué humain, contre la rage, administré à un
enfant.
3. Ses élèves créent à leur tour le BCG en 1921 :
Les pastoriens, les élèves de Pasteur, inventent le premier vaccin contre la tuberculose
en 1921 : le vaccin bilié de Calmette et Guérin, ou BCG, rapidement suivi par les autres vac-
cins : la diphtérie en 1923, le tétanos en 1927… encore utilisés aujourd’hui, bien qu’améliorés
depuis.
Les premiers vaccins viraux apparaissent en 1932.
4. Les nouvelles techniques du 20ème siècle :
Au XXème siècle, le vaccin combiné contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite, le
DTP, et le BCG datant d’avant 1964 sont obligatoires en France. Les vaccins arrivant après
1964 sont, eux, systématiquement recommandés pour la population générale.
En 1976, une nouvelle technique apparaît : la création des vaccins polyosidiques : ils ne
comportent que des sous-unités de virus, moins efficaces mais mieux tolérés. Les inconvénients
de ces vaccins sont qu’ils ne protègent pas les nourrissons, que leur protection ne dure que
16
quelques années d’où la nécessité de rappels, et qu’ils ne diminuent pas le portage de la bactérie
(11).
B) COUVERTURE VACCINALE VERSUS OBJECTIFS VACCINAUX EN FRANCE :
1. Objectifs vaccinaux :
En 1998, l’OMS annonce les objectifs vaccinaux suivants (5) :
Tableau 1 : Les objectifs de maîtrises de maladies par les vaccins, en Europe, fixés en 1998.
En France, la loi du 9 août 2004 (12) relative à la Santé Publique, prévoyait notamment,
selon l’objectif 42, que pour les « maladies à prévention vaccinale relevant de recommanda-
tions de vaccination en population générale : [on arrive à] atteindre ou maintenir (selon les
maladies) un taux de couverture vaccinale d'au moins 95% aux âges appropriés en 2008. »
Plus précisément, les objectifs vaccinaux en France sont, selon la loi du 9 août
2004 (13):
MALADIE OBJECTIFS ECHEANCES FIXEES
EN 1998
Poliomyélite Elimination 2000
Tétanos néonatal Elimination 2005
Coqueluche Réduction de l'incidence à moins de 1 cas/100
000 habitants
2010
Diphtérie Réduction de l'incidence à moins de 0.1
cas/100 000 habitants
2010
Haemophilus
Influenzae Type b
(infections invasives)
Réduction de l'incidence à moins de 1 cas/100
000 habitants
2010
Hépatite B Réduction de l'incidence de nouveaux porteurs
chroniques de 80%
2010
Oreillons Réduction de l'incidence à moins de 1 cas/100
000 naissances vivantes
2010
Rougeole Interruption de la transmission de la rougeole
autochtone
2010
Rubéole Réduction de l'incidence des infections
rubéoleuses congénitales à moins de 1
cas/100 000 naissances vivantes
2010
17
-une couverture vaccinale de 80% par le vaccin contre l’hépatite B chez les nourrissons de
2 ans, et de 75% à 15 ans.
-une couverture vaccinale (CV) par BCG supérieure à 90% chez les enfants à fort risque
de tuberculose.
-une CV de 95% chez les nourrissons de 2 ans pour le premier rappel des vaccins contre
DTP, coqueluche, pour les 3 injections et le premier rappel contre Haemophilus influenzae,
-une CV de 90% au même âge pour le schéma complet par le vaccin anti-pneumococcique
conjugué
-une CV de 95% au même âge pour la première injection par ROR, et de 80% pour la
deuxième injection,
-une CV de plus de 90% pour le schéma contre le méningocoque C à 24 mois.
2. Couverture vaccinale pour chaque vaccin :
On rappelle que la couverture vaccinale pour un vaccin est le rapport entre le nombre
de personnes vaccinées pour ce vaccin et le nombre total de personnes inclues.
Pour chaque maladie, un taux de couverture vaccinale dans chaque pays est calculé pour obtenir
l’élimination totale de la maladie.
Par exemple, pour la rougeole, le niveau de couverture vaccinale devrait atteindre 95%
afin d’arriver à son éradication. Mais ce taux « n’a jamais été atteint depuis l’intégration de
cette vaccination dans le calendrier vaccinal, ce qui explique l’épidémie qui a provoqué des
milliers de cas entre 2008 et 2011 », d’après le dernier rapport de la couverture vaccinale en
France publié par l’INVS en 2012 (14). Il retrouve les résultats résumés dans le tableau 2 :
18
Tableau 2 : Couvertures vaccinales françaises selon le rapport de l’INVS de 2012.
Il est donc bien visible que, par rapport aux objectifs établis par la Loi, les couvertures
vaccinales ne sont suffisantes que pour le DTP et le BCG, vaccins les plus anciens, les mieux
connus, permettant un recul rassurant autant pour les médecins prescripteurs que pour les pa-
rents. Les autres vaccins ont des couvertures non suffisamment larges pour éviter la diminution
de la circulation des agents pathogènes et la protection optimale de la population française.
C) LEGISLATION VACCINALE :
1. Les obligations vaccinales :
En lien avec le Haut Conseil de la Santé Publique, le ministère de la Santé est respon-
sable de la communication des recommandations à propos des vaccins, et des lois les régissant.
Actuellement, seuls les vaccins contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite sont
encore obligatoires, pour des raisons plus historiques que scientifiques, car tous les autres vac-
cins mis sur le commerce après eux, ne sont que recommandés.
Le vaccin antidiphtérique est obligatoire depuis 1938, selon l’article L311-1 du Code de
la Santé Publique (15): «Les vaccinations antidiphtérique et antitétanique par l'anatoxine sont
CV à 2 ans CV à 6 ans CV à 11 ans CV "jeune fille"Objectif vaccinal atteint?
BCG 78% 96% 98% OUI
DTP 98% 96% OUI
Coqueluche Ca 98% 94% ne sait pas
Haemophilus HiB 88% NON
Pneumocoque 86% NON
Hépatite B 51% NON
Rougeole 89% 1dose NON
52% 2 doses 74% NON
HPV 53.8% 1 dose ne sait pas
19
obligatoires, sauf contre-indication médicale reconnue ; elles doivent être pratiquées simulta-
nément. Les personnes titulaires de l'autorité parentale ou qui ont la charge de la tutelle des
mineurs sont tenues personnellement responsables de l'exécution de cette mesure, dont la jus-
tification doit être fournie lors de l'admission dans toute école, garderie, colonie de vacances
ou autre collectivité d'enfants. »
Le vaccin antitétanique est obligatoire depuis 1940, selon l’article L311-4, et le vaccin
anti-poliomyélique depuis 1964, selon l’article 311-3 du Code de la Santé Publique.
Les obligations légales concernent les injections de DTP à 2 mois, à 4 mois et 11 mois,
ce qui correspond à la primo-vaccination, ainsi que les rappels à 6 ans puis 11 ans uniquement
pour la poliomyélite.
Notons par ailleurs que si le calendrier vaccinal se simplifie avec une diminution du
nombre total d’injections pour les vaccins obligatoires, cette modification n’est pas faite dans
les articles réglementaires pour le vaccin contre la poliomyélite, où les trois injections à 1 mois
d’écart, et le rappel à 16 mois sont encore notés comme obligatoires !
Ces trois obligations sont globales en France, et concernent tous les enfants, qu’ils ail-
lent en collectivité ou non. Mais comme le décrit l’article L311-1, le contrôle des vaccinations
se fait principalement lors de l’admission de l’enfant en collectivité. En effet, « L'admission
dans tout établissement d'enfants, à caractère sanitaire ou scolaire, est subordonnée à la pré-
sentation soit du carnet de santé, soit des documents en tenant lieu attestant de la situation de
l'enfant au regard des vaccinations obligatoires. A défaut, les vaccinations obligatoires sont
effectuées dans les trois mois de l'admission », selon l’article 3111-7 (15).
L’obligation de réaliser le BCG a été suspendue par le décret 2007-1111 de juillet 2007.
Elle est devenue une simple recommandation, après accord du Comité Technique des Vaccina-
tions et du Conseil Supérieur d’Hygiène Publique pour la France.
Pour la population générale française, hors obligations chez les professionnels de santé,
seule la typhoïde est également obligatoire, en Guyane.
20
2. Les sanctions pénales en cas de non-respect des obligations :
Selon l’article 311-2 du Code de Santé Publique (15) : « les personnes titulaires de
l’autorité parentale ou qui ont la charge de la tutelle des mineures sont tenues personnellement
responsables de l’exécution de cette mesure [la vaccination], dont la justification doit être
fournie lors de l’admission dans toute école, garderie, colonie de vacances ou autre collectivité
d’enfants. »
Concrètement, l’article 311-4 précise, en l’absence de contre-indication médicale recon-
nue : « le refus de se soumettre ou de soumettre ceux sur lesquels on exerce l’autorité parentale
ou dont on assure la tutelle aux obligations de vaccination prévues aux articles L311-1, L311-
2 et L311-3 ou la volonté d’en entraver l’exécution sont punis de six mois d’emprisonnement et
de 3750 euros d’amende. »
Le premier maillon de cette procédure reste clairement le médecin traitant qui, devant
l’absence de vaccination obligatoire, doit réaliser une information préoccupante à la Cellule de
Recueil des Informations Préoccupantes (CRIP), voire un signalement auprès du Procureur de
la République si l’état de santé de l’enfant est mis en danger de façon aigüe, selon l’article
L1111-4. Le rôle du médecin de famille est d’autant plus important que l’enfant n’est pas mis
en collectivité et que le contrôle lors de son admission n’a pas été réalisé.
Mais la loi obligeant la réalisation du DTP est aussi applicable aux enfants n’allant pas
en collectivité, comme l’article 311-4 ne fait pas de distinguo entre les deux cas.
Pour les vaccins recommandés, la justice ne considère pas leur absence comme une pri-
vation de soins. Les parents ne sont donc pas poursuivis en justice s’ils les refusent.
Depuis la loi du 9 août 2004 relative à la politique de Santé Publique, les obligations
vaccinales peuvent être suspendues par décret pour tout ou partie de la population, compte tenu
de l'évolution de la situation épidémiologique et des connaissances médicales et scientifiques
(5).
21
3. L’indemnisation des effets secondaires :
Si la responsabilité d’un vaccin est potentielle face à l’apparition d’un symptôme après sa
réalisation, la famille n’a pas besoin d’apporter la preuve d’un lien significatif entre les deux
évènements pour avoir le droit à une indemnisation, par l’Office National d’Indemnisation des
Accidents Médicaux (ONIAM). En revanche, le fait que le vaccin potentiellement responsable
soit obligatoire ou recommandé modifie son statut juridique et donc son indemnisation, comme
l’article L311-9 du Code de Santé Publique le précise (15) : « sans préjudice des actions qui
pourraient être exercées conformément au droit commun, la réparation intégrale des préju-
dices directement imputables à une vaccination obligatoire pratiquée dans les conditions men-
tionnées au chapitre Vaccinations du code de la santé publique est assurée par l’Office national
d’indemnisation des accidents médicaux (ONIAM) au titre de la solidarité nationale. »
D) COMPARAISON DES OBLIGATIONS ENTRE PAYS
Comme l’indique le tableau 3, réalisé d’après l’étude VENICE (16) publiée sur le site
de « Eurosurveillance » en 2011, on voit que les obligations sont assez répandues en Europe,
avec une majorité de pays concernés, anciennement membres de l’ex URSS : Slovaquie, Let-
tonie, République Tchèque, Slovénie, Bulgarie.
En revanche, pour les autres pays européens, les obligations se font beaucoup plus rares.
Ainsi, l’Allemagne, l’Autriche, l’Espagne ou le Royaume-Uni sont autant de pays n’ayant au-
cune obligation vaccinale pour la population générale.
22
Tableau 3 : Obligations vaccinales dans les pays d’Europe, en 2015 (16).
Si on regarde les conséquences de ces diversités au niveau des couvertures vaccinales
obtenues, on voit sur le tableau 4, issu du site du Sénat (5), que les différences ne sont pas
flagrantes entre les pays et que, notamment pour le DTP, les couvertures vaccinales restent
totalement satisfaisantes, même dans les pays comme l’Allemagne ou l’Autriche, n’obligeant
aucune vaccination. Ces couvertures vaccinales sont équivalentes à celles observées en France.
Poliomyélite Tétanos Diphtérie HaemophilusHépatite B HPV Méningo CPneumocoque ROR Coqueluche BCG
France X X X
Allemagne
Autriche
Belgique X
Bulgarie X X X X X X X X X
Chypre
Rep Tchèque X X X X X X X
Danemark
Estonie
Finlande
Grèce X X X X
Hongrie X X X X X X X X
Islande
Irlande
Italie X X X X
Lettonie X X X X X X X X X X
Lituanie
Luxembourg
Malte X X X
Pays-Bas
Norvège
Pologne X X X
Portugal
Roumanie X X X
Slovaquie X X X X X X X
Slovénie X X X
Espagne
Suède
Royaume-Uni
23
Tableau 4 : Taux de couverture vaccinale des pays d’Europe en 2000 (5).
E) REVUE DE LITTERATURE CONCERNANT LES RAISONS DE REFUS
PARENTAL :
Depuis toujours, lorsque le gouvernement intervient dans la vaccination en la promouvant
par une campagne, les mouvements anti-vaccinaux se développent en parallèle. Ainsi, même
en 1808, la campagne anglaise de vaccination contre la variole déclenche une tempête d’oppo-
sition sans précédent, au nom de la notion d’ « exception à l’obligation », selon le sociologue
Didier Torny (17).
Bien que les vaccins soient responsables d’une diminution franche de la fréquence de
maladies mortelles, comme la diphtérie, la coqueluche ou encore la poliomyélite, de nom-
breuses études montrent l’augmentation récente du nombre de parents refusant ces vaccins pour
leurs enfants.
D’ailleurs l’Inpes montre que 90% des français étaient favorables à la vaccination en
général, en 2005, contre 61.5% en 2010 (18).
24
Quelles sont les principales raisons amenant les parents à hésiter voire refuser les vac-
cins pour leurs enfants ?
Quand on écrit les 3 mots-clés : « refusal » + « parent » + « immunization », ce ne sont pas
moins de 293 articles qui apparaissent sur Pubmed.
On propose un classement de ces arguments, en suivant celui de l’étude de Dewesh
Kumar, tout juste publiée en février 2016 dans le « Israel Journal of Health Policy Research »
(19).
1. Raisons liées à l’environnement :
1-1 Hors contexte médical :
o a) La vaccination victime de son propre succès :
Aujourd’hui, l’environnement des pays industrialisés est presque totalement exempt de
nombreuses maladies contre lesquelles les vaccins protègent. Comme le dit Jean Lalau-Keraly,
pédiatre, dans un article d’un quotidien français (20), les vaccins représentent ainsi « une an-
goisse d’Homme moderne qui ne voit plus de poliomyélites au bord de routes ni de morts de
diphtérie».
On pourrait aussi parler de la disparition des sanatoriums pour tuberculeux ou encore de
celle de la vision terrible d’un décès par tétanos. Ces maladies n’étant plus visibles, leur risque
semble alors insignifiant, et donc le vaccin non indispensable, surtout par rapport à un risque
qui, comme on le verra, est de plus en plus pris en compte. La balance bénéfice-risque se trouve
alors inversée dans l’opinion d’une grande partie de la population, selon une étude américaine
dirigée par Schwartz (21).
De plus, les médecins ont aujourd’hui peu de connaissances sur les maladies contre les-
quelles les vaccins obligatoires ou recommandés protègent, et ne peuvent donc pas les décrire
25
objectivement aux parents en attente d’informations sur le sujet. Ces parents ont alors tendance
à ne pas connaître la gravité des maladies évitables grâce aux vaccins.
L’étude de Kumar (19) met d’ailleurs l’accent sur un phénomène surprenant : les parents
sont assez nombreux à acheter eux-mêmes des vaccins contre le Rotavirus ou la varicelle alors
qu’aucune recommandation officielle ne les mentionne pour la population générale. Mais con-
naissant les symptômes de ces maladies, ils tentent de les éviter. Ces parents sont pourtant par-
fois les mêmes qui refusent les vaccins contre des maladies plus graves, recommandés, eux,
par la Haute Autorité de Santé (HAS).
o b) Le rôle primordial des médias et des réseaux sociaux :
C’est bien connu, le scandale et les histoires tristes se vendent beaucoup plus que les
succès scientifiques. Avec l’essor d’internet et des réseaux sociaux, les informations, quelles
qu’elles soient, vraies ou fausses, se transmettent à une rapidité vertigineuse. Les sites anti-
vaccin ont un rôle privilégié dans ce phénomène qu’on nomme aujourd’hui le « dénialisme »,
c’est-à-dire un déni du savoir scientifique et de ses preuves, dont la conclusion serait obtenue
par un complot : c’est la théorie conspiratrice. Le « dénialisme » utilise de faux experts, dont
le point de vue est : « en complet désaccord avec les connaissances établies », utilisant « des
réalités déformées ou de logiques fallacieuses » (22).
Une étude s’est penchée sur le contenu des sites internet dont les liens apparaissent
lorsqu’une recherche sur Google est lancée à propos des vaccins, en fonction des mots-clés
utilisés (23). Elle en conclut que parmi tous les sites, au moins une idée fausse était contrée sur
64% d’entre eux, au moins une idée fausse était confirmée sur 16% d’entre eux. 22% des sites
seulement recommandaient la vaccination en général. La recommandation de ne pas vacciner
les enfants était beaucoup plus fréquente sur les sites retrouvés avec 3 termes négatifs (37.5%
des recommandations) que lorsqu’on écrivait des mots neutres (12% des recommandations) ou
positifs (0%). Les parents concernés qui font des recherches internet sur les « risques » des
26
vaccinations pédiatriques trouveraient donc beaucoup plus de sites transmettant de fausses idées
sur les vaccins et recommandant de ne pas vacciner leurs enfants, que les parents qui font des
recherches sur les bénéfices des vaccins.
Une autre étude met en lumière la facilité que les gens ont aujourd’hui à raconter leur
histoire personnelle, à transmettre leur analyse et leur interprétation personnelles via Internet,
ce qui change considérablement le mode de construction de l’opinion personnelle, notamment
en ce qui concerne les vaccins (24).
Ainsi, il semble évident que les réseaux sociaux, internet et l’ensemble des médias sont
autant de moyens de communication transmettant volontiers des informations négatives sur les
vaccins, informations que les parents considèrent spontanément comme des connaissances mé-
dicales, et donc comme des contre-arguments solides contre les vaccins, comme on peut le lire
dans l’étude de Diekema publiée dans Pediatrics (25).
o c) Un contexte environnant aux valeurs plus personnelles que
collectives :
Streefland (26) appelle cet environnement, cette culture actuelle peu propice à la vacci-
nation : une « culture locale de vaccination », avec une préférence décrite par un ensemble de
parents habitant dans un même milieu, pour une réflexion sur le mode de nutrition et de vie
saine pour leur enfant, plutôt que sur les vaccins, pour lesquels ils partagent des opinions néga-
tives, selon son étude de 1999.
Selon Kumar (19), l’adoption d’un mode de vie sain basé sur un choix personnel est
paradoxale à la vaccination, dont le choix est collectif, donc non adapté à chacun, ce qui est
responsable de cette hésitation parentale qu’il analyse.
27
o d) L’avis de l’entourage direct :
En dehors de médias et du contexte global environnant, il est important de noter que
l’entourage de proximité des parents est également une source d’informations allant parfois à
l’encontre des vaccins, et qui influe beaucoup sur la décision finale : la famille, les amis… voire
le médecin de famille s’il est en désaccord avec la vaccination. Une seule anecdote peut mal-
heureusement suffire à convaincre des parents que l’incident est directement lié au vaccin. Ils
ont alors tendance à ne pas l’accepter pour leur enfant, devant le risque de vivre le même indi-
cent. C’est ce que montre l’étude de Harmsen (27), réalisée aux Pays-Bas, étudiant les diffé-
rentes raisons de refus vaccinal par les parents. Elle explique, en effet, que les parents décident
aussi en fonction de leur contexte social et des « expériences antérieures vécues avec les vac-
cins ».
L’influence de l’anecdote est aussi possible dans l’autre sens, et on suppose qu’une con-
tamination unique peut convaincre les personnes de l’entourage de vacciner leur enfant.
1-2 En lien avec les professionnels de santé :
o a) La relation patient-médecin, socle de la conviction parentale :
De nombreuses études montrent que c’est par l’échange entre les parents et leur médecin
de famille que leur opinion peut se modifier, notamment au niveau des vaccins pour leurs en-
fants. Dans l’étude de Dewesh Kumar (19), il est écrit que : «l’interaction positive est la pierre
angulaire dans le maintien de la confiance vis-à-vis de la vaccination ». En revanche, si cet
échange n’est pas à la hauteur des objectifs escomptés, il peut devenir un frein à la vaccination.
Ceci peut être imputé soit à un problème de confiance entre les deux intervenants, soit à une
opinion divergente du médecin sur les vaccins. En effet, une étude montre que certains prati-
ciens, non pédiatres, refusent le vaccin DTP ou ROR pour leur propre enfant (34). L’échange
qu’il a avec les parents ne pourra donc pas être dans le but de la vaccination des enfants de leurs
28
patients. Si des parents sceptiques, hésitants, rencontrent un médecin s’opposant aux vaccins,
ils deviendront probablement eux-mêmes opposants.
Cette confiance du patient envers son médecin généraliste est fondamentale, surtout
pour un sujet aussi polémique, avec de nombreuses désinformations par des sources extérieures.
C’est par leur médecin traitant que les patients attendent de comprendre et d’acquérir la vérité
sur les vaccins. Mais aujourd’hui, les parents, ayant de plus en plus d’informations extérieures
à la consultation, auraient tendance à moins écouter leur généraliste, et donc à diminuer cette
confiance mutuelle. C’est un phénomène qui ne touche pas que les généralistes, mais aussi tout
le système de santé actuel, dont les gens se méfient de plus en plus, selon l’étude de Kumar
(19).
o b) Un manque de confiance envers le système de santé :
Docteur Dominique Dupagne (20) pointe ce phénomène du doigt quand il déclare : « les
gens ont été totalement déstabilisés par la vaccination contre la pandémie H1N1 de 2009. »
Cette campagne de vaccination s’est soldée par un échec avec « plus de trois millions
de doses perdues, une organisation "trop rigide", des résultats "décevants" » comme l’écrit un
journaliste dans un journal hebdomadaire français, le 13 juillet 2010 (29). La mauvaise gestion
de cette campagne de vaccination dont est accusé l’Etat est partagée par une grande majorité de
la population, patients et médecins compris.
Un tel incident est un argument supplémentaire pour remettre en question la compétence
des institutions gouvernementales liées à la Santé (30), mais également les professionnels de
santé et les hautes autorités telles que l’OMS ou l’HAS. Il peut également servir à étayer les
théories conspiratrices des anti-vaccins, en les rendant de véritables « ennemis » de la popula-
tion, comme on peut le lire sur de nombreux sites, voire à rendre cette épidémie « montée de
toutes pièces » par le gouvernement.
29
o c) Un manque d’accès aux vaccins :
L’étude de Dewesh Kumar (19) explique que le manque d’accès aux centres de vacci-
nation dans certains pays comme les Etats-Unis est un frein à la vaccination, en lien avec le
système de santé. En France, on pourrait surtout rapporter ce problème d’accès aux vaccins par
les nombreuses ruptures de stock. Une thèse bibliographique de médecine générale datant de
2015 (31), parlant des freins à la vaccination, a montré que le principal observé par les médecins
généralistes était le coût restant à la charge du patient. Sept études sur trente-quatre parlaient
aussi du coût à la charge du médecin. Il s’agissait certes d’une grande majorité d’études réali-
sées sur le sol américain, où le système de soins est bien différent du nôtre, mais il semble tout
de même existant aussi en France, si les personnes n’ont pas de mutuelle ou de prise en charge
gratuite totale comme la Couverture Maladie Universelle Complémentaire (CMUC) ou l’Aide
Médicale d’Etat (AME).
2. Raisons liées aux vaccins :
2-1 Une utilité remise en question :
L’étude de Dewesh Kumar (19) relève cet obstacle souvent exprimé par les parents qui
prônent plutôt une immunisation acquise naturellement, en contractant la maladie en question.
Cet argument est directement lié au fait que les parents estiment que la maladie n’est pas si
grave, comme la rougeole ou les oreillons. Contrairement aux maladies qui ne se voient plus,
certains vaccins protègent contre des maladies encore régulièrement diagnostiquées, mais qui
semblent bénignes aux yeux des parents. La rougeole serait une énième maladie éruptive infan-
tile et les oreillons une vulgaire parotidite déformant provisoirement le visage de leur enfant,
en poire. Par ailleurs ce thème de l’efficacité peut aussi se baser sur des pourcentages vus
comme décevants de l’immunité acquise par les vaccins puisqu’aucun vaccin n’entraîne 100%
d’immunité lors de ses injections même bien faites, ceci car il n’y a jamais 100% de personnes
30
vaccinées, et car il existe des personnes vaccinées qui attraperont tout de même la maladie (9).
Ces cas sont rarissimes et ne peuvent à eux-seuls définir un frein crédible à la vaccination.
Par ailleurs, les chiffres de diminution franche de décès par les maladies comme la
variole ou la diphtérie sont considérés par ces personnes comme uniquement liés au dévelop-
pement de l’hygiène, comme l’explique Pr. Pierre Bégué dans sa présentation au CEMI de 2014
(32).
Une étude américaine (33), se penchant sur les raisons des épidémies récentes de coque-
luche, explique qu’elles sont notamment secondaires à d’autres études ayant prouvé que le DTP
était plus efficace sur le long terme que celui combiné avec l’antigène pertussique.
Ainsi, selon cette étude, les généralistes, moins inquiets pour les adultes et les grands
enfants à propos de la coqueluche, ont vu un bénéfice moindre dans ce vaccin, et auraient in-
fluencé leurs patients dans le mauvais sens. Cette étude reconnaît que le nombre croissant de
coqueluches diagnostiquées dans le monde entier est également secondaire à de meilleurs tests,
par Polymerase Chain Reaction (PCR), avec un taux de faux négatifs beaucoup moins élevé, et
aussi peut-être à une mutation progressive de l’antigène pertussique, secondaire au vaccin. Cette
hypothèse est pourtant formellement réfutée dans d’autres pays comme le Danemark.
2-2 Des effets secondaires suspectés :
Qu’il s’agisse d’effets secondaires à court terme, comme la fièvre ou une inflammation
locale, ou sur le long terme, les contre-arguments que les sites anti-vaccin abordent sont majo-
ritairement tournés vers leur dangerosité suspectée. En effet, de nombreuses rumeurs courent
depuis des années à propos de liens directs entre l’incidence de maladies majoritairement dy-
simmunitaires et les vaccinations (19), (25).
Comme l’étude de Blaisdell, Gutheil et Hootsman de 2015 le montre (34), les parents
sont surtout inquiets face à ces effets secondaires potentiels, mais aussi face à l’incertitude des
31
informations à ce propos, différentes selon les sources d’information utilisées, et continuelle-
ment modifiées au cours du temps.
o a) Autisme et ROR :
C’est en Grande-Bretagne que le scandale éclate avec la publication d’un article, en
1998, dans le prestigieux journal médical The Lancet, prouvant un lien scientifiquement signi-
ficatif entre la présence de thiomersal dans le vaccin contre le ROR et l’apparition de dommages
neurocomportementaux tels que l’autisme, ou de maladies intestinales inflammatoires. Cet ar-
ticle a finalement été supprimé devant les méthodes malhonnêtes utilisées par l’auteur principal,
qui sera d’ailleurs blâmé, pour arriver à une telle conclusion. Mais « le mal est fait et la rumeur
fait le tour du monde », entraînant une diminution franche de la vaccination contre ROR dans
le monde entier, malgré de nombreuses études montrant l’absence de lien significatif entre les
deux phénomènes, comme le résume la méta-analyse dirigée par Taylor (35).
o b) Sclérose en plaque et hépatite B :
En 1998 également, le ministre de la Santé Bernard Kouchner suspend la campagne de
vaccination massive de l’ensemble des adolescents français contre l’hépatite B en milieu sco-
laire, devant un nombre augmenté de déclarations de sclérose en plaques, dont on associe la
fréquence au vaccin. Les parents, comme les médecins, restent donc dans un flou alarmant sur
la nécessité ou non de vacciner son enfant contre l’hépatite B, et sur les effets secondaires du
vaccin. En 2001, après neuf études épidémiologiques, la conclusion de l’OMS est la suivante
(36) : « malgré un odds ratio légèrement élevé, aucune des études initiales ne met en évidence
une augmentation statistiquement significative du risque; les toutes dernières études ne révèlent
aucun accroissement du risque […] L’explication la plus plausible est qu’il s’agit d’une coïnci-
dence. »
32
Malgré l’appel de l’Académie de Médecine de France de relancer la vaccination chez
les nourrissons, dès 2002, la méfiance des parents français envers ce vaccin en particulier
semble persistante.
o c) Aluminium du vaccin contre l’hépatite B et myofasciite à
macrophages :
Une étude de Willhite (37) conclut, pour ce qui concerne les vaccins, que l’aluminium
en adjuvant n’entraîne pas une meilleure immunité par rapport aux vaccins sans aluminium,
alors que la littérature “semble vaste” à propos des effets néfastes de l’aluminium sur l’orga-
nisme.
Elle rejoint l’idée de l’étude française cas-témoins de 2003 (38), menée par l’équipe du
Professeur Gherardi en collaboration avec l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et
des Produits de Santé (AFFSAPS): “étude épidémiologique exploratoire de la myofasciite à
macrophages.” Celle-ci conclut qu’il y a significativement plus de vaccins contenant de l’alu-
minium dans les 10 dernières années chez les patients présentant des symptômes apparentés à
la myofasciite que chez les témoins. Une fréquence plus importante d’asthénie était notée chez
les patients ayant une myofasciite confirmée par histologie, contrairement à tous les autres
symptômes comme les myalgies et les arthralgies, qui sont aussi fréquentes chez les témoins.
En revanche, elle ne conclut pas que l’aluminium est responsable de cette augmentation
d’asthénie chez les cas de myofasciite par rapport aux témoins, ce qui amène le comité scien-
tifique de l’Afssaps à conclure en mai 2004 qu’ « aucun syndrome clinique spécifique n’est
retrouvé associé à la vaccination avec des vaccins contenant un adjuvant aluminique », selon le
rapport publié en 2013 par le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) (39).
L’ensemble de ces études visant à prouver des effets secondaires directement liés à cer-
tains vaccins n’ont donc jamais réussi à conclure à un lien significatif entre le vaccin et les
symptômes.
33
Mais la peur des effets secondaires fait partie des arguments les plus fréquemment avan-
cés par les parents, sans qu’ils ne connaissent ces résultats scientifiques. Une étude publiée en
août 2015 dans le Epidemiologic Infectiology (40), montre que près de la moitié des parents
refusant le vaccin contre ROR en pleine épidémie de rougeole dans la région du Merseyside,
joints par téléphone, prenaient, comme principal argument, cette étude polémique faisant le lien
avec l’autisme.
2-3 L’opposition dérangeante entre obligation et recommandation du
vaccin :
La population française aurait tendance à considérer un vaccin recommandé comme fa-
cultatif, ces deux notions n’étant pas très claires. Cela semble être un problème purement fran-
çais car dans d’autres pays comme ceux nordiques, un vaccin recommandé est toujours réalisé,
ce qui a permis la suppression de la rubéole dans leurs pays, par exemple (5).
C’est donc par son caractère recommandé que certains vaccins ne sont pas réalisés, par
volonté des parents préférant en faire le moins possible, ou parfois de façon non volontaire par
négligence.
A l’inverse, l’étude de Dewesh Kumar(19) accuse le côté obligatoire des vaccins, d’être
le responsable de l’opposition parentale, correspondant à une absence de liberté et de choix
individuel, plus qu’une volonté du système de Santé de protéger leur enfant. Cette obligation
peut modifier la relation de confiance des parents envers leur médecin de famille.
L’étude hollandaise de Harmsen (27), sur les raisons d’hésitation parentale face aux
vaccins, montre d’ailleurs que la recommandation simple d’un vaccin est un facteur de con-
fiance ressentie par ces parents, envers le programme national de vaccination.
34
2-4 La douleur secondaire à la piqûre :
Comme le dit le Professeur Bégué (41) : « Les vaccins sont des médicaments particu-
liers, administrés à titre préventif à des personnes a priori non malades et consentantes. Le geste
vaccinal, le plus souvent par injection, est intrusif et redouté. »
Même s’il ne s’agit pas du principal argument utilisé contre les vaccins, la piqûre est un
acte invasif, difficilement supportable aux yeux des parents, surtout pour un nouveau-né ou un
nourrisson, comme une étude américaine l’affirme (42). Pour 46% des médecins interrogés sur
les freins à la vaccination des jeunes garçons contre HPV aux Etats-Unis en 2010, l’adminis-
tration de trois doses de vaccin nécessaires à l’immunisation était citée comme étant une bar-
rière à la vaccination -majeure pour 11% et modérée pour 35% d’entre eux.
C’est d’ailleurs pour cette raison que les laboratoires se tournent actuellement vers des
galéniques moins douloureuses, notamment orales ou par spray nasal, comme pour la grippe.
3. Raisons liées aux parents :
3-1 Une étiologie socio-environnementale à l’hésitation parentale face aux
vaccins :
Plusieurs études établissent un lien significatif entre l’origine ethnique des parents et
l’avis négatif ou positif par rapport aux vaccins.
Une première étude américaine (43) réalisée autour d’un cas de rougeole chez un enfant
n’ayant jamais quitté le territoire et ayant entraîné une véritable épidémie, a montré que les
enfants de la communauté somalienne autour du cas, étaient très peu vaccinés (54%) en 2010,
par rapport à la couverture de 2004 (91.1%).
35
Selon une autre étude faite aux USA en 2011, publiée dans le journal Pediatrics (44),
les afro-américains auraient une couverture vaccinale inférieure à celle des autres communau-
tés.
Une autre étude publiée en 2015 (45) montre que, a contrario, les parents d’origines
asiatique et hispanique ont des enfants mieux vaccinés.
Cette étude montre également que le revenu moyen du foyer et l’éducation des parents
sont des facteurs liés à l’hésitation voire au refus de vaccination. Les parents avec un niveau
socio-professionnel élevé et un revenu plus important seraient plus méfiants envers les vaccins.
La thèse française de médecine générale de 2015 (31) décrit dans sa revue de la littéra-
ture à ce sujet, qu’une difficulté financière pouvait être un réel frein pour la réalisation des
vaccins, notamment aux Etats-Unis.
3-2 Des croyances liées à l’identité religieuse ou philosophique des
parents :
Qu’elles soient religieuses, philosophiques ou dans le cadre d’un rejet de la médecine
considérée comme « hypermédicalisée », les parents développent de nombreuses croyances né-
gatives à propos des vaccins (19).
Le Professeur Bégué affirme dans une séance thématique (46): « Vaccins humains, vac-
cins vétérinaires, même combat : le refus des vaccinations. Aspects actuels en 2012 et solutions
en santé publique » que c’est : « à partir d’écoles anthroposophiques [qu’] une épidémie de
rougeole s’est propagée en 2008 de la Suisse vers l’Autriche, puis vers l’Allemagne. »
Dans une autre étude sur le sujet (47), il est montré que les parents décident de se tourner
vers une médecine plus naturelle : contre l’injection et le non naturel.
Une étude réalisée en 2011 dans le district de Jérusalem (48), a montré que les enfants
juifs orthodoxes étaient significativement moins vaccinés s’ils venaient d’une famille avec au
36
moins 6 enfants, dont l’éducation était faite au domicile, dans un contexte de pratique plus
marquée de la religion.
Une autre étude (49) a décrit que certains parents, en raison de leurs croyances reli-
gieuses et morales, refusaient les vaccins parce qu’ils pensaient qu’ils étaient élaborés à partir
de matériel embryonnaire.
Les croyances peuvent aussi concerner l’idée qu’ils ont du corps de leur enfant, avec la
perception d’un système immunitaire incapable de supporter des vaccins aussi nombreux en
bas-âge, d’autant plus qu’il reçoit de nombreux anticorps par sa mère (27).
Pour conclure cette partie, on peut résumer les réponses obtenues par un grand panel de
français interrogés lors d’une étude, réalisée par Ipsos pour le CFES en 2001, non publiée, qui
sont très diverses mais finalement souvent les mêmes, à propos de leur hésitation face aux vac-
cins (50) :
«– Je pense que la maladie n’est pas grave…
– Je pense que la maladie est très rare…
– Je pense que j’ai peu de risques d’avoir cette maladie…
– Je n’aime pas les piqûres…
– J’ai peur d’avoir mal au moment de l’injection…
– J’ai peur d’avoir de la fièvre, une douleur ou d’autres réactions après la vacci-
nation…
– J’ai peur que le vaccin déclenche la maladie…
– Je pense que la vaccination ne sert à rien…
– Je pense que les vaccins empêchent le corps de se défendre tout seul contre les
maladies…
– Je pense que la vaccination, ce n’est pas naturel…
– Je ne penserai pas à faire tous les rappels…
– Je connais quelqu’un qui a été gravement malade à cause d’un vaccin… »
37
On voit bien ici que c’est surtout par un manque d’informations cruciales sur les vaccins
que ces croyances se créent et se transmettent de parent en parent. Cette méfiance a certes tou-
jours existé, mais s’étend depuis une douzaine d’années, de façon très rapide par l’usage d’in-
ternet, des médiaux et des réseaux sociaux.
Tableau 5 a) : Résumé des études citées, au sujet des facteurs anti-vaccinaux.
Nom de l'étude Auteurs Date Méthode Critère principal de jugement Résultats
Vaccine hesitancy: understanding better to address better Dewesh Kumar, Rahul Chandra, Medha
Mathur, Saurabh Samdariya and
Neelesh Kapoor
February 2016 revue de la littérature par description de
plusieurs études décrivant les raisons
d'hésitation parentale
description des déterminants à
l'hésitation par rapport aux vaccins
facteurs environnementaux, liés aux vaccins, et liés
à la population.
Vaccination refusal: ethics, individual rights, and the common good Schwartz et Caplan December 2011 revue de la littérature sur les refus
vaccinaux, la relation entre médecin et
patient opposé et les modes de
communication possibles pour améliorer
cet échange.
comportement patient opposant et
professionnel de santé
Recherche d'informations et non pas d'opposition
chez le patient, ce que doit apporter lui le médecin
Understanding vaccination resistance: vaccine search term selection
bias and the valence of retrieved information.
Ruiz et Bell October 2014 Analyse des pages web obtenues sur
Google selon le type de mots-clés de
recherche utilisé, à propos du vaccin
ROR.
Nombre de fausses idées négatives sur
le vaccin ROR, par site internet proposé.
Plus de fausses idées expliquées sur des sites
obtenus par de termes négatifs à propos de ROR.
The defining characteristics of Web 2.0 and their potential influence
in the online vaccination debate
Holly O. Wittemana, Brian J. Zikmund-
Fisher
May 2012 Etude descriptive des conséquences
d'internet 2.0 sur la prise de décision
vaccinale par revue de la littérature
conséquences du web 2.0 sur les
décisions de santé
Internet et les réseaux sociaux agissent dans la
prise de décision et la compréhension des risques
vaccinaux, ce qui nécessite une adaptation au web
2.0 des informations vaccinales pour rester
pertinentes.
Patterns of vaccination acceptance Streefland, Chowdhury AM, Ramos-
Jimenez P.
December 1999 Revue d'études faites par : Scienes
Sociales et Projet d'immunisation au
Bangladesh, Éthiopie, Inde, Malawi,
Pays-Bas et Philippines.
Description des modèles de refus et
d'acceptation vaccinale et de l'influence
du contexte dans ces modèles
L'acceptation du vaccin dépend : de la promotion
faite, de la culture, des pratiques de santé, des
connaissances et croyances, des expériences
passées et des campagnes de vaccination faites,
ainsi que de la confiance envers les laboratoires et
les professionnels de santé.
Why parents refuse childhood vaccination: a qualitative study using
online focus groups.
Harmsen, Mollema L, Ruiter RA,
Paulussen TG, de Melker HE, Kok G.
December 2013 Analyse thématique dans 8 focus-
groupes en ligne, de parents hollandais
ayant refusé au moins un vaccin pour
leur enfant
Facteurs énoncés par les parents ayant
influencé le refus d'au moins un vaccin.
Des facteurs incluant le style de vie familial, les
perceptions du corps de l'enfant et du système
immunitaire, les risques perçus de la maladie,
l'efficacité du vaccin et ses effets secondaires, les
avantages perçus d'attraper la maladie, les
expériences négatives antérieures, et
l'environnement social, ont été évoqués par les
groupes.
How do physicians immunize their own children? Differences among
pediatricians and nonpediatricians.
Posfay-Barbe, Heininger U, Aebi C,
Desgrandchamps D, Vaudaux B,
Siegrist CA.
November 2005 comparaison de réponses à un
questionnaire anonyme envoyé à des
médecins non pédiatres et des
pédiatres, abonnés à Infovac.ch, à
propos de leur pratique vaccinale
Vaccins que les médecins non pédiatres
et les pédiatres ont fait/auraient fait à
leur propre enfant, et ce qu'ils
recommandent à leur patientèle
Plus de non-pédiatres ne vaccinant pas leur propre
enfant avec des vaccins recommandés, et 10%
d'entre eux ne suivent pas les recommandations.
Dans les 2 groupes, ils vaccinaient leur propre
enfant contre d'autres vaccins non recommandés.
Emerging and continuing trends in vaccine opposition website
content.
SJ Bean February 2011 Revue du contenu de 25 pages web ant-
vaccination, obtenue sur un moteur de
recherche.
thèmes des arguments contre les
vaccins, contenus dans les sites étudiés
par rapport aux études précédentes, 2 nouveaux
thèmes: le virus H1N1 inventé par un complot et
l'utilisation d'avis de faux experts
38
Tableaux 5 b) : Suite du résumé des études citées, au sujet des facteurs anti-vaccinaux.
Nom de l'étude Auteurs Date Méthode Critère principal de jugement Résultats
freins et déterminants à la vaccination par les médecins généralistes
: Revue systématique de la littérature.
V. Curtis May 2015 Revue systématique de la littérature à
partir Medline du 01/01/2007 au
31/03/2014. Etablissement d’une
équation de recherche. Evaluation
méthodologique des articles.
Freins à la vaccination selon les
généralistes inclus dans les études
identification de 30 déterminants à la vaccinations,
et des principaux freins: financier, l'acceptation par
le patient, la logistique et la balance bénéfice-risque
du vaccin
Unknown risks: parental hesitation about vaccination Blaisdell, Gutheil, Hootsman October 2015 Focus group de 42 parents sélectionnés
pour leur opposition: interview sur les
raisons de leur opposition: perception
des risques et des incertitudes
perception parentale + façon de voir les
risques chez vaccinés et non vaccinés +
source de leur perception + approche
décisionnelle pour leur enfant
risque du vaccin perçu plus grand que celui de la
maladie, incertitude et manque d'informations sur
les effets secondaires qui peuvent se contredire et
se modifier souvent
Autism and vaccination: The value of the evidence base of a recent
meta-analysis
Christopher Turville, Isaac Golden October 2015 Méta-analyse de 10 études évaluant le
lien entre autisme et vaccin ROR
Résultat obtenu par chaque étude sur le
lien entre les 2 phénomènes
Toutes les études concluent de l'absence de lien
significatif entre autisme et vaccination contre ROR
Reasons for measles cases not being vaccinated with MMR:
investigation into parents' and carers' views following a large measles
outbreak
McHale, Keenan, Ghebrehewet march 2016 entretiens téléphoniques semi-dirigés
avec parents ou professionnels de santé
ayant encadré des cas de rougeoles
non vaccinées
freins à cette vaccination ROR en plein
milieu d'une épidémie
un des freins principaux était le scandale du lien
supposé entre autisme et le vaccin contre ROR,
ainsi que la sécurité globale du vaccin ou l'accès au
soin.
Vaccine attitudes, concerns, and information sources reported by
parents of young children: results from the 2009 HealthStyles survey
Kennedy, Basket M, Sheedy K. May 2011 Interrogation directe de parents ayant
participé à l'enquête Healthstyle 2009.
Attitude, préoccupations et sources
d'informations de parents, sur les
vaccins
79% des personnes nterrogés étaient confiants
dans la sécurité des vaccins, mais préoccupation:
douleur de la piqûre + nombre important d'injections.
Principale source d'information: le médecin traitant.
Geographic clusters in underimmunization and vaccine refusal. Lieu, Ray , Klein , Chung , Kulldorff February 2015 Enregistrement des enfants nés entre
2000 et 2011 au sein de Kaiser
Permanente Northern California, suivis
de la naissance à 36 mois. Statistiques
faites sur les critères des groupes mal
vaccinés (1 ou plusieurs vaccins en
moins) ou refusant les vaccins.
Critères socio-économiques et
géographiques des enfants mal ou non
vaccinés.
5 groupes de sous-immunisés avec un refus de 18 à
23% . Les hispaniques et les asiatiques
vaccineraient plus que les autres. Les gens avec
revenus plus importants et les plus diplomés
vaccineraient moins.
Trusting blindly can be the biggest risk of all’: organised resistance
to childhood vaccination in the UK
Hobson-West P. March 2007 Description des revendications des
groupes crées contre la campagne de
vaccination pour ROR, en Grande-
Bretagne par interrogation des membres
Thèmes abordés dans les programmes
de ces groupes politisés
Problèmes de confiance et de risque envers les
vaccins et les professionnels de santé, au profit
d'une responsabilisation et d'une autonomisation
parentale
Risk factors of underutilization of childhood immunizations in
ultraorthodox Jewish communities in Israel despite high access to
health care services.
Muhsen, Abed El-Hai R, Amit-Aharon A,
Nehama H, Gondia M, Davidovitch N,
Goren S, Cohen D.
March 2012 Etude des dossiers médicaux et par
entretien avec parents d'enfants d'une
communauté juive orthodoxe de
Jerusalem pour comprendre les facteurs
liés à une mauvaise vaccination dans
une population ayant accès aux soins
facteurs environnementaux liés aux
enfants sous-immunisés dans une
même communauté
moins de vaccination chez familles de plus de 6
enfants, avec éducation à la maison, si croyances
religieuses parentales contre les vaccins, et si
méfiance envers le système de santé ou la sécurité
du vaccin.
What are the factors that contribute to parental vaccine-hesitancy
and what can we do about it?
Williams SE November 2014 Révision des arguments d'hésitation des
parents face à la vaccination vus dans
d'autres études + proposition de
communication pour les améliorer
facteurs d'hésitation des parents et
moyens d'amélioration proposés
manque de preuve d'efficacité des stratégies
proposées pour améliorer l'opinion parentale, même
si leurs raisons d'hésitations sont comprises
39
3) MÉTHODE :
A) CHOIX DE LA MÉTHODE :
Cette étude est qualitative et prospective, par description et analyse du contenu des
réponses obtenues lors des entretiens semi-dirigés avec les médecins généralistes (MG).
Cette méthode permet de se pencher sur le sens de chaque mot utilisé par le généraliste
interviewé, et l’impact est tout aussi important s’il est dit par un seul médecin de façon
pertinente, que s’il est répété par plusieurs. Ici, l’étude porte sur un avis personnel du MG à
propos de la vaccination, puis sur l’analyse d’une scène racontée par ce dernier, dans laquelle
chaque terme peut correspondre à une unité thématique intéressante à développer. On se penche
alors sur le « comment », le « pourquoi », mais pas sur le « combien », comme dans la méthode
quantitative. Ensuite, on rentre encore plus dans l’étude qualitative descriptive en demandant
réellement le ressenti du médecin dans une telle situation. Puis il énumère les possibilités
auxquelles il pense, pour l’améliorer.
Comme le dit Borgès da Silva dans son ouvrage (51) : « Les méthodes d’analyse de «
la recherche qualitative », issues des sciences humaines, ont accru la capacité des chercheurs à
appréhender la complexité des comportements des acteurs du système de santé », ce qui est le
cas dans cette étude, qui se tourne vers le comportement des MG.
Les questions sont certes planifiées mais c’est par l’évolution de l’échange qu’elles sont
posées dans un sens adapté, voire qu’elles ne sont pas posées si l’intervieweur estime que c’est
mieux ainsi.
40
B) POPULATION D'ÉTUDE ET ÉCHANTILLONNAGE:
1. Type d’échantillonnage :
L’échantillonnage a été raisonné, pour maximiser l’expression de la diversité, au sein
de MG d’Ile-de-France, afin d’augmenter la validité externe des résultats, en faisant ressortir
des différences de comportement et d’opinion.
2. Mode d’échantillonnage :
Le recrutement a été réalisé de deux manières différentes :
-D’abord en demandant à des interconnaissances professionnelles généralistes d’Ile-
de-France de bien vouloir être interrogées sur ce sujet, au sein de leur cabinet de ville. Ensuite,
en fonction des réponses positives, les MG étaient choisis selon leur zone d’exercice en Ile-de-
France, afin de recruter dans une région la plus étendue possible, selon leur genre et leur âge,
ainsi que selon leur pratique éventuelle associée à la médecine générale : PMI, homéopathie,
mésothérapie…
-Lorsqu’une zone d’Ile-de-France n’était pas bien représentée par les réponses
positives, comme ce fut le cas pour le département quatre-vingt-quinze, on a alors utilisé le site
internet des Pages Jaunes pour téléphoner à des MG y exerçant, en les choisissant selon le lieu
et selon leur genre.
Dans chacun des deux cas, une demande par téléphone a été faite, et une seule fois par
mail. Quel que soit le moyen de communication utilisé, les informations apportées lors de cet
échange expliquaient dans quel contexte ces interviews étaient réalisées, sur quel sujet, et la
durée approximative de l’entretien.
41
Que ce soit avec la secrétaire ou avec le médecin, une date et un horaire de rendez-vous
était fixés et l’adresse du cabinet était indiquée si besoin, lorsque le MG acceptait d’être
interviewé.
3. Raisons des refus :
Des refus ont été exprimés par cinq généralistes, soit directement par téléphone, pour
plusieurs raisons : manque de temps (2 MG), refus d’être interviewé de principe (1 MG), sujet
considéré comme trop « brûlant » (1 MG) ; soit par une absence totale de réponse aux appels et
messages, envoyés après avoir reçu un accord de principe (1 MG).
4. Saturation des données :
La taille de l’échantillon s’est déterminée par elle-même lorsqu’une saturation des
données a été constatée. Une saturation des données est obtenue « lorsqu’aucune donnée
suffisamment nouvelle ne ressort des derniers entretiens ou observations pour justifier une
augmentation du matériel empirique. On dira dans ce cas que l’échantillon est représentatif en
ce qui concerne les processus sociaux» (52).
Cette saturation des données a été constatée lors de l’analyse du contenu des
enregistrements, lorsque treize interviews avaient déjà été réalisées. Nous avons décidé d’en
réaliser deux de plus pour avoir une banque vraiment suffisante de données.
5. Critères d’inclusion :
Les critères d’inclusion de notre étude étaient :
-médecin généraliste thésé,
-exerçant en Ile-de-France,
-acceptant d’être interviewé lors d’un entretien semi-dirigé, dans son cabinet de
médecine de ville ou exceptionnellement ailleurs selon son souhait,
42
-choix secondaire en fonction de l’arrondissement ou du département pour avoir une
diversité maximale au niveau géographique, mais également selon son genre pour assurer une
quasi-égalité d’interviewés hommes et femmes.
C) GUIDE D’ENTRETIEN :
Le guide d’entretien a été réalisé après une analyse de la bibliographie en rapport avec
notre sujet, retrouvée sur Medline via Pubmed, Google Scholar, en utilisant les mots-clés tels
que : « refusal », « childhood », « vaccine », « immunization », « communication »,
« practitioner », « intervention » et « parents ». Le choix des mots-clés était fait par utilisation
de Thésaurus MeSH.
Après l’analyse bibliographique et la demande d’un avis d’expert, le guide d’entretien
a été testé une fois par un MG connu de l’enquêteur, et a été modifié en fonction de ce test. A
partir du moment où la première interview de M1 a été réalisée, le guide d’entretien n’a plus
jamais été modifié.
Il comporte quatre grands axes organisés dans un ordre logique :
- L’opinion personnelle du médecin sur le sujet,
- Le récit libre d’une consultation vécue avec des parents opposants ou réticents à la
vaccination de leur enfant,
- La réaction du médecin a posteriori,
- Les moyens d’amélioration de l’opinion parentale sur les vaccins, possibles au sein du
cabinet ou plus largement dans notre société.
A la fin de l’interview, il était demandé à chaque médecin de dire son âge, sa durée et
son lieu d’exercice, dans quelles conditions, et les éventuelles autres disciplines pratiquées.
Pour chaque axe, un nombre très aléatoire de questions ouvertes étaient posées, allant de sept
questions pour le premier axe à trois questions pour les deux axes suivants.
43
Ces questions ont été pensées par rapport au contenu des études publiées sur le sujet,
mais surtout dans le but de créer une interaction verbale souple engageant le généraliste à
s’ouvrir, se confier, et créer un échange où il se sente assez en confiance pour révéler son avis
personnel et son expérience vécue, sans barrière, avec précision.
Cette souplesse de la part de l’enquêteur a parfois engendré la suppression de certaines
questions, n’allant pas dans le sens des paroles du médecin. En effet, le guide d’entretien est un
support, mais le but était de créer une conversation, sans obligation de réponse.
On précise que même si le mode adopté était l’échange dans un climat de confiance, le
rôle de l’enquêteur, basé sur une neutralité totale, était respecté, dans son objectivité et son
absence de jugement.
Guide d’entretien utilisé pour les 15 interviews réalisées :
A/ Votre opinion sur les vaccins :
1/ Que représentent les vaccins pédiatriques dans votre pratique quotidienne ?
2/ Pour lesquels êtes-vous ? Pourquoi ?
3/ Contre lesquels êtes-vous ? Pourquoi ?
4/ Connaissez-vous le calendrier vaccinal 2015 ? En accord avec lui? (l’investigateur le
lui montre)
5/ En accord avec les obligations et les recommandations vaccinales ?
6/ Quelle(s) source(s) d’information utilisez-vous pour vous, à propos des vaccins ?
7/ Quel avis avez-vous sur les principaux arguments donnés par les parents opposants :
-« Les effets secondaires des vaccins sont trop dangereux. »
-« La maladie n’est pas si grave et n’existe presque plus. »
44
-« Mon enfant n’est pas à risque pour cette maladie. »
-« Il faut se méfier des politiques et des laboratoires pharmaceutiques. »
B/ Avez-vous déjà vécu un refus parental pour les vaccins recommandés ? Si oui, racontez-
moi cette scène : les arguments parentaux, votre réponse immédiate.
C/ Quelle est la suite de votre attitude et l’évolution de la situation :
1/ quelle est votre prise en charge de ce patient, a posteriori, face à ce refus ?
2/ D’après vous, existe-t-il des mesures légales face à un refus du DTP ?
3/Cela vous arrive-t-il de décaler les vaccins ? Pour quelles raisons ?
4/Dans une telle situation, identifiez-vous l’état d’esprit des parents : opposants/ réti-
cents/ inquiets en attente de plus d’informations ?
5/Si oui, adaptez-vous votre réponse et votre attitude selon le type de parents ?
D/ En conclusion :
1/ avez-vous ressenti des difficultés personnelles dans cette situation ?
2/ D’après vous, est-ce important pour vous de les convaincre ?
3/ quels sont les moyens que vous proposeriez pour améliorer l’opinion parentale à pro-
pos des vaccins du calendrier vaccinal pédiatrique?
D) PROCESSUS DE RECUEIL DES INFORMATIONS :
Le recueil des informations s’est fait par un entretien semi-dirigé enregistré par dicta-
phone, au sein du cabinet de médecine de ville ou au domicile d’un médecin, ou encore à la
faculté où le médecin travaillait comme chef de clinique, selon leur demande.
45
Chaque enregistrement au dictaphone était réalisé après accord oral du médecin inter-
rogé.
Les interviews se sont déroulées entre le 18 janvier et le 10 mars 2016.
E) CONFIDENTIALITÉ DE DONNÉES:
Chaque interview était réalisée et enregistrée de façon anonyme. Pour cela, les
généralistes ont été nommés M1, M2… jusque M15, de façon chronologique.
La retranscription des interviews était faite manuellement sur un ordinateur privé, par le
même enquêteur ayant dirigé les entretiens, tout comme l’analyse et le codage des données
récupérées.
F) RETRANSCRIPTION ET ANALYSE :
Après retranscription verbatim, totalement manuelle sur ordinateur, chaque réponse a
été classée dans un tableur Excel, sans changer les mots utilisés, en respectant l’exactitude des
paroles des généralistes, selon la question posée. Cette présentation permettait de comparer
l’ensemble des réponses à une même question, de les mettre en parallèle, de les organiser, de
les relier ou au contraire de les opposer. Certains thèmes récurrents ou particulièrement
pertinents par leur côté innovateur ou au contraire concordant avec les conclusions des études
préexistantes, ont été mis en relief, et donc codés par unités thématiques puis sous-thématiques.
L’analyse des données consistait également à repérer et considérer ce qui n’était pas dit par les
généralistes interviewés, notamment lors des temps de latence.
Ces unités de signification ont permis d’élaborer un plan, en parallèle à celui du guide
d’entretien, dans l’exposition des résultats et dans la discussion.
46
L’analyse des données s’est donc faite de manière transversale, avec comme résultat la
mise en relief d’unités de sens pertinentes dans les réponses des généralistes.
Cette analyse des données s’est faite, en effet, en suivant l’ordre des réponses au guide
d’entretien pour conserver la logique des idées de chaque généraliste.
G) VALIDATION DE LA MÉTHODE PAR UN COMITÉ D’ÉTHIQUE:
Après soumission du projet, le Comité d’Ethique de Necker-Enfants Malades (CENEM) a
donné un avis favorable à notre étude.
47
4) RÉSULTATS :
A) DESCRIPTION DE LA POPULATION INTERROGÉE :
1. Description démographique et professionnelle :
L’enquêteur a interrogé 15 médecins généralistes (MG) au total.
La parité était respectée puisqu’ils étaient huit femmes et sept hommes. Tous les âges,
et donc différentes durées d’exercice, étaient représentés, du début d’une carrière (28 ans) à
celui de pré-retraite (67 ans).
Ils travaillaient tous en tant que MG, sur un lieu d’exercice localisé en Ile-de-France,
parmi les huit arrondissements et les six départements représentés dans l’échantillon.
Les types d’exercice étaient variés : cabinet de groupe (10/15), seul (1/15), en centre
municipal de santé (1/15), ou en centre de Protection Maternelle et Infantile (PMI) pour 3/15.
En parallèle à leurs consultations, 2/15 étaient également enseignants dans une des
facultés de médecine de Paris, 1/15 était aussi médecin responsable de plusieurs crèches de
banlieue parisienne, 1/15 avait une plage horaire hebdomadaire uniquement réservée aux
vaccins, 2/15 avaient auparavant également travaillé aux urgences, dont l’un aux urgences
pédiatriques d’un Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Paris. Enfin, 1/15 pratiquait
l’homéopathie au sein de ses consultations, notamment pédiatriques, et 1/15 proposait des
séances de mésothérapie à ses patients.
2. Proportion représentée par la pédiatrie dans leur pratique :
8/15 décrivent une grosse activité pédiatrique, notamment 100% de leurs consultations
pour les 3 généralistes travaillant exclusivement en PMI.
2/15 l’estiment à 30% de leur pratique totale, et 1/15 décrit cela comme « moins
qu’avant ».
48
4/15 disent qu’ils en font « peu » ou moins de 10%.
3. Place des vaccins dans les consultations pédiatriques :
Parmi eux, 7/15 décrivaient une pratique peu fréquente des vaccins chez les enfants :
2/15 disent : « peu », 3/15 l’estimaient à 10% ou moins de la totalité de leurs consultations, et
2/15 parlaient d’un vaccin pédiatrique par semaine environ.
Les 8 autres médecins interrogés décrivaient une pratique plus fréquente de la
vaccination pédiatrique: 1/15 à 15% de ses consultations, 2/15 à 25%, 1/15 à 60%, et 1/15 à
80% ; tandis que 2/15 parlaient de 2 vaccins pédiatriques par jour, et 1/15 à 6 par jour.
4. Durée de l’interview :
L’interview le plus court a duré 11 minutes et 43 secondes, et le plus long a duré 40
minutes et 26 secondes.
La moyenne de la durée de l’interview a été calculée à 27 minutes et 20 secondes.
B) AVIS DES MG SUR LA VACCINATION DE L’ENFANT :
1. A propos de chaque vaccin :
1-1 Les vaccins recommandés par tous les généralistes : DTP et
coqueluche :
Ces deux vaccins sont recommandés par les 15/15 MG interrogés.
Quelques médecins expliquant cela par : M6 : « tous ces vaccins protègent contre des
maladies potentiellement graves et/ou mortelles. Je trouve ça absolument dommage et grave de
ne pas se protéger contre ces maladies » ou M15 : « Les vaccins qui ont un recul suffisant et
qui apportent un réel bénéfice au patient. Donc euh… le DTP », et pour le vaccin contre la
49
coqueluche, M15 : « Si on prend l’exemple de la coqueluche, il y a une recrudescence parce
que les gens ne se font plus vacciner. »
1-2 Les vaccins recommandés par une majorité de généralistes :
o a) Le ROR:
14/15 médecins sont pour la réalisation de ce vaccin combiné. M12 justifie son impor-
tance par : « Quand on était de garde le dimanche, on voyait au moins une rougeole par jour.
En garde. Maintenant on voit plus. Et la rougeole, c’est quand même une maladie qui était…
Donc on voit bien que c’est efficace. »
1/15, M11, le médecin opposé à la plupart des vaccins, se positionne contre le ROR :
« ROR ça aussi c’est un gros problème. Personnellement, je pense que les oreillons, on les a
tous faits naturellement et sans aucun problème jusqu’à l’âge de 11/12 ans. La rougeole, on l’a
tous faite un jour où l’autre, et ça s’est très bien passé. Bon il y a quelques complications, c’est
vrai. Mais moi, j’ai un attirail thérapeutique qui me permet d’éviter les complications. Via l’ho-
méopathie. »
o b) Le vaccin contre Haemophilus influenzae :
14/15 le citent lorsqu’ils énumèrent les vaccins pour lesquels ils sont personnellement
d’accord. Aucune justification particulière n’a été retrouvée dans les interviews.
M11 est contre ce vaccin.
o c) Le vaccin anti-pneumococcique conjugué :
13/15 généralistes sont favorables à ce vaccin.
1/15, M15, émet un avis mitigé dessus : « Parce que ça ne couvre pas tous les types de
méningites. »
50
1/15, M11, est contre ce vaccin : « Moi, je dis non. Parce que nous sommes dans une
contrée où il n’y a pas de raison. C’est inutile en métropole. »
1-3 Les vaccins dont la pratique est plus diversifiée :
o a) Le vaccin contre le méningocoque C :
11/15 médecins sont pour le vaccin contre le méningocoque de type C. Ainsi, M8 re-
présente l’avis de ce groupe en disant : « Je suis pour tous les vaccins recommandés. »
3/15 médecins sur 15 sont mitigés ou déclarent, en tout cas, qu’ils ne se battent pas pour
sa réalisation : M2 « Pour le méningo, il peut y avoir des discussions. L’incidence est très faible
pour le méningo C, le B n’est pas pris en charge alors que l’incidence est plus élevée» ou M15 :
«le Méningo pareil, je suis pas trop pour […] Parce que ça ne couvre pas tous les types de
méningites. Euh… lorsque le risque est très faible, je considère que le bénéfice apporté au pa-
tient n’est pas suffisant. »
1/15 se déclare contre ce vaccin, M11 : «Ça fait partie de la panoplie complètement
aberrante. De méningites à méningocoque, on en voit très peu. Comme je dis aux parents, c’est
un microbe parmi 30 microbes de méningites. De méningo, on n’en voit pas, en France. »
o b) Le vaccin contre l’hépatite B :
11/15 sont personnellement persuadés de l’utilité du vaccin protégeant contre l’hépatite
B. M2 déclare : « il n’y a même pas à négocier, il faut mettre l’hépatite B. Même si ce n’est pas
un virus qui concerne les bébés», M7 : « l’hépatite B car on fait beaucoup de diagnostics d’hé-
patite B chronique chez les migrants, environ 5 diagnostics par an » et M12 : « L’hépatite B,
on le fait chez les tout-petits. Après c’est plus difficile à proposer. »
3/15 sont mitigés ou déclarent ne pas insister pour que l’enfant soit vacciné si les parents
s’y opposent, M6 : « Après je ne me bats pas pour l’hépatite B, donc s’il ne veulent pas, je fais
l’infanrix quinta» car il se justifie par : « je me dis que l’hépatite B est un peu moins foudroyante
51
qu’une méningite à pneumocoque. Et je préfère, plutôt que de ne pas du tout les vacciner, au
moins qu’ils le soient avec le Quinta, et tant pis pour l’hépatite B.»
M15 est également mitigé à propos de ce vaccin : « c’est surtout par rapport à ce que l’on en-
tend, les scandales médiatiques, voilà. Après je ne suis pas contre le vaccin en lui-même, surtout
qu’il y a un risque important de transmission sexuelle. Donc oui, ça apporte quelque chose.
Mais quand on entend tout ce qu’on entend, oui il faut faire la part des choses. »
1/15, M11, est contre le vaccin : « hépatite B, à fond [contre]. Parce qu’il y a eu quand
même des incidents qu’on a voulu nous cacher […] Le fait d’injecter un virus d’hépatite sur un
foie immature, je trouve ça complètement aberrant, alors qu’il n’y a aucun risque.»
o c) Le BCG :
10/15 sont pour le BCG.
4/15 sont mitigés face à ce vaccin, M2 : « là je peux mettre un bémol. Si ce sont des
gens qui ne sont pas dans un contexte de population d’immigration, si le mode de garde est fixe,
à la maison, là j’en discute » ou M15 : « Alors le BCG je suis partagé. Disons que s’il y a un
contexte qui peut exposer l’enfant à la tuberculose, oui il faut le faire. […] Mais si l’enfant n’est
pas gardé en crèche collective, mais par la maman, qu’il n’y a pas de notion de voyage à l’étran-
ger… »
1/15, M11, est également contre le BCG.
o d) Le vaccin contre HPV:
10/15 sont favorables à ce vaccin. M9 déclare : « HPV aussi, d’autant plus le faire le
plus tôt possible. Surtout que pour la jeune fille, il n’y a qu’une injection, et que c’est mieux
pour elle. »
4/15 sont mitigés. Par exemple, M3 explique sa mise en garde : « Je ne suis pas contre
Cervarix , mais je trouve que son indication peut également être discutable » et M6 : « Parce
52
qu’on a un peu moins de recul donc on est un peu plus frileux sur les vaccins un peu plus
récents», ou encore M10 : « Il ne me pose pas problème, mais c’est vrai que c’est un vaccin qui
a montré une diminution d’infection par HPV, sans montrer une diminution du cancer du col,
mais ça c’est obligé », par manque de recul temporel comme il l’expliquera plus loin. M15 est
également partagé pour ce vaccin : « ça me gêne. […] de rajouter encore un vaccin, on rentre
dans la surprotection, quoi. Est-ce que les études ont montré que ça apportait un réel bénéfice
sur les cancers du col ? […]Parce que voilà, le dépistage du cancer du col est efficace avec le
frottis. Moi les anomalies que j’ai trouvé, on a fait une colposcopie et souvent c’est rentré dans
l’ordre. »
1/15, M11, est contre ce vaccin.
1-4 Les vaccins pour lesquels la majorité des médecins sont contre :
o a) Le vaccin contre le Rotavirus :
2/15 médecins sont favorables à ce vaccin.
9/15 médecins sont formellement contre ce vaccin, par exemple M1 : « J’avais lu un
article sur ce vaccin il y a très longtemps dans Prescrire, qui ne montrait pas un très grand intérêt
dans ce vaccin, peut-être pour son efficacité», ou M4 : « « Pour le Rotarix, ce n’est pas une
indication donnée par le BEH [Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire]. En plus, je trouve
que c’est très cher, et que je ne suis pas sûr qu’il soit très utile», ou encore M10 : « le vaccin
contre l’entérovirus, on est revenus dessus car il y avait pas mal d’invaginations intestinales
aigües. Donc ça, je ne le prescris jamais», et M15 : « Après il y en pour lesquels je suis formel-
lement contre comme les vaccins de la varicelle ou le Rotavirus. »
4/15 se déclarent mitigés vis-à-vis de cette injection, M2 : « Il y a aussi le Rotarix que
je peux discuter. Le Rotarix est recommandé pour tous les enfants qui rentrent en collectivité,
et toujours pas remboursé. Pour celui-là j’en discute et je prends du temps pour les enfants qui
53
rentrent en crèche. » De même pour M9 : « je ne le propose pas systématiquement. Je le propose
aux enfants qui ont besoin d’être protégés, et qui peuvent faire des formes graves : ceux qui
sont en collectivité, ceux qui sont prématurés… je juge là-dessus, selon l’environnement. »
o b) Le vaccin contre la varicelle :
Il n’y a pas de médecin se déclarant pour ce vaccin, pour la population pédiatrique gé-
nérale.
8/15 sont contre : M3 : «Sauf Varicelle chez l’enfant dont je ne vois pas l’intérêt», et
M12 : « la varicelle, c’est quand même une maladie bénigne » et M13 : «les recommandations
ne sont pas pédiatriques. Comme ça c’est réglé. »
3/15 sont mitigés ou ciblent leur population à qui ils le proposent, comme l’expliquent
M9 : « c’est suivant le contexte les antécédents de l’enfant que je le propose ou pas », et M12 :
« Que chez les personnes à risque, pas systématiquement ».
Pour 4/15, la question ne leur a pas été directement posée, et ils ne l’ont pas spontané-
ment évoqué.
2. Connaissance et opinion sur le calendrier vaccinal 2015 :
2-1 Connaissance du calendrier vaccinal 2015 :
La totalité des médecins interrogés connaissent l’existence de ce calendrier vaccinal
2015.
En revanche, un seul médecin explique un manque de connaissance précise par la cri-
tique de sa complexité, et par le fait qu’il change trop souvent au cours des années, M4 : «je le
connais très mal, je trouve qu’il est très compliqué. Même 2015, donc comme vous le voyez
derrière moi, j’ai un petit rappel, et j’y fais référence tout le temps ». Au cours de l’interroga-
toire, il explique qu’il a ces difficultés essentiellement lors des rattrapages, en s’adaptant à des
54
calendriers anciens, toujours différents. Le fait que le calendrier vaccinal soit si régulièrement
modifié entraînerait donc ces complexités dans les différents rattrapages, lorsque tous les vac-
cins ne sont pas faits à temps.
Alors que 2/15 trouvent, au contraire, que ces modifications entraînent une meilleure
connaissance par la simplification et la diminution des injections totales recommandées, chez
l’enfant : M1 : « Il est bien pratique », et M3 : « ça s’est nettement simplifié ».
2-2 Opinion personnelle à propos du calendrier vaccinal 2015 :
10/15 des médecins se disent tout à fait d’accord avec le calendrier vaccinal 2015, sans
aucune contestation.
5/15 émettent quelques critiques.
Chez 1/15, la question n’a pas été posée.
o a) La plupart des généralistes en accord avec le calendrier vaccinal
2015 :
Une grande majorité de généralistes, 11/15, sont d’accord avec le calendrier vaccinal,
notamment au niveau des âges recommandés pour les injections.
2/15 s’y déclarent favorables parce qu’ils avouent avoir un manque de connaissances
voire d’intérêt envers les vaccins et le calendrier vaccinal. Ils préfèrent donc, par défaut, faire
confiance aux recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) à ce propos, M1 : «en
fait, je ne me pose pas de question, j’applique bêtement» ou M8 : « Oui, enfin je ne suis pas un
spécialiste des vaccins. Donc si on me recommande ça, ben soit, je le fais. »
1/15 explique son avis favorable par la simplification du calendrier vaccinal : M7 :
« Du coup on pique moins, donc ça me va bien. »
55
o b) Quelques critiques cependant :
-Un problème de rupture de stock : pour 2/15, le principal inconvénient du calendrier vacci-
nal actuel réside dans le problème des ruptures de stock : M12 : « ils ont sorti plein de valences
avec le DTP, et en fait c’est régulièrement en rupture de stock. Donc on fait régulièrement le
Boostrix Tetra à la place du Repevax. C’est un peu la cacophonie. »
-Des âges inadaptés : pour 3/15, il peut y avoir quelques problèmes au niveau des âges. Le MG
pratiquant l’homéopathie et se déclarant contre beaucoup de vaccins recommandés, pense que
vacciner un nourrisson de moins de 2 mois serait trop précoce. M11 : « il y a aussi le problème
des âges. Je ne me précipite pas sur un enfant avant 2 mois. J’essaie de régler tous les problèmes,
tous les soucis. Après, je vois le contexte dans lequel il vit, surtout le mode de garde. »
Ce généraliste est rejoint par M15 du moins pour ce qui concerne le BCG : « si l’enfant
est gardé à la maison, qu’il n’y a pas de notion de voyage ou de contage, je ne vois pas l’intérêt
de le faire aussi jeune […] Plus tard, soit s’il y a un risque dans le noyau familial, soit quand il
arrive en collectivité. »
Un dernier généraliste, travaillant en crèche, évoque le problème de l’âge recommandé
pour le ROR : M14 : «moi, j’ai un problème avec le ROR. Avant, la première injection était à
9 mois pour ceux qui sont en crèche. Maintenant, c’est à 12 mois. Et j’ai eu le cas d’un gamin
qui a attrapé la rougeole entre 9 mois et 12 mois. J’aimerais bien que le ROR revienne à 9 mois.
Premièrement parce que dans les consultations de suivi des enfants, le 12 mois pose problème :
il n’est pas pris en charge à 100%. Alors que le 9 mois est pris en charge à 100%. Du coup, on
arrivait à faire toutes les vaccinations dans toutes les consultations qui sont prises en charge à
100%. Alors que là, avec le changement de calendrier vaccinal, bon ils ont presque tous des
mutuelles, mais bon... »
56
3. En accord avec le fait que certains soient obligatoires et d’autres
recommandés ?
3-1 Une opposition importante à l’obligation du DTP :
Dans l’échantillon, 7/15 se déclarent opposés à l’obligation actuelle du DTP. Les argu-
ments évoqués sont :
o a) L’obligation décrédibiliserait les recommandations:
Pour 5/15, ce qui les gêne est le fait que certains vaccins soient obligatoires et d’autres,
tout aussi importants selon eux, uniquement recommandés. Le discrédit infondé que l’obliga-
tion entraîne sur les vaccins recommandés, aux yeux des parents, serait impor-
tant, M13 : « C’est vrai que ça peut semer la confusion chez l’esprit des gens, quoi ! En se
disant : si c’est pas obligatoire, c’est que c’est pas important. »
Quitte à choisir, 3/15 préfèreraient que tous soient obligatoires, M6 : « Non, ça je trouve
ça complètement débile. […]Je pense qu’ils devraient être tous obligatoires ou aucun », M9 : «
Pour moi il faut être logique. Il n’y a pas de vaccins meilleurs que d’autres. […].Pour moi qui
travaille en PMI ce serait plus simple que tous soient obligatoires».
2/15 voudrait que d’autres vaccins soient obligatoires : M13 : « Éventuellement, par
rapport au ROR ! Pourquoi pas le mettre en obligatoire », tout comme M11: « je rajoute la
coqueluche, qui n’est pas obligatoire contrairement à ce qu’on pourrait penser ».
o b) Elle aurait été établie pour de mauvaises raisons :
1/15, M1, tente d’expliquer cette obligation du DTP seul, par le lobby pharmaceutique :
« La part entre recommandé et obligatoire me semble aléatoire. Il y a des arguments financiers
là-dessous, enfin je ne sais pas. »
57
2/15 évoquent une origine historique à cette différence du DTP avec les autres vaccins,
apparus plus tard, M7 : « c’est une idée complètement désuète, ça ne devrait plus exister. Mai
68 n’est pas allé assez loin de ce côté-là », ou bien en comparant cette obligation à une loi
émanant d’un régime communiste : M2 : « non les obligatoires n’ont plus lieu d’être, à mon
avis. On a passé l’ère de Ceausescu. »
o c) Il existerait une incohérence entre l’obligation du DTP et
l’absence d’accessibilité dans le commerce:
2/15 critiquent ouvertement le fait que seuls ces 3 vaccins soient obligatoires mais qu’ils
ne soient disponibles uniquement que combinés avec d’autres vaccins, recommandés, comme
l’Haemophilus et la coqueluche, voire l’hépatite B. M2 déclare ainsi : « ils ne fabriquent plus
de DTP. Donc quelque chose qui est obligatoire mais qui n’existe pas…»
o d) Elle déresponsabiliserait les parents dans leur décision :
3/15 expliquent que, pour eux, le plus important est de convaincre les parents, afin qu’ils
décident d’eux-mêmes, après une information claire et précise de leur MG, s’ils considèrent tel
vaccin comme utile pour leur enfant, ou non.
On peut citer M7 : « Si on avait que des vaccins recommandés, ça obligerait les méde-
cins à justifier les vaccins, à les expliquer, à faire comprendre pourquoi on les fait, comment on
les fait, et les effets secondaires notables », afin d’accéder à une autre manière de réfléchir par
rapport aux vaccins, M7 : « ça les surprend quand je leur dis qu’il ne faut pas réfléchir en terme
de vaccins obligatoires ou pas. Il faut réfléchir en « utile », « pas utile ». »
o e) Elle ne découragerait pas les parents opposants :
2/15, dont M8, évoquent le problème des faux certificats médicaux : « Je pense que ça
ne change rien. Les gens qui ne veulent pas faire les vaccins, ils arriveront toujours à tricher. »
58
De son côté, M14 raconte : « on m’a rapporté des cas de troc de photocopies de carnet de vac-
cination à jour. Il y en a qui vont très très loin […] Donc quand on ne veut pas, je pense qu’il y
a toujours des moyens. »
3-2 L’obligation vue de façon positive par quelques-uns :
D’un autre côté, 5/15 se déclarent favorables à cette obligation du DTP pour plusieurs
raisons :
o a) L’obligation constituerait un argument ultime pour leur
réalisation :
2/15 évoquent le fait qu’avec l’obligation du DTP pour l’entrée en collectivité, la cou-
verture vaccinale est forcément optimale, même si les parents sont méfiants. M12 déclare: «le
fait que ce soit obligatoire nous permet de l’imposer aux parents. C’est un argument complé-
mentaire» et M14 : « si ce n’est plus obligatoire, ce ne sera plus fait. C’est mon avis personnel.
On va avoir des maladies qui vont revenir. »
o b) L’obligation vaccinale serait considérée comme un progrès :
1/15, M1, affirme : « Qu’il y ait des vaccins obligatoires, oui, cela me semble important
et une bonne chose. […]Le fait d’avoir rendu ce vaccin obligatoire, c’est une avancée. »
o c) L’obligation serait pertinente car le DTP serait le vaccin le plus
important :
Pour 2/15, la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite sont 3 maladies qui, par leur gravité,
rendent légitimes l’obligation du vaccin. A côté, les autres maladies seraient moins graves. M15
affirme : « oui, pour le DTP parce que ce sont des maladies d’une particulière gravité, qui ont
disparu de la France, parce qu’on a vacciné. »
59
Au contraire, M10 appréhende le moment où l’obligation légale sera levée car les pa-
rents auront, selon lui, tendance à penser que les professionnels de santé n’estiment finalement
pas les 3 maladies graves.
3-3 Une absence de positionnement pour les autres :
Enfin, 3/15 n’ont pas d’avis précis sur la question, se posant toutefois de nombreuses
interrogations, sans réponse claire sur l’utilité de l’obligation ou non.
o a) Une comparaison avec les autres pays :
2/15 exposent cette différence de lois entre la France et ses pays voisins, et la persistance
d’une couverture vaccinale suffisante dans les pays n’ayant que des recommandations vacci-
nales, M5 : « Quand on regarde dans les pays qui nous entourent, et que ce n’est pas obligatoire,
ça ne diminue pas le taux vaccinal. Après, nous, est-ce-que culturellement on est prêt à ce qu’un
vaccin ne soit pas obligatoire et qu’on continue à vacciner les autres petits enfants ? » M10,
lui, déclare prudemment: « j’ai pas d’avis dessus […] Après, je crois qu’on est le seul pays à
les avoir obligatoires. Est-ce que ça changerait vraiment tout si ce n’était pas obligatoire ? »
o b) L’absence d’opinion est liée à une absence de connaissance sur
le sujet:
1/15 affirme que, par manque de connaissance sur le sujet, il suit les recommandations
sans se poser la question de la pertinence de l’obligation et de la recommandation : M8 : « Je
n’ai pas d’avis dessus. Je ne connais pas suffisamment ce domaine, ce n’est pas quelque chose
qui m’attire beaucoup. Donc je fais confiance au calendrier vaccinal. »
60
4. Connaissances sur la législation existante face au refus vaccinal :
3/15 ne semblent pas connaître les notions de signalement ou d’information préoccu-
pante.
7/15 connaissent l’existence d’un signalement si le vaccin DTP n’est pas réalisé avant
l’entrée en collectivité. Parmi eux, 2/15 citent la notion d’information préoccupante auprès de
la Cellule de Recueil des Informations Préoccupantes (CRIP).
Mais aucun de ces généralistes n’a rencontré de situation où il estimait devoir utiliser
cette possibilité législative, 2/15 parce qu’ils sont en désaccord avec cette pratique, M4 : « at-
tendez, moi je ne vais pas aller dénoncer les gens », et 4/15 parce qu’ils n’en ont jamais eu
l’occasion, M8 : « je m’assurerais déjà de savoir si ce n’est pas de la maltraitance, ou un manque
de soin », M10 : « […] et que la maman préfère qu’il reste à la maison plutôt qu’il aille à l’école,
là je ferai une information préoccupante. Avant trois ans, non», et enfin M7 : « ça ne m’est
jamais arrivé. Ils ont botté en touche, ils sont allés voir ailleurs en changeant de médecin. »
5. Sources utilisées pour s’informer sur les vaccins :
5-1 Les revues :
6/15 déclarent s’informer par la lecture de revues scientifiques, certains citant plusieurs
noms de revues auxquelles ils sont abonnés : Prescrire pour 5/15, la Revue du Praticien, Le
Généraliste, Le quotidien du Médecin et Exercer, pour 3/15.
5-2 Les sites internet :
12/15 parlent spontanément de recherches faites sur internet, si besoin.
Parmi eux, un seul médecin a répondu « Internet » sans préciser quel site il allait voir, particu-
lièrement.
61
Les 11 autres généralistes ont su citer quelques pages web bien précises : le Bulletin
Epidémiologique Hebdomadaire (BEH) pour 7/15, Infovac pour 4/15, et les sites gouvernemen-
taux pour 5/15, notamment l’Inpes, Le site de l’HAS. 2/15 évoquent les sites Pubmed, de Pas-
teur, du Vidal…
5-3 Les personnes :
3/15 ont indiqué avoir participé à des formations en rapport avec les vaccins: soit lors
d’un congrès inclus dans la Formation Médicale Continue, soit en lisant les cours dédiés aux
externes de médecine d’une faculté parisienne.
4/15 demandent l’avis de leurs collègues.
Si 3/15 se sont empressés de préciser qu’ils n’allaient pas s’informer auprès des « la-
bos », M15 disant que : « j’évite d’écouter les délégués médicaux qui disent que leur vaccin
c’est le meilleur parce que c’est leur métier », en revanche, il y en a eu 1/15 qui a reconnu se
tenir au courant notamment grâce au passage très régulier de deux laboratoires différents :
M12 : « On les voit vraiment très souvent, au moins deux, trois fois par mois. Alors le calendrier
vaccinal… ahah ! Bon ils nous parlent surtout de Cervarix et Gardasil, mais on les voit très
souvent ».
6. Avis des MG sur les arguments évoqués par les parents opposants:
6-1 Argument 1 : la peur des effets secondaires :
o a) Leur opinion personnelle face à cet argument :
-Une possibilité réelle à prendre en compte :
Ils sont 10/15 à affirmer qu’il existe des effets secondaires possibles ou établis, aux
vaccins pédiatriques, M2 : « Sur les effets secondaires, on peut jamais dire : « Il n’y a pas.»
62
D’autres sont plus catégoriques sur l’existence d’effets secondaires, M8 : « Les effets
indésirables, ben il y en a. On ne peut pas complètement les rassurer par rapport à ça », M13 :
« effectivement le risque zéro n’existe pas », M15 : « Je comprends qu’il y ait une crainte parce
qu’en réalité, on ne connait pas trop les adjuvants qui sont mis dans les vaccins. »
M11, très opposé aux vaccins, affirme qu’on induit des effets secondaires irrémédiables :
« mais les pauvres gamins ! Et comme disait l’immunologue que j’avais entendu : à force, nous
allons faire et nous faisons beuguer l’immunité. »
-Leur avis face à la méfiance envers la sclérose en plaque :
La totalité des médecins interrogés ont donné leur avis sur ce sujet.
9/15 estiment que les études ont prouvé qu’il n’y avait pas de lien entre l’incidence de la maladie
et la vaccination contre l’hépatite B.
Ils sont néanmoins 4/15 à voir un lien entre l’installation de la sclérose en plaque, ou du
moins d’une maladie liée au système immuniatire, et la vaccination contre l’hépatite B, M1 :
« je pense qu’il y a des effets secondaires à tous les stimulants d’immunité. Effectivement,
toutes ces maladies auto-immunes, ça peut être un problème. » M12 est plus précis dans l’ex-
plication de son opinion : «le seul truc que ça peut peut-être faire, c’est : comme on touche au
système immunitaire, ça pourrait déclencher une poussée chez quelqu’un qui potentiellement
est atteint d’une sclérose en plaque», rejoignant M15 : « ça peut révéler des maladies qui n’al-
laient pas forcément se réveiller un jour. »
1/15 estime que le danger réel n’est pas connu du public, M11 : « il y a eu quand même
des incidents qu’on a voulu nous cacher. »
2/15 expliquent la méfiance générale par le souvenir de la vaccination en masse, en
milieu scolaire, brutalement arrêtée par ce doute envers la sclérose en plaque et son lien avec le
vaccin, M3 : « C’est une polémique justifiée, parce que ç’a été assez obscur pendant des années
» et M4 : « Donc on a passé un mauvais moment à savoir si on avait induit des scléroses en
plaque à tous les gamins. Et puis finalement, on nous a dit que c’était pas vrai. »
63
-leur avis face à la polémique de l’aluminium :
Ils sont 11/15 à s’être exprimés à propos de la composition de certains vaccins compor-
tant de l’aluminium, et du lien éventuel avec l’apparition d’une myofasciite à macrophages.
4/15 estiment qu’il n’y a aucun lien scientifiquement établi entre la vaccination injectant
une certaine quantité d’aluminium et les symptômes apparentés à la myofasciite à macrophages.
Pour rassurer les parents de ses patients, M14 leur dit : «Généralement, je leur dis que ce sont
des quantités qui sont petites, et que quand ils font cuire leur poisson en papillote à l’aluminium,
je pense qu’il y a plus d’aluminium dans leur poisson que dans leur vaccin. »
M10 réagit plus violemment face aux chercheurs voulant prouver la responsabilité du
vaccin dans les symptômes de la myofasciite : « c’est un service qui est très content d’avoir
trouvé un bon filon pour publier et ramener ses sous au service, et donc ils aiment bien déclen-
cher des polémiques parce que ça attire le regard, de l’argent, des financements. »
3/15 déclarent ne pas savoir si le lien existe ou non.
4/15 affirment que ce lien est significatif, et que l’aluminium peut déclencher des effets
secondaires chez les personnes vaccinées, comme M2 : « par exemple l’aluminium : il y a des
études qui montrent qu’il peut y avoir des réactions de temps en temps. Moi, je touche du bois,
il n’y en a pas eu beaucoup, mais il y a des collègues qui en ont. Ça existe. »
o b) Leur argumentaire face aux parents inquiets:
-La balance bénéfice-risque doit être un moyen objectif à utiliser par les parents, dans
leur réflexion :
Devant l’émotion de la peur, 8/15 des médecins parlent de la balance bénéfice-risque à
propos de chaque vaccin.
Si 6/15 estiment que cette balance penche toujours vers le bénéfice apporté par le vaccin,
2/15 l’utilise, au contraire pour dénoncer l’absence d’utilité de certains vaccins. On y retrouve
64
M11 : «Je trouve que c’est très cher payé […] alors qu’il n’y a aucun risque » et M15 : « il y a
certains vaccins pour lesquels la balance n’est pas évidente. »
-Cet échange n’aboutit de toute façon qu’à une décision parentale:
Ils sont 3/15 à vouloir responsabiliser les parents dans leur décision, afin de se rendre
indépendant de tout effet secondaire potentiel post-vaccinal. Cette responsabilisation parentale
aboutit apparemment fréquemment à une conviction de l’utilité vaccinale, comme M2 l’af-
firme : « le discours je le mets surtout sur l’intérêt de ce qu’on est en train de faire, et je leur
remets leur responsabilité, ça les fait généralement réfléchir. Après ils ont le temps, et puis ils
reviennent et ils vaccinent», et ensuite : « Mais je leur dis qu’on est juste un intervenant qu’ils
sont venus voir, et que c‘est eux les parents. J’ai mes enfants, ils ont le leur. » M7 également
explique ceci : « On leur délivre notre information, on se protège en marquant tout dans le car-
net de santé, et rien d’autre. »
6-2 Argument 2 : la maladie n’est pas si grave et a quasiment disparu :
o a) A propos de l’incidence de la maladie :
-Une diminution d’incidence justifiant l’intérêt de la vaccination :
9/15 utilisent cet argument anti-vaccin justement pour le défendre, M1 : «si elles n’exis-
tent plus, c’est justement parce qu’on vaccine la population», et donc, par conséquent, M4 : « si
on arrête de vacciner, elles reviennent. »
-Une raréfaction également due à l’immunité collective :
4/15 répondent en expliquant l’intérêt de l’immunité collective pour assurer une cou-
verture vaccinale optimale, comme M4 : « les enfants qui ne sont pas vaccinés sont protégés
par le taux élevé de vaccinations dans le reste de la population. », et M9 : « la vaccination est
un truc un peu altruiste, c’est-à-dire qu’on le fait pour une couverture populationnelle […]
quand on atteindra un taux de couverture suffisant, la maladie s’éteindra d’elle-même », ou de
65
façon plus menaçante comme M6 : « Si on vaccine plus ses enfants, la couverture vaccinale va
baisser. »
Cependant, 2/15 rejettent cet argument, qu’ils trouvent inefficaces devant la réticence
parentale, M10 : « un argument que je ne donne jamais, parce qu’il ne marche pas, c’est : vac-
cinez vos enfants, vous protégez la collectivité. […] Ce qui compte c’est mon enfant » et
M15 : « Non, ça ne marche pas. Parce que les parents sont souvent égoïstes et pensent d’abord
à leurs enfants, c’est normal. »
Par rapport à cette notion d’immunité collective, 2/15 l’exposent comme une mise en
danger de l’enfant non vacciné, qui aura plus de risque que ceux vaccinés, de contracter la
maladie si elle réapparaît, M10 : « s’il y a une petite épidémie, c’est leur enfant qui tombera
malade, c’est pas l’enfant des autres, car il ne sera pas protégé. »
-Une incidence encore importante dans d’autres pays :
3/15 évoquent la présence encore répandue de maladies pouvant être prévenues par un
vaccin, dans d’autres pays que la France, M4 : « Et s’ils vont dans des pays où ce taux de vac-
cinations est plus faible, ils vont attraper la maladie », ou M10 : « en voyage, on se rend compte
de la chance qu’on a d’avoir ces vaccins », et M13 : « ça existe dans certains pays. La diphtérie,
il y en a eu en Europe de l’Est. »
o b) A propos de la gravité des maladies contre lesquelles les vaccins
protègent :
-Une gravité démontrée par l’utilisation d’anecdotes :
Pour amplifier le poids de leurs arguments, 5/15 les illustrent par des anecdotes, des cas
connus par eux, de patients ayant contracté une maladie car il ne s’était pas fait vacciner contre.
Ainsi, M6 raconte : « je leur donne l’exemple de la rougeole qui n’existait presque plus,
on a moins vacciné, et à cause de ça, il y a eu une nouvelle épidémie de rougeole avec une petite
fille qui est décédée à 7 ans d’une encéphalite rougeoleuse. Donc, ça les calme un peu », ou
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M7 : « le coup du diagnostic de 4 à 5 hépatites B par an versus VIH, ça parle » et encore M14 :
« j’ai un de mes maîtres de stage, son fils est sourd à cause de la rougeole. Du coup, je leur
dis. »
-Une transmission médicale et objective des symptômes associés aux maladies :
4/15 citent les complications possibles des maladies en question, comme M2 : « si par
exemple ils me parlent de la rougeole : elle est bénigne dans 95% des cas, et puis le reste, on
en tire des légumes. […] L’hépatite B, c’est la première cause du cancer » ou M3 : « c’est soit
une maladie mortelle, soit un cancer, donc bon après, choisis ton camp camarade » ou encore
M6 : « si on décline toutes les maladies, il y en a un certain nombre mortelle et puis d’autres
avec des séquelles pouvant être graves : les oreillons pour les garçons… », et enfin M9 : « par
exemple pour le Prévenar et la méningite à pneumocoque, c’est la méningite qui laisse le plus
de séquelles, et la méningite la plus grave. »
-L’utilisation de « chiffres choc » sur la gravité et leur incidence dans la population fran-
çaise :
1/15, M5 travaillant en PMI, a accès à des documents contenant une épidémiologie com-
plète sur les maladies infantiles et leurs complications : « des arguments et des phrases choc
avec des pourcentages, du nombre de morts par an pour chaque pathologie… ça, on s’en sert
beaucoup. »
o c) Une opinion parallèle à celle de l’ensemble des médecins :
M11 réagit tout à fait différemment du reste de l’échantillon en étant en accord total
avec cet argument numéro 2 : « Mais moi, j’ai un attirail thérapeutique qui me permet d’éviter
les complications, via l’homéopathie, que n’ont pas les médecins autres […] non, ce n’est pas
grave : traitée par homéopathie, ce n’est pas grave. J’ai eu 4 enfants sur 5 qui ont fait la rougeole.
La dernière avait 9 mois. Bon ! »
67
6-3 Argument 3 : mon enfant n’est pas à risque pour cette maladie :
o a) Une contestation simple de l’affirmation :
3/15 réagissent à cet argument anti-vaccin par une infirmation non détaillée, comme par
exemple M1 : « C’est faux d’abord » ou M13 : « non, ça on ne peut pas le dire. C’est débile. »
Sans argumenter, M2 utilise une métaphore pour faire comprendre le risque encouru :
« Même en étant sur le passage piéton, on peut se faire renverser par une voiture… Après on
n’est pas obligés de tous se protéger, on n’est pas obligés de mettre la ceinture dès qu’on monte
dans une voiture… »
o b) Une contre-argumentation par rappel des modes de
contamination :
8/15 généralistes énoncent un ou plusieurs modes de contamination possibles, pour il-
lustrer le risque d’exposition de l’enfant non vacciné.
-La contamination aérienne :
1/15 évoque ainsi la contamination aérienne de certaines maladies non précisées, quand
il annonce : M3 « Dans le 3e arrondissement de Paris, je ne sais pas comment ils font pour ne
pas être en contact avec telle ou telle maladie. On prend le métro. »
-L’exposition lors des voyages :
3/15 parlent des voyages dans des pays où, comme nous l’avons vu plus haut, l’immu-
nité collective est moins étendue donc moins protectrice, M5 : « Je dis souvent : votre enfant
va voyager, surtout à cette génération, et va être en contact avec des gens qui voyagent, et sera
donc en contact et à risque de toutes les maladies. », et M8 : « Mais vous ne savez pas ce qu’il
va devenir quand il sera plus grand, il va peut-être voyager etc… », M10 : « S’il voyage, il sera
à risque parce que tous les pays ne sont pas vaccinés contre.»
68
-La collectivité :
2/15 évoquent, quant à eux, la première collectivité que l’enfant va connaître : « l’école
est obligatoire à partir de 6 ans, il sera donc forcément en collectivité, en contact avec d’autres
enfants qui peuvent être malades… On ne peut pas ne pas être à risque » ainsi que M15 : « après
ils ne pensent pas forcément à la contamination à l’école ou à la crèche. »
-L’exposition professionnelle :
1/15 prend pour exemple les études médicales et paramédicales qui obligent tout pro-
fessionnel ou étudiant à se vacciner contre l’hépatite B, M9 : « Par exemple pour l’hépatite B,
mettons qu’il fasse des études médicales, il aura besoin d’être protégé. »
-Les rapports sexuels non protégés:
2/15 expliqueraient également aux parents qu’il s’agit d’un mode d’exposition impor-
tant, à ne pas oublier même quand l’enfant est encore petit donc non concerné, M7 : « une de
leurs amies adolescentes, « bien sous tout rapport », a attrapé l’hépatite B par son premier rap-
port sexuel ».
o c) Une justification des âges recommandés par le calendrier
vaccinal :
Devant le nombre important de types d’exposition apparaissant beaucoup plus tard dans
la vie de l’enfant, au moins à l’adolescence, les parents pourraient, selon les médecins, s’inter-
roger sur la pertinence des âges recommandés pour les vaccins protégeant contre de telles ma-
ladies, souvent très précoces.
A cela, 3/15 généralistes répondent par :
-L’argument d’une plus grande efficacité chez le tout-petit : M6 explique que : « l’immunité
se fait mieux quand on les vaccine petit d’une part, […] Je leur donne l’argument qui est vrai,
qu’on fabrique plus d’anticorps quand on est petit que quand on est ado »,
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-l’avantage des vaccins combinés : Leur combinaison permet la diminution des injections,
contraignantes et douloureuses, M6 : « c’est dans le même vaccin, donc ça évite de les piquer
3 fois de plus »,
-Une meilleure tolérance en bas-âge : M9 utilise cet argument pour motiver les vaccins chez
le nourrisson : « autant le faire dans l’enfance… oui, parce que c’est mieux toléré»,
-La mauvaise observance à craindre à l’adolescence : M14 prévoit des difficultés dans le
suivi d’un enfant plus âgé: « peut-être quand il aura 15 ans, il sera perdu de vue de tous les
médecins, et que ce sera le moment de faire ces vaccinations-là, et qu’il n’ira pas voir le méde-
cin pour le lui prescrire ».
o d) Le choix de culpabiliser les parents si refus :
1/15 décrit sa réaction lorsque les parents refusent la vaccination pour ce motif-là, M10 :
« mais s’il arrive quelque chose à leur enfant, ils s’en voudront beaucoup […] Souvent, ça
cache quelque chose, une maman qui ne fait pas confiance. »
6-4 Argument 4 : la théorie du complot entre laboratoires pharmaceutiques
et politiciens :
o a) Un argument entendu chez des parents très opposants :
2/15 MG auraient réellement été confrontés à ce genre d’argument, qu’ils associent à un
type parental refusant tout vaccin. Ainsi, M2 explique que : « il y aura toujours la théorie du
complot, il y aura toujours un « si » qui pourra revenir, un « mais ». On voit bien qu’il y en a
qui sont vraiment les puristes qu’on n’arrive pas à changer ».
Quant à M14, il cible un des auteurs de pétitions anti-vaccin, utilisant beaucoup cet
argument du complot, et tente de la décrédibiliser auprès des parents : « le mec qui a fait cette
pétition par Facebook est un fanatique […] cancérologue donc hyper calé en infectiologie…
C’est ce que j’essaie de leur dire, après ils peuvent croire ce qu’ils veulent. »
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Le reste des MG n’ayant pas eu dans leur pratique ce genre d’argument à débattre, nous donne
donc son opinion à ce propos, s’il existe.
o b) Opinion des MG à propos de l’argument 4 :
-Un argument qui ne les atteint pas : 4/15 expriment un manque d’intérêt franc à propos d’un
lien éventuel entre la sphère politique et les laboratoires pharmaceutiques. Trois d’entre eux
considèrent cette idée trop éloignée du milieu du cabinet : M1 : « Ca me dépasse à mon niveau.
Je ne sais pas. Il se passe peut-être des choses, je n’en sais rien, je n’y ai pas accès », et M5 :
« Mais ça n’a pas lieu d’être dans le cabinet » et M3 : « heu…on ne m’en a pas parlé non plus. »
-Une méfiance ressentie envers les sphères politique et pharmaceutique: 8/15 expriment
des doutes sur l’indépendance entre le monde politique et celui de l’industrie pharmaceutique,
ou du moins comprennent la méfiance des patients.
4/15 affirment que les laboratoires pharmaceutiques ont un but purement financier, con-
trairement à l’Etat, dont l’objectif est l’amélioration de la Santé Publique. M4 explique que :
«les laboratoires pharmaceutiques essaient essentiellement de vendre leurs médicaments, leur
objectif n’est pas un objectif de santé publique, mais de profit tout simplement. Donc, je ne suis
pas sûr que les laboratoires pharmaceutiques soient tout à fait irréprochables. Je suis même
persuadé du contraire. » M5 déclare lui aussi que : « C’est clair qu’il y a des histoires de gros
sous, il ne faut pas le nier non plus, hein. Les laboratoires ont tout intérêt à vendre des vaccins,
on ne peut pas le nier» et M15 : « les grands groupes pharmaceutiques […] n’inspirent pas
forcément la confiance, ils sont là pour se faire de l’argent. »
2/15 proposent une explication de la méfiance envers l’Etat, responsable des ruptures
de stock des vaccins, M11 : « je pense qu’il y a une volonté politique derrière, qui fait qu’il y a
des vaccins qu’on ne trouvait plus en France.»
2/15 MG expliquent cette méfiance par l’omniprésence du lobby pharmaceutique au
sein des décisions gouvernementales, M10 : « qu’ils n’aient pas confiance en les laboratoires
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pharmaceutiques et les grands lobbies sur la politique, c’est assez compréhensible. Parce que
c’est vrai qu’il y a un lobby énorme des laboratoires sur la politique. »
2/15 MG évoquent la responsabilité des scandales remettant en question la sécurité des
vaccins dans cette méfiance ambiante, M14 prenant l’exemple de « l’affaire du Mediator » :
« C’est vrai que le Médiator a fait vachement de tord dessus. C’est qu’il y a une grosse mé-
fiance… » Cependant, 1/15, M14, pense au contraire que : « maintenant les alertes de l’agence
du médicament, elles sont très fréquentes. Malheureusement, on ne peut pas tout prévoir […]
on reçoit énormément d’alertes sur les médicaments. Que dès qu’il y a le moindre pet de travers
sur un médicament, il est facilement retiré du marché, pour principe de précaution. »
1/15 explique sa propre méfiance envers l’Etat et les laboratoires pharmaceutiques par
le fait que le premier finance peu de recherches, ce que font les deuxièmes, incluant alors un
possible conflit d’intérêt, M7 : « tant que l’Etat, […] ne finance pas pleinement l’argumentaire
de ces études, on aura toujours ce problème-là. […] Tous les chercheurs ayant besoin de finan-
cement, ils demandent à l’Etat qui ne leur en donne pas, donc ils vont le chercher chez les
labos. »
C) RÉCIT DE LA SCÈNE VÉCUE:
12/15 ont raconté une scène particulière, d’une consultation vécue avec des parents
s’opposant aux vaccins de leur enfant.
2 MG n’avaient, selon eux, pas vécu de scène de refus dont ils se souviennent : M3 et
M13.
Devant l’évolution de l’interview avec M11, il a été logique de ne pas demander au
généraliste de raconter une scène précise où il tente de convaincre des parents de faire vacciner
leur enfant, sachant que M11 s’est montré lui-même clairement opposé à la grande majorité des
vaccins.
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On précise qu’au cours de ces entretiens semi-dirigés, les MG mêlaient souvent le récit
d’une situation particulière avec des réponses plus globales sur leur type de réaction devant une
telle situation.
1. Le type de vaccin en cause dans la scène :
Il semble ressortir des interviews qu’il existe 2 grands cas de figures de parents :
1-1 Refus de l’ensemble des vaccins :
7/15 racontent une scène avec un refus global de tous les vaccins.
3/15 évoquent un refus des vaccins comme le Prévenar ou le ROR chez des parents
opposés, mais ayant dû déjà réaliser le DTP pour des enfants entrés en collectivité, uniquement
parce qu’il est obligatoire.
1-2 L’opposition aux vaccins dits « de l’adolescence » :
3/15 racontent un refus du vaccin contre le human papilloma virus chez l’adolescente,
disponible depuis 2006.
3/15 se penchent, eux, sur des parents refusant le vaccin contre l’hépatite B, par exemple
M10 : « des gens qui avaient toujours refusé l’hépatite B de la faire, parce que leur médecin
leur avait dit que c’était dangereux. »
On précise que certains médecins ont raconté deux scènes vécues avec des parents
opposés aux vaccins, d’où le fait que le chiffre total soit supérieur à 15.
2. La réaction du médecin lors de la consultation :
Après la description des arguments parentaux qui reprennent le plus souvent les 4 sujets
évoqués plus haut, les généralistes expriment leur réaction au sein de la consultation.
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Outre les réactions exprimées lors des réponses des MG face aux 4 arguments, d’autres
réponses pertinentes ont été développées lors du récit de la scène vécue.
2-1 L’ouverture à l’échange :
Devant des parents s’opposant à une vaccination pour leur enfant, 2/15 tentent d’ouvrir
le débat, en le leur proposant d’abord, M4 : « Je lui dis : est-ce que vous voulez qu’on en dis-
cute ?» et M10 : « j’ai essayé de lui demander ce qui lui faisait peur dans ces vaccins. »
2-2 Un discours paternaliste :
Hormis les connaissances et la réassurance à propos des effets indésirables, d’autres
réactions sont observées dans l’analyse des réponses de 4/15 médecins, en lien avec une relation
paternaliste avec leurs patients :
-3/15 MG utilisent l’argument de leur conviction personnelle ayant entraîné la vaccination
de leurs propres enfants, M4 : « moi je sors toujours que mon fils a eu tous les vaccins, et
que, il est adulte mais que je regarde toujours ses vaccins. C’est une façon de convaincre aussi »
ou M15 : « je lui fais part de mon avis personnel et de mon comportement avec mes enfants. »
-1/15 MG exprime aux parents la culpabilisation qu’il ressentirait si son propre patient,
c’est-à-dire l’enfant de ces parents, contractait la maladie, M6 : « si leur bébé attrape la
méningite à pneumocoque, moi je m’en voudrais toute ma vie de ne pas l’avoir vacciné. […]Je
ne veux pas avoir une mort sur la conscience. »
2-3 Un temps de réflexion productif :
Une fois les explications sur le vaccin transmises, 3/15 ont répondu aux parents de ré-
fléchir de leur côté, de prendre le temps pour se renseigner ailleurs, M1 : « Je leur demande de
réfléchir, de bien se renseigner », en allant par exemple demander conseil à d’autres soignants,
M1 : « de demander leur avis à d’autres médecins, notamment les gynécologues pour HPV,
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pour qu’ils changent leur avis » et M2 : « En attendant, ils étaient allés en Italie, où ils avaient
discuté avec le médecin de famille. Ils reviennent et ils vaccinent leur enfant ! »
Les parents peuvent alors comparer les nouvelles informations qu’ils ont avec les anciennes,
M5 : « je leur dis : réfléchissez, revoyez ce que vous avez lu sur internet et croisez vos infor-
mations. »
Toutefois, ce temps de réflexion est décrit aux parents par 3/15 MG comme restreint par
les âges recommandés, notamment pour le vaccin contre HPV, qui est particulièrement destiné
aux jeunes filles.
2-4 L’obligation légale ayant sa place dans leur réponse face à une opposition
contre DTP :
3/15 ont utilisé cet argument « ultime » pour les convaincre de réaliser au moins le DTP,
M5 : « déjà il y a l’obligation légale, il n’y a pas à déroger. »
M12, lui, utilise cet argument pour expliquer son refus de rédiger un certificat pour un enfant
non vacciné : « Si tu ne veux pas les faire vacciner, je ne te fais pas le certificat. »
2-5 Une responsabilisation des parents face à cette décision pour leur enfant :
Chez 4/15, le principal message clôturant leur échange face aux parents méfiants reste
cette responsabilité parentale de faire le meilleur pour leur enfant, de décider en fonction de son
plus grand intérêt, M2 : « je leur donne les infos. Je reste vraiment ce qu’il y a de plus neutre,
parce que ça leur appartient. […] c’est vous qui réfléchissez et qui décidez. […]C’est là le côté
éducatif, en leur disant : c’est vous les parents, c‘est vous les responsables», M3 : « C’est lui
qui décide. C’est lui qui a le dernier mot», M14 : « maintenant dans notre société, les enfants
portent plainte contre leurs parents, J’essaie de leur montrer qu’ils prennent la responsabilité
pour leurs enfants. C’est pas leur conviction, c’est surtout leur enfant. »
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3. Conséquences de la consultation a posteriori :
Plusieurs cas de figures ont été décrits par les généralistes interrogés, sur l‘évolution de
la situation, après une telle consultation.
8/15 racontent qu’ils continuent le suivi, pour assurer un échange permanent, régulier,
sur le sujet, en espérant une évolution vers l’acceptation des vaccins.
2/15 ont n’ont obtenu que la réalisation du seul vaccin obligatoire DTP, les parents res-
tant définitivement opposés aux autres vaccins.
1/15 a décidé d’arrêter le suivi, devant l’opposition persistante des parents.
3/15 décrivent une conviction parentale obtenue finalement, pour l’ensemble des vac-
cins.
D) ATTITUDE GLOBALE DU MG FACE À CETTE SITUATION :
Après le récit libre de la scène, l’investigateur a posé quelques questions à propos de ce
type de consultation problématique vécue, au sens plus large que la seule situation racontée
juste avant.
1. La pratique du décalage des vaccins :
Dans le cadre de l’étude des différentes pratiques de vaccination des enfants chez les
MG, l’investigateur souhaitait évaluer celle du décalage vaccinal, et son lien éventuel avec une
réticence parentale.
1-1 Un décalage vaccinal inévitable :
13/15 ont répondu qu’ils décalaient parfois les vaccins, pour différentes raisons.
Les 2/15 restants n’ont pas eu la question posée lors de l’entretien.
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1-2 Un calendrier vaccinal acceptant le décalage :
1/15 justifie cette pratique par le fait que la simplification du calendrier vaccinal n’im-
pose qu’un nombre d’injections à un âge donné, sans date obligatoire de réalisation, ceci cor-
respondant à une simple recommandation, M4 : « oui. En plus, c’est devenu plus facile parce
qu’on n’est plus tenu à tenir un calendrier très très serré. »
1-3 Des raisons diverses :
La plupart des médecins expliquent ce décalage vaccinal par des facteurs extérieurs tels
que :
o a) La rupture de stock de certains vaccins :
Ce problème est abordé par 3/15.
o b) La situation du « rattrapage » vaccinal :
Seul 1/15, M1, décrit cette situation de décalage imposé : «cela m’est arrivé de faire
des rappels parce que les vaccinations n’étaient pas à jour, et donc on est obligé de le faire à un
autre âge. »
o c) Les causes liées à l’environnement personnel du patient :
2/15 expliquent le décalage par les aléas personnels du patient, M4 : « parce que les
gens passent des moments difficiles, un deuil ou autre » ou M13 : « quand il y a les vacances. »
o d) L’enfant fébrile ou atteint d’une maladie aigüe bégnine :
Cette situation est très fréquente pour 3/15 : M4 : « parce que les gamins sont malades,
c’est la plupart du temps pour ça » ou M6 : « si jamais ils ont de la fièvre, je peux le décaler
d’une semaine. » M15 : « A part pour un virus avec de la fièvre… »
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o e) Un compromis entre parent et soignant :
Pour 2/15, c’est une décision de leur part, en accord avec les parents, pour accéder à un
compromis vaccinal, avec des parents sceptiques ou anciennement opposés, comme M2 : « ils
ont bien voulu un vaccin à chaque fois […] Ils voulaient une piqûre pas plus, par mois. »
2. Une identification des différents types parentaux?
5/15 ont répondu qu’ils identifiaient les différents types parentaux, via leur degré d’op-
position à la vaccination. La question était posée par l’investigateur, car aucun MG n’a parlé
spontanément d’une différenciation systématique du type de parents.
2-1 La méthode utilisée pour les différencier :
4/15, décrivent une identification « inconsciente » lorsque la conversation dévie, selon
la volonté des parents, vers la question des vaccins, M2 : « Ben oui, ça dépend de ce qu’ils nous
répondent », ou M10 : « je pense que ça se fait au feeling, ça », M5 : « Oui, je pense, après on
voit bien si on arrive à discuter ou pas, quand on rentre dans le débat » et M1 : « pour le vaccin
contre HPV, il y avait tous les types, entre le refus total, la réticence et le fait de vouloir en
savoir un peu plus, qu’on arrivait vite à convaincre. J’ai vu tous les cas, oui ».
1/15 décidait de lancer lui-même le débat le plus tôt possible pour, justement, identifier
le type auquel les parents appartiennent, cela avant même que l’enfant soit en âge d’être con-
cerné par les vaccins, M6 : « c’est à ce moment-là que je commence à parler des vaccins, quand
je n’en ai pas encore à faire. Je leur demande directement ce qu’ils pensent des vaccins, s’ils
ont des a priori, pour, contre… Pour tâter le terrain. »
Ainsi, une fois le sujet volontairement abordé, différents types parentaux sont décrits
par les MG.
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2-2 Les « opposés totaux » :
8/15 généralistes les caractérisent clairement au sein de leur pratique, en « débordant »
parfois de la scène racontée. M2 affirme sur eux : « les réticents purs ne viennent pas en PMI
[…] Le côté légal, ils s’en moqueront », et M8 : « il y a des gens qui sont arcboutés sur ça, qui
sont trop angoissés », ou encore M9 : « la maman répondait avec des phrases très courtes, très
fermées. […] elle était farouchement hermétique. […] pour moi c’était comme un mur. Ça
n’avait aucun effet », M10 : « en fait, elle est fermée à la discussion : « ah non mais je ne veux
même pas en entendre parler, moi je suis contre » » et enfin M14 : « c’était une maman qui était
opposante et qui vraiment trouvait que ça ne servait à rien ».
Ces parents opposés auraient, selon les MG, quelques caractéristiques socio-culturelles
stéréotypées.
-Un milieu socio-économique privilégié :
Il est décrit par 3/15, dont M7 : « il y a quand même un profil de parents totalement
opposants, venant plutôt d’un milieu aisé, d’un niveau socio-culturel élevé », et M8 affirme : «
En général les gens de petit milieu ne se posent pas trop de questions, donc ils font confiance
au médecin. »
-Un mode de vie alternatif :
Abordé par 5/15, il se développe aussi bien au niveau de l’école, M2 : « de toute façon,
il y en aura, qui sont dans le même moule, qui mettent leur enfant dans une école alternative »,
que dans leurs choix thérapeutiques, M5 : « c’est une maman très naturopathie, phytothérapie,
ostéopathie, et qui ne veut pas faire vacciner ses enfants. »
-une association fréquente à un ensemble de croyances :
4/15 décrivant ces parents totalement opposants utilisent des termes évoquant des
croyances « irrationnelles », M2 : « il m’a dit qu’il ne voulait pas lui faire le 2e Tétra, car sa
fille n’avait pas de bonnes ondes», M10 : « c’est comme si elle me disait qu’il fallait accrocher
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un grigri autour de la taille de ses enfants. Si elle est convaincue qu’un grigri sauvait la vie de
ses enfants, elle le ferait», et plus loin : « C’est un mur de croyance contre lequel je ne peux pas
lutter », ou M7 : « c’est de l’ordre du mysticisme. »
2-3 Les réticents ouverts à la discussion :
Un seul généraliste décrit ce type parental dans la scène qu’il raconte, M2 : « ce n’est
pas qu’ils étaient contre les vaccins. C’est juste qu’ils voulaient réfléchir à ce qui était le
mieux ».
3. Après identification, une adaptation de l’attitude des MG en fonction
du type parental ?
3-1 Une adaptation du discours et de l’attitude du généraliste selon le type
parental :
A l’autre question volontairement posée par l’investigateur, ils sont 10/15 à répondre
que « oui », ils adaptent leur discours au type parental identifié.
Les comportements s’adaptent mais de façon diverse selon les généralistes.
o a) Devant les parents s’opposant totalement aux vaccins :
Ils sont 5/15 à décrire leur type d’attitude envers des parents fermement opposés.
1/15 choisit d’avoir un discours un peu agressif pour essayer de modifier l’avis parental,
M14 : « chez les très opposés, je suis assez virulente, je parle des morts de l’hyperthermie ma-
ligne de la rougeole, j’essaie vraiment de leur montrer… pour essayer de les secouer, en leur
disant : voilà, c’est ton gamin ! »
2/15 ont une attitude ouverte, patiente envers les parents opposants, et plutôt protectrice
envers l’enfant, qu’ils tiennent particulièrement à suivre de façon rapprochée, M2 : « ils seront
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toujours contre les vaccins. Je préfère donc les faire venir, et ne pas les braquer […] Je préfère
qu’ils continuent à nous voir, et écouter notre discours de temps en temps, plutôt qu’ils restent
avec les personnes comme eux, qui pensent tous comme eux», ou M10 : « Je pense que si on
discute, il ne faut pas que je la contredise. Donc, une petite bribe de temps en temps, pas à
chaque consultation parce que ça deviendrait lourd… »
3/15 considèrent que la conviction des parents est impossible devant une telle opposi-
tion, et décident de ne pas lutter pour imposer un échange non souhaité par les parents, tout en
continuant à les suivre comme les autres, M7 : « pour les ayatollahs de l’anti-vaccination, je ne
me bats pas, ça ne sert à rien. C’est une perte de temps, ça va m’épuiser et m’énerver car ce
n’est pas logique », M8 : « pour ceux-là, à mon avis c’est pas franchement utile d’en discuter
avec eux », ou M10 : « Si la personne est complètement en opposition, ça ne m’intéresse pas
[…] J’essaie pas très longtemps. »
1/15, M6, préfère évincer la famille opposée de sa patientèle, sur une trop grande diffé-
rence de point du vue de l’intérêt de l’enfant : « et pour les opposants, ils vont voir ailleurs.»
o b) Devant des parents sceptiques :
Ils sont 6/15 à considérer que les parents sceptiques sont plus ouverts à la discussion, ce
qui les motive plus à exprimer leurs arguments, à poser plus de questions aux parents afin
d’analyser par quel moyen ils peuvent orienter leur opinion encore modulable vers l’acceptation
des vaccins, M6 : « s’ils sont réticents, je leur sors mon speech sur les maladies graves, les
anecdotes, mon expérience aux urgences pendant X années… » ou M14 : « sur ceux qui sont
réticents, j’essaie de leur expliquer clairement les choses. L’hépatite B, ça donne ça… »
o c) Devant des parents en demande d’informations sur les vaccins :
Seuls 2/15 médecins décrivent leur attitude devant des parents sans opinion, neutres, qui
font spontanément la démarche de s’informer de l’avis de leur médecin traitant sur les vaccins,
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ce qu’ils semblent beaucoup apprécier, M9 : « je trouve ça intelligent comme démarche, qui
veulent savoir le risque et le bénéfice » et plus loin « Mais oui, des parents ouverts, c’est quand
même beaucoup plus simple comme démarche. On leur donne tous les arguments dont on a
parlé, ça se passe mieux», ou M14 : «après ceux qui sont en demande d’informations, c’est la
plupart de mes patients. […] donc là, j’essaie d’expliquer la maladie. »
o d) Devant des parents d’accord avec les vaccins :
1/15 décrit ce qu’il a l’habitude de faire avec la grande majorité de sa patientèle, favo-
rable aux vaccins, M6 : « j’écris directement sur le carnet les dates au crayon papier, s’ils sont
d’accord » avec une différence de discours utilisé, M6 : « quand il n’y a pas besoin, je ne sors
pas tous les arguments, mais ils sont toujours dans ma tête si jamais ça devient utile ».
3-2 Pas de changement de discours selon le type parental :
4/15 déclarent au contraire, ne pas s’adapter au type parental, M4 : « très honnêtement,
non. J’ai le même discours pour chacun », ou M5 : « on répète à peu près toujours la même
chose de toute façon », et enfin M9 : « mes arguments ne changent pas trop. »
4. Un ressenti négatif personnellement vécu par le médecin ?
9/15 avouent se sentir touchés par une telle situation, avec différents ressentis possibles
pour un même MG :
4-1 Un sentiment d’échec personnel ressenti par 5/15:
M6 se confie: « je ne me sentais pas très bien […] On se dit que c’est un peu un échec »
et M10 : « c’est un peu désespérant quoi […] Oui, parce que c’est toujours un échec de se dire
qu’on n’arrive pas à communiquer plus.» et M12 : « ah oui, on est complètement démuni. On
ne sait pas comment réagir. »
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Pour 2 d’entre eux, cette détresse semble être surtout vécue lors des débuts profession-
nels des médecins, M2 : « maintenant, j’ai mon petit discours ! Mais ces difficultés-là, j’ai dû
les avoir au départ » ou M5 : « un peu moins maintenant. Au départ oui, à mon début en PMI
car on en avait assez souvent. Je deviens un peu blasée. »
4-2 Un agacement :
Il est décrit par 3/15, M2 : « ah oui, des fois, ça peut vraiment m’énerver. J’essaie de
ravaler ma salive. C’est comme tout à chacun de la frustration […] c’est toujours un peu agaçant
ces situations, car on se sent pas écoutés. […] C’est difficile ! », ou M7 : « oui. Et puis ça prend
un temps monstrueux». M2 explique cet énervement par le doute qu’il perçoit chez les parents,
de l’existence d’un avis personnel du médecin, notamment s’il travaille dans une institution
publique comme la PMI : « quand ils disent : vous ne comprenez rien, en tant que médecin de
PMI, je ne peux attendre un autre discours de votre part, vous êtes manipulés par la société. »
4-3 Une gêne :
Pour 2/15, comme M8 : « je ne suis jamais mal à l’aise par rapport à cela » et M4 qui
explique : « ça me gêne un peu que les parents imposent à leur enfant une décision qui peut être
grave pour l’enfant. J’ai un respect de l’individualité de l’enfant, déjà. »
4-4 Un ressenti positif :
Enfin, 1/15 exprime une admiration personnelle envers les parents s’opposant aux vac-
cins, M4 : « je dois dire que j’ai un immense respect pour les gens qui sont contre les vaccins,
et qui appliquent ça. Car c’est une sacrée responsabilité qu’ils prennent, ils s’en rendent compte,
et qu’ils vivent beaucoup plus mal que les gens qui acceptent la vaccination d’emblée. »
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5. Quelle importance pour les MG de convaincre les parents ?
5-1 Une importance évidente chez la majorité :
8/15 expriment l’importance qu’ils mettent dans le poids de leurs arguments face à ceux
des parents, afin de les convaincre finalement de l’utilité de tous les vaccins. Tout cela serait
dans le but de protéger l’enfant, M1 : « si on ne les convainc pas, il n’y aura pas d’action der-
rière, donc on risque d’avoir des enfants non vaccinés. Et je pense que ça les protège. Ça nous
protège tous », ou M5 : « oui parce que c’est important pour moi que leur enfant soit protégé,
c’est notre rôle aussi », ou M7 : « C’est important de les convaincre, de leur apporter une infor-
mation autre que celle relayée par la voisine ou un magazine hebdomadaire idiot. »
1/15, M6 nuance cette importance selon le type de vaccin : «oui bien-sûr, à part le Gar-
dasil et l’hépatite B où je me bats moins, je veux absolument qu’ils soient convaincus. »
5-2 Une importance sur le long terme :
1/15 insiste sur une réussite sur le long terme, et non pas forcément après une seule
consultation, M10 : « en médecine générale, les choses s’étalent beaucoup dans le temps. Con-
vaincre comme ça, en une conversation, des gens qu’on ne connaît pas forcément, non, faut pas
rêver. »
5-3 Une conviction indépendante du médecin :
Chez 4/15, la question posée les amenait à insister à nouveau sur leur indépendance face
à la décision finale, M2 : « En tout cas, c’est la finalité de la consultation, après ils font ce qu’ils
veulent » ou M3 : « Le rôle du médecin est le conseil. […] Maintenant, je ne suis pas leur père »,
M4 : « je suis là pour donner des informations, pour éventuellement le redire, mais les gens font
ce qu’ils veulent. »
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E) LES MOYENS PROPOSÉS PAR LES MG POUR AMÉLIORER L’OPINION
PARENTALE SUR LES VACCINS :
1. Informations par le corps médical :
1-1 La confiance comme point central de la relation patient/médecin :
3/15 perçoivent cette responsabilité, comme M4 : « c’est un problème de confiance.
[…] il faut laisser faire la relation entre médecin et patient », ou M12 : « c’est la confiance qui
fait le tout. Pour convaincre des gens qui ne veulent pas, il n’y a que ça » ou encore M13 : « à
part, discuter, je ne vois pas trop […] Oui, voilà. La confiance entre eux et moi. »
1-2 Un parallèle controversé avec l’entretien motivationnel :
1/15 fait spontanément le rapprochement entre la motivation qu’il doit évaluer chez une
patient addictif à une substance, et chez des parents opposés aux vaccins, M2 : « Mais norma-
lement, le médecin a des arguments tels qu’il est sensé convaincre. Il en va de même pour l’arrêt
de la cigarette, l’alcool, la cocaïne ».
2/15 sont en désaccord avec cela, M1 : « pour abandonner une mauvaise habitude, c’est
plus facile pour les gens dans leur tête, que d’en acquérir d’autres et de changer de mentalité,
pour les vaccins » et M8 : « Non, c’est pas simple de savoir rapidement où ça coince, et même
pour les patients, c’est pas très clair pour eux de savoir où ça coince […] beaucoup de ressenti,
de ce qu’on imagine. C’est plus difficile pour la vaccination que pour un autre médicament. »
2/15 réagissent à la proposition de l’entretien motivationnel par la dénonciation du pro-
blème du temps de consultation, M1 : « ah oui ! Si on avait le temps ! C’est ça le problème »
et M14 : «mais il faut avoir le temps de le faire. Moi, je trouve ça important donc je prends le
temps. Mais quand on fait des consultations libres, et qu’on en a 20 dans la salle d’attente à 19
heures… »
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1-3 Une information distillée sur plusieurs consultations :
3/15 proposent cette méthode de communication, basée sur la reprise de la discussion à
chaque consultation, M2 : « Oui, comme une aide à l’observance » ou M7 : «il faut discuter
avec eux, il faut les informer, faire cela en plusieurs fois. Donc c’est un dispositif de fou quoi
[…] donner une information qui soit adaptée, qui les aide à réfléchir entre 2 consultations, et
ensuite de revenir au truc après » et enfin M9 : «vraiment vraiment à chaque fois. Montrer aux
parents qu’on n’a pas oublié. Même une phrase en début de consultation. »
1-4 Une homogénéisation de l’opinion des médecins :
2/15 expliquent que le problème vient parfois des avis différents des médecins, à propos
de la vaccination, M4 : « déjà il faudrait réussir à convaincre tous les médecins car tous les
médecins ne sont pas convaincus », et M9 : « être plus clair, avec un son de cloche commun.
Parce qu’il y a encore des discours qui se tiennent très différents. Et ben forcément, les parents
ils entendent ça de la part de médecins, et donc ben… quel médecin écouter ? » Cette confiance
envers le médecin va directement influer sur la décision parentale, donc via l’avis personnel du
médecin, comme l’explique M7 : « ça dépend du médecin. S’il est très convaincu, il va con-
vaincre. S’il n’est pas très convaincu… »
Pour y arriver, 2/15 proposent des méthodes d’information auxquelles les généralistes
pourraient avoir accès, M10 : «une synthèse de tous les articles sur les vaccins, à distribuer à
tous les généralistes, pour qu’ils aient une source de données quand ils veulent s’informer des-
sus, ou un site internet », et M15 : « Délivrer aux médecins une sorte de plaquette facile à lire
sur les grandes idées des vaccins, et pas la notice illisible des vaccins, longue comme le bras et
qui fait fuir tout le monde. »
86
1-5 Une continuité des informations par les paramédicaux:
Dans le même sens, 1/15 insiste sur la nécessité que les parents entendent les mêmes
informations dès la naissance de leur enfant, à la maternité, à travers la communication avec les
médecins mais également toutes les professions paramédicales : sage-femme, infirmière, mé-
decine scolaire… comme l’explique M2 : « il faudrait utiliser l’information multi-facettes,
commençant dès la maternité, en disant : « votre enfant, vous allez devoir organiser son système
de protection, tout comme la réflexion éducative…», en distillant ce discours dès le début. Ça
existe déjà un peu. Le carnet de santé est fait comme cela, basé sur la continuité des infos. »
1-6 Une formation plus complète des médecins sur la vaccinologie :
4/15 critiquent le manque de formation initiale ou continue sur le sujet.
Pour ce qui est de la formation initiale, les données semblent changer trop vite, depuis
leurs années à la faculté, selon M15 : « Dans la formation initiale, parce que c’est vrai que le
calendrier vaccinal d’abord il a changé. Et puis c’était quelque chose d’un peu obscur. »
Pour 1/15, le temps où il était encore étudiant semble être trop loin pour se souvenir du
contenu des cours, M10 : « moi, je ne me souviens plus quand j’étais externe. »
Pour 1/15, les cours sur le sujet y étaient trop rares, selon M9 : « pour ce qui est de la
formation initiale, oui, je pense qu’il n’y a peut-être pas assez de cours sur la vaccinologie, ça
c’est sûr. »
A propos de la formation continue, 3/15 expliquent que comme les MG ont le choix,
seuls ceux qui s’intéressent aux vaccins vont décider de se former dessus, M6 : « ça dépend à
quoi on s’inscrit […] les médecins qui ne sont pas forcément pro-vaccins, ils n’y vont pas »,
M9 : « c’est le médecin qui choisit donc s’il a déjà fait son opinion, il faudrait une certaine
ouverture d’esprit pour aller à un congrès sur les vaccins. »
87
2. Support papier, vidéos et sites internet :
2-1 Laisser des informations écrites visibles dans la salle d’attente :
3/15 trouveraient utiles les supports papiers d’information pour la patientèle générale,
M1 : « des affiches qu’on peut mettre dans les salles d’attente, des brochures », M9 : « des
brochures à laisser dans les salles d’attente des cabinets pour une large diffusion, sur les mala-
dies et leurs signes, qui n’existent plus… » et enfin M6 : « oui, j’ai des brochures de l’INPES
que je fais venir, et que je mets dans la salle d’attente. Je ne sais pas si les parents les lisent… »
Mais 4/15 considèrent que cette méthode est inutile, M12 : « laisser des brochures dans
les salles d’attente, mais ils vont me dire que ça vient des laboratoires », ou M5 : «distribuées
par les médecins ? Parce qu’on n’a pas une vision objective pour eux, vous voyez», M2 : « ce
n’est pas le flyer qu’on va leur donner qui va changer grand-chose » ou M4 : « ce n'est pas ça
qui va changer. Je ne crois pas aux brochures. Les gens qui sont convaincus, ils sont convaincus.
Les gens qui ne sont pas convaincus, ils restent non convaincus. »
2-2 La vidéo explicative :
3/15 seraient favorables à ce moyen de communication interactif.
2/15 pensent qu’une vidéo peut être mal vue par des parents réticents, surtout si elle
contient des images « choc » des maladies contre lesquels protègent les vaccins, M10 : « moi
j’aime pas trop ces campagnes choc, c’est pas quelque chose qui me plaît. Je ne pense pas que
ce soit efficace d’une part, et en plus d’un point de vue éthique, ça me dérange, c’est rentrer
dans le même jeu que les médias. »
2-3 Un site internet accessible à tous, informant sur les vaccins :
2/15 voudraient un site internet dédié aux vaccins, accessible facilement et à tous, M14 :
« je pense qu’il faudrait un site scientifiquement bien, dédié à la vaccination… comme on a
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pour la pilule. Voilà les études, voilà ce qu’il y a. Voilà de quoi ça protège, quels types de
maladies. […]Pour que les patients, s’ils tapent sur Google : vaccin + danger, qu’ils ne tombent
pas que sur des lobbyings de parents. […]Parce que le BEH, il est juste indigeste », et aussi
M7 : « faire des sites gouvernementaux, comme on a fait pour les IVG. Ils ont créé le site
IVG.gouv ou quelque chose comme cela, ben il faut la même chose pour les vaccins.»
3. Médias : messagers d’informations trop souvent négatives :
3/15 s’agacent de la position des médias, qui seraient toujours tournés vers le scandale,
au détriment de l’efficacité des vaccins moins « vendeuse », selon eux. C’est l’avis de M5 : «il
faudrait que ce soit très médiatisé. Parce que les médias, en même temps, ils jouent pas en notre
faveur […] si les médias étaient un peu plus pro-vaccins, on serait un peu mieux aussi » ou de
M10 : «il y a un gros problème médiatique. Mais ça, les généralistes n’y peuvent rien. Les
médias aiment les informations négatives, effrayantes. […] à quand des articles positifs sur les
vaccins dans la presse ? », et M14 dénonçant le contenu des informations transmises : « oui ok,
les médias…ok, il y en a 4 qui ont porté plainte contre le Gardasil. Mais combien ont repéré
que la plainte a été déboutée parce que… il y en combien qui retiennent ça ?
4. Campagnes nationales d’information :
4-1 Une véritable campagne touchant le grand public français :
4/15 voudraient l’élaboration d’une grande campagne vaccinale sur tout le territoire
français, initiée par l’Etat, touchant toute la population, pour changer petit à petit son état d’es-
prit à propos des vaccins, M1 : « pourquoi pas des campagnes comme pour l’arrêt du tabac »
ou encore M10 : « les vaccins, c’est automatique, à la télé…» et M9 : « pourquoi pas ne pas
faire une campagne générale, pas seulement ciblée sur un vaccin, mais sur la vaccination en
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général : à quoi ça sert, pourquoi on le fait. Pour les parents, ce serait plus simple de s’y retrou-
ver ». Par une telle campagne, M3 insiste sur l’objectif général à atteindre : un altruisme plus
développé : « Chacun pense à soi, et ça dépasse le cadre de la vaccination […] leur expliquer,
par des campagnes que c’est pour moi, et aussi pour les autres. »
4/15 se déclarent opposés à ce moyen, jugé inefficace. En effet, comme l’explique M6 :
«le problème c’est que les opposés vont encore se dire que c’est le complot, et ça risque de les
enfoncer dans leur idées. C’est toujours bien, mais ça ne touche pas tout le monde » et M2 :
« ces gens-là ne seront jamais touchés par les campagnes pour le grand public », en parlant des
parents totalement opposés. Au même titre que les brochures, M12 prévoit la réaction des pa-
rents opposés: « non, ça ne sert à rien, ils vont me dire c’est les laboratoires, c’est le gouverne-
ment », reprenant l’argument de la théorie du grand complot. M13 compare l’idée à d’autres
campagnes du passé : « ça sert à rien. C’est comme pour le tabac, la vitesse ou l’alcool au
volant. »
4-2 Des réunions d’information sur les vaccins, ouvertes à tous :
M5, pratiquant au sein d’une PMI, propose une autre possibilité d’amélioration de l’avis
parental sur les vaccins, en les conviant à des réunions de groupe, pour les informer, au sein de
la PMI, mais comme il dit lui-même : « mais on se rend compte que ce sont les parents qui sont
intéressés qui viennent, c’est pas ceux qui n’aiment pas les vaccins qui viennent. »
5. Autres propositions :
5-1 Un choix plus large des vaccins, par les parents :
Pour 2/15, le moyen le plus utile pour que les parents décident de vacciner leur enfant
serait de les responsabiliser en leur donnant la capacité de choisir eux-mêmes contre quoi ils
veulent les vacciner, comme M2 le dit : « il faut leur donner le choix d’orchestrer tout cela.
90
C’est ça qui paie. Responsabiliser les parents. Finalement, ils sont contents », et M15 propose
plus concrètement : « laisser le choix aux parents de vacciner pour telle ou telle maladie. Pro-
poser les combinaisons pour ceux qui sont d’accord avec tous, mais pas que ! Jouer le jeu réel-
lement. »
5-2 Le changement de la composition chimique des vaccins :
C’est la proposition de M11 : «: les dissocier, et éviter les excipients. Mais comme par
hasard, les dissociés n’ont pas d’excipient d’aluminium. »
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5) DISCUSSION :
A) RÉSUMÉ DES RÉSULTATS :
Notre étude a rassemblé un nombre important d’informations données par les MG.
1. Leur avis personnel à propos des vaccins pédiatriques :
La première partie se penchant sur l’opinion personnelle des médecins interrogés montre
que l’ensemble est personnellement convaincu de l’utilité du seul vaccin obligatoire, le DTP,
et que la grande majorité des médecins est aussi pour la totalité des vaccins recommandés.
S’ils connaissent tous le calendrier vaccinal 2015, la majorité le suit en étant d’accord
avec les recommandations, soit parce qu’ils avouent ne pas avoir assez de connaissances sur le
sujet pour les remettre en question, soit parce qu’ils reconnaissent l’effort de simplification
qu’elles représentent. En revanche, il existe des critiques sur sa complexité persistante notam-
ment quand il s’agit de rattrapages et sur les ruptures de stock répétées.
La moitié des médecins se déclarent opposés à l’obligation du DTP, évoquant plusieurs
raisons dont l’absence d’origine logique autrement qu’historique, et le manque secondaire de
crédibilité des vaccins recommandés, souvent considérés comme facultatifs par les parents.
Les sources d’information utilisées par les médecins sont des sites internet pour la moitié
d’entre eux, souvent gouvernementaux. La moitié d’entre eux parlent aussi de la revue Pres-
crire.
A propos des arguments parentaux contre les vaccins, un certain malaise a été observé
lorsqu’on leur demandait leur avis sur les effets secondaires, quelques-uns évoquant leur exis-
tence certaine, d’autres leur éventualité, et d’autres encore l’absence sûre d’effets secondaires
« graves » autres que les réactions inflammatoires immédiates. Quand on parle de la sclérose
92
en plaque, trois d’entre eux évoquent un lien probable, au moins par l’effet « on » du vaccin,
sur une maladie préalablement existante mais encore asymptomatique, malgré les études infir-
mant cela. La polémique de l’aluminium et de la myofasciite à macrophage est encore plutôt
floue dans l’esprit des médecins, peu renseignés dessus. La majorité des médecins parle systé-
matiquement d’une balance bénéfice-risque à établir pour chaque vaccin.
Presque tous les médecins évoquent la responsabilité directe des vaccins sur le fait que
les maladies n’existent presque plus en France. En revanche, ils sont assez partagés à propos de
la gravité des maladies, même si la plupart connaissent les complications dramatiques de cer-
taines maladies, comme la rougeole ou la coqueluche, qui peuvent paraître bénignes.
La réponse des généralistes à l’argument parental de l‘enfant « non à risque pour telle
maladie » est souvent tournée vers les voyages, la migration ou l’imprévisibilité de l’évolution
de leur enfant, afin de contredire les parents devant une telle certitude. A propos des vaccina-
tions contre l’hépatite B recommandées chez le nourrisson, certains sont plutôt en désaccord,
et d’autres expliquent une meilleure efficacité par leur précocité, et une meilleure observance
face à des vaccinations à l’âge adolescent, moins souvent réalisées.
2. La scène vécue avec des parents opposants :
Les vaccins posant problème aux parents sont surtout ceux contre l’hépatite B et le hu-
man papilloma virus. Sinon, beaucoup de scènes racontées concernent des parents s’opposant
à la totalité des vaccins, sans distinction.
La plupart des MG expliquent leur attitude immédiate, basée sur l’échange, la commu-
nication d’informations objectives sur les vaccins – réassurance concernant les effets secon-
daires, efficacité, description des maladies et de leurs complications, informations sur l’obliga-
93
tion du DTP-, mais aussi d’informations plus personnelles –des anecdotes au sein de sa patien-
tèle ou la vaccination de leurs propres enfants. Ils concluent souvent sur la possibilité de prendre
son temps avant de décider, décision dont la responsabilité est uniquement prise par les parents.
3. La réaction globale des médecins :
Si tous les médecins reconnaissent des décalages vaccinaux réguliers pour diverses rai-
sons extérieures, seuls deux d’entre eux les expliquent par un compromis entre les parents et
eux, pour mieux faire accepter la vaccination sur le long terme.
Certains MG identifient inconsciemment les différents types de parents selon le stade
de leur opposition aux vaccins de leur enfant, -notamment celui de l’opposition totale associé à
des parents dont le style de vie est alternatif, très tourné vers la nature et la relation fusionnelle
avec l’enfant ; la réticence ou la simple demande d’information-, mais le contenu de leurs ré-
ponses est globalement le même. En réalité, c’est surtout la quantité d’informations que les
parents acceptent ou non de recevoir, qui sera différente, selon les MG.
Seule la moitié des médecins connaissent l’éventualité d’une information préoccupante
auprès de la CRIP si des patients ne sont pas vaccinés par le DTP, mais aucun d’entre eux n’a
déjà pris une telle décision.
La moitié des médecins décrivent un ressenti négatif suite à un tel désaccord avec des
parents, à propos des vaccins pédiatriques.
Une grande majorité considère important de convaincre les parents de faire vacciner
leur enfant, tout en concluant que leur rôle est d’informer, mais que les parents décident seuls,
en toute indépendance.
94
4. Les moyens proposés pour améliorer l’opinion parentale sur les
vaccins pédiatriques :
Les médecins généralistes sont tous conscients de l’impact très fort que leur communi-
cation, lors d’une consultation, peut avoir sur la décision finale des parents, sur leur opinion.
Mais beaucoup critiquent le manque de temps qu’ils ont lors d’une consultation, pour
écouter, évaluer, répondre, lancer le débat, remettre en cause la réflexion parentale, en reparler,
réévaluer…Quelques-uns insistent sur la responsabilisation des parents, certes orientée par les
informations et les conseils donnés par un médecin de confiance, mais qui doit être rappelée
assez fréquemment aux parents, car il semble que c’est ce libre-arbitre qui peut les persuader
de réaliser les vaccins.
Les supports écrits ou vidéos informant la patientèle sur les vaccins sont parfois évoqués
mais souvent critiqués, puisque n’atteignant que la population qui souhaite se renseigner, et non
pas déjà opposée aux vaccins.
Une véritable campagne gouvernementale, élargie, touchant tous les modes de commu-
nication (internet, télévision avec publicités, affiches de prévention, messages radios) est sou-
vent évoquée, tout comme un changement de comportement des médias, trop souvent négatifs
envers les vaccins. Les médecins proposent aussi fréquemment la création d’un site internet
clair, vulgarisé, accessible pour toute la population, mais aussi pour les médecins, pour une
information globale sur les vaccins.
Enfin, certains évoquent une meilleure formation des professionnels de santé, plus com-
plète, régulière –initiale et continue-, et plus homogène au sein de toutes les branches pour
obtenir un discours commun sur ce sujet.
95
B) MÉTHODOLOGIE :
1. Les forces :
1-1 Choix du sujet :
Le sujet choisi est très actuel puisqu’on observe depuis une douzaine d’années, une aug-
mentation importante du nombre de français s’opposant aux vaccins. Selon l’INPES, si le Ba-
romètre Santé de 2005 montrait que plus de 90% des personnes interrogées étaient très favo-
rables ou plutôt favorables à la vaccination, les résultats ne sont pas les mêmes en 2010 : « les
enquêtes réalisées en 2010 au moment des campagnes de vaccination contre la grippe A (H1N1)
ont mis en évidence une adhésion moins inconditionnelle aux vaccinations » (51). Si on estime
que cette tendance se poursuit depuis 2010, on peut imaginer un chiffre bien supérieur aux 9%
de personnes défavorables à au moins un vaccin du Baromètre Santé de 2005, si on réalisait à
nouveau cette étude en 2016.
Les études se penchant sur les arguments des parents réticents ou opposés à la vaccina-
tion sont nombreuses. Mais il existe peu d’études qui s’intéressent au vécu du médecin généra-
liste, se trouvant dans une situation difficile entre des parents opposants et une loi obligeant la
réalisation du vaccin DTP avant l’entrée en collectivité, en France. Ainsi, cette étude est inno-
vante car elle associe l’analyse de l’opinion personnelle des généralistes interrogés à propos des
vaccins pédiatriques, du calendrier vaccinal et des obligations légales, de l’expérience vécue au
sein du cabinet avec des parents réticents ou opposés, de leur réaction globale, et enfin des
propositions de moyens possibles pour améliorer l’opinion parentale à propos des vaccins . Ces
quatre grands thèmes abordés permettent d’analyser ce phénomène, côté généraliste, de façon
complète.
96
1-2 Choix de la population :
Ce choix a été réalisé de façon à représenter une diversité optimale avec quinze MG. En
totalité, huit arrondissements et six départements ont été représentés. De plus, la diversité était
aussi retrouvée dans les âges des médecins, allant de vingt-huit à soixante-sept ans, soit globa-
lement les deux extrémités d’une carrière type d’un médecin généraliste. Il y avait quasiment
autant de médecins de moins de quarante ans que de plus de quarante ans. Cette répartition
égale permettait ainsi de représenter différentes générations, ayant vécu une expérience plus ou
moins longue. Les différences de formation initiale, à la faculté, et continue étaient également
représentées par ces âges variés. Les sensibilités féminine ou masculine pouvant influer sur le
discours exprimé aux parents opposants étaient aussi représentées de façon équitable. Enfin,
cette diversité a été également souhaitée au niveau des pratiques pour lesquelles les médecins
étaient formés en parallèle à la médecine générale, et au niveau des lieux d’exercice. En effet,
il était très intéressant d’écouter l’expérience de médecins travaillant en PMI ou en crèche,
hauts lieux de rencontre avec les parents, ce qui correspondait parfaitement à notre sujet. La
médecine générale n’est aujourd’hui pas pratiquée que dans les cabinets de ville, et il fallait
tenir compte de ces diversités-là. Comme on le voit dans la quantification de la pédiatrie au sein
de leur pratique quotidienne d’une part, et de celle des vaccinations pédiatriques d’autre part,
tous les cas étaient représentés, de ceux (surtout en PMI) qui font exclusivement cela, à ceux
qui voit essentiellement des personnes âgées, et ne font que très peu de vaccins aux nourrissons
et mêmes aux enfants plus grands. De plus, l’analyse des interviews montre clairement une
opinion beaucoup plus mitigée à propos des vaccins, chez des médecins pratiquant l’homéopa-
thie (M11) et la mésothérapie (M15). Il était donc intéressant d’aller rencontrer des généralistes
portés sur d’autres pratiques, ayant alors une réflexion se rapprochant parfois beaucoup de celle
des parents opposants aux vaccins. C’est justement cette diversité d’opinion chez les généra-
listes qui est dénoncée par eux-mêmes, dans les points à modifier pour améliorer la conviction
97
parentale sur les vaccins pédiatriques. Ce problème pour certains, était bien illustré dans notre
échantillon, au vu des réponses obtenues lors des interviews.
1-3 Méthode de recueil des données :
L’entretien semi-dirigé était la méthode de choix pour récupérer les données nécessaires
à l’étude, à savoir un avis personnel, un récit d’une scène vécue, ou encore l’expression d’un
ressenti. Le fait que l’investigateur se déplace dans l’environnement connu du médecin inter-
viewé permettait de le mettre en confiance, alors qu’il parlait nécessairement à une inconnue.
Le choix du lieu a été différent pour deux médecins, l’un nous demandant de nous déplacer à
son domicile, et l’autre dans son bureau à la faculté où il enseigne, pour une question pratique
à chaque fois. Le fait d’être seul dans la pièce avec l’investigateur, contrairement au focus
groupe, facilitait spontanément l’expression personnelle du médecin, l’abord de sujets sensibles
sans se sentir jugé. L’anonymat était aussi un facteur permettant d’éviter les filtres dans ce
qu’ils nous confiaient. Le canevas d’entretien était fait de telle sorte que l’investigateur laisse
parler le médecin, pour qu’il aille jusqu’au bout de sa réflexion obtenue par une question ou-
verte. Le fait de varier entre des questions sur des connaissances (du calendrier vaccinal, des
législations françaises) et sur une opinion personnelle permettait d’adopter un rythme adapté,
permettant d’obtenir le plus d’informations possibles sans que le médecin n’ait l’impression de
vivre un interrogatoire. Le but était que ce soit une véritable discussion, constructive et agréable
pour les deux interlocuteurs.
2. Les faiblesses :
2-1 Biais de recrutement :
Pour réaliser notre échantillon de médecins généralistes d’Ile-de-France à interroger,
nous avons décidé de choisir des personnes que l’investigateur ne connaissait pas, dont les noms
98
et les coordonnées ont été récupérés via des interconnaissances professionnelles ou via les
Pages Jaunes. Cependant, le fait que pour certains, l’investigateur connaisse une personne de
leur entourage pouvait influer sur le contenu du discours, éventuellement une réserve ou l’ab-
sence d’expression de leurs limites, de leurs doutes ou de leurs éventuelles erreurs, dans la peur
que la personne, connue des deux côtés, apprenne la moindre chose négative sur leur compte.
Il est bien évident que pendant tout le temps de la rencontre, l’investigateur s’est empêché de
parler de cette connaissance commune.
2-2 Biais dans l’étude :
Le principal biais dans le recueil des données était le temps limité pour l’entretien, se
réalisant, toujours selon la volonté et les disponibilités des médecins interrogés. Mais parfois
l’interview était prévu pendant la pause déjeuner ou entre deux patients, ce qui limitait consi-
dérablement la concentration du médecin et le temps disponible pour aller au bout de ses ré-
flexions. Ce manque de concentration était accru lorsque le médecin devait répondre au télé-
phone, en l’absence de secrétaire. Pour certains, l’investigateur a dû arrêter jusqu’à cinq ou six
fois l’enregistrement pour cette raison. La réflexion et donc l’information recueillie sont forcé-
ment altérées car entrecoupées.
Par ailleurs, l’information recueillie pouvait être influencée par l’investigateur et son
propre avis sur les vaccinations pédiatriques, même si l’objectif était d’être neutre et objectif.
La difficulté de s’adapter au contenu des propos de chaque médecin, sans faire part de ses
propres réflexions, mais en adoptant un ton facilitant l’échange en confiance, était réelle pour
chaque interview, particulièrement pour celui de M11, seul généraliste à être très opposé aux
vaccins.
99
C) ANALYSE ET DISCUSSION DES RÉSULTATS :
1. L’avis personnel des médecins :
1-1 Les vaccins :
Une étude faite sur 680 praticiens participants à des conférences de l’AAP en 2013,
ayant répondu de façon anonyme à un questionnaire, montre que 6% des praticiens ne recom-
mandant pas systématiquement les vaccins pédiatriques de routine, s’auto-déclarent « hési-
tants » envers les vaccins (53).
Dans notre enquête, il y a un seul généraliste très opposé aux vaccins de façon générale,
M11, et un autre un peu moins catégorique mais émettant beaucoup plus de doutes sur leur
balance bénéfice-risque que les autres, M15.
Une autre étude réalisée sur un panel de généralistes interrogés en 2014 par la DREES,
montre que 97% d’entre eux se déclarent favorables à la vaccination en général, ce qui est donc
moindre que dans notre échantillon (54). Elle montre également que, si ce pourcentage est équi-
valent à celui de 2010, celui des médecins « très favorables » passe, lui, de 67% en 2010 à 80%
en 2014.
L’opinion des généralistes va donc dans le sens inverse de l’opinion publique française,
puisque, comme on l’a vu plus haut, l’Inpes évaluait à 90% la population générale favorable
aux vaccins, contre 61.5% en 2010 (51).
Les raisons principales de la méfiance envers certains vaccins sont toujours tournées vers leur
efficacité et leur sécurité, avec une évaluation des risques parfois plus grande que celle des
bénéfices. L’étude de la DREES (54) confirme nos résultats en annonçant que 16% des géné-
ralistes qui sont classés par l’étude comme « modérément confiants » émettent des doutes sur
100
les effets secondaires de certains vaccins, sur leur efficacité. Si elle évalue un stéréotype de
généraliste « modérément confiant », de type masculin, ayant plus de 50 ans, notre étude ne
retrouve pas de tout cela, avec un seul homme de moins de 40 ans de ce type. Au contraire, les
deux hommes de plus de 50 ans se montraient tout à fait favorables aux vaccins.
Les vaccins DTP et contre la coqueluche sont les vaccins pour lesquels tous les généra-
listes interrogés sont favorables. Ces deux vaccins sont justement les plus anciens, avec le BCG.
Pour ceux-là, les médecins ont donc un recul suffisant, notamment en ce qui concerne les effets
secondaires. Cela peut expliquer cette confiance plus grande envers ces deux vaccins.
D’ailleurs les vaccins les plus récents sont souvent ceux pour lesquels les avis des gé-
néralistes sont plus hétérogènes. Par exemple, le vaccin contre HPV est disponible depuis 2006
et n’est recommandé systématiquement que par 10/15 généralistes interrogés. On peut compa-
rer ce résultat à l’étude de l’AAP (53) où ils sont 5% à ne pas recommander ce vaccin. Ils sont
6% à penser que l’efficacité d’un vaccin devient moindre quand le nombre d’injections devient
trop grand. Ils rejoignent M15 qui explique sa méfiance envers ce vaccin par : « ça me gêne.
[…] de rajouter encore un vaccin », sans préciser si c’est l’efficacité ou la sécurité d’une nou-
velle injection qui lui pose problème. L’étude montre également que pour 4% des praticiens
ayant répondu au questionnaire, ce vaccin entraînerait une conduite sexuelle à risque plus im-
portante chez les adolescentes vaccinées. Cette proportion n’est pas du tout retrouvée dans notre
enquête, même si elle rejoint l’avis des parents qui expliquent le refus du vaccin par le fait que
leur enfant ne sera pas à risque, sous-entendant qu’ils n’auront pas de conduite sexuelle à risque.
Quant à l’étude de la DREES (54), elle évoque 45% de généralistes le recommandant systéma-
tiquement aux jeunes filles de 11 à 14 ans, avec une vaccination complète chez 26% seulement
des jeunes filles de 16 ans, en 2013.
Un autre vaccin partageant les généralistes de notre enquête est celui contre l’hépatite
B, recommandé par 11/15 d’entre eux, ce qui correspond à 27% d’opposés ou de mitigés. Une
101
étude de Partouche réalisée en 2012, conclut que 26% des généralistes français s’opposaient à
la vaccination des nourrissons contre l’hépatite B, où y étaient réticents en 2009 (55). Nos ré-
sultats confirment que c’est encore exactement le cas en 2016, dans notre échantillon.
Le vaccin contre le méningocoque de type C récolte le même pourcentage que pour
l’hépatite B dans notre étude, alors que selon l’étude de la DREES, c’est seulement 51% des
généralistes qui vaccineraient les nourrissons jusqu’à 12 mois, et juste 33% qui feraient le rat-
trapage entre 2 et 24 ans.
Le BCG est un vaccin ancien, mais qui ne convainc que peu de généraliste de notre
échantillon. On peut attribuer cela au fait que depuis 2007, il ne soit plus obligatoire. La recom-
mandation laisse le libre-arbitre au généraliste de décider au cas-par-cas si le patient est à risque
ou non d’attraper la tuberculose. Malheureusement, on voit que ce n’est pas vraiment réalisé.
Par exemple, M15 travaille dans le 19ème arrondissement, quartier abritant une forte population
issue de l’immigration. C’est pourtant lui qui explique qu’il n’en voit plus l’utilité.
Quant aux vaccins non recommandés, celui contre la varicelle n’est recommandé par
aucun généraliste, suivant les conseils du site gouvernemental : « La vaccination généralisée
contre la varicelle des enfants à partir de l’âge de 12 mois n’est pas recommandée dans une
perspective de santé publique » (50).
Pour le vaccin contre le Rotavirus, un avis du HCSP datant de 2015 supprime sa recom-
mandation relative, devant des cas d’invaginations intestinales aigües ayant provoqué des décès
(56). Cela ne semble pas connu par 2/15 médecins qui se déclarent favorables, et 4/15 qui le
recommande au cas-par-cas, comme on le conseillait avant cet avis officiel. Comme on le verra
plus loin, on y voit un manque d’information donnée par le gouvernement, mais aussi peut-être
un manque d’intérêt pour les nouveautés vaccinales. Cependant, dans les recommandations du
calendrier vaccinal 2015, il n’est nulle-part question de vaccin contre le Rotavirus (57).
102
1-2 Le calendrier vaccinal 2015 :
L’unanimité des généralistes connaissaient le calendrier vaccinal, même ceux qui sont
contre la plupart des vaccins recommandés. Une étude italienne ne retrouvait que 42% des pé-
diatres interrogés connaissant l’ensemble des recommandations, avec une utilisation régulière
des guides de conseils sur la vaccination pour les autres (58). D’ailleurs, tous les médecins
interrogés dans notre étude possédaient, à proximité d’eux, un calendrier vaccinal 2015, pour
vérifier leurs connaissances, en cas de besoin.
Un tiers d’entre eux n’en est pas totalement satisfait, soit parce que les ruptures de stock
récidivantes empêchent de le suivre correctement, soit parce que certains estiment les âges trop
précoces pour les deux généralistes peu confiants, ou inadapté par rapport aux remboursements
des consultations.
Une autre étude de l’AAP, datant de 2009, sur les pratiques vaccinales des membres de
l’Académie de Pédiatrie sur leurs propres enfants, montre que 21% des pédiatres spécialisés et
9% des pédiatres généralistes prévoient de s’écarter des recommandations du calendrier vacci-
nal, notamment en retardant les injections pour ROR, ce qu’ils ne faisaient pas avant 2009 (59).
On voit donc par cette étude que c’est une méfiance récente, non présente il y a encore quelques
années, et qui touche toutes les catégories professionnelles, dont les pédiatres.
Il n’y a que très peu d’informations disponibles sur les raisons véritables de ces
problèmes de logistique au sein des industries pharmaceutiques, ce qui laisse le champ libre
aux personnes opposées aux vaccins d’y voir une intention délibérée pour ne pas donner le
choix aux parents, qui ne peuvent vacciner qu’avec des vaccins combinants vaccins obligatoires
(DTP) et recommandés (coqueluche, Haemophilus et hépatite B).
103
1-3 La perception de l’obligation vaccinale :
Cette question était particulièrement d’actualité. En effet, alors que le canevas
d’entretien était déjà construit avec cette question, la ministre de la Santé actuelle, Madame
Touraine, a lancé une concertation nationale à propos du débat public sur la fin de l’obligation
vaccinale, le 12 janvier 2016. Les médias s’y sont beaucoup penchés, au risque de réduire cette
volonté de changement à un manque d’intérêt du vaccin en question (60).
Cependant, cette remise en question n’est pas nouvelle puisque l’HCSP écrivait déjà
dans son avis relatif à l’obligation vaccinale de 2014, qu’il était tout à fait possible que cette
obligation soit levée, si elle était associée à : « « une forte communication des autorités de santé
mettant en exergue l’intérêt à vacciner et les risque de la non vaccination » (61).
On y voit donc justement cette volonté de ne pas associer la suppression de l’obligation à une
importance diminuée des vaccins pour la santé publique. Le HCSP justifie cette proposition en
affirmant que : « le dispositif public de vaccination actuel est complexe, illisible et
inégalitaire ». Dans l’enquête, on remarque que cette question partage clairement les MG, qui
s’interrogent à ce sujet, sans avoir de réponse toujours très claire. Leurs arguments sont en
accord avec un article de la revue du Praticien-Médecin Générale, (62) qui décrit les avantages
de l’obligation vaccinale -gain de temps, confort pour les généralistes qui peuvent l’utiliser
comme dernier argument pour obtenir la réalisation du vaccin DTP- et ses inconvénients -
déresponsabilisation des parents, atteinte à la liberté individuelle. Comme l’écrit J. Gaudelus
dans un avis publié sur Infovac (63) : « Le passage de l’obligation vaccinale à la
recommandation accroit la responsabilisation des médecins en tant qu’acteur de santé publique
et celle des individus en tant qu’acteurs de leur propre santé. Il faut y ajouter une dimension
éthique qui consiste à protéger la collectivité tout en respectant l’individu. »
S’ils sont un tiers à être favorables à l’obligation du DTP dans notre étude, celle de la
DREES obtient 61% de réponses positives du type : « oui, seulement certains » vaccins doivent
104
être obligatoires, et 24% seraient favorables à l’obligation de tous les vaccins (54). La suppres-
sion de l’obligation est donc redoutée par un bon nombre de médecin, pouvant peut-être appré-
hender le rôle plus important qu’ils devraient alors jouer. En effet, s’ils n’arrivent pas à con-
vaincre la proportion des parents ne faisant les vaccins que parce qu’ils sont obligatoires, ils
pourraient se sentir directement responsables de la diminution secondaire de la couverture vac-
cinale. Cela demande une implication plus importante de leur part, dans une information voire
une formation plus complète pour eux, ainsi qu’une communication plus efficace, au sein de la
consultation, pour que les parents réticents décident de vacciner leurs enfants.
1-4 Leur opinion à propos des 4 arguments :
o a) Argument 1 : la peur des effets secondaires des vaccins :
Face à cette réticence, ils sont 10/15 à reconnaître la possibilité ou l’existence d’effets
secondaires aux vaccins, ce qui est plus important que les chiffres retrouvés par la DREES dans
son étude dans laquelle 29% des généralistes interrogés affirment que: « les vaccins contenant
des adjuvants sont associés à des complications au long terme » (54).
La plupart des MG considèrent que, comme tout médicament, les vaccins contiennent
des substances pouvant être toxiques pour certains patients, même si les effets secondaires sont
allégués sans preuve scientifique pour le moment.
Il s’agit de peser la balance bénéfice-risque et décider de ce qui est le mieux pour l’en-
fant, entre ce risque supposé et l’efficacité réelle du vaccin contre les maladies ciblées. C’est
cette notion de l’intérêt de l’enfant qui diffère parfois dans sa perception chez des parents et
chez le médecin, comme l’explique l’article de Diekema (25) : les parents opposés pensent sin-
cèrement faire le bon choix en refusant le vaccin, face à la peur de lui provoquer un effet se-
condaire, dont il se sentirait responsable. Face à cela, le médecin a une position difficile : son
but est de faire réaliser le risque que les parents feraient courir à leur enfant, face à la maladie
105
s’il n’est pas vacciné, risque dont ils doivent également se sentir responsable, tout en essayant
de vaincre les réticences ressenties face au danger de ces injections.
D’après la loi (Art 43 du code de déontologie médicale): « Le médecin doit être le dé-
fenseur de l’enfant lorsqu’il estime que l’intérêt de sa santé est mal compris ou mal préservé
par l’entourage », mais rien ne précise concrètement à quel moment le MG doit conclure à un
défaut de soin, notamment en cas de refus vaccinal (64).
A propos du lien entre la sclérose en plaque et le vaccin contre l’hépatite B, ils sont 9/15
à croire en les études ayant montré son absence formelle. Cependant, quelques-uns pencheraient
plus vers un lien entre la déclaration de la maladie, auparavant latente, et la vaccination, stimu-
lant l’immunité donc peut-être aussi les maladies dysimmunitaires. Par comparaison l’étude
d’Olpinski (65) retrouve 11% des médecins en accord avec l’affirmation générale : « le vaccin
contre l’hépatite B entraîne la sclérose en plaques », ce qui est moins important que dans notre
échantillon où 4/15 y voient un lien direct ou indirect, mais également 9% qui pensent que cette
situation engendre des dégâts sur le système immunitaire.
Pourtant, le professeur Siegrist, professeur de vaccinologie et pédiatrie à l’université de
Genève, insiste souvent sur l’existence de nombreuses études prouvant toutes l’absence de lien
significatif entre les deux phénomènes (66), (67), (68) et (69). Il s’agirait d’évènements atten-
dus, dans la population générale comme pour celle vaccinée.
Lorsqu’on parle aux MG de la polémique sur la présence d’aluminium dans certains
vaccins et son lien avec la myofasciite à macrophages, ils sont autant à y adhérer qu’à exprimer
un manque de connaissances sur ce sujet. Les informations officielles accessibles semblent être
beaucoup moins denses sur ce sujet, de par la nouveauté de cette polémique, comparée à celle
de la sclérose en plaque qui date de plus de vingt ans. Pour le moment, aucune missive de la
part du gouvernement n’a été envoyée aux médecins pour leur déconseiller les vaccinations
106
comprenant de l’aluminium et, même en exprimant des doutes ou une méfiance, aucun médecin
ne nous a cité un vaccin qu’il ne réalisait plus sur cet argument-là.
Devant la peur parentale des effets secondaires des vaccins, le discours des généralistes
se veut plutôt rassurant, exposant leur expérience personnelle positive, la confiance que les
parents peuvent avoir vis à vis des recommandations officielles. Ils concluent généralement sur
le fait que seuls les parents décident de la réalisation ou non du vaccin chez leur enfant. Dans
un sens, ceci peut les soulager, car cela les déresponsabilise de toute « complication » possible.
Pourtant ils sont directement responsables de cette décision, éclairée par leurs informations
données en consultation, qui doit être la plus objective possible. Leur but doit être de faire
accepter le principe de « protection », et non pas de « précaution », par les parents hésitants.
o b) Argument 2 : la maladie n’est pas si grave et n’existe presque
plus :
Cet argument permet à 9/15 MG de justifier le bénéfice du vaccin par son efficacité au
niveau mondial. Ainsi, la réalisation des vaccins permet chaque année de sauver deux à trois
millions de personnes dans le monde entier. Selon l’OMS, le vaccin contre la rougeole aurait
sauvé à lui seul plus de dix-sept millions de vie (70).
Pourtant, l’étude présentée par la DREES en 2015 montre que près de 26% des généra-
listes estiment que certains vaccins sont effectivement inutiles, bien qu’ils soient encore recom-
mandés, et que 20% pensent que les enfants reçoivent trop de vaccins aujourd’hui (54).
Si certains médecins sont peu convaincus, les parents le sont encore moins. En effet,
cette diminution très importante de l’incidence de certaines maladies, comme on le voit dans la
figure suivante, est secondaire au principe d’immunité collective.
107
Tableau 6 : Prévalence des maladies avant l’introduction des vaccins versus après, en 1997, aux USA.
(Document proposé par la PMI du 16ème arrondissement)
Cette notion d’immunité collective est malheureusement très peu comprise par ces pa-
rents, dont le rôle est naturellement de penser à l’intérêt de son enfant, et moins des personnes
de son entourage. Elle n’est donc pas un argument efficace pour convaincre ces parents, comme
de nombreux MG de notre échantillon le constatent.
A propos de la gravité, les médecins de l’étude n’hésitent pas à contredire les parents
par l’évocation de cas personnellement connus, ayant été contaminé et ayant développé des
symptômes graves, du fait de l’absence de vaccination. On peut se poser la question de savoir
s’il ne s’agit pas d’une atteinte au secret médical, même si aucun nom n’est donné. Devant le
fait que cette pratique soit aussi répandue, on suppose que les MG s’imposent une discrétion
nécessaire dans la description du cas, afin qu’aucune identité ne soit reconnue. Car c’est juste-
ment cette proximité qu’ils souhaitent, pour marquer les parents : les patients atteints habitaient
dans le quartier, présentait des similitudes avec leur enfant… C’est cet effet que le MG re-
cherche pour que les parents s’y identifient et pensent finalement : « ça pourrait donc être mon
enfant. »
108
Les médecins ne sont que 4/15 à décrire objectivement les symptômes de la maladie en
question. On peut y voir les conséquences directes d’une formation trop ancienne ou trop légère
sur la clinique de ces pathologies, qu’ils ne rencontrent quasiment plus dans leur pratique quo-
tidienne. Les médecins travaillant en PMI étaient plus équipés pour avancer des chiffres, des
symptômes, ou encore l’explication de séquelles possibles post-complication, grâce à leur
équipe et au travail de certains collègues très investis dans les questions de vaccinations. Sans
vouloir choquer les parents, c’est en leur expliquant la gravité des maladies qu’ils peuvent les
convaincre de l’utilité des vaccins. En effet, les vaccins sont victimes de leur succès et les ma-
ladies n’étant plus visibles, elles sont oubliées et leur gravité minimisée.
o c) Argument 3 : mon enfant n’est pas à risque pour cette maladie et
ne sera pas en contact avec elle :
8/15 généralistes décrivent les différents modes de contamination pour prouver aux pa-
rents qu’ils sont nombreux et proviennent de situations vécues par tout le monde, sans excep-
tion.
En effet, une étude publiée dans le BEH, à la fin du troisième Plan national hépatites
virales B et C 2009-2012, décrivant les « connaissances, perceptions et pratiques vis-à-vis de
l’hépatite B en population générale en France métropolitaine en 2010 », montre que seuls 46.5%
des personnes interrogées par téléphone répondaient correctement aux questions sur les con-
naissances des modes de transmission de l’hépatite B : par voie sexuelle sans préservatif, par le
partage d’une seringue usagée ou par une piqûre de moustique (71).
Il est évident que pour des parents, il est bien difficile d’imaginer les deux premiers
modes de contamination pour leur nourrisson n’ayant que deux mois. Il en est d’ailleurs de
même pour les jeunes filles de 11 à 14 ans, à qui on recommande le vaccin contre HPV, virus
contaminant par voie sexuelle.
109
C’est pour cela qu’il était intéressant de la part de M9 de tenter de convaincre les parents
de vacciner leur enfant contre l’hépatite B, par son éventuel travail en milieu médical ou para-
médical, quand il sera adulte. Les parents ne connaissent pas cette obligation et c’est une raison
plus acceptable pour eux.
o d) Argument 4 : la méfiance envers les politiques et les laboratoires
pharmaceutiques :
Cet argument met les MG de notre échantillon plutôt mal à l’aise. En effet, ils sont tout
de même plus de la moitié à comprendre voire partager ces doutes et cette méfiance envers les
autorités et l’industrie pharmaceutiques, lorsqu’ils expriment leur opinion personnelle sur ce
sujet.
Pour lutter contre cette méfiance, le Sénat a sorti un rapport d’information en février
2013, à propos de la vaccination en France, dans lequel il exprime sa volonté de « clarifier le
rôle des instances participant à la prise de décision » (5).
2. Les connaissances des MG sur les vaccins pédiatriques:
2-1 Les sources d’informations utilisées :
Une grande majorité de l’échantillon utilise Internet pour se renseigner sur les vaccins
pédiatriques. Si certains écrivent directement leurs mots-clés sur un moteur de recherche ba-
sique, ce qui peut être dangereux et amener le médecin à lire de fausses informations sur le
sujet, d’autres visent des sites bien précis comme le BEH, Infovac et les sites dits « gouverne-
mentaux » tels que l’InVS, l’INPES ou encore les Comité Technique des Vaccinations. Infovac,
dans ses communiqués pour les médecins, recommande des sites comme ceux du Comité Tech-
nique des Vaccinations (CTV), des sociétés savantes, et de l’AFSSAPS (Agence Française de
Sécurité Sanitaire et des Produits de Santé), qu’aucun généraliste de notre étude n’a mentionnés.
110
S’ils sont nombreux à exprimer une méfiance envers le gouvernement à propos de son
interdépendance suspectée avec les laboratoires pharmaceutiques, ils lui font néanmoins
confiance en ce qui concerne les informations qu’il rend disponibles sur ses sites.
L’étude commandée par la DREES rejoint ces résultats puis qu’elle montre que 8/10
médecins interrogés font confiance au ministère de la Santé, et 9/10 aux agences sanitaires (54).
En revanche, 53% estiment que les sources officielles sont influencées par les industries
pharmaceutiques.
La moitié des MG sont inscrits à la revue scientifique Prescrire, indépendante
financièrement et rédigée par des professionnels de santé dont: « l'absence de lien financier
direct ou indirect avec une firme pharmaceutique est une condition sine qua non d'appartenance
à l'équipe Prescrire » (72). Il semble donc que ces informations soient objectives et fondées et
pertinentes si le médecin y est abonné… et s’il les lit.
2-2 Les connaissances sur la législation :
Ils sont 3/15 à ne pas savoir qu’une absence de vaccination par DTP peut motiver une
information préoccupante auprès de la CRIP, voire un signalement auprès du procureur de la
république si l’enfant est en danger immédiat, par exemple lors d’une épidémie ou d’un cas
contact, ce qui est beaucoup plus rare. Cela représente tout de même 20% de l’échantillon, et
montre un défaut d’information, et peut-être une sous-estimation de la gravité de l’absence de
vaccination, dans l’esprit des MG. En effet, ils semblent très surpris quand l’investigateur leur
apprend l’existence de ces possibilités légales, qu’on pourrait même considérer comme un
devoir de la part du médecin.
Pour eux, l’information préoccupante et le signalement sont des mesures
exceptionnelles, dédiées exclusivement aux situations de maltraitance. Pour eux, le refus de la
vaccination n’est pas considéré comme une absence de soin, car il s’agit d’une méthode de
prévention et non pas de traitement. Au contraire de négligents, les parents opposés aux vaccins
111
sont plutôt décrits comme très proches de leur enfant, cherchant dans leurs décisions, le meilleur
pour lui.
C’est peut-être dans cette optique qu’aucun médecin interrogé n’a utilisé une telle
mesure pour des enfants non vaccinés par le DTP, même en ayant déjà rencontré cette situation.
Pourtant, le conseil de l’Ordre déclare : « aucun praticien ne saurait s’incliner face à un refus
systématique de cet acte de prévention, concernant en particulier les enfants, ce refus devant
être considéré comme une maltraitance par refus de soins » (64).
C’est à partir d’un signalement de leur médecin qu’un couple a été récemment
condamné à deux mois d’emprisonnement avec sursis, pour refus d’obligation vaccinale de leur
deux enfants, en janvier 2016 (74). Leur avocat a plaidé le principe constitutionnel de liberté
individuelle, contre l’accusation du procureur de la République pour soustraction par un parent
« à ses obligations légales compromettant la santé, la sécurité, la moralité ou l’éducation de son
enfant ». Cependant, en les condamnant uniquement pour infraction au code de la Santé
Publique sur l’obligation vaccinale (15), le tribunal a prononcé une relaxe pour les faits de
« maltraitance et négligence d’enfants. » En conclusion, les parents ont été certes condamnés,
mais « sans obligation de faire vacciner leurs enfants, ce qui était demandé par le procureur »,
comme l’a précisé l’avocat de la défense.
Cette affaire montre donc que des parents peuvent être condamnés pour un refus de
vacciner leur enfant contre le DTP, mais que le vaccin ne peut jamais être réalisé contre leur
volonté, quel que soit la finalité du procès, au nom de l’interdiction de réaliser un soin sans
l’accord du patient ou de son représentant légal, comme le précise la loi du 4 mars 2002 :
« aucun acte médical, ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et
éclairé de la personne et ce consentement peut être retiré à tout moment. » Elle montre aussi
que l’amende, dont parle l’article L311-3 du code de la Santé Publique, n’est pas systématique
(15).
112
En conclusion, le refus d’un acte de prévention comme un vaccin obligatoire peut être
sanctionné par le tribunal de Grande Instance, que l’enfant soit en collectivité ou non, mais
l’acte ne pourra jamais être réalisé contre l’avis des parents, au nom du respect « des deux droits
fondamentaux que sont la liberté de conscience et l’inviolabilité du corps humain », comme
l’explique Joël Gaudelus dans la Revue du Praticien (62).
En revanche, les médecins sont bien conscients de leur devoir éthique, moral et ordinal
de vaincre les réticences des patients. Si un enfant non vacciné contracte la maladie, les parents
ont la possibilité de se retourner contre le médecin traitant, s’il est prouvé qu’ils n’ont pas été
informés avec conviction sur l’utilité du vaccin. D’ailleurs, ils sont plusieurs dans notre étude,
à préciser qu’ils notent toujours dans le dossier médical ou sur le carnet de santé, qu’ils ont
recommandé les vaccins aux parents, s’ils le refusent.
3. La scène vécue en consultation :
3-1 Les types de vaccin en cause :
Il était intéressant de voir, dans cette partie, que ce type de consultation problématique
arrive régulièrement dans la profession de tout médecin généraliste. Les deux médecins n’ayant
pas trouvé d’exemple de ce type dans leurs souvenirs, évoquent pourtant des consultations assez
régulières avec des parents réticents au vaccin contre HPV, motivant une argumentation de leur
part.
Le reste de la population interrogée était clairement scindé en deux parties : ceux ayant
reçu des parents totalement opposés à tous les vaccins, et d’autres particulièrement sceptiques
face à ceux contre l’hépatite B et le HPV. Quelques médecins ont aussi raconté des contamina-
tions par la rougeole de certains patients qui avaient refusé le ROR.
113
Même le généraliste pratiquant depuis quelques mois seulement en PMI, M9, avait des
exemples vécus à nous raconter. Cela rejoint les résultats d’une étude de l’American Academy
of Pediatry (AAP), dans laquelle 7 pédiatres sur 10 évoquaient une consultation avec des pa-
rents refusant de vacciner leur enfant, dans les douze mois précédant l’enquête (25). En re-
vanche, les parents y refusaient surtout le ROR, puis ceux contre la varicelle, le pneumocoque,
l’hépatite B et enfin le DTP. Il faut rappeler que le vaccin contre l’hépatite B a été l’objet d’une
polémique exclusivement française à propos de ce lien avec la sclérose en plaque.
Le DTP n’est donc pas le problème majeur des parents réticents, ce qui peut laisser
penser que l’obligation n’est le point qui gêne vraiment les parents. Cependant, les 2% de la
population générale qui sont contre tous les vaccins, dont on a ici quelques exemples, seraient
autant de couverture vaccinale en moins, si l’obligation était supprimée.
3-2 Les différences d’attitude du médecin devant un refus vaccinal :
Devant des parents décrivant un avis négatif envers les vaccins, le rôle du médecin est
primordial, comme on l’a vu dans la première partie. C’est à travers lui et sa relation avec le
patient, que les choses peuvent évoluer vers une conviction de l’utilité de la vaccination chez
les enfants. Mais ce rôle est d’une réelle complexité, comme le montre l’étude DREES sur son
panel des généralistes, au sein duquel 90% savent que leur rôle est d’informer les parents sur
les avantages de la vaccination (54). Mais si 96% se sentent prêts à donner des informations sur
les vaccins, ils sont en revanche 57% à ne pas être à l’aise avec les explications à donner aux
parents sur les adjuvants.
Leur attitude est forcément liée à l’opinion qu’ils ont sur ces vaccinations pédiatriques,
et donc à la motivation plus ou moins réelle qu’ils ont de convaincre les parents.
Les réactions des médecins de notre échantillon sont assez diverses et pourraient être
catégorisées en trois groupes, forcément dépendantes du type parental auxquels ils ont affaire :
114
-une première catégorie de médecins, tels que M3, M4, M13 par exemple : ceux-ci
proposent les vaccins mais ne « se battent » pas spontanément dès qu’ils sentent une certaine
défense de la part des parents. L’échange ne se fait que si les parents posent des questions. Mais
leur état d’esprit est très clairement tourné vers une indépendance ressentie vis-à-vis de la
décision vaccinale, comme M4 le résume : « Les gens sont libres de faire ce qu’ils veulent.» Ce
dernier décrit étonnamment un ressenti positif envers les parents opposants, qu’il aurait
tendance à admirer et non pas condamner : pour lui, il serait admirable de décider de ne pas
vacciner son enfant, contre l’avis général. Pour deux d’entre eux, face à la question de savoir
si le fait d’arriver à convaincre les parents est important, ils répondent en se déclarant
indépendants de toute décision, puisque seuls les parents en sont acteurs. L’investissement de
cette catégorie envers la vaccination manque quelque peu d’intérêt ou de motivation, ce qui
s’en ressentait dans les interviews.
-une attitude médicale plus alerte, partagée notamment par M1, M8, M10, M12, M2,
M5, M6, M7, M9 et M14 : hommes ou femmes, de tout âge, ils sont assez intéressés par le
sujet, et décrivent une réaction plus dynamique et plus volontaire envers les parents opposés.
La communication qu’ils assurent est fournie en arguments, et certains, comme M1, déclarent
même participer à des formations sur les vaccins. Ces médecins insistent particulièrement sur
une efficacité de leur relation privilégiée avec leur patientèle, et une conviction parentale qui
se fera sur le long terme, sans précipitation, progressivement. Ils déclarent tout de même que
convaincre les parents est important pour eux, dans le souci de protection de l’enfant in fine.
Une partie de ces médecins décrit sa patientèle comme non réfractaire à la vaccination, peu
éduquée, et ne posant que rarement des questions à ce sujet. D’ailleurs la plupart d’entre eux
ont peu de pédiatrie dans leur pratique quotidienne. L’autre partie de ce groupe réunit les
médecins travaillant en PMI, en crèche, en centre municipal de santé avec un créneau horaire
uniquement pour les vaccins ou ayant travaillé aux urgences pédiatriques –M2, M5, M6, M7,
115
M9 et M14. Chacun décrit une réaction très détaillée, apportant aux parents beaucoup
d’arguments avec une stratégie réfléchie, dans le but de les convaincre personnellement et de
façon adaptée. Leur rôle d’information est ressenti comme fondamental dans le changement
d’opinion des parents, et ils assument pleinement cet investissement. La pédiatrie étant une part
importante de leur pratique professionnelle, voire exclusive pour les PMI, ils sont bien formés,
renseignés, et bien encadrés à propos des vaccins. Ce sont eux qui délivreront à l’investigateur
le plus d’informations, d’expériences, et même de supports papiers très pertinents, à propos des
études infirmant les arguments polémiques des effets secondaires des vaccins. Ils se sentent
donc très investis dans l’accompagnement des parents réticents ou opposés, et en reparlent à
chaque consultation. Ces résultats sont concordants avec ceux de l’étude de la DREES qui
montrent que le score de recommandations est plus important chez les médecins se sentant plus
à l’aise pour donner des explications à leurs patients sur les vaccins. Ceci est conforme aux
modèles explicatifs des pratiques des médecins qui considèrent la confiance en soi et en leurs
aptitudes professionnelles comme un des facteurs favorisant leur action, lorsqu’ils font face à
des difficultés dans leur pratique, telles que le refus vaccinal ; comme le montre une étude de
2005 (75).
Les médecins de ce groupe sont très critiques envers l’obligation du DTP, qui les freine
dans leur communication avec les familles, et préfèreraient endosser pleinement la
responsabilité de convaincre les parents de réaliser chaque vaccin recommandé. Du moins, ils
se sentent prêts à ce « combat », et beaucoup voudraient que les autres généralistes aient le
même comportement. En effet, ils pensent majoritairement que leur rôle est de montrer que la
raison et la science décrédibilisent chaque argument anti-vaccin, et secondairement de lutter
contre le ressenti négatif persistant, non raisonné, éprouvé par les parents, mais pouvant être
amélioré par une relation de confiance avec le médecin. Si cette relation est impossible, un de
ces médecins, M6, n’hésite pas à arrêter le suivi de la famille. S’il est le seul à pratiquer cela,
116
d’autres du groupe expliquent qu’ils incitent les parents, sans les obliger, à aller voir d’autres
médecins, comme M2.
A propos du ressenti, ces médecins décrivent soit un agacement secondaire aux
consultations avec des parents opposés aux vaccins, soit un sentiment d’échec personnel
lorsque le vaccin est refusé. L’agacement peut être expliqué par le sentiment d’avoir raison,
mais que l’autre en face ne le reconnaît pas, surtout à propos d’un sujet qui pourrait mettre
l’enfant en danger. Il peut aussi être expliqué par l’attitude très fermée de certains parents.
Le sentiment d’échec personnel est un ressenti très fort et inattendu dans cette étude. Si
l’hypothèse de cette dernière est que les médecins généralistes se sentent démunis face à des
parents s’opposant aux vaccins de leur enfant, il n’était pas prévu que cela soit ressenti comme
une culpabilisation du médecin, et une remise en question de ses capacités. La détresse
potentielle était surtout vue comme secondaire à un manque de moyens aidants et encadrant le
généraliste dans sa démarche pour convaincre les parents.
- Un dernier petit groupe très sceptique envers les vaccins, M11 et M15. Exerçant tous
les deux dans un contexte de cabinet familial avec des médecines alternatives en parallèle –
mésothérapie et homéopathie-, ils ne recommandent pas beaucoup les vaccins. Dans ce
domaine, ils réagissent exclusivement au cas-par-cas, au détriment de l’immunité collective,
passant, selon eux, après le risque que le vaccin peut engendrer sur chaque patient. Ils sont très
méfiants envers les effets secondaires, notamment du vaccin contre l’hépatite B, pour lequel ils
suspectent un risque de déclencher une maladie dysimmunitaire latente. M11 est beaucoup plus
opposé aux vaccins, et estime que l’homéopathie peut remplacer leur efficacité, sans être aussi
dangereuse. Il appuie son raisonnement sur des formations par des immunologues, et des
lectures de revues et de sites internet non citées par les autres tels que « l’Amicale » ou
« Univadis », site internet géré par une filiale d’un laboratoire pharmaceutique. Pour M11, les
recommandations sont secondaires à cette dépendance entre politiques et laboratoires
117
pharmaceutiques, sur laquelle la théorie du complot se fonde. Elles ne sont expliquées que par
des arguments financiers. Ces recommandations, quand elles sont suivies, mettent l’enfant en
danger réel, surtout lorsque les vaccins sont fait aux âges recommandés, trop tôt selon M11.
Enfin, ce médecin estime que la plupart des maladies sont bénignes, et que la nature protège les
enfants contre elles. M15 est plus ouvert aux vaccins, mais exprime une méfiance mal décrite,
surtout pour les vaccins récents, qui s’ajoutent à des vaccins déjà nombreux. Il parle volontiers
de ce sujet avec les parents, mais ne va pas forcément contre leur avis quand ils sont opposés.
3-3 La description de différents types parentaux :
De façon générale, les médecins interrogés ont rencontré tous les types de parents. S’ils
ont été particulièrement marqués par les parents totalement opposés, dont ils nous racontent
souvent la consultation, les plus fréquents restent ceux qui sont réticents ou juste inquiets,
désireux d’informations complètes sur le sujet. C’est l’investigateur qui a lui-même classé les
parents dont les MG lui ont parlé.
Souvent, les généralistes interrogés faisaient spontanément la différence entre les pa-
rents selon le degré de leur refus des vaccins, en discutant à ce sujet. La conversation était
parfois initiée par eux-mêmes lorsqu’ils avaient le carnet de santé de l’enfant devant eux, ou
encore lors de la première consultation de suivi d’un nourrisson, pendant laquelle M6 prenait
systématiquement l’initiative d’en parler, justement en amont de l’âge de début des vaccina-
tions, BCG exclu. Sinon, c’était les parents qui pouvaient également en parler, principalement
des parents non opposants : plutôt réticents ou en demande d’informations.
La façon d’aborder le sujet, plus ou moins ouverte à la discussion, la quantité et la qua-
lité des arguments négatifs envers les vaccins, les sources citées, ou encore les facteurs socio-
culturels associés sont autant de critères évalués par les médecins, qui leur permettent de cerner
le type auquel les parents appartiennent.
118
Par rapport à leur adaptation en fonction du type parental identifié, les médecins sont
presque unanimes lorsqu’ils expliquent qu’ils ont toujours les « mêmes cartes » qu’ils décident
de jouer ou non en fonction de l’utilité et de l’ouverture à l’échange qu’ils perçoivent.
Un tiers de l’échantillon s’arrête sur la description des parents s’opposant totalement
aux vaccins.
Selon eux, ces parents ont tous la même attitude fermée en consultation, et possèdent de
nombreuses similitudes dans leur façon générale de vivre et de penser.
Premièrement, ils choisissent le praticien qu’ils vont voir pour suivre leur enfant. Ils
évitent les PMI, institutions publiques dont le message est forcément biaisé par les instructions
officielles des autorités qui les financent. Les médecins se considérant comme « plus ouverts »
à la méfiance vis-à-vis des vaccins affirment que les parents les choisissent aussi parce que
justement, ils vont dans leur sens. C’est d’ailleurs ce que M2, travaillant en PMI, veut éviter en
poursuivant le suivi des rares parents opposés, continuant à venir le voir.
Ensuite, les parents totalement opposés évitent l’échange au sujet des vaccins et adoptent, pour
cela, une attitude très fermée, déstabilisant parfois les médecins en face.
S’ils évitent la discussion, c’est souvent qu’ils ont peu d’argument clairement établis
dans leur esprit. Selon les MG qui cherchent à les connaître, c’est surtout une peur basée sur un
ressenti, très difficile à faire disparaître même en leur montrant les études allant scientifique-
ment à l’encontre de ces doutes sur la dangerosité des vaccins.
Elle est aussi expliquée par le milieu assez caractéristique auquel les parents appartien-
nent : tourné vers la nature, l’alimentation biologique, le cocooning… autant de choses qui ne
vont pas du tout dans le sens du vaccin, injection douloureuse d’une substance chimique, con-
tenant parfois des métaux, voire des germes vivants, à l’intérieur du corps de leur enfant, parfois
tout petit. Dans un monde en progrès constant et rapide, le retour aux sources et aux choses
naturelles sont très en vogue, ce qui peut être positif, mais aussi dramatique par le rejet de
progrès tels que les vaccins.
119
Le professeur Gaudelus énonce les mêmes caractéristiques dans un avis publié sur In-
fovac : « Les « opposants » constituent un groupe hétérogène, ils évoquent des raisons reli-
gieuses ou philosophiques, idéologiques, les libertés individuelles, et sont parfois des partisans
de la théorie du complot (industrie, médecins, autorités sanitaires). Ce sont souvent des suppor-
ters des médecines alternatives et de l’homéopathie » (63).
Devant ce type parental, les médecins vont soit accepter la volonté parentale de ne pas
discuter du sujet de discorde, soit adopter un discours se voulant percutant. Il peut être agressif,
culpabilisant, voire contenir des mots et des chiffres chocs. Les médecins sachant bien que les
parents vont rapidement clore le sujet, ils décident souvent de mettre le plus de poids dans leurs
quelques mots, quitte à choquer ou irriter les parents en face.
L’attitude de M6 devant des parents refusant un vaccin qu’il estime indispensable, le
Prévenar, est encore plus directe : il les refuse pour les prochaines consultations. On peut mettre
en question la pertinence de cette réaction en mentionnant une étude de Gilmour qui montre
que l’éviction de la patientèle peut être secondairement dangereuse si le médecin l’imposant
n’a pas assuré en aval, un relais par un autre médecin (76). En effet, cette éviction pourrait
entraîner un nomadisme médical.
L’étude de Diekema (25), montre que seuls 4.8% des pédiatres interrogés disent systématique-
ment à des parents opposants qu’ils ne pourront plus suivre leur enfant, s’ils persistent dans leur
refus.
Les parents réticents n’ont pas été décrits directement par les généralistes, mais appa-
raissent dans les histoires où les MG arrivent à convaincre pour la réalisation des vaccins de
l’enfant. L’investigateur a déduit de ces situations décrites par les MG, ce type de parent réti-
cent.
Ils sont donc plus ouverts à la discussion, réceptifs aux arguments avancés par les mé-
decins. Ce sont eux qu’il faut convaincre et c’est sur eux que tout le rôle d’information et de
mise en confiance du médecin se joue.
120
Selon Gaudulus : « Les « sceptiques » ne rejettent pas la vaccination en général mais
sont plutôt partisans d’une vaccination sélective. Ce sont souvent des adeptes des médecines
alternatives, des demandeurs de discussion et de temps sur la stratégie de vaccination, l’effica-
cité, la sécurité et les effets indésirables. Ils ont besoin de réassurance de la part des médecins
et de leur entourage » (63).
Effectivement, c’est avec eux que d’autres méthodes vont être proposées par les géné-
ralistes interrogés. Par exemple, M2 raconte qu’il lui arrive de décaler les vaccins pour trouver
un compromis avec les parents. D’autres parents n’acceptent les vaccins que s’ils sont faits un
par un. Même si les généralistes sont peu à reconnaître le compromis comme une raison de
décaler les vaccins, dans notre étude, il s’agit pourtant d’une méthode efficace pour mieux les
faire accepter par les parents réticents.
De façon générale, lorsqu’ils voient une ouverture dans la discussion sur les vaccins, les
médecins vont, en grande partie, en profiter pour en parler le plus régulièrement possible, lors
des consultations. C’est là que le suivi et la réévaluation chronique par l’entretien motivationnel
vont prendre sa place.
Les parents en demande d’information ne posent pas de problème aux médecins, qui se
sentent tout à fait capables d’y répondre. Par exemple, M8 et M14 travaillent respectivement
dans le 13ème arrondissement et dans une banlieue défavorisée du 94. Selon eux, ces parents
constituent la grande partie de leur patientèle, et ont pour point commun d’appartenir à un mi-
lieu modeste, se posant moins de questions sur les vaccins, notamment par la confiance et l’es-
time qu’ils portent encore à leur médecin de famille.
Certains, comme M9, vont plus loin et dire qu’ils « apprécient » ce genre de patients,
leur permettant de discuter d’un sujet qui change un peu des problèmes de médecine adulte, et
sur lequel ils se sentent à l’aise.
L’adaptation des médecins en fonction de ces types parentaux est globalement
concordante avec ce que recommandent les différentes études analysées en première partie.
121
4. Les moyens proposés pour améliorer la conviction parentale sur la
vaccination de leur enfant :
4-1 Actions concrètes en dehors du cadre de la consultation :
o a) Support matériel d’information:
Dans un objectif large pour une meilleure information de la population générale, les MG pro-
posent différentes options tels que les brochures, les vidéos, ou encore les réunions d’informa-
tions parentales.
Notre échantillon rejoint l’avis des médecins de l’étude de la DREES, retrouvant
que : « 8/10 plébiscitent des outils de communication et d’information visant in fine leurs pa-
tients : argumentaires sur les bénéfices et les risques des vaccins, livrets d’information à desti-
nation des patients, campagnes d’information grand public » (54).
L’étude de Williams (49), teste trois outils différents agissant sur la conviction parentale
face au vaccin contre le HPV : une vidéo de 8 minutes sur les préoccupations communes face
au virus, un prospectus sur les fausses idées à propos du vaccin et un autre prospectus sur les
moyens pour rechercher des informations honnêtes sur le vaccin. L’étude conclut que l’asso-
ciation des trois outils donne une amélioration significative de l’attitude parentale face au vac-
cin contre HPV, comparée à celle de parents du groupe témoin.
Cependant, on observe que dans notre étude, certains MG sont sceptiques envers ces
méthodes, qui ne toucheraient que les parents ouverts à l’information, ce qui n’est pas le cas
des parents opposants.
Une autre étude publiée dans Vaccine en 2013 rassemble les différentes interventions
trouvées dans 30 études publiées sur Pubmed, Central, Embase, Psychinfo et Google Scholar,
122
dans le but d’améliorer l’incidence des vaccinations contre HPV (77). Elle conclut que ces in-
terventions peuvent être classées en 3 groupes :
- la mise en place d’une loi obligeant la vaccination pour entrer à l’école,
-l’augmentation de la difficulté pour obtenir une dérogation à la loi, pour des raisons
religieuses ou morales et donc non-médicales,
-le développement d’une campagne d’information et d’éducation parentale par des ren-
contres, des brochures et des posters.
L’étude conclut que seule la troisième intervention a significativement amélioré l’inci-
dence de vaccinations contre HPV chez les jeunes filles américaines.
o b) Une campagne vaccinale de grande ampleur :
Pour élargir la cible, il faudrait, comme le soulignent les généralistes de l’étude de la
DREES (54) tout comme les MG de notre étude, une décision gouvernementale de lancer une
véritable campagne de vaccination. Elle pourrait toucher également les parents opposants, sans
qu’ils le choisissent vraiment, comme par des affiches et des vidéos publicitaires, à diffusion
très large.
Une telle démarche pourrait être la bienvenue dans un contexte actuel où la méfiance
générale considère le débat sur la suppression de l’obligation vaccinale comme la reconnais-
sance de l’Etat que les vaccins ne sont pas aussi importants que ce que les médecins avancent.
o c) Une éducation scientifique plus complète de la population
générale:
Outre l’apport d’information en consultation par le généraliste en consultation, le pro-
fesseur Bégué propose, dans une réflexion sur les refus vaccinaux (41), une meilleure formation
aux questions scientifiques, en amont, c’est-à-dire à l’école : « Une formation claire à l’école
123
sur la biologie et les sciences exactes permettrait au public de mieux appréhender les notions
d’épidémiologie qui sous-tendent les justifications de la vaccination. »
Une étude réalisée en Grande-Bretagne, suggère que les parents, pour compléter les in-
formations par supports écrits informatifs, assistent à des réunions d’information de deux
heures, pour améliorer la confiance des parents dans la sécurité du vaccin triple ROR, pour
lutter contre cette image liée à l’autisme (78). Elle montre que les parents ayant reçu l’éducation
par la réunion vaccinaient plus (93%) que ceux qui n’avaient reçu que le livret (73%).
Une autre étude américaine datant de 2011 (79) propose également la création de sites
éducatifs pour la population générale à propos des vaccins, pour contrebalancer face au nombre
croissant de sites anti-vaccins ; dans le but aussi de faire comprendre à la population que les
changements fréquents du calendrier vaccinal recommandé sont faits dans un souci de simpli-
fication et d’homogénéisation des pratiques internationales.
o d) Le développement d’un réseau épidémiologique et de
surveillance :
Le rapport de la Mission d'Evaluation et de Contrôle de la Sécurité Sociale (MECSS)
note une « absence de coordination de nombreux intervenants, insuffisance, voire absence de
pilotage, grande incertitude sur le montant des financements consacrés à la prévention, manque
d’évaluation de plans divers et peu cohérents entre eux, défaut de hiérarchisation des objectifs
fixés dans la loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique » (80).
D’ailleurs, un des objectifs du rapport réalisé sur le sujet par le sénat en 2006, au sein
d’un Programme National d’amélioration de la politique vaccinale 2012/2017, est de conserver
et mieux développer les : « réseaux nationaux de surveillance épidémiologique, microbiolo-
gique et clinique, reposant souvent sur la bonne volonté des personnes » (81).
Une étude française parue dans le BEH, sur les caractéristiques de l’épidémie de rou-
geole en France depuis 2008, est un bon exemple de l’efficacité des systèmes de surveillance
124
épidémiologique (4). En effet, la rougeole étant une maladie à déclaration obligatoire, chaque
cas est notifié, ce qui permet une meilleure compréhension de l’épidémie, aussi inattendue
qu’inquiétante. C’est par cette surveillance précise qu’on peut affirmer, par exemple, que si
seuls cinquante cas de rougeole avaient été enregistrés entre 2006 et 2007, ils ont été chiffrés à
18000 entre 2008 et 2011, engendrant 4000 hospitalisations, 808 pneumopathies, 26 encépha-
lites ou myélites et 10 décès. C’est par une surveillance épidémiologique stricte et précise qu’on
réalise l’ampleur de la gravité d’une maladie, par ces chiffres de source sûre qui, s’ils étaient
plus connus par les parents hésitants, feraient peut-être pencher la balance bénéfice-risque vers
la réalisation « convaincue » du vaccin.
o e) Un réseau standardisé, axé sur la vaccination :
Une étude italienne parue en 2012, propose un accompagnement parental complet, in-
clus dans un large réseau comprenant les centres de santé, les centres de vaccination, et d’autres
professionnels de santé, afin d’encadrer le plus possible la décision parentale (82). Le réseau
standardisé que décrit cette étude permettrait une surveillance maximale de la couverture vac-
cinale, afin de mieux étudier cette tendance au refus, et de mieux l’endiguer, par cet encadre-
ment parental optimal « à multi-facettes ».
Pour assurer un encadrement optimal, une autre étude de 2008 propose que ce type de
réseau assure également l’envoi de rappels de convocation aux vaccinations, pour éviter une
diminution de la couverture vaccinale secondaire à un manque de temps, d’organisation tem-
porelle ou à un simple oubli des parents (83).
C’est donc un large réseau regroupant maternités, hôpitaux, cabinets de ville de méde-
cine générale et pédiatrie et paramédicaux qu’il faudrait construire pour encadrer au maximum,
la pratique de la vaccination de l’enfant, comme le soumet l’étude italienne (82). Cet organi-
sation favoriserait la transmission d’un message commun en faveur de la vaccination et accom-
pagnerait cela par des aides pratiques, évitant ainsi également le frein de l’accès aux soins.
125
o f) Le problème des médias :
Il est largement abordé par les MG de notre échantillon.
Pour une grosse partie d’entre eux, l’intervention la plus efficace serait de limiter la
propagation, par les médias et les réseaux sociaux, d’informations et de désinformations trop
souvent négatives à propos des vaccins. Cela permettrait de voir réapparaître des articles vul-
garisant le fonctionnement des vaccins et les conséquences très positives de leur réalisation
dans le monde entier.
Selon Kahnemann, prix Nobel d’économie en 2002, les médias ont une action plus
facile dans l’opinion des gens, en utilisant l’émotion alors que le médecin et les autorités sont
plus dans le rationnel, scientifique, moins accueillis par la personne humaine : « L’interpréta-
tion des gens ne se fait pas suivant les lois de la probabilité mais fait intervenir des règles intui-
tives (émotionnelles) ou spéculatives » (73).
Comme le dénonce M14 : « ok, il y en a 4 qui ont porté plainte contre le Gardasil. Mais
combien ont repéré que la plainte a été déboutée parce que… il y en combien qui retiennent
ça? » En effet, les messages négatifs, basés sur l’émotion altruiste ressentie par les parents face
à la peine d’autres parents expliquée par les vaccins, sont bien diffusés. Mais l’aboutissement
des procès et des explications scientifiques le sont beaucoup moins, bien qu’ils contredisent
totalement les premières idées émises.
A propos des procès, nombreux sont les médias qui considèrent les dédommagements
financiers comme la reconnaissance d’une responsabilité du vaccin dans l’apparition de symp-
tômes.
C’est le cas, par exemple, du site « santé-nutrition » qui prend l’exemple d’un enfant
autiste, dont les parents ont reçu un dédommagement suite à la suspicion de lien avec sa vacci-
nation par Infanrix Hexa (84). L’article datant de 2014 a pour titre sans équivoque « verdict
126
d’un tribunal italien : l’autisme du petit garçon a été causé par le vaccin ». Pourtant, comme
l’explique le professeur Siegrist (85) : « Un doute est apporté régulièrement par les CRIC (Com-
missions Régionales d’Indemnisation et de Conciliation des risques médicaux) qui sont pure-
ment administratives et peuvent décider d’une indemnisation même en l’absence de lien de
causalité démontré. Contrairement aux procédures pénales, dans une procédure administrative
le doute bénéficie à la victime supposée. » Elle conclue donc qu’il ne s’agit en aucun cas de la
reconnaissance d’une quelconque responsabilité du vaccin.
Selon les généralistes et l’investigateur, les médias ont un rôle d’information qui peut
être considéré comme moins prioritaire que les objectifs de ventes, quitte à diffuser de fausses
informations, au lieu de se tourner vers un souci de santé publique en vulgarisant des informa-
tions honnêtes sur l’efficacité des vaccins. Cette constatation est directement illustrée dans notre
étude par les réticences décrites par certains MG, justement secondaires à des informations
apportées par des reportages pouvant être nommés « à sensation ».
o g) Une nouvelle discussion générale à propos de vaccins
obligatoires et recommandés ?
L’opinion générale, des parents rencontrés par nos MG, aussi bien que celle des MG
eux-mêmes, est plutôt sceptique face à cette obligation légale du DTP. Si certains d’entre eux
préfèreraient que tous les vaccins soient uniformément recommandés, d’autres expriment leur
peur de voir la couverture vaccinale diminuer et de voir des maladies réapparaître. Pourtant il
peut exister des moyens pour mieux encadrer les populations pour lesquelles sont recommandés
les vaccins.
Selon une étude faite en 2007 dans une maternité de niveau III de Marseille après l’arrêt
de l’obligation du BCG (86), il a été montré qu’il y avait une augmentation des vaccinations
réalisées directement à la maternité, chez les nouveau-nés à haut risque de tuberculose, com-
pensant la diminution du BCG en dehors de la maternité. Cette étude montre qu’en ciblant des
127
populations précises pour les recommandations des vaccins, quand ils ne sont plus obligatoires,
on peut améliorer le pourcentage de nouveau-nés vaccinés. Les résultats de cette étude rejoi-
gnent d’ailleurs la proposition précédente d’un réseau global d’encadrement de la vaccination,
comprenant notamment les maternités.
Dans son rapport du Haut Comité de la Santé Publique (HCSP), Didier Torny affirme
que : « Si le régime de l’obligation avait pour avantage la simplicité, le régime de recomman-
dation qui se met progressivement en place suppose que les personnes puissent poser des ques-
tions, qu’on les interroge longuement sur leur situation, et qu’elles ne suivent pas nécessaire-
ment les avis fondés qu’on leur donne » (17).
Il met donc en jeu la responsabilité du médecin traitant qui devrait alors être encore plus
actif dans sa transmission d’information lors de sa consultation avec des parents en cours de
questionnement avant leur décision. Mais la théorie du cas-par-cas, bien souvent prônée par de
nombreux sites anti-vaccins, serait alors peut-être plus appliquée, au détriment de la notion
d’immunité collective.
4-2 Des améliorations possibles des connaissances des médecins sur le sujet:
o a) L’avis des médecins français sur la vaccination :
Les MG interrogés sont bien conscients que les disparités d’opinion touchent aussi le
milieu médical, comme on le voit d’ailleurs au sein de notre échantillon.
Selon le guide de l’INPES sur la vaccination en 2012, le baromètre Santé des médecins
généralistes de 2009 et l’enquête de l’INPES de 2010 montrent que plus de 97,5% d’entre eux
se disent favorables ou très favorables à la vaccination en général (50). Cependant, quand on
précise pour chaque vaccin, on s’aperçoit que les pourcentages ne sont plus du tout les mêmes.
Par exemple, seuls 68% des généralistes interrogés se déclarent favorables à la vaccination du
nourrisson contre l’hépatite B, 63% sont très favorables à la vaccination anti-pneumococcique,
128
42% des généralistes d’Ile-de-France sont favorables au BCG et 59% seulement à la vaccination
contre le papilloma virus chez les jeunes filles.
o b) Une meilleure formation initiale et continue :
-A propos de la formation initiale : elle concerne les années d’étude à la faculté, de l‘externat
à la fin de l’internat. Dans notre étude, 4/15 MG proposent une formation plus complète pour
les généralistes. Si les informations sur les vaccins et le calendrier vaccinal varient beaucoup
dans le temps, dans un souci de simplification mais aussi en fonction de l’évolution des
maladies dans le monde, elles sont en revanche permanentes et non modifiables lorsqu’il s’agit
des maladies dont les vaccins protègent, des symptômes et du mode de fonctionnement des
vaccins. Cette proposition d’amélioration de formation initiale est partagée par le Sénat, dans
son rapport se penchant sur l’amélioration de la perception de la vaccination en France (5) :
« Une formation structurée sur les vaccins, dans le cadre de cours spécifiques, formerait les
médecins à mieux appréhender les enjeux de la vaccination et renforcerait leur adhésion. » Le
rapport du Sénat propose ainsi des cours spécifiques sur la santé publique, l’épidémiologie,
mais aussi pratiques sur la méthode d’injection. Ces cours seraient mêmes évalués lors des
Epreuves Classantes Nationales, en tant que spécialité à part entière : la vaccinologie.
-A propos de la formation continue : elle se déroule pendant l’ensemble des années
d’exercice. Cette formation médicale continue (FMC) est primordiale dans une profession où
les données sont en constante évolution, liées aux progrès techniques et à l’épidémiologie. Les
vaccins sont un exemple typique de ce progrès, existant depuis le dix-huitième siècle comme
on l’a vu, mais dont la technique, la galénique, la composition et la spécificité envers de
nouvelles maladies, sont issues de recherches très élaborées et en constante progression. Un
MG de notre étude, militant pour une pensée commune des généralistes envers les vaccins,
critique le fait que la FMC soit « à la carte », avec un choix de participation aux séminaires en
fonction de l’intérêt porté au sujet. Au même titre que les parents opposés, les médecins ne
129
s’intéressant pas aux vaccinations de l’enfant ne vont pas spontanément vouloir écouter une
personne dont le but est de prouver l’utilité des vaccins. D’autres justifient le fait qu’ils n’aient
pas participé à de tels séminaires par leur absence dans le programme. Pourtant, quand on lit le
site internet dédié à la FMC (87), la première formation en ligne proposée, parmi les six en tout,
a pour titre : « Couverture vaccinale : optimiser sa pratique et actualiser ses connaissances. »
En revanche, aucun séminaire n’est proposé en Ile-de-France sur le sujet.
Le Sénat, dans son rapport sur les moyens d’amélioration des pratiques vaccinales,
illustre l’existence régulière de formations proposées par le tableau suivant, sachant que la
formation a été ouverte aux médecins spécialistes qu’à partir de 2005.
Tableau 7: résumé des séminaires agréés FPC proposés de formation continue entre 2003 et 2006, et
de la participation des médecins (5).
Le nombre de généralistes participant à ces séminaires semble très faible, face aux
55 000 généralistes répertoriés en France. Une étude de l’Inserm (88) montre qu’ : «au cours
des 12 derniers mois, 53.4% des médecins avaient suivi au moins une demi-journée de
formation médicale continue (3.3 demi-journées en moyenne) et 19.5% avaient eu une
évaluation de leurs pratiques professionnelles au cours des 12 derniers mois sur le thème des
maladies infectieuses et de la vaccination. »
130
o c) Un meilleur accès aux informations sur les vaccins, par les
médecins :
Cette dernière étude française (88) s’est aussi penchée sur les sources d’informations utili-
sées par les généralistes. Elle a montré que : « les sources d’information les plus fréquemment
citées concernant la vaccination étaient les revues médicales scientifiques (86.6%), les sources
officielles du type Ministère ou agences officielles (86.0%) et les sites Internet spécialisés ou
de presse médicale (73.9%). »
Ces résultats sont positifs mais une homogénéisation simplifiée des informations sur les
vaccins par une liste restreinte de sites conseillés, serait sans doute encore mieux. Les MG de
notre étude décrivent cette volonté d’un meilleur accès régulier aux informations sur les vac-
cins, par l’élaboration d’un résumé sur papier ou sur un site internet, de tous les articles perti-
nents sur les vaccins, les preuves de leur efficacité et de l’absence d’effet secondaire, que les
généralistes pourraient lire pour leurs propres connaissances, pour ensuite les transmettre aux
parents.
Ces différents types de formation, s’ils sont suivis par les généralistes, les rendraient
plus confiants dans l’explication qu’ils donnent aux parents, et donc plus efficaces. C’est ce que
montre l’étude de la DREES (54), dans laquelle parmi les 76% des médecins confiants envers
les vaccins, nombreux sont ceux à avoir participé à des séminaires de formation continue. Il
s’agirait le plus souvent de médecins jeunes, dont la formation initiale est plus récente et moins
éloignée dans le temps.
La formation des médecins sur le sujet des vaccinations semble donc être un moyen
indispensable pour mieux convaincre les parents.
131
4-3 Moyens concernant la consultation avec le MG :
Avant toute intervention, l’étude de Diekema (25) propose trois questions que le méde-
cin doit savoir se poser quand il est face à un refus parental de vaccination :
o a) L’enfant est-il par ce refus, dans une situation où on peut parler
de maltraitance ou négligence, ce qui nécessiterait l’alerte aux
autorités de protection infantile ?
Ce cas est heureusement rare et concerne quelques situations bien précises :
-les enfants non immunisés qui ont été exposés directement à la maladie en question,
et contaminés. Il faut alors vite réagir pour faire bénéficier l’enfant d’une prévention dite se-
condaire, comme par exemple avec le vaccin anti-tétanique associé à une immunisation passive
par des anticorps spécifiques injectés, lors de plaies sales chez un enfant non vacciné par le
DTP.
-tous les enfants n’ayant pas reçu le DTP alors qu’ils sont en collectivité, où la morbi-
mortalité est plus importante que dans son environnement privé, pour les maladies dont le vac-
cin protège. Si cette situation n’est pas directement une négligence ni une maltraitance, elle
peut tout de même entraîner l’envoi d’une information préoccupante à la CRIP.
-Pour tout autre vaccin recommandé, si une épidémie survient, la prévalence de la
maladie augmentant, la proportion de personnes vaccinées doit être la plus importante possible.
o b) Le refus parental entraîne-t-il une situation de mise en danger
d’autrui, ce qui pourrait nécessiter une alerte aux autorités, sur un
problème de santé publique ?
Lorsqu’un enfant n’est pas vacciné, le médecin doit contrôler qu’il ne représente pas un
danger pour les autres enfants non–vaccinés s’il contracte la maladie.
132
Si ces deux questions obtiennent des réponses négatives, alors les informations données
aux parents devraient être tournées vers plusieurs axes fondamentaux, selon les études.
o c) Transmission de connaissances sur chaque vaccin :
De nombreuses études insistent surtout sur le rôle primordial du médecin qui se doit
d’apporter des informations objectives, précises, honnêtes et claires sur les vaccins.
Diekema (25) écrit d’ailleurs que cette information doit être précisée sur chaque vaccin
et non pas sur la vaccination en général. L’apport de nouvelles informations doit être associé à
la correction de mauvaises informations déjà collectées par les parents.
Dans une autre étude de Blaisdell (34), les auteurs recommandent un axe tourné vers les
effets secondaires, avec des preuves scientifiques apportées par des études précises et signifi-
catives, prouvant l’absence de lien avec les vaccins, mais aussi avec une information loyale sur
les risques existants.
L’étude de Gilmour (76) conclut que plusieurs méthodes de communication sont pos-
sibles pour le médecin, toutes complémentaires : évaluation des informations connues par les
parents mais aussi de leurs principes moraux, de leurs croyances à propos des vaccins, puis
correction des informations erronées, et comblement de leur manque de connaissance en leur
expliquant la balance bénéfice-risque de la vaccination et de la non-vaccination. Il conclut éga-
lement qu’après tous ces échanges, ce sont toujours les parents qui font le choix final.
Une autre étude analyse la communication de 22 médecins hollandais interviewés, ayant
une « grande expérience sur les objections religieuses à la vaccination » (89). Se basant sur
l’existence de difficultés rencontrées par le médecin dans un tel contexte, qui a parfois l’im-
pression de marchander voire négocier la réalisation des vaccins chez les enfants, elle analyse
plusieurs types de réponses apportés par les médecins : l’apport d’informations médicales sur
les vaccins, l’analyse de la méthode utilisée par les parents pour décider, une bonne compré-
hension parentale des conséquences d’une absence de vaccination, la discussion à propos du
133
statut des religions par rapport aux vaccins, ou encore l’adoption d’une démarche autoritaire en
cas d’exposition à la maladie. Selon les réponses des médecins interrogés, elle conclut que l’in-
formation médicale seule n’est pas efficace, qu’il est donc recommandé de discuter du proces-
sus de décision parentale sans débattre sur les sujets extra-médicaux, notamment religieux.
Une étude de Pineda réalisée en 2011 montre à quel point les parents ont un problème
de désinformation voire une absence totale d’information à propos des vaccins, mettant en relief
l’importance fondamentale du généraliste qui a comme rôle la délivrance de ces informations
aux parents (90).
Pour résumer, les connaissances à transmettre à propos des vaccins seraient : l’explica-
tion de ce qu’est un vaccin, les bénéfices attendus, les effets indésirables en « distinguant les
évènements intercurrents et les réactions secondaires », et enfin savoir répondre aux différentes
questions des parents (32).
o d) Reconnaître les limites actuelles des connaissances sur les effets
secondaires des vaccins :
Comme l’écrit le Professeur Bégué : « Le recueil des effets adverses post-vaccinaux
pourrait être amélioré. L’analyse des cas complexes par des médecins indépendants et une
écoute plus attentive des familles pourrait améliorer le dialogue et apporter plus de confiance
sur l’imputabilité. En quelque sorte, une humanisation de la pharmacovigilance améliorerait la
communication sur des évènements graves attribués à une vaccination » (41).
Le médecin devrait donc informer sur les études ayant prouvé l’absence de lien entre
les effets secondaires dont les médias ont beaucoup parlé, et les vaccins, mais également avouer
que les connaissances ne sont pas encore totales sur ce sujet.
L’étude de Diekema recommande une information objective sur ce sujet : « être cons-
cient qu’effectivement, un vaccin n’est pas à risque nul, et n’est pas 100% efficace » (25). Les
auteurs décrivent une discussion où le risque évoqué ne doit pas être considéré seul, mais en le
134
comparant à celui de ne pas protéger leur enfant contre la maladie, en prenant l’exemple du
risque de développer une encéphalite après la vaccination par ROR (1/1 000 000) comparé à
celui de développer une encéphalite sur une rougeole : 1000 fois plus élevé.
o e) L’argument de l’immunité collective :
La même étude propose d’expliquer aux parents opposés que « leur comportement
manque d’éthique » car ils profitent de leur environnement de gens vaccinés, grâce auxquels la
maladie est devenue rare donc moins menaçante dans leur optique, pour ne pas vacciner leurs
propres enfants. Ces derniers deviennent alors un danger pour leur entourage. C’est d’ailleurs
la réaction de quelques MG interrogés. Cependant, d’autres MG considèrent cet argument inu-
tile au sein de l’échange avec des parents, forcément tournés vers l’intérêt maximum de leur
enfant, et non pas de la population environnante.
o f) Partage de l’expérience personnelle du médecin :
Selon le docteur Jean Lalau-Keraly (20), le récit d’histoires vécues par sa patientèle est
un argument très convainquant aux yeux des parents sceptiques: «avec mes 30 ans de carrière,
je peux expliquer mon expérience aux patients : les cas de coqueluche redoutables, la quasi-
disparition de la rougeole grâce au vaccin… » Ces récits d’expériences vécues au sein de leur
patientèle ont été effectivement utilisés plusieurs fois par des MG dans la description des scènes
vécues.
o g) Adaptation du calendrier vaccinal:
Les interviews ont montré que les MG connaissaient le calendrier vaccinal et suivaient
bien les recommandations des âges, pour chaque injection. Si le décalage des vaccins était une
pratique très courante, quelques-uns reconnaissaient qu’il pouvait aussi être secondaire à un
compromis avec des parents réticents, pour restreindre le nombre d’injections par consultation.
135
Parmi les moyens proposés par les médecins d’une étude de Diekema (25), on retrouve
la proposition aux parents d’adapter le calendrier vaccinal pour une diminution des injections
simultanées, et donc de la douleur de l’enfant, par exemple avec une seule injection par consul-
tation.
Mais une autre étude publiée en 2010 montre que plus les vaccins sont décalés, plus le
risque de ne pas être à jour en début de collectivité est élevé (91). Selon cette étude, près de
22% des parents décident d’établir un calendrier vaccinal alternatif pour leurs enfants, en retar-
dant volontairement les vaccins. 45% d’entre eux le font pour augmenter la sécurité ou l’effi-
cacité des vaccins, 36% les retardent car leur enfant était malade au moment voulu. Les enfants
dont les parents retardaient volontairement les vaccins avaient significativement moins de
chance d’avoir reçu tous les vaccins à 19 mois (35%) que ceux dont les parents ne prenaient
aucun retard (60%). De plus, les parents prenant volontairement du retard avaient plus de
chance d’avoir lu des informations négatives sur les vaccins (88%) que les autres (72%). Les
parents retardant les vaccins par souci d’efficacité et de sécurité allaient significativement plus
chercher des informations sur internet, et significativement moins auprès de leur médecin, que
les parents ayant pris du retard uniquement parce que leur enfant était malade.
o h) L’arrêt du suivi de l’enfant en cas de refus des vaccins :
Devant une différence aussi grande de la perception de l’intérêt de l’enfant, l’étude de
Diekema (25) conseille de proposer aux parents l’arrêt de la relation soignant-parent, si elle se
résume à une communication de mauvaise qualité, exempte de confiance réciproque.
Mais l’étude de Gilmour (76) démontre la dangerosité de cette décision, ou son acceptabilité si
et seulement si le médecin sait qu’un autre praticien a pris en charge l’enfant, pour éviter que
l’enfant fragilisé par l’absence de vaccin, devienne « nomade », sans médecin traitant. Une telle
décision d’évincer l’enfant et ses parents de la patientèle peut être prise sur plusieurs argu-
ments dont le fait qu’un enfant non vacciné expose le reste de sa patientèle à un risque augmenté
136
de contamination. Cependant, cet argument n’est pas logique car signifierait que le médecin
évince tous les enfants non vaccinés, y compris pour des raisons médicales. Il faudrait plutôt,
selon l’étude, réorganiser le cabinet pour continuer à suivre tout le monde, sans pour autant
mettre les patients vaccinés dans un risque augmenté, notamment lors des épidémies d’éruption.
Cependant l’étude conclue que s’il s’en sent incapable, le médecin doit se retirer des soins uni-
quement si un autre médecin s’engage à prendre le relais, et que si les parents ont bien compris
pourquoi la confiance mutuelle ne pouvait être assurée.
Une autre étude analysant la décision d’arrêt du suivi ou non des pédiatres de Nouvelle-
Angleterre face à un refus vaccinal, et leur ressenti dans une telle situation, montre que devant
une augmentation des refus, plus de 30% des pédiatres étudiés ont déjà arrêté le suivi de famille
pour cette raison (92). Près d’un tiers d’entre eux exprime un impact négatif ressenti par eux-
mêmes dans ces situations.
Une dernière étude qualitative française, décrivant les différentes interventions prati-
quées par des médecins de la région Midi-Pyrénés, face à des parents opposés aux vaccins,
montre qu’ils insistent beaucoup sur la poursuite du suivi, justement pour: « ne pas rompre le
lien de peur que l’enfant soit mis en danger » (93).
o i) La recommandation de collecter d’autres avis médicaux :
Selon Diekema (25), l’avis d’autres médecins, de la même spécialité ou non, peut éga-
lement être un moyen pour affirmer l’avis du médecin traitant sur la nécessité des vaccins, et
donc de convaincre les parents. Il s’agit d’ailleurs d’un moyen utilisé par quelques MG dans
notre échantillon.
137
o j) Des outils pratiques accessibles au cabinet :
Devant les modifications fréquentes des recommandations du calendrier vaccinal, et des
rattrapages parfois très compliqués à gérer, un des MG propose un site ou un logiciel, permet-
tant de savoir exactement la conduite à tenir, pour un patient donné dont on aurait au préalable
enregistré les données et l’ensemble des vaccinations antérieures.
Cette idée intéressante est d’ailleurs également proposée par les généralistes de la
DREES : « les trois-quarts des généralistes estiment qu’un carnet électronique de vaccination
faciliterait le suivi et diminuerait les retards, oublis ou décalages » (54).
Toutefois, un tel dispositif est déjà possible sur le site « mesvaccins.net », site nulle part
mentionné dans les réponses des généralistes. Il serait intéressant que le gouvernement, dont il
est le partenaire via les institutions telles que l’INPES, l’ARS ou le ministère de la Santé, in-
forme plus les médecins de l’existence de ce site, sur lequel un accès spécifiques aux profes-
sionnels de santé est même possible.
4-4 Un échange privilégié avec les parents, construit et réfléchi, sur le long
terme :
o a) Discussion en toute confiance réciproque, et empathie du
généraliste :
Cette communication améliorée entre le médecin et les parents est décrite et considérée
comme efficace par de nombreuses études (79).
Dans l’étude de Williams basée sur la recherche dans Pubmed des interventions effi-
caces sur des parents réticents au vaccin contre le HPV, le HBM (Health Belief Model) montre
que les parents qui acceptent de vacciner leurs enfants le font surtout car ils ont confiance en
leur médecin, qui a l’intérêt de la santé de leur enfant à cœur (49).
138
Une autre étude a essayé d’identifier les critères sociaux des parents « hésitants » face à
la vaccination, pour créer un système permettant de répondre à leurs interrogations, dans un
objectif de « confiance publique, universelle, commune », ceci par une analyse multivariée des
caractéristiques de ces parents (94). Mais elle a conclu que les facteurs d’hésitation des parents
ne pouvaient être classés selon leur force d’influence car trop complexes, dépendants du con-
texte personnel, du moment et de l’environnement. La conviction des parents se fait au fil des
consultations, par une confiance réciproque, et par une relation unique, personnelle et adaptée
à chaque patient, comme le rappelle Dominique Dupagne: “si mes patients n’ont plus confiance
dans les autorités sanitaires, ils ont encore confiance en moi”, lien privilégié avec leurs patients,
que partagent près de 96% des généralistes, à propos de la persuasion de leurs patients sur
l’utilité de la vaccination (20).
Une autre étude conclut que selon les auteurs, devant des parents hésitants par rapport
au calendrier vaccinal, le médecin se doit de concilier et de respecter à la fois l’autonomie du
patient, la primauté du consentement éclairé par les parents, le souci d’une relation optimale
entre patient et soignant mais également l’éthique liée à la Santé Publique vis-à-vis du reste de
la communauté et de ses autres patients (95). C’est par ces considérations parfois paradoxales
que le débat est bien souvent tendu et parfois conflictuel entre les différents acteurs.
L’INVES se base sur toutes ces études pour recommander dans son guide de 2012 aux
généralistes, à propos de la vaccination : «Le professionnel de santé doit pouvoir aider [le pa-
rent] à formuler ses préjugés, ses appréhensions ainsi que les avantages qu’il trouve à la vacci-
nation, et à prendre sa décision » (50).
o b) Respect de l’avis parental :
Le constat des différences de point de vue entre médecins et patients est fait par une
étude française, réalisée selon une méthode d’évocation hiérarchisée : « les patients apparais-
139
sent plus préoccupés par les effets secondaires potentiels de certains vaccins alors que les mé-
decins mettent plutôt en avant l’innocuité de la vaccination (96). Et les médecins ont une vision
collective de la vaccination alors que certains patients critiquent un manque de ciblage des vac-
cinations. »
Selon une étude se penchant sur les différentes positions parentales à propos des vaccins,
pour une réponse adaptée de la part du médecin, un moyen important est d’écouter attentive-
ment et respectueusement les raisons avancées par ces parents hésitants, en considérant pleine-
ment les avis différents de celui du soignant (97). Elle conclut en soulignant que les profession-
nels de santé ont donc un rôle primordial dans la confiance des parents envers les vaccins via
un échange respectueux pour une décision parentale orientée, même si cela nécessite plusieurs
consultations. Mieux cerner les raisons de leur hésitation serait selon l’étude la meilleure solu-
tion pour y répondre secondairement de façon efficace.
D’après l’étude de Gilmour (76), les différences de principes et de croyances entre une
famille et son médecin traitant ne doivent pas être considérées comme une perte de chance pour
l’enfant, car des deux côtés, l’objectif est majoritairement de prendre les bonnes décisions pour
lui, même en dehors des vaccins. Respecter ce désaccord et continuer à les suivre permettraient
d’augmenter, de construire peu à peu une confiance, et même éventuellement de changer fina-
lement leur opinion sur les vaccins.
D’ailleurs c’est ce que confirme l’étude de Diekema (25) qui insiste sur la nécessité de
réévaluer la situation à chaque consultation pour y apporter une évolution régulière, vers l’ac-
ceptation finale de la vaccination, via cette relation privilégiée de confiance entre parents et
soignants.
Mais avec l’avis des parents, on doit aussi accepter le type parental auquel ils appar-
tiennent (32). Selon le type parental, la communication doit s’adapter : selon l’avis d’expert, la
stratégie de communication avec des parents pour la vaccination doit être axée sur la création
ou la poursuite d’une relation de confiance ; celle avec des parents « accepteurs prudents » sur
140
une écoute de leurs questions, des réponses à propos des connaissances sur les vaccins par une
discussion brève ; celle avec des parents hésitants vers un style directif ; celle envers des pa-
tients ne sélectionnant que quelques vaccins, vers une discussion se prolongeant dans le temps,
avec nouvelle prise de rendez-vous voire une transmission de sources d’informations à lire chez
soi ; et enfin celle envers des parents opposés vers un éclairement progressif, pour « laisser la
porte ouverte. »
Ce suivi personnalisé en plusieurs étapes, n’est donc pas sans rappeler le système de
l’entretien motivationnel, dont l’objectif est l’abandon volontaire d’une mauvaise habitude chez
un patient, pouvant atteindre in fine sa santé : consommation d’alcool, de drogues, tabagisme…
o c) L’entretien motivationnel auprès de parents hésitants ou
opposés aux vaccins pédiatriques :
Dans un rapport de l’INPES, un pédiatre canadien a expliqué cette possibilité d’adapta-
tion de l’entretien motivationnel auprès des parents opposés (98).
Pour cela, elle propose le modèle de Proschaska et di Clemente, utilisé pour convaincre
les personnes de cesser de fumer, que l’on peut transcrire pour les parents qu’on veut amener à
accepter la vaccination. Il impose « de situer le patient quand il change de comportement », et
de le faire cheminer de stade en stade jusqu’au maintien, en évitant la rechute.
Avant chacun de ces stades que le généraliste devrait, selon elle, suivre scrupuleusement
au fil des consultations, l’entretien motivationnel initial est fondamental, assurant son empathie,
sans argumentation contraire encore, mais avec le respect de l’autonomie du patient.
Les différents stades successifs de ce modèle sont les suivants :
-pré-contemplation : le patient est très résistant à la vaccination. Il faut alors instaurer le
dialogue, pour s’assurer que le patient comprenne qu’ « il y a un problème et qu’on
sème le doute dans son esprit. »
141
-contemplation : le patient réfléchit à la vaccination. Il faut alors évaluer le degré de
volonté, leurs besoins, leurs attentes, en travaillant « sur les fausses croyances et les
perceptions erronées ».
-préparation : le parent pense à une vaccination prochainement. « La recommandation
doit être claire », tout comme les informations à propos des effets secondaires. Un RDV
est alors organisé pour le vaccin. Ici l’INPES recommande que ce ne soit pas le même
médecin qui vaccine.
-action : c’est le jour de la vaccination. Le médecin doit faire alors preuve de « soutien
et de félicitations ».
-maintien : il est décrit comme le patient « idéal » : il accepte les vaccins tout en
entendant les arguments contre.
Le médecin généraliste est le premier acteur visé pour l’amélioration de l’opinion pa-
rentale à propos des vaccins (90). En effet presque 90 % des vaccinations sont faites dans le
secteur privé (99). Il existe donc de nombreux moyens d’amélioration de l’opinion parentale
sur les vaccins pédiatriques, au sein de cette relation patient-médecin, mais également en de-
hors, particulièrement dans le contenu des informations diffuses et des enseignements médi-
caux, et dans l’encadrement des parents depuis la maternité.
142
6) CONCLUSION :
Ce travail, en se penchant directement sur les pratiques et le vécu des MG interviewés,
expose les diversités dans leurs connaissances, leurs croyances et leur motivation. Tout cela
influence largement leur attitude envers les parents opposés aux vaccins de l’enfant.
Dans les résultats obtenus, on observe de nombreuses similitudes avec ceux des études
antérieures, notamment dans les moyens qu’ils proposent pour améliorer l’opinion générale à
propos de la vaccination, et dans la description de l’échange des informations, nécessairement
transmises dans un climat de confiance. Notre étude montre également quelques nouveautés
pertinentes comme le lien probable entre les connaissances acquises par le généraliste sur les
vaccins et une opinion favorable à leur sujet, lui permettant d’être plus motivé dans sa commu-
nication avec les parents réticents. L’étude démontre que ce type de consultation, et donc de
relation avec les patients, est considéré par le généraliste comme une situation personnellement
difficile à vivre, de par le manque de moyens disponibles au cabinet, pour y répondre convena-
blement.
Les médecins généralistes de cette étude ont ainsi montré à quel point, au sein d’une
même profession, enseignée de façon similaire, les opinions sur une pratique aussi répandue
que la vaccination, pouvaient être multiples.
Il serait donc intéressant, avant de lutter contre les préjugés partagés par la population
générale sur ce sujet, de prendre les moyens nécessaires pour une homogénéisation de l’opinion
et du niveau de connaissance des médecins de ville, principaux acteurs dans le domaine de la
vaccination. Des parents réticents pris en charge par un médecin sceptique pourraient, en effet,
devenir opposés, entraînant la mise en danger de leur enfant par l’absence de vaccination.
Par une formation plus dense dès le début des études, régulière voire imposée au cours
de l’exercice par la formation continue, et indépendante des laboratoires ; par une confiance
143
améliorée envers les autorités officielles ; par des supports d’information simples et accessibles
à tous pour mettre du poids dans leurs arguments, et par l’apprentissage d’une communication
adaptée à chaque patient : autant de moyens issus de notre étude et de la littérature, qui pour-
raient arranger la situation actuelle.
Ce changement est d’autant plus important si l’obligation vaccinale est supprimée,
comme il en a été question récemment. La responsabilité parentale aboutira à une décision,
uniquement issue des recommandations du médecin généraliste, puisque sans encadrement lé-
gal. Ces dernières doivent donc être les plus positives possibles pour assurer une couverture
vaccinale optimale.
144
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ticle/2016/01/12/marisol-touraine-ouvre-le-debat-sur-la-vaccination-obliga-
toire_4845781_3224.html
61. Haut Conseil de la Santé Publique : « Avis relatif à la politique vaccinale et à l’obligation
vaccinale en population générale (hors milieu professionnel et règlement sanitaire internatio-
nal) et à la levée des obstacles financiers à la vaccination. » 2013-2014. 62. La Revue du Praticien-Médecine Générale : « Refus vaccinal : que dit la Loi, comment
l’appréhender, quelles conséquences ? », tome 29, n° 940, avril 2015.
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PDF Disponible sur : https://www.conseil-national.medecin.fr/sites/de-
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68. Confavreux C, Suissa S, Saddier P, Bourdès V, Vukusic S, Vaccines in Multiple Sclerosis
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Sclerosis Study Group. N Engl J Med. 2001;344(5):319-26.
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Gautier, L.Saboni, C. Jestin, C. Semaille, N. Beltzer. BEH 10 juillet 2012 / n° 29-30.
99. =45
72. Prescrire : Qui est Prescrire ? Disponible sur: http://www.prescrire.org 73. Réalités pédiatriques- numéro 170 : «Vaccin refusés (discutés) par les parents. Comment
faire. » - Mai 2012. Disponible sur : http://www.jirp.info/wp-content/uploads/2012/06/03j.pdf
148
74. Agence de Presse Médicale (APM): « Sujet : juridique infectio santé publique vaccins pé-
diatrie justice bourgogne. Le TGI d‘Auxerre prononce une peine de deux mois d’emprisonne-
ment avec sursis pour refus d’obligation vaccinale. »
75. Michie S, Johnston M, Abraham C, Lawton R, Parker D, Walker A, et al. Making psycho-
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physicians and parents disagree. Pediatrics. 2011;128 Suppl 4:S167-174.
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tions for reducing parental vaccine refusal and vaccine hesitancy. Vaccine.
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tion de l’article 145 du règlement par la commission des affaires sociales en conclusion des
travaux d’une mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité so-
ciale sur la prévention sanitaire. N° 4334. » 2012 Disponible sur: http://www.assemblee-na-
tionale.fr/13/rap-info/i4334.asp
81. Direction générale de la Santé : « programme national d’amélioration de la politique vac-
cinale 2012-2017. PDF de 2012 disponible sur : www.social-sante.gouv.fr 82. Russo F, Pozza F, Napoletano G. [Increasing childhood immunization coverage by esta-
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tions in children in developed countries: a systematic review. Current Medical Research and
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tisme-du-petit-garcon-ete-cause-vaccin/ 85. Association Française de Pédiatrie Ambulatoire : « Non, les vaccins ne sont pas dange-
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86. Parache C, Carcopino X, Gossot S, Retornaz K, Uters M, Mancini J, et al. Couverture
vaccinale par le BCG ciblé en maternité avant et après la suspension de l’obligation vaccinale.
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87. Association nationale de formation médicale continue, formation conventionnelle pour les
médecins généralistes et libéraux : « Liste des actions de formations » fmc-ActioN, Dispo-
nible sur: https://www.fmcaction.org/formation.php?tri=spe&menu_ref=2&filtre_spe=1
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cins généralistes français vis-à-vis de la vaccination » S. Massin, C. Pulcini, O. Launay, R.
Flicoteaux, R. Sebbah, A. Paraponaris, P. Verger, B. Ventelou. 2013. Disponible sur:
http://ped.sagepub.com/content/20/2_suppl/28.short 89. Ruijs WLM, Hautvast JLA, van IJzendoorn G, van Ansem WJC, Elwyn G, van der Vel-
den K, et al. How healthcare professionals respond to parents with religious objections to vac-
cination: a qualitative study. BMC Health Serv Res. 2012;12:231.
90. Pineda D, Myers MG. Finding reliable information about vaccines. Pediatrics. 2011;127
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92. Leib S, Liberatos P, Edwards K. Pediatricians’ experience with and response to parental
vaccine safety concerns and vaccine refusals: a survey of Connecticut pediatricians. Public
Health Rep. 2011;126 Suppl 2:13-23.
93. Congrès de médecine Générale : « Quelles sont les perceptions du vaccin ROR par les
médecins généralistes, et quelles sont leurs attitudes face à un patient réticent ? »- 2015, Dr.
FREYENS, MAZIERES, GUILLOT. Présentation disponible sur :
http://www.congresmg.fr/presentations/jeudi-26/01-freyens/index.html 94. Larson HJ, Jarrett C, Eckersberger E, Smith DMD, Paterson P. Understanding vaccine
hesitancy around vaccines and vaccination from a global perspective: a systematic review of
published literature, 2007-2012. Vaccine. 2014;32(19):2150-9.
95. Schwartz JL. « Model » patients and the consequences of provider responses to vaccine
hesitancy. Hum Vaccin Immunother. 2013;9(12):2663-5.
96. Sardy R, Ecochard R, Lasserre E, Dubois J-P, Floret D, Letrilliart L. Représentations so-
ciales de la vaccination chez les patients et les médecins généralistes : une étude basée sur
l’évocation hiérarchisée. Santé Publique. 2013;24(6):547-60
97. Leask J, Kinnersley P, Jackson C, Cheater F, Bedford H, Rowles G. Communicating with
parents about vaccination: a framework for health professionals. BMC Pediatr. 2012;12:154.
98. Institut National de Prévention et d’Education pour la Santé : « La vaccination : des clés
pour convaincre. » Compte-rendu de la session : La vaccination, des clés pour convaincre Pa-
ris – Centre universitaire des Saints Pères. 20 mai 2011. PDF disponible sur : www.in-
pes.sante.fr/jp/cr/pdf/2011/session6/synthese.pdf 99. Observatoire Régional de Santé-Ile de France : Les acteurs publics de la politique vacci-
nale en Île-de-France/ 2014/ PDF disponible sur : www.ors-idf.org
150
ANNEXES:
D) A) ANNEXE 1: CALENDRIER VACCINAL 2015:
151
E) B) ANNEXE 2 : TABLEAUX REGROUPANT LES ETUDES ANALYSEES SUR
LES MOYENS D’AMELIORATION DE LA CONVICTION VACCINALE :
Nom de l'étude Auteurs date Méthode Critère principal de
jugement
Résultat
Responding to parental
refusals of immunization of
children
Douglas S.
Diekema
May
2005
Revue de la littérature par le comité
de l'AAP pour accompagner le
médecin dans sa prise en charge
de parent opposant
3 questions: l'enfant non
vacciné est-il en danger?
Met-il en danger le reste
de la patientèle? Comment
répondre aux parents?
Perception différente de l'intérêt
de l'enfant, quelques situations où
l'enfant ou son entourage peut être
en danger, et l'importance de
continuer à suivre l'enfant si
possible.What are the factors that
contribute to parental
vaccine-hesitancy and
what can we do about it?
Williams SE 2014 cherches sur Pubmed par mots-
clés: parmis 374 études sur les
interventions possibles face à ce
parents, 8 sont + intéressantes =>
intervention testée en 3 parties:
vidéo de 8 min + brochures sur
idées fausses + brochures sur
Arguments avancés contre
les vaccins, par les
parents/ facteurs les ayant
finalement convaincus de
vacciner/ pourcentage de
vaccinés après intervention
amélioration significative de
vaccinés par rapport à groupe
témoin, après intervention en 3
parties.
A systematic review of
interventions for reducing
parental vaccine refusal
and vaccine hesitancy.
Sadaf ,
Richards JL,
Glanz J,
Salmon DA,
Omer SB
sept-13 utilisation des critères
recommandés par le SAGE(WHO)
pour valider l’étude. Recherches sur
Pubmed, Central, Embase,
psychinfo et Google Scholar, de
mots-clés, pour retrouver les études
en rapport avec une intervention
pour améliorer l’incidence des
vaccinations contre HPV
listing des interventions
pratiquées aux USA pour
augmenter le nombre de
vaccinés contre HPV
Interventions classées en 3
groupes : mise en place de lois
pour rendre nécessaire le fait
d’être vacciné pour l’école,
augmentation de la difficulté pour
obtenir une dérogation d’ordre
religieuse ou philoso-phique pour
ne pas être vacciné, et
information/éducation des parents
par brochures, poster et meetings:
seule intervention efficace.Finding Reliable
Information About
Vaccines
Diego Pineda,
Martin G. Myers
May
2011
Article décrivant les modes
d'informations des parents sur les
vaccins, et les sources que les
médecins peuvent utiliser en toute
confiance
Sources d'informations par
les parents et les
médecins à propos des
vaccins
Information par les médias,
internet et les professionnels de
santé d'où la nécessité qu'ils
soient, eux, bien informés: liens
donnés
Responding to Parental
Refusals of Immunization
of Children
Douglas S.
Diekema
May
2005
description de l'opinion parentale
réticente et adaptation proposée
par la communication du généraliste
Arguments de parents et
communication adaptée
proposée
débattre de la notion de l'intérêt de
l'enfant + immunité collective +
reconnaître limites de
connaissances sur vaccins,
décaler, développer la confiance
dans la communication.
How healthcare
professionals respond to
parents with religious
objections to vaccination: a
qualitative study
Ruijs Hautvast
JL, van
IJzendoorn G,
van Ansem WJ,
Elwyn G, van
der Velden K,
Hulscher ME.
August
2012
Entretiens avec 22 professionnels
de santé hollandais, codage des
thèmes abordés, proposition d'un
modèle de communication comparé
à un modèle ancien
moyens proposés par les
professionnels pour
convaincre des parents
ayant des raison
religieuses ou
philosophiques contre les
vaccins
3 modèle principaux: transmission
d'informations médicales: non
suffisant, discussion du processus
décisionnel parental: le plus
efficace et utilisation de l'autorité:
si enfant en danger.
152
Nom de l'étude Auteurs date MéthodeCritère principal de
jugementRésultat
The association between
intentional delay of vaccine
administration and timely
childhood vaccination
coverage
Smith,
Humiston SG,
Parnell T,
Vannice KS,
Salmon DA
july 2010 Etude quantitative sur 2921 parents
ayant décalé au moins un vaccin et
de la vaccination à jour complète ou
non à 19 mois.
Retard de vaccination,
raisnns et vaccinations à
jour à 19 mois
Lien significatif entre retard
volontaire de vaccination et lecture
d'informations négatives sur les
vaccins, et également avec un
risque plus important de ne pas
avoir reçu tous les vaccins à 19
mois.
Pediatricians' experience
with and response to
parental vaccine safety
concerns and vaccine
refusals: a survey of
Connecticut pediatricians.
Leib S,
Liberatos P,
Edwards K.
July 2011 enquête quantitative sur la
fréquence de consultation avec
parents réticents + éviction de la
patientèle + ressenti secondaire
des 133 pédiatres interrogés.
fréquence des
consultations
problèmatiques et réaction
du pédiatre
Augmentation des refus vaccinaux
depuis plusieurs années/ 30%
évincent la famille de leur
patientèle/un tiers des pédiatres
décrivent un ressenti négatif.
Opinions et pratiques d’un
panel de médecins
généralistes français vis-à-
vis de la vaccination
Massin,
Pulcini, Launay,
Flicoteaux,
Sebbah,
Paraponaris,
Verger,
2014 Interrogation auprès d'un panel de
généralistes français sur leur
opinion et leurs pratiques
vaccinales.
moyens d’information
utilisés concernant les
maladies infectieuses et la
vaccination, pratiques
personnelles de
vaccination et place de la
98% favorables à la
vaccination,sources officielles et
revues scientifiques utilisées, plus
de 95% recommandent toujours
ROR, hépatite B et grippe, 73% à
jour dans leurs vaccins.Randomised cluster trial to
support informed parental
decision-making for the
MMR vaccine
Jackson C,
Cheater FM,
Harrison W,
Peacock R,
Bekker H, West
R, Leese B.
Juny
2011
Etude cas-témoins évaluant l'impact
d'informations transmises par
prospectus + réunion de parents
pour les convaincre de l'utilité du
ROR
nombre de vaccination
ROR chez cas et témoins
différence significative de parents
vaccinant leur enfant par ROR
après intervention que dans le
bras témoin.
How to Communicate With
Vaccine-Hesitant Parents
C. Mary Healy,
Larry K.
Pickering
may
2011
Description des thèmes à aborder
en consultation avec parents
réticents, selon revue de littérature
thèmes proposés par
d'autres études pertinents
selon auteurs
établissement d'un dialogue
honnête, transmission
d'informations concrètes sur les
vaccins, balance bénéfice-risque,
écoute de chaque argument
parental pour mieux y répondre,
sources d'informations vraies.
Communicating with
parents about vaccination:
a framework for health
professionals.
Leask J,
Kinnersley P,
Jackson C,
Cheater F,
Bedford H,
Rowles G.
Septemb
er 2012
Identificationde types parentaux et
adaptation de la communication en
consultation, par le médecin, pare
revue de la littérature
5 types parentaux et
proposition de modes de
communication adaptés
Parents "pour inconditionnels",
"pour mais prudents", les
"prudents", "les vaccinants tardifs
ou sélectifs" et les opposants:
communication, écoute, vers un
consentement éclairé. Pour les
plus réticents: pas de débat
persuasif mais une écoute des
arguments. Sources d'information,
autre RDV,
153
Serment d’Hippocrate :
En présence des Maîtres de cette Ecole, de mes chers
condisciples et devant l’effigie d’Hippocrate, je promets et je
jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité dans
l’Exercice de la Médecine. Je donnerai mes soins gratuits à
l’indigent et n’exigerai jamais un salaire au-dessus de mon
travail. Admis dans l’intérieur des maisons, mes yeux ne
verront pas ce qui s’y passe, ma langue taira les secrets qui
me seront confiés, et mon état ne servira pas à corrompre les
mœurs ni à favoriser le crime. Respectueux et reconnaissant
envers mes Maîtres, je rendrai à leurs enfants l’instruction
que j’ai reçue de leurs pères. Que les hommes m’accordent
leur estime si je suis fidèle à mes promesses ! Que je sois
couvert d’opprobre et méprisé de mes confrères si j’y manque.
154
Liste des MCU-PH de l’université Paris VI :
PROFESSEURS DES UNIVERSITÉS-PRATICIENS HOSPITALIERS UFR Médicale Pierre
et Marie CURIE – Site SAINT-ANTOINE
1. ALAMOWITCH Sonia NEUROLOGIE – Hôpital TENON
2. AMARENCO Gérard NEURO-UROLOGIE – Hôpital TENON
3. AMSELEM Serge GENETIQUE / INSERM U.933 – Hôpital TROUSSEAU
4. ANDRE Thierry SERVICE DU PR DE GRAMONT – Hôpital SAINT-ANTOINE
5. ANTOINE Jean-Marie GYNECOLOGIE-OBSTETRIQUE – Hôpital TENON
6. APARTIS Emmanuelle PHYSIOLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
7. ARLET Guillaume BACTERIOLOGIE – Hôpital TENON
8. ARRIVE Lionel RADIOLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
9. ASSOUAD Jalal CHIRURGIE THORACIQUE – Hôpital TENON
10. AUCOUTURIER Pierre UMR S 893/INSERM – Hôpital SAINT-ANTOINE
11. AUDRY Georges CHIRURGIE VISCERALE INFANTILE – Hôpital TROUSSEAU
12. BALLADUR Pierre CHIRURGIE GENERALE ET DIGESTIVE – Hôpital SAINT-AN-
TOINE
13. BAUD Laurent EXPLORATIONS FONCTIONNELLES MULTI – Hôpital TENON
14. BAUJAT Bertrand O.R.L. – Hôpital TENON
15. BAZOT Marc RADIOLOGIE – Hôpital TENON
16. BEAUGERIE Laurent GASTROENTEROLOGIE ET NUTRITION – Hôpital SAINT-
ANTOINE
17. BEAUSSIER Marc ANESTHESIE/REANIMATION – Hôpital SAINT-ANTOINE
18. BENIFLA Jean-Louis GYNECOLOGIE OBSTETRIQUE – Hôpital TROUSSEAU
19. BENSMAN Albert NEPHROLOGIE ET DIALYSE – Hôpital TROUSSEAU (Sur-
nombre)
20. BERENBAUM Francis RHUMATOLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
21. BERNAUDIN J.F. HISTOLOGIE BIOLOGIE TUMORALE – Hôpital TENON
22. BILLETTE DE VILLEMEUR Thierry NEUROPEDIATRIE – Hôpital TROUSSEAU
23. BOCCARA Franck CARDIOLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
24. BOELLE Pierre Yves INSERM U.707 – Faculté de Médecine P. & M. CURIE
25. BOFFA Jean-Jacques NEPHROLOGIE ET DIALYSES – Hôpital TENON
26. BONNET Francis ANESTHESIE/REANIMATION – Hôpital TENON
27. BORDERIE Vincent Hôpital des 15-20
28. BOUDGHENE Franck RADIOLOGIE – Hôpital TENON
29. BREART Gérard GYNECOLOGIE OBSTETRIQUE – Hôpital TENON
30. BROCHERIOU Isabelle ANATOMIE PATHOLOGIQUE – Hôpital TENON
31. CABANE Jean MEDECINE INTERNE/HORLOGE 2 – Hôpital SAINT-ANTOINE
32. CADRANEL Jacques PNEUMOLOGIE – Hôpital TENON
33. CALMUS Yvon CENTRE DE TRANSPL. HEPATIQUE – Hôpital SAINT-ANTOINE
34. CAPEAU Jacqueline UMRS 680 – Faculté de Médecine P. & M. CURIE
35. CARBAJAL-SANCHEZ Diomedes URGENCES PEDIATRIQUES – Hôpital TROUS-
SEAU
36. CARBONNE Bruno GYNECOLOGIE OBSTETRIQUE – Hôpital SAINT-ANTOINE
37. CARETTE Marie-France RADIOLOGIE – Hôpital TENON
38. CARRAT Fabrice INSERM U 707 – Faculté de Médecine P. & M. CURIE
39. CASADEVALL Nicole IMMUNO. ET HEMATO. BIOLOGIQUES – Hôpital SAINT-
ANTOINE
155
40. CHABBERT BUFFET Nathalie GYNECOLOGIE OBSTETRIQUE – Hôpital TENON
41. CHAZOUILLERES Olivier HEPATOLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
42. CHRISTIN-MAITRE Sophie ENDOCRINOLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
43. CLEMENT Annick PNEUMOLOGIE – Hôpital TROUSSEAU
44. COHEN Aron CARDIOLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
45. CONSTANT Isabelle ANESTHESIOLOGIE REANIMATION – Hôpital TROUSSEAU
46. COPPO Paul HEMATOLOGIE CLINIQUE – Hôpital SAINT-ANTOINE
47. COSNES Jacques GASTRO-ENTEROLOGIE ET NUTRITION – Hôpital SAINT-AN-
TOINE
48. COULOMB Aurore ANATOMIE ET CYTOLOGIE PATHOLOGIQUES – Hôpital
TROUSSEAU
49. CUSSENOT Olivier UROLOGIE – Hôpital TENON
50. DAMSIN Jean Paul ORTHOPEDIE – Hôpital TROUSSEAU
51. DE GRAMONT Aimery ONCOLOGIE MEDICALE – Hôpital SAINT-ANTOINE
52. DENOYELLE Françoise ORL ET CHIR. CERVICO-FACIALE – Hôpital TROUSSEAU
53. DEVAUX Jean Yves BIOPHYSIQUE ET MED. NUCLEAIRE – Hôpital SAINT-AN-
TOINE
54. DOUAY Luc HEMATOLOGIE BIOLOGIQUE – Hôpital SAINT-ANTOINE
55. DOURSOUNIAN Levon CHIRURGIE ORTHOPEDIQUE – Hôpital SAINT-ANTOINE
56. DUCOU LE POINTE Hubert RADIOLOGIE – Hôpital TROUSSEAU
57. DUSSAULE Jean Claude PHYSIOLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
58. ELALAMY Ismaïl HEMATOLOGIE BIOLOGIQUE – Hôpital TENON
59. FAUROUX Brigitte UNITE DE PNEUMO. PEDIATRIQUE – Hôpital TROUSSEAU
60. FERON Jean Marc CHIRURGIE ORTHOPEDIQUE ET TRAUMATO. – Hôpital
SAINT-ANTOINE
61. FEVE Bruno ENDOCRINOLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
62. FLEJOU Jean François ANATOMIE ET CYTOLOGIE PATHO.- Hôpital SAINT-AN-
TOINE
63. FLORENT Christian HEPATO/GASTROENTEROLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
64. FRANCES Camille DERMATOLOGIE/ALLERGOLOGIE – Hôpital TENON
65. GARBARG CHENON Antoine LABO. DE VIROLOGIE – Hôpital TROUSSEAU
66. GIRARD Pierre Marie MALADIES INFECTIEUSES – Hôpital SAINT-ANTOINE
67. GIRARDET Jean-Philippe GASTROENTEROLOGIE – Hôpital TROUSSEAU (Sur-
nombre)
68. GOLD Francis NEONATOLOGIE – Hôpital TROUSSEAU (Surnombre)
69. GORIN Norbert HEMATOLOGIE CLINIQUE – Hôpital SAINT-ANTOINE (Sur-
nombre)
70. GRATEAU Gilles MEDECINE INTERNE – Hôpital TENON
71. GRIMPREL Emmanuel PEDIATRIE GENERALE – Hôpital TROUSSEAU
72. GRUNENWALD Dominique CHIRURGIE THORACIQUE – Hôpital TENON
73. GUIDET Bertrand REANIMATION MEDICALE – Hôpital SAINT-ANTOINE
74. HAAB François UROLOGIE – Hôpital TENON
75. HAYMANN Jean Philippe EXPLORATIONS FONCTIONNELLES – Hôpital TENON
76. HENNEQUIN Christophe PARASITOLOGIE/MYCOLOGIE – Hôpital SAINT-AN-
TOINE
77. HERTIG Alexandre NEPHROLOGIE – Hôpital TENON
78. HOURY Sidney CHIRURGIE DIGESTIVE ET VISCERALE – Hôpital TENON
79. HOUSSET Chantal UMRS 938 et IFR 65 – Faculté de Médecine P. & M. CURIE
80. JOUANNIC Jean-Marie GYNECOLOGIE OBSTETRIQUE – Hôpital TROUSSEAU
81. JUST Jocelyne CTRE DE L’ASTHME ET DES ALLERGIES – Hôpital TROUSSEAU
156
82. LACAINE François CHIR. DIGESTIVE ET VISCERALE – Hôpital TENON (Sur-
nombre)
83. LACAU SAINT GIULY Jean ORL – Hôpital TENON
84. LACAVE Roger HISTOLOGIE BIOLOGIE TUMORALE – Hôpital TENON
85. LANDMAN-PARKER Judith HEMATOLOGIE ET ONCO. PED. – Hôpital TROUS-
SEAU
86. LAPILLONNE Hélène HEMATOLOGIE BIOLOGIQUE – Hôpital TROUSSEAU
87. LAROCHE Laurent OPHTALMOLOGIE – CHNO des 15/20
88. LE BOUC Yves EXPLORATIONS FONCTIONNELLES – Hôpital TROUSSEAU
89. LEGRAND Ollivier POLE CANCEROLOGIE – HEMATOLOGIE – Hôpital SAINT-
ANTOINE
90. LEVERGER Guy HEMATOLOGIE ET ONCOLOGIE PEDIATRIQUES – Hôpital
TROUSSEAU
91. LEVY Richard NEUROLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
92. LIENHART André ANESTHESIE/REANIMATION – Hôpital SAINT-ANTOINE (Sur-
nombre)
93. LOTZ Jean Pierre ONCOLOGIE MEDICALE – Hôpital TENON
94. MARIE Jean Pierre DPT D’HEMATO. ET D’ONCOLOGIE MEDICALE – Hôpital
SAINT-ANTOINE
95. MARSAULT Claude RADIOLOGIE – Hôpital TENON (Surnombre)
96. MASLIAH Jöelle POLE DE BIOLOGIE/IMAGERIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
97. MAURY Eric REANIMATION MEDICALE – Hôpital SAINT-ANTOINE
98. MAYAUD Marie Yves PNEUMOLOGIE – Hôpital TENON (Surnombre)
99. MENU Yves RADIOLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
100. MEYER Bernard ORL ET CHRI. CERVICO-FACIALE – Hôpital SAINT-ANTOINE
(Surnombre)
101. MEYOHAS Marie Caroline MALADIES INFECTIEUSES ET TROP. – Hôpital
SAINT-ANTOINE
102. MITANCHEZ Delphine NEONATOLOGIE –Hôpital TROUSSEAU
103. MOHTI Mohamad DPT D’HEMATO. ET D’ONCO. MEDICALE – Hôpital SAINT-
ANTOINE
104. MONTRAVERS Françoise BIOPHYSIQUE ET MED. NUCLEAIRE – Hôpital TE-
NON
105. MURAT Isabelle ANESTHESIE REANIMATION – Hôpital TROUSSEAU
106. NETCHINE Irène EXPLORATIONS FONCTIONNELLES – Hôpital TROUSSEAU
107. OFFENSTADT Georges REANIMATION MEDICALE – Hôpital SAINT-ANTOINE
(Surnombre)
108. PAQUES Michel OPHTALMOLOGIE IV – CHNO des 15-20
109. PARC Yann CHIRURGIE DIGESTIVE – Hôpital SAINT-ANTOINE
110. PATERON Dominique ACCUEIL DES URGENCES – H ôpital SAINT-ANTOINE
111. PAYE François CHIRURGIE GENERALE ET DIGESTIVE – Hôpital SAINT-AN-
TOINE
112. PERETTI Charles Siegfried PSYCHIATRIE D’ADULTES – Hôpital SAINT-AN-
TOINE
113. PERIE Sophie ORL – Hôpital TENON
114. PETIT Jean-Claude BACTERIOLOGIE VIROLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
(Surnombre)
115. PIALOUX Gilles MALADIES INFECTIEUSES ET TROP. – Hôpital TENON
116. PICARD Arnaud CHIRURGIE. MAXILLO-FACIALE ET STOMATO. – Hôpital
TROUSSEAU
157
117. POIROT Catherine HISTOLOGIE A ORIENTATION BIO. DE LA REPRO. – Hôpital
TENON
118. RENOLLEAU Sylvain REANIMATION NEONATALE ET PED. – Hôpital TROUS-
SEAU
119. ROBAIN Gilberte REEDUCATION FONCTIONNELLE – Hôpital ROTHSCHILD
120. RODRIGUEZ Diana NEUROPEDIATRIE – Hôpital TROUSSEAU
121. RONCO Pierre Marie UNITE INSERM 702 – Hôpital TENON
122. RONDEAU Eric URGENCES NEPHROLOGIQUES – Hôpital TENON
123. ROSMORDUC Olivier HEPATO/GASTROENTEROLOGIE – Hôpital SAINT-AN-
TOINE
124. ROUGER Philippe Institut National de Transfusion Sanguine
125. SAHEL José Alain OPHTALMOLOGIE IV – CHNO des 15-20
126. SAUTET Alain CHIRURGIE ORTHOPEDIQUE – Hôpital SAINT-ANTOINE
127. SCATTON Olivier CHIR. HEPATO-BILIAIRE ET TRANSPLANTATION – Hôpital
SAINT-ANTOINE
128. SEBE Philippe UROLOGIE – Hôpital TENON
129. SEKSIK Philippe GASTRO-ENTEROLOGIE ET NUTRITION – Hôpital SAINT-AN-
TOINE
130. SIFFROI Jean Pierre GENETIQUE ET EMBRYOLOGIE MEDICALES – Hôpital
TROUSSEAU
131. SIMON Tabassome PHARMACOLOGIE CLINIQUE – Faculté de Médecine P. & M.
CURIE
132. SOUBRANE Olivier CHIRURGIE HEPATIQUE – Hôpital SAINT-ANTOINE
133. STANKOFF Bruno NEUROLOGIE – Hôpital TENON
134. THOMAS Guy PSYCIATRIE D’ADULTES – Hôpital SAINT-ANTOINE
135. THOUMIE Philippe REEDUCATION NEURO-ORTHOPEDIQUE – Hôpital ROTH-
SCHILD
136. TIRET Emmanuel CHRIRUGIE GENERALE ET DIGESTIVE – Hôpital SAINT-AN-
TOINE
137. TOUBOUL Emmanuel RADIOTHERAPIE – Hôpital TENON
138. TOUNIAN Patrick GASTROENTEROLOGIE ET NUTRITION – Hôpital TROUS-
SEAU
139. TRAXER Olivier UROLOGIE – Hôpital TENON
140. TRUGNAN Germain INSERM UMR-S 538 – Faculté de Médecine P. & M. CURIE
141. ULINSKI Tim NEPHROLOGIE/DIALYSES – Hôpital TROUSSEAU
142. VALLERON Alain Jacques UNITE DE SANTE PUBLIQUE – Hôpital SAINT-AN-
TOINE (Surnombre)
143. VIALLE Raphaël ORTHOPEDIE – Hôpital TROUSSEAU
144. WENDUM Dominique ANATOMIE PATHOLOGIQUE – Hôpital SAINT-ANTOINE
145. WISLEZ Marie PNEUMOLOGIE – Hôpital TENON
PROFESSEURS DES UNIVERSITES-PRATICIENS HOSPITALIERS UFR Médicale Pierre
et Marie CURIE – Site PITIE
1. ACAR Christophe CHIRURGIE THORACIQUE ET CARDIO-VASCULAIRE
2. AGUT Henri BACTERIOLOGIE VIROLOGIE HYGIENE
3. ALLILAIRE Jean-François PSYCHIATRIE ADULTES
4. AMOUR Julien ANESTHESIE REANIMATION
5. AMOURA Zahir MEDECINE INTERNE
6. ANDREELLI Fabrizio MEDECINE DIABETIQUE
7. ARNULF Isabelle PATHOLOGIES DU SOMMEIL
158
8. ASTAGNEAU Pascal EPIDEMIOLOGIE/SANTE PUBLIQUE
9. AURENGO André BIOPHYSIQUE ET MEDECINE NUCLEAIRE
10. AUTRAN Brigitte IMMUNOLOGIE ET BIOLOGIE CELLULAIRE
11. BARROU Benoît UROLOGIE
12. BASDEVANT Arnaud NUTRITION
13. BAULAC Michel ANATOMIE
14. BAUMELOU Alain NEPHROLOGIE
15. BELMIN Joël MEDECINE INTERNE/GERIATRIE Ivry
16. BENHAMOU Albert CHIRURGIE VASCULAIRE Surnombre
17. BENVENISTE Olivier MEDECINE INTERNE
18. BITKER Marc Olivier UROLOGIE
19. BODAGHI Bahram OPHTALMOLOGIE
20. BODDAERT Jacques MEDECINE INTERNE/GERIATRIE
21. BOURGEOIS Pierre RHUMATOLOGIE
22. BRICAIRE François MALADIES INFECTIEUSES ET TROPICALES
23. BRICE Alexis GENETIQUE/HISTOLOGIE
24. BRUCKERT Eric ENDOCRINOLOGIE ET MALADIES METABOLIQUES
25. CACOUB Patrice MEDECINE INTERNE
26. CALVEZ Vincent VIROLOGIE
27. CAPRON Frédérique ANATOMIE ET CYTOLOGIE PATHOLOGIQUE
28. CARPENTIER Alexandre NEUROCHIRURGIE
29. CATALA Martin CYTOLOGIE ET HISTOLOGIE
30. CATONNE Yves CHIRURGIE THORACIQUE ET TRAUMATOLOGIQUE
31. CAUMES Eric MALADIES INFECTIEUSES ET TROPICALES
32. CESSELIN François BIOCHIMIE
33. CHAMBAZ Jean INSERM U505/UMRS 872
34. CHARTIER-KASTLER Emmanuel UROLOGIE
35. CHASTRE Jean REANIMATION MEDICALE
36. CHERIN Patrick CLINIQUE MEDICALE
37. CHICHE Laurent CHIRURGIE VASCULAIRE
38. CHIRAS Jacques NEURORADIOLOGIE
39. CLEMENT-LAUSCH Karine NUTRITION
40. CLUZEL Philippe RADIOLOGIE ET IMAGERIE MEDICALE II
41. COHEN David PEDOPSYCHIATRIE
42. COHEN Laurent NEUROLOGIE
43. COLLET Jean-Philippe CARDIOLOGIE
44. COMBES Alain REANIMATION MEDICALE
45. CORIAT Pierre ANESTHESIE REANIMATION
46. CORNU Philippe NEUROCHIRURGIE
47. COSTEDOAT Nathalie MEDECINE INTERNE
48. COURAUD François INSTITUT BIOLOGIE INTEGRATIVE
49. DAUTZENBERG Bertrand PHYSIO-PATHOLOGIE RESPIRATOIRE
50. DAVI Frédéric HEMATOLOGIE BIOLOGIQUE
51. DEBRE Patrice IMMUNOLOGIE
52. DELATTRE Jean-Yves NEUROLOGIE (Fédération Mazarin)
53. DERAY Gilbert NEPHROLOGIE
54. DOMMERGUES Marc GYNECOLOGIE-OBSTETRIQUE
55. DORMONT Didier NEURORADIOLOGIE
56. DUYCKAERTS Charles NEUROPATHOLOGIE
57. EYMARD Bruno NEUROLOGIE
58. FAUTREL Bruno RHUMATOLOGIE
159
59. FERRE Pascal IMAGERIE PARAMETRIQUE
60. FONTAINE Bertrand NEUROLOGIE
61. FOSSATI Philippe PSYCHIATRIE ADULTE
62. FOURET Pierre ANATOMIE ET CYTOLOGIE PATHOLOGIQUES
63. FOURNIER Emmanuel PHYSIOLOGIE
64. FUNCK BRENTANO Christian PHARMACOLOGIE
65. GIRERD Xavier THERAPEUTIQUE/ENDOCRINOLOGIE
66. GOROCHOV Guy IMMUNOLOGIE
67. GOUDOT Patrick STOMATOLOGIE CHIRURGIE MAXILLO FACIALE
68. GRENIER Philippe RADIOLOGIE CENTRALE
69. HAERTIG Alain UROLOGIE Surnombre
70. HANNOUN Laurent CHIRURGIE GENERALE
71. HARTEMANN Agnès MEDECINE DIABETIQUE
72. HATEM Stéphane UMRS 956
73. HELFT Gérard CARDIOLOGIE
74. HERSON Serge MEDECINE INTERNE
75. HOANG XUAN Khê NEUROLOGIE
76. ISNARD Richard CARDIOLOGIE ET MALADIES VASCULAIRES
77. ISNARD-BAGNIS Corinne NEPHROLOGIE
78. JARLIER Vincent BACTERIOLOGIE HYGIENE
79. JOUVENT Roland PSYCHIATRIE ADULTES
80. KARAOUI Mehdi CHIRURGIE DIGESTIVE
81. KATLAMA Christine MALADIES INFECTIEUSES ET TROPICALES
82. KHAYAT David ONCOLOGIE MEDICALE
83. KIRSCH Matthias CHIRURGIE THORACIQUE
84. KLATZMANN David IMMUNOLOGIE
85. KOMAJDA Michel CARDIOLOGIE ET MALADIES VASCULAIRES
86. KOSKAS Fabien CHIRURGIE VASCULAIRE
87. LAMAS Georges ORL
88. LANGERON Olivier ANESTHESIE REANIMATION
89. LAZENNEC Jean-Yves ANATOMIE/CHIRURUGIE ORTHOPEDIQUE
90. LE FEUVRE Claude CARDIOLOGIE
91. LE GUERN Eric INSERM 679
92. LEBLOND Véronique HEMATOLOGIE CLINIQUE
93. LEENHARDT Laurence MEDECINE NUCLEAIRE
94. LEFRANC Jean-Pierre CHIRURGIE GENERALE
95. LEHERICY Stéphane NEURORADIOLOGIE
96. LEMOINE François BIOTHERAPIE
97. LEPRINCE Pascal CHIRURGIE THORACIQUE
98. LUBETZKI Catherine NEUROLOGIE
99. LUCIDARME Olivier RADIOLOGIE CENTRALE
100. LUYT Charles REANIMATION MEDICALE
101. LYON-CAEN Olivier NEUROLOGIE Surnombre
102. MALLET Alain BIOSTATISTIQUES
103. MARIANI Jean BIOLOGIE CELLULAIRE/MEDECINE INTERNE
104. MAZERON Jean-Jacques RADIOTHERAPIE
105. MAZIER Dominique INSERM 511
106. MEININGER Vincent NEUROLOGIE (Fédération Mazarin) Surnombre
107. MENEGAUX Fabrice CHIRURGIE GENERALE
108. MERLE-BERAL Hélène HEMATOLOGIE BIOLOGIQUE Surnombre
109. MICHEL Pierre Louis CARDIOLOGIE
160
110. MONTALESCOT Gilles CARDIOLOGIE
111. NACCACHE Lionel PHYSIOLOGIE
112. NAVARRO Vincent NEUROLOGIE
113. NGUYEN-KHAC Florence HEMATOLOGIE BIOLOGIQUE
114. OPPERT Jean-Michel NUTRITION
115. PASCAL-MOUSSELARD Hugues CHIRURGIE ORTHOPEDIQUE ET TRAUMATO-
LOGIQUE
116. PAVIE Alain CHIR. THORACIQUE ET CARDIO-VASC. Surnombre
117. PELISSOLO Antoine PSYCHIATRIE ADULTE
118. PIERROT-DESEILLIGNY Charles NEUROLOGIE
119. PIETTE François MEDECINE INTERNE Ivry
120. POYNARD Thierry HEPATO GASTRO ENTEROLOGIE
121. PUYBASSET Louis ANESTHESIE REANIMATION
122. RATIU Vlad HEPATO GASTRO ENTEROLOGIE
123. RIOU Bruno ANESTHESIE REANIMATION
124. ROBAIN Gilberte REEDUCATION FONCTIONNELLE Ivry
125. ROBERT Jérôme BACTERIOLOGIE
126. ROUBY Jean-Jacques ANESTHESIE REANIMATION Surnombre
127. SAMSON Yves NEUROLOGIE
128. SANSON Marc ANATOMIE/NEUROLOGIE
129. SEILHEAN Danielle NEUROPATHOLOGIE
130. SIMILOWSKI Thomas PNEUMOLOGIE
131. SOUBRIER Florent GENETIQUE/HISTOLOGIE
132. SPANO Jean-Philippe ONCOLOGIE MEDICALE
133. STRAUS Christian EXPLORATION FONCTIONNELLE
134. TANKERE Frédéric ORL
135. THOMAS Daniel CARDIOLOGIE
136. TOURAINE Philippe ENDOCRINOLOGIE
137. TRESALLET Christophe CHIR. GENERALE ET DIGEST./MED. DE LA REPRO-
DUCTION
138. VAILLANT Jean-Christophe CHIRURGIE GENERALE
139. VERNANT Jean-Paul HEMATOLOGIE CLINIQUE Surnombre
140. VERNY Marc MEDECINE INTERNE (Marguerite Bottard)
141. VIDAILHET Marie-José NEUROLOGIE
142. VOIT Thomas PEDIATRIE NEUROLOGIQUE
143. ZELTER Marc PHYSIOLOGIE
MAITRES DE CONFÉRENCES DES UNIVERSITÉS-PRATICIENS HOSPITALIERS UFR
Médicale Pierre et Marie CURIE – Site SAINT-ANTOINE
1. ABUAF Nisen HÉMATOLOGIE/IMMUNOLOGIE - Hôpital TENON
2. AIT OUFELLA Hafid RÉANIMATION MÉDICALE – Hôpital SAINT-ANTOINE
3. AMIEL Corinne VIROLOGIE –Hôpital TENON
4. BARBU Véronique INSERM U.680 - Faculté de Médecine P. & M. CURIE
5. BERTHOLON J.F. EXPLORATIONS FONCTIONNELLES – Hôpital SAINT-AN-
TOINE
6. BILHOU-NABERA Chrystèle GÉNÉTIQUE – Hôpital SAINT-ANTOINE
7. BIOUR Michel PHARMACOLOGIE – Faculté de Médecine P. & M. CURIE
8. BOISSAN Matthieu BIOLOGIE CELLULAIRE – Hôpital SAINT-ANTOINE
9. BOULE Michèle PÔLES INVESTIGATIONS BIOCLINIQUES – Hôpital TROUSSEAU
10. CERVERA Pascale ANATOMIE PATHOLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
161
11. CONTI-MOLLO Filomena Hôpital SAINT-ANTOINE
12. COTE François Hôpital TENON
13. DECRE Dominique BACTÉRIOLOGIE/VIROLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
14. DELHOMMEAU François HEMATOLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
15. DEVELOUX Michel PARASITOLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
16. ESCUDIER Estelle DEPARTEMENT DE GENETIQUE – Hôpital TROUSSEAU
17. FAJAC-CALVET Anne HISTOLOGIE/EMBRYOLOGIE – Hôpital TENON
18. FARDET Laurence MEDECINE INTERNE/HORLOGE 2 – Hôpital SAINT-ANTOINE
19. FERRERI Florian PSYCHIATRIE D’ADULTES – Hôpital SAINT-ANTOINE
20. FLEURY Jocelyne HISTOLOGIE/EMBRYOLOGIE – Hôpital TENON
21. FOIX L’HELIAS Laurence Hôpital TROUSSEAU (Stagiaire)
22. FRANCOIS Thierry PNEUMOLOGIE ET REANIMATION – Hôpital TENON
23. GARCON Loïc HÉPATO GASTRO-ENTEROLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
24. GARDERET Laurent HEMATOLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
25. GAURA SCHMIDT Véronique BIOPHYSIQUE – Hôpital SAINT-ANTOINE
26. GEROTZIAFAS Grigorios HEMATOLOGIE CLINIQUE – Hôpital TENON
27. GONZALES Marie GENETIQUE ET EMBRYOLOGIE – Hôpital TROUSSEAU
28. GOZLAN Joël BACTERIOLOGIE/VIROLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
29. GUEGAN BART Sarah DERMATOLOGIE – Hôpital TENON
30. GUITARD Juliette PARASITOLOGIE/MYCOLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
31. HENNO Priscilla PHYSIOLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
32. JERU Isabelle SERVICE DE GENETIQUE – Hôpital TROUSSEAU
33. JOHANET Catherine IMMUNO. ET HEMATO. BIOLOGIQUES – Hôpital SAINT-AN-
TOINE
34. JOSSET Patrice ANATOMIE PATHOLOGIQUE – Hôpital TROUSSEAU
35. JOYE Nicole GENETIQUE – Hôpital TROUSSEAU
36. KIFFEL Thierry BIOPHYSIQUE ET MEDECINE NUCLEAIRE – Hôpital SAINT-AN-
TOINE
37. LACOMBE Karine MALADIES INFECTIEUSES – Hôpital SAINT-ANTOINE
38. LAMAZIERE Antonin POLE DE BIOLOGIE – IMAGERIE – Hôpital SAINT-AN-
TOINE
39. LASCOLS Olivier INSERM U.680 – Faculté de Médecine P.& M. CURIE
40. LEFEVRE Jérémie CHIRURGIE GENERALE – Hôpital SAINT-ANTOINE (Stagiaire)
41. LESCOT Thomas ANESTHESIOLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE (Stagiaire)
42. LETAVERNIER Emmanuel EXPLORATIONS FONCTIONNELLES MULTI. – Hôpital
TENON
43. MAUREL Gérard BIOPHYSIQUE /MED. NUCLEAIRE – Faculté de Médecine P.& M.
CURIE
44. MAURIN Nicole HISTOLOGIE – Hôpital TENON
45. MOHAND-SAID Saddek OPHTALMOLOGIE – Hôpital des 15-20
46. MORAND Laurence BACTERIOLOGIE/VIROLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
47. PARISET Claude EXPLORATIONS FONCTIONNELLES – Hôpital TROUSSEAU
48. PETIT Arnaud Hôpital TROUSSEAU (Stagiaire)
49. PLAISIER Emmanuelle NEPHROLOGIE – Hôpital TENON
50. POIRIER Jean-Marie PHARMACOLOGIE CLINIQUE – Hôpital SAINT-ANTOINE
51. RAINTEAU Dominique INSERM U.538 – Faculté de Médecine P. & M. CURIE
52. SAKR Rita GYNECOLOGIE OBSTETRIQUE – Hôpital TENON (Stagiaire)
53. SCHNURIGERN Aurélie LABORATOIRE DE VIROLOGIE – Hôpital TROUSSEAU
54. SELLAM Jérémie RHUMATOLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
55. SEROUSSI FREDEAU Brigitte DEPARTEMENT DE SANTE PUBLIQUE – Hôpital
TENON
162
56. SOKOL Harry HEPATO/GASTRO – Hôpital SAINT-ANTOINE
57. SOUSSAN Patrick VIROLOGIE – Hôpital TENON
58. STEICHEN Olivier MEDECINE INTERNE – Hôpital TENON
59. SVRCEK Magali ANATOMIE ET CYTO. PATHOLOGIQUES – Hôpital SAINT-AN-
TOINE
60. TANKOVIC Jacques BACTERIOLOGIE/VIROLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
61. THOMAS Ginette BIOCHIMIE – Faculté de Médecine P. & M. CURIE
62. THOMASSIN Isabelle RADIOLOGIE – Hôpital TENON
63. VAYLET Claire MEDECINE NUCLEAIRE – Hôpital TROUSSEAU
64. VIGOUROUX Corinne INSERM U.680 – Faculté de Médecine P. & M. CURIE
65. VIMONT-BILLARANT Sophie BACTERIOLOGIE – Hôpital TENON
66. WEISSENBURGER Jacques PHARMACOLOGIE CLINIQUE – Faculté de Médecine P.
& M. CURIE
MAITRES DE CONFÉRENCES DES UNIVERSITÉS-PRATICIENS HOSPITALIERS
UFR Médicale Pierre et Marie CURIE – Site PITIE
1. ANKRI Annick HÉMATOLOGIE BIOLOGIQUE
2. AUBRY Alexandra BACTERIOLOGIE
3. BACHELOT Anne ENDOCRINOLOGIE
4. BELLANNE-CHANTELOT Christine GÉNÉTIQUE
5. BELLOCQ Agnès PHYSIOLOGIE
6. BENOLIEL Jean-Jacques BIOCHIMIE A
7. BENSIMON Gilbert PHARMACOLOGIE
8. BERLIN Ivan PHARMACOLOGIE
9. BERTOLUS Chloé STOMATOLOGIE
10. BOUTOLLEAU David VIROLOGIE
11. BUFFET Pierre PARASITOLOGIE
12. CARCELAIN-BEBIN Guislaine IMMUNOLOGIE
13. CARRIE Alain BIOCHIMIE ENDOCRINIENNE
14. CHAPIRO Élise HÉMATOLOGIE
15. CHARBIT Beny PHARMACOLOGIE
16. CHARLOTTE Frédéric ANATOMIE PATHOLOGIQUE
17. CHARRON Philippe GÉNÉTIQUE
18. CLARENCON Frédéric NEURORADIOLOGIE
19. COMPERAT Eva ANATOMIE ET CYTOLOGIE PATHOLOGIQUES
20. CORVOL Jean-Christophe PHARMACOLOGIE
21. COULET Florence GÉNÉTIQUE
22. COUVERT Philippe GÉNÉTIQUE
23. DANZIGER Nicolas PHYSIOLOGIE
24. DATRY Annick PARASITOLOGIE
25. DEMOULE Alexandre PNEUMOLOGIE
26. DUPONT-DUFRESNE Sophie ANATOMIE/NEUROLOGIE
27. FOLLEZOU Jean-Yves RADIOTHÉRAPIE
28. GALANAUD Damien NEURORADIOLOGIE
29. GAY Frédérick PARASITOLOGIE
30. GAYMARD Bertrand PHYSIOLOGIE
31. GIRAL Philippe ENDOCRINOLOGIE/MÉTABOLISME
32. GOLMARD Jean-Louis BIOSTATISTIQUES
33. GOSSEC Laure RHUMATOLOGIE
34. GUIHOT THEVENIN Amélie IMMUNOLOGIE
163
35. HABERT Marie-Odile BIOPHYSIQUE
36. HALLEY DES FONTAINES Virginie SANTÉ PUBLIQUE
37. HUBERFELD Gilles EPILEPSIE - CORTEX
38. KAHN Jean-François PHYSIOLOGIE
39. KARACHI AGID Carine NEUROCHIRURGIE
40. LACOMBLEZ Lucette PHARMACOLOGIE
41. LACORTE Jean-Marc UMRS 939
42. LAURENT Claudine PSYCHOPATHOLOGIE DE L’ENFANT/ADOLESCENT
43. LE BIHAN Johanne INSERM U 505
44. MAKSUD Philippe BIOPHYSIQUE
45. MARCELIN-HELIOT Anne Geneviève VIROLOGIE
46. MAZIERES Léonore RÉÉDUCATION FONCTIONNELLE
47. MOCHEL Fanny GÉNÉTIQUE / HISTOLOGIE (stagiaire)
48. MORICE Vincent BIOSTATISTIQUES
49. MOZER Pierre UROLOGIE
50. NGUYEN-QUOC Stéphanie HEMATOLOGIE CLINIQUE
51. NIZARD Jacky GYNECOLOGIE OBSTETRIQUE
52. PIDOUX Bernard PHYSIOLOGIE
53. POITOU BERNERT Christine NUTRITION
54. RAUX Mathieu ANESTHESIE (stagiaire)
55. ROSENHEIM Michel EPIDEMIOLOGIE/SANTE PUBLIQUE
56. ROSENZWAJG Michelle IMMUNOLOGIE
57. ROUSSEAU Géraldine CHIRURGIE GENERALE
58. SAADOUN David MEDECINE INTERNE (stagiaire)
59. SILVAIN Johanne CARDIOLOGIE
60. SIMON Dominique ENDOCRINOLOGIE/BIOSTATISTIQUES
61. SOUGAKOFF Wladimir BACTÉRIOLOGIE
62. TEZENAS DU MONTCEL Sophie BIOSTATISTIQUES et INFORMATIQUE MEDI-
CALE
63. THELLIER Marc PARASITOLOGIE
64. TISSIER-RIBLE Frédérique ANATOMIE ET CYTOLOGIE PATHOLOGIQUES
65. WAROT Dominique PHARMACOLOGIE