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109 Guide des techniques de soins en imagerie médicale © 2012, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés MISE EN PRATIQUE Chapitre 9 Hygiène hospitalière dans le cadre de la radiologie cardio-vasculaire Exemple de situations Nous sommes loin du temps de Louis-Bernard Guyton au xviii e (à l'origine de la découverte des propriétés désinfec- tantes de l'acide muriatique, puis du chlore) où se parfumer revenait pratiquement à se laver ! C'est Ignace Philippe Semmelweis qui, en 1847, remarqua des similitudes entre des cadavres autopsiés et les lésions trou- vées sur les femmes mortes de fièvre puerpérale après accou- chement, du fait de l'absence d'asepsie. Le lavage au savon ne suffisait pas, il fallait employer une solution de chlorure de chaux. Ce n'est que dans les années 1880, après les découvertes de Pasteur, que les hôpitaux s'équipent en matériel de stérilisa- tion. L'hôpital cesse d'être «l'antichambre de la mort». L'actualité en hygiène hospitalière c'est avant tout la pré- vention des maladies dues à des micro-organismes et donc la lutte contre les infections nosocomiales. C'est un objectif institutionnel pour l'ensemble des établissements de santé qui fait partie d'un processus initié en 1988 par la création du Comité de Lutte Contre les Infections Nosocomiales, le CLIN. 1. Les risques infectieux : une problématique dans cette spécialité 1.1. La spécificité des patients Il est fréquent, dans le cadre de l'exploration vasculaire des membres inférieurs, d'accueillir des patients porteurs de BMR (bactéries multirésistantes aux antibiotiques). Ce sont des patients diabétiques, polyvasculaires, présentant des plaies non cicatrisées pour lesquels des précautions particulières de type contact sont prescrites (figure 9.1). Ces examens sont réalisés généralement en fin de pro- gramme, afin d'éviter tout risque de contamination des patients suivants. Figure 9.1. Exemple de plaie d'origine vasculaire. Chaque service hospitalier doit s'y référer pour prévenir tous risques infectieux, les protocoles du CLIN sont par conséquent aussi (et surtout) appliqués aux examens pra- tiqués en service d'imagerie cardiovasculaire. D'autant plus que les examens se prolongent souvent d'une partie «interventionnelle». Ce type de service reste un lieu de passage pour un grand nombre de personnes (infirmières, manipulateurs, méde- cins cardiologues, anesthésistes, chirurgiens… mais aussi brancardiers, secrétaires…) pour qui la rigueur du compor- tement doit être comparable à celle attendue dans un bloc opératoire (par des zones différenciées et une asepsie progressive). Lydie Simler

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109Guide des techniques de soins en imagerie médicale© 2012, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

MISE EN PRATIQUE

Chapitre 9

Hygiène hospitalière dans le cadre de la radiologie cardio-vasculaireExemple de situations

Nous sommes loin du temps de Louis-Bernard Guyton au xviiie (à l'origine de la découverte des propriétés désinfec-tantes de l'acide muriatique, puis du chlore) où se parfumer revenait pratiquement à se laver ! C'est Ignace Philippe Semmelweis qui, en 1847, remarqua des similitudes entre des cadavres autopsiés et les lésions trou-vées sur les femmes mortes de fièvre puerpérale après accou-chement, du fait de l'absence d'asepsie. Le lavage au savon ne suffisait pas, il fallait employer une solution de chlorure de chaux.Ce n'est que dans les années 1880, après les découvertes de Pasteur, que les hôpitaux s'équipent en matériel de stérilisa-tion. L'hôpital cesse d'être « l'antichambre de la mort ».L'actualité en hygiène hospitalière c'est avant tout la pré-vention des maladies dues à des micro-organismes et donc la lutte contre les infections nosocomiales. C'est un objectif institutionnel pour l'ensemble des établissements de santé qui fait partie d'un processus initié en 1988 par la création du Comité de Lutte Contre les Infections Nosocomiales, le CLIN.

1. Les risques infectieux : une problématique dans cette spécialité1.1. La spécificité des patientsIl est fréquent, dans le cadre de l'exploration vasculaire des membres inférieurs, d'accueillir des patients porteurs de BMR (bactéries multirésistantes aux antibiotiques). Ce sont des patients diabétiques, polyvasculaires, présentant des plaies non cicatrisées pour lesquels des précautions particulières de type contact sont prescrites (figure 9.1).Ces examens sont réalisés généralement en fin de pro-gramme, afin d'éviter tout risque de contamination des patients suivants.

Figure 9.1. Exemple de plaie d'origine vasculaire.

Chaque service hospitalier doit s'y référer pour prévenir tous risques infectieux, les protocoles du CLIN sont par conséquent aussi (et surtout) appliqués aux examens pra-tiqués en service d'imagerie cardiovasculaire. D'autant plus que les examens se prolongent souvent d'une partie « interventionnelle ».Ce type de service reste un lieu de passage pour un grand nombre de personnes (infirmières, manipulateurs, méde-cins cardiologues, anesthésistes, chirurgiens… mais aussi brancardiers, secrétaires…) pour qui la rigueur du compor-tement doit être comparable à celle attendue dans un bloc opératoire (par des zones différenciées et une asepsie progressive).

Lydie Simler

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MISE EN PRATIQUEChapitre 9

Hygiène hospitalière dans le cadre de la radiologie cardio-vasculaire

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Dans ce contexte, le personnel paramédical dont les mani-pulateurs qui assurent la prise en charge de ces patients, doit, dans un premier temps, prendre toutes les précautions de contact (protéger par un pansement et toute autre forme de protection la jambe présentant la plaie infectée, désinfecter les mains, mettre des gants…).Dans un deuxième temps, après l'exploration, tout ce qui a été au contact du patient devra être désinfecté.Par ailleurs, en cardiologie interventionnelle, un patient en choc cardiogénique, intubé et ventilé est un patient fragile de part sa dépendance aux appareils d'assistance respiratoire ou autre. La prise en charge en « aveugle » (méconnaissance des antécédents) d'un patient éventuellement immunodéprimé peut entraîner un risque infectieux plus important pour lui.

1.2. La spécificité du matérielTout le matériel, qu'il soit implantable ou non, doit être vérifié (péremption, intégrité de l'emballage, aspect du matériel…).En effet, la préparation du matériel stérile nécessite une technique d'asepsie maîtrisée. Le risque est d'utiliser un matériel qui n'est plus stérile après une erreur de manipula-tion. D'où l'intérêt d'une vigilance accrue, et d'un personnel formé aux techniques de bloc opératoire (figures 9.2 et 9.3).

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Figure 9.2. Armoire de rangement de sondes spécifiques au cathétérisme vasculaire.

Figure 9.3. Etiquette d'un cathéter-guide (indications sur l'emballage).

2. Les précautions en hygiène et leur mise en œuvre au cours de l'intervention2.1. Le fonctionnement du service2.1.1. L'environnement (figure 9.4)

Comme dans un bloc opératoire, « tout ce qui est amené » dans le secteur de radiologie cardio-vasculaire doit être contrôlé avant l'entrée : – filtration de l'air des salles d'examens par un système de

ventilation ; – contrôle périodique de la qualité de l'eau (service hygiène) ; – décartonnage du matériel avant pénétration dans le

service ; – stockage du linge propre (draps, alèses…) dans un local

spécifique.

2.1.2. Le patientLe patient arrive préparé pour son examen : – le traitement des pilosités a été effectué (si besoin) ; – il a bénéficié d'une douche le matin de l'intervention avec

un savon désinfectant ; – il est habillé d'une blouse d'hospitalisé sans bijoux ni

montre ; – il est perfusé.

2.1.3. Le personnel soignantLe personnel du service a suivi les recommandations sur l'hygiène de base : – les cheveux sont courts ou attachés,– les mains sont propres et aucun bijou n'est porté– les ongles sont courts, propres et sans vernisLe lavage simple des mains est de règle avant l'entrée dans le service.

Figure 9.4. Manipulateur en salle de cathétérisme.

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MISE EN PRATIQUE Chapitre 9

Hygiène hospitalière dans le cadre de la radiologie cardio-vasculaire

Figure 9.6 . Set de désinfection de la peau du patient.

Il est important de respecter le temps de séchage avant la pose des champs stériles ainsi que d'établir la traçabilité des étapes sur la fiche de liaison entre le service de radiologie cardio-vasculaire et les unités de soins.

L'ensemble du personnel porte une tenue hospitalière et des chaussures réservées au travail (propres et lavables). Le tablier de plomb, les lunettes plombées et cache thyroïde doivent être propres et désinfectés régulièrement (détergent désinfectant). Toute personne étrangère au service se doit de prendre contact avec l'unité de radiologie vasculaire à l'aide d'un interphone placé à l'extérieur du secteur.

2.2 . Le déroulement de l'examen

Le personnel présent en salle, encadrant les personnes habil-lées stérilement, doit réaliser une friction des mains avec un produit hydro-alcoolique après avoir respecté les règles citées ci-dessus.

2.2.1 . La désinfection des mains des opérateurs ( figure 9.5 ) Les opérateurs (médecins et personnel paramédical) qui s'habillent stérilement portent un masque , des lunettes et une charlotte. Leurs mains sont sans bijoux, sans montre, ongles courts et sans vernis. Ils réalisent ensuite une désinfection chirurgicale des mains par friction hydro-alcoolique ou à défaut par lavage. La désinfection chirurgicale par friction se déroule en deux phases. – Première phase :

– Lavage simple des mains avec une dose de savn doux�. – Brosser les ongles uniquement. – Masser les mains et avant bras en incluant les coudes

pendant 30 secondes. – Rincer abondamment et sécher avec des essuie-mains à

usage unique non stériles�. – Deuxième phase :

– Désinfection chirurgicale par friction avec 10 ml de solu-tion hydro-alcoolique � en répartissant la solution sur les mains, poignets, avant bras et coudes (sans oublier les

Les examens pratiqués en salle de cathétérisme consistent à réaliser un abord vasculaire, artériel et ou veineux. La prévention des risques infectieux se fait à travers toutes les étapes de l'examen.

Figure 9.5 . Désinfection chirurgicale par friction.

paumes et les espaces interdigitaux). Entre deux examens, si l'opérateur n'a pas souillé ses mains, il peut faire directe-ment la désinfection hydro-alcoolique sans se les relaver.

2.2.2 . La désinfection de la peau du patient ( figure 9.6 ) Comme avant tout geste invasif, le patient bénéficiera d'une préparation cutanée du champ opératoire comme suit : – détersion de la peau avec un savon désinfectant ; – rinçage à l'eau stérile ; – séchage avec des compresses stériles ; – désinfection de la zone avec un antiseptique alcoolique.

2.2.3 . La mise en place des protections stériles ( figures 9.7 , 9.8 et 9.9 )

– Après la désinfection chirurgicale des mains, l'opérateur (le médecin) est habillé d'une casaque stérile et de gants stériles ( figure 9.7 �).

– Il prépare sa table stérilement avec tout le matériel néces-saire à l'intervention ( figure 9.8 �).

– Il effectue le « champage » du patient ( figure 9.7 �).

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– Il protège le capteur plan et la vitre plombée d'une housse sté-rile ( figure 9.9 �) avec l'aide d'une personne « satellite » ou « circulante » ( figure 9.7 �) présente en salle de cathétérisme.

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Figure  9.7 . Habillage de l'opérateur �, « champage » du patient �, soignant « satellite » �.

Figure 9.8 . Table stérile préparée par l'opérateur.

Figure 9.9 . Mise en place d'une housse stérile sur la vitre plombée.

Pour plus de précisions On appelle personne « satellite » le paramédical qui fera le lien entre les espaces stériles (la table d'examen) et non stériles (la console, les espaces de rangement) de façon à ce qu'aucune « faute d'asepsie » ne puisse être commise par les opérateurs habillés stérilement et œuvrant au plus près du patient.

Tout matériel utilisé et implanté fait l'objet d'une traçabilité, répertorié dans la base de données du patient.

2.3 . Le rangement ( figures 9.10 et 9.11 )

À la fin de l'intervention, les manipulateurs procèdent à : – l'élimination des déchets (tri selon les règles) ; – l'évacuation des linges souillés (sac bleu : draps ; sac orange :

chemises malades, alèses tissus ; sac gris : alèses absorbantes, torchons…) ;

– un nettoyage de la salle.

Le linge souillé et les déchets (contaminés ou non) respectent un circuit bien déterminé, et sont déposés dans un local qui leur est propre. Entre chaque examen les surfaces (la table d'instrumenta-tion…) ainsi que tout ce qui a été en contact avec le patient (brassard de tensiomètre, câble ECG…) sont nettoyés avec un détergent -désinfectant .

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MISE EN PRATIQUE Chapitre 9

Hygiène hospitalière dans le cadre de la radiologie cardio-vasculaire

Figure 9.11. Désinfection des surfaces en salle de cathétérisme.

Figure 9.10. Sacs à linge sale et local d'entrepôt.

3. Les conséquences possibles en radiologie cardiovasculaireLe risque majeur est l'apparition d'une infection liée aux soins (IAS).L'IAS comprend l'infection nosocomiale (contractée au sein de l'établissement) ainsi que toutes celles affectées par les soins délivrés en dehors de l'hôpital.

Dans ce secteur d'activité, Il est possible d'observer une telle infection jusqu'à 30 jours après l'intervention voire dans l'année dans le cas où il y a eu implantation d'un matériel prothétique.

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