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Editorial Ça commence à bien faire ! L e Premier ministre a pris pour habitude, depuis quelques années, de s’exprimer en faveur de la thèse proclamée depuis toujours par le CRIF (1) : « l’antisionisme, c’est de l’antisémitisme ». Le Premier ministre, s’est ainsi manifesté le 18 janvier 2016, dans une soirée organisée par les « Amis du CRIF » et à nouveau le 7 mars au « célèbre » dîner annuel du CRIF, où le Tout-Paris, se fait une obligation de participer - sauf les communistes. Le Premier ministre a déclaré le 18 janvier : « Nous ne devons pas avoir peur de dénoncer des actes antisémites, dès que nous avons la certitude d’être face à de tels actes ». Je ne peux que l’approuver, il a cent fois raison. Il a ajouté : « La société a eu peur, ce qui explique une forme d’impunité ». Lui, a-t-il peur - ou est-il complice - de reconnaître l’impunité accordée, depuis 1967 aux dirigeants israéliens par les dirigeants occidentaux ? Le Premier ministre, le même jour, a « déploré que les critiques de la poli- tique d’Israël se soient transformées en un antisionisme dissimulant presque systématiquement de l’antisémitisme ». Selon lui, « de nombreuses organi- sations participent à ce climat nauséabond, à commencer par la campagne internationale de boycott d’Israël, BDS ». Stigmatisant la manifestation, le 5 janvier, devant l’Opéra de Paris, de militants pro palestiniens protestant contre un ballet de la compagnie israélienne «Bar Sheva », il a fait valoir son engagement de longue date (?) contre le boycott d’Israël et a affiché sa volonté de combattre ce genre de manifestation « négation du rôle même de la culture ». Il a finalement affirmé : « Les pouvoirs publics doivent changer d’attitude (…). Ça suffit, on ne peut pas tout admettre dans ce pays ». Le Premier ministre a « oublié » de dire qu’il n’avait pas protesté contre Sommaire Deux historiens israéliens : le boycott, une route pour mettre fin à l’occupation p. 3 Journée Internationale des femmes p. 4 Quand Dieu désespère p. 5 Israël des ONG dénoncent des pratiques de torture systématique p. 6 La « Journée de la terre » p. 7 Des ambasseurs français réclament des sanctions contre Israël p. 8 Compte-rendu A.G. p. 11 à 14 L’imbroglio du gaz en mer du Levant p. 9 Un prêtre raconte la bataille de la ville martyre d’Alep. p. 10 Campagne BDS p. 15 à 18 Sortir de la violence p. 19 Daech rase le plus ancien monastère d’Irak p. 19 Le leader des extrémistes juifs : les chrétiens sont « des vampires » p. 19 Brèves p. 20 Courrier des lecteurs p. 21-22 Cinéma et livres p.23-24 N’oubliez pas de régler votre cotisation 2016 JANVIER = FEVRIER = MARS= 2016 = N° 60 «Une cause jamais perdue», Jacques Berque Courrier du C.V.P.R. Bulletin du Comité de Vigilance pour une Paix Réelle au Proche-Orient Dès maintenant réservez sur votre agenda la date du 8 octobre 2016 Nous organisons à Paris, en partenariat avec le site ORIENT XXI un nouveau colloque au Palais du Luxembourg « Cent ans après les accords Sykes-Picot » l'Orient arabe trahi Le Premier ministre et Roger Cukierman au dîner du Crif. Manuel Valls a oublié qu’il défendait bec et ongle les Palestiniens alors qu’il était le maire d’Evry. Il arrive ainsi que l’on retourne sa veste. Photo Erez Lichtfeld = suite en page 2

«Une cause jamais perdue», Courrier du C.V.P.R. · Courrier du CVPR, n°60 - p. 3 L ’historien israélien Shlomo Sand a souligné le rôle du traitement barba-re infligé aux

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Editorial

Ça commence à bien faire !

Le Premier ministre a pris pour habitude, depuis quelques années, des’exprimer en faveur de la thèse proclamée depuis toujours par le

CRIF (1) : « l’antisionisme, c’est de l’antisémitisme ». Le Premier ministre,s’est ainsi manifesté le 18 janvier 2016, dans une soirée organisée par les «Amis du CRIF » et à nouveau le 7 mars au « célèbre » dîner annuel du CRIF,où le Tout-Paris, se fait une obligation de participer - sauf les communistes.

Le Premier ministre a déclaré le 18 janvier : « Nous ne devons pas avoirpeur de dénoncer des actes antisémites, dès que nous avons la certituded’être face à de tels actes ». Je ne peux que l’approuver, il a cent fois raison.Il a ajouté : « La société a eu peur, ce qui explique une forme d’impunité ».Lui, a-t-il peur - ou est-il complice - de reconnaître l’impunité accordée,depuis 1967 aux dirigeants israéliens par les dirigeants occidentaux ?

Le Premier ministre, le même jour, a « déploré que les critiques de la poli-tique d’Israël se soient transformées en un antisionisme dissimulant presquesystématiquement de l’antisémitisme ». Selon lui, « de nombreuses organi-sations participent à ce climat nauséabond, à commencer par la campagneinternationale de boycott d’Israël, BDS ». Stigmatisant la manifestation, le 5 janvier, devant l’Opéra de Paris, de militants pro palestiniens protestantcontre un ballet de la compagnie israélienne «Bar Sheva », il a fait valoirson engagement de longue date (?) contre le boycott d’Israël et a affiché savolonté de combattre ce genre de manifestation « négation du rôle même dela culture ». Il a finalement affirmé : « Les pouvoirs publics doivent changerd’attitude (…). Ça suffit, on ne peut pas tout admettre dans ce pays ».

Le Premier ministre a « oublié » de dire qu’il n’avait pas protesté contre

Sommaire

Deux historiens israéliens : le boycott,une route pour mettre finà l’occupation p. 3Journée Internationale des femmes p. 4Quand Dieu désespère p. 5Israël des ONG dénoncent des pratiques de torture systématique p. 6La « Journée de la terre » p. 7Des ambasseurs français réclament des sanctions contre Israël p. 8

Compte-rendu A.G. p. 11 à 14L’imbroglio du gaz en mer du Levant p. 9Un prêtre raconte la bataille de la ville martyre d’Alep. p. 10Campagne BDS p. 15 à 18Sortir de la violence p. 19Daech rase le plus ancien monastère d’Irak p. 19Le leader des extrémistes juifs : les chrétiens sont « des vampires » p. 19Brèves p. 20Courrier des lecteurs p. 21-22Cinéma et livres p.23-24

N’oubliez pas de réglervotre cotisation 2016

JANVIER = FEVRIER = MARS= 2016 = N° 60

«Une cause jamais perdue», Jacques Berque

Courrier du C.V.P.R.Bulletin du Comité de Vigilance pour une Paix Réelle au Proche-Orient

Dès maintenantréservez sur votre agenda

la date du8 octobre 2016

Nous organisons à Paris, en partenariat avec le site

ORIENT XXIun nouveau colloque

au Palais du Luxembourg

« Cent ans aprèsles accords Sykes-Picot »

l'Orient arabe trahi

Le Premier ministre et Roger Cukierman au dîner du Crif. Manuel Valls a oublié qu’il défendait bec et ongle les Palestiniens alors qu’il était lemaire d’Evry. Il arrive ainsi que l’on retourne sa veste.

Photo

Ere

z L

ichtfeld

= suite en page 2

Page 2: «Une cause jamais perdue», Courrier du C.V.P.R. · Courrier du CVPR, n°60 - p. 3 L ’historien israélien Shlomo Sand a souligné le rôle du traitement barba-re infligé aux

Editorial

Courrier du CVPR, n°60 p.2

les pressions exercées par l’ambassade d’Israël sur la Galerie d’Artcurial, àla même époque, pour faire retirer de la vente, une photo du grand résistantpalestinien Marwan Barghouti.

Le Premier ministre peut-il nous expliquer pourquoi cette sempiternellepolitique de « deux poids deux mesures » pour tout ce qui touche à Israël ?

Le Premier ministre en a redoublé ses affirmations au dîner du CRIF, le 7 mars : « Nous savons qu’il y a un antisémitisme ancien et un antisémi-tisme nouveau. (...) Et puis (…) il y a l’antisionisme, c’est-à-dire tout sim-plement le synonyme de l’antisémitisme et de la haine d’Israël ».

Le Premier ministre a, certes, le devoir de défendre la politique de songouvernement. Il peut aussi, comme citoyen, exprimer ses propres idéescomme tout un chacun : « Par ma femme, a-t-il déclaré à la Radio Judeïca en2011, je suis lié de manière éterneIle à la communauté juive et à Israël ».C’est son droit. Il ne peut pour autant, lui, le représentant de tous lesFrançais, après le Président de la République, criminaliser, de facto, certainsqui ne font qu’user de leur liberté d’expression en critiquant la politique desdirigeants israéliens qui perpétuent l’occupation de la Palestine, et qui, il doitle savoir, « rejettent complètement l’établissement d’un Etat palestinien àl’ouest du Jourdain ». (Charte du Likoud)

Le Premier ministre, en stigmatisant ainsi dans une soirée organisée parune association, le CRIF, qui prétend représenter tous les Juifs de France - cequi est inexact -, mais, en revanche, qui représente la politique la plus réac-tionnaire des dirigeants au pouvoir en Israël, a blessé profondément des mil-liers de militants, y compris juifs, qui, depuis toujours, luttent, dans notrepays, pour la reconnaissance des droits du peuple palestinien occupé. J’aipour ma part commencé ce combat, dès juin 1967, avec le GRAPP - où par-ticipaient les Jacques Berque, Claude Cahen, Albert-Paul Lentin, ThéodoreMonod, André Philip, Robert Buron, Pierre Cot, Maxime Rodinson, DeniseBarrat, Régis Blachère, Henryane de Chaponay, Georges et Fanny Scapira.… Il avait alors cinq ans M. Manuel Valls !

Le Premier ministre a-t-il « oublié » que plus de 4 millions de nos compa-triotes ont manifesté dans la rue, le 11 janvier 2015, au nom de la « libertéd’expression », au lendemain des lâches et criminels attentats djihadistescontre la rédaction du journal Charlie Hebdo, contre des policiers et contredes clients de l’Hyper Cacher à la Porte de Vincennes ?

Le Premier ministre a-t-il « oublié » ses dires lorsqu’il était simplementMaire d’Evry ? A la Mutualité le 20 novembre 2002 : « Il faut qu’Israël res-pecte les résolutions de l’ONU. Pour cela le rapport des forces est indispen-sable et donc il faut ramener les parlements et les gouvernements à sus-pendre l’accord d’Association U.E.-Israël, ce qui aurait effectivement unécho énorme en Israël et en Palestine ». (Haine d’Israël ? Antisémitisme ?).Et encore, en 2006, lors du jumelage de l’association Evry Palestine avec lecamp martyrisé de Khan Younis à Gaza, en présence de Leïla Shahid : « Onveut détruire les infrastructures, la mémoire, le futur de ce peuple. Cela estinacceptable et nécessite la mobilisation de toute la communauté internatio-nale ». (Haine d’Israël ? Antisémitisme ?).

Et ce voyage en Palestine occupée où vous étiez à mes côtés dans le car ?Le Premier ministre devrait avoir en tête la claire réponse du Président de

la République, François Mitterrand, au CRIF, qui entendait s’opposer à lavenue du président Yasser Arafat en France, en 1989 : « La politique fran-çaise ne se fait pas à la Knesset » !

Maurice BUTTIN, président du CVPR PO

(1) Conseil Représentatif des Institutions Juives de France

=suite de la première page

DIXIT

Le Secrétaire Général

des Nations Unies, 

Ban Ki-moon, a déclaré

devant le Conseil de Sécurité

le 26 janvier 2016 :

«Les mesures sécuritaires ne

pourront pas réduire à elles seules

les violences. Elles ne peuvent pas

résoudre le profond sentiment

d’aliénation et de désespoir res-

senti par certains Palestiniens -

en particulier les jeunes. La force

de la loi doit être exercée sur tous

ceux qui commettent des crimes

avec une justice s’appliquant de

manière égale aussi bien à l’en-

contre des Israéliens qu’à l’en-

contre des Palestiniens.  La frus-

tration palestinienne grandit

sous le poids d’un demi-siècle

d’occupation et la paralysie du

processus de paix. »

Gandhi à propos de l’impéria-

lisme britannique qu’il appe-

lait à boycotter : "Au début, ils nous ignorent ;

après ils se moquent de nous ;

ensuite ils nous combattent ;

et à la fin, on gagne".

Gidéon Levy journaliste

israélien bien connu : « Oui, je parle des boycotts et des

sanctions qui sont largement pré-

férables au bain de sang.

C’est la vérité, même s’il est

amère. Les Etats-Unis et l’Europe

se sont suffisamment prosternés

devant l’Israël et sans aucun

résultat, malheureusement.

Dorénavant, le monde doit adop-

ter un autre langage, qui sera

peut-être compris.

Après tout, Israël a prouvé plus

d’une fois que le langage de la

force et des sanctions est son lan-

gage préféré »

Page 3: «Une cause jamais perdue», Courrier du C.V.P.R. · Courrier du CVPR, n°60 - p. 3 L ’historien israélien Shlomo Sand a souligné le rôle du traitement barba-re infligé aux

Courrier du CVPR, n°60 - p. 3

L ’historien israélien Shlomo Sand asouligné le rôle du traitement barba-

re infligé aux Palestiniens et l’attitudeagressive des colons. Il considère que lesoulèvement palestinien qui a éclaté àl’automne dernier est provoqué par lapoursuite de l’occupation et l’humiliationquotidienne, par la pauvreté et par l’ab-sence d’issue pour les palestiniens.

Shlomo Sand, qui est aussi maître deconférence à l’Université de Tel-Aviv,indique que l’occupation confisque lesdroits humains et les droits fondamentauxde citoyen aux Palestiniens depuis cinqdécennies, et précise : « Nous, Israéliens,on travaille, on apprend, on rêve et onaime librement, tandis que non loin denous, des êtres humains sont soumis à ladureté des cœurs des soldats et à l’avidi-té des colons.» L’historien israélien esti-me que la majorité des Israéliens soutien-nent les effets de l’occupation ou ne s’ensoucient pas, que certains croient que celaest le prix qu’ils doivent payer pour lalibération du supposé pays, promis par laTorah.

Soutien et indifférence

Shlomo Sand qui est l’auteur d’un livreaudacieux qui remet en question l’existen-ce d’un peuple juif et de ce qui est connucomme la « terre d’Israël », pense que les

Histoire

Deux historiens israéliens :le boycott, une route pour mettre fin à l’occupation

actions armées des palestiniens n’est pasconsidérée en elle-même comme noble etparticulièrement morale. D’autre part, ilestime que les femmes et les enfants inno-cents auteurs d’opérations ne sont pas néstueurs, et qu'avant l’occupation, ils étaientdes êtres humains ordinaires, à larecherche du bonheur dans la vie.

Il poursuit, « mais quelque chose dansl’histoire des Palestiniens a subi un désé-quilibre et de graves dommages, etquelque chose dans notre histoire israé-lienne est devenue monstrueuse.»

Ilan Pappe est d’accord avec lui sur lefait que la persécution des juifs par lesEuropéens ne donne aucune justificationà la cruauté du cœur face à la destinée del’autre, le Palestinien.

Ilan Pappe, qui a quitté Israël pour laGrande-Bretagne, de manière à protestercontre l’aggravation du racisme il y acinq ans, constate que la vague d’attentatspalestiniens n’empêche pas ,jusqu’a pré-sent, de vivre de façon normale en Israël.Il montre dans son interview à Al-Jazeeraque la plupart des Israéliens se convain-quent qu’ils surmonteront l’actuelleépreuve comme ils l'ont fait lors de toutesles guerres et les soulèvements du passé.

L’auteur du livre « Le nettoyage eth-nique de la Palestine », doute même de lapossibilité de l’apparition d’une opposi-tion politique en Israël qui soit un jour

capable de changer l’orientation de l’oc-cupation et de la colonisation vers unesolution à deux Etats.

L’escalade du boycott

A propos de l’avenir, Shlomo Sandestime que le rejet de l’occupation par lesIsraéliens est possible. Cela peut se pro-duire si les opérations palestinienness’amplifient et si les adultes rejoignent lesenfants et les femmes dans le cycle actuelou le prochain cycle de la violence, enparticulier lorsqu’elles sont dirigéescontre des cibles militaires. Ilan Papperejoint Shlomo Sand sur l’efficacité duboycott international d’Israël pour le sau-ver de son occupation, comme les sanc-tions qui ont porté leurs fruits en Afriquedu Sud et en Iran.

Ilan Pappe estime que la campagne deboycott international actuelle est baséesur la conviction qu’Israël incarne deuxerreurs, par sa création et les conditionsde son existence d'une part, par ses vio-lations du droit des Palestiniens d'autrepart.

Il pense que la solidarité et le soutiendes Palestiniens va s’accroitre dans lemonde à travers les organisations nongouvernementales, en particulier dans lesinstitutions universitaires, et précise qu’ily a un boycott d’Israël non déclaré et uneénergie latente qui peut être exploitée.

Il explique que la raison à cela résidedans les politiques « stupides » d’unedroite sioniste, qui favorisent la solidaritéavec les Palestiniens, et non grâce à laperformance de l’Autorité palestinienne.

Ilan Pappe exhorte les Palestiniens àmettre fin à leur division et prône l’esca-lade du boycott sans se limiter aux pro-duits des colonies.

Ilan Pappe et Shlomo Sand, qui sontles plus éminents des nouveaux histo-riens, concluent en affirmant que le boy-cott ne détruira pas Israël, mais qu'il per-mettra d’éviter la poursuite de son contrô-le sur la vie des autres, à qui on voledepuis cinquante ans le droit de contrôlerleur propre destin et de défendre leursterres.

Wadih Awawda-Haifa, Al Jazeera,

Traduit pour l’AFPS par Moncef Chahed

Deux éminents historiens israéliens ont déclaré que l’occupationétait la cause du soulèvement palestinien en cours, et non lerésultat d'une incitation à la révolte, comme le prétend Israël ; ilsont confirmé dans leur entretien avec la chaine Al-Jazeera, l’ef-ficacité du boycott pour mettre fin à l’occupation, en prenantl’Afrique du Sud pour exemple

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C e dimanche 31 janvier, à midi,Tair Kaminer repassera devantle Conseil de révision des FDI

pour réaffirmer face aux officiers qui ysiègent qu’elle a la ferme intention derefuser de servir dans les FDI. Et ce,après avoir passé 20 jours à la prisonmilitaire. Cette fois, elle a été rejointe parTanya Golan, 19 ans, de Beit Shean, qui,après avoir suivi la campagne en faveur

de Tair, a décidé de rendre public sonpropre refus de s’enrôler dans l’armée.On s’attend à ce que les deux femmessubissent les « procédures disciplinaires »de l’armée (une « procédure accélérée »dirigée par un officier, sans avocats nitémoins, d’une durée habituelle de cinqminutes, dix tout au plus), après quoielles seront envoyées dans une prisonmilitaire. Des dizaines de manifestants

palestiniennes, et que la lutte nationale etsociale se poursuit sans cesse et de façoncontinue jusqu’a ce que nous atteignonsnotre libération de l’occupation, et, entant que femmes, notre liberté de toutesles formes d’injustice, d’oppression, deviolence et de discrimination à l’encontredes femmes. En ce jour, les femmespalestiniennes marquent cet évènementen mettant en évidence les crimes de l’oc-cupant contre les femmes, les enfants, lespersonnes âgées et les jeunes dePalestine. Cette année, notre appel metl’accent sur la liberté et l’auto-détermina-tion de notre peuple, et sur la liberté etl’auto-détermination des Palestiniennes  :pour parvenir à l’égalité et à la libération,pour mettre fin à toutes les formes d’op-pression et d’injustice commises contreelles. Nous constituons, avec tou-te-s lescombattant-e-s dans le monde pour laliberté des femmes, une partie du combatmondial : contre l’injustice, l’exploitationet l’oppression.

Publié par Samidoun.net

Traduit de l’anglais par Y. Jardin, membre du GTde l’AFPS sur les prisonniers  ; voir sur le site  :ht tp:/ /www.france-palest ine.org/Journee-Internationale-des-Femmes-declaration-de-Khalida-Jarrar-depuis-la prison d’HaSharon

Khalida Jarrar, la féministe palestinien-

ne, parlementaire et dirigeante politique

emprisonnée, a publié une déclaration

depuis la prison d’HaSharon à l’occa-

sion de la Journée Internationale des

Femmes, saluant toutes les femmes en

lutte dans le monde. Le message a été

transmis par l’avocate palestinienne

Hanan al-Khatib, qui a rendu visite à

Jarrar dans sa prison  ; elle purge une

peine de 15 mois d’emprisonnement

après avoir été arrêtée le 2 avril 2015.

Voici sa déclaration :

E n ce jour, nous affirmons quenous sommes des prisonnièrespalestiniennes en lutte, que nous

faisons partie du mouvement des femmes

Courrier du CVPR, n°60 - p. 4

seront présents pour accompagner lesdeux jeunes femmes aux portes duConseil de révision, à Tel Hashomer (àl’est de Tel-Aviv) et réclameront leurremise en liberté et la fin de l’occupation.Il y a trois semaines, Tair Kaminer,ancienne volontaire des Girl Scouts(guides) israéliennes, 19 ans, de Tel-Aviv,a passé 20 jours dans une prison militairepour avoir refusé de servir dans l’arméed’occupation que sont les FDI. Son refusa envahi les médias sociaux et a provoquédes avalanches de posts qui ont été vision-nés par des centaines de milliers de per-sonnes en Israël et dans le monde Sonincarcération a été mentionnée parnombre de médias internationaux et amême fait l’objet d’un débat au Parlementbritannique, lorsque la MP Caroline Lucasa exigé sa libération immédiate. Tair adéclaré ceci  : «  On essaie de nousconvaincre qu’il n’y a pas d’autre issueque les moyens militaires violents, mais jecrois que c’est la méthode la plus destruc-trice et qu’il existe en fait des alternatives.Je voudrais rappeler à chacun de nousqu’il existe bel et bien d’autres choix : lanégociation, la paix, l’optimisme, un véri-table désir de vivre en tant qu’égaux dansla liberté et la sécurité. »

Tanya, de son côté, a déclaré : « Il y ades gens qui tirent parti de la poursuite duconflit israélo-palestinien et qui ne vou-dront jamais renoncer au contrôle écono-mique sur les Territoires occupés. Je refu-se de faire partie d’une organisation quiapplique des mesures racistes, fascistes,discriminatoires et répressives. »

La manifestation est organisée par« Mesarvot » – un nouveau groupementde refus politique qui rassemble toutes leslettres, pétitions, entreprises, actions etrefuzniks des dernières années afin defaire œuvre commune. À cette manifesta-tion vont également se joindre d’autresgroupes telle la Refusers Letter (Lettrredes refuzniks) de 2014 ainsi que l’organi-sation politique « Unity ».30 janvier - Gush Shalom - Traduction Jean-Marie Flémal pour « Pour la Palestine »

Tair Kaminer  : Israeli teenager jailedfor refusing to do military service becau-se of Palestinian territories occupation,The Independent, January 29, 2016Voir http://www.aurdip.fr/les-femmes-officiers-israeliens.html

Journée Internationale des Femmes :déclaration de Khalida Jarrardepuis la prison d’HaSharonSamidoun, Réseau de Solidarité avec les Prisonniers Palestiniens

Khalida Jarrar

DR

Les femmes officiers israéliens Tairet Tanya en prison pour avoir refuséde servir dans l’armée israélienne

Page 5: «Une cause jamais perdue», Courrier du C.V.P.R. · Courrier du CVPR, n°60 - p. 3 L ’historien israélien Shlomo Sand a souligné le rôle du traitement barba-re infligé aux

Israël : adoptionen première lectured'un projet de loicontroversé contre

des ONG

E n Israël, les attaques contre les

pacifistes se multiplient, tant vis à

vis des individus que des associations  ;

la Knesseth vient de franchir un pas

supplémentaire dans cette direction.

Le Parlement israélien a voté dans la nuitde lundi à mardi en première lecture unprojet de loi controversé qui vise àcontraindre les ONG à révéler publique-ment leur financement par des gouverne-ments étrangers. Le texte présenté par le gouvernement,qui fait peser, selon ses détracteurs, unclimat de chasse aux sorcières contre lesorganisations hostiles à la colonisationdes territoires palestiniens et militantpour la défense des droits de l'Homme, aété voté par 50 voix contre 43 à l'issued'un débat très tendu.Pour être appliqué ce texte qui a suscitédes critiques internationales doit encoreêtre voté en deux autres lectures par laKnesset.La ministre de la Justice Ayelet Shaked,du Foyer juif, un parti nationaliste reli-gieux, instigatrice de ce projet soutenupar un des gouvernements les plus à droi-te de l'histoire d'Israël, assure qu'il ne visespécifiquement aucune ONG.Mais dans les faits, ce sont les ONG répu-tées de gauche qui paraissent de loin lesplus visées, car les organisations de droi-te, notamment celles soutenant la coloni-sation, bénéficient surtout de dons privés,surtout d'hommes d'affaires américains.Parmi les principales organisationsvisées, soutenues financièrement notam-ment par l'Union européenne figurentl'ONG anti-colonisation La Paix mainte-nant, B'Tselem, une organisation dedéfense des droits de l'Homme dans lesTerritoires palestiniens occupés,"Breaking The Silence", qui recueille destémoignages de soldats sur des exactionsanti-palestiniennes.

AFP, le 09 février 2016

Courrier du CVPR, n°60 - p. 5

Palestine

AU MOMENTOÙ J’éCrISCES LIGNES,B e n j a m i nNétanyahou est

totalement absorbé dans la promulgationd’une nouvelle loi, une loi qui marqueraitun tournant décisif dans l’histoired’Israël. Le public la regarde avec per-plexité, comme si cela se passait auKamchatka.Cette loi permettrait (je pourrais dire« permettra ») à 90 des 120 membres dela Knesset d’expulser complètement de laKnesset tous les autres membres ou l’unquelconque d’entre eux. Les argumentsen faveur d’une telle décision sontvagues : le soutien au « terrorisme » – enparole comme en action, le refus d’ad-mettre le caractère juif de l’État, et autresarguments semblables.Qui décide ? La majorité, bien sûr.L’élément déclencheur de cette proposi-tion de loi a été fourni par les troismembres arabes de la Knesset qui ontrendu visite aux parents de « terroristes »arabes à Jérusalem Est annexée. J’ai déjàévoqué cet incident dans mon dernierarticle. Ils avaient un bon prétexte – lesaider à récupérer les corps de leurs filsqui avaient été abattus sur place. Mais laraison évidente était de présenter leurscondoléances.Alors, on peut faire valoir qu’une mèreendeuillée est une mère endeuillée, quel-le que soit la cause de la mort de son fils,et que la présentation de condoléances estun geste humain positif. Mais cela peutêtre trop humaniste pour des membres duLikoud.Au bon vieux temps, lorsque nous étionsles « terroristes » et que les Britanniquesétaient les occupants, j’aurais certaine-ment présenté mes condoléances à unvoisin dont le fils aurait été abattu aucours d’une action de l’Irgoun. Je nepense pas que les Britanniques m’au-raient arrêté pour cela.Selon la loi, les membres de la Knesset nepeuvent pas être poursuivis pour un actecommis dans le cadre de leurs obliga-tions. Pour des membres de la Knesset

visiter leurs électeurs dans de telles cir-constances peut constituer un tel acte.Donc, une nouvelle loi est nécessaire.Et quelle loi !

Une menace d'exclusion des arabes de la Knesseth

(…) Tout le monde comprend que le droitpour 90 membres d’exclure 30 autres estune menace d’exclusion des Arabes de laKnesset. Le groupe «  arabe  » dans laKnesset actuelle comporte 13 membres etdeviendra probablement plus importantlors des prochaines élections partielles.(C’est un peu compliqué. Le groupe« arabe » comprend un membre juif, quiest très respecté. Les groupes «  juifs  »comprennent quelques membres arabessymboliques, qui n’osent pas ouvrir labouche sur des questions sérieuses.)Il ne s’agit pas d’une loi contre des sym-pathisants «  terroristes  ». C’est une loicontre la minorité arabe. La Knesset serapurement et simplement juive.

Israël état démocratique ?

(…) Nous avons cru un temps qu’Israëlresterait « la seule démocratie du MoyenOrient  » tout en conservant de vastes territoires occupés. Les Britanniquesn’ont-ils pas tenus des centaines de millions d’indiens assujettis, alors mêmeque leur patrie demeurait le brillantexemple de démocratie pour le monde ?C’est vrai, mais il fallait à un Anglais plu-sieurs semaines de mer pour se rendre deLiverpool à Bombay, un temps suffisantpour modifier sa personnalité, alors qu’ilsuffit de quelques minutes pour passerd’Israël en Cisjordanie.

Les citoyens arabes d'Israëlmême représentent quelque20% de la population.

C’est ce qui reste d’une large majorité,dont la plupart des membres se sontenfuis ou ont été expulsés.Ce pourcentage est resté stable depuis lesdébuts de l’État jusqu’à maintenant, une

Quand Dieu désespèrepar Uri Avnery (1)

Page 6: «Une cause jamais perdue», Courrier du C.V.P.R. · Courrier du CVPR, n°60 - p. 3 L ’historien israélien Shlomo Sand a souligné le rôle du traitement barba-re infligé aux

Courrier du CVPR, n°60 - p. 6

durée qui a vu la population d’Israël plusque décupler.

Un miracle  ? Presque. L’énormeaccroissement naturel de la populationarabe a été équilibré par l’immigrationjuive, d’abord des pays musulmans, puisde Russie, et dernièrement d’Éthiopie. Ilssont encore 20%,.

À la première génération, les « Arabesisraéliens  » – comme les appelaient lesJuifs, à leur grande consternation – étaienthumbles et dociles, encore sous le choc del’immense catastrophe qui était tombéesur leur peuple. Pour des raisons de sécu-rité, ils étaient soumis à un «  gouverne-ment militaire  » qui restreignait leursdéplacements. Un Arabe ne pouvait pas serendre de son village au village voisin,encore moins acheter un tracteur ouenvoyer un fils faire des études, sans uneautorisation militaire écrite. Ce systèmen’a été supprimé qu’au bout de 17 ans.

On peut se demander pourquoi on leura accordé des droits de vote à tous. Ehbien, comme ils se montraient si dociles,Ben-Gourion, homme de parti jusqu’aubout des ongles, a décidé qu’ils renforce-raient la majorité de son parti aux élec-tions. C’est en effet ce qui s'est produit.

Mais aujourd’hui il y a une troisièmegénération de citoyens arabes. Il y a desprofesseurs d’université, des médecinschefs, des entrepreneurs, et même descommandants de police arabes. Il y a desnationalistes, des islamistes, des commu-nistes palestiniens. Ils ont des sentiments,des exigences et même le culot d’exigerla pleine égalité.

Ce serait déjà un problème assezimportant dans une situation normale.Mais la situation ici n’est pas normale. Laminorité nationale d’Israël fait partie dupeuple palestinien, à qui la directionactuelle d’Israël veut prendre tout son ter-ritoire.

(...)[Article publié sur le site de GushShalom le 20 février 2016Traduit de l'anglais «  When GodDespairs » pour l'AFPS : FL/SW]

(1) : Uri Avnery est un écrivain et journalisteisraélien né le 10 septembre 1923 à Beckum.Surtout connu pour être un militant des droitsdes palestiniens et pacifiste convaincu, ilappartient à une tendance d'extrême gaucheisraélienne.

"Israël : des ONG dénoncent despratiques de torture systématiques"

sur France Inter.fr le 2 mars 2016

Deux importantes organisations des droits de l'homme en Israël,soutenues par l'UE, publient ce mercredi un rapport sur lesconditions de détention et d'interrogation de prisonniers palesti-niens par le Shin Bet, le service de sécurité intérieur israélien.116 témoignages de détenus ont été reccueillis.Les mauvais traitements, infligés par le Shin Bet, seraient si sys-tématiques qu'ils laissent penser que cela relève d''une politiquedélibérée, affirment ces deux ONG israéliennes B'Tselem etHamoked dans un rapport de 70 pages.Les témoignages de prisonniers ont été reccueillis à la prison deShikma, dans la ville israélienne d'Ashkélon entre août 2013 etmars 2014.

Privation de sommeil, manque d'hygiène et isolement

Khaled un enseignant palestinien apar exemple été détenu à Shikma pen-dant presque un mois et demi sanspoursuite judiciaire.

Il dit qu’il a perdu 10 kg en détention,marqué par la privation de sommeil,l’isolement et le manque d’hygiène.

"Je n'ai pas été battu, ce n'était pasde la torture physique mais de la tor-ture psychologique, ça impacte enco-re plus.

Et les conséquences sont pires,mon corps peut récupérer rapidementmais pour les séquelles psycholo-giques ce sera plus long à en sortir".

Ce sont des règles à suivre pourbriser celui qui est interrogé

Avec ce rapport, les organisationsqui luttent contre l'occupation, souli-gnent que l'usage de la violence per-siste dans les services de sécurité, defaçon institutionnelle, malgré un arrêtde la Cour suprême qui encadre l'usa-ge de la torture aux situations d'ur-gence, explique Sarit Michaeli,porte-parole de B'tselem.

DR

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C’est ici notre terre, nous nepartirons pas, nous reste-rons attachés à cette terre

sacrée de Palestine, nous y poursui-vrons notre résistance quelles quesoient les mesures de l'occupation !

Nous y poursuivrons notre existen-ce jusqu'à la liberté et l'indépendance,jusqu'à la fin de l'occupation israélien-ne, jusqu'à l'instauration d'une paixjuste et durable dans notre région ...

C’est le message de tout un peuplepalestinien existant et résistant, mes-sage adressé au monde entier, et enparticulier aux forces de l’occupation

israélienne, chaque année, le 30mars, journée de la terre et de larésistance en Palestine.

Notre peuple commémore cettejournée partout où il y existe. C’estla journée de l'attachement à sesracines et à son histoire, cette histoi-re profondément marquée par larésistance et l'affrontement à l'occu-pant qui continue de lui voler seschamps et ses arbres, ses ressources,ses maisons et sa terre.

Les Palestiniens qui vivent dansles territoires de 1948, ceux des terri-toires de 1967, sans oublier ceux de

l’exil, montrent par cette commémo-ration les liens qui les unissent tous.

Le 30 mars 1976, des dizaines dePalestiniens, civils et paysans, ont ététués par les forces de l'occupationalors qu'ils manifestaient pacifique-ment contre la confiscation de leurterre par l'administration israélienne.Et depuis, pour rendre hommage àces victimes, pour montrer l'attache-ment des Palestiniens à cette terre,ceux-ci commémorent chaque annéecette répression sanglante.

40 ans après, et dans une conjonc-ture difficile et instable dans notrerégion

en général et dans les territoirespalestiniens en particulier, marquéepar le déclenchement d’un soulève-ment populaire contre les forces del’occupation depuis plus de six mois,par la poursuite de la souffrance desPalestiniens en Cisjordanie , dans labande de Gaza, et partout enPalestine, avec le mur, la colonisa-tion, et les check-points enCisjordanie, les attaques et les agres-sions israéliennes permanentes, leblocus et la fermeture des frontièresdans la bande de Gaza, et les loisracistes et discriminatoires contre les

Palestine

Courrier du CVPR, n°60 - p. 7

Palestiniens de 1948, mais surtout,devant l’absence de perspectivespour l’avenir, les Palestiniens sontplus que jamais déterminés à faireaboutir leurs revendications natio-nales.

Ils vont poursuivre leur résistance,sous toutes ses formes, afin de vivre

libres sur leur terre.Par cette résistance et par cet atta-

chement à leur terre, ils visent lacréation d'un Etat libre et indépen-dant où l'on puisse vivre une paixjuste et durable.

A cette occasion, nous confirmonsnotre attachement à nos racines, et ànotre terre. Elle est ici. Elle est icinotre patrie. Nous ne partirons pas,en dépit des mesures atroces de l'oc-cupation, en dépit de toutes les diffi-cultés, de toutes les souffrances, eten dépit de ce silence d’une commu-nauté internationale officielle com-plice. Nous allons continuer à donnernotre sang pour notre terre dePalestine.Ici, notre terre,Ici, nos racines,Ici, notre histoire,Ici, notre vie, notre avenir,Et ici, notre Palestine !

La « Journée de la terre » en Palestine 40 ans après, c’est ici notre terre !

Ziad Medoukh le 30 mars 2016

Israël, les droits de l'homme et l'ONU

Le 10 août 2014, en pleine guerrecontre Gaza, une lettre ouverte

très critique avait été adressée à BanKi Moon par des très nombreusesONG, à l’initiative de Richard Falksous le titre « Représentez le droit etla justice ou démissionnez ! ».

Le 26 janvier 2016 Ban Ki Moon atenu au Conseil de Sécurité un dis-cours très critique (enfin  !) enversl’état israélien, la poursuite de l’oc-

cupation, l’extension des colonies etles mauvais traitements envers lesPalestiniens. Du coup il a été accuséen Israël d’encourager le terrorisme.Richard Falk lui a rappelé que le SGde l’ONU ne l’avait guère soutenucomme rapporteur sur les Droitshumains en Palestine…

http://www.legrandsoir.info/lettre-ouverte-a-monsieur-le-secretaire-gener-al-ban-ki-moon-representez-le-droit-et-la-justice-ou-demissionnez.html

Extraits de la (nouvelle) lettre ouverte de richardFalk (1) au S.G. de l’ONUBan Ki-Moon, datée 6 février 2016 :

« Netanyahou a l’audace de pré-tendre que votre propos (devant leConseil de Sécurité le 26 janvier2016 NdT) reconnaissant qu’il n’estpas anormal pour les Palestiniensoppressés depuis un demi-siècle derésister et de recourir à l’extrémisme,reviendrait à un encouragement auterrorisme (…)

(Mais) quand j’étais rapporteurspécial pour la Palestine Occupéepour la période 2008-2014, vous avezchoisi de m’attaquer personnellement

Page 8: «Une cause jamais perdue», Courrier du C.V.P.R. · Courrier du CVPR, n°60 - p. 3 L ’historien israélien Shlomo Sand a souligné le rôle du traitement barba-re infligé aux

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en public à plusieurs occasions,rejoignant ainsi des diplomatesaméricains et israéliens appelant à madémission et faisant le maximumpour saper ma crédibilité (…). Monmandat de l’ONU était de rapportersur la réalité des violations israéli-ennes du droit international en main-tenant leur régime d’apartheid et decontrôle oppressif sur le peuplepalestinien.

L’officiel de l’ONU (contacté parmoi pour protester) ajouta commeexplication que «  nous étions en cetemps sous une forte pression duCongrès US, et ceci était une occa-sion de montrer que nous n’étions pasanti-Israélien s » (…)

Avez-vous oublié que chaqueétape assumée par l’Autorité pales-

tinienne et le Hamas pour établir l’u-nité a été contrée par une action puni-tive de la part d’Israël, réponseendossée par les USA? (…)

Nous devons tous réaliser ce quine doit plus être toléré : alors que ledrapeau palestinien flotte au siège del’ONU, le peuple palestinien a vécuprès de 70 ans sous les brutalités quo-tidiennes de l’occupation, les campsde réfugiés, la prison de Gaza, etl’exil forcé ».Source : http://www.middleeasteye.net/columns/open-letter-ban-ki-moon-264475500#sthash.fYt8tvLX.dpufExtraits et traduction par B. Cornut(1) Richard Falk, ancien rapporteur spécialdes Nations-Unies pour les droits de l’hommedans les territoires palestiniens occupés depuis1967 ; Professeur de droit international

er sa pérennité dans un véritable con-sensus régional ?

Sans attendre une telle éventualité,il nous semble que :

La reconnaissance immédiate del’Etat palestinien s’impose à laFrance, pionnière depuis le généralde Gaulle d’une solution de droitentre Israël et la Palestine. Cettereconnaissance devrait si possibleêtre concertée avec la Grande-Bretagne et les pays méditerranéensde l’Union européenne (Espagne,Italie, Grèce) ;

- Le traité d’association entre Israëlet l’Union européenne devrait êtresuspendu tant que la colonisation sepoursuivra et que les droits humainsdes Palestiniens ne seront pas respec-tés ;

La coopération économique et sci-entifique privilégiée dont bénéficieIsraël devrait également être mise enveilleuse, selon de nouvelles lignesdirectrices adoptées par l’Assembléeeuropéenne ;

Il faut oser cette rigueur pourdétourner Israël d’une politique d’a-partheid où il perdra son âme. Il fautle convaincre que sa sécurité ne peutêtre assurée sans la satisfaction desdroits des Palestiniens, musulmanscomme chrétiens.

Si rien ne se passe, le glas sonnerapour les Palestiniens, dont l’accès àla liberté et à la dignité sera fermé ;pour Israël, dont la sécurité nereposera plus que sur l’usage de laforce ; pour le monde occidental quitournerait le dos aux valeurs dont ilse réclame.

L’indifférence qui gagne nossociétés vis-à-vis d’un conflit inter-minable ne doit pas faire oublier lasignification essentielle qu’il revêt entermes de civilisation. Ce conflit nes’éteindra ni par la force, ni par lesilence. Il est de la responsabilité dechacun de contribuer à sa solution.

Les ambassadeurs signataires de cettetribune sont Yves Aubin de LaMessuzière, Denis Bauchard, BertrandDufourcq, Christian Graeff, Pierre Hunt,Patrick Leclercq, Jean-Marc de LaSablière, Jean-Louis Lucet, GabrielRobin, André Ross, Jacques-Alain deSédouy et Alfred Siefer-Gaillardin

En savoir plus surht tp: / /www.lemonde.fr / idees/art i -cle/2016/02/03/paris-et-bruxelles-doivent-agir-pour-sauver-l-Etat-palestinien

Des ambassadeurs français réclamentdes sanctions contre Israël

dans Le Monde.fr |

Dans une tribune publiée le 2 mars par le journal Le Mondesous le titre «  Paris et

Bruxelles doivent agir pour

sauver l’Etat palestinien », unedouzaine d’anciens ambas-sadeurs de la France appellent àl’adoption de sanctions contreIsraël, tant que cet Etat nerespectera pas les droits

La question palestinienne demeureentière, alors même qu’elle

constitue un objet grave de dissenti-ment avec le monde arabo-musulmanet qu’elle est, en toutes circonstances,utilisée contre l’Occident par lesextrémismes religieux.

Face à cette situation, que faisons-nous ? Les États-Unis, seul intermé-diaire accepté par Israël, ont renoncéà toute action significative, poursauver l’accord nucléaire avec l’Iran.Il est à craindre que le prochain prési-dent, qu’il soit démocrate ou républi-cain, soit encore plus inféodé, par lejeu d’intérêts électoraux, aux posi-tions israéliennes. L’Europe, dont lerôle est rejeté par Israël, est inhibéepar l’ombre de la Shoah et la puis-sance de lobbies qui défendent les

options les plus extrêmes de la droiteisraélienne.

Cependant, les principes qui gou-vernent nos institutions nationales etinternationales et la force du droit fontleur chemin, soutenus par le sentimentd’une injustice de plus en plus répan-du dans l’opinion publique. LeParlement français, après d’autres, ademandé que le gouvernementfrançais reconnaisse l’Etat palestinien.L’Union européenne s’est résolue àexiger l’étiquetage des produits descolonies israéliennes. Le ministrefrançais des Affaires étrangères pré-pare une résolution pour le Conseil deSécurité en vue d’établir les basesd’une reprise des négociations souscontrôle international. En cas d’échec,la France reconnaîtrait l’Etat pales-tinien. Faut-il attendre jusque-là ?Rien n’assure en effet que cette réso-lution puisse aboutir. Rejetée a prioripar Israël, elle aura peu de con-séquences sur le terrain mais ouvriraune nouvelle étape irrécusable sur lavoie du futur Etat palestinien.

Ne pourrait-on par ailleurs imagin-er que la coalition internationale con-tre Daech fasse un effort équivalent àcelui qu’elle fait sur le plan militairedans la recherche d’une paix qui per-mettrait au peuple palestinien de jouirenfin de ses droits et à Israël d’assur-

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Au large du Levant, du gaz futdécouvert dès 1999 face à Gaza, àfaible profondeur. Mais les désac-cords entre l’Autorité Palestinienneet le Hamas, et surtout les guerresdes gouvernements Likoud surGaza ont empêché l’exploitation deces zones Marine 1 et 2.

En 2008-2009 Qatar proposait à laSyrie la réalisation d’un gazoducQatar Méditerranée, pour approvi-sionner la Turquie, et ainsi faireconcurrence au gaz russe et d’Iran.Qatar le financerait puis paierait desdroits de transit à la Syrie. Israël pou-vait alors espérer que ce gazoducaurait, à terme incertain, un branche-ment sud, pouvant compléter etconcurrencer le gaz égyptien en Israël.

Dans la zone économique exclusi-ve revendiquée par Israël, un consor-tium autour de l’américain NobleEnergy et du groupe israélien Delekdécouvrit en octobre 2009 le gisementTamar estimé à 250 Gm3. Un anaprès, un autre, estimé entre 450 et620 Gm3, nommé Léviathan, à 130km au large de Haïfa : le 1er forage à5170 m de profondeur coûta 92 M$ etle 2ème visa 7200 m mais échoua ! Acet automne 2010 le baril remontafort et puis resta autour de 105 $ jus-qu’à mi 2014. En 2012, pour Israël,l’exploitation de Tamar devint urgen-te, car l’Egypte déstabilisée par les

révolutions, le départ deMoubarak et l’électionde Morsi, perdait peu àpeu le contrôle sécuri-taire du Sinaï où desattentats perturbèrent legazoduc convoyant legaz égyptien vers Israël.

Ces découvertes ontravivé les multipleslitiges sur la délimita-tion des zones écono-miques exclusives. Niles USA ni Israël n’ontratifié la Conventiondes Nations Unies sur le

Droit de la Mer de 1982, l’Etat dePalestine si, le 2 janvier 2015  ! LeLiban objecta, Israël le menaça de laforce. Autour de Chypre encore divi-sée, Delek explora aussi, avec NobleEnergy dans le bloc 12, avec d’autresailleurs. La Turquie protesta et lançases propres explorations en zonecontestée.

Mais pour exploiter le gaz en merà ces grandes profondeurs, les lourdsinvestissements requièrent d’êtreconfortés d’avance par des contratsde vente à long terme, fermes. NobleEnergy négocia tous azimuts, enJordanie, Egypte, Turquie et Israël.En septembre 2014 un protocoled’intention fut signé pour 45 Gm3 deLéviathan sur 15 ans avec la compa-gnie jordanienne d’électricitéJEPCO, mais à mi-novembre il futvivement contesté par divers milieuxjordaniens. Depuis l’été 2014 le prixdu baril avait amorcé sa retombée.Les clauses d’indexation des prix dugaz sur le baril, rarement publiées,complexifient la contractualisationdu gaz à long terme.

En octobre 2014, le consortiumexploitant Tamar annonça un proto-cole d’intention avec une sociétéégyptienne qui fournirait le gaz à desindustriels privés, alors que l’arméede Sissi assure avoir sécurisé le gazo-duc du Sinaï. Le prix est indexé, au-dessus d’un minimum, ce qui limite

les risques pour le consortium deTamar. Hormis le volume(2,5 Gm3/an) et la durée (7 ans), peuest dévoilé. A leur tour Total et ENI(Italie) explorent et trouvent du gazpeu profond, abondant, près del’Egypte.

A l’automne 2015 Netanyahoucourtisa Gazprom et Poutine, qui arepris l’initiative militaire et diploma-tique en Syrie. En décembre leconsortium Noble Energy-Delekobtint la concession d’exploitation deLéviathan. Edeltech, producteur privéd’électricité israélien, signa le 31 jan-vier 2016 pour 6 Gm3 en 18 ans, pourses 2 centrales de 140 et 77 MWerécemment construites. Mais desONG, l’opinion et puis la CourSuprême israélienne contestent cemonopole de fait concédé à NobleEnergy et Delek. Le gouvernementisraélien tenta de faire revenir ungazier australien. Le baril stagnedésormais à 30 $. Noble et Delek ontperdu 2/3 de leur valeur. La bullefinancière du gaz profond en mer sedégonfle. Israël et l’Egypte sont encontentieux à la Chambre Internatio-nale de Commerce.

La COP21 passée, Fabius est rem-placé. En France, on entend désormaisqu’après que la Syrie a refusé en 2010le gazoduc qatari, lui préférant ouver-tement un gazoduc avec Iran et Iraq, laCIA et le Qatar, l’Arabie et la Turquie,et aussi hélas la France de Juppé etFabius, ont entrepris de soutenir desoppositions syriennes et d’armer desgroupes rebelles, cherchant tous à ren-verser le régime syrien, surtout pourtrouver un moyen de faire transiter gazet pétrole entre Golfe et Méditerranée,pour desservir la Turquie et l’Europe,et ainsi réduire les parts de la Russie etde l’Iran. Une fois de plus, pétrole etgaz sont à la racine de guerres et devolontés de changement de régime auMoyen-Orient.

(1) Bernard Cornut, expert efficacitéénergétique, environnement et Moyen-Orient

Courrier du CVPR, n°60 - p. 9

Proche-Orient

L’imbroglio du gaz en mer du Levant, des clients aussi incertains que le prix du baril

Par Bernard Cornut (1)

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Père Rodrigo Miranda, 40 ans, estmissionnaire de l’Institut du Verbeincarné. Il a passé les quatre dernièresannées de sa vie en Syrie, dans l’enferd’Alep. Prêtre de la cathédrale del’Enfant Jésus, ceci depuis 2011, il aassisté ses paroissiens dans une villeassiégée depuis trois ans, prise entreviolences, meurtres et enlèvements.

Il est de retour à Rome depuisquelques mois. C’est là que nousl’avons rencontré pour recueillir sontémoignage. Le témoignage de ceuxqui ont vécu au cœur de cette batailled’Alep, qui a commencé l’été 2012. Aelle seule, elle résume la tragédie de lapopulation syrienne. Celle d’un peuple,qui vivait dans la ville la plus riche et laplus peuplée de la Syrie, et qui seretrouve d’un coup au centre d’unaffrontement violent entre « rebelles » etl’armée d’Assad. Un drame qui a coûtéla vie à des milliers de civils.

Un conflit artificiel« Avec sa mosaïque de cultures et

de religions, Alep a toujours été uneville modèle, un exemple de coexis-

Courrier du CVPR, n°60 - p. 10

tence entre chrétiens et musulmans »dit Père Rodrigo. «La guerre a surgitsoudainement, dirigée contre despersonnes qui ne s’attendaient pas àune telle violence, surtout pour unconflit totalement artificiel ».

Cette affirmation nous intrigue.Rodrigo Miranda s’en explique :

«  Le peuple syrien n’a jamaisdemandé un changement, ni politique,ni culturel. Jamais. Pour lui, c’étaitbien, tel que c’était. Je ne veux pas pourautant canoniser Assad,  » poursuit-il.« Mais je tiens à dire que ce conflit a étéle résultat d’un processus extrêmementrapide et violent.  Parmi les combat-tants, seulement 2% sont des Syriens,en réalité. La majorité sont des étran-gers, de 83 nationalités différentes. »

Les persécutions contre leschrétiens

Avant la guerre, les chrétiens d’Alepétaient environ trois cents mille. Quatremille fréquentaient la paroisse du PèreRodrigo, ils ne sont plus aujour-d’hui… que vingt-cinq ! Les autres se

Le père chilien rodrigo Miranda témoigne de ce qu’il a vu aumilieu de ses paroissiens. A notre surprise son témoignage a étépublié par la  Repubblica, un journal italien qui, de manièregénérale, a désinformé ses lecteurs sur la situation en Syrie,tout autant que la presse francophone.

Un prêtre raconte la « bataille »de la ville martyre d’Alep commencée en 2012

sont se sont enfuis ou bien « ils ont ététués; les morts sont  en majorité desfemmes et des jeunes. Beaucoup ontété enlevés», raconte le prêtre.

En effet les chrétiens, plus qued’autres en Syrie, ont été pris pourcibles par les groupes islamiques radi-caux. « Ceci parce que les chrétiensont une grande influence dans de nom-breux domaines de la société. Maiségalement car ils savent dialoguer,s’ouvrir à l’autre et le respecter.Quand nous entendons que l’EIILavance dans le nord de l’Irak ou laSyrie, c’est justement parce que ceszones sont peuplées par les chrétiens.Or la réponse d’un chrétien est trèsdifférente de celle d’autres groupes depopulations. »

Sur le front humanitaire, la situa-tion ne se améliore pas: «  Hier, j’aiparlé avec mes paroissiens : ils n’ontpas d’eau, ni de lumière, ni d’électri-cité depuis douze jours. Les NationsUnies ont promis d’envoyer de l’aide,promesses restées lettre mortes »

Un degré de violence inouïe

A quelques mètres de la paroisse duPère Rodrigo, c’était l’Universitéd’Alep. Le 15 janvier 2013 elle fut lacible d’une violente attaque. Des cen-taines de jeunes étudiants ont été tués.«  Il était midi, heure de pointe, quandsont tombés trois missiles. L’universitéétait bondée, la rue pleine de monde»raconte le prêtre. « Quand le premiermissile est tombé, j’ai commencé paraider les gens qui étaient là. Puis, alorsque je courais à l’université pour portersecours aux autres, j’ai vu le deuxièmemissile arriver. J’ai cherché refugeentre un mur et quelques voitures. J’aientendu un bruit, un étrange silence,puis ce fut le désastre. Un massacre ».

« Au début,  » poursuit-il, «  il  a étérapporté que les missiles provenaient del’armée d’Assad. Mais notre quartier estcontrôlé par l’armée; cela aurait étécomme si l’armée avait tiré sur sespropres troupes. Ensuite on aprétendu que l’armée avait frappé parerreur. Mais si tu te trompes une fois, tute trompes une fois… mais pas trois.L’autre hypothèses  voulait  que les« rebelles » [groupes armés extrémistes]tiraient pour frapper l’armée quicontrôlait notre quartier. » (...)

Alessandra Benignetti et roberto DiMatteo | 17 Février, 2015Article original:  http://www.repubblica.it/solidarieta/volontariato/2015/02/17/news/aleppo-107564261/Traduit par Elisabeth Brindesi pour Arrêt sur InfoSource:  http://arretsurinfo.ch/syrie-un-pretre-raconte-la-bataille-de-la-ville-martyre-dalep-commencee-en-2012/

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Richard Labévière lors de sa conférence à l’issue de l’Assemblée générale

Comité de Vigilance pour une PaixRéelle au Proche-Orient

(CVPR PO)Assemblée générale ordinaire

Paris 12 février 2016

Courrier du CVPR, n°60 - p. 11

Assemblée générale du CVPR PO du 12 février 2016

tions politiques arabes palestiniennes -devenues la 3ème force politique du pays -,ont porté au pouvoir une coalition gou-vernementale conduisant une politique decolonisation encore plus agressive de laPalestine occupée.

L’aggravation tragique de la situationen Irak et plus encore en Syrie, les atten-tats terroristes de Daech ont pour effet dedétourner l’attention de la « Communautéinternationale » et des opinions publiquesoccidentales de la question palestinienne,ce qui contribue à renforcer le sentimentd’impunité de l’Etat israélien. Jamaisencore, en Cisjordanie, à Jérusalem et enIsraël même, la répression de toutesformes de résistance des Palestiniens parles forces d’occupation n’a été aussi violente, jamais les exactions des colonsterroristes n’ont été aussi graves, jamaisautant d’enfants palestiniens n’ont étéemprisonnés, torturés, assassinés.

Dans le même temps, la campagneinternationale BDS s’amplifie partoutdans le monde, y compris dans notrepays, dans les domaines académique etartistique aussi bien qu’économique.

L’image d’Israël se dégrade au point derejoindre celle de la Corée du Nord. Sonisolement diplomatique s’accentue aprèsl’aboutissement de l’accord sur lenucléaire iranien. Le gouvernement israé-lien commence à s’inquiéter de cette évo-lution.

C’est le moment où le gouvernementfrançais s’affirme de plus en plus commel’un des derniers soutiens inconditionnelsde la politique colonialiste d’Israël. Ilsoutient désormais ouvertement la tenta-tive des dirigeants israéliens de discrédi-ter le mouvement BDS. Le PremierMinistre Manuel Valls en personne prendla tête d’une campagne de stigmatisationinjurieuse de BDS et va jusqu’à assimilertoute dénonciation de la politique crimi-nelle d’Israël à une manifestation mas-quée d’antisémitisme. La criminalisationjudiciaire de l’appel au Boycott - une tris-te « exception française » initiée par lacirculaire Alliot-Marie - est renforcée pardeux arrêts de la Cour de Cassation endate du 20 octobre 2015, qui reprend àson compte dans leurs attendus la mêmescandaleuse assimilation. Le ministre del’Intérieur Bernard Cazeneuve invoqueces mêmes arrêts de la Cour de Cassationpour menacer d’arrestation toute person-ne manifestant sur la voie publique pourappeler au Boycott d’Israël. Le CRIFdemande aux Maires de France de fairevoter par leurs conseils municipaux desmotions condamnant le Boycott d’Israël,et la Maire de Paris inaugure cette nou-velle croisade. Maurice Buttin a lu unelettre ouverte personnelle qu’il a adresséeà Anne Hidalgo pour protester contre uneinitiative qui a déjà provoqué la réactionde trois Maires Palestiniens amis de laFrance.

Désormais, la lutte pour l’applicationdu Droit international par l’Etat d’Israël,la défense des militants BDS illégalementpoursuivis et la lutte pour le respect de laliberté d’expression des citoyens seconfondent en une seule et même lutte.

Face à cette évolution inquiétante de lapolitique de notre pays qui compromaitgravement à terme ses intérêts écono-miques, politiques et moraux dans cetterégion du monde, le CVPR PO ne doitpas céder à un sentiment d’impuissance.En dépit des difficultés que notre associa-tion rencontre, tant sur le plan financierque pour son fonctionnement, il doitpoursuivre plus que jamais la missiond’information qu’il s’est donnée : dénon-

La séance est ouverte par leprésident Maurice BUTTIN à18 heures 15.

Il constate que le quorum est atteint etque l’assemblée peut valablement déli-

bérer : 31 adhérents à jour de leur cotisa-tion pour l’année 2015 sont présents et 76 autres ont fait parvenir un « Pouvoir ».Il note également avec satisfaction que 47 membres du CVPR PO ont répondu àla consultation organisée par le Conseild’administration sollicitant leur avis surl’avenir du CVPR PO et les modalitésd’action à retenir en priorité : l’examende ces réponses argumentées permettra àl’assemblée générale de définir pour l’an-née qui vient les orientations de travail duConseil d’administration.

1 - rapport moraldu Président

L’année 2015 n’a pas été une bonneannée pour la cause du peuple palestinien.

Les élections à la Knesset, malgré lestrès bons résultats du front uni des forma-

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cer les impostures, détromper, faire pré-valoir la vérité. Le président espère pou-voir compter sur le soutien et sur une par-ticipation plus active que jamais desadhérents et amis du CVPR PO.

Le président passe ensuite la paroleà la Secrétaire générale Hasna ABIDqui présente le rapport d’activité duCVPr PO au cours de l’année 2015.

2 - rapport d’activitéde la Secrétaire générale.

Depuis la dernière AG du CVPR PO,le 12 février 2015, notre association n’acessé de poursuivre son travail d’infor-mation et d’engagement.

1°/ Nos publications :Continuité de la sortie trimestrielle du

Courrier du CVPR pour nos adhérents etles élus parlementaires de l’Assembléenationale et du Sénat.

N° 56 : l’édito du président : « Le tropisme de la peur… et après ? »Hommage à Leila Shahid partie enretraite.

N° 57 : « Plus à droite que moi, jemeurs ! ». Dossier : « Campagne BDS3ème Intifada »

N° 58 : « Israël en échec : l’accordnucléaire iranien ». Dossier : rapport del’AUDIRP sur les Universités palesti-niennes sous l’occupation.

N° 59 : « Terrorisme et résistance ».Dossier : Attentats du 13 novembre 2015.

Il est, une fois de plus, demandé à tousles lecteurs d’adresser leurs remarques,critiques ou contributions pour aider à labonne marche du journal.

Malheureusement nous avons troppeu de réponses (article ou lettre)comme sollicité...

Publication en octobre, en 400 exem-plaires, des ACTES du colloque du 11 avril 2015 au thème : « L’économie dela Palestine : asphyxiée et pourtantvivante ».

2°/ Nos activités, dans l’ordrechronologique :

Le CVPR PO a organisé, le 12 février,à la Maison Fraternelle, à l’occasion deson A.G., une conférence débat avec lejournaliste écrivain Antoine SFEIr surle thème : « Le Proche et Moyen Orientdans la tourmente ». De larges extraitsont été publiés dans le N°56 du Courrierdu CVPR.

Le CVPR PO a organisé, le 7 mars, à

la Maison Fraternelle, un séminaire, avecson parrain, Géraud de La Pradelle, surle thème : « Le droit international et lesviolences dans les conflits du Proche etMoyen Orient ».

Le CVPR PO a organisé, le 11 avril2015, son colloque - reporté du 17 janvieren raison des attentats criminels de jan-vier - sur le thème : « L’économie de laPalestine : asphyxiée et pourtant vivan-te ».

Le CVPR PO a participé, le 8 mars, àla « Journée mondiale de la femme » etsoutenu le combat des femmesPalestiniennes pour la libération de laPalestine.

Le CVPR PO a organisé le 21 mai, à laMaison Fraternelle, une conférence débatavec Bernard Cornut, sur le thème : « Le pétrole, déjà aux origines de la guer-re européenne de 1914 ? »

Le CVPR PO a organisé le 25 juin, àla Maison Fraternelle, une conférencedébat avec le journaliste Alain Gresh,sur le thème : « Le Proche-Orient en crisede l’Irak à la Palestine ».

Le CVPR PO a organisé une équipe :Maurice Buttin, Henri Folliet, PierreLafrance, Bernard Cornut, FrancisBlanchet et Jean rabinovici chargéed’organiser son colloque annuel. Il auraitdû se tenir le 21 novembre 2015, auPalais du Luxembourg, sur le thème « LesPalestiniens en Israël ». Il a été reportéau 23 janvier 2016 en raison de l’applica-tion du plan Vigie Pirate après les crimi-nels nouveaux attentats de Paris le 13 novembre 20015.

Le CVPR PO a été représenté par saSecrétaire générale, Hasna Abid, à toutesles réunions :

De la Plateforme des ONG pour laPalestine, regroupant 40 associations.

Du Collectif national pour une paixjuste et durable au Proche-Orient.

La S.G. a représenté le CVPR PO àdifférentes manifestations pour laPalestine.

3° / Nos soutiens

Le CVPR PO a soutenu la CampagneInternationale de libération de tous lesprisonniers politiques, en particulierMarwan Barghouti, et dénoncé les condi-tions de détention des mineurs, en Israël,1266 ayant été arrêtés en 2014.

Le CVPR PO a lancé un appel de soli-darité pour aider le Centre de la Paix deGaza, animé par l’ami Ziad Medoukh, àorganiser le soutien psychologique desenfants marqués par la terrible guerre de

Gaza au cours de l’été 2014. Une sommede 12 500 euros a ainsi pu être adresséeau Centre.

Le CVPR PO a soutenu la 3èmeFlottille de la liberté pour briser le blocusmaritime de Gaza.

Le CVPR PO a dénoncé le nettoyageethnique de Jérusalem et des Bédouins duNéguev.

4°/ Les actions du président :

Toujours sur le thème : « Points derepère pour comprendre le conflit israé-lo-palestinien, » il a fait des conférencesà Lyon le 5 février ; à Marseille, le 18avril ; à Annecy le 2 septembre ; àChambéry, le 7 octobre.

Il a publié le 24 août, une tribune,signée également de Mme Olivia Elias etM. Gérard Toulouse, dans Mediapart : «Israël-Palestine : le grand écart de laFrance », tribune reprise dans le N° 58 duCourrier du CVPR .

Il a reçu le 7 octobre, une lettre deS.E.M. Hael Al Fahoum annonçant lafin de sa Mission en France, et le remer-ciant pour le soutien et l’engagement duCVPR PO envers son pays, la Palestine.Il lui a fait part, par lettre du 27 octobre,de son regret de le voir quitter cetteambassade, où il a tant fait pendant cinqannées pour essayer de faire « bougerles lignes » de la diplomatie de laFrance.

Il a représenté le CVPR PO, le 21novembre, aux « Huit heures pour laPalestine » à Evry.

Il a été reçu le 7 décembre, par le nou-vel ambassadeur de Palestine, S.E. M.Salman El Herfi.

Il a écrit les 21 janvier et 17 décembre,au ministre des Affaires étrangères, M.Laurent Fabius ; le 8 février à M.Emmanuel Bonne, conseiller duPrésident de la République.

5°/ Le Conseil d’Administration ;

S’est régulièrement réuni les 5 janvier,7 mars, 1er juin et 12 octobre 2015.

Aucune question n’étant posée leprésident met aux voix le rapport d’ac-tivité qui est approuvé à l’unanimité.

Il doit ensuite donner la parole autrésorier, Henri MArCHAL.

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3 - rapport du Trésoriersur l’exercice 2015

Le rapport financier analyse la situa-tion financière du CVPR par l’examendes recettes et des dépenses pour l’annéeécoulée. Pour 2015, elle se présente de lamanière suivante :

Les rECETTES, sous 4 rubriques,totalisent 26.330,00 euros, qu’il fautopposer aux DEPENSES de l’exercice,soit 30.012,59 euros. Toutes les deux, enaugmentation par rapport à 2014, offrentpar différence un déficit affiché de3.682,59 euros. Ceci s’explique en partiepar le reversement des dons reçus parsolidarité au profit des enfants de Gaza,soit, en 2014, 6.475 euros qui se sontajoutés aux 6.025 euros en dépenses2015. Quelles observations peut-on tirerde ces chiffres ?

- Pour les RECETTES après déduc-tion de la collecte pour Gaza en 2015(6.025), le total est en augmentation dansson montant (20.305), après intégrationdes recettes liées aux colloques, puisquepour l’exercice précédent elles ne globa-lisaient que 12.384,90 euros.

- Le montant des cotisations et donsdes adhérents s’élève à 11.555 euros,équivalant aux 11.240 de l’année précé-dente, alors que la cotisation a été portéeà 50 et 80 euros ! Cela signifie une dimi-nution du nombre des cotisants et cacheune perte en termes d’affranchissementpuisque le Courrier du CVPR est adresséà un nombre supérieur de destinataires.

- Les recettes de colloques (entrées,dons, repas) se montent à 6.622 euros.

- Pour les manifestations qui restentnon entièrement autofinancées pour lesconférences débats, la participation dupublic s’élève à 162 euros. Le produit dela vente des Actes antérieurs est de 666euros. La collecte pour les Enfants deGaza (6.025 euros) a été enregistrée souscette rubrique « Manifestations » qui semonte ainsi au total de 6.853 euros.

- Cet apport exceptionnel de 6.475 etde 6.025 euros collectés respectivementen 2014 et en 2015, est (je le rappelle)destiné à un Centre de la Paix à Gaza.Cette institution (animée par un profes-seur de français) s'occupe d'enfants trau-matisés par le dernier conflit à Gaza. Ilslui ont reversés cette année pour leurmontant cumulé. Dans cette opération desolidarité, notre l’association s’est limitéeau rôle de relais pour les sommes reçues.

- Les recettes se sont accrues enfin de1.300 euros qui correspondent à des donsdivers.

* Pour les DEPENSES, disposéessous 4 rubriques, nous constatons à nou-veau une augmentation de leur montantnet par rapport à 2014, soit + 2.771,32euros.

- Les frais de fonctionnement(6.207,64 euros) ont beaucoup augmentédepuis 2 ans. Les fournitures de bureaurestent cependant à un niveau relative-ment faible ; en apparence, car ellescachent beaucoup de bénévolat.Signalons sous cette rubrique l’importan-ce des frais postaux (4.108,87 euros), liéeau coût d’envoi du Courrier du CVPRtrimestriel, des Actes et des diversesconvocations ou invitations.

Les frais de timbres qui croissentchaque année expliquent une augmenta-tion de près de 10%. Hors colloque, leslocations de salles sont peu coûteuses(339 euros).

- L’impression du Courrier du CVPRet des Actes de colloques correspond àune dépense de 6.872,15 euros, à peu prèséquivalente à celle des frais de fonction-nement. Elle est en augmentation, malgréla réduction de coût liée à de meilleuresconditions d’impression. Cette activité,essentielle pour notre association, justifiesa raison d’être. Le Courrier du CVPRest ainsi diffusé à plus de 400 exem-plaires, étant envoyé, outre les adhérents,à 80 personnalités, par voie postale, etpour une centaine d’autres à l’étrangerpar courriel. Rappelons que le port desbulletins destinés au Sénat et àl’Assemblée Nationale est assuré bénévo-lement.

- Les frais pour le colloque annuel(salle du Sénat, séjours et déplacementsdes intervenants) sont élevés (4.282,80euros). Ils portent les effets aggravants dureport du colloque 2014 à janvier 2015,suite au plan vigie-pirate. Pour le col-loque prévu en 2015, qui a été égalementreporté et s’est tenu en janvier 2016, ladépense enregistrée semble se limiter à884,80 euros. Mais, à cela, il faudra ajou-ter et régler les frais engagés non encorepayés, à propos des intervenants, de lasalle et des repas (soit environ 3.500euros supplémentaires). Soulignonsqu’une forte dépense (1000 euros) résultedésormais de la nécessité de prendre encharge la location de la salle de conféren-ce prêtée par le Sénat.

- Les cotisations versées à des tiers selimitent à la somme de 150 euros (endehors du versement pour Gaza).

En CONCLUSION, les disponibilitésactuelles sont faibles et en baisse constan-

te : environ 4 000 euros (en état réel, fin2015, après déduction du reste des fraisengagés pour le colloque) contre4.787,78 euros (en état réel, fin 2014).Les ressources s’épuisent. Les frais defonctionnement ne cessent d’augmenteravec des affranchissements postaux deplus en plus coûteux et un taux de TVAporté à 20%. Et, pourtant, ils pourraientêtre plus élevés, car, grâce à la disponibi-lité du président, il faut reconnaîtrequ’aucune charge n’est imputée tant à lafourniture d’un local qu’aux travaux desecrétariat.

Il faudrait peut-être s’interroger,comme cela a été proposé aux adhérents,sur les priorités que l’action du CVPRdoit couvrir et assure son efficacité. Onpeut se demander si les conférencesdébats, qui ne semblent pas susciter unintérêt majeur tout en nécessitant del’énergie, méritent d’être maintenues.Faut-il continuer à assumer, sans contre-partie, le coût des envois du Courrier auxadhérents qui ne paient plus leur cotisa-tion ?

Il est certain que pour durer le CVPRdoit adapter son action à des capacités quine sont pas illimitées. Certes, la causepalestinienne mobilise encore puisquedes dons ont, par exemple, été faits l’anpassé pour les enfants de Gaza par desamis que nous remercions vivement.Mais, ce n’est pas suffisant. Il faut quechacun s’active pour rassembler desbonnes volontés et des dons permettantau CVPR de poursuivre une action qui estreçue très favorablement dans l’opinion.

En terminant, saluons encore l’énormetravail réalisé et au courage de tous ceuxqui animent le CVPR PO et en particulierà son président qui se dépense sans comp-ter pour le faire vivre.

Le président annonce à l’Assembléegénérale que le CVPr PO vient derecevoir un don exceptionnel de 5.000euros qui facilitera le maintien duniveau d’activité de notre associationpour l’année 2016., et en remercie legénéreux donateur. Mais, malgré cerépit, il précise que nous devons resterpleinement lucides sur la gravité denotre situation financière, telle quevient de l’analyser le trésorier.

Il rappelle que les cotisations desadhérents sont la ressource financièreprincipale d’une association comme lanôtre et souhaite que chacun et chacu-ne s’acquittent dès que possible de sacotisation pour 2016.

En réponse à une question il précise

Courrier du CVPR, n°60 - p. 13

Assemblée générale du CVPR PO du 12 février

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Durant l’Assemblée générale et pendant la conférence de Richard Labévière

enveloppes. Il peut s’agir aussi de coopé-rer avec l’équipe en charge de la publi-cation du Courrier du CVPR ou aveccelle qui organise les colloques et enpublie les Actes.

5 - La consultationdes Adhérents

Le président rappelle les questionsposées :

Le CVPR PO doit-il continuer ?Quel ordre de priorité doit-il établir

entre ses différentes activités ?Quelles améliorations peut-il apporter

à son fonctionnement et à sa gestion ?Il a reçu au total 47 réponses, aux-

quelles une large place sera réservée dansla page « Courrier des lecteurs » duCourrier du CVPR N° 60 à paraître finmars 2016.

De ces réponses, il convient de retenir: - une confirmation : ces réponses

rejoignent les conclusions auxquelles leConseil d’administration était parvenulors de sa réunion du 11 janvier 2016, àsavoir :

- le CVPR PO doit poursuivre sonaction spécifique d’information critique.

- si des choix sont absolument néces-saires la priorité doit être accordée à lapublication trimestrielle du Courrier duCVPR PO en version papier.

- Une interrogation : que faire si leCVPr PO est contraint à cesser sesactivités ?

La question est certes écartée pour2016 grâce au don reçu de 5.000 euros.Mais elle peut se reposer en 2017 ou2018, si les ressources financières sontépuisées et si l’effectif du conseil d’ad-ministration diminue encore. Uneadhérente a suggéré que le CVPR POdevrait, non pas se dissoudre, maisfusionner avec une association amie.Cette solution pourrait être envisagéemais ne serait pas nécessairementsimple.

- Une recommandation : le CVPrPO doit pratiquer davantage le partena-riat avec les organisations amies, notam-ment la co-organisation des conférences/débats, voire d’un colloque, lorsque uneoccasion favorable se présente.

Ce pourrait être une bonne solutionpour que le CVPr PO dispose d’unsite : l’AUrDIP propose de l’hébergersur son propre site, ce qui pourrait êtreréalisé très rapidement.

Cette proposition est acceptée et leprésident remercie chaleureusement IvarEKELAND le président de l’AUrDIP.

6 -Le programme d’actiondu CVPr PO pour 2016

L’Assemblée générale approuve lesprojets annoncés pour le premiersemestre :

- La publication des Actes duColloque du 23 janvier sur « LesPalestiniens en Israël », en cours de pré-paration, est prévue pour avril 2016.

- Le Courrier du CVPR N° 60, enpréparation, paraîtra fin mars ; le N° 61paraîtra fin juin.

- Trois conférences débats sont actuel-lement programmées :

- Le mercredi 30 mars, de 19.30 à 21.30au « Foyer International des Etudiantes »sur le sujet « Mourir jeune en Palestine »,par l’historien israélien Shlomo SAND endébat avec Sandrine MANSOUR.

- Le 7 avril, de 17 heures à 20 heures àla « Maison Fraternelle », conférencedébat avec Philippe TANCELIN et OliviaELIAS : « Gaza, l’art pour résister à lacatastrophe ».

- Le 7 juin, une conférence avecIsabelle Avran.

- En vue du colloque qui aura lieu auPalais du Luxembourg, en principe enoctobre 2016, le Groupe de travail seréunira prochainement.

L’AG du CVPr PO séance est levéeà 20 heures. Elle est suivie par uneconférence de richard LABEVIErE

que si certains adhérents peuvent ajou-ter un don au montant de la cotisation ordinaire fixé par l’Assemblée généra-le de 2015, un tarif réduit - 15 € - est prévu pour les étudiants, les deman-deurs d’emploi ou toute personne qui se trouve en difficulté.

Le président met aux voix ce rap-port qui est approuvé à l’unanimité.

4 - Election du Conseild’administration

Le président rappelle que conformé-ment aux statuts du CVPR PO le Conseil d’administration peut compter jusqu’à 21 membres. Il en comporte actuellement seulement 16.

Cinq d’entre eux ont décidé de ne pas solliciter le renouvellement de leur man-dat : Suzanne et Henri Folliet, en raison de leur âge, ne souhaitent plus exercer de responsabilités statutaires tout en restant des adhérents actifs du CVPR PO ; Pierre Coulhon pour raison de santé ; Eliane Benaroch et Pauline Grégoire-Marchand en raison de leur obligations profession-nelles et/ou militantes.

Par ailleurs aucune candidature nou-velle ne s’étant manifestée en réponse à l’appel joint à la convocation à l’assem-blée générale, celle-ci vote à l’unanimité le renouvellement du mandat des dix administrateurs dont les noms suivent : Hasna ABID, Dominique BALLErEAU, Francis BLANCHET, Maurice BUTTIN, Bernard COrNUT, raymond DU MOU-LIN, Ivar EKELAND, May KArMI, Pierre LAFrANCE, Henri MArCHAL, Jean rABINOVICI.

Le président exprime ses regrets et sa reconnaissance à celles et ceux qui se retirent du conseil d’administration, mais souligne que le rétrécissement progressif de l’équipe sur laquelle repose la respon-sabilité de l’association représente pour l’avenir du CVPR PO une menace, plus sérieuse encore que l’érosion de ses res-sources financières.

Il rappelle que le conseil d’administra-tion peut coopter de nouveaux membres que l’assemblée générale suivante pourra élire.

Il invite donc instamment les adhé-rentes et les adhérents qui souhaite-raient, dans la mesure de leurs possibili-tés, apporter une aide régulière ou ponc-tuelle au conseil d’administration, à se faire connaître à lui par mail ou cour-rier postal. Il peut s’agir de tâches maté-rielles modestes comme des mises sous Courrier du CVPR, n°60 - p. 14

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L a France est la seule démocratieoccidentale où les militants dela campagne internationale

BDS sont passibles de poursuites judi-ciaires. La « circulaire Alliot-Marie » de2010 assimile arbitrairement l’appel auBoycott des produits des colonies israé-liennes illégales de Cisjordanie à un« appel à la haine raciale et à l’antisémi-tisme  ». En Israël même, ce n’est pasune simple mesure administrative maisune loi votée par la Knesset qui punit «toute personne ou entité appelant à unboycott économique, culturel ou acadé-mique », et, depuis 2011, l’applicationde cette loi reste suspendue par la CourSuprême de Tel-Aviv.

La circulaire Alliot-Marie n’a été niabrogée, ni même suspendue, depuis2012, par les gouvernements socialistes.Dans la majorité des cas, en premièreinstance, les poursuites engagées par lesparquets ont abouti à des relaxes  ; enappel des condamnations annulées, lesrelaxes généralement confirmées.

Dès lors la condamnation par laCour d’appel de Colmar de 12 mili-tants de Mulhouse relaxés en premiè-re instance constitue une exceptiond’autant plus remarquable que cettecondamnation a été confirmée pardeux arrêts de la Cour de Cassation endate du 20 octobre 2015.

Faut-il voir dans ces arrêts de laplus haute instance judiciaire fran-çais, au-delà du cas singulier de ces12 militants, la validation juridiqued’une simple circulaire administrati-ve restreignant l’exercice d’une liber-té publique, en déclarant illégal l’ap-pel au Boycott, non pas en général,mais seulement lorsqu’il vise l’Etatd’Israël ? Quel peut être l’impact deces arrêts sur l’issue des procédures,engagées ou susceptibles de l’être,contre des militants BDS ?

Comment ne pas s’en inquiéter,quand le Premier Ministre, répondantle mercredi 16 décembre dans l’en-ceinte de l’Assemblée nationale à un

député farouchement pro-israélien,déclare qu’il condamne absolumentet sous toutes ses formes la campagneBDS et « met en garde ceux qui l’organisantet ceux qui y participent » car, selonlui, de la critique de la politiqued’Israël « ils basculent dans l’anti-sionisme, et de l’antisionisme dansl’antisémitisme » ? Ne risque-t-onpas, l’Etat d’urgence aidant - et lesdérives fâcheuses qui l’accompa-gnent - de voir invoquer le « troubleà l’ordre public », contre les manifes-tations de BDS, et plus généralementcontre toute manifestation de soutienà la cause du peuple palestinien ?

Faut-il voir seulement dans cesmenaces à peine voilées la tentatived’un gouvernement de plus en plusembarrassé par son soutien électora-liste à un Etat israélien qui viole deplus en plus cyniquement le Droitinternational, tentative visant à inti-mider des citoyens français de plusen plus nombreux à lutter pour sonapplication ? La manœuvre en ce cas,quand dans le monde entier la cam-pagne internationale BDS enregistredes succès spectaculaires, risque fortd’être contreproductive !

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Cour de cassation : En France, le boycottdes produits israéliensest désormais illégal

D epuis un arrêt de la Cour de cas-sation du 20 octobre dernier, la

France risque de devenir le seul paysau monde où le simple appel au boy-cott comme moyen d’action devientillégal.

En effet, la haute juridiction vient

Courrier du CVPR, n°60 - p. 15

La campagne "Boycott, Désinvestissement Sanctions" trouve son originedans l'appel lancé, le 9 juillet 2005, aux sociétés civiles internationales etaux gens de conscience du monde entier, par 172 partis, organisations etsyndicats, représentant la société civile palestinienne, en vue d'imposer delarges boycotts à Israël, et des retraits d'investissement. Elle a essentiellement pour but de faire respecter par Israël le droit interna-tional, superbement ignoré par l’Etat hébreu depuis sa proclamation parDavid Ben Gourion, le 14 mai 1948.

Cet appel énonce les trois exigences indissociables du peuple palestinien : 

1/ Fin de l'occupation de la Palestine (Cisjordanie, Jérusalem-Est, Bandede Gaza) et de la colonisation de toutes les terres.

2/ Egalité absolue des droits accordés aux Juifs et aux Palestiniens d’Israël,dont la nationalité.

3/ Droit des réfugiés au retour et à l'indemnisation, comme stipulé par larésolution 194 de l'ONU, du 11 décembre 1948.

L’exception française : vers la criminalisation de BDS ?

La campagne BDS en Franceet dans le monde

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de confirmer la condamnation par lacour d’appel de Colmar de 12  mili-tants.

Il leur est reproché d’avoir partici-pé, le 26 septembre 2009 puis le22 mai 2010, à une manifestationdevant un magasin du groupeCarrefour près de Mulhouse.

Celle-ci appelait au boycott deproduits en provenance d’Israël etnotamment ceux issus des terrescolonisées et occupées, en violationdu droit international.

À l’occasion de cette initiative,aucune dégradation n’a eu lieu, aucu-ne entrave au fonctionnement dumagasin ni à la liberté du commercen’a été constatée, aucune plainte dumagasin lui-même n’a été déposée,aucun propos antisémite n’a été tenu.

C’était un appel aux citoyens àexercer leur liberté de choix lors deleurs achats.

Cela n’empêche pas la Cour d’yvoir un acte constitutif d’un délit de« provocation à la discrimination, àla haine ou à la violence envers unepersonne ou un groupe de personnesen raison de leur origine ou de leurappartenance à une ethnie, unenation, une race ou une religiondéterminée ».

On croit rêver au pays des droitsde l’homme, dans ce pays où letemps n’est pas si lointain où toutesles forces politiques et les médiasexpliquaient qu’ils avaient contribuéà la libération de Nelson Mandela età la fin de l’apartheid en Afrique duSud. Reconnaissance, tardive pourcertains, d’un mouvement internatio-nal de boycott des produits sud-afri-cains, utilisé comme action politique,d’une grande efficacité pour obtenirla libération de ce pays.

Le même mode d’interventioncitoyenne a été utilisé contre la juntebirmane ou même contre le Mexiquepour obtenir la libération de FlorenceCassez.

Aucun n’a fait l’objet de pour-suites et c’est heureux ! Jamais ungouvernement français n’avait pro-mulgué des circulaires, comme cellesdes anciens ministres M. Mercier etMme Alliot-Marie en 2010, deman-dant aux procureurs de poursuivreavec fermeté les militants de l’appli-cation du droit international enPalestine.

"producteurs de biens installés enIsrael" ainsi que la nécessité de proté-ger l'ordre public qui, selon la Courde cassation, justifient cette restric-tion à la liberté d'expression. 

En résumé, la Cour préfèresacrifier une des principales liber-tés politiques des citoyens françaispour la défense des producteursisraéliens ... (souligné par nous)

En outre, si les deux arrêtscondamnent spécifiquement lesappels au boycott des produits israé-liens, ils ouvrent la voie à :

- une pénalisation accrue des acti-vités militantes appelant au boycottdes produits israéliens (les plaintes etpoursuites pénales risquent de semultiplier sur la base de ces arrêts ;les condamnations risquent égale-ment de tomber beaucoup plus facile-ment qu'avant, les juges ayant le plussouvent tendance à suivre la solutiondégagée par les arrêts de la Cour decassation).

- l'interdiction administrative denombre des activités BDS par lespouvoirs publics (maires, préfets,présidents d'Universités, etc.) aumotif que ces activités constituentdes infractions

- une pénalisation possible desactivités militantes appelant au boy-cott des Universités israéliennes (vic-times potentielles dans la logique dela Cour de cassation : les universi-taires israéliens), des activités cultu-relles organisées par Israel (victimespotentielles : les artistes israéliens),des activités syndicales, des activitéssportives etc. 

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Interview de Me Antoine Comte,

Avocat de BDS France (RT France - 10 novembre 2015)

« Nous vivons une période noire dela liberté d’expression en France »

rT France  : Déplorant la déci-sion de la cour de cassation, vousavez annoncé vouloir porter l’affai-re devant la Cour Européenne desDroits de l’Homme. Pouvez-vousnous expliquer vos motivations ?

Me Antoine Comte : J’ai en effetdit qu’il s’agissait d’une granderégression dans la possibilité pour les

Courrier du CVPR, n°60 - p. 16

En Israël même, cette question faitdébat. Votée en juillet 2011 avecune seule voix de majorité à laKnesset, la loi punissant « toute per-sonne ou entité appelant à un boycottéconomique, culturel ouacadémique » des colonies israé-liennes en Cisjordanie est toujourssuspendue par la Cour suprême deTel-Aviv.

Comment, dans ces conditions,justifier un arrêt de la Cour de cassa-tion française, en l’occurrence plusroyaliste que le roi ? Sinon par lavolonté politique d’étouffer unemobilisation qui utilise le mouve-ment de boycott pour que s’ap-plique… le droit international.

Ce mouvement fondé à l’initiativede 171 organisations internationales,est un appel aux citoyens à exercerleur liberté de choix lors de leursachats. Il n’entrave donc en rien laliberté du commerce tandis que lesimportateurs ou les sociétés étran-gères qui tirent profit de territoiresoccupés s’exonèrent sans sourcillerdu droit international.

C’est d’autant moins défendableque des États, dont le nôtre et l’Unioneuropéenne, utilisent l’arme de l’em-bargo comme outil de combat poli-tique et diplomatique.

Il est urgent de réclamer avec forceau gouvernement qu’il fasse annulerles circulaires des ministres de droiteMercier et Alliot-Marie.

Le Parlement devrait être saisi decette atteinte caractérisée à laliberté d’expression et de manifes-tation. Les juristes, qui vont enappeler à la Cour européenne desdroits de l’homme, méritent d’êtresoutenus. C’est de la liberté d’ex-pression de chacun qu’il s’agit !

Patrick Le Hyaric, Député européen

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Extrait d’un tweet d’unjuriste militant de BDS

… Ces deux arrêts du 20 octobre2015 sont inacceptables. Sur le planjuridique, ils sont très critiquables.Mais au-delà de la technique juri-dique, leur solution heurte profondé-ment la liberté d'expression et isoletotalement la France. 

C'est la protection des intérêts des

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Courrier du CVPR, n°60 - p. 17

citoyens de s’exprimer. Pouvoir criti-quer la politique d’un Etat étrangerfait partie intégrante de la Libertéd’expression. A ce sujet, il existedans notre système des juridictionsinternes, mais également une juri-diction européenne. Nous allons eneffet porter cette affaire devant laCEDH qui est particulièrement atta-chée depuis toujours à la liberté dela presse.

Pour moi, la question centrale estle droit pour les citoyens de s’expri-mer sur des questions de politiqueInternationale. Je défends ce genred’actions depuis le début de ma car-rière. Il faut savoir que le boycottprôné par cette grande campagneinternationale qu’est BDS a été lancépar la société civile palestinienne etplusieurs syndicats et associations.Cette mesure demande simplementque le droit international et les 40 résolutions des Nations Unies etdu conseil de sécurité soient respec-tées. Cette campagne a été lancée à lasuite de la construction du mur deséparation qui avait été critiquée parla Cour de Justice Internationale etqui avait demandé qu’on cesse laconstruction du mur en Israël, ce quin’a jamais été fait.

rT - Pour vous, ce boycottconstitue donc une liberté fonda-mentale ?

A.C - C’est même nécessaire. Leboycott est l’expression des citoyensà la fois pacifique et non-violente etqui en même temps tient compte de laquestion centrale d’une position poli-tique en dehors des partis, car il arriveheureusement que des citoyens pren-nent parti pour une cause communesans tenir compte de leurs désaccords.En France, on a régulièrement descampagnes pour des boycotts en pro-testation contre la politique d’un Etat.

La Russie n’y a pas échappé et a faitl’objet de ce genre de campagnes,subissant des sanctions économiquesimportantes en lien avec lasituation  ukrainienne. Il  y a eu descampagnes lancées en France contre laChine sur la question du Tibet. Lagrande campagne contre l’apartheid enAfrique du Sud dans les années 70-80,appelée «  Outspan  », et qui visait àboycotter les oranges d’Afrique duSud, a été une campagne très impor-tante puisqu’elle a permis à la questionde l’apartheid d’être mise sur l’agenda

mondial et finalement obtenir la fin decette politique injuste et discriminatoi-re. Il y a eu des dizaines de boycotts,notamment sur des événements spor-tifs comme les jeux olympiques ou leMondial de football en Argentine pen-dant la dictature des colonels. Il n’y apas d’expression citoyenne plus appro-priée selon moi (à part les élections)qu’un appel au boycott pour des ques-tions de politique internationale.

rT - Pourquoi le boycott des pro-duits israéliens serait-il une excep-tion ?

A.C. - C’est là qu’intervient leplus gros problème. Car le boycottdes produits israéliens est le seul boy-cott dont on dit qu’il n’est pas confor-me à la loi. Pour un juriste c’est unequestion très choquante.

On invoque, pour tenter de fairecroire que ce boycott est illégal, unediscrimination. Mais de quelle discri-mination parle-t-on ? Car il ne s’agitpas de personnes, mais de produits !

J’ai demandé une QPC (QuestionPrioritaire de Constitutionnalité) carla loi de 1881 sur la Liberté de lapresse protège les individus contreles discriminations, dans le travail,dans les opinions, les positions poli-tiques etc. Dans le cas de BDS, onessaie de nous faire croire à une dis-crimination en traitant un boycott deproduits comme une discrimination àl’égard des producteurs israéliens.

C’est d’autant plus ridicule et gro-tesque qu’il existe une règle trèsimportante dans le droit internationalselon laquelle, une puissance occu-pante ne peut exploiter les ressourcesdu pays ou de la zone occupée.

Or, c’est exactement ce qui se passedans les territoires palestiniens  : lesproduits qui proviennent des coloniessont non-conformes en matière dedroit international, ce qui justifie toutà fait un boycott. Le parlement euro-péen a d’ailleurs demandé l’étiquetagedes produits israéliens provenant descolonies. La manière dont la justicefrançaise traite ces questions est gra-vissime et constitue une telle régres-sion est très inquiétante pour l’avenir.

rT - Justement, le Premierministre israélien BenyaminNetanyahou a comparé récemmentcet étiquetage des produits prove-nant des colonies au «  nazisme  ».Que pensez-vous de ses déclara-tions ?

A.C. - De mon point de vue, cen’est ni plus ni moins de la dérisionpolitique. Comment peut-on assimi-ler un boycott de produits à l’antisé-mitisme, au nazisme, au fascisme ?

C’est tout simplement grotesque.Cela fait partie d’une propagande quin’a rien à voir avec les réalités. C’esttrès important de comprendre que leboycott est une démarche politiquedes citoyens. L’appel au boycottn’est autre que la critique d’uneligne politique d’un pays étranger,ce qui est parfaitement acceptable.Quel Etat peut s’inquiéter que sescitoyens critiquent la politique améri-caine, russe, chinoise ou israélienne ?Comment peut-on imaginer que cesoit inquiétant  ? C’est une formed’expression comme une autre. Dumoment que cela reste pacifique etdans le domaine de la libre expressiond’une opinion, il n’y a rien à redire.Pour ma part cette décision de la courde cassation restera véritablement unejournée noire de la justice française,une journée extrêmement sombre, carla Cour se méprend à mon avis com-plètement sur l’enjeu, qui est laLiberté d’expression, un principe iné-luctable depuis la Révolution françai-se. Cette affaire démontre que leslibertés ne sont jamais définitivementacquises et qu’il faut toujours sebattre pour les obtenir.

rT - D’autres pays pratiquent leboycott des produits israéliens,comme l’Islande par exemple.Pourquoi en France, cela serait-ilinterdit  ? Existe-t-il des pressionsextérieures qui motivent cette inter-diction ?

A.C. - La politique françaisedevient, depuis des années mainte-nant, de plus en plus soumise à deslobbys qui défendent leurs propresintérêts. On laisse de côté des ques-tions fondamentales et universellesde Liberté au profit d’une politiquequi se fait malheureusement en fonc-tion de la pression des uns ou desautres.

De plus, cette décision de la Courde cassation isole de fait la France dureste du monde où la campagne BDSest très respectée et très importante.Personne ne songe à dire que c’estune action illégale, alors qu’enFrance, il y a une véritable pressionde la part d’un certain nombre d’as-sociations comme le CRIF notam-

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ment [Conseil Représentatif desInstitutions Juives de France], quisont directement liées à l’Etat israé-lien - qui mènent une politique extré-miste, il faut bien le souligner, etessaient d’utiliser tous les moyens dudroit pour parvenir à rendre illégalquelque chose qui relève de laLiberté d’expression des citoyens. LaFrance est de fait, devenue le seulpays avec Israël où le boycott desproduits israéliens pose problème etest interdit, considéré comme illégal.Pour moi c’est une grave erreur de lapart de la cour de cassation.

Mais j’ai une grande confiance dansla décision qui va intervenir ultérieure-ment de la part de la Cour Européennedes Droits de l’Homme qui a toujoursdéfendu la liberté de la presse, le secretjournalistique, les investigations com-plètes et extensives lorsque cela touchedes gens importants ou même des gou-vernements. Elle défend l’ensemble despossibilités d’expression de toutes lescatégories de population et je crois quesa jurisprudence va dans le sens qui estle nôtre et qui affirme que les citoyensdoivent avoir le droit de s’exprimer.

Ce n’est pas un risque pour laDémocratie. Il y a bien des gens quise prononcent contre la politiqueaméricaine, chinoise russe. PourquoiIsraël serait-il une exception  ? Cepays n’est pas au-dessus des lois !

rT - Quel est le sentiment deBDS aujourd’hui ?

A.C. - Nous sommes d’humeurcombative. Il y a une formule en fran-çais qui dit « le droit ne se quémandepas, il se prend ». Donc nous n’allonspas nous réduire à quémander à unejuridiction française le droit de conti-nuer à faire des appels au boycott des produits d’un Etat qui pratique unepolitique discriminatoire et ségréga-tionniste.

Nous sommes convaincus d’êtredans notre bon droit et continuerons ànous battre pour que notre libertéd’expression soit reconnue. Il fautdonc absolument que la décision de lacour de cassation soit renversée par ladécision d’une juridiction supérieureet que la France soit condamnée.

Que notre pays soit condamné parla Cour Européenne serait très déso-lant, mais c’est ce qui est nécessairepour faire valoir le principe deLiberté d’expression. Et c’est ce quirisque d’arriver.

L es messages de sympathieont afflué de tous lespoints du globe. On m’a

écrit du Canada, des États-Unis,d’Australie, de Norvège, d’Israël etde Palestine. C’est que chacun s’estsenti visé dans son humanité  : ce nesont pas les valeurs de la républiqueque les attentats de Paris ont atteint,c’est le minimum de confiance quinous permet de vivre ensemble, etqui fait que de jeunes parents peuvents’asseoir à la terrasse d’un café ou serendre à un concert sans craindrepour leur vie. Une semaine aupara-vant c’était Beyrouth qui était frap-pée, un mois plus tôt c’était Ankara,et depuis au moins trois ans la Syrietoute entière vit ce calvaire. La pen-sée de toutes ces victimes nousaccompagne. Arrêtez ces massacres !

Il y a trop de problèmes en suspensdans la région, et si on ne les résoutpas, on aura beau écraser Daèch, ilsengendreront d’autres monstres. Leproblème palestinien n’est pas leseul, mais il est emblématique : si onpeut le résoudre sur la base du droitinternational et des résolutions del’ONU, on aura fait un grand pas versl’apaisement.

Mais pour parler le langage dudroit et de la solidarité, il faut êtreexemplaire. Notre gouvernement a

ressorti les valeurs de la Républiquecomme on sortait les saints de leurplacard et on les promenait en pro-cession dans les rues pour conjurerles calamités publiques. Où étaientles valeurs de la République quandBachar El-Assad présidait le défilédu 14 juillet, quand MouammarKadhafi plantait ses tentes sur lesChamps-Élysées, ou que le présidentde la République allait aux obsèquesdu roi d’Arabie Saoudite ?

Faute de réflexion, notre gouver-

nement est engagé dans une poli-

tique belliqueuse à l’extérieur, et

répressive à l’intérieur. Nous avons

eu la circulaire Alliot-Marie et les

poursuites pénales systématiques

engagées contre les militants BDS,

nous avons l’état d’urgence prolon-

gé pour trois mois (au moins), nous

aurons une réforme de la constitu-

tion. Nous n’aurons pas de réflexion

sur l’état de l’éducation dans notre

pays ni sur l’absence de mixité

sociale, nous n’aurons pas de débat

national sur la politique écono-

mique ni sur la défense des libertés,

dont la liberté d’expression. Eh

bien, ces réflexions et ces débats il

faudra les mener ailleurs, et en tirer

les conséquences, quitte à les impo-

ser à notre gouvernement par des

initiatives citoyennes.

Courrier du CVPR, n°60 - p. 18

Israël

Un appel au boycott des produits issus des colonies israéliennes photographié à Bethléem, le 5 juin. 

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Sortir de la violenceNewsletter de l’AURDIP (23 novembre 2015

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Bentzi Gopstein, chef deLehava, appelle à interdireNoël en Terre Sainte  :«  Chassons les vampiresavant qu’ils ne boivent unefois de plus notre sang.  »"Noël n’a pas sa place enTerre Sainte," a-t-il écritdans un article publié il y aquelques jours sur le siteweb Haredi Kooker.

L e Mouvement Israél pour laréforme et le judaïsme progres-

siste a appelé le procureur et la poli-ce à ouvrir une enquête.

Dans l’article, Gopstein écrit qu’ilest perturbé par "la chute de la lignede défense du peuple juif contre notreennemi mortel depuis des centainesd’années - l’Église chrétienne."

Il a affirmé que l’Église avait utilisé"tous les outils à sa disposition pourdétruire le peuple juif", et qu’"aujour-d’hui, l’Église a été clairement vain-cue alors que le peuple juif a une desarmées les plus puissantes du monde etmaintenant ils n’ont plus aucune chan-ce de nous détruire." Cependant, selonGopstein, l’Eglise n’a pas renoncé. Ilreste un dernier espoir à ces vampireset à ces suceurs de sang - la mission.“Si on ne peut pas tuer les Juifs, onpeut encore les convertir."

Gopstein écrit "les librairies mis-sionnaires offrent leurs produitsdevant tout le monde sur la route deJaffa à Jérusalem, des communautésentières rampent devant les mission-naires, ceux-ci gèrent de nombreusesentreprises qui servent la mission,bien souvent sous couverture et à l’in-su des employés."

Il ajoute que la "peur que chaqueJuif a ressentie, le dégoût du christia-nisme que nous avons décrit ci-des-sus - dégoût qui seul nous a sauvésdes jours sombres en Europe - a dis-paru avec la "belle vie" de l’èredémocratique... et le missionnaire està l’affût de sa proie".

Gopstein termine son article enécrivant : "J’appelle tout le monde àpousser un cri d’alarme et à luttercontre ce phénomène corrompu dansla meilleure tradition du judaïsme,avant que nous tous, y compris ceuxqui parmi nous observent les com-mandements, ne devenions une com-munauté de lèche-bottes."

"Noël n’a pas sa place en TerreSainte," écrit-il, ajoutant "Chassonsles vampires avant qu’ils ne boiventune fois de plus notre sang."

Le Mouvement Israël pour laréforme et le judaïsme progressiste etla Coalition contre le racisme ontdemandé au Procureur adjoint chargédes fonctions spéciales, ainsi que

Courrier du CVPR, n°60 - p. 19

« Daech » rase le plus ancienmonastère chrétien d’Irak

Le plus ancien monastère chrétien d'Irak, qui a survécuprès de 1400 ans aux agressions de la nature, a été rasépar les terroristes de «Daech» qui poursuivent la des-truction des vestiges du passé culturel dans la région.

Les photos satellites obtenues par l'Associated Press (AP) confirment lescraintes des autorités religieuses et des associations de défense du patrimoine :le monastère Saint-Elie de Mossoul n'est plus qu'un tas de cendres.

Dans son bureau en exil à Erbil, dans le nord de l'Irak, le révérend PaulThabit Habib, 39 ans, voit cette destruction d'un site religieux sacrécomme une tentative et une volonté d'expulser définitivement les chrétienshors d'Irak et éliminer la culture chrétienne de la région comme si ellen'avait jamais existée.

«C'est une immense partie de l'Histoire qui a été détruite», a déclaré lerévérend Manuel Yousif Boji à l'AP. Pasteur catholique chaldéen àSouthfield, dans le Michigan (Etats-Unis), il se souvient notamment avoirassisté à une messe à Saint-Élie en tant que séminariste.

Le monastère Saint-Élie rejoint ainsi une liste croissante de plus de 100sites religieux et historiques démolis dont des mosquées, des tombeaux,des sanctuaires et des églises de Syrie et d'Irak. Les terroristes de «Daech»ont déjà détérioré ou anéanti des monuments anciens à Ninive, Palmyre etHatra. Les musées et les bibliothèques ont été pillés, les livres brûlés et lesobjets d'Art détruit ou revendus au marché noir. En Irak, la populationchrétienne a chuté de 1,3 million à 300.000 fidèles selon les autoritésecclésiastiques.

«Daech», qui contrôle aujourd'hui une grande partie de l'Irak et de laSyrie, a déjà tué des milliers de civils et contraint des centaines de milliersde chrétiens à fuir la région où il étaient installés depuis près de 2000 ans.

Source : RT et rédaction – 20-01-2016

Palestine

Le leader des extrémistes juifs : Les chrétiens sont « des vampires »suceurs de sang qui doivent être

expulsés d’Israël

DR

Page 20: «Une cause jamais perdue», Courrier du C.V.P.R. · Courrier du CVPR, n°60 - p. 3 L ’historien israélien Shlomo Sand a souligné le rôle du traitement barba-re infligé aux

Courrier du CVPR, n°60 - p. 20

l’unité de police chargée de la cyber-criminalité, d’ouvrir une enquête. Ilsindiquent : "L’article appelle à inter-dire la célébration de Noël, la plusimportante fête chrétienne, et àœuvrer pour chasser les chrétiensd’Israël". Ils ont également signaléque la description faite par Gopsteindes chrétiens comme des "vampireset suceurs de sang" contrevient à laloi interdisant d’insulter les senti-ments religieux.

Ils ajoutent "Cette déclaration n’apas été faite dans le vide mais dans lecontexte de nombreux actes de vio-lence contre les membres du clergéchrétien, ces dernières années".

Orly-Likhovski Erez, chef dudépartement juridique du Centre pourla réforme a déclaré  : "BenziGopstein ne recule devant rien pourinciter à la violence à l’encontre dequiconque n’est pas lui – arabesmusulmans, chrétiens et autres, enutilisant un langage brutal et enappelant à la violence.Malheureusement ... face à cette inci-tation à la violence ... la police faitpreuve d’un silence assourdissant."

Le Bureau du Procureur de laRépublique a indiqué qu’il a reçu lalettre des groupes appelant à uneenquête sur les derniers commen-taires de Gopstein, et il a ajouté que"aucune décision n’a encore étéprise" sur le cas de Lehava.

Traduction : RP pour l’AFPS

En Israël, sur le montSion, « crachats et insultessont quotidiens »par Hélène Jaffiol, à Jérusalem

Comme d’autres lieux chrétiens oumusulmans d’Israël ou des territoirespalestiniens, l’abbaye bénédictine dela Dormition, à Jérusalem, a été victi-me des extrémistes juifs du mouve-ment « Prix à payer ». (...)

L’agressivité a franchi un pas, cesderniers mois, sur le mont Sion. Débutoctobre, des tombes ont été profanéesdans un cimetière attenant au monastère.Fin mai, l’abbaye avait déjà été recou-verte d’inscriptions haineuses («  Jésusest un singe  ») et plusieurs véhiculesavaient été dégradés. Mais ce qui inquiè-te bien davantage Frère Nikodemus estl’agression, fin novembre, à coups depierres, d’un cuisinier palestinien offi-ciant dans un restaurant situé à quelquesmètres du monastère : « Il est resté plu-sieurs jours en soins intensifs. Jusqu’oùcette violence va-t-elle aller ? » (...)

Les actes antichrétiens en Israëls’inscrivent, depuis deux ans, dansune vague de violences plus large quele simple ressentiment religieux :celle de « Prix à payer », une mou-vance politique prônant des repré-sailles antipalestinienne et anti-mino-rités, attribuée à un petit nombred’extrémistes juifs opposés à toutdémantèlement dans les coloniesisraéliennes en Cisjordanie. (...)

Le 30 décembre dernier, le présidentisraélien Shimon Peres et le ministre del’intérieur Gideon Saar ont promis laplus grande fermeté aux responsableschrétiens. Des déclarations qui laissentFrère Nikodemus dubitatif : « Aucun desresponsables des attaques n’a été, jus-qu’à présent, traduit en justice. »L’année 2014 ne s’annonce pas sous lesmeilleurs auspices. À l’intensificationdes négociations entre Palestiniens etIsraéliens qui risque d’accentuer lesactes de « Prix à payer » s’ajoute la visi-te du pape, prévue en mai. « L’agressivi-té risque de redoubler avant sa venue »,prédit Frère Nikodemus.

Voir: http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/En-Israel-sur-le-mont-Sion-crachats-et-insultes-sont-quotidiens-2014-01-09-1087007

« Les chrétiens aiment lesjuifs comme le pêcheuraime ses poissons : dansson assiette, morts »

Pour Rav Kahn, directeur de larevue ultraorthodoxe Kountrass, lacroix pose bel et bien problème en cequ’elle rappelle que l’Église «  avoulu ajouter deux personnes auPère Créateur  » – en ce sens, lechristianisme n’est pas, selon lui, unmonothéisme. «  Des relations entrenos deux religions peuvent exister,avance-t-il, faisant référence auxavancées du dialogue judéo-chrétien,mais nous ne voulons pas d’un rap-prochement. Nous n’avons rien àapprendre de l’Église, c’est plutôt lecontraire. »

Même dédain chez David Ramati,habitant de la colonie israélienneKiryat Arba, qui jouxte la ville pales-tinienne d’Hébron en Cisjordanie.«  Une personne intelligente ne peutcroire que Dieu ait choisi de devenirhomme ! Les missionnaires chrétienspeuvent bien essayer de me convertir,ils n’y arriveront pas : c’est comme siun doctorant se mettait à jouer dansun bac à sable… »

http://www.la-croix.com/Religion/En-Israel-un-sentiment-antichretien-chez-certains-juifs-2016-02-07-1200738204

CVPR-PO: Association 1901,fondée par Béréa Adli-Bloch

Président d’Honneur

Professeur Jacques Milliez.Président : Me Maurice Buttin. Vice Présidents : Francis Blanchet,Pierre Lafrance, Raymond Du Moulin.Secrétaire générale : Hasna Abid.Trésorier : Henri Marchal

Directeur de la publication :

Maurice Buttin

Rédacteur en chef :

Jean Rabinovici

Secrétariat : 54, rue des Entrepreneurs, 75015 PARISCCP 41 675 48 J La Source.

Courriel : [email protected]

BRÈVES

Françoise Germain robindécorée

Notre parrain, journaliste, spé-cialiste du Proche-Orient, anciennejournaliste de l’ORTF, grand repor-ter à l’Humanité, citoyenned’Honneur Palestinienne, a étédécorée le 22 mars 2016, par l’an-cien directeur de l’Humanité,Roland Lecroy de chevalier del’Ordre national du Mérite.

Le « Courrier CVPR » et tous lesmembres du CVPR PO lui présen-tent toutes leurs félicitations.

Si une décoration était bien méri-tée, c’est bien celle-là !

Maurice Buttin, président du CVPR PO

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dentaux valident dans les faits, puisqu'ilsappellent les Palestiniens « à faire lesefforts courageux qu'il convient » pourqu'aboutissent les négociations.

En fait Daesh est en phase avec cettestratégie, d'où la création de « l'Etat isla-mique ». Pour le malheur de ses parrains,« nos amis sunnites des pétromonarchieset la Turquie », ses façons de massacreur desminorités notamment, ne pouvaient plus êtresoutenues. Restent les « rebelles modérés »,wahhabites ou Frères musulmans...

Quant à l'Iran, qui a lui-même une forteminorité sunnite de 20%, il refuse la logiqued'Etats confessionnels. Nos « experts » icisont quelques uns à dire, de façon ouverteou plus ou moins sous-entendu, qu'il fautrevoir le découpage étatique des accordsSyces-Picot. C'est-à-dire qu'ils plaident pourla création d'un nouvel Etat sunnite, grosmorceau de l'Irak et de la Syrie actuels.

J'étais d'accord avec Richard Labevièrequand il a dit que, si la revendication des2 Etats était abandonnée, ce serait la finpour la Palestine et pour les Palestiniens.Je crois qu'alors ils seraient expulsés, sur-tout si le 2ème volet de la reconfigurationen Irak et en Syrie aboutie à un Etat sun-nite. Il ne garderait qu'un résidu dePalestiniens, chrétiens et musulmans

Myriam Bouregba. 75011 Paris

Je lis toujours le Courrier du CVPR.Ce numéro est bien fait comme toujours.

Cette fois-ci il a des problèmes depositionnement de caractères qui aug-mente l'écartement des lettres dans unmot sur la presque totalité du journalcompliquant sa lecture.

Sur le fond, c'est pour moi une autresource qui m’intéresse toujours

Françoise Faurie-Habets. Saint- Etienne

Merci pour le Courrier du CVPR. Jele lis attentivement et le fais circuler.

Marielle Bardinet. Bordeaux

Je viens de prendre connaissance devotre CVPR PO et je suis heureuse desaluer fraternellement son action.

J'y reconnais les mêmes préoccupationspour la Justice que celles qui motivent lesmilitants de l'AFPS dont je suis adhérente.

Juliane Nicolas 22560 Trébeurden

Une nouvelle année commence et onest toujours au point zéro !

Cette vague de sang en Syrie ne va pasaccroître l'intérêt pour nos amisPalestiniens (...) Les meurtres, les viols,comment supporter tout cela ? La misère

Courrier du CVPR, n°60 - p. 21

Courrier des lecteurs

Votre publication est comme d'habitudefort bien présentée et contient un bonnombre de documents intéressants , parmilesquels l'article de Zeev Sternhell mesemble particulièrement important car ilreprésente ce que j'appellerais la position« sioniste rationnelle » à partir de laquel-le une négociation sérieuse pourrait s'en-gager avec les Palestiniens .

Lucien Champenois. Paris.

D'abord félicitations pour votre ténaci-té et la variété de vos actions pour laJustice et le Droit des Palestiniens. « Ils »finiront bien par nous entendre.

Paulette Albouze. 75010 Paris

Je viens de lire le dernier numéro duCourrier du CVPR et je le trouve trèsintéressant.

Martine Sevegrand. 94210 La Varenne-Saint-Hilaire

Comme l'écrit si bien Boutros Hallaqdans le Courrier, de l'injustice faite auxPalestiniens en 48 découle toutes lesguerres civiles de la région et cette injus-tice était déjà inscrite dans les accordsSyces-Picot. Aujourd'hui on voit en effets'en déployer les effets.

De la paix dans la justice pour lesPalestiniens découlera le début du pro-cessus d'apaisement de la région. Sinon,il restera la concurrence des acteurs et deleurs stratégies politiques et politico-reli-gieuses, qui se nourrie et se légitime duconflit. En arrière fond, même quandd'autres raisons s'ajoutent et sont avan-cées, la question de la perte de laPalestine, nourrie l'islamisme et le djiha-disme. Nos politiques essayent d'occultercela car ils pensent qu'ils peuvent en venirà bout sans en imposer à l'Etat d'Israël.Dans cette matrice qui nourrie les jeuxdes Etats de la région, l'Arabie et lespétromonarchies veulent une réponseconforme à leur idéologie et elles s'en-gouffrent dans la faille des accordsSyces-Picot pour chercher à reconfigurerles pays concernés. Elles voudraientcréer, à la faveur des guerres civilesqu'elles entretiennent en Irak et en Syrie,une grande entité étatique dite sunnite,soumise à leur idéologie wahabiste oupour le Quatar, à celle des Frères musul-mans. Cela est tout à fait conforme auprincipal but stratégique de l'Etat d'Israëlqui veut être reconnu comme "Etat juif"par les Palestiniens et par les autresarabes. Ce que, en vérité, les Etats occi-

et l'errance de tous des gens qui ne peu-vent plus vivre chez eux. Ca, c'est la guer-re que l'on va essayer de résoudre avectoujours des armes.

Ah, c'est bien, on est devenu cetteannée le premier vendeur d'armes ! Del'argent pourri qui nous rentre dans lespoches (...)

L'injustice et, disons-le l'apartheid, mesont insupportables, et malgré mes très dou-loureux problèmes personnels, le sort desPalestiniens ne me sera jamais indifférent.

Gabrielle Bodin. 17000 La rochelle

Colloque du 23 janvier 2016:« Les Palestiniens en Israël »

Merci pour ce colloque d’hier particu-lièrement intéressant, pas forcémentengageant… On continue !

Gonzague Hutin. 75006 Paris

Hier au Sénat un colloque était organi-sé par notre ami Me Maurice Buttin (affai-re Ben Barka…) sur les Palestiniensd’Israël. Il y avait un député « arabe» de laKnesset, Basel Ghattas ; un prêtre palesti-nien d’Israël Faouzi Khouri, ; et le fonda-teur de Taayoush ( Le mouvement judéo-arabe Vivre ensemble ), professeur israé-lien, Gadi Algazi. ( qui a fait de la taule,pour avoir refusé de servir en Palestineoccupée) ; le nouvel ambassadeur dePalestine, et divers Français, dont l’ancienambassadeur Didier Destremau. C’étaitclair et tristement instructif, avec constata-tion que l’option 2 Etats est définitivementun leurre et qu’il ne reste que la possibilitéd’un seul état binational, genre démocratiestyle occidental ? ou apartheid ? A moinsqu’il y ait plus grave encore …Mal parti !Attendons qu’un messie vienne les eng…tous …Si seulement les français juifs pou-vaient changer le Crif (revenir au moins àThéo Klein) et abandonner « Bibi » ! ceserait sans doute répercuter une fraternisa-tion à Jérusalem, pour le plus grand biend’un futur croissant fertile sur tout le P-Ooù tout juif pourrait à sa guise s’implanterà côté - pas à la place - de l’autochtone !

Vous y avez travaillé ! Puisse le mondeécouter le petit fils prophétique de Nahum !

Un jeu de mots lancé par DidierDestremeau que je m’empresse de vousrépéter : « surtout ne pas mettre la Chariaavant l’Hébreu »

Lettre de notre adhérent GonzagueHutin à notre parrain Edgar Morin

Je veux vous remercier pour avoir eul'initiative de ce colloque qui a été à la

Courrier du CVPr N° 59

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Courrier du CVPR, n°60 - p .22

Courrier des lecteurs

Bravo à toi, ce fut vraiment intéres-sant, mais franchement difficile, car lasituation est de pire en pire, et on ne voitguère de solutions tant que l'impunitéd'Israël fait partie de la politique...

Martine Millet. 78000 Versailles

Superbe ce colloque, mon mari quivenait pour la première fois - en soutien àsa femme - et qui est resté toute la jour-née a énormément apprécié, il a trouvéintéressant, juste, fort, dense et difficile...la situation semble inextricable

hauteur des espérances. Je suis sûr quenous sommes tous unanimes sur le senti-ment de la qualité des débats et de l'enri-chissement qu'ils nous ont apporté.

J'ai été particulièrement admiratif de laprofondeur de vues de Gadi Algazi et dela pertinence de ses analyses. Il reste quebeaucoup doit être fait pour faire progres-ser cette malheureuse cause et que nousnous sentons si impuissant que l'on peutéprouver de la rage.

Didier Destremau. 75007 Paris

Toutes mes félicitations pour ce col-loque très réussi.

Dominique Pallares. Evry

J'ai assisté à votre très intéressant col-loque et je souhaiterais récupérer lesactes.

Merci de bien vouloir me les faire par-venir dès que possible.

Estrella Amselem Goulpeau. 75013 Paris

Je pense aussi que le colloque a été unréel succès. Bravo pour l'organisation.

Jean-Guy Greilsamer. 75018 Paris

J'ai beaucoup apprécié le colloque lematin, retenu par un cours l'après-midi.C'était vraiment très intéressant.

Pauline Grégoire Marchand. 75012 Paris

Ma compagne et moi te remercions ette félicitons d’avoir si bien organisé cecolloque.

Les intervenants étaient tous intéres-sants à des titres divers, et la présence deBasel Ghattas et de Gadi Algazi sansoublier celle de Faouzi Khouri étaientpassionnantes et très motivantes pourcontinuer à soutenir le peuple palestiniendans sa lutte pour sa terre et ses droits,pour son Etat.

Jean Francheteau. 94200 Ivry-sur-Seine

Un grand merci pour l'organisation ducolloque.Ici, en Franee, on ne peut pasfaire mieux que de renseigner le publicsur la politique israélienne.

Les interventions de Basel Ghattas,Faouzi Khoury et Gadi Algazi m'ont vrai-ment marqué.Irène Steinert. 75020 Paris

Excellente journée, j'ai été très impres-sionnée par Basel et Gadi, merci bien.

Marie-Claude Vignaud Al Hamchari.94200 Ivry-sur-Seine

Nouveau message adressé au « Courrier »du journal La Croix non publié

« Jean-Christophe Ploquin a titré son éditorial du 13 janvier 2016 : « Le feu au Moyen-Orient ». Il le commence par ces mots : « Il y a trop de guerres au Moyen-Orient ».

Et de citer successivement les attentats de Paris, d’Istanbul, d’Egypte, de Tunisie etle rôle de Daech, dans cet engrenage sans fin. Evoquant par la suite « l'enchevêtrementdes conflits (qui) appelle des solutions complexes et partielles », il cite le cas de la Syrieen raison des négociations prévues le 21 janvier sous l'égide de l'ONU.

Mais, évoquant « Le feu au Moyen-Orient », comment ne pas citer le cas duconflit israélo-palestinien, et l'occupation de la Palestine - depuis plus de 47 ans -l'une des causes principales de ce feu ?

Depuis le 1er octobre plus de 170 Palestiniens ont été « abattus » par les forcesde répression israéliennes (selon la terminologie de l'occupant - comme des bêtesdonc) et l'on compte près de 15 000 blessés. Sur ces événements, je constate lesilence le plus total des principaux médias - sauf à lire de temps à autre qu'Israël estsoumis à une « vague de terroristes ».

Il est vrai que l'on décompte aussi une vingtaine de morts du côté de l'occupant.Mais eux, bien sûr « assassinés » pas « abattus » !

Ce message, en date du 14 janvier 2016, comme celui du 12 février 2015 n’a pasété retenu. Libre choix du journal, bien sûr, et je ne le conteste pas.

Au demeurant, malgré les drames vécus par de jeunes Palestiniens depuis desmois, aucune lettre n’est parue sur la Palestine ces derniers temps - sauf erreur.

Surprise alors de lire au Courrier de La Croix du jeudi 18 février, sous larubrique « Israël-Palestine», une lettre signée Dominique Vidal dont j’extrais : «…Il se trouve que je suis allé en Palestine, administrée par l’Autorité palestinien-ne. Nous avons pu discuter avec des Palestiniens chrétiens. Eux se plaignent del’Autorité palestinienne qui pratique largement l’apartheid et la ségrégation àl’égard des Palestiniens chrétiens…»

Pareille affirmation m’a paru si stupéfiante, que je me suis renseigné immédia-tement auprès de personnes compétentes demeurant en Palestine. Il m’a été répon-du de source sûre : « L’Autorité palestinienne n’est pas et n’a jamais été contre leschrétiens, non et non, ça on ne peut pas le dire, même à 1%. Le Président Abbas amême réuni, à différentes occasions, des responsables musulmans et chrétiens(Mgr. Sabbah et le père Musallam) pour voir comment ils pouvaient traiterensemble et bien se comprendre ».

Bien évidemment, mon interlocuteur m’a fait savoir que si vous vouliez envoyerun journaliste enquêté, pareille réponse lui serait confirmée.

Une simple question : qui a pu laisser cette « information » dans La Croix, sansapparemment, aucun contrôle ? Et, n’est-ce pas l’un des premiers rôles d’un journalis-te que de contrôler, dans la mesure du possible, les informations qu’il reçoit. Même pourle « Courrier des lecteurs » ?

Veuillez agréer, Monsieur le Directeur et Cher Monsieur, l’assurance de messentiments les meilleurs.

Me Maurice Buttin, Président du Comité de Vigilance pour une Paix réelleau Proche-Orient

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This is my land

Film documentaire sur l’enseignement de l’histoire enIsraël et en Palestine. de Tamara Erde, 1h30. Sortie en France en avril 2014

Comment les programmes scolairespalestiniens et israéliens abordent

l’Histoire de leur pays ? Pendant uneannée scolaire, This is my land suit plusieurs enseignants israéliens et palesti-niens. A travers les différents pro-grammes imposés par les ministères et laréalité du quotidien dans les classes, cefilm offre un regard unique sur le conflitisraélo-palestinien et sur son impact pro-fond et durable sur les nouvelles généra-tions.

Cinema & LiVReS

Les 18 fugitives

Film de Paul Cowan et AmerShomali (2014) Commentl’armée la plus puissante dumoyen-Orient a traqué sanssuccès un troupeau de 18 vaches.

E n 1987, en pleine Intifada, un villagepalestinien décide de ne plus acheter

son lait aux Israéliens. Alors que les 18 vaches qu’ils se procurent deviennentun symbole de fierté nationale, l’arméeisraélienne les déclare « danger pour la

sécurité nationale ». Traquées par les uns,choyées par les autres, elles deviennentles « vaches de l’Intifada ». Ce film contecette incroyable histoire en vidéo et enanimation à travers les yeux des vaches etdes militants.

Réalisé, illustré par le créateur palesti-nien Amer Somali avec l’aide et l’expé-rience du réalisateur canadien, PaulCowan, le film donne la parole aux princi-paux militants qui ont participé à la coopé-rative laitière, leurs familles et leurs amis ettous les gens dont elle a changé la vie. Source : http://www.telerama.fr/cine-ma/films/les-18-fugitives,501274.php

Le Mariage de Rana, un jour ordinaire àJérusalem, Hany Abu-Assad, 2002

Film palestino-néerlando-émi-rati qui raconte la journéed'une palestinienne deJérusalem Est qui veut épou-ser son bien-aimé sans délai.

a l'aube, Rana, jeune Palestinienne deJérusalem-Est, se met en route : elle

doit trouver son petit ami Khalil dans lechaos des territoires occupés. Elle est pres-sée car son père part s'installer à l'étrangeret menace de l'emmener dans son exil sielle ne se marie pas avec un des préten-dants dont il a établi la liste. Mais Ranaaime Khalil et son seul espoir est d'organi-ser leur mariage avant le soir afin de mettreson père devant le fait accompli.Outre safantaisie, le film ménage tout au long dupériple chaotique de Rana des flashs degravité qui en font un témoignage précieuxsur une réalité pas si lointaine, mais déjàpresque dépassée. Les affrontements deplus en plus terribles entre Israéliens etPalestiniens rendraient sans doute impos-sible, aujourd'hui, le tournage d'un tel film.Source : http://www.telerama.fr/cine-ma/films/le-mariage-de-rana, 61236.php

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Courrier du CVPR, n°60 p.23

Cinéma

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à adresser à me maurice Buttin, 54 rue des Entrepreneurs 75015 Paris

Tempêtesur le GrandMoyen-Orient,

par michel raimbaud, 2015

M ichel Raimbaud a éte ambassadeurde France en Mauritanie, au Soudan,

et au Zimbabwe. L’auteur rappelle que leGrand Moyen-Orient s’étend désormaisde l’Atlantique à l’Indonésie, sur plus de50 degrés de latitude. En raison de saposition stratégique aux confins del’Eurasie autant que par sa richesse engaz et pétrole, cette immense « ceinture

verte » islamique détient un potentiel depuissance considérable et constitue unenjeu majeur. De son devenir, mis enquestion par la tempête actuelle, dépenden bonne partie la physionomie de notremonde de demain : sera-t-il unipolaire,aux ordres de l’Occident comme il l’a été depuis la fin de la guerre froide, oumultipolaire comme le préconisent lesémergents ?Source : http://arretsurinfo.ch/michel-raimbaud-ancien-ambassadeur-tempete-sur-le-grand-moyen-orient/

L’arabe du futur, Riad Sattouf, 2014L’arabe du futur sera publié entrois volumes. Ce premier tomecouvre la période 1978-1984.

U ne enfance dans la Libye deKadhafi et la Syrie d’Hafez al-

Assad. Né d’un père syrien et d’unemère bretonne, Riad Sattouf granditd’abord à Tripoli, en Libye, où sonpère vient d’être nommé professeur.Issu d’un milieu pauvre, féru de poli-tique et obsédé par le panarabisme,Abdel-Razak Sattouf élève son filsRiad dans le culte des grands dicta-teurs arabes, symboles de modernité etde puissance virile. En 1984, la famil-le déménage en Syrie et rejoint le ber-ceau des Sattouf, un petit village prèsde Homs. Malmené par ses cousins (ilest blond, cela n’aide pas…), le jeuneRiad découvre la rudesse de la viepaysanne traditionnelle. Son père, lui,n’a qu’une idée en tête : que son filsRiad aille à l’école syrienne et devien-ne un Arabe moderne et éduqué, unArabe du futur.Source : http://www.allary-editions.fr/publication/larabe-du-futur/

La question dePalestineHenry Laurens, 2015Tome cinquième, 1982-2001 :« La paix impossible ».

H enry Laurens poursuit sa grandesynthèse historique d’un conflit

qui trouve ses origines à la fin duXVIIIe siècle. Tout en exposant lesévolutions politiques internes aux dif-férentes parties impliquées -l’Autoritépalestinienne, Israël, États-Unis,Syrie, Égypte…-, Henry Laurensretrace minutieusement les discus-sions bilatérales ou multilatérales, desommet en sommet. Il explique avecune grande clarté les avancées, lesrevirements, les blocages et les princi-paux points d’achoppement (le retourdes réfugiés, la question de Jérusalem,les frontières de 1967…). En se pla-çant au plus près des acteurs, il montrecombien le facteur humain peut avoirde l’importance dans des négociationsqui tournent autour de peuples et deterritoires.Source : http://www.fayard.fr/la-q u e s t i o n - d e - p a l e s t i n e - t o m e - 5 -9782213686196

LivrES