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Imagerie musculosquelettique - Pathologies générales, 2 e édition © 2013, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés Chapitre 16 Pseudo-tumeurs des tissus mous PLAN DU CHAPITRE Muscles et faisceaux musculaires accessoires 521 Hématome intramusculaire 522 Autres lésions post-traumatiques 523 Décollement de Morel-Lavallée 523 Hernie musculaire 523 Rupture musculaire rétractée 524 Granulome inflammatoire et abcès des tissus mous 524 Granulome inflammatoire sur corps étranger 524 Abcès des tissus mous 524 Nœuds lymphatiques 524 Kystes et bursites 525 Anévrysme et pseudo-anévrysme 526 Autres pièges 526 La découverte d'une masse des tissus mous par un patient ou son médecin est une situation fréquente L'échographie, en raison de ses progrès dans le diagnostic des lésions mus- culosquelettiques, est devenue la modalité d'imagerie de première intention dans le diagnostic d'une tuméfaction Elle porte ainsi une responsabilité déterminante dans la prise en charge diagnostique et thérapeutique des patients L'absence de diagnostic précis et toute suspicion d'une tumeur des tissus mous doivent conduire à la réalisation d'une IRM sans délai La probabilité qu'une masse des tis- sus mous soit bénigne est très élevée, de l'ordre de 99 % Les lésions malignes sont donc très rares mais leur pronostic est d'autant plus défavorable que le diagnostic est retardé La première et principale étape de l'évaluation échogra- phique consiste à distinguer un véritable processus tumoral d'une pseudo-tumeur La définition d'une pseudo-tumeur varie considérablement dans la littérature Nous ne traite- rons ici que les lésions qui se traduisent par un syndrome de masse clinique et/ou en imagerie et ne faisant pas partie de la nouvelle classification de WHO des tumeurs des tissus mous Certaines pseudo-tumeurs sont pathologiques, d'autres comme les muscles accessoires ne le sont pas forcément Leur identification permet de rassurer le patient La majo- rité des pseudo-tumeurs sont accessibles au diagnostic échographique en toute confiance Toutefois, certaines de ces pseudo-tumeurs cachent de dangereux pièges diagnos- tiques Les hématomes intramusculaires et les abcès des tissus mous nécessitent à la fois prudence et surveillance en rai- son de leur aspect sarcome-like Muscles et faisceaux musculaires accessoires Les muscles et faisceaux musculaires accessoires sont des variations anatomiques que l'on peut observer avec une fréquence variable chez l'individu Certains muscles acces- soires peuvent se manifester par une tuméfaction visible et palpable, rarement symptomatique [14, 21] Il s'agit soit d'un simple faisceau musculaire surnuméraire inclus dans le muscle d'origine (ex : semi-membraneux, gastrocnémien médial, soléaire, fléchisseur de l'hallux), soit d'un véritable muscle surnuméraire (ex : extensor manu brevis) Le diag- nostic clinique le plus souvent évoqué est celui de masse kystique (kyste poplité pour le semi-membraneux acces- soire, kyste dorsal du poignet pour le muscle extensor manu brevis) L'échographie statique et dynamique démontre que la masse est constituée d'un tissu musculaire normal contrac- tile, d'aspect penniforme sur les coupes longitudinales et punctiforme sur les coupes perpendiculaires au grand axe du muscle (fig 161) [21] Elle étudie ses rapports avec les organes de voisinage et recherche une éventuelle compression vasculaire (thrombose veineuse poplitée com- pliquant un muscle semi-membraneux accessoire) M Cohen, A Moraux, A Cotten

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Imagerie musculosquelettique - Pathologies générales, 2e édition© 2013, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

Chap i t re 16

Pseudo-tumeurs des tissus mousM . Cohen, A . Moraux, A . Cotten

La découverte d'une masse des tissus mous par un patient ou son médecin est une situation fréquente . L'échographie, en raison de ses progrès dans le diagnostic des lésions mus-culosquelettiques, est devenue la modalité d'imagerie de première intention dans le diagnostic d'une tuméfaction . Elle porte ainsi une responsabilité déterminante dans la prise en charge diagnostique et thérapeutique des patients . L'absence de diagnostic précis et toute suspicion d'une tumeur des tissus mous doivent conduire à la réalisation d'une IRM sans délai . La probabilité qu'une masse des tis-sus mous soit bénigne est très élevée, de l'ordre de 99 % . Les lésions malignes sont donc très rares mais leur pronostic est d'autant plus défavorable que le diagnostic est retardé .

La première et principale étape de l'évaluation échogra-phique consiste à distinguer un véritable processus tumoral d'une pseudo-tumeur . La définition d'une pseudo-tumeur varie considérablement dans la littérature . Nous ne traite-rons ici que les lésions qui se traduisent par un syndrome de masse clinique et/ou en imagerie et ne faisant pas partie de la nouvelle classification de WHO des tumeurs des tissus mous .

Certaines pseudo-tumeurs sont pathologiques, d'autres comme les muscles accessoires ne le sont pas forcément . Leur identification permet de rassurer le patient . La majo-rité des pseudo-tumeurs sont accessibles au diagnostic échographique en toute confiance . Toutefois, certaines de ces pseudo-tumeurs cachent de dangereux pièges diagnos-tiques . Les hématomes intramusculaires et les abcès des tissus

mous nécessitent à la fois prudence et surveillance en rai-son de leur aspect sarcome-like .

Muscles et faisceaux musculaires accessoiresLes muscles et faisceaux musculaires accessoires sont des variations anatomiques que l'on peut observer avec une fréquence variable chez l'individu . Certains muscles acces-soires peuvent se manifester par une tuméfaction visible et palpable, rarement symptomatique [14, 21] . Il s'agit soit d'un simple faisceau musculaire surnuméraire inclus dans le muscle d'origine (ex : semi-membraneux, gastrocnémien médial, soléaire, fléchisseur de l'hallux), soit d'un véritable muscle surnuméraire (ex : extensor manu brevis) . Le diag-nostic clinique le plus souvent évoqué est celui de masse kystique (kyste poplité pour le semi-membraneux acces-soire, kyste dorsal du poignet pour le muscle extensor manu brevis) .

L'échographie statique et dynamique démontre que la masse est constituée d'un tissu musculaire normal contrac-tile, d'aspect penniforme sur les coupes longitudinales et punctiforme sur les coupes perpendiculaires au grand axe du muscle (fig .  16 .1) [21] . Elle étudie ses rapports avec les organes de voisinage et recherche une éventuelle compression vasculaire (thrombose veineuse poplitée com-pliquant un muscle semi-membraneux accessoire) .

PLAN DU CHAP ITRE

Muscles et faisceaux musculaires accessoires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 521Hématome intramusculaire . . . . . . . . . 522Autres lésions post-traumatiques . . . . 523

Décollement de Morel-Lavallée . . . . . . . . . . . . . . . . . . 523Hernie musculaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 523Rupture musculaire rétractée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 524

Granulome inflammatoire et abcès des tissus mous . . . . . . . . . . . . 524

Granulome inflammatoire sur corps étranger . . . . . . 524Abcès des tissus mous . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 524

Nœuds lymphatiques . . . . . . . . . . . . . . 524Kystes et bursites . . . . . . . . . . . . . . . . . 525Anévrysme et pseudo-anévrysme . . . . 526Autres pièges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 526

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522 Imagerie musculosquelettique - Pathologies générales

Hématome intramusculaireCette lésion fréquente et banale constitue un piège redou-table pour l'imageur et nécessite une attention particulière . La sémiologie échographique des hématomes est variable et parfois complexe en raison de composants internes de nature et d'âge variables : œdème, sang frais, caillots, fibrine, fibres musculaires rompues, ossification (fig . 16 .2) . Elle varie également en fonction du mécanisme et de la locali-sation de la lésion . La similitude avec un sarcome des tissus mous en phase hémorragique doit inciter à la plus grande prudence et faire rechercher les facteurs péjoratifs suivants : ■ l'absence de contexte particulier (traumatisme, trouble de

la coagulation) . Le caractère imprécis ou mineur du trau-matisme relaté doit inquiéter, surtout si l'hématome est de taille importante [22] ;

■ l'âge du patient : les hématomes post-traumatiques chez l'enfant et l'adolescent sont très rares en dehors de la population restreinte des sportifs de haut niveau ;

■ l'absence de douleur et la rapidité d'évolution . Les héma-tomes se développent typiquement en quelques heures et sont douloureux . Les sarcomes augmentent lentement de taille et ils sont habituellement non douloureux initiale-ment . On signalera cependant deux exceptions : l'héma-tome spontané pouvant révéler un sarcome de haut grade et les hématomes chroniques expansifs, qui sont rares et dont le diagnostic est confirmé par la biopsie [3, 11, 17] ;

■ l'aspect de la lésion et son siège, s'ils ne répondent pas à une sémiologie classique . Une lésion ovalaire ou arrondie

Fig. 16.1 Masse rénitente de la région postérieure du genou (a) évo(b) passant par la tuméfaction montre une formation musculaire caractérisdu semi-membraneux (SM). ST : tendon semi-tendineux.

a b

Fig. 16.2 Hématomes intramusculaires d'aspect variable en échogr(b), hématome disséquant chez un patient sous anticoagulants (c).

siégeant en dehors des muscles habituellement traumati-sés ou en dehors des zones habituellement traumatisées au sein d'un muscle doit être considérée comme suspecte ;

■ la présence d'un flux vasculaire intralésionnel en mode Doppler . Il n'existe aucune vascularisation dans un hématome post-traumatique récent . Seuls des pédicules vasculaires intermusculaires et quelques grosses veines musculaires peuvent être identifiables . La détection d'un flux intralésionnel devra inquiéter jusqu'à preuve du contraire . On signalera la possibilité rare de sarcomes des tissus mous sans flux détectable en échographie [22] ;

■ l'existence d'éléments calcifiés ou ossifiés en dehors du contexte de myosite ossifiante ou d'ostéome secondaire à une contusion (atteignant le plus souvent le vaste inter-médiaire) .En l'absence de doute significatif, un contrôle échogra-

phique systématique réalisé au cours des 3 semaines suivant le traumatisme permet de constater la régression objective de la lésion (fig . 16 .3) . Le moindre doute ou un aspect écho-graphique inquiétant doit faire poursuivre les investigations par une IRM et/ou une geste biopsique en milieu spécialisé .

En IRM, l'hématome aigu (0 à 2 jours), qui contient de la déoxyhémoglobine intracellulaire, est en isosignal T1 et hyposignal T2 (fig . 16 .4) [2] . En cas d'hématome subaigu (2–7 jours), la déoxyhémoglobine se transforme en méthé-moglobine intracellulaire à sa périphérie (halo hyperintense en T1 et hypointense en T2) . À la phase subaiguë tardive (1–4 semaines), la méthémoglobine devient extracellulaire (hématome en hypersignal T1 et T2) (fig . 16 .4) . Lors de la

quant cliniquement un kyste poplité. L'échographie en coupe axiale tique, d'aspect normal, en relation avec un faisceau accessoire (flèches)

c

aphie. Hématome hyperéchogène (a), à prédominance hypoéchogène

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Chapitre 16 . Pseudo-tumeurs des tissus mous 523

phase chronique, le produit de dégradation final, l'hémo-sidérine, se forme en périphérie, à l'origine d'un hyposi-gnal sur toutes les séquences . Un œdème est fréquemment observé autour de l'hématome aux stades aigus et subaigus mais il se résorbe par la suite . Au stade chronique, un niveau

Fig. 16.3 Hématome intramusculaire. Désinsertion musculoaponé-vrotique centrale du droit fémoral examinée à J3 (a) en coupe axiale : augmentation du volume musculaire avec présence d'un hématome hypoéchogène autour de la cloison centrale. Le contrôle à J15 (b) montre une disparition quasi totale de l'hématome et une diminution du volume musculaire.

a

c

b

dFig.  16.4 Hématome intramusculaire essentiellement en isosi-gnal T1 (a) et T2 (b) au stade aigu. Lors du contrôle 3 semaines plus tard, il présente un centre hypointense en T1 (c) et hyperintense en T2 (d). Notez la couronne spontanément hyperintense en T1.

Fig. 16.5 Décollement de Morel-Lavallée hypoéchogène (flèches) :

liquide-liquide (séparation des éléments cellulaires et liqui-diens du sang) peut s'observer .

Les hématomes peuvent se rehausser mais seulement à leur périphérie sous la forme d'un anneau fin . Un rehaus-sement nodulaire ou en plage d'une partie de la lésion doit faire évoquer une tumeur sous-jacente (la biopsie devra porter sur cette zone) . Cette différenciation n'est cependant pas toujours facile, une hémorragie importante au sein d'un sarcome pouvant complètement masquer la sémiologie de la tumeur [8, 13, 15, 16] . Toute atypie, notamment dans le contexte clinique, devra alors inciter à un contrôle rappro-ché ou à une biopsie en centre spécialisé .

L'imagerie de diffusion pourrait être utile à la diffé-renciation entre un hématome chronique en croissance et un sarcome des tissus mous [6, 7] . L'ADC moyen est plus élevé de manière significative dans les héma-tomes que dans les sarcomes (1,55 ± 0,121 × 10−3 versus 0,92 ± 0,139 × 10−3  mm2/s) . Les produits de dégradation de l'hémoglobine compliquent l'analyse spectroscopique IRM des hématomes [7] . Cependant, les lésions malignes hémor-ragiques tendant à produire un pic de choline dans la partie solide de la tumeur, reflétant une division cellulaire active [7] .

Autres lésions post-traumatiquesDécollement de Morel-LavalléeCette collection séreuse correspond à un clivage d'origine traumatique situé entre la graisse hypodermique et les fas-cias sous-jacents (frottement tangentiel) . La masse qui en résulte est indolore et peut faire craindre une tumeur des tissus mous lorsque le traumatisme causal n'est pas connu, notamment chez les enfants . Elle s'observe essentiellement à la face latérale de la cuisse, à la fesse, à la face postérieure de l'épaule ou au genou . L'échographie constate une collec-tion principalement anéchogène, compressible, située entre la graisse hypodermique et le fascia sous-jacent (fig . 16 .5) . En IRM, son signal varie avec le temps (comme celui de l'hématome) .

Hernie musculaireElle se traduit par une masse habituellement non doulou-reuse, plus marquée pendant la contraction musculaire [14] . Elle s'observe volontiers chez un athlète en réponse à l'hyper-trophie musculaire et l'augmentation de la pression intracom-partimentale . Elle ne pose habituellement pas de problème

coupe longitudinale. GG : grand glutéal, VM : vaste médial.

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524 Imagerie musculosquelettique - Pathologies générales

Fig. 16.6 Hernie musculaire de l'avant-bras. La coupe échographique montre la solution de continuité du fascia superficiel (flèches) et le pas-sage de fibres musculaires dans le plan sous-cutané (astérisque).

diagnostique, l'étude échographique dynamique permettant d'objectiver le franchissement d'une déhiscence d'un fascia par un contingent de fibres musculaires (fig . 16 .6) .

Rupture musculaire rétractéeL'examen échographique dynamique permet de constater la contraction du muscle rétracté sous la forme d'une masse globuleuse, par opposition au tissu fibreux cicatriciel non contractile (fig . 16 .7) .

Granulome inflammatoire et abcès des tissus mousLe granulome inflammatoire sur corps étranger et plus large-ment les infections des tissus mous peuvent se révéler par une tuméfaction d'aspect clinique et de localisation très variables .

Granulome inflammatoire sur corps étrangerL'échographie est un examen performant dans la recherche de corps étrangers au sein des tissus mous par sa capacité à déceler la présence de fragments végétaux, métalliques et anorganiques . Les corps étrangers métalliques et les débris de verre peuvent être accompagnés d'un artefact postérieur de répétition . Les fragments végétaux ont souvent un aspect caractéristique allongé ou conique . Les corps étrangers mil-limétriques (ex : épines d'oursin) peuvent être confondus avec les ponctuations échogènes normalement présentes dans les tissus mous . Certains corps étrangers sont au centre

a bFig. 16.7 Rupture rétractée du gastrocnémien médial se traduisant ction (flèche). L'échographie en coupe longitudinale (b) montre le gastro(calipers) occupée par un tissu fibreux cicatriciel échogène.

d'un granulome inflammatoire . Il s'agit d'une plage hypo-échogène généralement bien limitée, souvent vascularisée à sa périphérie .

Abcès des tissus mousDans les infections des tissus mous, le syndrome infectieux général peut être absent et les signes infectieux locaux et régionaux sont parfois retardés . L'aspect échographique des abcès est très variable . On retiendra parmi les signes d'orien-tation une hétérogénéité de la lésion (présence simultanée de plages anéchogènes et de matériel échogène mal limités), l'œdème périphérique et l'intensité de la vascularisation péri-lésionnelle en mode Doppler (fig . 16 .8) . Lorsque l'abcès est hyperéchogène (aspect faussement « solide »), la mobilisation du patient ou la compression de l'abcès par la sonde permet d'objectiver une fluctuation ou un déplacement déclive des débris [5] . Au stade chronique, le contenu s'est liquéfié et tend à être anéchogène avec un renforcement postérieur . La paroi peut alors apparaître échogène, épaisse et contenir des calci-fications . La présence d'air est détectée sous la forme d'échos brillants avec une altération acoustique postérieure en queue de comète . Cette imagerie peut enfin guider une ponction .

Les lésions profondes sont plus aisément explorées par l'IRM (cf . page 371) .

L'abcès présente habituellement un centre de type liqui-dien hypointense en T1 et hyperintense en T2 (possibilité d'hypersignal T1 en cas de contenu protéique élevé et de niveau liquide-liquide) et une coque périphérique se rehaus-sant après injection de produit de contraste [14, 23] . Il est entouré d'un œdème de voisinage particulièrement marqué, qui doit régresser rapidement après le début du traitement . Un liseré en discret hypersignal T1 est parfois visible à la périphérie de la collection, correspondant à un tissu de gra-nulation richement vascularisé .

En raison du contenu épais de l'abcès, il existe une restric-tion de la diffusion au sein de la collection, se traduisant par une chute de l'ADC [6] . On signalera la possibilité d'un pic de choline en raison de la présence de cellules inflammatoires [7] .

Nœuds lymphatiquesL'échographie lymphonodale est un examen simple pour les nœuds lymphatiques superficiels . Son interprétation doit être replacée dans le contexte clinique (néoplasie, infec-

liniquement (a) par une masse (astérisque) sus-jacente à la rétrac-cnémien médial (GM) rompu et rétracté ainsi que la zone de rétraction

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Chapitre 16 . Pseudo-tumeurs des tissus mous 525

tion, localisation, aspect de la peau, consistance, mobilité, douleur associée) . Un nœud lymphatique peut être normal, inflammatoire ou tumoral . En pratique, notamment lors d'un bilan carcinologique, l'aspect échographique est nor-mal, suspect (de malignité) ou intermédiaire . L'échographie occupe une place primordiale dans le diagnostic initial des nœuds lymphatiques tumoraux superficiels, le bilan préthé-rapeutique et la surveillance . Une bonne connaissance de la sémiologie échographique permet de différencier un nœud lymphatique normal d'un nœud lymphatique suspect . Un nœud lymphatique suspect est décrit dans le compte rendu radiologique afin de réaliser une ponction échoguidée par une équipe multidisciplinaire spécialisée .

Les critères sémiologiques à examiner sont : le nombre, la taille dans le plan longitudinal et transverse, la forme, les contours, l'aspect du hile et du cortex et la vascularisation lym-phonodale en mode écho-Doppler couleur ou énergie [19] .

Un nœud lymphatique normal est ovoïde, à grand axe lon-gitudinal . Son plus petit axe est souvent inférieur à 8 mm [4] . Il est constitué d'un stroma hypoéchogène homogène et d'un hile échogène vascularisé . La visualisation du hile vascularisé en mode écho-Doppler est un signe fiable de normalité .

L'hyperéchogénicité du nœud lymphatique, la détection d'une vascularisation non centrale, la présence de micro-calcifications ou de zones kystiques sont des signes forts de malignité . Un diamètre transverse supérieur à 8 mm, une forme arrondie et la perte du hile sont des signes plus faibles de malignité [10] . La présence d'un critère fort définit un nœud lymphatique suspect et celle de deux critères faibles, un nœud lymphatique intermédiaire .

En cas d'atteinte inflammatoire (ex : maladie des griffes du chat), le nœud lymphatique est richement vascularisé mais son centre peut être nécrotique . Cet aspect n'est pas spécifique [20] .

Fig. 16.8 Abcès sous cutané d'échogénicité mixte (a), entouré d'une

Dans les diagnostics différentiels de ces lésions superfi-cielles, on citera les neurofibromes, schwannomes, fibromes, hémangiomes, lipomes, kystes, métastases cutanées et sous-cutanées .

Kystes et bursitesIl existe un réel danger à considérer qu'une masse anécho-gène encapsulée est avec certitude un kyste mucoïde . Le diagnos-tic des kystes synoviaux ou mucoïdes peut être affirmé en échographie en présence d'une masse anéchogène polylobée reliée à un interligne articulaire (fig . 16 .9) [12, 24] . C'est le plus souvent le cas pour les kystes développés à proximité de grosses articulations . Il est parfois difficile de retrouver ce signe essentiel pour les kystes à proximité des articulations du tarse, du poignet et des doigts . Le pédicule est parfois long et sinueux . Le kyste présente un aspect le plus souvent anéchogène mais une faible teneur hydrique, une inflam-mation ou une hémorragie peuvent augmenter son écho-génicité (fig . 16 .10) . Il n'y a pas de parallélisme strict entre l'échogénicité et le signal IRM en pondération T2 . Toute atypie sémiologique dans la topographie, l'échogénicité ou le signal de ce type de lésion devra faire poursuivre les inves-tigations [1] .

Les bursopathies superficielles ou profondes peuvent, au même titre que les kystes, se révéler par l'apparition d'une masse . C'est particulièrement le cas pour les bursites super-ficielles du coude et du genou . Les bursites profondes, sous-acromiodeltoïdiennes par exemple, refoulent également les tissus mous à partir d'un certain volume . L'échographie a démontré son intérêt dans le diagnostic de ces lésions . Rappelons cependant que l'aspect échographique des bur-sopathies est variable selon l'étiologie et que s'il est assez simple de reconnaître une bursopathie mécanique, les

importante hyperhémie vacularisée en mode Doppler (b).

Fig. 16.9 Échostructure kystique (K) polylobée de cette lésion de la face dorsale du poignet, en continuité avec un interligne articulaire par l'intermédiaire d'un pédicule allongé de calibre irrégulier.

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526 Imagerie musculosquelettique - Pathologies générales

Fig. 16.11 Anévrysme de l'artère poplitée de signal hétérogène en T1 (a) et T2 (b).

Fig. 16.10 Kyste poplité fissuré, d'échostructure très hétérogène dans le cadre d'un rhumatisme psoriasique.

Fig. 16.12 Lipoatrophie semi-circulaire des cuisses. Cliniquement (a), la dépression horizontale semi-circonférentielle antérolatérale des cuisses (flèches) entraîne un aspect de pseudo-masse sus et sous-jacente. Sur la coupe échographique longitudinale antérieure (b) passant par la zone de dépression, notez l'amincissement du plan graisseux sous-cutané, l'amas de tissu collagénique échogène (grandes flèches) et la normalité de la peau, du fascia superficiel (petites flèches) et du plan musculaire sous-jacent.

lésions d'origine infectieuse ou inflammatoire peuvent volontiers mimer un processus tumoral . Les ténosynovites observées en distalité sur le versant dorsal du poignet, de la main et du pied créent parfois un effet de masse de type nodulaire .

Anévrysme et pseudo-anévrysmeUn anévrysme ou pseudo-anévrysme périphérique peut mimer une masse des tissus mous, en particulier lorsqu'il est non ou peu pulsatile . L'artère poplitée en représente le siège le plus classique . L'anévrysme est habituellement bien limité, lobulé ou elliptique et il déplace les muscles adjacents . En échographie, c'est une formation située sur un trajet vascu-laire, possédant une paroi et une lumière dans laquelle un flux sanguin est perceptible en mode Doppler sauf en cas de thrombose . En IRM, son signal est très variable selon sa taille et sa morphologie, la présence d'une lumière résiduelle ou recanalisée, de turbulences, de thrombus et de phéno-mènes hémorragiques subaigus et chroniques (fig . 16 .11) [14] . Il existe souvent des anneaux successifs en hypersignal (méthémoglobine) et hyposignal (hémosidérine) T1 et T2 . Des artefacts liés aux pulsations peuvent être présents .

Autres piègesOn citera : ■ les lésions osseuses, certaines d'entre elles pouvant s'ac-

compagner et parfois même se révéler par un refoulement des tissus mous . L'ostéochondrome pédiculé ou sessile de l'enfant ou de l'adulte jeune est ainsi parfois découvert en présence d'une masse éventuellement douloureuse en raison du déplacement et de l'agression mécanique du muscle adjacent, parfois en association avec une bursite . L'échographie permet de constater le conflit entre l'exos-tose et le muscle . Elle est complétée par un bilan centré sur la lésion osseuse, réalisé avec les autres modalités d'imagerie (cf . chapitre 15) ;

■ la lipoatrophie semi-circulaire des cuisses . Elle appartient aux lipoatrophies dites idiopathiques, groupe d'affections peu caractérisées . Trois sous-types cliniques de lipo-atrophies sont identifiés : la lipoatrophie semi-circulaire des cuisses, la lipoatrophie annulaire des chevilles et la lipoatrophie centrifuge de l'abdomen . La lipoatrophie semi-circulaire des cuisses se manifeste par une dispari-tion focale de la graisse sous-cutanée, ce qui entraîne une dépression horizontale semi-circulaire antérolatérale des cuisses pouvant être à l'origine d'une impression clinique de masse sus ou sous jacente à la dépression (fig . 16 .12) .

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Chapitre 16 . Pseudo-tumeurs des tissus mous 527

En histologie, on observe une diminution du nombre et du volume des adipocytes, remplacés par du tissu col-lagénique récent . Il n'existe aucune altération de l'épi-derme, du derme, des fascias et des muscles . Tous les tests biologiques sont négatifs .L'échographie constate une atrophie focale isolée de la graisse sous-cutanée, remplacée par un tissu collagénique échogène, sans lésion aponévrotique ou musculaire (fig . 16 .12) . L'étiologie de cette affection reste méconnue mais deux facteurs favorisants ont été évoqués : le port de pantalons serrés en position assise prolongée [9] et l'influence de champs électromagnétiques associée à des facteurs ergonomiques et environnementaux chez le per-sonnel administratif [18] ;

■ diverses autres lésions (tophus goutteux, nodule rhumatoïde, calcinose pseudo-tumorale, infarctus musculaire, etc .) .

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